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1369. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIIe entretien. Trois heureuses journées littéraires » pp. 161-221

XII Ce jour-là, nous reposions, paisiblement adossés aux arbres, la tête à l’ombre, les pieds au soleil, les cheveux au vent, dans les poses des jeunes poètes et des jeunes femmes de Boccace, épars à l’abri des pins parasols et des cyprès de Florence dans les tableaux du Décaméron. […] Quel tableau de famille !

1370. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIIIe entretien » pp. 223-287

L’ovale des traits était sans inflexion irrégulière du moule ; la nature, sûre de ses lignes, avait modelé cette tête : le nez grec d’une statue de Phidias, la bouche aux lèvres gracieuses, mais un peu saillantes, comme celles des bustes éthiopiens dans le musée du Vatican à Rome ; le menton ferme et proéminent d’un des élèves studieux de Platon dans le tableau de l’École d’Athènes, de Raphaël. […] Les livres et les tableaux ont suivi ceux de Walter-Scott à l’encan des commissaires-priseurs de Londres et de Paris.

1371. (1839) Considérations sur Werther et en général sur la poésie de notre époque pp. 430-451

Ce ne sont pas seulement les souffrances de l’amour, mais les maladies de l’imagination dans notre siècle, dont il a su faire le tableau. […] Mais, si les considérations que j’ai émises tout à l’heure sont vraies, une telle comparaison entre Werther et les œuvres analogues qui l’ont suivi, même en se restreignant à celles qui ont le plus de rapport avec lui, ne serait rien moins qu’un tableau et une histoire de la littérature européenne depuis près d’un siècle : ce serait la formule générale de cette littérature, donnant à la fois son unité et sa variété, ce qu’il y a de permanent en elle et ce qu’il y a de variable, à savoir la forme que revêt, suivant l’âge de l’auteur, suivant son sexe, son pays, sa position sociale, ses douleurs personnelles, et au milieu des événements généraux et des divers systèmes d’idées qui l’entourent, cette pensée religieuse et irréligieuse à la fois que le Dix-Huitième Siècle a léguée au nôtre comme un funeste et glorieux héritage.

1372. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 février 1885. »

Concert de la Société Wagner : Parsifal (prélude et 2e tableau du 1er acte, avec les solistes). […] Colonne, d’une reprise du deuxième tableau du premier acte de Parsifal, et chez M. 

1373. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 septembre 1886. »

Gudehus toujours exact et scrupuleux interprète ; les autres rôles convenables, les décors passables, quelques uns réussis comme le lever du soleil de Goetterdaemmerüng ; la Chevauchée et le tableau final tout à fait manqués … On nous écrit encore que la représentation de la Walküre a été entachée d’une grande coupure, au deuxième acte, dans le récit ce Wotan (vingt pages environ de la partition de piano, depuis dann waere Walhall verloren, jusqu’à so nimm meinen Segen, Nibelungensohn …). […] Mais le troisième acte, après son terrible premier tableau, entrant brusquement dans la troisième manière du Maître, nous jette au plein des émotions multiples où transperce le drame … Cette fois, Madame Vogl donne des craintes de plus en plus vives.

1374. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1883 » pp. 236-282

Ce poète, aux récits invraisemblables, nous fait un tableau amusant d’une ville du Texas, avec sa population de convicts, ses mœurs au revolver, ses lieux de plaisir, où on lit sur une pancarte : Prière de ne pas tirer sur le pianiste qui fait de son mieux. […] Le ciel de Paris avec ses bleus délavés, la pierre grise des maisons, l’affiche en ses coloriages, tirant l’œil dans le camaïeu général, c’est merveilleux ; et dans ce tableau encore les figures ont le format qu’il faut au talent du peintre napolitain, le format de grandes taches spirituelles.

1375. (1707) Discours sur la poésie pp. 13-60

Le Carache n’est pas moins peintre dans ses tableaux ciniques, que dans ses tableaux chrétiens ; et de même, pour revenir à la poësie, La Fontaine n’est pas moins poëte dans ses contes que dans ses fables ; quoique les uns soient dangereux et que les autres soient utiles.

1376. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Notes et éclaircissements. [Œuvres complètes, tome XIII] »

Ce n’est plus un tableau, c’est la bataille même,       Bossuet ! […] » ——— L’auteur d’une Épître à M. de Châteaubriand, publiée en 1809, avait placé dans ses vers un tableau du siècle de Louis-le-Grand, où l’on reconnaîtra une imitation de ce passage : Comme on voit le soleil, disait-il, Comme on voit le soleil, ce monarque des mondes, À l’approche du soir s’incliner vers les ondes, Des forêts et des monts colorer le penchant, Et de ses feux encore embraser le couchant ; Tel Louis, atteignant la vieillesse glacée, Conservoit les débris de sa gloire passée, Et de la royauté déposant le fardeau, Grand par ses souvenirs, descendoit au tombeau.

1377. (1833) De la littérature dramatique. Lettre à M. Victor Hugo pp. 5-47

Je vous assure, Monsieur, qu’il n’y a rien d’exagéré dans ce tableau d’une première représentation romantique. […] bien, ils font sur moi l’effet du temps qui noircit un tableau et en détruit l’effet.

1378. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Victor Hugo »

certes, il faut que nous soyons de bien bons enfants en littérature, si nous sommes en politique de mauvais garçons ; il faut que nos besoins d’originalité ne soient pas bien grands, à nous autres éreintés de l’époque actuelle, pour que nous soyons si aisément satisfaits de la répétition des mêmes idées, des mêmes sentiments, du même langage et presque des mêmes mots, des mêmes tableaux et de la même manière de peindre, et que nous en jouissions avec autant de pâmoison de plaisir et de furie d’enthousiasme que si tout cela était inconnu, inattendu, virginal, et tombé, pour la première fois, du ciel ou du génie d’un homme. […] Est-ce que les effroyables et superbes orgies des Rois barbares, les coupe-gorges des brigands féodaux, toutes ces vastes et violentes peintures avec lesquelles nous croyions en avoir fini pour passer à d’autres tableaux, ne recommencent pas trait pour trait ici, mais moins appuyés, et toute l’imagination des mots dont le poète a la puissance nous illusionne-t-elle assez pour nous faire accepter comme une inspiration neuve la desserte d’un repas déjà servi, et qui, comme Macbeth, nous a rassasiés d’horreurs ?

1379. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Vie militaire du général comte Friant, par le comte Friant, son fils » pp. 56-68

Friant fit toute la campagne de France : mais, malade et au lit depuis huit jours, il ne put assister aux adieux de Fontainebleau, où était sa place : c’eût été la touchante contrepartie de Witebsk ; il y fut suppléé par le général Petit, comme on le sait d’après ce tableau devenu populaire.

1380. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Appendice — II. Sur la traduction de Lucrèce, par M. de Pongerville »

Il aurait renouvelé ici le tableau de ce vaste système qu’il a déjà exposé à la fin d’un article sur la Pluralité des mondes de M. 

1381. (1874) Premiers lundis. Tome I « Walter Scott : Vie de Napoléon Bonaparte — I »

Quand sir Walter Scott en viendra à la campagne d’Italie et à la correspondance de Bonaparte avec Joséphine, il comparera le style étincelant de ces lettres au langage d’un berger arcadien, et il ajoutera ces singulières paroles qu’on croirait entendre sortir des lèvres froncées d’une milady autour d’une table à thé : « Nous ne pouvons nous dispenser de dire que dans certains passages, qu’assurément nous ne citerons pas, cette correspondance offre un ton d’indélicatesse (indelicacy) que, malgré l’intimité du lien conjugal, un mari anglais n’emploierait pas, et qu’une femme anglaise ne regarderait pas comme l’expression convenable de l’affection conjugale. » Risum teneatis… Maintenat que nous avons un échantillon du XVIIIe selon sir Walter Scott, prenons une idée du tableau qu’il trace de la révolution francaise : « La définition du tiers état par Sieyes fit fortune, au point que les notables demandèrent que les députés du tiers fussent égaux en nombre aux députés de la  noblesse et du clergé réunis, et formassent ainsi la moitié numérique des délégués aux États généraux. » Mais on sait que l’Assemblée des notables se prononça contre le doublement du tiers, et que le bureau présidé par Monsieur fut le seul qui vota pour cette mesure.

1382. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre III. Les dieux »

Il accorde les objets entre eux ; il sait quelles bêtes peuvent exprimer les hommes, quels dieux peuvent convenir aux bêtes, quel ton général doit assembler ces trois peintures en un seul tableau.

1383. (1895) Histoire de la littérature française « Avant-propos »

On ne comprendrait pas que l’histoire de l’art dispensât de regarder les tableaux et les statues.

1384. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Ernest Renan, le Prêtre de Némi. »

Il est vrai qu’il faut les supposer habillés comme les personnages de Masaccio au Carmine de Florence, et que la sibylle Carmenta porte la robe des Vertus de François d’Assise dans le tableau de Sano di Pietro.

1385. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XI. Il Convitato di pietra (le Convié de pierre) » pp. 191-208

« Un dernier tableau montrait Don Juan en proie au feu vengeur, exprimant en vers ses tourments et son repentir.

1386. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre septième. Les altérations et transformations de la conscience et de la volonté — Chapitre premier. L’ubiquité de la conscience et l’apparente inconscience »

Binet, « comme s’il était écrit à la craie sur un tableau noir ».

1387. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre troisième. De la sympathie et de la sociabilité dans la critique. »

Parfois on voit mieux une belle statue, un beau tableau, une scène d’art en fermant les yeux et en fixant l’image intérieure, et c’est à la puissance de susciter en nous cette vue intérieure qu’on peut le mieux juger les œuvres d’art les plus hautes.

1388. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface des « Burgraves » (1843) »

Ainsi l’histoire, la légende, le conte, la réalité, la nature, la famille, l’amour, des mœurs naïves, des physionomies sauvages, les princes, les soldats, les aventuriers, les rois, des patriarches comme dans la Bible, des chasseurs d’hommes comme dans Homère, des titans comme dans Eschyle, tout s’offrait à la fois à l’imagination éblouie de l’auteur dans ce vaste tableau à peindre, et il se sentait irrésistiblement entraîné vers l’œuvre qu’il rêvait, troublé seulement d’être si peu de chose, et regrettant que ce grand sujet ne rencontrât pas un grand poëte.

1389. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — L’abbé d’Aubignac, avec Ménage, Pierre Corneille, Mademoiselle de Scudéri et Richelet. » pp. 217-236

Son Artamène ou le grand Cyrus, & principalement sa Clélie, ne sont que le tableau de ce qui se passoit à la cour de France.

1390. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — La déclamation. » pp. 421-441

On demande s’il doit en être d’elle comme d’un tableau destiné à être vu de loin.

1391. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — I. La métaphysique spiritualiste au xixe  siècle — Chapitre III : Le présent et l’avenir du spiritualisme »

Telle est aussi la conclusion à laquelle arrive un savant et profond penseur qui vient de nous donner l’intéressant tableau des études philosophiques en France au xixe  siècle36.

1392. (1860) Ceci n’est pas un livre « Mosaïque » pp. 147-175

* *  * Tout le monde connaît — pour l’avoir vu sur les quais — le Tableau de Paris par Mercier, un bien bon auteur !

1393. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre VI. Du trouble des esprits au sujet du sentiment religieux » pp. 143-159

Ainsi il nous restait à acquérir une dernière preuve de notre misère, celle d’établir, par l’expérience des plus déplorables événements, combien les peintures imaginaires nous troublent plus que les tableaux réels.

1394. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre premier. Mme de Staël »

Oui, c’est la faible qu’il faudrait montrer, la faible qui, par ses prières, sauva Norvins de l’échafaud ; la faible qui, ne croyant plus à l’amour, épousa Rocca par pitié ; la faible qui, dans un temps de luttes mortelles et de partis acharnés, resta les bras étendus entre les partis, comme la Sabine du tableau de David, entre les Romains et les Sabins, et qui les a toujours gardés étendus, dans cette intervention sublime, sans qu’elle ait senti fléchir jamais, un seul moment, ses bras lassés !

1395. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XX. Mme Gustave Haller »

Il n’y a rien de plus que ce que j’ai dit : des faits qui ne s’engendrent point et qui se succèdent ; des tableaux épars, sans le clou auquel on puisse les accrocher ; tout un bazar renversé d’aventures !

1396. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXIV. Mme Claire de Chandeneux »

Mais le tableau de genre est à leur portée, et le titre de : Ménages militaires, dans sa bonhomie, nous promettait des intérieurs.

1397. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Le Sahara algérien et le Grand Désert »

Langue, superstitions, industrie, usages, caractères, institutions, races, chants populaires, tous les détails enfin de la vie, depuis les consécrations religieuses jusqu’aux soins vulgaires de la toilette, rien n’est omis dans ses tableaux.

1398. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Odysse Barot »

Et c’est pour cela que leurs œuvres sublimes, à Raphaël et à Michel-Ange, sont réservées aux brasiers de l’avenir par ces bienfaiteurs de l’humanité, qui trouveront que le tableau de la Transfiguration ou tel autre chef-d’œuvre ne sont bons, en définitive, que pour chauffer, entre deux barricades, les goujats qui ont froid par une nuit d’hiver !

1399. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Grèce antique »

… À travers ce beau tableau, non de la Grèce, mais des républiques de la Grèce, — espèces de Cyclades de l’histoire, sans esprit général, sans cohésion et sans unité, et que Lerminier nous peint les unes après les autres avec un pinceau si lumineux et si pur, — ne voit-on pas tout ce qui nous sépare de cette Grèce qui a tant pesé dans les destinées de la pensée européenne, moins pour sa gloire que pour son malheur ?

1400. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Les Césars »

Avec des qualités si diverses et si supérieures, le livre de Champagny fut un tableau complet de la société romaine, étudiée dans son ensemble, puis dans ses détails, et, pour ainsi dire, pièce à pièce ; saisie de haut d’abord, puis vue de plus près, dans chaque anse de ses rivages, dans tous ses recoins d’horizon.

1401. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Madame de Montmorency » pp. 199-214

Il légua au cardinal de Richelieu son tableau du martyre de saint Sébastien.

1402. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XIII. M. Nicolardot. Ménage et Finances de Voltaire » pp. 297-310

» Et sous le dard de cette question qui l’aiguillonne, l’auteur du Ménage, avant de toucher à Voltaire, nous retrace le tableau de la société de son temps et nous la peint à tous les degrés de l’amphithéâtre social, depuis les rois jusqu’aux honnêtes gens, comme disaient les philosophes en parlant d’eux-mêmes, et cela avec un détail si prodigieux qu’on dirait le pointillé le plus patient et le plus sûr de toutes les saletés de cette époque et de toutes ses infamies !

1403. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXX. Saint Anselme de Cantorbéry »

Il a aimé mieux prendre l’homme tout entier, dans le multiple ensemble de sa vie et à sa place dans tous les événements de son temps, et il a écrit un ouvrage qui n’a pas pour titre unique le nom d’Anselme et qui est aussi le tableau de la vie monastique et politique, au onzième siècle.

1404. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Raymond Brucker. Les Docteurs du jour devant la Famille » pp. 149-165

Une fois demandé, il jaillit, comme tout jaillissait dans Brucker, cet homme-source, qui avait en lui tous les agissements et tous les bouillonnements de l’esprit humain… Mélange de tous les genres de livres dans un seul livre, tout à la fois roman et histoire, critique d’idées et de systèmes, invention de caractères et de personnages pour rendre plus vivantes et plus entraînantes ses théories ; dramatique, poétique, descriptif, mettant des tableaux de mœurs dans des paysages, naturel et intime, et, au milieu de tout cela, débordant de questions, d’explanations, d’argumentations, de démonstrations et de conversations qui roulent dans une verve de style semblable à un battement précipité d’artères, ce livre est peut-être un chaos de puissant ces trop alchimiquement entassées, mais c’est un chaos auquel il faut appliquer cet éternel mot de génie qu’on peut appliquer pour tout à Brucker, — à cet ébaucheur rapide et sublime !

1405. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Roger de Beauvoir. Colombes et Couleuvres. »

Ces Poètes, qui, du reste, se nomment eux-mêmes des artistes, et qui ont réellement plus d’art dans leur manière que de génie et d’inspiration, travaillent leur langue comme un sculpteur travaille son vase, comme un peintre lèche son tableau, et nous donnent au xixe  siècle une seconde édition affaiblie de la Renaissance qui, elle aussi, avec le large bec, ouvert et niais, d’un Matérialisme affamé, happait la forme et s’imaginait tenir le fond, l’âme et la vie !

1406. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Edgar Quinet. L’Enchanteur Merlin »

Mais en risquant ce tableau final qu’il intitule : « Triomphe !

1407. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Madame Ackermann »

Au moins, dans tous les autres poètes qui chantent les angoisses familières aux âmes passionnées, ou même dans Baudelaire, le Vampire, ce pourlécheur des pourritures devant lesquelles, vivantes, le malheureux se prosternait, il y a, au milieu des ruines et des désolations de la créature qui se sent mourir et qui croit que tout va finir avec elle, des pages éclairées, des tableaux qui passent accentués plus ou moins de fraîcheur et de mélancolie, des souvenirs qui attirent et retiennent comme des yeux fascinateurs rouverts, des caresses qui se reprennent aux beaux cadavres pressés autrefois sur le cœur.

1408. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Jules De La Madenène » pp. 173-187

Tableau de genre, à ce qu’il semblait, qui monte jusqu’à la fresque et prend des proportions assez vastes pour pouvoir peut-être vous étonner !

1409. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVI. Des éloges académiques ; des éloges des savants, par M. de Fontenelle, et de quelques autres. »

On citera toujours le tableau de la police de Paris comme un morceau très éloquent, non pas, à la vérité, de cette éloquence de l’âme qui remue, mais de celle de l’esprit, qui sait voir et présenter un grand objet sous toutes ses faces80.

1410. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome I

Ses heures de délices sont les heures du soir, quand le ciel se colore, comme dans les fonds des tableaux lombards, des nuances d’un rose mort et d’un vert agonisant. […] Les tableaux des murs sont des maîtres les plus étrangers les uns aux autres par la facture et par l’idéal. […] De là ces tableaux d’une humanité à la fois très réelle et très mutilée. […] Et non seulement ces mots existent et vivent, chacun à part, mais, une fois placés les uns à côté des autres, ils revêtent une valeur de position, parce qu’ils agissent les uns sur les autres, comme les couleurs dans un tableau. […] Un livre ou un tableau était pour l’adepte de l’antique psychologie l’effet d’une cause individuelle.

1411. (1887) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Troisième série pp. 1-326

Regardez-y toutefois de plus près : ce ne sont plus des caractères, c’est déjà des portraits et des tableaux de mœurs qu’ils peignent. […] et pourquoi, dans ce tableau de la fin d’un siècle ou du commencement d’une décadence, ne veut-on décidément reconnaître que le seul personnage du traitant ? […] Et nous pouvons dire que, comme tout à l’heure, dans les deux premiers volumes de Gil Blas, nous avions vu Le Sage élargir aux proportions d’un tableau de mœurs ce qui n’était dans les romans espagnols qu’un tableau d’aventures grotesques et de basses filouteries, ainsi maintenant, nous le voyons agrandir, dans ce troisième volume, le tableau de mœurs à son tour jusqu’aux dimensions d’un véritable tableau d’histoire. […] Le tableau ne déborde pas de son cadre ; il y demeure sévèrement maintenu. […] Le tableau s’est comme peuplé à mesure qu’il s’agrandissait.

1412. (1903) Propos de théâtre. Première série

Ils sautent sur cette occasion de faire un tableau de soleil couchant, ou de lever d’aurore, et ils s’en donnent à cœur joie. […] Elle est là pour compléter le tableau d’ensemble. […] L’ébauche était devenue tableau. […] Josabeth ne fait rien dans l’action, elle est utile dans le tableau. […] » Elle n’est ni forte ni habile, ombre douce à ce tableau vif et cru.

1413. (1895) Hommes et livres

N’est-ce pas encore un tableau charmant que cette mélancolique et nocturne lecture ? […] Ce ne sont pas des tableaux de la vie humaine, ni des portraits historiques : c’est une âme de poète qui s’ouvre. […] Il ne manque au tableau que le soldat et le prêtre, du moins dans leur caractère propre et essentiel. […] Un caractère dans une action, ce n’est pas un tableau dans un cadre, c’est un homme dans sa peau. […] Un enfant dans un berceau remue les bras et vagit : à ce tableau d’innocence, toute la cour déborde d’enthousiasme et d’émotion.

1414. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

Bazin s’y est laissé prendre, et croyant faire de l’histoire, il a composé un piquant tableau de fantaisie où, sur la foi de M.  […] Dans la seconde, quel tableau touchant et vrai des dépits, des raccommodements amoureux, et de tous ces riens charmants, brillante aurore du bonheur ! […] Les suppôts de la ligue contre le naturel y assistaient pour la plupart, et, malgré le nombre des spectateurs à la fois juges et parties, la vérité du tableau força tous les suffrages. […] Quel art, quelle variété dans la peinture de cet admirable tableau ! […] Les Romains avaient pensé que ce drame convenait mieux à cette solennité que le tableau en action de quelque haut fait de ce maître du monde.

1415. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DAUNOU (Cours d’Études historiques.) » pp. 273-362

… Je n’achève pas ce tableau déchirant des périls qui vous menacent, les angoisses d’un long exil, la honte du retour, et l’horreur du pardon. » J’ai voulu noter ce dernier trait : ainsi, même au plus fort de l’attaque et dans son plus vif entrain de persiflage, M. […] Daunou ne fait guère qu’en tirer prétexte pour retracer en douze leçons un tableau succinct de l’histoire universelle, dès avant Homère, jusqu’à la mort de Voltaire. […] En terminant ce premier tableau succinct, dont il reprendra plus en détail et développera certaines parties dans la suite de son enseignement, M. […] On a conçu une idée plus juste du caractère et du but de l’histoire ; on a voulu qu’elle devînt un tableau des mœurs et de la destinée des nations.

1416. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VI. Les romanciers. » pp. 83-171

Quand il veut se retirer du désespoir, il dresse impartialement, « comme un comptable », le tableau de ses biens et de ses maux, et le divise en deux colonnes, actif et passif, article contre article, en sorte que la balance est à son profit. […] À présent ouvrez un copiste plus littéral de la vie : sans doute ils le sont tous, et déclarent, Fielding entre autres, que, s’ils imaginent un trait, c’est qu’ils l’ont vu ; mais Smollett a cet avantage, qu’étant médiocre il décalque les figures platement, prosaïquement, sans les transformer par l’illumination du génie ; la jovialité de Fielding et le rigorisme de Richardson ne sont plus là pour égayer ou ennoblir les tableaux. […] Son Ministre de Wakefield est « une idylle en prose », un peu gâtée par des phrases trop bien écrites, mais au fond bourgeoise comme un tableau flamand. […] Encore un tableau et une leçon, cette fois contre la cruauté.

1417. (1841) Discours aux philosophes. De la situation actuelle de l’esprit humain pp. 6-57

En un mot, toutes les âmes avaient foi dans l’ordre politique et dans l’ordre religieux ; et cette foi se manifestait dans tout ce que la poésie, c’est-à-dire le symbole, pouvait enfanter pour la vue ou pour les oreilles : les cathédrales, les tableaux, les poèmesb. […] Ce qu’il y a de plus beau, suivant moi, dans la peinture que Michel-Ange nous a faite du Jugement dernier, et ce qui corrige à mes yeux l’horreur d’un tableau où l’enfer domine, où les damnés abondent, c’est le groupe de femmes, à la droite du Christ, qui s’élèvent de terre et montent au ciel, non pas seules, mais en emportant des hommes avec elles. […] Je ne sais si je me trompe, et si, n’ayant pas le tableau sous les yeux, je ne prête pas au peintre des idées qu’il n’a pas eues ; mais il me semble que la nature particulière de la femme et sa condition particulière sur la terre pendant la loi du Christianisme sont exprimées là avec un art sublime. […] Il suffit de rentrer en soi-même dans le silence des passions, pour reconnaître qu’il n’y a dans ce triste tableau de l’époque où nous vivons ni exagération ni mensonge.

1418. (1893) Alfred de Musset

Ailleurs encore, une sensation accidentelle ne fournit au poète qu’une épithète, et cela suffit pour faire tableau. […] En fera-t-on un vers meilleur dans un poème, un trait meilleur dans un tableau ? […] Un vieux tableau, une tragédie que je savais par cœur, une romance cent fois rebattue, un entretien avec un ami me surprenaient ; je n’y retrouvais plus le sens accoutumé. » Les objets familiers qui l’entouraient le choquaient. […] Cécile, Elsbeth, Camille, Rosette, Ninon et Ninette, Déidamia, Carmosine et cette petite Marguerite, à peine entrevue, seront ses témoins devant la postérité, quand on l’accusera de s’être complu aux tableaux hardis et aux inspirations sensuelles. […] Non moins charmant est le tableau du modeste intérieur de la pâle jeune femme aux grands yeux noirs.

1419. (1925) Les écrivains. Première série (1884-1894)

Vous voyez le tableau d’ici : Richepin sur un monceau de cadavres ; à ses pieds, la femme en noir, poignard dans le cœur… et près d’elle, pleurant, Mme Guérard et M.  […] Le portrait qu’ils font de ceux-ci et le tableau qu’ils font de celle-là sont vraiment amers. […] Et, pour compléter le tableau, non loin de la porte, familière et biblique, une chèvre, attachée à un piquet, toute blanche, paissait l’herbe haute. […] Et vous ne devez pas ignorer que vous vous êtes énergiquement prononcées contre l’envoi des tableaux en Allemagne. […] Eh bien, les salons des peintres me produisent un effet analogue… Il y a de tout aussi, des tableaux, des statues, des gravures, de l’architecture, de tout, excepté de l’art.

1420. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « L’abbé Fléchier » pp. 383-416

Telle est la qualité nouvelle que la relation de Fléchier a acquise en vieillissant : ce qui, pour l’auteur devenu tout à fait grave, n’était plus qu’une bagatelle de société, ce qui a pu continuer de paraître tel en effet jusqu’à la fin du xviiie  siècle, et tant que dura l’ancienne monarchie, a pris, à la distance où nous sommes, toute l’importance d’un témoignage circonstancié, d’un tableau neuf et hors de prix. […] Le compliment guindé que lui adressent les précieuses du lieu en l’abordant ; L’Art d’aimer, traduit par le président Nicole, qu’elles trouvent sur sa table, et qu’il leur prête avec le regret de ne pouvoir en même temps les rendre plus aimables ; la demande d’un sermon à faire, qui lui arrive précisément ce jour-là, tout cet ensemble compose un petit tableau malin, moqueur, assorti pourtant, et où rien ne jure.

1421. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « MÉLEAGRE. » pp. 407-444

La première partie de cette petite pièce est en récit, et la seconde en tableau. […] » Bien que le plus grand nombre des traits qui composent ce tableau entre d’ordinaire, bon gré, mal gré, dans toute description du printemps, et que la poésie, en émigrant vers le nord, n’ait cessé de s’inspirer et de se ressouvenir de ces mêmes anciennes peintures du midi, comme si dans leurs objets elles restaient toujours présentes, on peut s’assurer qu’il n’en était pas ainsi pour Méléagre, et qu’il avait bien réellement sous les yeux le spectacle fortuné qu’il décrit.

1422. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre I. Succès de cette philosophie en France. — Insuccès de la même philosophie en Angleterre. »

Baudeau adresse et explique à une dame son Tableau économique . […] Swift seul a risqué de pareils tableaux.

1423. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre II. Les bêtes »

Nous avons le même plaisir que devant un beau tableau ou un beau livre ; au plus fort des passions qu’il nous présente, nous savons que les personnages sont des fantômes, et que ce n’est point un sang véritable que nous voyons couler. […] Ces peintures de La Fontaine, si courtes, valent les plus grands tableaux ; car tout le talent de l’artiste consiste à saisir le trait exact, qui montre dans un objet le caractère intime.

1424. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (4e partie) » pp. 1-63

Elle recueillit toute sa force pour s’élever, par le mépris des coups, au-dessus de ses ennemis ; elle ne les sentit plus que dans les autres. » Nous demandons à tout lecteur de bonne foi si la pitié manque à l’infortune et si le respect manque à la catastrophe dans un tel tableau ? […] J’ai ajouté même, non sciemment, mais précipitamment, à ce tableau des angoisses du roi, de la reine, de madame Élisabeth, des enfants, en attribuant au fidèle serviteur Cléry des opinions révolutionnaires qui devaient contrister ses maîtres.

1425. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre I. Les chansons de geste »

Charlemagne n’était pas mort, que l’un de ses vieux soldats faisait déjà en toute naïveté au moine de Saint-Gall le tableau merveilleux des exploits et de la sagesse du grand empereur : la poésie était alors la forme des intelligences. […] Je m’en rapporterai pour toute la littérature du moyen âge au tableau chronologique dressé par M. 

1426. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « De l’influence récente des littératures du nord »

Et je doute même que, en dépit de leur grandeur extérieure, les événements publics  mêlés aux comédies et aux drames privés  que nous raconte Tolstoï, dépassent en intérêt et en importance ceux dont Flaubert nous offre le vaste et minutieux tableau. […] Ce sont ces ténèbres de la mort et de l’inconnu qui servent de toile de fond, dans ses romans, aux drames fourmillants de la vie, et qui se glissent dans les interstices de ces tableaux mêmes.

1427. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Figurines (Deuxième Série) » pp. 103-153

Enfin, dans le brillant concours de nos conteurs ou dialoguistes mondains, dans cette lutte à qui nous offrira, sous prétexte de morale ou même sans prétexte, les plus surprenants tableaux de mauvaises mœurs dites élégantes, je crois démêler, chez Henri Lavedan, une peur d’être dépassé, une ardeur de frapper plus fort que les autres et de peindre plus cru, une excitation et comme une ébriété de pinceau. […] Son art est tel que ce « tableau de cour » ne détonne point dans cette naïve histoire d’un miracle rustique.

1428. (1912) Enquête sur le théâtre et le livre (Les Marges)

Le théâtre est à l’art littéraire ce que la peinture des décors grossièrement brossés est à l’art des tableaux qui réclame impérieusement de ceux qui s’y adonnent du talent, de la technique, du goût et de l’originalité. […] Mais c’est déjà l’inscription au tableau d’avancement.

1429. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre cinquième »

Cette fuite n’est pas une difficulté éludée ; c’est un trait de génie, comme, dans le tableau de Timanthe, le voile jeté sur l’indescriptible visage d’un père qui pleure. […] Quand je le vois ajouter ainsi ou retrancher, sur des conseils que lui apporte le courrier du matin, sacrifier à d’Argental un trait, allonger une tirade pour Cideville, improviser pour madame du Châtelet un effet de scène, je me figure un peintre, au milieu d’amis invités à voir sa nouvelle toile, qui, debout, devant son tableau, la palette en main, ferait des retouches à toute réquisition.

1430. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre V. Le Séminaire Saint-Sulpice (1882) »

La chapelle, dont le plafond passait pour le chef-d’œuvre de Lebrun, a été détruite, et de toute l’ancienne maison, il ne reste qu’un tableau de Lebrun représentant la Pentecôte d’une façon qui étonnerait l’auteur des Actes des Apôtres. […] Sauvé à la Révolution, puis compris dans la galerie du cardinal Fesch, ce tableau a été racheté par la compagnie de Saint-Sulpice ; il orne aujourd’hui la chapelle du séminaire.

1431. (1856) Cours familier de littérature. I « Digression » pp. 98-160

Cette impression que Mme de Girardin (alors Mlle Delphine Gay) fit sur moi la première fois qu’elle m’apparut, après en avoir beaucoup entendu parler, fut si vive, que le lieu, le jour, le site, la personne, sont restés comme un tableau dans ma mémoire, et que je pourrais dicter aujourd’hui encore à un peintre, le ciel, le paysage, les traits, les couleurs, le regard, sans qu’il manquât un éclair dans les yeux, une inflexion aux lèvres, une rougeur ou une pâleur aux joues, une ondulation aux cheveux, un nuage au ciel, une feuille même au paysage. […] Qu’on en juge par le tableau de l’Égypte que fait Cléopâtre à sa confidente Iras, dans l’ennui de l’attente d’Antoine.

1432. (1857) Articles justificatifs pour Charles Baudelaire, auteur des « Fleurs du mal » pp. 1-33

S’il l’appelait la Divine Comédie, comme l’œuvre de Dante, si ses pécheresses les plus hardies étaient placées dans un des cercles de l’Enfer, le tableau même des Lesbiennes n’aurait pas besoin d’être retouché pour que le châtiment fût assez sévère. […] Les livres des théologiens sont pleins de tableaux où le vice est non pas légèrement indiqué, mais fouillé jusque dans ses plus mystérieuses profondeurs, disséqué jusque dans ses libres les plus honteuses.

1433. (1830) Cours de philosophie positive : première et deuxième leçons « Deuxième leçon »

Mais, pour ne pas laisser incomplet, sous un rapport aussi capital, le grand tableau que j’ai tâché d’esquisser dans cette leçon, je dois indiquer ici sommairement, par anticipation, les résultats généraux de l’examen que nous entreprendrons dans la leçon suivante. […] La conséquence finale de cette leçon, exprimée sous la forme la plus simple, consiste donc dans l’explication et la justification du grand tableau synoptique placé au commencement de cet ouvrage, et dans la construction duquel je me suis efforcé de suivre, aussi rigoureusement que possible, pour la distribution intérieure de chaque science fondamentale, le même principe de classification qui vient de nous fournir la série générale des sciences.

1434. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Agrippa d’Aubigné. — II. (Fin.) » pp. 330-342

Le duc de Mayenne, interrogé un jour par des amis de d’Aubigné sur la manière dont s’était passé le combat d’Arques et sur ce qui avait précipité la victoire ; après quelques essais d’explication, et se sentant trop pressé, finit par répondre : « Qu’il dise que c’est la vertu de la vieille phalange huguenote et de gens qui de père en fils sont apprivoisés à la mort. » D’Aubigné, qui prend au pied de la lettre la réponse du duc de Mayenne, s’est donné pour tâche dans son Histoire de raconter les exploits et de produire les preuves de cette vertu guerrière, d’en retracer l’âge héroïque dans ses diverses phases : c’est sa page à lui, c’est son coin dans le tableau de son siècle ; et il l’a traité avec assez d’impartialité en général, avec assez de justice rendue au parti contraire, pour qu’on lui accorde à lui-même tous les honneurs dus finalement à un champion de la minorité et à un courageux vaincu.

