Cette impression que j’essaye de rendre se reproduira plus d’une fois en lisant de lui certaines pages politiques et philosophiques ; on aura à s’étonner, à regretter qu’un aussi excellent esprit ait ainsi contracté l’habitude de se restreindre. […] Il essaya d’une première rédaction, que Cambacérès qualifia de malicieuse et d’hostile ; il y glissait plus d’un petit article préservatif contre l’usurpation, celui-ci, par exemple : « Si l’un des Consuls prend le commandement d’une armée, il est, pendant toute la durée dé ce commandement, suspendu de ses fonctions consulaires, et il y est remplacé temporairement par l’un des tribuns que nomme à cet effet le Conseil des Deux-Cents, etc., etc. » Qu’on juge de l’effet sur le futur Consul. […] Raynouard avait essayé d’y établir, et, sur ces points comme sur tant d’autres, il ne faisait que suivre en résistant, en niant le plus possible. […] J’essayais un jour de le convaincre sur Lamartine, et je lui récitais la strophe : Ainsi tout change, ainsi tout passe, Ainsi nous-mêmes nous passons. etc. […] En le dessinant comme nous avons essayé de le faire, en passant et repassant le trait sur les lignes de cette figure modeste, mais expressive, en y indiquant soigneusement les creux et les dégageant à nu, nous n’avons certes pas prétendu diminuer l’idée qu’on en doit prendre ; nous croyons plutôt que c’est ainsi que le vieux maitre a chance de se mieux graver et plus avant dans la mémoire, et qu’au milieu de tant de physionomies transmises qu’un vague et commun éloge tendrait à confondre, la sienne, plus restreinte, demeurera aussi plus reconnaissable.
On essaya d’abord une fausse imitation de l’antiquité grecque et romaine : c’était retourner à l’enfance. […] La Restauration vint ensuite essayer, par un adroit compromis avec nos idées de 89, de nous remettre dans le moule brisé de la vieille monarchie. […] Vainement on essaierait de nier cette vérité. […] Vainement vous reculez, Matérialistes, devant vos propres conceptions ; vainement, devenus lâches à force d’avoir été audacieux, vous essayez de rassurer la conscience ébranlée du juge et du bourreau. […] Ou bien ils essaient vainement de se rejeter en arrière et de se rattacher aux solutions du Christianisme ; ou bien ils prodiguent leurs forces à peindre l’aspect matériel de l’univers ; et quand il s’agit du divin, de l’absolu, de l’éternel, ils font du fantastique sans croyance, uniquement pour faire de l’art.
Et comme nous essayions de démêler les caractères des deux peuples français et anglais, Herzen nous dit : « Tenez, il y a un Anglais qui les a assez bien résumés ces deux caractères, dans cette phrase : « Le Français mange du veau froid chaudement ; nous, nous mangeons notre bœuf chaud froidement. » * * * — D’homme à femme, peut-être n’y a-t-il de bien vrai et de bien sincère, que les sentiments que la parole n’exprime pas. […] Puis il entame tout de suite le second acte et passe au troisième… En nos cervelles, pendant cette lecture, peu d’idées ; au fond de nous une anxiété que nous essayons de refouler et de distraire, en nous appliquant à écouter notre pièce, les mots, le son de la voix de Thierry, le lecteur. […] » Et nous voici avec Got à attendre, aux Français, Thierry qui est allé lire notre pièce à Mme Plessy et essayer de la décider à jouer son premier rôle de mère. […] Et nous avons cette mauvaise fortune sans exemple à la Comédie-Française, d’être arrêtés, les rôles distribués et acceptés par les meilleurs acteurs de la troupe, les décors faits et essayés, — et cela par la volonté d’un seul acteur qui a reçu notre pièce à boule blanche, et qui joue, tous les soirs, dans Musset, des rôles aussi jeunes que celui, dont il a prétexté la jeunesse pour ne le pas jouer. […] On l’assied auprès du souffleur, et il essaye de répéter de sa petite voix l’engueulement de Bressant.
