/ 1875
1156. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — III. (Fin.) » pp. 246-261

Duclos s’y singularise par une orthographe particulière qu’il prétend soustraire aux irrégularités de l’usage et rendre toute conforme aux sons.

1157. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Geoffroy de Villehardouin. — II. (Fin.) » pp. 398-412

Ils n’estiment rien que la vaillance, dit toujours Nicétas des Français d’alors et de ceux qu’il appelle Barbares, mais c’est la vaillance séparée des autres vertus ; ils la revendiquent pour eux comme infuse par nature et corroborée par un long usage, et ne souffrent qu’aucune autre nation puisse se comparer à eux en ces choses de guerre ; d’ailleurs étrangers aux Muses et n’ayant aucun commerce avec les Grâces, ils sont d’un naturel farouche, et ont la colère plus prompte que la parole.

1158. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — I » pp. 56-70

Il en tire, selon son habitude, l’occasion d’une petite moralité à l’usage des capitaines ses compagnons qui lui feront l’honneur de lire sa vie : l’important, c’est de chercher dès ses débuts à montrer ce qu’on vaut et ce qu’on peut faire ; ainsi les grands et chefs vous connaissent, les soldats vous désirent et veulent être avec vous, et par ce moyen on a toute chance d’être employé : « Car c’est le plus grand dépit qu’un homme de bon cœur puisse avoir, lorsque les autres prennent les charges d’exécuter les entreprises, et cependant il mange la poule du bonhomme auprès du feu. » M. de Lautrec, à la première occasion, donne à Montluc une compagnie ; celui-ci n’avait guère que vingt ans.

1159. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — III » pp. 90-104

La petite exhortation que, dans ses mémoires, Montluc adresse ensuite, selon son usage, aux gouverneurs et capitaines qui le liront, est piquante de verve et brillante de belle humeur ; il ne veut point qu’ils cherchent des prétextes autour d’eux, qu’ils se déchargent de leur reddition sur les bourgeois qui les y ont forcés, ou sur leurs soldats qui étaient à bout de combattre : Ce ne sont qu’excuses, ce ne sont qu’excuses, croyez-moi : ce qui vous force, c’est votre peu d’expérience.

1160. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Lettres sur l’éducation des filles, par Mme de Maintenon » pp. 105-120

Felicia Hemans, a composé elle-même quelques chants animés d’une vive piété à l’usage de l’enfance.

1161. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Mémoires et journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guettée. — II » pp. 263-279

Telle n’est pas la doctrine de Bossuet, qui remontre dès le premier jour à l’Assemblée qu’elle a tout pouvoir de s’occuper des questions de doctrine, et qu’il est séant qu’elle le fasse ; que c’est l’usage, la tradition constante, « et que jamais les évêques ne se sont trouvés réunis pour quelque sujet que ce fût, pour la conservation des églises, pour le sacre des évêques leurs confrères, ou dans tout autre cas, qu’ils n’en aient pris occasion de traiter des affaires spirituelles de leur ministère, suivant les occurrences et les besoins présents », L’Assemblée, dès ce moment où Bossuet a parlé, et sous l’impression de cette grave remontrance, se trouve conduite, bon gré mal gré, à faire acte de concile, et tous les évêques, même ceux qui diffèrent avec lui d’opinion, lui accordent la louange d’avoir parlé comme un apôtre et un Père de l’Église.

1162. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Appendice » pp. 453-463

D’autres enfin n’ont pas eu du tout d’anathème : il ont osé soutenir en moralistes hardis, mais surtout en poètes, qu’il faut dans ce monde nouveau, où la nature domptée par la science devient la première collaboratrice de l’homme, marcher résolûment à la fortune pour en faire un large et magnifique usage, conquérir l’or pour le répandre ensuite d’une main souveraine, pour fertiliser en tous sens et renouveler la face de la terre.

1163. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — I — Vauvenargues et Fauris de Saint-Vincens » pp. 1-16

Il continue et prolonge cette conversation par lettres avec Saint-Vincens, sur les sentiments de différente sorte et les troubles qui agitent une âme à la vue des derniers moments : On ne saurait tracer d’image plus sensible que celle que tu fais d’un homme agonisant, qui a vécu dans les plaisirs, persuadé de leur innocence par la liberté, la durée, ou la douceur de leur usage, et qui est rappelé tout d’un coup aux préjugés de son éducation, et ramené à la foi, par le sentiment de sa fin, par la terreur de l’avenir, par le danger de ne pas croire, par les pleurs qui coulent sur lui.

1164. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Biot. Mélanges scientifiques et littéraires, (suite et fin.) »

Il est d’usage, à l’Académie française, que le directeur ou président en exercice, lorsqu’un membre meurt, préside également la séance et prononce le discours solennel le jour où ce membre est remplacé et où l’on reçoit son successeur : le mort, tout naturellement, y est fort célébré.

1165. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français (suite et fin.) »

mais de la vérité, du comique même ; l’Architriclin, le Vatel au désespoir quand il voit que le vin manque ; Jésus averti tout bas par sa mère et réparant le mal sans bruit ; l’étonnement du maître d’hôtel quand il goûte ce vin de la fin qui se trouve le meilleur, tandis que, selon l’usage des noces de ce temps-là (et, m’assure-t-on, de quelques noces de campagne encore aujourd’hui), on donnait le meilleur vin au premier service, et le moins bon au dessert ; car il suffit que cela gratte, quand les palais, une fois, sont échauffés. — Ces noces de Cana seraient tout un tableau flamand, s’il y avait de la couleur.

1166. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. » pp. 31-51

Les officiers sont impuissants à maintenir l’ordre ; plusieurs y périssent : dans ces cohues d’étrangers de toute nation, il n’y avait, nous dit Polybe, que le mot frappe qui fût entendu de tous indistinctement et qui semblât de toute langue, parce qu’il était sans cesse en usage et pratiqué.

1167. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte. »

Cervantes, quoique malade de la fièvre, insista pour combattre et fut placé au poste le plus périlleux avec douze soldats d’élite ; il y déploya un grand courage dont il porta les marques jusqu’à la mort ; car, sans compter deux coups d’arquebuse dans la poitrine, il en reçut un autre qui l’estropia et le priva de l’usage de la main gauche pour le reste de sa vie.

1168. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, par M. J. Zeller. Et, à ce propos, du discours sur l’histoire universelle. (suite.) »

S’il attaque l’Hérésie par tant de moyens et plus encore que n’ont jamais fait ses prédécesseurs, ce n’est pas qu’il craigne pour son trône ; tout est tranquille à ses pieds, et ses armes sont redoutées par toute la terre : mais c’est qu’il aime ses peuples, et que, se voyant élevé par la main de Dieu à une puissance que rien ne peut égaler dans l’univers, il n’en connaît point de plus bel usage que de la faire servir à guérir les plaies de l’Église. » Erreur, abus de la parole et de l’éloquence !

1169. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « La civilisation et la démocratie française. Deux conférences par M. Ch. Duveyrier »

Il est bientôt entré dans la circulation ; on l’emploie sans cesse, et l’on peut dire même qu’on en ferait un usage voisin de l’abus, si l’on s’en payait trop aisément et si l’on ne prenait le soin d’y regarder de temps en temps pour sortir du vague et se bien définir le sens et le but.

1170. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les cinq derniers mois de la vie de Racine »

Cet article et le suivant ont été reproduits dans l’Appendice du tome VI de mon Port-Royal (dernière édition) ; mais, composés primitivement et détachés pour l’usage de tous mes lecteurs du lundi, je crois devoir les insérer ici comme à leur place naturelle.

1171. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires du comte Beugnot »

La scène de Gand, où l’avantageux maréchal fait étalage de stratégie à l’usage des gens de cour, où il s’applique surtout à démontrer au grand aumônier, le cardinal de Périgord, qui l’écoute révérencieusement en ayant l’air de mordre la corne de son chapeau, les divers plans de campagne possibles et comme quoi, dans toutes les combinaisons, Napoléon ne peut être que battu, — cette petite scène à trois personnages, le suffisant, le crédule, et le sceptique qui se rit de tous deux, — est une délicieuse comédie de cabinet qui vaut tout ce que les anciens Mémoires du bon temps nous ont laissé de plus exquis en ce genre.

1172. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XVII. De la littérature allemande » pp. 339-365

La tragédie de Goetz de Berlichingen, et quelques romans connus, sont remplis de ces souvenirs de chevalerie si piquants pour l’imagination, et dont les Allemands savent faire un usage intéressant et varié.

1173. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre VII. De l’esprit de parti. »

Il y a un moment de jouissance dans toutes les passions tumultueuses, c’est le délire qui agite l’existence, et donne au moral l’espèce de plaisir que les enfants éprouvent dans les jeux qui les enivrent de mouvement et de fatigue : l’esprit de parti peut très bien suppléer à l’usage des liqueurs fortes ; et si le petit nombre se dérobe à la vie par l’élévation de la pensée, la foule lui échappe par tous les genres d’ivresse ; mais quand l’égarement a cessé, l’homme qui se réveille de l’esprit de parti, est le plus infortuné des êtres.

1174. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre X. La commedia dell’arte en France pendant la jeunesse de Molière » pp. 160-190

Suivant l’usage universitaire, on a fait imprimer un placard qui a été distribué avec le livre du ballet et qui est ainsi conçu : LES THÈSES DE SCARAMOUCHE   « Al gran Scaramuzza Memeo Squaquera, de civitate Partenopensi, figlio de Tammero e Catammero Cocumero Cetrulo, et de madama Papera Trentova, e parente de messere unze, dunze e trinze e quiriquarinze, e de nacchete, stacchete conta cadece ; et de Tabuna, Tabella, Casella, Pagana, Zurfana, Minoffa, Catoffa, e dece Minece, etc.

1175. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre VII. L’antinomie pédagogique » pp. 135-157

C’est une entreprise sur quelque chose d’inconnu et d’inconnaissable ; un nivellement par principe pour rendre l’être nouveau, quel qu’il soit, conforme aux habitudes et aux usages régnants.

1176. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXIV. Arrestation et procès de Jésus. »

Il était d’usage à propos de la fête de Pâque de délivrer au peuple un prisonnier.

1177. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre II : L’intelligence »

L’usage le plus répandu consiste, comme on le sait, à répartir les phénomènes intellectuels en classes, à séparer ceux qui diffèrent, à grouper ensemble ceux de même nature et à leur imposer un nom commun et à les attribuer à une même cause ; c’est ainsi qu’on en est arrivé à distinguer ces divers aspects de l’intelligence qu’on appelle jugement, raisonnement, abstraction, perception, etc.

1178. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Madame Récamier. » pp. 121-137

Je me garderai bien d’essayer ici de donner d’elle une biographie ; les femmes ne devraient jamais avoir de biographie, vilain mot à l’usage des hommes, et qui sent son étude et sa recherche.

1179. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Poésies nouvelles de M. Alfred de Musset. (Bibliothèque Charpentier, 1850.) » pp. 294-310

M. de Lamartine les lui tourne en leçon ; il se cite lui-même pour exemple, et il finit, selon l’usage, par se proposer insensiblement pour modèle.

1180. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Marie-Antoinette. (Notice du comte de La Marck.) » pp. 330-346

Elle avait un grand besoin d’amitié et d’intimité, et elle chercha aussitôt quelque personne avec qui elle pût se lier comme il n’est point d’usage à la Cour.

1181. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le cardinal de Retz. (Mémoires, édition Champollion.) » pp. 238-254

Il était trop aisé d’en tirer parti contre lui à la Cour et de le présenter comme traître et relaps, au moment même où il ne faisait qu’employer les moyens à son usage pour un but caché qui valait mieux.

1182. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Pensées de Pascal. Édition nouvelle avec notes et commentaires, par M. E. Havet. » pp. 523-539

Un peu plus loin, s’adressant à la raison et l’apostrophant, il lui demande : « Jusques à quand serai-je dans ce doute, qui est une espèce de tourment, et qui est pourtant le seul usage que je puisse faire de la raison ? 

1183. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Monsieur Walckenaer. » pp. 165-181

Un Rapport sur les manuscrits inédits de Fréret abonde en recherches neuves, selon son usage ; ce genre de labeur sur tout sujet lui semblait facile et était comme passé dans sa nature.

1184. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Despréaux, avec le plus grand nombre des écrivains de son temps. » pp. 307-333

Un auteur ; dans un ouvrage sérieux, mais que plusieurs anecdotes hasardées déparent, prétend que l’antipathie de Despréaux pour les dindons apportés en France par les jésuites, vint de ce qu’un de ces animaux avoit blessé ce poëte, encore enfant, dans une partie très-sensible, & si cruellement qu’il ne put en faire usage de sa vie.

1185. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre III. Le cerveau chez l’homme »

Selon moi, l’idiot est celui dont le cerveau contiendrait le moins de phosphore ; le fou, celui dont le cerveau en contiendrait trop ; l’homme ordinaire, celui qui en aurait peu ; l’homme de génie, celui dont la cervelle en serait saturée à un degré convenable. » En Allemagne, Feurbach avait pris tellement au sérieux cette théorie du phosphore, qu’il n’hésitait pas à signaler comme une cause de l’affaiblissement des caractères en Europe l’usage exagéré de la pomme de terre, qui contient peu de phosphore.

1186. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre douzième. »

Le sujet qu’a pris ici La Fontaine, est plutôt un cadre heureux et piquant, pour faire une satire de l’humanité, qu’un texte d’où il puisse sortir naturellement des vérités bien utiles : aussi l’auteur italien que La Fontaine imite dans cet Apologue, en a-t-il fait un usage purement satirique.

1187. (1899) Psychologie des titres (article de la Revue des Revues) pp. 595-606

Toutes les métaphores furent remises en usage et en honneur.

1188. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre premier. Considérations préliminaires » pp. 17-40

Le père de famille est revenu au milieu des siens ; il est revenu, envoyé par la Providence, pour consacrer nos droits, pour nous remettre en pleine possession de tant de belles prérogatives que nous étions menacés de perdre, à cause du mauvais usage que nous en avions fait ; dès lors nous avons pu jouir sans trouble d’une émancipation de fait, qui est devenue, par cette haute investiture, une émancipation légale.

1189. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVIII et dernier. Du genre actuel des éloges parmi nous ; si l’éloquence leur convient, et quel genre d’éloquence. »

En suivant l’histoire des éloges, et cette branche de la littérature, depuis les Égyptiens et les Grecs jusqu’à nous, on a pu remarquer les changements que ce genre a éprouvés, les temps où il était le plus commun, l’usage ou l’abus qu’on en a fait, et les différentes formes que la politique, ou la morale, ou la bassesse, ou le génie lui ont données.

1190. (1856) Articles du Figaro (1855-1856) pp. 2-6

Au lieu de jeter au panier la défroque de l’art classique, il la retourna pour son usage, et la toge devint un pourpoint. […] De peur de ressembler à tout le monde, et pour être originaux coûte que coûte, ils ont retourné leur habit et se sont fait une langue pour leur usage particulier. […] Dans ce siècle où l’on n’a guère plus d’aïeux, mais où l’usage n’interdit pas de s’en fabriquer, il était assurément difficile de faire un meilleur choix et de se composer une plus imposante galerie de portraits de famille. — Je sais bien que c’est à l’homme de lettres, envisagé sous un point de vue collectif, que M.  […] Celui-ci cesse d’être un homme pour devenir un masque à l’usage de l’auteur. — Affublé de ce masque, élargi à plaisir comme ceux des acteurs de l’antiquité, M.  […] Malgré cela, la galerie du foyer de l’Odéon est bien loin d’être aujourd’hui ce que nous nous souvenons de l’avoir vue il y a plusieurs années : quelque chose comme la capitale de la Béotie de la palette, une sorte d’exutoire de toutes les immondices d’atelier, à l’usage des rapins excommuniés des expositions publiques.

1191. (1887) Essais sur l’école romantique

En revanche, et pour prix des belles choses, monotonie sensible de formes ; abus presque fatigant de l’énumération et du développement pittoresque ; emploi malheureux du petit vers, qui me paraît incompatible avec la manière large et abondante du poète, et qui se brise, comme un moule trop plein, sous la richesse et la vigueur de sa pensée ; des strophes où la langue est violée sans profit pour la pensée, et si dédaigneusement, qu’elles sembleraient, comme un pari fait par l’auteur, de blesser les susceptibilités de l’usage : voilà les défauts, de beaucoup plus rares que les beautés. […] Au reste, ce Phœbus ne croit pas à la vertu d’une bohémienne, et il est bien pardonnable ; il la traite cavalièrement ; il regarde l’amour de la Esmeralda comme une envie de l’avoir, lui, Phœbus ; il prend les hésitations vertueuses de la pauvre fille pour des résistances d’usage, et il les combat avec les mêmes formules qu’il adresse aux dames du grand monde, parce qu’il n’en a pas de deux sortes pour la fière châtelaine et pour la fille des rues ; il n’entend rien aux ineffables tendresses, aux regards mélancoliques, aux silences rêveurs et soucieux, aux joies si vives, si passagères, et traversées d’inquiétudes si soudaines, aux caresses si chastes et si craintives de la malheureuse enfant qui s’abandonne à lui, plus sensuelle pourtant et plus facile, malgré sa vertu, que d’autres qui ont déjà beaucoup résisté et beaucoup cédé, parce qu’elle aime d’un premier amour, et qu’il y a dans sa faible résistance un vague sentiment de pudeur plutôt qu’une crainte de l’opinion. […] On s’entendait pour demander la liberté, sauf à se séparer le jour où l’on différerait sur l’usage à en faire. […] Le royalisme vendéen, le royalisme d’avant 89, le royalisme qui, dans les histoires de France à l’usage des classes, supprimait tout le règne de Napoléon et les dix années de la République, le royalisme, exhalant la malédiction et l’opprobre contre les hommes qui avaient sauvé la patrie du démembrement, le royalisme pathétique du Conservateur, le royalisme mais de la sainte-ampoule et de l’oriflamme, était à l’ordre du jour.

1192. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE STAEL » pp. 81-164

L’état d’oppression et d’angoisse où Mme de Staël resta durant ces mois funestes ne lui permettait, dans les intervalles de son actif dévouement pour les autres, que de désirer la mort pour elle, d’aspirer à la fin du monde et de cette race humaine si perdue : « Je me serais reproché, dit-elle, jusques à la pensée comme trop indépendante de la douleur. » Le 9 thermidor lui rendit cette faculté de pensée, plus énergique après l’accablement ; et le prompt usage qu’elle en fit fut d’écrire ses Réflexions sur la paix extérieure et intérieure, dont la première partie s’adresse à M. […] Dans toutes les sciences, dit-elle, on débute par le plus composé pour arriver au plus simple ; en mécanique, on avait les rouages de Marly avant l’usage des pompes. « Sans vouloir faire d’une comparaison une preuve, peut-être, ajoute-t-elle, lorsqu’il y a cent ans, en Angleterre, l’idée de la liberté reparut dans le monde, l’organisation combinée du Gouvernement anglais était le plus haut point de perfection où l’on pût atteindre alors ; mais aujourd’hui des bases plus simples peuvent donner en France, après la Révolution, des résultats pareils à quelques égards, et supérieurs à d’autres. » La France doit donc persister, selon elle, dans cette grande expérience dont le désastre est passé, dont l’espoir est à venir. « Laissez-nous, dit-elle à l’Europe, laissez-nous en France combattre, vaincre, souffrir, mourir dans nos affections, dans nos penchants les plus chers, renaître ensuite, peut-être, pour l’étonnement et l’admiration du monde ! […] Elle songea donc sérieusement à faire un plein usage de ses facultés, de ses talents, à ne pas s’abattre ; et, puisqu’il était temps et que le soleil s’inclinait à peine, son génie se résolut à marcher fièrement dans les années du milieu : « Relevons-nous enfin, s’écriait-elle en sa préface du livre tant cité, relevons-nous sous le poids de l’existence ; ne donnons pas à nos injustes ennemis et à nos amis ingrats le triomphe d’avoir abattu nos facultés intellectuelles. […] » Mais, sans nous hasarder à prétendre que Mme de Vernon soit en tout point un portrait légèrement travesti, sans trop vouloir identifier avec le modèle en question cette femme adroite dont l’amabilité séduisante ne laisse après elle que sécheresse et mécontentement de soi, cette femme à la conduite si compliquée et à la conversation si simple, qui a de la douceur dans le discours et un air de rêverie dans le silence, qui n’a d’esprit que pour causer et non pas pour lire ni pour réfléchir, et qui se sauve de l’ennui par le jeu, etc., etc., sans aller si loin, il nous a été impossible de ne pas saisir du moins l’application d’un trait plus innocent : « Personne ne sait mieux que moi, dit en un endroit Mme de Vernon (lettre xxviii, 1re partie), faire usage de l’indolence ; elle me sert à déjouer naturellement l’activité des autres… Je ne me suis pas donné la peine de vouloir quatre fois en ma vie, mais quand j’ai tant fait que de prendre cette fatigue, rien ne me détourne de mon but, et je l’atteins ; comptez-y. » Je voyais naturellement dans cette phrase un trait applicable à l’indolence habile du personnage tant prôné, lorsqu’un soir j’entendis un diplomate spirituel, à qui l’on demandait s’il se rendait bientôt à son poste, répondre qu’il ne se pressait pas, qu’il attendait : « J’étais bien jeune encore, ajouta-t-il, quand M. de Talleyrand m’a dit, comme instruction essentielle de conduite : N’ayez pas de zèle ! 

1193. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « L’obligation morale »

Au contraire, une langue est un produit de l’usage. […] Que cette égalité de valeur soit érigée en règle, que la règle s’insère dans les usages du groupe, que le « tout de l’obligation », comme nous disions, vienne ainsi se poser sur elle : voilà déjà la justice sous sa forme précise, avec son caractère impérieux et les idées d’égalité et de réciprocité qui s’attachent à elle. — Mais elle ne s’appliquera pas seulement aux échanges de choses. […] Car la justice relativement stable, close, qui traduit l’équilibre automatique d’une société sortant des mains de la nature, s’exprime dans des usages auxquels s’attache « le tout de l’obligation », et ce « tout de l’obligation » vient englober, au fur et à mesure qu’elles sont acceptées par l’opinion, les prescriptions de l’autre justice, celle qui est ouverte à des créations successives. […] Si radicale que soit alors la différence entre le civilisé et le primitif, elle tient uniquement à ce que l’enfant a emmagasiné depuis le premier éveil de sa conscience : toutes les acquisitions de l’humanité pendant des siècles de civilisation sont là, à côté de lui, déposées dans la science qu’on lui enseigne, dans la tradition, dans les institutions, dans les usages, dans la syntaxe et le vocabulaire de la langue qu’il apprend à parler et jusque dans la gesticulation des hommes qui l’entourent.

1194. (1939) Réflexions sur la critique (2e éd.) pp. 7-263

Quel jeu d’équilibre diplomatique à concilier la déférence d’usage et sa belle sincérité ! […] Mais dans cette peinture du comice agricole (et non des comices, comme dit Flaubert, — à moins que l’usage n’ait changé ?) […] On faisait un usage analogue du mythe solaire, au temps où il resplendissait dans sa gloire. […] Ce sont d’ailleurs les Méridionaux déracinés qui ont créé à l’usage des Parisiens un Midi de fantaisie, comme Offenbach leur a apporté le Gerolstein de son opérette. […] Et l’usage, dieu du verbe, doit se conformer à l’utile.

1195. (1911) L’attitude du lyrisme contemporain pp. 5-466

J’ai donc choisi, au hasard, divers représentants de cette attitude lyrique qui n’est plus le romantisme, et à laquelle s’est attaché ce mot un peu vague de symbolisme, que l’usage a consacré. […] C’est qu’un nouvel usage les multiplie par eux-mêmes et les charge de richesse. » Les mots ont une âme et une figure. […] « Tout droit, cela veut donc dire ici : prenez à droite ; cela signifie de rester dans la voie qui importe, dans le chemin de tous, dans l’usage commun, dans la Route, enfin… Cet homme du peuple en tient pour les idées générales : je suis en Ile-de-France. » Or, le clocher est notre affirmation la plus résolue. […] « Le respect de l’homme, l’honnêteté du travail, le sentiment de l’équilibre, la juste entente des réalités, le bon usage du temps, le goût de l’énergie », qui sont les trésors moraux de l’Occident, ne se trouvent pas en Espagne dosés avec mesure. […] Cette expression « on est obligé de s’en servir puisqu’elle a passé dans l’usage, mais en sachant bien qu’elle est absurde, et d’autant plus qu’elle semble donner le droit d’être libre au hasard.

1196. (1893) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Première série

Considérée sous cet aspect purement industriel et pratique, l’imprimerie n’a pas un autre usage que la poste aux lettres, le télégraphe ou le téléphone, et c’est assurément une invention admirable ; mais l’idée qu’un artiste ou un penseur littéraire se fait du livre est quelque chose de bien différent. […] S’ils sont les premiers dans leurs genres, ce n’est pas pour en avoir suivi plus exactement que personne les usages ou les règles ; c’est, au contraire, pour en être sortis hardiment, pour les avoir transformés, élargis, agrandis sans mesure et sans respect des traditions de l’exemple ni des prescriptions de la doctrine. […] Certains héros du drame et de l’épopée se prêtent particulièrement bien au travail de transformation qui consiste à refondre, pour l’usage de chaque siècle, un personnage donné, en le présentant aux générations successives sous un aspect toujours intéressant pour elles et nouveau. […] Un des usages externes auxquels on employait les manuscrits, c’était d’en faire de la bourre pour les emballages. […] Le papier était bon, la reliure était solide, et il semblait qu’elle dût protéger les feuillets contre toute velléité de les faire servir à des usages médiocres qui ne valaient pas même le léger effort qu’on a dû faire pour les séparer d’elle.

1197. (1883) Essais sur la littérature anglaise pp. 1-364

Cependant cette ancienne littérature anglaise a été longtemps représentée comme une littérature riche, sans doute, mais confuse et désormais hors d’usage, faite seulement pour piquer la curiosité des antiquaires et des érudits. […] Il ne croit pas à la révélation, mais il croit à toutes sortes de remèdes de bonne femme et recommande l’usage d’une thérapeutique légendaire. […] Peu de temps après l’avènement de ce prince, il fut créé chevalier de l’ordre du Bain avec tout le cérémonial en usage. […] Ce serment, qui n’était plus depuis longtemps qu’une formule surannée et qu’une formalité hors d’usage, au dire même de lord Herbert, il lui convint de le prendre au sérieux et de le ressusciter. […] C’est un triste usage à faire de mes œuvres que de les employer à amuser des oisifs et à distraire des ennuyés.

1198. (1904) Propos littéraires. Deuxième série

Savez-vous bien que nous autres, gens de si haute critique, c’est une découverte que nous n’avons faite que vers 1845, après vingt années d’expérience et d’usage de la vraie poésie lyrique ? […] Puis, comme c’était l’usage et presque la règle vers 1845 et encore vingt ans après, il l’envoya dans une de ces illustres pensions du Marais où le lycée Charlemagne, lycée d’externes, recrutait ses élèves et ses plus brillants élèves. […] Mais la discussion incessante sur tous les sujets, philosophiques, littéraires, historiques, artistiques, était bien la règle et l’usage universels. […] Nous fournissions de papier pour usages domestiques toute la maison et les maisons d’alentour. […] En vérité, de cette dernière il en fut quand même, puisque en une séance solennelle, par une dérogation généreuse et charmante aux usages, M. 

1199. (1864) Physiologie des écrivains et des artistes ou Essai de critique naturelle

D’autre part, il avait écrit, pour Catherine de Médicis, à l’usage de Charles IX, un projet sur les moyens d’organiser secrètement la police dans chaque grande ville du royaume7. […] Je voudrais que vous eussiez vu l’usage qu’elle faisait de ses douleurs, et de ses yeux ! […] La plupart des hommes intelligents écriraient bien vite leurs Mémoires, à leur usage personnel, rien qu’avec deux listes : l’une de quelques noms de femmes, l’autre de quelques airs de musique. […] En effet, n’est-ce pas le climat qui détermine la nature et l’usage des aliments et des boissons, dont les influences répétées deviennent peu à peu considérables ? […] Pourquoi, chez ces peuples si divers de races, de mœurs, de religions, les classes élevées imitent-elles dans leurs vêtements, dans leurs usages, dans leur théâtre, dans leur langage, les modèles qui viennent de Paris ?

1200. (1866) Nouveaux essais de critique et d’histoire (2e éd.)

Il compose une philosophie à l’usage des gens religieux, une religion à l’usage des philosophes. […] Ils choisissent les mots d’après leur racine et leur usage, n’emploient que les plus simples, imitent partout le style latin et antique, poursuivent sans cesse l’exactitude et la clarté. […] Comment contredire l’usage presque universel de toutes les littératures et mettre l’intérêt et la grandeur à l’endroit précis où elles ont ramassé le ridicule et l’odieux ? […] Une habitude l’a fait, l’usage d’aller en visite l’après-midi et en soirée le soir. […] Ce n’est pas assez de renoncer à la colère et à la vengeance, de mépriser l’injure, de subir froidement l’injustice, comme le prescrivent les derniers usages.

1201. (1862) Notices des œuvres de Shakespeare

Schlegel cite la scène où Coriolan, pour parvenir au consulat, doit briguer les voix des citoyens de la basse classe ; comme il les a trouvés lâches à la guerre, il les méprise de tout son cœur ; et, ne pouvant pas se résoudre à montrer l’humilité d’usage, il finit par arracher leurs suffrages en les défiant. […] Tels sont, dans les exploits de Macbeth et de Banquo, ceux dont Shakespeare, d’après Hollinshed, a fait usage dans sa tragédie. […] « Aucune sorte de seigneurs et de grands barons ne pourront, sous peine de mort, contracter mariage les uns avec les autres, surtout si leurs terres sont voisines. » « Toute arme (armour) et toute épée portée pour un autre effet que la défense du roi et du royaume en temps de guerre sera confisquée à l’usage du roi, avec tous les autres biens meubles (moveable goods) de la personne délinquante. » Il est également défendu à tout homme du peuple d’entretenir un cheval pour aucun autre usage que l’agriculture, mais cela seulement sous peine de confiscation du cheval. […] Mais l’exactitude avec laquelle Shakspeare s’est conformé au récit italien, jusque dans les moindres détails, me porte à croire qu’il a fait usage de quelque traduction anglaise plus littérale. […] Dès lors s’établit parmi les critiques l’opinion qu’elles appartenaient à Shakspeare, et devaient être regardées, soit comme une première composition qu’il avait lui-même revue et corrigée, soit comme une copie imparfaite prise à la représentation, et livrée en cet état à l’impression ; ce qui arrivait assez souvent, dans ce temps-là, les auteurs étant peu dans l’usage de faire imprimer leurs pièces.

1202. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre II. Le Roman (suite). Thackeray. »

Regardez une de ses thèses morales : il veut prouver que dans le monde il faut se conformer aux usages reçus, et transforme ce lieu commun en une anecdote orientale. […] La seule innovation qu’il admit était l’usage de liqueurs européennes, et il s’y livrait avec un grand goût. […] Nos témérités modernes, nos images prodiguées, nos figures heurtées, notre usage de gesticuler, notre volonté de faire effet, toutes nos mauvaises habitudes littéraires ont disparu.

1203. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1888 » pp. 231-328

La seule littérature qu’on puisse supporter d’elle, est de la littérature à l’usage des enfants. » « À deux jeunes mariés, qui arrivent déjeuner et s’embrassent encore : “Vous ne pourriez pas descendre de votre chambre tout embrassés ? […] Edmond et Jules de Goncourt sur Mme de Pompadour… Mais enfin, si les livres d’étrennes, selon l’antique usage qui avait bien sa raison d’être, et sans prêcher la vertu et le renoncement, devraient pouvoir être lus et feuilletés indifféremment par tout le monde, on eût sans doute mieux fait d’attendre un autre temps et une autre occasion pour publier, cette nouvelle édition de Mme de Pompadour… Cette Revue des Deux Mondes, à l’heure présente, est vraiment, — vraiment, bien pudibonde. […] Mardi 27 novembre En maniant ces jolités, — c’est le nom que leur donne le : Catalogue de feu Son Altesse Royale le duc Charles de Lorraine et de Bar, ces jolités faisant partie de cette vitrine, que je commence, d’objets à l’usage de la femme du dix-huitième siècle, en touchant et retouchant ces étuis, ces flacons, ces ciseaux, ces navettes, qui ont été, pendant des années, les outils des travaux d’élégance et de grâce des femmes du temps, il vous arrive de vouloir retrouver les femmes, auxquelles ils ont appartenu, et de les rêver ces femmes, — le petit objet d’or ou de saxe, caressé des doigts de votre main.

1204. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre III. Services locaux que doivent les privilégiés. »

Ses domestiques sont châtiés comme des moujiks, et, dans chaque remise, il y a un chevalet à cet usage, « sans préjudice de peines plus graves », probablement la bastonnade et le reste. […] Mais, de par l’usage et la loi, il doit « veiller à ce qu’ils reçoivent l’éducation, les secourir dans l’indigence, leur procurer, autant que possible, les moyens de vivre ».

1205. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre troisième. Les sensations — Chapitre II. Les sensations totales de la vue, de l’odorat, du goût, du toucher et leurs éléments » pp. 189-236

Tantôt ils sont délicats et spéciaux, comme le thermo-multiplicateur, ou la machine qui enregistre elle-même les mouvements du cœur ; tantôt ils sont moins délicats et d’usage universel, comme la balance qui note seulement dans une expérience l’augmentation ou la diminution finale de la pesanteur. […] Mathias Duval, Structure et usages de la rétine, p. 16, cas d’une femme qui voit différemment des deux yeux.

1206. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (2e partie) » pp. 177-248

Ces vrais besoins des peuples étaient-ils de remettre Dieu dans la loi, le prêtre, magistrat de la foi, dans la dépendance du magistrat civil, le magistrat civil dans la dépendance du prêtre, le fidèle dans le citoyen, le citoyen dans le fidèle, une partie de la religion dans la loi, une autre partie hors la loi, et de rebâtir ainsi, au profit, non de la religion des peuples, mais à l’usage et au profit de la souveraineté civile, cette Babel de foi et de loi, de Dieu et de l’homme, de servitude et de révolte, de tolérance de l’erreur et d’intolérance de la vérité, qu’on appelle un concordat ? […] Toutefois, si, dans ce retour à la monarchie, la France obéissait aux lois immuables de la société humaine, elle allait vite, trop vite peut-être, comme il est d’usage dans les révolutions.

1207. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIIe entretien. Balzac et ses œuvres (2e partie) » pp. 353-431

Depuis le classement de ses différents clos, ses vignes, grâce à des soins constants, étaient devenues la tête du pays, mot technique en usage pour indiquer les vignobles qui produisent la première qualité de vin. […] Ce marteau, de forme oblongue et du genre de ceux que nos ancêtres nommaient jaquemart, ressemblait à un gros point d’admiration ; en l’examinant avec attention, un antiquaire y aurait retrouvé quelques indices de la figure essentiellement bouffonne qu’il représentait jadis, et qu’un long usage avait effacée.

1208. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIe entretien. L’Imitation de Jésus-Christ » pp. 97-176

La nature meurt à regret, et ne veut être ni gênée, ni domptée, ni abaissée, ni soumise volontairement au joug : la grâce, au contraire, porte à la mortification, à résister à la sensualité, à chercher à être dans la dépendance, à désirer de se vaincre, et à ne vouloir faire aucun usage de sa liberté ; elle aime à être retenue sous la discipline, et ne désire de dominer sur personne ; mais elle est disposée à vivre, à demeurer, à être toujours sous la dépendance de Dieu, et à se soumettre humblement pour l’amour de Dieu à toutes sortes de personnes. […] La nature est avide et reçoit plus volontiers qu’elle ne donne ; elle aime les choses en propre et pour son usage particulier : la grâce, au contraire, est charitable et communique ce qu’elle a, ne veut rien en propre, se contente de peu, et juge qu’il est plus heureux de donner que de recevoir.

1209. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre neuvième »

C’était l’usage : Molière, acteur et auteur tout à la fois, devait commencer par flatter l’usage.

1210. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 mai 1885. »

mais quel mauvais usage il en fait ! […] Contre-sens : Wagner explique, dans le pamphlet cité, l’influence, mauvaise, de la mode Louis XIV, en Allemagne, et la caractérise, par l’usage des perruques, pris à Versailles ; et il ajoute que le grand Bach réagit contre l’esprit étranger, le repoussa, rejeta son influence, et s’écarta, — sortit de la perruque.

1211. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VI »

Le théâtre ordonnait pour la perception d’un spectacle l’usage de toutes les facultés humaines, un morcellement du travail sensationnel ; mais la vue, seule sollicitée, dès lors accaparant la majorité des forces sensitives de l’être, combien puissante serait-elle à percevoir ce qu’elle perçoit de la vie ! […] — encore au début de sa rénovation, il continue le joug de l’opéra et les usages des théâtres d’opéra ; et voilà qu’il restitue, lui-même l’affirme, un art correspondant à l’art antique, et il oublie qu’antique signifie antique, et il appelle cela l’art de l’avenir.

