Il serait plus difficile de dépeindre les sentiments qu’elle réveille, et qui se rapprochent de ce que notre cœur peut comprendre des plus extatiques ravissements. […] Quand on considère l’attitude du public envers lui, envers Berlioz, envers tous les grands artistes enfin, il est difficile de ne pas lui donner raison sur ce point.
Entre la sensation du bleu et la sensation d’une piqûre d’épingle il est difficile de n’admettre qu’une différence de plaisir et de douleur ; le bleu, comme tel, a sa qualité propre, qui, quoique inséparable peut-être de certains plaisirs, quoique contenant encore comme éléments essentiels des jouissances subtilement combinées, renferme aussi cependant un quale, une caractéristique. […] Un son même n’est pas saisi en dehors de l’espace, dans le monde des esprits, dans le paradis : il est senti corporellement, comme quelque chose qui est plus ou moins voisin ou éloigné, qui a une direction, difficile peut-être à distinguer, mais pourtant réelle.
Comment ces acteurs et ces actrices nécessaires en grand nombre à la représentation de la scène se consacreraient-ils, dès leur enfance, à un art difficile qui ne leur promettrait ni pain, ni gloire, ni compensation à tant d’études ? […] Corneille cependant avait raison selon nous ; et en assignant au jeune Racine le rôle de poète épique, il ne lui assignait certes pas une gloire inférieure à la sienne, car on lit et relit avec délices le poème ; et la lecture des tragédies, dépourvue des fantasmagories de la scène, est une lecture difficile, ingrate, tronquée, souvent fastidieuse.
Sa conduite, dans toutes les circonstances difficiles de ces temps de contrastes et de revirements de fortune, fut aussi noble que ses sentiments. […] Mais si l’on entend par caractère cette solidité de membres, cet aplomb de stature, cette énergie de pose qui font qu’un homme se tient debout contre les vents de la vie et qu’il marche droit à pas réguliers dans les sentiers difficiles, vers un but humain ou divin placé au bout de notre courte carrière humaine ; non, Alfred de Musset ne reçut pas de la nature et ne conquit pas par l’éducation ce caractère, seul lest qui empêche le navire de chavirer dans le roulis des vagues.
À mesure qu’on avancera dans le monde moderne, il deviendra pourtant de plus en plus difficile aux rédacteurs qui seront en exercice alors de se contenir à l’exposé des faits à l’analyse des ouvrages, sans y mêler quelque chose des idées et des impressions qui sortent presque inévitablement : mais jusqu’à présent l’esprit essentiel et primitif de l’œuvre, convenablement entendu et dans une juste extension, a été fidèlement observé.
Cette seconde région, qui est propre à la Suisse, est plus sobre, plus austère, plus difficile ; elle est souvent dénudée ; la végétation variée de la région inférieure y expire ; mais les sapins, les mélèzes, à son milieu, envahissent les pentes, revêtent les ravins, bordent les torrents ; la chaumière n’y est plus riante et richement assise comme dans le bas, elle y est conquise sur la sécheresse des terrains et la roideur des pentes : ce n’est plus le charme agreste, c’est le règne sauvage qui a sa beauté.
On s’entremit surtout auprès de M. de Maurepas, alors ministre de Paris (c’était le terme), de qui dépendait l’affaire et qui devait être moins difficile qu’un autre, ce semble, sur ce chapitre de la légèreté médisante et de la satire.
On parle du livre que celui-ci vient de faire paraître ; il en demande son avis à l’officier, qui lui répond d’abord : « Je ne suis guère en état d’en juger ; ce n’est pas un livre fait pour moi, je suis trop vieux », donnant à entendre qu’en vieillissant, le goût, comme le palais, devient plus difficile.
» — « Mais, dis-je, il est effectivement assez difficile d’ôter à Cavendish une gloire que, depuis plus de cinquante ans, les savants de tous les pays s’accordent à lui reconnaître. » — « Allons, répondit-il, je vois que vous êtes un aristocrate, et que Cavendish le lord aura raison devant vous contre Watt le mécanicien. » — « Ne serait-ce point, ajoutai-je à mon tour en riant, que, devant un démocrate comme vous, le grand seigneur doit nécessairement céder à l’enfant du peuple ?
Il s’en défendait fort : « Ce n’est pas moi, madame, qui suis difficile à voir, c’est vous.
C’est un livre dont il serait difficile de présenter l’analyse.
Commenter Bossuet est à la longue une tâche difficile et même périlleuse ; les citations qu’on fait parlent d’elles-mêmes et éclairent certaines pages jusqu’à éteindre tout ce qui est à l’entour.
Dans son dernier séjour à Venise et dès son arrivée en 1832, il avait vu un carnaval tel qu’il le désirait, un carnaval favorisé par le beau temps, et plus animé encore que de coutume à cause d’une baisse des comestibles : « Mais pourtant il est bien difficile, et peut-être impossible, écrivait-il à Schnetz, de rendre une scène de masques avec vérité et noblesse.
Il faudrait seulement conserver les unités, pour ces gens difficiles et amoureux de la vieille poétique, qui, sans les unités, seraient au désespoir de se laisser attendrir ou amuser.
Et au lieu de : « Frugibus alternis, non consule, computat annum », sans entrer dans une antithèse difficile, il dira nonchalamment : Il tient par les moissons registre des années… Mais surtout il y met à chaque instant ses impressions vraies, et les associe aux tons primitifs sans qu’on puisse les démêler.
Son gouvernement de Fribourg lui donne occasion d’aller visiter les entrées des montagnes Noires : « Il ne les trouva pas d’un accès si difficile que l’on le publiait, et dès ce temps-là il prit des connaissances qui lui furent utiles dans la suite. » Le roi lui demande même des mémoires sur les projets de guerre qu’on peut former : Villars les lui remet en audience particulière ; le roi les lit et l’assure que c’est avec plaisir, et qu’il en comprend les conséquences et l’utilité : mais comme celui qui pensait n’était pas à portée d’être chargé de l’exécution, qu’il y avait trois maréchaux de France destinés au commandement de l’armée d’Allemagne, et que, d’ailleurs, le ministre de la guerre (c’était alors Barbesieux) était ennemi déclaré du marquis de Villars, ses idées ne furent point suivies.
Il y avait encore, disait-il, à voir les titres du grand cabinet, ceux du trésor de l’hôtel de Nevers, et enfin une table générale devenait indispensable pour ces derniers inventaires ; on lui demanda ce nouvel effort, et il s’y mit : « L’affection que j’ai toujours eue pour cette princesse ne m’a rien fait trouver de difficile ni d’ennuyeux, où il s’agissait de son service, et puis j’étais bien aise d’avancer toujours dans ma curiosité, pour y faire de nouvelles conquêtes quand l’occasion s’en offrait. » Depuis qu’il eut son logement en ce lieu d’honneur et d’étude, il semble qu’il ne lui manquait plus rien.
Il y a un moment très difficile à fixer avec précision où, dans ces luttes du héros nouveau, de ce grand diable d’homme (comme il l’appelle) contre les souverains des vieilles races, le fer insensiblement se transmute et acquiert de l’or : laissons les figures ; il y a un moment où le fait devient droit, où l'utilité publique, la grandeur nationale, l’immensité des services rendus et à rendre, le prestige qui rayonne et ne se raisonne pas, se confondent pour sacrer un homme nécessaire et une race qui fait souche à son tour.
Sayous vient de s’appliquer à ce travail, non pas ingrat, mais lent, difficile, et qui demande un graveur encore plus qu’un peintre.
La jeunesse a besoin de mouvement avant tout, et elle n’est pas difficile sur les idées : pourquoi ne s’être pas donné pour tâche d’y veiller ?
Il m’était aussi difficile de m’arrêter que de reculer.
Je souscris à tout ce que la relation me fait dire ; je réclame cependant pour un mot ; je voudrais circonspects au lieu de judicieux. » Les Français, en effet, quelque complaisance qu’on mette à les juger, sont évidemment très-rétifs à la nouveauté en littérature, et, du temps de Gœthe surtout, il était difficile de trouver judicieuse la disposition d’esprit où se tenaient la plupart des écrivains de l’Empire : évidemment circonspect était le mot le plus doux, le mot poli.
Fréron, même quand il eût été plus prudent, plus mesuré à l’égard de Voltaire, n’aurait pas trouvé grâce sans doute auprès de lui, ni triomphé de la position difficile que lui faisait sa fonction de journaliste.
Le vague, l’obscur, le difficile, s’ils se combinent avec quelque grandeur, sont plutôt son fait.
Il y fut actif, essentiel, et il contribua autant que personne, en ces difficiles et calamiteuses années 1799-1800, à l’organisation de l’armée et de l’état militaire en Suisse, à la réforme et à la refonte des règlements, au bon choix des hommes.
La quantité de préludes que nous entendons, la riche matière poétique qu’on broie à l’envi sur ce sujet, au lieu de préparer l’œuvre finale, ne la rendent-ils pas plus difficile ?
Il y eut des moments difficiles.
Nul n’a su mieux que lui la valeur des mots, le pouvoir de leur position et de leurs alliances, l’art des transitions, ce chef-d’œuvre le plus difficile de la poésie, comme lui disait Boileau ; on peut voir là-dessus leur correspondance.
Il faut que l’auteur italien prenne tout en lui-même pour faire une tragédie, qu’il s’éloigne entièrement de ce qu’il voit, de ses idées et de ses impressions habituelles ; et il est bien difficile de trouver le vrai de ce monde tragique, alors qu’il est si distant des mœurs générales.
Ceux qui sous un tel ordre de choses sont nés dans la classe privilégiée, ont à quelques égards beaucoup de données utiles ; mais d’abord la chance des talents se resserre, et à proportion du nombre, et plus encore, par l’espèce de négligence qu’inspirent de certains avantages ; mais quand le génie élève celui que les rangs de la monarchie avaient déjà séparé du reste de ses concitoyens, indépendamment des obstacles communs à tous, il en est qui sont personnels à cette situation ; des rivaux en plus petit nombre, des rivaux qui se croient vos égaux à plusieurs égards, se pressent davantage autour de vous, et lorsqu’on veut les écarter, rien n’est plus difficile que de savoir jusqu’à quel point il faut se livrer à la popularité, en jouissant de distinctions impopulaires ; il est presqu’impossible de connaître toujours avec certitude le degré d’empressement qu’il faut montrer à l’opinion générale : certaine de sa toute puissance, elle en a la pudeur, et veut du respect sans flatterie ; la reconnaissance lui plaît, mais elle se dégoûte de la servitude, et rassasiée de souveraineté, elle aime le caractère indépendant et fier, qui la fait douter un moment de son autorité pour lui en renouveler la jouissance : ces difficultés générales redoublent pour le noble, qui dans une monarchie veut obtenir une gloire véritable ; s’il dédaigne la popularité, il est haï : un plébéien dans un État démocratique, peut obtenir l’admiration en bravant la popularité ; mais si un noble adopte une telle conduite dans un État monarchique, au lieu de se donner l’éclat du courage, il ne ferait croire qu’à son orgueil ; et si, cependant, pour éviter ce blâme, il recherche la popularité, il est sans cesse près du soupçon ou du ridicule.
Le moment était difficile ; les opinions étaient agitées et confuses.
Comme elle n’est pas artiste, elle voit dans la perfection artistique presque un inconvénient, une infériorité : la beauté formelle lui rend plus difficile à saisir la personnalité de l’œuvre.
Lemaître a commencé de s’acquitter par deux remarquables pièces : l’Age difficile et le Pardon (saison théâtrale de 1891-1895), où se poursuit avec bonheur le développement de son fin et vigoureux talent.
Car cette région de liberté, et même de licence, est une prison comme toutes les catégories sociales : et il est très difficile d’en sortir, parce qu’on y prend de funestes manies morales.
C’est un métier si difficile qu’aucun autre n’a pu y réussir et qui exige une telle tension d’esprit, une telle attention de soi-même, de tous ses gestes, de toutes ses paroles, que lui-même y a laissé sa raison.
Quand on veut lire tout haut du Rabelais, même devant des hommes (car devant les femmes cela ne se peut), on est toujours comme quelqu’un qui veut traverser une vaste place pleine de boues et d’ordures : il s’agit d’enjamber à chaque moment et de traverser sans trop se crotter ; c’est difficile.
Ce domaine, c’est une certaine liberté honnête, difficile à définir, mais très aisée à sentir, qui fait qu’on n’est pas d’un parti, qu’on n’est pas toujours sur l’attaque et la défensive, qu’on cherche le bien, le beau ou l’agréable en plus d’un endroit, qu’on tient son esprit ouvert comme sa fenêtre au rayon qui entre, à l’oiseau qui passe, à la matinée qui sourit.