Sinon, il serait plus curieux de les voir s’essayer à vivre. […] et essaie de s’y imposer. […] La littérature ose rire et ils essaient de faire rire. […] J’essayai et j’y mis tous mes soins ; j’ignorais le milieu et son répertoire ordinaire ; je m’efforçai uniquement d’être simple, sincère et direct. […] Elle touchera, tôt ou tard, au but J’ai essayé, vous le savez, de la servir sur le plan catholique — sans renoncer pourtant à pousser mes expériences, de temps à autre, sur un plan non confessionnel, dans la féerie et dans la comédie3.
» Cette immense position, Flaubert essaie, en 1837, dans trois œuvres successives et de même inspiration, de la faire prendre par des êtres de son imagination, dont aucun, à vrai dire, n’a la moindre partie d’un « bonhomme ». […] Plus tard, il s’essaiera obstinément à une carrière dramatique. […] « Je suis fatiguée, dit-elle. — Allons, essayez encore ! […] Et il s’essaye à desserrer, par les moyens qu’il connaît, cette fatalité. […] D’abord Deslauriers, fils d’un huissier véreux qui a roué son fils de coups et a essayé de lui voler la dot de sa mère.
Avant d’écrire des romans, la fille de Necker s’était essayée à des œuvres sérieuses et profondes. […] La méthode des Goncourt s’essaie à obtenir des résultats analogues : ils écrivent de telle sorte que les mots produisent de vives sensations chromatiques et c’est en cela que consiste leur indiscutable originalité. […] Je l’ai fait ailleurs du mieux que j’ai su et je le rappelle non point pour me louer, mais afin que les malicieux ne m’accusent pas de parler ici de choses que je n’ai pas essayé de comprendre. […] Ceux qui l’assurent devraient essayer des inventaires de ce genre ; ils verraient que ce n’est pas si facile. […] Je n’essaie pas de prouver que celles qui s’imposent à nous sont le terme fatal de l’intelligence humaine.
Les romanciers de la fin du xviiie siècle avaient très bien senti cet appel, avaient essayé d’y répondre. […] A essayer de voir son caractère dans son ensemble, on se figure une âme insuffisamment élevée, et même assez ordinaire, dépaysée dans un grand génie, comme un homme du commun dans une grande place, et y contractant des défauts de parvenu. […] Vers 1830, et jusque vers 1845, il avait pour procédé habituel d’encadrer un petit recueil de poésies familières et aimables entre un prologue austère et un épilogue solennel où les questions sociales étaient saluées gravement, et d’écrire en tête d’un livre de douces élégies : « Le moment politique est grave… » — Innocente manie, mais qui l’a conduit à essayer d’avoir des idées. […] Cependant il a essayé de l’être, et il en reste des vers merveilleux, ce que nous ne songeons pas à dédaigner. […] Mais il faudrait pour être complet, s’il était possible de l’être avec un tel homme, parler de Victor Hugo cessant d’être lui, assez sûr de ses ressources d’écrivain pour s’essayer et se jouer à d’autres styles que le sien, et y réussissant à merveille.
J’ai montré dans le paragraphe précédent que les définitions et les distinctions qu’on a essayé d’établir d’après l’activité ou la passivité de l’investigation, ne sont pas soutenables. […] Pour cela l’expérimentateur réfléchit, essaye, tâtonne, compare et combine pour trouver les conditions expérimentales les plus propres à atteindre le but qu’il se propose. […] Notre esprit, quand il le voudrait, ne pourrait pas raisonner autrement, et, si c’était ici le lieu, je pourrais essayer d’appuyer ce que j’avance par des arguments physiologiques. […] Cette expérience consistait à essayer directement la propriété du suc pancréatique sur les matières grasses neutres ou alimentaires. […] J’essayai d’agir de même sur le sang artériel, je ne réussis pas davantage.
Nous avons essayé de remplir cette lacune, sans négliger le côté exclusivement littéraire de notre sujet. […] Frayssinous s’essaya avec M. […] Par deux fois, on a essayé de déterminer M. de Bonald à échanger cette situation modeste contre un poste plus éclatant. […] Laisné, imprimeur à Péronne ; il commençait, dès lors à essayer des rimes. […] Guizot, et que, après l’avoir essayé comme suppléant de M. de Lacretelle, il lui donna la chaire d’histoire moderne à l’académie de Paris, où le jeune professeur rencontra M.
