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849. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre III. Poëtes françois. » pp. 142-215

M. l’Abbé Goujet les a évitées dans les dix derniers volumes de sa Bibliothèque Françoise, qui roulent entiérement sur l’histoire de nos Poëtes. […] Les derniers volumes de la Bibliothèque Françoise ne trouverent pas d’acheteurs. […] Si on peut le blâmer de quelque chose, c’est de n’avoir pas toujours mis dans l’amour toutes les fureurs tragiques dont il est susceptible, & d’avoir été foible dans presque tous ses derniers actes. […] Ses Odes étoient le seul modèle, qu’un homme de goût pût imiter avant le milieu du dernier siécle. […] Menage, vers le milieu du dernier siécle, fit des Elégies, mais en pédant sans génie, qui entasse les épithètes, au lieu de rassembler les images.

850. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre X : De la succession géologique des êtres organisés »

Mais comme ces formes anormales et gigantesques vivaient avec le Mastodonte et le Cheval, on aurait pu au moins en inférer qu’elles appartenaient à l’une des dernières époques tertiaires. […] De même encore plusieurs observateurs compétents croient que les productions actuelles des États-Unis sont en relation plus étroite avec celles qui ont vécu en Europe pendant les dernières époques tertiaires, qu’avec les formes européennes actuellement vivantes ; or, s’il en est ainsi, il est évident que les couches fossilifères qui se déposent de nos jours sur les côtes de l’Amérique du Nord courront risque d’être classées plus tard par les géologues avec des couches européennes un peu plus anciennes. […] De la succession des mêmes types dans les mêmes régions pendant les dernières périodes tertiaires. […] Après avoir comparé le climat actuel de l’Australie et celui des différentes contrées de l’Amérique du Sud sous les mêmes latitudes, il faudrait être bien hardi pour oser, d’une part, rendre compte des dissemblances des habitants de ces deux continents par des dissemblances dans les conditions physiques, et, d’autre part, expliquer par les ressemblances de ces conditions l’uniformité des mûmes types dans chacune de ces régions pendant les dernières périodes tertiaires. […] La succession des mêmes types d’organisation dans les mêmes régions pendant les dernières périodes géologiques cesse aussi d’être un mystère, et s’explique tout simplement par les lois de l’hérédité.

851. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Vicq d’Azyr. — II. (Fin.) » pp. 296-311

Ce jour, pour Vicq d’Azyr, fut peut-être le plus beau de sa vie, et ce fut une des dernières fêtes brillantes de l’ancienne société française. […] À la fin de juin 1793, l’abbé Morellet avait été fait directeur, et Vicq d’Azyr chancelier ; ils furent les derniers officiers de l’ancienne Académie, qui se vit bientôt après supprimée, par décret du 8 août. […] Obligé d’assister à la fête de l’Être Suprême et d’accompagner le bataillon de sa section, il y reçut sa dernière atteinte morale et y contracta, sous un soleil ardent, la maladie dont il mourut, le 20 juin 1794, à l’âge de quarante-six ans.

852. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — II. (Suite.) » pp. 463-478

Lorsque l’on sait à quel esprit sain, ferme, vigoureux, on a affaire en Ramond, lorsqu’on a pu apprécier ses qualités sûres comme savant, comme observateur, lorsqu’on voit Laplace avoir assez de confiance en lui pour adopter et enregistrer dans la Mécanique céleste la réforme numérique dont était susceptible le coefficient d’une de ses formules, on se demande quelle sorte d’intérêt et de zèle celui qu’on a connu en ces dernières années le moins mystique des hommes pouvait apporter dans cette intimité de chaque jour avec Cagliostro. […] Le lieu même où je me trouvais n’eut que mon dernier regard. […] Ce sujet auquel il m’a convié est trop neuf, il a trop besoin de démonstration et de preuve aux yeux du lecteur pour que je l’étrangle ainsi et que je ne lui accorde pasw, dans un dernier article, tout le degré de développement qui lui est dû.

853. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Questions d’art et de morale, par M. Victor de Laprade » pp. 3-21

Raphaël, dont on parlait tout à l’heure, n’a pas été crucifié, ni Michel-Ange non plus, ni Léonard de Vinci, ni Virgile, ni l’Arioste, ni Pétrarque, ni Pindare dans l’antiquité, ni Sophocle, malgré un petit procès de famille sur ses derniers jours, ni Racine, malgré son accident final. […] Les derniers écrits de M. de Laprade sont donc empreints d’une certaine hostilité générale contre le développement de la société moderne ; il y perce même desaccents d’un aigreur particulière encore plus marquée. Dans une édition de ses Poèmes évangéliques, publiée l’année dernière, il a ajouté une préface qui se termine par une conclusion très-peu évangélique, où, à propos du matérialisme croissant et de l’abaissement des intelligences (ne serait-il pas temps de trouver un autre refrain ?)

854. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « M. de Sénancour — Note »

Quant à moi, n’est-ce rien que d’avoir été sauvé des dernières extrémités et d’être parvenu jusqu’à ce jour sans flatteries, sans bassesses, sans dépendance, même en général, et sans dettes, ayant reçu des services, mais en ayant rendu, ayant des amis (et choisis) et n’ayant eu ni chefs ni maîtres ; n’ayant pu, il est vrai, remplir ma destination, mais enfin n’ayant rien fait qui en soit précisément indigne ; connu d’un très-petit nombre (ce qui est fort selon mes goûts), mais un peu aimé ou estimé, un peu triste sur la terre et humilié de mes faiblesses, mais sans remords et sans déshonneur, très-mécontent de moi et déplorant le cours rapide d’une vie si mal employée, mais n’ayant point à la maudire ? […] « Ou enfin mettrai-je au-dessus de tout la douce température, le beau ciel, l’aspect de la mer immense, et y aura-t-il quelque chose de solennel dans la paix de mes derniers jours ? […] Un dernier mot sur le seul acte public de la vie de Sénancour. — Dans le procès qui lui fut intenté au mois d’août 1827 à cause de son livre, le Résumé de l’Histoire des Traditions morales et religieuses, où l’avocat du roi, Levavasseur, croyait trouver à chaque phrase l’intention manifeste de détruire la croyance à la divinité de Jésus, M. de Sénancour, défendu par Me Berville, voulut présenter lui-même au tribunal quelques explications.

855. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Sur la reprise de Bérénice au Théâtre-Français »

On oublie trop de nos jours ce devoir imposé au talent ; sous prétexte de lyrisme, chacun s’abandonne à sa pente, et l’on n’atteint pas à l’œuvre dernière dont on eût été capable. […] Avant la reprise actuelle, elle avait été représentée en dernier lieu le 7 et le 13 février 1807, c’est-à-dire il y a trente-sept ans. […] Un organe pur, encore vibrant et à la fois attendri, un naturel, une beauté continue de diction, une décence tout antique de pose, de gestes, de draperies, ce goût suprême et discret qui ne cesse d’accompagner certains fronts vraiment nés pour le diadème, ce sont là les traits charmants sous lesquels Bérénice nous est apparue ; et lorsqu’au dernier acte, pendant le grand discours de Titus, elle reste appuyée sur le bras du fauteuil, la tête comme abîmée de douleur, puis lorsqu’à la fin elle se relève lentement, au débat des deux princes, et prend, elle aussi, sa résolution magnanime, la majesté tragique se retrouve alors, se déclare autant qu’il sied et comme l’a entendu le poëte ; l’idéal de la situation est devant nous. — Beauvallet, on lui doit cette justice, a fort bien rendu le rôle de Titus ; de son organe accentué, trop accentué, on le sait, il a du moins marqué le coin essentiel du rôle, et maintenu le côté toujours présent de la dignité impériale.

856. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Léonard »

Dégoûté encore une fois et de retour en France au printemps de 1792, il exhalait à l’ombre du bois de Romainville ses tristesses dernières, en des stances qui rappellent les plus doux accents de Chaulieu et de Fontanes ; elles sont peu connues, et la génération nouvelle voudra bien me pardonner de les citer assez au long, car ce qui est du cœur ne vieillit pas. […] Qu’aujourd’hui du moins l’horrible ébranlement qui retentit jusqu’à nous aille réveiller un dernier écho sur sa pierre longtemps muette ! que cet incendie lugubre éclaire d’un dernier reflet son tombeau !

857. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre IV. De l’amour. »

Ce funeste trait de lumière frappe la raison avant d’avoir détaché le cœur ; poursuivi par l’ancienne opinion à laquelle il faut renoncer, on aime encore en mésestimant ; on se conduit comme si l’on espérait, en souffrant, comme s’il n’existait plus d’espérances ; on s’élance vers l’image qu’on s’était créée ; on s’adresse à ces mêmes traits qu’on avait regardés jadis comme l’emblème de la vertu, et l’on est repoussé par ce qui est bien plus cruel que la haine, par le défaut de toutes les émotions sensibles et profondes : on se demande, si l’on est d’une autre nature, si l’on est insensé dans ses mouvements ; on voudrait croire à sa propre folie, pour éviter de juger le cœur de ce qu’on aimait ; le passé même ne reste plus pour faire vivre de souvenirs : l’opinion qu’on est forcé de concevoir, se rejette sur les temps où l’on était déçu ; on se rappelle ce qui devait éclairer, alors le malheur s’étend sur toutes les époques de la vie, les regrets tiennent du remords, et la mélancolie, dernier espoir des malheureux, ne peut plus adoucir ces repentirs, qui vous agitent, qui vous dévorent, et vous font craindre la solitude sans vous rendre capable de distraction. […] Il est un dernier malheur dont la pensée n’ose approcher, c’est la perte sanglante de ce qu’on aime, c’est cette séparation terrible qui menace chaque jour tout ce qui respire, tout ce qui vit sous l’empire de la mort. […] l’on croirait possible d’exister dans un monde qu’il n’habitera plus, de supporter des jours qui ne le ramèneront jamais, de vivre de souvenirs dévorés par l’éternité, de croire entendre cette voix dont les derniers accents vous furent adressés, rappeler vers elle, en vain, l’être qui fut la moitié de sa vie, et lui reprocher les battements d’un cœur qu’une main chérie n’échauffera plus ?

858. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Gaston Paris et la poésie française au moyen âge »

Nous sommes plus proches, par le cœur et l’esprit, de Villon, de Joinville, de Villehardouin, de Téroulde, que ne l’ont été, du premier jusqu’au dernier, nos écrivains classiques, et nous renouons par-dessus leur tête la tradition nationale. […] Nous connaissons plus de choses que les hommes des trois derniers siècles ; nous savons mieux qu’eux nous représenter des états d’esprit et de conscience différents du nôtre ; l’étude de l’histoire, la multiplicité des expériences faites avant nous, le cours du temps, même la vieillesse de la race, un certain affaiblissement des caractères et de la faculté de croire et d’agir, tout cela a développé chez nous la curiosité et l’imagination sympathique. […] Nous sommes revenus à l’absolue liberté, comme avant la Renaissance  Le réalisme, si en faveur à présent, est chose du moyen âge  Le roman est aujourd’hui une bonne moitié de la littérature, comme au moyen âge  Les épopées du moyen âge défrayent notre poésie et notre musique  La poésie personnelle et lyrique, ressuscitée de nos jours, est chose du moyen âge plus que de la Renaissance et a été presque inconnue des deux derniers siècles ; Musset est plus proche de Villon que Boileau  Le mysticisme, la préoccupation du surnaturel, l’espèce de sensualité triste dont sont pénétrés si curieusement, en plein âge scientifique, les livres de beaucoup de jeunes gens, ce sont encore choses du moyen âge ; Baudelaire est moins loin que Boileau de l’auteur du Mystère de Théophile.

859. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens III) Henri Rochefort »

Sur le drame ou la comédie des vingt dernières années, cette face pâle de mime n’a cessé de pencher sa grimace immuable, et qui paraît automatique, comme ces masques que l’on peint au-dessus des rideaux de théâtre, et qui semblent railler tout ce qui s’agite sur les planches. […] Après avoir vécu excommunié comme franc-maçon, il paraîtrait qu’à sa dernière heure il a abjuré la franchise et la maçonnerie pour mourir dans les bras de la religion à laquelle nous devons le cardinal Dubois et la seconde expédition romaine… Cette habitude qu’a le clergé de venir se fourrer jusque dans la table de nuit des mourants pourrait être utilisée par les gouvernements qui, comme le nôtre, ont le plus puissant besoin d’adhésions. […] Avouez en outre qu’en dehors de la famille Bonaparte il n’y a plus pour la France que honte et misère ; Le Moniteur publierait, pour le jour de l’enterrement, en tête de sa partie non officielle, cette note triomphante : « Le fameux X…, qui après avoir donné, au coup d’État, sa démission de professeur de rhétorique au collège de Senlis, a été transporté à Lambessa aux frais de notre généreux gouvernement ; le fameux X…, pressé par l’évidence, a avoué, à son lit de mort, qu’il n’avait jamais été plus libre que sous ce règne, et qu’il expirait dans les bras de la Constitution, à laquelle il jurait obéissance dans ce monde et dans l’autre. » Appliqué aux derniers moments de l’honorable M. 

860. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre VIII. Les écrivains qu’on ne comprend pas » pp. 90-110

Les sévérités de mon jeune confère n’iraient qu’aux derniers volumes de M.  […] « En prétendant négliger les accidents de temps et d’espace pour ne nous montrer que des vérités éternelles, vous méconnaissez une loi de la vie, qui est de réaliser l’universel, mais seulement dans les individus. » C’est au plus un reproche imputable aux romantiques, et plus exactement aux derniers classiques. […] Le cas ne serait pas neuf, il advint dans l’Inde, et chez les Arabes, et même en Italie aux derniers siècles de l’Empire.

861. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le cardinal de Retz. (Mémoires, édition Champollion.) » pp. 238-254

Le premier président (Molé) les savait très bien relever, le peuple ne les trouvait nullement bonnes, les ecclésiastiques s’en scandalisaient au dernier point. […] Sa prison, sa fuite, son séjour à Rome, ses voyages et caravanes en divers lieux, ses obstinations dernières pour conserver son siège de l’archevêché de Paris, nous fourniraient trop de vues sur ses faiblesses et sur les côtés infirmes de sa nature. […] Pourtant, comme on suppose que les dernières parties en ont été écrites vers cette époque de 1675-1676, il serait téméraire de dire qu’une pensée de ce genre n’ait pas fini par germer dans le cœur du cardinal de Retz.

862. (1876) Du patriotisme littéraire pp. 1-25

[Du patriotisme littéraire] À la fin du siècle dernier un jeune poète, à l’imagination enthousiaste, à la sensibilité frémissante, à l’âme vraiment lyrique, reportait son souvenir et sa pensée sur les beautés naturelles de notre pays qu’il avait parcouru en tous sens, depuis Marseille jusqu’à Paris, depuis Narbonne jusqu’à Strasbourg. […] J’abrège pour vous présenter un dernier tableau, celui de la domination intellectuelle de notre pays à diverses époques. […] Je vous ai montré, l’an dernier, l’émulation de nos troubadours du Midi, créant la poésie italienne en Toscane et la poésie allemande dans l’école des Minnesinger.

863. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

A-t-il pour dernier but de nous détourner de l’égoïsme ? […] Je lisais, ces jours derniers, un volume que M.  […] Elle croît d’acte en acte, et fait explosion au dernier. […] Il raisonne toujours, et très droit, et très net, et va d’un bond aux dernières conséquences. […] On le goûtait moins au siècle dernier, et même il y a cinquante ans.

864. (1890) Le réalisme et le naturalisme dans la littérature et dans l’art pp. -399

On put mesurer plus aisément encore que dans les dernières années de la décadence grecque et romaine le degré de réalité qu’il admettait. […] Raphaël a fait plusieurs cartons — lesquels suffiraient pour illustrer un autre peintre — avant d’arrêter les dispositions dernières de ses tableaux. […] Tantôt ils proclament le génie indépendant non seulement des règles, mais encore de la réalité, cette règle dernière. […] Le principe posé au xviiie  siècle a fourni ses dernières conséquences. […] Il est un dernier affranchissement qu’ils ont hardiment réclamé.

865. (1894) La bataille littéraire. Cinquième série (1889-1890) pp. 1-349

Sardou, en lui dédiant son dernier roman : Puyjoli ; traitant comme lui la même époque, il a ainsi éviter les réflexions sur les rencontres de sujets. […] Le vicomte vit monter les uns après les autres ses compagnons du dernier voyage, le fermier général, le garde du corps, les Allemands. […] C’est ainsi que, devant l’étang, ma première pensée a été une pensée de fin dernière ! […] Je lis à sa dernière page : Le soir de mon arrivée à Oléron, j’étais accablé de tristesse. […] Je n’ai rien à ajouter à ce que j’ai écrit en septembre dernier.

866. (1895) Les mercredis d’un critique, 1894 pp. 3-382

Son dernier mot : terminez l’affaire des tarifs et revenez prendre votre place dans le gouvernement. […] Auguste Vacquerie annonce comme devant être son dernier. […] Or, l’été dernier, comme j’arrivais à Dartmouth, on me dit qu’elle habitait dans les environs. […] Ce plaisir nous a été donné en lisant un livre paru ces jours derniers. […] Certains insectes ont, dans leur dernière métamorphose, des ailes et pas d’estomac.