Si vous voulez faire parler Platon au Sunium (ce qui est difficile), inspirez-vous de lui à l’avance, remplissez-vous de son esprit et de ses formes ; et alors, si l’imagination vous le dit, parlez de source et en toute abondance de cœur, improvisez un moment ; mais ne venez point citer de mémoire des centons cousus ensemble de ses pensées.
La gloire de ces romanciers populaires étonne la postérité, qui n’est composée que de délicats et même de difficiles, du moins quand elle regarde les morts.
D’autre part, il a semblé que s’il est aisé de classer dans le domaine de la pathologie tels cas extrêmes où la conception différente qu’un être se forme de lui-même est accompagnée d’une impuissance absolue à se réaliser, il est un nombre beaucoup plus grand d’autres cas où il est fort difficile de discerner, si l’acte, par lequel un être se conçoit autre qu’il n’est, est de nature à augmenter ou à diminuer sa puissance.
Il faut donc que l’imagination de l’ouvrier supplée à tout ce qu’il y a de plus difficile à faire dans l’expression, à moins qu’il n’ait dans son attelier un modele encore plus grand comedien que baron.
Cette lecture, au contraire, leur a montré que l’art d’écrire était beaucoup plus difficile qu’ils ne pensaient, et si cela n’a découragé personne, c’est évidemment parce que nous avons dit ce qu’il fallait dire et que nous avons conseillé ce qu’il fallait conseiller.
Zola, comme il est entendu par avance que ses romans devront manquer de tout intérêt romanesque, et comme son « dossier » militaire ou administratif sera sans doute aussi riche de documens que son « dossier » agricole, on voit que la tâche ne lui sera pas non plus très difficile.
Aucun professeur ne savait mieux classer les questions, les annoncer, faire compter aux auditeurs tous les pas de sa méthode, les mener par la main, les soutenir aux passages difficiles, marquer les étapes du voyage, les arrêter au bout de chaque question pour leur faire embrasser d’un coup d’œil l’espace parcouru.
Puis viennent des retours de l’ancienne tendresse, le cœur est combattu, et de cette situation tragique sort une poésie naturellement éloquente : « Il est difficile de rejeter tout à coup un long amour, bien difficile. […] Il est assez difficile de le caractériser d’un mot, car son talent a bien des contrastes : il est naturel et affecté, délicat et trivial, tendre et rude ; la simplicité et la recherche, l’inspiration et le pastiche se mêlent chez lui dans une égale mesure. […] Il y a de frappantes et nombreuses ressemblances entre l’école de Ronsard et celle de Victor Hugo : l’une et l’autre ont jeté à l’esprit français un fier et audacieux défi, l’une et l’autre ont tenté de créer une langue poétique différente de la prose par plus de splendeur et par je ne sais quoi de rare, de difficile et de précieux. […] Une chose peut bien avoir égaré l’opinion sur la valeur poétique de l’Année terrible, puisqu’elle rend encore très difficile de juger ce livre pertinemment : ce sont les passions politiques. […] Le commencement est ce qu’il y a de plus difficile en toute chose ; quand la note est trouvée et quand le train est pris, un défaut de mesure ou d’harmonie n’est pas probable de la part d’un écrivain soigneux et logique.
Quelle finale sourde, disgracieuse, difficile à prononcer ! […] Mais, au reste, ce dessein, difficile, audacieux et cependant sans grandeur, le vizir en poursuit l’accomplissement avec sérénité. […] Pour moi il me semble bien difficile de refuser à Brichanteau l’accent de Paris. […] À Paris il s’aperçoit, à l’attitude d’un ami, qu’il a fait sans le savoir une situation difficile à cette enfant. […] ce n’est pas difficile d’être mystique !
Il me paraît bien, cependant, qu’il est difficile d’être moins « européen » que Parny, d’être plus étroitement d’un pays, d’une société, d’une époque, d’une philosophie, d’une poétique et d’un genre. […] De déterminer avec précision quelles sortes de vérités il en bannit, cela serait long et difficile. […] Pénétrer là-dedans devient à ses yeux la seule chose désirable, parce que c’est pour lui la seule un peu difficile. […] Et c’est ici que l’irréprochable Réboval s’aperçoit des inconvénients qu’il y a à « faire deux fois son devoir » et s’avise enfin qu’il suffit peut-être de le faire une bonne fois, ce qui, du reste, est généralement plus difficile. […] La pièce est très difficile à raconter (je m’en suis aperçu).
Le voyant si bien arrêté dans ses résolutions, je lui demandai s’il était vrai qu’il eût dit un jour en parlant de l’Académie : « C’est, après le Jockey, un des cercles parisiens où il est le plus difficile d’entrer ! […] Je ne crois pas que les difficiles trouvent rien à retrancher ou à ajouter à ces lignes. […] L’entrée en fut difficile, vu sa hauteur ; on se consulta, puis on l’insinua en long et en biais. […] Le type du poète tribun, c’est Victor Hugo, et quoi qu’on fasse pour ne point lui ressembler, il est bien difficile de ne pas marcher parfois dans l’empreinte de ses pas, puisqu’on suit le même chemin. […] Non seulement je n’ai rien dit que ce que je pense ; chose bien plus rare et plus difficile, j’ai dit tout ce que je pense.
Il est vrai que c’est un art admirable et assez difficile à comprendre : il y faut, au moins aujourd’hui, des voyages d’études et de nombreux points de comparaison. […] Paul Arbelet a tenté une apologie de Striyenski : « Il fallait, dit-il, glaner et extraire : œuvre personnelle que chacun entend à sa façon, œuvre difficile où l’on ne saurait contenter tout le monde, mais qui est ici inévitable. […] Il est bon de contrôler par une seconde lecture les impressions qu’il nous donne, et l’on en retire généralement le même profit que d’une seconde audition de musiques difficiles. […] C’est un passe-temps quelquefois agréable, qu’il est difficile de prendre plus au sérieux que les enquêtes parlementaires, universellement connues pour ne jamais aboutir. […] Cependant, un des correspondants d’Agathon note que le recrutement des séminaires devient de plus en plus difficile.
Le difficile est de constater cette éclosion et de décerner justement le droit d’aînesse à une idée ou à un brin d’herbe. […] En tous cas, il est certaines matières difficiles à traiter, et si M. […] Il est difficile de faire la critique d’un livre qui, dès la première quinzaine de sa publication, s’est vendu à près de vingt mille exemplaires. […] Cela nous donna des jambes, et cependant marcher était difficile autant que pénible, au milieu de cette neige, dans laquelle j’enfonçais jusqu’à mi-corps. […] Nous donnâmes la solution de ce difficile et important problème en conseillant tout simplement de scier la table ronde de manière à en faire une table carrée, ce qui fut fait.
Un gros bagage n’est pas nécessaire pour aller loin, c’est quelquefois même un embarras, et je pense qu’il suffira à M. de Maupassant de montrer un volume de ses nouvelles pour que la postérité ne lui soit pas trop difficile. […] Aussi les gens difficiles comme moi n’arrivent-ils jamais à s’y trouver bien. […] L’analyse m’en est difficile et pour cause. […] Et Mathurin Régnier a encore raison, le difficile est non seulement d’acquérir, mais surtout de conserver. […] Chanter juste est chose difficile en poésie, car il faut l’émotion d’abord, qui appartient à la jeunesse, et l’expression, résultat de l’expérience.
Peut-être sont-ils plus difficiles à traduire encore que les Poèmes, dont M. […] Balfour sont d’une lecture difficile, que serait-ce de celles d’un homme dont les yeux ont fini par s’acclimater aux ténèbres de la caverne de l’Idéalisme ? […] Ce sont aussi, malheureusement, les plus difficiles à faire connaître en dehors de leur pays. […] L’exploration qu’il tentait devait, toutefois, lui être plus difficile qu’elle n’avait été à son précurseur français. […] Et si le roman lui paraît un genre très inférieur au drame, c’est simplement parce qu’il est d’un usage beaucoup plus difficile, et ne produit pas autant d’effet sur le grand public.
Mais l’Art est difficile 28 est le recueil des critiques que Jacques Boulenger a publiées dans l’Opinion depuis 1919 : il comporte trois tomes ; on lui avait recommandé de lire le second en premier, et dans celui-ci, d’abord, les « Souvenirs de P. […] Déjà les autres tomes de Mais l’Art est difficile appelaient le regard de Xavier, et comme de raison la préface que Boulenger a mise au recueil, et qui informe si bien de ses ambitions, qui sont de dégager les idées, le sens des œuvres et des groupes d’œuvres, de peser celles-ci moralement, historiquement, philosophiquement, de distinguer avec netteté « les divers points de vue d’où il est intéressant de considérer les ouvrages de l’esprit29 ». […] Il a même écrit sur mon maître une étude qui lui a plu, et l’on peut dire qu’il est difficile à satisfaire35. […] C’était alors une entreprise difficile que de s’installer dans le succès ! […] Il est possible que cette distinction en portant l’attention du public sur un seul livre de Giraudoux et celui-là même qui, de prime abord, paraît le plus difficile et disons le mot, le moins séduisant ait privé Giraudoux des lecteurs éventuels qui auraient pu faire leur plaisir des Lectures pour une Ombre, de Simon le Pathétique, d’Adorable Clio, par exemple.
Le poste difficile où il se trouvait placé, donnait à toutes ses actions je ne sais quoi d’équivoque, dont la haine de toutes les factions a pu profiter contre lui avec trop d’avantage. […] Tout est dit alors, etc. » Il est difficile, après cet anathème, de juger les femmes extraordinaires. […] Ici les tableaux se succèdent en foule, et le choix serait difficile. […] Ses ennemis ne se sont point encore rassemblés, et leur voix ne peut imposer silence à l’enthousiasme, mais, quand ce même talent agrandi se développe dans une composition plus vaste et plus difficile, ses juges deviennent plus sévères, et ses succès sont plus disputés : c’est que la haine a eu le temps de prendre ses mesures, et de protester contre l’admiration publique. […] Plusieurs morceaux de la Pétréide fourniraient encore plus d’une observation curieuse, si on les comparait à cette Henriade, dont il est si commun d’abaisser le mérite, et si difficile d’égaler les beautés.
Écoutez-les, et si chacune de ces voix, qui représente une année, une passion de voire vie, arrive à vous, racontant des opinions auxquelles vous êtes resté fidèle, des haines qui vivent encore en votre âme, et des admirations qui n’ont fait que grandir ; si en même temps vous rencontrez, dans ce concert qui ne vous déplaît pas, quelque souvenir de luttes généreuses, de résistances loyales, de combats courageux : le faible protégé dans sa faiblesse imméritée, et le fort attaqué dans sa gloire injuste ; et si vous pouvez dire à coup sûr : voilà une renommée que j’ai faite, voilà un esprit que j’ai découvert le premier, voilà un nom qui est un nom, grâce à moi ; et parmi vos erreurs, si vous en trouvez plusieurs qui vous ont été facilement pardonnées ; et parmi les hardiesses de votre goût, si vous en rencontrez quelques-unes qui aient été justifiées, et dans vos prévisions, s’il arrive que vous ayez deviné juste, une fois sur dix, et si, en fin de compte, vous avez pour amis les vaillants, les fidèles, les courageux, les grands esprits, et si les autres seuls vous haïssent ; les impuissants, les vaniteux, les faux poètes, les faux historiens, les faux railleurs, les faux braves, les faux hommes de lettres, et si parmi les choses que vous avez écrasées, il ne s’est pas rencontré un chef-d’œuvre, et si parmi les choses que avez le plus louées, il ne s’est pas découvert une honte, et si votre instinct vous a guidé dans les passages difficiles, de façon à vous faire éviter les trappes, les écueils et les abîmes dont le sentier des belles-lettres pratiques est semé de toutes parts, et si, de tous ces obstacles… Tant de violences, de haines, de cris étouffés, — tant de fureurs anonymes, tant d’injures, tant de calomnies, tant et tant de rages sourdes de l’amour-propre offensé, n’ont pas laissé plus de traces que l’escargot quand il passe… un peu d’écume gluante que la rosée efface et que le soleil emporte, alors, véritablement, cette profonde horreur que vous inspirait cet amas de feuilles, amoncelées dans le Capharnaüm du journal, devient une fête… une fête de votre esprit ! […] Même à cette heure où s’en vont les illusions de la jeunesse, à cette heure où s’enfuit l’enthousiasme, il me semble qu’il n’y a rien à reprendre, ou bien peu s’en faut, à cette vie heureuse, occupée, honorée, et remplie à ce point des plus rares et des plus difficiles chefs-d’œuvre de l’esprit humain. […] En ceci consiste la tâche heureuse et difficile de la critique. […] Molière, cette observation mélancolique et bienveillante, avait fort bien deviné que le rire est en dernier résultat, la plus grande, la plus utile, mais aussi la plus difficile leçon qui se puisse donner aux hommes assemblés ; son rire sortait de sa conviction et de sa conscience, et certes, il fallait être un hardi courage pour oser rire devant Tartuffe, et un grand poète pour faire rire de Tartuffe ! […] Les gens qui se vantent d’écrire sans peine, et qui se félicitent de ce style naturel, ne voient pas qu’il n’y a guère de quoi se vanter, comme on dit, et que ce beau style si peu coûteux, leur arrive de ce qu’ils ignorent absolument les rares et difficiles conditions de l’art et du talent ; ils sont naturellement et très naturellement absurdes, vulgaires, plats, ennuyeux et ennuyés.
