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1075. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Cours de littérature dramatique, par M. Saint-Marc Girardin. (2 vol.) Essais de littérature et de morale, par le même. (2 vol.) » pp. 7-19

Que si l’on passe aux rhéteurs modernes, à ceux des bons et grands siècles, on descend de haut : la critique, en ces belles époques, n’a pas pris tout son développement et son essor, elle se contente souvent de suivre : pourtant, en un ou deux cas, elle dirige, elle guide aussi ; elle semble recouvrer son antique autorité. […] Royer-Collard, par exemple : « Il n’a rien de ce temps-ci, disait-on ; tour de pensée et langage, il est tout d’une autre époque. » Pardon !

1076. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « De la question des théâtres et du Théâtre-Français en particulier. » pp. 35-48

À l’époque où tant de ruines se sont faites autour de nous, il serait peu raisonnable de venir compromettre et livrer au hasard ce qui a survécu et ce qui subsiste. […] La conscience publique l’a bien senti lorsqu’elle a salué certaines époques des noms de Périclès, d’Auguste, de Médicis, de François Ier, d’Élisabeth.

1077. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre V. Les esprits et les masses »

Telle époque, dite grand siècle, et, à coup sûr, beau siècle, n’est autre chose au fond qu’un monologue littéraire. […] VIII Trop de matière est le mal de cette époque.

1078. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre IV. Littérature dramatique » pp. 202-220

Gabriel Boissy écrit : « … D’une succession de faits, un fait majeur s’impose : les lettres françaises, sommeillantes ou vagissantes depuis l’époque romantique, entrent aujourd’hui en effervescence ; un nouvel âge se prépare par les efforts convergents d’un groupe nombreux d’esprits toujours jeunes ou de jeunes esprits. […] Qu’il soit l’esclave du luxe, de la frivolité et de la spéculation industrielle, comme dans notre société aveulie, et le théâtre ne sera guère autre chose que le reflet chatoyant et trompeur des vices, des ignorances et des lâchetés d’une époque.

1079. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre dixième. »

Ce trait ne pèche point contre la règle que nous venons d’établir, parce que le temps où Ulysse vivait est supposé compris dans l’époque que nous avons indiquée ; d’ailleurs, ce rapprochement des voyages d’Ulysse avec celui de la tortue est si plaisant, que le lecteur s’y rendrait bien moins difficile. […] Je le ferais bien voir : etc… L’auteur n’aurait pas eu grand peine dans l’époque où il vivait.

1080. (1860) Ceci n’est pas un livre « Décentralisation et décentralisateurs » pp. 77-106

C’était l’époque de la Décentralisation par excellence, j’espère ! […] Et puis, en somme, nous sommes dans une époque d’activité, de vie, — de vie forcenée, de fièvre, comme vous dites.

1081. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le comte Gaston de Raousset-Boulbon »

Jeté par ses folies de jeune homme et les passions d’une époque qui avait aussi ses folies sur le pavé de Paris, ce bitume d’enfer qui fond les fortunes, les caractères et les courages, Gaston de Raousset, même quand il fut le plus ce qu’on appelle un franc jeune homme, ivre de ce pauvre luxe dont il eut bientôt vu la fin, éprouva toujours ces virils tressaillements intérieurs qu’éprouvent les natures héroïques quand elles sentent que l’action leur manque, l’action pour laquelle elles sont faites ! […] Il fallait une époque comme la nôtre, un temps amoureux fou des mots, pour songer à introduire dans l’auréole sanglante du vainqueur d’Hermosillo et du condamné de Guaymas l’auréole, si pâle à côté, d’un talent littéraire réel, mais qui ne trouva sa sincérité et sa plénitude que dans les lettres où l’observateur politique, l’homme d’intuition et d’exécution, le lutteur contre la difficulté, dominent tout !

1082. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Buloz »

Ce fut là certainement, du moins pour moi, l’époque qui plaît le plus de sa vie, le moment où il déploya le mieux les qualités (sans inconvénient encore !) […] À cette époque-là éclatait, dans tout son enthousiasme, la révolution romantique.

1083. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Léon XIII et le Vatican »

Si jamais homme a fait un éclatant contraste avec son époque, c’est incontestablement Léon XIII, et comme on ne domine les hommes qu’en faisant contraste avec eux, ce sera peut-être, si tout n’est pas perdu dans les choses humaines, la raison qui les lui fera dominer ! […] Mais pour qui sait combien ces connaissances, dont l’époque raffole, sont de peu dans le gouvernement des hommes, il y avait mieux à glorifier dans Léon XIII, et c’étaient les facultés qui ne sont créées par personne et qu’on tient de Dieu pour le service de Dieu.

1084. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « VIII. Du mysticisme et de Saint-Martin »

Alors il ne s’agissait plus des excentricités de la pensée d’un homme plus ou moins doué d’imagination ou de génie, il s’agissait du génie même ou de l’imagination de son époque, dont un homme, quels que soient sa force et son parti pris, dépend des jours. […] Or, c’était une époque de mysticisme, autant et plus que les siècles dont on s’était le plus moqué.