867. (1856) Articles du Figaro (1855-1856) pp. 2-6

Nulle part n’habite la paix, nulle part ne se trouve le repos ; et nous vîmes jusqu’aux derniers vestiges de nos croyances sombrer dans le déchirement du monde et les désolations de l’histoire. […] Au siècle dernier, on disait les gens de lettres ; mais quel écrivain, pris individuellement, s’avisait de s’intituler homme de lettres ? […] Sont-ils contenus dans sa dernière brochure, ou dans sa pièce mort-née d’Une Madeleine, dont une plume savante, spirituelle et distinguée, — M.  […] Mademoiselle Delphine Marquet est un des derniers, mais admirables échantillons de cette espèce à peu près perdue : les blondes. […] Mais, le moment venu de se faire un manteau de leur chevelure, la plupart n’avaient à leur service qu’une indigente toison, dont les derniers anneaux ne dépassaient pas l’omoplate.

868. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIe entretien. Épopée. Homère. — L’Iliade » pp. 65-160

Tes rivaux, triomphant des malheurs de ta vie, Plaçant entre elle et toi les ombres de l’envie, Disputèrent encore à ton dernier regard L’éclat de ce soleil qui se lève si tard. […] « Prends pitié de ton malheureux père, que le puissant Jupiter réservait au terme de ses jours pour le rendre témoin des dernières ruines ! […] de ton lit funèbre tu ne m’as pas tendu ta main, tu ne m’as point dit les dernières paroles, dont je me serais souvenue sans cesse, et les jours et les nuits, en versant des larmes !  […] Les flammes du bûcher se confondent avec celles de l’aurore, et une urne d’or reçoit les cendres du dernier défenseur d’Ilion. […] Voulez-vous l’excès de l’infortune humaine : suivez le vieux Priam aux genoux du meurtrier de son fils ou ramenant dans la nuit à son épouse, la vieille Hécube, le cadavre inanimé et souillé de poussière de son dernier enfant !

869. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIIIe entretien. Cicéron (2e partie) » pp. 161-256

Mais lisez maintenant cette immortelle apostrophe, et vous comprendrez sous les paroles ce que les paroles cachaient, comme le poignard d’Aristogiton, sous les derniers replis du cœur du consul ! […] Penses-tu que quelqu’un de nous ignore ce que tu as fait la nuit dernière et celle qui l’a précédée, dans quelle maison tu as rassemblé tes conjurés, quelles résolutions tu as prises ? […] En effet, quoique la mort de Crassus ait excité de justes regrets, qui ne la trouve pas heureuse, en se rappelant le sort de tous ceux qui, dans ce séjour de Tusculum, eurent avec lui leur dernier entretien ? […] Que si le ciel nous laisse notre dernière heure inconnue, tenons-nous dans une telle disposition d’esprit que ce jour, si terrible pour les autres, nous paraisse heureux. […] Nous allons, dans un dernier entretien sur ce grand homme, vous initier plus avant dans cette sagesse antique, résumée par la plus brillante parole de l’antiquité.

870. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (1re partie) » pp. 313-408

Joseph crut alors toucher à une condition meilleure : c’était l’instant critique ; il rassembla les forces de sa raison et se résigna aux dernières épreuves. […] Ainsi je rêvais à quinze ans ; Aux derniers reflets de l’enfance, À l’aube de l’adolescence, Se peignaient mes jours séduisants. […] Avec quel attendrissement grave et quel coup d’œil mélancolique jeté sur l’humanité, sa mémoire le reportait alors aux orages des derniers temps ! […] ma bonne vieille tante, L’an dernier ; sur son lit, sans voix et haletante,                  Elle resta trois jours, Et trépassa. […] Voici ce que vous en dites en 1863, en les réimprimant pour vous et pour nous : « Je continue et j’achève, dans un court loisir qui m’est accordé, cette publication de mes Poésies sous leur forme dernière.

871. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1893 » pp. 97-181

… Hier, pendant que Hérédia me racontait sa dernière entrevue avec Taine — son fiacre attendant à la porte, pour le mener chez lui — Taine mourait. […] Dimanche 2 avril La matière catholique, que Huysmans a brassée pour son dernier bouquin, en aurait fait un pratiquant, et à l’heure présente, on le rencontre le dimanche, à Saint-Séverin. […] Dimanche 23 avril Descaves tenait de quelqu’un de l’Assistance publique, que jamais il n’y avait eu tant d’enfants abandonnés à Paris, qu’il y en a eu, un jour de la semaine dernière. […] Un jour, où j’étais réduit aux derniers expédients, ce tableau que j’avais acheté quelques années auparavant, je le portais à votre père, en lui disant : J’ai besoin de 600 francs…. […] Enfin après le septième tableau, je demande à lire le huitième et dernier tableau.

872. (1925) La fin de l’art

Mais cela fait penser à tout ce qui fut détruit au cours des cent dernières années et dont il ne reste parfois qu’une médiocre gravure, dont il ne reste parfois rien qu’une ancienne description, moins encore, qu’une mention dédaigneuse. […] C’est au point que les derniers spectacles imaginés par M. d’Annunzio tirent presque tout leur attrait de décorations russes. […] D’ailleurs, qu’était en dernier lieu l’Ile-de-France ? […] Encore au siècle dernier on ne voulait les connaître que d’après les maçons qui en étaient presque tous originaires. […] Quant à moi, j’admire plutôt la verdeur de cet homme qui, à soixante-dix ans passés, semble vouer ses derniers ans au laborieux métier de touriste.

873. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXVIII » pp. 266-276

L'Odéon, alléché par son succès d’Antigone de l’an dernier, vient de donner les Nuées d’Aristophane. […] Nous avons été fort étonné de lire dans un des derniers volumes de poésies de Victor Hugo : Méry, fils de Virgile !

874. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Poésies d’André Chénier »

Nous apprenons aussi que Chénier était, avec ses amis les Trudaine, des soupers de La Reynière, où il y avait compagnie amusante et fort mêlée, et c’est à cette rencontre que l’on doit de le retrouver, non sans quelque étonnement, mentionné et nommé dans les œuvres dernières de cet ignoble Rétif de La Bretonne. […] C’est pourquoi il ne faut point voir dans la tentative d’André Chénier une renaissance gréco-latine ; c’est véritablement une renaissance française, conséquence des xvie et xviie  siècles, avec cette différence que le xvie  siècle avait vu la Grèce à travers l’afféterie italienne ; le xviie , à travers le faste de Louis xiv ; tandis qu’André Chénier a, dans l’âme de sa mère, respiré la Grèce tout entière ; il parle la même langue que Racine, mais trempée d’une grâce byzantine, attique même, naturelle et innée, et dans laquelle se fondent heureusement l’ingéniosité grecque et la franchise gauloise. » Certes, André Chénier n’a pas réussi partout ; plus d’une pièce de lui trahit des inexpériences sensibles ; il y a des différences d’âge entre ses poésies ; mais celles de sa dernière manière, les élégies lyriques à Fanny, à la Jeune Captive, l’ode à Charlotte Corday, les Iambes, ne laissent rien à désirer.

875. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « La poésie »

Paul Albert, précédemment professeur de rhétorique au lycée Charlemagne, nommé en dernier lieu maître de conférences à l’École normale, était chargé en sus par le ministre d’enseigner spécialement aux jeunes filles, « aux jeunes adolescentes », comme le disait élégamment un bref tout récent, la littérature et la poésie. […] elles commencent, dans ces études qui ont fait l’occupation de toute notre vie, par où nous-mêmes à grand’peine nous finissons ; elles ont pour leur point de départ le résultat dernier des plus doctes recherches ; elles sont au courant, et mieux qu’au courant, dès leur première année, de ce qui a tant coûté aux autres à gagner et à conquérir !

876. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Grosclaude. »

La justice des hommes se promettait par avance une de ces satisfactions d’amour-propre qu’au dire des comptes rendus elle éprouve chaque fois qu’il lui est donné de présider à une cérémonie de cet ordre, et le tout-Paris des dernières, friand de tout bruit de coulisse  et notamment de celui que fait le sinistre couperet en glissant dans sa rainure  retenait déjà ses places, etc… » Ne croyez pas, je vous en supplie, que ces lignes soient l’indice d’un mauvais cœur. […] » pour que Grosclaude inventât une faute d’orthographe, les « connaissances zutiles », qui raille à la fois les dernières réformes de l’enseignement et la prononciation du Conservatoire ?

877. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XIV. Moralistes à succès : Dumas, Bourget, Prévost » pp. 170-180

Bourget est un des derniers audacieux qui croient mieux faire comprendre une catastrophe morale en la comparant à une éruption volcanique. […] Francis l’avait éprouvé, etc. » ou encore : « Nos actions finissent toujours par ressembler à nos pensées, et ce sont ces dernières qu’il importe de gouverner d’abord.

878. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XVI. Mme de Saman »

Le bas-bleu qu’elle fut et qui est oublié, le bas-bleu qui a écrit Gertrude, Jérôme, Sextus, dont elle se souvient seule aujourd’hui, a voulu jeter encore un livre sur la place pour faire un dernier bruit, et ce livre a été sa vie. […] La question est l’exploitation d’un nom illustre, dans l’intérêt d’un dernier scandale, avant de mourir tout à fait.

879. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Philippe II »

Rien, en ces deux derniers volumes, n’a modifié le jugement que j’ai déjà porté sur l’auteur des deux premiers et sur sa manière de considérer les choses historiques59. […] Avant l’histoire de Forneron, on savait déjà beaucoup sur ce temps terrible, mais, après cette histoire, je ne crois pas qu’on ait beaucoup à apprendre encore… et même le Forneron des deux derniers volumes surpasse, en renseignements, le Forneron des deux premiers.

880. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Avellaneda »

Pour ne citer qu’un seul exemple, traduire Milton fit blanchir les dernières papillotes de Chateaubriand. […] Si le grand estropié qui fut Cervantes resta malheureux jusqu’à sa dernière heure, broyé par la Misère, cette divine marâtre qui pétrit si bien le génie et l’imbibe de ses meilleurs parfums, au moins son œuvre eut-elle, après sa mort, le bonheur qu’il ne connut pas, lui, pendant sa vie.

881. (1904) Zangwill pp. 7-90

J’en ai fait un l’an dernier par la mer et le Rhin, pour revenir par la Champagne. »… Pour revenir est admirable, dans sa docte naïveté. […] Une humanité devenue Dieu par la totale infinité de sa connaissance, par l’amplitude infinie de sa mémoire totale, cette idée est partout dans Renan ; elle fut vraiment le viatique, la consolation, l’espérance, la secrète ardeur, le feu intérieur, l’eucharistie laïque de toute une génération, de toute une levée d’historiens, de la génération qui dans le domaine de l’histoire inaugurait justement le monde moderne ; hoc nunc os ex ossibus meis et caro de carne mea  ; elle est partout dans l’Avenir de la science, — pensées de 1848 ; — et quel arrêt imaginé pour l’humanité enfin renseignée, savante, saturée de sa mémoire totale ; quel arrêt de béatitude ; quel arrêt de béatitude et vraiment de divinité ; quel paragraphe singulier d’assurance et de limitation je trouve dans la préface même, écrite au dernier moment pour présenter au public, dans l’âge de la vieillesse, une œuvre de jeunesse : « Les sciences historiques et leurs auxiliaires, les sciences philologiques, ont fait d’immenses conquêtes depuis que je les embrassai avec tant d’amour, il y a quarante ans. […] Incroyable naïveté savante, orgueil enfantin des doctes et des avertis ; l’humanité a presque toujours cru qu’elle venait justement de dire son dernier mot ; l’humanité a toujours pensé qu’elle était la dernière et la meilleure humanité, qu’elle avait atteint sa forme, qu’il allait falloir fermer, et songer au repos de béatitude ; ce qui est intéressant, ce qui est nouveau, ce n’est point qu’une humanité après tant d’autres, ce n’est point que l’humanité moderne ait cru, à son tour, qu’elle était la meilleure et la dernière humanité ; ce qui est intéressant, ce qui est nouveau, c’est que l’humanité moderne se croyait bien gardée contre de telles faiblesses par sa science, par l’immense amassement de ses connaissances, par la sûreté de ses méthodes ; jamais on ne vit aussi bien que la science ne fait pas la philosophie, et la vie, et la conscience ; tout armé, averti, gardé que fût le monde moderne, c’est justement dans la plus vieille erreur humaine qu’il est tombé, comme par hasard, et dans la plus commune ; les propositions les plus savamment formulées reviennent au même que les anciens premiers balbutiements ; et de même que les plus grands savants du monde, s’ils ne sont pas des cabotins, devant l’amour et devant la mort demeurent stupides et désarmés comme les derniers des misérables, ainsi la mère humanité, devenue la plus savante du monde, s’est retrouvée stupide et désarmée devant la plus vieille erreur du monde ; comme au temps des plus anciens dieux elle a mesuré les formes de civilisation atteintes, et elle a estimé que ça n’allait pas trop mal, qu’elle était, qu’elle serait la dernière et la meilleure humanité, que tout allait se figer dans la béatitude éternelle d’une humanité Dieu. […] Mais la nature aspire à une communion bien plus intense, communion qui n’atteindra son dernier terme que quand il y aura un être actuellement parfait. […] Or rien n’autorise à regarder l’univers comme un être organisé, même à la manière du dernier zoophyte.

