J’admire, plus que personne, cette vague musique, dont les sonorités semblent étouffées par les tentures d’une chambre close. […] Admirez sa patience et sa méthode. […] Dans ses dernières années, il le lisait, le relisait, le faisait lire et admirer à ses amis. […] « J’admirais, dit-elle dans ses Mémoires, tout ce qu’il faisait et disait, et je le regardais comme un ange. […] Quel brave homme que ce Pingot, quelle bonne bête, et comme il est facile de se faire aimer, admirer de ce grand enfant !
Aussi vous dirais-je seulement que ce livre, les Poètes maudits, contient six portraits littéraires où Verlaine découvre ou explique ceux qu’il admire et aime. […] Enfin les temps sont passés et Mallarmé est admiré ; quoi qu’être admiré puisse parfois s’écrire, être en butte à l’admiration de… et même servir de cible à l’admiration de…, la position littéraire de M. […] Bourget aime et admire la phrase d’Amiel : un paysage est un état de l’âme. […] Ils admiraient la beauté verbale de ses poèmes et sa didactique lorsqu’il esthétisait, et son exégèse du beau difficile, du rare, de l’absolu. […] Et son rêve est de se fondre avec des forçats, comme Jean Valjean qu’il admire aussi, parmi des pays où l’on vit d’autres vies.
En grand joueur d’échecs, il explique et admire la partie de deux fameux joueurs d’échecs. […] Aussi, ce qu’on doit admirer le plus dans leur retraite, c’est moins leur courage que les motifs de leur courage. […] On admire l’auteur et on se révolte contre lui à la même page. […] Il admire ses jeunes gens et s’en moque. […] Avant de l’ouvrir, nous étions au parterre, à distance, placés comme il fallait pour admirer et admirer toujours.
La suite est digne qu’on l’admire. […] Mais tout à l’heure, attachez-vous, je vous le demande, à suivre le dessin de ce style, et admirez-en l’aisance dans la précision, la facilité spirituelle, l’élégance et la solidité. […] Après quinze ou vingt jours de mariage, vous vous étonnez, vous admirez, non seulement qu’un époux abandonne sa femme pour courir au martyre, mais encore, selon son expression, froidement, et sans verser une larme ou pousser un soupir, qu’il la « résigne » à un rival, à un ancien fiancé ! […] On n’admirait plus que de loin, à distance presque respectueuse, les Camille et les Émilie, les Pauline même ou les Chimène, et on les trouvait toujours grandes, mais elles semblaient trop viriles aux Vardes et aux Guiches. […] Ainsi, j’en admire beaucoup la justesse, la force, et la vérité de style.
Rœderer a complétement raison contre ces manières de dire ; mais il s’abuse lui-même assurément quand il fait de cet hôtel le berceau légitime du bon goût, quand il nous montre Mlle de Scudéry comme y étant plutôt tolérée qu’exaltée et admirée. […] Quant à Mlle de Scudéry, il suffit de lire Segrais, Huet et autres, pour voir quel cas on faisait de cette incomparable fille et de l’illustre Bassa, et du grand Cyrus, et de ses vers si naturels, si tendres, que dénigrait Despréaux, mais où il ne saurait mordre ; et ce que Segrais et Huet admiraient en de pareils termes devait n’être pas jugé plus sévèrement dans un monde dont ils étaient comme les derniers oracles. […] Après cela, Mme de La Fayette avait trop d’esprit et d’équité pour ne pas admirer dignement des auteurs dont la tendresse ou la justesse trouvait en elle des cordes si préparées.