1085. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Charles Monselet »

Et les plus grands inventeurs eux-mêmes qui aient vécu dans les temps modernes, c’est-à-dire à l’époque de la Critique par excellence : Goethe, Walter Scott, Chateaubriand, Balzac, n’ont pas dédaigné d’être des critiques ; et ils savaient qu’ils doublaient leur gloire en l’étant au même degré qu’ils avaient été des inventeurs ! […] Dans une introduction d’un ton leste et incisif, l’auteur de Monsieur de Cupidon nous fait la biographie assez mystérieuse d’un sien oncle fort original, qui avait connu toutes les célébrités de son époque, et qui mourut en lui laissant pour héritage tout un vaste système de métempsycose appliquée.

1086. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Théodore de Banville »

Si, de toute l’école romantique emportée des bibliothèques de l’avenir, par un cataclysme imprévu, il ne restait que Théodore de Banville, il passerait peut-être pour un grand poète ; car il est une poésie générale qui meurt avec toute époque et qu’on impute parfois, quand l’époque n’est plus, au poète qui n’a fait que la réfléchir.

1087. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXI. De Thémiste, orateur de Constantinople, et des panégyriques qu’il composa en l’honneur de six empereurs. »

La nature, dans chaque époque, imprime, pour ainsi dire, le même cachet à toutes les âmes. […] Tels étaient encore dans ces siècles, qui pourtant ne sont pas l’époque la plus brillante dans l’histoire de l’esprit humain, le respect et l’enthousiasme des princes pour les vrais philosophes.

1088. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre II. De la métaphysique poétique » pp. 108-124

Mais, à une époque si avancée de la civilisation, les esprits, même du vulgaire, sont trop détachés des sens, trop spiritualisés par les nombreuses abstractions de nos langues, par l’art de l’écriture, par l’habitude du calcul, pour que nous puissions nous former cette image prodigieuse de la nature passionnée ; nous disons bien ce mot de la bouche, mais nous n’avons rien dans l’esprit. […] C’était avec le commencement des peuples, que Grotius, Selden et Pufendorf devaient commencer leurs systèmes (axiome 106 : les sciences doivent prendre pour point de départ l’époque où commence le sujet dont elles traitent).

1089. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Appendice. — Sur les Jeune France. (Se rapporte à l’article Théophile Gautier, page 280.) »

C’était l’époque des grandes batailles romantiques au théâtre, et il n’était que trop naturel que les amateurs-admirateurs de 1825 cédassent le pas, dans l’action, aux jeunes admirateurs plus effectifs et plus utiles, qui payaient de leur personne.

1090. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Houssaye, Arsène (1815-1896) »

Auguste Desplaces Les Sentiers perdus eurent cela de particulier, que, paraissant à une époque où la poésie se préoccupait outre mesure de couleur et de rythme, ils osèrent se passer de tout cet art savant jusqu’à la raideur.

1091. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre troisième. Histoire. — Chapitre V. Beau côté de l’Histoire moderne. »

L’établissement des Francs dans les Gaules, Charlemagne, les croisades, la chevalerie, une bataille de Bouvines, un combat de Lépante, un Conradin à Naples, un Henri IV en France, un Charles Ier en Angleterre, sont au moins des époques mémorables, des mœurs singulières, des événements fameux, des catastrophes tragiques.

1092. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Littré. »

Le sentiment de ces époques antérieures à l’homme et à l’humanité, plus grandes que notre faible espèce, qui en embrassent et en dépassent les limites, et qui sont mesurées sur un tout autre compas que nos cadrans particuliers, y respire et y règne sans partage avec une sorte de tristesse sereine. […] Voici pourtant quelques beaux passages, du jugement le plus sûr, de la meilleure et de la plus saine des langues : « Hippocrate a fleuri à l’époque la plus brillante de la civilisation grecque, dans ce siècle de Périclès qui a laissé d’immortels souvenirs. […] La guerre aux sophistes faite par Socrate, la guerre à l’esprit de charlatanisme faite par Hippocrate, sont de la même époque et portent le même caractère. » M.  […] Littré le comprend, et quand même il inspirerait peu de goût, a été un rude et courageux effort ; que le nœud qu’y a contracté l’esprit humain n’a pas été une nouure ni une servitude irrémédiable ; que « dans l’histoire déjà si longue et toujours enchaînée que l’on parcourt depuis la civilisation grecque jusqu’à la nôtre, à toutes les époques favorables ou inclémentes (et celle du Moyen-Age a été assurément inclémente), la vertu qui tendait à réparer, à tirer de l’existence antérieure une existence plus développée, s’est exercée avec pleine vigueur » ; qu’en ce sens le Moyen-Age n’a été qu’un stage plus dur pour l’esprit humain ; qu’au sortir de là et à l’époque du quinzième siècle et de la Renaissance, le monde est entré, par le fait même de la réaction et de la lutte, dans un cercle plus large et plus étendu que s’il avait continué mollement de vieillir sans complication et sans accident sous une suite pieuse d’éternels Antonins.