Il n’y a pas de public plus difficile qu’un public de province. […] Cela explique comment il est si difficile d’innover, de changer la direction suivie par plusieurs générations. […] Il lui faut désormais des rôles faits pour elle, ce qui la rend d’un emploi assez difficile, malgré son beau talent. […] Ils furent assez difficiles. […] Il est très difficile d’insinuer qu’il fait des vers médiocres, sans passer aussitôt pour un mauvais citoyen.
Le poëme des Saisons et la traduction des Géorgiques me paraissent les deux meilleurs poëmes qui aient honoré la France après l’Art poétique…… » La Harpe, dans le Mercure, célébra tout d’abord la traduction ; Fréron, dans l’Année littéraire, ne l’attaqua point ; s’il la trouva infidèle souvent, comme reproduction du modèle, il convint qu’il était difficile de mieux tourner un vers, et ne craignit pas d’y reconnaître le faire de Boileau. […] Delille est élégant, facile, spirituel aux endroits difficiles, correct en général, et d’une grâce flatteuse à l’oreille ; mais la belle peinture de Virgile, les grands traits fréquents, cette majesté de la nature romaine : … Magna parens frugum, Saturnia tellus, Magna virum ; les vieux Sabins, les Umbriens laboureurs menant les bœufs du Clitumne ; cette antiquité sacrée du sujet (res antiquae laudis et artis) ; cette nouveauté et cette invention perpétuelle de l’expression, ce mouvement libre, varié, d’une pensée toujours vive et toujours présente, ont disparu, et ne sont pas même soupçonnés chez le traducteur.
Cela n’est pas bien difficile. […] Vauvenargues a dit : Il est aisé de critiquer un auteur ; mais il est difficile de l’apprécier.
Il me serait difficile d’assigner la prééminence entre ces deux arts de la musique ou de la peinture ; cette prééminence me paraît même devoir être toute personnelle dans celui qui préfère la peinture à la musique ou la musique à la peinture. […] Mon état me coûte beaucoup ; je suis forcé d’avoir toujours des modèles pour mes tableaux, car je suis résolu de ne pas faire un seul trait sans ce secours, qui ne peut jamais tromper… Je fais aussi des excursions dans les montagnes les plus sauvages, et j’y trouve des sujets et des modèles tout nouveaux pour ce nouveau genre de peinture. » « Cependant, ajoute-t-il dans la lettre suivante en parlant de son tableau de Corinne, ce tableau commence à me peser ; j’ai peur de m’être fourvoyé en acceptant de le composer ; j’ai choisi un sujet trop difficile à rendre, et d’ailleurs je m’aperçois qu’une Corinne est trop relevée pour moi, qui n’ai jamais fait que des contadines (des paysannes). » « Cette figure de Corinne est ingrate à faire, poursuit-il quelque temps après ; on ne sait quel caractère lui donner, ni quel costume. » XXXI On voit que, dans la lutte entre la nature et la convention, la nature en lui triomphe et qu’elle triomphe de lui.
Le 20 juillet enfin, je les retrouvai au Labrador, en me demandant de nouveau comment ils avaient fait pour atteindre ces rivages perdus et d’un si difficile accès. […] On voit plusieurs mâles attachés à la poursuite d’une seule femelle, voltiger, monter, descendre, exécuter mille évolutions étranges : espèce de ballet burlesque dont il est difficile d’être témoin sans rire.
Le morceau a de quoi plaire en effet aux plus difficiles. […] Ce régime, d’une application difficile et délicate en tout temps, l’est devenu plus encore à notre époque, malgré l’autorité et la gloire du succès pendant trois siècles.
Homme de son temps par la confiance naïve qu’il témoigne aux passions, par son peu de goût pour les règles trop sévères, combien n’est-il pas meilleur que son temps par sa candeur, par sa bonté, par une intégrité de vie que rendait si difficile et si méritoire la pire des pauvretés, celle d’un gentilhomme qui ne peut pas soutenir son état ! […] Les deux plus difficiles à bien juger alors, c’étaient Boileau et Racine.
Même lorsqu’il ne saurait être question d’une concordance entre le mot et la note, et même quand le sens des mots est indifférent, il y a toujours un rapport entre la coupe de la mélodie et l’allure de la phrase ; et c’est cette allure qu’il est difficile de rendre dans une autre langue. Cela est toujours difficile, mais ici ce l’est d’autant plus qu’on est forcé de mettre les paroles sous une mélodie qui, elle, reste immuable.
C’est que, plus les organismes se compliquent, plus leur sélection purement mécanique devient difficile ; un homme paresseux ou inintelligent, par exemple, est-il condamné à mort par la justice de la mécanique universelle, armée de sa balance toujours en équilibre ? […] Pourtant il y a déjà là des effets difficiles à expliquer par la loi de simple intensité.
Voltaire en parle dans quelques lettres à des savants italiens, mais il ne l’avait évidemment pas lu tout entier (chose difficile), et on a vu plus haut qu’il en parle comme d’une monstruosité poétique. […] XXIV Un autre jeune traducteur de la Divine Comédie tente en ce moment une œuvre mille fois plus difficile, et, chose plus étonnante encore, il y réussit.
Notre tâche devient ici très difficile. […] — Non, je n’aurais eu le droit de t’accuser de rien dont je ne sois moi-même coupable ; mais j’aurais eu le droit de t’aimer, de te consoler, de te dire d’avance le goût de tes larmes, d’entendre le premier les confidences de tes chants, et, puisque tu devais mourir avant moi, d’en recueillir peut-être pieusement le difficile héritage, afin d’augmenter ta gloire en diminuant tes œuvres de tes fautes !
La plus douce vertu de la terre, la pitié, exclue ainsi du ciel, a révolté les cœurs tendres ; les supplices indescriptibles de ses créatures faisant partie de la félicité du Créateur ont rendu le dogme des enfers à perpétuité un des textes de la foi moderne les plus difficiles à inculquer dans le cœur des chrétiens les plus orthodoxes. […] « Mais », dit-il, « à ce pas difficile je me sens vaincu plus que ne le fut jamais, à aucun tournant de son poème, aucun poète ou tragique ou comique !
Mais, sans tomber dans ces excès de l’analogie, il est bien difficile de renoncer à la vieille comparaison entre les quatre âges de la vie individuelle et les diverses périodes de la vie de l’humanité, — comparaison toujours trompeuse et toujours reproduite, tant est naturelle et puissante chez l’homme cette tendance à chercher partout les conditions de sa propre existence, à se faire, comme disait le sophiste Protagoras, la mesure de toutes choses. […] Mais si l’on considère la crédulité presque sans mesure de Pline, l’un des plus grands naturalistes de l’antiquité, et la puérilité des récits d’Elien ; si l’on se rappelle Roger Bacon (celui qui eut peut-être, au moyen âge, l’intuition la plus nette de la méthode scientifique), croyant encore que le regard du basilic est mortel, que le loup peut enrouer un homme s’il le voit le premier, que l’ombre de l’hyène empêche les chiens d’aboyer, que l’oie bernache riait des glands d’une espèce de chêne ; quand, en 1680, Pierre Rommel affirme avoir vu à Fribourg un chat qui avait été conçu dans l’estomac d’une femme et avoir connu une autre femme qui avait donné naissance à une oie vivante ; quand, enfin, jusqu’au XVIIIe siècle, on a cru voir dans les fossiles l’effet d’une fécondation des roches par un certaine souffle séminal s’infiltrant sous terre avec les eaux, — il est difficile de ne pas éprouver quelque admiration pour le sens critique dont fait preuve Aristote.
Classer ces systèmes, rechercher la loi qui les lie respectivement aux divers « tons » de notre vie mentale, montrer Comment chacun de ces tons est déterminé lui-même par les nécessités du moment et aussi par le degré variable de notre effort personnel, serait une entreprise difficile : toute cette psychologie est encore à faire, et nous ne voulons même pas, pour le moment, nous y essayer. […] On conçoit donc que l’oubli consécutif à un choc, physique ou moral, comprenne les événements immédiatement antérieurs, — phénomène bien difficile à expliquer dans toutes les autres conceptions de la mémoire.
Ceci devient sérieux et de ton et de fond : « Il est bien difficile de n’être pas sérieux au fond, disait le prince en une de ses Pensées, si ce fond n’est pas, comme chez quelques gens, à la superficie. » Il était royaliste, non par préjugé, mais par réflexion et par principes.
Un écrivain de nos jours, qui a parlé de Massillon avec une prédilection peu commune4, a relevé dans cette édition même de 1745, qui est devenue le patron de toutes les autres, des locutions qu’il est difficile de ne pas croire des fautes d’impression, et il a exprimé le désir qu’on refît une comparaison du texte avec les manuscrits.
Ses premières et très étroites liaisons avec l’Angleterre, les bienfaits qu’il reçoit de la reine Philippe de Hainaut et de son époux, tout semble le rendre un peu partial pour ce pays ; et de même il est difficile qu’étant lié et obligé à tant de seigneurs, il n’ait pas payé de retour leurs bienfaits et leurs largesses, ou même simplement leurs bonnes informations, en leur accordant une trop belle place dans ses récits.
Dans les questions de presse, qui étaient une des grandes préoccupations d’alors, il avait repris en la bonne direction de l’esprit public livré à ses propres lumières cette confiance qu’il n’avait sans doute pas eue toujours, que ceux qui ont vécu dix et vingt ans de plus n’ont pas conservée, tant il est difficile aux plus judicieux de s’isoler des circonstances générales et des courants d’opinion à travers lesquels on juge.
C’est ce qui a lieu pour le duc de Bourgogne, et l’on ne saurait, en traversant les dernières années de Louis XIV, rencontrer cette figure originale, singulière et assez difficile de l’élève de Fénelon, sans se demander : « Que serait-il arrivé de tout différent dans l’histoire, et quel tour auraient pris les choses de la France s’il avait vécu ?
Là-dessus Montluc assembla d’abord ses capitaines, tant français, qu’allemands et italiens, et leur exposa qu’il voulait diminuer la ration du pain de vingt-quatre onces à vingt ; il s’en remettait à eux de persuader à leurs soldats de le supporter, ce qui était difficile, surtout pour les Allemands.
La vie de La Rochefoucauld est difficile, et même, selon moi, impossible à traiter avec détail.
La Bruyère, chargé de raccommoder ces petites déchirures, écrivait à Santeul, ou le chapitrait quelquefois dans l’embrasure d’une croisée ; mais Santeul était difficile à former, et il fallait toujours en revenir sur son compte à cette conclusion du grand moraliste et du censeur amical, qui lui disait : « Je vous ai fort bien défini la première fois : vous êtes le plus beau génie du monde et la plus fertile imagination qu’il soit possible de concevoir ; mais pour les moeurs et les manières, vous êtes un enfant de douze ans et demi. » Cette insigne faveur de Santeul à Chantilly faisait grand bruit dans la rue Saint-Jacques et ailleurs, et ne laissait pas de donner quelque jalousie : « Santeul est fier, Santeul nous néglige depuis que des altesses lui font la cour ; il ne daigne plus venir même à Bâville, il ne s’abaisse plus jusqu’à nous. » Ainsi disait-on en bien des lieux.
Et par exemple, une des premières lettres est à Mlle de Bourbon (depuis duchesse de Longueville) ; elle était indisposée, et on lui avait envoyé Voiture pour la divertir : mais il était en rêverie ce jour là, où elle était difficile à distraire : elle dit qu’il y avait fort mal réussi et qu’il n’avait jamais été si peu plaisant.