Continuer l’œuvre de la royauté était plus facile que d’essayer de la réparer. […] L’Europe marche vers le despotisme organisé autocratiquement ou démocratiquement ; tout ce qui ressemble au fédéralisme doit attendre la paix pour essayer de se faire place. […] C’est à le croire que Proudhon a toujours penché, et aie prouver qu’il s’est essayé quelquefois. […] Contre la barbarie industrielle essayons de l’organisation régulière du travail ; contre l’anarchie industrielle essayons de la réglementation du travail et des salaires. […] Les deux méthodes ayant leurs inconvénients, on ne peut reprocher à personne d’essayer au moins de la plus brillante.
Dubois, qui m’y appliqua aussitôt et m’y essaya à quantité de petits articles. […] Buloz, homme de grand sens et d’une valeur qu’il a montrée depuis, débutait alors fort péniblement ; il essayait de faire une Revue qui l’emportât sur la Revue de Paris. […] Si la brochure en question est bien réellement de lui, il s’y range, en raillant, du côté des grands moralistes et philosophes de l’Antiquité contre cette pimbêche, bavarde et pédante de Mme de Genlis, qui essayait de les châtrer, et qui publiait, en 1801, des Heures nouvelles.
Argus (c’est le nom de l’aîné des fils de Chalciope) commence en médiateur ; il essaye de disposer son grand-père en faveur des étrangers ; il raconte les services que lui et ses frères en ont reçus, le but de l’expédition, la qualité et la race divine de cette élite de héros ; que Jason ne vient que pour satisfaire aux ordres d’un tyran jaloux, et que, s’il obtient de plein gré la toison désirée, il est prêt, lui et ses amis, à payer ce bienfait par tous les services. — Éétès s’emporte à cette nouvelle, il met en doute la bonne foi des arrivants, il menace. […] Cette voix moqueuse de la corneille rappelle assez bien la parole de l’oiseau merveilleux dans les jardins d’Armide. — Mais nous ne sommes qu’au début d’une scène incomparable ; tandis que Jason s’avance, revenons encore à celle qui n’attend que lui : « De son côté, le cœur de Médée ne se livrait pas à d’autres pensées, bien qu’elle fût à chanter avec ses compagnes, et chaque chanson nouvelle qu’elle essayait n’était pas longtemps à lui plaire ; elle en changeait tour à tour dans son inquiétude, et elle ne tenait pas un seul moment ses regards arrêtés sur le groupe de ses suivantes, mais elle les promenait de loin vers les chemins, en penchant de côté son visage. […] Jason essaye de la satisfaire et commence à lui parler de sa patrie ; puis, touché par degrés et gagné à la tendresse, il s’interrompt en s’écriant : « Mais pourquoi te raconter toutes ces choses que le vent emportera, et ma patrie, et notre famille, et la très-illustre Ariane, fille de Minos, nom brillant qui fut celui de cette vierge aimable sur laquelle tu m’interroges ?
La cour de Madame pour l’esprit, pour les intrigues, pour les vices aussi, n’était pas sans rapport avec celle des Valois, et l’histoire qu’en a essayée Mme de La Fayette rappelle plus d’une fois les Mémoires de cette reine si aimable en son temps, qu’il ne faut pourtant pas croire toujours. […] « Jusqu’ici les nuages dont vous avez essayé de couvrir la religion vous ont cachée à vous-même. […] Du Guet, jeune, s’était essayé au roman tendre et avait fort aimé l’Astrée ; c’était en tout un directeur comme il le fallait à l’auteur de la Princesse de Clèves.
Celui qui, à dix-huit ans, avait lu la Mécanique analytique de Lagrange, récitait donc à vingt ans les poëtes, se berçait du rhythme latin, y mêlait l’idiome toscan, et s’essayait même à composer des vers dans cette dernière langue. […] Le soulèvement s’essayait sur tous les points et ne se faisait jour sur aucun. […] Les voilà ces jasmins dont je t’avais parée ; Ce bouquet de troëne a touché les cheveux… Ainsi, celui que nous avons vu distrait bien souvent comme La Fontaine s’essayait alors, jeune et non sans poésie, à des rimes galantes et tendres : mistis carminibus non sine fistula. — Mais le plus beau jour de ces saisons amoureuses nous est assez désigné par une inscription plus grosse sur le cahier : LUNDI, 3 juillet (1797).