1212. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre premier. La sensation, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre premier. La sensation »

Les animaux insensibles aux variations délicates de l’électricité ont donc pu survivre et perpétuer leur race : le germe des sensations électriques a dû ainsi s’atrophier faute d’usage, et l’homme est devenu, en quelque sorte, aveugle à l’électricité comme la taupe à la lumière. […] Les sensations correspondantes n’eussent pas été d’un grand usage comme signes ou comme guides de la volonté pour les habitants de notre planète, ce qui fait qu’elles ne se sont pas développées par sélection ; mais qui sait si, comme on l’a supposé, elles ne sont pas les plus utiles de tous les guides dans quelque autre monde et si elles n’y remplissent pas entièrement la conscience de ses habitants6 ?

1213. (1840) Kant et sa philosophie. Revue des Deux Mondes

La scholastique n’était autre chose que l’ensemble des formules plus ou moins scientifiques dans lesquelles la réflexion naissante, appuyée sur l’Organum d’Aristote, avait arrangé les doctrines chrétiennes à l’usage de l’enseignement. […] Ce n’est pas tout : indépendamment de cette langue, rude encore et mal exercée à la décomposition de la pensée, Kant a une autre langue qui lui est propre, une terminologie qui, une fois bien comprise, est d’une netteté parfaite et même d’un usage commode, mais qui, brusquement présentée et sans les préliminaires nécessaires, offusque tout, donne à tout une apparence obscure et bizarre.

1214. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XVIII. »

Pour Grégoire de Nazianze, et dès lors pour ses disciples, la lecture même de l’Écriture sainte était comme une initiation que devait précéder une prière dont il avait tracé la formule à son usage et à celui des autres : « Entends204 », disait-il avant d’ouvrir l’Évangile, « entends, Père du Christ qui vois tout, mon humble prière ; accorde à ton serviteur la grâce de la parole céleste. […] Mais, en dépit de ces souvenirs que Synésius ne peut dépouiller, vous sentez désormais en lui l’inspiration chrétienne ; et le poëte a pu devenir évêque, surtout à cette époque d’une foi plus ardente et d’un formulaire moins rigoureux, où l’Église enveloppait dans sa communion des prosélytes parfois hétérodoxes sur quelques points, comme un vaste empire, aux premiers jours de ses victorieux agrandissements, reçoit et tolère dans son sein des cités et des territoires auxquels il laisse d’anciens usages et quelques libertés dissidentes de la règle d’obéissance commune.

1215. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Histoire littéraire de la France. Ouvrage commencé par les Bénédictins et continué par des membres de l’Institut. (Tome XII, 1853.) » pp. 273-290

Le nom commun de l’espèce renard était alors Gorpil (Vulpes) ; mais, un poète ayant primitivement baptisé le Gorpil de ce sobriquet de Renart, la chose réussit et courut si bien que le sobriquet devint le nom générique et fit oublier l’appellation première : c’est comme si Tartuffe, à force de succès, s’était substitué dans l’usage au mot hypocrite, qui serait dès lors tombé en désuétude ; c’est comme si, dans La Fontaine, Raminagrobis ou Grippeminaud avait remplacé et fait oublier le nom du chat, et Bertrand le nom du singe.

1216. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le Roman de Renart. Histoire littéraire de la France, t. XXII. (Fin.) » pp. 308-324

Le songe est un lieu commun et une machine en usage dans les romans de chevalerie : ici la parodie en est heureuse et très spirituelle.

1217. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Nouveaux voyages en zigzag, par Töpffer. (1853.) » pp. 413-430

Il aspire presque aussitôt à la communiquer et à la bien traduire, en la racontant gaiement à l’usage d’abord de ses seuls jeunes compagnons, et en croquant pour eux et pour lui, d’une plume rapide, les principaux accidents de la marche, la physionomie des lieux et des gens.

1218. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Œuvres de François Arago. Tome I, 1854. » pp. 1-18

Pour moi, qui n’ai pas même l’honneur de comprendre et de lire dans leur langue les mémoires de haute science où il s’est montré inventeur, ces considérations sur les profondes et fines parties de l’optique et du magnétisme où il a gravé son nom ; qui n’ai eu que le plaisir de l’entendre quelquefois, soit dans ses cours à l’usage des profanes, soit dans les séances publiques de l’Académie, je ne puis ici que m’approcher respectueusement de lui par un aspect ouvert à tous ; je ne puis que l’aborder, si ce n’est point abuser du mot, par son côté littéraire.

1219. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — I. » pp. 343-360

Les hommes, en se multipliant ainsi, se sont rapprochés ; la guerre est née de leur rencontre, et la destruction a suppléé bientôt l’usage incommode des colonies.

1220. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Léopold Robert. Sa Vie, ses Œuvres et sa Correspondance, par M. F. Feuillet de Conches. — II. (Fin.) » pp. 427-443

Je trouve que la terre de Naples est tout à fait poétique, et ses habitants rappellent incontestablement les Grecs, leurs fêtes et leurs usages : l’État pontifical me paraît avoir un aspect différent ; les Romains ont quelque chose de plus sérieux et qui est en rapport avec l’idée que, généralement, on se fait de leurs ancêtres.

1221. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Guillaume Favre de Genève ou l’étude pour l’étude » pp. 231-248

Au sortir de l’odieuse crise où il y eut du sang versé, le jeune Favre reprit ses études ; mais cette fois il les dirigea entièrement dans la voie historique et littéraire, il lisait tout, le crayon ou la plume à la maint ; il approfondissait les auteurs anciens et les examinait de près dans leur texte, dans les usages et les mœurs particulières qu’ils supposent, dans les questions de tout genre qu’ils suggèrent.

1222. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — I » pp. 417-434

Né dans une ville où l’on ne savait ni l’allemand ni le français, je ne savais aucune langue ni même le latin, qu’il me fallut apprendre tout seul, quoiqu’une première éducation eût été, comme c’était l’usage, employée à ses tristes et inutiles rudiments.

1223. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Œuvres de Maurice de Guérin, publiées par M. Trébutien — I » pp. 1-17

Il ne faut rien exagérer : cette gentille Marie, dans son premier costume, n’était qu’une petite paysanne à l’usage et à la mesure de Paris.

1224. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance diplomatique du comte Joseph de Maistre, recueillie et publiée par M. Albert Blanc » pp. 67-83

. ; je sais cette langue aussi bien qu’un autre, et je la vénère comme bonne dans l’usage commun et extérieur.

1225. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire de la littérature française à l’étranger pendant le xviiie  siècle, par M. A. Sayous » pp. 130-145

L’émigré, homme de cour, continue d’écrire dans la langue élégante qui était en usage et à la mode au moment de sa sortie.

1226. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire de mon temps. Par M. Guizot. »

L’auteur a pourtant, par le titre même de son livre, pris possession déjà de l’époque, et il dit « Mon temps. » J’ai toujours été étonné, je l’avoue, de cette façon de dire, qui est très en usage, je le sais, même chez d’autres peuples ; mais j’en suis toujours un peu choqué pour mon compte ; quand un homme, si éminent qu’il soit, parle des années que nous avons parcourues et vécues comme lui, et qu’il m’en parle à moi-même, j’aimerais mieux qu’il dît « Notre temps. » L’originalité de l’ouvrage commence avec le second volume, c’est-à-dire avec la Révolution de Juillet, qui porta décidément M. 

1227. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Essais de politique et de littérature. Par M. Prevost-Paradol. »

Ayez des principes, mais qui, appliqués et dans l’usage, souffrent des modifications.

1228. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Louis XIV et le duc de Bourg, par M. Michelet. (suite.) »

Je n’ai point suivi le maître dans les plans et programmes de lectures sérieuses et graduées qu’il propose, à mesure que l’éducation avance : peu de grammaire, pas de rhétorique formelle ni dogmatique, et la logique ajournée ; mais la jurisprudence positive, historique, l’histoire elle-même, la lecture directe des auteurs, c’est ce qu’il conseille, indiquant chacun de ces auteurs alors en usage, le désignant au passage d’un trait juste, et sur les sujets et pour les époques les plus éloignées de cette « ingénue Antiquité » qu’il préfère, montrant qu’il sait comprendre tout ce qu’il regarde, même l’âge de fer et le Moyen-Age, et qu’il est un guide non trompeur, évitant partout sans doute l’accablement et la sécheresse, mais de trop de goût pour aller mettre des fleurs là où il n’en vient pas.

1229. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Mémoires de l’Impératrice Catherine II. Écrits par elle-même. »

La femme cependant ne cessait d’être séduisante, et elle se montre à nous avec bien du charme en plus d’une page de ces Mémoires : le plus volontiers à cheval, en habit d’homme et de la meilleure grâce, changeant d’habit continuellement, la plus vaillante et la plus ravissante des amazones et des écuyères (elle avait même inventé une selle particulière à son usage) ; ou bien au bal, infatigable à la danse et s’y acharnant, changeant jusqu’à trois fois d’habit en une soirée, ne remettant jamais deux fois le même déguisement, « parce que j’avais pour règle, nous dit-elle, que si une fois il avait fait un grand effet, il n’en pouvait faire qu’un moindre à une seconde mise » ; et à d’autres jours, aux bals plus particuliers de la Cour, écrasant les plus superbes costumes par la magnificence des siens, ou d’autres fois affectant une simplicité soudaine qui n’était que la plus délicate des recherches.

1230. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Halévy, secrétaire perpétuel. »

J’interroge sur Halévy ceux qui l’ont connu de plus près : l’un d’eux (un gentil esprit et une plume des mieux taillées) non-seulement veut bien répondre à mes questions, mais y ajoute quelques mots à mon usage.

1231. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Le Poème des champs, par M. Calemard de Lafayette (suite et fin) »

Vous savez aussi bien que moi ces beaux vers : Felix qui potuit rerum cognoscere causas… Fortunatus et ille deos qui novit agrestes…, ce qu’un de mes amis et qui l’est aussi des Littré, des Renan, et même de Proudhon, je crois, s’est amusé à paraphraser ainsi, à votre intention et presque à votre usage ; et c’est à peu près de la sorte, j’imagine, du moins pour le sens, qu’un Virgile, ou un parfait Virgilien par l’esprit, s’il était venu de nos jours, aurait parlé : « Heureux le sage et le savant qui, vivant au sein de la nature, la comprend et l’embrasse dans son ensemble, dans son universalité ; qui se pose sans s’effrayer toutes ces questions, terribles seulement pour le vulgaire, de fin et de commencement, de destruction et de naissance, de mort et de vie ; qui sait les considérer en face, ces questions à jamais pendantes, sans les résoudre au sens étroit et en se contentant d’observer ; auquel il suffit, dans sa sérénité, de s’être dit une fois que “le mouvement plus que perpétuel de la nature, aidé de la perpétuité du temps, produit, amène à la longue tous les événements, toutes les combinaisons possibles ; que tout finalement s’opère, parce que, dans un temps suffisant et ici ou là, tout à la fin se rencontre, et que, dans la libre étendue des espaces et dans l’infinie succession des mouvements, toute matière est remuée, toute forme donnée, toute figure imprimée40” ; heureux le sage qui, curieux et calme, sans espérance ni crainte, en présence de cette scène immense et toujours nouvelle, observe, étudie et jouit !

1232. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. (Suite.) » pp. 52-72

Après les premières cérémonies d’usage et la première étiquette observée, un tumulte éclate : on assiste à une séance d’objurgations et d’injures, indigne d’une grave assemblée politique.

1233. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire des cabinets de l’Europe pendant le Consulat et l’Empire, par M. Armand Lefebvre. »

Edouard Lefebvre put étudier de près le mouvement qui souleva et arma contre nous toute l’Allemagne, et dont le foyer s’alluma surtout en Prusse ; il fit plus que l’étudier, il en fut victime : au moment où le roi de Prusse, après bien des tergiversations et des anxiétés, se décida à faire signer à Kalish par son plénipotentiaire le traité qui le liait à la Russie, le même jour (28 février 1813), un piquet de Cosaques entrait à toute bride dans Berlin, cernait l’hôtel de M. de Saint-Marsan, ambassadeur de France, et « sous les yeux des autorités, au mépris du droit des gens et de tous les usages pratiqués entre nations policées, enlevait la personne du premier secrétaire de légation, M. 

1234. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les cinq derniers mois de la vie de Racine. (suite et fin.) »

A quoi il ajoute qu’il supplie très-humblement la Mère Abbesse et les Religieuses de vouloir bien lui accorder cet honneur, quoiqu’il s’en reconnaisse, dit-il, très-indigne et par les scandales de sa vie passée et par le peu d’usage qu’il a fait de l’excellente éducation qu’il a reçue autrefois dans cette maison, et des grands exemples de piété et de pénitence qu’il y a vus, et dont il avoue n’avoir été qu’un stérile admirateur ; mais que plus il a offensé Dieu, plus il a besoin des prières d’une si sainte Communauté, qu’il supplie aussi de vouloir bien accepter une somme de 800 livres qu’il a ordonné (par le même acte olographe du 10 octobre 1698) qu’on lui donnât après sa mort.

1235. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Préface »

Orléaniste était encore, à l’heure dont je parle, un de ces termes vagues à l’usage des esprits politiques qui ne trouvent pas mieux dans le moment.

1236. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LE COMTE MOLÉ (Réception à l’Académie.) » pp. 190-210

On a fort applaudi et l’on goûte de nouveau à la lecture cette parole de moraliste sur l’indulgence : « Pour moi, je le confesse, le résultat d’une longue suite de jours qui ne sont pas sans souvenirs, n’aura pas été uniquement de rendre mes convictions d’autant plus inébranlables, mais aussi, mais surtout de m’apprendre que l’indulgence, dont on se vante, a encore des rigueurs que n’aurait pas une complète justice105. » De simples mots ont produit un effet au passage : « Voilà, me dit-il un jour (en parlant de l’abbé Émery), voilà la première fois que je rencontre un homme doué d’un véritable pouvoir sur les hommes, et auquel je ne demande aucun compte de l’usage qu’il en fera. » Ce me dit-il un jour a fait mouvement ; il s’agissait de Napoléon.

1237. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Racine — II »

Le procédé continu d’analyse dont Racine fait usage, l’élégance merveilleuse dont il revêt ses pensées, l’allure un peu solennelle et arrondie de sa phrase, la mélodie cadencée de ses vers, tout contribue à rendre son style tout à fait distinct de la plupart des styles franchement et purement dramatiques.

1238. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre VIII. De l’invasion des peuples du Nord, de l’établissement de la religion chrétienne, et de la renaissance des lettres » pp. 188-214

Les facultés de l’âme n’avaient qu’un seul usage parmi ces hommes, c’était d’accroître la puissance physique.

1239. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre premier. De l’amour de la gloire »

L’admiration est une sorte de fanatisme qui veut des miracles ; elle ne consent à accorder à un homme une place au-dessus de tous les autres, à renoncer à l’usage de ses propres lumières pour le croire et lui obéir, qu’en lui supposant quelque chose de surnaturel qui ne peut se comparer aux facultés humaines : il faudrait, pour se défendre d’une telle erreur, être modeste et juste, reconnaître à la fois les bornes du génie et sa supériorité sur nous ; mais dès qu’il devient nécessaire de raisonner sur les défaites, de les expliquer par des obstacles, de les excuser par des malheurs, c’en est fait de l’enthousiasme ; il a, comme l’imagination, besoin d’être frappé par les objets extérieurs ; et la pompe du génie, c’est le succès.

1240. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre III. Théorie de la fable poétique »

Si enfin l’usage impérieux nous contraint de la mettre à part, nous en ferons une exclamation, un regret, un souhait de poëte ; elle prendra un tour éloquent, comique ou touchant ; elle perdra son apparence didactique, en devenant un mouvement de l’âme ; on entendra, en l’écoutant, la voix passionnée d’un homme ; elle sera couverte sous un sentiment, et la poésie la revendiquera en jetant sur elle une poignée de ses fleurs. — Il sera facile alors d’animer le récit qui la confirme.

1241. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre III. Poésie érudite et artistique (depuis 1550) — Chapitre II. Les tempéraments »

Puis, il a créé, mis en usage, laissé aux poètes futurs une grande variété de rythmes lyriques.

1242. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre III. Trois ouvriers du classicisme »

Balzac, qui n’est que par accident un précieux, Balzac a invente une autre phrase, qui s’est imposée à l’admiration des gens du monde et à l’usage des genres littéraires : il a inventé ou, si vous voulez, réinventé, en la reprenant chez Du Vair, la phrase oratoire, ample, rythmée, sonore, imagée.

1243. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « La comtesse Diane »

Voici d’abord une formule d’un assez grand usage.

1244. (1914) Enquête : L’Académie française (Les Marges)

Par les grandes richesses dont elle dispose, et dont elle fait le plus mauvais usage, l’Académie, cette dernière congrégation à biens de mainmorte, dispense à pleines mains la paralysie et la mort sur les successives générations littéraires et jonche les champs de la République athénienne d’innombrables cadavres.

1245. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre V. Premiers aphorismes de Jésus. — Ses idées d’un Dieu Père et d’une religion pure  Premiers disciples. »

., XV, 7-8), mais moins formellement, et l’usage l’autorisait (Luc, VII, 41 et suiv.).

1246. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Légendes françaises. Rabelais par M. Eugène Noël. (1850.) » pp. 1-18

Nous avons dans ce cours d’éducation et d’étude à l’usage du jeune Gargantua le premier modèle de ce qu’ont représenté depuis plus au sérieux, mais non plus sensément, Montaigne, Charron, l’école de Port-Royal par endroits et parties, cette école chrétienne qui ne se savait pas si fort à cet égard dans la même voie que Rabelais, l’étrange précurseur !

1247. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame la duchesse d’Angoulême. » pp. 85-102

à faire que trop peu d’usage.

1248. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — III. (Suite et fin.) » pp. 47-63

Le général Bonaparte avait en résidence auprès de lui un envoyé du gouvernement vénitien, nommé Dandolo, non pas de la famille des illustres doges, mais d’une famille bourgeoise de juifs convertis, et qui avaient pris, comme c’était assez l’usage, le nom de leur parrain.

1249. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Les regrets. » pp. 397-413

Il y a des années que je ne suis guère accoutumé à le flatter ; pourtant, depuis qu’il a perdu le pouvoir sans en avoir fait l’usage qu’il pouvait, et bien qu’il en gémisse tout bas peut-être, il n’en laisse rien percer dans ses écrits ; il produit avec l’abondance qu’on sait, mais sans amertume, sans y mêler de ressentiment personnel, et sans s’écrier à toute heure que les temps sont changés, que le monde va de mal en pis.

1250. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IX. Seconde partie. Nouvelles preuves que la société a été imposée à l’homme » pp. 243-267

Bernardin de Saint-Pierre remarque avec raison que l’usage du feu accordé à l’homme et refusé aux animaux mettait seul entre lui et eux une distance infinie.

1251. (1863) Causeries parisiennes. Première série pp. -419

Il ne suffit pas de reproduire des mœurs et des usages, ou même de photographier les éclairs d’une conversation éblouissante. […] De mauvais plaisants ont proposé de conserver pour leur usage spécial un tourniquet où les abonnés seraient seuls tenus de passer. […] Comprendrait-on un lutteur qui ferait un usage constant de l’opium ? […] Je le croirais volontiers, car un esprit aussi fin et aussi subtil que le sien a dû se façonner un instrument à son usage. […] Seulement, un beau jour, on s’aperçut qu’il avait complétement perdu l’usage de ses mains.

1252. (1914) Une année de critique

Alfred Capus a rompu avec un des plus pernicieux usages du journalisme contemporain, cette sotte manie du titre qui tire l’œil, et du « chapeau », comme on dit dans le langage des salles de rédaction, établi de telle sorte qu’après l’avoir vu on peut sans dommage se dispenser de lire le reste. […] On a fait des mots un usage si déréglé que leur force s’est perdue et leur relief émoussé. […] La plupart d’entre eux n’ont pas encore baisé la joue de leur cousine que déjà ils ont formé pour leur usage une conception de l’amour, selon Stendhal. […] Et nous voilà loin des usages traditionnels de la famille française, empreints de tendresse profonde et de dignité. […] Il accepterait en souriant les croyances traditionnelles, non parce qu’elles sont justes, mais parce qu’à l’usage elles ont perdu leur nocivité primitive.

1253. (1901) L’imagination de l’artiste pp. 1-286

Le temps que passe l’enfant à peindre son cerf-volant est perdu pour l’usage auquel il le destine. […] En aucun cas le décorateur, en tant qu’il fait œuvre de décorateur, ne travaille pour l’usage. […] Il est d’ailleurs des cas où l’usage du modèle est impossible. […] Ce n’est pas mode arbitraire, simple usage faisant force de loi : la convention est à chaque instant imposée au décorateur soit par des exigences techniques, soit par les convenances du goût. […] Voici l’imagination abandonnée à elle-même, se créant à son usage un monde fictif qu’elle s’efforce de rendre aussi différent que possible du monde réel.

1254. (1896) Les époques du théâtre français (1636-1850) (2e éd.)

Ne vous lassez donc point d’en usurper l’usage, Et, quoi qu’elle m’ait dit, dites-moi davantage18. […] Il y a des écrivains qui peinent à chercher leurs mots, qui sont en quelque sorte obligés, pour traduire à peu près leur pensée, d’avoir là, sous la main, toute une bibliothèque ou un arsenal de dictionnaires : dictionnaire de l’usage, dictionnaire des synonymes, dictionnaire des étymologies, que sais-je encore ? […] À plus forte raison, s’il reçoit la loi des théoriciens du drame, l’acceptera-t-il encore plus volontiers des usages de son temps, et ne craindra-t-il pas de mettre dans la bouche de ses héroïnes quelques traits du langage des précieuses, ou de faire parler quelquefois son Pyrrhus, son Xipharès ou son Hippolyte comme des « courtisans français ». […] Pourquoi cependant ces moyens sont-ils d’eux-mêmes, — et indépendamment de l’usage que les Corneille et les Racine en ont ou n’en n’ont pas fait, — ce que nous appelons inférieurs ou vulgaires ? […] En essayant d’y plier, d’y amener, d’y former les hommes, c’est que c’était à la politesse aussi que les femmes les formaient, à l’usage du monde, à la finesse, à l’agrément, à la délicatesse des manières et des sentiments.

1255. (1940) Quatre études pp. -154

On sait qu’il ne fut plus question de Parny, quand, ayant rejoint à Paris la malade qu’il avait rencontrée à la pension Chabert, il l’adora, et la querella, et la fit souffrir, comme c’est l’usage de ceux qui aiment. […] Nous n’en exclurions même pas le cartésianisme, s’il est vrai que l’auteur du Traité des passions rassure ses lecteurs, à la fin, contre la crainte qu’on pouvait concevoir d’abord de leur puissance : car nous voyons, comme il le dit, qu’elles sont toutes bonnes de leur nature, et que nous n’avons rien à éviter que leur mauvais usage ou leurs excès. […] Il jurait par Locke et par Condillac, mais il développait leur philosophie à l’usage des gens du monde, et il ajoutait des considérations de son cru. […]     Des mœurs ou grimaces d’usage Ont beau servir de voile à sa férocité ;     Une hypocrite urbanité, Les souplesses d’un tigre enchaîné dans sa cage,     Ne trompent point l’œil du sage ;     Et, dans les murs de la cité,     Il reconnaît l’homme sauvage S’agitant dans les fers dont il est garrotté73. […] Défense de la poésie française à l’usage des lecteurs anglais, par Émile Legouis.

1256. (1848) Études sur la littérature française au XIXe siècle. Tome III. Sainte-Beuve, Edgar Quinet, Michelet, etc.

Mais la simple possibilité qu’il ne le soit pas m’engage à vous envoyer pourtant cette addition ; en vous priant d’excuser, dans le cas où l’on en ferait usage, le nouvel ennui que je vous donne60. […] Une teinte que les termes convenus ne reproduisent pas, il la demande à d’autres termes, aux dépens du bon usage. […] Ses négligences sont savantes, ses excès médités ; mais qu’importe si l’usage est pourtant le maître, si l’usage marque le pas ? […] Je conviens que nos passions, aussi bien que les livres qui les décrivent, étant devenues intellectuelles, on se les compose à plaisir, on en invente pour son usage, on est l’acteur de son propre rôle ; et à ce compte tout ce qui est possible comme pensée est possible comme passion. […] Sainte-Beuve, qui, après avoir détaillé, pour son usage, dirait-on, aussi bien que pour le nôtre, aime à résumer et à conclure, a consacré quelques pages remarquables à caractériser l’abbé de Saint-Cyran.

1257. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

Car, en ce temps-là, les célibataires étaient rares, à la ville comme à la cour ; à trente ans, c’était l’usage, on était père de famille. […] Jamais Molière n’en fait usage dans ses grandes comédies. […] Vous pensez d’après vous-même, mais, pour le reste, vous vous conformez à l’usage ; il faut (c’est la maxime que vous répétez sans cesse), il faut bien faire comme tout le monde ! […] Il n’en existe pour moi que dans la disproportion entre vos paroles et celles qui sont de convention, d’usage, de nécessité sociale dans la circonstance où vous vous trouvez. […] Ou plutôt le ridicule n’existe pas chez eux ; j’entends le ridicule français, celui qui consiste à ne pas se conformer à l’usage établi.

1258. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Alfred de Vigny. »

Quoi qu’il en soit, les discours faits, ils durent être lus avant la séance publique, et selon l’usage, devant une Commission de l’Académie. […] Il refusa obstinément d’être présenté au roi, comme c’était l’usage, par le même directeur qui l’avait reçu.

1259. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Madame de Verdelin  »

Chez les Romains, en ceci assez pareils aux Grecs, Calpurnie, la femme de Pline le Jeune, était assurément une femme lettrée et des plus cultivées par l’étude, mais à l’usage et en l’honneur de son mari seulement : à force de tendresse conjugale et de chasteté même, elle s’était faite tout entière à son image, lisant et relisant, sachant par cœur ses œuvres, ses plaidoyers, les récitant, chantant ses Vers sur la lyre, et, quand il faisait quelque lecture publique ou conférence, l’allant écouter comme qui dirait dans une loge grillée ou derrière un rideau, pour y saisir avidement et boire de toutes ses oreilles les applaudissements donnés à son cher époux. […] Vous restreignez vos besoins, mon cher voisin, à un point qui afflige mon âme, et cela pour ne pas faire usage des offres de vos amis.

1260. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre troisième »

Le poëme de son devancier qu’il continua, soit à la prière de Philippe le Bel, soit parce que l’usage d’alors l’y autorisait, n’est pour lui qu’un titre populaire sous lequel il étale son savoir encyclopédique. […] Quoique résigné à mourir, comme le jeu ne lui plaisait pas, dit-il gaiement, il eut l’idée d’en appeler, contre l’usage, au parlement de la sentence du Châtelet.

1261. (1890) L’avenir de la science « XVII » p. 357

Un hasard remet un instant au pupille l’usage de sa fortune, et, bien entendu, il fait des folies ; d’où le tuteur tire un bon argument pour qu’on lui rende le soin de son pupille ! […] Elle n’aboutit qu’à favoriser l’anarchie et n’est d’aucun usage pour le progrès réel de l’humanité.

1262. (1909) De la poésie scientifique

C’est le parfait usage de ce mystère qui constitue le Symbole : évoquer petit à petit un objet pour montrer un état d’âme, ou, inversement, choisir un objet et en dégager un état d’âme par une série de déchiffrements. » C’est-à-dire que Mallarmé, interdisant avec raison à l’art descriptif et purement extérieur l’accès du poème, hiératise exclusivement un art qui évoque, qui suggère d’images de plus en plus spiritualisées et de valeurs analogiques très proches, telles pensées choisies d’après de premiers rapports d’émotivité. […] « Tandis qu’avec une volonté obstinée, sans entendre les rires parfois stupides de ses critiques officiels, sans se préoccuper non plus des objections amicales, il poursuivait son labeur, quelques-unes de ses idées faisaient fortune, et d’aucuns, plus adroits, les transmuaient et déformaient à l’usage de la Bourgeoisie française ».

1263. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — III. Le Poëme épique, ou l’Épopée. » pp. 275-353

Homère avoit habilement saisi celles du siège de Troie, & Virgile fait également usage de tout ce qu’on disoit sur l’arrivée & l’établissement d’Énée en Italie : car cette époque, cet établissement est le véritable objet du poëte. […] Le titre de roman étoit trop décrié pour oser désormais en faire usage : mais on y substitua celui d’histoire, de vie, de mémoires, de contes, d’aventures, d’anecdotes.

1264. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre III. De la survivance des images. La mémoire et l’esprit »

L’idée d’une représentation inconsciente est claire, en dépit d’un préjugé répandu ; on peut même dire que nous en faisons un usage constant et qu’il n’y a pas de conception plus familière au sens commun. […] Mais si le cerveau ne peut servir à un pareil usage, dans quel magasin logerons-nous les images accumulées ?

1265. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre IV. De la délimitation, et de la fixation des images. Perception et matière. Âme et corps. »

Nous en avons déjà fait usage dans un travail antérieur, et même, implicitement, dans le travail présent. […] Mais la question est de savoir si certaines conditions, que nous tenons d’ordinaire pour fondamentales, ne concerneraient pas l’usage à faire des choses, le parti pratique à en tirer, bien plus que la connaissance pure que nous en pouvons avoir.

1266. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Mézeray. — I. » pp. 195-212

Cette Histoire commençant, selon l’usage, par Pharamond, on a eu la décence de laisser en blanc le portrait de ce roi problématique.

1267. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gabrielle d’Estrées. Portraits des personnages français les plus illustres du XVIe siècle, recueil publié avec notices par M. Niel. » pp. 394-412

Ici Henri IV plaisante selon son usage, et mêle à sa consultation de roi ses saillies de Béarnais.

1268. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le marquis de Lassay, ou Un figurant du Grand Siècle. — I. » pp. 162-179

Cessez donc d’écrire à un homme qui traîne tous les malheurs après lui, et dont l’étoile est empoisonnée… » Lassay fera toute sa vie grand usage de cette étoile, pour lui imputer tout ce qui sera faute ou légèreté de sa part : et quant à vouloir mourir sans cesse, cette manière de dire le mènera jusqu’à quatre-vingt-six ans.

1269. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — II. (Fin.) » pp. 36-54

Pourtant, comme il se mêle à tout cela bien de l’irréflexion et de la mode, selon notre usage français de tous les temps, il arrivera que pendant la très courte année où le duc de Bourgogne, devenu Dauphin après la mort de son père, se mettra un peu en frais de bonne grâce et en attitude de plaire, l’opinion se retournera subitement en son honneur, célébrera en lui une transformation soudaine, et, quand on le perdra quelques mois après, il sera pleuré comme un prince irréparable, les délices trop tôt ravies du genre humain.

1270. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Chateaubriand. Anniversaire du Génie du christianisme. » pp. 74-90

Ici, dans le Génie du christianisme, il reparaissait tout autre ; bien que les couleurs brillantes et poétiques donnassent le ton général, et qu’il s’attachât à émouvoir ou à charmer plutôt qu’à réfuter, il prenait l’offensive sur bien des points : il s’agissait, au fond, de retourner le ridicule dont on avait fait assez longtemps usage contre les seuls chrétiens ; le moment était venu de le rendre aux philosophes.

1271. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Bossuet. Lettres sur Bossuet à un homme d’État, par M. Poujoulat, 1854. — Portrait de Bossuet, par M. de Lamartine, dans Le Civilisateur, 1854. — II. (Fin.) » pp. 198-216

Appelé souvent à prêcher devant la Cour à dater de 1662, ayant à parler dans les églises ou dans les grandes communautés de Paris, Bossuet y acquit en un instant la langue de l’usage, tout en gardant et développant la sienne ; il dépouilla entièrement la province : celle-ci, dans un exercice et une discipline de six années, l’avait aguerri ; la Cour ne le polit qu’autant qu’il fallut.

1272. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Maucroix, l’ami de La Fontaine. Ses Œuvres diverses publiées par M. Louis Paris. » pp. 217-234

Si on voulait passer la journée en visites, on la passerait, et doucement : toujours nouveaux usages, honnêtes gens d’ailleurs, surtout fort civils, il ne s’y peut y ajouter ; diantre !

1273. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Agrippa d’Aubigné. — I. » pp. 312-329

Pour nous, lecteurs d’aujourd’hui, à qui échappent un bon nombre des termes, des qualifications en usage et des métaphores courantes qu’il emploie, autant vaudrait donner dans une forêt de piques que de nous jeter dans ses récits d’Arques ou de Coutras, si on n’avait pas d’autre narration plus distincte pour en prendre idée.

1274. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — II » pp. 71-89

» lui disait M. de Saint-Pol, lui faisant signe de la main et l’avertissant que ce n’était pas l’usage.

1275. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Charron — I » pp. 236-253

Il faut discerner la peau de la chemise39 : l’habile homme fera bien sa charge… ; il l’exercera, car elle est en usage en son pays, elle est utile au public, et peut-être à soi ; le monde vit ainsi, il ne faut rien gâter… » Voilà ce qu’on sent trop dans Charron, ce que les contemporains y voyaient peut-être moins distinctement que nous, et ce que son livre De la sagesse nous a appris à discerner en lui.

1276. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Préface pour les Maximes de La Rochefoucauld, (Édition elzévirienne de P. Jannet) 1853. » pp. 404-421

Mais, sous cette forme où il la présente, à l’usage d’une société élégante et d’une civilisation consommée, que de vérités sur les passions, sur l’amour, sur les femmes, sur les différents âges, sur la mort !

1277. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Santeul ou de la poésie latine sous Louis XIV, par M. Montalant-Bougleux, 1 vol. in-12. Paris, 1855. — II » pp. 39-56

Mais le fils du grand Condé, Monsieur le Prince, mais surtout M. le duc et Mme la duchesse, et aussi leur sœur la duchesse du Maine, firent le plus grand usage de Santeul, l’admirent dans leur familiarité, dans leur train de raillerie habituelle, et il en est resté des monuments.

1278. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Voiture. Lettres et poésies, nouvelle édition revue, augmentée et annotée par M. Ubicini. 2 vol. in-18 (Paris, Charpentier). » pp. 192-209

On dirait que, selon l’usage des romanciers, mêlant plusieurs personnes en une, Mlle de Scudéry ait ici prêté à la princesse Parthénie quelques-uns des griefs qu’avait contre Voiture Mlle Paulet.

1279. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — III » pp. 337-355

Habile capitaine plutôt que grand général, sa mesure à cet égard est difficile à prendre, et j’aimerais assez à entendre là-dessus des gens du métier : à le traduire à la moderne, ce qui est toujours hasardeux, vu l’extrême différence des moyens en usage aux différents siècles, il me fait l’effet d’être ou d’avoir pu être, comme militaire, quelque chose entre Gouvion Saint-Cyr et Macdonald, et plus près du premier à cause des pensées.

1280. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Les Caractères de La Bruyère. Par M. Adrien Destailleur. »

Mais bientôt son dessein paraît s’interrompre et s’oublier dans plusieurs chapitres mêlés, et qui ont pour titre : Des Jugements, De la Mode, De quelques Usages : on va à droite ou à gauche, à l’aventure, on revient en arrière.

1281. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Madame Swetchine. Sa vie et ses œuvres publiées par M. de Falloux. »

Arrêté sur la hauteur d’où le pays se montre plus étendu et plus riche, il suit le cours des eaux qu’il a su maîtriser, il reconnaît ses ombrages, ses abris de prédilection, les champs fécondés par ses sueurs, des glands semés par lui devenus chênes ; le même soleil éclaire encore de ses rayons obliques et toujours amis la longue route qu’il a suivie, et les sentiers mystérieux par lesquels la bonne Providence l’a doucement conduit à elle… » Ce qui suit, et qu’il faut lire, sur les infirmités et l’usage moral qu’on en peut faire est fort beau, Dans ces termes adoucis, je cesse de contredire, et je m’efforcerais plutôt de m’associer aux affectueuses espérances de l’auteur.

1282. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Une monarchie en décadence, déboires de la cour d’Espagne sous le règne de Charles II, Par le marquis de Villars »

Sa Majesté a permis à la reine de ne se coucher plus qu’à dis heures et demie, et de monter à cheval quand elle voudra, quoique cela soit entièrement contre l’usage. » Mais n’allez pas vous figurer pourtant de bien grandes joies ; ne laissez pas courir votre imagination ; prêtez l’oreille, écoutez l’ironie fine : « On se trouve toujours bien du changement de la camarera-mayor.

1283. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Journal de la santé du roi Louis XIV »

On corrigeait en partie ce mauvais effet par l’usage de ce qu’on appelait le Rossolis du roi, breuvage composé d’eau-de-vie faite avec du vin d’Espagne, dans laquelle on faisait infuser des semences d’anis, de fenouil, d’anet, de chervis, de carotte et de coriandre, à quoi l’on ajoutait du sucre candi, dissous dans l’eau de camomille et cuit en consistance de sirop.

1284. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Ernest Renan »

C’est même pour lui une des conditions de la critique complexe et nuancée telle qu’il l’entend : « L’esprit délicat et dégagé de passion, critique pour lui-même, voit, dit-il, les côtés faibles de sa propre cause et est tenté par moments d’être de l’avis de ses adversaires. » Le contraire lui paraît presque de la grossièreté, de la violence à l’usage seulement des hommes d’action, des chefs de secte ou de parti, non des penseurs.

1285. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Lettres inédites de Jean Racine et de Louis Racine, (précédées de Notices) » pp. 56-75

Les vers de Racine, au contraire, et son poème de la Grâce, si longtemps retardé, et son poème de la Religion, qui ne parut qu’en 1742, devaient être revêtus de toutes les formalités et approbations d’usage, et cela demanda des années.