1435. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire de la Restauration, par M. Louis de Viel-Castel » pp. 355-368

Je ne prétends pas ici traiter la question dans son étendue, ni même l’effleurer, n’étant pas de ceux qui se plaisent à soulever de telles discussions rétrospectives, et je n’ai pas oublié d’ailleurs qu’à défaut d’un gouvernement alors selon nos vœux, il y a eu pour les esprits des saisons bien brillantes : mais ce qu’il faut bien dire quand on vient de parcourir le tableau fidèle de cette première Restauration, c’est que je ne crois pas qu’il se puisse accumuler en moins de temps plus de fautes, de maladresses, d’inexpériences, d’offenses choquantes à la raison, à l’instinct, aux intérêts d’un pays, ni qu’on puisse mieux réussir (quand on y aurait visé) à établir dans les esprits, au point de départ, la prévention de l’incorrigibilité finale des légitimités caduques et déchues, de leur incompatibilité radicale avec les modernes éléments de la société, et de leur impuissance, une fois déracinées, à se réimplanter et à renaître.

1436. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — II » pp. 161-173

Je ne recommencerai pas un récit de cette journée de Rivoli : on ne refait pas un tableau après les maîtres30.

1437. (1874) Premiers lundis. Tome II « Mémoires de Casanova de Seingalt. Écrits par lui-même. »

A ceux qui ont toujours dans leur poche et souvent dans leurs mains le petit Horace Elzevir non expurgé par Jouvency, à ceux qui savent par cœur les épigrammes salées de Catulle et de Martial, les vers de Solon, qui citent volontiers certains passages d’Ovide et de Tibulle, et les fredaines du Lucius d’Apulée, qui suivent sans répugnance la naïve Chloé dans la grotte des Nymphes, faciles nymphæ risere ; à ceux que notre vieille littérature grivoise et conteuse ne rebute pas, qui se dérident à La Fontaine, qui se délectent aux Amours des Gaules, qui ne perdraient pas une ligne des Mémoires de Choisy, si tout le manuscrit de l’Arsenal était imprimé ; à ceux que les premières pages des Confessions n’irritent nullement, que les lettres de Diderot à Mlle Yoland enchantent sans réserve, qui en aiment jusqu’aux propos de madame d’Aine, jusqu’aux allusions insinuantes de Diderot comptant les arbres de ses vordes chéries : à ceux-là, loin de le défendre, nous conseillerons plutôt Casanova ; ce ne sera pas pour eux une dangereuse nouveauté ni un scandale attrayant, ce sera un tableau de plus, non le moins vif et le moins varié, dans le réfectoire de leur abbaye de Thélème. — Un jour, durant l’année que le docte Saumaise passa à Stockholm près de la reine Christine, comme il avait la goutte et gardait le lit, la reine le vint visiter ; or, en ce moment, pour se désennuyer et tromper son mal, le grave commentateur lisait un livre très agréable, mais assez leste (perfacetum guidem, at subturpiculum), Le Moyen de parvenir, de Béroalde de Verville.

1438. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XIII. Des tragédies de Shakespeare » pp. 276-294

La folie, telle qu’elle est peinte dans Shakespeare, est le plus beau tableau du naufrage de la nature morale, quand la tempête de la vie surpasse ses forces.

1439. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre I. L’esprit gaulois »

Il faut dire de leur poésie ce que l’on dit de certains tableaux : Cela est fait avec rien.

1440. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre III. L’écrivain »

Un petit mot de son éclair fuyant leur dévoile tout un tableau ou tout un caractère ; une clarté prolongée et forte émousserait leur regard.

1441. (1925) Méthodes de l’histoire littéraire « II  L’esprit scientifique et la méthode de l’histoire littéraire »

Il y a sans doute bien des œuvres mortes ; mais les chefs-d’œuvre sont devant nous, non point comme les documents d’archives, à l’état fossile, morts et froids, sans rapport à la vie d’aujourd’hui ; mais comme les tableaux de Rubens ou de Rembrandt, toujours actifs et vivants, capables encore d’impressionner les âmes de notre temps autant qu’ils firent celles de leur temps, et d’y déterminer des modifications profondes.

1442. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre VII. Maurice Barrès et Paul Adam » pp. 72-89

Une pochade de Forain représentait deux rapins de brasserie, masqués par une pile de soucoupes, qui disaient « Quel tableau on ferait, si on pouvait peindre ! 

1443. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Une soirée chez Paul Verlaine » pp. 18-33

C’étaient des tableaux réalistes transfigurés par le lyrisme du sentiment et de l’expression.

1444. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « Conclusion »

Nous n’avons pu donner un tableau complet des travaux psychologiques en Angleterre.

1445. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Avertissement sur la seconde édition. » pp. 23-54

Pourquoi nous blâmer d’avoir loué des hommes, qui, dans le tableau de notre Littérature, jouissent d’une célébrité avouée de tous les Connoisseurs & chez toutes les Nations cultivées ?

1446. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Évolution de la critique »

Les manifestations qu’elle analyse : livres, partitions, tableaux, statues, monuments, ont en commun le caractère d’être « esthétiques », de tendre à être belles et à émouvoir.

1447. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre I : La science politique au xixe  siècle »

C’est un tableau dont les traits généraux sont assez connus, mais qui n’a pas encore été dessiné dans toutes ses parties avec toute la précision désirable.

1448. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre dixième. »

Tout ce tableau est charmant, et le dernier vers plein de poésie.

1449. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 34, que la réputation d’un systême de philosophie peut être détruite, que celle d’un poëme ne sçauroit l’être » pp. 489-511

Que la transfiguration de Raphaël est un tableau merveilleux, et que Polyeucte est une tragédie excellente.

1450. (1912) L’art de lire « Chapitre II. Les livres d’idées »

Il semblerait alors que son œuvre fût ce tableau dont parlait Musset, « où l’on voit qu’un monsieur bien sage s’est appliqué ».

1451. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’empire russe depuis le congrès de vienne »

Copistes qui par vanité ont la prétention d’être originaux, ils achètent nos tableaux, nos acteurs, nos modes, nos livres, notre langue, ils reproduisent notre corruption, et, pour ne pas manquer toutes les nuances de la copie, ils en font souvent une caricature.

1452. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le capitaine d’Arpentigny »

« C’est à ce mouvement qu’on dut en partie la victoire… » Maintenant, qu’il déclame tant qu’il voudra contre la guerre et s’enniaise de philosophie moderne, l’homme qui a écrit cette espèce de strophe, cette phrase presque plastique, ce tableau d’un si rapide mouvement et d’une si héroïque couleur, est, avant de se donner pour un Lavater de la main, un peintre militaire indestructible qui va se trouver partout : — il n’y a qu’un moment dans l’idéal, tout à l’heure dans la réalité.

1453. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. de Lacretelle » pp. 341-357

Il a compté sur le clou pour faire regarder le tableau.

1454. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Léon XIII et le Vatican »

Dans ce livre sur Léon XIII, Teste a fait de l’Europe, en proie à cette fièvre de liberté qui est la furie du siècle et qui pourrait bien en être la calamité, un tableau lamentable et tout à la fois effrayant d’exactitude, et, quand on le lit, on se dit que ce suicide des gouvernements, qui mettent plus de temps à se tuer que les hommes, est déjà commencé.

1455. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Vie de la Révérende Mère Térèse de St-Augustin, Madame Louise de France »

C’est l’anonyme de l’humilité… On dirait un de ces Anges qui font la cuisine du couvent dans le beau tableau de Murillo, et qui, après l’avoir faite, se renvoient au ciel !

1456. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Charles Monselet »

Que Monselet, à propos du Sifflet d’argent (journal dont il nous conte l’histoire), nous montre jusqu’à quel point la Critique peut descendre sous des plumes cupides et honteuses, il est assurément dans son droit de moraliste et d’écrivain ; mais, à côté de ce tableau, qui a sa vérité relative, il doit indiquer que cette dégradation de la Critique n’est plus que de la piraterie littéraire.

1457. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Théodore de Banville »

De même, en sensation, ôtez le vestiaire de Don Juan qui traîne partout et les réminiscences de Shakespeare sur lequel nous vivons pour l’instant ; ôtez les Musées et les tableaux décrits, depuis Rubens jusqu’à Watteau, c’est-à-dire la poésie ravalée jusqu’à n’être plus qu’un daguerréotype ; ôtez l’orgie (la moderne et l’antique !)

1458. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Marie Desylles » pp. 323-339

ce tableau de la Transfiguration de Raphaël que toutes les femmes refont quand elles aiment, mademoiselle de Condé le refait, comme cette Réa Delcroix qui le recommence !

1459. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Gustave Flaubert » pp. 61-75

Il fait des tableaux de grandeur naturelle, au pointillé, dans lesquels rien ne se fond et où tout se détache.

1460. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Le Comte de Gobineau »

J’en fais ce qu’il est, l’hébétement, la destruction et la mort… Je n’aperçois qu’un monde d’insectes de différentes espèces et de tailles diverses, armés de scies, de pinces, de tarières et d’autres instruments de ruine, attachés à jeter à terre mœurs, droits, lois, coutumes, ce que j’ai respecté, ce que j’ai aimé ; un monde qui brûle les villes, abat les cathédrales, ne veut plus de livres, ni de musique, ni de tableaux, et substitue à tout la pomme de terre, le bœuf saignant et le vin bleu.

1461. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXI. De Thémiste, orateur de Constantinople, et des panégyriques qu’il composa en l’honneur de six empereurs. »

On brise une statue, on efface un tableau qui ne ressemble point à son modèle : le prince serait-il donc moins attentif à ceux dont le devoir est de le représenter auprès des peuples ? 

1462. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre second » pp. 200-409

« Le philosophe Attalus préférait un ami à faire à un ami déjà fait… » Un peintre célèbre court après un voleur, et lui offre un tableau fini pour l’ébauche que le voleur avait enlevée de dessus son chevalet. […] Qui est-ce qui a fait cet ouvrage, ce poëme, ce tableau, cette statue, cette colonnade ? […] Il ajoute : « La douleur est, de tous les tableaux, celui dont le spectateur se lasse le plus promptement : récente, elle intéresse ; vieille, elle est fausse ou insensée ; l’on s’en moque, et l’on fait bien. » Cela est-il vrai ? […] Exposons les tableaux de la vertu, et il se trouvera des copistes. […] Il ouvre leur apologie par un tableau majestueux de la grande machine de l’univers.

1463. (1907) Propos littéraires. Quatrième série

Un petit tableau de ce que nous verrions si nous restions plus longtemps qu’il ne faut est un bon complément de consolation, comme de civilité. […] Ribot le démontre très bien ; elle est fondée… tenez, voici le tableau de la société humaine signé Spencer : « Les agneaux au printemps nous montrent que la gaîté de l’un cause la gaîté de ceux qui sont auprès de lui. […] Quand nous disons d’une couleur qu’elle est belle, nous voulons dire sans doute qu’elle ferait dans une combinaison de taches, dans un tableau, que nous rêvons inconsciemment, un très bel effet. […] Vous voyez d’ici le fond de tableau et les personnages. […] Le fond de tableau est admirable.

1464. (1888) La vie littéraire. Première série pp. 1-363

Je me garderai bien d’esquisser en quelques traits un tableau du moyen âge. […] Gilbert-Augustin Thierry donna le Capitaine sans façon, tableau vigoureux d’une insurrection de paysans du bas Maine en 1813. […] Ceux qui aiment les petits tableaux d’André Chénier prendront sans doute plaisir à visiter ce musée, plein de figures de héros et de nymphes. […] On ne sait ce qu’il faut admirer le plus dans cet ouvrage, de la grandeur du dessein, de la noblesse aisée de la distribution, ou de la clarté des tableaux. […] Puis elle s’attaque à « un énorme tableau, qui représente sainte Barbe debout » et elle essaye le portrait du comte Edling.

1465. (1891) La vie littéraire. Troisième série pp. -396

Qu’y a-t-il, par exemple, de plus beau dans toute la poésie contemporaine que cette strophe, tableau achevé de voluptueuse lassitude ? […] Quand l’étranger emballait déjà statues et tableaux, M.  […] Elle admire pêle-mêle les vases étrusques, les bronzes italiens et les tableaux flamands ; les propos du vieillard qui vit tant de choses l’enchantent. […] Il a composé quelques tableaux domestiques d’une élégante simplicité. […] Mais ils ne feuilletaient rien de bien neuf, et je soupçonne le maître d’études d’avoir dévoré plusieurs pages du Tableau de l’amour conjugal.

1466. (1880) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Première série pp. 1-336

Et pour le Siècle de Louis XIV, je ne sais s’il ne demeure pas, dans notre langue, après cent ans passés, le précis le plus clair, le tableau le plus vivant de ce grand règne, s’il ne contient pas le jugement le plus vrai, le plus juste, le plus français qu’on en ait porté. Il est regrettable que ce beau livre ne soit pas composé plus fortement et qu’il n’y ait pas de centre à cette galerie de tableaux si brillants. […] Merlet a conçu l’ouvrage dont il vient de publier le premier volume, avec ce titre général : Tableau de la littérature française, 1800-1813, et ce sous-titre : Mouvement religieux, philosophique et poétique. […] Comparez cette suite de chapitres, histoire politique et militaire d’abord, anecdotes, histoire intime de la cour, histoire du gouvernement intérieur, tableau des beaux-arts, histoire des querelles religieuses, tout cela juxtaposé, comme des tableaux dans une galerie, mais non pas composé, d’ailleurs finissant par une plaisanterie d’un goût douteux, sur l’œuvre des missionnaires catholiques en Chine, comme par le mot de la fin d’un journaliste, — comparez ce désordre aimable avec cette belle Histoire des variations des Églises protestantes, et mesurez la distance. […] Mais, pour achever ce tableau de la fin d’un siècle, représentez-vous, au lendemain de la Terreur et jusqu’aux jours du Consulat, le trouble jeté dans les esprits et dans les mœurs, le désordre des idées, le renversement des fortunes, le carnaval de toutes les conditions.

1467. (1882) Autour de la table (nouv. éd.) pp. 1-376

Goethe, après avoir rendu Méphistophélès étincelant d’esprit et d’ironie, avait été obligé, pour le rendre terrible à l’imagination, de faire jouer tous les ressorts de son invention féconde en tableaux hideux, en cauchemars épouvantables. […] Ce sont de magnifiques ornements, nécessaires seulement comme le cadre l’est au tableau pour en reculer l’effet et en détacher les profondeurs sur un fond brillant. […] La vie réelle est elle-même un tableau énergique, saisissant, terrible, et l’idée est au centre. […] Faire le relevé numérique et caractériser exactement les innombrables types, tous bien vivants et bien complets, qu’il a créés dans cet espace de temps, serait un travail dont le tableau surprendrait la pensée. […] Cette idée de créer un monde de personnages que l’on retrouve dans tous les actes de cette comédie en mille tableaux est toute à Balzac ; elle est neuve, hardie et d’un si haut intérêt, qu’elle vous force à tout lire et à tout retenir.

1468. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. de Rémusat (passé et présent, mélanges) »

Le succès fut grand, prodigieux ; durant deux hivers l’intérêt se soutint, et la conversation vécut presque uniquement là-dessus ; mais, cette fois, ce n’était pas un intérêt passager dû à la nouveauté du genre, à la vivacité de quelques tableaux ; le sérieux du fond, l’amusant du détail, l’ampleur et la variété du développement, le caractère passionné et dramatique qui pénétrait jusque dans les portions les plus élevées du sujet, tout attestait une œuvre durable. […] Une étude du genre de celle-ci a ses limites, et un portrait n’est pas un tableau. […] M. de Rémusat voulut bien parler dans le Globe, en 1828, de mon premier ouvrage, le Tableau de la Poésie française au xvie siècle.

1469. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre huitième »

« Mon père était un homme tout sentiment et « tout cœur », dit Louis Racine ; et il avoue ne pouvoir copier les lettres paternelles « sans verser à tous moments des larmes, parce qu’il me communique, dit-il, la tendresse dont il était rempli9. » Les vers de Virgile, les tableaux de Raphaël, les chants de Mozart, rendent le même témoignage ; comme Racine, le peintre et le musicien ont été tout sentiment et tout cœur. […] Sentiment sublime, il est sans vicissitude et sans combats ; flamme inextinguible, l’âme qui l’a une fois reçue, la garde et l’entretient tant que dure la vie, et s’exhale avec elle ; passion plus semblable à une vertu qu’à une faiblesse, elle se contente par elle-même et n’a pas besoin de retour ; religion de la famille, les lettres et les arts, qui nous repaissent les yeux des tableaux de l’autre amour, laissent respectueusement l’amour maternel au foyer domestique et n’en amusent pas nos imaginations. […] Le dramatique des scènes, la beauté du spectacle, des tableaux que l’action rend nécessaires, une musique qui ne sent point l’artifice, et qui, étant un religieux usage du lieu où se passe la scène, ajoute à la vraisemblance ; voilà ce que Racine a fait pour le spectateur38.

1470. (1904) Essai sur le symbolisme pp. -

Elles attestent surtout, par leurs vues prises sur les rapports de l’homme et du monde, l’impossibilité de faire de l’art pour l’art sans s’adosser à une métaphysique quelle qu’elle soit ; et se placer en face de la nature en spectateur impartial, noter ses pulsations et son rythme de durée avec le chronomètre enregistreur de notre esprit, brosser des tableaux d’histoire, décrire avec minutie les inventions scientifiques, copier les scènes banales d’une vie quotidienne, suppose résolu par le fait le grave problème de l’imitation de la nature, qui lui-même emprunte à la cosmologie rationnelle et à la théorie criticiste de la connaissance du monde extérieur ses plus immédiates données. […] En faisant qu’elles exigent toutes de notre esprit, malgré leurs différences d’aspect, la même espèce d’attention et, en quelque sorte, le même degré de tension, on accoutumera peu à peu la conscience à une disposition toute particulière et bien déterminée, celle précisément qu’elle devra adopter pour s’apparaître à elle-même sans voile37. » Rappelons-nous les Phares de Baudelaire ou telle pièce des Serres Chaudes de Maeterlinck ; celle-ci, par exemple, où le poète entasse à dessein les petits tableaux pour mieux nous faire pénétrer son impression subtile : « Oh ! […] Émile Mâle, à propos des médaillons de la cathédrale d’Amiens, a donc raison d’écrire : « Dans ces petits tableaux l’homme fait des gestes éternels ».

1471. (1896) Les époques du théâtre français (1636-1850) (2e éd.)

Figure-toi Pyrrhus, les yeux étincelants, Entrant à la lueur de nos palais brûlants, Sur tous mes frères morts se faisant un passage Et de sang tout couvert échauffant le carnage… Songe aux cris des vainqueurs, songe aux cris des mourants, Dans la flamme étouffés, sous le fer expirants, Peins-toi dans ces horreurs Andromaque éperdue… Non, en vérité, je ne sache pas de tableau qui donne en quelques traits une impression plus vive ou plus colorée, dont les détails soient plus précis, ni qui nous reporte plus rapidement aux temps barbares encore, et comme préhistoriques, où Racine a placé son action. […] quel groupe ou quel tableau ? […] Vous le voyez, Mesdames et Messieurs, c’est une succession d’attitudes, de « poses », ou de tableaux vivants. […] Opposez seulement ces deux tableaux entre eux : Je lui bâtis un temple et pris soin de l’orner. […] Entre tous les tableaux qui sont ici, cherchez le plus mauvais, et sachez que deux mille malheureux ont brisé entre leurs dents leur pinceau, de désespoir de faire jamais aussi mal. » Eh bien, Messieurs, non, j’en conviens, Rhadamiste n’est pas Mithridate ni Britannicus, Horace ni Cinna, — je fais mieux que d’en convenir, et je vais m’appliquer à vous le montrer tout à l’heure, — mais, en vous le montrant j’y mettrai de « la douceur » et, si vous le voulez, nous n’oublierons pas que, depuis 1711, ils sont dix mille, vingt mille, peut-être, qui sont venus de leur province à Paris pour essayer de faire Rhadamiste — et qui n’y ont pas réussi.

1472. (1887) Essais sur l’école romantique

Enfin, les détails matériels du feu manquent de gradation ; les premiers ravages viennent après les derniers, la cause après l’effet, la toile après le tableau. […] Ajoutez à cela une synonymie d’une richesse incomparable ; toutes les épithètes de la vieille et de la nouvelle langue amoncelées à la suite de chaque objet décrit, dans l’ordre et selon la gradation indiqués par leurs nuances, de façon à faire entrer l’objet sous toutes ses faces dans la pensée du lecteur ; toutes les ressources enfin d’un langage riche, énergique, efflorescent, qui semble parler aux yeux en même temps qu’à l’esprit, et qui fait tableau lui-même, à côté des scènes qu’il décrit. […] La chambrette, les meubles, les vêtements des personnages, leurs attitudes, et, au milieu de tout cet éclat fané, de cette magnificence mesquine, de cette cour routinière, le vieux roi mourant, se faisant tâter le pouls par maître Coictier, son médecin, ou s’agenouillant dévotement devant les amulettes de plomb qui entourent son chapeau, tout cela fait un tableau de genre, étincelant d’esprit et de coloris. […] Victor Hugo ; des mots empruntés aux sciences spéciales, aux professions mécaniques ; une langue tirée des laboratoires de chimie et des échoppes de l’artisan, langue qui, pour vouloir tout peindre, substitue des images aux réalités, des couleurs aux pensées ; langue bariolée, éblouissante, qu’on voit avec les yeux du corps ; une palette versée sur une toile, mais non pas un tableau. […] Sa laideur est une accumulation de toutes les laideurs, dans le tableau démesurément détaillé du romancier.

1473. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1889 » pp. 3-111

Mercredi 22 mai De même que les banquiers ont un choisisseur de tableaux, d’objets d’art, de même les princes devraient avoir un avertisseur, pour les éclairer sur la propreté morale des gens qui approchent d’eux. […] Voici ce que les Français doivent acheter ; — quant aux tableaux, il faut les laisser aux Américains. […] » et il ouvre avec une clef un tableau, dont le panneau extérieur montre une église de village dans la neige, et dont le panneau secret, peint par Courbet, pour Kalil-Bey, représente un ventre et un bas-ventre de femme. […] Je ne sais, si ça tient à ce jour fait pour des expositions de machines, et non pour des expositions de tableaux, mais la peinture depuis David jusqu’à Delacroix, me paraît la peinture du même peintre, une peinture bilieuse, dont le soleil est du triste jaune, qu’il y a dans les majoliques italiennes.

1474. (1837) Lettres sur les écrivains français pp. -167

Saint-Aubin a longtemps tenu l’album sur lequel s’amoncelaient les esquisses et les ébauches dont Balzac devait composer par la suite de délicieux tableaux. […] Camille Roqueplan son frère, que nous avons vu à Bruxelles, et qui y a laissé de fort bons tableaux ; quant à M.  […] Son cabinet de travail est de vieux chêne sculpté, garni partout de bronzes antiques, de vieux tableaux flamands et de tous les ornements en armes et curiosités les plus sévères ; des vitraux antiques, coloriés au quinzième siècle, ne laissent parvenir dans cette sorte de cellule qu’un jour de crépuscule fort mystérieux ; on ne sait comment M.  […] Alexandre Dumas, sans doute pour y étudier la marine sur le lac d’Ischia ou dans les tableaux du Tempesta. […] Il rendait compte de cette exposition de tableaux que les peintres français forment, tous les ans, dans les galeries du Louvre.

1475. (1927) Des romantiques à nous

Ce genre de tableaux, procédant nécessairement par généralisations et synthèses, prête toujours à une infinité d’objections de détail ; un chartiste aussi remarquable que l’est Jacques Boulenger ne manquera pas de textes qui paraissent, dans tous les cas, mettre le peintre en défaut. […] Descriptions, tableaux, scènes, dialogues, traits de couleur et de verve, fusées et expressions d’éloquence, voilà ce qui les avait ravis. […] Delteil nous donne une série bien ordonnée de vignettes, enluminures et tableaux d’histoire où passe le souffle même de son généreux idéal et où éclate un talent original, animé, gracieux, fastueux dont nous attendons avec amitié les fruits prochains. […] Les œuvres de Moussorgsky, familières chez nous à la plupart des amateurs de musique, sont des tableaux de genre, d’une prodigieuse vérité de trait et de couleur, et qui ont véritablement reculé les bornes de la puissance de peindre propre à la musique. […] Il est fait, à la manière des tragédies de Shakespeare, d’une suite de tableaux dont le lien dramatique est souvent lâche.

1476. (1730) Des Tropes ou des Diférens sens dans lesquels on peut prendre un même mot dans une même langue. Traité des tropes pp. 1-286

C’est ainsi qu’on done le nom du peintre au tableau : on dit j’ai vu un beau Rembrant, pour dire un beau tableau fait par le Rembrant. […] L’hypotypose L’hypotypose est un mot grec qui signifie image, tableau. C’est lorsque dans les descriptions on peint les faits dont on parle, come si ce qu’on dit étoit actuèlement devant les yeux ; on montre, pour ainsi dire, ce qu’on ne fait que raconter ; on done en quelque sorte l’original pour la copie, les objets pour les tableaux : vous en trouverez un bel exemple dans le récit de la mort d’Hyppolite. […] Apelles aïant exposé, selon sa coutume, un tableau à la critique du public, un cordonier censura la chaussure d’une figure de ce tableau : Apelles réforma ce que le cordonier avoit blâmé : mais le lendemain le cordonier aïant trouvé à redire à une jambe, Apelles lui dit qu’un cordonier ne devoit juger que de la chaussure ; etc. […] Un jeune home qui n’auroit vu que d’excélens tableaux n’admireroit guère les médiocres.

1477. (1930) Le roman français pp. 1-197

— pour ceux qui, au point de vue religieux trouvent autant de satisfaction aux rudes blasphèmes de Mme Ackermann qu’aux émouvantes effusions mystiques de Verlaine ; qui aiment toutes les couleurs pourvu que ces couleurs forment un beau tableau, cette évolution ne les intéresse qu’en ce qui concerne l’art. […] il y a là matière à un beau roman. » Et France est vraiment paresseux, comme beaucoup de grands artistes, c’est-à-dire qu’il a peur, en grandissant les proportions, de gâter le tableau. […] Souvenirs volontaires ou involontaires lui fournissent des impressions, des tableaux, des portraits — comme celui de Saint-Loup, comme la mort de sa grand’mère, et certains passages sur Albertine — étonnants de force, de nouveauté, de véritablement inédit. […] Cela est vrai, mais après tant de conversations, de minutieux tableaux de salon, fréquemment amusants du reste. […] » — « Si, mais je ne vous le conseille pas ; les visiteurs élégants pourraient bien s’arrêter à la loge. ») Ces tableaux et ces conversations s’allongent tellement que, lorsque l’on retrouve le personnage qui a changé, on ne se souvient plus toujours qu’il n’était pas « comme ça ».

1478. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre III. Combinaison des deux éléments. »

. — Que le tableau du pauvre est différent ! […] Condorcet, Tableau des progrès de l’esprit humain , Dixième époque.

1479. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXIXe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe (2e partie) » pp. 161-232

Lisons ensemble quelques scènes de ce tableau aussi homérique par la forme qu’il est flamand ou allemand par le fond. […] À son retour elle soigne la pauvre femme accouchée et distribue l’eau et le pain entre tous les autres petits enfants de la pauvre femme. » Greuze n’a pas de plus touchant tableau de famille sous son pinceau.

1480. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (3e partie) » pp. 81-152

Si les femmes des tableaux de Rubens vieillissaient, elles ressembleraient à Mme d’Albany à l’âge où je l’ai rencontrée. […] Le tableau serait bien autrement complet ; profitons du moins des pages qui nous restent.

1481. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre II. Attardés et égarés »

Dans le champ qu’il veut couvrir de ses couleurs, D’Aubigné trace sept compartiments : les Misères, composition générale qui rassemble sous les yeux toutes les iniquités et toutes les hontes ; les Princes, où les figures des rois persécuteurs, le féroce et le coquet ressortent avec une admirable énergie ; la Chambre Dorée, où la justice des magistrats étale ses horreurs ; les Feux, qui sont comme les annales du bûcher, le martyrologe de la Réforme depuis Jérôme de Prague et depuis les Albigeois ; les Fers, tableaux des guerres et des massacres ; les Vengeances, où apparaissent les jugements de Dieu sur les ennemis d’Israël et de l’Évangile, sur Achab et sur Néron, tout un passé sinistre qui répond de l’avenir ; enfin le Jugement, où le huguenot vaincu, déchu de toutes ses espérances terrestres, assigne les ennemis de sa foi, les bourreaux, les apostats, devant le tribunal de Dieu, à l’heure de la Résurrection. […] A leurs solides estomacs, pour les mettre en belle humeur, il faut des viandes bien épicées : dans la poésie, les chansons bachiques, les tableaux crûment colorés des « crevailles » copieuses, de la gueuserie après la goinfrerie.

1482. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre IV. Le Séminaire d’Issy (1881) »

L’intelligente et facile princesse, envers qui il ne convient pas d’être plus sévère que ne le fut celui qui eut le droit de l’être le plus, s’y entoura de tous les beaux esprits du temps, et le Petit Olympe d’Issy de Michel Bouteroue 13 est le tableau de cette cour, à laquelle ne manqua ni la gaieté ni l’esprit : Je veux d’un excellent ouvrage, Dedans un portrait racourcy, Représenter le païsage Du petit Olympe d’Issy, Pourveu que la grande princesse, La perle et fleur de l’univers, A qui cest ouvrage s’addresse Veuille favoriser mes vers. […] Un écrit, qui représente mes idées philosophiques de cette époque, mon essai sur l’Origine du Langage, publié pour la première fois la Liberté de penser (septembre et décembre 1848), marque bien la manière dont je concevais le tableau actuel de la nature vivante comme le résultat et le témoignage d’un développement historique très ancien.

1483. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 novembre 1886. »

Voici encore le tableau nocturne, si mystérieusement fantastique, des « Quatre femmes grises » dans la scène de Minuit du Faust de Schumann ; ensuite sa Cantate-Ballade ; la Malédiction du troubadour ; la merveilleuse Nuit du sabbat de Mendelssohn, où se trouvent des réminiscences, fort peu importantes d’ailleurs ; mais je le répète, impossible et inutile en même temps, de fournir plus de détails ! […] Ami du peintre, il lui consacra une monographie en 1909 et Fantin-Latour l’a représenté à l’extrême gauche du tableau Les Wagnéristes (1885).

1484. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — IV. La Poësie dramatique. » pp. 354-420

On les réfuta par le succès prodigieux & constant de ce genre ; par l’intérêt vif qu’y prenoient les femmes ; par l’impression que laissent toujours sur les cœurs même les moins vertueux les tableaux de la vertu, quoique placés dans un faux jour ; par la nécessité d’admettre un commencement à toute nouveauté utile. […] Quand on veut comprendre les comédies dans les anathêmes qu’elle prononce contre le jeu, le vin, la table, la parure, les tableaux, le luxe, c’est qu’on ne réfléchit pas que ces anathêmes tombent moins sur ces choses là, que sur l’abus qu’on peut en faire.

1485. (1856) Mémoires du duc de Saint-Simon pp. 5-63

De là cette peinture de la cour après la mort de Monseigneur, tableau d’agonie physique, sorte de comédie horrible, farce funèbre, où nous contemplons en face la grimace de la Vérité et de la Mort. […] Survint l’Allemande, cérémonieuse et violente, Madame, qui outra tout et barbota à travers les bienséances, « rhabillée en grand habit, hurlante, ne sachant bonnement pourquoi ni l’un ni l’autre, et les inonda tous de ses larmes en les embrassant. » Dans les coins du tableau, on voit les dames en déshabillé de nuit, par terre, autour du canapé des princes, les unes en « tas », d’autres approchant du lit, et trouvant le bras nu d’un bon gros Suisse qui bâille de tout son cœur et se renfonce sous les couvertures, fort tranquille, cuvant son vin, et doucement bercé par ce tintamarre de l’hypocrisie et de l’égoïsme.

1486. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Variétés littéraires, morales et historiques, par M. S. de Sacy, de l’Académie française. » pp. 179-194

D’ailleurs, M. de Sacy ne s’est jamais donné comme un critique de profession, un critique complet, aspirant à tracer un tableau littéraire de son temps : il se borne à traduire avec feu et à nous livrer avec candeur une image de ses goûts intègres, de ses prédilections restées toutes sérieuses et probes.

1487. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Parny poète élégiaque. » pp. 285-300

Pour cela, je limite mon sujet comme les présents éditeurs eux-mêmes ont limité le choix des œuvres, comme Fontanes demandait qu’on le fît dès 1800 ; je laisse de côté le Parny du Directoire et de l’an VII, le chantre de La Guerre des dieux : non que ce dernier poème soit indigne de l’auteur par le talent et par la grâce de certains tableaux ; mais Parny se trompa quand il se dit, en traitant un sujet de cette nature : La grâce est tout ; avec elle tout passe.

1488. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite.) »

Non, mais je cherche en toi cette force qui fonde, Cette mâle constance, exempte du dégoût… Il cherche, en un mot, la vertu la plus absente, la qualité la plus contraire au défaut qui s’est trop marqué ; et il se plaît ici, en regard et par contraste, à exposer en disciple d’Hésiode et de Lucrèce, en lecteur familier avec le bouclier d’Achille et avec les tableaux des Géorgiques, l’invention des arts, la fondation des cités, la marche progressive et lente du génie humain, tout ce qui est matière aussi de haute et digne poésie.

1489. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « HOMÈRE. (L’Iliade, traduite par M. Eugène Bareste, et illustrée par M.e Lemud.) —  second article  » pp. 342-358

Ce que j’indique là pour un ordre de personnages et de tableaux, il faudrait l’étendre à tous les autres.

1490. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Le Brun »

Cette charmante mythologie que le xviie  siècle avait défigurée en l’adoptant, et dont le jargon courait les ruelles, il la recompose, il la rajeunit avec un art admirable ; il la fond merveilleusement dans la couleur de ses tableaux, dans ses analyses de cœur, et autant qu’il le faut seulement pour élever les mœurs d’alors à la poésie et à l’idéal.