L’imitation de la tragédie latine a produit Médée ; l’imitation de la tragi-comédie espagnole, Clitandre ; la comédie s’essaye dans six pièces dont Mélite est la première et la meilleure. […] Il essaye d’abord d’un sermon de morale sur Agnès. […] Génie inépuisable, il a fait la part de tout le monde avec une libéralité sans exemple, écrivant pour la cour et la ville, pour les gens capables de tirer profit des plaisirs du théâtre comme pour ceux qui ne veulent que s’y divertir : composant les bouffonneries pour la foule, les chefs-d’œuvre pour les lettrés sévères et pour les hommes de génie, ses égaux ; défrayant de ses pièces le présent et l’avenir, la France et le monde ; le plus grand nom de notre théâtre par la fécondité et par cette plénitude de génie propre à lui seul, qui fut sans commencement et sans déclin, et qui anima de la même vie les premiers croquis où il s’essayait dans son art, et les immortels tableaux où il en atteignit la perfection.
Mais de ce que les historiens ont démontré qu’il est vain d’essayer de déterminer l’action de la race sur les institutions politiques et qu’on ne doit plus en histoire parler de races, il ne faut pas conclure que physiologiquement les races n’ont jamais existé. […] Mais quand elle essaie de formuler des conclusions générales d’ordre éthique, quand elle essaie d’établir une échelle des valeurs individuelles et des valeurs sociales, la sociologie scientifique se transforme en métaphysique sociale ; elle tend, comme vers sa limite, à ce monisme sociologique dont nous avons trouvé l’expression chez M.
D’ailleurs, dès qu’on essaye d’estimer la valeur des différences de structure qui distinguent nos races domestiques de la même espèce, on se perd aussitôt dans le doute si elles sont descendues d’une ou plusieurs espèces mères. […] Actuellement, d’habiles éleveurs essayent par une sélection méthodique, et dans un but déterminé, de produire une nouvelle lignée ou sous-race supérieure à toutes celles qui existent dans la contrée. […] Aucun amateur, par exemple, n’aurait jamais essayé de faire un Pigeon-Paon, jusqu’à ce qu’il eût observé chez un ou plusieurs individus un développement quelque peu inusité de la queue, ou un Pigeon Grosse-Gorge, à moins de voir un Pigeon déjà pourvu d’un jabot d’une remarquable grosseur.
Malherbe et Voiture pensèrent le gâter, il le dit lui-même ; mais, à la fin, il vit le faux des brillants, il trouva la nature au gîte et la prit, et elle ne l’a point quitté depuis. » Du moment qu’il s’agit des Fables, il ne plaisante plus, et parlant de celles de La Motte, il devient même trop sévère et trop méprisant quand il dit : « Il vient de faire des Fables à l’envi de La Fontaine, et a montré qu’il ne peut écrire que pour les cafés, et qu’il n’est pas permis de travailler après les grands hommes qui ont emporté la palme en certain genre. » Marais ne veut pas (et c’est là sa limite) qu’on essaye de rouvrir la carrière après les maîtres. […] On essaya de le dénaturer ; et comme Montesquieu avait fait imprimer son discours séparément pour le distribuer à ses amis : « Le président de Montesquieu, nous dit Marais, donne sa harangue à part, ne l’ayant pas voulu joindre avec celle de M.
Ce n’est qu’après avoir épuisé un sujet qu’on sait nous être agréable et sur lequel on présume que nous aurons quelque chose à dire, qu’on essaye de diriger la conversation vers des objets plus vulgaires. » Sur l’aspect du Canada et des grands lacs, sur les pionniers, ces avant-coureurs sauvages d’une civilisation en marche, sur les Virginiens et leur caractère de gentilshommes qui tranche avec celui des Américains du Nord, sur le départ et l’expropriation des restes de l’antique et puissante tribu des Chactas, M. de Tocqueville a des pages d’une peinture modérée, dans laquelle l’observation et le sentiment moral se combinent de manière à former dans l’esprit une image durable. […] On conçoit de grands aristocrates passant à la démocratie et devenus populaires, puis, à un certain moment, se retournant vers le peuple pour essayer de le modérer : c’est le cas des Mirabeau et des La Fayette ; il y eut deux temps dans leur carrière.