1286. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Térence. Son théâtre complet traduit par M. le marquis du Belloy (suite et fin.) »

» C’est ici que Chrémès fait cette heureuse réponse qui a eu son écho à travers les siècles : « Je suis homme, et je considère que rien d’humain ne m’est étranger. » Et il s’attache de son mieux à désarmer la misanthropie du farouche voisin, à lui, rendre en un sens quelconque la réponse facile : « Prenez que c’est ou un avertissement, ou bien une simple question à mon usage ; si vous avez raison, pour que je vous imite ; sinon, pour que je vous ramène » Ménédème, malgré tout, regimbe encore : « C’est mon habitude à moi ; à vous de faire comme vous l’entendez ! 

1287. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid. »

Il prête à ses vieux héros tout ce qu’il a de noble dans l’imagination, et vous diriez qu’il se défend l’usage de son propre bien, comme s’il n’était pas digne de s’en servir. » Tout cela admis et reconnu, il restera vrai d’accorder à M. 

1288. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « M. Émile de Girardin. »

Mais quel usage fera-t-on de cette liberté si plénière ?

1289. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise par M. Taine. »

Lorsqu’il sortit de l’École, en 1851, de grands changements pourtant, et qui étaient devenus nécessaires, s’accomplissaient ; mais on était passé, selon l’usage, d’un excès à l’autre ; on entrait en pleine réaction.

1290. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Méditations sur l’essence de la religion chrétienne, par M. Guizot. »

On n’a pas de bonnes nouvelles, comme ils l’entendent, à leur annoncer : on poursuit solitairement des vérités hautes, mais imparfaites, dont le prix n’est qu’en soi et à l’usage du très petit nombre.

1291. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « La Réforme sociale en France déduite de l’observation comparée des peuples européens. par M. Le Play, conseiller d’État. (Suite et fin.) »

Cet usage met toute la maison à l’aise : il dispense les parents d’autorité, et les enfants de respect. » Toutes ces pensées dont on voit l’originalité morose et dans lesquelles il entrait une part de vérité, avaient l’inconvénient toutefois de ne comprendre qu’un seul côté de la question, le côté qui regarde le passé, de ne tenir aucun compte des changements survenus, de l’émancipation des intelligences, du libre développement de l’individu, des progrès des villes, de ceux de l’industrie, des rapports multipliés avec l’étranger.

1292. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée, par M. le chevalier Alfred d’Arneth et à ce propos de la guerre de 1778 »

En même temps se formait une école d’artillerie sous la direction du prince de Lichtenstein ; il porta ce corps à six bataillons, et l’usage des canons à cet abus inouï auquel il est parvenu de nos jours ; par zèle pour l’impératrice, il y dépensa au-delà de cent mille écus de son propre bien.

1293. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet »

Je reçus les premières leçons de l’usage du monde, et je pris le goût de la bonne compagnie qui m’a toujours fait fuir ce qui ne lui ressemblait pas.

1294. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

Et comment ne serait-ce point M. de Talleyrand qui, après avoir vu de près l’Amérique, l’avoir observée si peu d’années après son déchirement d’avec la mère patrie, et l’avoir, non sans étonnement, retrouvée tout anglaise, sinon d’affection, du moins d’habitudes, d’inclinations et d’intérêts, aurait lui-même écrit ou dicté les remarques suivantes : « Quiconque a bien vu l’Amérique ne peut plus douter maintenant que dans la plupart de ses habitudes elle ne soit restée anglaise ; que son ancien commerce avec l’Angleterre n’ait même gagné de l’activité au lieu d’en perdre depuis l’époque de l’indépendance, et que par conséquent l’indépendance, loin d’être funeste à l’Angleterre, ne lui ait été à plusieurs égards avantageuse. » Appliquant ici le mode d’analyse en usage chez les idéologues et tout à fait de mise à l’Institut en l’an III, il partait de ce principe que « ce qui détermine la volonté, c’est l’inclination et l’intérêt », et que ces deux mobiles s’unissaient des deux parts pour rapprocher les colons émancipés et leurs tyrans de la veille : « Il paraît d’abord étrange et presque paradoxal de prétendre que les Américains sont portés d’inclination vers l’Angleterre ; mais il ne faut pas perdre de vue que le peuple américain est un peuple dépassionné ; que la victoire et le temps ont amorti ses haines, et que chez lui les inclinations se réduisent à de simples habitudes : or, toutes ses habitudes le rapprochent de l’Angleterre.

1295. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine, Recueillements poétiques (1839) »

Le mot est d’usage en Orient, dira-t-on ; peu importe !

1296. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. PROSPER MÉRIMÉE (Essai sur la Guerre sociale. — Colomba.) » pp. 470-492

Mais notre objet n’a pu être ici que de donner un extrait, humble expression très en usage dans l’ancienne critique, dans celle qui se borne à rendre compte et à exposer.

1297. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre IV »

L’usage dominant de l’une ou de l’autre méthode chez tel écrivain peut d’ailleurs s’évaluer en chiffres concrets.

1298. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre IV. Le roman »

Il est d’usage de louer l’invention du caractère de Gil Blas : ce garçon qui est si peu héros de roman, bon enfant, sans malice, sans délicatesse, sans bravoure, mais admirablement résistant par le manque même de profondeur, qui ne prend jamais la vie au tragique, qui se relève et se console si vite de toutes ses disgrâces, toujours tourné vers l’avenir, jamais vers le passé, toujours en action, jamais rêveur ni contemplatif, que l’expérience mène rudement de la vanité puérile à l’égoïsme calculateur, et qui finit par s’élever assez tard à une solide encore qu’un peu grosse moralité ; ce personnage-là, dit-on, c’est notre moyenne humanité.

1299. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre VI, « Le Mariage de Figaro » »

Beaumarchais a si vigoureusement manifesté dans sa comédie le mécontentement général et son indisciplinable individualité, qu’elle est restée dressée contre tous les gouvernements, à l’usage de toutes les oppositions.

1300. (1911) La valeur de la science « Troisième partie : La valeur objective de la science — Chapitre XI. La Science et la Réalité. »

J’emploie ici le mot réel comme synonyme d’objectif ; je me conforme ainsi à l’usage commun ; j’ai peut-être tort, nos rêves sont réels, mais ils ne sont pas objectifs.

1301. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « La génération symboliste » pp. 34-56

Les symbolistes (je parle de l’élite) faisaient fi des procédés jusque-là en usage dans l’Art de parvenir.

1302. (1890) L’avenir de la science « V »

Philosopher est le mot sous lequel j’aimerais le mieux à résumer ma vie ; pourtant, ce mot n’exprimant dans l’usage vulgaire qu’une forme encore partielle de la vie intérieure, et n’impliquant d’ailleurs que le fait subjectif du penseur solitaire, il faut, quand on se transporte au point de vue de l’humanité, employer le mot plus objectif de savoir.

1303. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre V. La littérature et le milieu terrestre et cosmique » pp. 139-154

On peut, si l’on analyse et compare avec soin les ouvrages des hommes qui sortent alors de la province régnante, relever nombre de locutions, de faits locaux, d’usages particuliers, d’images familières, qui représentent l’apport de cette province à la civilisation nationale.

1304. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre III : Les Émotions »

La décharge nerveuse peut même produire des effets extraordinaires, comme chez les paralytiques qui ont recouvré momentanément l’usage de leurs membres, par suite de quelque émotion violente.

1305. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires de Philippe de Commynes, nouvelle édition publiée par Mlle Dupont. (3 vol. in-8º.) » pp. 241-259

« Les passions des hommes, a dit Vauvenargues, sont autant de chemins ouverts pour aller à eux. » Louis XI savait ce principe, que tout homme qui aspire à gouverner doit savoir, et il le mettait doucement en usage.

1306. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Des lectures publiques du soir, de ce qu’elles sont et de ce qu’elles pourraient être. » pp. 275-293

On a eu l’idée, dans un moment où il venait des idées de bien des sortes et qui toutes n’étaient pas aussi louables, d’établir dans les divers quartiers de Paris des lectures du soir publiques, à l’usage des classes laborieuses, de ceux qui, occupés tout le jour, n’ont qu’une heure ou deux dont ils puissent disposer après leur travail.

1307. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres inédites de la duchesse de Bourgogne, précédées d’une notice sur sa vie. (1850.) » pp. 85-102

Jérôme Pichon, offre un curieux traité de morale, de civilité honnête et d’économie domestique, le tout dressé par un bon bourgeois de Paris du xive  siècle, à l’usage de sa jeune femme.

1308. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Mme de Genlis. (Collection Didier.) » pp. 19-37

Elle se trouva bientôt liée avec la jeune et facile princesse par une véritable amitié, et il fut décidé entre elles qu’elle deviendrait la gouvernante de ses filles, et (contre l’usage) leur gouvernante dès le berceau.

1309. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le surintendant Fouquet. (Article Fouquet, dans l’Histoire de Colbert, par M. P. Clément.) 1846. » pp. 294-312

Pellisson, qui avait été premier commis de Fouquet, et qu’on avait arrêté en même temps que lui, composa à la Bastille et fit paraître, durant le cours du procès, des Mémoires et Discours au roi, dans lesquels il alléguait en faveur du surintendant tout ce qui se pouvait dire de plus ingénieux, de plus élégant, de plus éloquent même, sous la forme académique alors en usage.

1310. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — I. » pp. 201-219

L’incident dont je parle et qui lui servit de champ de bataille quand tout lui semblait enlevé, était celui-ci : prisonnier au For-l’Évêque, et devant, selon l’usage, solliciter ses juges, il avait obtenu la permission de sortir durant trois ou quatre jours, accompagné d’un agent.

1311. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « L’abbé Gerbet. » pp. 378-396

Ces nigauds de l’abbé Gerbet sont pleins d’esprit et d’à-propos : il les fait par obéissance, ce qui le sauve, dit-il, de tout reproche et de toute idée de ridicule, il est difficile de détacher ces riens des circonstances de société qui les produisent ; voici pourtant une de ces petites pièces improvisées à l’usage et pour la consolation des perdants, elle a pour titre Le Jeu du soir : C’est aujourd’hui la Fête de la Vierge, Mais, entre nous, je voudrais bien savoir Si, quand on doit le matin prendre un cierge, On peut tenir une carte le soir.

1312. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — III. Franklin à Passy. (Fin.) » pp. 167-185

La correspondance de Franklin, en ces années, est d’une lecture des plus agréables et des plus douces : l’équilibre parfait, la justesse, l’absence de toute mauvaise passion et de toute colère, le bon usage qu’il apprend à tirer de ses ennemis mêmes, un sentiment affectueux qui se mêle à l’exacte appréciation des choses, et qui bannit la sécheresse, un sentiment élevé toutes les fois qu’il le faut, un certain air riant répandu sur tout cela, composent un vrai trésor de moralité et de sagesse.

1313. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Les Faux Démétrius. Épisode de l’histoire de Russie, par M. Mérimée » pp. 371-388

Revêtu d’une robe de moine, comme un malade désespéré, il reçut les sacrements, et, selon l’usage du temps, prit un nom de religion.

1314. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1853 » pp. 31-55

Il nous déclara que pour lui, il n’y avait aucun délit dans notre article, mais qu’il avait été forcé de poursuivre sur les ordres réitérés du ministère de la police, sur deux invitations de Latour-Dumoulin ; qu’il nous disait cela d’homme du monde à homme du monde, et qu’il nous demandait notre parole de ne pas en faire usage dans notre défense.

1315. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre V. Le génie et la folie »

Mais cela ne prouverait pas que le génie, c’est-à-dire l’usage normal des fonctions cérébrales, suit une maladie du cerveau.

1316. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre II : Philosophie politique de Tocqueville »

« Les institutions communales, disait-il, sont à la liberté ce que les écoles primaires sont à la science : elles la mettent à la portée du peuple, elles lui en font goûter l’usage paisible et l’habituent à s’en servir. » Il conseillait donc de reprendre les choses par la base et d’assurer le sous-sol, au lieu de construire des édifices magnifiques qui tombent par terre l’un après l’autre avec fracas après les plus belles promesses.

1317. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre V. Seconde partie. Des mœurs et des opinions » pp. 114-142

Cette austérité des habitudes républicaines, cette aridité du régime constitutionnel, sont peu à notre usage : nous aimons à pouvoir nous occuper de la chose publique, comme de tout, et en nous jouant, si j’ose parler ainsi ; car tout ce qui nous intéresse, tout ce qui fait le sujet de nos études ou de nos méditations, nous aimons à en parler, le, soir, dans la chambre des dames, comme disaient nos anciens chevaliers sur le champ de bataille ou sur la brèche d’une forteresse ouverte par leur vaillance.

1318. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Michelet »

II Ainsi, ne nous y trompons pas et insistons tout d’abord sur ce caractère : — Conseil essentiellement pratique, petit catéchisme de l’amour à l’usage de la jeunesse, manuel d’entraînement de la femme vertueuse, introduction à la vie du ménage et recette infaillible de bonheur domestique, individuel et social, voilà le livre de Michelet !

1319. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Camille Jordan, et Madame de Staël »

Je ne sais pourquoi vous ne considérez pas comme un devoir de faire usage de vos talents dans le noble sens que votre âme vous inspire. […] — Il sait cependant vous aimer et vous admirer ; mais je vous aime encore plus. — Vous m’avez écrit que vous me souhaitiez des idées plus religieuses : j’en voudrais sûrement davantage ; mais, cher Camille, je m’en crois bien autant que vous, et sûrement j’ai plus d’usage à en faire. […] Les vanités du rang et de la puissance rappellent le grand monde de Paris, mais sont bien plus ridicules parce qu’elles s’agitent dans un plus petit cercle et ne se lient à aucun intérêt politique. — Je ne crois pas qu’il y ait de pays où l’on tienne plus à la représentation ; les maisons sont des palais, et l’on y conserve l’ancien luxe d’avoir un grand nombre de domestiques ; mais quand on arrive sans être attendu, on est tout surpris, après avoir traversé des antichambres, des salons, des galeries, de trouver la maîtresse de la maison dans un cabinet écarté, éclairé par une seule chandelle. — En tout, il me paraît d’usage ici de se donner le superflu aux dépens du nécessaire. — Le prince mène la vie la plus retirée, excepté les heures de représentation.

1320. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Jean-Jacques Ampère »

Ampère était l’homme de ce moment, et sa noble et large impartialité d’esprit, sa connaissance directe des autres littératures, l’usage et la familiarité qu’il en avait de longue main, le sentiment juste des rapports (ce sentiment qui semble s’être perdu depuis), tout lui permettait d’assigner à la production française sa vraie place et son vrai rang, sans lui rien retrancher et sans rien exagérer non plus. […] Comment un écrivain qui n’avait cessé depuis le commencement de ce régime de remplir des fonctions au nom de l’État, soit comme suppléant à la Faculté, soit comme maître de conférences à l’École normale, qui était professeur en titre au Collège de France, qui avait eu du ministre de l’instruction publique une mission pour son voyage d’Égypte, comment un tel académicien se serait-il dérobé à la visite d’usage et de pure forme, la présentation au roi ? […] Sans doute, en s’y attachant avec suite, il eût contribué plus sûrement à sa renommée, à son autorité, sinon à sa gloire : il eût composé un livre excellent et durable, en vue de tous, à l’usage de tous ; il eût continué de faire l’éducation supérieure de plusieurs générations successives ; quiconque se fût essayé dans cette voie critique l’eût rencontré sans cesse sur son chemin et pendant ces quinze dernières années et dans celles qui suivront ; on aurait eu, en chaque sujet littéraire, à compter avec lui ; mais en lui imposant cette tâche, en lui supposant ce souci, suis-je bien entré dans l’esprit de l’homme, ne l’ai-je point tiré un peu trop à moi et dans le sens de ce que je préfère moi-même ?

1321. (1885) Le romantisme des classiques (4e éd.)

Guizot fait la remarque suivante : « Il y a évidemment pour Corneille deux espèces d’honneur bien distinctes, qu’il lui paraît d’autant plus ridicule de confondre, que l’une des deux n’est pas à son usage. […] J’ai tâché de la réduire à notre usage et dans nos règles… » Né vers le commencement du dix-septième siècle, au Mexique, de sang espagnol, Juan Ruiz de Alarcon y Mendoza vint en Europe vers 1621, occupa à Madrid une charge de l’ordre judiciaire, se mêla aussi de finances, et, en même temps, composa des comédies. […] Il demande à son valet, Cliton, Parisien de vieille roche et qui n’a jamais quitté la grand’ ville, de le mettre un peu au courant des habitudes, des usages, de la mode. […] » Cette plaisanterie provoque le rire des assistants. — « Insensés, leur dit alors Genès, je désire mourir chrétien. » On appelle un prêtre ; les cérémonies du culte des chrétiens s’accomplissent sur la scène, comme c’était alors l’usage, dit la légende, pour railler la religion nouvelle. […] Toutes ces pièces sont en cinq actes, en vers ; c’était l’usage en ce temps-là.

1322. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Benjamin Constant et madame de Charrière »

. — « J’avais, dit encore Adolphe, j’avais contracté, dans mes conversations avec la femme qui, la première, avait développé mes idées, une insurmontable aversion pour toutes les maximes communes et pour toutes les formules dogmatiques. » On va voir, en effet, que les maximes communes n’étaient guère d’usage entre eux, et ce sont justement ces conversations inépuisables, ces excès même d’analyse, que nous sommes presque en mesure de ressaisir au complet et de prendre sur le fait aujourd’hui. […] J’ai tout plein de ressources ; mais, comme je vous le disais vendredi, je n’en fais que peu d’usage. […] Il y a quelque chose de si morne dans son aspect même, quelque chose de si froid dans ses habitants, quelque chose de si languissant dans leur intercourse together, quelque chose de si unsociable dans leur manière de se voir ; ils n’ont ni intrigues de cour, ni intrigues de cœur, ni intrigues de libertinage ; il y a des femmes de la cour qui couchent avec leurs laquais ; il y a des street-walkers qui sont à l’usage des soldats et des gentilshommes de la cour qui en veulent. […] Le genre humain est né sot et mené par des fripons, c’est la règle ; mais, entre fripons et fripons, je donne ma voix aux Mirabeau et aux Barnave plutôt qu’aux Sartine et aux Breteuil… Je serais bien aise de revoir Paris, et je me repens fort, quand j’y pense, d’avoir fait un si sot usage, quand j’y étais, de mon temps, de mon argent et de ma santé.

1323. (1864) Le roman contemporain

Bouchardy, dans lesquels on pourrait trouver le sujet d’une vingtaine de drames et d’une quarantaine de tragédies, tant l’auteur fait usage de l’épisode et tant il aime à s’égarer dans des parenthèses indéfinies ! […] Tout est un prétexte pour ces descriptions interminables, où l’auteur a essayé de faire revivre les usages, les mœurs hypothétiques de ce monde disparu, avec ses monuments, ses costumes, ses fêtes, ses vices, ses turpitudes et ses cruautés. […] Loin de moi la pensée de réhabiliter le fâcheux usage que Henry Mürger a fait d’un talent dont le vol ne s’élève pas très haut, mais qui est naturel, original et primesautier. […] Il substitue le point d’honneur à l’honneur, la bravade à la bravoure ; il a un décalogue particulier à son usage. […] Au lieu d’être un de ces drames qui se déroulent dans la société, c’est une gageure, c’est un conte de fées, une bergerie à l’usage des cœurs sensibles, qui, en revenant de la Bourse ou du bois de Boulogne, ont besoin de s’attendrir ; le récit d’un revenant de l’Arcadie qui s’est entretenu avec l’ombre de mademoiselle de Scudéry ou avec celle d’Honoré d’Urfé.

1324. (1884) La légende du Parnasse contemporain

Maigre, plus maigre qu’en aucun temps il n’a été donné à aucun homme de l’être, transparent même si son étroite redingote, quoique amincie par l’usage, n’eût offert encore quelque apparence d’opacité, il allait, ses courts cheveux dressés par le vent qui rebroussait sa course, sa narine de faune relevée comme si elle eût flairé quelque nymphe prochaine. […] mais pensez et rêvez et sachez mettre en usage, du plus noble au plus humble, du rythme à la ponctuation, tous les moyens de votre art. […] Sais-tu » maintenant, quel est leur usage ? […] Plein de cette idée et convaincu que si Franklin, Benjamin Franklin, l’imprimeur, avait arraché la foudre au ciel, il devait être possible, a fortiori, d’employer ce dernier à des usages humanitaires, M.  […] — Quel émoi si, à propos de ces liqueurs de dessert dont on recommande l’usage à plus d’un titre, on apercevait, dans le sud de Regulus, ce chef-lieu du Lion, sur la pointe même de l’Épi de la Vierge, un Ange tenant un flacon à la main, tandis que sortirait de sa bouche un petit papier sur lequel on lirait ces mots : Dieu, que c’est bon !

1325. (1890) Les princes de la jeune critique pp. -299

Jadis cela n’était point une métaphore ; le bâton avait son mot à dire dans les querelles littéraires ; c’était l’usage de parler aux épaules des critiques. […] Je voudrais seulement que mon critique se fût fait une philosophie de l’art à son usage et qu’il avouât bravement ses principes, si bien qu’en se prononçant sur la valeur d’un homme ou d’un écrit il laissât toujours aux lecteurs, non pas le droit platonique, mais la facilité de contrôler, combattre, amender son appréciation personnelle. […] Il traite moins rudement maître François Rabelais ; mais ce n’est pas sans flétrir au passage l’« ignoble Panurge » et sans regretter que le curé de Meudon n’ait pas fait de son génie un meilleur usage. […] À l’exemple de Montaigne, il la trouve dans la coutume et l’usage. […] Il est d’usage que la mémoire d’un grand homme, surtout quand il a commis la faute de vivre trop longtemps, ait à subir dans les années qui suivent sa mort l’attaque des générations nouvelles ; c’est la première épreuve de la solidité de son œuvre et de sa renommée.

1326. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — II. (Suite.) » pp. 155-174

Sur quoi Rosny piqué répliqua que tout ce procédé conduisait à la grandeur du roi de Navarre bien plus qu’à sa ruine, et il en revint, selon son usage, à rappeler ce que son diable de précepteur La Brosse lui avait prédit ; puis il sortit brusquement, quittant sans autre façon la compagnie et le parti devenu contraire, pour se mettre en devoir de rejoindre le sien.

1327. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le prince de Ligne. — I. » pp. 234-253

Vous remarquerez que, pour l’achever et la couronner, il a cru essentiel de mêler à son idée de l’homme aimable un sentiment d’humanité, d’affection, et presque de détachement sincère au milieu du succès : c’est qu’il sait bien que l’écueil de ce qu’on appelle ordinairement l’amabilité dans le monde et de l’usage exclusif de l’esprit, c’est la sécheresse et la personnalité.

1328. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — I. » pp. 204-223

Le Français, selon lui, a un mérite distinctif : « Il est le seul peuple dont les mœurs peuvent se dépraver sans que le cœur se corrompe et que le courage s’altère. » Il voudrait voir l’éducation publique se réformer et s’appliquer mieux désormais aux usages et aux emplois multipliés de la société moderne ; il prévoit à temps ce qui serait à faire, et, connaissant le train du monde, il craint toutefois qu’on ne le fasse pas à temps : « Je ne sais, dit-il, si j’ai trop bonne opinion de mon siècle, mais il me semble qu’il y a une certaine fermentation de raison universelle qui tend à se développer, qu’on laissera peut-être se dissiper, et dont on pourrait assurer et hâter les progrès par une éducation bien entendue. » Duclos veut une réforme en effet, et non point une révolution.

1329. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Bourdaloue. — II. (Fin.) » pp. 281-300

Ne le mettez pas à un si haut prix qu’ils n’aient pas de quoi l’acheter. » Bourdaloue, étudié dans le détail, offrirait le plus bel exemple de la parole chrétienne édifiante et convaincante, appliquée à tous les usages et distribuée comme le pain de chaque jour, depuis les sermons prêchés à la Cour ou sous les voûtes de Notre-Dame jusqu’aux simples exhortations pour les assemblées de charité.

1330. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — II. (Fin.) » pp. 322-341

Ses romans sont ce qu’ils peuvent, mais ils ne sont pas vulgaires ; ils sont comme sa critique, surtout à l’usage de ceux qui en font ; ils donnent des idées et ouvrent bien des voies.

1331. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Une Réception Académique en 1694, d’après Dangeau (tome V) » pp. 333-350

Au reste, selon l’usage du monde envers ces réputations riches, une fois faites et adoptées, on lui prêtait quantité de mots, et on lui attribuait tout ce qui était digne de lui.

1332. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance inédite de Mme du Deffand, précédée d’une notice, par M. le marquis de Sainte-Aulaire. » pp. 218-237

Ces conventions, il faut le dire, furent très bien observées des deux parts ; le tact et le bon goût, l’extrême usage, sauvèrent les difficultés dans les premiers temps, et Mme de Grammont, à la longue, finit même par gagner quelque chose non seulement dans l’estime, mais dans l’affection de celle qu’elle avait trop longtemps froissée.

1333. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Béranger, recueillie par M. Paul Boiteau. »

Il avait réellement la philosophie familière et souriante ; il croyait qu’on pouvait rendre la sagesse accessible et facile, la vulgariser à l’usage du grand nombre : « Oh !

1334. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset, professeur d’histoire au lycée Bonaparte. »

Ce n’est pas à réussir sur l’heure et pour un jour qu’il vise, comme cela suffit aux charlatans, c’est à s’acquérir l’estime des connaisseurs et de ceux qui en jugeront plus tard à l’usage : « Ce n’est pas ici un jeu d’enfants, écrivait-il à propos de ce même Dunkerque, et j’aimerais mieux perdre la vie que d’entendre dire un jour de moi ce que j’entends des gens qui m’ont devancé. » Plein de bonnes raisons, et de celles qu’il donne, et de celles qu’il garde par devers lui dans un art qui a ses secrets, il s’impatiente et s’irrite même des chicanes et des objections qu’on élève quand il a le dos tourné ; il s’en plaint au ministre et d’un ton parfois un peu brusque.

1335. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Maurice et Eugénie de Guérin. Frère et sœur »

Ainsi, pour exprimer le galop, fougueux, et les délices de cette course effrénée ; éperdue, au sein des fleuves, à travers ; les forêts — (c’est le Centaure vieilli qui parle et qui est censé raconter les plus chères sensations de sa jeunesse à un homme venu dans sa caverne pour l’interroger) : « L’usage de ma jeunesse, dit-il, fut rapide, et rempli d’agitation.

1336. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire. »

C’est un sot usage que d’avoir à louer par fondation.

1337. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Le maréchal de Villars. »

Je n’ai point donné de ces batailles générales qui mettent le royaume en peine ; mais j’espère, avec l’aide de Dieu, que le roi retirera de grands avantages de celle-ci. » Et, en effet, si l’idée originale de Denain n’est pas de Villars, il se l’appropria tout à fait par la manière brillante et rapide dont il sut profiter de ce premier succès ; à la façon soudaine dont il en tira les conséquences, on aurait pu l’en croire le seul auteur et le père, et l’on peut dire que, par l’usage qu’il en fit, il éleva ce coup de main heureux à la hauteur d’une grande victoire.

1338. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier (Suite et fin.) »

C’est un roman-album à l’usage des artistes, des amateurs d’estampes, des collecteurs d’Abraham Bosse ou de Callot.

1339. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Histoire de Louvois par M. Camille Rousset. Victor-Amédée, duc de Savoie. (suite et fin.) »

S’ouvrant au comte de Tessé en juin 1696, au moment où il consentait (car c’était son tour alors de consentir) à ratifier sa paix particulière, il disait : « Au moins, Monsieur le comte, suppliez le roi de me donner un ambassadeur qui nous laisse en repos avec nos moutons, nos femmes, nos mères, nos maîtresses et nos domestiques ; le charbonnier doit être le patron dans sa cassine ; et depuis le jour que j’ai eu l’usage de raison, jusqu’au jour que j’ai eu le malheur d’entrer dans cette malheureuse guerre, il ne s’est quasi pas passé une semaine que l’on n’ait exigé de moi, soit par rapport à ma conduite ou à ma famille, dix choses où, lorsque je n’en ai accordé que neuf, l’on m’a menacé.

1340. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Mémoires de madame Roland »

Dauban est bonne dans son ensemble et doit être suivie dans la généralité de l’usage, à la condition toutefois qu’on y mettra un correctif : c’est que lorsqu’on est appelé à publier les écrits inédits d’un auteur mort d’hier, les considérations les plus respectables peuvent déterminer celui qui en est l’éditeur non pas à altérer (il ne le faut jamais), mais à affaiblir ou mieux à ajourner en quelque point l’expression entière des pensées ou des jugements.

1341. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « La reine Marie Leckzinska (suite et fin.) »

Les amis de la favorite, voyant la reine paraître et espérer dans sa candeur reconquérir d’une seule fois tout le terrain perdu, y compris le point essentiel du conjungo, usèrent de l’arme, alors si en usage, du ridicule.

1342. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite et fin.) »

« Elle assista, contre tous les usages, aux séances du Conseil où furent délibérés les principes et les formalités des élections et de la convocation des États-Généraux64. » Elle ne se montra point contraire à ce qui fut résolu ; en cela elle se séparait dès lors de son monde intime et du comte d’Artois, aveuglément voué aux intérêts de la Noblesse.

1343. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat. »

Dans une mission de ce genre, où il fallait des coups de main improvisés et peu corrects, on éprouvait sans doute, à Versailles, l’inconvénient d’avoir pour instrument un homme à scrupules ; mais on avait aussi les avantages d’avoir dans un guerrier ferme un bon esprit, sage, respectant les mœurs et les usages des populations, ménageant les amours-propres, équitable, soigneux d’alléger les charges et de tempérer les rigueurs d’une occupation étrangère, sachant maintenir la discipline dans ses troupes, leur procurer des occupations, des divertissements même, sans licence et sans ennui ; assez habile pour aller, suivi de tous ses officiers, demander à l’évêque de Casal la permission de faire gras en carême, ce qui fut fort goûté des habitants, mais résistant d’autre part à toute ingérence ultramontaine au sein de sa garnison, et disant : « Je veux rester autant qu’il est possible dans nos mœurs. » J’en ai dit assez pour montrer déjà la réunion de qualités précieuses et rares qui firent de Catinat le plus admirable officier de guerre, si elles n’en devaient pas faire précisément un grand général.

1344. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Mlle Eugénie de Guérin et madame de Gasparin, (Suite et fin.) »

C’est d’usage que tous les ans, à pareil jour, les jeunes baigneurs donnent un bal et fassent les frais d’une fête champêtre.

1345. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les fondateurs de l’astronomie moderne, par M. Joseph Bertrand de l’académie des sciences. »

Malgré tout l’art et la complaisance qu’y peuvent mettre en effet les plus élevés d’entre les vulgarisateurs, une difficulté réelle qu’impliquent ces notices sur des savants, écrites à l’usage des gens du monde, ne saurait être supprimée ni écartée ; ce point délicat et insurmontable, c’est que, pour celui qui n’a pas étudié la langue mathématique et fait les calculs, l’expression des principales découvertes demeure nécessairement obscure et comme une lettre close.

1346. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée par le chevalier d’Arneth »

Hors de là, elle ne réfléchit encore guère, et l’usage qu’elle a fait jusqu’ici de son indépendance le prouve assez, puisqu’il n’a porté absolument que sur des objets d’amusement et de frivolité ; mais le temps de la réflexion ne lardera vraisemblablement plus longtemps à venir… » J’ai indiqué, dans cette seconde édition de M. d’Arneth, tout ce qui est fait pour intéresser ceux qui avaient déjà été si frappés de l’importance historique de sa publication première.

1347. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Idées et sensations : par MM. Edmond et Jules de Goncourt. »

Hommes d’observation, de sincérité et de hardiesse, ils se sont fait une doctrine à leur usage : ils se sont dit de ne pas répéter ce qui a été dit et fait par d’autres ; ils vont au vif dans leurs tableaux, ils pénètrent jusqu’au fond et aux bas-fonds ; ils veulent noter la réalité jusqu’à un degré où on ne l’avait pas fait encore ; ils tiennent, par exemple, à copier et à reproduire la conversation du jour et du moment, les manières de dire et de parler si différentes de la façon d’écrire, et que les auteurs, d’ordinaire, ne traduisent jamais qu’incomplètement, artificiellement ; ils ne reculent pas au besoin devant la bassesse des mots, fussent-ils dans une jolie bouche et du jargon tout pur, confinant à l’argot ; ils imitent, sans rien effacer, sans faire grâce de rien ; ils haïssent la convention avant tout ; pas d’école : « Aussitôt qu’il y a l’école de quelque chose, ce quelque chose n’est plus vivant. » Ils haïssent la fausse image et le ponsif du beau : « Il y a un beau, disent-ils, un beau ennuyeux, qui ressemble à un pensum du beau. » Très-bien : Je les comprends, je les approuve, je les suis volontiers, ou à très-peu près, jusque-là.

1348. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « JASMIN. » pp. 64-86

Ce qu’il y a de vrai dans cette perspective de lointain ne saurait faire qu’en tout temps, même aux âges le plus naïvement poétiques, la poésie, telle qu’elle s’y réalisait, n’ait été en définitive produite par le talent singulier de quelques individus ; la masse ne la possédait qu’alors seulement, et elle se l’appropriait par l’usage, par la jouissance.

1349. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DISCOURS DE RÉCEPTION A L’ACADÉMIE FRANÇAISE, Prononcé le 27 février 1845, en venant prendre séance à la place de M. Casimir Delavigne. » pp. 169-192

Les vers furent de tout temps plus à son usage que la prose.

1350. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « UN FACTUM contre ANDRÉ CHÉNIER. » pp. 301-324

remy très-digne de ce rôle mixte, à la fois sérieux et point pédant ; il a eu pourtant au début une inspiration malheureuse, selon nous : il y avait peut-être à faire un meilleur usage de ses acquisitions classiques que de commencer par les tourner contre André Chénier, et de venir déclarer en suspicion une muse en qui le parfum antique est universellement reconnu.

1351. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SÉVIGNÉ » pp. 2-21

Quand une fois le siècle d’analyse a passé sur la langue et l’a travaillée, découpée à son usage, le charme indéfinissable est perdu ; c’est à vouloir alors y revenir qu’il y a réellement de l’artifice.

1352. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SOUZA » pp. 42-61

Elle en a vu à merveille et elle en a aimé le monde, le ton, l’usage, l’éducation et la vie convenablement distribuée.

1353. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVe entretien. Littérature grecque. L’Iliade et l’Odyssée d’Homère » pp. 31-64

Cependant, comme nous l’avons dit, parmi ceux qui portèrent des vers à Pisistrate, quelques-uns, pour obtenir une plus grande récompense, en ajoutèrent de leur façon, que l’usage ne tarda pas à consacrer aux yeux des lecteurs.

1354. (1892) Boileau « Chapitre VI. La critique de Boileau (Fin). La querelle des anciens et des modernes » pp. 156-181

Mais, de plus, Boileau et Racine, et La Fontaine, et Molière étaient des artistes : ce que n’étaient ni les Chapelain, ni les Scudéry, ni les Desmarets, ni les Cotin, ni tous les prétentieux rédacteurs d’emphatiques épopées, ni tous les ingénieux rimeurs de petits vers, ni tous les pédants qui estimaient que l’usage des règles, par une vertu secrète, suffit sans la matière et sans le génie à la perfection des œuvres, ni enfin tous les inspirés qui écrivaient en courant, sans réflexion et sans retouches, au hasard de leur fantaisie.

1355. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre II. Littérature dramatique — Chapitre I. Le théâtre avant le quinzième siècle »

Mais la source immédiate du drame, c’était la variation de l’office du jour, les prières ou le récit qui rappelaient l’acte divin, le saint, ou le martyr, dont l’office du jour consacrait particulièrement la mémoire ; c’était l’Evangile, les Actes des apôtres, ces délicieux poèmes de la religion naissante, que l’usage de l’Église découpait pour servir à l’éducation du peuple selon l’ordre de l’année chrétienne.

1356. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre III. Comédie et drame »

Mais surtout, sous peine de n’être qu’une tragédie plus grossière à l’usage du peuple489 (ce que fut le mélodrame), pour être une espèce fixe et viable, le drame devait être un genre réaliste, d’un réalisme extérieur et sensible.

1357. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre III. La poésie : V. Hugo et le Parnasse »

De là, l’usage qu’il en fait.

1358. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Alphonse Daudet, l’Immortel. »

Jamais on n’a fait un si prodigieux usage de toutes les « figures de grammaire » abréviatives, de l’anacoluthe, de l’ellipse et de ce qu’on appellerait, s’il s’agissait de latin, l’ablatif absolu.

1359. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre IV. Précieuses et pédantes »

Quand un personnage a demandé : « Si je vous donnais sur nous-mêmes quelques notions, quelle sorte d’usage en feriez-vous ? 

1360. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Pensées, essais, maximes, et correspondance de M. Joubert. (2 vol.) » pp. 159-178

Il a l’art de rafraîchir les préceptes usés, de les renouveler à l’usage d’une époque qui ne tient plus à la tradition qu’à demi.

1361. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Le Livre des rois, par le poète persan Firdousi, publié et traduit par M. Jules Mohl. (3 vol. in-folio.) » pp. 332-350

Dans les premiers instants, le chef religieux de la ville refusa de lire les prières d’usage sur sa tombe, sous prétexte de cet ancien soupçon d’hérésie, et par crainte sans doute de déplaire au sultan.