1093. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Madame de Verdelin  »

On peut s’étonner toutefois que quelque Charlotte Corday précoce, quelque Émilie de la bourgeoisie, quelque Pauline plus ou moins déclassée et égarée parmi les précieuses de l’époque, ne soit pas sortie des rangs et ne se soit pas offerte comme amie et comme Antigone au noble poète indigent. […] Il faut se dire, pour s’expliquer ce peu de succès personnel, à une époque déjà si raffinée de la société, que Racine était sans doute, de sa personne, bien bourgeois, bien auteur, bien rangé dans sa classe par ses habitudes, bien peu en rapport avec les tendresses touchantes que son talent mettait en action sur la scène. […] C’est qu’étant lui-même l’expression harmonieuse ou éloquente des joies, des douleurs, des désirs de son époque, il a fait vibrer à un moment la corde cachée qui aurait peut-être toujours sommeillé sans lui ; il a tiré du silence et du néant la note intime et profonde qui n’attendait que lui pour résonner, mais que lui seul pouvait apprendre à l’âme mystérieuse qui la contenait sans le savoir. […] Il vient de parler de ses nobles hôtes, les maîtres du château de Montmorency, le maréchal et la maréchale de Luxembourg : « Je fis alors, dit-il, et bien malgré moi, comme à l’ordinaire, une nouvelle connaissance qui fait encore époque dans mon histoire ; on jugera dans la suite si c’est en bien ou en mal : c’est Mme la marquise de Verdelin, ma voisine, dont le mari venait d’acheter une maison de campagne à Soisy, près de Montmorency. […] Et sur ce que, cependant, l’idée de mariage revenait quelquefois entre eux et était remise sur le tapis pour l’époque qui suivrait l’établissement de ses filles, elle se prémunissait à l’avance et ne se refusait pas ce genre de plaisanterie dont Rousseau a parlé, et qui semble lui avoir dicté son dernier mot sur le « saint du faubourg Saint-Jacques », ainsi qu’elle appelait Margency : « Il a, disait-elle, l’imagination chaude et le cœur froid… Il y a dix ans, je n’avais à craindre que la rivalité de Mme d’Épinav, et elle me faisait moins de peur que celle de sainte Thérèse et de tant d’autres avec qui je n’ai pas l’avantage d’être dans une société intime. » — « Je l’aime assez, disait-elle encore, pour le préférer à tous les plaisirs, mais je ne puis adopter les siens ; je bâille en y pensant. » Ame revenue, détachée, désabusée, redisant dans sa note habituelle : « Mon cher voisin, quoi que je fasse, je suis née pour la peine ; les miennes ne font que changer d’objet » ; ou encore, en ses meilleurs instants : « J’ai éprouvé tant d’ennuis depuis que j’existe, que ce qui m’arrive de bonheur à présent me touche à peine » ; elle continua, tant qu’il lui fut permis, de s’occuper activement de Rousseau, et elle ne fut contente que lorsqu’elle eut trouvé le moyen, au milieu de toutes ses gênes et de ses assujettissements, de l’aller visiter à Motiers-Travers et de lui donner la marque la plus positive d’amitié, un voyage long, pénible, pour passer deux fois vingt-quatre heures auprès de lui.

1094. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier. — Correspondance de Chateaubriand (3e partie) » pp. 161-240

Une femme anonyme, mais évidemment aussi spirituelle que personnellement bien informée, nous écrit ceci : « Monsieur, « En lisant votre dernier Entretien l’idée me vient de vous envoyer un des billets que je possède de M. de Chateaubriand ; il est de l’époque où il écrivait des lettres si affectueuses à madame Récamier. […] L’écriture et la signature, sur du vieux papier jaune et froissé de l’époque, ne laissent aucune hésitation sur l’authenticité. […] Je tiendrai dans ma place un temps raisonnable, pour n’avoir pas l’air d’agir avec légèreté, mais certainement, quand je vous verrai au printemps, nous fixerons l’époque de ma retraite. […] Madame Récamier avait été toute sa vie une grande enchanteresse des yeux et des cœurs ; à cette époque elle fut un grand diplomate, le Talleyrand des femmes, dominant au fond toutes les opinions par une supériorité d’esprit qui ne donnait à chacune de ces opinions que sa valeur, les respectant toutes, n’en partageant aucune que dans la juste mesure de raison qu’elle contenait, et marchant libre, fière et souriante, entre tous les partis, comme une déesse de la Paix qui fait de son salon une terre neutre où l’on ne se rencontre que désarmé. […] XXVIII On sait que la jeunesse légitimiste de Paris voulut, à cette époque, être passée en revue à Londres par le comte de Chambord.