1491. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. Rodolphe Topffer »

Calame venait lui donner des conseils, et les petits tableaux assez nombreux qu’il a exécutés durant ces deux mois à peine attestent quelle était sa profonde vocation native.

1492. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre III »

Il serait dès lors déplacé, inexact et injuste, de s’obstiner à retrouver l’auteur derrière le moindre geste de son protagoniste littéraire : un cas de neurasthénie évoluant dans une mentalité d’artiste et d’érudit peut être initiateur d’un tableau plus complet.

1493. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre premier. Les signes — Chapitre III. Des idées générales et de la substitution à plusieurs degrés » pp. 55-71

Bien mieux, quand, pour comprendre un théorème de géométrie, nous traçons une figure sur le tableau, nous nous soucions fort peu que sa justesse soit parfaite ; nous la fabriquons grossièrement à la craie ; nous souffrons sans difficulté des lignes tremblotantes à notre polygone, ou une rondeur bosselée à notre cercle.

1494. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Verlaine, Paul (1844-1896) »

C’est une série de petits tableaux, genre Watteau, peints à la plume par l’auteur des Poèmes saturniens et accrochés à la vitrine du libraire Lemerre, avec cette enseigne affriolante : Fêtes galantes.

1495. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre premier. La critique et la vie littéraire » pp. 1-18

S’il y a, dans un ouvrage, dans un caractère, dans un tableau, dans une statue, un bel endroit, c’est là que mes yeux s’arrêtent ; je ne vois que cela ; le reste est presque oublié. » Qu’est-ce à dire ?

1496. (1842) Essai sur Adolphe

Comme il n’y a pas dans ce tableau mystérieux un seul trait dessiné au hasard ; comme tous les mouvements, toutes les attitudes des deux figures qui se partagent la toile sont étudiés avec une sévérité scrupuleuse et inflexible, d’année en année nous découvrons dans cette composition un sens nouveau et plus profond, un sens multiple et variable malgré son évidente unité, qui ne se révèle pas au premier regard, mais qui s’épanouit et s’éclaire à mesure que notre front se dépouille et que notre sang s’attiédit.

1497. (1911) La valeur de la science « Première partie : Les sciences mathématiques — Chapitre I. L’intuition et la logique en Mathématiques. »

Au début, ce n’était qu’une image sensible, par exemple, celle d’un trait continu tracé à la craie sur un tableau noir.

1498. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre VI. Jean-Baptiste  Voyage de Jésus vers Jean et son séjour au désert de Judée  Il adopte le baptême de Jean. »

Dans les tableaux des églises chrétiennes, on le voit entouré de têtes coupées ; les musulmans ont peur de lui.

1499. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre IV : La Volonté »

Le tableau de la genèse de nos volitions retracée par M. 

1500. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Bossuet, et Fénélon. » pp. 265-289

Les plus beaux tableaux furent jugés des portraits.

1501. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — I. La Poësie en elle-même. » pp. 234-256

Tout, dans les tableaux qu’il trace, jusqu’à ses germanismes & aux expressions singulières, marque l’empreinte de son ame.

1502. (1761) Apologie de l’étude

Il est vrai que dans ce triste et effrayant tableau, où l’on tracerait avec les couleurs de l’éloquence les malheurs essuyés par les gens de lettres, il faudrait bien se garder, pour ne pas manquer son but, d’y opposer les marques d’honneur, de considération et d’estime que les talents ont reçus tant de fois.

1503. (1854) Préface à Antoine Furetière, Le Roman bourgeois pp. 5-22

Le roman de Furetière, peinture aussi exacte que vive des habitudes et des travers de toute une classe de la société, est un tableau ; c’est le premier roman d’observation qu’ait produit la littérature française.

1504. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Nièces de Mazarin » pp. 137-156

Comme les amours du roi le chagrinaient presque autant que les nudités de ses tableaux, il profita de ses grandes entrées pour lui faire des représentations ; il lui déclara un jour que l’ange Gabriel l’avait averti qu’il lui arriverait malheur s’il ne rompait vite avec mademoiselle de la Vallière.

1505. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame Récamier »

Elle avait entre les partis qui, de son temps, n’avaient pas déposé les armes, l’attitude de la Sabine dans le tableau de son contemporain David.

1506. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Madame Paul de Molènes »

Il est vrai que Marivaux est un second Watteau, au xviiie , et que, s’il n’est pas faux, il est idéal comme Watteau, et tellement idéal que la société de son temps, enchantée, ne se reconnaissait plus dans ses tableaux.

1507. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVII. Des éloges en Italie, en Espagne, en Angleterre, en Allemagne, en Russie. »

Dans tous leurs grands poèmes, sans en excepter l’Arioste et le Tasse, la partie des descriptions et des tableaux est en général très supérieure à la partie des sentiments.

1508. (1907) Le romantisme français. Essai sur la révolution dans les sentiments et dans les idées au XIXe siècle

Cependant le tableau de l’état de nature pourrait ne pas donner à tout le monde « l’envie de marcher à quatre pattes » que Voltaire confessait à Rousseau, après l’avoir lu. […] On suit les modes et les phases d’une révolution générale de la pensée et du sentiment, dont les progrès se manifestent simultanément par bien des faits littéraires, mais se définissent mieux d’après quelques échantillons privilégiés que par un tableau historique général. […] Aussi bien, est-ce fidélité au christianisme, que de le glorifier comme magnifique répertoire de tableaux et d’images ? […] Quand je peignis ce tableau dont vous pouvez revoir l’ensemble dans le Génie du Christianisme, mes sentiments religieux s’harmonisaient avec la scène ; mais hélas ! […] La scène où Mgr Myriel s’agenouille devant un vieux conventionnel régicide et antichrétien pour lui demander sa bénédiction, répugne ; tel secret sophisme, telles pensées vaguement panthéistiques que l’auteur lui prête incidemment jurent avec tout le reste du tableau.

1509. (1856) Leçons de physiologie expérimentale appliquée à la médecine. Tome II

Voici, du reste, en tableau, mes observations sur le diamètre des cellules glandulaires et sur celui des cellules de la bouche dans différents animaux. […] Il suffit, pour vous en convaincre, de mettre sous vos yeux un tableau qui indique la quantité de salive sécrétée suivant la dureté ou la sécheresse plus ou moins grande des substances alimentaires. […] Ces résultats se trouvent consignés dans le tableau suivant : […] Voici les résultats de cette expérience, rangés en tableaux : […] Le tableau suivant prouve la proposition que nous venons d’avancer.

1510. (1895) La vie et les livres. Deuxième série pp. -364

» quel tableau fait à souhait pour ravir un peintre amoureux d’histoires violentes ! […] C’est un tableau démesuré, surchargé, dont le relief, presque blessant pour les yeux, est encore exagéré par la splendeur crue d’un style aussi éclatant que ces projections de lumière oxhydrique dont les savants se servent pour agrandir leurs planches et illustrer leurs démonstrations. […] Pourtant, avec l’assistance de Jérôme Coignard, il nous fait voir encore un troisième tableau, un peu plus vague, de contours mobiles et de couleurs fuyantes, malaisé à saisir, comme une œuvre inachevée. […] On est amusé par le tableau de ces bizarreries ; on est ébloui, charmé, scandalisé, abasourdi par ce prodigieux gaspillage de talent où l’auteur semble se divertir plus que nous. […] Elle possède d’admirables tableaux, où l’attrait de la dévotion s’associe à un certain relent de perversité.

1511. (1913) Les idées et les hommes. Première série pp. -368

Elle n’a pas vu, dans la réalité, se combiner de ces tableaux où le motif principal est au milieu, environné des éléments du paysage. […] Il réunit ses « préparations », mais il ne fait pas le tableau. […] Franz Toussaint, — un pointilliste, — et sa Gina Laura, que je comparerais, pour la vanter, aux tableaux de M.  […] Il y a de ces tableaux d’intérieur où la lumière pose sur les objets des reflets plus tristes que l’ombre. […]   Le tableau de Paris que trace M. 

1512. (1892) Essais sur la littérature contemporaine

De diviser, par exemple, une pièce, au lieu de cinq actes, en dix tableaux, il semble que cela ne soit rien ; et, en effet, cela ne serait rien, ou cela ne serait qu’une mauvaise plaisanterie, si le mot de « tableau » n’était, comme on l’a paru croire, qu’un synonyme plus ambitieux des mots « d’acte » ou de « scène ». […] Mais ce n’est pas le seul inconvénient des « tableaux » au théâtre ; et, par une conséquence encore du même principe, on pourrait presque dire que, plus ils sont complets ou parfaits en leur genre, pittoresques et précis, vus et rendus, plus aussi nous sont-ils importuns et gênants. […] Est-ce un tableau de mœurs, un drame historique ? […] Est-ce un tableau de mœurs, aussi lui, que M.  […] Faute d’explications ou de développements, c’est-à-dire pour n’avoir pas eu l’art de trouver dans un seul de ces quatre sujets de quoi remplir ses « trois tableaux », M. 

1513. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Notes et pensées » pp. 441-535

Aussitôt cela su ou soupçonné, ce fut une surveillance infinie autour de lui : Mme de Chateaubriand, Mme Récamier étaient aux transes et se relevaient pour ne pas le perdre de vue ; à peine sorti seul, on le faisait chercher et suivre, jusqu’à ce qu’on se crût bien sûr que la velléité sublime lui avait passé et que d’autres idées roulaient par la tête de ce grand arrangeur de phrases et de tableaux. […] LIII Tout me prouve (malgré ce qui est dit plus haut et qui subsiste) le grand talent déployé par Lamartine dans son Histoire ; je m’amuse à recueillir des témoignages : les hommes qui ont vu la Révolution assurent que cela leur en rend l’impression, le mouvement, les tableaux (M. de Pontécoulant disait cela à M. de Broglie) ; ce dernier (M. de Broglie) me dit qu’il a trouvé dans cette Histoire bien plus d’esprit et de vues qu’il n’imaginait, et il n’est pas indulgent. […] C’est un clou auquel j’accroche mes tableaux. » LV Lamartine sur tous les points est convaincu, chaque jour, de contradiction et d’incohérence. […] LXXV Royer-Collard disait à l’un de ses familiers, dans une de ses dernières malices à l’adresse de Villemain : « Devinez ce que j’ai fait depuis que je ne vous ai vu (1839) : j’ai pioché dans ces deux volumes que vous voyez (Tableau du xviiie  siècle) pour tâcher d’y découvrir une idée qui lui soit propre, afin de tâcher de lui en faire mon petit compliment… Je savais bien d’avance que je n’y trouverais rien… Alors voici ce que je viens de lui écrire : “Je ne veux pas encore vous juger d’après ces deux volumes : j’attends toujours votre Grégoire VII…” Et comme Grégoire VII ne viendra jamais, vous voyez que cela me laisse de la marge. » — Il disait encore, en lui appliquant un mot qu’on avait dit de Crébillon le tragique : « Il a fait, il fait et il fera toujours Grégoire VII. » Et si l’on trouve que c’est là un jugement bien dur et fort injuste sur deux agréables et charmants volumes, qui avaient été autrefois une suite de leçons merveilleuses, et que c’est de plus une injustice par trop commode de la part d’un esprit supérieur, mais qui ne s’est jamais donné la peine de faire un livre, eh !

1514. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre IV. La philosophie et l’histoire. Carlyle. »

Sur la houle sauvage du chaos, dans l’air de plomb, il n’y a que des flamboiements brusques d’éclairs révolutionnaires ; puis rien que les ténèbres, avec les phosphorescences de la philanthropie, ce vain météore ; çà et là un luminaire ecclésiastique qui se balance encore, suspendu à ses vieilles attaches vacillantes, prétendant être encore une lune ou un soleil, —  quoique visiblement ce ne soit plus qu’une lanterne chinoise, composée surtout de papier, avec un bout de chandelle qui meurt mal-proprement dans son cœur. » Figurez-vous un volume, vingt volumes composés de tableaux pareils, reliés par des exclamations et des apostrophes ; l’histoire même, son Histoire de la Révolution française, ressemble à un délire. […] « Un esprit, une apparition divine, un moi mystérieux, qui, sous ses guenilles de laine, porte un vêtement de chair tissu dans les métiers du ciel, par lequel il est révélé à ses semblables, par lequel il voit et se fabrique pour lui-même un univers avec des espaces azurés pleins d’étoiles et de longs milliers de siècles1403. » Le paradoxe continue, à la fois baroque et mystique, cachant des théories sous des folies, mêlant ensemble les ironies féroces, les pastorales tendres, les récits d’amour, les explosions de fureur, et des tableaux de carnaval. […] IV Il faut lire son histoire de Cromwell pour comprendre jusqu’à quel degré ce sentiment du réel le pénètre, de quelles lumières ce sentiment du réel le munit ; comme il rectifie les dates et les textes, comme il vérifie les traditions et les généalogies ; comme il visite les lieux, examine les arbres, regarde les ruisseaux, sait les cultures, les prix, toute l’économie domestique et rurale, toutes les circonstances politiques et littéraires ; avec quelle minutie, quelle précision et quelle véhémence il reconstruit devant ses yeux et devant nos yeux le tableau extérieur des objets et des affaires, le tableau intérieur des idées et des émotions !

1515. (1925) Dissociations

Tous les ans et plusieurs fois par an, que ce soit au Salon d’été, d’hiver ou d’automne, un tableau se trouve exclu, quand ce n’est pas une statue, parce que, étant une œuvre d’art, il n’est pas aussi un encouragement à la vertu. […] C’est cependant un des meilleurs tableaux de Mlle Villany, avec celui de l’expression de la douleur, qui a été son grand succès. […] La statistique de la mortalité semblait prouver qu’on meurt plus en France que n’importe où et comme d’ailleurs il y a moins de naissances que n’importe où, cela nous donnait un tableau de notre pays assez sombre. […] Plus loin, ce sont des tableaux vivants d’une nouveauté aussi piquante que leurs titres : le Crépuscule, la Nuit, le Sommeil de Vénus !

1516. (1898) Émile Zola devant les jeunes (articles de La Plume) pp. 106-203

Et devant une scène vécue, au spectacle d’une joie ou d’une misère quelconque, ils n’étaient pas autrement émotionnés qu’en regardant un tableau de genre, ou bien encore quelque étrange estampe du temps passé, toute fanée et fanée par les ans. […] Dès lors, l’espoir se couvrait, malgré les plaies étalées, le noir tableau des hontes humaines. […] Car de même qu’un tableau, qu’un paysage situé dans telle lumière, il convient, devant un livre, de varier ses points de vue, si l’on veut jouir d’une entière révélation.

1517. (1788) Les entretiens du Jardin des Thuileries de Paris pp. 2-212

Alors la verdure des prairies, la variété des fleurs dont elles sont parsemées, la surface des eaux qu’argente le soleil, la symétrie des arbres qui s’entrelacent de maniere à retracer les ombres de la nuit, deviennent autant de tableaux qui épanouissent l’ame, & qui l’identifient en quelque sorte avec les beautés de la nature, pour en jouir plus délicieusement. […] Mais convenez au moins, messieurs, qu’on est amplement dédommagé, lorsqu’après plusieurs jours d’une marche pénible, on apperçoit enfin un édifice tel que Saint-Pierre de Rome, un admirable gothique, tel que la cathédrale de Vienne en Autriche, une belle bibliotheque, telle que celle de Florence, une collection de tableaux semblable à celle de l’empereur. […] La vie du roi de Prusse fut un tableau exposé au grand jour qu’on a vu pendant nombre d’années. […] C’est un tableau changeant qui ressemble à ces étoffes ondoyantes, qui tantôt paroissent rouges, & tantôt bleues. […] Tableau, sans doute, consolant pour l’humanité, & tout-à-fait honorable pour le regne de Louis XVI.

1518. (1900) La culture des idées

Un tableau statistique de la natalité européenne montrera aux raisonneurs les plus entêtés qu’il y a un lien très strict, un lien de cause à effet, entre l’intellectualité des peuples et leur fécondité. […] L’histoire littéraire n’est, en somme, que le tableau d’une suite d’épidémies intellectuelles. […] Que d’hystériques abbés, que de femmes folles de leurs nerfs se sont laissé prendre au réalisme du fameux tableau de la Messe Noire, entièrement tiré cependant d’une imagination, alors satanique. […] Voici le tableau rectifié de Diane et Actéon : Diane symbolise la Sainte Trinité ; le Cerf, Jésus-Christ ; Actéon, Jésus-Christ incarné ; et les Chiens, les Juifs. […] a : Commentaires de Philostrate, Tableaux (Paris, 1620, in-folio).

1519. (1888) Portraits de maîtres

Nous citerions de préférence la fête de village, tableau d’une couleur si fraîche et si juste ; le départ de Jocelyn, dans la suite l’invocation à la beauté, le dialogue dans la prison avec l’évêque, la scène de Jocelyn retrouvant Laurence ; enfin la mort de Laurence. […] Auprès des pages délicieuses les pages éloquentes abondent, telle que le tableau des assemblées politiques ou l’obsécration lancée à la Multitude. […] Disons-nous que sans Joseph Delorme et son initiative, ni les Intérieurs qui suivent Albertus, ni Marie, ni les Fleurs du mal, ni plus près de nous les tableaux familiers d’Armand Renaud, d’Eugène Manuel, de François Coppée, ne se seraient produits peut-être dans notre pays trop exclusivement amoureux de la pompe, de la rhétorique en fait de poésie comme pour tout le reste. […] Ses dernières œuvres, la Nature chez elle, les Tableaux de siège, le prouvent encore plus que ses ouvrages antérieurs. […] Outre l’alexandrin ductile et robuste de Psyché, les Odes et Poèmes offraient une nouveauté ou du moins un renouvellement rythmique ; c’était l’emploi de la stance de Malherbe, de Racan, de Maynard, de la stance des quatre vers de douze syllabes ramenée comme chez ses maîtres aux proportions d’un cadre précis et comprenant tout un tableau dans l’espace d’un quatrain.

1520. (1912) Réflexions sur quelques poètes pp. 6-302

L’Ode à sire Aymon forme un petit tableau réaliste où tous les détails sont rendus avec soin et habileté. […] Selon l’expression de Vasari, ces sonnets donnèrent plus de renommée à ce peintre que n’auraient fait tous ses tableaux. […] Quel tableau ! […] Ronsard l’appelait : le peintre de la nature , à cause de tous ces petits tableaux champêtres, aux couleurs agréables, dont il semait ses compositions poétiques. […] Par d’inutiles soins pour moi tu te surpasses ; Clarice est en mon âme avec toutes ses grâces ; Je m’en fais des tableaux où tu n’as point de part.

1521. (1891) Esquisses contemporaines

La nature qui n’était au dix-huitième siècle qu’un cadre, où se plaçait — il le fallait bien — le tableau qui était l’homme, envahit aujourd’hui le tableau qu’elle encadrait : ôtez la description, vous abrégez le roman de moitié. […] Tant que la vie était considérée comme le lieu où s’exerçait la volonté, où se formait le caractère, les livres étaient conduits, ils avaient une unité, un terme auquel ils arrivaient ; la vie n’est plus aujourd’hui qu’une suite d’événements qui se succèdent, et les livres sont fragmentaires, ils se composent d’une série de tableaux parallèles. […] Trop souvent nous feuilletons les livres comme un voyageur regarde les tableaux des musées : par désœuvrement ou par stérile vanité de connaître. […] Aucun tableau n’existe pour lui-même, aucune description ne se fait valoir pour sa beauté propre. […] Le tableau que trace M. 

1522. (1925) Promenades philosophiques. Troisième série

Pourquoi surtout mener ce tableau du christianisme jusqu’à l’affaire Dreyfus, qui ne fut pas uniquement confessionnelle ? […] On fait son portrait et il réclame comme fond de tableau des montagnes bleues, les montagnes qu’il a vues en Ecosse, à Perth. […] Maxime du Camp a donné des crises de Flaubert un tableau douloureux : « Bien souvent, impuissant et consterné, j’ai assisté à ces crises qui étaient formidables. […] Déjà les hommes un peu cultivés ne considèrent le sujet d’un tableau que pour juger si le peintre a soumis à une même logique ce sujet lui-même, le dessin qui le fixe, la couleur qui l’unit au milieu vital. […] C’est ce que l’on verrait sur nos monnaies, au lieu d’une insignifiante figurine, si nous étions capables de contempler sans honte ce tableau religieux.

1523. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

La foule s’est à la longue habituée à considérer Molière choyé des grands, accueilli à la cour et dînant à la table du roi, où vraisemblablement, malgré les anecdotes et les tableaux, il n’a jamais dîné. […] Bayard, Sardou, Augier ont, tour à tour, dans Le Mari à la campagne, Séraphine et Lions et renards, attaqué le jésuitisme, mais leurs aquarelles ne sont rien à côté du tableau primitif. […] Mais, ajoute le pamphlétaire : « Ce fameux peintre a passé l’éponge sur ce tableau. » Il l’entreprend donc, lui, à son tour, et cette fois le portrait sera achevé. […] On a décrit, dans le style judiciaire de pareils actes, les meubles en bois doré « à pieds d’aiglon feints de bronze » et recouverts d’étoffe verte ou aurore, le lit surmonté d’un dôme peint de « couleur d’azur », les guéridons, les tapisseries de Flandre et d’Auvergne, le linge en toile de Hollande, les serviettes de table en toile damassée, les tableaux, les miroirs, tout ce que l’auteur d’Élomire hypocondre reprochait avec tant d’envie à Molière : Ces meubles précieux, sous de si beaux lambris, Ces lustres éclatants, ces cabinets de prix, Ces miroirs, ces tableaux, cette tapisserie, Qui seule épuise l’art de la Savonnerie. […] L’horloge qui orne le fond du tableau a peut-être marqué l’heure où Molière acheva quelqu’un de ses chefs-d’œuvre.

1524. (1902) Le critique mort jeune

Elle apportait encore un original tableau de la décadence du style contemporain. […] Tout auprès de nous, les perches dressées pour avertir les bateliers semblaient des tracés posés sur un tableau sublime pour guider d’inhabiles copistes. […] On songe à ces peintres des Flandres qui, dans un tableau d’une composition sans reproche, s’arrangeaient cependant en sorte que le regard, sans y être retenu, pût s’attacher avec plaisir aux particularités. […] Il me semble qu’il faut dans toute société comme dans tout tableau une figure centrale sur laquelle se fixe d’abord l’attention, et qui donne aux autres, leur valeur. […] Les personnes qui aiment la lanterne magique, ou, pour prendre une comparaison plus moderne, le cinématographe et ses scènes trépidantes et brèves, pourront se plaire à l’infinie succession de petits tableaux qui composent « l’Associée ».

1525. (1860) Cours familier de littérature. IX « Le entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier (2e partie) » pp. 81-159

Le soleil couchant dorait le tableau et entrait par les fenêtres ouvertes. […] Ballanche n’était là que pour en amortir les coups et pour en panser les blessures ; mais quelle touchante figure dans le tableau que ce philosophe amoureux sans récompense, et qui se nourrit de sa propre tendresse pourvu qu’on lui permette d’assister à la vie de celle qu’il aime !

1526. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIe entretien. Littérature politique. Machiavel » pp. 241-320

XXV Voilà le préambule lumineux de l’Histoire de Florence par Machiavel ; voilà le véridique tableau de la décomposition de l’Italie. […] Voyons maintenant ce qui est advenu de l’Italie, depuis Machiavel, à Rome, à Florence, à Ferrare, à Gênes, à Venise, à Turin ; complétons le tableau, et par le passé préjugeons l’avenir.

1527. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIe entretien. Le Lépreux de la cité d’Aoste, par M. Xavier de Maistre » pp. 5-79

Quoique la puissance de Dieu soit aussi visible dans la création d’une fourmi que dans celle de l’univers entier, le grand spectacle des montagnes en impose cependant davantage à mes sens : je ne puis voir ces masses énormes, recouvertes de glaces éternelles, sans éprouver un étonnement religieux ; mais, dans ce vaste tableau qui m’entoure, j’ai des sites favoris et que j’aime de préférence ; de ce nombre est l’ermitage que vous voyez là-haut sur la sommité de la montagne de Chaveuse. […] Mais dans ce vaste tableau qui m’entoure j’ai des sites favoris que j’aime de préférence (l’amitié qui se révèle et s’attache, faute de réciprocité, aux choses inanimées).

1528. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre VI. Bossuet et Bourdaloue »

Bossuet ne voit rien dans l’abstrait : toutes ses idées se chargent de sensations, et le raisonnement tourne en tableaux, en visions familières ou merveilleuses. […] Par là, plus largement encore que dans les Sermons, se répand la poésie, poésie de la nature ou poésie du coeur, tableaux pittoresques, ou émotions exaltées.

1529. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 14 mars 1885. »

On dirait d’un tableau inconnu d’Holbein ou d’Albert Dürer qui aurait subitement pris corps. […] Concert Wagner : Prélude et 3e tableau de la Gœtterdæmmerung.

1530. (1914) Boulevard et coulisses

Vous pouvez voir dans certaines comédies de Meilhac et Halévy, qui sont, outre des œuvres dramatiques d’une fantaisie supérieure, de précieux tableaux de nos mœurs, vous pouvez voir les charmantes précautions que prenait alors une femme du monde pour aborder une comédienne, et réciproquement. […] Un tableau grossier provoquera, en effet, chez les spectateurs, plus de sensations malsaines et de dégradation qu’une œuvre noble et hardie le fera de générosité.

1531. (1855) Préface des Chants modernes pp. 1-39

En peinture on décalque les tableaux de Raphaël ou les fresques de Pompéi ; et c’est encore ce qu’il y a de mieux. […] On ne croit à rien, et l’on fait des tableaux de sainteté copiés ici et là, parce qu’on pourra les vendre à quelque église de province qui veut orner ses murailles nues.

1532. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — III. (Fin.) » pp. 246-261

Ce n’était pas le compte de Voltaire, qui prétendait, et avec raison, peindre, animer ses tableaux, tenir le lecteur en haleine et les yeux attachés sur les principaux personnages : « Je jetterais mon ouvrage au feu, si je croyais qu’il fût regardé comme l’ouvrage d’un homme d’esprit… J’ai voulu émouvoir, même dans l’histoire.

1533. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Lettres sur l’éducation des filles, par Mme de Maintenon » pp. 105-120

. — Si vous êtes orgueilleuses, on vous reprochera votre misère, et si vous êtes humbles, on se souviendra de votre naissance » ; — quand elle a ainsi épuisé la perfection et la beauté de l’œuvre à accomplir, on conçoit que Mme de Maintenon, s’arrêtant devant son propre tableau, ajoute : « La vocation d’une dame de Saint-Louis est sublime, quand elle voudra en remplir tous les devoirs. » Tout ne se fit point en un jour ; il y eut des années de tâtonnement, et même où l’on sembla faire fausse route.

1534. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Fanny. Étude, par M. Ernest Feydeau » pp. 163-178

Ainsi j’étais pour lui un assez futile instrument dont il caressait les cordes, en se jouant, du bout des doigts… Telle est (et encore adoucie par ce que j’en ai supprimé) une des scènes de Fanny, un des tableaux d’intérieur, comme l’auteur les entend et les exécute, fermes, solides, peints en pleine pâte, diraient les gens du métier, et éclairés en toute lumière.

1535. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) «  Œuvres et correspondance inédites de M. de Tocqueville — II » pp. 107-121

M. de Corcelles avait été frappé de cette sorte de contradiction qu’il y avait entre le tableau vraiment assez triste de cette démocratie moderne, présente ou future, et les conclusions du livre qui tendaient à l’acceptation et à l’organisation progressive de cette même démocratie.

1536. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — III » pp. 174-189

Saint-Cyr, qui commandait la droite de l’armée, nous a laissé, dans ses intéressants mémoires où il fait preuve d’un sens critique si distingué mais si sévère, le tableau circonstancié et fidèle de tout ce qui se passa la veille de cette intempestive journée de Novi.

1537. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mélanges religieux, historiques, politiques et littéraires. par M. Louis Veuillot. » pp. 44-63

Pauvre Gil Blas, miroir et tableau fidèle de la vie humaine, il est bien innocent d’une intention si scélérate.

1538. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Les Contes de Perrault »

S’il ne s’intéressait ni à la physique, ni à l’anatomie, il ne s’intéressait pas plus vivement aux beaux-arts ; peinture, sculpture ne l’attiraient pas ; il n’était pas homme, comme Molière ou comme Fénelon, à causer fresque et tableaux avec Mignard, ni à juger d’une statue avec La Bruyère.

1539. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Campagnes de la Révolution Française. Dans les Pyrénées-Orientales (1793-1795) »

Je sais bien que cinq beaux chapitres de l’Histoire militaire de Jomini nous en présentaient un tableau élevé, sommaire et judicieux.

1540. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe et d’Eckermann (suite et fin.) »

L’homme, en général, est assez attristé par ses propres passions et ses propres vicissitudes, sans avoir besoin de s’attrister encore par les sombres tableaux d’un passé barbare.

1541. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Mémoire de Foucault. Intendant sous Louis XIV »

Louis XVI, aveuglé ici par un esprit de dévotion étroite, était de plus trompé par les informations qui lui venaient des provinces ; et Foucault sera un de ces informateurs les plus funestes, par le tableau illusoire qu’il présentera de la facilité du succès.

1542. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Octave Feuillet »

Et puis les romans d’alentour et d’auparavant n’avaient pas nui à y préparer par leurs tableaux d’un autre genre.

1543. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte. »

Il fallait donc, comme on l’a dit, « lui conserver quelque chose de noble jusque dans le ridicule ; car Don Quichotte, c’est le Cid des petites maisons. » Ajoutez-y le cadre et le fond du tableau, cette Espagne que M. 

1544. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Lettres d’Eugénie de Guérin, publiées par M. Trébutien. »

Or, Mme la comtesse Agénor de Gasparin, — c’est elle en toutes lettres, — femme d’un homme de cœur et d’un homme de bien, Genevoise de famille et de naissance, de la haute bourgeoisie ou de l’aristocratie de cette république (c’est tout un), passant certaines saisons à Paris, mais établie et vivant plus ordinairement en son château ou manoir au pied du Jura suisse, dans le canton de Vaud, dans le pays de Glaire d’Orbe, a publié, en ces dernières années surtout, une série d’esquisses, d’impressions morales ou pittoresques, de tableaux paysanesques ou alpestres avec intention et inspiration chrétienne très-marquée46, toute une œuvre qu’il est naturel de rapprocher des Lettres et Journaux d’Eugénie de Guérin.

1545. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, par M. J. Zeller. Et, à ce propos, du discours sur l’histoire universelle. (suite.) »

La milice et la politique romaines s’expliquent sous sa plume ; il se plaît à ces tableaux sévères : le voilà Romain aussi franchement qu’il a été Hébreu.

1546. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les cinq derniers mois de la vie de Racine »

C’est un tableau de mœurs bourgeoises, encore à demi patriarcales : « (10 janvier 1699)… Le mariage fut célébré le 7.

1547. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. (Suite.) »

Jules Cousin nous y fait assister par les extraits qu’il donne du répertoire, par le tableau de la troupe et la revue des principaux acteurs.

1548. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Sur la reprise de Bérénice au Théâtre-Français »

Ce n’est plus au groupe de la statuaire antique et à cette première grandeur qu’on a affaire ; ce sont plutôt des tableaux finis qu’il s’agit, même à distance, de voir dans leur cadre et dans leur jour.

1549. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XVII. De la littérature allemande » pp. 339-365

Cette vérité dans les expressions de l’amour et les tableaux de la nature, à travers toutes les inventions les plus bizarres, produit un effet remarquable.

1550. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre IV. De l’amour. »

Malgré le tableau que j’ai tracé, il est certain que l’amour est de toutes les passions la plus fatale au bonheur de l’homme.

1551. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens III) Henri Rochefort »

Or je n’entre point ici dans la vie privée du joyeux pamphlétaire, et je ne me sers que de ce qui traîne dans tous les journaux : mais tout le monde sait que ce Parisien accompli est grand parieur aux courses, grand collectionneur de tableaux, et qu’il mène enfin la vie que nous voudrions tous mener.

1552. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre III. Grands poètes : Verlaine et Mallarmé, Heredia et Leconte de Lisle » pp. 27-48

C’est, au juste, la sensation d’un intrus éclairage de gaz ou de luciline en un tableau de diffuse lumière Edison.

1553. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIX. Cause et loi essentielles des variations du gout littéraire » pp. 484-497

Cause et loi essentielles des variations du gout littéraire Pour peu qu’on ait tracé le tableau de plusieurs époques successives d’une littérature, deux graves questions se présentent auxquelles on ne saurait se soustraire : Pourquoi le goût littéraire varie-t-il d’une époque à une autre ?

1554. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXII » pp. 355-377

Je souhaiterais un cabinet tout tapissé de dessous de cartes au lieu de tableaux… Nous trouvions plaisant d’imaginer que de la plupart des choses que nous croyions voir, on nous détromperait. » 26 juillet.

1555. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Raphaël, pages de la vingtième année, par M. de Lamartine. » pp. 63-78

Après tout, ôtez le ciel d’Italie et le costume de Procida, ce n’est qu’une aventure de grisette, embellie et idéalisée par l’artiste, élevée après coup aux proportions de la beauté, mais une de ces aventures qui ne laissent que trop peu de traces dans la vie, et qui ne se retrouvent que plus tard dans les lointains de la pensée, quand le poète ou le peintre sent le besoin d’y chercher des sujets d’élégie ou de tableau.

1556. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Pensées de Pascal. Édition nouvelle avec notes et commentaires, par M. E. Havet. » pp. 523-539

La langue française n’a pas de plus belles pages que les lignes simples et sévères de cet incomparable tableau.

1557. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Despréaux, avec le plus grand nombre des écrivains de son temps. » pp. 307-333

Outre ce livre, il avoit donné son Histoire amoureuse des Gaules, ce tableau trop ressemblant des intrigues & des foiblesses des principales personnes de la cour.

1558. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre XI. Seconde partie. Conséquences de l’émancipation de la pensée dans la sphère de la littérature et des arts » pp. 326-349

Les peintres qui ont cru pouvoir adopter le nu se sont étrangement trompés ; car, dans les tableaux, les personnages n’ont plus ce voile de l’immobilité et de l’absence de la couleur.