1362. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « La Mare au diable, La Petite Fadette, François le Champi, par George Sand. (1846-1850.) » pp. 351-370

non, j’étudie Virgile et j’apprends le latin. » Nous ferons ici comme elle, nous laisserons la politique de côté avec tous ses méchants propos et ses sots contes : ce sont légendes qui ne sont pas à notre usage.

1363. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Lettres de la marquise Du Deffand. » pp. 412-431

On la maria, selon le bel usage, à un homme qui ne lui convenait que par la naissance.

1364. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres et opuscules inédits de Fénelon. (1850.) » pp. 1-21

La dernière partie du volume contient des Fables de La Fontaine traduites en prose latine pour l’usage du duc de Bourgogne.

1365. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Les Confessions de J.-J. Rousseau. (Bibliothèque Charpentier.) » pp. 78-97

Il n’a pas vu qu’il faisait comme le médecin qui se mettrait à décrire d’une manière intelligible, séduisante, à l’usage des gens du monde et des ignorants, quelque infirmité, quelque maladie mentale bien caractérisée : ce médecin serait en partie responsable et coupable de tous les maniaques et de tous les fous par imitation et contagion que ferait son livre.

1366. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Florian. (Fables illustrées.) » pp. 229-248

Le duc de Penthièvre, fils du comte de Toulouse et neveu du duc du Maine, était le dernier héritier des bâtards légitimés, fils de Louis XIV ; homme vertueux et bienfaisant, il corrigeait, par l’usage qu’il faisait de ses immenses richesses, l’impureté de leur source.

1367. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Étienne Pasquier. (L’Interprétation des Institutes de Justinien, ouvrage inédit, 1847. — Œuvres choisies, 1849.) » pp. 249-269

C’est dans le calme de ces derniers jours que Pasquier, plus qu’octogénaire, dicta, à l’usage de deux de ses petits-fils, les leçons de droit que M. 

1368. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Rulhière. » pp. 567-586

Admis à puiser aux sources officielles manuscrites, il en fit usage avec habileté, avec art.

1369. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Charles Perrault. (Les Contes des fées, édition illustrée.) » pp. 255-274

Colbert, et l’Académie, qui, en ce temps-là, était très docile aux puissances, s’empressa de modifier son usage et d’établir la publicité pour la cérémonie de réception44.

1370. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — I. » pp. 84-104

Il est évident, dès les premières lignes, que c’est une leçon à l’usage de la France que l’historien a voulu donner.

1371. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Boileau. » pp. 494-513

Une vacance s’offrit ; La Fontaine, concurrent ici de Despréaux, ayant été agréé à un premier tour de scrutin et proposé au roi comme sujet ou membre (c’était alors l’usage), il y eut ajournement à la décision du monarque, et dès lors au second tour de scrutin académique.

1372. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — II. (Fin.) » pp. 246-265

Dans un portrait de Du Plessis-Mornay, voulant déplorer l’usage que ce célèbre protestant fit de ses talents contre l’Église, il dira qu’il eût été à souhaiter pour lui qu’il fût mort-né (Mornay) d’effet comme de nom, et que du ventre de sa mère il eût été porté à la sépulture.

1373. (1860) Ceci n’est pas un livre « Une préface abandonnée » pp. 31-76

Chacun se forge une définition à soi, un sens à son usage exclusif. — Je viens d’écrire : « Le style est le côté faible, etc. » Eh bien !

1374. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre III. Personnages merveilleux des contes indigènes »

J’entends par là ceux qui ne sont pas affectés à l’usage d’un possesseur unique et n’ont pas pour objet unique le bien de ce possesseur.

1375. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre V. Séductions pour la compréhension de la psychologie indigène. — Conclusion »

Quant à NGouala (ou Nouala), sorte d’Allah déformé à l’usage des Bambara fétichistes évoluant vers le monothéisme, c’est, lui aussi, une personnalité pleine de « bonace », un roi d’Yvetot, parfois à court d’argent, qui se voit obligé d’avoir recours aux humains de temps à autre quand l’arrivée d’hôtes inattendus ou la mort de sa belle-mère lui occasionnent des dépenses inaccoutumées.

1376. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Charles Baudelaire  »

Eh bien, par exception à son usage, il me semble que je vois ici un petit bout de rire silencieux !

1377. (1900) La province dans le roman pp. 113-140

C’est bien plutôt le snobisme des usages et la banalité des idées générales qu’il faudrait signaler !

1378. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XV. »

Car, dans les chastes maisons des hommes, les dieux alors avaient pour usage de descendre et de se montrer aux yeux mortels, la piété n’ayant pas encore cessé d’être en honneur.

1379. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXIII. »

Il fut poëte aussi, cet autre démocrate anglais de 1789, non moins passionné pour la liberté que pour la science, intègre et généreux magistrat, voulant rendre aux Hindous l’usage de leurs antiques lois et célébrant lui-même dans des vers anglais les traditions de leur culte.

1380. (1861) Questions d’art et de morale pp. 1-449

Le temple, c’est l’hymne matérialisé ; c’est la nature sensible façonnée à l’imitation et pour l’usage de la prière. […] Ensuite vient la lutte de la liberté humaine contre le destin, c’est-à-dire contre les faits créés en dehors de la Providence par le mauvais usage que l’essence humaine a fait dès l’origine de la liberté. […] La résignation, l’obéissance, le détachement, peuvent attester la sainteté la plus éminente, mais sont aussi à l’usage de l’impuissance et de l’égoïsme. […] Il y a très peu de temps que cet usage existait encore en Espagne. […] C’est dans le culte que les usages de la poésie primitive se sont le plus longtemps conservés.

1381. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome II pp. 1-419

Il n’est pas difficile, en effet, pour un esprit exercé, de marquer la limite où finit l’usage légitime, où commence l’abus de la périphrase et du style figuré. […] Mais Dieu sait quel usage M.  […] Guizot qu’il jouait sa renommée en parlant de philosophie, car dix ans plus tard, lorsqu’il entrait à l’Académie française, ayant à louer son prédécesseur selon l’usage traditionnel, il a prouvé qu’il avait à peine feuilleté les œuvres M.  […] Vers la fin du jour, les moissonneurs se réunissent sous le toit de la Grand’Rose, qui, selon l’usage du Berry, partage avec le père Fauveau les fruits de son bien. […] Si l’ignorance de toutes les ruses qu’une femme met en usage pour se défendre a pu le décider au mariage, s’il a pris au sérieux les conseils de Gabrielle, comment, si jeune qu’il soit, peut-il, une heure plus tard, se laisser désarmer par un mot ?

1382. (1836) Portraits littéraires. Tome II pp. 1-523

Robert Walpole est le héros nominal de la nouvelle comédie ; mais que l’auteur se rassure : je ne composerai pas à son usage une petite leçon d’histoire, je ne le chicanerai pas sur son ignorance. […] Comme il ne met en usage que des idées connues d’avance, éprouvées depuis longtemps, il ne court pas le danger d’une défaite. […] Ce n’est guère l’usage ; et puisqu’Alfred demeure publiquement chez sa maîtresse, la notification est au moins inutile, et chacun doit croire qu’ils sont disposés à se passer des bénédictions de l’église. […] Cette vertu d’airain était-elle à l’usage du père de Diane ? […] Rabelais s’était fait une langue à son usage, qui ne relevait guère que de sa prodigieuse érudition et de son inépuisable fantaisie.

1383. (1857) Causeries du samedi. Deuxième série des Causeries littéraires pp. 1-402

C’est dans la Duchesse de Langeais que M. de Balzac inaugura cette scolastique amoureuse, sentimentale, platonique, dépravée, à demi mystique, à demi sensuelle, plus immorale cent fois qu’une franche licence, dernier assaisonnement de la corruption des sens à l’usage des sociétés vieillies et des palais émoussés. […] À cette tête millionnaire, où fourmillaient les trésors des Mille et une Nuits monnayés à l’usage de la comédie humaine du dix-neuvième siècle, il a manqué une qualité de quelque importance, sans laquelle toute fécondité est stérile : la variété. […] Hugo s’est assis à son pupitre pour versifier sur l’amour comme un pianiste s’assied devant son clavier pour exécuter une variation brillante qu’il intitulera plus tard Échos du cœur ou Brises de l’âme, à l’usage des demoiselles trop bien élevées. […] Mais, quand cette œuvre est achevée, il reste à la traduire, et cette traduction, écrite avec du sang à l’usage des multitudes, frappe et venge à la fois tout ce qu’a attaqué Voltaire, proclame et châtie tout ensemble tout ce que Voltaire a fait. […] Il y aura toujours, pour agiter les campagnes et les villes, donner un aspect populaire aux scènes violentes d’insurrection et d’émeute, et transformer les souffrances du pauvre et du prolétaire en armes de guerre à l’usage des tribuns et des sophistes, un peuple révolutionnaire : celui-là n’est pas le véritable.

1384. (1881) Études sur la littérature française moderne et contemporaine

Prisonnier au Fort-l’Évêque pendant que son procès contre le comte de La Blache s’instruisait en appel, Beaumarchais avait obtenu, aux approches du jugement, la permission de sortir pendant la journée pour aller, selon l’usage, solliciter ses juges. […] S’il s’était borné à blâmer chez plusieurs poètes contemporains, petits ou grands, l’abus maladif d’une imagination trop souvent vide de sens et d’idées, il aurait raison sans conteste ; mais ce n’est pas seulement l’abus, c’est jusqu’à un certain point l’usage même qu’il condamne. […] Les définitions, comme on voit, doivent suivre non pas l’ordre de l’usage de moins en moins fréquent des sens, mais l’ordre logique de leur développement. […] L’usage propre de la raison n’est-il pas de découvrir les lois générales de la nature et de l’esprit ? […] Parce que je me plais dans l’usage de ma vertu, en est-elle moins profitable, moins précieuse à tout l’univers, ou moins différente du vice, qui est la ruine du genre humain ?

1385. (1932) Les idées politiques de la France

On peut en donner cette définition d’attente : un mode de pensée, une règle d’action, une attitude politique qui tiennent l’imitation et la continuation du passé par un bien, en soi, — qui respectent particulièrement les deux forces de l’ancienne France, la monarchie et l’Église, — qui ne pardonnent pas à la Révolution d’avoir rompu systématiquement avec ce passé, — qui veulent un État en accord et en sympathie avec les forces de conservation, la famille, la fortune acquise, les cadres de l’armée, l’Académie française, les usages mondains, — qui demandent la solution de la question sociale au maintien et à la concorde des classes, au patronage des autorités sociales, à la formation d’une élite par la culture humaniste, — qui sont exposés aux noms injurieux de réactionnaires et de conformistes, et, ce qui est, paraît-il, plus grave, de bien-pensants. […] Le grand problème républicain, le point de contact de la mystique et de la politique, sera le problème de l’école : notons même dans l’usage et dans l’opposition de ces termes de mystique et de politique, dont Péguy est l’inventeur, une réaction du grand écolier, du fils du peuple devant ses maîtres, que fut Péguy, une interpellation venue des bancs de bois de la laïque, un acte et une crise de l’école. […] En dehors de cet usage, le mot « laïque » appartient : 1º au langage officiel de l’Église pour désigner ce qui n’est pas clerc, comme on appelle civil ou pékin ce qui n’est pas militaire, et il ne dépasse guère l’enceinte des conférences de curés ; 2º au schibboleth de l’enceinte parlementaire, où il fait office de mot-traquenard, comme le pouvoir prochain des Provinciales, et d’où il n’arrive pas à franchir le bassin du Luxembourg ou les artichauts de Madier de Montjau. […] Selon l’usage, une action répondit à la « réaction » : à la proportionnelle scolaire, l’École Unique. […] Conclusion Devant les systèmes d’idées politiques que nous avons essayé de dénombrer et de peser, la maxime de Leibnitz : « Tous les systèmes sont vrais par ce qu’ils affirment et (aux par ce qu’ils nient », gardera sa valeur d’usage.

1386. (1881) Le roman expérimental

J’ai dit que je n’apportais rien, que je tâchais simplement, dans mes romans et dans ma critique, d’appliquer la méthode scientifique, depuis longtemps en usage. […] Dès lors, où a-t-on pu voir que j’inventais une théorie à mon usage particulier ? […] D’abord, je crois ne pas avoir inventé ce mot, qui était en usage dans plusieurs littératures étrangères ; je l’ai tout au plus appliqué à l’évolution actuelle de notre littérature nationale. […] C’est une réaction violente contre la littérature classique ; c’est le premier usage insurrectionnel que les écrivains font de la liberté littéraire reconquise. […] Il s’est fait un petit naturalisme à son usage, ou plutôt il enfourche le naturalisme des plaisantins de la critique ; et le voilà parti, il chevauche tout seul.

1387. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxviiie entretien. Littérature germanique. Les Nibelungen »

Hagene craignit l’usage qu’elle en ferait, et conseilla au roi de l’en priver. […] « Tout ce qui était nécessaire était là à leur usage, en grande profusion. […] Herrât, la femme illustre, l’initiait aux usages ; mais secrètement elle regrettait beaucoup Helche.

1388. (1883) La Réforme intellectuelle et morale de la France

Si le pape quitte Rome, les Italiens diront comme en 1378 : « Le pape est l’évêque de Rome ; qu’il revienne, ou nous allons choisir un évêque de Rome, lequel, par là même, sera le pape. » À vrai dire, un pape tel que l’a fait le concile ne peut résider nulle part ; il lui faudrait une ile escarpée et sans bords ; il n’a pas de place au monde ; or, si la papauté cesse d’avoir un petit territoire politiquement neutralise à son usage, elle verra briser son unité. […] La liberté du travail, la libre concurrence, le libre usage de la propriété, la faculté laissée à chacun de s’enrichir selon ses pouvoirs, sont justement ce dont ne veut pas la démocratie européenne. […] On n’entend pas nier l’utilité de tels établissements comme internats ou séminaires ; mais l’enseignement intérieur n’y devait pas dépasser la conférence entre élèves, selon les usages anciens.

1389. (1848) Études critiques (1844-1848) pp. 8-146

L’abattement profond d’un souverain pleurant sur les débris de sa ville, ou d’un amant trahi par sa maîtresse, ou bien d’un père qui embrasse sa fille morte, ce sont là des situations qui n’ont guère de rapports entre elles, et pourtant lorsque les paroles deviennent dépositaires de ces grandes douleurs, elles se refusent à tenir compte de la distance qui les sépare, et elles ne peuvent leur présenter que l’usage des mêmes mots. […] Ils ne font usage que d’enveloppes roses, bleues, panachées, dorées, coquettement plissées et c’est à une couverture aussi élégante qu’ils doivent une bonne partie de leurs succès. […] Comme application à la politique, c’est, du reste, tellement innocent que le puéril n’en est pas loin : car, lorsqu’on joue si volontiers avec les instruments de mort, on n’en fait pas grand usage.

1390. (1908) Jean Racine pp. 1-325

Mais Racine se conformait à un usage. […] Donc Racine, dans ce lointain Languedoc, craint d’oublier la bonne langue, le « bon usage ». […] Il respecte leurs usages et même les adopte. […] Un si grand empire ne peut être gouverné sans que nous lui imposions quelques-uns de nos usages et que nous en empruntions d’eux quelques autres. […] Et quels figurants, par exemple, eussent bien rendu l’attitude marquée par ces deux vers : Mais ceux qui de la cour ont un plus long usage Sur les yeux de César composent leur visage ?

1391. (1895) Les mercredis d’un critique, 1894 pp. 3-382

  Mais pour n’être pas un traité de morale à l’usage des jeunes filles, le livre de M.  […] Écrit avec un rare souci de la perfection, ce livre contient plus d’observations réelles, plus d’idées neuves et personnelles qu’il n’est d’usage aujourd’hui. […] Une seule chose qui m’étonne, c’est qu’il la faille nouvelle ; je ne trouve pas que les principes de la nôtre soient détruits, même entamés par le trop grand usage qu’on en a fait, et que celui, par exemple, qui dit : aimez-vous les uns les autres, doive être mis de côté pour avoir trop servie alors que nous ne pensons qu’à forger des lois contre les assassins et à doubler le nombre des sergents de ville pour protéger la vie de nos prochains et la nôtre. […] La vraie prudence consiste à craindre d’offusquer même l’œil des anges.” » N’est-ce pas d’un sentiment exquis et rien que ce trait ne met-il pas une grande distance entre le véritable Renan et celui que certains grossiers défenseurs de la libre pensée ont inventé pour leur usage particulier ? […] J’ai ajouté que, voulant prévenir le malheur de tomber dans une embuscade, Napoléon avait demandé au docteur Yvan, son chirurgien ordinaire, un sachet de poison dont il pût faire usage pour se préserver par la mort d’une odieuse captivité.

1392. (1894) La vie et les livres. Première série pp. -348

Enfin, voilà un voyageur qui nous fait grâce de ses états d’âme, garde pour l’intimité les angoisses de sa conscience, ne collectionne pas les menus des tables d’hôte, ne copie pas les parties lyriques du Guide Joanne, et a trop l’usage de la bonne compagnie pour se mettre devant nous, à rire sans motif ou à pleurer sans raison. […] Gabriel Charmes est un de ceux qui ont le mieux compris l’usage qu’il faut faire de la puissance du livre, un de ceux qui ont le mieux senti que le résultat le plus clair de la littérature c’est de faire entrer, de gré ou de force, dans le domaine commun, dans les esprits les plus rebelles et les âmes les plus rétives, les idées, les sentiments, la science de l’élite. […] Cet homme sincère, que j’appellerais volontiers, en modifiant à son usage une formule célèbre, « l’Hamlet et l’Alceste du pessimisme militant », a une furieuse façon de battre sa coulpe sur notre poitrine et de faire siffler ses-lanières sur nos épaules. […] Tout l’esprit des institutions militaires de l’ancienne Turquie est dans ces mots et dans ces usages. […] “Cette voix, dit Montaigne, est trop divine pour n’avoir autre usage que d’exercer les poulmons et plaire aux oreilles.”

1393. (1878) Nos gens de lettres : leur caractère et leurs œuvres pp. -316

J’avais songé d’abord, suivant l’usage, à donner à cette nouvelle édition une préface nouvelle. […] Quelle beauté pouvaient-ils trouver à la maison de province avec ses usages sévères et froids, ses armoires bien frottées mais sans ornements, ses grandes chambres silencieuses et ses passions voilées ? […] Dans ce dénouement s’affirme encore une fois la morale de la plupart des pièces contemporaines : morale de surface, inventée à l’usage des « satisfaits », auxquels la vraie, la haute morale paraît monstrueuse, et qui sont contents seulement si tout est pour le mieux dans le plus honteux des ménages. […] Baudelaire, en effet, l’opium et le haschich sont, avant tout, choses diaboliques, philtres d’invention moderne, et, partant, l’Église doit sévèrement en proscrire l’usage. […] Les personnes, à l’usage desquelles sont écrites ces sortes de choses, n’y regardent pas de si près.

1394. (1885) L’Art romantique

Pour bien comprendre l’étendue du sens impliqué dans cette phrase, il faut se figurer les usages ordinaires et nombreux du dictionnaire. […] Il y a des gens qui s’éprennent facilement du premier venu ; d’autres réservent l’usage de la faculté divine pour les grandes occasions. […] Quant au noir artificiel qui cerne l’œil et au rouge qui marque la partie supérieure de la joue, bien que l’usage en soit tiré du même principe, du besoin de surpasser la nature, le résultat est fait pour satisfaire à un besoin tout opposé. […] Pendant l’époque désordonnée du romantisme, l’époque d’ardente effusion, on faisait souvent usage de cette formule : La poésie du cœur ! […] Vrai raisonnement de femme qui ne sait pas approprier les mots à leur usage !

1395. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre III. — Du drame comique. Méditation d’un philosophe hégélien ou Voyage pittoresque à travers l’Esthétique de Hegel » pp. 111-177

Si la tragédie des Indiens est sans pathétique, sans véritable intérêt humain, parce qu’elle roule presque tout entière sur la violation de quelque usage puéril consacré par leur théocratie, la comédie des Chinois est encore plus insignifiante. […] Les hommes n’étaient pas tous de la même taille. « La liberté enfantait des colosses et des choses extraordinaires228. » Mais, dans notre siècle de fer, l’uniformité est partout, dans la coupe des habits, dans les usages du monde et dans la forme des gouvernements.

1396. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (3e partie) » pp. 249-336

Cette législation spéciale s’appelle discipline ; les hommes qui composent nos armées sont extraits par différents modes, coercitifs ou volontaires, de la population jeune du pays ; ces hommes reçoivent une modique solde pour enlever toute excuse au pillage, cet abus de la force dans le pays ami, cette stérilisation des ressources dans les pays conquis ; ces hommes reçoivent des armes de différente nature, selon les corps distincts dans lesquels ils sont enrôlés ; ces hommes reçoivent une éducation militaire conforme aux différents usages que le général se propose de faire de leurs armes distinctes dans la proportion numérique de ces différentes armes pendant ses campagnes : infanterie, cavalerie, artillerie, génie, baïonnettes, fusils, canons de campagne, canons de siège, passages des ponts, transports militaires, ambulances ou hôpitaux suivant l’armée. […] Napoléon, revenu à Iéna, s’occupait, suivant son usage, de faire ramasser les blessés, et entendait les cris de Vive l’Empereur !

1397. (1860) Cours familier de littérature. X « LIXe entretien. La littérature diplomatique. Le prince de Talleyrand. — État actuel de l’Europe » pp. 289-399

La source de cette opulence, peu scrupuleuse alors, mais licite pourtant dans les usages de l’ancienne diplomatie, cette source fut dans les présents diplomatiques que les négociations conduites à leur fin et les traités conclus permettaient aux négociateurs de revendiquer, comme des étrennes de paix, et d’accepter, comme des reconnaissances honorifiques, des cours étrangères. L’usage blessait peut-être le désintéressement, mais il n’offensait pas la probité.

1398. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (2e partie) » pp. 409-488

Je crus que je me ravalais ; mais non, je faisais comme vous, je grandissais selon ma mesure, car j’appropriais mon expérience à l’usage plus utile que j’en voulais faire. […] Pensons donc l’un et l’autre, puisque les événements différemment envisagés par nous, et puisque l’âge qui m’atteint, et qui vous suit, ne nous laissent pas d’autre usage à faire de nos facultés, pensons donc avec l’impartialité de l’âge et avec la patience du temps.

1399. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Herbert Spencer — Chapitre II : La psychologie »

« Tel est le cas du minéralogiste qui, pour reconnaître si une masse de matière peut être appropriée à un certain usage, en examine le mode de cristallisation, la couleur, la texture, la dureté, le clivage, la fracture, le degré de transparence, l’éclat, le poids spécifique, le goût, l’odeur, la fusibilité, les propriétés électriques et magnétiques, et dirige sa conduite d’après toutes ces choses prises ensemble. » La correspondance entre l’être et son milieu s’est donc constituée pleinement par des conquêtes successives ; il ne reste plus qu’à coordonner ces divers éléments. […] Mais dans le cas actuel, les barrières sont renversées, le libre usage de l’individualité d’un autre nous est concédé, et ainsi est satisfait l’amour d’une activité sans limites.

1400. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1890 » pp. 115-193

Maintenant ces images ne seraient pas, comme on l’a cru jusqu’ici, des images à l’usage des maisons de prostitution, elles seraient destinées à faire l’éducation des sens des jeunes mariés ; et dans un volume, illustré par la fille d’Hokousaï, racontant le mariage et ses épisodes, on voit roulée près du lit des jeunes époux, une série de makimono qui doivent être une collection de ces images. […] Vendredi 31 janvier Je m’amuse, je crois l’avoir déjà écrit, à faire une collection de menus objets d’art de la vie privée du xviiie  siècle, et d’objets spécialement à l’usage de la femme.

1401. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre VI » pp. 394-434

Ils ont dit mille choses inutiles : ils ont dit comment se battaient les hommes d’autrefois, et non pas comment ils vivaient ; ils se sont préoccupés des violences de l’espèce humaine, ils ont négligé d’en raconter les mœurs, les grâces, les élégances, les ridicules, si bien que c’est en pure perle, ou peu s’en faut, que ces misérables sept mille années que nous comptons depuis qu’il y a des hommes en société, ont été dépensées pour l’histoire des usages et des mœurs de la société civile. […] Il n’y a plus d’autre almanach que la blancheur de ces belles dents, la vivacité du regard, la grâce de la démarche, et toutes les jeunesses extérieures, à l’usage des femmes qui n’ont plus que celles-là.

1402. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Bossuet et la France moderne »

Écoutez cet hymne de triomphe saluant la défaite finale de la Réforme en France ; je ne puis résister à la joie de transcrire tout le morceau, tant il est imprégné de saveur :‌ « Prenez vos plumes sacrées, vous qui composez les annales de l’Église : agiles instruments « d’un prompt écrivain et d’une main diligente » hâtez-vous de mettre Louis avec les Constantin et les Théodose… Nos pères n’avaient pas vu,‌ comme nous, une hérésie invétérée tomber tout à coup ; les troupeaux égarés revenir en foule, et nos églises trop étroites pour les recevoir ; leurs faux pasteurs les abandonner, sans même en attendre l’ordre, et heureux d’avoir à leur alléguer leur bannissement pour excuse ; tout calme dans un si grand mouvement ; l’univers étonné de voir dans un événement si nouveau la marque la plus assurée, comme le plus bel usage de l’autorité, et le mérite du prince plus reconnu et plus révéré que son autorité même. […] La langue de Bossuet porte perruque comme son siècle, elle est pompeuse, théâtrale et boursouflée comme ceux qui en firent usage.

1403. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « L’abbé de Bernis. » pp. 1-22

On a écrit et imprimé bien des choses plus ou moins romanesques, où l’on a mêlé le nom de Bernis à la date de cette ambassade : nous nous en tiendrons à ce qui est à l’usage des honnêtes gens.

1404. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — I. » pp. 325-345

Ces petits écrits de l’année 89 étaient lus à Metz avec avidité ; le Parlement ne le trouvait pas bon, et, dans un entretien que Roederer nous a conservé (car il notait aussi par écrit les conversations intéressantes auxquelles il avait part), le premier président se plaignait à lui, en disant : Monsieur, tout le monde, dans la compagnie, rend justice à votre intégrité, à votre droiture ; on rend aussi justice à vos talents : vous en avez de grands ; mais il ne faut pas en rendre l’usage désagréable à tout le monde ; il ne faut pas croire que vous seul ayez tout l’esprit du monde… Depuis quelque temps vous vous êtes rendu le dispensateur du blâme et de l’estime publique.

1405. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Madame Dacier. — I. » pp. 473-493

Quant aux autres érudits qui travaillaient aux éditions à l’usage du Dauphin, plusieurs n’arrivèrent avec leur contingent que depuis le mariage de Monseigneur : « Et l’on voit bien, dit Bayle, qui ne perd aucune occasion de s’égayer, que la plupart de ces commentaires seront moins pour le père que pour les enfants. » Un travail plus marquant que se donna à elle-même Mlle Le Fèvre fut une édition grecque et latine des Hymnes, épigrammes et fragments de Callimaque (1675), qu’elle mit sur pied en moins de trois mois.

1406. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — II » pp. 375-394

À cette demande d’un chapitre additionnel à l’usage des rois qui n’ont pas assez de caractère pour l’être, Frédéric répondit : L’article que vous désirez, que je devrais ajouter à ma petite brochure, j’en ai commis le soin à Prométhée ; il est le seul qui puisse le fournir : mes facultés ne s’étendent pas aussi loin.

1407. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Madame Swetchine. Sa vie et ses œuvres, publiées par M. de Falloux. »

ce n’est pas là un salon ; les quelques jeunes femmes qui y passent, avant de se rendre au bal sous l’aile de maris exemplaires, et qui viennent y recevoir comme une absolution provisoire qui, plus tard, opérera, ne me font pas illusion : c’est un cercle religieux, une succursale de l’église, — donnez-lui le nom que vous voudrez, — un vestibule du Paradis, « une maison de charité à l’usage des gens du monde. » Salon français de tous les temps, d’où me reviennent en souvenir tant d’Ombres riantes, tant de blondes têtes et de fronts graves ou de fronts inspirés, passant tour à tour et mariant ensemble tout ce qui est permis à l’humaine sagesse pour charmer les heures, enjouement, audace, raison et folie, — je ne te reconnais plus !

1408. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers. »

Un jour que le comte de La Marche, fils du prince de Conti, demandait à M. de Choiseul, alors ministre de la guerre, la croix de Saint-Louis pour un officier, comme M. de Choiseul refusait de la donner en disant que le sujet ne la méritait pas encore, le comte de La Marche insista ; M. de Choiseul tint bon, quoiqu’il ne fût pas d’usage de refuser là-dessus un prince du sang.

1409. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Mémoires de l’abbé Legendre, chanoine de Notre-Dame secrétaire de M. de Harlay, archevêque de Paris. (suite et fin). »

La mort subite, qui, dans l’antiquité, était le vœu et faisait l’envie d’usage, est l’épouvante et l’horreur du chrétien.

1410. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La comtesse d’Albany par M. Saint-René Taillandier (suite et fin.) »

Je prends des exemples à notre usage.

1411. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée par. M. le Chevalier Alfred d’Arneth »

(15 mars 1775.) » Marie-Antoinette se justifie de son mieux, et par un mot qui coupe court à tout : C’est la mode, c’est l’usage : « J’enverrai à ma chère maman, par le prochain courrier, le dessin de mes différentes coiffures ; elle pourra les trouver ridicules, mais ici les yeux y sont tellement accoutumés qu’on n’y pense plus, tout le monde étant coiffé de même. » Marie-Thérèse est plus dans le vif, lorsqu’elle se plaint de ces courses continuelles au bois de Boulogne et ailleurs avec le comte d’Artois, sans que le roi s’y trouve : « Vous devez savoir mieux que moi que ce prince n’est nullement estimé et que vous partagez ainsi ses torts.

1412. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite.) »

De même que les royalistes s’étaient fait une Marie-Antoinette de convention et à leur guise, les libéraux se firent longtemps un Mirabcau à souhait et à leur usage.

1413. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

. — On dit que la première cause de la maladie a été un dîner chez l’ambassadeur de Naples : il y avait, suivant son usage, beaucoup trop mangé : ensuite est arrivée une inflammation dont on n’a jamais pu se rendre maître. — J’irai vous voir mardi 14 avec M. 

1414. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Ce serait un manuel à l’usage de tous les cœurs d’artiste, surtout des cœurs de femmes tendres et fiers, vaillants à la peine, souffrant sans merci et saignant jusqu’à la fin, sans jamais désespérer.

1415. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [III] »

Jomini écrivit à l’instant à l’Empereur une lettre dont on n’a pas le texte, mais dont le sens était « qu’ayant pris la carrière des armes dans l’espoir qu’un jour il mériterait la bienveillance du plus grand capitaine du siècle, et qu’ayant eu l’honneur de lui être attaché pendant plus d’un an, il ne pouvait continuer à servir dans la position que l’on venait de lui faire, et qu’il demandait à se retirer dans ses foyers. » — Je continue avec le récit du colonel Lecomte : « Le dimanche suivant, Jomini se rendit à Fontainebleau pour assister à la réception d’usage et à la messe, espérant avoir une solution.

1416. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « QUELQUES VÉRITÉS SUR LA SITUATION EN LITTÉRATURE. » pp. 415-441

On a dit d’un philosophe moderne qui ne pouvait s’accommoder de la petite morale à laquelle il manquait, et qui cherchait à en inventer une toute nouvelle, tout emphatique, à l’usage du genre humain, « que chez lui le creux du système était précisément adéquat au creux du gousset. » Mais ce genre de considérations va trop au vif et passerait le ressort de la juridiction critique.

1417. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « GRESSET (Essai biographique sur sa Vie et ses Ouvrages, par M. de Cayrol.) » pp. 79-103

Aucune comédie n’a peut-être autant fourni à la mémoire du public et n’a mis en circulation pour l’usage journalier un aussi grand nombre de ces mots devenus proverbes en naissant : Les sots sont ici-bas pour nos menus plaisirs… C’est pour le peuple enfin que sont fait les parents… Il ne vous fera pas grâce d’une laitue… ……….

1418. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — II. » pp. 195-213

Il faut le dire pourtant, ce n’a pas été tout à fait trahir l’intention de la jeune fille qui les écrivait, que de publier en totalité ces lettres ; en plus d’un passage, il est clair qu’elle songe à l’usage qu’on en peut faire.

1419. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Boileau »

Au collège, Boileau lisait, outre les auteurs classiques, beaucoup de poëmes modernes, de romans, et, bien qu’il composât lui-même, selon l’usage des rhétoriciens, d’assez mauvaises tragédies, son goût et son talent pour les vers étaient déjà reconnus de ses maîtres.

1420. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre III »

Tous les dimanches, aux prônes, il se crie des lieutenances et des sous-lieutenances (de saints) : à tant la lieutenance de saint Pierre   Si le paysan tarde à mettre le prix, vite un éloge de saint Pierre, et mes paysans de monter à l’envi736. » — À ces cerveaux tout primitifs, vides d’idées et peuplés d’images, il faut des idoles sur la terre comme dans le ciel. « Je ne doutais nullement, dit Rétif de la Bretonne737, que le roi ne pût légalement obliger tout homme à me donner sa femme ou sa fille, et tout mon village (Sacy en Bourgogne) pensait comme moi. » Il n’y a pas de place en de pareilles têtes pour les conceptions abstraites, pour la notion de l’ordre social ; ils le subissent, rien de plus. « La grosse masse du peuple, écrit Gouverneur Morris en 1789738, n’a pour religion que ses prêtres, pour loi que ses supérieurs, pour morale que son intérêt ; voilà les créatures qui, menées par des curés ivres, sont maintenant sur le grand chemin de la liberté ; et le premier usage qu’elles en font, c’est de s’insurger de toutes parts parce qu’il y a disette. » Comment pourrait-il en être autrement ?

1421. (1890) L’avenir de la science « XIII »

L’Allemagne pratique à cet égard plusieurs usages vraiment utiles.

1422. (1887) Discours et conférences « Réponse au discours de M. Louis Pasteur »

La vaccination, qui n’avait été jusqu’ici qu’une application très particulière d’une théorie à peine ébauchée, devient entre vos mains un principe général, susceptible des usages les plus variés.

1423. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVII. Rapports d’une littérature avec les littératures étrangères et avec son propre passé » pp. 444-461

Au lendemain d’une guerre on remarque aisément chez un peuple vaincu cette double propension naturelle soit à calquer les usages ou les idées du peuple vainqueur soit à en prendre le contrepied.

1424. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Herbert Spencer — Chapitre I : La loi d’évolution »

Là où la civilisation en est au début, il y a quelques grossiers chemins tracés par l’usage, semblables à ces lacunes qui, chez les animaux inférieurs, servent à la distribution des fluides nutritifs.

1425. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Mlle de Lespinasse. » pp. 121-142

Aussi bien, elle se sent mourir ; elle redouble l’usage de l’opium.

1426. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) «  Mémoires et correspondance de Mme d’Épinay .  » pp. 187-207

Et elle continue, sur ce ton, de prêcher l’usage utile de la beauté et de la jeunesse.

1427. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Procès de Jeanne d’arc, publiés pour la première fois par M. J. Quicherat. (6 vol. in-8º.) » pp. 399-420

Elle avait à la main, selon l’usage du temps, quand elle ne tenait pas l’étendard ou l’épée, un bâton, et ce bâton lui servait à plusieurs fins, et aussi à jurer : « Par mon martin, disait-elle des bourgeois d’Orléans, je leur ferai mener des vivres. » Ce martin, qui revient sans cesse dans sa bouche chez son historien le mieux informé, c’était son martin-bâton, son jurement habituel.

1428. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon. » pp. 270-292

Parlant de certaines pièces, de dépêches de Chamillart qu’il avait eues entre les mains et qui eussent été capables de déshonorer le ministère depuis 1701 jusqu’en 1709, Voltaire écrivait au maréchal de Noailles (1752) : « J’ai eu la discrétion de n’en faire aucun usage, plus occupé de ce qui peut être glorieux et utile à ma nation que de dire des vérités désagréables. » Ce point de vue est loin d’être celui de Saint-Simon, dont on a dit avec raison qu’il était « curieux comme Froissart, pénétrant comme La Bruyère, et passionné comme Alceste ».

1429. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Diderot. (Étude sur Diderot, par M. Bersot, 1851. — Œuvres choisies de Diderot, avec Notice, par M. Génin, 1847.) » pp. 293-313

Je leur ai consacré l’usage de tous mes sens et de toutes mes facultés ; et c’est peut-être la raison pour laquelle tout s’exagère, tout s’enrichit un peu dans mon imagination et dans mon discours ; ils m’en font quelquefois un reproche, les ingrats !

1430. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Le duc de Lauzun. » pp. 287-308

Quelle qu’ait été la part de volonté et de caractère que Lauzun avait primitivement reçue de la nature, l’usage qu’il en avait fait dans sa première vie avait certes contribué à la diminuer en lui et à l’énerver.

1431. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Histoire des travaux et des idées de Buffon, par M. Flourens. (Hachette. — 1850.) » pp. 347-368

Buffon, dès son lever chaque matin, avait l’habitude de se faire habiller et coiffer selon l’usage du temps ; il croyait que le vêtement de l’homme fait partie de sa personne.