1095. (1860) Cours familier de littérature. X « LVe entretien. L’Arioste (1re partie) » pp. 5-80

C’est un phénomène qu’on n’a pas assez étudié, et qui ne s’explique, selon nous, que par deux causes : d’abord la prodigieuse fécondité morale de la race italienne ; ensuite la sève nouvelle, vigoureuse, étrange, que les lettres grecques et latines, renaissantes et greffées sur la chevalerie chrétienne, donnèrent à cette époque à l’esprit humain en Italie. […] Aussi tous ces ouvrages et tous ces poèmes, où l’écrivain ou le poète se moquent un peu d’eux-mêmes et de leurs lecteurs, ne peuvent être lus avec agrément qu’à deux époques de la vie : ou quand on est très jeune et qu’on n’a pas encore pleuré ; ou quand on est très mûr et qu’on ne pleure plus. […] J’aime à me retracer avec vous le lieu, l’époque, les personnes, au milieu desquels je lus ou j’entendis lire pour la première fois cette féerie du cœur et de l’imagination qu’on appelle le Roland furieux. […] Il aurait fallu un autre cœur que le mien pour refuser une si agréable hospitalité, à une époque de première jeunesse et de première impression où l’on croit aimer tout ce qu’on admire. […] La comtesse Héléna pouvait avoir trente ou trente-quatre ans à cette époque : encore ne pouvait-on lui donner ce nombre d’années que par réflexion, et en voyant à côté d’elle grandir au niveau de sa tête une charmante fille unique de quinze ans, qu’on appelait Thérésina : mince, svelte, élancée, et pour ainsi dire diaphane.

1096. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (1re partie) » pp. 413-491

II Moi-même, n’ayant à cette époque d’autre littérature et d’autre opinion que l’opinion et la littérature banales, j’achetai à Paris, chez le grand Didot, la fameuse édition en douze volumes des déclamations classiques, appelées tragédies, une édition aussi de la vie amoureuse d’Alfieri, et je m’obstinai à m’en nourrir pendant trois ou quatre ans comme d’un évangile tragique, malgré le mortel ennui que je prenais candidement alors pour un effet du génie. […] La médiocrité et le goût barbare des constructions ; la ridicule et mesquine magnificence du petit nombre de maisons qui prétendent au titre de palais ; la saleté et le gothique des églises ; l’architecture vandale des théâtres de cette époque, et tant, tant, tant d’objets déplaisants qui, tous les jours, passaient devant mes yeux, sans compter le plus amer de tous, ces visages plâtrés de femmes si laides et si sottement attifées ; tout cela n’était pas assez racheté à mes yeux par le grand nombre et la beauté des jardins, l’éclat et l’élégance des promenades où se portait le beau monde, le goût, la richesse et la foule innombrable des équipages, la sublime façade du Louvre, la multitude des spectacles, bons pour la plupart, et toutes les choses du même genre. […] J’attrapai ainsi la fin de novembre, époque à laquelle l’ambassadeur quitta Fontainebleau et revint habiter Paris. […] Telle fut la flamme qui, à dater de cette époque, vint insensiblement se placer à la tête de toutes mes affections, de toutes mes pensées, et qui désormais ne peut s’éteindre qu’avec ma vie. […] Instruite sans pédantisme, passionnée pour les arts sans nulle affectation, Louise de Stolberg semblait faite pour régner avec grâce sur l’aristocratie intellectuelle de son époque, dans les plus pures régions de la société polie.

1097. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre troisième »

Enfin, à toutes les époques, les caractères reçoivent, du temps et des événements, des nuances qui rajeunissent les mêmes types, et la galerie de la Bruyère pouvait s’enrichir de quelques portraits de plus. […] Est-ce, comme on l’a dit, parce que la vérité historique n’était pas possible à une époque où la liberté manquait à l’historien ? […] Ce qu’on étudie avec cette persévérance et cette suite, ce ne sont ni les mœurs d’une époque ni l’homme d’un jour, c’est le cœur humain. […] Ce régime, d’une application difficile et délicate en tout temps, l’est devenu plus encore à notre époque, malgré l’autorité et la gloire du succès pendant trois siècles. […] Un homme d’esprit de la fin du siècle a dit le mot de l’époque : « Je ne suis point touché de ce qui est vrai, mais de ce qui est neuf35. » En revanche, si ces définitions omettent le vrai, elles nomment ou contiennent implicitement le plaisir.

1098. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Conclusions »