Il n’a pas non plus besoin d’Oberman pour naître, bien qu’il le lise de bonne heure et qu’il l’admire aussitôt ; mais si Oberman et René sont pour lui des frères aînés et plus mûris, ce ne sont pas ses parents directs, ses pères. […] Il est l’un des premiers qui aient commencé d’entonner cette lugubre et emphatique complainte qui n’a fait que grossir depuis, et dont l’opiniâtre refrain revient à redire : Admire-moi, ou je me tue ! […] Car de talent, à proprement parler, c’est-à-dire de pouvoir créateur, de faculté expressive, de mise en œuvre heureuse, ils n’en avaient que peu ; ils n’ont laissé que des lambeaux aussi déchirés que leur vie, des canevas informes que les imaginations enthousiastes ont eu besoin de revêtir de couleurs complaisantes, de leurs propres couleurs à elles, pour les admirer.
»169 Libre à Lessing d’admirer cette concision. […] quoique je sois obligé d’admirer vos oeuvres et tout ce qui vient de vous, néanmoins, s’il m’est permis de dire ce que je pense, je crois, moi, avoir quelque sujet de me plaindre. » (Toujours l’emphase qui tourne à la platitude. […] A ces mots, il se couche, et chacun étonné Admire le grand coeur, le bon sens, l’éloquence Du sauvage ainsi prosterné, Je le crois, et voilà le vrai geste, justifié par tout ce qui précède.
Thiers (2e partie) I À l’exception du pouvoir civil emporté à la pointe de l’épée au 18 brumaire par un général qui mettait la victoire au-dessus de la loi et qui réduisait tous les droits au droit de la force, nous avons admiré jusqu’ici la savante exposition et la profonde sagacité d’esprit de M. […] Fox, l’orateur d’opposition par excellence, venu à Paris pour admirer de plus près la dictature. […] Aussi n’hésita-t-il pas, et c’est en cela seulement que nous admirons la logique de son ambition et la fermeté de son intelligence.
Horace ne pouvait s’empêcher d’admirer de loin cette douceur qui rappelait celle de César ; il se laissait allécher involontairement par tant d’attraits d’esprit qui lui déguisaient le pouvoir suprême ; un hasard l’en rapprocha tout à coup. […] On y admire cette fable du Cheval, du Cerf et de l’Homme, également, mais très inférieurement versifiée par La Fontaine, et ce vers sublime de sens et de force : Serviet æternum qui parvo nesciet uti ; Il sera éternellement esclave celui qui n’a pas su vivre de peu. […] Je crois Ferney plus beau ; les regards étonnés, Sur cent vallons fleuris doucement promenés, De la mer de Genève admirent l’étendue, Et les Alpes, au loin s’élevant dans la nue, D’un large amphithéâtre embrassent les coteaux Où le pampre en festons rit parmi les ormeaux.
La taille n’était ni élevée ni petite ; on ne songeait pas à la mesurer, mais à l’admirer ; elle paraissait à volonté grande ou petite ; elle avait autant d’harmonie que le visage. […] Je l’admirais passionnément, non comme homme, mais comme génie ; j’étais trop petit pour porter aucune ombre sur sa trace ; mais, soit que madame Récamier se souvînt de notre rencontre muette chez la duchesse de Devonshire, soit qu’elle fût flattée de produire un nom naissant de plus aux yeux de son cénacle dans son salon, elle me fit allécher par tant de grâces indirectes que je ne pus me refuser, malgré mon éloignement pour les camarillas lettrées ou politiques, à me laisser présenter à elle dans ce couvent de l’Abbaye-aux-Bois, où je devais plus tard suivre le convoi indigent du pauvre Ballanche. […] M. de Calonne, qui protégeait la mère, fit sans doute placer la fille de manière à attirer les regards de la cour. — Le roi et la reine en furent, en effet, si ravis qu’ils firent entrer, après le dîner, l’enfant dans les appartements intérieurs pour l’admirer de plus près.
Les imbéciles se plaignent de cette minutie apparente de descriptions, les hommes de haute et profonde intelligence l’admirent. […] Il est difficile de passer devant ces maisons sans admirer les énormes madriers dont les bouts sont taillés en figures bizarres, et qui couronnent d’un bas-relief noir le rez-de-chaussée de la plupart d’entre elles. […] À l’âge de vingt-deux ans, la pauvre fille n’avait pu se placer chez personne, tant sa figure semblait repoussante ; et certes ce sentiment était bien injuste : sa figure eût été fort admirée sur les épaules d’un grenadier de la garde ; mais en tout il faut, dit-on, l’à-propos.