1432. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Monsieur de Bonald, (Article Bonald, dans Les Prophètes du passé, par M. Barbey d’Aurevilly, 1851.) » pp. 427-449

Ce sont moins les connaissances qui nous manquent, que le courage d’en faire usage.

1433. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Essai sur Amyot, par M. A. de Blignières. (1 vol. — 1851.) » pp. 450-470

Pourtant ce fut sous Amyot et auprès de lui qu’un chanoine, son commensal et son économe, inventa l’instrument de chœur d’un très convenable usage, et qu’on appelle serpent.

1434. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le Brun-Pindare. » pp. 145-167

Cet usage de lire en public et sur la scène des ouvrages nouveaux existait chez les Grecs et les Latins : c’était une source de gloire et d’émulation ;’ j’ai vu M. de Voltaire regretter qu’il soit aboli.

1435. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame de Motteville. » pp. 168-188

Le ministre, de même, semblait par son adresse faire un bon usage des malédictions publiques ; il s’en servait pour acquérir auprès de la reine le mérite de souffrir pour elle… On sent, dans ces passages et dans tout le courant du style de Mme de Motteville, une imagination naturelle et poétique, sans trop de saillie, et telle qu’il seyait à la nièce de l’aimable poète Bertaut.

1436. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Œuvres de Louis XIV. (6 vol. in-8º. — 1808.) » pp. 313-333

La roue de l’histoire, qui tourné sans cesse, nous a ramenés au point de vue qu’il faut pour mieux comprendre peut-être ce que c’est qu’une nature royale et souveraine, et de quel usage elle est dans une société : donnons-nous un moment le plaisir de la considérer en Louis XIV dans sa pureté et son exaltation héréditaire, et avant que Mirabeau soit venu.

1437. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — I. » pp. 1-22

Général en chef de l’armée de Portugal, c’est lui qui, en 1812, introduira parmi ses troupes l’usage des moulins portatifs qui permettent au soldat de faire lui-même sa farine et son pain, moyen le plus sûr pour qu’il n’en manque jamais.

1438. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Monsieur Michaud, de l’Académie française. » pp. 20-40

Il mourut et s’éteignit le 30 septembre 1839, à l’âge de soixante-douze ans, ayant gagné beaucoup à la vieillesse, et ayant fait de la santé la plus frêle et du souffle le plus mince un merveilleux usage pour la vie sociale et pour la pensée9.

1439. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Montesquieu. — I. » pp. 41-62

(Il s’agit des découvertes de physique, qui, après s’être fait attendre durant des siècles, ont éclaté coup sur coup depuis Galilée jusqu’à Newton) : « On dirait que la nature a fait comme ces vierges qui conservent longtemps ce qu’elles ont de plus précieux, et se laissent ravir en un moment ce même trésor qu’elles ont conservé avec tant de soin et défendu avec tant de constance. » Et cette autre pensée encore, qui vient singulièrement dans un rapport de Montesquieu Sur l’usage des glandes rénales : « La vérité semble quelquefois courir au-devant de celui qui la cherche ; souvent il n’y a point d’intervalle entre le désir, l’espoir et la jouissance. » Montesquieu, comme académicien des sciences de Bordeaux, paya donc un léger tribut à la mode et à son admiration pour Fontenelle.

1440. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « M. Necker. — I. » pp. 329-349

Necker moraliste qui me semble aujourd’hui à préférer à son Bonheur des sots, ou du moins qui est plus intéressant pour nous : c’est un Fragment sur les usages de la société française en 1786.

1441. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Monsieur Arnault, de l’Institut. » pp. 496-517

Arnault était depuis quelque temps au quartier général en amateur, lorsque Bonaparte, selon son usage, l’essaya.

1442. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre sixième. Genèse et action des idées de réalité en soi, d’absolu, d’infini et de perfection »

L’usage de cette idée est donc, selon le mot de Kant, régulateur, c’est-à-dire qu’elle dirige l’entendement vers un certain but, où convergent les lignes qu’il suit.

1443. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse esthétique »

— L’utilité intrinsèque de ces recherches, à part l’usage que nous allons en faire, est fort grande.

1444. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Émile Zola » pp. 70-104

Zola à tous les usages, celui-ci polémise, expose, raconte, parle et décrit, énonce l’énorme masse de petits faits qui lui servent à poser ses lieux, ses personnages et ses ensembles.

1445. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre I. Shakespeare — Sa vie »

Dryden parla de Shakespeare une fois pour le déclarer « hors d’usage. » Lord Shaftesbury le qualifia « esprit passé de mode. » Dryden et Shaftesbury étaient deux oracles.

1446. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre II : La littérature du xviie  siècle »

Enfin dans ce magnifique Discours sur l’Histoire universelle, fait à l’usage d’un prince moderne et d’un prince français, il ne manque que deux petites choses : l’histoire moderne et l’histoire de France.

1447. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre III : Concurrence vitale »

En ces différentes acceptions, qui se fondent les unes dans les autres, je fais usage, pour plus grande commodité, du terme général de concurrence vitale (struggle for life).

1448. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Doyen » pp. 178-191

Quoique la partie supérieure de son tableau n’aille pas de pair avec l’inférieure, la gloire cependant est soignée, contre l’usage, qui la néglige ordinairement, hic quoque sunt superis sua jura ; et le tout rappelle bien mon épigraphe : multaque in rebus acerbis… etc. le besoin que Doyen et Vien ont senti de retoucher leurs tableaux en place doit apprendre aux artistes à se ménager dans l’attelier la même exposition, les mêmes lumières, le même local qu’ils doivent occuper.

1449. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Innocent III et ses contemporains »

Il est évident qu’ils sont plus petits que ne les tient même l’opinion de leurs ennemis ; car leurs ennemis conviennent volontiers de la force qui était en eux, et se contentent d’en blâmer l’usage.

1450. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Henri Heine »

Dans les Virtuoses des concerts particulièrement, lui, ce virtuose de l’ironie, nous joue un air sur Véron, sur cet homme que, pendant un si grand nombre d’années, tous les gens d’esprit de France et de Navarre se renvoyèrent comme une balle du jeu de paume de la moquerie, et nous parierions bien que cet air, depuis longtemps exécuté pour la première fois, le bourgeois de Paris, qui doit tamponner ses oreilles avec du coton, selon l’usage de tous les bourgeois, l’entend cependant toujours, de ces jolies oreilles que nous connaissons.

1451. (1903) Propos de théâtre. Première série

C’est pour cela, par exemple, qu’ils ne connaissent pas l’usage d’une longueur moyenne pour une pièce de théâtre. […] Je ne vois pas qu’ils aient contrevenu à cet usage. […] Mais cette leçon plaisante à l’usage des enfants de six ans et demi devient un peu monotone à la longue. […] Et de tant de renseignements il fait un très bon usage. […] Après avoir employé les stances, Corneille en condamna l’usage dans ses Réflexions sur la Tragédie.

1452. (1878) Leçons sur les phénomènes de la vie communs aux animaux et aux végétaux. Tome I (2e éd.)

Après avoir décrit les organes, on tirait de leur headription et de leurs rapports des inductions sur leurs usages. […] Depuis Galien jusqu’à nos jours cette méthode a été mise en pratique pour déterminer l’usage des organes. […] Avec Lavoisier et Laplace, la physique et la chimie ont pénétré dans l’étude des phénomènes de la vie, et les expérimentateurs ont dû faire usage des instruments et des appareils de la physique et de la chimie. […] Toutes ces finalités utilitaires à notre usage, sont des œuvres qui nous appartiennent36 et qui n’existent point dans la nature en dehors de nous. […] Malpighi (1628-1694) et Leeuwenhoeck (1632-1725) firent grand usage de cet instrument auquel ils durent des découvertes remarquables.

1453. (1857) Réalisme, numéros 3-6 pp. 33-88

., mots connus, généralités de conversation à l’usage des gens qui n’aiment pas. […] * *   * L’Ami des Lettres, poutre pour soutenir la Religion ; mais au lieu de la placer convenablement pour cet usage, on la lui met dans l’œil. […] Des hommes flétris du nom de bohèmes, sans famille, des gens communs, mal tournés, sans usages, voulant faire de leur faiblesse une force, renards pour qui les raisins sont trop verts… Proie des mauvaises passions, ils se vengent avec rage de leur triste position, en soufflant comme Méphistophélès les suggestions étroites et viles de leur âme aux autres hommes… Qu’on les pende ! […] Le seul usage qu’elle fasse d’un miracle vivant, c’est de le disséquer d’abord… » Eh oui ! […] Il peut donc dominer le Tout avec son savoir philosophique, et n’y avoir rien gagné pour le particulier, pour l’usage ; et même en insistant partout sur les principes les plus élevés, qui rendent tout possible, il peut facilement négliger les principes les plus familiers qui rendent tout réel.

1454. (1802) Études sur Molière pp. -355

Molière prit les mardis, les vendredis, les dimanches ; et peut-être, la troupe de Louis XV, en jouant de préférence Molière, ces jours-là, tenait-elle de proche en proche cet usage de ses fondateurs. […] L’usage, dans la plupart des fêtes qu’on donne à Barcelone, est de tirer au sort des rubans ; le cavalier qui a la couleur d’une dame, est obligé de lui dire des douceurs, et la dame ne peut se dispenser d’y répondre ; l’on se doute que, grâce aux soins de la princesse, Carlos a un ruban semblable au sien ; il en profite avec tant de vivacité que Diane, satisfaite, croit pouvoir reprendre toute sa fierté, lorsqu’il déclare froidement ne s’être efforcé de paraître tendre que pour céder aux lois de la fête. […] On n’avait oublié aucun des talismans d’usage pour faire une bonne chambrée ; aussi la salle fut-elle à peine ouverte, que les musiciens cédèrent poliment leur place, et que le parterre, aussi poli, à sa nouvelle manière, les remplaça en sifflant, mais d’impatience, tant il lui tardait d’applaudir ; ce qu’il fit de main de maître, pendant toute la représentation. […] Je sais qu’un comédien qui, en parlant à son interlocuteur, le regarderait constamment entre deux yeux, ferait une des gaucheries les plus contraires à son art, parce que, dans le monde, ce n’est point l’usage ; parce que la partie des spectateurs à laquelle il tournerait le dos, ne pourrait ni l’entendre distinctement, ni voir l’expression de son visage ; mais je sais aussi que les acteurs, en pareil cas, ont, comme les peintres, la ressource des trois quarts : le Cléante dont je parle me semble négliger un peu trop cette règle. […] L’acteur dont je veux parler me semble partager ce dernier sentiment… Cette matière est difficile, très difficile à traiter… : disons rapidement qu’il est, dans l’une et dans l’autre de ces deux manières, des nuances propres à être saisies, à être adroitement mises en usage, mais avec le soin le plus scrupuleux d’adoucir celles de la dernière, et principalement lorsque Tartuffe arrive en disant, avec volubilité : Tout conspire, madame, à mon contentement, J’ai visité de l’œil tout cet appartement ; Personne ne s’y trouve, et mon âme ravie… Tout beau, Tartuffe, il est des femmes auprès de qui l’indécente brusquerie est toujours déplacée ; d’ailleurs, Molière vous dit-il de quitter vos gants, votre chapeau ?

1455. (1892) Sur Goethe : études critiques de littérature allemande

La poésie allemande n’a mis que trop d’ardeur à se précipiter dans la même voie ; l’univers créé ne lui suffisant plus, elle s’est formé pour son usage un monde bizarre de lutins et de sylphes ; ou si parfois elle touchait à l’homme, elle le refaisait au point de le rendre méconnaissable. […] Le dégoût de la vie le saisit ; il ne se couche plus sans avoir un poignard à côté de son lit, résolu d’en faire usage, incertain seulement de l’heure qu’il choisira. […] Ce n’est guère l’usage des conquérants et des victorieux de visiter les philosophes en leur tonneau ; et je soupçonne l’ami Plutarque de nous en avoir conté. […] Pour ce qui touche l’application de la philosophie à l’amour, l’auteur franchit toutes les bornes ; le monde réel n’a plus ni lois ni usages qui le retiennent. […] On pleure, on rit, on s’embrasse, et comme c’est l’usage au Théâtre-Italien, tout finit par des chansons.

1456. (1853) Histoire de la littérature française sous la Restauration. Tome I

Napoléon, en effet, cet intelligent égoïste, qui avait détruit le journal politique pour le public, l’avait rétabli pour son usage personnel. […] Il était d’usage, lorsqu’un nouveau professeur montait en chaire que, dans son discours d’inauguration, il plaçât l’éloge de l’empereur : c’était une manière de prêter foi et hommage au chef de l’empire. […] Guizot de cet usage, et lui apprit en outre que, la veille du jour où le discours devait être prononcé, on en plaçait une copie sur le bureau de l’empereur, qui souvent en prenait lecture ; nouveau motif pour ne pas omettre la phrase à sa louange. […] Villemain, c’était l’agréable, le brillant, l’esprit dans ce qu’il a de plus fin et de plus élevé, mais qui, par cette élévation et cette finesse même, n’est pas d’un usage aussi courant sous le gouvernement représentatif que l’esprit des affaires. […] Au commencement et à la fin des batailles, il est d’usage de faire deux appels, pour constater quels sont ceux qui vont prendre part au combat, quels sont ceux qui y survivent.

1457. (1905) Propos de théâtre. Deuxième série

L’usage s’est établi depuis un demi-siècle que les rôles de femmes soient joués par des personnes du même sexe. […] Seulement il faisait quelquefois un bizarre usage de ce savoir, en effet si nécessaire. […] L’invention romanesque, il l’a connue, et par l’usage qu’il en fait, on voit, du reste, le mépris où il la tient. […] Et si je ne parle pas de Sulzer, principal rédacteur littéraire du Supplément de 1774, c’est que, vraiment, Sulzer, philosophe allemand, dont on traduit, à l’usage du Supplément, les pages les plus remarquables ou celles dont on a besoin, il ne faut plus le compter pour un encyclopédiste français, et faire état de lui pour se donner une idée de la critique française et des théories littéraires françaises vers le milieu du dix-huitième siècle. […] Ce n’est que depuis quelques années que les acteurs ont enfin hasardé d’être ce qu’ils doivent être, des peintures vivantes. » — On voit bien maintenant quel était l’idéal même de Voltaire en matière d’art théâtral : une déclamation poétique avec une mimique approchant de celle qui est en usage dans nos mélodrames.

1458. (1905) Études et portraits. Portraits d’écrivains‌ et notes d’esthétique‌. Tome I.

s’il avait employé à ce travail les années consacrées aux futilités des mathématiques, dont l’usage est nul devant Dieu ! […] Ce sont là les types les plus frappants d’un procédé qui est habituel au poète et qu’il emploie tout le long de ses récits, soit que, pour peindre l’effort impuissant de la Grenouille qui veut se faire aussi grosse que le Bœuf, il dise :‌ Envieuse, s’étend, et s’enfle et se travaille…‌ soit que, devançant les inventions pittoresques de l’école romantique, il adopte hardiment l’usage du rejet qui enjambe d’un vers sur l’autre :‌ Attaché, dit le loup, vous ne courez donc pas ‌ Où vous voulez ? […] Il espère qu’une senteur de terroir passera dans ses vers avec les idiomes du parler rustique et plébéien, mais il se rend bien compte qu’écrivant d’une façon savante, il ne peut être trop discret dans l’usage de ces formes, sous peine d’afficher une prétention là où il désire paraître naïf et familier. […] C’est toute une langue nouvelle que Victor Hugo a façonnée ainsi pour l’usage des versificateurs. […] Cet auteur vit d’ordinaire à Paris, et il voit des Parisiens comme lui ; il connaît le détail de leurs goûts et la qualité de leurs idées, en premier lieu parce qu’il est un d’entre eux ; puis il a comme un sens particulier qui lui permet de se créer à son usage une façon de spectateur imaginaire, en qui s’incarne la salle entière.

1459. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Notes et pensées » pp. 441-535

Mais aussi il avait bien autrement de sérieux et de moralité comme artiste ; toujours occupé de son art, y ramenant tout, s’y perfectionnant par l’usage du monde et par le commerce des grands hommes. […] — De Vigny exhale tous les matins une petite atmosphère à son usage ; il s’en enveloppe et s’en revêt ; il y vit, il y habite tout le jour, il s’y glorifie comme dans son nimbe ; il s’y conserve merveilleusement et la porte partout avec lui. […] Veuillot, selon son usage, n’a pu résister à la tentation du burlesque, et il a voulu me tourner en ridicule.

1460. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le cardinal de Bernis. (Fin.) » pp. 44-66

Le père Theiner, dans son Histoire du pontificat de Clément XIV, est l’écrivain qui, ayant eu sous les yeux la plus grande partie des dépêches de Bernis, probablement d’après les minutes mêmes recueillies après sa mort et déposées au Vatican, et qui, en ayant fait un usage et un extrait continuel, nous permet d’en porter aujourd’hui le jugement le plus motivé et le plus complet.

1461. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — III. (Fin.) » pp. 371-393

À la prochaine séance du Conseil privé, au lieu de lui dire selon son usage : « Citoyen Roederer, écrivez », le premier consul s’adressa à Regnault de Saint-Jean-d’Angély, et lui dit : « Écrivez ».

1462. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Étienne de La Boétie. L’ami de Montaigne. » pp. 140-161

En 1835 et 1836, on l’a réimprimé à part avec des préfaces à notre usage, comme on eût réimprimé une tragédie révolutionnaire de Charles IX, de Tiberius Gracchus, ou de Brutus41.

1463. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Marivaux. — I. » pp. 342-363

Quand il a une vue, il la dédouble, il la divise à l’infini, il s’y perd et nous lasse nous-mêmes en s’y épuisant : « Un portrait détaillé, selon lui, c’est un ouvrage sans fin. » On voit à quel point il procède à l’inverse des anciens, qui se tenaient dans la grande ligne, dans le portrait fait pour être vu à quelque distance, et combien il abonde dans le sens et l’excès moderne, dans l’usage du scalpel et du microscope.

1464. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — I. » pp. 235-256

  Ceux que j’appelle réellement mes amis, je voudrais les voir à toutes les heures et à tous les instants, car ce n’est que par un usage continu de l’amitié qu’elle peut montrer tout ce qu’elle est, et rendre tout ce qu’elle vaut.

1465. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — III » pp. 132-153

Il s’est amusé à tracer divers plans de vie heureuse à son usage, avec des variantes.

1466. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire de la querelle des anciens et des modernes par M. Hippolyte Rigault — II » pp. 150-171

Ami de la propriété des termes, de l’ordre logique et direct dans le langage, il se disait que l’esprit n’a ses coudées franches et son juste instrument que dans la prose ; « qu’elle seule a droit sur tous genres d’ouvrages indistinctement ; qu'elle a seule l’usage libre de toutes les richesses de l’esprit ; que, n’étant asservie à aucun joug, elle ne trouve jamais d’obstacles à exprimer ce que le génie lui présente ; qu’elle n’est jamais forcée de rejeter les expressions propres et les tours uniques que demandent les idées successives et les sentiments variés que ses sujets embrassent. » Mais, avec les vers, il faut toujours faire quelque concession, quelque sacrifice, tantôt pour la clarté, tantôt pour l’élégance, ces deux qualités dont la prose est toujours comptable : « Quand une pensée se trouve, à quelque chose près, aussi bien exprimée en vers qu’elle pourrait l’être en prose, on applaudit au succès du poète, on lui voue son indulgence, on lui permet de grimacer de temps à autre ; les expressions impropres sont chez lui de légères fautes ; les constructions inusitées deviennent ses privilèges. » Et il en citait des exemples jusque dans Boileau.

1467. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire du règne de Henri IV, par M. Poirson » pp. 210-230

Olivier de Serres leur apprenait le bon usage du chez-soi.

1468. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Souvenirs militaires et intimes du général vicomte de Pelleport, publiés par son fils. » pp. 324-345

Les armes d’honneur n’étaient pas encore en usage, et les citations dans les bulletins étaient extrêmement rares ; aucun officier n’aurait osé y prétendre à l’exclusion de ses camarades ; tout était en commun dans ces familles militaires ; la gloire acquise par un de leurs membres devenait la propriété de tous, et contribuait à l’honneur et à la réputation du corps.

1469. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe, et d’Eckermann »

C’est une pitié de voir comme ils ont défiguré et brouillé mes notes au Neveu de Rameau : rien absolument n’est resté à sa place. » Les présents éditeurs des Entretiens ont dû procéder de même pour se conformer, disent-ils, « à l’usage de notre pays. » Ils ont fait exactement comme ces mamans prudentes et attentives qui, voyant le morceau, trop gros dans l’assiette de l’enfant, le coupent et le réduisent en minces bouchées pour que le cher petit puisse le manger plus aisément et sans risque d’indigestion.

1470. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

Il songea tout d’un coup que peut-être, à travers la suite des âges et les vicissitudes des révolutions, les mêmes usages, les mêmes coutumes et costumes, transmis dans la race ou imposés par le climat, avaient pu se perpétuer presque invariables.

1471. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier. »

Fontan » ; — bon Jovard (prenez bien garde de ne pas vous tromper et de ne pas prononcer Jobard), « il aurait plutôt nié l’existence de Montmartre que celle du Parnasse ; il aurait plutôt nié la virginité de sa petite cousine, dont, suivant l’usage, il était fort épris, que la virginité d’une seule des neuf Muses ; — bon jeune homme !

1472. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Anthologie grecque traduite pour la première fois en français et de la question des Anciens et des Modernes »

Comment traduire en effet, à l’usage de tous, cette quantité de petites pièces qui exigent tant d’explications, de notes, une connaissance si particulière, et dont quelques-unes, par leur sujet, semblent si impossibles dans nos mœurs, et si faites à bon droit pour éloigner ?

1473. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid (suite.) »

Vaugelas, dans ses Remarques publiées en 1647, fait souvent cette observation que, depuis dix ou douze années, tel ou tel usage qu’il estime meilleur s’est introduit et a prévalu : or, ces dix ou douze années en arrière se rapportent parfaitement à la venue du Cid.

1474. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite.) »

Le duc de Savoie avait bloqué Pignerol ; il venait de prendre le fort de Sainte-Brigitte tout proche et au-dessus ; il se disposait à bombarder Pignerol avant de l’assiéger, ce qui n’était pas d’usage dans une guerre polie et entre honnêtes gens.

1475. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Essai de critique naturelle, par M. Émile Deschanel. »

Il y a encore des initiés et des profanes ; il y a les secrets de l’atelier ou du Conservatoire, et en voyant, en écoutant l’œuvre dont il ne comprend pas la formation et dont il n’a pas à son usage la langue ou les instruments, le public subit un premier émerveillement qui se confond souvent avec l’admiration et qui aide dans tous les cas à l’estime.

1476. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Joséphine de Saxe dauphine de France. (Suite et fin.) »

Il ne peut certes y avoir qu’un sentiment pour le blâmer d’avoir eu recours à de si odieux, à de si détestables moyens, et on plaint l’époque où ils étaient en usage, à la disposition et sous la main des puissants ; mais ce n’était point précisément pour séduire qu’il les employait : la séduction (si tant est qu’il en ait eu besoin) était fort antérieure ; la liaison datait au moins de deux ans : il y avait sans cesse des brouilles ; la petite fée était un démon que le caprice de l’amour conjugal ressaisissait jusque dans ses infidélités ; et la faiblesse, en ceci, du grand capitaine était simplement de vouloir fixer ce qui s’échappait et reconquérir ce qu’il avait perdu.

1477. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le Général Franceschi-Delonne : Souvenirs militaires, par le général baron de Saint-Joseph. »

Camille Rousset avait pris la peine d’en faire un excellent résumé à mon usage, et je l’aurais donné si je ne craignais les longueurs.

1478. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite et fin.) »

« J’ai dû vous paraître bien jeune, me dit-il, mais je vous assure que j’ai beaucoup vieilli depuis quelques mois. » Je lui répondis qu’en effet je le croyais maintenant arrivé à la maturité de l’âge dont il lui restait la vigueur ; qu’il était temps d’en faire un bon usage, et qu’il en avait les moyens.

1479. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo en 1831 »

Hugo n’y comprenait rien : il fallut lui expliquer que, dans le temps, sa lettre avait été décachetée à la poste, et mise le soir même sous les yeux du roi Louis XVIII, comme c’était l’usage pour toutes les révélations de quelque importance .

1480. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DE LA LITTÉRATURE INDUSTRIELLE. » pp. 444-471

On a vu dernièrement un auteur réclamer tout haut contre l’usage de quelques-uns de ces cabinets qui, pour ne pas se ruiner en doubles achats, découpent dans les journaux et font relier les romans qui paraissent en feuilletons ; l’auteur dénonçait avec indignation cette mesure économique : c’est heureux qu’il n’ait pas déféré le cas au procureur du roi.

1481. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LE COMTE XAVIER DE MAISTRE. » pp. 33-63

On l’a peu affiché, on l’a peu vanté dans les journaux ; aucun des grands moyens en usage n’a été employé pour pousser à un succès ; eh bien, du 14 décembre dernier au 19 avril, c’est-à-dire en quatre mois (et quels mois de disette, de détresse, on le sait, pour la librairie !)

1482. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SCRIBE (Le Verre d’eau.) » pp. 118-145

L’usage et le cas que M.

1483. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. CHARLES MAGNIN (Causeries et Méditations historiques et littéraires.) » pp. 387-414

Il y a mieux : pour lui, si je ne me trompe, cette grâce, cette aisance de rédaction qui le distiguent, doivent quelquefois déterminer, inspirer, guider la recherche par l’idée d’en faire usage.

1484. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LES JOURNAUX CHEZ LES ROMAINS PAR M. JOSEPH-VICTOR LE CLERC. » pp. 442-469

Il paraît peu disposé à le croire très-développé : « La vie politique des Grecs, dit-il en un endroit194, non moins active que celle de Rome, mais resserrée dans leurs petits États, n’appelait point un aussi rapide et énergique instrument de publicité que cet immense empire dont les armées conquérantes détruisirent en peu d’années Carthage, Corinthe et Numance. » On a vu que cet énergique instrument de publicité ne joua jamais que très-peu à Rome ; et, puisqu’il s’agit de la faculté plutôt encore que de l’usage, j’ai peine à croire qu’Athènes, par exemple, n’en ait pas fait preuve, même dans son cercle très-resserré.

1485. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Pierre Corneille »

Ces mœurs subsistaient encore du temps de Corneille ; et quand même elles auraient commencé à passer d’usage, sa pauvreté et ses charges de famille l’eussent empêché de s’en affranchir.

1486. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Le comte de Ségur »

Nous défendons à tous confiseurs, pâtissiers, Marchands de beurre ainsi qu’à tous les épiciers, De rien envelopper jamais dans cet ouvrage, Quoiqu’à vrai dire il soit tout propre à cet usage ; Ou bien paieront dix fois ce qu’alors il vaudra, Modique châtiment qui nul ne ruinera.

1487. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIIIe entretien. Fénelon, (suite) »

La discipline de l’Église ne vous impose que neuf mois de résidence dans votre diocèse ; vous donnerez vos trois autres mois à vos élèves ici : et vous surveillerez de Cambrai leur éducation pendant le reste de l’année, comme si vous étiez à la cour. » XXII Fénelon se dépouilla contre l’usage d’une abbaye qu’il possédait et résista aux instances et aux exemples qui l’encourageaient à garder ces richesses de l’Église.

1488. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre III. L’Histoire »

Et les chansons de geste furent reléguées peu à peu à l’usage des classes inférieures, qui continuèrent d’y prendre plaisir, parce qu’elles continuaient d’y avoir foi, et ne lisaient pas les histoires.

1489. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre IV. Le patriarche de Ferney »

C’est là par excellence la polémique voltairienne ; c’est à celle-là, non sans raison, que les générations suivantes, comme les contemporains, ont attaché le nom de l’homme ; c’est par elle qu’il a fait école, ou qu’il a été haï ; et c’est elle qui a été mise hors d’usage par une critique plus scientifique, plus impartiale, qu’elle avait rendue possible.

1490. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « La jeunesse du grand Condé d’après M. le duc d’Aumale »

Henriquel Dupont, une gravure adoucie et affadie qui lui arrondit les joues, qui lui donne un menton, qui lui façonne une bouche aimable, qui l’enjolive et l’éteint, qui le passe tout entier à la pierre ponce et qui, finalement, le fait ressembler à Mlle Bartet : bref, un portrait flatté, souriant, convenable, à l’usage de la famille.

1491. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 7761-7767

Dans notre maniere d’être actuelle, notre ame goûte trois sortes de plaisirs ; il y en a qu’elle tire du fond de son existence même, d’autres qui résultent de son union avec le corps, d’autres enfin qui sont fondés sur les plis & les préjugés que de certaines institutions, de certains usages, de certaines habitudes lui ont fait prendre.

1492. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre douzième. »

Cette morale, que l’esprit chrétien a d’ailleurs élevée et épurée, ne prétend donner qu’un fonds de préceptes applicables à tous les temps comme à tous les pays, qui fassent faire à l’homme le meilleur usage de sa raison et rendent plus heureuse la vie présente.

1493. (1911) La valeur de la science « Troisième partie : La valeur objective de la science — Chapitre X. La Science est-elle artificielle ? »

Quand il me dit : l’éclipse a eu lieu à neuf heures, j’entends que neuf heures est l’heure déduite de l’indication brute de la pendule, par la série des corrections d’usage.

1494. (1890) L’avenir de la science « XIX » p. 421

Il fallait alors, pour être bon patriote, être conservateur à tout prix : le sage antique est obstinément attaché aux usages nationaux.

1495. (1887) Discours et conférences « Rapport sur les prix de vertu lu dans la séance publique annuelle de l’Académie française »

Il a cinq ou six cents francs de rente, qui lui viennent de quelques coins de terre, et cela lui suffit, car il ne va jamais au café, ne fait pas usage de tabac et ne sort de chez lui que pour ses bonnes œuvres.

1496. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVII et dernier » pp. 442-475

Encore une fois, ce n’est point le mariage qui est la gloire de madame de Maintenon, c’est le désintéressement, c’est le sacrifice de son amour, c’est le vertueux usage de l’empire qu’il lui donnait sur le cœur du roi pour le remettre dans ses devoirs : et c’est à l’honnêteté morale de madame de Maintenon, à celle de sa société tout entière, à la considération et aux aimables qualités qu’elle tenait de ses nobles amies, qu’est due la gloire que j’ai pris plaisir à célébrer.

1497. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Huet, évêque d’Avranches, par M. Christian Bartholmèss. (1850.) » pp. 163-186

J’ai consulté bien des savants : Huet, cet évêque d’Avranche, Qui pour la Bible toujours penche, Prétend qu’un usage si beau Vient de Noé………………… Soyez donc la plume la plus savante de l’Europe, l’homme de la plus vaste lecture qui fut jamais, le dernier de cette forte race des savants du xve et du xvie  siècle, joignez-y dans votre personne et dans votre procédé tout ce qui constituait l’homme poli, l’homme du monde et même de Cour, ce qu’on appelait l’honnête homme sous Louis XIV, et tout cela pour que, sitôt après vous, on ne sache plus que votre nom, et qu’on n’y rattache qu’une idée vague, un sourire né d’une plaisanterie !

1498. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Goethe et de Bettina, traduites de l’allemand par Sébastien Albin. (2 vol. in-8º — 1843.) » pp. 330-352

J’ai pensé quelquefois qu’on pourrait définir Goethe à notre usage, un Fontenelle revêtu de poésie.

1499. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Mme de Caylus et de ce qu’on appelle Urbanité. » pp. 56-77

Puis, avec l’usage et le temps, il en vint à exprimer plus encore, et à ne pas signifier seulement une qualité du langage et de l’esprit, mais aussi une sorte de vertu et de qualité sociale et morale qui rend un homme aimable aux autres, qui embellit et assure le commerce de la vie.

1500. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « La duchesse du Maine. » pp. 206-228

M. de Malezieu était, selon toute apparence, un de ces hommes qui puisent l’activité dans un tempérament robuste, et y combinent la finesse ; qui, avec un premier fonds étendu et solide d’études qu’ils n’accroissent pas, se tournent ensuite uniquement à le mettre en usage dans le monde, à en tirer parti et profit auprès des grands.

1501. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « L’abbé de Choisy. » pp. 428-450

Dès les premiers jours, il sait tous les termes en usage à bord : « Il faut bien s’y accoutumer, écrit-il ; je dis à mon valet-de-chambre : Amarrez mon collet. » On prêche, et il trouve tout le monde éloquent : Il n’y a pas un mousse sur notre vaisseau qui ne veuille aller en paradis : cela supposé, le moyen que les sermons ne soient pas bons ?

1502. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Madame de La Vallière. » pp. 451-473

En entrant, elle se jeta aux genoux de la supérieure, en lui disant : « Ma mère, j’ai toujours fait un si mauvais usage de ma volonté, que je viens la remettre entre vos mains. » Sans attendre la fin de son noviciat, et le jour même de son entrée dans le cloître, elle fit couper ses cheveux, « autrefois l’admiration de tous ceux qui ont parlé de sa personne ».

1503. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « La Grande Mademoiselle. » pp. 503-525

Le premier usage qu’il prétend faire des immenses richesses de Mademoiselle, c’est de mettre, comme capitaine, toute sa compagnie à neuf, pour en faire sa cour.

1504. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame Necker. » pp. 240-263

Elle le fit avec succès, avec éclat ; elle donna des cours, comme c’est l’usage de tout temps en Suisse ; elle eut des élèves des deux sexes ; et, il y a quelques années, on montrait encore, près de Lausanne, dans un petit vallon, l’estrade ou tertre de verdure élevée en guise de chaire ou de trône par les étudiants du lieu, et d’où la belle orpheline de Crassier décernait les éloges ou les prix, ou peut-être même, aux beaux jours d’été, faisait à ciel ouvert ses leçons.

1505. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le comte-pacha de Bonneval. » pp. 499-522

Au Parlement, la formalité d’entérinement des lettres de grâce fut remplie le 5 février 1717 ; Bonneval y fut traité avec une distinction particulière : au lieu d’une sellette, comme c’était l’usage, le premier président lui fit donner un carreau de velours en raison de sa blessure74.

1506. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — II. (Suite.) » pp. 23-46

[NdA] Non pas qu’on prétende que ce premier gentilhomme (le duc de Duras) ait dit en propres termes : « L’étiquette s’oppose… » Il suffit qu’il ait répondu : « Monsieur, ce n’est pas l’usage de rentrer si vite chez le roi. »

1507. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — II. (Suite.) » pp. 220-241

Le comte Almaviva, au milieu de situations qui perdraient et dégraderaient tout autre, sait conserver son grand air, sa noblesse et un fonds d’élévation qui n’est pas à l’usage ni à la portée de Figaro ; il est toujours dupe et jamais colère, ou du moins jamais rancunier ni méchant ; c’est l’homme qui supporte le plus décemment le ridicule ; il le sauve par la bonne humeur et par des sentiments qui se sentent de leur origine.

1508. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Bernardin de Saint-Pierre. — I. » pp. 414-435

En Russie, lorsqu’un jour l’impératrice Catherine sembla lui sourire, il ne souriait, lui, qu’à ce projet chéri de fonder une colonie aux bords du lac Aral, une colonie cosmopolite à l’usage de tous les étrangers pauvres et vertueux ; plus tard, il continuera en idée de vouloir transplanter quelque chose du même rêve aux rivages de Madagascar, puis en Corse, et plus tard encore vers les vagues espaces de l’ouest de l’Amérique, au nord de la Californie.

1509. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Voltaire et le président de Brosses, ou Une intrigue académique au XVIIIe siècle. » pp. 105-126

Je ne sais ce que c’est que le crédit en pareil cas, et encore moins ce que c’est que d’en faire usage.

1510. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Volney. Étude sur sa vie et sur ses œuvres, par M. Eugène Berger. 1852. — II. (Fin.) » pp. 411-433

Le gouvernement s’adressait à lui pour établir un ordre méthodique de questions à l’usage des autres voyageurs ou des agents qu’il entretenait dans les divers pays.

1511. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre IV. Le rêve »

Ces expérimentateurs écrivent ou impriment des formules d’un usage courant : « Entrée strictement interdite » « Préface à la quatrième édition », etc. ; mais ils ont soin de faire des fautes, changeant et surtout omettant des lettres.

1512. (1913) Les livres du Temps. Première série pp. -406

Elle était certainement légitime, et quand même il ne devrait point avoir de postérité littéraire, il avait le droit de se forger cet instrument pour son usage, comme un autre Siegfried. […] Je crois devoir formellement avertir mes lecteurs que ce volume n’est pas à l’usage des jeunes filles. […] Paul Bourget, son ami Ferdinand Brunetière se demandait si l’auteur n’avait point un meilleur usage à faire de ses remarquables dons. […] « Suivant l’usage des parents français, dit-il, les miens, quand je n’étais pas sage, me menaçaient de l’école. […] Il blâme l’abus du discours latin ou français, non l’usage.

