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2388. (1913) La Fontaine « V. Le conteur — le touriste. »

parce qu’ils considèrent l’humanité elle-même directement et non pas parce détour et par ce faux-fuyant qui consistent à la représenter sous des figures d’animaux ; ils sont, en quelque sorte, ramenés à une certaine ligne normale, non pas sans doute, encore une fois, à une ligne de moralité, mais cependant d’études sérieuses, sensées, et jusqu’à un certain point assez hautes.

2389. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Ernest Feydeau » pp. 106-143

Seulement, comment s’expliquer qu’un esprit accoutumé aux mâles recherches, sur lesquelles s’élève l’histoire, en écrivant sur l’adultère, ne nous ait donné qu’une étude à vif sur une âme de petit calibre d’ailleurs, et n’ait pas vu plus haut que le niveau du cœur déchiré de son misérable héros ?

2390. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [1] Rapport pp. -218

J’insiste sur ce point qu’a trop négligé l’attention çà et là dispersée et détournée de la vérité générale par l’étude minutieuse de tel ou tel groupe poétique, par la minutie de l’admiration vers telle ou telle individualité. […] Et, avant ces pures, touchantes et héroïques histoires, Laurette ou le Cachet rouge, la Veillée de Vincennes, et la Canne de jonc, on trouve dans le chapitre premier de Servitude et grandeur militaires une vraiment poignante étude sur le caractère général des armées mercenaires, sur la misérable et sublime abnégation des soldats, et un magnanime amour de te l’époque où les armées et la guerre ne seront plus, où le globe ne portera plus qu’une nation unanime enfin sur ses formes sociales, événement qui depuis longtemps devrait être accompli ». […] Il m’est cruellement pénible de suspecter la bonne foi d’un poète aussi vénérable que l’est Alfred de Vigny ; tout de même il est assez étrange qu’il n’ait précisé les moments de ses premières inspirations que lorsque ces moments pouvaient servir à corroborer ses prétentions d’initiateur ; et, encore que je démêle quelque malice et quelque fâcheuse intention de dénigrement dans l’étude de Sainte-Beuve publiée par la Revue des Deux Mondes du 15 avril 1864, je ne puis pas ne pas être d’accord avec lui sur ce point qu’il faut s’en tenir à la date du premier recueil poétique d’Alfred de Vigny (1822), date qui le place en bon rang romantique, mais non pas en tête. […] C’est ce qui résulte, incontestablement, d’une étude même superficielle de leur œuvre et de la nôtre. […] Je les ai là, ces lettres, très longues, très nombreuses, sur ma table ; non seulement elles sont tendres et belles comme la douceur d’une grande âme pure, mais, en une langue colorée, imagée, subtile, et parfaitement claire, elles relatent des études, des réflexions, des projets d’œuvres, des espoirs d’idéal prochainement réalisé ; en même temps, avec une sorte de coquetterie discrète dont s’augmentait notre fraternel désir d’admiration, Mallarmé s’y défend d’avouer tout à fait ce qu’il voulait faire, ce qu’il avait déjà fait ; il nous montrerait cela quand nous viendrions à Avignon.

2391. (1905) Pour qu’on lise Platon pp. 1-398

Comme il n’est plus qu’à moitié dans les préoccupations intellectuelles du public, chacun n’y prend garde qu’au cours de ses études, et, quittés les bancs, on ne le lit plus parce qu’on croit l’avoir lu et qu’on se tient quitte envers lui. […] Si cette étude vous procure le bénéfice que je compte en retirer pour moi, je n’aurai pas perdu mon temps ; si elle ne le procure qu’à moi, ce qui est assez probable, je ne l’aurai pas perdu non plus. […] En particulier ils n’avaient jamais eu même l’idée de séparer l’étude de la morale de l’étude des choses divines. […] La vérité ne se livre qu’aux hommes libres : « C’est donc dès l’âge le plus tendre qu’il faut appliquer nos élèves à l’étude de l’arithmétique, de la géométrie et des autres sciences qui servent de préparation à la dialectique ; mais il faut bannir des formes de l’enseignement tout ce qui pourrait sentir la gêne et la contrainte, parce qu’un esprit libre ne doit rien apprendre en esclave. […] Et, d’autre part, s’il est vrai que les arts doivent être serviteurs de la morale, il n’est pas besoin de dire qu’il faut qu’avant tout ils soient psychologiques en leur fond, en leurs premières démarches et comme en leurs premières études.