1559. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Lawrence Sterne »

… Pour ceux qui n’entendent pas l’arabe comme pour ceux qui le comprennent, ce mot de Koran a beau signifier, dans son sens primitif et grammatical, une collection de chapitres, il n’en fait pas moins, dès qu’on le prononce, passer devant nous le monde de l’Orient avec ses dogmes, ses coutumes, ses mœurs, ses tableaux.

1560. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre III. Contre-épreuve fournie par l’examen de la littérature italienne » pp. 155-182

— Chez Boccace, les nouvelles dramatiques sont peu nombreuses ; ses sources les plus diverses ne l’empêchent pas de donner surtout un tableau de mœurs, de sorte que le Decamerone dans son ensemble serait à la fois, comme les Fables de La Fontaine, une vaste épopée et une « comédie à cent actes divers ».

1561. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXIII. Des éloges ou panégyriques adressés à Louis XIV. Jugement sur ce prince. »

Si on porte sa vue sur l’intérieur de l’État, on est frappé d’un grand tableau.

1562. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XVI. »

ce petit tableau d’impudence conjugale qu’il trace en quelques vers, cette femme qui se lève de table, à l’ordre du riche et du puissant, non sans la connivence du mari, rappellera trait pour trait une anecdote de la vie d’Auguste189, du pieux réformateur qu’Horace avait entrepris de célébrer.

1563. (1929) Amiel ou la part du rêve

Bernard Bouvier en tête de son édition, et son livre en suédois, qui représente aujourd’hui le tableau général le plus complet d’Amiel, — le chapitre des Nouveaux Essais de psychologie contemporaine que l’illustre doyen des études amielliennes, M.  […] Le romanesque et lui ne passeront jamais par la même porte, et dès maintenant nous pourrons, sur le tableau des valeurs genevoises, le mettre, en abondante compagnie, du côté critique. […] Car le tableau de Berlin commence par des vues abstraites et substantielles sur la géographie des villes, prise et pensée à sa racine métaphysique, où l’on sent passer, sur des leçons de géographie venues de Carl Ritter, un souffle de dialectique hégélienne. […] Philippe Monnier a esquissé dans sa Genève de Töpffer un tableau de la vie intellectuelle à Genève, de 1815 à 1846, entre la libération et la révolution. […] Ou le cap d’où se détache pour le philosophe, ce jour des cinquante ans, la barque sentimentale chargée, dans le tableau de Gleyre, de ce que l’on appelle les Illusions perdues ?

1564. (1836) Portraits littéraires. Tome II pp. 1-523

Paul Delaroche, Or, le défaut du tableau est aussi celui de la tragédie. […] Paul Delaroche, et trouver dans son tableau une tragédie armée de toutes pièces, on ne devait pas chercher dans la seule mort des enfants d’Édouard le sujet d’un poème dramatique. […] Pour compter les plagiats dont se compose ce drame fantastique en cinq actes et en sept tableaux, il faudrait plus que de la patience : il faudrait la résignation d’un saint. […] Don Juan de Marana ne perdrait absolument rien à être joué comme une pantomime ; car les paroles ne sont qu’un accessoire très inutile dans le tableau conçu par M.  […] De ses premiers poèmes destinés au théâtre, j’ai conclu qu’il n’emprunterait jamais à l’histoire que le baptême de ses idées, et qu’il ne se ferait jamais scrupule d’assouplir la réalité traditionnelle au gré de sa fantaisie ; qu’il lui arriverait rarement de consentir à prendre, dans les récits du passé, l’horizon ou le cadre de ses tableaux.

1565. (1923) Critique et conférences (Œuvres posthumes II)

  Pans un très beau tableau de Fantin-Latour, Coin de table, à Manchester actuellement, croyons-nous, il y a un portrait en buste de M.  […] Par rime mauvaise je veux dire, pour illustrer immédiatement mes raisons, des horreurs comme celles-ci qui ne sont pas plus « pour » l’oreille (malgré le Voltaire déjà qualifié) que « pour » l’œil : falot et tableau, vert et pivert, tant d’autres dont la seule pensée me fait rougir, et que pourtant vous retrouverez dans maints des plus estimables modernes. […] Par moments aussi, le ton s’élève, et, de la petite idylle toute parfumée de thé, de vin tiède et de fleur de pêcher, passe au tableau de guerre, à la scène pathétique, quelquefois à la pensée profonde, sans toutefois jamais enfreindre les règles que s’est imposées l’auteur, et qui sont la concision pour l’expression, la brièveté quant à la phrase et la discrétion dans les procédés mis en œuvre. […] Mais écoutez ceci : « Le Capitaine Fracasse, sachez-le bien, n’est qu’un morceau de tapisserie faite d’après les tableaux plus ou moins oubliés ou empoussiérés maintenant de ces maîtres qu’on appelle Scarron, Cyrano de Bergerac et, pour mieux dire, tous les romanciers du commencement du xiie  siècle, que M. 

1566. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Deuxième série

Un premier tableau se présente aux yeux qu’il est fort possible qui soit la réalité dans un siècle. […] Mais un second tableau se dessine qui, lui aussi, peut bien devenir au bout d’un certain temps la réalité. […] Il est possible encore. — Et c’est le second tableau, moins séduisant que le premier. […] Et il est possible aussi que les deux tableaux tracés, plus haut soient faux tous les deux. […] Cet homme qui fait des tableaux à l’encre rouge, fait aussi des tableaux de peintre, qui ne sont pas sans agrément.

1567. (1893) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Première série

L’opposition entre l’égoïsme de l’art et le désintéressement de la science ne saurait être rendue d’une façon plus saisissante que par une autre boutade du même Diderot mise en parallèle avec une pensée de Renan : Calculez le retour d’une comète, écrit l’auteur des lettres à Falconet ; prouvez aux hommes que dans cinq ou six mille ans la terre et la comète se rencontreront dans un point commun de leurs orbites, et trouvez un poète qui fasse un vers… Adieu les poèmes, les harangues, les temples, les palais, les tableaux, les statues ! […] Aussi n’y a-t-il rien de plus conventionnel ou, comme dit Renan, « de plus niais que l’admiration vouée d’ordinaire à l’antiquité… » On part de ce principe qu’il faut à tout prix que ces œuvres soient belles, puisque les connaisseurs l’ont décidé… On s’exagère à soi-même son admiration ; on se figure enthousiaste du beau antique, et on n’admire, en effet, que sa propre niaiserie… Si l’on était de bonne foi, on mettrait Sénèque au-dessus de Demosthène… Combien y a-t-il de spectateurs qui, devant un tableau de Raphaël, sentent ce qui en fait la beauté et ne préféreraient, s’ils étaient francs, un tableau moderne, d’un style clair et d’un coloris éclatant ? […] Maxime Du Camp, « en musique dans le Postillon de Longjumeau, en peinture dans les tableaux d’Horace Vernet, en littérature dans les Mystères de Paris, d’Eugène Sue » 55. Stendhal remarque à propos de la peinture, et sa réflexion s’applique à tous les arts, qu’« un tableau de génie, et par conséquent original, doit avoir moins d’admirateurs qu’un tableau légèrement au-dessus de la médiocrité » 56.

1568. (1864) Physiologie des écrivains et des artistes ou Essai de critique naturelle

Les ventes de tableaux, c’est-à-dire de cadres, seraient une mine inépuisable. […] Voilà l’effet des tableaux de Rubens et de la musique de Handel à Naples. […] vous sentirez dans chaque peintre le ton général avec lequel il accorde tout son tableau : légère fausseté ajoutée à la nature. […] Les peuples du Midi et de l’Occident recherchèrent les tableaux religieux, — dont quelques-uns, participant au merveilleux des légendes qu’ils représentaient, furent regardés eux-mêmes comme des miracles. […] Ce qui donne aux anciens tableaux allemands leur valeur, ce n’est pas la forme retenue, typique, byzantine, c’est au contraire le fond tout individuel, l’intelligence naïve de la nature qui s’y manifeste, et qui est l’antithèse de l’art dogmatique.

1569. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre II. Vérification de la loi par l’examen de la littérature française » pp. 34-154

Pour le genre dramatique, il faut supposer la farce, car elle est immortelle ; le drame liturgique, tel que le Sponsus nous le fait entrevoir, n’est encore qu’une série de tableaux vivants, au service de l’enseignement religieux. […] Puis la farce tend à s’introduire dans la comédie, comme le roman dans la tragédie ; on donne souvent l’appellation plus noble de « comédie » à ce qui n’est qu’une farce, une sotie, à ce que nous appellerions une revue, une pochade, un simple tableau de mœurs. […] Pour l’esquisse de chaque période je suivrai le même plan : 1º les conditions générales au point de vue politique, social et moral, avec indication des œuvres littéraires, de valeur relative, qui sont d’un intérêt particulier pour ce tableau de mœurs ; 2º le « genre » qui est l’expression littéraire de l’époque ; 3º les autres genres, dont l’un est en décadence et l’autre en devenir.

1570. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DE LA MÉDÉE D’APOLLONIUS. » pp. 359-406

Tableau pathétique et charmant, et bien supérieur par tout ce qu’il renferme à la situation des deux sœurs dans Virgile ; car Anna soror a beau faire, elle n’est qu’une très-noble confidente et n’a pas d’autre rôle que celui d’une magnifique utilité. […] Par malheur, le poëte, redevenu érudit, ne veut rien omettre, et il nous promène ensuite à travers toutes les vicissitudes d’un retour où certains tableaux, ménagés de distance en distance, ne suffisent pas à racheter la fatigue pour le lecteur.

1571. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Ampère »

Ses plus grandes joies, c’est de s’asseoir près de Julie sous prétexte d’une partie de domino ou de solitaire, c’est de manger une cerise qu’elle a laissée tomber, de baiser une rose qu’elle a touchée, de lui donner la main à la promenade pour franchir un hausse-pied, de la voir au jardin composer un bouquet de jasmin, de troëne, d’aurone et de campanule double dont elle lui accorde une fleur qu’il place dans un petit tableau : ce que plus tard, pendant les ennuis de l’absence, il appellera le talisman. […] Il n’est pas jusqu’aux vers latins, adressés à son fils en tête du tableau, qui n’aient dû lui retracer un peu ses souvenirs poétiques de 95, un temps plein de charme.

1572. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Charles Nodier »

Cette excursion fut féconde pour sa jeune âme ; mille tableaux s’y gravèrent, mille couleurs la remplirent. […] A travers le chimérique de l’action, le vague et l’exalté des caractères, on y peut relever quelques tableaux de nature qui rappelaient alors les touches encore récentes de Bernardin de Saint-Pierre, et qui supposaient le voisinage prochain de Chateaubriand et d’Oberman.

1573. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIIe entretien. Balzac et ses œuvres (2e partie) » pp. 353-431

Une vieille table à jouer en marqueterie, dont le dessus faisait échiquier, était placée dans le tableau qui séparait les deux fenêtres. […] Mais alors, comme autrefois, la figure d’Eugénie eût dominé le tableau ; comme autrefois, Charles eût encore été là le souverain.

1574. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VIII. La littérature et la vie politique » pp. 191-229

Un regard rapide jeté sur le siècle qui vient de s’écouler prouve déjà que, si l’on veut porter un jugement sérieux, il faut, comme toujours, opposer en un tableau bilatéral les pertes et les gains littéraires qu’on peut attribuer à l’orientation politique de la France nouvelle. […] Consulter à ce sujet Merlet : Tableau de la littérature française (1800-1815), et Jullien, Histoire de la poésie à l’époque impériale.

1575. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VI »

On peut imaginer qu’en quelqu’un de ces jours anciens, parmi les fêtes qui remplissaient la cité de splendeurs, quelque divin philosophe isolé dans la multitude sur les gradins de marbre d’un Panathénée, ayant été subitement étonné par la magnificence de quelque maxime qu’énonçait le protagoniste, une fois ferma les yeux aux merveilles des décorations et des chorégraphies ; et, comme l’on dit, il ferma les yeux pour mieux entendre ; en effet, aveugle aux tableaux du théâtre, il s’aperçut qu’il entendait mieux, qu’il comprenait mieux, qu’il se faisait plus fortes, plus profondes, plus belles, les sentences qui arrivaient à son oreille ; et supposons qu’à ce moment, par quelque bizarre incident, les musiques accompagnatrices des paroles et des mimiques se soient tues, alors le philosophe, n’ayant plus en son esprit que la sensation des paroles récitées et donnant à ces paroles toute l’attention de son esprit auparavant divisée aux visions et aux harmonies, médita qu’il jouissait, plus intensément de ces littératures que seules il percevait ; ainsi pouvait-il conclure que l’œuvre d’art serait plus puissante à l’émouvoir qui, au lieu d’occuper tous les moyens de perception, en occuperait un seul et, de ce fait, avec une triple intensité. […] Analoguement les décorations du Rheingold et de la Walküre sont les plus achevées qu’ait rêvées Richard Wagner ; les décorations du Parsifal seront l’adjacence de beaux tableaux, hors le drame, pour la magnificence d’un spectacle ; ici c’est la netteté de sites et ce plastiques faisant drame minutieusement ; songez quelle mise en scène grandiose et subtile, en ces deux pièces, dut rêver l’esprit du maître, et qu’il nous faudrait, pour concevoir son idée, contempler autrement qu’en les ignominies organisées par les imprésarios et les histrions de conservatoires.

1576. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1884 » pp. 286-347

— On ne sait pas, pour un passionné de mobilier, le bonheur qu’il y a à composer des panneaux d’appartements, sur lesquels les matières et les couleurs s’harmonisent ou contrastent, à créer des espèces de grands tableaux d’art, où l’on associe le bronze, la porcelaine, le laque, le jade, la broderie. […] À son arrivée à Saint-Germain, il y peignait son dernier tableau ou plutôt sa dernière esquisse, et qui devait faire le pendant à son « Déjeuner dans le jardin » de l’année dernière.

1577. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIIIe entretien. Littérature légère. Alfred de Musset » pp. 409-488

Sans doute il est beau d’être jeune, de n’avoir que des songes gais du matin dans le cœur, des éblouissements de réveil dans les yeux, des éclats de rire ou des tendresses de sourire sur les lèvres ; il est beau, comme le charmant génie du matin, dans le tableau de l’Aurore, de s’élancer sans toucher terre devant le char du jour, la torche de l’amour dans une main, des roses dans l’autre, dont on sème, pour ne pas voir les tombeaux, le sentier de la vie. […] De là ces gouttes de larmes amères qui tombèrent pendant toute la vie de Musset sur ces feuilles de rose de ses vers, et qui en sont peut-être les perles les plus précieuses, comme dans un tableau de fleurs de Saint-Jean les gouttes de rosée que transperce un rayon de soleil.

1578. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « De la dernière séance de l’Académie des sciences morales et politiques, et du discours de M. Mignet. » pp. 291-307

Ce n’est que par un étrange oubli et par une illusion d’optique qu’on nous offre aujourd’hui ces tableaux tout lumineux et sans ombres.

1579. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le Roman de Renart. Histoire littéraire de la France, t. XXII. (Fin.) » pp. 308-324

Il n’est pas bon, même quand on étudie le passé, de rester sur ces impressions décourageantes, et je veux indiquer l’antidote après le poison, un poème d’honneur et de courage en face de ce tableau d’hypocrisie consommée et de rouerie impudente.

1580. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Œuvres de François Arago. Tome I, 1854. » pp. 1-18

Dans l’exposé qu’il en fait, on assiste à une espèce de leçon dans laquelle, pour plus de clarté, il serait bon quelquefois qu’il y eût un tableau et des figures.

1581. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Vicq d’Azyr. — I. » pp. 279-295

Ce ne fut certes point un des passages les moins applaudis : Vicq d’Azyr semblait proposer aux peintres de l’école sentimentale et aux amateurs de l’Arcadie helvétique un tableau du genre de celui qui représente deux Canadiens au tombeau de leur enfant.

1582. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — III » pp. 476-491

Nous sommes loin du tableau satirique, et pourtant bien véridique aussi, qu’en a tracé M. de Meilhan.

1583. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — I » pp. 417-434

Ces années d’heureuse adolescence à Yverdun, où il était « roi de son temps et seigneur de ses heures », où il déchiffrait ses auteurs sans dictionnaire et lisait tant bien que mal Horace en parcourant la campagne ou perché entre les branches d’un vieux cognassier, lui laissèrent dans l’imagination un tableau d’âge d’or ineffaçable.

1584. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Œuvres de Maurice de Guérin, publiées par M. Trébutien — I » pp. 1-17

Ce n’est que plus tard que Brizeux a songé tout de bon à se faire Breton ; dans le poème de lui qui porte ce titre, Les Bretons, il a réussi dans deux ou trois grands et vigoureux tableaux ; l’ensemble manque d’intérêt, et le tout est dénué de charme.

1585. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire de la littérature française à l’étranger pendant le xviiie  siècle, par M. A. Sayous » pp. 130-145

Pourquoi n’avoir point placé en tête de ces deux volumes un court abrégé de la constitution, de l’histoire politique de Genève au xviiie  siècle, un petit tableau résumé des luttes, des querelles et guerres civiles entre les différentes classes, entre les citoyens et bourgeois, membres de l’État, parties du souverain, et les natifs exclus, tenus en dehors et revendiquant des droits ; querelles du haut et du bas, de patriciens et de plébéiens, renouvelées des Grecs et des Romains, inhérentes à la nature des choses, qui se sont reproduites plus tard, sous une forme un peu différente, dans la moderne Genève, et qui ont été finalement tranchées à l’avantage du grand nombre.

1586. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance de Voltaire avec la duchesse de Saxe-Golha et autres lettres de lui inédites, publiées par MM. Évariste, Bavoux et Alphonse François. Œuvres et correspondance inédites de J-J. Rousseau, publiées par M. G. Streckeisen-Moultou. — II » pp. 231-245

Sayous, Rousseau trace de sa plume éloquente un tableau de la venue du Christ où la figure du Christ est peinte avec amour : pour ce portrait du juste persécuté, c’est Rousseau lui-même qui a posé devant le peintre ; on ne peut s’y tromper. » Mille pardons : Rousseau a pu être troublé dans sa raison et se montrer maniaque assez d’autres fois, mais il ne l’a pas été ce jour-là, et j’ai beau prendre tous mes verres de lunettes, il m’est impossible de voir dans la belle page de Rousseau autre chose que le plus sincère hommage rendu à ce qu’il a appelé ailleurs « la sainteté de l’Évangile ».

1587. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire de mon temps. Par M. Guizot. »

Guizot en est là de ses Mémoires ; je reviendrai, en terminant, sur le quatrième volume, qui contient le récit et le tableau de la Coalition en particulier.

1588. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Biot. Essai sur l’Histoire générale des sciences pendant la Révolution française. »

Quelque jugement qu’on porte de l’ensemble du tableau, l’expression particulière que M. 

1589. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Louis XIV et le duc de Bourgogne, par M. Michelet »

» Et la suite encore qui fait bordure au tableau ; car c’est toute une églogue que cette fable, le pendant de l’églogue à Pollion.

1590. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Louis XIV et le duc de Bourg, par M. Michelet. (suite.) »

Dans ce court espace, les projets politiques, les plans de réformé de l’État abondèrent autour de lui ; il les avait depuis longtemps provoqués, par des questions adressées en son nom à tous les intendants du royaume pour connaître par eux le détail de leurs généralités et s’en former un tableau de toute la France.

1591. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Racine — II »

Si l’on passe brusquement des tableaux de Rubens à ceux de M. 

1592. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Jean-Baptiste Rousseau »

Marot et Saint-Gelais ne les ont point passées… S’ils ont badiné aux dépens des religieux, ils n’ont point ri aux dépens de la religion. » (Voir, si l’on veut s’édifier là-dessus, mon Tableau de la Poésie française au xvie  siècle, 1843, page 37.)

1593. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre premier. De l’amour de la gloire »

C’est de mon père enfin, c’est de l’homme de ce temps qui a recueilli le plus de gloire, et qui en retrouvera le plus dans la justice impartiale des siècles, que je craignais surtout d’approcher, en décrivant toutes les périodes du cours éclatant de la gloire ; mais ce n’est pas à l’homme qui a montré, pour le premier objet de ses affections, une sensibilité aussi rare que son génie ; ce n’est pas à lui que peut convenir aucun des traits dont j’ai composé ce tableau ; et si je m’aidais des souvenirs que je lui dois, ce serait pour montrer combien l’amour de la vertu peut apporter de changement dans la nature, et les malheurs de la passion de la gloire.

1594. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre III. Théorie de la fable poétique »

Nul caractère ne s’y montre en même temps tout entier : le temps en éparpille les parties, et ne dévoile jamais à la fois qu’un seul coin du tableau ; aujourd’hui un sentiment, demain, un autre.

1595. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXe Entretien. Souvenirs de jeunesse. La marquise de Raigecourt »

Les autels et tableaux, les décorations de tout genre la surchargeaient de luxe pieux.

1596. (1914) Enquête : L’Académie française (Les Marges)

J’ai sous les yeux le tableau des membres de la Compagnie à diverses époques — et je ne crois pas me tromper.

1597. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. James Mill — Chapitre I : Sensations et idées. »

Nous réunissons dans le tableau suivant les diverses formes de la croyance classées et expliquées par l’auteur.

1598. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Mme de Graffigny, ou Voltaire à Cirey. » pp. 208-225

Elle nous décrit en détail la petite aile qu’habitait Voltaire, les tableaux encadrés dans les lambris, les glaces ; des encoignures de laque admirables ; des porcelaines, des marabouts, une pendule soutenue par des marabouts d’une forme singulière, des choses infinies dans ce goût-là, chères, recherchées, et surtout d’une propreté à baiser le parquet ; une cassette ouverte où il y a une vaisselle d’argent ; tout ce que le superflu, chose si nécessaire, a pu inventer : et quel argent !

1599. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Légendes françaises. Rabelais par M. Eugène Noël. (1850.) » pp. 1-18

C’est vraiment un admirable tableau idéal d’éducation, où presque tout devient sérieux ; si on le réduit, du géant Gargantua, à des proportions un peu moindres.

1600. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Qu’est-ce qu’un classique ? » pp. 38-55

Lucrèce, par exemple, aimerait à discuter l’origine du monde et le débrouillement du chaos avec Milton ; mais, en raisonnant tous deux dans leur sens, ils ne seraient d’accord que sur les tableaux divins de la poésie et de la nature.

1601. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Les Gaietés champêtres, par M. Jules Janin. » pp. 23-39

le joli sujet de tableau pour un Meissonier !)

1602. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame la duchesse d’Angoulême. » pp. 85-102

Toute cette littérature plus ou moins exaltée, et dans le goût de Mme Cottin, qui s’agitait autour de la jeunesse de Madame Royale, ne l’atteignit évidemment en rien, et le récit qu’elle a tracé en 1795 des événements du Temple serait la critique de tous ces autres récits et de ces faux tableaux d’alentour, si on pouvait songer seulement à les rapprocher.

1603. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — III. (Suite et fin.) » pp. 47-63

Il l’embrassa et lui envoya, peu de jours après, son portrait : « Le duc de Reichstadt, dit M. de Montbel, y est représenté à mi-corps, assis vis-à-vis du buste de son père, ayant l’air d’écouter avec beaucoup d’intérêt en dehors du tableau. » Au bas, il avait écrit de sa main les vers d’Hippolyte à Théramène : Attaché près de moi par un zèle sincère, Tu me contais alors l’histoire de mon père.

1604. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « L’abbé Barthélemy. — II. (Fin.) » pp. 206-223

) — Mais, là même encore, on sent le thème traité et caressé à tête reposée par une plume habile et polie, plutôt qu’un tableau embrassé par l’imagination, ou vivement saisi d’après nature.

1605. (1912) L’art de lire « Chapitre IV. Les pièces de théâtre »

Brunetière faisait remarquer que le début de Phèdre est très précisément un tableau, toutes les paroles de Phèdre étant des descriptions de sa personne, de ses attitudes et de ses gestes.

1606. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre II. Marche progressive de l’esprit humain » pp. 41-66

Ici, il faut abaisser sa pensée, et admirer en silence le magnifique tableau tracé par Bossuet.

1607. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IX. Seconde partie. Nouvelles preuves que la société a été imposée à l’homme » pp. 243-267

Il a fallu partir de l’existence de la société pour raisonner avec certitude sur le nouvel ordre de choses qui tend à s’établir, quelque indépendant qu’il soit d’ailleurs de tout ce qui a précédé, comme il a fallu partir du don primitif de la parole pour arriver à expliquer l’émancipation graduelle de la pensée : c’est ce qui nous reste à faire pour achever le tableau de l’âge actuel de l’esprit humain.

1608. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Maurice Rollinat »

Il trouve dans sa profondeur de la variété… Ces poésies, qui expriment des états d’âmes effroyablement exceptionnels, ne sont pas le collier vulgairement enfilé de la plupart des recueils de poésies, et elles forment dans l’enchaînement de leurs tableaux comme une construction réfléchie et presque grandiose.

1609. (1900) Le lecteur de romans pp. 141-164

Dans ses fables, le paysage n’est presque jamais absent, mais le trait en est léger autant que précis ; il accompagne les personnages sans nuire à leurs mouvements, discret comme les lointains de la Toscane ou de l’Ombrie qu’on aperçoit dans les tableaux des primitifs italiens, derrière les auréoles.

1610. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VII : Théorie de la raison par M. Cousin »

  Avec de la craie, je trace sur le tableau un triangle A B C ; par le sommet C, je mène une parallèle à la base.

1611. (1864) Histoire anecdotique de l’ancien théâtre en France. Tome I pp. 3-343

La démarche noble, simple, majestueuse du nouveau comédien ne fut pas goûtée d’abord ; mais lorsque dans le tableau de la conjuration, on le voit pâlir et rougir rapidement, le feu et la vérité de son jeu enlevèrent tous les suffrages. […] Le peintre feignit d’être très-content de ce qu’on lui offrait et engagea l’acteur à passer plusieurs fois sur le tableau une éponge imbibée de vinaigre, pour lui donner plus d’éclat. […] Elle possédait beaucoup de tableaux de grands maîtres, mais il y en avait un dont elle ne pouvait parvenir à comprendre le sujet. Elle le montra un jour à plusieurs artistes de talent, qui lui dirent : « Ce tableau, c’est le sacrifice d’Iphigénie en Aulide […] — Quelle bonne folie, reprend en riant la maîtresse de la maison, voilà plus d’un siècle que ce tableau est dans ma famille, et il n’y a pas dix ans que M. 

1612. (1916) Les idées et les hommes. Troisième série pp. 1-315

mais, avant d’écrire, où ont-ils trouvé, en pleine action, le loisir et la tranquillité de regarder, de savoir ce qu’ils avaient vu et de transformer en tableaux les divers aspects de la menace et de la mort ? […] bien, remarque Polybe, l’empereur allemand, généralissime des forces allemandes et autrichiennes, n’a-t-il point cette manie de se faire des tableaux ? Il s’est vu entrer dans Paris, en triomphe ; il s’est vu franchir le Pas-de-Calais comme Xerxès a franchi l’Hellespont ; et il s’est vu entrer dans Moscou : à ces divers tableaux que lui fabriquait son orgueil, il a sacrifié des armées. […] Ils la remplacent par la psycho-physique, une science exacte, et qui fournit des chiffres, des tableaux, des courbes, et qui ne donne rien du tout. […] Je crois qu’il avait, à cette époque, le projet de compléter son esquisse et d’achever le tableau des nouvelles idées religieuses en Angleterre.

1613. (1911) Psychologie de l’invention (2e éd.) pp. 1-184

La nature du phénomène reste moins évidente chez le peintre qui conçoit l’idée d’un tableau ou chez le romancier en qui s’ébauche l’embryon d’un roman. […] Je l’embrasse ensuite d’un seul coup d’œil, comme un beau tableau ou un joli garçon ; ce n’est pas successivement, dans le détail de ses parties, comme cela doit arriver plus tard, mais c’est tout entière dans son ensemble que mon imagination me la fait entendre. […] Je n’insisterai donc pas ici sur les erreurs de perspective des peintres, ni sur leurs fantaisies astronomiques ou physiques, la tendance de certains à tourner vers le soleil couchant les cornes du croissant de la lune, ou à indiquer des ombres que contredit la position du soleil dans le tableau. […] Rue Laffitte. il s’arrêta devant la boutique d’un marchand de tableaux et regarda longtemps à travers les vitres une toile de lui… Il me dit : “Dehors je vois mes tableaux, chez moi je ne les vois plus. […] Quand je fais un tableau, je pense à un autre ; alors j’obéis à la rêverie qui m’emporte, comme vous l’avez vu tout à l’heure.

1614. (1894) Critique de combat

Je le définirais volontiers un homme-chiffre, sec par instinct et par principe, sec comme un traité d’arithmétique, sec comme un tableau de statistique. […] Au besoin, il en inventerait pour corser le tableau ! […] Et qu’on ne m’accuse pas de pousser le tableau au noir ! […] Je voudrais rencontrer, rangés dans un double tableau et s’opposant les uns aux autres, les défauts et les qualités qui naissent d’un séjour prolongé au régiment. […] Faguet sait aussi bien que moi que ce roman est une réponse à Rousseau ; qu’il a pour but de montrer l’envers de la réalité à quelqu’un qui n’a voulu en voir que l’endroit ; qu’il pousse exprès les choses au noir par réaction contre un tableau poussé au rose.

1615. (1903) Hommes et idées du XIXe siècle

Dans son œuvre maîtresse, Napoléon et Alexandre, tout en s’appliquant à mettre en plein relief les figures principales et à concentrer la lumière sur de si grands acteurs, il s’est continûment soucié d’évoquer autour d’eux le tableau concret d’une époque aperçue dans sa complexité. […] Mais l’objet même du roman historique est de nous présenter l’évocation d’un tableau d’histoire qui reste exact, quand bien, même on y mêle des personnages ou des événements imaginaires. La valeur de ce tableau dépend de celle des renseignements recueillis par l’auteur, comme de l’intelligence avec laquelle il les interprète. […] Ce qu’on cherche, au contraire, dans l’œuvre des romanciers, c’est ce qu’aussi bien ils ont promis d’y mettre, les résultats d’une large et impartiale enquête, le tableau de la société telle qu’elle est. […] Dans cette vie d’un homme de science et d’un homme de famille, nous passons d’une expérience de laboratoire à un tableau d’intérieur ; les émotions de l’existence journalière se mêlent aux préoccupations de la recherche scientifique ; les tristesses et les joies du foyer alternent avec la fierté des découvertes : c’est l’image même de la réalité.

1616. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Delille »

On a des tableaux de Raphaël merveilleusement copiés par Mignard. » J’ajouterai qu’un grand paysage du Poussin, copié par Watteau, serait encore supérieur (comme style) aux grands paysages de Virgile reproduits par le futur chantre des jardins de Bagatelle, de Belœil et de Trianon. […] ; avait été satirique des plus âpres, n’hésita pas à lui rendre bientôt dans son Tableau de la Littérature, des hommages consciencieux et réfléchis.

1617. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre deuxième. Les images — Chapitre premier. Nature et réducteurs de l’image » pp. 75-128

Par exemple, les enfants que l’on habitue à calculer de tête écrivent mentalement à la craie, sur un tableau imaginaire, les chiffres indiqués, puis toutes leurs opérations partielles, puis la somme finale, en sorte qu’au fur et à mesure ils revoient intérieurement les diverses lignes de figures blanches qu’ils viennent de tracer. […] Abercrombie cite un peintre11 qui, de souvenir et sans l’aide d’aucune gravure, copia un martyre de saint Pierre par Rubens, avec une imitation si parfaite que, les deux tableaux étant placés l’un près de l’autre, il fallait quelque attention pour distinguer la copie de l’original.

1618. (1858) Cours familier de littérature. V « XXXe entretien. La musique de Mozart (2e partie) » pp. 361-440

Que penseriez-vous de la peinture qui relèverait en bosse les dessins de Raphaël ou de Titien pour donner plus d’illusion et plus de saillie à ses tableaux ? […] Nous ne pouvons nous empêcher de croire que la peinture est plus belle sur un tableau isolé de Raphaël, dans la solitude d’une galerie du Vatican, que sur une toile de décoration d’opéra ; que la poésie est plus divine dans une page d’Homère, de Virgile, de Dante ou de Pétrarque, que dans la vocalisation d’un chanteur et d’une cantatrice ; que l’acteur tragique est plus puissant en récitant simplement son rôle sur sa planche entre deux lampes, sans autre prestige que son âme, son accent, son geste, qu’en le chantant au milieu des fantasmagories de la décoration du costume, du ballet et de l’orchestre ; qu’enfin le musicien est plus éloquent et plus pathétique dans la sublime nudité de ses notes que dans l’alliance hétérogène de ses notes avec la poésie, le drame, la déclamation, la décoration, la danse et les oripeaux.

1619. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe » pp. 81-160

Ces conversations tiennent au sujet, comme on le verra plus tard, par le tableau de la candeur des jeunes filles de la bourgeoisie qui tremblent d’être séduites ou compromises aux yeux de la petite ville si elles se laissent approcher par la mauvaise compagnie. […] Ce tableau repose les yeux par le contraste de la douce ignorance du peuple, qui ne souffre que du travail, avec les philosophes, qui souffrent de la pensée.

1620. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier. — Correspondance de Chateaubriand (3e partie) » pp. 161-240

— « Je pense, répondit-elle, qu’à l’exception de quelques couleurs trop chaudes dans certaines parties descriptives de ce vaste tableau d’histoire, c’est le livre le plus utile qui ait encore paru pour préparer le jugement dernier des choses et des hommes de la Révolution ; car c’est le livre où il y a le plus de justice pour les oppresseurs et le plus de pitié pour les victimes. » Et comme le groupe des hommes d’État debout auprès de la cheminée s’étonnait en affectant de s’indigner contre ce jugement de faveur sur ce livre, madame Récamier reprit la parole, seule contre ses amis, et me défendit avec une chaleur de discussion et une intrépidité d’amitié qui attestaient en elle autant d’impartialité que d’énergie dans le jugement. […] XXXII À ces hommes retentissants du passé ou de l’avenir se joignaient, comme un fond de tableau de cheminée, quelques hommes assidus, quotidiens, modestes, tels que le marquis de Vérac, le comte de Bellile ; ceux-là, personnages de conversation, et non de littérature, apportaient dans ce salon le plus facile des caractères, une amabilité réelle et désintéressée, ce qu’on appelle les hommes sans prétention.