1513. (1890) Le réalisme et le naturalisme dans la littérature et dans l’art pp. -399

Quand le vocabulaire offre si peu de ressources pour distinguer l’usage de l’abus, il est difficile de s’entendre. […] Si nous commençons par un essai de définition et de distinction, ce ne sera que pour circonscrire notre objet et pour fixer le sens des termes dont nous aurons à taire usage. […] La Bruyère prend sur les usages et les mœurs de son temps des notes exactes qui, réunies par une trame légère, feraient un recueil assez semblable aux romans d’aujourd’hui, quant à la contexture. […] Mais leur façon d’observer est toujours celle de Molière dans la boutique du barbier et de La Fontaine le long des chemins : ils en font un usage plus exclusif, voilà toute la différence. […] Leconte de Lisle, Flaubert et leurs disciples se sont juré de « spécifier » en des représentations rigoureusement caractéristiques l’originalité distinctive des paysages exotiques, des architectures antiques, des usages, des costumes, des mœurs, des religions mêmes des peuples morts.

1514. (1886) Le roman russe pp. -351

Si c’est là de la littérature, je demande pour l’autre un nom moins exposé aux usurpations ; sauf l’usage des plumes et de l’encre, — on s’en sert aussi pour les exploits d’huissiers, — notre noble profession n’a rien de commun avec ce commerce ; il est légitime à coup sûr, si l’on y apporte de la probité et de la décence, mais il ressemble à la littérature autant qu’une boutique de jouets à une bibliothèque. […] Nous retrouverons le même phénomène chez les auteurs russes ; détachés personnellement du dogme chrétien, ils en gardent la forte trempe, cloches du temple qui sonnent toujours les choses divines, alors même qu’on les affecte à des usages profanes. […] Elle crée lentement sa langue littéraire ; jusqu’alors le vieux slavon d’Église était seul en usage dans les livres ; on le déroidit, on le sécularise, on le soude au langage populaire, élevé à la dignité du « style soutenu » ; dans cette combinaison des deux idiomes, on fond les termes étrangers ; ils affluent de partout avec les innovations empruntées au dehors. […] Le romantisme fut un divertissement à l’usage de ces derniers ; il passa au sommet de la société russe sans jeter des racines profondes dans le sous-sol. […] Comme il est d’usage, ce fut précisément pour ces dernières qu’on traita l’auteur de réactionnaire.

1515. (1914) L’évolution des genres dans l’histoire de la littérature. Leçons professées à l’École normale supérieure

Boileau s’efforce de montrer que, si les règles sont conformes à l’usage de Pindare ou d’Homère, elles le sont bien davantage encore à la vérité de la nature, telle que l’observation nous la révèle, et à l’autorité de la raison, telle que tous les hommes tombent d’accord pour la reconnaître. […] Aux yeux de Boileau, Malherbe a surtout excellé dans l’art de faire le vers ; et, si l’on eût un peu pressé « le législateur du Parnasse », je crois qu’il eût volontiers ajouté que l’instrument que Malherbe avait ainsi perfectionné, rendu capable de traduire et de porter la pensée, ce sont d’autres que lui qui ont su s’en servir, et l’appliquer à de plus nobles usages. […] On veut se « distinguer », se tirer de la foule ; on veut dire des choses « qui ne s’attendent point » ; et l’originalité qu’il n’est jamais facile, ni même toujours possible, de mettre dans les choses que l’on dit, parce qu’il faut avoir quelque chose à dire, on la met, on essaye au moins de la mettre dans la manière dont on dit les choses, dans l’usage imprévu que l’on fait des mots, dans le tour de la phrase. […] Poète ou non, ce n’est pas là le point, quoique, après tout, son œuvre abonde en vers heureux, en vers brillants de bon sens et de clarté, qui, s’ils sont devenus proverbes en naissant, c’est apparemment qu’ils exprimaient d’une « manière vive, fine, et nouvelle en leur temps » des vérités d’usage ; et ce n’est déjà pas un mérite si commun. […] Renan, c’est l’auteur des travaux que je vous rappelais à l’instant même qui a fait passer dans l’usage commun de la critique générale, si je puis ainsi dire, les-acquisitions réalisées par un Eugène Burnouf, l’un encore de ses maîtres, et l’un des vraiment grands esprits de ce siècle.

1516. (1900) La vie et les livres. Cinquième série pp. 1-352

L’orchestre du Théâtre-Français, sous la direction d’Offenbach, accompagnait les chœurs de l’Ulysse de Ponsard, et Lamartine vendait, pour vivre, des morceaux choisis de ses œuvres, à l’usage de l’enfance. […] Deschanel a, pour ainsi dire, créé ou recréé à son usage un genre littéraire qui, depuis la publication de ses Conférences de Belgique, a rapidement évolué dans le sens indiqué par lui. […] Lucien Bergeret, maître de conférences à la Faculté des Lettres, annote Virgile à l’usage des boursiers de licence, l’impérieuse Mme Bergeret exige une place pour le mannequin d’osier qui lui sert à draper ses robes. […] Le plastron de sa chemise ne peut retenir « les boutons de nacre dans les boutonnières agrandies par un long usage ». […] Au milieu des congratulations imposées par l’usage, et malgré l’inévitable panégyrique des morts, rien d’amer ni de sombre ne troublera cette petite fête.

1517. (1904) En lisant Nietzsche pp. 1-362

La religion ou métaphysique est besoin de certitude générale, besoin de certitude universelle où s’encadreront les certitudes particulières, ou de certitude fondamentale sur laquelle s’appuieront les certitudes d’usage courant. […] Ce n’est plus une vertu très en usage. […] C’est quelque chose comme le mot d’ordre d’une élite ; c’est quelque chose comme un code de discipline à l’usage de l’état-major de l’humanité. […] Aussi, comme les directeurs du Christianisme, l’espèce supérieure fera très bien de mettre en usage des pratiques d’un caractère ecclésiastique, comme, par exemple, l’ascétisme, le jeûne, le cloître, les fêtes. […] Il est très bon que quelqu’un dise souvent, comme Nietzsche l’a dit : « Accepter une croyance simplement parce qu’il est d’usage de l’accepter, ne serait-ce pas être de mauvaise foi, être lâche, être paresseux ?

1518. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre premier. — Une leçon sur la comédie. Essai d’un élève de William Schlegel » pp. 25-96

Mais, parmi les débris du naufrage de Molière, il y a deux ou trois choses dont, pour moi, je regretterais la perte, et notamment celle des coups de bâton. à l’usage des adultes, que notre siècle trop délicat ou trop compatissant voudrait abolir119. […] C’est à ce dernier genre de malheur qu’il faut rapporter ces moyens corporels d’éducation pour les adultes, que notre siècle, ou très délicat, ou très compatissant, veut bannir du théâtre, quoique Molière, Holberg et d’autres grands maîtres en aient fait un fréquent usage.

1519. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIIIe entretien. Cicéron (2e partie) » pp. 161-256

Lisez ceci ; c’est une scène biblique de philosophie parlée entre ces deux patriarches de la pensée humaine, Cicéron et Caton : « J’étais à Tusculum, et, désirant me servir de quelques livres du jeune Lucullus, je vins chez lui pour les prendre dans sa bibliothèque, comme j’en avais l’usage. […] C’est ainsi que ces exercices oratoires d’autrefois, où j’avais pour but de me préparer au forum, et dont j’ai continué l’usage plus que personne, sont aujourd’hui remplacés par un exercice de vieillard.

1520. (1879) À propos de « l’Assommoir »

Il se procura divers manuels connus seulement des gens d’église : Cérémonial à l’usage des petites églises de paroisse selon le rit romain, par le R. […] Zola, à l’usage de la Russie, dans lequel il prétend administrer le knout aux romanciers français, en exceptant toutefois les confrères de la librairie Charpentier.

1521. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre cinquième. Le réalisme. — Le trivialisme et les moyens d’y échapper. »

On ne rendra jamais compte ainsi de toute l’importance du laid, de l’horrible même dans l’art ; on n’expliquera pas davantage la nécessaire évolution de l’art vers le réalisme bien compris, qui porte l’artiste à faire de plus en plus grande dans son œuvre la part de la nature telle qu’elle est, de même qu’en harmonie le musicien fait un usage toujours croissant des dissonances, des rythmes complexes, de tout ce qui se rapproche du tumulte des choses et des passions. […] Par l’histoire il se fait une épuration ne laissant subsister que les caractères esthétiques et grandioses ; les objets les plus infimes se trouvent dépouillés de ce qu’il y a de trivial, de commun, de vulgaire, de grossier et de surajouté par l’usage journalier : il ne reste en notre esprit, des objets replacés ainsi dans le temps passé, qu’une image simple, l’expression du sentiment primitif qui les a faits ; et ce qui est simple et profond n’a rien de vil.

1522. (1902) Les poètes et leur poète. L’Ermitage pp. 81-146

Certes Victor Hugo fut illustre, mais si l’on mesure le génie à la force des acclamations populaires, il faut lui égaler Népomucène Lemercier et l’abbé Delille à qui les pouvoirs publics firent en 1813 de si imposantes funérailles et puisque ma lettre vous parviendra à cette époque de l’année où il est d’usage de formuler des vœux, laissez-moi goûter la douceur de celui-ci : c’est que le plus grand poète du xixe  siècle soit encore inconnu comme il advint d’André Chénier, le plus grand poète du xviiie  siècle, qui ne fut, qu’au cours du siècle suivant, révélé à l’admiration des hommes. […] À mon usage, j’adore Vigny pour son orgueil et son élégance, Musset et Verlaine pour leur souffrance, Hugo pour ses fureurs divines, mais Lamartine me fait dormir.

1523. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre II. De la reconnaissance des images. La mémoire et le cerveau »

Notre système nerveux ne serait guère destiné, disions-nous, à un autre usage. […] Des deux mémoires que nous avons distinguées, la seconde, qui est active ou motrice, devra donc inhiber constamment la première, ou du moins n’accepter d’elle que ce qui peut éclairer et compléter utilement la situation présente : ainsi se déduisent les lois de l’association des idées. — Mais indépendamment des services qu’elles peuvent rendre par leur association à une perception présente, les images emmagasinées par la mémoire spontanée ont encore un autre usage.

1524. (1904) Essai sur le symbolisme pp. -

Une esthétique qui ne s’adapterait pas aux exigences constitutives de la vie, ressemblerait un peu à ces langues mortes que la curiosité nous porte à connaître, mais dont les imperfections ou les circonstances opportunes nous interdisent l’usage. […] Conformons-nous donc à l’usage tout en déplorant l’inconvenance de ces qualificatifs qui débordent leurs cadres respectifs.

1525. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre VI. Milton. » pp. 411-519

Nul n’a plus aimé, pratiqué et loué l’usage libre et hardi de la raison. […] Mais en même temps il transformait leur diction et employait la poésie à un nouvel usage. […] Celui, disait-il un peu plus tard, qui connaît la vraie nature de la poésie, « découvre bientôt quelles méprisables créatures sont les rimeurs vulgaires, et quel religieux, quel glorieux, quel magnifique usage on peut faire de la poésie dans les choses divines et humaines »… « Elle est un don inspiré de Dieu, rarement accordé, et cependant accordé à quelques-uns dans chaque nation, pouvoir placé à côté de la chaire, pour planter et nourrir dans un grand peuple les semences de la vertu et de l’honnêteté publique, pour apaiser les troubles de l’âme et remettre l’équilibre dans les émotions, pour célébrer en hautes et glorieuses hymnes le trône et le cortége de la toute-puissance de Dieu : pour chanter les victorieuses agonies des martyrs et des saints, les actions et les triomphes des justes et pieuses nations qui combattent vaillamment pour la foi contre les ennemis du Christ496. » En effet, dès l’abord, à l’école de Saint-Paul et à Cambridge, il avait paraphrasé des psaumes, puis composé des odes pour la Nativité, la Circoncision et la Passion.

1526. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff » pp. 237-315

Boris et Pierre prirent un peu d’eau-de-vie, puis s’assirent sur le canapé, si flexible et si commode que, dès qu’il y eut pris place, Boris s’y trouva établi comme s’il faisait usage de ce meuble depuis longtemps. […] Elle pensa que c’était un usage de Pétersbourg. […] Le soir, les deux fiancés se présentèrent chez leur maîtresse, portant sous le bras deux oies qu’ils devaient lui offrir selon l’usage.

1527. (1868) Curiosités esthétiques « II. Salon de 1846 » pp. 77-198

L’amour de l’air, le choix des sujets à mouvement, veulent l’usage des lignes flottantes et noyées. […] Je prie tous ceux qui ont éprouvé le besoin de créer à leur propre usage une certaine esthétique, et de déduire les causes des résultats, de comparer attentivement les produits de ces deux artistes. […] Mais, en dehors de ce cercle de famille, il est une vaste population de médiocrités, singes de races diverses et croisées, nation flottante de métis qui passent chaque jour d’un pays dans un autre, emportent de chacun les usages qui leur conviennent, et cherchent à se faire un caractère par un système d’emprunts contradictoires.

1528. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

Fontenelle était mort depuis deux fois vingt ans que M. de La Harpe, en pleine chaire d’humanités à l’usage des petits messieurs et des petites dames du Lycée, dissertait, tout un jour, pour savoir si l’Otello français, Orosmane, est plus malheureux quand il a tué Zaïre amoureuse et fidèle, que lorsqu’il doute de Zaïre inconstante ? […] À ce moment de l’histoire, il se passait à la cour de France ce qui s’est passé autrefois à la cour de Russie. — Il y avait la vieille cour austère, solennelle, dévouée aux vieux usages, à la vie correcte et réglée ; il y avait la jeune cour, folle, amoureuse, prodigue, avide de mouvement et de plaisirs. […] qu’il y avait, autrefois, deux sociétés bien différentes, Paris et Versailles, la ville et la cour ; ces deux sociétés étaient bien plus séparées l’une de l’autre, que si elles l’eussent été par des montagnes et par des villes, elles étaient séparées par les usages et par les mœurs. […] Il me semble que je l’entends d’ici qui rit à gorge déployée, et qui dit à mademoiselle Plessis, sa digne camarade : — « Figure-toi, ma chère (au Théâtre-Français, c’est l’usage, le fraternel toi descend et ne remonte pas, la plus ancienne dit toi à la plus jeune, et la plus jeune lui dit vous), figure-toi, ma chère, qu’ils y ont été pris ; ils ne m’ont pas reconnue dans le rôle de Sylvia ; ils se sont parfaitement contentés de ma petite personne mignonne, de ma petite voix criarde, de mon petit regard agaçant ; ils ont battu des mains ; sois donc tranquille, puisqu’ils m’ont prise pour Sylvia, toi-même tu peux représenter, demain, la Célimène du Misanthrope.

1529. (1912) Réflexions sur quelques poètes pp. 6-302

Le psaume de Marot est faible, mais ce n’est pas la forme de strophe dont il fait usage qui en est cause : c’est l’âme de maître Clément qui manquait de gravité. […] « Du naturel, de l’imagination, de la facilité, tant qu’on veut ; mais peu d’ordre, point de choix ; soit pour les paroles, soit pour les choses ; une audace insupportable à changer et à innover ; une licence prodigieuse à former de mauvais mots, et de mauvaises locutions ; à employer indifféremment tout ce qui se présentait à lui ; fût-il condamné par l’usage ; traînât-il par les rues ; fût-il plus obscur que la plus noire nuit d’hiver, fût-ce de la rouille et du fer gâté. […] Et dans sa nostalgie, le regret de la grande patrie ne nuit pas au souvenir de la douceur angevine, tant ces deux amours s’y mêlent naturellement : France, mère des arts, des armes et des lois, Tu m’as nourry longtemps du lait de ta mamelle : Ores, comme un aigneau qui sa nourrisse appelle, Je remplis de ton nom les antres et les bois… Puis vient ce sonnet, lu et relu, pieuse offrande à la petite patrie : Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage Ou comme cestuy-là qui conquit la toison, Et puis est retourné, plein d’usage et raison, Vivre entre ses parents le reste de son aage ! […] Nos parents ont la louable coustume, Pour nous tollir l’usage de raison, De nous tenir closes dans la maison Et nous donner le fuseau pour la plume. […] Irons-nous à présent jusqu’à interdire à Œdipe l’usage de l’antithèse ?

1530. (1892) Portraits d’écrivains. Première série pp. -328

On rejette le moyen désormais sans application, l’instrument hors d’usage. […] Ils en mettent en pratique les maximes, les usages spéciaux ; ils s’y conforment sans effort et sans application, d’autant qu’ils ne soupçonnent pas qu’il puisse y en avoir d’autres. […] Ils « font le morceau » à l’usage des connaisseurs qui, mis en présence d’un grand tableau, vont droit au rendu d’un morceau d’épaule ou tombent en extase devant un ton de chair. […] Or peut-être ne serait-il pas plus absurde d’en conseiller l’emploi au mathématicien que d’y voir une méthode à l’usage des romanciers. […] Les plus vieilles lui semblaient encore très présentables et d’assez bon usage : comme celle de Suard venant à la séance le 21 janvier 1793, et raflant tous les jetons.

1531. (1874) Portraits contemporains : littérateurs, peintres, sculpteurs, artistes dramatiques

Une cuisinière moins lettrée que la Photis de Lucien en flamba des volailles, ne voulant pas employer du papier blanc à cet usage. […] Pour tout ce qui regarde les usages, les préjugés, les convenances et les relations sociales, il est aussi positif que le mathématicien le plus exact. […] Contrairement à l’usage des femmes qui se choisissent, comme repoussoir, des amies d’une laideur rassurante, madame Sophie Gay s’entourait bravement de jolies femmes sans craindre d’éteindre sa beauté par la comparaison. […] M. de Balzac père, placé chez un procureur, mangeait, suivant l’usage du temps, à la table du patron avec les autres clercs. […] Gérard ne fit rien, mais il nous donna le conseil de nous couronner de fleurs, suivant l’usage antique.

1532. (1859) Critique. Portraits et caractères contemporains

N’est-ce donc pas l’usage d’acheter les cendres des orfèvres, et de jeter au creuset ces cendres qui contiennent de l’or ? […] la craie et la planche noire, et traçons des xx dans le vide ; il n’y a plus d’autre science à notre usage ; étudions la mathématique, et laissons la poésie, elle n’est pas faite pour des savants tels que nous. […] C’était beaucoup d’or, quatre louis, en ce temps-là ; aussi l’usage était d’acheter un cheval au plus bas prix possible, de le pousser autant que possible, et de l’amener à Paris mort ou vif autant que possible. […] Bonald (c’était l’usage) pétrissait et mettait au four certains pains de seigle du poids de trois livres, à trois cornes, comme au temps du roi Dagobert. […] Comme c’est l’usage, à peine M. 

1533. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Froissart. — II. (Fin.) » pp. 98-121

Il y a trente ans que M. de Barante a contribué à le remettre en circulation par l’usage qu’il en fait dans les premières parties de son Histoire des ducs de Bourgogne.

1534. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « De la tradition en littérature et dans quel sens il la faut entendre. Leçon d’ouverture à l’École normale » pp. 356-382

Leur parlant déjà comme à un peuple-roi, leur prouvant que, du moment qu’ils l’ont été une fois, ils ne peuvent reculer et sont condamnés à l’être toujours ou à ne plus être du tout, à n’espérer plus même, s’ils tombent, la condition ordinaire des cités sujettes, il professe, à leur usage, les plus fermes maximes publiques et politiques : « Être haï, être odieux dans le présent, ç’a été le lot de tous ceux qui ont aspiré à l’empire sur les autres ; mais quiconque encourt cet odieux pour de grandes choses, il prend le bon parti et il n’a pas à s’en repentir. » Et certes, si l’on entendait toujours le Périclès de Thucydide, ce Démosthènes non seulement en parole, mais en action, on ne permettrait plus aux Romains de se vanter, comme ils l’ont fait, d’avoir ajouté de la solidité au génie charmant des Grecs.

1535. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure »

Les écrivains, les poètes et les journalistes, relevés de cette sorte de dégradation civile qui n’admettait pas la partie égale entre eux et leurs adversaires, devraient bien, en se ressouvenant du passé, en tirer du moins cette morale, que c’est leur devoir, aujourd’hui que tout le monde les respecte ou est disposé à le faire, de se respecter également entre eux, de ne point renouveler les uns contre les autres ces dégradantes attaques qui ne sont autre chose que des bastonnades au moral et qui ont même introduit un infâme et odieux mot dans l’usage littéraire.

1536. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Appendice. Discours sur les prix de vertu »

Si l’avenir, comme il est inévitable, garde à la vertu bien des épreuves et des combats, tâchons, par le bon  usage et le salutaire emploi des intervalles, que ces combats soient encore les plus humains, les plus civilisés possible.

1537. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Nouvelle correspondance inédite de M. de Tocqueville »

Veut-il, dans une lettre à une de ses cousines, lui donner une idée agréablement ironique du rôle important qu’ils remplissent aux yeux des Américains, son ami M. de Beaumont et lui, en leur qualité de chargés d’une mission du Gouvernement français pour cette grave affaire du régime des prisons ; il a une raillerie douce, insinuante, à l’usage de la bonne compagnie ; prêtez l’oreille et écoutez : « Vous savez déjà en gros, sans doute, ma chère cousine, écrit-il à Mme de Grancey, les détails de notre voyage : nous avons été parfaitement reçus dans ce pays-ci, et si bien que nous nous trouvons quelquefois dans la même position que cette duchesse (de la fabrique de Napoléon) qui, s’entendant annoncer à la porte d’un salon, croyait qu’il s’agissait d’une autre, et se retirait de côté pour se laisser passer.

1538. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Nouvelle correspondance inédite de M. de Tocqueville (suite et fin.) »

Ailleurs, ayant à parler de Fontanes, il dira : « M. de Fontanes, qui restait fort amoureux du passé et était ce qu’on eût appelé dans le jargon moderne un grand réactionnaire… » J’avoue que ce dédain de la langue courante m’impatiente un peu riiez Tocqueville : car enfin le mot de réaction ne pouvait exister sous Louis XIV, puisqu’il n’y avait pas lieu au mouvement des partis, qui a motivé l’introduction du mot ; il fallait la Terreur et Thermidor, le Directoire et Fructidor, 1815 et les Cent-Jours, pour qu’il naquît et s’autorisât : à choses nouvelles il faut des mots nouveaux ; et quand l’emploi en est modéré, comme dans les exemples que je cite, quand l’usage les accepte et les consacre, c’est le fait d’un dégoût ou d’une timidité extrêmes de s’en priver ou de ne s’en servir qu’en s’en excusant de cette façon… Tangens maie singula dente superbo.

1539. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Un quartier de la petite pension qu’avait Mme Valmore vint aussi fort à propos pour être partagé entre tous ceux qui en avaient tant besoin ; et comme c’était peu, elle vendit encore quelques effets pour le même usage.

1540. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [IV] »

De là l’anxiété de Ney, ses velléités d’aller en avant, de mettre en mouvement le gros de ses forces, et les objections, les résistances de Jomini, qui alla, dit-il, « jusqu’à refuser de signer l’ordre d’un faux mouvement, et jusqu’à rédiger les lettres de manière à devoir être signées par le maréchal lui-même, contre l’usage adopté dans son état-major. » Ce sont là des secrets d’intérieur, et il en est à la guerre comme partout.

1541. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SUE (Jean Cavalier). » pp. 87-117

Il est douteux qu’en commençant son fameux ouvrage, cet homme d’esprit et d’invention ait prétendu autre chose que de persister plus que jamais dans sa voie pessimiste, et, rassemblant tous ses secrets, en faire un roman bien épicé, bien salé, à l’usage du beau monde.

1542. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. NISARD. » pp. 328-357

Après Juillet, il n’avait pas aussitôt haï l’usage qu’on avait fait de cette victoire.

1543. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « UNE RUELLE POÉTIQUE SOUS LOUIS XIV » pp. 358-381

Ce n’est plus que dans les romans Qu’on voit de fidèles amants, L’inconstance est plus en usage.

1544. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Racine — I »

C’est elle que je me suis surtout efforcé de bien exprimer, et ma tragédie n’est pas moins la disgrâce d’Agrippine que la mort de Britannicus. » Et malgré ce dessein formel de l’auteur, le caractère d’Agrippine n’est exprimé qu’imparfaitement : comme il fallait intéresser à sa disgrâce, ses plus odieux vices sont rejetés dans l’ombre ; elle devient un personnage peu réel, vague, inexpliqué, une manière de mère tendre et jalouse ; il n’est plus guère question de ses adultères et de ses meurtres qu’en allusion, à l’usage de ceux qui ont lu l’histoire dans Tacite.

1545. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « L’abbé Prévost »

Il releva avec plus de verdeur les calomnies de l’abbé Lenglet-Dufresnoy ; mais sa justification morale l’exigeait, et on doit à cette nécessité heureuse quelques-unes des explications dont nous avons fait usage sur les événements de sa vie.

1546. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Du génie critique et de Bayle »

Le Clerc prétend du sien tirer d’autres usages ; Il est savant, exact, il voit clair aux ouvrages ;

1547. (1875) Premiers lundis. Tome III «  À propos, des. Bibliothèques populaires  »

J’aurais pu, en effet, faire semblant de ne point l’apercevoir, et cela eût été plus conforme aux habitudes et aux usages.

1548. (1892) Boileau « Chapitre IV. La critique de Boileau (Suite). Les théories de l’« Art poétique » » pp. 89-120

Il a mal interprété les œuvres antiques, et préoccupé de l’usage où le goût moderne appliquait le genre pastoral, il a trouvé dans Virgile et dans Théocrite de quoi légitimer une des formes les plus caduques et les plus fausses de la poésie de son temps.

1549. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre II. Les romans bretons »

Qualités et défauts, tout en eux était « sociable », fait pour l’usage et le plaisir du plus grand nombre : tout destinait leurs œuvres à réussir dans le monde autant qu’en France.

1550. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Ferdinand Fabre  »

Les détails précis abondent sur l’organisation de ce monde singulier, sur sa hiérarchie, ses règles, ses usages, même sur sa garde-robe ; et ces détails viennent naturellement, au courant de récits ou de conversations.

1551. (1921) Enquête sur la critique (Les Marges)

Largement comprise, la critique en somme n’est que la philosophie, enlevée aux professionnels et mise à l’usage des gens qui ne se plaisent à lire que ce qui est lisible.

1552. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre douzième »

Il suffit de mêler à la pensée religieuse quelque souvenir éloigné et comme épuré des plaisirs qui nous viennent par les sens, dans la contemplation ou dans l’usage des choses de la nature.

1553. (1911) La valeur de la science « Première partie : Les sciences mathématiques — Chapitre IV. L’espace et ses trois dimensions. »

Mais ce n’est pas tout ; jusqu’ici j’ai supposé que pour déterminer la place d’un objet, je faisais usage seulement de mon œil et d’un seul doigt ; mais j’aurais tout aussi bien pu employer d’autres moyens, par exemple tous mes autres doigts.

1554. (1890) L’avenir de la science « XVIII »

Rien ne cause plus de malentendus dans les sciences morales que l’usage absolu des noms par lesquels on désigne les systèmes.

1555. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XIV, l’Orestie. — Agamemnon. »

L’antique usage de tous les sénats est de mettre aux voix les faits accomplis : — Il n’est plus temps d’ailleurs, car les portes s’ouvrent : Clytemnestre se dresse sur le seuil, devant les cadavres, toute sanglante et la hache au poing.

1556. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « André Chénier, homme politique. » pp. 144-169

J’ai depuis longtemps entre les mains (et je me reproche de n’en avoir pas fait usage jusqu’ici) une pièce singulière et hideuse dont je dois communication à l’amitié de M. 

1557. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre I. Le Bovarysme chez les personnages de Flaubert »

Rien n’a d’action sur elle qui ne soit image, qui n’ait été préalablement déformé et transposé à son usage par un acte de son imagination.

1558. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1861 » pp. 361-395

Puis une trop belle syntaxe, une syntaxe à l’usage des vieux universitaires flegmatiques, une syntaxe d’oraison funèbre, sans une de ces audaces de tour, de ces sveltes élégances, de ces virevoltes nerveuses, dans lesquelles vibre la modernité du style contemporain… et encore des comparaisons non fondues dans la phrase, et toujours attachées par un comme, et qui me font l’effet de ces camélias faussement fleuris, et dont chaque bouton est accroché aux branches par une épingle… et toujours encore des phrases de gueuloir, et jamais d’harmonies en sourdine, accommodées à la douceur des choses qui se passent ou que les personnes se disent, etc.

1559. (1856) Les lettres et l’homme de lettres au XIXe siècle pp. -30

Les aèdes, les homérides, sont les gens de lettres de cette poétique époque : nous y voyons l’homme de lettres antérieur à l’usage de l’écriture.

1560. (1899) Le roman populaire pp. 77-112

Les feuilletonistes ont, presque tous, un sens exact du mouvement dramatique ; une science de l’horrible et du terrifiant ; une adresse à démêler les écheveaux ; une habileté à laisser pour morts, sur le champ de bataille de l’action, des héros qui ressuscitent pour de longues destinées ; un doigté dans l’usage du point de suspension ; une fidélité au type honorable des bonnes mères, des petites ouvrières laborieuses et des amours éternelles, qui ne sont pas des qualités si méprisables qu’on le croit.

1561. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre III. La complication des sociétés »

Qu’un commerce constant et réglé par les usages mondains mette en présence, dans les salons du xviiie  siècle, le roturier et le gentilhomme, et ils se rapprocheront insensiblement ; c’est ainsi que, plus encore peut-être que leurs théories, la vie mondaine de nos grands écrivains préparait le succès des idées égalitaires.

1562. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre premier. »

Boeck l’a essayé de nos jours ; mais aussi, on doit l’avouer, ils ne les entendaient pas avec la même sagacité, la même précision de sens hellénistique ; ils savaient le grec plus bonnement, plus naïvement : leur science n’avait pas autant pénétré dans la société grecque et n’en connaissait pas aussi bien tous les usages et toutes les formés ; et, d’autre part, leur goût s’alarmait de ces formes étrangères.

1563. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre III. »

Au chapitre III des Machabées on empruntait ces mots : « Les nations tiraient du livre de la loi l’idée de leurs idoles. » Et Plutarque ayant rappelé l’usage consacré de l’exclamation ἐλελεῦ !

1564. (1889) Derniers essais de critique et d’histoire

Quand le roi, la nuit, veut aller trouver la reine, « il a ses souliers mis en pantoufles, son manteau noir sur ses épaules, son bouclier passé au bras, une grande épée dans l’une de ses mains, la lanterne sourde dans l’autre », et en outre une bouteille « qui n’est « pas pour boire, mais pour un usage tout contraire. […] I Il est très probable que le suffrage universel sera maintenu. — Sans doute, nous n’en avons pas fait trop bon usage ; nos gouvernements l’ont manié comme un cheval robuste et aveugle ; selon le côté où on le tirait, il a donné à droite ou à gauche ; aujourd’hui il semble qu’il refuse de marcher. […] Les hommes ainsi élus représentent toujours exactement la majorité de la nation qui gouverne ; mais ils ne représentent que les pensées élevées qui ont cours au milieu d’elle, a les instincts généreux qui l’animent, et non les petites passions qui souvent l’agitent, et les vices qui la déshonorent….Je ne ferai pas difficulté de l’avouer ; je vois dans le double degré électoral le seul moyen de mettre l’usage de la liberté politique à la portée de toutes les classes du peuple. […] Non qu’elle soit une œuvre de pure imagination déductive : l’auteur sait le détail des choses ; il est au courant des recherches les plus récentes de la science la plus scrupuleuse ; à chaque pas de sa construction, il s’y réfère, il en fait usage, il s’y accommode ; mais on voit qu’il est en quête d’une explication plutôt que d’une démonstration ; c’est pourquoi son livre ajoute peu aux sciences positives. […] Selon l’ancien usage, les alliés restaient au logis et, de père en fils, se transmettaient le petit domaine ; les cadets allaient au loin chercher fortune.

1565. (1889) Impressions de théâtre. Troisième série

Je suis charmé, étant modeste et sincère, que des esprits délicats « revoient » et corrigent Shakespeare à mon usage. […] Rappelez-vous ce que dit La Bruyère : « L’on parle d’une région… où les jeunes gens sont durs, féroces, sans mœurs ni politesse ; ils se trouvent affranchis de la passion des femmes dans un Age où l’on commence ailleurs à la sentir ; ils leur préfèrent des repas, des viandes et des amours ridicules ; celui-là chez eux est sobre et modéré qui ne s’enivre que de vin ; l’usage trop fréquent qu’ils en ont fait le leur a rendu insipide ; ils cherchent à réveiller leur goût déjà éteint par des eaux-de-vie et par toutes les liqueurs les plus violentes : il ne manque à leur débauche que de boire de l’eau-forte. » Et relisez un peu Bussy-Rabutin. […] Rassurez-vous donc ; ce qu’il nous raconte, c’est l’historiette du péché originel à l’usage des âmes douces et des esprits simples. […] Le dramaturge ne fait que réaliser une métaphore que vous trouverez, j’en suis sûr, dans plus d’un manuel de l’histoire de France : « Le roi s’endormait dans les bras de la mollesse ; le canon de l’étranger le réveilla enfin. » C’est l’histoire de France à l’usage des masses, tout en action, tout en vignettes, tout en relief, les traits grossis et forcés, avec de la générosité, du romantisme, du bric-à-brac, de la galanterie, du troubadourisme et même du sublime. […] Sans doute ce petit animal vit dans une vieille société toute garrottée de lois, d’usages, de convenances ; on lui a inculqué certaines croyances, certaines idées et certains préjugés.

1566. (1880) Une maladie morale : le mal du siècle pp. 7-419

Mme de Staël a eu le malheur, un jour, de faire de son talent un plus funeste usage. […] Son esprit ironique lui attire des inimitiés dans un monde où la convention et l’usage décident de tout. […] Une sorte de conclusion de l’ouvrage nous apprend qu’il ne fît plus que végéter, qu’il ne sût faire aucun usage de la liberté qu’il avait si souvent invoquée, prouvant ainsi qu’on peut bien « changer de situation, mais qu’on transporte dans chacune le tourment dont on espérait se délivrer ; et que, comme on ne se corrige pas en se déplaçant, l’on se trouve seulement avoir ajouté des remords aux regrets, et des fautes aux souffrances. » Quelle est la portée de ce récit ? […] Mais non content de l’avenir auquel ces avantages lui donnaient le droit d’aspirer, il se croit appelé à des destinées supérieures, et se fait pour son usage un monde imaginaire dans lequel il se complaît. […] Un premier amour trompé lui suggère la pensée du suicide, mais un vieux pistolet emprunté pour ce funeste usage trahit son dessein ; Élie rentre donc dans le monde ; mais il y rentre découragé.

1567. (1914) En lisant Molière. L’homme et son temps, l’écrivain et son œuvre pp. 1-315

Il faut le lire ; il mérite d’être lu, qu’on en dise ce qu’on voudra, à l’usage que Molière en a fait, on voit qu’il en a dit erat quod tollere velles, et tant s’en faut qu’il ait eu tort. […] Rousseau : « […] l’intention de l’auteur étant de plaire à des esprits corrompus, ou sa morale porte au mai, ou je faux bien qu’elle prêche est plus dangereux que le mal lui-même, en ce qu’il séduit par une apparence de raison, en ce qu’il fait préférer l’usage et les maximes du monde à une exacte probité ; en ce qu’il fait consister la sagesse en un certain milieu entre le vice et la vertu ; en ce que ; au grand soulagement des spectateurs, il leur persuade que pour être honnête homme il suffit de n’être pas un franc scélérat. ». […] Tiens, voilà un louis d’or ; mais je te le donne pour l’amour de l’humanité. » « Cette scène, convenable au caractère impie de Don Juan, mais dont les esprits faibles pouvaient faire un mauvais usage, fut supprimée à la seconde représentation, et ce retranchement fut peut-être cause du peu de succès de la pièce. » Est-il assez singulier que Voltaire, d’abord connaisse si peu la mentalité du parterre de 1665 qu’il s’imagine que la scène du pauvre aurait fait le succès de la pièce ; ensuite que de cette scène, qu’il cite sans doute de mémoire, il oublie tout l’essentiel ? […] Tous ces défauts humains nous donnent dans la vie Des moyens d’exercer notre philosophie : C’est le plus bel emploi que trouve la vertu ; Et si de probité tout était revêtu, Si tous les cœurs étaient francs, justes et dociles, La plupart des vertus nous seraient inutiles, Puisqu’on en met l’usage à pouvoir sans ennui Supporter, dans nos droits, l’injustice d’autrui. […] Il est le type éternel du snob et c’est-à-dire de l’homme qui admire et imite les usages d’une classe dont il n’est pas et qu’il juge supérieure à la sienne.

1568. (1936) Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours pp. -564

Contre l’usage français, la petite Germaine se tenait assise sur un tabouret dans le salon du contrôleur général, et profitait. […] Stendhal, qui aura l’occasion de confirmer ces observations, en fera un grand usage. […] Le livre de Sismondi est (avec les remaniements d’usage) un cours professé d’abord à l’Académie de Genève. […] Il allègue comme Jean Lapin la coutume et l’usage. […] De pompe les malintentionnés n’ont nul peine à composer le substantif d’usage, et toute cette partie factice de la destinée de Hugo a pris la figure que voyait Corbière, quand il l’appelait un garde national épique.

