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901. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre premier. Prostitués »

donne-moi le temps de dresser ta gloire jusqu’au ciel en vers plus impérissables que l’airain… D’autres fois, par des mots savants, j’exciterai tes sens épuisés et je te rendrai la vigueur d’aimer.

902. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre V. Le mouvement régionaliste. Les jeunes en province » pp. 221-231

Seul le soleil, tentant quelque suprême assaut, Ensanglante à présent la Lice et Saint-Nazaire ; Où les cerviers du Nord tous en vain s’écrasèrent, Des femmes lentement rêvent près des berceaux… Douce monte une nuit orientale et chaude… Montfort, ton œuvre est morte et sa cendre est à l’Aude, Les midis à leur tour ont chassé tes effrois… Et, — la lune courbée en profil de tartane, — Tout le ciel étoilé tend un blason d’orfrois Qui figure l’orgueil de la Terre occitane !

903. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre premier. »

Le vent redouble ses efforts, Et fait si bien qu’il déracine Celui de qui la tête au ciel était voisine, Et dont les pieds touchaient à l’empire des morts.

904. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Mon mot sur l’architecture » pp. 70-76

Mon mot sur l’architecture Il ne s’agit point ici, mon ami, d’examiner le caractère des différents ordres d’architecture ; encore moins de balancer les avantages de l’architecture grecque et romaine avec les prérogatives de l’architecture gothique, de vous montrer celle-ci étendant l’espace au-dedans par la hauteur de ses voûtes et la légèreté de ses colonnes, détruisant au-dehors l’imposant de la masse par la multitude et le mauvais goût des ornements ; de faire valoir l’analogie de l’obscurité des vitraux colorés, avec la nature incompréhensible de l’être adoré et les idées sombres de l’adorateur ; mais de vous convaincre que sans architecture, il n’y a ni peinture ni sculpture, et que c’est à l’art qui n’a point de modèle subsistant sous le ciel que les deux arts imitateurs de la nature doivent leur origine et leur progrès.

905. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Satire contre le luxe, à la manière de Perse » pp. 122-126

Dans l’empire, le ciel suscite un maître qui amende ou qui détruit ; dans le cycle des races, un descendant qui relève ou qui renverse.

906. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 14, comment il se peut faire que les causes physiques aïent part à la destinée des siecles illustres. Du pouvoir de l’air sur le corps humain » pp. 237-251

Il regne alors dans cette contrée un vent de nord-est qui rend le ciel noir, et qui afflige sensiblement les corps les plus robustes.

907. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Edmond About » pp. 63-72

Le temps n’est plus où, même après Byron, un charmant poète écrivait avec tant de mélancolie : « Les Orientaux portent le deuil en bleu : voilà pourquoi le ciel et les mers de cette pauvre Grèce sont d’un si magnifique azur. » Des railleurs sont venus, comme Stendhal et comme beaucoup d’autres, qui ont pris les poètes et la poésie philhellènes à rebours.

908. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Topffer »

Mais l’intérieur de ces vieilles poitrines de grimpeurs de montagnes ou du cœur de rose de cette fillette, mais la manière de concevoir et de sentir la vie de ce mâle et pauvre curé qui, son bréviaire récité, sa messe dite, se rappelant qu’il est un robuste fils des Alpes, s’en va faire la guerre aux oiseaux du ciel pour nourrir les pauvres de la terre, voilà ce que l’on voudrait voir, voilà ce que Topffer ne nous montre pas avec assez de détails et ce qui n’aurait pas échappé à Sterne, par exemple, ce grand moraliste qui sait aussi fixer en trois hachures un paysage d’un ineffaçable fusain, grand comme l’ongle, mais infini d’expression, et qui reste à jamais, dès qu’on l’a vu, dans la mémoire, comme une pattefiche dans un mur !

909. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Comte de Gramont »

Les sonnets religieux, les poésies qu’il adresse à la Vierge, marquent bien ce dernier coup d’aile de sa Muse dans le ciel chrétien où elle s’envole, et qui sait ?

910. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Charles Monselet »

Les éclats de ces rires faisaient danser les vitres, et les chansons déchevelées bondissaient comme des Bacchantes jusqu’à ce plafond qui semblait tourner comme le ciel et contre lequel elles jetaient et brisaient leurs verres.

911. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

Prenez toutes les pièces de Shakespeare, et dans pas une de ces tragédies, qui embrassent le ciel et la terre, vous ne trouverez plus d’espaces, et plus convenablement remplis par la passion, par le rire et par la terreur. […] — Au contraire, en fait de malades, jamais vous n’avez rencontré une maladie plus violente, plus sérieuse, plus désespérée de la terre et du ciel, que la fièvre de Don Juan. […] — Le ciel le souhaite comme cela ! […] Malheur à nous, quand le pauvre ne sera plus secouru qu’au nom de l’humanité, c’est-à-dire quand la charité chrétienne aura disparu de cette terre, pour remonter au ciel, sa patrie ! […] Le pauvre qui ne voulait pas, tantôt, nier Dieu dans le ciel, et qui le renie à présent, sur la terre !

912. (1932) Le clavecin de Diderot

Il est donc de bonne tradition que le ciel, ce couvercle souillé par tant d’infâmes symboles divins, prête ses étoiles à M.  […] Ce coin de ciel bleu, cette loque rouge à une fenêtre : parfait échantillonnage. […] Ne pas confondre la libération des conflits sociaux avec la béatitude grossière que le ciel bleu, le soleil valent aux natifs des horizons spleenétiques, quand le soleil se met à les chatouiller là où je pense. […] Silhouette sans épaisseur sur un ciel vide, toutes ses contorsions, le premier souffle vivant les éparpille aux quatre coins de l’horizon. […] Traduction : « Il [Dieu] a donné à l’homme un visage levé vers le ciel. » (NdE) bc.

913. (1716) Réflexions sur la critique pp. 1-296

des dieux. il faut encore combattre ces dieux de l’iliade ; ces dieux que les géants entreprirent autrefois de chasser du ciel, et qui auroient été dépossedez en effet, si les géants eussent alors atteint l’âge d’homme . […] Il l’auroit crû le pere de Saturne dont il étoit né, et qu’il avoit chassé du ciel ? […] Di la discorde étoit bannie du ciel, d’où vient donc que le trouble regnoit plus que jamais entre les dieux ? […] Le ciel, par tant de morts, demande Chryséide, d’un partage si doux veux-tu priver Atride ? […] Des éclairs dont le ciel étincelle, avec les soupirs timides d’un roi qui s’est privé de son plus ferme appui, et qui tremble pour le succès d’un combat qu’il va livrer sans Achille ?

914. (1929) Critique et conférences (Œuvres posthumes III)

Il vit tout en un clin d’œil, mais au moment de remonter au ciel, il s’avisa d’avoir oublié de jeter un regard sur les lieux où se rend la justice. […] Des cheminées sans nombre me font un ciel londonnien ou quasiment tel. […] C’est la joie de la Terre du haut du ciel, des arbres, la voix d’un oiseau me chantant dans l’éclat du soleil : Messages, messages ! […] De Dieppe, je ne vis rien de plus que des falaises blanchâtres sur un fond de ciel gris fer, grillagées comme par les lances d’une masse d’hommes d’armes, Les lances de l’averse. […] Mon hôte me conduisit dans son charmant petit appartement, d’où je devais admirer le lendemain le plus ravissant, le plus paisible des panoramas, par un temps exceptionnel, fait exprès, semblait-il, pour le voyageur que baignait le ciel de Londres, et la vue de l’immense cité rose pâle et gris perle.

915. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Edmond et Jules de Goncourt »

Voici un paysage de MM. de Goncourt : La lune pleine, rayonnante, victorieuse, s’était tout à fait levée dans le ciel irradié d’une lumière de nacre et de neige, inondé d’une sérénité argentée, irisé, plein de nuages d’écume qui faisaient comme une mer profonde et claire d’eau de perles ; et sur cette splendeur laiteuse, suspendue partout, les mille aiguilles des arbres dépouillés mettaient comme des arborisations d’agate sur un fond d’opale… Anatole prit à gauche… Il était dans une petite clairière. […] Voici des expressions où la recherche de l’énergie et de la concision aboutit à l’étrangeté : « Au milieu d’un tapis vert, en plein soleil, le marbre d’une colonne brûlait de blanc devant un dattier31 » — «… Ses tumulus dévastés, volés de leur forme même 32. » — « Souvent de petits enfants s’arrêtaient brusquement (devant Pierre Charles), frappés par la séduction naturelle, instantanée, le coup de foudre de leur beau à eux dans un autre 33. » Voici des redoublements de synonymes, des insistances qui retiennent l’attention en nous présentant deux ou trois fois de suite la même idée ou la même image : « Une espèce de dénouement, de déliement de sa nature comprimée, refermée, resserrée…34 » — «… Suppliciés par tous les raccourcis de la chute, toutes les angoisses des muscles, toutes les agonies du dessin ; tableau muet de la souffrance physique contre lequel venait frapper, battre, expirer le chœur des douleurs de l’âme35 ». » — «… Rome et ses dômes détachés, dessinés, lignés dans une nuit violette, sur une bande de ciel jaune, du jaune d’une rose-thé36. » — Ce procédé est habituel à MM. de Goncourt, même dans leurs pages les plus sobres : c’est un continuel essayage d’expressions. […] L’épithète étant toujours, dans cette manière d’écrire, le mot le plus important, voici des tournures qui mettent l’épithète au premier plan en la transformant en substantif neutre (à la façon des Grecs) : «… Mais c’était le ciel surtout qui donnait à tout une apparence éteinte avec une lumière grise et terne d’éclipsé, empoussiérant le mousseux des toits, le fruste des murs…37 » — «… Des voix fragiles et poignantes attaquant les nerfs avec l’imprévu et l’antinaturel du son38. » — « Et il mit une note presque dure dans le bénin de sa parole inlassable et coulante39. » Les mots abstraits surabondent dans cette prose si vivante : ce qui semble contradictoire, mais s’explique avec un très petit effort de réflexion.

916. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 14 mars 1885. »

Le regard plonge dans la rue tournante, déjà ténébreuse, et l’on ne voit que tours en poivrière et pignons pointus découpant sur le bleu pâlissant du ciel leurs dentelures imprévues. […] Peu à peu la nuit s’épaissit, le ciel est voilé, des lumières brillent à toutes les fenêtres. […] Donc il poursuit sa marche traînante, son falot à la main, toujours clamant son couvre-feu monotone : « Bourgeois, dormez tranquilles ; gardez-vous des follets et des diables ; louez Dieu, votre Seigneur. » La lune monte au ciel plus clair.

917. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Première série

C’est moi-même ébloui que j’ai nommé le ciel, Et je ne sens pas bien ce que j’ai de réel. […] Le vieil enfer me poursuit de sa haine   Jusqu’en mon nouveau ciel. […] Celui-ci, mieux connu, si le ciel l’eût permis, Eût été le meilleur de vos plus chers amis ! […] Ce sont de superbes et lyriques créatures qu’on s’imagine pareilles aux seigneurs et aux dames qui éclatent sur des ciels d’apothéose dans les tableaux et les plafonds de la Renaissance italienne. […] Le ciel me préserve de faire peu de cas de la précision et de la propriété des termes dans un temps où l’à peu près s’étale partout dans les livres et où des auteurs même célèbres ne savent qu’imparfaitement leur langue !

918. (1853) Histoire de la littérature française sous la Restauration. Tome I

L’esprit humain réalisant la fable antique des Titans, dont il avait renouvelé l’orgueil, retombait sous les montagnes qu’il avait soulevées contre le ciel. […] Dans les choses de la terre comme dans les choses du ciel, il est légitimiste. […] Le ciel l’emporta sur l’enfer, et il sortit de cette bibliothèque plus religieux qu’il n’y était entré. […] L’amour chrétien a quelque chose de plus noble et de plus élevé ; ses élans ne s’arrêtent pas sur la terre, ils montent vers le ciel. […] Non, la mélancolie de M. de Lamartine n’a rien de pareil : c’est le désenchantement des choses qui passent, mêlé à l’espérance des choses qui demeurent ; c’est la terre vue du ciel, un soupir jeté sur la vie du haut de l’immortalité.

919. (1896) Études et portraits littéraires

Et, à vrai dire, tout le séduit dans le monde ; tous les vents du ciel le sollicitent, cet oiseau de grand vol.  […] Au soleil couchant, il s’« enivre » et s’« affole » à voir le ciel, les nuages et les oiseaux noyés dans une flaque d’eau, autour d’une feuille de nénuphar. […] Un soir de septembre, c’est la Marne qu’il peint « retenant tout un pan du ciel dans ses eaux claires », tandis que l’herbe de ses bords piquée de pâquerettes fait un cadre à ce miroir. […] Le ciel de l’astronomie lui parut « avoir englouti les cieux promis par Jésus ». […] Et après un détour, au fond d’une place plantée d’arbres, je vis sur le ciel pâle se profiler la silhouette grise de la cathédrale.

920. (1891) Essais sur l’histoire de la littérature française pp. -384

En face, au-delà des toits, le grand ciel pur s’étendait, avec le soleil rouge se couchant. […] Les égratignures pèlent l’épiderme ; l’épiderme pelé forme au contact du grand air des plaques roses ; ces plaques roses… Bonté du ciel ! […] Il n’était point de ceux que le ciel a créés pour obéir et se soumettre quand même. […] Libre, toujours plus libre, il court d’un pas joyeux, sous un ciel sans nuage, en des régions fleuries où le souci s’évapore à peine s’y est-il glissé. […] Pour quelques heures l’Occident n’existe plus pour vous, ni son ciel, ni ses mœurs brumeuses.

921. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre I. Le Roman. Dickens. »

Elle fabrique, comme Ruth, un objet utile, très-utile, puisque demain elle vendra dix sous ; mais cet objet est une rose épanouie, dont les frêles pétales s’enroulent sous ses doigts comme sous les doigts d’une fée, dont la fraîche corolle s’empourpre d’un vermillon aussi tendre que celui de ses joues, frêle chef-d’œuvre éclos un soir d’émotion poétique, pendant que de sa fenêtre elle contemple au ciel les yeux perçants et divins des étoiles, et qu’au fond de son cœur vierge murmure le premier souffle de l’amour. […] Le seau remonte un corps qui n’a presque plus de forme, et l’on voit la figure pâle, épuisée, patiente, tournée vers le ciel, tandis que la main droite, brisée et pendante, semble demander qu’une autre main vienne la soutenir. […] » Elle vient et se penche jusqu’à ce que ses yeux soient entre ceux du blessé et le ciel, car il n’a pas la force de tourner les siens pour la regarder. […] Son cœur est là-haut, dans le ciel où il a vu briller une étoile.

922. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre quatorzième. »

ciel, même avec les ailes de sa pensée, il croit s’en rapprocher en entassant des marches de pierre entre la terre et lui. […] Lui en donner des portraits vivants, dans un récit tout plein des usages, des mœurs, du beau ciel de la Grèce, c’était tout ensemble graver plus avant dans son esprit les beautés de ces grands poètes, et lui enseigner la vie par des images qui lui étaient familières. […] Quelques pièces d’André Chénier, douces et savoureuses comme le miel de l’Hymette, et qui reflètent le beau ciel sous lequel était née sa mère, ont rendu son nom immortel. C’est ce même ciel dont tout le Télémaque est éclairé, c’est cette présence du génie grec à toutes les pages, ce sont toutes ces images agréables ou sérieuses par lesquelles l’antiquité nous a initiés à la connaissance de la vie, qui donnent un mérite d’éternelle nouveauté à ce livre charmant, espèce de vase antique où la main de Fénelon semble avoir composé un bouquet des plus belles fleurs de la Grèce.

923. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1893 » pp. 97-181

Dans la journée, la terre, le ciel, les burnous même sont d’une couleur rougeâtre de la vilaine poterie ; mais au crépuscule, le ciel se fait rose, et les montagnes de l’horizon apparaissant plus légères, moins denses que le ciel, ressemblent à des vapeurs mauves, et la terre du désert se voit bleue, bleue, comme la mer, avec des ondulations du sol ayant l’air de vagues, sous le souffle d’une brise, vous mettant du sel sur les lèvres. […] On brûlait tellement d’encens dans le Temple, qu’il y avait toujours dans le ciel, un nuage allant jusqu’à la mer Rouge, et qui faisait éternuer un troupeau de boucs, près de Jéricho.

924. (1902) Les poètes et leur poète. L’Ermitage pp. 81-146

Pour moi, ceux vers qui m’orientent surtout de secrètes affinités, ceux dont l’âme me paraît cadrer le mieux avec le ciel en demi-teinte de mon pays wallon, ce sont Verlaine, Rodenbach et Samain. […] S’il faut nommer celui de vous, mes blonds archanges, Avec lequel j’ai fait le plus d’essors étranges À travers la nuée opaque du réel Dans l’élargissement magnifique du ciel, Aspirant dans le gouffre où j’élançais ma tête L’ivresse dont l’azur avive les planètes Et de vierges désirs épandus dans les airs, Qui se glissaient comme une musique en ma chair ; S’il faut nommer celui des dieux dont la pensée S’est à bouillons de pourpre en mon âme versée Comme un vin exalté qui débordant d’ardeur Inonde toute la poitrine du buveur Et laisse dans la coupe une immortelle envie D’être soi-même à tous un vin qu’on sacrifie ; Ah ! […] Moi qui l’enfouissais en moi comme un trésor, J’irai cueillir l’écume en fleur des Pacifiques, Et le givre nouveau sur des sommets magiques, Et la poussière en feu sur le brasier des bois, Et les rubis de lave aux antres de l’effroi, Puis quand le jour doré fond dans la nuit d’opale, Mêlant tous ces joyaux aux premières étoilés Sur le fronton d’argent du ciel immaculé. […] Si celui qui répond le plus souvent au plus grand nombre de nos aspirations individuelles et de nos états d’âme doit être l’élu, à « l’inlassable bourdon de cathédrale » que fut Hugo, à la cloche de génie que fut Baudelaire, cloche « où des images de péché furent coulées dans le métal » je préférerais pour mon propre compte, la petite cloche de cristal de Verlaine, « impatiente du ciel », vibrant éperdumente à tous les sons sans sonorités fausses ou assourdies, en dépit des dires impudiques et calomniateurs dont on s’est plu ces derniers temps à outrager ce poète.

