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904. (1860) Ceci n’est pas un livre « Les arrière-petits-fils. Sotie parisienne — Deuxième tableau » pp. 196-209

Un homme peu recommandable par ses vêtements demande à voir monsieur. […] Cette émotion m’a tué… Francisque, qu’on raye le Légataire de l’affiche de ce soir… Demain, je demande le privilège des Délassements-Comiques.

905. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Les dîners littéraires »

Mais enfin, nous le demandons, ces dîners, entrepris dans un but un peu coquet, peut-être un peu fat, de dévouement à l’esprit français, ont-ils abouti… littérairement ? Puisque nous sortons de Cabanis, qui a fait un livre de l’influence du physique sur le moral de l’homme ; puisque c’est la plus puissante inspiration du cerveau de ce temps qu’une bonne digestion stimulée ; puisque nous appliquons en grand la doctrine de Broussais, que l’homme tout entier n’est qu’un tube ouvert aux deux bouts, nous demandons le résultat cérébral du dîner et de la doctrine.

906. (1912) Chateaubriand pp. 1-344

J’entrai demander le vivre et le couvert, et fus bien reçu. » C’est tout. […] Il se présente au vieux sachem Chactas, qui lui demande son histoire. […] Une curiosité, assurément innocente et même louable, m’a fait demander à M.  […] Il s’était décidé (trop tard) à demander une audience à l’empereur. […] Napoléon demanda pourquoi.

907. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « La religion statique »

Ce qu’elle devra partager plus tard avec la science, l’art, la philosophie, elle le demande et l’obtient d’abord pour elle seule. […] Demandons-nous quel était le besoin. […] Demandons-nous ce qu’il peut bien représenter. […] Je demande au lecteur d’interroger ses souvenirs. […] En temps de sécheresse on demande au magicien d’obtenir la pluie.

908. (1905) Propos de théâtre. Deuxième série

Et le public nous demanderait-il, vraiment, d’être d’accord autant que cela ? […] Il ne faut pas demander beaucoup davantage à un critique. […] Elle ne demande qu’à renaître. […] À quel spectateur viendra l’idée que Rodogune demande la tête de Cléopâtre comme Chimène demande celle de Rodrigue ? […] Ce n’est pas à des rimeurs qu’il demande de diriger sa conscience.

909. (1866) Nouveaux essais de critique et d’histoire (2e éd.)

Aucune ne peut ni ne doit faire ou demander de concessions à sa rivale. […] Il demande grâce, le malheureux ! […] Personne ne vous propose d’approuver et de suivre ; on vous demande seulement de regarder et d’admirer. […] Ils ne se trouvent ni assez instruits ni assez amusés ; ils demandent plus d’intérêt ou plus de preuves. […] Elle demande à la tragédie l’équilibre et la structure d’un bon raisonnement.

910. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre sixième »

La réciprocité des louanges était devenue un devoir de civilité ; on en demandait en proportion de ce qu’on en donnait. […] M. de Longueville l’apprend : il se fait amener Chapelain, et, après quelque conversation avec lui, il tire d’une cassette un parchemin, demande à Chapelain son nom de baptême, et l’y inscrit. […] Mais le second aveu demandait du courage. […] N’est-ce pas pitié que Boileau demande à Molière où il trouve la rime, au lieu de lui demander où il a trouvé le Misanthrope ? […] Ceux des ouvrages de Boileau auxquels nous avons à demander le secret de leur empire sur tous les bons esprits de notre pays, ont été écrits de vingt-quatre à cinquante ans.

911. (1891) Essais sur l’histoire de la littérature française pp. -384

Le moraliste ne songe pas à se le demander. […] Demande-t-on à Harpagon sa fille sans dot ? […] On ne songe point à lui demander si ce dégoût du vice, exprimé en termes horribles, en suppose le repentir. […] Il ne demande qu’à s’insinuer en douceur dans notre sympathie. […] Songez-vous à vous demander si votre religion et votre morale règnent en ces climats ?

912. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Eugène Gandar »

Je puis fixer à mon gré le jour de mon départ, ma route en France et en Italie, et même, ce que je n’aurais pas osé demander, le jour de mon arrivée. […] N’eût-il pas été plus sensé de demander ou de conquérir une autre demeure ? […] Et je me demandais avec moins de surprise que d’ivresse pourquoi il est ainsi des lieux qui nous rendent plus simples que les enfants. […] L’École normale, qui était restée un peu froide pour lui en 1861, demanda en dernier lieu à suivre son cours. […] En prenant la parole, Gandar n’eut pas de peine à faire comprendre l’inopportunité de cette demande.

913. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Ma biographie »

Les autres ne demandaient qu’à marcher. […] Je dois dire, quoique cela puisse sembler disproportionné aujourd’hui, que c’est l’abbé de La Mennais qui le premier demanda à Hugo de faire ma connaissance. […] Nous avons ainsi deux fois un Sainte-Beuve raconté par lui-même, et qui ne pouvait rien omettre, dans aucun des deux récits, de ce que l’on demande d’abord à une Biographie, même courte. […] Sainte-Beuve, un dernier et nouvel article sur Mme Tastu, qui lui avait été demandé par les éditeurs des Causeries, MM.  […] Armand Carrel venait quelquefois demander M. 

914. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre III. Services locaux que doivent les privilégiés. »

Des gardes du tabac ayant fait une descente chez son curé, il les poursuivit à cheval si rudement qu’ils se sauvèrent à grand’peine en guéant la Durance, et là-dessus « il écrivit pour demander la révocation de tous les chefs, assurant que sans cela tous les employés des aides iraient dans le Rhône ou dans la mer ; il y en eut de révoqués, et le directeur du tripot vint lui-même lui faire satisfaction ». […] Le roi le veut, il faut que vous soyez de son salon pour obtenir ses grâces ; sinon, à la première demande, il répondra : « Qui est-ce ? […] C’est cependant une chose qu’on ne verrait pas en France de Calais à Bayonne, excepté, par hasard, chez quelque grand seigneur ayant beaucoup voyagé en Angleterre, et encore à condition qu’on le demandât. […] C’est pourquoi ses terres deviennent l’asile de tous les scélérats du canton »  Terrible effet de son indifférence et qui va se retourner contre lui-même : demain, au club, les procureurs qu’il a multipliés demanderont sa tête, et les bandits qu’il a tolérés la mettront au bout d’une pique. […] Quantité de cahiers de la noblesse demandent pour les nobles, hommes et femmes, une marque distinctive honorifique, par exemple une croix ou un cordon qui les fasse reconnaître.

915. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque (2e partie) » pp. 81-155

On soupçonnait Rienzi de fomenter ces agitations pour rétablir le tribunat ; il eut l’audace de se livrer lui-même à l’empereur, qui était à Pragues, et de lui demander son concours pour restaurer en Italie ce qu’il appelait le règne du Saint-Esprit. […] Il demanda si j’étais à Avignon ; je ne sais s’il attendait de moi quelques secours, et je ne vois pas ce que je pourrais faire pour lui. […] Demandez qu’on vous remette le prisonnier. […] Alors je courbe la tête, et je lui demande humblement de permettre que je reste là à contempler l’un et l’autre visage. […] Il y fit graver une tendre et modeste épitaphe latine dans laquelle il ne demande point la gloire, mais la miséricorde et la paix.

916. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIe entretien. L’Imitation de Jésus-Christ » pp. 97-176

C’est donc toujours avec la crainte de Dieu et l’humilité du cœur que vous devez désirer et demander tout ce qui se présente de souhaitable à votre esprit ; et vous devez surtout vous en rapporter à moi avec une résignation parfaite et me dire : Seigneur, vous savez ce qui est le mieux ; que ceci ou cela se fasse comme vous l’ordonnerez. […] Ce qui plaît aux autres réussira, et ce qui vous plaît n’aura point de succès ; on écoutera les discours des autres, et les vôtres seront comptés pour rien ; les autres demanderont, et ils recevront ; vous demanderez, et vous n’obtiendrez pas. […] Certes au jour du jugement on ne nous demandera point ce que nous avons lu, mais ce que nous avons fait ; ni si nous avons bien parlé, mais si nous avons bien vécu. […] Et c’est pourquoi le prophète demandait avec d’ardentes prières d’en être affranchi, disant : Seigneur, délivrez-moi de mes nécessités. […] Mettez vos délices dans le Seigneur, et il vous accordera ce que votre cœur demande.

917. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIIe entretien. Fior d’Aliza » pp. 177-256

Il fut froid et un peu guindé avec un jeune homme qui ne demandait qu’à l’adorer comme un être plus qu’humain. […] Il n’attendit pas ma demande pour me nommer à Florence auprès du marquis de La Maisonfort, et destiné à le remplacer en chef aussitôt que les convenances permettraient de rappeler ce ministre. […] Malheur aux peuples qui ne savent pas les apprécier et qui préfèrent s’asservir à des rois chevelus de caserne, au lieu de chérir des princes philosophes qui ne leur demandent que d’être heureux ! […] J’en demandai satisfaction. […] et un tribunal anglais s’est-il avisé de venir demander compte à l’illustre barde des opinions du corsaire ou des sentiments de Lara ?

918. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre II. L’antinomie psychologique l’antinomie dans la vie intellectuelle » pp. 5-69

. — Y a-t-il une vérité objective au nom de laquelle le groupe puisse demander à l’individu un acte de soumission intellectuelle ? […] On peut se demander d’autre part si A.  […] Et surtout ne lui demandez pas ce qu’il sera dans cinq minutes. […] On peut se demander en effet si le développement de l’esprit critique aboutit forcément à supprimer tout acte de foi. […] Pour toutes ces raisons on peut se demander si l’état actuel de la connaissance n’est pas un acheminement vers la monotonie, vers la stagnation et la médiocrité intellectuelles.

919. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre deuxième. L’idée de l’espace. Son origine et son action »

De même, si on demande pourquoi nous percevons les objets sous la forme étendue, il est clair que ce qui est spécifique et irréductible dans l’étendue sera inexplicable, tout comme la douleur particulière et sui generis que cause un mal de dents. […] Dans le tact, nous sommes obligés de construire l’extension avec la motion ; dans la vue, ce tact perfectionné, la besogne est toute faite : les sensations sont tout étalées par une analyse merveilleusement délicate et par une synthèse qui ne demande, comme on dit, qu’un coup d’œil. […] On demande comment nous percevons notre marche elle-même. […] demande M.  […] Il nous arrive aussi, quand ce sont les objets mêmes qui se meuvent, de voir un objet disparaître derrière un autre ; l’enfant voit le sein de sa mère disparaître derrière la robe qui se referme. — « Mais, demande encore M. 

920. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Edgar Poe »

Eh bien, voilà justement ce qu’on peut se demander ici ! […] En présence d’un oubli pareil, on se demande si le mutisme moral du poète a passé dans l’âme de son traducteur. […] À la matière morte il demande mieux qu’elle, à ses lois qu’il borne une espèce de magie noire ou blanche qui les expliquent. […] Seulement, pour cela, il lui eût fallu le bénéfice et le soutien d’une éducation morale quelconque, et l’on se demande avec pitié ce que fut la sienne, à lui, le fils d’une actrice et de l’aventure, dans une société qui a trouvé, un beau matin, les Mormons au fond de ses mœurs ! On se le demande, sans pouvoir y répondre.

921. (1900) La culture des idées

Il s’agit du style : c’est demander si M.  […] Albalat se demande : comment être original et personnel ? […] Et pourquoi, pourrait-on demander, faut-il qu’un coupable soit châtié ? […] Les voyageurs mal renseignés lui demandent leur chemin et qu’il écarte les voleurs. […] Waldmüller-Duboc demanda à Victor Hugo s’il était jamais allé en Allemagne.