1569. (1897) Aspects pp. -215

… Il est d’usage courant parmi plusieurs clans littéraires d’agoniser d’injures celui qui ne comprend pas toutes ces gentillesses équivoques. […] Ce sont là des oraisons funèbres à l’usage des soudards — rien de plus. […] Littré, si savant et si large, est plus consulté aujourd’hui que le dictionnaire de l’Académie ; sans compter que depuis 1830, les plus grands écrivains ont singulièrement bousculé ce dernier, dans un élan d’indépendance superbe, créant des mots et des expressions, exhumant des termes condamnés, prenant des néologismes à l’usage, enrichissant la langue à chaque œuvre nouvelle, si bien que le dictionnaire de l’Académie tend à devenir un monument curieux d’archéologie. […] Jullien a éprouvé combien il était peu… pratique de ne pas se conformer aux usages de l’une ou de l’autre caste. […] Les charmes dont l’investit Virgile, il les emploie à composer de rares églogues et si le sort en sollicite l’usage, il se servira des talents d’Eumée afin de garder des troupeaux de porcs. » — Oui, tout est beau qui est action.

1570. (1884) Les problèmes de l’esthétique contemporaine pp. -257

Le vrai coloris ne vient pas des images qui se trouvent déjà toutes faites dans la langue et qui, fanées par l’usage, sont plutôt une gêne qu’un secours ; il vient des images nouvelles et expressives que le poète, avec les mots les plus simples, sait évoquer devant l’esprit de son lecteur. […] Un naturaliste le comparerait à l’abeille ou à l’oiseau construisant des édifices merveilleux dont ils ignorent encore l’usage futur ; au contraire, beaucoup de nos poètes contemporains ont « des rapports trop exacts avec un menuisier » qui ajuste de propos délibéré les pièces d’un meuble. […] La prose est une envahissante qui sans cesse tourne à son usage et s’approprie tout ce que le vers a créé : elle s’est enrichie d’une foule d’expressions figurées, de mots images que ce dernier avait contribué à produire. […] De là à bannir du vers ces locutions adverbiales, ces dissonances consacrées par l’usage : sang et eau (Racine), folle que tu es (Musset), vingt et un (V.  […] Ce sont : 1° la proéminence de la mâchoire, produite dans une race par l’usage exagéré de cet organe ; 2° la saillie des pommettes, qui s’explique par le développement des muscles de la mâchoire ; 3° l’épatement et le retroussement du nez ou l’écartement des ailes, qui font ressembler le nez humain à un museau d’animal ; 4° l’écartement des yeux ; 5° la largeur de la bouche et l’épaisseur des lèvres.

1571. (1903) Hommes et idées du XIXe siècle

Dans ce général qui se glorifiait d’appartenir à l’Institut et qui se déclarait l’ennemi de la superstition, les métaphysiciens crurent reconnaître un des leurs ; les idéologues s’imaginèrent qu’il travaillait pour eux ; ils se persuadèrent qu’il créerait à leur usage un gouvernement selon leurs vœux, ami de la philosophie et des lumières. […] Dumas avait à son usage une espèce de charabia où éclatent par endroits des formules qui, sans contestation possible, atteignent à une manière de sublime. […] L’amour, unique souci et culte unique, leur crée une morale à leur usage et une religion. […] De tous ces paradoxes débités en cent façons, répandus par le livre, par le théâtre, par les journaux, mis en aphorismes par les beaux esprits à prétentions de penseurs, en analyses quintessenciées à l’usage des délicats, en drames et en romans feuilletons à l’usage du peuple, un faux idéal s’est dégagé. […] « La société, écrit à son tour Verlaine, n’est pas pour glorifier les poètes qui souvent vont à l’encontre, sinon toujours de ses lois positives, du moins très fréquemment de ses usages les plus impérieux.

1572. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre III. La nouvelle langue. » pp. 165-234

Les mœurs du temps les suggèrent ; car les usages et les goûts de la société ont commencé, et la fiction, ainsi conçue, ne fait que transporter dans les livres les conversations qui s’échangent dans les salles et sur les chemins. […] Sous un tel régime, l’imbécillité apparaît vite : saint Thomas lui-même examine « si le corps du Christ ressuscité avait des cicatrices, si ce corps se meut au mouvement de l’hostie et du calice pendant la consécration, si au premier instant de sa conception le Christ a eu l’usage du libre arbitre, si le Christ a été tué par lui-même, ou par un autre. » Vous vous croyez au bout de la sottise humaine ?

1573. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre septième »

Les plus grands maux venaient de l’usage funeste de donner le gouvernement à un premier ministre. […] Le goût de la vérité, le don de l’attirer par la douceur et les grâces, en mettant à l’aise ceux qui pouvaient la lui dire, le don non moins rare de se l’approprier, pour en faire usage dans sa conduite, ce sont là des qualités supérieures, parce que la volonté y a peut-être plus de part que la nature.

1574. (1911) Nos directions

Le bon usage de moyens limités eût donné d’autres résultats entre des mains expertes et sûres. […] Notre sensibilité, comme celle de nos ancêtres, cherche une règle à son usage ; et elle doit la trouver comme ils firent, originale et neuve comme celle qu’ils trouvèrent, et réaliste — c’est-à-dire conforme à l’état présent de cette sensibilité. […] De ce premier supplice, notons que la Légende Dorée ne dit rien ; il fut subi par d’autres saints, et M. d’Annunzio avait le droit d’en faire usage. […] Que s’il arrive, en Bérénice, sujet non pas choisi, mais imposé, que le thème présente une ressource par trop nue, il répète indéfiniment la même péripétie ; l’action recommence à chaque acte et s’élève en spirale vers le dénouement… Au dedans de la forme tragique héritée, Racine s’évertue ; il en combine à nouveau l’aménagement ; il y construit à son usage une sorte de mécanisme dont l’ingéniosité, l’équilibre et même parfois l’harmonie peuvent nous étonner, mais qui ne vaut, en fait, que comme support nécessaire à la présentation dramatique des personnages. […] Cette entreprise va se poursuivre se renforcer au lendemain de la première guerre, sous la direction de Jacques Rivière, comme l’a bien montré Suzanne Guerlac dans « la politique de l’esprit et les usages du classicisme à l’époque moderne », RHLF, 2007, n° 2, p. 401-412.

1575. (1854) Causeries littéraires pp. 1-353

Débarrassé de Fédor, Boris joua la petite comédie d’usage chez les parvenus qui se croient nécessaires. […] Démétrius, pour se conformer l’usage, fut obligé de puiser largement dans les coffres de l’État et même dans le trésor du Kremlin, qui passait pour sacré. […] La jeune princesse, malgré sa beauté, déplaisait aux Moscovites parce qu’elle était étrangère, catholique, parce qu’elle n’apportait au tzar aucune alliance, parce qu’ils lui reprochaient d’avance de songer à bouleverser leurs usages et à importer la Pologne en Russie. […] De Rousseau à madame Sand, de Julie à Diane de Lys, la dernière venue de cette orageuse famille, ne reconnaissez-vous pas ce paradoxe de l’orgueil se préférant aux vraies notions du bien et du mal, et inventant à son usage, au-delà des vertus et des devoirs véritables, un devoir imaginaire, une vertu chimérique, faite de superflu, et veuve du nécessaire ? […] Ce gouvernement et cette révolution, ils les arrangent à leur guise, ils les façonnent à leur gré, donnant à leurs théories toutes les perfections désirables, en écartant soigneusement l’imprévu, les passions humaines, créant à leur usage un nouveau monde, pur de toutes les souillures de l’ancien, vertueux, perfectible, équitable, tel, en un mot, qu’il le faut à des penseurs pour y introduire à leur suite la liberté, le bonheur et la paix.

1576. (1891) Essais sur l’histoire de la littérature française pp. -384

Flaubert n’a eu besoin d’ailleurs de recourir à aucune de ces petites adresses en usage dans la république des lettres pour lancer un chef-d’œuvre trop paresseux à quitter la boutique de l’éditeur. […] Elle lui en donne d’avance sa parole, et il l’accepte paisiblement, en homme à qui elle est due de par l’usage et les saines maximes. « Malheur à l’homme », s’écrie Adolphe dans le roman de Benjamin Constant, « malheur à l’homme qui, dans les premiers moments d’une liaison d’amour, ne croit pas que cette liaison doit être éternelle ! […] Si le goût existe pour lui, c’est un instrument sans usage. […] Le roi sentit enfin qu’il fallait « montrer ses longs bras » ; et, ressaisissant dans l’arsenal des vieux usages de la monarchie une arme qui n’était pas encore émoussée, il institua les Grands-Jours d’Auvergne. […] Le voici qui sort de la Trappe : il y a passé, selon son usage, une semaine dans les méditations austères.

1577. (1885) Les étapes d’un naturaliste : impressions et critiques pp. -302

Le conseil des dix tyrans ne cessait d’ordonner perquisition sur perquisition ; un jour, on arrachait aux orfèvres l’or et les bijoux qui leur avaient été confiés, et, bien entendu, ni reçus n’étaient donnés, ni inventaire n’était dressé ; un autre jour, on enlevait l’argenterie des suspects, en volant jusqu’aux petites cuillers à l’usage des enfants. […] Elle vivait encore, pour le moment, en traduisant du Darwin à l’usage des revues et des journaux, et répondait au nom enfantin de Lillette. […] J’insiste sur ce point, parce qu’il est d’usage de refuser à tout novateur l’art de faire ce qu’il tend, sinon à remplacer par autre chose, — Louis Tridon ne va pas jusque-là, — du moins à ne mettre plus qu’au même rang qu’autre chose. […] Il avoua, nomma des complices, se rétracta, les nomma de nouveau, bref, mit en jeu tous les subterfuges qu’il est d’usage d’employer pour sauver sa tête lorsqu’on ne la sent plus très solide sur ses épaules. […] Il reçut tout de suite mille francs de solde, mais en quarante-sept ans, avec des états de service irréprochables, il avait été mis vingt-trois fois en disponibilité ; ce qui représentait vingt-trois fois les mêmes périodes d’angoisses, de privations, de sollicitations ; vingt-trois fois, l’étude, à reprendre du début, des usages et des routines bureaucratiques, car, trop heureux d’atteindre son but, il devait à chaque réintégration accepter un poste dans une branche autre de l’administration.

1578. (1906) L’anticléricalisme pp. 2-381

La plupart des Français sont parfaitement convaincus que l’on n’a commencé à faire usage de la raison qu’à dater du moment où ils ont eu dix-huit ou vingt ans et que tout ce qui a précédé cette époque ne fut que ténèbres. […] Dans ces conditions, on comprend assez que la moralité, encore qu’elle soit en usage chez les Français, n’y soit pas en honneur, et peut-être y soit aussi peu en honneur qu’elle y est en usage. […] On commence à aimer dans ce pays l’usage de la force, même et surtout quand elle est accompagnée d’un peu de brutalité : on aime les coups de majorité. […] Lui qui n’a pas pu supporter jadis la Société de Saint-Vincent-de-Paul, comment pourrait-il supporter des associations qui, avec un maniement de fonds, limité, sans doute, mais encore considérable, auront clientèle, subordonnés, alliés, hiérarchie, seront ce que les républicains appellent tout de suite des « États dans l’État » et ce que, à ce titre, ils détestent d’une haine sauvage et d’une horreur qui leur ôte tout usage de la raison ? […] Depuis 1871, tout cela est cruellement démodé et hors d’usage.

1579. (1923) Nouvelles études et autres figures

Et il le savait : « Dieu m’a entouré de sa grâce, dit-il au xvie  Chant du Purgatoire, au point qu’il veut que je voie sa cour d’une façon tout étrangère à l’usage d’aujourd’hui. » Il a imaginé un Paradis formé de neuf ciels astronomiques dont les sept premiers sont habités par les Bienheureux. […] Asin nous eût mieux montré quel usage il a fait de ses emprunts : ses adaptations plus justes et plus saisissantes du châtiment au crime, son réalisme sobre et pathétique, la vie personnelle dont il anime les allégories et surtout cette sensibilité si frémissante qu’à chaque instant, dans l’indignation, dans la pitié, dans l’espoir ou dans l’extase, son cœur menace de se briser. […] Les professeurs firent un bon usage de cette Bibliothèque et surtout les scriptores. […] Passé 1587, l’usage de la férule ne fut plus admis. […] reprend Shelley ; mais assurément, Madame, l’enfant peut parler s’il le veut : il s’imagine qu’il ne le peut pas ; ce n’est qu’un sot caprice de sa part ; il n’a pas oublié en si peu de temps l’usage de la parole ! 

1580. (1837) Lettres sur les écrivains français pp. -167

Je me bornai à l’usage du verre à pied. […] Vous devinez quel usage je veux faire ici de mes indiscrétions. […] Méry est, à mon avis, celle d’avoir acheté ces divers costumes à des gens qui en faisaient journellement usage ; de façon que chaque ajustement est accompagné de sa petite notice biographique, et de son certificat d’origine.

1581. (1869) Philosophie de l’art en Grèce par H. Taine, leçons professées à l’école des beaux-arts

Un méridional, un Grec, est naturellement vif d’esprit, bon et beau parleur ; les lois ne se sont pas encore multipliées, enchevêtrées en un Code et en un fatras ; il les sait en gros ; les plaideurs les lui citent ; d’ailleurs, l’usage lui permet d’écouter son instinct, son bon sens, son émotion, ses passions, au moins autant que le droit strict et les arguments légaux. — S’il est riche, il est imprésario. […] Elle sera la langue naturelle, d’usage aussi universel et aussi commun que notre prose écrite ou imprimée ; celle-ci est une sorte de notation sèche par laquelle aujourd’hui une pure intelligence communique avec une pure intelligence ; comparée au premier langage tout imitatif et corporel, elle n’est plus qu’une algèbre et un résidu. […] Le règlement des jeux les oblige à jurer, en descendant dans l’arène, qu’ils se sont exercés au moins dix mois de suite sans interruption et avec le plus grand soin ; mais ils font bien davantage ; leur entraînement dure des années entières et jusque dans l’âge mûr ; ils suivent un régime ; ils mangent beaucoup, et à certaines heures ; ils endurcissent leurs muscles par l’usage du strigile et de l’eau froide ; ils s’abstiennent de plaisirs et d’excitations ; ils se condamnent à la continence.

1582. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — I. » pp. 166-193

Les secousses souvent contradictoires, les espérances précipitées suivies de découragement, puis de nouveau reprises avec ferveur, les jugements excessifs, passionnés, lancés dans la colère, et que plus tard elle mitigera, le bon sens fréquent qui s’y mêle, la sincérité invariable, tout contribue à faire de ces pages sans art un témoignage bien honorable à celle qui les écrivit, en même temps qu’une utile leçon, suivant nous, pour ceux qui cherchent dans la réflexion du passé quelque sagesse à leur usage, quelque règle à leurs jugements en matière politique, quelque frein à leurs premiers et généreux entraînements.

1583. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « François Ier, poëte. Poésies et correspondance recueillies et publiées par M. Aimé Champollion-Figeac, 1 vol. in-4°, Paris, 1847. »

On sait positivement que c’était là l’usage de la spirituelle Marguerite, femme d’Henri IV.

1584. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la loi sur la presse »

Le règlement du Sénat, qui diffère en cela des usages de l’ancienne Chambre des pairs, n’admet point ce genre d’inscription sur la loi ; il serait peut-être bon de l’y introduire.

1585. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre deuxième. Les images — Chapitre II. Lois de la renaissance et de l’effacement des images » pp. 129-161

Toutes les fois que nous mangeons, ou que nous buvons, ou que nous marchons, ou que nous faisons usage d’un de nos sens, ou que nous commençons ou continuons une action quelconque, il en est de même.

1586. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIVe entretien. Mélanges »

Je lui répondis que je connaissais, en effet, auprès de Mâcon et de Pont-de-Veyle, en Bresse, la terre de Genou possédée par un gentilhomme de bonne maison et de médiocre fortune qui serait peut-être heureux de la vendre à l’amiable pour cet usage.

1587. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre IV. Chateaubriand »

De Chateaubriand aussi procède Hugo, par les descriptions pittoresques667, par les visions épiques, par l’usage de l’érudition historique.

1588. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « II »

Les imprésarios allemands font un terrible usage des coupures, et c’est sans doute pour cette raison que le public allemand comprend si peu les œuvres de Wagner.

1589. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 457-512

  Entraîné par l'amour de la gloire à tous les genres, &, par une vive sensibilité, à toutes les passions, ces deux mobiles sont devenus le ressort principal de ses talens, & la regle du différent usage qu'il en a fait, Modeste, s'il eût été universellement encensé ; doux, s'il n'eût point été contredit ; religieux, & zélateur du Culte dans lequel il est né, pour peu que ce chemin eût pu le conduire à la fortune ou à la célébrite : on l'eût vu le modèle & le défenseur des vrais principes, en tout genre, si l'intérêt de sa vanité eût pu s'accorder avec aucune espece de dépendance.

1590. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur de Latouche. » pp. 474-502

Les messieurs Thabaud étant plusieurs frères, chacun d’eux avait pris, selon l’usage de l’Ancien Régime, un surnom de forme nobiliaire pour se distinguer des autres ; le père d’Hyacinthe avait surnom de Latouche.

1591. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Chamfort. » pp. 539-566

Peuvent-ils me rendre ma jeunesse, ou m’ôter ma pensée, dont l’usage me console de tout ?

1592. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1877 » pp. 308-348

Elles avaient été préparées par Cadet-Gassicourt, d’après la recette de son grand-père, pour l’usage particulier du maréchal de Richelieu.

1593. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre III. Le théâtre est l’Église du diable » pp. 113-135

Plus vous étudierez les maîtres et les disciples venus après eux, —  pater et juvenes patre digni , et plus vous trouverez qu’ils obéissent au même art poétique, où il est enseigné que la poésie est une imitation des actions, des paroles et des mœurs de nos semblables ; que cette imitation, pour être exacte et fidèle doit être conforme aux mœurs et aux usages des temps dont on parle, et que c’est justement dans la juste expression des caractères que les poètes font paraître cet art de l’imitation qui est un art si charmant, lorsqu’il est fidèle et complet ; même le mensonge est agréable s’il a les apparences de la vérité.

1594. (1913) La Fontaine « VII. Ses fables. »

Or, si l’animal est capable de progrès, de changements, de modification à ses usages et à son industrie selon les circonstances, il est un homme ; il est inférieur, bien entendu, comme capacité inventrice, à l’homme, mais il est susceptible de progrès.

1595. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Sainte-Beuve » pp. 43-79

Il a pris ses affections pour celles du monde, et il a écrit d’une main assurée, à la première ligne de son ouvrage : « Virgile est un poète qui n’a pas cessé d’être en France dans l’usage et l’affection de tous. » Ceci n’est pas exact.

1596. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Du docteur Pusey et de son influence en Angleterre »

Ils commencent de pratiquer la confession, les jeûnes, les retraites spirituelles ; ils croient en la présence réelle ; ils prient pour les morts, fêtent les saints, ont repris l’usage du signe de la croix, parent l’autel, prêchent en surplis, impriment des bréviaires et ont essayé d’établir des couvents ecclésiastiques7. » Voilà les conquêtes successives que la vérité a été obligée de recommencer sur cette terre évangélisée par le moine Augustin et si longtemps chère au Saint-Siège ; voilà ce qu’elle a repris, pièce par pièce, à l’erreur !

1597. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XIII. »

Et, en vérité, au milieu de cette Alexandrie où, dès le premier siècle de sa fondation, le culte d’Israël, dans plus d’une synagogue, se célébrait en langue grecque, pour l’usage d’une partie du moins des transplantés et des prosélytes, le prodige serait que nul accent de la lyre hébraïque n’eût retenti en dehors du temple, que rien de cette poésie si forte ne fut arrivé jusqu’aux oreilles des savants et de la foule.

1598. (1809) Tableau de la littérature française au dix-huitième siècle

Il s’aperçut aussi que ceux qui obéissaient à la morale et à la religion par une crainte et une soumission aveugles ne savaient pas en faire un digne usage, et il chercha à leur donner un pouvoir qui eût sa source dans l’amour, les lumières et la persuasion. […] La plaisanterie de Bayle est, il est vrai, presque toujours lourde et vulgaire ; elle amuse quelquefois, précisément parce qu’elle est imperturbable, et qu’elle se mêle singulièrement avec la pédanterie d’un critique ; mais il s’est rencontré depuis des hommes qui ont su donner de la légèreté et de la grâce aux railleries de Bayle, les arranger pour l’usage de la frivolité, et leur procurer un cours universel. […] Elle faisait une partie essentielle de leurs mœurs et presque de leur langage ; elle exprimait des sentiments habituels ; elle s’occupait d’usages journaliers ; elle représentait les faits, tels qu’on les croyait ; les lieux, tels qu’on les avait sous les yeux ; elle adorait les dieux que célébrait le culte public ; en un mot, elle était pleine de réalité, et n’était point un langage de convention, Pour nous la poésie, et nous dirions même presque toute la littérature, n’est pas sortie de notre propre fonds. […] Il se révolta contre l’admiration des beautés qui n’étaient point à son usage ; il voulut détrôner la poésie, où il n’avait pas pu atteindre. […] Alors aussi, et sans doute ce ne fut pas sans surprise, on vit, au milieu d’un siècle si éloigné de la simplicité des sentiments et de la peinture naïve de la nature, apparaître comme par phénomène un écrit revêtu de ces couleurs dont l’usage paraissait perdu.

1599. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome II

Combien elle fortifie, combien elle affranchit l’homme qui la possède, cette intelligence professionnelle, en lui assurant la maîtrise dans l’usage habile et adapté de son activité ! […] Elle les étend, par son article 2, « à ceux qui auront usé en société desdites substances ou en auront facilité à autrui l’usage, à titre onéreux ou à titre gratuit, soit en procurant dans ce but un local, soit par tout autre moyen ». […] Il ne s’agit pas de lui enlever le droit de grève, mais de lui en montrer l’usage légitime, qui réside dans le service de l’intérêt corporatif raccordé à l’intérêt commun, celui de la Cité. […] En dépit des déformations de l’usage, la généreuse idée de liberté reste enveloppée dans ce terme, comme elle reste vivante dans notre race, à laquelle aucun prédicateur de rébellion ne fera jamais accepter l’esclavage du communisme. […] Cette compagnie, dont le travail officiel consistait à rédiger un dictionnaire de l’usage, s’est trouvée, rien que par son recrutement, rendre un service national.

1600. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Molière »

Quand je la vois, une émotion et des transports qu’on peut sentir, mais qu’on ne sauroit dire, m’ôtent l’usage de la réflexion : je n’ai plus d’yeux pour ses défauts, il m’en reste seulement pour tout ce qu’elle a d’aimable11. […] Pour varier ses inflexions, il mit le premier en usage certains tons inusités, qui le firent d’abord accuser d’un peu d’affectation, mais auxquels on s’accoutuma.

1601. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre II. Vérification de la loi par l’examen de la littérature française » pp. 34-154

en usage dans le peuple ; rien de plus. […] Action, réaction, influences réciproques : toute la vie avec le désordre apparent de ses variations, dans l’ordre profond des lois générales ; et problèmes toujours nouveaux pour quiconque se débarrasse des idées toutes faites, des classifications en usage.

1602. (1922) Gustave Flaubert

Et encore fallait-il que Dieu lui donnât « le bon usage des maladies ». […] Frédéric, conformément à certains usages du roman (usages dictés par la psychologie de l’écrivain depuis le xviiie  siècle, peut-être plus que par l’observation de la réalité), ne saurait prendre contact avec le monde qu’en y élisant une maîtresse. […] Cette connaissance croîtra encore d’un degré quand le libre usage des manuscrits de Flaubert dans les bibliothèques publiques en 1936 permettra des éditions critiques de ses grands livres.

1603. (1889) Les artistes littéraires : études sur le XIXe siècle

Il conduit par malheur ses adeptes à l’usage des moyens matériels qui élèvent ces fantasmagories de l’imagination ; il leur apprend le culte de l’opium, du haschisch, du vin, de ce vin « fils aîné du Soleil », Qui sait revêtir le plus sordide bouge D’un luxe miraculeux106, et qui transporte le chiffonnier abject ou l’assassin bourrelé de remords vers les sphères de joie, de lumière et de gloire, dans lesquelles on n’entend que les clameurs des fêtes, ou les marches triomphales des guerriers vainqueurs, au milieu d’une apothéose féérique107. […] ou bien, comme le poète que nous étudions, s’abandonner complètement au vol de son imagination, se perdre dans les créations fantaisistes et vivre dans l’artificiel ; ou bien reprendre les éléments qu’elle rencontre toujours au sein de la nature et sur lesquels elle s’est blasée par l’usage, et les forcer à lui procurer des sensations neuves en les combinant les uns avec les autres, en rapprochant surtout les contraires les plus extrêmes de manière qu’ils ne forment plus qu’une unité, en employant en un mot les effets de contraste, les antithèses. […] Arrivé en France, le futur auteur des Poèmes antiques s’installa à Rennes, où il écrivit quelques vers dans les journaux de Bretagne, et étudia les langues étrangères, la philosophie, l’histoire surtout, sans but bien fixe d’ailleurs, accumulant pour l’avenir des matériaux, dont il ne pouvait guère pressentir l’usage. […] L’homme a été proclamé roi de la nature entière, et encore faut-il entendre le mot roi selon la signification que lui ont toujours donnée les peuples d’Orient, c’est-à-dire le maître absolu et despotique : tout a été, dès l’origine, fabriqué à son usage et soumis à son empire. […] Eussent-elles été inférieures même à ce que nous les estimons, rien ne s’opposait à ce qu’on les vit recueillies, mises en usage et consacrées par des poètes dont le nom seul aurait tenu lieu de garantie ; et le fait n’aurait rien prouvé.

1604. (1914) Note conjointe sur M. Descartes et la philosophie cartésienne pp. 59-331

Il est une proposition de monument, de reconnaissance, une proposition monumentaire et monumentale de ce qui arrive, de ce qui se produit dans la réalité de l’usage de la grâce. Je veux dire doublement de l’usage que nous en faisons, de l’usage que nous faisons d’elle et surtout de l’usage qu’elle fait de nous. […] Et il faut se rappeler ici tout ce que notre maître Bergson a écrit et dit sans cesse de l’usage et des abusements du langage. […] Et que l’idée même de concevoir une route sans son échine et sans sa directive et sans son axe, une route qui ne serait point articulée sur ses poteaux indicateurs et ses bornes kilométriques est une idée d’un homme qui ne saurait pas, d’un homme qui n’aurait ni tête ni cœur ; ni raison ni usage.

1605. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite et fin.) »

Ces communications sont restées à l’état de notes et de dossier : ce sont des matériaux dont l’éditeur ne se croit pas le droit de faire usage, à l’aide d’une rédaction qui trouverait place dans un volume même des Nouveaux Lundis.

1606. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. VILLEMAIN. » pp. 358-396

Decazes ce que le grand usage du monde avait commencé de lui donner, cette merveilleuse faculté de garder, au milieu des distractions et des emplois divers, et à travers mille occupations graves ou épineuses, un esprit vif, alerte, détaché, toujours présent, jamais obscurci, tout au plus capricieux par moments et fugitif ; c’est, à lui, sa seule manière d’être préoccupé et appesanti.

1607. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Quelques documents inédits sur André Chénier »

M. de Latouche, dans son édition de 1819, a fait des manuscrits tout l’usage qui était possible et désirable alors ; en choisissant, en élaguant avec goût, en étant sobre surtout de fragments et d’ébauches, il a agi dans l’intérêt du poète et comme dans son intention, il a servi sa gloire.

1608. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « George Farcy »

Ta confidence est déjà pour lui un mauvais exemple et une excuse. » Et encore : « Ne nous plaignons jamais de notre destinée : qui se fait plaindre se fait mépriser. » Mais nous avons trouvé, dans un journal qu’il écrivait à son usage, quelques détails précieux sur cette année de solitude et d’épreuves : « J’ai quitté Londres le lundi 2 juin 1828 ; le navire George et Mary, sur lequel j’avais arrêté mon passage, était parti le dimanche matin ; il m’a fallu le joindre à Gravesend : c’est de là que j’ai adressé mes derniers adieux à mes amis de France.

1609. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (2e partie) » pp. 305-367

Un siècle a-t-il été donné aux hommes si intelligents et si énergiques de notre patrie pour en faire un si misérable usage ?

1610. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIVe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 257-320

XLVI Le marquis de la Maisonfort quitta Florence au printemps, au moment où la cour de Toscane allait habiter, suivant son usage, Livourne et Pise, où elle avait ses palais.

1611. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXVIIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 5-64

CLXXVI Le piccinino dont la provende était déjà toute prête dans un immense canestre de joncs plein de morceaux de pain tout coupés, de prescuito et de caccia cavallo (jambon et fromage à l’usage du peuple), et portant, de l’autre main, une cruche d’eau plus grande que lui, sortit de la cuisine et marcha, derrière le bargello et moi, vers la porte ferrée de la cour des prisonniers.

1612. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série «  M. Taine.  »

Et encore : « Il démontrera que la morale de la Réforme trouve son origine dans l’usage de la bière ; et, devant un tableau, ayant à juger la chevelure d’une femme, il essayera de compter les cheveux. » La phrase est amusante ; mais, en admettant que cette plaisanterie des cheveux comptés puisse s’appliquer à M. 

1613. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre quatrième »

Saint-Gelais, ce fut Marot affadi, épuré par un prélat bel esprit, pour l’usage d’une cour devenue bigote ; Marot, moins son enjouement naïf, mais ayant gardé quelque chose de la fine moquerie qui éclate dans ses épigrammes contre les juges, les dévots et les maris.

1614. (1902) Le culte des idoles pp. 9-94

Mais il faut faire avec Nietzsche comme le seigneur Pococurante faisait avec les anciens, n’admirer que ce qui est vraiment admirable, ne prendre que ce qui est à votre usage.

1615. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 avril 1886. »

  Pour des raisons d’usage sans doute, M. 

1616. (1904) En méthode à l’œuvre

Il est universel et de tous les temps que le langage poétique, et des lettrés, de plus en plus s’éloigne du langage des Foules : l’un ne pouvant être, ainsi que nous le disions, qu’un rapide intermédiaire, de quotidien et précis usage et aux seules qualités de concision, — et l’autre exigeant, de par son origine double, tous les apports de musique verbale, et picturaux et plastiques — et rythmiques, en perceptions et représentations les plus rares et retravaillées sans cesse.

1617. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Notes et éclaircissements. [Œuvres complètes, tome XIII] »

J’admire ses talents, j’en déteste l’usage ; Sa parole est un feu, mais un feu qui ravage, Dont les sombres lueurs brillent sur des débris.

1618. (1913) La Fontaine « VI. Ses petits poèmes  son théâtre. »

Tout ce qui naît de doux en l’amoureux empire, Quand d’une égale ardeur l’un pour l’autre on soupire, Et que, de la contrainte ayant banni les lois, On se peut assurer au silence des bois, Jours devenus moments, moments filés de soie, Agréables soupirs, pleurs enfants de la joie, Vœux, serments et regards, transports, ravissements, Mélange dont se fait le bonheur des amants, Tout par ce couple heureux fut lors mis en usage.

1619. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vii »

Joseph Hudault avait fixé sur ses carnets intimes et pour son propre usage, de la même manière que Pierre de Rozières, ce qu’il appelait ses « principes et bases de vie ».‌

1620. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Appendices de, la deuxième édition »

C’est évidemment par extension qu’il est fait usage de l’expression « système de référence » dans le passage de la lettre, ci-dessus citée, où il est dit que Paul rebroussant chemin « change de système de référence ».

1621. (1906) Propos de théâtre. Troisième série

Il me semble qu’il y a lieu de n’être pas tout à fait satisfait de ceci : Je demeurai sans voix et n’en repris l’usage Que par mille sanglots qui se firent passage. On ne reprend pas l’usage de la voix par des sanglots et parce que l’on sanglote, les sanglots n’étant pas du tout des paroles. […] Il perd sa cause pour n’avoir pas voulu se plier aux usages coupables de l’époque, pour s’être refusé à visiter ses juges. […] Il s’y adresse aux Comédiens ordinaires du Roi, parlant à Leurs Personnes : Je me suis armé de courage ; Car vous allez, suivant l’usage, Employer dix ans à savoir Si vous en ferez la lecture. […] Car le propre de ces passions-là, c’est d’être absorbantes et exclusives et de vouloir posséder tout entier l’objet aimé, sans que celui-ci fasse la plus petite réserve, retienne à son usage quoi que ce soit de lui-même.

1622. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Lamartine »

Généralement, le jeune Alphonse employait à cet usage les cheveux de ses sœurs. […] Émile Deschanel d’avoir daigné revenir, en deux ou trois chapitres, à quelques-uns des meilleurs usages de l’ancienne critique scolaire. […] « Souvent traditionnelles, générales comme il convient à un esprit philosophique, effacées quelquefois par l’usage, peu nourries, toujours délicates, les comparaisons interviennent dans son style poétique non pas comme d’insistantes et serviles copies de la réalité, mais comme les allusions légères d’un esprit qui plane sur la nature. » M. de Pomairols observe aussi que, dans l’immense champ des images, « Lamartine choisit spontanément     Tout ce qui monte au jour, ou vole, ou flotte, ou plane, parce que, occupé avant tout de l’âme, il se plaît à retrouver au dehors les attributs de légèreté, de souplesse, de transparence de l’élément spirituel. » Et encore : « C’est l’élément liquide qui fournit à Lamartine le plus grand nombre de ses images… Tous les phénomènes qu’offre la fluidité, aisance, transparence, reflets du ciel, murmures harmonieux, défaut de saveur peut-être, manque de limites et de formes arrêtées, tous ces caractères de la fluidité se confondent avec les attributs de l’imagination lamartinienne. » Et voici, entre beaucoup d’autres, un exemple bien joliment choisi et commenté, à l’appui de ces remarques : « Il est des êtres, semble-t-il, pour qui l’idée de pesanteur n’est pas à craindre, comme la jeune fille.

1623. (1895) De l’idée de loi naturelle dans la science et la philosophie contemporaines pp. 5-143

Nous prétendons que notre intelligence, dans son usage suprême, soit la mesure des choses ; et en outre nous considérons que, si tout est mouvement, comme nous pouvons produire le mouvement, nous avons pouvoir sur tout. […] L’échelle des êtres représente, disait-il, « l’ordre qui appartient à la nature et qui résulte, ainsi que les objets que cet ordre fait exister, des moyens qu’elle a reçus de l’Auteur suprême de toute choses… Par ces moyens, dont elle continue sans altération l’usage, [la nature] a donné et donne perpétuellement l’existence à ses productions ; elles les varie et les renouvelle sans cesse, et conserve ainsi partout l’ordre entier qui en est l’effet » . […] Il en est qui se rapportent aux sociétés plus proprement humaines, où l’homme fait un usage plus ou moins considérable de sa raison et de son énergie.

1624. (1853) Portraits littéraires. Tome II (3e éd.) pp. 59-300

Qu’il se compose à son usage une galerie éclatante de toutes les illustrations qu’il a coudoyées depuis son entrée dans les carrosses de Louis XVI jusqu’à son entrée au conseil de Louis XVIII, c’est une noble manière de tromper ses ennuis ; mais il fallait avoir le courage d’avouer hautement cet impérieux égoïsme. […] Je sais que cet avis n’est pas celui des amis de l’auteur ; je sais que plusieurs esprits éminents ont vu dans le second volume de ce livre, qui va jusqu’à la mort de Charles Ier, une théorie complète des révolutions, et qu’ils ont même recommandé ce volume comme une recette excellente et infaillible à l’usage des peuples mécontents et décidés à revendiquer leurs droits. […] Guizot : il a rhabillé pour l’usage de l’Académie toutes les phrases qui traînent sur les bancs des écoles, et qui semblaient depuis longtemps hors de service ; il a répété, sur l’imprévoyance et l’étourderie de nos pères, toutes les récriminations que chacun sait par cœur, et qui, dans la bouche du récipiendaire, n’avaient pas même le mérite de l’élégance ; car M.  […] Sans attendre l’indifférence de l’auditoire, il reconnaîtrait l’inutilité de ses efforts ; mais nous espérons que l’auteur de Chatterton saura faire de son talent un usage mieux entendu : nous espérons qu’il acceptera franchement les lois de la poésie dramatique.

1625. (1903) Le problème de l’avenir latin

Peut-être même pourrait-on offrir aux membres du clergé certaines compensations sérieuses : par exemple, des postes inoffensifs dans le pays même, au cas où ils accepteraient de rentrer dans la vie sociale, ou des situations à l’étranger pour ceux qui refuseraient d’abandonner l’Eglise, ou bien encore l’abandon d’une de nos colonies qu’on sacrifierait à cet usage, compensations qui seraient de nature à réduire autant que possible l’amertume de leur dépossession ou de leur exil. […] Il faut mériter cette possession par l’usage qu’on en fait. […] Tel peuple, bien assis sur son territoire et sûr de la pérennité de sa possession, pourrait, sans le jeu naturel de cette loi, en faire le plus fol usage ou tout simplement s’endormir sur son coin d’univers inutilisé, au plus grand dommage de l’humanité. […] Aussi nos possessions, comme on le sait, nous servent presque uniquement à exporter des fonctionnaires — (dans la proportion de cinq fonctionnaires pour deux colons) — qui sont le plus souvent des gens médiocres ou tarés hors d’usage dans la métropole, et à ouvrir un champ nouveau à l’activité des congrégations romaines, jésuites et autres : ce qui fait que nos colonies ont plutôt l’air de lieux de débarras — quelque chose comme de vastes dépotoirs — que de milieux nouveaux pour l’expansion de notre race, que de réservoirs d’énergie jeune, de santé et de prospérité qui plus tard représenteraient l’idée française, quand la France ne serait plus.