1621. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre V. Jean-Jacques Rousseau »

Son séjour à l’Ermitage est une idylle réaliste, et les Confessions abondent en petites scènes du même goût, un dîner chez un paysan, le passage d’un gué, une cueillette de cerises : ce sont les faits les plus insignifiants de l’ordre commun, dont le sentiment de Rousseau fait des tableaux exquis. […] Par le lyrisme et par le pittoresque, Rousseau rétablit l’art dans notre littérature : ces émotions qu’il rend, ces tableaux qu’il peint, cela n’est plus soumis à la loi du vrai ; tout cela doit s’ordonner selon la loi du beau, du caractère esthétique.

1622. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre sixième »

L’avare, des premiers, rit du tableau fidèle D’un avare souvent tracé sur son modèle59. […] Mais on ferait tort aux caractères secondaires en n’y voyant que des repoussoirs dans un tableau.

1623. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « IX »

Et pour compléter ce tableau, voici les esquisses restées inachevées : Frédéric Barberousse (environ 1844-1848), Jésus de Nazareth (1848), la Mort de Siegfried, première version (1848), Achille (projet de drame mentionné dans des lettres de 1849 et 1850), Wieland le forgeron (1849-1850), le jeune Siegfried, première version (1851), les Vainqueurs (1856)97. […] Dans deux salles, ils trouveront exposée une abondance de tableaux, de bustes, de documents curieux, d’autographes : le tout d’une vue instructive, féconde, souvent même divertissante.

1624. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIe entretien » pp. 5-85

Il y avait là, sous les plis lourds des étoffes rouges et vertes des vêtements de ces villageoises, des beautés, des majestés, des grâces sévères que je n’ai jamais retrouvées qu’en parcourant les montagnes de la Sabine et du Vulturne, ou dans l’incomparable tableau des Moissonneurs de Léopold Robert, ce Virgile du pinceau, qui a égalé le Virgile des Géorgiques. […] J’y entrai plutôt pour y chercher l’ombre que pour y visiter des statues ou des tableaux.

1625. (1856) Cours familier de littérature. II « XIIe entretien » pp. 429-507

C’était un homme juste. » Ici tableau patriarcal et pastoral de la richesse, de la considération, du bonheur domestique de cet homme puissant et heureux. […] « Et il a dit à l’homme : Craindre le Seigneur, voilà la sagesse ; fuir le mal, voilà l’intelligence. » Par une réminiscence naturelle, un retour sur lui-même le ramène à la contemplation de sa jeunesse et de son bonheur, dont il fait un tableau embelli par le lointain et par le regret.

1626. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIIe entretien. I. — Une page de mémoires. Comment je suis devenu poète » pp. 365-444

Nous fermâmes donc nos livres d’études dans nos pupitres, et, les coudes appuyés sur la table, la tête dans nos mains, nous prîmes l’attitude des disciples qui écoutent le maître dans le tableau de l’École d’Athènes de Raphaël. […] Dieu nous donna, dans ce petit tableau, une idée des grâces dont il a paré la nature…… » XXV L’heure sonna trop prompte à la lugubre horloge de la chapelle : nous aurions voulu que le temps n’eût plus d’heures ; le grand peintre d’impressions et le grand musicien de phrases nous avait enlevé le sentiment du temps écoulé.

1627. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Mézeray. — I. » pp. 195-212

En quelque endroit qu’il porte ses armes, il trouve à son arrivée toutes choses prêtes à le couronner de gloire, et vous faites beaucoup plus pour lui que jamais le bonheur ne fit pour César, puisqu’il a vaincu souvent avant même que d’avoir vu… Résumant dans un tableau qui n’est pas trop emphatique cette politique armée qui se montre partout à la fois en divers pays, qui soutient des luttes et des alliances sans nombre, et où la supériorité de la pensée se fait toujours sentir dans l’exécution : J’en prendrais à témoin, s’écriait-il, et La Rochelle et Nancy…, si Perpignan n’en était un témoignage plus nouveau et pour le moins aussi glorieux.

1628. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Agrippa d’Aubigné. — I. » pp. 312-329

Il comprend la dignité du genre qu’il traite ; il est des particularités honteuses ou incertaines que l’histoire doit laisser dans les satires, pamphlets et pasquins, où les curieux les vont chercher : d’Aubigné, qui aime trop ces sortes de pasquins ou de satires, et qui ne s’en est jamais privé ailleurs, les exclut de son Histoire universelle, et, s’il y en introduit quelque portion indispensable, il s’en excuse aussitôt : ainsi en 1580, à propos des intrigues de la cour du roi de Navarre en Gascogne, quand la reine Marguerite en était : J’eusse bien voulu, dit-il, cacher l’ordure de la maison ; mais, ayant prêté serment à la vérité, je ne puis épargner les choses qui instruisent, principalement sur un point qui, depuis Philippe de Commynes, n’a été guère bien connu par ceux qui ont écrit, pour n’avoir pas fait leur chevet au pied des rois… Quand il s’étend longuement sur certaines particularités purement anecdotiques, il s’en excuse encore ; il tient à ne pas trop excéder les bordures de son tableau ; il voudrait rester dans les proportions de l’histoire : mais il lui est difficile de ne pas dire ce qu’il sait de neuf et d’original ; et d’ailleurs, s’il s’agit de Henri IV, n’est-il pas dans le plein de son sujet, et n’est-il pas en droit de dire comme il le fait : « C’est le cœur de mon Histoire ? 

1629. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal du marquis de Dangeau — II » pp. 18-35

Le mardi 20 mars, à Versailles, ou lit dans le même journal : « Mme la Dauphine fit dire dans son cabinet à Racine la harangue qu’il fit à la réception de Corneille et de Bergeret. » Ce moment est celui de Racine et de Despréaux tout à fait établis en Cour et sur le pied d’historiographes : Le 31 décembre, veille du jour de l’an 1685, Mme de Montespan fit présent au roi, le soir après souper, d’un livre relié d’or et plein de tableaux de miniature, qui sont toutes les villes de Hollande que le roi prit en 1672.

1630. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Henri IV écrivain. par M. Eugène Jung, ancien élève de l’École normale, docteur es lettres. — I » pp. 351-368

et cette page heureuse, imprévue, transparente, échappée à un roi soldat dans une après-midi de rêverie et de loisir, n’est-elle pas une découverte pittoresque à laquelle il n’a manqué jusqu’ici qu’un cadre pour faire un tableau ?

1631. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Préface pour les Maximes de La Rochefoucauld, (Édition elzévirienne de P. Jannet) 1853. » pp. 404-421

ne m’approchez pas moi-même, lorsque, considérant d’un humble désir ce petit tableau hollandais, ce paysage de Winants, cette cabane de bûcheron à l’entrée d’un bois, Pauperis et tugurî congestum cespite culmen, une émotion dont je ne sais pas bien la cause me gagne et me tient là devant à rêver de paix, de silence, de condition innocente et obscure.

1632. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres inédites de P. de Ronsard, recueillies et publiées par M. Prosper Blanchemain, 1 vol. petit in-8°, Paris, Auguste Aubry, 1856. Étude sur Ronsard, considéré comme imitateur d’Homère et de Pindare, par M. Eugène Gandar, ancien membre de l’École française d’Athènes, 1 vol. in-8°, Metz, 1854. — I » pp. 57-75

Depuis vingt-sept ans déjà que j’ai publié un choix des poésies de Ronsard (1828) joint à un Tableau historique de son école, dans lequel j’essayais de remettre en lumière et en honneur un côté du moins de son entreprise, je me suis en général abstenu d’en parler.

1633. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La Margrave de Bareith Sa correspondance avec Frédéric — II » pp. 414-431

Contentons-nous de reconnaître et de saluer dans la margrave une des femmes originales du xviiie  siècle, un esprit piquant, une rare fierté d’âme, un caractère et un profil qui a sa place, marquée non seulement dans l’anecdote, mais dans l’histoire de son temps, et qui, à meilleur droit encore que le prince Henri et à un degré plus rapproché, se distinguera toujours au fond du tableau à côté du roi son frère.

1634. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « La princesse des Ursins. Ses Lettres inédites, recueillies et publiées par M. A Geffrot ; Essai sur sa vie et son caractère politique, par M. François Combes » pp. 260-278

Combes a fait de la princesse des Ursins le sujet d’une de ces thèses consciencieuses de la Faculté des lettres qui deviennent si aisément des livres : la princesse, après avoir été discutée et débattue en Sorbonne, a reparu devant le public dans un tableau solide et étendu.

1635. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Les Caractères de La Bruyère. Par M. Adrien Destailleur. »

Ce livre est, en effet, un livre de première main et un tableau d’après nature ; c’est ce que j’ai à cœur de maintenir.

1636. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Madame de Staël. Coppet et Weimar, par l’auteur des Souvenirs de Mme Récamier »

Bonstetten, par exemple, un véritable homme d’esprit et un fin juge, disait de la critique impartiale qu’il trouvait à Coppet, et en particulier de celle dont il était redevable à Mme de Staël : « Elle est si libre de préjugés, si claire, que je vois mes tableaux dans son âme comme dans un miroir. » Il disait encore, dans une lettre à une poétique amie qu’il avait en Danemark : « Je vois Mme de Staël très souvent, et si je ne dîne chez elle qu’une fois par semaine, j’ai la guerre.

1637. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Journal de la santé du roi Louis XIV »

Le Roi qu’après cette lecture le Louis XIV, tel qu’il sort pour nous des mains de ses premiers médecins, « n’est plus le brillant héros que l’histoire nous a dépeint, mais bien un jeune homme valétudinaire, atteint successivement de maladies fort graves, puis un homme toujours souffrant, condamné à un régime sévère, obligé de supporter de graves opérations, et enfin, un vieillard podagre, continuellement tourmenté par la gravelle, dont la gangrène vient enfin terminer l’existence. » Ce portrait est trop noir ; cette suite de maladies et d’indispositions présentées en détail et à la file fait un tableau trop sombre ; nous ne voyons pas assez les intervalles, les saisons de bonne santé, les mortes-saisons du médecin ; et puis il y a dans tout cela maint malaise qui, dans une vie ordinaire et où l’on n’aurait pas le temps de s’écouter, ne compterait pas.

1638. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français (suite.) »

Il y a quelque chose dans le Mystère de la Passion : il y a toute une branche ou un épisode entrelacé qui peut réellement nous intéresser comme tableau de mœurs et de genre, Marie-Madeleine, ou, si l’on veut, une grande coquette, une élégante du xve  siècle avant et après sa conversion.

1639. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. Suite et fin. » pp. 73-95

Goethe, qu’on n’accusera pas d’étroitesse et qui comprenait tout, ce critique universel au goût le plus large et le plus hospitalier, reculait toutefois devant les tableaux odieux et hideux trop prolongés ; il voulait que l’art tournât en définitive au beau, au digne, à l’agréable.

1640. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Études de politique et de philosophie religieuse, par M. Adolphe Guéroult. »

Je ne sais si je fais injure à mes semblables, mais il me semble que les premiers progrès des hommes en société se sont opérés et accomplis de la sorte : je me figure des peuplades, des réunions d’hommes arrêtés à un degré de civilisation dont ils s’accommodaient par paresse, par ignorance, et dont ils ne voulaient pas sortir, et il fallait que l’esprit supérieur et clairvoyant, le civilisateur, les secouât, les tirât à lui, les élevât d’un degré malgré eux, absolument comme dans le Déluge de Poussin, celui qui est sur une terrasse supérieure tire à lui le submergé de la terrasse inférieure : seulement dans le tableau de Poussin, le submergé se prête à être sauvé et tend la main, et, souvent, au contraire, il a fallu, en ces âges d’origine et d’enfance, que le génie, le grand homme, le héros élevât les autres d’un degré de société malgré eux et à leur corps défendant, en les tirant presque par les cheveux : tel et non pas moindre je me figure qu’a dû être son effort.

1641. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Térence. Son théâtre complet traduit par M. le marquis du Belloy (suite et fin.) »

Vous connaissez le tableau de Meissonier, la Confidence, ce jeune amoureux qui, à la première lettre reçue, n’a de cesse qu’il n’ait versé son secret dans le sein d’un ami plus expérimenté, et qui, après le déjeuner qu’il pavera, au dessert, lit avec feu cette missive si tendre à l’ami tranquille et satisfait qui écoute et qui digère.

1642. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid. »

Dans Cinna, acte I, scène iii, Cinna, racontant à Émilie comment il s’y est pris pour échauffer les conjurés et les animer contre le tyran, lui redit une partie de son discours et des sanglants griefs qu’il a étalés devant eux : d’abord le tableau des guerres civiles et de ces batailles impies, les horreurs du triumvirat et les listes de proscription, les plus grands personnages de Rome immolés ; puis il a ajouté : « ……… Toutes ces cruautés, La perte de nos biens et de nos libertés, Le ravage des champs, le pillage des villes, Et les proscriptions, et les guerres civiles Sont les degrés sanglants dont Auguste a fait choix Pour monter dans le trône et nous donner des lois. » Je vous le demande, suffira-t-il de rétablir « dans le trône », au lieu de « sur le trône », sans dire le pourquoi ?

1643. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Jean-Bon Saint-André, sa vie et ses écrits. par M. Michel Nicolas. »

Il nous faut des maîtres plus sensibles qu’instruits, plus raisonnables que savants, qui dans un lieu vaste et commode, hors des villes, hors de l’infection de l’air qu’on y respire et de la dépravation des mœurs qui s’introduit par tous les pores, soient les égaux, les amis, les compagnons de leurs élèves ; que toute la peine, que tout le travail de l’instruction soit pour le maître, et que les enfants ne se doutent même pas qu’ils sont à l’école ; que dans des conversations familières, en présence de la nature et sous cette voûte sacrée dont le brillant éclat excite l’étonnement et l’admiration, leur âme s’ouvre aux sentiments les plus purs ; qu’ils ne fassent pas un seul pas qui ne soit une leçon ; que le jour, la nuit, aux heures qui seront jugées les plus convenables, des courses plus ou moins longues dans les bois, sur les montagnes, sur les bords des rivières, des ruisseaux ou de la mer, leur fournissent l’occasion et les moyens de recevoir des instructions aussi variées que la nature elle-même, et qu’on s’attache moins à classer les idées dans leur tête qu’à les y faire arriver sans mélange d’erreur ou de confusion. » Vous voyez d’ici le tableau idéal et enchanteur de toutes ces écoles primaires et rurales de la République française, où chaque enfant serait traité comme Montaigne, Rabelais ou Jean-Jacques ont rêvé de former et de cultiver leur unique élève.

1644. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Méditations sur l’essence de la religion chrétienne, par M. Guizot. »

C’est surtout dans le tableau de ce que deviendrait la société dénuée de religion et livrée en proie aux doctrines contraires, que l’orateur sacré puise ses principaux arguments.

1645. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « La Réforme sociale en France déduite de l’observation comparée des peuples européens. par M. Le Play, conseiller d’État. (Suite et fin.) »

Appartenant à la vieille race de gentilshommes ruraux que n’avaient pas atteints la corruption de Cour et l’élégance des vices inhérents à Versailles ou même nés bien auparavant à Fontainebleau et à Chambord dès le règne de François Ier, il déplorait la perte d’un état de choses, où la grande propriété, la famille, la religion, les mœurs étaient garanties ; il avait l’imagination et le souvenir remplis des tableaux d’une vie simple, régulière, patriarcale, frugale, antique, et il demandait au Pouvoir royal restauré de rétablir de son plein gré et de toute sa force ce qu’il avait laissé perdre par sa faute, ce qu’il avait compromis et entraîné avec lui dans une ruine commune.

1646. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Josèphe de Saxe, dauphine de France. (Suite) »

Pour moi, qui n’ai pour toute arme que le bouclier de la vérité, l’on me craint, le roi m’aime et le public espère en moi. « Voilà, mon cher comte, un tableau de ce pays-ci… » Cette lettre essentielle, et qui est à lire tout entière, ne devait pas nous arriver : elle renfermait une injonction impérative, comme si Maurice avait reculé au dernier moment, en relisant ce qu’il avait confié au papier : « Brûlez cette lettre, je vous en conjure, en présence du roi ; je veux avoir un témoin comme lui.

1647. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

Et sur ce climat qui n’est pas fait, et sur ce caractère américain, qui ne l’est pas davantage, quel plus frappant et plus philosophique tableau que celui-ci, trop pris sur nature, trop bien tracé et de main de maître pour n’être pas rappelé ici, quand sur d’autres points nous devons être si sévères !

1648. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — Lamennais, Affaires de Rome »

et ils se lèveront, et, le regard fixé sur cette divine splendeur, dans le repentir et dans l’étonnement, ils adoreront, pleins de joie, Celui qui répare tout désordre, révèle toute vérité, éclaire toute intelligence : « oriens ex alto. » Il peut paraître piquant, il est surtout triste d’embrasser dans un même tableau la suite de ces prophéties diverses et toujours aussi certaines. 

1649. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine, Recueillements poétiques (1839) »

Conçoit-on que, dans une pièce de vers inspirée par un tableau de la Charité, la femme soit décrite avec des traits et des mots qui semblent réservés aux alcôves de nos romans modernes ?

1650. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. PROSPER MÉRIMÉE (Essai sur la Guerre sociale. — Colomba.) » pp. 470-492

Les causes complexes, qui, après les grandes guerres d’Annibal, rendaient la situation de l’Italiote de plus en plus précaire et pénible, à mesure qu’au contraire celle du citoyen romain s’élevait et visait au roi, sont très-bien démêlées et viennent se traduire en un tableau général d’oppression et de dépopulation tout à fait effrayant.

1651. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Mathurin Regnier et André Chénier »

Août 1829 Dans le morceau suivant et en mainte autre occasion j’ai été ramené à m’occuper de Chénier : j’avais déjà parlé de Regnier dans le Tableau de la Poésie française au xvie  siècle ; j’en ai reparlé, non sans complaisance et après une nouvelle lecture, dans l’Introduction au recueil des Poètes français (Gide, 1861), tome 1, page XXXI.

1652. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre IV »

Après un tableau complet et très honnête de « fièvre cérébrale » il s’éternise en la description non moins étendue d’une pleurésie ; « nous promène pendant trois ou quatre septénaires, au bout desquels l’affection passe de l’état aigu à l’état chronique, et finit par conduire la malade au tombeau.

1653. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre VI. De la philosophie » pp. 513-542

L’esprit admet une à une chaque proposition, sans avoir essayé de les juger ; il crée ensuite des rapports factices dont l’apparente vérité lui plaît et l’exalte ; car l’imagination est saisie par ce qui est abstrait, tout aussi fortement que par les tableaux les plus animés.

1654. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre II. Distinction des principaux courants (1535-1550) — Chapitre I. François Rabelais »

On a pu dire qu’ayant fait trois ou quatre séjours en Italie, il n’en a pas rapporté le souvenir d’une statue, ni d’un tableau.

1655. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre VI, « Le Mariage de Figaro » »

Voir le petit tableau d’Olivier au Louvre, Une réunion chez le prince de Conti au temple.

1656. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre II. L’éloquence politique »

Et ce qu’il a dicté à Sainte-Hélène, ce sont des mémoires oratoires ; ces récits de ses campagnes et de ses victoires sont de l’histoire tout juste comme le tableau de la politique athénienne dans le Discours pour la Couronne, de l’histoire arrangée pour persuader.

1657. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Pierre Loti »

Mais ces mots ne sont jamais vides chez lui : ses tableaux sont si précis que ces mots vagues, loin de les affaiblir, les achèvent, les continuent en un prolongement de rêve.

1658. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre quatrième »

Ceux-ci font le tableau, ceux-là font la satire du présent.

1659. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre dixième »

S’agit-il de montrer ce qu’il en coûte à l’âme pour avoir cédé l’empire aux sens, il égale, par la force et la sévérité de ses tableaux, les grands moralistes du dix-septième siècle.

1660. (1890) L’avenir de la science « XVI »

Toutes les phases de l’humanité sont donc bonnes, puisqu’elles tendent au parfait : elles peuvent seulement être incomplètes, parce que l’humanité accomplit son œuvre partiellement et esquisse ses formes l’une après l’autre, toutes en vue du grand tableau définitif et de l’époque ultérieure, où, après avoir traversé le syncrétisme et l’analyse, elle fermera par la synthèse le cercle des choses.

1661. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre V. La littérature et le milieu terrestre et cosmique » pp. 139-154

. — Il est évident que l’hiver, par exemple, aujourd’hui que les hommes savent se bâtir des maisons munies d’épaisses murailles, de doubles fenêtres, de tapis mœlleux, de tableaux ou d’étoffes qui égaient les regards, de lampes et de grands feux qui suppléent le soleil absent, de fleurs et de verdures qui donnent l’illusion du printemps, n’a plus d’effets aussi redoutables sur l’organisme humain qu’au temps où nos ancêtres, à demi nus, vivaient dans des cavernes froides, humides et obscures.

1662. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre III : Les Émotions »

Bain, ne sont pas aptes à nous fournir des émotions esthétiques ; car il faut exclure de cette catégorie les plaisirs purement sensuels : d’abord parce qu’étant indispensables à notre existence, ils n’ont pas un caractère désintéressé ; ensuite parce qu’ils sont liés quelquefois à certains faits répugnants, enfin parce qu’ils sont égoïstes ou individuels ; deux hommes peuvent jouir du même tableau, ils ne peuvent jouir d’un même morceau de nourriture.

1663. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVI » pp. 413-441

N’en doutons pas, ceux-ci s’étaient assurés de la manière la plus positive qu’ils n’avaient point à redouter les applications des ouvrages satiriques dont les auteurs leur faisaient la lecture ; ils savaient indubitablement de la bouche des auteurs mêmes le nom des personnes qui avaient servi de modèle à leurs tableaux, et ils n’avaient pas besoin de le demander.

1664. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VI. Pour clientèle catholique »

Large tableau d’histoire, il ressuscite la vie du xvie  siècle sans trop appauvrir cette énorme puissance combative.

1665. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Des lectures publiques du soir, de ce qu’elles sont et de ce qu’elles pourraient être. » pp. 275-293

C’est un peu ce qu’est le dessin, la lithographie par rapport au tableau.

1666. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Lettres inédites de l’abbé de Chaulieu, précédées d’une notice par M. le marquis de Bérenger. (1850.) » pp. 453-472

Une lettre du chevalier de Bouillon à Chaulieu (1711), dans laquelle le chevalier raconte en quel déplorable état bachique il a trouvé La Fare qu’il allait visiter, compléterait le tableau : « Si vous l’aimez, écrit le chevalier à Chaulieu, vous reviendrez incessamment voir s’il n’y a pas moyen d’y mettre quelque ordre.

1667. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Mme de Genlis. (Collection Didier.) » pp. 19-37

Un Polonais, dessinateur habile, avait peint pour eux l’histoire sainte, l’histoire ancienne, celle de la Chine et du Japon : tous ces tableaux d’histoire composaient une lanterne magique amusante autant qu’instructive.

1668. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Patru. Éloge d’Olivier Patru, par M. P. Péronne, avocat. (1851.) » pp. 275-293

Exprimant la douleur de l’Académie, qui, au moment où il lui est donné de contempler cette divine princesse, sent qu’elle va perdre, et peut-être pour jamais, son adorable présence : « Cependant, madame, ajoute en finissant l’orateur, votre tableau nous consolera si rien nous peut consoler dans notre infortune.

1669. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — I. » pp. 441-459

Portalis faisait de cette affreuse époque de la veille un tableau vrai, avec des traits tirés de Tacite ; il ajoutait avec une observation fine qui n’était qu’à lui : On poursuivait les talents, on redoutait la science, on bannissait les arts ; la fortune, l’éducation, les qualités aimables, les manières douces, un tour heureux de physionomie, les grâces du corps, la culture de l’esprit, tous les dons de la nature, étaient autant de causes infaillibles de proscription… Par un genre d’hypocrisie inconnu jusqu’à nos jours, des hommes qui n’étaient pas vicieux se croyaient obligés de le paraître… On craignait même d’être soi ; on changeait de nom ; on se déguisait sous des costumes grossiers et dégoûtants ; chacun redoutait de se ressembler à lui-même.

1670. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « De la retraite de MM. Villemain et Cousin. » pp. 146-164

Les seules parties de son enseignement qui aient été recueillies, le Tableau de la littérature du Moyen Âge, et surtout celui de la littérature au xviiie  siècle, sont des modèles de goût, d’élégance dans les recherches et dans l’exposition, et de bon sens rapide revêtu de grâce.

1671. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre premier. Le problème des genres littéraires et la loi de leur évolution » pp. 1-33

Nous englobons, sous le nom de « comédies », des œuvres très dissemblables ; par exemple, des tableaux de mœurs, des revues, qui n’ont de dramatique que la forme dialoguée, mais qui sont sans action et sans caractères.

1672. (1927) Les écrivains. Deuxième série (1895-1910)

C’est pour cela que Goncourt l’aimait tant, et que nous le chérissions d’une amitié particulière, nous qui pensions qu’une œuvre d’art — livre de prose, poème, statue ou tableau — n’est belle, n’est émouvante, n’est vivante, qu’à la condition qu’elle vienne de la vie, des sources mêmes de la vie, et qu’elle reste dans la vie ! […] … Figure-toi, que j’avais appris à copier Les Noces de Cana, du sublime Véronèse… Et j’étais arrivé à les si bien avoir dans la main, ces sacrées Noces de Cana, que j’en faisais, chaque semaine, dans ma chambre, sans modèle, cinq copies exactes, et comme en me jouant… Je les vendais dix francs, à un marchand de tableaux de la rue Lepic… Je le vois encore, d’ici, tout petit et très gros, avec une barbe courte et grise, et des lunettes noires. […] … On l’ignore… Mais il ne l’est point… Et ce qu’on ignore encore plus, c’est ceci : Nous avons des musées et des jardins publics, dont nous sommes très fiers, et où se trouvent, dans les musées, des tableaux, et, dans les jardins, des statues… Il arrive que ces tableaux et ces statues représentent des femmes nues… Il est permis, il est décent, il est même extrêmement moral et instructif que nous allions au Louvre et que nous y admirions ces personnes nues, que nous nous promenions dans les jardins et que nous nous régalions l’œil au spectacle des statues nues… Non seulement cela est moral, cela est gratuit… Mais si ces mêmes personnes nues du Louvre, et ces mêmes statues nues des Tuileries, nous nous avisons de les reproduire, par le dessin, dans un journal, elles deviennent, subitement et mystérieusement, immorales… et, nous, nous tombons sous le coup des lois… Voilà une chose qu’il serait important d’élucider… Pour mon compte, je demande, je supplie qu’on m’explique comment il se fait, comment il se peut faire, qu’une chose morale devienne immorale dans le trajet du Louvre au journal ! […] toutes étaient sous le même charme angoissant ; toutes avaient au cœur la même émotion, et, durant les trois derniers tableaux, toutes pleuraient les mêmes larmes… Par conséquent, je ne me trompais pas d’être ému à ce point… Mon admiration et mon émotion n’étaient point les dupes de mon amitié… Cela était ainsi. […] Et s’il ne ressemble pas aux brutes forcenées, aux criminels iconoclastes, brûleurs de tableaux, démolisseurs de statues, qui ne peuvent comprendre que l’Art et que la Philosophie rompent les cercles étroits des frontières et débordent sur toute l’humanité, il sait, croyez-moi, quand il le faut, se « faire casser la gueule » sur un champ de bataille, comme les autres et mieux que les autres.

1673. (1908) Promenades philosophiques. Deuxième série

On a donc dressé des tableaux où l’on peut trouver la teneur en albuminoïdes, hydro-carbones, graisses, sels minéraux et eau, des différents aliments, utilisés par l’homme. […] Maintenant, faut-il prendre au sérieux tous ces tableaux ? […] A s’en référer aux tableaux de M.  […] Alquier nous ont donné de curieux tableaux montrant à la fois le prix des aliments ordinaires et leur valeur nutritive. […] Voir le tableau chronologique de l’histoire de la terre, dans L. de Launay, Histoire de la terre, 1906.

1674. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Camille Jordan, et Madame de Staël »

Son action, pendant les mois qui suivirent, soit dans les assemblées sectionnaires, soit dans les missions qui lui furent confiées au dehors pour rallier à la ville les provinces voisines, ne nous est connue et indiquée que d’une manière fort générale : il est bien à regretter qu’il n’ait pas pris soin de laisser un récit de ce mémorable épisode révolutionnaire ; nul témoin n’était plus propre à nous en présenter un tableau fidèle autant qu’émouvant. […] Cet écrit sur le consulat à vie est nécessaire pour juger tout Camille… » J’ajouterai que ce même écrit est nécessaire aussi dans une histoire politique du consulat pour qu’il n’y ait pas lacune ; il y manquerait, si l’on ne l’y faisait entrer comme une ombre au tableau. […] Ce sujet semble faire le complément de celui qui a été proposé pour le dernier prix de la deuxième classe de l’Institut ; il achève le tableau de la littérature du XVIIIe siècle.

1675. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Mémoires du général La Fayette (1838.) »

Je serai pour mes amis plein de vie, et pour le public une espèce de tableau de muséum ou de livre de bibliothèque. » Jamais, sans doute, son cœur ne se sentit plus jeune ; les excès qui ont dégoûté de la liberté les demi-amateurs, étant encore plus opposés à cette sainte liberté que le despotisme, ne l’ont pas guéri, lui, de son idéal amour ; mais il apprécie la société, son égoïsme, son peu de ressort généreux. […] Je doute peu qu’elle ne parvienne à se délivrer du joug étranger ; mais le résultat de mes observations ne m’autorise pas à espérer que ces provinces soient capables d’établir et de conserver un gouvernement libre… » Et il continue l’exposé vrai du tableau. […] Après un tableau du règne de la Terreur, Sieyès ajoutait : « Que faire, encore une fois, dans une telle nuit ?

1676. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre III. La critique et l’histoire. Macaulay. »

Cette évocation de l’histoire, de la gloire et de la constitution nationale forme un tableau d’un genre unique. L’espèce de patriotisme et de poésie qu’elle révèle est le résumé du talent de Macaulay ; et le talent, comme le tableau, est tout anglais. […] Je porterai volontiers le reproche d’être descendu au-dessous de la dignité de l’histoire, si je réussis à mettre sous les yeux des Anglais du dix-neuvième siècle un tableau vrai de la vie de leurs ancêtres1382. » Il a tenu parole.

1677. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLe entretien. L’homme de lettres »

XI Le tableau de l’innocence de la jeunesse et de l’amour, qui s’ignore lui-même, continue en mille teintes sans jamais se lasser ; il se renouvelle comme la séve des arbustes à chaque saison. […] Gardez-vous bien de retrancher le dialogue du vieillard ; il jette dans le poëme de la distance et du temps ; il sépare les détails de l’enfance du récit de la catastrophe, et donne de l’air et de la perspective au tableau: c’est une inspiration de l’avoir placé là ! […] En rentrant chez lui, il ajouta cette jolie scène à sa pastorale ; et ceci est un trait caractéristique de ce génie observateur: il ne savait décrire que ce qu’il avait vu ; mais quelle riante imagination ne fallait-il pas pour voir dans les jeux de deux enfants du faubourg Saint-Marceau un tableau digne du pinceau de l’Albane !

1678. (1928) Les droits de l’écrivain dans la société contemporaine

Entre tant d’exemples, je ne citerai que celui-ci : ne devrait-on pas créer un droit de suite pour la vente des lettres autographes, droit analogue au droit de suite qui existe, depuis peu d’années il est vrai, sur les ventes de tableaux ? […] Chez les peintres, ce n’est d’ailleurs que d’une partie minime de la hausse d’un tableau qu’ils bénéficient. […] On aurait trouvé naturel que le propriétaire de la Joconde, s’il avait désiré transformer ce tableau en celui d’un ancêtre de sa famille, lui ajoutât des moustaches et une barbe28.

1679. (1932) Le clavecin de Diderot

Le qualificatif, d’allure à la fois évangélique et chimique, signifiait qu’on avait entendu miser sur plusieurs tableaux. […] Avant l’apothéose masochiste, il y a eu, certes, quelques divertissements, ce que les Français nomment bagatelles de la porte : flirt baptismal avec saint Jean-Baptiste, petite toilette intime et parfumée des mains des Saintes femmes, et surtout, la Cène avec le pain (et le pain long, on sait ce qu’il peut représenter et on sait aussi que, jamais, les peintres qui firent de ce repas, tant de tableaux célèbres, n’ont posé, sur la table, des petits pains fendus, symboliques, eux, du sexe féminin). […] Elle est la route entre les éléments d’un monde que des nécessités temporelles d’étude avaient isolés, la route qui mène à ces bouleversantes rencontres dont témoignent les tableaux et collages de Dali, Ernst, Tanguy. […] Quatrain inspiré du tableau éponyme de Manet.

1680. (1894) Études littéraires : seizième siècle

Le tableau de la langue de la littérature française au xvie  siècle de MM.  […] Ce roi emprisonné par la peur, se hérissant de gardes et de broussailles de fer aux murailles, l’encageur encagé par lui-même, fait un tableau à la Tacite admirable en sa simplicité : « Est-il possible de tenir roi pour le garder honnêtement en plus étroite prison que lui-même se tenait ? […] Voyez encore, sobre et serrée, mais d’un relief si net, la description de Venise ; et pour savoir comment Commynes fait le « tableau », la scène de Mademoiselle de Bourgogne au milieu du peuple de Gand qui veut faire mourir le chancelier Hugo net et le seigneur de Hambercourt. […] Ces deux tableaux opposés l’un à l’autre, et cette enfance échappée, et cette première adolescence recueillie sous la lampe, et ce vieux poète sifflant son petit sansonnet, tout cela est bien joli et d’un ton bien fin. […] Et c’est ainsi, sans y songer peut-être, et comme sans y toucher, qu’il a fait cependant, avec si peu de personnages, presque un tableau complet de la race française.

1681. (1890) Les princes de la jeune critique pp. -299

Il n’irait sans doute pas jusqu’à écrire comme Jérôme Paturot, devenu critique par occasion : « J’ai à vous parler d’un mélodrame en dix-huit tableaux ; mais auparavant je vous demanderai la permission de vous entretenir de mon serin. — Quoi ! […] Il n’est encore qu’à demi satisfait par un tableau curieux de quelque coin du monde, par une peinture exacte de telle ou telle partie de la société. […] J’ose même dire que le tableau tracé par lui s’est trouvé plus vrai le lendemain de ses articles que la veille. […] Ai-je la prétention de lui apprendre qu’il a tracé un tableau incomplet des états d’âme de la génération dont il fait partie ? […] Aussi procède-t-il par comparaisons ou par tableaux qui parlent aux yeux.