Les époques troublées et misérables sont celles où naît le mysticisme ; la plupart des personnes qui ont éprouvé ce sentiment ont souffert de névroses épileptoïdes ; le plus grand nombre étaient des gens chez qui la sensibilité avait supprimé presque toutes les autres opérations intellectuelles ; il en est qui conservèrent dans cette sorte d’aliénation, l’empire de leur intelligence spéculative ; par contre, il ne me revient pas qu’il y ait eu des mystiques bons observateurs, et qui surent voir d’abord, analyser et concevoir ce monde qu’ils ont désespéré de comprendre et d’aimer. […] À mesure que l’histoire s’est faite plus artistique, qu’écrite par des voyants, elle a puisé davantage chez les poètes, les dramaturges, les romanciers, les mémorialistes, les époques passées nous sont apparues. […] Si les littérateurs que nous avons étudiés ont trouvé faveur auprès de lui entre ces deux époques, et malgré l’activité artistique qui s’y manifesta, c’est qu’il y avait et qu’il y a parmi les acheteurs et les amateurs de livres, des gens que ces littérateurs ont satisfait soit autant et de même que les auteurs français contemporains, soit autrement. […] Cet auteur presque parfait mais moyen, a rencontré de vives amitiés parmi les écrivains de l’époque impériale ; il n’a guère influé sur aucun d’eux, sauf, peut-être Prosper Mérimée, auquel il put apprendre dans une certaine mesure à modifier la forme de sa nouvelle, à passer du récit compassé de ses premières œuvres à une ordonnance plus libre. […] Peu à peu dans cette école de poètes et de prosateurs, le souci de l’expression l’emporta sur celui de la chose à exprimer et comme la passion est un élément de trouble dans la belle ordonnance des périodes par les heurts et les interjections qu’elle affecte, comme les phrases parfaites s’appliquent mieux à des idées pures, mieux encore à de simples perceptions de couleur et de forme, les poètes et une partie des romanciers de l’époque impériale furent impassibles et descriptifs, d’un mérite artistique intellectuel et surtout pictural extrême, d’une grande science et d’une profonde observation, mais de peu de prise sur le public qui continuait à réclamer des œuvres moins achevées et plus frémissantes de passions humaines.

1099. (1894) Dégénérescence. Fin de siècle, le mysticisme. L’égotisme, le réalisme, le vingtième siècle

C’est en eux qu’une époque puise son idéal de morale et de beauté. […] Nous avons maintenant à rechercher comment ces maladies de l’époque sont nées, et pourquoi elles apparaissent si extraordinairement fréquentes justement en notre temps. […] La maladie de l’époque se manifeste encore par beaucoup d’autres phénomènes qui peuvent être mesurés et comptés, c’est-à-dire qui sont susceptibles d’être constatés scientifiquement. […] Les mots à la mode sont piqués çà et là dans l’œuvre sans y avoir leur racine, les tendances de l’époque y apparaissent seulement comme un badigeon extérieur. C’est un phénomène observé dans tout délire, qu’il reçoit sa coloration particulière du degré de culture du malade et des idées dominantes de l’époque dans laquelle il vit.

1100. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers » pp. 81-176

le livre du siècle, peut-être le livre de la postérité sur notre époque ! […] Bonaparte paraissait d’autant plus grand à cette époque qu’il n’avait à se mesurer avec personne. […] Thiers, quoique intéressante et sagement pensée, ne se distingue par aucune qualité de composition ou de style de tout ce qui a été écrit sur cette grande époque. […] Mais se sauver seul, en laissant au-delà des mers ceux qu’il avait ainsi compromis, était une cruauté, une lâcheté même, prétendaient certains détracteurs ; car il en a toujours eu, et très près de sa personne, même aux époques les plus brillantes de sa carrière ! […] Pitt essuyait à cette époque, Napoléon devait l’essuyer plus tard, et avec une grandeur d’injustice et de passion proportionnée à la grandeur de son génie et de sa destinée.

1101. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (1re partie) » pp. 313-408

« Les seules distractions de Joseph, à cette époque, étaient quelques promenades, à la nuit tombante, sur un boulevard extérieur près duquel il demeurait. […] À une époque d’ailleurs où les haines s’apaisent, où les partis se fondent, et où toutes les opinions honnêtes se réconcilient dans une volonté plus éclairée du bien, les réminiscences de colère et d’aigreur seraient funestes et coupables, si elles n’étaient avant tout insignifiantes. […] J’étais plus âgé et moins lettré que vous ; ma poésie ne dépassait pas, dans son ambition, les années où je n’avais qu’elle pour occuper et pour évaporer mes longs loisirs ; mais vous vous en souvenez, et, je l’avoue, je rêvais autre chose dès cette époque que des mots cadencés et des soupirs mélodieux ! […] Bayle a remarqué que chaque auteur a volontiers son époque favorite, son moment plus favorable que les autres, et qui n’est pas toujours très éloigné de son coup d’essai. […] Aussi la plupart des chants que les âmes malades nous ont transmis sur elles-mêmes datent-ils déjà de l’époque de convalescence ; nous croyons le poète au plus mal, tandis que souvent il touche à sa guérison ; c’est comme le bruit que fait dans la plaine l’arme du chasseur, et qui ne nous arrive qu’un peu de temps après que le coup a porté.

1102. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIIIe entretien. Balzac et ses œuvres (3e partie) » pp. 433-527

Néanmoins, en 1819, époque à laquelle ce drame commence, il s’y trouvait une pauvre jeune fille. […] À l’époque où cette histoire commence, les internes étaient au nombre de sept. […] Peut-être l’insouciante générosité que mit à se laisser attraper le père Goriot, qui vers cette époque était respectueusement nommé M.  […] Il s’était établi rue de la Jussienne, près de la Halle-aux-Blés, et avait eu le gros bon sens d’accepter la présidence de sa section, afin de faire protéger son commerce par les personnages les plus influents de cette dangereuse époque. […] Lepître avait eu des relations avec mon père à l’époque où des royalistes dévoués essayèrent d’enlever au Temple la reine Marie-Antoinette ; ils avaient renouvelé connaissance ; M. 