Mably écrit153 : « L’histoire de ces deux peuples est une grande école de morale et de politique. » Rollin dit à son tour154 : « Les Romains ont été regardés dans tous les siècles, et le sont encore aujourd’hui, comme des hommes d’un mérite extraordinaire et qui peuvent servir de modèles en tout genre dans la conduite et le gouvernement des États. » Marie-Joseph Chénier155 célèbre ces temps Où des républicains étaient maîtres du monde, Où le Tibre orgueilleux de leur porter son onde Admirait sur ses bords un peuple de héros. […] Ecoutez l’un d’entre eux161 : « On nous élevait, dit-il, dans les écoles de Rome et d’Athènes et dans la fierté de la République, pour vivre dans l’abjection de la monarchie et sous le règne de Claude et de Vitellius, gouvernement insensé qui croyait que nous pourrions nous passionner pour les pères de la patrie, du Capitole, sans prendre en horreur les mangeurs d’hommes de Versailles et admirer le passé sans condamner le présent ! […] Et pourtant, malgré l’excès de sévérité qui est leur péché mignon, malgré les paradoxes où la passion les entraîne, ils ont le mérite de signaler, dans des œuvres trop complaisamment admirées, dans des règles trop docilement acceptées, des défaillances et des côtés faibles.
Admirez, n’imitez pas ; musicien de chambre, écartez-vous de Raff et de Brahms ; symphoniste, défiez-vous de Schumann. […] Fantin-Latour nous a consolé de cette misère : celui-là, d’abord, est un Wagnériste conscient, connaît, admire, célèbre le Maître, mais il a, surtout, cette extrême gloire, que seul, aujourd’hui, il a, résolument compris la double tâche possible au peintre : il a, dans ses grands tableaux, dont chacun montre une victoire nouvelle, reproduit, plus exactement que tous et plus entièrement, la vie objective, réelle, totale des formes : et il a, en d’adorables dessins, écrit le poème de l’émotion plastique, communiquant aux âmes des émotions étrangement douces et tièdes, par une combinaison fantaisiste des lignes et des teintes. […] Le « wagnériste » de Mendès affirme qu’il s’agit d’admirer et non pas d’imiter Wagner, de trouver la pointe de l’art français comme il a su trouver la pointe de l’art allemand et de puiser dans les chansons de geste comme Wagner dans les sagas nordiques.
Elle a laissé le Saint-Graal à la garde des hommes purs, dans le cœur desquels la divine liqueur s’est répandue, et l’auguste troupe s’évanouit dans les profondeurs de l’espace, de la même manière qu’elle en était sortie. » Paraphrase Par Franz Liszt29 Wagner a donné à l’ouverture de Tannhaeuser l’étendue d’une grande composition symphonique, et quoique les motifs principaux de l’opéra en forment la substance, cette ouverture peut néanmoins être considérée comme une œuvre à part, qui, détachée du reste, garderait toujours sa valeur intrinsèque, et serait comprise et admirée de ceux mêmes qui ne connaîtraient pas le drame dont elle est le magnifique résumé. […] À cet affinement sont des causes multiples, évidentes : la lecture de Schopenhauer, donné aux Français en des recueils bizarres de morceaux choisis ; la faillite dernière des aspirations romanesques ; le spectacle désolant de la démocratie, accélérant encore l’évolution fatale vers l’hétérogène ; et ce livre d’Amiel, peu lu, fort admiré. […] Schopenhauer est l’auteur toujours invoqué, et les formules de ce penseur, ses termes incorrects, ses théories métaphysiques, sont admirés et cités.