2392. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre V. La Renaissance chrétienne. » pp. 282-410

La préface elle-même appelait les gens à l’étude indépendante, disant que « l’évêque de Rome a tâché longtemps de priver le peuple de la Bible…, pour l’empêcher de découvrir ses tours et ses mensonges…, sachant bien que si le clair soleil de la parole de Dieu apparaissait dans la chaleur du jour, il dissiperait le brouillard pestilentiel de ses diaboliques doctrines. » Même de l’avis des gens officiels, c’est donc la vérité pure et tout entière qui est là, non pas la simple vérité spéculative, mais la vérité morale sans laquelle nous ne pouvons bien vivre ni être sauvés […] Avec une gravité et une simplicité soutenues, il montre aux puritains que les lois de la nature, de la raison et de la société sont, comme la loi de l’Écriture, d’institution divine, que toutes également sont dignes de respect et d’obéissance, qu’il ne faut pas sacrifier la parole intérieure, par laquelle Dieu touche notre intelligence, à la parole extérieure, par laquelle Dieu touche nos sens ; qu’ainsi la constitution civile de l’Église et l’ordonnance visible des cérémonies peuvent être conformes à la volonté de Dieu, même lorsqu’elles ne sont point justifiées par un texte palpable de la Bible, et que l’autorité des magistrats, comme le raisonnement des hommes, ne dépasse pas ses droits en établissant certaines uniformités et certaines disciplines sur lesquelles l’Écriture s’est tue pour laisser décider la raison. « Car si la force naturelle de l’esprit de l’homme peut par l’expérience et l’étude atteindre à une telle maturité, que dans les choses humaines les hommes puissent faire quelque fond sur leur jugement, n’avons-nous pas raison de penser que, même dans les choses divines, le même esprit muni des aides nécessaires, exercé dans l’Écriture avec une diligence égale, et assisté par la grâce du Dieu tout-puissant, pourra acquérir une telle perfection de savoir que les hommes auront une juste cause, toutes les fois qu’une chose appartenant à la foi et à la religion sera mise en doute, pour incliner volontiers leur esprit vers l’opinion que des hommes si graves, si sages, si instruits en ces matières, déclareront la plus solide366 ?  […] À côté de lui, Chillingworth, esprit militant et loyal par excellence, le plus exact, le plus pénétrant, le plus convaincant des controversistes, protestant d’abord, puis catholique, puis de nouveau et pour toujours protestant, ose bien déclarer que ces grands changements opérés en lui-même et par lui-même à force d’études et de recherches « sont de toutes ses actions celles qui le satisfont le plus. » Il soutient que la raison appliquée à l’Écriture doit seule persuader les hommes ; que l’autorité n’y peut rien prétendre ; « que rien n’est plus contre la religion que de violenter la religion371  » ; que le grand principe de la réforme est la liberté de conscience, et que si les doctrines des diverses sectes protestantes « ne sont point absolument vraies, du moins elles sont libres de toute impiété et de toute erreur damnable en soi ou destructive du salut. » Ainsi se développe une polémique, une théologie, une apologétique solide et sensée, rigoureuse dans ses raisonnements, capable de progrès, munie de science, et qui, autorisant l’indépendance du jugement personnel en même temps que l’intervention de la raison naturelle, laisse la religion à portée du monde, et les établissements du passé sous les prises de l’avenir.

2393. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Camille Jordan, et Madame de Staël »

Camille Jordan, né à Lyon le 11 janvier 1771, appartenant à une famille de commerçants aisés, de mœurs simples et d’une probité antique, fît de brillantes études à Lyon même, au collège de l’Oratoire, et il les couronna par un cours de philosophie de deux ans au séminaire de Saint-Irénée109. […] Camille Jordan mûri et fortifié par l’étude et la méditation.

2394. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Mémoires du général La Fayette (1838.) »

Arrivé au collège, je ne fus distrait de l’étude que par le désir d’étudier sans contrainte. […] Mais, dans l’étude du caractère, j’injecte de mon mieux, pour la dessiner aux regards, la veine ou l’artère principale.

2395. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre III. La critique et l’histoire. Macaulay. »

Pour ce qui est public aujourd’hui, il me semble inutile de le rappeler ; chacun sait qu’il eut pour père un philanthrope abolitionniste, qu’il fit les plus brillantes et les plus complètes études classiques, qu’à vingt-cinq ans son essai sur Milton le rendit célèbre, qu’à trente ans il entra au Parlement, et y marqua entre les premiers orateurs, qu’il alla dans l’Inde réformer la loi, et qu’au retour il fut nommé à de grandes places, qu’un jour, ses opinions libérales en matière de religion lui ôtèrent les voix de ses électeurs, qu’il fut réélu aux applaudissements universels, qu’il demeura le publiciste le plus célèbre et l’écrivain le plus accompli du parti whig, et qu’à ce titre, à la fin de sa vie, la reconnaissance de son parti et l’admiration publique le firent lord et pair d’Angleterre. —  Ce sera une belle vie à raconter, honorée et heureuse, dévouée à de nobles idées et occupée par des entreprises viriles, littéraire par excellence, mais assez remplie d’action et assez mêlée aux affaires pour fournir la substance et la solidité à l’éloquence et au style, pour former l’observateur à côté de l’artiste, et le penseur à côté de l’écrivain. […] L’objet de toute recherche et de toute étude est de diminuer la douleur, d’augmenter le bien-être, d’améliorer la condition de l’homme ; les lois théoriques ne valent que par leurs usages pratiques ; les travaux du laboratoire et du cabinet ne reçoivent leur sanction et leur prix que par l’emploi qu’en font les ateliers et les usines ; l’arbre de la science ne doit s’estimer que par ses fruits.