Chacun des chantres tour à tour débite son couplet, et, quand ils ont assez alterné de la sorte, Mélibée à qui l’on doit le récit déclare que Thyrsis, à la fin, essayait vainement de prolonger un débat où il avait le dessous. « Depuis ce temps, conclut-il, Corydon est pour moi Corydon, c’est tout dire : — le synonyme de chant pastoral et de poésie. » Or l’illustre Heyne, qui avait pourtant le goût si exercé, a dit que les vers de Thyrsis ne lui semblaient point tellement inférieurs à ceux de Corydon, et que Virgile, s’il l’avait voulu, aurait pu tout aussi bien retourner la préférence. […] Au chant XX de l’Iliade, chant terrible et sublime où Jupiter déchaîne les dieux, leur donne toute licence de se mêler aux guerriers et de les protéger selon leurs prédilections et leurs caprices, sauf à lui de rester assis en spectateur au sommet de l’Olympe, dans ce chant XX où bouillonne toute l’âme de l’Iliade, Achille à la colère duquel Neptune vient de soustraire Énée, Achille exaspéré exhale sa fureur en menaces ; il parle de tout massacrer, et de son côté Hector essaye de rassurer les Troyens, et d’une voix puissante il les exhorte à marcher contre Achille : « Achille, s’écrie-t-il, ne mettra pas à effet toutes ses paroles.
L’esprit persistait ; la philosophie revient toute voisine de cette pièce pénitente et de quelques paraphrases des Psaumes, dans des réflexions hautement stoïques ; on dirait qu’elle essaie la mort de tous les côtés : Misérable jouet de l’aveugle fortune, Victime des maux et des lois, Homme, toi qui, par mille endroits, Dois trouver la vie importune, D’où vient que de la mort tu crains tant le pouvoir ? […] Elle-même avait pu assister déjà au changement de couleur de ses rubans, et elle essayait de les reteindre.
Ainsi cette âme passionnée, et par trop maniable aux impressions successives, ne pouvait se fixer à rien ; elle était du nombre de ces natures déliées qu’on traverse et qu’on ébranle aisément sans les tenir ; elle avait puisé dans l’ingénuité de son propre fonds et avait développé en elle, par l’excellente éducation qu’elle avait reçue, mille sentiments honnêtes, délicats et pieux, capables, ce semble, à volonté, de l’honorer parmi les hommes ou de la sanctifier dans la retraite, et elle ne savait se résoudre ni à l’un ni à l’autre de ces partis ; elle en essayait continuellement tour à tour ; la fragilité se perpétuait sous les remords ; le monde, ses plaisirs, la variété de ses événements, de ses peintures, la tendresse de ses liaisons, devenaient, au bout de quelques mois d’absence, des tentations irrésistibles pour ce cœur trop tôt sevré, et, d’une autre part, aucun de ces biens ne parvenait à le remplir au moment de la jouissance. […] Ce genre de vie, auquel il est si peu propre, l’engage au milieu des situations les plus amusantes pour nous, sinon pour lui, comme dans cette scène de boudoir où la coquette essaye de le séduire, ou bien lorsque, remplissant un rôle de femme dans un rendez-vous de nuit, il reçoit, à son corps défendant, les baisers passionnés de l’amant qui n’y voit goutte.
J’ai essayé de rendre compte de la marche lente, mais continuelle, de l’esprit humain dans la philosophie, et de ses succès rapides, mais interrompus, dans les arts. […] J’essaierai de montrer le caractère que telle ou telle forme de gouvernement donne à l’éloquence, les idées de morale que telle ou telle croyance religieuse développe dans l’esprit humain, les effets d’imagination qui sont produits par la crédulité des peuples, les beautés poétiques qui appartiennent au climat, le degré de civilisation le plus favorable à la force ou à la perfection de la littérature, les différents changements qui se sont introduits dans les écrits comme dans les mœurs, par le mode d’existence des femmes avant et depuis l’établissement de la religion chrétienne ; enfin le progrès universel des lumières par le simple effet de la succession des temps ; tel est le sujet de la première partie.
Ceux qui essayent comme moi d’entrer partout, c’est souvent qu’ils n’ont pas de maison à eux ; et il faut les plaindre. […] Je n’essayerai même pas de passer en revue les pages innombrables sorties de la plume aisée et robuste de M.