On se plaît quelques instants au demi-jour de la grotte ; on y admire le caprice des formes et le jeu des rayons, mais bientôt on se sent glacé, on aspire à l’air libre et chaud des champs que féconde le soleil : les vraies fleurs sont celles qui vivent, s’épanouissent et aiment. […] Dans la Ravine de Saint-Gilles, une de ses pièces les plus admirées, le poète photographie minutieusement une gorge orientale, avec ses bambous, ses lianes, ses vétivers et ses aloès ; tous les oiseaux sont passés en revue, le colibri, le cardinal, la « caille replète », le paille-en-queue ; nous voyons les bœufs de Tamatave, gardés par un noir qui fredonne un « air saklave », les lézards au dos d’émeraude, le chat-tigre qui rôde. […] Savons-nous, quand le soir, rêveurs, nous admirons Le Zodiaque immense en marche sur nos fronts, Combien dans la nature, Isis au triple voile, La lumière survit à la mort d’une étoile, Et si cet astre d’or, dont le rayonnement A travers l’infini nous parvient seulement Et décore le ciel des nuits illuminées, N’est pas éteint déjà depuis bien des années ?
Nous l’avons connue et admirée aussi, cette apparition transparente du génie dans la beauté. […] Mais ce n’était ni son chant, ni son geste, ni son drame que j’admirais le plus en elle, c’était sa personne. […] La tristesse venait avec les années, et avec la tristesse venait la véritable poésie, celle de son second volume, celle surtout de ses Nuits que nous vous ferons admirer tout à l’heure sans réserve.
Le point de vue, de plus, est très différent, Chateaubriand s’attachant surtout à faire admirer comme hautement pittoresque et auguste cette même désolation que Bonstetten déplore, et qu’il voudrait combattre comme philanthrope et en économiste. […] Les gens qui en manquent admirent votre savoir ; peu voient l’esprit et le bon esprit qu’il y a, et presque personne ne veut rendre justice au style français, parce que presque tous ont le sentiment que ce style est étranger à Genève, où l’on manque de goût et, à peu d’exceptions près, du talent d’écrire, que vous avez éminemment. — Le talent de bien écrire vient de l’âme ; ses formes se prennent dans la société.
C’est que, tout en distribuant çà et là le blâme à un livre, où d’autres ne voyaient guère qu’à admirer, vous étiez le seul qui eussiez réellement compris Tocqueville comme écrivain et jugé son style. […] Ne dois-je pas admirer qu’étant, en somme, peu sympathique à l’homme, vous ayez su être si équitable envers ses œuvres ?
Certes, lorsqu’il est si difficile d’exceller en une seule partie, je ne puis assez admirer la force presque divine de ton esprit qui a su embrasser tant et de si grands sujets, que ce qui suffirait à plusieurs pour éterniser leur nom se rencontre réuni en toi seul. […] Un des endroits les plus admirés, et que l’on cite comme exemple de la sensibilité virgilienne, est celui du livre XII de l’Énéide (vers 542 et suiv.).
Mais, tout rabattu, il reste vrai que Saint-Évremond débarrasse l’histoire du fatras des commentateurs, va droit à l’esprit des choses, cherche moins à décrire les combats qu’à faire connaître les génies ; n’admire que ce qui lui paraît à admirer.
« J’admirai, continue Rancé, la simplicité de cet homme, et le mettant en parallèle auprès des grands dont l’ambition est insatiable, et qui ne trouveroient pas de quoi se satisfaire quand ils jouiroient de toutes les fortunes, plaisirs et richesses d’ici-bas, je compris que ce n’étoit point la possession des biens de ce monde qui faisoit notre bonheur, mais l’innocence des mœurs, la simplicité et la modération des désirs, la privation des choses dont on se peut passer, la soumission à la volonté de Dieu, l’amour et l’estime de l’état dans lequel il a plu à Dieu de nous mettre. » Ce sont là (suivant l’heureuse expression de Dom Le Nain) de ces premiers coups de pinceau auxquels le grand Ouvrier se réservait d’en ajouter d’autres encore plus hardis pour conduire Rancé à la perfection. […] » Ce saint qui ne retourne jamais la tête, qui la cache sous le froc et sous la cendre, qui s’abîme, qui s’humilie et s’accuse, mais à qui il n’échappe jamais une confidence ni un aveu, il le contemple, il l’admire par moments, il ne peut se décider à l’aimer : « Tel fut Rancé, dit-il en finissant ; cette vie ne satisfait pas : il y manque le printemps… » Et encore, parlant de la Correspondance de Rancé et de ses Lettres de piété, dont la monotonie est frappante, il a écrit ces pages qu’on nous pardonnera de tirer du milieu du livre, pour les offrir ici, à demi profanes, dans leur vérité durable et dans tout leur charme attristé ; on n’ira pas bien avant sans avoir retrouvé la touche immortelle, incomparable : « Rancé a écrit prodigieusement de lettres.