2396. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre V. La philosophie. Stuart Mill. »

Max Müller, qui, pour acclimater ici les études sanscrites, a été forcé de découvrir dans les Védas l’adoration d’un dieu moral, c’est-à-dire la religion de Paley et d’Addison. […] Les sciences sont donc des choses réelles comme les faits eux-mêmes : elles peuvent donc être, comme les faits, un sujet d’étude.

2397. (1884) La légende du Parnasse contemporain

Une fois, Albert Glatigny dédia un poème à Théophile Gautier sous ce titre : l’Impassible ; Louis-Xavier de Ricard, un des nôtres que les études sociales nous ont ravi, s’avisa, dans une lettre à un ami, qui fut imprimée je ne sais où, de recommander l’impassibilité aux penseurs, et moi-même j’avais écrit ces deux vers : La grande Muse porte un péplum bien sculpté Et le trouble est banni des âmes qu’elle hante ; Dès lors, nous eûmes beau pousser des cris et faire des gestes de réclamation, prendre, en un mot, toutes les attitudes que le dogme de l’impassibilité réprouve, c’en était fait, il n’y avait plus à revenir là-dessus, nous étions les Impassibles. […] L’autre frère, Émile Deschamps, était resté plus célèbre ; par ses Études françaises et étrangères où on lit encore avec plaisir de pittoresques imitations du Romancero, par ses drames timidement traduits de Shakespeare, il avait été une des lueurs douces de la farouche aurore romantique. […] Cette étude nous entraînerait trop loin ; qu’il me soit permis de dire quelques paroles seulement ; et, ces paroles, je les adresse particulièrement à ceux d’entre mes auditeurs qui ne sont pas encore familiers avec ce qu’on appelait la musique de l’avenir, du temps où on nous appelait les Parnassiens. […] Dans l’une des merveilleuses études qu’il intitule Lettres chimériques, Théodore de Banville disait l’autre jour de l’un de nous qu’il avait toujours été presque riche, qu’il avait toujours vendu au poids de l’or les pierreries de ses rimes.

2398. (1802) Études sur Molière pp. -355

C’est là que le jeune Pocquelin puise et l’amour de l’étude, et une haine insurmontable pour l’état auquel on le destine : il devient inquiet, rêveur, sa santé en est altérée ; ses parents alarmés cèdent à ses instances, et le confient à un maître de pension qui l’envoie externe aux Jésuites. […] Cinq années suffisent à Pocquelin pour achever ses études : son père, devenu vieux et infirme, le rappelle pour exercer auprès du roi les fonctions de sa charge ; elle avait contrarié l’enfant avide d’instruction, elle ouvre aujourd’hui la mine la plus féconde à l’homme instruit, à l’homme que la nature destine à la saisir et à la peindre dans ses diverses attitudes5. […] Aucune, si, en méditant ses rôles, il ne sait lire en même temps dans la tête, dans l’âme de son auteur, et y puiser la véritable, l’infaillible tradition ; l’acteur qui n’a pas reçu du ciel ce premier dom, et qui ne l’a pas perfectionné par l’étude, doit renoncer à jouer la comédie, les pièces de Molière surtout ; il est du petit nombre d’auteurs qui, toujours vrais, n’admettent jamais de contrefaction, ressource ordinaire des talents médiocres. […] Nous ne détaillerons pas les beautés du poème ; elles ne sont pas du ressort de Thalie : je dirai seulement que le génie serait en droit de réclamer plusieurs morceaux ; les neuf Muses doivent surtout applaudir à la noble fierté de celui-ci : Les grands hommes, Colbert, sont mauvais courtisans, Peu faits à s’acquitter de devoirs complaisants, À leurs réflexions tout entiers ils se donnent ; Et ce n’est que par là qu’ils se perfectionnent : L’étude et la visite ont leur talent à part, Qui se donne à la cour, se dérobe à son art ; Un esprit partagé, rarement s’y consomme, Et les emplois de feu demandent tout un homme.

2399. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre I. Succès de cette philosophie en France. — Insuccès de la même philosophie en Angleterre. »

Il n’est pas un simple érudit, plongé dans ses in-folio à la façon allemande, un métaphysicien enseveli dans ses méditations, ayant pour auditoire des élèves qui prennent des notes, et pour lecteurs des hommes d’étude qui consentent à se donner de la peine, un Kant qui se fait une langue à part, attend que le public l’apprenne, et ne sort de la chambre où il travaille que pour aller dans la salle où il fait ses cours.