1103. (1879) À propos de « l’Assommoir »

À la même époque, il lut le curieux livre du docteur Lucas : l’Hérédité naturelle, Les découvertes des physiologistes venaient à l’appui de ses propres observations ; car, à Aix, où il a été élevé, M.  […] A l’époque où il fit ce plan, M.  […] Des vitraux garnissent les fenêtres ; il y en a de toutes les époques : du XIIe au XVIIe siècle. […] Et qu’on reconnaisse enfin au romancier le droit de laisser l’indignation parler un langage indigné, de montrer à son époque l’image de ses vices, de faire saiguer aux yeux de tous des plaies qu’on ne guérit pas, parce qu’on les a trop cachées ! […] Ainsi, dans une autre époque, les marquis de Louis XIV voulaient rosser Molière, parce qu’ils se reconnaissaient dans ses satires.

1104. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre cinquième. Le réalisme. — Le trivialisme et les moyens d’y échapper. »

D’habitude, les diverses époques de notre vie se trouvent dominées par tel ou tel sentiment qui leur communique leur caractère distinctif — et saillant. […] Ce qui est certain, c’est que, pour l’écrivain par exemple, telle ou telle époque de sa vie vient se suspendre tout entière à tel ou tel ouvrage qu’il composait pendant cette époque. […] Les Indiens, pour se rappeler les grands événements, faisaient des nœuds à une corde, et ces nœuds disposés de mille manières rappelaient par association un passé lointain ; en nous aussi se trouvent des points où tout vient se rattacher et se nouer, de telle sorte qu’il nous suffit de suivre des yeux ces séries de nœuds intérieurs pour retrouver et revoir l’une après l’autre toutes les époques de notre vie. […] Je me défie d’un poète qui ne voit ni caractère, ni gloire dans son époque, et fait rouler son âme cinq cents ans en arrière derrière fossés et pont-levis, dans la cour d’un vieux château, pour y chanter quelque noir chef50. » IV — Déplacement dans l’espace et invention des milieux. […] La caractéristique des époques dites classiques (surtout au siècle de Louis XIV), c’est qu’on y craignait le trivial encore plus qu’on n’y aimait le réel ; or il faut aimer le réel assez pour le transfigurer et le dégager du trivial.

1105. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre sixième. Le roman psychologique et sociologique. »

Je la mis dans la fosse auprès d’elle, avec une petite croix57. » Il n’y a qu a compliquer ainsi cette étude des actions et réactions entre les caractères, le milieu, l’époque, l’état social, pour arriver aux grands romans de Stendhal. […] Nous jugeons des époques passées par leurs grands hommes. […] A notre époque, Raphaël peignant ses chameaux serait forcé de leur donner l’exactitude des lions de Rosa Bonheur. […] Elles sont légères, somme toute, les modifications apportées par les écoles et les époques ; ce qui les distingue les unes des autres, c’est avant tout leurs exagérations, et c’est précisément ce qui dans l’œuvre ne comptera pas. […] Tandis qu’à notre époque des romanciers ont pris pour objet d’étude la société populaire ou bourgeoise, et que leurs œuvres roulent en partie sur des grossièretés, d’autres ont peint avec amour la société mondaine.C’est sans doute un objet d’étude légitime comme tous les autres.

1106. (1875) Premiers lundis. Tome III « Armand Carrel. Son duel avec Laborie »

Son opposition de vingt ans n’était pas moins courageuse que celle de trente : les actes venaient dès lors au secours des paroles, et il n’a pas tenu aux gens du roi et aux Conseils de guerre de l’époque d’épargner aux parquets et aux Commissions militaires de la nouvelle monarchie la besogne qu’il leur a donnée.

1107. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Autran, Joseph (1813-1877) »

Ponsard en fut le héros et Lucrèce le signal… J’eus, vers cette époque, l’honneur de rencontrer M. 

1108. (1887) Discours et conférences « Discours prononcé au nom de l’Académie des inscriptions et belles-lettres aux funérailles de M. .Villemain »

Ministre de l’instruction publique à une époque où la culture élevée de l’esprit était tenue par la politique, non pour un amusement frivole d’aristocrates oisifs, mais pour un intérêt public, M. 

1109. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XX. Conclusion » pp. 499-500

Tel genre ne peut fleurir dans l’époque actuelle.

1110. (1825) Racine et Shaskpeare, n° II pp. -103

Le célèbre Johnson chez les Anglais, il y a plus d’un demi-siècle ; vers la même époque le poète Métastase chez les Italiens ; et de nos jours encore M. le marquis Visconti ; M.  […] J’ai ouï parler, à cette époque, de plusieurs petites conspirations. […] Je lui demande quel âge à son fils, et je calcule à part moi à quelle époque ce fils paraîtra dans le monde et fera l’opinion. […] Schlegel critique les plus beaux endroits de Phèdre ; et de même que l’Allemand de nos jours, l’Écossais de cette époque donnait le divin Shakspeare comme le vrai modèle du goût. […] À cette époque, la figure colossale de Napoléon aura fait oublier pour quelques siècles les César, les Frédéric, etc.