Enfin, il y a en grammaire une faute insoutenable qu’il pratique constamment et par système ; au rebours des écrivains d’aujourd’hui qui ont mis le son, sa, ses, partout, qui disent à propos d’un fait et d’une observation lui et elle, M. de Balzac ne connaît que le en : ainsi, dans les Célibataires, toutes les fois que l’abbé Birotteau était entré chez le chanoine Chapeloud il en avait admiré l’appartement et les meubles. […] Quoi qu’il en soit, c’est un besoin pour moi d’indiquer que, vers l’époque de sa mort, j’ai parlé de lui (Constitutionnel du 2 septembre 1852) sous un point de vue plus général et en embrassant de mon mieux l’ensemble de son œuvre, que je ne suis point cependant arrivé à admirer autant que je le voudrais.
Ce qu’on fit, en somme, ne fut pas si mal fait, puisque c’est ce qu’on admira universellement, ce que les esprits les plus éminents approuvèrent, et ce sur quoi on a vécu deux siècles. […] J’ai peine à me figurer, je l’avoue, l’édition d’aujourd’hui, si excellente philologiquement, si bien telle que nous la réclamons, avec ses phrases saccadées, interrompues, et ce jet de la pensée à tout moment brisé, j’ai peine à me la figurer naissant en janvier 1670, en cette époque régulière, respectueuse, et qui n’avait pas pour habitude de saisir et d’admirer ainsi ses grands hommes dans leur déshabillé, ses grands écrivains jusque dans leurs ratures.
Or, suivant une remarque très-fine et très-juste du Père Tournemire, on n’admire jamais dans un auteur que les qualités dont on a le germe et la racine en soi. […] Des critiques sans portée ont abusé du droit de le citer pour modèle, et l’ont trop souvent proposé à l’imitation par ses qualités les plus inférieures ; mais, pour qui sait le comprendre, il a suffisamment, dans son œuvre et dans sa vie, de quoi se faire à jamais admirer comme grand poëte et chérir comme ami de cœur.
Celui que l’univers admire a besoin de l’univers. […] Ces écrits font couler des larmes dans toutes les situations de la vie ; ils élèvent l’âme à des méditations générales qui détournent la pensée des peines individuelles ; ils créent pour nous une société, une communication avec les écrivains qui ne sont plus, avec ceux qui existent encore, avec les hommes qui admirent comme nous ce que nous lisons.
Toute nation, où brilla l’écrit (à défaut de fondations au pieux ciment que j’admirai), possède une somme, pas dénommable autrement que son « Fonds » littéraire : nous, Français. […] Admirez le berger, dont la voix, heurtée à des rochers malins jamais ne lui revient selon le trouble d’un ricanement.
C’est là sans doute que sera demain la critique du livre du jour… Puisque vous voulez bien me demander mes goûts personnels, j’ajouterai que, si mes préférences sont acquises à la critique d’un Sainte-Beuve ou d’un Remy de Gourmont, j’admire aussi l’impressionnisme d’Anatole France et le dogmatisme de Veuillot. […] L’art doit se placer au-dessus de pareilles classifications provisoires ; littérairement cela va de soi, j’entends conserver la faculté d’admirer, avec tout le bon et le mauvais que cela comporte, un Duhamel ou un Dorgelès malgré leurs amis ; de même — malgré leurs thuriféraires — un Charles Péguy ou un Paul Claudel.