2400. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Note I. De l’acquisition du langage chez les enfants et dans l’espèce humaine » pp. 357-395

Aucun animal, pas même le chat, le chien, ne fait cette étude continuelle de tous les corps qui sont à sa portée : toute la journée l’enfant dont je parle (douze mois) tâte, palpe, retourne, fait tomber, goûte, expérimente ce qui tombe sous sa main ; quel que soit l’objet, balle, poupée, hochet, jouet, une fois qu’il est suffisamment connu, elle le laisse, il n’est plus nouveau, elle n’a plus rien à en apprendre, il ne l’intéresse plus.

2401. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIe entretien. Madame de Staël »

Les hommes les plus marquants par leur esprit étaient ceux qui s’attachaient davantage à la faire parler ; ils lui demandaient compte de ses lectures, lui en indiquaient de nouvelles, lui donnaient le goût de l’étude en l’entretenant de ce qu’elle savait ou de ce qu’elle ignorait. » XII Dès cette époque la partialité de monsieur Necker pour les qualités brillantes de l’esprit de sa fille, et la sévérité de madame Necker, qui voyait des dangers dans la précocité de ce génie, établirent entre le père et la fille une intimité d’esprit qui blessa la mère.

2402. (1890) L’avenir de la science « XXIII »

Il entendit aussi la voix de ceux qui, par des preuves indubitables, avaient acquis la connaissance de l’être suprême, de ceux qui possédaient la grammaire, la poésie et la logique, et étaient versés dans la chronologie ; qui avaient pénétré l’essence de la matière, du mouvement et de la qualité ; qui connaissaient les causes et les effets ; qui avaient étudié le langage des oiseaux et celui des abeilles (les bons et les mauvais présages) ; qui faisaient reposer leur croyance sur les ouvrages de Vyasa, qui offraient des modèles de l’étude des livres d’origine sacrée et des principaux personnages qui recherchent les peines et les troubles du monde 204 ». » L’Inde me représente, du reste, la forme la plus vraie et la plus objective de la vie humaine, celle ou l’homme, épris de la beauté des choses, les poursuit sans retour personnel, et par la seule fascination qu’elles exercent sur sa nature.

2403. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIV » pp. 126-174

Il reconnaît que la multiplication des auteurs grecs et latins par l’imprimerie alors récente, et les études des hommes de lettres, nous ont donné beaucoup de mots nouveaux et nécessaires.

2404. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Edgar Allan Poe  »

Il écrit dans une étude sur Hawthorne : « Dans toute composition, il ne devrait y avoir pas un mot d’écrit, qui ne tende directement ou indirectement au dessein préétabli. » Il débute dans son Essai sur la poésie américaine par déclarer : « L’ordre le plus élevé de l’intelligence imaginative est toujours principalement mathématique. » Les passages abondent où il proclame l’identité de la faculté calculatrice et de l’artistique.

2405. (1856) Cours familier de littérature. I « Digression » pp. 98-160

L’âge et l’étude avaient affermi sa main.

2406. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Crétineau-Joly »

Justement parce que le temps est à l’histoire, justement parce qu’on sait assez pour reconnaître la science là où elle est, on s’est détourné d’une étude qui eût mis en relief des faits incompressibles contre lesquels tout ce qu’on oserait serait nul de soi.

2407. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Balzac » pp. 17-61

Balzac, avant d’écrire cette épopée tout en épisodes où, malgré l’absence du rythme, la poésie coule à bords aussi pleins que dans le lit transparent des strophes de l’Arioste, Balzac avait vécu longtemps dans la fécondante intimité de Rabelais ; comme la belette de la fable, il s’était engraissé dans ce vaste grenier d’abondance… Or, par une singulière analogie, qui a été une loi de conduite pour l’intelligent éditeur, Gustave Doré a aussi passé avec Rabelais ses premières années d’invention et d’étude.

2408. (1890) Impressions de théâtre. Quatrième série

Quoi qu’il fasse, il est brun, blond, roux ou châtain, il est né dans tel milieu, il a été élevé de telle façon, il a abordé l’étude des littératures dans telles dispositions, sous telles influences, à telles époques de sa vie et dans tel ou tel ordre. […] Mon excellent camarade Faguet vient d’écrire sur Mme de Staël, sur Benjamin Constant et sur Joseph de Maistre, d’admirables études, qui sont assurément les plus puissantes reconstructions d’âmes et de systèmes qu’on ait vues depuis les premiers ouvrages de M.  […] Et cela sans doute est fort beau ; mais enfin ce guerrier intègre ne songe pas un moment que, si maître Guérin a manqué de scrupules dans sa petite opération, c’est un peu pour son fils qu’il travaillait ; que, si le digne tabellion avait raffiné davantage sur la probité, il n’aurait pas fait, lui, d’excellentes études et ne serait pas entré à l’Ecole polytechnique ; que c’est à l’argent du bonhomme et, par conséquent, à ses façons d’entendre les affaires qu’il doit d’avoir un si beau grade et de pouvoir sentir avec tant de noblesse ; et que c’est, en somme, parce que le père a eu upe conscience de qualité moyenne que le fils a pu se payer une conscience de luxe. […] les deux frères n’ont voulu voir là qu’un moyen commode, un fil pour relier entre elles les différentes parties de leur étude. […] Meilhac et Halévy consiste à introduire, comme en souriant, les moyens traditionnels de l’ancienne comédie dans l’étude ironique et légère des mœurs contemporaines).