Les milliers de vers où il dit : « Moi, le penseur », où il se qualifie de mage effaré, où il se compare aux lions et aux aigles, où il menace l’ombre, la nuit et le mystère de je ne sais quelle effraction, sont insupportables aux hommes modestes, et à ceux qui essayent vraiment de penser. […] Dès qu’on essaye de les « réaliser » sur la scène, de donner un corps à ces froides et éclatantes chimères, les drames de Hugo sonnent si faux que c’est une douleur de les entendre.
Le titre de Religion naturelle, donné d’abord au poème, déplaît à Frédéric ; Voltaire essaye d’en atténuer le sens par ses explications. […] La vérité, au lieu de s’imposer, se donne comme un plaisir d’esprit dont Voltaire nous invite à essayer.
Mme de Tencin, qui aurait voulu pousser son frère le cardinal à la tête du ministère, ne savait par quel moyen avoir prise sur cette volonté apathique du monarque : elle en écrivait au duc de Richelieu, qui était pour lors à la guerre ; elle engageait ce courtisan à écrire à Mme de La Tournelle (duchesse de Châteauroux), pour qu’elle essayât de tirer le roi de l’engourdissement où il était sur les affaires publiques : Ce que mon frère a pu lui dire là-dessus, ajoutait-elle, a été inutile : c’est, comme il vous l’a mandé, parler aux rochers. […] Elle avait tout à craindre à chaque minute, car, avec un tel homme, tout était possible ; un sourire même de lui et une mine plus ou moins gracieuse ne prouvaient rien : Vous ne le connaissez pas, ma bonne, disait-elle un jour à Mme Du Hausset, avec qui elle causait de je ne sais quelle rivale qu’on avait essayé de lui susciter ; s’il devait la mettre ce soir dans mon appartement, il la traiterait froidement devant le monde, et me traiterait avec la plus grande amitié.
C’est par ces subterfuges (je ne sais pas un autre mot) que Malesherbes essayait de désarmer et de tranquilliser la reine, qui répondait en riant « que l’on ne pouvait pas mieux défendre une mauvaise cause ». […] « La preuve de l’effet qu’a fait cette brochure, ajoutait-il avec insistance, est dans la douleur des auteurs offensés, de la part de qui j’ai reçu dix fois plus de plaintes que je n’en ai reçu contre eux des gens de bien. » Les gens de bien, c’est-à-dire les gens du bord de la reine et du Dauphin ; et, en effet, ils s’intitulaient eux-mêmes de la sorte ; mais j’ai regret, ici, je l’avoue, de voir Malesherbes essayer de leur donner le change, en leur accordant ce nom qui n’avait pas tout à fait pour lui le même sens.
. ; il l’applaudit, il la gourmande, il essaie de la contenir dans les voies de la morale et de la raison ; il se donne du moins à lui-même et à tous les honnêtes gens la satisfaction d’exprimer tout haut ses sentiments sincères, et, à certains moments plus vifs, il est entraîné, il s’avance et se compromet auprès des principaux personnages, jusqu’à mériter pour un temps prochain leur désignation et leur vengeance. […] Né en 1762 à Constantinople, d’une mère grecque, nourri d’abord en France sous le beau ciel du Languedoc, après ses études faites à Paris au collège de Navarre, il essaya quelque temps de la vie militaire ; mais, dégoûté bientôt des exemples et des mœurs oisives de garnison, il chercha l’indépendance.
— On a souvent essayé de définir le Beau en art. […] tenez, il faut en revenir à Kant : toutes les fois qu’il avait essayé d’échafauder un système, l’ayant senti s’écrouler, il a conclu qu’il n’y avait que la morale, le sentiment, du devoir.
J’ai essayé plus d’une fois, comme tous mes amis, de m’enfermer dans un système pour y prêcher à mon aise. […] Un poëte a essayé d’exprimer ces sensations subtiles dans des vers dont la sincérité peut faire passer la bizarrerie : Delacroix, lac de sang, hanté des mauvais anges, Ombragé par un bois de sapins toujours vert, Où, sous un ciel chagrin, des fanfares étranges Passent comme un soupir étouffé de Weber30.