C’est dans les récits de cette nature que j’admire surtout sa sobriété et l’art qu’il met à choisir les traits les plus frappants en négligeant maint détail qui nuirait à l’illusion. […] Elle semble parfaitement à son aise, tandis qu’Onéguine admire comment la petite provinciale s’est changée si vite en grande dame.
Ce qu’il faut admirer encore, c’est la patience de la duchesse de Septmonts écoutant jusqu’au bout cette confession délirante que toute femme bien née aurait coupée net à la première phrase. […] La comtesse admirait récemment un hôtel en construction aux Champs-Elysées : cet hôtel, il l’a acheté et il le lui offre, avec ses voitures sous la remise, ses chevaux dans les écuries, ses valets dans les antichambres, une petite clé sur le tout.
Elle favorisa Gresset, elle protégea Marmontel, elle accueillait Duclos ; elle admirait Montesquieu et le lui témoignait hautement. […] Le traité de Versailles, qui durera ce qu’il pourra ; L’Amour de Bouchardon, qu’on admirera à jamais ; quelques pierres gravées de Gai, qui étonneront les antiquaires à venir ; un bon petit tableau de Vanloo, qu’on regardera quelquefois ; et une pincée de cendres !
Un jour il dînait chez Masséna, où il y avait sur la table un hanap d’argent, très admiré par les convives. […] Et comme il aurait été amusant, au nom de Raphaël, à propos de tel tableau qu’on admire, d’indiquer ce que les restaurateurs ont laissé juste de peinture, même de dessin du maître, mais c’était un travail immense de recherches, de courses, de conversations avec les gens techniques, et il ne fallait ni erreurs, ni exagérations.
Il faut se garder d’obscurcir cette idée, car il s’agit de relever les âmes, et non d’achever de les abattre. » Sur un autre point, j’admire également la finesse de l’auteur, mais je n’approuve pas autant sa conclusion. […] De là ce caractère de placidité noble et de haut désintéressement qui a été si justement admiré dans son grand ouvrage.
Bien des auteurs ne vivent que de leur crédit, et il est plus d’un grand homme qu’on n’admire désormais que par habitude. […] Je sais bien que, de nos jours, on a fait grand bruit de nos poètes tailleurs, menuisiers, forgerons : je respecte ces messieurs, et voudrais de grand cœur les admirer ; mais je sais aussi quelles sont les exigences de l’industrie.
Ce que nous venons de dire sur l’harmonie des langues mortes et sur le peu de connaissances que nous en avons, conduit naturellement à quelques réflexions sur la prétendue belle latinité qu’on admire dans certains modernes. […] Aussi telle harangue qu’on ne pourrait pas lire, si elle était traduite en français, parce qu’elle ne contient que des idées triviales, est admirée d’un petit cercle de pédants, parce que le style leur en paraît cicéronien.
C’est bien possible ; mettons 1 000, et admirons la variété de l’esprit humain. […] Et moi j’admirais comment ces primitifs, si loin de nos sciences et de nos discours, avaient le sentiment de la beauté de leur âpre pays.
Il y avait en moi, dans ces années, un trop-plein de sensibilité et d’enthousiasme, un besoin d’admirer et de pousser à l’idéal chaque objet de mon culte, tellement qu’il n’aurait pas été inutile, pour continuer de paraître vrai, que l’objet disparût presque aussitôt, et moi-même peu après.
René est grand, et je l’admire ; mais René est autre qu’Oberman.
Une réserve générale, qu’il nous convient avant tout de faire avec M. de Carné pour être ensuite plus à même de l’examiner dans ses conclusions et de le louer, c’est qu’il n’a évidemment été nourri à admirer et à aimer que bien peu des choses et des hommes qui pour nous, enfants de la Révolution ou de l’Empire, ont ravi notre admiration première.