2409. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre II. Les Normands. » pp. 72-164

Il faut, pour qu’il comprenne, que la seconde idée soit contiguë à la première, sinon il est dérouté et s’arrête ; il ne sait pas bondir irrégulièrement ; il ne va que pas à pas, par un chemin droit ; l’ordre lui est inné ; sans étude et de prime abord, il désarticule et décompose l’objet ou l’événement tout compliqué, tout embrouillé, quel qu’il soit, et pose une à une les pièces à la suite des autres, en file, suivant leurs liaisons naturelles. […] » Avec les mêmes inquiétudes, Piers Plowman part pour chercher Bien-Faire, et demande à chacun de lui enseigner où il le trouvera. « Chez nous », lui disent deux moines. « Non, dit-il, puisque l’homme juste pèche sept fois par jour, vous péchez, et ainsi la vraie justice n’est pas chez vous. » C’est à « l’étude et à l’écriture », comme Luther, qu’il a recours ; les clercs parlent bien de Dieu à table et aussi de la Trinité, « en citant saint Bernard, avec force beaux arguments pompeux, quand les ménestrels ont fini leur musique ; mais pendant ce temps les pauvres peuvent pleurer à la porte et trembler de froid sans que nul les soulage. » Au contraire, on crie contre eux comme après des chiens, et on les chasse. « Tous ces grands maîtres ont Dieu à la bouche, ce sont les pauvres gens qui l’ont dans le cœur168 », et c’est le cœur, c’est la foi intérieure, c’est la vertu vivante qui font la religion vraie.

2410. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff (suite) » pp. 317-378

Il composa alors ce qu’il crut un roman, mais ce qui n’était au fond qu’une étude des classes plus élevées de la Russie. […] Il avait reçu une assez bonne éducation et fait ses études à l’Université ; mais, né dans une condition très précaire, il avait compris de bonne heure la nécessité de se frayer une carrière et de se faire une petite fortune.

2411. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME GUIZOT (NEE PAULINE DE MEULAN) » pp. 214-248

Les deux volumes recueillis sous le titre de Conseils de Morale la montrent pourtant sous ce jour, mais pas aussi à l’origine, pas aussi nativement, si je puis dire, qu’une étude attentive de son talent nous l’a appris à connaître.

2412. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LONGUEVILLE » pp. 322-357

« Elle disoit si bien tout ce qu’elle disoit, qu’il auroit été difficile de le mieux dire, quelque étude qu’on y apportât.

2413. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre III. Combinaison des deux éléments. »

Il n’a pas de rôle à jouer, il n’est pas comédien. » — Sciences, beaux-arts, arts de luxe, philosophie, littérature, tout cela n’est bon qu’à efféminer et dissiper l’âme ; tout cela n’est fait que pour le petit troupeau d’insectes brillants ou bruyants qui bourdonnent au sommet de la société et sucent toute la substance publique  En fait de sciences, une seule est nécessaire, celle de nos devoirs, et, sans tant de subtilité ou d’études, le sentiment intime suffit pour nous l’enseigner. — En fait d’arts, il n’y a de tolérables que ceux qui, fournissant à nos premiers besoins, nous donnent du pain pour nous nourrir, un toit pour nous abriter, un vêtement pour nous couvrir, des armes pour nous défendre  En fait de vie, il n’en est qu’une saine, celle que l’on mène aux champs, sans apprêt, sans éclat, en famille, dans les occupations de la culture, sur les provisions que fournit la terre, parmi des voisins qu’on traite en égaux et des serviteurs qu’on traite en amis  En fait de classes, il n’y en a qu’une respectable, celle des hommes qui travaillent, surtout celle des hommes qui travaillent de leurs mains, artisans, laboureurs, les seuls qui soient véritablement utiles, les seuls qui, rapprochés par leur condition de l’état naturel, gardent, sous une enveloppe rude, la chaleur, la bonté et la droiture des instincts primitifs  Appelez donc de leur vrai nom cette élégance, ce luxe, cette urbanité, cette délicatesse littéraire, ce dévergondage philosophique que le préjugé admire comme la fleur de la vie humaine ; ils n’en sont que la moisissure.