1682. (1904) Le collier des jours. Souvenirs de ma vie

Cette image encadrée d’une bande de bois blanc, était drôlement placée dans ce coin, bien qu’elle fût le seul tableau du logis. […] En attendant, je contemplais le mystérieux tableau, immobile et muet pour le moment. […] Les tantes en parlaient sans cesse, de ce château de Maupertuis ; l’abbé avait été le parrain de Zoé, et, quand elles étaient fillettes, elles avaient souvent passé leurs vacances chez le parrain, avec mon père, qui a laissé comme souvenir dans la petite église de Maupertuis un tableau représentant Saint-Pierre, qui décore aujourd’hui encore, peut-être, le maître-autel. […] … Il me donna aussi un salon, formé d’un paravent rose et or, où s’enchâssaient des glaces, alternant avec des tableaux, d’un mobilier mignon et de deux belles dames qui se rendaient visite. […] Ce n’est que bien longtemps plus tard que j’ai découvert que l’on m’avait trompée, que ce tableau ne représentait pas la fontaine de Vaucluse, mais la Fontaine d’Amour, chose impossible à révéler à une petite fille !

1683. (1905) Études et portraits. Portraits d’écrivains‌ et notes d’esthétique‌. Tome I.

Le tableau, scrupuleux jusqu’à la minutie, des mœurs les plus violemment contraires à cette pure et fière existence d’un jeune Faust emprisonné dans sa cellule. […] Ce quelque chose est un livre ou bien un tableau, un dogme de religion ou une hypothèse de métaphysique. […] De là aussi leur travail pour donner à chaque vocable une valeur de position, car les mots placés les uns à côté des autres se modifient par réciprocité, comme les couleurs dans un tableau. […] Mon homme regardait ce coin de Paris au lieu de regarder les tableaux : — « Vous lorgnez une jolie fille ? […] Il disait : — « C’est la dixième fois au moins que je rends visite à ces tableaux.

1684. (1829) Tableau de la littérature du moyen âge pp. 1-332

Ce tableau incomplet de ses desseins et de ses actes n’est pas son apothéose. […] Ce fait incontestable nous servira de lien pour réunir les diverses parties du tableau de l’Europe littéraire, au moyen âge. […] Tout cela, messieurs, fait partie de ce tableau du moyen âge, où tant de mouvement et d’activité entreprenante se mêlait à tant d’ignorance et d’inhabileté. […] Les embarras de l’expédition, les jalousies, les divisions de tant de chefs ambitieux, tout cela forme un tableau naïvement retracé. […] Ainsi se touchent les diverses parties du tableau que nous avons à retracer.

1685. (1848) Études sur la littérature française au XIXe siècle. Tome III. Sainte-Beuve, Edgar Quinet, Michelet, etc.

Si vous prenez une à une les images et les tableaux de ce livre, il en est peu dont vous ne soyez charmé.

1686. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Mézeray. — II. (Fin.) » pp. 213-233

Au commencement du règne de Charles IX (1560), lors de la tenue des États à Pontoise, puis à Saint-Germain, Mézeray fait un tableau des plus animés et des mieux définis de l’air de la Cour à ce moment et des dispositions diverses qui partageaient les esprits par tout le royaume : Or, comme l’exemple du prince transforme toute la Cour, et que le reste de l’État se règle sur elle, la reine mère penchant du côté des huguenots pour récompense de la faveur qu’elle avait reçue de l’Amiral, le calvinisme était la religion à la mode, et il semblait que celle de l’Église romaine eût une vieille robe qui ne fût plus en usage que pour les bonnes gens.

1687. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gibbon. — I. » pp. 431-451

Durant les saisons qu’il passait à Buriton, résidence de campagne de son père, il dérobait le plus d’heures qu’il pouvait aux devoirs de la société et aux obligations du voisinage : « Je ne touchais jamais un fusil, je montais rarement à cheval ; et mes promenades philosophiques aboutissaient bientôt à un banc à l’ombre, où je m’arrêtais longtemps dans la tranquille occupation de lire ou de méditer. » Le sentiment de la nature champêtre n’est pas étranger à Gibbon ; il y a dans ses Mémoires deux ou trois endroits qui prêtent à la rêverie : le passage que je viens de citer, par exemple, toute cette page qui nous rend un joli tableau de la vie anglaise, posée, réglée, studieuse.

1688. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Bourdaloue. — II. (Fin.) » pp. 281-300

Ajoutez comme fond du tableau la cour de Louis XIV, telle qu’elle se dessinait à cette heure aux yeux d’un chrétien, Mme de La Vallière pâlissante, mais non encore éclipsée, à côté de Mme de Montespan déjà radieuse ; Molière, au comble de sa faveur et de son art, et se permettant toutes les hardiesses, pourvu qu’il amusât.

1689. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — II. (Suite.) » pp. 434-453

Qu’il se glisse dans ses calculs la moindre erreur, et les plus heureuses combinaisons de stratégie sont manquées, des foules de braves périssent en pure perte, la patrie même peut devenir victime d’une seule de ses fautes… Et il continue cette définition et ce tableau en l’élevant à toute sa hauteur.

1690. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « De la poésie de la nature. De la poésie du foyer et de la famille » pp. 121-138

Le fond de son commerce, où il entrait du sens, de l’équité et des qualités sûres, était « d’une sécheresse et d’une aridité singulières. » Deux ou trois dîners chez Mlle Quinault, qui nous le montrent en gaieté et en veine d’enthousiasme, accusent en même temps et convainquent cet enthousiasme de ne se monter que pour des objets et des tableaux d’une sensibilité toute physique et toute sensuelle : il ne croit ni à la chasteté ni à la pudeur, ni à aucune religion, et ne fait pas même grâce à la religion naturelle : — « Pas plus celle-là que les autres », s’écrie-t-il.

1691. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — I » pp. 93-111

[NdA] Voici cet incroyable portrait du laquais, digne du Roman comique de Scarron ou d’un tableau d’auberge hollandaise.

1692. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Divers écrits de M. H. Taine — I » pp. 249-267

Il est peu de pages plus belles que celles qu’il a consacrées à décrire ce qu’on voit du haut du Bergonz, montagne située derrière Luz, et qui est fort bien placée pour servir de belvédère sur l’ensemble des Pyrénées ; c’est le point central du livre et du tableau : Quelle vue !

1693. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Le journal de Casaubon » pp. 385-404

Casaubon, à la veille de cette séance et quand il en sut l’objet, était dans les transes, et il nous a laissé un tableau fidèle de ses fluctuations douloureuses : Mon esprit est en proie à une incroyable inquiétude, ne sachant que faire, ne voulant point offenser Dieu, ni, sans de graves raisons, paraître refuser obéissance au roi.

1694. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset, professeur d’histoire au lycée Bonaparte. »

Saint-Simon, qui n’avait pas eu le temps de connaître Louvois, ne lui en. voulait pas moins personnellement comme au grand niveleur qui avait mis au pas la noblesse dans les armées, qui l’avait réduite à l’égalité dans l’obéissance et la discipline, avait assujetti les plus grands seigneurs (sauf les seuls princes du sang) à débuter par porter le mousquet et à faire le service comme les plus simples gardes, puis, les grades venus, à ne tenir de leur naissance aucune prérogative et à ne figurer qu’à leur rang selon l’ordre du tableau.

1695. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Maurice et Eugénie de Guérin. Frère et sœur »

Plongé dans la réalité, il est l’opposé du dilettante, et ne donnera jamais trente sous du plus magnifique tableau de paysage.

1696. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Le père Lacordaire. Les quatre moments religieux au XIXe siècle, (suite et fin.) »

L’historien du Consulat et de l’Empire a tracé lui-même un tableau qui est dans toutes les mémoires.

1697. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Mémoires de l’abbé Legendre, chanoine de Notre-Dame, secrétaire de M. de Harlay, archevêque de Paris. »

Il y a dans sa vie ecclésiastique et politique assez de faits importants, d’actes de premier ordre, pour mériter examen, analyse et tableau.

1698. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Oeuvres inédites de la Rochefoucauld publiées d’après les manuscrits et précédées de l’histoire de sa vie, par M. Édouard de Barthélémy. »

On n’attache pas des étiquettes de la dernière platitude aux tableaux des maîtres.

1699. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni (suite et fin.) »

Mais j’ai vu en Angleterre d’admirables tableaux, etc. » Cet éloge de Charlet s’applique bien aux dessins de Gavarni, tant qu’il fut le chroniqueur malin et gracieux du monde élégant et de la jeunesse : une seconde manière viendra, que ne soupçonnait pas Charlet.

1700. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Le maréchal de Villars. »

Pour comprendre un tableau et se bien représenter le genre de talent qui l’a conçu et exécuté, on n’est pas un peintre ; pour comprendre l’idée et l’exécution d’une action de guerre, on n’est pas un général : on reste un critique ; l’essentiel est de l’être avec le plus d’ouverture autour de soi et le plus d’étendue qu’on le peut.

1701. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Histoire de Louvois par M. Camille Rousset. Victor-Amédée, duc de Savoie. (suite et fin.) »

Cet écran est d’une grandeur médiocre : du côté du tableau, c’est Madame Royale peinte en miniature, très ressemblante, environ grande comme la main, accompagnée des Vertus, avec ce qui la fait reconnaître : cela fait un groupe fort beau et fort charmant.

1702. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise, par M. Taine, (suite et fin.) »

Certains hommes, ajoute-t-il, comme certains tableaux, sont plus faits pour garder un coin que pour se montrer dans un plein jour. » Il se comptait lui-même de ce nombre ; charmant dans la conversation privée, pas plus que Nicole ou que M. de La Rochefoucauld il n’aurait pu aborder le discours public.

1703. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Mémoires de madame Roland »

. : c’est à Rarère effrayé et qui vient de tracer de la situation un tableau très sombre, qu’il répond : Avant de m’expliquer sur ces grands intérêts, Je dois de ce récit adoucir quelques traits.

1704. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Exploration du Sahara. Les Touareg du Nord, par M. Henri Duveyrier. »

La géographie physique des lieux parcourus, la géologie, la météorologie, les productions minérales, la flore, si l’on ose parler ainsi, la faune, sont la matière d’autant de chapitres et de tableaux ; puis l’on passe au moral des peuples qui se meuvent dans ce cadre inflexible et sous ce climat impérieux : les centres commerciaux, les centres religieux, puis les mœurs des Touareg en particulier, leurs origines probables, leur histoire (si histoire il y a), leur constitution, leur vie politique et intérieure, tout vient par ordre et en son lieu.

1705. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. »

Jules Cousin, en ne se donnant que pour un compilateur, est le peintre qui se cache derrière ce tableau tout composé de pièces industrieusement rapportées et qui s’ajustent.

1706. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE DURAS » pp. 62-80

Les souvenirs de cette émigration, du séjour en Angleterre, de la mort du roi, composaient en elle un fond de tableau ; elle y revenait souvent et aimait à les retracer.

1707. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVe entretien. Littérature grecque. L’Iliade et l’Odyssée d’Homère » pp. 31-64

Mais le grand poète, d’après ce que je viens de dire, ne doit pas être doué seulement d’une mémoire vaste, d’une imagination riche, d’une sensibilité vive, d’un jugement sûr, d’une expression forte, d’un sens musical aussi harmonieux que cadencé ; il faut qu’il soit un suprême philosophe, car la sagesse est l’âme et la base de ses chants ; il faut qu’il soit législateur, car il doit comprendre les lois qui régissent les rapports des hommes entre eux, lois qui sont aux sociétés humaines et aux nations ce que le ciment est aux édifices ; il doit être guerrier, car il chante souvent les batailles rangées, les prises de villes, les invasions ou les défenses de territoires par les armées ; il doit avoir le cœur d’un héros, car il célèbre les grands exploits et les grands dévouements de l’héroïsme ; il doit être historien, car ses chants sont des récits ; il doit être éloquent, car il fait discuter et haranguer ses personnages ; il doit être voyageur, car il décrit la terre, la mer, les montagnes, les productions, les monuments, les mœurs des différents peuples ; il doit connaître la nature animée et inanimée, la géographie, l’astronomie, la navigation, l’agriculture, les arts, les métiers même les plus vulgaires de son temps, car il parcourt dans ses chants le ciel, la terre, l’océan, et il prend ses comparaisons, ses tableaux, ses images, dans la marche des astres, dans la manœuvre des vaisseaux, dans les formes et dans les habitudes des animaux les plus doux ou les plus féroces ; matelot avec les matelots, pasteur avec les pasteurs, laboureur avec les laboureurs, forgeron avec les forgerons, tisserand avec ceux qui filent les toisons des troupeaux ou qui tissent les toiles, mendiant même avec les mendiants aux portes des chaumières ou des palais.

1708. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Alphonse Daudet, l’Immortel. »

J’aimerais que l’éreintement se fît uniquement par le récit et les tableaux, et que la morale s’en dégageât d’elle-même.

1709. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre XI. L’antinomie sociologique » pp. 223-252

Il y a l’idéologie solidariste qui consiste à voiler l’antagonisme foncier qui fait de chaque individu l’ennemi de tous les autres, pour déployer à nos yeux la solidarité qui les relie ; solidarité réelle assurément, mais qui n’est qu’un des côtés du tableau : côté qu’on se plaît à mettre seul en lumière, en laissant l’autre côté dans une ombre prudente.

1710. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Pensées, essais, maximes, et correspondance de M. Joubert. (2 vol.) » pp. 159-178

Ces portions que j’appelle vraiment belles et inexpugnables, ce sera René, quelques scènes d’Atala, le récit d’Eudore, la peinture de la campagne romaine, de beaux tableaux dans l’Itinéraire ; des pages politiques et surtout polémiques s’y joindront.

1711. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand. (Berlin, 1846-1850.) » pp. 144-164

L’auteur ne s’y borne pas à l’ensemble des opérations stratégiques, il embrasse le tableau des cours de l’Europe durant ce laps de temps.

1712. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Florian. (Fables illustrées.) » pp. 229-248

Quelques biographes ont fait, des promenades du jeune Florian avec son grand-père, un tableau sentimental, une idylle ; Florian, dans ses Mémoires, en parle beaucoup plus légèrement.

1713. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Nouveaux documents sur Montaigne, recueillis et publiés par M. le docteur Payen. (1850.) » pp. 76-96

Et élevant de plus en plus sa pensée et son cœur, réduisant sa propre souffrance à ce qu’elle est dans l’immense sein de la nature, s’y voyant non plus seulement soi, mais des royaumes entiers, comme un simple point dans l’infini, il ajoute en des termes qui rappellent d’avance Pascal, et dont celui-ci n’a pas dédaigné d’emprunter le calque et le trait : Mais qui se représente comme dans un tableau cette grande image de notre mère nature en son entière majesté : qui lit en son visage une si générale et constante variété ; qui se remarque là-dedans, et non soi, mais tout un royaume, comme un trait d’une pointe très délicate, celui-là seul estime les choses selon leur juste grandeur.

1714. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame de Maintenon. » pp. 369-388

Elle a tracé, de sa gêne et de son esclavage au milieu de sa grandeur, des tableaux qui sont sincères et qui donnent presque de la pitié pour elle.

1715. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La princesse des Ursins. Lettres de Mme de Maintenon et de la princesse des Ursins — II. (Suite et fin.) » pp. 421-440

Le récit de la joie causée à Marly par la nouvelle de la victoire d’Almanza est à lui seul un vivant tableau.

1716. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le duc d’Antin ou le parfait courtisan. » pp. 479-498

J’ai vu tous ces événements comme dans un tableau : j’ai ressenti les mouvements de la nature, j’ai pleuré mon fils amèrement, j’ai regretté très sincèrement Mme la Dauphine ; les malheurs à venir de ma patrie m’ont touché ; j’ai été attendri de l’horreur d’un spectacle comparable à rien : voilà tout ; je n’ai rien changé à ma conduite.

1717. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame Sophie Gay. » pp. 64-83

mon amie, le monde est partout le même ; il n’y a que la différence d’une miniature à un tableau. » Il y eut là une interruption dans la vie littéraire de Mme Gay9.

1718. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — III. (Suite et fin.) » pp. 242-260

En rabattant de l’exaltation bien naturelle à un vieillard, plein d’imagination, qui se souvient de son plus beau moment de gloire, on sent en plus d’un passage l’accent de la conviction et d’une sincérité persuasive Beaumarchais, dans ses souvenirs, oubliait sans doute bien des détails qui eussent apporté de l’ombre au tableau, mais il avait raison en parlant de cet intérêt public, de cet aspect patriotique et général sous lequel avait toujours eu soin de placer et de voir même son intérêt particulier.

1719. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Paul-Louis Courier. — I. » pp. 322-340

Laissez-le en jouir à souhait et sans dessein ; il nous en rendra ensuite avec pureté et lumière quelque fragment de tableau.

1720. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « L’abbé Barthélemy. — I. » pp. 186-205

Dans un tableau qu’on tracerait de la société et des salons au xviiie  siècle, il se présenterait comme le type le plus accompli de l’abbé érudit et mondain, ayant tous les avantages que ce titre suppose, et les payant par ses bons offices et ses agréments.

1721. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — II. (Fin.) » pp. 246-265

On a un tableau ironique comme en aurait pu tracer un Philippe de Commynes, et il le termine par ces considérations si dignes de lui, de l’homme resté, en tout temps, royal : Je reconnus en cette occasion que tout parti composé de plusieurs corps qui n’ont aucune liaison que celle que leur donne la légèreté de leurs esprits…, n’a pas grande subsistance ; que ce qui ne se maintient que par une autorité précaire n’est pas de grande durée ; que ceux qui combattent contre une puissance légitime sont à demi défaits par leur imagination ; que les pensées qui leur viennent, qu’ils ne sont pas seulement exposés au hasard de perdre la vie par les armes, mais, qui plus est, par les voies de la justice s’ils sont pris, leur représentant des bourreaux au même temps qu’ils affrontent les ennemis, rendent la partie fort inégale, y ayant peu de courages assez serrés pour passer par-dessus ces considérations avec autant de résolution que s’ils ne les connaissaient pas.

1722. (1911) Jugements de valeur et jugements de réalité

Il en va tout autrement quand je dis : cet homme a une haute valeur morale ; ce tableau a une grande valeur esthétique ; ce bijou vaut tant.

1723. (1824) Discours sur le romantisme pp. 3-28

Parce que l’imagination aime à achever les tableaux qu’on lui présente, faut-il que des descriptions poétiques ressemblent à ces figures indécises et changeantes que les nuages offrent à nos yeux ?

1724. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Macaulay »

Drapée de comparaisons merveilleuses et qui sont bien plus que des images, car ce sont presque des tableaux, cette critique savante, éclatante, artiste, ornée sans être surchargée, orientale d’éclat, comme un châle de Cachemire semé d’arabesques, a le bon sens aussi, qui mêle sa solidité aux splendeurs de sa trame… Je ne sais pas de quelle race descend Macaulay, mais il a ce bon sens normand qui vainquit à Hastings, et qui s’est coulé, pour les calmer, dans les veines saxonnes de la sanguine Angleterre.

1725. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Ernest Renan »

Idée prodigieusement comique, qui ne pouvait pousser que dans une tête du xixe  siècle, par ce temps d’Écoles descriptives et d’amateurs de tableaux.

1726. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « Brizeux. Œuvres Complètes »

Malheureusement, pourquoi faut-il que dans cette idylle élégiaque de Marie l’unité de sentiment ne soit pas plus respectée que l’unité de composition, et qu’entre deux tableaux d’un amour naïf, dans un pays fruste, il nous tombe tout à coup sur la tête un Hymne à la Beauté, dédié à M. 

1727. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Jean Richepin »

Mais s’ils l’avaient exprimée, cette poésie de la Pauvreté, ce n’avait guères été qu’en passant, par traits détachés, par éclairs, en quelques groupes ou en quelques têtes flambant de génie, dans un coin de livre ou de tableau… Qui les avait vues, ces têtes, les avait contemplées ; qui les avait contemplées ne pouvait plus les oublier.

1728. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre II : M. Royer-Collard »

Il est clair que les idées sont représentatives, que j’ai eu en moi un simulacre de la forêt, que mon esprit a la propriété de prendre toutes sortes d’apparences, et que je puis apercevoir en lui comme dans un miroir ou dans un tableau, tantôt véridique, tantôt infidèle, les objets qu’en cet instant je ne vois pas.

1729. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre III : M. Maine de Biran »

Quand un beau tableau est brûlé, sa beauté ne subsiste plus.

1730. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVI. Des oraisons funèbres et des éloges dans les premiers temps de la littérature française, depuis François Ier jusqu’à la fin du règne de Henri IV. »

En effet, qu’on suppose un orateur doué par la nature de cette magie puissante de la parole, qui a tant d’empire sur les âmes et les remue à son gré ; qu’il paraisse aux yeux de la nation assemblée pour rendre les derniers devoirs à Henri IV ; qu’il ait sous ses yeux le corps de ce malheureux prince ; que peut-être, le poignard, instrument du parricide, soit sur le cercueil et exposé à tous les regards ; que l’orateur alors élève sa voix, pour rappeler aux Français tous les malheurs que depuis cent ans leur ont causés leurs divisions et tous les crimes du fanatisme et de la politique mêlés ensemble ; qu’en commençant par la proscription des Vaudois et les arrêts qui firent consumer dans les flammes vingt-deux villages, et égorger ou brûler des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants, il leur rappelle ensuite la conspiration d’Amboise, les batailles de Dreux, de Saint-Denis, de Jarnac, de Montcontour, de Coutras ; la nuit de la Saint-Barthélemi, l’assassinat du prince de Condé, l’assassinat de François de Guise, l’assassinat de Henri de Guise et de son frère, l’assassinat de Henri III ; plus de mille combats ou sièges, où toujours le sang français avait coulé par la main des Français ; le fanatisme et la vengeance faisant périr sur les échafauds ou dans les flammes, ceux qui avaient eu le malheur d’échapper à la guerre ; les meurtres, les empoisonnements, les incendies, les massacres de sang-froid, regardés comme des actions permises ou vertueuses ; les enfants qui n’avaient pas encore vu le jour, arrachés des entrailles palpitantes des mères, pour être écrasés ; qu’il termine enfin cet horrible tableau par l’assassinat de Henri IV, dont le corps sanglant est dans ce moment sous leurs yeux ; qu’alors attestant la religion et l’humanité, il conjure les Français de se réunir, de se regarder comme des concitoyens et des frères ; qu’à la vue de tant de malheurs et de crimes, à la vue de tant de sang versé, il les invite à renoncer à cet esprit de rage, à cette horrible démence qui, pendant un siècle, les a dénaturés, et a fait du peuple le plus doux un peuple de tigres ; que lui-même prononçant un serment à haute voix, il appelle tous les Français pour jurer avec lui sur le corps de Henri IV, sur ses blessures et le reste de son sang, que désormais ils seront unis et oublieront les affreuses querelles qui les divisent ; qu’ensuite, s’adressant à Henri IV même, il fasse, pour ainsi dire, amende honorable à son ombre, au nom de toute la France et de son siècle, et même au nom des siècles suivants, pour cet assassinat, prix si différent de celui que méritaient ses vertus ; qu’il lui annonce les hommages de tous les Français qui naîtront un jour ; qu’en finissant il se prosterne sur sa tombe et la baigne de ses larmes : quelle impression croit-on qu’un pareil discours aurait pu faire sur des milliers d’hommes assemblés, et dans un moment où le spectacle seul du corps de ce prince, sans être aidé de l’éloquence de l’orateur, suffisait pour émouvoir et attendrir ?

1731. (1885) Les étapes d’un naturaliste : impressions et critiques pp. -302

En terminant ce rapide tableau, Menendez Pelayo établit qu’il ne faut point désespérer de la poésie. […] Souvenirs d’Hernani, scène délicieuse où l’épousée, au bras du bravo, traverse la foule des gentilshommes et des dames, qu’ils chassent par leur arrivée, pour venir jusqu’à la porte de la chambre nuptiale, chaste tableau d’un amour dont la virginité expire devant l’ardeur permise, voilà Margarita. […] Seulement, comme tous les poètes, il est un sensitif qui se plaît à donner une forme artistique à ses impressions : un coin de nature, un tableau entrevu au Salon, un marbre, une page de poète étranger lui sont des sujets de rêve, et son rêve n’est jamais infécond. […] Dès lors, — et on comprend que dans ce tableau à grands traits il me soit nécessaire d’omettre d’intéressantes et curieuses personnalités, — dès lors, le théâtre s’établit en maître dans les mœurs à Aix, à Béziers, à Toulouse. […] « Si quelque jour, affirmait, vers le même temps, Mme Pardo Bazan, dans son beau livre la Cuestion palpitante, si quelque jour les thèmes de la Tierruca s’épuisent pour lui, — danger qui n’est point imminent pour un esprit de la trempe de Pereda, il sera contraint de renoncer à ses tableaux locaux favoris, de chercher de nouvelles voies.

1732. (1848) Études critiques (1844-1848) pp. 8-146

Ce n’est pas que nous prétendions ici nous montrer méprisants pour l’exactitude descriptive ; il est tel tableau tracé de la main de M. de Balzac par exemple, qui est loin de nous sembler indigne d’intérêt, mais ces effets que l’on a raison d’employer dans le roman, ne sont pas trop bien à leur place dans tout ce qui doit être plus près de l’art. […] Étudiant plutôt le dessous que le dessus, amenant sous nos yeux les hommes et les femmes du temps de Périclès ou de Marc Antoine et nous les faisant connaître tels que les institutions sociales et les mœurs les avaient modifiés ; en un mot nous donnant un tableau dans le goût de cette scène de sorcellerie antique, qui forme une des plus belles parties du second Faust. […] Faire un tableau, produire un livre, ce sont deux résultats bien différents.

1733. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre VI. La parole intérieure et la pensée. — Second problème leurs différences aux points de vue de l’essence et de l’intensité »

Il n’y a d’exception à faire que pour certaines idées d’une haute abstraction, comme la nécessité, la loi, l’histoire, le fatalisme, le scepticisme, non que ces idées soient toujours dénuées dans l’esprit de toute image visuelle ; mais ces images, quand elles existent, ne sont pas directement représentatives ; elles sont symboliques, c’est-à-dire empruntées à des idées accessoires de l’idée principale ou à des souvenirs associés à cette idée par un lien d’ordinaire assez faible ; ainsi quand l’idée de l’histoire éveille en nous l’image d’une Muse de l’histoire d’après une gravure ou un tableau. […] Ce qui a subsisté, ce qui subsistera toujours de l’idéographie primitive, c’est le dessin : à toutes les époques, un livre complet et qui dit bien ce qu’il veut dire est un livre orné de figures ; de même, une leçon de science est imparfaite sans des figures tracées sur un tableau ; d’une manière générale, on n’instruit bien que si l’on parle aux yeux en même temps qu’aux oreilles277. […] L’esprit est moins vivement touché de ce qui lui est transmis par l’oreille que des tableaux offerts au rapport fidèle des yeux (v. 180-181) et perçus sans intermédiaire par le spectateur (v. 182).

1734. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

« Le plus beau tableau qui n’est pas dans son jour, ne frappe point. […] » « Térence ajoute : Quelle salutaire leçon pour la jeunesse dans un pareil tableau !  […] Pourquoi copier ces tableaux sur lesquels, l’instant d’après il vous faudra nécessairement jeter un voile ? […] Entrez, la maison est ouverte, l’appartement est dans ce savant et heureux désordre qui indique un brave homme : des oiseaux qui chantent, des fleurs qui fleurissent, des tableaux et des marbres, des livres qui murmurent leurs plus nobles pensées, des pauvres à la porte, et qui s’en vont les mains pleines, l’âme consolée. […] Cette comédie de Boissy, L’Homme du jour, écrite avec peu de soin, ou, si vous l’aimez mieux, peu de style, mérite cependant de rester au théâtre comme un tableau assez fidèle de cette belle société qui n’est plus.

1735. (1891) Enquête sur l’évolution littéraire

Me pardonnera-t-on de présenter en un tableau cette récréation anodine dont le lecteur pourra, pour s’amuser à son tour, vérifier la justesse. […] On aurait dû, chez Vanier, le portraire en saint Georges transfixant (comme en un nouveau tableau du Louvre) un crocodile verdâtre et baveux. […] Ce tableau représentait une scène de lupanar : sur un fond rouge, quelques femmes nues, en bas et jarretières, liées par les bras, se cambraient en corbeille devant le vieux Monsieur de Forain. […] Ils ont entrepris de décomposer la sensation comme les impressionnistes tentent en leurs tableaux de décomposer la lumière. […] Geffroy ralentit un instant le pas, me fit remarquer ce tableau, cette foule, les silhouettes qui passaient sur les ponts et au long du canal, dans la lumière du soir, et ajouta : — Tenez, voilà la vie et l’art.

1736. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome IV pp. -328

Sur la table, est un petit tableau où l’on lit Chin-Ouëi ; ce qui veut dire siège de l’ame. […] Des vues sublimes & utiles, une marche hardie, la dialectique la plus juste, beaucoup de tableaux frappans, un stile nerveux, une philosophie mâle, l’amour des arts & de l’humanité ; voila ce qui caractérise le discours préliminaire auquel l’auteur doit en partie sa grande réputation. […] L’auteur y fait le tableau des supercheries & des débauches attribuées aux moines. […] D’un autre côté, on peut dire, en faveur de l’Arioste, & pour l’honneur de ses partisans, que cet auteur a l’imagination la plus enjouée & la plus féconde ; que son coloris est partout vif & brillant ; qu’on reconnoît la nature dans tous ses tableaux, même dans ceux qui paroissent le plus s’en éloigner. […] Voici d’abord le tableau que l’auteur fait des rits Malabares.

1737. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Gabriel Naudé »

Les amateurs de tableaux en mettent toujours dans leur cabinet ; il faut qu’un connaisseur en livres en mette dans sa bibliothèque. » Nulle part ce que j’appellerai l’idéal du vieux livre renfrogné, l’idéal du bouquin, n’a été mieux exprimé qu’en cette page heureuse ; mais M.  […] Naudé, si enfoui par le reste de ses œuvres, garde du moins, par celle-ci, l’honneur d’avoir apporté une pièce indispensable et du meilleur aloi dans un grand procès historique : son nom a désormais une place assurée en tout tableau fidèle de ce temps-là.

1738. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (2e partie) » pp. 315-400

Que celui qui a la foi en une durée future jouisse de son bonheur en silence, et qu’il ne se trace pas déjà des tableaux de cet avenir. […] Et l’intérieur de leurs demeures est aussi coquet et aussi élégant que leurs tableaux.

1739. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Figurines »

Plusieurs de ses tableaux et de ses portraits sont d’un réalisme très franc dans sa sobriété. […] Toute la destinée de l’humanité se résume pour lui dans le sombre tableau que trace Thomas Graindorge pour l’instruction de son neveu.

1740. (1899) Les industriels du roman populaire, suivi de : L’état actuel du roman populaire (enquête) [articles de la Revue des Revues] pp. 1-403

Tel dramaturge ou vaudevilliste en renom, tel illustre faiseur passera le premier sur le tableau qui n’aura eu, dans l’exécution de la pièce qu’à promener le crayon à droite ou à gauche, changeant ici deux mots, retournant là quelque phrase, jonchant le texte de virgules, de points d’exclamations, de tirets et de suspensions adroites ! […] Afin, d’ailleurs, qu’aucun doute ne subsiste à cet égard, un autre tableau comparatif montre les organes de ce malheureux, sains d’abord, corrodés ensuite par d’implacables poisons.

1741. (1893) Du sens religieux de la poésie pp. -104

Un tableau, par exemple, se livre et se révèle dans son exécution au premier regard : le regard même de l’artiste quand il s’empara de son objet à l’heure de l’émotion première. […] Les acteurs parlent au présent et, dans sa vie vivante, c’est toujours au présent que l’œuvre se déroule sous nos yeux, suite symphonique de tableaux que la logique des péripéties et du dénouement relie avec certitude à la première scène.

1742. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 octobre 1885. »

Wagner et Tolstoï nous donnent encore le tableau de ce que serait le Sage, réalisant son bonheur. […] Voici un tableau des représentations d’Opéra de Vienne et Berlin, en 1884 : à Vienne.

1743. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juin 1886. »

Pourtant lorsque ce grand drame est joué, qu’il a passé devant nos yeux, qu’il n’est plus qu’un tableau dans notre souvenir et un tressaillement dans notre cœur, notre âme est consolée, rassérénée ; les plaies qu’il avait ouvertes sont fermées ; les endolorissements qu’il avait causés sont calmés. […] J’ai admiré, encore, quelques images très légères et vraies, par Madame Morizot, et un très beau tableau de M. 

1744. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Herbert Spencer — Chapitre II : La psychologie »

Il a résumé d’ailleurs, dans le tableau suivant, cette opposition du sujet et de l’objet ramenés à des états de conscience151 : États de la première classe. […] Dans ce tableau, les états de la première classe représentent l’objet, ceux de la seconde classe le sujet.

1745. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Granier de Cassagnac » pp. 277-345

On pouvait en être le Saint-Simon ou le Suétone : — abonder de détails, les dénuder, les faire saillir, les rougir de cette flamme de l’indignation, qui est à l’horizon moral de l’histoire ce qu’est, à l’horizon physique de leurs tableaux, cette pourpre sanglante sur le fond de laquelle les_ peintres détachent mieux quelque scène criminelle et tragique ; — ou bien on pouvait, comme Tacite, aspirer à la sobriété hautaine, au choix supérieur qui suffit pour montrer tout sans rien étaler, à cette concentration terrible qui fait du style et de la pensée un acide qui perce et dissout. […] Le premier, qui commence à l’horrible inventaire de la succession que le Directoire a ramassée, est, avant tout, un large tableau de la France ainsi que la Mort l’avait faite, eût dit Bossuet, qui ne se doutait pas que la Mort aurait bientôt une sœur en France qui lui contesterait son droit d’aînesse, — la Révolution !