Bonaparte rendit, au reste, justice à Georges, et l’admira ; il lui offrit un régiment de sa garde, dit-on, et de le faire un de ses aides de camp ; mais, au point où il en était venu, le poste d’honneur pour Georges ne pouvait être qu’en Grève, et la tête haute, il y marcha.
Sachant bien plusieurs langues, rompu aux littératures étrangères dont, le premier, il a produit parmi nous de fantastiques chefs-d’œuvre, habile à se souvenir et à démasquer les larcins, s’inspirant lui-même de ses lectures et l’avouant, laborieux au logis, ingénieux et facile à tout dire, propre à tout, ne se faisant guère d’illusion, croyant peu, capable d’admirer le passé, quoique d’une érudition trop spirituelle pour être constamment révérente, et avec cela toujours maître de sa plume, l’arrêtant, la dirigeant à volonté, un peu recherché et joli par endroits, comme quand l’esprit domine, il a gardé quelque chose de très français à travers son premier bagage d’outre-Rhin et a aiguisé sa finesse au milieu des génies allemands qui avaient ou n’avaient pas de fil : qu’on se souvienne en effet qu’il a passé par Vandervelde avant de donner la main à M.
Mais si nous admirons en M.
S’affranchissant des liens étroits d’une nationalité égoïste, il admirait et glorifiait aux yeux de la France les grands poëtes de l’Angleterre et de l’Allemagne ; il généralisait les idées d’art, les tirait de l’ornière des derniers siècles, provoquait des œuvres, applaudissait sans flatterie aux essais nationaux et méritait que Goethe déclarât apercevoir dans cet ensemble de travaux et d’efforts les symptômes d’une littérature européenne nouvelle.
Vous goûtez, vous admirez, vous aimez Molière, et vous avez bien raison.
Certes, ce point de vue n’est pas le mien ; moi, au contraire, si j’admire les conquêtes de l’industrie, c’est surtout parce qu’en nous affranchissant des soucis matériels, elles donneront un jour à tous le loisir de contempler la Nature ; je ne dis pas : la Science est utile, parce qu’elle nous apprend à construire des machines ; je dis : les machines sont utiles, parce qu’en travaillant pour nous, elles nous laisseront un jour plus de temps pour faire de la science.
Verlaine admire des vers, et ces vers il nous les offre, en toute sincérité, dans la toute intensité aussi de son emballement.
Corneille nous peint ainsi la sienne : Pour me faire admirer, je ne fais point de ligue.
Cette fable n’a pas la perfection qu’on admire dans plusieurs autres, si on la considère comme apologue.
Un petit lac ne ravage pas ses bords, et personne n’en est étonné ; son impuissance fait son repos : mais on aime le calme sur la mer, parce qu’elle a le pouvoir des orages, et l’on admire le silence de l’abîme, parce qu’il vient de la profondeur même des eaux.
Il s’extasiait, il admirait sottement, il souriait, il avait la convulsion, il se pourléchait.
Mais Raphaël voit un moment le pere éternel peint par Michel-Ange : frappé par la noblesse de l’idée de ce puissant génie, que nous pouvons appeller le Corneille de la peinture ; il la saisit, et il se rend capable en un jour de mettre dans les figures qu’il fait pour représenter le pere éternel le caractere de grandeur, de fierté et de divinité qu’il venoit d’admirer dans l’ouvrage de son concurrent.
Il y a bien de la difference entre emporter d’une gallerie l’art du peintre, entre se rendre propre la maniere d’operer de l’artisan qu’on vient d’admirer, et remporter dans son portefeüille une partie de ses figures.
Où l’un a blâmé, l’autre a admiré.
Voltaire n’est rien de plus que le maréchal de Richelieu de la littérature, et ceux qui l’admirent le jugent comme les femmes, à qui il avait fait perdre la tête, jugeaient le maréchal de Richelieu.