2414. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (2e partie) » pp. 365-432

Relisez ces pages, aussi vastes et aussi profondes que la voûte du ciel : XI « Comme on l’a vu, la prière, la célébration des offices religieux, l’aumône, la consolation aux affligés, la culture d’un coin de terre, la fraternité, la frugalité, l’hospitalité, le renoncement, la confiance, l’étude, le travail, remplissaient chacune des journées de sa vie.

2415. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxviie entretien. Un intérieur ou les pèlerines de Renève »

On entrait ensuite dans la salle à manger qui avait été autrefois votre salle d’études quand vous appreniez à écrire sous M. de Vaudran.

2416. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIe Entretien. Marie Stuart, (Reine d’Écosse). (Suite et fin.) »

Nous lui devons tout, et nous serions ingrat de ne pas lui rapporter tout ; ceci n’est qu’une étude, son livre est une histoire.

2417. (1834) Des destinées de la poésie pp. 4-75

Tout était organisé contre cette résurrection du sentiment moral et poétique ; c’était une ligue universelle des études mathématiques contre la pensée et la poésie.

2418. (1914) Note sur M. Bergson et la philosophie bergsonienne pp. 13-101

Et cela dans tous les ordres, dans toutes les disciplines que nous avons échelonnées au commencement de cette étude.

2419. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre III »

Il y avait une curieuse étude à faire à propos de cet aigrefin aimé pour lui-même, sur ce type étrange qu’il faudrait appeler le mâle de la courtisane, son camarade de chasse sociale : habitant, comme elle, les zones interlopes, doué des mêmes instincts et du même zèle carnassier.

2420. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre quatrième. Éléments sensitifs et appétitifs des opérations intellectuelles — Chapitre premier. Sensation et pensée »

— L’antithèse de la variété et de l’unité, de la matière et de la forme, chère à Platon et à Kant, paraît de plus en plus factice à mesure que la psychologie contemporaine pénètre davantage dans l’étude des sensations et de leurs éléments organiques.

2421. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1876 » pp. 252-303

Mon petit Pierre Gavarni expliquait, ce soir, assez ingénieusement, le talent de Fromentin : un manque d’études suivies, une inexpérience curieuse du métier de la grande peinture, mais le jet sur la toile d’un milieu et d’une heure, que le peintre peuple après d’Arabes et de chevaux mal dessinés et incomplètement peints, mais qui sont au fond charmants, presque vrais, et qui vivent par l’exquise et poétique trouvaille de la nature ambiante.

2422. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VIII : Hybridité »

Deux observateurs consciencieux, Kœlreuter et Gærtner, ont consacré leur vie presque entière à l’étude de cette importante question, et il est impossible de lire les divers mémoires ou traités qu’ils ont publiés à ce sujet, sans acquérir la conviction profonde que le plus généralement les croisements entre espèces sont jusqu’à un certain point frappés de stérilité.

2423. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Victor Hugo. Les Contemplations. — La Légende des siècles. »

Pour cette raison, qui n’est pas la seule, du reste, il n’y a point à chercher dans le recueil actuel des effets nouveaux, des beautés patiemment obtenues par une étude sévère à soi-même, en deux mots, un Hugo inconnu dans le Hugo que nous connaissons.

2424. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre I. Les idées et les œuvres. » pp. 234-333

. —  Ses études d’antiquaire. —  Ses goûts nobiliaires. —  Sa vie. —  Ses poëmes. —  Ses romans. —  Insuffisance de ses imitations historiques. —  Excellence de ses peintures nationales. —  Ses tableaux d’intérieur. —  Sa moquerie aimable. —  Ses intentions morales. —  Sa place dans la civilisation moderne. —  Développement du roman en Angleterre. —  Réalisme et honnêteté. —  En quoi ce genre est bourgeois et anglais. […] Il faisait toujours comme les autres faisaient ; jamais il ne jouait le grand homme et ne se donnait des airs en compagnie. » Devenu plus âgé et plus grave, il n’en resta pas moins aimable, le plus aimable des hôtes, si bien qu’un de ses voisins, fermier, je crois, au sortir de chez lui, disait à sa femme : « Ailie, ma fille, je vais me coucher, et je voudrais dormir douze mois pleins, car il n’y a qu’une chose dans ce monde qui vaille la peine de vivre, c’est la chasse d’Abbotsford. » Joignez à ce genre d’esprit des yeux qui voient tout, une mémoire qui retient tout, une étude perpétuelle promenée dans toute l’Écosse, parmi toutes les conditions, et vous verrez naître son vrai talent, ce talent si agréable, si abondant, si facile, composé d’observation minutieuse et de moquerie douce, et qui rappelle à la fois Téniers et Addison.