Il lui semblait, comme à Martial, que pour créer des poètes, et de grands poètes, il ne s’agissait que de les encourager par des largesses ; il pense là-dessus comme Clément Marot, comme les poètes valets de chambre (avant que Molière en fût) ; il n’a pas de doctrine plus relevée, et, dans une pièce imitée de Martial même, il le dit très lestement au maréchal de Noailles, l’un de ses patrons d’autrefois : Dans ce beau siècle où Paris est au faite, Grâce à son roi, des biens, des dignités, Où sous son ombre elle élève sa tête Cent pieds de haut sur les autres cités, À concevoir vous trouvez difficile Pourquoi ce roi, plus couvert de lauriers, Plus grand qu’Auguste, a manqué de Virgile Pour consacrer ses triomphes guerriers.
Il serait, ce me semble, bien difficile qu’on refusât d’être l’arbitre de tout, et de donner des lois absolues à un prince qui croyait, le 17 juin (veille de la bataille de Kolin), en donner à toute l’Allemagne.
Ce furent des temps difficiles ; on mourait de faim dans Paris ; ce n’est pas une métaphore ; « M. d’Ormesson fut à la veille de voir ses enfants mourir de faim en sa présence. » sa femme mourut en effet de la peur et des souffrances qu’elle avait ressenties durant le siège, en 1590.
Je n’y veux pas mettre mon nom. » Je lui répondis que j’allais à l’instant m’occuper de chercher ce libraire, chose bien aisée avec son nom, un peu plus difficile peut-être avec la condition de l’anonyme.
Je passe à l’extrême opposé : ayant à parler de Chapelle, l’ami de Molière (18 mai 1855), il manque le caractère de l’homme et le rapporte à une famille d’esprits dont il n’était pas ; car ce Chapelle, qui avait assurément de l’esprit et du plus naturel, mais un franc ivrogne et un paresseux, lui paraît représenter une classe d’amateurs et de connaisseurs « d’un goût singulièrement fin, délicat, difficile, qui ont tout lu, qui savent toutes choses, etc. » Rien de moins exact et de moins justifiable. — C’est ainsi encore que, sur la foi d’un de ses maîtres, M.
Léda ne les voit pas ; elle est toute à son mal… Le poëte cherche, vers la fin, à spiritualiser ou du moins à naturaliser cette histoire de Léda, dans laquelle, comme dans celle de Psyché, il ne veut voir qu’un symbole : c’est plus difficile.
On pourrait ajouter qu’il n’y a pas d’orthographe ; car la pièce, telle qu’elle est imprimée, renferme bien des fautes (vielles troupes, les Alliées…) ; mais il est difficile de tirer argument de telles incorrections qui peuvent et doivent être le fait des typographes anglais imprimant une lettre française et d’après une copie telle quelle : l’écriture de Mme de Staël n’était point des plus lisibles quand elle était pressée.
Par exemple, en terminant une Histoire de Port-Royal où le grand Racine aurait rempli toute la place qu’il doit tenir, et où l’on aurait montré l’esprit religieux de cette sainte maison s’exprimant par sa bouche avec un caractère unique de tendresse, de mélodie et de grandeur, dans l’œuvre d’Athalie et surtout dans celle d’Esther on ajouterait quelque chose comme ceci : « Il est un autre Racine que l’on aurait aimé à y joindre, ce Racine fils qui n’a pas été tout à fait sans doute le poète tendre, plaintif, l’élégiaque chrétien, le Cowper janséniste qu’on aurait souhaité à Port-Royal expiré, mais qui en a eu quelques accents ; ce Racine fils qui offre le modèle de la manière la plus honorable de porter un nom illustre quand on est engagé dans la même carrière ; car si le crime d’une mère est un pesant fardeau, la gloire d’un père n’en est pas un moins grand, et Racine fils n’a cessé de le sentir en même temps qu’il a suffi dignement encore à ce rôle difficile.
» Et M. de Belloy, homme de goût, serait le premier à confesser qu’il a été dans un embarras inexprimable en présence de ces beautés simples et courantes où les liaisons surtout et les petits mots, les mille attaches du discours, sont si difficiles ou plutôt impossibles à rendre.
Je suppose donc qu’on ait à lire quelque chose de Théophile Gautier devant Bernardin de Saint-Pierre, ce grand juge du pittoresque, et un juge difficile, aisément mécontent ; voici la page que je choisirais : « La route s’élevait en faisant de nombreux zigzags.
Vanter les Athéniens parmi les Athéniens, ce n’est peut-être pas ce qu’il y a de plus difficile, disait Socrate ; mais louer les Athéniens devant les gens du Péloponèse, et réciproquement, cela demande un plus grand art et un plus grand effort.
C’est que le problème est difficile, qu’il est insoluble peut-être dans sa précision dernière.
Corrompue et affaiblie, la société s’écroule dans d’immenses catastrophes ; la herse de fer des révolutions brise les hommes comme les mottes d’un champ ; dans les sillons sanglants germent des générations nouvelles ; l’âme éplorée croit de nouveau, etc… » En présence de semblables pronostics, dans la bouche d’hommes aussi respectés, toute discussion devient difficile ou, pour mieux dire, elle est impossible ; et, pour concilier à mon tour ma sincérité avec les convenances, je ne trouve rien de mieux que de venir montrer, ne serait-ce que comme preuve à l’appui de la thèse de M.
Si les hostilités sont une fois commencées, il sera bien plus difficile de concilier les choses.
Il est plus difficile qu’on ne le croirait de saisir tout d’une venue les grands hommes en tout genre : il faut du temps et passer par plus d’un degré pour arriver à les embrasser dans leur ensemble.
De là est venu le mot collectionneur et le verbe collectionner : il sera difficile de les éviter, car ils répondent à un goût nouveau, à un besoin nouveau.
C’est le cas de répéter avec M. de Maistre : Il n’y a rien de si difficile que de n’être qu’un.
Depuis les Harmonies, on attendait une preuve poétique qui y répondît, quand Jocelyn vint annoncer comme une nouvelle manière : Jocelyn était un début dans l’ordre des compositions ; bien que la fable n’en fût pas bien difficile à inventer, elle était touchante, elle prêtait aux plus riches qualités du poëte, et l’induisait sans violence à des tons rajeunis.
Nous qui avons prêché autrefois plus d’une croisade, et pas toujours des plus orthodoxes assurément, qui avons poussé, je le crains, à de trop vives aventures, au rapt d’Hélène et à l’imprudent assaut, nous venons donc (dût-on nous accuser de prêcher à tout propos et un peu par manie), nous venons conseiller comme urgent, opportun et pas trop difficile, cet acte de seconde union, cette espèce de mariage de raison, pour tout dire, entre les talents mûris.
J’en reviens volontiers et je m’en tiens sur lui à ce jugement de La Bruyère dans son Discours de réception à l’Académie : « Un autre, plus égal que Marot et plus poëte que Voiture, a le jeu, le tour et la naïveté de tous les deux ; il instruit en badinant, persuade aux hommes la vertu par l’organe des bêtes, élève les petits sujets jusqu’au sublime : homme unique dans son genre d’écrire, toujours original, soit qu’il invente, soit qu’il traduise ; qui a été au-delà de ses modèles, modèle lui-même difficile à imiter. » — Voir aussi le joli thème latin de Fénelon à l’usage du duc de Bourgogne sur la mort de La Fontaine, in Fontani mortem.
La composition du roman est faible : il est difficile qu’il en soit autrement dans une œuvre publiée en trois fois, de dix ans en dix ans.
Il est très difficile de marquer aujourd’hui où s’arrête la littérature : l’intelligence est diffuse, la curiosité vaste ; hors des genres définis qui promettent des impressions d’art, jamais, je crois, plus d’ouvrages spéciaux n’ont pris place dans la littérature.
On sent trop que, dans la pensée même de l’auteur, ce sont surtout des « morceaux » difficiles, des tours de force de poésie lyrico-scientifique.
Si tous les autres hommes mouraient, la vie me serait difficile, impossible peut-être, mais si je sacrifie ma vie à un autre, cet autre continuera de vivre quand je ne serai plus, et déjà, en vivant près de moi, il me prend une partie de ma vie.
Je ne veux nullement rechercher ici les fondements du principe d’induction ; je sais fort bien que je n’y réussirai pas ; il est aussi difficile de justifier ce principe que de s’en passer.
Très-claire dans le détail, elle est plus difficile à saisir et à exposer dans son ensemble.
À chaque chapitre, il dresse de pénibles échafaudages psychologiques pour laisser tomber au milieu, en guise de monument neuf, quelque grain de sable mille fois roulé par la banalité de la vague, telle cette pensée si difficile à conquérir : Quand un passant se retourne pour regarder une femme, « elle est toujours flattée de cet effet, le passant fût-il bossu, bancroche ou manchot, et quand bien même elle porterait comme Madame de Candale, un des grands noms historiques de France !
À cette époque si rude de la saison, dans une salle de spectacle non chauffée comme celle du Conservatoire, il serait difficile de prendre une juste idée de ce que sont les réunions en temps ordinaire ; l’auditoire se trouve nécessairement très réduit.
Laissons donc le détail d’une polémique dans laquelle il devient de plus en plus difficile de distinguer ce qui n’est que machine de guerre d’avec ce qui est pensée ultérieure et but véritable ; et tenons-nous à constater quelques faits qui achèveront de nous donner idée de l’homme.
Regnard esquisse là, dans cette suite de pensées, une véritable épître d’Horace, et cette philosophie, si elle n’est pas la plus difficile à inventer, n’est pas pour cela la moins bonne, ni surtout la plus aisée à pratiquer1.
En même temps, il faut ajouter (dût-on y trouver quelque contradiction) qu’il était difficile, à ceux qui l’entendaient, de ne pas prendre feu, et de ne pas être tentés de réformer radicalement la société ; car il était lui-même, dans ses manières générales de voir et de présenter les choses, un grand, un trop grand simplificateur.
Voltaire peut-être a raison, et pourtant la postérité, qui n’a pas à opter entre ces chefs-d’œuvre divers ni à se décider pour l’un au détriment des autres, la postérité, qui n’est pas homme de lettres, ne se pose point la question de la sorte ; elle ne recherche pas ce qui est plus ou moins difficile ou élevé comme art, comme composition ; elle oublie les genres, elle ne voit plus que le trésor moral de sagesse, de vérité humaine, d’observation éternelle qui lui est transmis sous une forme si parlante et si vive.
Millet s’approche d’eux, fait la bête, demande si une faux ça coupe bien, et si c’est difficile de faire ce qu’ils font, puis prend la faux, et la lançant à toute volée, donne une leçon aux paysans éplafourdis.
Du jour, où déjà, bon lecteur, nous nous avisons de comparer les personnages d’une fiction, non aux gens connus de nous, mais à nous-mêmes, nous prenons cette habitude, et nous nous lisons comme un livre, du moins comme un manuscrit difficile, avec attention et application, et quand nous revenons aux livres, nous avons acquis une aptitude plus grande à les comprendre et à les juger, ce qui, du reste, est la même chose.
La Fontaine, dans sa fable Contre ceux qui ont le goût difficile, emploie le mot critique dans le même sens ; Molière de même : « un cagot de critique… car il contrôle tout ce critique zélé ». — Dès lors, si La Bruyère l’emploie dans ce sens, ce que l’on voit qui est probable, La Bruyère a raison.
Sans doute nos mœurs extérieures, c’est-à-dire nos habitudes sociales, nos rapports entre nous dans les relations publiques et dans les relations privées, ont plus d’une fois subi de très grands changements ; peut-être même qu’aucun peuple n’a été soumis à autant de vicissitudes, et n’a plus présenté le spectacle d’un peuple changeant et mobile, d’un peuple difficile à fixer.
« Je souffre, disait-il, toutes les fois que je-suis obligé de traduire en paroles des phénomènes intérieurs ; les expressions de la langue suggèrent à l’esprit des images qui ressemblent si peu aux phénomènes que sent la conscience, que de telles descriptions font toujours pitié à ceux qui les donnent61. » Les grands romanciers donnent des descriptions aussi difficiles que celles des psychologues, et néanmoins très-claires ; c’est qu’ils les composent de petits faits62.
Ils disent tant de bonnes choses en peu de mots, & ils le disent si bien, qu’une seule page de leurs livres en apprend plus qu’un ouvrage entier ; ils ont l’avantage sur les modernes de les avoir devancé, mais il seroit difficile de mieux penser, & de mieux s’exprimer. […] Lorsqu’on ne voyage qu’en France, où l’on prévient tous les besoins, l’on se met sans doute au-dessus des événemens, & cela n’est pas fort difficile, mais dans le pays étranger ! […] C’est même ce qu’il y a de plus difficile dans les ouvrages que les transitions, & qui nous amene presque tous les jours des ouvrages divisés par chapitre. […] D’ailleurs, il n’est pas difficile de voir que les journalistes encouragent le talent, & que pour peu qu’ils trouvent quelque chose de bon dans l’ouvrage d’un jeune homme, ils le font valoir. […] Il est si difficile de les satisfaire, qu’ils critiquent ou froncent le sourcil, s’il arrive un mot que le purisme réprouve, comme étant trop trivial.