922. (1899) Musiciens et philosophes pp. 3-371

Mais qui, demandera-t-on, peut apprécier ce point ? […] La compréhension de tout art demande des facultés normales et une culture spéciale. […] Il se demande même si Wagner était musicien. […] demanda Mme Fœrster-Nietzsche. — Rien du tout ! […] Beethoven lui-même ne demandait-il pas que l’on « déclamât » ses sonates ?

923. (1894) Écrivains d’aujourd’hui

Mais je me demande comment M.  […] Et, quand elle le demande, elle ne fait que réclamer ce qui lui est dû. […] Ils ne lui demandent ni d’être plus actuel, ni surtout d’être plus « vibrant ». […] Il est semblable au politicien à qui on demande : Pour qui travaillez-vous ? […] Du Lac ne demanda pas au jeune néophyte qu’il lui sacrifiât sa vie.

924. (1894) Les maîtres de l’histoire : Renan, Taine, Michelet pp. -312

Il ne lui attribuait aucune vertu mystique et ne lui demandait pas les règles de la vie. […] Quand il est reçu agrégé en 1821 il demande d’être désigné pour l’enseignement de la philosophie. […] Ici, comme toujours, c’est à son cœur qu’il faut demander l’explication des fluctuations de son esprit. […] Il savait écouter, il se laissait contredire, il demandait avis. […] Il s’appuie très ingénieusement sur le suffrage universel qui ne lui demandera pas de liberté, mais du bien-être.

925. (1912) Pages de critique et de doctrine. Vol I, « I. Notes de rhétorique contemporaine », « II. Notes de critique psychologique »

Demandez à René ce qu’il en pense. […] Il va lui demander un alibi. […] Il ne faut pas demander des 9 pommes aux orangers. […] » lui demande Colette, « elle a coupé ses cheveux ?  […] Vous vous êtes demandé si l’unité morale du pays n’en était pas déjà atteinte.

926. (1904) En lisant Nietzsche pp. 1-362

Sans aller plus loin pour le moment, demandons-nous ce qu’il a conquis. […] Il a dû se le demander et aussitôt se répondre qu’il n’était certainement ni l’un ni l’autre. […] vous demandez-vous. […] Donc, ce qu’il demande, c’est le rétablissement de son honneur divin ; c’est réparation à son honneur divin. […] Le politique se demandera sans cesse : « Suis-je dans la stricte moralité ?

927. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. de Fontanes »

On se demande si le poëte partage absolument l’esprit du spectacle qu’il nous retrace avec tant d’émotion. […] « Je suis opprimé, vous êtes puissant, je demande justice. […] « Souvenez-vous que tous les hommes demandent des places. […] Il appela son médecin, et fit demander un prêtre. […] Cretet avait répondu que la demande de M. 

928. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre IV. Shakspeare. » pp. 164-280

Elle se lamente, elle brouille les noms, elle fait des phrases, elle finit par demander de l’eau-de-vie. […] » — Elle veut oublier ce qu’elle sait de ces dangers, elle n’ose y penser ; quand on lui demande si Coriolan n’a point coutume de revenir blessé : « Oh ! […] Au premier regard jeté sur Roméo, Juliette dit à sa nourrice : « Va, demande son nom. […] Il est la sous la robe de candidat, grinçant des dents, et préparant ainsi sa demande : … Qu’est-ce qu’il faut que je dise ? […] M’a-t-il demandée ?

929. (1826) Mélanges littéraires pp. 1-457

Le plus violent chagrin semble un mal ordinaire ; quand la cloche de la mort sonne, on demande à peine pour qui ? […] On demandera peut-être si nous ne trouvons rien de beau dans les allégories antiques. […] Ils demandent tant de plaisirs innocents qu’ils n’ont pas connus ; ils demandent jusqu’à ces peines et à ces chagrins de l’enfance qui laissent des souvenirs si tendres et si sensibles. […] Quelques points de métaphysique demanderaient aussi plus de développement. […] Je vous demande pour mon petit-fils la même fidélité… Je sens que je m’attendris et que je vous attendris aussi.

930. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vaugelas. Discours de M. Maurel, Premier avocat général, à l’audience solennelle de la Cour impériale de Chambéry. (Suite et fin.) »

. — Quand on demandait à l’une d’elles qu’on voyait couchée et dolente : « Êtes-vous malade ?  […] La façon de questionner, quand il voulait s’éclaircir d’un doute, n’était pas indifférente : pour saisir l’usage au passage et le prendre sur le fait, il ne s’agissait pas d’aller demander de but en blanc à un courtisan ou à une femme du monde : « Comment vous exprimez-vous dans ce cas particulier ? […] Abordant ainsi le sujet à son corps défendant, c’était chose curieuse, pour un lecteur déjà poli, de l’entendre considérer les mots finement, discourir de la pureté des dictions, se demander d’où pouvait procéder, en fait de paroles, cette grande aversion contre celles qui ne sont pas dans le commerce ordinaire, dans l’usage, et en chercher la raison jusque dans les Topiques d’Aristote. […] Alors tous les mauvais mots demandaient à sortir : aujourd’hui tous les mots plébéiens, pratiques, techniques, aventuriers même, crient à tue-tête et font violence pour entrer. Demandez plutôt à Larchey, ce témoin spirituel et fin des Excentricités du Langage 63; lui aussi, il sait l’usage, il l’écoute, il l’épie en tous lieux, le mauvais comme le bon.

931. (1889) Les premières armes du symbolisme pp. 5-50

Mais comment résister à votre flatteuse demande ? […] Arrivés là, quelques lecteurs inquiets s’arrêteront pour se demander si nous ne sommes pas en train de les mystifier. […] Ces questions demanderaient un volume de commentaires ; disons donc que Charles Baudelaire doit être considéré comme le véritable précurseur du mouvement actuel ; M.  […] * *  * Ici je demande la permission de vous faire assister à mon petit Intermède tiré d’un précieux livre : le Traité de poésie française, où M.  […] Et si je vous demande comment vous en donnerez l’idée, vous me répondrez que ce sera par de lointaines et secrètes analogies de ton, de forme, par voie d’allusion et avec un retour à je ne sais quelles idées primordiales, enfin grâce à quelques-uns des beaux secrets du symbolisme !

932. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre dixième. »

Personne ne fut moins courtisan, quoiqu’il n’eût pas demandé mieux que de l’être. […] On prête à l’oiseau ce qui convient au quadrupède ; on fait faire au plus petit ce qui demanderait la force et la taille du plus grand. […] Nous savons ce qu’elle va nous demander. […] Sa sagesse n’est jamais grondeuse ; il n’en demande pas plus qu’il n’en fait, et il n’en fait guère. […] Recueilli par d’aimables protectrices, Mme de la Sablière d’abord, puis Mme d’Hervart, qui, pour prix du gîte offert à cet enfant de la nature, mari sans femme, père sans enfants, ne lui demandaient même pas, comme Fouquet pour sa pension, la redevance annuelle de quelques madrigaux ; lire était la seule chose qu’il eût à faire.

933. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1856 » pp. 121-159

Là-dedans, Monselet, Scholl, Audebrand, Busquet, le doux poète à lunettes et à manchettes bouillonnées, et des femmes en cheveux du quartier, et d’amusants déclassés comme ce Bourgogne, à la laideur d’un Mirabeau, avec une fièvre pétillante d’esprit dans les yeux, et qui vous dit : « Moi, je suis un plumitif, on ne me demande que de l’exactitude et de la paresse !  […] Cette demi-livre, la charbonnière l’achetait pour sa petite fille qui va mourir et qui a demandé « à être débarbouillée pour le paradis ». Juillet J’ai été demander ces jours-ci un renseignement sur Théroigne de Méricourt aux Petits-Ménages. […] À la glace est fichée une pancarte contenant tout ce qu’on peut demander : Talismans, thèmes généthliaques, horoscopes, etc., etc. […] La mère de Barrière, une très jolie femme, mais, comme toute jolie femme, assez récalcitrante à la reconnaissance de la beauté de ses semblables, lui demanda comment il trouvait cette dame, et comme il disait qu’elle était tout à fait gentille : « Oh !

934. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre III. Le théâtre est l’Église du diable » pp. 113-135

Bouchardy, qui est dans son genre un géant aux pieds d’argile, et l’on se demande comment il a fait pour reconnaître, lui-même, au fond des cinq actes où ils s’agitent et se débattent en poussant leurs gloussements, les divers personnages de Christophe le Suédois ? […] Le parterre, habitué à toutes les vieillesses du théâtre, demande quel est l’âge de cette belle enfant ? […] Il abandonne à ses ennemis ses ouvrages, sa figure, ses gestes, sa parole son ton de voix, sa façon de réciter, mais il demande en grâce qu’on lui laisse le reste ! […] Quelques lecteurs croient « néanmoins le payer avec usure s’ils disent magistralement qu’ils ont lu son livre, et qu’il y a de l’esprit ; mais il leur renvoie tous ces éloges qu’il n’a pas cherchés par son travail et par ses veilles ; il porte plus haut ses projets ; il agit pour une fin plus relevée ; il demande aux hommes un plus grand et un plus rare succès que les louanges et même que les récompenses, qui est de les rendre meilleurs. » Ce sont là des pages admirables et tout à fait dignes que le critique honnête homme les ait sans cesse sous les yeux. […] J’ai entendu demander, plusieurs fois, à quoi ressemblait le salon de Célimène ?

935. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Μ. Ε. Renan » pp. 109-147

Renan, on a pu se demander s’il en avait assez de son métier d’iconoclaste et s’il était enfin lassé de gratter les Saints dans les vieux tableaux ? […] Voilà ce qu’on pouvait se demander à propos de ce nouveau livre que M.  […] , l’univers et la création comparés à « l’enfant dans l’amnios qui veut en sortir » : Un petit citoyen qui demande de naître ! […] Pour moi, je demande l’expérience, et qu’on commence par soumettre M.  […] On se demande comment M. 

936. (1898) Les personnages de roman pp. 39-76

Elle est aujourd’hui un peu moins demandée. […] Si, de plus, il sait bien voir, s’il ne croit pas, de parti pris, la société uniquement composée de femmes infidèles, de maris à plaindre, de fats, d’escrocs et d’égoïstes, je demande s’il n’aurait pas quelque chance de rencontrer des exemples de haute et pure vaillance, de dévouement sans espoir, de richesse très simple ou de pauvreté très fière, dans un monde où certaines vertus sont d’une trempe plus fine ? […] Ceux-là demanderont, au contraire, au romancier, de leur dire où l’on souffre et surtout pour quelle cause précise on souffre au fond de la mine, dans la carrière, l’usine, l’échoppe, dans la chambre où il y a plus d’enfants que de lits et plus d’appétit que de pain. […] Elles lui demandent l’oubli d’un autre bonheur qu’elles ont d’abord cherché. […] Elle ne se trompe pas, bien qu’elle n’hésite jamais, et si vous me demandez quelle est cette puissance qui agit si librement et si vite, je vous dirai que c’est simplement la vérité que l’écrivain veut souligner, la situation qu’il veut exposer.

937. (1906) La rêverie esthétique. Essai sur la psychologie du poète

Demandons-nous d’abord jusqu’à quel point elle est agréable. […] Je ne rectifie rien, je ne conseille rien ; je suis les événements ; je me demande ce qui va arriver. […] Tout ce que l’on peut lui demander, c’est d’être discrète, et plus symbolique que littérale. […] Nous aurions pu tout aussi bien en demander des exemples à la prose. […] On s’est demandé si l’avenir était à la poésie.

938. (1813) Réflexions sur le suicide

Une sorte de rage est nécessaire pour vaincre en soi l’instinct conservateur de la vie, quand ce n’est pas un sentiment religieux qui nous en demande le sacrifice. […] Heurtez, dit-il, et l’on vous ouvrira : demandez et vous obtiendrez. […] On peut le demander à ces êtres vertueux, que les afflictions ont visités, que de fois ne leur est-il pas arrivé d’éprouver au fond du cœur un calme inattendu ? […]   (Jeudi) Mon époux m’a fait demander de me voir aujourd’hui pour la dernière fois. […] Mon souverain Maître à disposé de moi, mais puisqu’il me réunit à mon époux Il ne m’a rien demandé qui surpassât mes forces, et je remets sans crainte mon âme entre ses mains.

939. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Malherbe et son école. Mémoire sur la vie de Malherbe et sur ses œuvres par M. de Gournay, de l’Académie de Caen (1852.) » pp. 67-87

Je demande si cela ne vaudrait pas mieux pour la gloire du poète et pour le plaisir du lecteur. […] Ne lui demandons que quelques strophes. […] Son gentilhomme de campagne, il ne va pas le demander aux anciens ; il l’a sous les yeux, et il le décrit d’après nature : Il laboure le champ que labourait son père : Il ne s’informe point de ce qu’on délibère Dans ces graves Conseils d’affaires accablés ; Il voit sans intérêt la mer grosse d’orages, Et n’observe des vents les sinistres présages Que pour le soin qu’il a du salut de ses blés. […] Tout au contraire de Racan, il se tourmente et se consume autant que l’autre se distrayait aisément et s’oubliait : « Je suis venu trop tôt ou trop tard au monde, s’écriait-il ; tout autre siècle que celui-ci eût rougi de me laisser vieillir dans le village. » Sa plus grande crainte est de passer pour gascon et pour avoir des gasconismes dans son langage ; il est le premier à demander grâce et à s’excuser de ses rudesses ; mais, si on le prend au mot et qu’on paraisse lui en trouver en effet, il prétend aussitôt qu’il n’en a pas, et il met au défi toute l’Académie pour la politesse de la diction et l’exactitude.

940. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Histoire de la maison royale de Saint-Cyr, par M. Théophile Lavallée. » pp. 473-494

C’est dans ces années d’essai, de premier essor et, d’apprentissage de Saint-Cyr, que Mme de Maintenon demanda à Racine de lui composer des comédies sacrées, et qu’eurent lieu les représentations d’Esther. […] Il ne demanda point dans ce temps-là un directeur à la mode : il ne vit qu’un bon prêtre de sa paroisse. […] Un autre esprit, bien meilleur et plus sûr, Mme de Glapion, était elle-même légèrement atteinte : « Je me suis bien aperçue, lui écrivait Mme de Maintenon, du dégoût que vous avez pour vos confesseurs : vous les trouvez grossiers ; vous voudriez plus de brillant et plus de délicatesse ; vous voudriez aller au ciel par un chemin semé de fleurs. » Mme de Glapion trouvait le catéchisme un peu terre à terre, un peu court sur de certains points ; il lui semblait ridicule « que le maître fît des demandes dignes d’un écolier, et que l’écolier fît des réponses d’un maître ». […] Elle demande partout aux Dames qu’elle a formées le talent de la récréation autant que celui de la classe : « Rendez vos récréations gaies et libres ; on y viendra. » Louis XIV, à Saint-Cyr, apparaît plein de charme, de noblesse toujours, et parfois d’une certaine bonhomie qu’il n’eut que là.

941. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — III » pp. 178-197

Lus aujourd’hui, ils plaisent encore ; ils montrent surtout combien le goût public a changé, et comment on demande moins souvent qu’autrefois aux auteurs de ces vers qu’on appelait spirituels. […] On ne demande point au poète une exactitude de physicien ni le raisonnement méthodique d’un philosophe. […] Un jour qu’on demandait en présence de Wordsworth s’il en était nécessairement ainsi, le grave poète des lacs répondit : « Ce n’est point parce qu’ils ont du génie qu’ils font leur intérieur malheureux, mais parce qu’ils ne possèdent point assez de génie : un ordre plus élevé d’esprit et de sentiments les rendrait capables de voir et de sentir toute la beauté des liens domestiques23. » J’ai le regret de rappeler que Montaigne n’était pas de cet avis et qu’il penchait du côté du déréglement : citant les sonnets de son ami Étienne de La Boétie, il estime que ceux qui ont été faits pour la maîtresse valent mieux que ceux qui furent faits pour la femme légitime, et qui sentent déjà je ne sais quelle froideur maritale : « Et moi, je suis de ceux, dit-il, qui tiennent que la poésie ne rit point ailleurs comme elle fait en un sujet folâtre et déréglé. » Nous nous sommes trop souvenus en France de cette parole de Montaigne, et nous nous sommes laissés aller à cette idée de folâtrerie. […] Ces essais, dont aucun n’a eu l’excellence ni la popularité de La Tâche, demanderaient un examen attentif et un chapitre développé.

942. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — II » pp. 316-336

Leur politique dut être de se fortifier dans les places de sûreté qu’ils avaient conservées, et d’en ravoir d’autres qu’ils avaient perdues ; en un mot, pour se faire respecter, ils durent se rendre plus à craindre que jamais : Je sais, disait Rohan à l’assemblée de Saumur (1611), qu’on nous opposera que nous demandons plus que nous ne possédions du temps du feu roi ; que nous devons, pour entretenir la paix en l’enfance de ce règne, nous contenter de pareil traitement. […] ne demandons point à Richelieu ce goût exact et sobre qui est assez celui de Rohan : Richelieu a de l’imagination, et il la montre ; il a de la littérature, et il en affecte. […] Tandis que Richelieu, déjà fort de la confiance de Louis XIII, préparait son grand dessein européen, l’abaissement de l’Espagne et de la maison d’Autriche, pour lequel il comptait se servir d’une nouvelle alliance étroite avec l’Angleterre, il se voit donc arrêté tout court par cette levée de boucliers à l’intérieur, qui coupe en deux le royaume : Cette révolte, dit-il énergiquement, venait si à contretemps au roi en cette saison où il avait tant d’affaires au dehors, que la plupart de ceux de son conseil étaient si éperdus, que tantôt ils voulaient qu’on fît une paix honteuse avec l’Espagne, tantôt qu’on accordât aux huguenots plus qu’ils ne demandaient. […] En conseillant au roi de faire impérieusement, et même avec menaces (s’il en était besoin), ces demandes assez singulières à ses alliés protestants pour battre ses sujets protestants, le cardinal, à qui son tact présageait qu’on obtiendrait tout, savait bien pourtant qu’il se mettait en grand hasard auprès du maître si l’on essuyait un refus : Qui se fût considéré lui-même, dit-il dans un sentiment de généreux orgueil, n’eût peut-être pas pris ce chemin qui, étant le meilleur pour les affaires, n’était pas le plus sûr pour ceux qui les traitaient ; mais sachant que la première condition de celui qui a part au gouvernement des États est de se donner du tout au public et ne penser pas à soi-même, on passa par-dessus toutes considérations qui pouvaient arrêter, aimant mieux se perdre que manquer à aucune chose nécessaire pour sauver l’État, duquel on peut dire que les procédures basses et lâches des ministres passés avaient changé et terni toute la face.

943. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — I » pp. 432-453

Certes, si on lisait avec un peu d’attention et de critique, si l’on se donnait la peine de comparer et de raisonner à propos de lectures auxquelles on ne demande qu’une heure de distraction et de délassement, on arriverait à une conviction personnelle très motivée, et qui dispenserait (au moins pour soi, simple lecteur) de beaucoup d’autres recherches. […] Lorsque d’Alembert venait lui demander un matin de vouloir bien lui prêter la somme de « vingt-deux livres dix sous », elle lui prêtait cette somme juste, ni plus ni moins. […] Dans le temps qu’il méditait son Émile, il lui demandait de vouloir bien lui mettre par écrit ses idées et le résultat de son expérience maternelle : À propos d’éducation, lui disait-il (janvier 1759), j’aurais quelques idées sur ce sujet que je serais bien tenté de jeter sur le papier si j’avais un peu d’aide ; mais il faudrait avoir là-dessus les observations qui me manquent68. […] Elle a le bon sens, un certain bon sens âcre en qui se résume une expérience consommée, « un fonds de caustique qui ne demande qu’à sortir », et que sa charité, plus de principes que de nature, ne suffit pas à contenir au dedans.

944. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Lettres inédites de Michel de Montaigne, et de quelques autres personnages du XVIe siècle »

Il a commencé à nous ouvrir son trésor, y compris celui de son érudition, dans deux volumes, où il est un peu question de tout et où il a tenu à faire montre d’abord de ce qui concerne l’antiquité ; mais l’antiquité n’est pas précisément ce qu’on lui demande, et, si instruit qu’il soit, il n’est pas là non plus dans son domaine : on l’attendait avec impatience sur les époques modernes, et aujourd’hui il vient nous en offrir un avant-goût en extrayant de son tome troisième des lettres de Henri IV, de la reine Marguerite, de Du Plessis-Mornay, et aussi de Montaigne. […] On peut se faire cette question, de même qu’on a pu se demander quelle part sa profession de magistrat avait apportée dans sa connaissance et son jugement des lois et coutumes qui régissent les sociétés. […] Brantôme, qui raconte le fait, se demande si toutes ces adresses et subtilités dont le maréchal de Matignon savait si bien se servir, et qui lui avaient fait une réputation à part d’homme habile autant qu’heureux, ne venaient point de quelque démon ou esprit familier qu’il avait à son service, comme le bruit en courait parmi le peuple. […] Plusieurs, parmi les magistrats municipaux, hésitaient à y paraître ; Montaigne donna le conseil très sage de ne témoigner aucune crainte, « de se mêler parmi les files, la tête droite et le visage ouvert », de demander même aux capitaines de faire faire à leur monde « les salves les plus belles et les plus gaillardes qu’il se pourrait en l’honneur des assistants, et de n’épargner la poudre. » La prudence ici consistait à se montrer hardiment.

945. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MME DESBORDES-VALMORE. (Les Pleurs, poésies nouvelles. — Une Raillerie de l’Amour, roman.) » pp. 91-114

On a demandé quelquefois si ce qu’on appelait romantisme en 1828 avait finalement triomphé, ou si, la tempête de Juillet survenant, il n’y avait eu de victoire littéraire pour personne ? […] Hugo, a dit avec bonheur : Il est aussi, Victor, une race bénie Qui cherche dans le monde un mot mystérieux, Un secret que du ciel arrache le génie, Mais qu’aux yeux d’une amante ont demandé mes yeux. […] Malgré les diversions inévitables, les sourires donnés à la foule et reçus, le monde devint comme une plage solitaire de Leucate à cette Sapho désespérée ; et sa plainte éternellement déchirante répète à travers tout : Malheur à moil je ne sais plus lui plaire, Je ne suis plus le charme de ses yeux ; Ma voix n’a plus l’accent qui vient des cieux, Pour attendrir sa jalouse colère ; Il ne vient plus, saisi d’un vague effroi, Me demander des serments ou des larmes Il veille en paix, il s’endort sans alarmes, Malheur à moi ! […] Tout m’y promettait un avenir brillant ; à seize ans j’étais sociétaire, sans l’avoir demandé ni espéré.

946. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « QUELQUES VÉRITÉS SUR LA SITUATION EN LITTÉRATURE. » pp. 415-441

La Restauration, qui avait des traditions banales de protection des arts et des lettres, n’a presque jamais su les appliquer avec quelque discernement et quelque élévation ; elle demandait avant tout qu’on fût d’un parti, et ce parti rétrécissait tout ce qu’il touchait. Depuis lors le pouvoir a perdu son prestige ; il a paru, sur bien des points, demander grâce pour lui, bien loin d’être en mesure de rien décerner. […] Et d’abord, on peut demander toujours de quel monde il s’agit. […] Aux œuvres, aux hommes qui se produisent et qui ont le don de l’amuser, de le fixer un instant, il est empressé, accueillant, facile ; il offre d’abord tout ce qu’il peut offrir, une sorte d’égalité distinguée : il vous accepte, vous êtes en circulation et reconnu auprès de lui, après quoi il ne demande guère plus rien.

947. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série «  Paul Bourget  »

Il a même habité l’Espagne et le Maroc, et je vous demande un peu ce que le Maroc pouvait lui dire, à lui le méditatif, l’homme du songe intérieur ! […] Il retrouve Hélène ; il lui demande son pardon, et elle lui pardonne. […] Paul Bourget l’a bien senti dans André Cornélis ; mais ce ne sont pas des « planches d’anatomie » pure, surtout d’une anatomie si exceptionnelle, que nous lui demandons. […] Je ne demande rien de plus à ce jeune sage, prince de la jeunesse — de la jeunesse d’un siècle très vieux 70.

948. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVII. Rapports d’une littérature avec les littératures étrangères et avec son propre passé » pp. 444-461

Cependant, pour peu que la transformation des habitudes et des goûts qui nous a frappés ait une certaine profondeur et qu’elle apparaisse en plusieurs milieux éloignés et différents de langue et d’organisation sociale, il est bien difficile de croire à une transmission d’une pareille promptitude et l’on est obligé de se demander s’il n’y a pas eu sur ces points divers naissance multiple de phénomènes semblables. […] Il faut se demander quels individus ont servi d’agents de transmission entre deux peuples ; il faut rechercher quels Français ont résidé à l’étranger et quels étrangers en France ; quels ambassadeurs, commerçants, voyageurs, quels écrivains surtout ont pu importer ou exporter les denrées intellectuelles qui échappent aux douanes ; quels croisements ont été opérés par des mariages ; quels enfants ont été envoyés de part et d’autre faire ou parfaire leur éducation chez le voisin. […] Remarque non moins importante : c’est peu de savoir qu’un livre a été traduit à telle date, si l’on ne se demande comment il a été traduit. […] Le roman russe de nos jours a induit beaucoup de nos écrivains à se demander, après Tolstoï, quel est le sens de la vie et à prêcher « la religion de la souffrance humaine ».

949. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XI, les Suppliantes. »

. — « On ne saurait repousser un suppliant qui implore, car celui-là est un voleur de la prière qui s’en empare et qui la détient sans la restituer par le bienfait demandé. » — Cette belle maxime de la Perse, écrite dans le Zend Avesta, était aussi celle de l’Hellade. […] L’indigent ou le naufragé, entrant dans la maison secourable, devait courir au foyer, s’asseoir dans ses cendres, et adresser de là sa prière ; l’homme en péril se jeter dans le temple auquel il demandait un asile, étreindre l’autel du dieu tutélaire, et y déposer une branche verte enroulée de laine. […] Ceux-ci, sommés par le satrape Mazarès de leur livrer le rebelle, envoyèrent demander à l’Oracle des Branchides ce qu’ils devaient faire. […] » — Mais la même voix s’éleva du sanctuaire, pleine d’une ironie courroucée : — « Certes, je l’ordonne, afin que votre impiété vous fasse périr promptement, et que désormais l’on ne vienne plus demander à l’oracle s’il faut livrer des Suppliants. » Les historiens ne citent aucun cas d’un tel sacrilège ouvertement consommé.

950. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XII »

Elles lui racontent leurs secrets, elles lui demandent des conseils, elles se déshabillent physiquement et moralement devant lui, comme devant une camériste ou un directeur. […] Exalté par son émotion, attendri par le nom de père que prononce l’enfant en rouvrant les yeux, il lui demande sa main avec une tendresse passionnée. […] Camille va droit à elle ; il lui déclare qu’il aime Jeannine, et lui demande son consentement au mariage. « Jamais ! […] C’est le mouton de l’holocauste qui demande à être égorgé, en place d’Isaac, sur l’autel de la Régénération par l’Amour.

951. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Histoire des travaux et des idées de Buffon, par M. Flourens. (Hachette. — 1850.) » pp. 347-368

Dans la préface qu’il mit en tête de sa traduction de Hales, il célèbre la méthode de l’expérience en physique et s’élève contre les systèmes, de manière à faire qu’on se demande si c’est bien lui qui va en construire de si beaux : Le système de la nature dépend peut-être, dit-il, de plusieurs principes : ces principes nous sont inconnus, leur combinaison ne l’est pas moins. […] Mais c’est qu’il y avait en Buffon un génie qui allait se dégager et qui allait demander satisfaction à son tour : le génie du peintre, du poète, de celui qui avait besoin avant tout de grandes vues pour se donner carrière à les exprimer. […] « M. de Buffon fait plus de cas de Milton que de Newton, a dit Mme Necker ; Milton, selon lui, avait l’esprit beaucoup plus étendu, et il est plus difficile de réunir des idées qui intéressent tous les hommes que d’en trouver une qui explique les phénomènes de la nature. » En interprétant et en réduisant comme il convient ce souvenir noté de Mme Necker, et sans croire qu’il pût y avoir au monde un mortel que Buffon plaçât au-dessus de Newton, dont il avait le portrait gravé pour unique ornement de son cabinet d’étude, j’en conclurai seulement qu’il y avait dans le génie de Buffon des combinaisons et des tableaux du genre de ceux de Milton et qui demandaient à sortir. […] Buffon s’amusait fort de cette statue incolore et glacée, et quand Condillac vint lui demander sa voix pour l’Académie française, on raconte qu’il l’accueillit gaiement, lui promit ce qu’il voulait, et lui dit en l’embrassant : « Vous avez fait parler une statue, et moi l’homme, je vous embrasse parce que vous avez encore de la chaleur, mais, mon cher abbé, votre statue n’en a point. » Le quatrième volume de l’Histoire naturelle parut en 1753.

952. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre II : La littérature du xviie  siècle »

Dans une théorie littéraire qui partout fait prédominer le fond sur la forme et demande d’abord aux écrivains non comment ils ont écrit, mais comment ils ont pensé, dans cette théorie, la première place était due à celui qui nous a appris à penser, et à préférer la raison à toutes choses. […] Seulement, on peut demander à M.  […] A-t-on jamais, je le demande, conçu la religion de cette façon et sous cette forme étrange et audacieuse ? […] Lorsque je vois Boileau s’échauffer contre les mauvais ouvrages, comme si c’étaient de mauvaises actions, louer et célébrer avec foi et passion et avec une admiration désintéressée Racine et Molière, lorsque j’entends sa voix mâle et émue demander au poëte l’honnêteté, la dignité, la fierté du cœur, je l’aime et je l’admire avec M. 

953. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XI : M. Jouffroy moraliste »

« Quand cet être si fort, si fier, si plein de lui-même, si exclusivement préoccupé de ses intérêts dans l’enceinte des cités et parmi la foule de ses semblables, se trouve par hasard jeté au milieu d’une immense nature, qu’il se trouve seul en face de ce ciel sans fin, en face de cet horizon qui s’étend au loin et au-delà duquel il y a d’autres horizons encore, au milieu de ces grandes productions de la nature qui l’écrasent, sinon par leur intelligence, du moins par leur masse ; lorsque, voyant à ses pieds, du haut d’une montagne et sous la lumière des astres, de petits villages se perdre dans de petites forêts, qui se perdent elles-mêmes dans l’étendue de la perspective, il songe que ces villages sont peuplés d’êtres infirmes comme lui, qu’il compare ces êtres et leurs misérables habitations avec la nature qui les environne, cette nature elle-même avec notre monde sur la surface duquel elle n’est qu’un point, et ce monde à son tour avec les mille autres mondes qui flottent dans les airs et auprès desquels il n’est rien : à la vue de ce spectacle, l’homme prend en pitié ses misérables passions toujours contrariées, ses misérables bonheurs qui aboutissent invariablement au dégoût. » Il se demande si la vie est bonne à quelque chose, et ce qu’il est venu faire dans le petit coin où il est perdu. […] » Ainsi d’écho en écho retentit la question éternelle, unique matière de la religion, de la poésie et de la science, poursuivie par toutes les puissances de l’homme « qui, alarmées, demandent, invoquent la lumière, comme les lèvres du voyageur altéré appellent la source dans le désert. » Mais jamais elle ne reparaît plus impérieuse que dans des temps comme les nôtres, où les anciennes réponses niées ou combattues laissent l’âme en proie au tourment du doute, battue par le vent des opinions contraires, ébranlée et arrachée à tous ses appuis. […] On va voir que la demande ici fait la réponse. […] Il ne lui demanda point la voie du salut, mais le chemin de la vérité.

954. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Jean-Jacques Ampère »

Lorsqu’il revint d’Italie, la première fois qu’elle le revit, elle lui demanda ce que lui avait inspiré cette belle contrée : il était adossé à la cheminée ; ceux qui ont été témoins de la scène semblent y être encore : il se mit, d’un ton pénétré et plein de nombre, à réciter une ode en l’honneur de l’Italie. […] Un visiteur de passage à l’Abbaye-au-Bois, dont il ne devint jamais un habitué, Delatouche, homme d’esprit, mais assez peu sûr et qui n’aimait rien tant qu’à faire des niches littéraires, saisit la lettre au vol, en demanda communication pour la donner à la rédaction du Globe, dont il n’était pas, mais auprès de laquelle il n’était pas fâché de se faire bien venir. […] Victor Le Clerc pour son appliqué et patient discours sur la littérature du xive  siècle, je me demande ce qu’on eût dit d’une suite de discours d’Ampère sur chaque grand siècle du moyen âge. […] Guizot est venu hier à mon banc me demander si, lorsque le moment sera venu, vous consentirez à être présenté au roi. […] Sainte-Beuve, qui lui tombe au dernier moment sous la main : « Mon cher ami, Jean Reynaud que j’ai vu hier veut vous parler ; il a quelque chose à vous dire et tous demande à grands cris.

955. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXIX » pp. 117-125

— Aujourd’hui que les questions et les passions politiques trop flagrantes sont apaisées, qu’il y a lieu à des débats plus théoriques et de principes, que le sac de l’archevêché est oublié, et que le clergé, en reparaissant, n’a plus peur de se faire lapider dans les rues, il ose extrêmement : il ose d’autant plus qu’une portion notable s’est ralliée à la dynastie de Juillet, et qu’en réclamant ce qu’il croit son droit, il le demande de plus presque au nom des services rendus. […] Sa lettre à Villemain sur la liberté de l’enseignement commence en ces termes : « Vous n’aurez point de vacances cette année, monsieur le ministre, ni votre successeur l’année prochaine, s’il plaît à Dieu, car les catholiques ne veulent plus interrompre la guerre qu’ils livrent à l’enseignement de l’État… » Au nom d’un article de la Charte, au nom des serments d’août 1830, voici en fait ce que les catholiques, par l’organe de Veuillot, réclament : 1° Liberté pour tout citoyen d’ouvrir école ; 2° Liberté pour tout citoyen de fréquenter telle école que bon lui semblera, et d’y envoyer ses enfants ; 3° Formation d’un jury d’examen pour le baccalauréat, réunissant aux garanties nécessaires de science et de sévérité, les garanties non moins indispensables de moralité et d’impartialité, afin que devant ce jury, tout citoyen, sous le seul patronage de sa capacité et de son honneur, puisse demander le diplôme, quelle que soit l’école qu’il ait fréquentée, et quand même il n’en aurait fréquenté aucune.

956. (1874) Premiers lundis. Tome I « Deux révolutions — I. De la France en 1789 et de la France en 1830 »

Quand l’Assemblée eût été moins sage, moins logique et moins rationnelle qu’elle n’a été, quand le parti Mounier et Lally eût pris le dessus par impossible et fait avorter les conséquences législatives du jeu de paume, qu’aurait-on gagné, je le demande ? […] Que dans un état de société si calme et sensé, au milieu d’une modération si profonde et d’une intelligence si impartiale, on vienne maintenant conseiller à ceux qui demandent haut les conséquences politiques des événements de juillet, de ne pas pousser à l’anarchie ; qu’on leur vienne parler à l’oreille du 10 août et des excès républicains ; que, s’ils persistent, on signale leurs doctrines comme imprudentes et pernicieuses : c’est presque une moquerie ; c’est faire une étrange confusion des choses et des temps.

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