1111. (1772) Discours sur le progrès des lettres en France pp. 2-190

C’est à cette époque mémorable, que la lumière succéda pour toujours aux ténèbres, & que l’étude des Lettres produisit enfin des hommes. […] Tout annonçoit l’époque la plus brillante de la Littérature. […] C’est ainsi que la décadence du goût suivit le beau siècle d’Auguste ; c’est ainsi que le nôtre touche peut-être de près à l’époque humiliante de l’ignorance des premiers siècles. […]   Telle est, dans ce siècle, l’époque où les Lettres commencèrent à languir parmi nous. […] Ce suffrage public, dont l’époque est encore récente, seroit d’un prix inestimable, s’il n’étoit accordé qu’au grand mérite.

1112. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Joseph de Maistre »

ou bien M. de Maistre eut-il en effet, lui aussi, une époque de tâtonnement et d’apprentissage, une jeunesse ? […] M. de Maistre publia successivement vers cette époque : 1° Des Lettres d’un Royaliste savoisien à ses Compatriotes. […] le Ciel ne t’a rien refusé, puisqu’il t’a donné de vivre sans tache et de mourir à propos. — Il n’a point vu, madame, les derniers crimes… Il n’a point vu en Piémont la trahison… Il n’a point vu l’auguste Clotilde sous l’habit du deuil et de la pénitence… » Mais voici le finale qui s’élève, se détache en pleine originalité, et devient enfin et tout à fait du grand de Maistre : « Il faut avoir le courage de l’avouer, madame, longtemps nous n’avons point compris la Révolution dont nous sommes les témoins, longtemps nous l’avons prise pour un événement ; nous étions dans l’erreur : c’est une époque, et malheur aux générations qui assistent aux époques du monde ! […] Louis XVIII, l’auguste auteur, piqué dans sa plus belle page, en voulut à M. de Maistre, auquel autrefois il avait écrit une lettre de compliments à l’époque des Considérations. […] C’est à cette époque surtout que tout espoir nous est défendu.

1113. (1923) L’art du théâtre pp. 5-212

Aux yeux de la postérité, c’est l’écrivain seul qui subsiste, puisque les conditions matérielles de l’art dramatique varient sans cesse avec l’époque. […] Le bonheur de se trouver d’accord avec son époque, avec le public qui sera le sien. […] Tel fut et tel est le théâtre ; telle fut à toutes les époques, sous tous les ciels, et telle doit être aujourd’hui ce que j’appelle la poésie de théâtre sans laquelle le théâtre ne sera plus ce qu’il a toujours été. […] Le chef-d’œuvre naît très rarement isolé aux époques qui possèdent une unité de culture — et ce sont les grandes époques, celles qui produisent les chefs-d’œuvre, sauf exception. […] Jamais peut-être à aucune époque passée, même les plus fécondes, on ne fit dans l’art dramatique, comme d’ailleurs dans tous les arts, une aussi grande dépense de talent.

1114. (1940) Quatre études pp. -154

Un rebelle, un maudit, si différent de ceux de sa race et de son milieu, qu’il avait été un objet de scandale à toutes les époques de sa vie, et jusque dans les circonstances de sa mort. […] Il y a, dans chaque poète de cette époque, un acteur : en même temps qu’il chante son amour ou sa peine, il regarde du coin de l’œil les spectateurs. […] Il y a de vastes époques stériles, des déserts sans oasis, où l’on espère vainement rencontrer quelque source. […] La poésie, non seulement symbole, mais réalité d’une époque encore divine. […] De sorte qu’après l’époque la plus stérile, la plus ingrate, et la plus désespérée, commençait, et se prolongeait, et durait, par un perpétuel renouveau, l’époque du lyrisme ressuscité, du lyrisme triomphant.

1115. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — N — Nodier, Charles (1780-1844) »

Cette incurie de sa richesse le rendait le Diderot , mais le Diderot sans charlatanisme et sans déclamation de notre époque.

1116. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — T — Tailhade, Laurent (1854-1919) »

Henri de Régnier À la bassesse d’une époque, comme est la nôtre, contraire à tout propos de faste et d’élégance, M. 

1117. (1887) Discours et conférences « Discours à la conférence Scientia : Banquet en l’honneur de M. Berthelot »

Dès cette époque, nous étions des nazirs, des gens qui ont fait un vœu, les hommes-liges de la vérité.

1118. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 127-131

Ses Ouvrages forment une époque dans le développement des connoissances de l’esprit humain.

1119. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 94-98

D'un autre côté, il apprécie, avec autant de justesse que de précision, les Ecrivains qui ont fait époque, soit en perfectionnant les Arts, soit en étendant leurs limites.