On pourrait encore signaler plusieurs dénominations topographiques qui se trouvent dans la Chanson : les ports d’Aspe (à l’est de Roncevaux), Saragosse, l’Èbre (appelée dans la chanson Sebre, forme difficile à expliquer), la Rune, ancien nom de la rivière qui coule à Pampelune (mentionnée dans une strophe très ancienne qu’a conservée un seul manuscrit), et plusieurs villes du nord de l’Espagne prises par Charlemagne avant son retour en France. […] Je ne veux pas discuter ici ces questions difficiles ; je dirai seulement, pour terminer, un mot de quelques-uns des personnages qui figurent dans les poèmes et de certaines circonstances du récit. […] Le sentier que nous suivons serpente d’abord sur les collines, entre des buissons chargés d’églantines roses, puis franchit des rochers abrupts ; assez difficile par endroits, il est en somme praticable. […] Sur quoi il se répandit parmi les disciples un bruit, que ce disciple ne mourrait pas. » Il est difficile de méconnaître un lien entre ces paroles du Christ et celles qu’il adresse à Cartaphilus : « Tu attendras jusqu’à ce que je vienne. » Mais quel est ce lien ? […] Mais, ô petit oiseau, que le second est facile à donner et difficile à mettre en pratique, et comme on voit bien que dans votre léger corps emplumé ne bat pas un cœur pareil au nôtre !
Le difficile était de faire entrer en ville cette étrange contrebande. […] Ce qui semble plus difficile à croire, c’est que la tragédie ait jamais donné à personne le plaisir de l’illusion. […] Et cette réalité n’est pas bien difficile à trouver. […] Chacun a ses fins particulières, difficiles à accorder ensemble. » Et comme on entend qu’il prend son parti d’ignorer ! […] Il n’est pas difficile d’en donner d’abord trois ou quatre.
En ouvrant ce volume, il est difficile de se défendre d’un rapprochement et d’un souvenir. […] Bien qu’il soit fort difficile de faire des classifications dans une œuvre lyrique, on peut signaler, dans le volume de M. […] Lamartine, Victor Hugo, Alfred de Musset, ont laissé dans notre mémoire un idéal qui nous rend dédaigneux et difficiles quand nous lui comparons de nouveaux vers. […] Ponsard, à qui l’imitation de Corneille et de Tite-Live avait si bien réussi, s’était laissé tenter cette fois par une gloire plus délicate et peut-être plus difficile. […] Villemain, et je n’ai pas de meilleur moyen que de le citer ; mais comment me borner dans ce travail à la fois si attrayant et si difficile ?
Aussi, est-il très difficile de lui arracher, sur les théories d’art, des opinions rigoureusement déduites. […] dis-je en riant à Mæterlinck, ça n’est pas plus difficile que cela ! […] Halévy, qu’est-ce que les esprits les plus difficiles demandent de plus que Mallarmé, que Verlaine, que Mendès, que Zola, que Mærterlinck, que Tailhade ? […] Nul n’a mieux dépeint la plante humaine et ses dépérissements, sa lente ascension vers le jour, son épanouissement difficile au bonheur, au succès, à l’amour. […] Ou plutôt si, c’est évidemment, comme je vous l’ai dit, une réaction d’enfants et d’impuissants, contre un art viril et difficile à atteindre.
Paul Lacroix plus d’une trouvaille, en fournira la preuve, il semble même que son bonheur soit d’enrichir généreusement les autres de ses découvertes importantes, réelles et incontestables, et qu’il se complaise à ne se réserver que les hypothèses les plus difficiles à faire admettre. […] Il s’approche entre les rideaux : “Il serait difficile, madame, que je vous reconnusse”, répondit-il. […] Mais non ; il n’eut évidemment d’autre but que celui de faire rire, et il était difficile, à la vérité, de le mieux atteindre. […] Il demanda une explication à sa femme, qui se tira de cette situation difficile avec tout le talent et tout l’art qu’elle mettait à remplir ses rôles. […] Étienne, après avoir indiqué la même étymologie, viendraient donc de la tartufferie : peut-être n’est-ce point parce qu’elles sont difficiles à découvrir qu’on leur a donné ce nom, mais parce qu’elles sont un moyen puissant de séduction, et que la séduction n’a guère d’autre but que la tromperie.
S’il n’eut pas son jour comme Boissy-d’Anglas, il eut son tous-les-jours, ce qui n’est pas moins difficile. […] Taillandier, ait procuré une publication que l’auteur (on ne voit pas bien pourquoi) s’était interdite, qu’il avait même, à un certain moment, interrompue avec alarmes, et qui, en tardant encore, pouvait devenir difficile ou impossible. […] Sans doute, il a été commis beaucoup d’injustices, essuyé beaucoup de malheurs durant ces soixante-dix-huit années ; mais ce sont encore celles, depuis le siècle des Antonins, oit il a été le moins difficile et le moins périlleux d’exister.
Il est bon de contrôler par une seconde lecture les impressions qu’il nous donne, et l’on en retire généralement le même profit que d’une seconde audition de musiques difficiles. […] La situation est particulièrement difficile, les jésuites opportunistes et partisans du fait accompli, n’étant pas moins hostiles que les francs-maçons à la libération du vrai pape. […] Il est parfaitement exact que les timbres des instruments font songer aux couleurs, en général, mais il est difficile de serrer le détail de près.
Les subtils raisonnements des Grecs deviennent unis et aisés ; les difficiles problèmes de la providence, de l’immortalité, du souverain bien, entrent dans le domaine public. […] Cela est difficile, car les mots ne sont pas les choses. […] Mais pour le gouvernement du pays, il y avait moins de part que le plus jeune commis ou cadet au service de la Compagnie… » Pour Nuncomar, le ministre indigène de la Compagnie, « il est difficile d’en donner une idée à ceux qui ne connaissent la nature humaine que par les traits sous lesquels elle se montre dans notre île.
C’était un esprit âpre, hérissé, difficile, mécontent, un Alceste de la sculpture qui avait le mépris de la gloire, la traitant comme une bourde, ce qui paraissait monstrueux à Diderot, badaud effaré devant cette bourde comme le porc de la Bible devant le vent. […] Génin, critique renchéri et pincé, entreprit la tâche difficile qu’aucun de ceux qui avaient jusque-là parlé de Diderot, pour les différentes raisons philosophiques ou littéraires chères à chacun d’eux, n’avait osée : — c’était de le laver, aux yeux des hommes, de son athéisme et de son immoralité. […] Byron, cette âme d’un feu céleste, comme les étoiles et comme la foudre, paraît trop divinement brûlante à la race, difficile en feu, de messieurs les pétroleurs actuels, qui ne veulent plus de feu divin… On l’éteint partout dans les œuvres.
Elle n’en est pas morte, mais elle n’a pas su en vivre, ce qui n’était pourtant pas si difficile, puisque les monarchies d’Europe s’en sont accommodées, et Chateaubriand me paraît avoir vu toujours, en matière de politique intérieure, bien plus clair que Lamartine, par exemple. […] Peut-être un jugement tout impartial est-il difficile : la description mécanique exploitée par le naturalisme a converti en clichés une bonne part des tours qu’emploie Flaubert. […] On peut appeler au contraire naturel le style qui exprime la vraie et profonde nature de l’homme, et qui implique parfois, pour être ramené à la lumière, un effort complexe, un forage difficile. […] Il sait combien il est difficile d’écrire parfaitement le français. […] Mais autant il est hésitant et difficile sur le choix de ses mots et de ses phrases, autant il est absolu sur l’excellence de ce qu’il a laissé imprimer et supporte impatiemment la critique.
Au fond des écoles nouvelles, il ne serait pas difficile de retrouver les antiques querelles d’Aristote et de Platon. […] Les bavardages, les commentaires, les critiques de journaux, les amis et les ennemis, viennent ensuite troubler le cerveau à tel point, qu’il est difficile de retrouver la pensée dans sa pureté première : mais au-dessus de l’impression, je mets les travaux mystérieux du temps, qui démolit une œuvre ou la restaure. […] Ce peintre a très bien compris, dès le principe, que les beaux débuts étaient rares et difficiles, et qu’à moins d’un talent hors ligne il était presque impossible, sans un peu de ruse, de débuter par un coup d’éclat. […] En parlant un langage aussi différent, il est difficile de s’entendre.
Mais cette absurdité est difficile à dégager, parce que notre mémoire a coutume d’aligner dans un espace idéal les termes qu’elle perçoit tour à tour, parce qu’elle se représente toujours la succession passée sous forme de juxtaposition. […] Artistes à jamais admirables, les Grecs ont créé un type de vérité suprasensible, comme de beauté sensible, dont il est difficile de ne pas subir l’attrait. […] Il est vrai qu’après avoir concentré en Dieu la totalité du réel, il leur devenait difficile de passer de Dieu aux choses, de l’éternité au temps. […] Mais la pensée de Spinoza est beaucoup moins claire, et il semble que ce philosophe ait cherché à établir entre l’éternité et ce qui dure la même différence que faisait Aristote entre l’essence et les accidents : entreprise difficile entre toutes, car la hulè d’Aristote n’était plus là pour mesurer l’écart et expliquer le passage de l’essentiel à l’accidentel, Descartes l’ayant éliminée pour toujours.
Les jeunes commerçants se mettent rapidement en état de parler cinq ou six langues. » Les ouvriers, en quelques mois, deviennent capables d’exercer un métier même difficile. […] Dans les âges barbares, la mer est difficile à franchir, et toujours les défilés des montagnes sont commodes pour la défense. […] Une subtile distinction, une longue analyse raffinée, un argument captieux et difficile à débrouiller les attire et les retient. […] Ce vocabulaire technique a inséré quantité de ses mots dans la conversation courante et le style littéraire ; d’où il arrive qu’aujourd’hui nous parlons et nous pensons avec des termes pesants et difficiles à manier.
Dans la première, Baudelaire affirme nettement que les Fleurs du Mal ne sont qu’un « jeu », qu’il les a écrites pour « s’exercer au goût de l’obstacle et parce qu’il était difficile d’extraire la beauté du mal ». […] Mais cette accalmie fut brève et bientôt de nouveaux embarras d’argent se firent sentir, qu’accrut encore la situation difficile des affaires de l’éditeur Poulet-Malassis, envers qui Baudelaire était tenu par des engagements auxquels il entendait faire honneur. […] La même préface ajoute qu’en cette seconde édition on a changé au récit « quelques mots et quelques expressions en faveur des lecteurs difficiles auxquels le style simple et souvent grossier d’un marin aurait pu déplaire ». […] Le navire, chargé de marchandises, faisait voile vers la Louisiane, mais les mauvais temps rendirent le voyage difficile. […] La marche était difficile sur un terrain planté d’herbes coupantes.
Avec la réflexion tout devient difficile. […] On peut dire seulement que la gloire du poète dont on a mené hier la dernière pompe funèbre traverse un moment difficile et critique. […] Leur tâche est devenue bien difficile aujourd’hui. […] Mais il faut considérer que le devoir est difficile dans les époques troublées. […] Ce sont des illusions qu’il est difficile de partager.
Faire parler des brutes dans un relief tel que l’atroce atteigne au sublime, la difficile besogne ! […] Oui, la critique doit être indépendante même des intérêts scientifiques, Elle est, certes, un métier aussi difficile que la création directe et son champ d’exploration est sans limites. […] Le difficile est d’avoir un jugement lucide et une opinion sincère. […] Ne pas les irriter est déjà si difficile. […] Difficile sujet que le rire !
Tel quel, et malgré les subtilités qui rendent l’accès de son œuvre plus que difficile au grand nombre, Baudelaire demeure un des éducateurs préférés de la génération qui vient. […] Il est difficile, en effet, de sortir de soi et de se représenter une façon d’exister très différente ; plus difficile encore de dépasser cette représentation et de revêtir soi-même, si l’on peut dire, cette façon d’exister, ne fût-ce que durant quelques minutes. […] Il est bien difficile de répondre à cette question, car cette âme très complexe de Renan vivait sur un fonds de sensibilité bretonne qui ne lui permettait guère de se complaire à d’autres objets. […] Flaubert poursuivit ce frisson sublime, sa vie durant, et, comme il arrive, devenu de plus en plus difficile à contenter, cherchant toujours la mystérieuse loi de la création de la Belle Phrase, il s’infligea ces agonies de travail que les anecdotiers ont racontées. […] Taine, telle qu’il la prescrit dans les morceaux où de simple narrateur il se fait juge, comme celui-ci que je détache de son second volume des Origines de la France contemporaine : « S’il est au monde une œuvre difficile à faire, c’est une constitution, surtout une constitution complète.