2425. (1925) Dissociations

Ce n’est pas la première fois que l’on croit faire semblable découverte ; il faut attendre les détails et les discussions, mais on peut dire déjà que théoriquement la nouvelle est fort vraisemblable, les dernières études biologiques de la question ayant suffisamment indiqué que l’homme est un animal très ancien, un des plus anciens parmi les mammifères. […] De sorte que tout ce qui est grave est soumis à la jugeotte de l’épicier, de l’horloger et du cafetier voisins, mais que pour tout ce qui est léger on fait appel à des gens munis de diplômes conquis à la suite de longues études judiciaires et qui, de plus, ont fait des stages prolongés dans la maison de justice où l’on apprend à connaître la psychologie du délinquant.

2426. (1910) Rousseau contre Molière

A un certain degré de bouffonnerie, le comique n’a pas la même source qu’il avait auparavant ; il procède de l’imagination et non plus de l’observation et dès lors n’ayant plus la même valeur morale, ou plutôt n’en ayant plus aucune, il n’est ni moralisant ni démoralisant ; il est au point de vue moral neutre et inoffensif, et dans une étude sur Molière moraliste ou immoraliste, il ne faut pas faire entrer les Fourberies de Scapin. […] Former aux bonnes mœurs l’esprit de ses enfants, Faire aller son ménage, avoir l’œil sur ses gens, Et régler la dépense avec économie Doit être son étude et sa philosophie. […] Or les facultés intellectuelles de la femme ne supportent pas le savoir : « La recherche des vérités abstraites et spéculatives, des principes, des axiomes dans les sciences, tout ce qui tend à généraliser les idées n’est pas du ressort des femmes ; leurs études doivent se rapporter toutes à la pratique ; c’est à elles à faire l’application des principes que l’homme a trouvés et c’est à elles de faire les observations qui mènent l’homme à l’établissement des principes. Toutes les réflexions des femmes doivent tendre à l’étude des hommes… Car, quant aux ouvrages de génie, ils passent leur portée ; elles n’ont pas aussi assez de justesse et d’attention pour réussir aux sciences exactes, et quant aux connaissances physiques, c’est à celui des deux qui est le plus agissant, le plus allant… à juger des rapports sensibles et des lois de la nature… » La seconde raison pourquoi le savoir des femmes n’est pas utile à l’homme, n’est pas relatif à l’homme, c’est qu’il lui est affreusement désagréable. […] Mais pour que la jeune fille soit réservée à la culture de son mari, puisque, encore une fois, c’est uniquement pour lui qu’elle doit être élevée et que le vrai moyen de l’élever exclusivement pour lui est de la laisser intellectuellement nulle, de manière que, quelque ignorant que soit son mari, il le soit moins qu’elle et ait le plaisir d’abord de la supériorité et ensuite de l’instruire lui-même : « Elle a du goût sans étude ; des talents sans art, du jugement sans connaissances [toutes combinaisons qui semblent souffrir quelque difficulté] , son esprit ne sait pas ; mais il est cultivé pour apprendre ; c’est une terre bien préparée qui n’attend que le grain pour rapporter.

2427. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre I. La Restauration. »

Mais voir un homme qui tâche d’être élégant en restant sale, qui veut peindre en langage d’homme du monde des sentiments de crocheteur, qui s’applique à trouver pour chaque ordure une métaphore convenable, qui polissonne avec étude et de parti pris, qui, n’ayant pour excuse ni le naturel, ni l’élan, ni la science, ni le génie, dégrade le bon style jusqu’à cet office, c’est voir un goujat qui s’occupe à tremper une parure dans un ruisseau. […] Howard, toujours facilement et sans étude, en véritable gentilhomme. […] Voir une Étude détaillée sur Rochester, par M. 

2428. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon » pp. 423-461

Selon moi, et après une étude dix fois refaite de Saint-Simon, je me suis formé de lui cette idée : il est doué par nature d’un sens particulier et presque excessif d’observation, de sagacité, de vue intérieure, qui perce et sonde les hommes, et démêle les intérêts et les intentions sur les visages : il offre en lui un exemple tout à fait merveilleux et phénoménal de cette disposition innée.

2429. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Conclusion. Le passé et le présent. » pp. 424-475

La fine élégance est devenue débauche ignoble ; le doute délicat s’est tourné en athéisme brutal ; la tragédie avorte, et n’est qu’une déclamation ; la comédie est effrontée et n’est qu’une école de vices ; de cette littérature, il ne subsiste que des études de raisonnement serré et de bon style ; elle-même est chassée de la scène publique presque en même temps que les Stuarts au commencement du dix-huitième siècle, et les maximes libérales et morales reprennent l’ascendant qu’elles ne perdront plus.

2430. (1860) Cours familier de littérature. IX « Le entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier (2e partie) » pp. 81-159

C’est une pénible étude à faire que celle des amitiés intéressées, des ruptures, des affections et des haines de circonstance, des colères sans décence, des plaintes sans motif de cet homme d’humeur, qui caractérisent sa conduite jusqu’à la chute de ce trône sous les débris duquel il voulait s’ensevelir, tout en conspirant avec tout le monde pour le renverser.