1120. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre troisième. Histoire. — Chapitre II. Causes générales qui ont empêché les écrivains modernes de réussir dans l’histoire. — Première cause : beautés des sujets antiques. »

Bien que les peuples modernes présentent, comme nous le dirons bientôt, quelques époques intéressantes, quelques règnes fameux, quelques portraits brillants, quelques actions éclatantes, cependant il faut convenir qu’ils ne fournissent pas à l’historien cet ensemble de choses, cette hauteur de leçons qui font de l’histoire ancienne un tout complet et une peinture achevée.

1121. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Édouard Fleury »

Son livre, comme son titre l’indique, est l’histoire, jour par jour, pendant l’époque terrible, de la classe la moins nombreuse et la plus élevée de cette société que MM. de Goncourt ont cru si légèrement saisir et reproduire dans sa confuse et profonde complexité, et cette histoire du Sacerdoce, spécialisée et restreinte à un seul département français, occupe deux volumes de cinq cents pages d’un très grand format.

1122. (1914) Une année de critique

Non que les chroniqueurs de notre époque me paraissent avoir beaucoup moins de talent que leurs devanciers. […] Les théoriciens de l’époque nous apprennent que l’on se proposait de réintégrer l’idée dans l’art. […] Autant qu’à toute autre époque, on y trouve des esprits opposés, des âmes effrénées, la confusion, le désordre et parfois le scandale. […] L’époque où il était né favorisait ses appétits mesurés et nombreux. […] Notre époque démocratique se fait donc une étrange idée de la noblesse.

1123. (1925) Les écrivains. Première série (1884-1894)

Fils d’un général d’Empire, Léopold-Sigisbert, comte Hugo, sa vue d’enfant fut frappée de tout l’éclat militaire de cette époque. […] Les grandes époques n’avaient pas de critiques, elles se contentaient d’avoir des artistes. […] Taine qui l’estimait à l’égal des grands esprits les plus fortement trempés de cette époque. […] Elles ont été le résumé des curiosités, la forme d’esprit d’une époque : c’est déjà beaucoup. Mais les époques se valent.

1124. (1894) La bataille littéraire. Septième série (1893) pp. -307

À une époque très ancienne et dans le coin le plus reculé de certaine province chinoise que les géographes ont oubliée sur les cartes, il arriva qu’une maisonnette fut détruite par un incendie. […] Henry Houssaye excelle à débrouiller les intrigues des congrès, à préciser les mouvements stratégiques, à exposer les différents « états d’âme », comme on dit aujourd’hui, de la population parisienne à cette époque. […] Le temps ne fut pas long, et c’est de cette époque que date son entrée en loge maçonnique. […] Une comète immense, un monstre errant dans les abîmes célestes, doit traverser la terre à une époque lointaine qu’heureusement M.  […] Flammarion reproduit les récit des terreurs causées par la crainte de la fin du monde à toutes les époques.

1125. (1930) Les livres du Temps. Troisième série pp. 1-288

Benda, mais je lui confesse que depuis cette époque, hélas ! […] Et quoiqu’en prose, avec des marques d’époque, c’est quand même un peu mieux écrit que du Dumas père. […] Tolstoï eut à cette époque, en France et un peu partout, une éclatante fortune. […] Il n’était pas homme à reculer devant une audace, d’ailleurs facile à l’époque naturaliste. […] Paul Bourget possédait alors toutes les qualités requises pour être le grand critique de notre époque.

1126. (1858) Du roman et du théâtre contemporains et de leur influence sur les mœurs (2e éd.)

Je n’ai point fait, je le sais très bien, un tableau complet de la littérature à notre époque ; je ne l’ai point fait, et ne l’ai point voulu faire. […] La littérature française depuis trente ans n’a-t-elle été ni autre, ni pire qu’aux époques précédentes ? […] Si cela est vrai aux époques de calme, quand les sociétés vivent de leur vie régulière et se développent dans des conditions normales, cela l’est bien plus encore aux époques de crise et de transition, ou à certains moments d’inquiétude, de mobilité aventureuse et de défaillance morale qui se rencontrent parfois dans la vie des nations. […] Dans un livre qui date à peu près de la même époque que Lélia, dans l’Ahasverus de M.  […] Robert Macaire a eu de notre temps la popularité dont, à une autre époque, avait joui Figaro.

1127. (1880) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Première série pp. 1-336

Dès cette époque, la troupe n’était pas seulement à l’abri du besoin ; elle était riche. […] Et n’est-ce pas précisément, puisqu’aussi bien il s’agit de la littérature de l’époque impériale, ce que Royer-Collard appelait avec force « dériver l’ignorance de sa source la plus élevée » ? […] Je conviens qu’un trait de satire fait bien dans le discours et qu’il relève agréablement la monotonie d’une étude sur la littérature de l’époque impériale. […] La conclusion, c’est que cette littérature de l’époque impériale ne mérite ni l’oubli, ni le superbe dédain de la critique et de l’histoire. […] Ainsi jadis les spectateurs de la Révolution croyaient voir commencer sous leurs yeux une époque nouvelle de l’histoire du monde.

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