1746. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Appendices » pp. 235-309

Avant de nous donner l’opéra, la statue et le tableau, D’Annunzio aurait encore (n’en déplaise à M.  […] En effet, comment enfermer en 24 heures, en un seul lieu, la genèse et les aventures de plusieurs personnages, le tableau d’une époque (sa philosophie, ses jeux de société et jusqu’à son système monétaire), Jean qui rit et Jean qui pleure, et tout le bouillonnement de la vie totale ?

1747. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « De l’état de la France sous Louis XV (1757-1758). » pp. 23-43

Quelques traits pourtant, dans ce décourageant tableau, sont à excepter : les soldats exténués de fatigue ont gardé leur bonne volonté et valent mieux que ceux qui les commandent.

1748. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — I. » pp. 325-345

— Tableau énergique. — Sa conduite au 10 Août et après. — Caché pendant la Terreur.

1749. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — II. (Fin.) » pp. 513-532

Cette armée de rudes croisés, qui ressemblent en leurs douleurs à une troupe de femmes en travail qui crient, c’est un trait énergique à joindre au tableau des pestes et épidémies célèbres6.

1750. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — I. » pp. 301-321

Daru dont il était parent, il regardait à mille choses, à un opéra de Cimarosa ou de Mozart, à un tableau, à une statue, à toute production neuve et belle, au génie divers des nations ; et tout bas il réagissait contre la sienne, contre cette nation française dont il était bien fort en croyant la juger, contre le goût français qu’il prétendait raviver et régénérer, du moins en causant : c’était là être bien Français encore.

1751. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Madame Dacier. — I. » pp. 473-493

Töpffer, dans une des lettres du Presbytère (la 37e), ou plutôt Charles écrivant à Louise, et lui réfléchissant dans un tableau plein de fraîcheur l’épisode de Nausicaa, parle mal de Mme Dacier.

1752. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « L’abbé de Marolles ou le curieux — II » pp. 126-147

Et Mercier, l’auteur du Tableau de Paris, dans je ne sais quelle épître de sa vieillesse, a trouvé ce vers qu’il adressait à la nature ou à la Providence : Laisse-moi vivre au moins par curiosité !

1753. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire de l’Académie française, par Pellisson et d’Olivet, avec introduction et notes, par Ch.-L. Livet. » pp. 195-217

La généalogie des fauteuils continuée jusqu’à nos jours, et qui a été inventée, il y a une trentaine d’années, par je sais bien quel professeur d’histoire qui trouvait que cela faisait bon effet dans un tableau synoptique45, est donc fausse comme beaucoup de généalogies.

1754. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. De Pontmartin. Causeries littéraires, causeries du samedi, les semaines littéraires, etc. »

Il fait un tableau rapide et fort incomplet de la littérature en France depuis la Révolution.

1755. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid(suite et fin.)  »

Admirable scène, vrai tableau de sainteté, mais d’un caractère tout national et tout espagnol.

1756. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite.). Guerre des Barbets. — Horreurs. — Iniquités. — Impuissance. »

Il n’est point de tableau sans ombres : j’ai dû ne pas dissimuler ces taches dans un portrait fidèle.

1757. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Réminiscences, par M. Coulmann. Ancien Maître des requêtes, ancien Député. »

Il faudrait être un peintre pour donner du relief et de la valeur à de semblables tableaux.

1758. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite.) »

Les portraits que trace Malouet dans un de ses premiers chapitres, et qui forment comme sa galerie des États généraux, n’approchent certes pas, même de bien loin, de ceux qu’un Retz a tracés dans sa galerie de la Fronde, et un Saint-Simon dans ses tableaux de la Régence ; mais les principaux traits sont fort justes, fort ressemblants, et le mot propre du caractère de chacun est souvent donné.

1759. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Je ne saurais ici que donner l’idée du livre qui serait à faire et en présenter un raccourci ; mais je me figure que le tableau de cette existence si délicate, si généreuse et si combattue, pourrait être d’un véritable intérêt et d’une consolation efficace pour bien des âmes également éprouvées, à qui le sort n’a cessé d’être inclément et dur.

1760. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « M. de Sénancour — M. de Sénancour, en 1832 »

Marie-Joseph Chénier, de la postérité du dix-huitième siècle comme M. de Sénancour, l’a ignoré complètement, puisqu’il ne l’a pas mentionné dans son Tableau de la Littérature depuis 89, où figurent tant de noms.

1761. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « UN DERNIER MOT sur BENJAMIN CONSTANT. » pp. 275-299

J’ai pensé qu’on en saisirait la cause profonde dans le tableau de cette singulière jeunesse et de ces premières années qui se dévoilaient soudainement à nous : de là mon analyse91.

1762. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « DU ROMAN INTIME ou MADEMOISELLE DE LIRON » pp. 22-41

Pour qui se complaît à ces ingénieuses et tendres lectures ; pour qui a jeté quelquefois un coup d’œil de regret, comme le nocher vers le rivage, vers la société dès longtemps fabuleuse des La Fayette et des Sévigné ; pour qui a pardonné beaucoup à Mme de Maintenon, en tenant ses lettres attachantes, si sensées et si unies ; pour qui aurait volontiers partagé en idée avec Mlle de Montpensier cette retraite chimérique et divertissante dont elle propose le tableau à Mme de Motteville, et dans laquelle il y aurait eu toutes sortes de solitaires honnêtes et toutes sortes de conversations permises, des bergers, des moutons, point d’amour, un jeu de mail, et à portée du lieu, en quelque forêt voisine, un couvent de carmélites selon la réforme de sainte Thérèse d’Avila ; pour qui, plus tard, accompagne d’un regard attendri Mlle de Launay, toute jeune fille et pauvre pensionnaire du couvent, au château antique et un peu triste de Silly, aimant le jeune comte, fils de la maison, et s’entretenant de ses dédains avec Mlle de Silly dans une allée du bois, le long d’une charmille, derrière laquelle il les entend ; pour qui s’est fait à la société plus grave de Mme de Lambert, et aux discours nourris de christianisme et d’antiquité qu’elle tient avec Sacy ; pour qui, tour à tour, a suivi Mlle Aïssé à Ablon, où elle sort dès le matin pour tirer aux oiseaux, puis Diderot chez d’Holbach au Granval, ou Jean-Jacques aux pieds de Mme d’Houdetot dans le bosquet ; pour quiconque enfin cherche contre le fracas et la pesanteur de nos jours un rafraîchissement, un refuge passager auprès de ces âmes aimantes et polies des anciennes générations dont le simple langage est déjà loin de nous, comme le genre de vie et de loisir ; pour celui-là, Mlle de Liron n’a qu’à se montrer ; elle est la bienvenue : on la comprendra, on l’aimera ; tout inattendu qu’est son caractère, tout irrégulières que sont ses démarches, tout provincial qu’est parfois son accent, et malgré l’impropriété de quelques locutions que la cour n’a pu polir (puisqu’il n’y a plus de cour), on sentira ce qu’elle vaut, on lui trouvera des sœurs.

1763. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — II. » pp. 195-213

Parmi ces prétendants il y en avait de toutes sortes, de toutes professions, depuis le commerçant de diamants jusqu’au médecin et à l’académicien, jusqu’à l’épicier et au limonadier, puisqu’il faut le dire, et la moqueuse jeune fille se disait que, si elle représentait dans un tableau cette suite plus ou moins amoureuse, chacun avec les attributs de sa profession, comme sont les Turcs de théâtre en certaine cérémonie célèbre, cela ferait une singulière bigarrure.

1764. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Boileau »

Son Épître sur le passage du Rhin est tout à fait un tableau de Van der Meulen.

1765. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre V. Transition vers la littérature classique — Chapitre I. La littérature sous Henri IV »

Il a écrit aussi un Tableau des passions humaines (1620) et l’Histoire romaine (1621). — A consulter : l’abbé Urbain, N.

1766. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre III. Montesquieu »

Elle ne passera dans l’Esprit des Lois que mutilée, rétrécie, presque faussée : car Montesquieu, supprimant à peu près les intermédiaires réels et vivants, l’homme, son âme, son corps, relie les lois humaines aux causes naturelles par un rapport direct et en quelque sorte artificiel ; il ne s’attache qu’à présenter abstraitement le tableau des dépendances réciproques et des variations simultanées qu’il a constatées entre les climats et les institutions.

1767. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série «  Paul Bourget  »

Et l’on s’étonne que le cruel début de Cruelle énigme, et l’adorable récit de la rencontre des amants à Folkestone, ou le puissant tableau du duel des deux sexes dans l’amour, d’après le théâtre de Dumas fils, soient partis de la même main.

1768. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVII. Rapports d’une littérature avec les littératures étrangères et avec son propre passé » pp. 444-461

Il y a ainsi un tel entrecroisement d’échanges intellectuels entre les peuples, qu’il faut, pour chacun d’eux, dresser un compte en partie double avec tableau des sorties et des entrées.

1769. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre IV »

Donc, madame Huguet fait à son fils une noire peinture de la pauvreté dans le mariage, et des périls qui attendent la Faim et la Soif partant, entrelacées, pour le voyage de la vie… A ce tableau désolant, Philippe oppose l’exemple de son père.

1770. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Œuvres de Barnave, publiées par M. Bérenger (de la Drôme). (4 volumes.) » pp. 22-43

Barnave donne le petit tableau suivant, qui est curieux en ce qu’il offre une sorte de statistique ou d’échelle de la popularité dans cette première période révolutionnaire : Necker est le premier qui, de notre temps, en France, ait joui de ce qu’on appelle popularité. — Elle s’attacha à La Fayette, lors de la création de la Garde nationale.

1771. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame de La Tour-Franqueville et Jean-Jacques Rousseau. » pp. 63-84

Pour nous, quoi que la raison nous dise, pour tous ceux qui, à quelque degré, sont de sa postérité poétiquement, il nous sera toujours impossible de ne pas aimer Jean-Jacques, de ne pas lui pardonner beaucoup pour ses tableaux de jeunesse, pour son sentiment passionné de la nature, pour la rêverie dont il a apporté le génie parmi nous, et dont le premier il a créé l’expression dans notre langue.

1772. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Fontenelle, par M. Flourens. (1 vol. in-18. — 1847.) » pp. 314-335

Il a ces deux caractères : il change peu de place, et en tient peu. » Tel Fontenelle se décelait de son propre aveu, tel nous le montre Mme Geoffrin : « Quand il entrait dans un logement, il laissait les choses comme il les trouvait ; il n’aurait pas ajouté ni ôté un clou. » Rien ne lui faisait de ce qui prend et divertit les autres hommes ; belle musique, beau tableau, il ne se tournait à rien.

1773. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Le duc de Lauzun. » pp. 287-308

On entrevoit bien, en le lisant, le cas qu’il fait de Washington, mais sa plume ici est aussi empressée à courir qu’elle était complaisante sur les tableaux frivoles du début.

1774. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Monsieur de Bonald, (Article Bonald, dans Les Prophètes du passé, par M. Barbey d’Aurevilly, 1851.) » pp. 427-449

Marie-Joseph Chénier a insisté, dans son Tableau de la littérature, sur les inconvénients de la méthode de M. de Bonald, mais il l’a fait sans rien reconnaître ni deviner des parties supérieures de la pensée.

1775. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Essai sur Amyot, par M. A. de Blignières. (1 vol. — 1851.) » pp. 450-470

C’est dans l’étude de ce petit tableau qu’il est plus facile de se rendre compte du procédé d’Amyot quand il traduit.

1776. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Notice historique sur M. Raynouard, par M. Walckenaer. » pp. 1-22

Bernardin de Saint-Pierre prêtait étrangement du sien à l’auteur, lorsque, le recevant quelques années après à l’Académie, il disait de ce Socrate dans le temple d’Aglaure : « C’est un tableau ordonné comme ceux du Poussin ! 

1777. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) «  Mémoires de Gourville .  » pp. 359-379

Mais il y a loin de ces travaux d’embellissement, qui l’engagèrent plus qu’il n’aurait voulu d’abord, au laborieux tableau tracé par La Bruyère ; et j’aime à penser que, si l’observateur moraliste avait songé à Gourville, ç’aurait été plutôt pour peindre ce personnage naturel et original, par les côtés vraiment singuliers et caractéristiques qui en font un individu-modèle dans son espèce.

1778. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Monsieur Michaud, de l’Académie française. » pp. 20-40

Les descriptions sont monotones, et ne se distinguent par aucun tableau particulier, ni par aucune création de style.

1779. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Montesquieu. — I. » pp. 41-62

Les Lettres persanes, ayant épuisé le tableau et la satire des mœurs présentes, tournent au romanesque : Usbek reçoit la nouvelle que son sérail, profitant de son absence, a fait sa révolution ; on s’y révolte, on s’y égorge, on s’y tue.

1780. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Montesquieu. — II. (Fin.) » pp. 63-82

En peignant si en beau le gouvernement des Anglais, qu’il avait pourtant vu de près avec ses ombres, il ne paraît pas s’être demandé de quel effet ces tableaux seraient en France.

1781. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — I. » pp. 127-148

.), et le petit tableau synoptique sur lequel il pointait ses fautes chaque jour de la semaine, s’occupant chaque semaine plus spécialement d’une seule vertu, puis passant à une autre, de manière à en faire un cours complet en treize semaines, ce qui faisait juste quatre cours de vertu par an.

1782. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — I. » pp. 224-245

Pendant qu’il goûtait la douceur de ce travail, ses maladies et la faiblesse de sa complexion encore plus que les affaires l’avaient forcé de s’interrompre, et il y avait suppléé alors par la Succincte narration qui forme le premier chapitre ou plutôt l’introduction du Testament politique ; cette narration est un tableau raccourci, comme il l’appelle, un beau et noble discours abrégé, dans lequel il raconte au roi toutes les grandes actions de ce même roi depuis sa seconde entrée au ministère en 1624 jusqu’en 1641.

1783. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « M. Necker. — II. (Fin.) » pp. 350-370

Une fois ou deux, il essaie du tableau, comme lorsqu’il veut rendre l’impression que fait la vue des invalides prosternés aux pieds des autels ; mais M. 

1784. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand (1846-1853). — I. » pp. 455-475

Frédéric, après la manœuvre de chaque matin, après les conversations assommantes ou frivoles qu’il avait à essuyer, et dont il fait des tableaux piquants, avait des soifs de Tantale pour les sources spirituelles.

1785. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — II. L’histoire de la philosophie au xixe  siècle — Chapitre II : Rapports de l’histoire de la philosophie avec la philosophie même »

Lors même qu’il en serait ainsi, l’éclectisme serait encore justifié ; il le serait même davantage, car aucun système dans cette hypothèse n’aurait plus le droit de se substituer aux autres, et la philosophie, n’étant plus l’expression de la vérité objective, serait engagée plus que jamais à épuiser tous les systèmes, c’est-à-dire toutes les idées fondamentales de l’esprit humain, pour reproduire dans un tableau complet l’image fidèle de la raison tout entière.

1786. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre I. »

Indiquer dans le tableau ci-dessus ces subdivisions nuirait à la clarté de la classification.

1787. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Saint-Simon »

D’un autre côté, quoiqu’on ait rendu justice au peintre, au Titien historique qu’il fut, on a souvent trouvé dans les magnifiques peintures de ses Mémoires ce qu’on appelle vulgairement des « ombres au tableau ».

1788. (1892) La vie littéraire. Quatrième série pp. -362

On dit qu’elle eut du goût pour le jeune Barante, qui était aimable ; on dit aussi qu’elle collabora au Tableau de la Littérature au xviiie  siècle, que l’auteur publia un peu plus tard. […] Le directeur général de la conscription était alors un M. de Cessac, qui, méthodique et classificateur, avait dressé un tableau des préfets divisé en quatre catégories : 1° efforts et succès ; 2° efforts sans succès ; 3° succès sans efforts ; 4° ni succès ni efforts. […] Renan, fait le voyage d’Orient, et il en a rapporté des paysages qui, sans avoir certes la suavité de ces beaux tableaux de Nazareth et du lac de Tibériade que M.  […] Gérome a représenté cette scène dans un de ses plus jolis tableaux anecdotiques et je crois bien me rappeler que sa Cléopâtre était très mignonne. […] Je doute pourtant qu’elle ait trouvé dans Thou-Fou, Tché-Tsi ou Li-Taï-Pé tous les détails des fins tableaux contenus dans le Livre de Jade ; je doute que les poètes du pays de la porcelaine aient connu avant elle cette grâce, cette fleur qui vous charmera dans tel de ces morceaux achevés, qu’on peut mettre à côté des poèmes en prose d’Aloysius Bertrand et de Charles Baudelaire, dans le petit tableau de l’Empereur, par exemple : L’EMPEREUR Sur un trône d’or neuf, le Fils du Ciel, éblouissant de pierreries, est assis au milieu des mandarins ; il semble un soleil environné d’étoiles.

1789. (1902) Symbolistes et décadents pp. 7-402

Le temps que des fils couleur d’hiver viennent commencer à se mêler à leurs barbes, les vétérans du symbolisme ont entendu sur leurs œuvres plus de sottises que les tableaux de musée. […] Charles Morice dont un bon livre de critique (sauf divergences) présenta un bon tableau de la littérature de cette heure. […] Ces visions de civilisé très compliqué, très analyste, hanté de besoins d’abstraction, sont-elles bien les traductions des tableaux qu’il étudie ? […] C’était un fidèle du Louvre et du Cabinet des estampes, un dévot du tableau et de l’image. […] Les tableaux qui suivront sont pris des sentiments et des monuments à la fois éternels et d’une minute de cette humanité à la fois stable et kaléidoscopique telle que la veut voir le poète.

1790. (1911) L’attitude du lyrisme contemporain pp. 5-466

Un peintre, avant de songer à la composition d’un tableau déterminé, se plaît au jeu des couleurs, simplement parce qu’il s’agit de couleurs. […] Une urne, un hibou, une stèle et voilà de purs tableaux. […] Cette humble figure qui penche sa résignation dans une eau sans reflet est empruntée au célèbre tableau de Puvis de Chavannes. […] Il éleva des châteaux et des églises, il fit des tragédies, de la musique et des tableaux où il traduisait avec confiance la belle ordonnance de son âme. […] Et Souza de commenter cette phrase de la sagesse indoue au moyen de tableaux lyriquement épiques.

1791. (1890) Nouvelles questions de critique

Un plus sévère lui reprocherait peut-être que, s’étant beaucoup servi du Tableau de la littérature française sous le premier Empire, de M.  […] Gustave Merlet, dans son Tableau de la littérature française sous le premier empire ; voici M.  […] Cependant, puisque l’aspect d’une cathédrale gothique ou l’audition d’une symphonie peuvent éveiller en nous des sensations, — et au besoin des idées, — analogues à celles que provoque la lecture d’un poème ou la contemplation d’un tableau, c’est sans doute qu’il y a dans l’art quelque chose d’autre et de plus que l’imitation de la nature. […] Par cela seul que les naturalistes imitent fidèlement la nature, ils en reproduiront donc quelquefois des aspects naturellement poétiques, et c’est ce qu’effectivement nous vérifions tous les jours dans les tableaux de nos paysagistes ou dans les descriptions de nos romanciers. […] Il est toujours aussi difficile de dire avec assurance d’un roman ou d’un tableau, d’un roman de mœurs ou d’un paysage, qu’il est idéaliste ou naturaliste, que de dire d’une telle femme qu’elle est belle ou laide, et d’un tel homme qu’il est bon ou méchant, vertueux ou vicieux, intelligent ou borné.

1792. (1914) En lisant Molière. L’homme et son temps, l’écrivain et son œuvre pp. 1-315

C’est peut-être un peu trop dire, mais il n’est qu’absolument vrai que le Misanthrope est moins encore une comédie de caractères qu’un tableau de la société élégante du temps où Molière écrit. […] Comme l’Avare, Tartuffe est le tableau d’une famille dévastée ou près de l’être par le vice de son chef. […] Tous ces types, bien groupés, forment un tableau plein de vie, d’une couleur et d’un relief extraordinaires et qui est divertissant à souhait. […] Les Femmes savantes Les Femmes savantes, comme l’Avare, comme le Tartuffe, comme aussi le Malade Imaginaire, sont le tableau d’une famille désorganisée par le travers de son chef. […] Le temps travaille pour les auteurs comiques en décuplant le comique qu’ils ont mis d’abord dans leurs portraits ou tableaux.

1793. (1899) La parade littéraire (articles de La Plume, 1898-1899) pp. 300-117

Critiquer les mœurs littéraires de son époque n’est pas une aussi vaine tâche qu’on pourrait se l’imaginer, et grâce aux tableaux que je vous ferai de celles-ci, vous serez mieux renseignés sur mille petits faits, qui vous semblent obscurs. […] * *   * Bien que, dans une régénération littéraire, on puisse noter des natures très diverses et des tempéraments fort différents, il existe entre eux je ne sais quel air de famille, comme dans ces galeries de tableaux où l’on a réuni plusieurs portraits d’un même règne ou d’une même époque. […] Il est aisé de se figurer quels hymnes païens et magnifiques, quels tableaux ingénus et bibliques, un pareil thème a pu lui inspirer.

1794. (1835) Critique littéraire pp. 3-118

Qu’on se représente ensuite, comme un brillant accessoire de ce tableau, au fond, le ciel de l’Inde avec son azur éblouissant ; d’un côté, les crêtes sourcilleuses et sombres de l’Himalaya, de l’autre Delhi, la ville impériale, avec ses toits dorés et ses pagodes étincelantes ; au milieu une table immense, chargée de bronzes, de cristaux, de magnifique argenterie ; des mets exquis dans des porcelaines de la Chine, des vins de France dans les glaces du Thibet ; tout autour, les officiers de la résidence, vêtus de leurs brillants uniformes, avec des rubans tricolores à la boutonnière ; aux quatre coins de la salle, les couleurs de la France flottant en nobles pavois, confondues avec les drapeaux tant de fois ennemis de la vieille Angleterre ; et sur le premier plan, à la place d’honneur, un jeune homme en simple frac ; c’est Victor Jacquemont, le héros de la fête. […] Le successeur de Porus m’écrivait tous les huit jours, etc. » Ajoutons, comme dernier trait à ce tableau, qu’au moment où Jacquemont allait quitter le Punjaub, le successeur de Porus lui proposa très sérieusement la vice-royauté de Cachemyr. […] Ce livre est une fantasmagorie brillante, la merveilleuse fantaisie d’une imagination fertile en expédients ; mais c’est l’histoire creuse et stérile d’une abstraction ; il n’y a pas la de ces passions vraies, comme l’auteur d’Indiana excellait à les peindre autrefois, point de ces tableaux d’une vérité frappante, point de ces caractères d’un naturel exquis, point de ces figures si naïves et si franches qui ont assuré un succès si durable à ses premiers ouvrages.

1795. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sénac de Meilhan. — II. (Fin.) » pp. 109-130

L’objet de M. de Meilhan est de présenter un tableau général exact du gouvernement de la France et de la société avant la Révolution, et de montrer qu’il n’y avait pas lieu ni motif à la révolte, qu’il y aurait eu moyen de la conjurer si on l’avait su craindre, et que lorsque la crainte est venue après l’extrême confiance, elle a, par son excès même, paralysé les moyens : « La légèreté d’esprit dans les classes supérieures a commencé la Révolution, la faiblesse du gouvernement l’a laissée faire des progrès, et la terreur a consommé l’ouvrage. » La description que donne l’auteur de l’ancien gouvernement de la France, de cette Constitution non écrite, éparse et flottante, mais réelle toutefois, est des plus fidèles ; il fait parfaitement sentir en quoi la France d’avant 89 ne pouvait nullement être considérée comme, un État despotique proprement dit ; il parle du roi et de la reine, du clergé, de la noblesse, du tiers état et du rapprochement des diverses conditions, des parlements, du mécanisme de l’administration, des lettres de cachet, de la dette, de l’influence des gens de lettres sous Louis XVI, avec une justesse et une précision qui me font considérer cet ouvrage comme la meilleure production de M. de Meilhan, après ses Considérations sur l’esprit et les mœurs, et comme pouvant se joindre à titre de supplément utile à l’Abrégé chronologique du président Hénault.

1796. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — II. (Fin.) » pp. 257-278

Lorsque je vis le fils jeter de l’eau bénite sur le cercueil, je fus frappé jusqu’au vif du tableau de cette chaîne de bénédictions tantôt douces, tantôt déchirantes, qui lie toute la famille humaine et qui la liera jusqu’à la fin des choses.

1797. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — II » pp. 112-130

on en a le tableau non flatté chez d’Argenson.

1798. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — III » pp. 132-153

À propos de l’Histoire de Louis XI par Duclos, lequel aimait l’antithèse et le trait, et qui, en affectant la concision, copiait son ami le président de Montesquieu : Je lui ai dit une fois (à Duclos) que l’histoire n’était qu’une galerie meublée d’une étoffe simple et noble, avec de parfaitement beaux tableaux qui l’ornaient, mais avec choix et goût.

1799. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — II » pp. 454-475

Grâce aux directions du président de Longueil, Saint-Alban a très bien vu, pour un si jeune homme, les premiers événements de la Révolution, et il en fait un tableau que ne désavouerait pas le président lui-même.

1800. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire de la querelle des anciens et des modernes par M. Hippolyte Rigault — II » pp. 150-171

La langue française est impuissante à rendre toutes les beautés de la langue grecque. » Ils répondaient : « Peu nous importe », et ajoutaient comme l’abbé de Pons, d’un air de compliment pour Mme Dacier : « Elle a entendu Homère autant qu’on le peut entendre aujourd’hui ; elle sait beaucoup mieux encore la langue française ; elle a rendu le plus élégamment qu’elle a pu, dans notre langue, ce qu’elle a vu, pensé et senti en lisant le grec : cela me suffit, j’ai L’Iliade en substance. » L’erreur, c’était de croire qu’un poète dont l’expression est un tableau, une peinture naïve continuelle, fût fidèlement rendu par une traduction tout occupée d’être suffisamment polie et élégante ; l’erreur, c’était de s’imaginer qu’il n’y avait là qu’une question de plus ou moins d’élégance et de précision, et qu’en supposant l’original doué de ces deux qualités à un plus haut degré que la traduction, on lui rendait toute la justice qu’il pouvait réclamer, il s’agissait bien de cela !

1801. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) «  Essais, lettres et pensées de Mme  de Tracy  » pp. 189-209

Tout cela est gai, et jeune, et vivant ; ce sont des tableaux faits sans quon y pense.

1802. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Souvenirs militaires et intimes du général vicomte de Pelleport, publiés par son fils. » pp. 324-345

Tout homme qui a assisté à de grandes choses est apte à faire des mémoires, mais à une condition, c’est qu’il ne les fasse que sur ce qu’il a vu, vu de ses propres yeux, observé de particulier et de précis, laissant à d’autres plus ambitieux ou mieux doués la prétention ou la gloire des tableaux, des histoires et descriptions générales.

1803. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Benjamin Constant. Son cours de politique constitutionnelle, ou collection de ses divers écrits et brochures avec une introduction et des notes, par M. Laboulaye »

Il a tracé de ce salon célèbre et de sa confusion première un piquant tableau : « Le salon de Mme de Staël se trouvait alors peuplé, disait-il, de quatre à cinq tribus différentes : des membres du gouvernement présent, dont elle cherchait à conquérir la confiance ; de quelques échappés du gouvernement passé, dont l’aspect déplaisait à leurs successeurs ; de tous les nobles rentrés, qu’elle était à la fois flattée et fâchée de recevoir ; des écrivains qui, depuis le 9 thermidor, avaient repris de l’influence, et du Corps diplomatique, qui était aux pieds du Comité de Salut public en conspirant contre lui. » « Au milieu des conversations, des actes, des intrigues de ces différentes peuplades, ma naïveté républicaine se trouvait fort embarrassée.

1804. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La femme au XVIIIe siècle, par MM. Edmond et Jules de Goncourt. » pp. 2-30

Ils ont recours, pour suppléer aux livres qui font souvent défaut ou qui ne s’expriment qu’en termes trop vagues et trop abstraits, à ces auxiliaires que les littérateurs proprement dits, que les illustres Villemain et leurs disciples ont trop négligés, aux arts du dessin, aux tableaux ou estampes du temps ; eux, ils y sont maîtres-amateurs et connaisseurs.

1805. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Œuvres de Louise Labé, la Belle Cordière. »

Ceci rappelle et l’Ode de Sapho assez bien rendue, quoi qu’on en ait dit, par Boileau, et ces vers de Catulle que Fénelon donnait comme un modèle de simplicité passionnée : « Odi et amo… J’aime et je hais à la fois, etc… » Mais ce que ce vigoureux sonnet rappelle plus nécessairement encore, c’est le tableau que Louise a tracé ailleurs des mêmes symptômes amoureux, et qui avait sa place tout indiquée dans le plaidoyer de Mercure, quand celui-ci réplique à Apollon en faveur de la Folie et de sa liaison si naturelle avec Amour.

1806. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid (suite.) »

Tandis que dans la pièce française les premières scènes se passent en confidence, dans le drame espagnol tout est en tableau.

1807. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Josèphe de Saxe, dauphine de France. »

Voir le Tableau analytique des principales combinaisons de la Guerre, par le général Jomini, 4e édition, 1830, pages II, XIII, de l’Introduction.

1808. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Joséphine de Saxe dauphine de France. (Suite et fin.) »

Il est tel historien, assurément, qui ne manquerait pas d’en tirer des conséquences outrageuses et extravagantes : chez le comte Vitzthum, elles ne sont qu’à l’état de vignettes historiques, et un peintre y prendrait deux ou trois traits pour un tableau exact de mœurs.

1809. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite et fin.) »

Ce n’est plus une adresse, c’est un drame dont chacun veut voir le dénouement : on écoute encore, le secrétaire poursuit ; il arrive à l’effrayant tableau des désordres, des crimes, de la dissolution qui s’avance : le côté droit, qui avait d’abord été consterné de l’hommage, s’exalte sur la censure.

1810. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. » p. 232

J’écris vraiment avec mon cœur : il saigne trop pour des petits tableaux d’enfants. » Il y avait encore d’autres raisons pour ne pas écrire ; n’écrit pas dans les journaux et dans les revues qui veut ; il faut prendre le ton et l’esprit du patron ; les plus honorables recueils ont leurs exigences ; ainsi pour le Musée des Familles, qui semblait s’entrouvrir pour Mme Valmore, mais à la condition d’en passer par la censure et le lit de Procuste du directeur : « (Le 22 février 1851)… M. 

1811. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [II] »

Ce sont là dans l’exécution d’un tableau les négligences des grands maîtres.

1812. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [I] »

Lorsque, en 1827, à l’occasion du sujet proposé par l’Académie française, qui avait demandé le Tableau de notre littérature au xvie  siècle, quelques esprits curieux se portèrent plus particulièrement vers la poésie de ce temps-là, leur première impression fut la surprise : on leur avait tant dit que cette poésie, celle qui remplissait l’intervalle de Clément Marot à Malherbe, était barbare et ridicule, qu’ils furent frappés de voir, au contraire, combien elle l’était moins qu’on ne le répétait de confiance ; combien elle offrait, après un premier et rude effort, d’heureux exemples de grâce, d’esprit, et parfois d’élévation.

1813. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LE COMTE XAVIER DE MAISTRE. » pp. 33-63

C’est le cas de dire avec Prascovie elle-même, lorsqu’après son succès inespéré, étant un jour conduite au palais de l’Ermitage, et y voyant un grand tableau de Silène soutenu par des bacchantes, elle s’écrie avec son droit sens étonné : « Tout cela n’est donc pas vrai ?

1814. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. Joubert »

Les amateurs de tableaux en mettent toujours dans leurs cabinets ; il faut qu’un connaisseur en livres en mette dans sa bibliothèque. »  — Que vous en semble ?

1815. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Madame de Krüdner et ce qu’en aurait dit Saint-Évremond. Vie de madame de Krüdner, par M. Charles Eynard »

Eynard n’a pas de termes assez forts pour flétrir ce qu’il appelle cette épouvantable mort, et il y voit un tableau aussi lugubre que saisissant .

1816. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (6e partie) » pp. 129-176

Au tableau vrai de sa première république.

1817. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre II. Boileau Despréaux »

Il a eu la superstition du sujet : étant né pour faire de petits tableaux d’une grande intensité d’impression, sans signification intellectuelle ni liaison rationnelle, il a inventé des lieux communs d’une banalité désespérante pour les encadrer, comme dans la satire X.

1818. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Anatole France »

Sentez-vous comme chaque petit tableau s’agrandit et comme l’univers vient s’y mêler tout entier ?

1819. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIII. Retour de Molière à Paris » pp. 225-264

Mais pour les contemporains, la distance qui le séparait des autres ne paraissait pas aussi grande qu’elle nous le paraît, à nous ; témoin ce curieux tableau que possède le Théâtre-Français et qui porte pour inscription, écrite en lettres d’or : Farceurs Français et Italiens, depuis soixante ans.

1820. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre quatrième »

Ses yeux s’ouvrirent pour la première fois à cette splendide lumière du ciel de l’Orient, où toute chose forme tableau, où tout poète est peintre.

1821. (1911) La valeur de la science « Première partie : Les sciences mathématiques — Chapitre III. La notion d’espace. »

Ceux qui répondent oui ne réfléchissent pas qu’ils se représentent en réalité un point blanc fait avec la craie sur un tableau noir ou un point noir fait avec une plume sur un papier blanc, et qu’ils ne peuvent se représenter qu’un objet ou mieux les impressions que cet objet ferait sur leurs sens.

1822. (1902) L’œuvre de M. Paul Bourget et la manière de M. Anatole France

Loti, par exemple, qui tient de l’imaginatif et du professionnel, procédât autrement que par imprécisions et par tableaux successifs, et que sa forme ne lui sonnât pas un refrain, et que ce refrain ne l’incitât pas à une reconstitution, toujours approximative, encore que rapide et efficace ?

1823. (1900) Poètes d’aujourd’hui et poésie de demain (Mercure de France) pp. 321-350

Elles donnent un tableau exact des préférences et des préoccupations intellectuelles de cette génération de poètes et d’écrivains.

1824. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XI. La littérature et la vie mondaine » pp. 273-292

Si, pendant un siècle, elle fit son tour d’Europe en séduisant les aristocraties de tout pays, elle le dut en grande partie à ce qu’elle offrait des tableaux de mœurs et des façons de parler qui pouvaient passer pour l’idéal de la société polie.