925. (1892) Les idées morales du temps présent (3e éd.)

Challemel-Lacour, sa doctrine est apparue à une époque de foi, d’espérance, on pourrait presque dire de renaissance, à l’aurore de ce siècle qui se levait parmi de si belles promesses, dans un ciel qu’on pouvait croire un ciel de paix, purifié par l’orage. […] Ils savent comment l’âme se détache du corps, comment elle monte au ciel ; ils connaissent l’architecture du paradis et le minute du jugement dernier. […] Le ciel métaphysique, dont nous venons d’entrevoir les hypothétiques splendeurs, n’est ouvert qu’à un petit nombre d’élus. […] Que serions-nous sans cette force mystérieuse qui pousse notre pensée au-delà des bornes qu’elle peut toucher, qui par elle nous fait les propriétaires de l’univers, qui peuple le vide de l’immensité et, lance jusqu’au ciel les rayonnements de notre âme ? […] tout cela, jeunesse, amour, joie et pensée, Chants de la mer et des forêts, souffles du ciel Emportant à plein vol l’espérance insensée, Qu’est-ce que tout cela qui n’est pas éternel ?

926. (1829) Tableau de la littérature du moyen âge pp. 1-332

C’est un ciel nouveau parmi les sept cieux ; il peut mépriser l’éclat de la pleine lune, car il voit sur sa sphère lever l’astre de Mansour. […] Il partit de bonne heure pour cette grande expédition qui avait déjà vu se renouveler tant d’armées chrétiennes, rapidement moissonnées sous le ciel brûlant de la Syrie. […] On a conservé quelques-uns de leurs chants inspirés sous le ciel de la Syrie, au milieu des victoires ou des souffrances de l’armée chrétienne. […] Le caractère du moyen âge, qui s’était adouci sous le ciel heureux de la Provence, va reparaître avec son atroce et puissante énergie. […] C’est à faire aux riches abbés et aux prélats qui, voués au service du ciel, possèdent tous les biens de ce monde.

927. (1874) Premiers lundis. Tome I « Diderot : Mémoires, correspondance et ouvrages inédits — II »

… » En disant ces derniers mots, j’avais les yeux tournés au ciel ; et mon religieux, les yeux baissés, méditait sur mon apologue24. » 24.

928. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section II. Des sentiments qui sont l’intermédiaire entre les passions, et les ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre II. De l’amitié. »

Sans doute, l’homme qui s’est vu l’objet de la passion la plus profonde, qui recevait à chaque instant une nouvelle preuve de la tendresse qu’il inspirait, éprouvait des émotions plus enivrantes ; ces plaisirs, non créés par soi, ressemblent aux dons du ciel, ils exaltent la destinée ; mais ce bonheur d’un jour gâte toute la vie, le seul trésor intarissable, c’est son propre cœur.

929. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Marcel Prévost et Paul Margueritte »

Au moins nous vivrons chez nous, sous un beau ciel. » Et ils partent.

930. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mistral, Frédéric (1830-1914) »

Parmi ces grands esprits morts ou vivants, il y en a dont le génie est aussi élevé que la voûte du ciel, aussi profond que l’abîme du cœur humain, aussi étendu que la pensée humaine ; mais, nous l’avouons hautement, à l’exception d’

931. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre II. Recherche des vérités générales » pp. 113-119

Point de changement grave dans les conditions atmosphériques ; le ciel n’est pas devenu plus bleu, les roses plus roses ; les hommes n’ont pas été doués d’un sens nouveau.

932. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXIX » pp. 319-329

Viendra un temps où vous préférerez le ciel à la terre ; vous êtes fait pour Dieu.

933. (1899) Le monde attend son évangile. À propos de « Fécondité » (La Plume) pp. 700-702

Séduire, toucher, ravir, être exquis, gais, splendides, inventer Lélia et Mimi, mettre au monde Manon et Charlotte, ajouter Rodolphe à la terre et Elvire au ciel étonné, cela ne leur a point suffi.

934. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre sixième. »

Vers charmant qui méritait de devenir proverbe, comme l’est devenu le dernier vers : Aide-toi, le ciel t’aidera.

935. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Michel Van Loo » pp. 66-70

On diroit qu’il brave le ciel et menace la terre.

936. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’insurrection normande en 1793 »

Elle n’avait pas reçu ce don du ciel.

937. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Avellaneda »

Otez l’histoire exquise des Amants fortunés, un petit chef-d’œuvre tombé du ciel bleu des Légendes dans le livre d’Avellaneda, et demandez-vous donc où la grâce des récits du vieux Cervantes s’en est allée ?

938. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Louis Wihl »

Cette affreuse gaîté, qui est le sang qu’on jette contre le ciel, était retombée sur son cœur.

939. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XVIII. Siècle de Constantin. Panégyrique de ce prince. »

Le monde réparé, la terre réconciliée avec le ciel, un pacificateur entre Dieu et l’homme, un nouvel ordre de justice, une vie à venir et de grandes espérances, ou de grandes craintes au-delà des temps, tel était le tableau que cette éloquence présentait aux hommes.

940. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XVII. »

Le poids de la mort est lourd à celui qui, trop connu de tous, meurt sans se connaître lui-même. » Rien de moins fécond et de plus monotone que cette passion du repos et de l’oubli sur la terre, quand elle ne se tourne pas en aspiration vers le ciel.

941. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome I pp. 1-402

S’il a reçu du ciel l’imagination en partage, c’est au travail, c’est à l’étude qu’il a demandé la franchise, la simplicité, la clarté. […] L’automne, en voilant le ciel de la France, en lui rappelant la fuite des années, reporte sa pensée vers sa patrie de prédilection. […] Il a gaspillé sa jeunesse, gaspillé son cœur ; livré à des passions éphémères, ou plutôt à des caprices qui ne laissent dans la mémoire aucune trace profonde, il voit s’énerver de jour en jour les facultés puissantes qu’il a reçues du ciel. […] La comparaison de l’homme avec les étoiles sans nombre semées dans le ciel par la main de Dieu, avec le grain de sable, est pleine de magnificence. […] Je ne conçois guère pourquoi le poète s’adressant au Christ, lui parle du télescope d’Herschell et lui dit : Ta parole a semé dans le monde moral plus de vérités que notre œil armé du télescope, ne découvre d’étoiles dans le ciel.

942. (1906) Propos de théâtre. Troisième série

La terre a moins de rois que le ciel n’a de dieux. […] S’il vivait, son amour au mien serait fatal : En me privant d’un fils, le ciel m’ôte un rival. […] Voyez comme elle est loin dans le ciel orageux ! […] Sous le ciel de douceur où Séléné se couche, L’homme sur l’homme, hélas ! […] Nous préserve le ciel d’un si funeste abus, Berceau de la mollesse et tombeau des vertus.

943. (1913) Les idées et les hommes. Première série pp. -368

Par les jours dorés de septembre, les nuages glissent dans un ciel immense. […] Le roc où est perchée Angoulême « la porte très haut dans le ciel comme une couronne royale ». […] Mais la principale beauté du paysage est le ciel, plein de lumière et où la mer toute proche lance les flottes de ses nuages. […] Il pleut ; il tombe du ciel un morne et sempiternel ennui. […] Il était dans la nature créée ; il se cachait dans l’abondante et subtile allégorie des paysages et du ciel ; et il se dissimulait aussi dans les poèmes.

944. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre III. La Révolution. »

La poésie naissante et la religion renaissante au seizième siècle y ont imprimé leur gravité magnifique, et l’on y sent palpiter, comme dans Milton lui-même, la double inspiration qui alors souleva l’homme hors de lui-même et le porta jusqu’au ciel. […] Je sentais comme si j’aurais pu à la lettre m’envoler dans le ciel. » Le dieu et la bête que chacun de nous porte en soi étaient lâchés ; la machine physique se bouleversait ; l’émotion tournait à la folie, et la folie devenait contagieuse. […] ils sont au-dessus d’elle, ou du moins elle est au-dessus d’eux), mais pour le zèle et les jeûnes, et les yeux dévotement levés au ciel, et la sainte rage contre les péchés d’autrui. […] Reid n’entend même pas les systèmes qu’il discute ; il lève les bras au ciel quand il essaye d’exposer Aristote et Leibnitz. […] Dans ce tonnerre du choc, parmi ces bouillonnements de la vapeur ruisselante et brûlante, dans ces flammes rouges qui grincent autour des cuivres et tourbillonnent en grondant jusqu’au ciel, un spectateur attentif découvre encore l’espèce et l’accumulation de la force qui à fourni à un tel élan, disloqué de telles cuirasses et jonché le sol de pareils débris.