Qu’on ose un peu essayer par la pensée, dans une littérature moderne, des effets analogues à ceux de la grande catastrophe qui a sévi sur l’antiquité et qui l’a plus que décimée, on s’arrêtera avec effroi.
« Versailles, 22 juin 1743… Il faudrait, je crois, dit-elle, écrire à Mme de La Tournelle (Mme de Châteauroux) pour qu’elle essayât de tirer le roi de l’engourdissement où il est sur les affaires publiques.
il était sur l’heure anéanti, et ceux qui, comme les mystérieux agents dont nous parlons, essayaient de porter la main aux rouages pour les accélérer, ceux-là couraient risque aussi de se briser avec toute leur malice, sans hâter d’une seule ligne le mouvement qui s’accomplissait sous une loi plus haute.
Quant au portrait de Jefferson lui-même, nous avons essayé dans ce qui précède, d’en offrir comme au hasard les principaux traits, heureux de convier notre jeunesse à l’étude d’un tel exemple, certain qu’on nous passerait quelque longueur, quand il s’agissait d’un de ces hommes en faveur desquels a prononcé, suivant une belle locution démocratique qu’il emploie, le verdict de leur patrie et du genre humain.
Nous ne prendrons pas parti pour les anecdotes de ce pauvre Étienne Dumont, qui, avec tant de circonspection et d’honnêteté, a essayé malencontreusement de remettre à leur place quelques verrues sur le visage presque auguste de Mirabeau.
Les hommes qui, en Allemagne, attaquèrent d’abord dans les Schlegel le mysticisme des théories sur le moyen âge, et dans Goethe l’impartialité égoïste et suprême de l’art, ces hommes sont en partie les mêmes qui essaient de populariser maintenant les idées pratiques de liberté, et d’amener leurs compatriotes à la vie publique.
Huysmans a essayé la solution : il est entré dans l’Église, il a écrit Là-bas.
Quelque mauvais que soit le goût de gens liés par une conversation habituelle, il faut qu’ils se forment un langage raisonnable, toute conversation est une épreuve par laquelle chacun essaie son langage à l’intelligence, au goût, aux affections des auditeurs ; là, ce n’est pas la critique qui éclairé, c’est l’impression que fait la parole sur ceux à qui elle s’adresse.
« L’ancienne nous échappe tous les jours ; &, comme il ne faut point se presser de la rejetter, on ne doit pas non plus faire de grands efforts pour la retenir. » Le changement dans toute matière a des attraits : de même qu’on a changé en grande partie l’orthographe, on a aussi essayé de substituer aux notes ordinaires de la musique d’autres signes ; inventions dont les auteurs n’ont pas été bien reçus du public, & qui les en ont même fait mépriser dès qu’elles ont paru.
Brunetière ne nous a pas nommé dans son discours mais, ayant cité le titre de nos livres et dénoncé leur doctrine, après une première allusion dans la Revue des Deux Mondes 45, il trouvera bon que nous essayions de lui démontrer en quelques mots l’insignifiance de sa thèse.
On essayait de couper la robe sans couture, de se tailler un capuchon pour sa petite tête dans ce riche et vaste manteau.
Or, c’est en tordant ce texte sous une interprétation qui ment à nous ou à elle-même que le théologien du saint-simonisme essaie de nous faire accepter la divinité de la chair.
Pour le trahir, en effet, il aurait fallu que Roger de Beauvoir eût essayé, sans réussir, de maintenir sa voix dans le ton de la dernière strophe de sa préface, et que le masque de Scarron dont il parle eût dévoré les pleurs sincères qui auraient coulé derrière son rire ou à travers ; et c’est là justement ce qui n’est pas dans ce volume, où si peu de chose d’aujourd’hui se mêle à tant de choses d’autrefois !
C’est un faux Richi, un faux Brahme, à travers lequel on reconnaît un jeune littérateur français, qui essaie de petites inventions ou de petits renouvellements littéraires, et provoque le succès comme il peut.
Nous avons essayé, en découvrant les cent voies par où s’exerce cette action ininterrompue, de déterminer leur point de convergence : il nous a semblé que les progrès de la quantité sociale, de la mobilité et de la densité, de l’homogénéité et de l’hétérogénéité, de la complication et de l’unification conspiraient pour mettre en lumière sur les ruines des classes et des castes, à la fois le prix de l’humanité et celui de l’individu : ils devaient donc, suivant toutes les vraisemblances psychologiques, conduire les peuples à l’idée de l’égalité des hommes.