1626. (1910) Études littéraires : dix-huitième siècle

Le xviiie  siècle devait trouver au moins une religion provisoire à son usage ; et la vérité est qu’il en a trouvé deux. […] Il la prend pour un appareil oratoire à l’usage de ceux qui veulent assassiner les souverains, et complaisamment nous la montre reparaissant dans les ouvrages des tyrannicides appartenant aux écoles les plus diverses. — Seulement son impartialité ordinaire est ici un peu en défaut. […] Ces savants sont bien là avec leurs petits défauts caractéristiques, leur simplicité, leur naïveté, parfois leur ignorance des manières et des usages, leurs manies même, et les aliments pesés de celui-ci, et le sommeil réglé au chronomètre de celui-là. […] Pour le sens commun, qui se marque à l’usage courant de la langue, la réalité c’est ce qui frappe le plus souvent et comme assidûment nos regards. […] Jacob est de s’ignorer d’abord, et, tant qu’elle s’ignore, d’être contenue par les préjugés de l’éducation en usage chez les honnêtes gens.

1627. (1898) Ceux qu’on lit : 1896 pp. 3-361

Qu’ils écrivent donc votre langue comme elle doit l’être, simplement, nettement. » Il regrette en termes violents l’usage que Marcel Prévost fait de son talent, ne cache pas ses sympathies pour Sous-Off, de Lucien Descaves, et pour les œuvres d’Édouard Rod. […] Je n’ai pas à m’occuper de la haute valeur scientifique de ce livre, je me contenterai d’en signaler les conclusions philosophiques, qui me semblent intéressantes à enregistrer en ce moment où l’athéisme est devenu une sorte de sport à l’usage de ceux qui ont entrepris la tâche de réformer la société, sans se demander ce qu’il en adviendrait du jour où ils auraient réussi à lui retirer l’axe autour duquel elle gravite, c’est-à-dire : l’idée de Dieu. […] Les petits cadeaux ne révoltaient pas d’ailleurs son orgueil ibérique, et il avait, du premier coup d’œil, guigné le superbe œil-de-chat, entouré de rubis, qu’une Anglaise portait à l’annulaire et qu’il entendait bien faire passer à son petit doigt. » On devine que ces récits ne sont pas faits pour être lus aux demoiselles du couvent des Oiseaux ni à celles de Saint-Denis ou d’Écouen, mais, malgré leur liberté d’allure, leur grivoiserie, je persiste à les déclarer sans danger, et bien plus acceptables que ces soi-disant études à but moral, qui ne sont que des prétextes à révélation de mœurs étranges et de véritables cours de putréfaction morale à l’usage de tous les âges. […] » Amphatisias, ami d’anarchistes, se garda d’avoir peur, car il ne pouvait partager les sentiments communs aux autres hommes : il croisa ses maigres bras sur son osseuse poitrine et dit au mendiant : » — Je m’en doute, monsieur, vous êtes un de ces pauvres pour qui il est d’usage de s’attendrir. […] Toute la différence que l’usage établit entre des femmes honnêtes et elles, c’est que celles-ci sont généralement appelées des “désespérées”, bien que leur désespoir se révèle à leurs consolateurs d’une façon toute spéciale. » Qui ne reconnaîtrait Rochefort dans tout ce qu’il écrit et qui pourrait trouver une différence entre la verve de sa jeunesse et celle d’aujourd’hui.

1628. (1884) L’art de la mise en scène. Essai d’esthétique théâtrale

Nous poserons ce principe, qui n’a pas, il semble, besoin de démonstration : la mise en scène doit correspondre exactement au milieu social, c’est-à-dire doit convenir à l’état social des personnages mis en scène et s’adapter à leurs mœurs et à leurs usages. […] Chapitre XX De la loi d’apparence. — De l’usage des lorgnettes. — Au théâtre, le sens du toucher ne s’exerce jamais. — Seules les sensations optiques sont directes. — Le théâtre ne nous doit que des apparences. — Des costumes et des toilettes des actrices. […] Si, pour prendre un exemple frappant, nous revenons un instant à la Chine, qui est par excellence un pays excentrique par rapport à l’Europe, on peut affirmer que nos yeux ne sont pas formés à remarquer les différences d’usages, de mœurs et de costumes qui caractérisent les diverses époques de son histoire. […] On ne peut emmagasiner à l’infini des décors dont on ne prévoit pas l’utilité prochaine, et dont quelques-uns peuvent être fatigués et détériorés par l’usage. […] Ce qui diminue toutefois un peu l’étendue de ces zones, c’est l’obliquité qu’on donne aux décors et le fréquent usage des pans coupés.

1629. (1875) Premiers lundis. Tome III « Les poètes français »

Je veux parler des Fabliaux, qui ont eu assez longtemps le pas sur les grands poèmes primitifs dans la mémoire d’une postérité légère ; poésie légère aussi et à l’avenant, qui n’en est pas une et qui est même le contraire de la poésie proprement dite, puisqu’elle est toute de bon sens, de gaieté, de moquerie, de gausserie, d’expérience pratique et de malice ; poésie qui n’est plus du tout celle des grands et des nobles, des fiers Garin et des Bégon ; où plus rien ne respire du génie des Francs d’Austrasie ; de laquelle parlaient avec dédain les grands trouvères, les trouvères sérieux, et qui n’en était que plus populaire ; tout à l’usage des vilains, des bourgeois, des marchands et des écoliers.

1630. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre I. Succès de cette philosophie en France. — Insuccès de la même philosophie en Angleterre. »

Amuser, s’amuser, « faire passer son âme par tous les modes imaginables », comme un foyer ardent où l’on jette tour à tour les substances les plus diverses pour lui faire rendre toutes les flammes, tous les pétillements et tous les parfums, voilà son premier instinct. « La vie, dit-il encore, est un enfant qu’il faut bercer jusqu’à ce qu’il s’endorme. » Il n’y eut jamais de créature mortelle plus excitée et plus excitante, plus impropre au silence et plus hostile à l’ennui471, mieux douée pour la conversation, plus visiblement destinée à devenir la reine d’un siècle sociable où, avec six jolis contes, trente bons mots et un peu d’usage, un homme avait son passeport mondain et la certitude d’être bien accueilli partout.

1631. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIVe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (5e partie) » pp. 65-128

Je trouve ici dans les Girondins une approbation entachée de quelques erreurs de logique, consignées en axiomes dans la Déclaration des droits de l’homme à l’usage de la Convention.

1632. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIe entretien. Vie du Tasse (1re partie) » pp. 5-63

Son vêtement ordinaire, dès sa jeunesse, était toujours noir, sans aucun des ornements et des broderies en usage de son temps ; il n’était, en général, suivi que d’un seul page ; mais, quoique sobre, son costume était éloigné de la négligence.

1633. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXVIIIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 65-128

— Moi, lui dis-je, non point des carlins ou des baïoques, parce que je n’en ai point à ma disposition, mais deux écuelles de lait au lieu d’une, parce que je puis doubler à mon gré les rations des prisonniers, et cela dans votre intérêt, ajoutai-je, car si on venait à visiter les poches des détenus et qu’on y découvrît cette lime, on supposerait que vous l’avez sur vous pour en faire mauvais usage et on doublerait peut-être le temps de votre peine ou on vous en enlèverait sans doute la consolation.

1634. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « M. Deschanel et le romantisme de Racine »

Il a fait sa cour à Mme de Montespan par intérêt et parce que c’était l’usage ; il l’a faite à Mme de Maintenon par reconnaissance et sympathie : voilà donc son crime diminué de moitié.

1635. (1894) Propos de littérature « Chapitre IV » pp. 69-110

Enfin il n’est pas plus logique d’exiger l’emploi continu des vers de 8, de 10 ou de 12 syllabes, — ou même du vers de 3, 4 ou 5 toniques, — que de forcer un musicien à écrire en 32 : ou en C tout un mouvement de son quatuor, toute une scène de son drame, On pourrait, il est vrai, alterner sans cesse les mesures comme s’y appliqua La Fontaine, ou comme c’est l’usage depuis un certain nombre d’années pour les musiciens.

1636. (1890) L’avenir de la science « XXIII »

J’aime, pour mon usage particulier, à comparer l’objet de la raison à ces substances mousseuses ou écumeuses, où la substance est très peu de chose, et qui n’ont d’être que par la bouffissure.

1637. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VIII, les Perses d’Eschyle. »

L’usage était que le jour de la naissance du roi, toute requête présentée pendant le festin dût être accordée.

1638. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Additions et appendice. — Treize lettres inédites de Bernardin de Saint-Pierre. (Article Bernardin de Saint-Pierre, p. 420.) » pp. 515-539

Je ne me rappelle plus quel usage j’ai fait de vos offres à cette occasion : seulement je me souviens très bien que je vous devais précédemment 100 roubles prêtés pour mon départ.

1639. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Edgar Allan Poe  »

Que l’on note encore l’usage discret et presque imperceptible que fait Poe du fantastique.

1640. (1856) Cours familier de littérature. I « Digression » pp. 98-160

On savait qu’il ne voulait pas se remarier d’un mariage authentique, par des délicatesses de famille et de dynastie ; mais on pensait que sensible encore, comme il l’avait toujours été, aux charmes d’une société de femmes, et trop pieux pour avoir une favorite, il serait heureux de trouver, dans un mariage consacré par la religion et avoué par l’usage des cours, une compagne des jours de sa maturité.

1641. (1913) La Fontaine « I. sa vie. »

Pour vous montrer la manière dont quelquefois ceux qui n’ont pas tout l’esprit qu’il faut avoir pour en avoir assez, parlent aux hommes de génie ; pour vous donner aussi l’idée d’un ton qui, certainement depuis, a complètement disparu des usages de l’Académie, je vous lirai le fragment suivant du discours de M. de La Chambre : « Ne comptez pour rien, monsieur, tout ce que vous avez fait par le passé.

1642. (1901) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Deuxième série

» Mais les paradoxes, à l’usage, dégénèrent en banalités. […] Excepté chez Mme Aubernon-Nerville35, où l’effort pour rétablir les anciens usages a un peu trop le caractère d’un artifice et d’une imitation légèrement pédantesque, il n’y a plus nulle part de conversation générale. […] Sabatier ajoutait simplement, courageusement, la franche application des règles mêmes que j’expose et qu’on ne laisse dans le domaine de la théorie que si l’on en rit comme d’un paradoxe au lieu d’en faire un usage sérieux52. […] L’usage de la clepsydre, qui mesurait sévèrement aux orateurs le temps de la parole, explique, selon M.  […] Qu’on le sache ou qu’on l’ignore, qu’on y cède et s’y plaise ou qu’on y résiste, penser c’est toujours imaginer, et le dernier des diseurs de riens est poète dans son rabâchage, comme Platon ou comme Shakespeare dans leurs inventions, puisque l’esprit avec lequel Bouvard et Pécuchet croient penser n’est qu’un vieil artisan d’images matérielles dont la seule infériorité poétique est d’être toutes fanées et flétries par un usage de soixante siècles.

1643. (1920) Impressions de théâtre. Onzième série

Nous devons une reconnaissance infinie aux hommes de bonne volonté qui font pour nous tant de recherches patientes et de lectures insipides et qui, du fatras épouvantable des manuscrits et des imprimés, tirent, à notre usage, le peu de substantifique moelle qui, d’aventure, s’y trouve contenu. […] En dépit de l’abondance des exemples empruntés, selon l’usage du temps, à l’antiquité anecdotique et amusante, Louis Vivès, dans ses préceptes, ne sort guère de l’abstraction et de la généralité ; il nous dit comment doit être élevée la jeune fille. […] D’abord, c’est l’usage du temps. […] Toutefois, il n’est pas convenable qu’elle l’étale en public. « Et, pour cette raison, dit Vivès, j’approuve assez l’usage de plusieurs nations, où l’on paye des femmes pour suivre le corps du mari défunt et pour faire publiquement les exclamations et les regrets que pourroit faire la veuve. » La femme sans mari est comme un enfant sans maître, un bateau sans pilote et un cheval sans bride. […] alors… simplement parce que c’est l’usage… » Très intéressant, savez-vous ?

1644. (1836) Portraits littéraires. Tome I pp. 1-388

xi, absolument étrangère au récit principal, comme l’histoire de Leonoram, dans Joseph Andrews, et d’ailleurs amenée dans l’intention évidente de suivre un usage introduit par Cervantes et accepté par Lesage ; toutes les parties de l’ouvrage tendent avec une égale rapidité vers un but unique et commun, la réunion de Tom et de Sophie. […] Dans une vente de livres qu’il fit avant la publication de cet ouvrage, il offrit aux autres libraires les différents articles de son magasin aux termes d’escompte ordinaires, Mais quand il fut question d’Amelia, il mit l’ouvrage à part comme étant si avidement demandé dans le commerce, qu’il ne pouvait le donner aux conditions d’usage. […] S’il leur est arrivé, au début de la carrière, d’emprunter pour se révéler un langage qu’ils ont trouvé tout prêt pour leur usage, de recourir à des stratagèmes déjà connus, à des ressorts éprouvés, il ne faut pas leur imputer comme une faiblesse ce qui n’est peut-être qu’une négligence volontaire. […] L’auteur annonce dans sa préface qu’il avait d’abord conçu le projet d’écrire Eugène Aram pour le théâtre, et, à moins qu’il n’ait reculé devant les intrigues de la chambre verte, ce que nous ne saurions blâmer, on doit regretter qu’il n’ait pas réalisé sa première intention ; car il y a pour les romanciers des usages depuis longtemps établis, et qui ont presque force de loi. […] Il s’est fait à son usage un certain nombre de grimaces habituelles qui ont laissé sur son visage des sillons profonds et anguleux ; mais c’est moins un tic que le retentissement obligé des pensées qu’il ne veut pas révéler.

1645. (1898) Essai sur Goethe

De là, les fiançailles de la pièce, qui ne sont point historiques : car une sœur de Gœtz de Berlichingen fut en effet la femme d’un chevalier nommé Martin de Sickingen, lequel n’était point le fameux Franz de Sickingen, et si Gœtz, en parlant de celui-ci dans ses mémoires, l’appelle quelquefois son « beau frère », c’est en suivant un usage particulier aux chevaliers franconiens. […] Pendant toute la période que le critique allemand appelle, non sans raison, celle des « années sauvages », et qui comprend les premiers temps du séjour à Weimar, Goethe, comme un peu plus tard Schiller et les romantiques, s’était abandonné au rêve habituel des jeunes gens, au rêve d’une vie libre, affranchie de la tyrannie des conventions, des usages, des lois, propice à la large expansion d’une individualité exigeante et robuste. […] Eh bien, dit-il, en attendant que nous voyions tout cela de nos yeux, nous regardons cette formule comme une allégorie, qui nous offre une leçon pour notre usage immédiat. […] » On peut bien penser que, depuis près de quatre-vingt-dix ans, la critique a repris ce thème un certain nombre de fois, avec les variations d’usage. […] Jugez-en par ces échantillons, que je prends presque au hasard : […] La société des femmes est la source du bon usage […] […] Personne n’a de plus grands avantages, dans la vie en général comme dans les relations de société, qu’un militaire cultivé.

1646. (1907) Propos littéraires. Quatrième série

Fogazzaro parmi les prétendus ancêtres du transformisme, c’est la philosophie qu’il en tire pour son usage. […] Histoire de France depuis 1774 jusqu’à 1789 à l’usage du peuple : Une dame du premier rang, mais d’une mauvaise constitution (c’est l’auteur qui souligne, ainsi que plus loin), avait vécu jusqu’à ce jour infirme et grabataire. […] Intendants, aumôniers, officiers, Laquais, Gens d’écurie, Femme de chambre et compagnie, c’était à qui pillerait le mieux le revenu de la Malade, et ce revenu était immense… Cependant, il y a quelques années, un Médecin étranger s’introduisit, on ne sait trop comment, dans l’Hôtel ; et ayant pu approcher le Maître, il l’avertit que la maladie de sa femme n’était pas ce qu’on la disait ; que sa grande faiblesse ne venait que d’un régime mal entendu, d’une diète beaucoup trop sévère et surtout de purgations excessives ; qu’elle n’avait besoin pour se rétablir que de développer ses forces par l’exercice et l’usage de l’air libre.

1647. (1828) Introduction à l’histoire de la philosophie

Guizot et moi nous crûmes devoir faire usage de la parole qui nous était rendue. […] L’homme fait donc ici ce qu’il a fait précédemment : il crée, à l’usage de l’idée nouvelle qui le domine, un autre monde que celui de la nature, un monde dans lequel, faisant abstraction de toute autre chose, il n’aperçoit plus que son caractère divin, c’est-à-dire son rapport à Dieu. […] Ils avaient en effet cette fraternité qu’ils réfléchissaient, qu’ils faisaient un libre usage de leur pensée, qu’ils tâchaient de s’entendre avec eux-mêmes. […] Cette unité est et ne peut être que ce point commun à tous les philosophes, de faire usage de leur raison avec une liberté absolue. […] Nous déposerons ces habitudes mesquines dans un long usage de la liberté.

1648. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre II. Lord Byron. » pp. 334-423

Ils se rencontrèrent — auprès des brandons mourants d’un autel — où un amas de choses saintes avaient été empilées — pour un usage profane. […] The crowd was famish’d by degrees ; but two Of an enormous city did survive, And they were enemies : they met beside The dying embers of an altar place Where had been heap’d a mass of holy things For an unholy usage ; they raked up And shivering scraped with their cold skeleton hands.

1649. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1889 » pp. 3-111

» Jeudi 24 janvier Larousse m’apporte la vitrine pour la collection, que je m’amuse à faire des petits objets à l’usage de la femme du xviiie  siècle, objets de toilette et de travail féminin, et quand la vitrine est à peu près garnie de Saxe, de Sèvres, de Saint-Cloud, de ces blanches porcelaines à fleurettes, montées en or ou en vermeil, de ces porcelaines si claires, si lumineuses, si riantes, et d’un pimpant coup d’œil sous les glaces de la vitrine, je me demande si ma passion du Japon n’a pas été une erreur, et je pense à quelle étonnante réunion de petites jolités européennes du siècle que j’aime, j’aurais pu faire, si j’y avais mis l’argent que j’ai mis à ma collection de l’Extrême-Orient. […] Je n’aime plus que les livres qui contiennent des morceaux de vie vraiment vraie, et sans préoccupation de dénouement, et non arrangée à l’usage du lecteur bête que demandent les grandes ventes.

1650. (1895) Les confessions littéraires : le vers libre et les poètes. Figaro pp. 101-162

Pour ce qui est de mon vers sans rime, quoiqu’il n’ait guère été d’usage en Provence et en France, j’ai cru pouvoir l’y acclimater, par les exemples que j’en vois dans les autres langues latines catalan, espagnol, italien, où ce genre de vers est assez usité, particulièrement pour la poésie du théâtre. […] J’ajouterai qu’une nouveauté inconsidérée fera toujours dire, ainsi que cela arrive déjà des romantiques, qu’il est fâcheux que des gens qui avaient tant d’esprit en aient fait un si misérable usage.

1651. (1886) Le naturalisme

En 1795, Ducis avait remanié Othello d’après le goût du temps, — avec deux dénouements différents, celui de Shakespeare et un autre à l’usage des âmes sensibles. […] L’immoral c’est seulement ce qui excite au vice ; le grossier tout ce qui combat certaines idées de délicatesse, basées sur les mœurs et les usages sociaux. […] Les noirs, les terres de Sienne, les bitumes dont Fernan ne fit, lui-même, usage qu’avec une extrême mesure, manquent complètement.

1652. (1898) XIII Idylles diaboliques pp. 1-243

. — Conversions maçonniques à l’usage du Pape. — Anathèmes ultramontains à l’usage des francs-maçons […] Ils insinuent, à mots peu couverts, que ma « pose » anarchiste s’allie à des habitudes sodomites et à l’usage quotidien de la morphine.

1653. (1930) Le roman français pp. 1-197

On n’a guère commencé d’écrire en prose, pour le public, qu’à partir de l’époque où s’est généralisé l’usage de l’écriture, et surtout de l’imprimerie, qui ont permis de s’adresser à un seul lecteur en particulier. […] Conception tout aristocratique, conception qui ne régissait que les mœurs, les usages d’une société d’abord étroitement aristocratique, fermée, mais qui peu à peu a gagné toutes les classes. […] Mais, par contre, en pays catholique, du moins en France, l’usage de la confession, par conséquent de l’examen de conscience, pourrait bien avoir, dans une certaine mesure, contribué à développer le sens psychologique, l’intérêt porté aux mobiles psychologiques des actes ; alors que, en pays calviniste ou de sectes touchant de fort près au calvinisme, le dogme de la justification aurait dirigé la littérature, et plus particulièrement la littérature romanesque, vers une sensibilité subjective et lyrique. […] Salomon Reinach a écrit Le Grec sans larmes à l’usage des jeunes filles.

1654. (1888) Études sur le XIXe siècle

B. fussent, contre l’usage, enlevées avant la fin de l’exposition, par respect pour le public ; et le public partageait ces sentiments. […] Au moment de cette polémique, Rossetti était déjà depuis longtemps fort souffrant, la santé minée et le système nerveux affaibli par un usage immodéré du chloral. […] Tout le ravissait, dans ce pays où la nature est libre, dans cette vie qui n’est pas encore ployée et domestiquée par les usages de la civilisation. […] M. de Amicis n’écrit pas tranquillement, en relatant ses souvenirs avec méthode, en entremêlant le récit de ses aventures de symétriques dissertations d’histoire ou de géographie, selon l’usage de beaucoup de voyageurs.

1655. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Les nièces de Mazarin et son dernier petit-neveu le duc de Nivernais. Les Nièces de Mazarin, études de mœurs et de caractères au xviie  siècle, par Amédée Renée, 2e éd. revue et augmentée de documents inédits. Paris, Firmin Didot, 1856. » pp. 376-411

Je donnerai ici tout ce passage tiré de ses manuscrits, et dont je ne vois pas qu’on ait fait jusqu’ici d’usage.

1656. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIIe entretien. Revue littéraire de l’année 1861 en France. M. de Marcellus (1re partie) » pp. 333-411

Elle m’en expliqua l’usage : l’un servait à assujettir son turban, et l’autre à cacher sa figure, quand elle ne voulait pas être reconnue.

1657. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIe entretien. Vie du Tasse (2e partie) » pp. 65-128

Le traître donna un démenti et un soufflet au Tasse ; le poète provoqua l’insulteur à un duel loyal selon les usages de la chevalerie du temps ; mais, au lieu du combat, le lâche recourut à l’assassinat ; il fondit inopinément avec quelques estafiers sur le Tasse, qui se promenait en plein midi dans la ville.

1658. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIe Entretien. Marie Stuart, (Reine d’Écosse). (Suite et fin.) »

Il la montra par la fenêtre aux assistants et au peuple en s’écriant suivant l’usage : « Ainsi périssent tous les ennemis de notre reine ! 

1659. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIe entretien. Biographie de Voltaire »

Cette considération l’attacha à Ferney ; il y bâtit un château sans faste, mais élégant ; il y construisit une église pour l’usage des habitants catholiques, avec cette inscription équivoque qui confessait le théiste dans l’œuvre du citoyen : À Dieu par Voltaire.

1660. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre II. Attardés et égarés »

Avec l’éternelle matière des propos mondains, celle que fournissent les nouvelles du jour, les médisances et les scandales, on s’occupe fort de démêler, d’analyser les sentiments, d’en distinguer les nuances et les sources, de ceux surtout qui sont d’un usage journalier dans la vie sociale, amour-propre, amitié, amour surtout ; on débat le sens et la beauté des mots ; on prend pour thème parfois quelque ouvrage nouveau dont on a entendu lecture, une lettre ou une dissertation de Balzac, ou bien, un certain jour, le Polyeucte de Corneille, dont la dévotion ne plaît guère.

1661. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Hugo, Victor (1802-1885) »

Ferdinand Brunetière C’est toute une langue nouvelle que Victor Hugo a ainsi façonnée pour l’usage des versificateurs, et cette langue a eu la fortune la plus extraordinaire.

1662. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre III. Les immoralités de la morale » pp. 81-134

Les rites pour préparer le café à la manière de la famille, le changement de toilette conforme aux usages, le repas de la veille de Noël, des procédés de manufacture spéciaux acquièrent ainsi une sorte de valeur morale et de caractère obligatoire.

1663. (1914) Note sur M. Bergson et la philosophie bergsonienne pp. 13-101

Puis, lorsque j’ai voulu descendre à celles qui étaient plus particulières, il s’en est tant présenté à moi de diverses, que je n’ai pas cru qu’il fût possible à l’esprit humain de distinguer les formes ou espèces de corps qui sont sur la terre, d’une infinité d’autres qui pourraient y être si c’eut été le vouloir de Dieu de les y mettre, ni par conséquent de les rapporter à notre usage, si ce n’est qu’on vienne au devant des causes par les effets, et qu’on se serve de plusieurs expériences particulières.

1664. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VII. La littérature et les conditions économiques » pp. 157-190

Mêlez à tout cela des satyres qui représentent la brutalité, un peu de magie, des danses champêtres, des travestissements, des vers coulants, faciles, des apostrophes aux oiseaux, aux forêts, à la nature entière, ajoutez-y comme dénouement des mariages où l’on voit des rois épouser des bergères ; vous aurez une idée de la façon dont une société mondaine transpose à son usage les mœurs villageoises, et du même coup vous aurez la preuve qu’à l’agriculture aimée et florissante correspond l’idylle dans le livre et sur le théâtre.

1665. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 novembre 1886. »

Richard Wagner, ce grand dégoûté, ne savait que faire de ce succès, tous ceux qui ont lu sa Lettre à un ami savent du moins comment on l’a fait. « Les représentations, dont trois sont complètement assurées, auront lieu en dehors de tous les usages ordinaires et seront des représentations modèles. » Impossible de s’expliquer plus clairement sur le public auquel on s’adresse.

1666. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre III »

Le gentilhomme vivait alors dans un monde à part, aussi étranger à la bourgeoisie, par ses traditions et par ses usages, que l’étoile de Sirius peut l’être à la terre.

1667. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre quatrième. Éléments sensitifs et appétitifs des opérations intellectuelles — Chapitre premier. Sensation et pensée »

Ce qui distingue la connaissance objective et effective de l’état « affectif », c’est donc, comme l’a dit William James, sa « valeur fonctionnelle », son usage, son importance pour l’action.

1668. (1908) Dix années de roman français. Revue des deux mondes pp. 159-190

Les élèves, grandis dans une clôture monacale et dans une vision décharnée des faits officiels ou de quelques grands hommes à l’usage du baccalauréat, ne comprennent guère que la race de leur pays existe, que la terre de leur pays est une réalité et que, plus existant, plus réel encore que la terre ou la race, l’esprit de chaque patrie est pour ces fils l’instrument de libération. » L’Appel au soldat pose un cas de psychologie de l’âme populaire.

1669. (1856) La critique et les critiques en France au XIXe siècle pp. 1-54

René Perrin, publiant en 1822 un recueil abrégé des articles de Geoffroy, l’intitulait : Manuel dramatique à l’usage des auteurs et des acteurs, et nécessaire aux gens du monde qui aiment les idées toutes trouvées et les jugements tout faits.

1670. (1888) Petit glossaire pour servir à l’intelligence des auteurs décadents et symbolistes « Petit glossaire »

— Espèce de flûte ou de petit flageolet qui n’est plus en usage, et qu’imite un des jeux de l’orgue dit jeu de larigot.

1671. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Edmond et Jules de Goncourt »

Ils ont eu l’ardeur, l’intensité, la griserie d’usage avec de telles facultés, et ils ont eu aussi le raffinement, presque la corruption, l’affectation, la préciosité, la mignardise prise au xviiie  siècle, dont ils ont trop raffolé.

1672. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Victor Hugo »

c’est un usage de tous les temps dans les journaux que, quand on y introduit des citations de quelque auteur, ces citations sont imprimées en petit texte, ou du moins en caractères plus fins que l’article du critique qui veut bien les faire.

1673. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre II. Le comique de situation et le comique de mots »

Et si, dans les jeux de l’enfant, alors qu’il manœuvre poupées et pantins, tout se fait par ficelles, ne sont-ce pas ces mêmes ficelles que nous devons retrouver, amincies par l’usage, dans les fils qui nouent les situations de comédie ?

1674. (1856) Mémoires du duc de Saint-Simon pp. 5-63

Ce sont des phrases que l’on subit et que l’on impose sans y donner attention, par usage, par cérémonie, imitées des Chinois, utiles pour tuer le temps, plus utiles pour déguiser cette chose dangereuse, la pensée.

1675. (1907) Le romantisme français. Essai sur la révolution dans les sentiments et dans les idées au XIXe siècle

L’usage de l’intelligence est pour lui une frénésie, une débauche. « Mes idées sont mes catins1) », dit-il dans la manière qui lui est propre. […] Il appartiendra à la littérature de 1830, que l’usage et la tradition appellent proprement « romantique », d’achever cette révolution morale en portant dans les idées un désordre correspondant à celui que nous venons d’observer dans les sentiments, et qui n’en sera, à vrai dire, que le prolongement intellectuel. […] Comment se fait-il que la période où nous arrivons et qui nous paraît correspondre à l’épuisement du Romantisme, soit celle à laquelle l’opinion commune et l’usage historique en réservent le nom ?

1676. (1929) Les livres du Temps. Deuxième série pp. 2-509

Je n’ai rien acquis, sinon l’usage des dictionnaires… Quoique j’aie vu Victor Hugo y exceller, je vous avoue que je ne goûte guère cet exercice (le calembour). […] On annonce qu’une édition de ce Saint Augustin, à l’usage de la jeunesse, va paraître sous peu ; il suffira d’en retrancher quelques épisodes, et il n’y aura rien à y ajouter, pour le rendre tout à fait édifiant. […] Mais son intellectualisme était médiocre, et son christianisme subséquent affecta une nuance aujourd’hui hors d’usage. […] Pour la hantise de l’ordure et la virtuosité dans l’usage du vocabulaire poissard, seul l’auteur des Dernières colonnes de l’Eglise peut l’emporter sur celui de la 628-E-8. […] André Gide n’avait même pas mis sa signature, selon l’usage, à titre d’éditeur des papiers d’un ami défunt.

1677. (1882) Essais de critique et d’histoire (4e éd.)

Les plus beaux usages de l’ancien temps subsistaient. […] Xénophon et Chirisophe composèrent pour obtenir les morts en échange du guide ; ils leur rendirent, selon leur pouvoir, tous les honneurs qu’on est dans l’usage de rendre aux hommes braves. […] On dira qu’il l’a tordue ; c’est qu’il l’a façonnée à son usage. […] Ce sont des phrases que l’on subit et que l’on impose sans y donner attention, par usage, par cérémonie, imitées des Chinois, utiles pour tuer le temps, plus utiles pour déguiser cette chose dangereuse, la pensée. […] Telle est cette liberté de tester, cet usage des substitutions et ce droit d’aînesse appliqué aux terres, qui fonde l’orgueil de race, les traditions de famille, l’influence locale, et donne la force, l’indépendance, la fierté et l’autorité.

1678. (1882) Hommes et dieux. Études d’histoire et de littérature

L’usage du feu leur était presque aussi inconnu qu’aux bêtes. […] On écrit Télémaque à la cour de Louis XIV, et ad usum Serenissimi Delphini ; on écrit le Prince, à l’usage du très fourbe et très cruel Laurent de Médicis, en sortant du massacre de Sinigaglia. […] Il prit le premier le titre de Majesté, auquel un long usage nous a habitués, mais qui indigna les esprits libres du temps, comme s’il s’était déguisé en dieu. […] L’usage prescrivait de ne pas donner moins de six mille pistoles. […] Il y a trente ans, Grandville entreprit de refaire la Danse Macabre à l’usage du XIXe siècle.

1679. (1888) Impressions de théâtre. Deuxième série

. — Aujourd’hui, dans les romans, on ne peint plus guère les personnes isolées des choses ; on note avec soin par quel lien nous pouvons tenir aux objets qui nous sont habituellement voisins ou dont nous faisons usage. […] À plus forte raison les Brissot doivent-ils se conformer à l’usage particulier de ce théâtre, car le comte est leur bienfaiteur et leur maître… Eh bien ! […] Je feuillette alors la Notice sur Anacréon, et j’y lis avec horreur : « Privées de leurs chants, les odes anacréontiques de Béranger s’effaceraient déjà de la mémoire des peuples ; mais ces refrains, répétés par l’artisan dans l’atelier, par le matelot sur les mers, par le laboureur à la charrue, leur promettent une durée peut-être égale à celles d’Anacréon, qu’elles surpassent quelquefois par l’élévation du sujet et de la pensée, sans en avoir le charmant abandon ni la simplicité. » Et ailleurs : « On aime à voir dans les festins des anciens se mêler aux discussions philosophiques et littéraires de joyeuses chansons : c’était l’usage de nos pères, alors que la gaîté du bon temps, la gaîté gauloise (ohé ! […] Ses fournisseurs savent lui fabriquer des « scies » à son usage, et dont le comique consiste surtout dans d’interminables séries d’assonances.

1680. (1874) Histoire du romantisme pp. -399

Quand nous eûmes connaissance de ce précieux document, nos conversations avec Gautier prirent un caractère plus net ; il nous indiqua d’une façon plus exacte l’usage qu’il voulait faire de chaque sorte de choses ; les conceptions d’autrefois se réveillèrent dans son esprit, et il nous les communiqua. […] C’était l’usage alors d’aller demander aux littérateurs encore heureux d’être imprimés un bout de vers ou de prose pour servir de texte à ces splendides illustrations des Robinson, des Cousin, des Finden, des Westall, des Robert’s et des Prout. […] Nous avons connu Bouchardy à l’âge de vingt ans, dans le petit cénacle qui se groupait autour de Petrus Borel le lycanthrope, et dont faisaient partie Gérard de Nerval, Jehan Duseigneur, Augustus Mac-Keat (Auguste Maquet), Philothée O’Neddy (Théophile Dondey), — car il était d’usage alors de donner un peu de bizarrerie et de truculence à son nom trop bourgeois, — Napol Tom, qu’il ne faut pas confondre avec Napol le Pyrénéen, Alphonse Brot, Jules Vabre, votre serviteur et quelques autres qu’il est inutile de désigner, car ils se sont dispersés dans la vie sans laisser de traces. […] Il ne ressemble guère ni à l’un ni à l’autre de ses maîtres : — à vrai dire, les gens bien doués n’ont d’autre professeur qu’eux-mêmes, et ils ne prennent à l’atelier que des recettes et des procédés matériels, qu’ils modifient bientôt à leur usage. […] On sentit toute l’aridité de la versification descriptive et didactique en usage à cette époque.

1681. (1895) La vie et les livres. Deuxième série pp. -364

La classe moyenne, surtout en province, conserve, par décence, par tradition, par fidélité aux anciens usages, par l’inclination qui nous engage à reprendre les chemins mille fois suivis, l’habitude d’aller machinalement ou hypocritement à la messe. […] Avant de formuler ses conclusions générales déjà présentes à son esprit, Taine amoncela, pour son usage personnel, un gros recueil d’images qu’il avait prises sur le vif, avec un grand soin de serrer de près, et, en quelque sorte, de palper les formes, de suivre les arêtes, de fixer les nuances. […] Cet écrivain, qui a façonné à son usage une langue si neuve, si exacte, si opulente, s’est appliqué à dépouiller des liasses de textes ingrats ; et souvent, dans sa belle sincérité d’historien et de philosophe, il a mieux aimé interrompre sa propre démonstration, pour céder la place à des témoins dont le parler gauche et rude lui semblait capable, par sa naïveté même, de nous donner la sensation de la vérité.

1682. (1897) La vie et les livres. Quatrième série pp. 3-401

Je voudrais seulement obéir à des usages déjà anciens et dire au lecteur, sans forfanterie ni réticences, en quoi consiste l’entreprise, sans doute téméraire, que j’ai tentée. […] Elle est toujours au-dessus de la vanité, soit qu’elle parle, soit qu’elle écrive : elle oublie les traits où il faut des raisons, elle a déjà compris que la simplicité est l’éloquence ; s’il s’agit de servir quelqu’un et de vous jeter dans les mêmes intérêts, laissant à Elvire les jolis discours et les belles lettres, qu’elle met à tous usages, Artenice n’emploie auprès de vous que la sincérité, l’ardeur, l’empressement et la persuasion… On peut la louer d’avance de toute la sagesse qu’elle aura un jour et de tout le mérite qu’elle se prépare par les années, puisqu’avec une bonne conduite elle a de meilleures intentions, des principes sûrs, utiles à celles qui sont comme elles exposées aux soins et à la flatterie ; et qu’étant assez particulière, sans pourtant être farouche, ayant même un peu de penchant pour la retraite, il ne lui aurait peut-être manqué que les occasions ou ce qu’on appelle un grand théâtre pour y faire briller toutes les vertus. […] Les usages diplomatiques de Moscou étaient modelés sur ceux de Byzance. […] Et, renonçant aux politesses mensongères qui depuis se sont introduites dans les usages diplomatiques, le tsar ajoutait, s’adressant directement à l’empereur : « Si tu repousses mes propositions, vous n’aurez autre chose à faire, toi et tes sujets, que de quitter définitivement l’Europe, où il ne vous reste presque plus de territoire, où vous n’avez nul droit d’habiter.

/ 1875