945. (1890) Le réalisme et le naturalisme dans la littérature et dans l’art pp. -399

Tout en embrassant d’une large vue la voûte du ciel, la hante mer, la terre qui porte les monts, les forêts, les champs et les villes, il est attentif aux caractères particuliers de chaque objet. […] On peut nous tenir ce langage : « Voici la terre, soit ; mais voici l’enfer et voici le ciel. […] Au reste, même en passant condamnation sur ce qui regarde le ciel et l’enfer, la terre et ses habitants sont imités avec toute l’exactitude possible. […] et qu’après le lui avoir dit, on l’arrêterait deux fois au moins pour envoyer chercher des objets oubliés ; alors seulement la comtesse passerait la tête par la portière, en le suppliant au nom du ciel de conduire avec prudence aux descentes. […] Le Semeur, a-t-on dit, est un révolté qui lance vers le ciel des « poignées de mitraille ».

946. (1864) Études sur Shakespeare

Doué d’une puissance inutile si son horizon est moins étendu que la portée de sa vue, il ne voit que ce qui est autour de lui ; et le ciel qui lui prodigua des trésors n’a rien fait pour lui s’il ne le place dans des circonstances qui les lui révèlent. […] Comme les danses, les courses, les spectacles, les combats rustiques font retentir de leurs sons joyeux le ciel du printemps, de même les mascarades « où la chemise par-dessus l’habit tient « lieu de déguisement, où un visage charbonné sert de « masque », perceront des cris de leur gaieté les froides nuits de décembre ; et, ainsi que l’arbre de mai, la bûche de Noël sera apportée en triomphe et célébrée par des chants. […] Il grandit et brilla sur son sol comme le soleil se levait et suivait sa carrière dans le ciel qui le couvrait. […] Les théâtres de Londres avaient été construits sur ce modèle ; et ceux qu’on appelait théâtres publics, par opposition aux salles particulières, avaient gardé la coutume de représenter en plein jour et sans autre toit que le ciel. […] Mais l’apparition a eu lieu d’abord devant des soldats, des hommes simples, plus prêts à s’en effrayer qu’à s’en étonner ; ils se la racontent pendant la veille de la nuit : « C’était ici, au moment où cette étoile qui brille là-bas éclairait ce même point du ciel ; la cloche sonnait aussi une heure… Paix, le voilà qui revient ! 

947. (1904) Le collier des jours. Souvenirs de ma vie

Le ciel surtout, le ciel éblouissant, me causait une extrême surprise. […] La tête renversée sur le bras qui me soutenait, j’étais on ne peut mieux placée pour voir le ciel, et je crois que ce fut, ce soir-là, pour la première fois que je regardais les étoiles. […] … Et Rodolpho, comme s’il eût parlé à une grande personne, se mit à m’expliquer le ciel, l’infini de l’espace, les innombrables soleils. […] Le ciel était couvert, la nuit venait rapidement. […] Aux fenêtres, placées haut, des barreaux de fer se croisent serrés, et par leurs noirs quadrilles ne laissent du dehors entrevoir que le ciel bleu ou gris.

948. (1887) George Sand

La nature n’a rien d’assez recherché dans le trésor de ses joies naïves pour apaiser la soif de bonheur qui est en nous ; il nous faut le ciel, et nous ne l’avons pas !  […] Quand, indignés après les lois de septembre, nous étions prêts encore à renverser le sanctuaire réservé, Leroux vint, éloquent, ingénieux, sublime, nous promettre le règne du ciel sur cette même terre que nous maudissions. […] S’ils se portent vers les profondeurs sans limites du ciel, on nous y fait supposer des peuples d’âmes inconnues, animant de leurs joies ou de leurs souffrances la bleue immensité. […] Le voilà, baigné du flot bleu, les pieds ensevelis dans le sable de la rive, sa tête reposant sur un tapis de lotus, son regard attaché au ciel. […] J’ai vu, dans un repli des montagnes du Jura, une source que l’on appelle la Source bleue, à cause de sa couleur, qui reflète le paysage environnant, un coin du ciel ménagé au-dessus d’elle et peut-être aussi la nature de la pierre où elle a creusé sa coupe d’azur.

949. (1895) Impressions de théâtre. Huitième série

N’y vois-tu pas le ciel à tes yeux exposé ? […] mon déshonneur est si clair, maintenant, que vous n’en pourrez douter », et encore (ce qui est une variante de la même plaisanterie) : « Ô ciel, seconde mon dessein, et m’accorde la grâce de faire voir aux gens que l’on me déshonore. » Cela est drôle ; mais, dites-moi, bien sincèrement, est-ce que cela vous serre le cœur ? […] La Vierge ouvre ses bras à la courtisane repentie, en disant ce vers, qui appartient à l’espèce des beaux vers, très différents des bons : Je l’ai fait naître au monde : il t’a fait naître au ciel. […] Au moment où, « tout étant consommé », le ciel, comme dit Molière, s’habille en scaramouche (expression tout à fait convenable à un ciel de théâtre), et se raye presque aussitôt de lueurs sanglantes, Candé, retourné, déclame un article de la Libre Parole, à quoi il coud divers propos qui rappellent ceux de Barabbas dans la Fin de Satan. […] Et une apparition de village tassé et comme accroupi sous un ciel d’automne balayé de grands vents !

950. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Ma biographie »

Si l’on veut dire que j’y ai assisté comme Lerminier, en habit bleu de ciel et sur l’estrade, c’est une bêtise. […] Physionomie claire et honnête, et sur laquelle on ne lit rien que de bon, de simple, d’intelligent, avec ce que ces qualités comportent naturellement de spirituel et de fin chez celui qui les possède et les montre à ciel ouvert sur son visage. […] Voici la lettre du chancelier (Mme Sainte-Beuve était morte le 17) : « (Lundi 18 novembre 1850). — Mon cher confrère, les nombreuses et douloureuses pertes que j’ai faites dans le cours de ma longue vie n’ont point épuisé en moi, grâce au ciel, la faculté de sentir profondément les misères de même nature qui atteignent autour de moi les personnes auxquelles je porte un véritable intérêt ; et vous êtes à coup sûr au nombre de celles-là.

951. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. BALLANCHE. » pp. 1-51

En s’élevant sur la montagne, la jeune personne à l’imagination sensible et pieuse remarque que les fleurs y sont la plupart d’un bleu pâle comme le ciel de cette contrée, qu’elles ne penchent point sur la terre comme celles de nos plaines : « Presque toutes celles que nous vîmes, ajoute-t-elle, étaient de petites cloches. […] Ballanche, cette pensée éternelle d’un hymen à la fois accordé et impossible, cette initiation au vrai et au bien par la chasteté et par la douleur : « La douleur, dit Orphée, sera le second génie qui m’expliquera les destinées humaines. » Chaque page nous offre des pensées de tous les temps, dans la magnificence de leur expression : « Souvenez-vous que les Dieux immortels couvrent de leurs regards l’homme voyageur, comme le ciel inonde la nature de sa bienfaisante lumière. » Et encore : « Toutes les pensées d’avenir se tiennent ; pour croire à la vie qui doit suivre celle-ci, il faut commencer par croire à cette vie elle-même, à cette vie passagère. » Enfin, les approches de la mort d’Orphée, les troubles et l’agonie orageuse de cette grande âme qui, comme toutes les âmes divines au terme, se croit un moment délaissée, ont une sublimité égale aux plus belles scènes des épopées modernes. […] Il semble véritablement à de certaines heures qu’il soit de la race de ceux dont Homère a parlé dans l’Hymne à Cérès, de la race de ces Triptolème, Polyxène et Dioclès, auxquels Cérès, avant de remonter au ciel, enseigna les choses sacrées, les chastes orgies et les mystères : Σεμνὰ, τὰ τʹ οὒπως ἒστι παρεξίμεν, οὒτε πυθέσθαι, Οϋτε χανεῖν ………………, ces choses augustes qu’il fut si longtemps interdit d’enfreindre, d’interroger et de proférer.

952. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Ampère »

Jeunesse à jamais regrettée, qui, à l’entrée de la carrière, sous le ciel qui lui verse les rayons, à demi penchée hors du char, livre des deux mains toutes ses râpes et pousse de front tous ses coursiers ! […] J’eusse préféré la mort ; mais je ne méritais pas le ciel, et vous n’avez pas voulu me plonger dans l’enfer. […] Ô Seigneur, Dieu de miséricorde, daignez me réunir dans le ciel à ce que vous m’aviez permis d’aimer sur la terre !

953. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre (2e partie) » pp. 5-80

Le nom de Dieu sans doute est exclusif et incommunicable ; cependant il y a plusieurs dieux dans le ciel et sur la terre. […] La Vierge immaculée, la plus excellente de toutes les créatures dans l’ordre de la grâce et de la sainteté, discernée entre tous les saints, comme le soleil entre tous les astres ; la première de la nature humaine qui prononça le nom de salut ; celle qui connut dans ce monde la félicité des anges et les ravissements du ciel sur la route du tombeau ; celle dont l’Éternel bénit les entrailles en soufflant son esprit en elle et lui donnant un fils qui est le miracle de l’univers ; celle à qui il fut donné d’enfanter son Créateur ; qui ne voit que Dieu au-dessus d’elle et que tous les siècles proclameront heureuse ; la divine Marie monte sur l’autel de Vénus pandémique. […] L’erreur aux cent têtes a fui devant l’indivisible vérité : Dieu règne dans le Panthéon, comme il règne dans le ciel, au milieu de tous les saints.

/ 1797