Poitou, arrivé à la fin de sa course, essayer de réduire la littérature honnête de notre temps à deux ou trois romanciers, très recommandables sans doute, mais non des plus illustres ! […] Flaubert a écrit son roman pour essayer de la fixer. […] Et n’essayez pas de rien objecter ! […] Je n’essayerai pas de refaire ce qu’il a très bien fait. […] Essayez en lisant Molière de confondre Arnolphe et Sganarelle, Chrysale et Gorgibus, Argan et Harpagon !
Et les autres, par pitié, rattachaient, pour essayer de l’affaler jusqu’en bas. […] Ce fut ce jeu que Lazare essaya de recommencer, dans la pensée fraternelle de donner encore une récréation à l’agonie de la triste bête. […] Dès qu’il fut sorti, le moribond, qui haletait, essaya de soulever ses deux mains vers sa femme et il bégaya : — Sauve-moi… sauve-moi… ma chérie… je ne veux pas mourir… Oh ! […] Il essaya de surmonter son dégoût. […] » Le doux homme de génie qui, en mourant, a dit ces belles paroles, ne doit pas être laissé aux mains des politiciens libres penseurs et autres qui essaient de le faire leur.
« Monsieur l’inspecteur général, dit le prêtre, j’ai d’abord essayé de négocier. […] Nous essayons. […] Dans les mornes hivers et dans les tristes étés de Twickenham, il essayait de tromper l’ennui des heures monotones en écrivant l’histoire des zouaves et des chasseurs à pied. […] Est-ce qu’on essaye de lier en gerbe un bouquet de fusées ? […] Je voudrais essayer de retracer sa vie d’après ses œuvres.
Il sera plus à propos, pour achever cette esquisse, qui n’est qu’une méthode, d’essayer l’examen des idées toutes modernes d’art et de beauté. […] Huysmans : la Cathédrale essaie de refaire avec des moyens nouveaux, plus restreints, mais plus persévérants, avec des outils moins brillants, mais plus aigus, le Génie du christianisme. […] Il faut s’accommoder de cela et ne pas essayer de limiter l’absurde. […] Que l’on tienne pour bon ce théorème : tout ce qui est utile à l’abeille est utile à la ruche ; et qu’on n’essaie pas d’en renverser les termes, si l’on ne veut être tenu pour un simple faiseur de jeux de mots. […] On essaiera quelque jour, dans une étude sur le Monde des mots, de déterminer si les mots ont vraiment une signification, c’est-à-dire une valeur constante.
Essayez de relire le Maître de forges ou la Comtesse Sarah, vous vous demanderez ce qui a bien pu causer un tel engouement. […] Nous avons dit dans notre dernier volume ce qu’il fallait penser de la psychologie ; nous avons essayé de montrer par quelques exemples en quoi consiste la mauvaise psychologie. […] Ils sont incapables de peindre autre chose, je le veux bien ; mais pourquoi ne pas essayer au moins une fois ? […] Pierre Veber a essayé d’établir une statistique de cette effroyable production. […] Rappelez-vous vos premières lectures de jeunesse, et essayez de relire un de ces livres qui vous ont tant émus autrefois.
Et, les détails, il essaya de se les procurer. […] Il l’avait essayée, commencée et recommencée plus d’une fois. […] … Et, en fait, on n’a guère réussi, chaque fois qu’on l’essaya. […] Qu’on n’essaye pas de lui en conter : il a vite fait la critique des récits que vous hasardez. […] — Essayez !
Un auteur essaye là son génie et ses ressources ; et s’il n’a pas la force de vaincre les obstacles de l’arrangement, il y a aparence qu’il manqueroit aussi d’invention pour le fond des choses. […] de la versification. j’essayerai à présent de donner quelques idées de la versification. […] Mais, l’inconvénient le plus sérieux de ces ouvrages, c’est de tourner la vertu en paradoxe, et d’essayer souvent de la rendre ridicule. […] Je ne veux rien ôter au public ; je voudrois au contraire essayer de l’enrichir. […] Le second est une ode, où, sans versification, j’essaye poëtiquement tous les genres.