1825. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — CHAPITRE VII »

Tandis que le père, resté seul, retouche un grand tableau de son Fils, une petite porte s’ouvre furtivement : il se fait une rumeur pareille à celle du feuillage froissé lorsque l’oiseau rentre au nid.

1826. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE XIV »

Il y a au Louvre, dans un tableau de Murillo, un ange qui fait la cuisine ; Claude est un saint qui manipule des cornues et des alambics.

1827. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Chansons de Béranger. (Édition nouvelle.) » pp. 286-308

Béranger a de ces vers heureux qui sont d’un vrai poète et d’un peintre, de ces coins de tableaux frais et riants, à condition qu’ils ne se prolongent pas.

1828. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Broglie. » pp. 376-398

Qu’il y a loin de ces nobles et vives dissertations, et des perspectives encourageantes qu’elles ouvraient, au tableau trop fidèle et hideux que traçait, cinq ans après, le même homme, chef du gouvernement, au lendemain de l’attentat de Fieschi, quand, refoulant les sentiments d’une philanthropie trop prolongée, et demandant aux Chambres des lois répressives énergiques, il disait : Et notre théâtre, messieurs !

1829. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « L’abbé Galiani. » pp. 421-442

Ils sont causeurs, raisonneurs, badins par essence ; un mauvais tableau enfante une bonne brochure ; ainsi, vous parlerez mieux des arts que vous n’en ferez jamais.

1830. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Biographie de Camille Desmoulins, par M. Éd. Fleury. (1850.) » pp. 98-122

Le 3e numéro marque mieux la pensée de Camille : sous prétexte de traduire Tacite, et d’énumérer d’après lui tous les suspects de la tyrannie des empereurs, il fait, sous un voile transparent, le tableau des suspects de la République.

1831. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Hégésippe Moreau. (Le Myosotis, nouvelle édition, 1 vol., Masgana.) — Pierre Dupont. (Chants et poésies, 1 vol., Garnier frères.) » pp. 51-75

Dès l’abord le poète nous montre le curieux, l’amateur artiste, qui entre à Saint-Étienne regardant et admirant les sculptures et les tableaux : Époussetant de l’œil chaque peinture usée.

1832. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mademoiselle de Scudéry. » pp. 121-143

Ce tableau que nous fait Conrart de la première éducation de Mlle de Scudéry, nous rappelle tout à fait la première éducation de Mme de Genlis en Bourgogne, et je dirai dès l’abord qu’à l’étudier de près comme je viens de faire, Mlle de Scudéry me paraît avoir eu beaucoup de Mme de Genlis, en y joignant la vertu.

1833. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame de Lambert et madame Necker. » pp. 217-239

Plus de quarante ans après, d’Alembert, écrivant dans ses Éloges académiques celui de M. de Sacy, y traçait un tableau touchant de cette amitié qui l’unissait à Mme de Lambert, et, en le faisant, il se représentait à lui-même, par une allusion sensible, sa liaison de cœur avec Mlle de Lespinasse qu’il venait de perdre.

1834. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « L’abbé Maury. Essai sur l’éloquence de la chaire. (Collection Lefèvre.) » pp. 263-286

On loua quelques parties de son discours de réception ; mais ce qui parut à tout le monde un néologisme intolérable et une énormité du plus mauvais goût, ce fut d’avoir osé dire, en résumant les principaux écrits et les événements de la vie de son prédécesseur : « Tel est, messieurs, le tableau que présente la vie de l’écrivain justement célèbre qui entre aujourd’hui dans la postérité ! 

1835. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Rivarol. » pp. 62-84

C’est dans cette dernière partie qu’on trouve des tableaux de la Révolution et de la Terreur au point de vue moral, qui rappellent parfois l’idée, la plume, et j’ose dire, la verve d’un Joseph de Maistre.

1836. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. Anecdotes. » pp. 123-144

Mais une fois jeté en prison (avril 1794), détenu au Luxembourg, La Harpe, avec cette âpre personnalité qu’on lui connaît, s’étonna plus qu’un autre d’avoir été atteint ; l’idée de la mort lui apparut, son imagination lui fit tableau ; il fut en proie à un grand tumulte, et, dans ce bouleversement de tout son être, il sentit une révolution s’opérer en lui : il eut le coup de foudre, ce qu’on appelle le coup de la grâce, qui le renversa et le retourna.

1837. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — II. (Suite.) » pp. 23-46

Son imagination, en ces matières, lui faisait tableau, et il était incapable par lui-même de ces lentes économies de détail qui seules assurent le succès des grandes entreprises particulières.

1838. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Mémoires de Daniel de Cosnac, archevêque d’Aix. (2 vol. in 8º. — 1852.) » pp. 283-304

Il fit mettre toutes les chaises sur une même ligne, fortifia les ruelles de tableaux, tablettes, plaques, plaça les miroirs dans des postes avantageux, flanqua chaque table de quatre guéridons ; enfin disposa généralement de tout le corps de ses meubles avec un ordre merveilleux.

1839. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre premier. La solidarité sociale, principe de l’émotion esthétique la plus complexe »

Si je suis ému par la vue d’une douleur représentée, comme dans le tableau de la Veuve du soldat, c’est que cette parfaite représentation me montre qu’une âme a été comprise et pénétrée par une autre âme, qu’un lien de société morale s’est établi, malgré les barrières physiques, entre le génie et la douleur avec laquelle il sympathise : il y a donc là une union, une société d’âmes réalisée et vivante sous mes yeux, qui m’appelle moi-même à en faire partie, et où j’entre en effet de toutes les forces de ma pensée et de mon cœur.

1840. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Henri Heine »

Avec la même intensité d’évocation, le poète compose, d’une série de pensées intimes et muettes, des tableaux réels, visibles, saisissants comme les spectacles familiers qu’éclaire le soleil.

1841. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Première partie. Écoles et manifestes » pp. 13-41

Mais ce n’est point dans les livres quelle inspire, que le lettré cherchera le tableau de la nouvelle littérature dont le caractère le plus apparent est une sorte d’inquiétude, un état de crainte permanente, de regrets, une tendance à revenir en arrière.

1842. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre I. La critique » pp. 45-80

Robert d’Humières nous a fait un tableau de l’Île et l’Empire de Grande-Bretagne.

1843. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Plan, d’une université, pour, le gouvernement de Russie » pp. 433-452

J’en donnerai le plan aussi vaste qu’il peut l’être ; je circonscrirai ce plan dans les limites ordinaires et d’usage ; je présenterai le tableau de l’un et de l’autre.

1844. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 35, de la mécanique de la poësie qui ne regarde les mots que comme de simples sons. Avantages des poetes qui ont composé en latin sur ceux qui composent en françois » pp. 296-339

Voici les premiers traits de ce tableau qui durera plus long-temps qu’aucun de ceux du Titien. ô toi !

1845. (1860) Ceci n’est pas un livre « Hors barrières » pp. 241-298

j’ai failli prendre la queue, à la suite de ces honorables littérateurs qui ne peuvent faire une mise en scène ou une description de deux lignes sans se rappeler et rappeler immédiatement un tableau de Rembrandt ou de Miéris, — Qu’ils n’ont, la plupart du temps, jamais vu.

1846. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Révolution française »

Aurait-on, pour la retracer et en ressusciter les personnages, le talent de tous les Tintoret et de tous les Velasquez de la terre, l’Histoire est plus pourtant qu’une galerie de tableaux menteurs et stupides.

1847. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « V. M. Amédée Thierry » pp. 111-139

Il ne monta pas jusqu’à cette intuition transcendante, jusqu’à celle émotion aux palpitations toutes-puissantes qui sont le génie ; il s’arrêta à la pénétration et à l’art, et voilà pourquoi ses Récits mérovingiens, qui sont plus des tableaux historiques que de l’histoire complète dans toute la profondeur de sa notion, sont le meilleur de ses ouvrages.

1848. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — La rentrée dans l’ordre »

Il me semble toutefois que cette extrême abondance, cette multiplicité de tableaux, de scènes, d’actes et de personnages, ne va pas sans nuire au personnage central des Trois Villes.

1849. (1908) Esquisses et souvenirs pp. 7-341

Cependant les corneilles seules faisaient peut-être plus grande figure dans ce tableau désolé… Voici qui est plus important : le plaisir toujours nouveau devient un plaisir indicible. […] Dans Roméo et Juliette, Shakespeare veut tracer un tableau sérieux de l’amour sans alliage ; il lui faut donc deux adolescents pour héros, et le malheur comme dénouement. […] Telle scène, telle réplique, tel vers isolé, ramènent devant moi du fond du passé, une multitude de petits tableaux qui se sont déroulés au milieu des heures et des saisons de ma vie intime. […] Labat, à qui quarante pages suffisent à peine pour s’émerveiller sur ce tableau ; quant à lui, il le juge détestable et plein de laideur. […] Il y a dans ces Mémoires d’un touriste de jolis tableaux, faits avec des phrases bien arrangées, quoique Stendhal aime à confondre Chateaubriand et Salvandy.

1850. (1929) La société des grands esprits

Ce n’est pas un tableau historique d’ensemble, mais une série d’articles, nourris d’idées et de connaissances et d’une lecture tout à fait attrayante. […] Pour la peinture, cela s’admet encore moins, car enfin il faut bien qu’un tableau représente quelque chose. […] Pensez au Tableau de la France (dans le deuxième volume de l’Histoire de France, après les Carlovingiens). […] D’où ce Tableau de la France, si juste, si pieux, alors si nouveau, et que Barrès a certainement médité. […] Ce tableau de la philosophie française, initiatrice et féconde, aura utilement servi le prestige de notre pays, en même temps que la simple vérité.

1851. (1910) Propos littéraires. Cinquième série

Mais ce que la postérité populaire connaîtra d’Hugo, ce qu’elle en apprendra par cœur, ce qu’elle en encadrera dans des « Extraits » et dans des tableaux scolaires suspendre dans les salles de classe, c’est le Victor Hugo moraliste. […] Il se dit, sans doute, que le sommeil de Booz est un tableau pittoresque, d’une belle couleur biblique, qui doit être plus développé qu’il ne l’est dans les deux premiers vers de cette strophe, qui doit être peint, qui doit être mis sous les yeux du lecteur. […] Ce qu’il y a de plus affligeant dans ce tableau plutôt triste, c’est qu’il devient plus désolant encore, à partir du moment où la Lorraine fut occupée par la France (1738) et administrée selon les pratiques françaises usitées alors. […] Grégoire, qui ne souffre dans son église ni tableaux ni statues, donne l’octave des morts à Lunéville. […] Je ne reprocherai à Mlle Bourgain que de n’avoir mis aucune ombre au tableau.

1852. (1859) Moralistes des seizième et dix-septième siècles

On n’a qu’un tableau décousu des bizarreries de l’esprit humain ; on décrit les symptômes de la maladie, on n’arrive pas au principe du mal. […] Malheureusement l’histoire ne s’attache qu’aux figures éminentes et laisse dans l’ombre, au fond du tableau, le gros de la population. […] En effet, les principaux éléments du siècle de Louis XIV apparaissent dans ce tableau. […] Enfin nous arrivons au peuple, entrevu par La Bruyère dans un coin du tableau. […] C’est là que se trouvent ces peintures du Fleuriste et de l’Amateur de fruits, tableaux piquants des manies où l’esprit humain peut s’égarer.

1853. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre premier. — Une leçon sur la comédie. Essai d’un élève de William Schlegel » pp. 25-96

Prosaïques par l’imitation de la vie réelle, elles le sont aussi par le but pratique, positif et moral qu’elles se proposent, et quand je lis les préfaces satisfaites de ces comédies utiles qui ne sont que des tableaux de la vie domestique où s’inscrivent çà et là de solides préceptes, pareils à celui qu’Harpagon voulait faire graver sur sa cheminée en lettres d’or, je crois entendre Euripide s’écriant dans les Grenouilles d’Aristophane : Grâce à moi, grâce à la logique De mes drames judicieux, Et surtout à l’esprit pratique De mes héros sentencieux, Le bourgeois plus moral, plus sage, Apprend à mener sa maison ; Car il rencontre à chaque page Des maximes pour sa raison Et des conseils pour son ménage44 ! […] Seulement, ils regardent ces fautes comme si légères, que, loin d’en faire à Molière l’objet d’un reproche sérieux, ils l’excusent, ils le louent presque d’avoir négligé l’intrigue au profit des caractères, à peu près comme si on approuvait un peintre de s’être affranchi, dans ses tableaux, du soin de composer et de grouper toutes les figures avec art, afin de pouvoir concentrer son étude sur la ressemblance de chacune d’elles avec son modèle.

1854. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (1re partie) » pp. 313-408

Quand son imagination malade se serait un peu grossi les traits du tableau, faudrait-il moins compatir à tant de souffrances ? […] S’il a été sévère dans la forme, et pour ainsi dire religieux dans la facture ; s’il a exprimé au vif et d’un ton franc quelques détails pittoresques ou domestiques jusqu’ici trop dédaignés ; s’il a rajeuni ou refrappé quelques mots surannés ou de basse bourgeoisie, exclus, on ne sait pourquoi, du langage poétique ; si enfin il a constamment obéi à une inspiration naïve et s’est toujours écouté lui-même avant de chanter, on voudra bien lui pardonner peut-être l’individualité et la monotonie des conceptions, la vérité un peu crue, l’horizon un peu borné de certains tableaux ; du moins son passage ici-bas dans l’obscurité et dans les pleurs n’aura pas été tout à fait perdu pour l’art : lui aussi, il aura eu sa part à la grande œuvre, lui aussi il aura apporté sa pierre toute taillée au seuil du temple ; et peut-être sur cette pierre, dans les jours à venir, on relira quelquefois son nom.

1855. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIIIe entretien. Balzac et ses œuvres (3e partie) » pp. 433-527

Le panneau d’entre les croisées grillagées offre aux pensionnaires le tableau du festin donné au fils d’Ulysse par Calypso. […] Imaginez au-delà du pont deux ou trois fermes, un colombier, des tourterelles, une trentaine de masures séparées par des jardins, par des haies de chèvrefeuilles, de jasmins et de clématites ; puis du fumier fleuri devant toutes les portes, des poules et des coqs par les chemins : voilà le village du Pont-du-Ruan, joli village surmonté d’une vieille église pleine de caractère, une église du temps des croisades, et comme les peintres en cherchent pour leurs tableaux.

1856. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre II. De la reconnaissance des images. La mémoire et le cerveau »

Le souvenir de telle lecture déterminée est une représentation, et une représentation seulement ; il tient dans une intuition de l’esprit que je puis, à mon gré, allonger ou raccourcir ; je lui assigne une durée arbitraire : rien ne m’empêche de l’embrasser tout d’un coup, comme dans un tableau. […] Il est à la parole même ce que le croquis est au tableau achevé.

1857. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) «  Chapitre treizième.  »

Ces tableaux des grandes sociétés antiques, cet éloge de la sagesse des Egyptiens, de la valeur des Perses, de l’esprit des Grecs, de la politique des Romains, sont d’un historien qui n’a pas peur de trouver grandes les œuvres de la créature de Dieu, et d’un philosophe qui ne hait pas le spectacle de la vie. […] Ce magnifique tableau des grands empires qui ont rempli le passé, et qui ont eu tour à tour le gouvernement du monde, sans pouvoir en soutenir longtemps la gloire, ne rencontre ni indifférents ni incrédules. […] L’austérité du ministère le gêne dans ses peintures, et, s’il cède souvent à cette force d’imagination qui lui présente la vie sous les plus belles couleurs, il semble se vouloir punir de cette complaisance en forçant le tableau de sa fragilité et de ses misères.

1858. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre III. La Déformation de l’Idéal classique (1720-1801) » pp. 278-387

Un jeune écrivain, dans les notes qu’il griffonne aux marges de son exemplaire de Malherbe, décide que, « même quand nous traçons des tableaux et des caractères modernes, c’est d’Homère, de Virgile, de Plutarque, de Tacite, de Sophocle, d’Eschyle qu’il nous faut apprendre à les peindre ». […] Les sources des Lettres persanes ; — et qu’on fait à Dufresny trop d’honneur en les voyant uniquement dans ses Amusements sérieux et comiques. — Mais, autant que de Dufresny, Montesquieu s’est inspiré des Caractères de La Bruyère et du Diable boiteux de Le Sage ; — du Télémaque de Fénelon [Cf. l’épisode des Troglodytes] ; — des récits de voyages de Tavernier et de Chardin ; — et même des Mille et Une Nuits. — Fâcheux développement de l’intrigue de harem dans les Lettres persanes ; — et que Montesquieu ne renoncera jamais à ce genre de tableaux [Cf. son Temple de Gnide ; Arsace et Isménie, etc.]. — La satire des mœurs contemporaines dans les Lettres persanes [Cf. notamment lettres 48, 57, 72, 143, etc.] ; — et qu’elle va bien plus profondément que la satire de Le Sage ou de La Bruyère [Cf. 24, 29, 44, 68, etc.]. — La dernière partie du livre. — De la singulière importance que l’auteur y donne, longtemps avant Malthus, à la question de la population [Cf. 113 à 123]. — Ses perpétuelles comparaisons de l’Europe à l’Asie. — Grand succès des Lettres persanes ; — Montesquieu se démet de sa charge de président, 1726 ; — il entre à l’Académie française, 1728 ; — et entreprend une série de voyages, — qui lui font connaître à peu près toute l’Europe civilisée, 1728-1731 [Cf.  […] Châtelain, La Folie de Rousseau, 1890, Voyez enfin Mme de Staël, Lettres sur les ouvrages et le caractère de Jean-Jacques Rousseau, 1788 ; — Villemain, Tableau de la littérature française au xviiie  siècle, 1828-1840 ; — Lord Brougham, Voltaire et Rousseau, 1845 ; — Louis Blanc, Révolution française, t.  […] VII. — André-Marie de Chénier [Constantinople, 1762 ; † Paris, 1794] 1º Les Sources. — H. de Latouche, « Notice », en tête de l’édition de 1819 ; — Sainte-Beuve, Mathurin Régnier et André Chénier, 1829, dans son Tableau de sa littérature française au xviiie  siècle ; Portraits littéraires, 1839, t. 

1859. (1884) La légende du Parnasse contemporain

Il y avait, dès le premier acte, un incendie, deux duels, trois ou quatre enlèvements, et nous comptions énormément sur le vingtième tableau de l’ouvrage où le père de l’une des jeunes filles enlevées, messire Escabala, c’était un nom, j’espère ! […] On déjeunait d’une page de Ronsard, ou de la contemplation d’un tableau du Titien, et, le soir, brisés, affamés, solitaires, on ne songeait pas à se désoler, car, dans les petites chambres de l’hôtel du Dragon Bleu, nous avions pour compagnons adorés tous les espoirs et tous les rêves. […] Double fête, double tableau ! […] Le frais tableau que voici est un pastel si tendre qu’on n’ose le regarder de près, de peur de faire s’en enlever, par son haleine, les couleurs : AU LEVER Charmante, les yeux bruns de mollesse baignés, Dans le désordre exquis des cheveux non peignés, Jeune fille déjà, l’air d’une enfant encore (Grâce double ! […] Tant de chaises, que huit ou dix Parnassiens pouvaient venir s’asseoir chez moi une fois par semaine ; et même, oublieux des famines de l’hôtel du Dragon-Bleu, nous avions cette opulence de manger quelquefois, entre des murs où il y avait des tentures et des tableaux, des gâteaux et des sandwichs suivis d’une tasse de thé.

1860. (1890) Le massacre des amazones pp. 2-265

Elle excelle à certains tableaux moitié de réalité, moitié de cauchemar et telles de ses pages sont des puissances frissonnantes, quoique l’artifice toujours soit visible. […] Ces artistes se consolent un peu en rêvant de grands tableaux et en réalisant « d’autres compositions d’une moindre conséquence ». […] Dans le dernier chapitre : Outre terre, l’auteur découvre des lois sur la nature ; fait parler les éléments terrestres d’une manière la plus dramatique, et enfin nous montre les Planètes rocheuses, et ses habitants, dans un tableau si radieux qu’on s’y voit transporté. […] Par la noblesse emphatique de certaines attitudes, par le lyrisme large et pourtant gracieux de certains mouvements, ce livre, d’une fougue adroite et rythmée, m’a fait songer à tels tableaux de l’école bolonaise. […] XVI Paix équitable Ceux qui m’ont suivi jusqu’ici reconnaîtront que j’ai fait un tableau impartial de l’actuelle littérature féminine.

1861. (1887) George Sand

Elle entendit, elle aussi, un jour, dans un coin sombre de la chapelle où elle s’abîmait en méditations, le Tolle, lege de saint Augustin, qu’un tableau naïf représentait devant elle. […] Et comme je voudrais faire ici un tableau non de fantaisie, mais d’histoire, avec la précision relative que comportent ces sortes de divisions d’un caractère tout psychologique, je crois pouvoir étendre cette première période de 1832 à 1840 environ. […] Elle garde gravé en traits indélébiles le tableau qui a passé sous ses yeux, elle le conserve inaltéré. […] C’est alors que, en face des injustices sociales dont elle était blessée, elle évoquera l’image de la vie champêtre et le tableau des intérieurs rustiques ; elle transportera de la scène du monde, qu’elle a jugée artificielle, sur une scène aussi humaine et plus naturelle à son gré, le conflit des passions et les drames du cœur, qu’elle poursuit toujours. […] « À Nohant, c’est toujours la même régularité monastique : le déjeuner, l’heure de promenade, les cinq heures de travail de ceux qui travaillent, le dîner, le cent de dominos, la tapisserie, pendant laquelle Manceau15 me fait la lecture de quelque roman ; Nini16, assise sur la table, brodant aussi ; l’ami Borie ronflant, le nez dans le calorifère et prétendant qu’il ne dort plus du tout ; Solange le faisant enrager ; Émile (Aucante) disant des sentences. » Voilà bien le tableau de famille auquel se mêlent quelques profils d’amis.

1862. (1900) Molière pp. -283

Je veux vous présenter ici Molière tel que je le conçois, en lui appliquant mes procédés propres de critique, procédés qui consistent à ne pas séparer de la littérature l’histoire et le tableau historique de l’heure et du temps, mais aussi de ne pas trop écraser la littérature et l’esthétique sous l’histoire, comme le font trop la critique allemande et la nouvelle école de critique française. […] Mais il y en a bien d’autres, que Bossuet et Boileau, qui ont eu des objections contre Molière ; il y a Bourdaloue, qui, dans un sermon très dur contre les hypocrites, trace un tableau très peu flatté de la vie et du particulier de Molière. […] Mettez seulement, à la place de madame la Baillive ou de madame l’Élue, madame la Générale ou madame la Directrice de l’enregistrement, et il n’y aura rien à changer à ce tableau. […] Qu’on vienne dire maintenant que le tableau de telles iniquités, de telles violences, d’un tel avilissement de la grande masse de la nation, de la bourgeoisie, est le plus beau plaidoyer qu’on puisse faire en faveur de l’égalité ; cela est vrai ; mais c’est nous qui faisons ce raisonnement deux cents ans après. […] Le tableau des abus de la direction de conscience a été tracé d’une façon définitive par un écrivain très peu suspect, car il est très pieux, La Bruyère, dans le chapitre iii de ses Caractères, « Des femmes ».

1863. (1882) Types littéraires et fantaisies esthétiques pp. 3-340

Je pourrais facilement tracer un tableau des effets de la musique aussi lamentable que le vôtre est consolant. […] L’ange de l’enthousiasme l’enlève par les cheveux, comme autrefois le prophète, pendant que le monde picaresque s’accroche à ses pieds, et, ainsi tiré en double sens, son maigre corps s’allonge encore et présente le tableau le plus comique qui se puisse concevoir. […] Dans la seconde partie, les tableaux sont plus calmes et plus doux, la société équivoque et suspecte des années d’apprentissage a disparu, on respire un air plus pur, et la sagesse fait entendre sa voix sur un ton plus soutenu et plus grave. […] Les souvenirs littéraires aidant, l’imagination doucement sollicitée fait passer devant les yeux de l’esprit mille petits tableaux à la fois plaisants et nobles, gais et décents, innocemment comiques. […] Les diverses manifestations de cette curiosité composent un vrai tableau d’Hogarth.

1864. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure »

On trouverait bien des particularités aussi, bien des traits utiles ou pittoresques pour un tableau du Système de Law, et de ses effets dans Paris, sur une nation si neuve aux idées de crédit et si prompte à passer de l’engouement à la panique.

1865. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres inédites de F. de la Mennais (suite et fin.)  »

Et quant à ses perspectives sur le sort de la France et sur l’avenir qui lui est réservé, il faut les lire longuement développées dans une lettre du 10 août ; et bien qu’il y eut alors trop de sujets d’être sombre, il faut se dire aussi qu’à quelques instants de sa vie qu’on le prenne, de semblables tableaux, justifiés ou non, l’assiégèrent toujours : il ne voyait chaque lendemain qu’à la lueur d’une torche funèbre, et sa forte logique elle-même se mettait tout entière, pour les corroborer, au service de ses visions d’épouvante : « A quels temps, grand Dieu, nous étions réservés !

1866. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [IV] »

Puisqu’on me signale à l’armée comme un imbécile, il n’est guère probable qu’on me fasse figurer sur ce tableau, et alors ma perte devient inévitable : je ne pourrais jamais supporter cette exclusion.

1867. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Vie de Rancé »

S’il était permis, sans rien profaner, de saisir l’ensemble et de tout mettre en compte dans le tableau, nous dirions que cette heure de 1672 fut sans doute la plus complète d’un règne si merveilleux.

1868. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Béranger — Béranger en 1832 »

Il vit de plus que pour être entendu du peuple, auquel de toute nécessité beaucoup de détails échappent, il fallait un cadre vivant, une image à la pensée dominante, un petit drame en un mot : de là tant de vives conceptions si artistement réalisées, de compositions exquises, non moins parlantes que les jolies fables de La Fontaine ; tant de tableaux si fins de nuances, et si compris de tous par leur ensemble.

1869. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — L'abbé de Lamennais en 1832 »

Pourtant, en 1796 ou 97, il envoyait au concours de je ne sais quelle académie de province un discours dans lequel il combattait avec beaucoup de chaleur la moderne philosophie, et qu’il terminait par un tableau animé de la Terreur.

1870. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SUE (Jean Cavalier). » pp. 87-117

Le mal tient-il cette place, à la fois première et singulière, dans leurs vastes tableaux ?

1871. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « UNE RUELLE POÉTIQUE SOUS LOUIS XIV » pp. 358-381

Villemain, Tableau du dix-huitième Siècle, onzième leçon. — Il a eu raison dans tout ce qu’il a dit du style, mais il a été injuste en ce qui concerne la personne et le caractère.

1872. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « L’abbé Prévost »

» L’idéal de l’abbé Prévost, son rêve dès sa jeunesse, le modèle de félicité vertueuse qu’il se proposait et qu’ajournèrent longtemps pour lui des erreurs trop vives, c’était un mélange d’étude et de monde, de religion et d’honnête plaisir, dont il s’est plu en beaucoup d’occasions à flatter le tableau.

1873. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mémoires sur la mort de Louis XV »

En la reproduisant ici, je n’ai eu qu’un but, c’est de montrer dans un frappant et hideux tableau comment les monarchies finissent, comment elles sont atteintes en quelque sorte de gangrène sénile.

1874. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Introduction »

Le premier volume est divisé en trois sections ; la première traite successivement de l’influence de chaque passion sur le bonheur de l’homme ; la seconde analyse le rapport de quelques affections de l’âme avec la passion ou avec la raison ; la troisième offre le tableau des ressources qu’on trouve en soi, de celles qui sont indépendantes du sort, et surtout de la volonté des autres hommes.

1875. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre IV. Construction de la société future »

M. de Barante, Tableau de la littérature française au dix-huitième siècle, 318. « On s’imaginait que la civilisation et les lumières avaient amorti toutes les passions, adouci tous les caractères.

1876. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre premier. Mécanisme général de la connaissance — Chapitre premier. De l’illusion » pp. 3-31

Par une conséquence forcée, des jugements affirmatifs suivent ces images ; selon leur espèce, nous croyons avoir devant nous tel ou tel objet, « un livre ouvert imprimé en fort petit texte et que nous lisons péniblement4 un hermaphrodite, un ragoût à la moutarde d’où s’exhale une odeur forte, tel tableau de Michel-Ange, un lion, une figure verte rhomboédrique », quantité de personnages et de paysages.

1877. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis »

« Après le tableau que nous venons de faire de la passion de Laurent, on peut se permettre sans doute de demander quel était l’objet d’un amour si délicat, quel était le nom de cette femme qu’il adore sans la désigner autrement que d’une manière vague, qu’il célèbre sans la nommer.

1878. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLIXe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

Mais ce qu’il y eut de plus beau dans une circonstance si triste, ce fut le tableau de ce père qui, de son côté ne voulait pas, par sa tristesse, aggraver la tristesse de son fils, se faisait un autre visage, contenait ses larmes dans ses yeux, et ne laissait aucunement paraître son âme brisée, tant que son fils était sous son regard : ainsi, tous deux faisaient violence à leur affection et s’efforçaient de rentrer leurs larmes, l’un par piété filiale et l’autre par piété paternelle.

1879. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre III. Littérature didactique et morale »

Ailleurs, veut-il se plaindre de l’indiscrétion des femmes, autre scène de comédie : dans un tableau très réaliste, un dialogue vif et fort de la femme et du mari, l’une par ruse, caresse, menace, dépit extorquant le secret qu’elle publiera, l’autre, pauvre niais !

1880. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Bussy-Rabutin. » pp. 360-383

À cette même tranchée devant Mardyck, au moment où il fallait en déloger les ennemis, Bussy, qui est entré par un côté, se rencontre tête à tête avec le duc d’Enghien, qui montait de l’autre, faisant main basse sur tout ce qui se présentait à lui : Je ne songe point, dit-il, à l’état où je trouvai ce prince, qu’il ne me semble voir un de ces tableaux où le peintre a fait un effort d’imagination pour bien représenter un Mars dans la chaleur du combat.

1881. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « André Chénier, homme politique. » pp. 144-169

Il lui prête un rôle impossible après le 20 juin et quand la partie est déjà perdue : ce jour, en effet, qui est déjà celui de la chute du trône, lui paraît pouvoir être le point de départ d’une restauration idéale dont il trace un tableau chimérique et embelli.

1882. (1864) William Shakespeare « Conclusion — Livre III. L’histoire réelle — Chacun remis à sa place »

L’histoire n’était qu’un tableau, elle va devenir un miroir.

1883. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre III : Examen de la doctrine de Tocqueville »

L’immensité et l’obscurité du tableau défieront toujours l’observation la plus pénétrante.

1884. (1856) Les lettres et l’homme de lettres au XIXe siècle pp. -30

N’osant enfreindre la loi, il rusera avec elle, voilera son cynisme, l’embellira d’une délicate parure ; d’autant plus dangereux dans ses doctrines et dans ses tableaux, qu’il se fera plus aimable et plus séduisant.

1885. (1913) La Fontaine « IV. Les contes »

Il a enveloppé son récit dans le tableau de la société des quatre amis.

1886. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre I. La conscience et la vie »

La pensée qui n’est que pensée, l’œuvre d’art qui n’est que conçue, le poème qui n’est que rêvé, ne coûtent pas encore de la peine ; c’est la réalisation matérielle du poème en mots, de la conception artistique en statue ou tableau, qui demande un effort.

1887. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Résumé et conclusion »

Entre le plan de l’action, — le plan où notre corps a contracté son passé en habitudes motrices, — et le plan de la mémoire pure, où notre esprit conserve dans tous ses détails le tableau de notre vie écoulée, nous avons cru apercevoir au contraire mille et mille plans de conscience différents, mille répétitions intégrales et pourtant diverses de la totalité de notre expérience vécue.

1888. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre VI. De la politique poétique » pp. 186-220

Mais quand on accorderait ce privilège aux Romains, il faudrait convenir que leurs traditions ne présentent que des souvenirs obscurs, que des tableaux confus, et qu’avec tout cela la raison ne peut s’empêcher d’admettre ce que nous avons établi sur les antiquités romaines.

1889. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre premier. »

Mais l’image entière, le tableau appartient à l’ordre de leur génie ; et c’est leur voix qu’on entend dans ces paroles de Bossuet.

1890. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XI. »

Une autre scène de ce tableau cependant, une autre épreuve de cette vie symbolique portée sur le théâtre d’Athènes, avait besoin d’un enthousiasme plus audacieux encore : c’était le Prométhée délivré.

1891. (1910) Propos de théâtre. Cinquième série

C’est un tableau fort agréable. […] C’est un tableau d’intérieur, une famille troublée par un de ces malheurs que tout le monde a vus, que tout le monde peut apprécier. […] D’Indiana et de Valentine, elle dit très posément, en 1836 : « Ce ne sont pas des pamphlets contre le mariage, ce sont des tableaux exacts et fidèles (lisez des confidences ou confessions). […] Comme le mariage et l’amour peuvent très bien exister en dehors de ces deux conditions, la vérité du tableau n’a rien à faire avec les institutions. […] Prenez cinq ou six tragédies de Corneille au point de vue du groupe sculptural ou du tableau, comme j’ai fait (trop rapidement) pour les tragiques grecs.

1892. (1904) Propos littéraires. Deuxième série

Toutes les grandes inventions et les grandes vérités vinrent d’ailleurs. » — Et n’est-il pas étrange que dans un tableau de l’esprit humain au xviie  siècle la philosophie française tout simplement ne figure point ? […] Mais elle a réuni les connaissances humaines dans un tableau assez vaste, assez clair et très bien ajusté à la commune mesure des intelligences. […] C’est un tableau presque complet du bon peuple, du mauvais peuple et des rapports de tous les deux avec le monde bourgeois. […] C’est tout à fait la méthode (instinctive) de Théophile Gautier critique : faire d’un auteur aimé un portrait, et d’une œuvre chérie un tableau à la plume, qui donne, plus ramassée, la sensation que produit l’artiste lui-même. […] Il le dit quelque part : « Ce serait trahir le poète que d’étudier seulement dans son ouvrage la couleur des tableaux, le relief des portraits, le pathétique des sujets, le tragique des situations, l’éloquence du verbe imagé, la puissance du rythme.

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