2431. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (3e partie) » pp. 5-79

Leurs études finies, ils complotent, comme un tour de gaieté très spirituel, de leur écrire un adieu collectif, de les laisser à peu près ivres chez le restaurateur de barrière, et de partir ensemble pour leurs provinces respectives, sans leur donner leur adresse.

2432. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIe entretien. Le Lépreux de la cité d’Aoste, par M. Xavier de Maistre » pp. 5-79

L’oisiveté, l’ennui, quelques amours silencieux ou modestes, étaient pour ceux que l’étude n’absorbait pas l’unique distraction à leur monotonie.

2433. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIe entretien. Molière et Shakespeare »

III Victor Hugo, après une consciencieuse et pénible étude, raconte ainsi la statistique de ces tréteaux.

2434. (1831) Discours aux artistes. De la poésie de notre époque pp. 60-88

Ce sont avant tout des penseurs : ils n’ont pu se décider et se former que par de longues considérations, de profondes études de faits et de raisonnements ; changer, c’est une vie à refaire : aussi leur croyance survivra-t-elle même à la chute définitive du fantôme qui les avait illusionnés.

2435. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre II. Le rôle de la morale » pp. 28-80

J’ai moi-même envisagé jadis la morale tout autrement que je n’ai fait ici, et mon étude actuelle complète, je crois, sans les contredire, mes idées de jadis.

2436. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre II. Prière sur l’Acropole. — Saint-Renan. — Mon oncle Pierre. — Le Bonhomme Système et la Petite Noémi (1876) »

Quant à moi, ce milieu étrange m’a donné pour les études historiques les qualités que je peux avoir.

2437. (1856) Cours familier de littérature. II « XIe entretien. Job lu dans le désert » pp. 329-408

Défiez-vous même de la justesse des idées conçues par un de ces hommes que nous appelons professionnels, exclusivement renfermés dans la monotonie d’une étude ou d’une occupation unique ?

2438. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XII : Distribution géographique (suite) »

Tomes, qui a fait une étude spéciale de cette famille, que beaucoup d’espèces ont une extension considérable, et se trouvent également sur des continents et sur des îles très éloignées.

2439. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre III. La Révolution. »

Il y a un homme, Charles Fox, qui s’est trouvé heureux dès le berceau, qui a tout appris sans études, que son père a élevé dans la prodigalité et l’insouciance, que, dès vingt et un ans, la voix publique a désigné comme le prince de l’éloquence et le chef d’un grand parti, libéral, humain, sociable, fidèle aux généreuses espérances, à qui ses ennemis eux-mêmes pardonnaient ses fautes, que ses amis adoraient, que le travail n’avait point lassé, que les rivalités n’avaient point aigri, que le pouvoir n’avait point gâté, amateur de la conversation, des lettres, du plaisir, et qui a laissé l’empreinte de son riche génie dans l’abondance persuasive, dans le beau naturel, dans la clarté et la facilité continue de ses discours. […] Mais ce qui le distinguait entre tous les autres, c’était une large intelligence compréhensive qui, exercée par des études et des compositions philosophiques868, saisissait les ensembles, et, par-delà les textes, les constitutions et les chiffres, apercevait la direction invisible des événements et l’esprit intime des choses, en couvrant de son dédain « ces prétendus hommes d’État, troupeau profane de manœuvres vulgaires, qui nient l’existence de tout ce qui n’est point grossier et matériel, et qui, bien loin d’être capables de diriger le grand mouvement d’un empire, ne sont pas dignes de tourner une roue dans la machine. » Par-dessus tant de dons, il avait une de ces imaginations fécondantes et précises qui croient que la connaissance achevée est une vue intérieure, qui ne quittent point un sujet sans l’avoir revêtu de ses couleurs et de ses formes ; et qui, traversant les statistiques et le fatras des documents arides, recomposent et reconstruisent devant les yeux du lecteur un pays lointain et une nation étrangère avec ses monuments, ses costumes, ses paysages et tout le détail mouvant des physionomies et des mœurs.

2440. (1923) L’art du théâtre pp. 5-212

Mais, le génie et surtout le talent aidant (ils ne manquaient pas de génie), l’idée de réfléchir sur leur métier obsédant les meilleurs de nos ouvriers de théâtre, l’étude des chefs-d’œuvre antiques que la Renaissance allait découvrir leur proposant des exemples, des lois, rien ne s’opposait à ce qu’un art encore dans l’enfance, mais élevé dans les plus saines conditions, au milieu d’une société, sauf exception, unanime entrât à son tour dans l’âge viril. […] Dans de remarquables études, notre ami René Salomé a précisé cette opposition.

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