Rosny est difficile, exigeant, bizarre et pointilleux ; refusé, il gronde, il se formalise et s’en va.
Même après les avantages, on laisse souvent l’ennemi se retirer en bon ordre : « Il aurait été difficile de l’entamer, dit-il d’une de ces premières marches prussiennes dont il est témoin ; à la vérité nous n’étions pas entamants. » À une première affaire où il s’agit d’occuper une crête de hauteur, il y arrive avec son monde en même temps que l’ennemi : « Nous eûmes un moment de flux et de reflux comme au parterre de l’Opéra. » Cette image lui vient tout naturellement comme à une fête.
La lecture en est assez difficile et parfois obscure ; la liaison des idées échappe souvent par trop de concision et par le désir qu’a eu le jeune auteur d’y faire entrer, d’y condenser la plupart de ses notes.
Mais l’esprit de routine est si difficile à vaincre, que Petitot, dans sa collection, d’ailleurs estimable, des mémoires relatifs à l’histoire de France, entreprise vers 1819, n’osa se décider à mettre le bon texte de Joinville, qui était en lumière depuis 1761.
Duclos a prononcé sur lui-même un mot qui explique le manque absolu de charme par où pèchent ses romans : « Je les aimais toutes, dit-il en parlant des femmes, et je n’en méprisais aucune. » Lorsqu’on pense ainsi des femmes, eût-on le génie poétique d’un Byron dans Don Juan, il est difficile qu’on nous intéresse particulièrement à aucune : qu’est-ce donc lorsqu’on est, comme Duclos, la prose même ?
Nous sommes devenus difficiles : le style purement judicieux nous rebute et nous ennuie, et Bourdaloue, en parlant, ne raffinait pas : il a l’expression claire, ferme, puisée dans la pleine acception de la langue ; il ne l’a jamais neuve (une ou deux fois il demande pardon d’employer les mots outrer, humaniser).
Les problèmes difficiles seuls le piquaient.
Chapelle, qui a si peu écrit et dont l’opinion avait une telle autorité sur les plus grands hommes de son temps, me représente assez bien une classe d’esprits peu nombreuse parce qu’elle est très distinguée : c’est celle des hommes d’un goût singulièrement fin, délicat, difficile, qui ont tout lu, qui savent toutes choses, et qui décrivent rien ou presque rien, parce que la volupté du repos est bien grande et que le sentiment très vif de la perfection décourage de produire.
Malgré des principes si justement établis, il a été difficile que la scène de M. de Noyon et de l’abbé de Caumartin ne se renouvelât point quelquefois.
Les choses, difficiles le tentent, et les plus âpres méthodes, il les a dévorées.
Il subsistait, lui et sa nombreuse famille, des bienfaits et des gages du Roi ; il était son bibliothécaire ; dans ses peines et ses surcroîts d’embarras domestiques (et il avait une sœur qui lui en donna), il était obligé de solliciter par du Perron la faveur et l’appui du roi : « Tu sais, ô mon Dieu, s’écriait-il, que c’est bien à contrecœur que je m’y résous, de peur que le monde ne répande des bruits sur mon compte. » En effet, recevoir et demander toujours, et ne rien accorder jamais, est chose difficile : il y avait des moments où Casaubon avait peur de fléchir, et il se retrempait alors par la prière : « Ô mon Dieu, affermis-moi contre ceux qui, profitant de mes embarras et de mes ennuis de famille, cherchent à tenter mon âme et à me subtiliser ma foi. » Notez qu’il n’était qu’un demi-protestant, ou du moins un demi-réformé : ses conversations continuelles avec du Perron et ses lectures assidues des Pères grecs l’avaient conduit à ce résultat, où plus d’un de ses coreligionnaires de bonne foi est arrivé depuis.
Je connais cette rivière ; elle est très difficile à passer : il y a des places qu’on peut rendre bonnes ; je compterais aller à Péronne ou à Saint-Quentin, y ramasser tout ce que j’aurais de troupes, faire un dernier effort avec vous, et périr ensemble ou sauver l’État ; car je ne consentirai jamais à laisser approcher l’ennemi de ma capitale » ; celui qui dira cette parole est bien le même qui, quarante ans auparavant, a honoré et loué les Hollandais d’avoir tout fait pour lui fermer l’accès d’Amsterdam.
Il n’est pas difficile, après une vie longue, quand on a entendu tout le monde et vu les dénouements, de venir faire, à propos de chaque personnage célèbre, une espèce de compilation de jugements, une cote tant bien que mal taillée, et de la donner sans y mettre le relief et la façon.
Mais les années venues et les difficultés s’accroissant, il avait été le premier à se dire ce mot si difficile à entendre : Assez !
La lutte est rude et difficile.
… » En ce qu’il dit là de la rapidité de prononciation et de la gesticulation continue et trop uniforme de Bourdaloue, l’abbé Legendre se trouve d’accord avec Fénelon dans ses Dialogues sur l’Éloquence ; mais il n’en prodigue pas moins les éloges à l’orateur, et il n’y met pas les mêmes restrictions que ce suprême homme de goût qui avait le droit d’être si difficile.
Ces erreurs si répandues et si accréditées, qui portent sur des points matériels, ne sont que l’image de celles, bien plus subtiles, qui se glissent dans les récits des faits et événements, et qu’il est si difficile de démêler après deux siècles.
Ce n’était pas difficile d’être présenté à Cervantes.
Il était difficile, on en conviendra, et à peu près impossible que dans ce groupe brillant, éloquent, qui l’entourait et dont elle était l’âme, Mme Roland ne fît pas un choix ; qu’elle n’eût pas une préférence secrète, un faible.
Le jour de crise, amis, sans doute est difficile ; Le peuple est agité, mais l’armée est tranquille.
Le roi est pour moi d’une attention de mère… » C’est d’elle, c’est de cet enfant son premier-né, que quelques années après, Marie-Antoinette, dont on a déjà vu la justesse de coup d’œil en ce genre d’observations familières, écrivait (25 décembre 1784) : « Ma fille qui a six ans fait beaucoup de progrès ; elle a le caractère un peu difficile et d’une fierté excessive ; elle sent trop qu’elle a du sang de Marie-Thérèse et de Louis le Grand dans les veines ; il faut qu’elle s’en souvienne pour être digne de son sang, mais la douceur est une qualité aussi nécessaire et aussi puissante que la dignité, et une nature orgueilleuse éloigne les affections… » On sent dans ce peu de lignes le trait de nature et la ligne primitive qui fera de la plus vertueuse et de la plus respectable des princesses une personne moins aimable qu’on n’aurait voulu.
Je suis aussi un peu étonné de rencontrer sous cette plume de reine le mot annihiler (citation précédente), un mot qui est difficile à prononcer et à écrire. — (On voit que, sans soupçonner encore précisément l’authenticité de certaines lettres, je n’étais pas sans quelque vague inquiétude : malgré ma bonne volonté à croire à tout ce qui nous était donné, il y avait un instinct qui ne me faisait pas complètement défaut ; j’avais comme une démangeaison de doute.)
Une lettre de Louvois nous montre le genre et le degré de confiance qu’on avait en Catinat ; on lui avait donné pour collègue à Saint-Ghislain M. de Quincy, chargé du commandement de la cavalerie, un caractère épineux, un homme difficile à vivre : « M. de Quincy, lui écrivait Louvois (îfi décembre 1677), est chargé du commandement de la cavalerie et des dragons de Saint-Ghislain, et des autres villes des environs.
Ce ne paraît pas difficile, mais on tape les yeux bandés et souvent on frappe en l’air. » Remarquez-vous comme le trait est court, léger, la plaisanterie discrète, et quelle manière différente de celle qu’affecte l’intrépide Vaudoise et qui nous aurait frappés bien plus encore si nous l’avions suivie plus loin dans ses courses de touriste, par-delà le Saint-Gothard, à travers le Tessin et jusqu’aux lacs d’Italie ?
Je conçois Saint-Simon exagérant, prenant et présentant pour un scélérat ou un coquin fini quelqu’un qui n’est coquin qu’à demi ; mais prendre pour un fourbe un parfait homme de bien et une belle âme, cela me paraît difficile à lui ; il a le flair de la vertu et du vice. — Eh !
Il a tellement pris soin, d’ailleurs, de les joindre et de les entrelacer à ses documents et à ses textes, et de morceler ces derniers, qu’il est difficile de démêler les uns d’avec les autres : c’est une vraie pelote d’aiguilles très-fines.
L’article lui agréa en effet, et il voulut bien me le témoigner de la manière la plus délicate en associant à son remerciement la personne qui avait le droit d’être la plus difficile et la plus exigeante à son sujet.
… Il n’est pas difficile, en glanant chez Théophile, de trouver ainsi quelque citation qui promette, et d’où l’on puisse avec de la bonne volonté déduire de spécieux rapprochements ou même d’ambitieuses conséquences ; mais, si l’on recourt au volume, tout cela diminue ou s’évanouit, et la théorie du critique ne se vérifie pas.
Rien de plus difficile à fonder que le gouvernement, j’entends le gouvernement stable : il consiste dans le commandement de quelques-uns et dans l’obéissance de tous, chose contre nature.
Ces qualités que nous avons trouvées déjà dans les fabliaux de Gautier le Long, et dans certains développements dialogués de Jean de Meung, apparaissent aussi dans le satirique Miroir de Mariage d’Eustache Deschamps, où il ne serait pas difficile de signaler les esquisses d’une expression synthétique de certains états moraux, où, par exemple, le thème moral de Georges Dandin est indiqué, sans mélange d’action ou d’intrigue dramatique.
Pauvre, sensible, nerveux, pétri d’amour-propre, assez difficile à vivre, abondant en idées, et se dégoûtant dans l’exécution aussi vite qu’il s’était enflammé dans la conception, il créa des journaux d’observation morale qui ne vécurent pas, il écrivit des romans qui n’eurent pas de fin.
Ce monde est tout simplement le monde qui s’amuse, que l’on peut voir aux premières représentations, aux courses, au cirque, au Bois, et qu’il n’est pas très difficile de côtoyer ou même de traverser par-ci par-là.
Il n’est pas non plus difficile de reconnaître que l’histoire du fils se rattache à celle du père par un effet de contraste.
Il y a du pédantisme dans ce débraillé, et de la naïveté dans ces affirmations méprisantes et superbes, il est difficile de rien imaginer de plus intolérant, de plus vague et de plus faux.
Pour revenir à Jean Paul, il faut convenir qu’il serait difficile de trouver un plus grand allégoriste.
Dans toutes ces idéologies et d’autres similaires, il est difficile de faire la part du mensonge proprement dit et de l’illusion.
Voilà qui est difficile à dire en une autre langue que le latin d’Abélard.
Et l’idéal magnifique que Tailhade nous propose n’est pas difficile à atteindre.
L’Église, dit-il en parlant des temps de mélange et de confusion semblables aux nôtres, l’Église alors appelle à son secours une parole qu’il serait difficile de définir par des caractères constants, à cause de la variété des erreurs qu’elle doit combattre et des âmes qu’elle veut convaincre, mais qu’on peut appeler la prédication extérieure ou apostolique.
Ce qui était plus difficile et ce que M.
Mais, en passant dans le monde oriental où tout nous est étranger, il est difficile de se prêter à ces traditions merveilleuses, gigantesques, qui ne nous concernent plus à aucun degré, et l’on est embarrassé, à travers ces flots de couleur nouvelle, de faire la part de ce qui revient en propre au talent du poète.
Il ne serait pas difficile, si l’on avait l’espace, de justifier ces remarques générales par un grand nombre d’exemples ; et tout à côté, pour rester dans le vrai, on citerait de ces paroles qui semblent couler d’une lèvre d’or, et qui rappellent l’antique beauté avec le sentiment moderne, c’est-à-dire le genre de beauté propre à M. de Chateaubriand, celle où il est véritablement créateur.