882. (1880) Goethe et Diderot « Diderot »

Les dernières objections du protestantisme, devenues des rapsodias, Diderot les répète sans rien y ajouter. […] Diderot, surfait, grandi pour mille raisons dont j’ai dit quelques-unes et dont la plus forte et la plus actuelle est ce matérialisme qui produit des Littré en philosophie, des Courbet en art, et des Zola en littérature, déjections dernières ! […] Il fut auteur dramatique, critique d’art, critique de littérature et même poète, sa dernière et sa plus risible fatuité. […] En ces dernières années, il est vrai, deux hommes, d’un mérite inégal, — l’un poète, mais un peu visionnaire, qui voyait des beautés là où il n’y en avait pas, et l’autre doué d’une sympathie naturelle pour toutes les platitudes, — Baudelaire et M.  […] La Révolution, il est vrai, qui raccourcissait tout, a raccourci ces vers pour les chanter sur un mode plus vif et plus pratique que Diderot ; elle a dit, elle, avec une décision charmante : Et du boyau du dernier prêtre Serrons le cou du dernier roi !

883. (1887) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Troisième série pp. 1-326

Nous n’avons plus qu’un dernier mot à dire. […] Les trois derniers livres de Gil Blas peuvent se ramener à deux épisodes essentiels. […] Le nombre surtout de ces dernières étonne. […] Manon Lescaut, qui en forme le septième et dernier, ne saurait donc, en aucun cas, remonter au-delà de 1731. […] C’est ce qui me permettra d’en signaler un dernier.

884. (1910) Muses d’aujourd’hui. Essai de physiologie poétique

Ces deux derniers vers sont aussi beaux qu’un fragment d’ode de Sapho4. […] Voici quelques pièces, extraites de Haillons, son dernier volume. […] Mais lorsqu’on parlera de Renée Vivien, il faudra oublier ce blasphème des dernières heures, pour ne se souvenir que de la beauté de son chant d’amour. […] Parmi les derniers vers que la poétesse n’a pas encore réunis en volume, je cueille ces deux strophes, à la fois amoureuses et désenchantées. […] Dumas fils, Emile Augier, sont, à ses yeux, comme s’ils n’avaient pas existé. » Ce qui, au moins pour les deux derniers, est preuve de bon goût.

885. (1926) La poésie pure. Éclaircissements pp. 9-166

Je rappelle que ce débat avait eu pour point de départ la lecture que je fis l’automne dernier de la séance publique annuelle de l’institut. […] Je comptais y calmer les inquiétudes que ma lecture ne manquerait pas d’éveiller chez les derniers dévots du rationalisme, et mettre à profit les critiques, les suggestions diverses qu’on voudrait bien me communiquer. […] Enfin savourez sa dernière ligne : « M.  […] Analyse, différenciation des facultés. … etc : d’après les derniers recensements, M.  […] Soyons bons — j’écris ce mot une dernière fois-pour les primaires.

886. (1893) Impressions de théâtre. Septième série

Et certes, dans les quinze ou vingt dernières années de sa vie, cette gaieté fut courageuse et méritoire. […] C’est donc, en dernière analyse, la foule qui fait la bonté de l’une et de l’autre. […] Est bouffon et sublime, en dernière analyse, ce qui a paru être tel à des hommes assemblés. […] Perdu pour perdu, tant pis, mécontenter une fois… La nuit dernière, une folie m’a pris, un besoin de la voir. […] Sarcey, à la fin de son dernier feuilleton, annonçait que la pièce était pleine de mots.

887. (1864) Histoire anecdotique de l’ancien théâtre en France. Tome I pp. 3-343

Psyché fut une dernière galanterie de Corneille à Louis XIV. […] Ce fut une des dernières fois qu’on sacrifia à ce singulier usage, introduit par Louis XIV, et qui nous semblerait aujourd’hui une monstruosité. […] Richelieu, choqué au dernier point, retira sa pièce et résolut de se venger sur le Cid de la chute de son Europe. […] Arie et Petus, en 1659, fut une des dernières tragédies de Gilbert. […] L’histoire et la postérité finissent tôt ou tard par juger en dernier ressort, et leur jugement est sans appel.

888. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1870 » pp. 3-176

On a mangé les dernières huîtres hier, et il n’y a plus en fait de poisson que de l’anguille et des goujons. […] Je suis curieux de reconnaître les endroits de nos tristes promenades de tout le printemps dernier. […] J’en suis réduit à couper le cou à une de mes dernières petites poules, avec un sabre japonais. […] Concevez-vous, depuis septembre dernier… » Puis, le monsieur à la pauvre femme, qui a fini de dîner, s’en va. […] Le chemin de fer a son dernier départ à 8 heures et demie ; l’omnibus à 9 heures et demie.

889. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

Maintenant, madame Pernelle a vu démasquer son dernier Tartuffe. […] Prêtez-lui un peu de votre esprit, afin qu’elle puisse acheter son dernier manteau. […] Au théâtre, en effet, tout autant que devant l’Aréopage, vous étiez jugé en dernier ressort. […] derniers efforts d’un malheureux qui se respecte ! […] La faim vint, plus tard qu’on ne l’eût espéré ; mais quand ils eurent mangé leur dernière bouchée, et vidé leur dernier verre d’eau fraîche (dans le même verre !)

890. (1892) Portraits d’écrivains. Première série pp. -328

Encore ces dernières ont-elles les susceptibilités que l’on sait : un rien les fait rougir. […] Le fait est que nous avons à constater une dernière modification dans sa manière. […] Et cependant ce livre inaugure une dernière manière où la décadence est indéniable. […] Il en est parmi ces dernières de tout à fait exquises. […] Il est dénué, mais au dernier point, de tout sens critique.

891. (1912) Pages de critique et de doctrine. Vol I, « I. Notes de rhétorique contemporaine », « II. Notes de critique psychologique »

Taine qu’il eut recours à elle dans les affres des derniers moments. […] Il voulut avoir, dans les ténèbres qui le gagnaient, une dernière impression d’une pensée méthodique et claire. […] Romans sociaux, les derniers livres de Zola, ceux de M.  […] Et si cette empreinte est plus nette dans vos dernières créations, elle se reconnaissait déjà dans les premières. […] Bourdeau vient de nous donner une traduction, — pages dictées par Henri Heine durant les derniers jours de sa terrible maladie ?

892. (1890) Derniers essais de littérature et d’esthétique

Morris l’apprit à son auditoire, à couvrir tous les coins, et jusqu’au dernier pouce de surface, de dessins gracieux, fantaisistes et suggestifs. […] La semaine dernière, M.  […] Wyke Bayliss, il faut reconnaître que ses vues sur l’art sont au dernier point banales et vieillottes. […] Il ne propose pas davantage de recourir à des raisons morales pour décerner les prix à ceux qui arrivent les derniers dans la course. […] Les derniers étaient une bande d’agressifs touche-à-tout, qui mettaient le désordre partout où ils se montraient.

893. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Benjamin Constant et madame de Charrière »

Un voyage qu’il fait en Suisse, dans l’été de 1793, dut contribuer à le détromper ; quelques années de plus, quelques derniers automnes avaient achevé de ranger Mme de Charrière dans l’ombre entière et sans rayons. […] La sotte aventure dont vous parlez dans votre dernière lettre m’a forcé à des courses et causé des insomnies et des inquiétudes qui m’ont enflammé le sang. […] Je répète tous les jours plus sincèrement le vœu qui terminait ma dernière lettre, et j’attends la tempête comme un autre le port. […] De retour en Suisse dans les derniers mois de cette année (1795), il n’avait de pensée que pour les affaires publiques et pour Paris. […] Ces dernières paroles pourraient servir d’épigraphe à Adolphe, qui est, en effet, un livre triste et fané, d’une teinte grise.

894. (1933) De mon temps…

Elle était venue de sa résidence d’été de Saint-Gratien rendre les derniers devoirs au dernier des Goncourt. […] C’est un France vieilli, le France des derniers temps de sa vie. […] Un dernier applaudissement retentit. C’est José-Maria de Heredia qui, debout, dans sa loge, frappe une dernière fois l’une contre : l’autre ses mains enthousiastes. […] Alfred Vallette, occupait, au numéro 15 de la rue de l’Echaudé-Saint-Germain, le premier étage d’une vieille maison qui mériterait bien qu’on y apposât une plaque commémorative, car elle fut le siège d’un des centres littéraires les plus actifs des dernières années du siècle passé.

895. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Le Chevalier de Méré ou De l’honnête homme au dix-septième siècle. »

Les Lettres du chevalier parurent en 1682, quand le grand siècle n’attendait plus, pour nouveauté dernière qui l’excitât, que les Caractères de La Bruyère. […] De quels éléments est-elle donc pétrie, cette grâce suprême et dernière qui n’a qu’un point et un moment ? […] Or le chevalier vieillissant se convertit tout de bon, et ce ne fut pas, comme La Rochefoucauld, à l’extrémité, et pour faire une fin ; il suffit de lire les écrits de ses dernières années pour voir quel bizarre amalgame se faisait, dans son esprit, de son ancien jargon d’honnête homme avec ses nouveaux sentiments de dévot. […] Il obtint pourtant, à cette époque, une sorte de célébrité par ses écrits ; on le trouve assez souvent cité par Bouhours, par Daniel, par Bayle, par ceux qui, étant un peu de province ou de collége et arriérés par rapport au beau monde, le croyaient un module du dernier goût. […] Et puis, en relisant tout ceci, une pensée dernière me vient, qui remet chacun à sa place.

896. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (2e partie) » pp. 409-488

Qui pourrait ne pas comprendre dans celle-ci la touchante et involontaire adresse de ce tourment triste des derniers vers qui ramène à la mélancolie vague de la personne innomée, des pensées dont l’amour voudrait s’emparer pour lui faire sentir un vide que lui seul pourrait combler ? […] Le jour que je vous vis pour la troisième fois, C’était en juin dernier, voici bientôt deux mois ; Vous en souviendrez-vous ? […] Dans un article inséré à la Revue des Deux-Mondes, sur M. de Lamartine, pendant son voyage en Orient (juin 1832), on lisait : « L’absence habituelle où M. de Lamartine vécut loin de Paris et souvent hors de France, durant les dernières années de la Restauration, le silence prolongé qu’il garda après la publication de son Chant d’Harold, firent tomber les clameurs des critiques, qui se rejetèrent sur d’autres poètes plus présents : sa renommée acheva rapidement de mûrir. […] Et de là nous viendront tes dernières moissons, Peinture, hymne, lumière immensément versée, Comme un soleil couchant ou comme une Odyssée ! […] XIV Ce furent vos dernières publications poétiques.

897. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juin 1886. »

J’ai eu l’occasion, l’année dernière, en préface à un essai de traduction du Rheingold, de dire un mot sur la question des traductions ; et j’ai parlé d’une traduction rêvée, celle de l’exacte et totale équivalence. […] ag Au commencement du troisième acte, après le retour de ces pèlerins, qui, cette fois, en traversant la scène, reprennent tout le thème religieux de l’ouverture, Elisabeth aux pieds de la même Madone que nous avons remarquée au premier acte, fait sa dernière prière, où paraît s’exhaler son dernier soupir, pour celui qu’elle a si souffrement aimé ! […] Le Théâtre fut bien la forme de l’art littéraire pour les dernières époques du Moyen-Age : un théâtre non plus de raisonnements ou de discours, mais d’actions, de faits matériels. […] Cette construction du roman parfait se fera par une habitude croissante de concevoir et de recréer la vie : elle aura besoin, encore, d’une forme parfaite, dont les dernières œuvres de nos romanciers nous peuvent suggérer l’idée. […] Se rappelle-t-on les dernières années de Louis Lambert, dans le beau roman de Balzac ?

898. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Herbert Spencer — Chapitre II : La psychologie »

Les deux premiers reposent en dernière analyse sur celui-ci ; la succession étant une différence d’ordre ; la coexistence une non-différence d’ordre (une indifférence dans l’ordre)139. […] C’est dans le monde matériel qu’il faut chercher la raison dernière de la nature de nos pensées, de leur ordre, de leur liaison. […] Son résultat dernier, c’est que la vie intellectuelle consiste en deux procédés fondamentaux : l’un qui unifie, l’autre qui différencie ; l’un qui saisit les analogies, égalités, identités, l’autre qui s’attache aux oppositions et aux contrastes ; l’un qui assimile les impressions, l’autre qui les désassimile ; l’un qui consiste en une intégration, l’autre en une désintégration. […] Il montre qu’ils se ramènent tous en dernière analyse à des rapports de ressemblances et de différence. […] Nous voici donc arrivés au dernier terme de notre analyse.

899. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Paul Féval » pp. 107-174

Au lieu d’aborder hardiment cette œuvre immense du roman, qui comprend l’étude de l’homme et de la société, invariablement unis l’un à l’autre, Paul Féval l’a dédoublée et détriplée, et de cette époque dernière des temps prosaïques et civilisés il a dégagé une spécialité de roman dans lequel l’intérêt des faits qui se succèdent l’emporte sur l’intérêt des idées et des sentiments. […] je ne comparerai pas Beaumarchais-Figaro, ce bâtard de Rabelais, avec papa Le Sage, car du moins Beaumarchais avait dans le bec et dans l’esprit une vibrante paire de castagnettes, plus mordante que celles de toutes les mauricaudes de l’Espagne, et dont il se servit pour faire danser son dernier pas à toute une société, dans cette danse macabre, drôle et terrible, qui précéda la Révolution française. […] Et d’ailleurs ce ne serait point par le petit dernier de cette puissante famille de livres qu’il y pourrait entrer. […] Mais, romancier jusqu’à sa dernière heure, Paul Féval, qui fut son ami, a voulu tailler un roman de plus dans l’étoffe de cette personnalité qui prête à tout, tant elle est vaste et contrastée ! […] Mais dans quel roman a-t-on abordé, avec une pareille précision, tout ce qui constitue la mort chrétienne dans les plus petits détails des cérémonies dernières de l’Église, et sans oublier une seule de ses maternelles attentions pour le Fidèle qui meurt dans son sein !

900. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIVe entretien. Cicéron (3e partie) » pp. 257-336

C’est ainsi que ce grand homme, séparé des rumeurs de Rome par les montagnes de la Sabine et par le rideau de ses arbres, écrivait ses Tusculanes, que nous vous analysions dans notre dernier entretien. […] Faisons comme lui, et suivons-le jusqu’à son dernier trait de plume et à son dernier soupir, dans ses méditations. […] De tous les corps, le plus petit, qui est situé aux derniers confins du ciel, et le plus près de la terre, brillait d’une lumière empruntée. […] Lisez les dernières lignes attendries de ce livre, adressé à l’ombre de son fils, mort avant lui. […] C’est que l’envie, qui l’a tué, et qui a cloué sa langue divine sur la tribune de Rome avec l’épingle d’or d’une furie, n’a pas dit encore son dernier mot contre ce plus grand des Romains.

901. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVI. La littérature et l’éducation publique. Les académies, les cénacles. » pp. 407-442

Elles pullulèrent dans la seconde moitié du siècle dernier avec Jean-Jacques, Diderot, Condillac, Bernardin de Saint-Pierre, Condorcet, pour aboutir sous la Révolution à des tentatives éphémères, mais aussi à des créations solides et durables. […] Il suffit de considérer, pour s’en convaincre, les éditions successives du dictionnaire et surtout les dernières. […] C’est l’usage en littérature qu’on hérite de ceux qu’on assassine, et les derniers venus ont beau profiter des travaux et des efforts de leurs devanciers immédiats, ils commencent le plus souvent par les condamner comme surannés, par les tuer autant qu’ils peuvent dans l’estime publique. […] C’était le déblayage obligatoire que les derniers venus pratiquent avec une brutalité presque féroce aux dépens des devanciers gênants qui encombrent les avenues de la gloire. […] De l’influence de l’antiquité classique sur la littérature française pendant les dernières années du dix-huitième siècle et les premières années du dix-neuvième, pp. 51-55.

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