Il a rempli cet autre vœu de Fénelon : « Il ne faut prendre, si je ne me trompe, que la fleur de chaque objet, et ne toucher jamais que ce qu’on peut embellir. » Et, enfin, il semble avoir été mis au monde exprès pour prouver qu’en poésie française il n’était pas tout à fait impossible de trouver ce que Fénelon désirait encore : « Je voudrais un je ne sais quoi, qui est une facilité à laquelle il est très difficile d’atteindre. » Prenez nos auteurs célèbres, vous y trouverez la noblesse, l’énergie, l’éloquence, l’élégance, des portions de sublime ; mais ce je ne sais quoi de facile qui se communique à tous les sentiments, à toutes les pensées, et qui gagne jusqu’aux lecteurs, ce facile mêlé de persuasif, vous ne le trouverez guère que chez Fénelon et La Fontaine.
À cette distance, la portion légèrement fantastique qui s’y mêle à la réalité, et qui de près en compromettait le plein succès auprès des esprits difficiles, disparaissait ou même n’était qu’un attrait de plus.
Je m’informe curieusement de tout le détail de sa vie ; s’il a fait des fautes, je les excuse, parce que je sais qu’il est difficile à la nature de tenir toujours le cœur des hommes au-dessus de leur condition.
Je ne sais pas d’homme qui, plume en main, soit moins charlatan que lui ; il dit ses raisons et ne les colore en rien : « Un rôle d’emprunt est difficile à soutenir, pensait-il ; on n’est jamais bien que soi-même. » En écrivant l’histoire de sa maison sous le titre de Mémoires de Brandebourg, il nous donne le sens, l’inspiration première et la clef de ses actions.
Sa majesté paisible tenait à un ensemble de mérites et de vertus, difficiles à définir quand on ne veut pas excéder cette mesure qu’il observait si bien.
Il me regardait comme un bel esprit à qui il fallait des choses sublimes, et qui était très difficile à tous égards. » Il y eut un temps où Mme de Montespan dut faire quelque effort pour rompre la glace et pour initier cette personne de son choix auprès du roi ; on peut juger plus tard des fureurs et des amertumes.
Colbert, de facile et aisé qu’il était, devint difficile et difficultueux.
La pièce principale, Primel et Nola, est assez difficile à raconter, tant elle est simple !
Toute étude faite, je n’en ai pas le courage : elle rendit, en effet, de vrais services, et, en ce qui est de l’habileté dans les conjonctures difficiles, on est trop heureux de la prendre où elle se rencontre.
Le second roman de Mme Sophie Gay, qui parut avec les seules initiales de son nom, en 1813, est Léonie de Montbreuse, et, si j’osais avoir un avis en ces matières si changeantes, si fuyantes, et dans lesquelles il est si difficile d’établir une comparaison, je dirais que c’est son plus délicat ouvrage, celui qui mérite le mieux de rester dans une bibliothèque de choix, sur le rayon où se trouveraient La Princesse de Clèves, Adèle de Senange et Valérie.
Ce qu’était Carrel, tous ceux qui l’ont connu le savent, et il ne leur est pas difficile, par la connaissance qu’ils ont du caractère de l’homme, de s’expliquer les phases différentes de sa destinée.
Je les prends comme je les trouve, car, si on était difficile, on ne lirait jamais, et on ne verrait personne.
Boileau finit par la vendre, mais ce ne fut que quand ses infirmités lui eurent rendu la vie plus difficile et la conversation tout à fait pénible.
Chez le végétal, il semble que les impulsions ou tendances organiques existent sans l’accompagnement de la sensibilité, ce qui prouverait ipso facto que les tendances, au moins végétatives, précèdent les sentiments ; mais on peut toujours se demander si un rudiment de sensibilité confuse n’accompagne pas, jusque chez la plante, ou du moins dans ses cellules élémentaires, le cours facile ou difficile de la vie.
Ce mécanisme n’est pas très difficile à se figurer : c’est l’association même des mouvements réflexes entre les diverses cellules cérébrales par l’intermédiaire des fibres qui les relient.
Car les concepts sont également des constructions de l’esprit, partant, des idéaux ; et il ne serait pas difficile de montrer que ce sont même des idéaux collectifs, puisqu’ils ne peuvent se constituer que dans et par le langage, qui est, au plus haut point, une chose collective.
Ceux qui le lurent furent surtout saisis, comme d’une charmante nouveauté, de la manière dont du Méril avait envisagé, pénétré et même peint la société chinoise, et ceux-là qui aiment toutes les formes de l’histoire convinrent qu’il avait mis la main sur la plus difficile et la plus piquante.
; Mérimée n’était pas, lui, de gaieté et de verve, capable d’être jamais un Triboulet… Il n’avait rien de cet enlevant qu’il aurait fallu pour divertir cette cour de Fontainebleau, qui n’était pas pourtant bien difficile en divertissements puisqu’elle avait fait d’Octave Feuillet son Molière.
Guizot dans sa classification, il n’est pas difficile de la pardonner.
Mais le bourreau d’idée tient toujours ; il est plus difficile à décrocher !
Charles Baudelaire 21 I S’il n’y avait que du talent dans Les Fleurs du mal 22 de Charles Baudelaire, il y en aurait certainement assez pour fixer l’attention de la Critique et captiver les connaisseurs ; mais dans ce livre difficile à caractériser tout d’abord, et sur lequel notre devoir est d’empêcher toute confusion et toute méprise, il y a bien autre chose que du talent pour remuer les esprits et les passionner… Charles Baudelaire, le traducteur des œuvres complètes d’Edgar Poe, qui a déjà fait connaître à la France le bizarre conteur, et qui va incessamment lui faire connaître le puissant poète dont le conteur était doublé ; Baudelaire, qui, de génie, semble le frère puîné de son cher Edgar Poe, avait déjà éparpillé, çà et là, quelques-unes de ses poésies.
Je sais bien qu’il est difficile de déterminer avec justesse là où l’analogie d’imagination finit dans un homme et où l’imitation commence.
Elle n’y prenait pas une place à part ; elle n’avait pas su attacher aux traditions religieuses et aux fêtes nationales quelques empreintes immortelles d’imagination et d’art, ; elle n’était pas entrée dans la vie des Romains, moins poétique et moins libre que celle des Grecs : et, si elle s’était mêlée parfois à ces œuvres artificielles du théâtre que Rome victorieuse chercha comme une distraction, elle n’avait eu, sous cette forme, qu’un rôle secondaire, dont le cadre même devenait difficile et rare sous le pouvoir absolu d’Auguste.
que vous eûtes raison de préférer à des carrières plus difficiles et plus aventureuses la profession paisible et bourgeoise de comédienne ! […] Il serait bien difficile de nourrir ici un amour-propre littéraire démesuré. […] D’autant plus qu’à première vue ce que font ces hommes ne paraît pas difficile du tout. […] que vous avez raison, monsieur, de croire que la profession d’homme très riche est difficile à exercer ! […] Mais cela devient très difficile à discerner.
Natanson avoue qu’elle est difficile à comprendre, — mais M. […] Ce fut très dur et très difficile : maintes fois, je retombais dans mes anciens errements. […] Plus je travaille, plus je possède mon art, plus je m’aperçois qu’il est difficile de bien faire et qu’il sied d’être humble devant les forces qui régissent l’univers. […] Moréas a beau s’émonder, se rogner, se réduire, il demeure un bon poète dont il est difficile de ne pas goûter les vers. […] On dirait qu’il l’a vu, qu’il lui a parlé, qu’il a vécu dans son intimité. — Voici le cardinal d’Amboise : « Vous diriez la forte encolure d’un paysan normand ; sur cette large face et ces gros sourcils baissés, vous jureriez que c’est un de ces parvenus qui, par une épaisse finesse, un grand travail, une conscience peu difficile, ont monté à quatre pattes3. » Et voici l’empereur Maximilien : « Cette grande figure osseuse, fort militaire, d’un nez monumental, est un don Quichotte sans naïveté.
Mais mon frère, en sa qualité de plus jeune, a voulu passer absolument le premier, et en dehors du sentiment paternel que j’avais à son égard, je le connaissais avec sa paresse de corps et son horreur pour les exercices violents et l’escrime, destiné à rester sur le terrain, tandis que moi qui tirais très mal, qui ne tirais pas du tout, j’avais cependant un jeu difficile, déconcertant même pour ceux qui tiraient bien. […] Daudet se plaint d’avoir, pour le moment, en littérature deux idées sur toutes choses, et c’est le duel de ces deux idées dans sa tête, qui lui fait le travail difficile, hésitant, perplexe. […] Cela est conté avec les suspensions d’une respiration difficile, des yeux par moment un peu fixes, au milieu du grossissement d’une ironie gasconne.
Hennique rend le métier difficile pour les réalistes qui le suivront et je me demande ce qu’ils trouveront pour le dépasser ou seulement pour l’égaler. […] Le premier venu des êtres humains est très difficile à connaître et à classer. Le plus difficile de tous est celui dont la vie a été l’objet de l’émotion et de la curiosité publique. […] Ce troisième degré est difficile à atteindre dans un art que l’opinion commune s’est toujours plu à rabaisser au rang des simples amusements de l’esprit, parce qu’on y procède, en apparence, par fictions. […] cher ami, tout est difficile.
De ce temps (1867) sont datés ses Poèmes saturniens, cahier de musique, recueil de gammes et d’exercices difficiles, où frémit, toutefois, sous une apparence d’impassibilité, la fièvre charnelle qui dévorait ses sens. […] Ce métier n’est pas difficile. […] » Si l’on s’en tient aux termes mêmes de cette définition, le profil des snobs est assez difficile à saisir, puisque leur nez tourne au vent comme une girouette, et qu’ils sont uniquement préoccupés de connaître la « dernière mode », de proférer le « dernier cri ». […] Quand j’ai voulu, à mon tour, étudier leur origine, leur caractère et les formes diverses qu’ils ont revêtues, votre bibliothèque, rassemblée avec tant de soin depuis plus de trente années, a mis à ma disposition des matériaux qu’il m’eut été bien difficile de réunir et souvent même de soupçonner. […] Elle emplit des centaines de volumes, aussi difficile à déchiffrer aujourd’hui, qu’elle était prompte, autrefois, à couvrir l’in-folio du papier ministre.
L’imagination en révolte contre la raison s’échappe vers le rare, vers l’exceptionnel, vers le difficile et vers l’impossible. […] Il se mêle à la vertu : ceux-là ne sont pas rares qui, incapables des vertus coutumières et des menus sacrifices de chaque jour, se retrouvent, l’occasion venue, à la hauteur des situations les plus difficiles et prêts pour les dévouements héroïques. […] Il est difficile, on en conviendra, de couper plus complètement toutes communications avec les hommes et les choses. […] Difficile à écrire, ce style est aussi difficile à lire. […] La pièce d’or changée en feuille morte138. » Ce n’est pas d’avoir les carnets de Daudet qui est difficile, mais c’est d’en tirer ses livres.
On a presque fait un dieu de celui qui a laissé en doute dans ses ouvrages s’il en connoissoit un lui-même, s’il admettoit l’ame immortelle, des punitions ou des récompenses en l’autre vie : jamais culte superstitieux n’a été plus difficile à détruire. […] Ce n’est pas aux peintres qu’il faut s’en prendre, mais à leur art : il est infiniment plus difficile que celui des sculpteurs. […] Ce n’est pas que, pour fonder leur opinion, ils fussent difficiles en preuves. […] Tout bon janséniste envisageoit son sort par les mêmes côtés, & n’en devenoit que plus difficile à se laisser fléchir.
Ces robustes ouvriers remuaient avec gravite d’énormes pierres, et j’appris qu’à cause de leur patience et de leur sobriété, on les employait dans nos Pyrénées françaises aux travaux les plus difficiles. […] Il serait difficile d’ailleurs, dans une œuvre qui ne vise pas aux tableaux et qui forme un tout vivant, de trouver de ces morceaux à citer si fréquents en d’autres histoires.
Il n’avance point comme les autres par des intuitions brusques, mais par des déductions suivies ; on peut marcher, chez lui, on n’a pas besoin de bondir, et l’on est perpétuellement maintenu dans la droite voie : les oppositions de mots rendent sensibles les oppositions de pensées ; les phrases symétriques guident l’esprit à travers les idées difficiles ; ce sont comme des barrières mises des deux côtés du chemin pour nous empêcher de tomber dans les fossés. […] De même que les révolutions compliquées des corps célestes ne deviennent intelligibles qu’au contact du calcul supérieur, de même que les délicates métamorphoses de la végétation et de la vie exigent pour être expliquées l’intervention des plus difficiles formules chimiques, ainsi les grandes œuvres de l’art ne se laissent interpréter que par les plus hautes doctrines de la psychologie, et c’est la plus profonde de ces théories qu’il faut connaître pour pénétrer jusqu’au fond de Shakspeare, de son siècle et de son œuvre, de son génie et de son art.
Pour moi, j’ai toujours pensé que l’on ne saurait rendre trop hautement justice aux acteurs, eux dont l’art difficile s’unit à celui du poète dramatique, et complète son œuvre. — Ils parlent, ils combattent pour lui, et offrent leur poitrine aux coups qu’il va recevoir, peut-être ; ils vont à la conquête de la gloire solide qu’il conserve, et n’ont pour eux que celle d’un moment. […] Le sujet était neuf et prodigieusement difficile.
Aristote seul est un maître et un guide pour quiconque veut pénétrer dans ces questions difficiles et charmantes. […] Elle exige des recherches profondes et difficiles, et l’objet qu’elle traite est grand et admirable.
Comme la nature est incommensurable, ses irrégularités sont immenses et il est très difficile d’apercevoir les lois. […] « Il sera bien difficile, a dit Goethe, que le public allemand arrive à une espèce de jugement sain, comme cela existe à peu près en Italie et en France.
Vous devez avouer que cette conclusion, où l’âme sauvée s’élance au ciel, était très difficile à composer ; et au milieu de ces tableaux suprasensibles, dont on a à peine un pressentiment, j’aurais pu très facilement me perdre dans le vague, si, en me servant des personnages et des images de l’Église chrétienne, qui sont nettement dessinés, je n’avais pas donné à mes idées poétiques de la précision et de la fermeté. » XVI À la fin du mois, il parle mal de Victor Hugo, auquel il a rendu avant une enthousiaste justice. […] Une douleur excessive se répandit d’abord sur les membres, puis sur la poitrine, et la respiration devint difficile. — Mais Goethe ne voulut pas que son domestique appelât le médecin.
Ces trois génies, le génie fin et classique du sous-entendu et du ridicule, le génie patriotique et martial du corps de garde, le génie élégiaque et pastoral de la chaumière, étaient difficiles à rencontrer dans un même homme. […] Ceux-là n’ont pas à se faire lentement, oreille par oreille, leur auditoire étroit et difficile, à conquérir, cœur par cœur, leur pénible renommée, à subir la critique et le dénigrement de leur siècle, pour jouir de cette renommée pendant quelques heures du soir de leur vie, et pour arriver bien vite, avec un nom déjà posthume, avant leur mort, à l’oubli définitif d’un froid tombeau.
En ce qui était des vers en particulier, comme on venait de représenter pour la première fois La Métromanie (1738), Bernis donnait cours à ses réflexions : « Il est difficile d’être jeune et de vivre à Paris sans avoir envie de faire des vers. » Et de ce qu’on en fait avec plus ou moins de talent, il ne s’ensuit pas que ce talent entraîne avec lui toutes les extravagances qui rendent certains versificateurs si ridicules : Heureux, s’écriait-il avec sentiment et justesse, heureux ceux qui reçurent un talent qui les suit partout, qui, dans la solitude et le silence, fait reparaître à leurs yeux tout ce que l’absence leur avait fait perdre ; qui prête un corps et des couleurs à tout ce qui respire, qui donne au monde des habitants que le vulgaire ignore !
Cependant le roi et Mme de Pompadour restaient mécontents de Bernis ; il recevait précisément dans le moment même le chapeau de cardinal ; il avait été comblé de faveurs et de grâces depuis deux ans ; nommé successivement abbé de Saint-Médard, abbé de Trois-Fontaines7, commandeur du Saint-Esprit, on pouvait s’étonner qu’il se lassât de servir justement à l’heure où il lui était difficile de rien obtenir de plus pour sa fortune.
Dans ses œuvres rares, difficiles, toujours remaniées, qu’il prise haut, mais qu’il n’estima jamais assez terminées pour en publier lui-même le recueil, il semble avoir cherché surtout à donner des exemples d’une nouvelle et meilleure manière de faire : on dirait qu’il n’a voulu que changer le procédé et remonter l’instrument plutôt que d’en user largement lui-même.
Ce piétinage difficile, fatigant, par des chemins obscurs et épineux , ne lui allait pas, et surtout une chose l’en eût dégoûté : l’habitude était alors de toucher les honoraires de la main à la main, un écu de trois livres pour une consultation.
La pomme qui tombe paraît chose toute simple au commun des hommes, elle ne le semble pas à Newton. « La première réflexion, a dit quelque part Maine de Biran, est, en tout, le pas le plus difficile : il n’appartient qu’au génie de le franchir.
il est difficile de s’en détacher !
L’histoire de l’Académie, telle que je la conçois aujourd’hui, en tant qu’histoire du corps, est assez difficile à faire, faute de documents particuliers suffisants ; je ne la crois pourtant pas impossible.
Il serait difficile pourtant de définir son genre de beauté d’après ce portrait trop petit, trop vague et d’une peinture trop légère, à peine exprimée.
Saint-Réné Taillandier lui-même, citant d’elle une note écrite après la lecture du livre de Mme de Staël : De l’Influence des passions sur le bonheur, et qui commence par ces mots : « Ce livre est un ramassis d’idées prises un peu partout… », estime qu’il est difficile d’accumuler plus d’erreurs et d’injustices.
Il s’agit des confidents de tragédie : « On fait encore, dit Schlegel, un grand mérite à Alfieri d’avoir su se passer de confidents, et c’est en cela surtout qu’on trouve qu’il a perfectionné le système français ; peut-être ne pouvait-il pas mieux souffrir les chambellans et les dames d’honneur sur la scène que dans la réalité. » Il est difficile de ne pas voir là une allusion plus ou moins directe à la petite Cour de la comtesse d’Albany et de Charles-Édouard.
Pour des catholiques purement politiques tels que le maréchal de Matignon et Montaigne, la position devenait délicate et difficile.
Il est difficile, en général, à une femme de se créer sa palette ; elle accepte d’ordinaire celle de son temps.
Le peu que j’entends des affaires me fait voir qu’il y en a de fort difficiles et embarrassantes.
Mais qu’il est difficile d’y être fidèle !
Les circonstances étaient bien autrement difficiles, et, après avoir montré quelque fermeté au début vis-à-vis du roi et de son frère, M. de Talleyrand parut manifestement au-dessous de sa tâche.
Le parti qui me reste à prendre n’est pas difficile à préjuger : je dois soutenir mon rôle et savoir mourir au besoin.
Il en résulte que dans sa manière, particulièrement dans celle de ses derniers ouvrages, il devient en plusieurs endroits obscur et d’une lecture difficile, parce qu’il évite de spécialiser sa pensée en la revêtant d’exemples vifs, de citations ostensibles, en l’illustrant de détails et de rapprochements historiques.
Cette image du violon brisé, puis rajusté et trouvé plus sonore, cette particularité technique, si difficile, ce semble, à rencontrer et à exprimer, et qui prouve que les poëtes savent toujours ce dont ils ont besoin, s’applique en toute exactitude à Mme Desbordes-Valmore, sauf que le rajustement mystérieux est demeuré inachevé en quelques points ; imperfection, d’ailleurs, qui nuit peu à l’ensemble et qui est une grâce39.
Rien de plus difficile, de plus impossible, on le croira, que de régler les hommes d’imagination, de les discipliner et de les classer, de les diriger aux œuvres qui les appellent et qui leur siéraient ; mais il faut convenir, à leur décharge, que jamais, à aucun moment, on ne s’est moins occupé de ce soin qu’aujourd’hui.
. — Mon cœur est tout à toi. » Si calme, si saine qu’on soit au fond par nature, il semble difficile qu’en ce jeune train d’émotions et de pensées, on reste longtemps à l’entière froideur, avec tant de sollicitations d’être touchée.
Racine lui écrivait du camp près de Namur : « La vérité est que notre tranchée est quelque chose de prodigieux, embrassant à la fois plusieurs montagnes et plusieurs vallées avec une infinité de tours et de retours, autant presque qu’il y a de rues à Paris. » Boileau répondait d’Auteuil, en parlant de la Satire des Femmes qui l’occupait alors : « C’est un ouvrage qui me tue par la multitude des transitions, qui sont, à mon sens, le plus difficile chef-d’œuvre de la poésie. » Boileau faisait le vers à la Vauban ; les transitions valent les circonvallations ; la grande guerre n’était pas encore inventée.
Femme d’esprit, d’un caractère épineux et difficile, elle laissait son mari libre et vivait çà et là avec ses belles-sœurs, délaissées comme elle.
Il fut de ceux qui tinrent à devoir de rester à Paris pendant la Ligue, et avec une inflexible droiture il sut en ces temps difficiles ne manquer à aucune de ses obligations, servir le roi, même protestant, et l’Église, même rebelle, maintenir les droits du Parlement, travailler au salut du royaume et à la conservation de Paris.
Cela veut-il dire que « l’Idéal » est une région où il est difficile d’habiter longtemps ?
Vielé-Griffin, le changement de méthode est alors très visible ; mais pour M. de Régnier la différence est plus difficile à établir car on tend à confondre allégorie et symbole.
La condition du prophète est devenue de nos jours singulièrement difficile.
Les faits sont déjà trop souvent difficiles à établir, témoin les discussions interminables que soulève la réalité de certains événements historiques.
Imaginez une maladresse ou une dissonance dans ce récit difficile, et la salle poussait le cri qu’arrache une plaie vive brutalement touchée.
Aussi, malgré tous ses efforts, elle ne peut trouver à se loger dans ce cœur resserré et aigri ; elle voudrait introduire une douceur, une consolation secrète dans cette gloire ; cela eût sans doute été bien difficile en aucun temps, mais décidément, à cette heure où elle le tente, il est trop tard.
» Il était là dans une attitude difficile à soutenir, et la chute, à la fin, pour lui fut d’autant plus rude.
Issu d’une race illustre, il en savait le prix, il voulait en soutenir l’honneur ; mais il lui était difficile pourtant de ne pas rire des prétentions généalogiques poussées trop loin.
Dans un portrait idéal qu’il a tracé de La Femme qui ne se trouve point et qui ne se trouvera jamais, et où il s’est plu à réunir sur la tête d’une Émilie de son invention toutes les qualités les plus difficiles à associer et tous les contraires : Voilà le portrait, dit-il en finissant, de la femme qui ne se trouve point, si on peut faire le portrait d’une chose qui n’est pas.
Il serait difficile et injuste de faire dans ce succès la part à l’un des éléments plutôt qu’à l’autre : ils sont également nécessaires et se tiennent.
« M. de Buffon fait plus de cas de Milton que de Newton, a dit Mme Necker ; Milton, selon lui, avait l’esprit beaucoup plus étendu, et il est plus difficile de réunir des idées qui intéressent tous les hommes que d’en trouver une qui explique les phénomènes de la nature. » En interprétant et en réduisant comme il convient ce souvenir noté de Mme Necker, et sans croire qu’il pût y avoir au monde un mortel que Buffon plaçât au-dessus de Newton, dont il avait le portrait gravé pour unique ornement de son cabinet d’étude, j’en conclurai seulement qu’il y avait dans le génie de Buffon des combinaisons et des tableaux du genre de ceux de Milton et qui demandaient à sortir.
Il sait à quel point les vérités pratiques et utiles de l’économie politique sont plus importantes que tous ces grands principes, et combien il est difficile de les faire accepter et de les appliquer dans la mesure qui convient à chaque État en temps opportun : L’économiste rural et non raisonneur, écrivait-il, à qui l’on doit en France la culture des pommes de terre ; le paysan zurichois qui doublait le produit de ses prairies, ont plus fait pour la société que mille traités sur le luxe, dont les auteurs n’ont pas arrêté la vente d’une aune de dentelles, et qu’une foule d’hypothèses sur les richesses, dont le pauvre n’a pas retiré un écu.
Il était difficile assurément d’en dire plus, même dans un compliment académique.
« Il m’a souvent passé par l’esprit, dit Gourville, que les hommes ont leurs propriétés à peu près comme les herbes61, et que leur bonheur consiste d’avoir été destinés ou de s’être destinés eux-mêmes aux choses pour lesquelles ils étaient nés. » Et, s’appliquant cette pensée à lui-même, il ajoute : « J’oserais quasi croire que j’étais né avec la propriété de me faire aimer des gens à qui j’ai eu affaire, et que c’est cela proprement qui m’a fait jouer un assez beau rôle avec tous ceux à qui j’avais besoin de plaire. » Gourville fit bien des conquêtes en ce genre, mais la plus difficile, et qui prouve le plus pour lui, fut celle de Colbert.
Michaud était né journaliste : aux aguets chaque matin, il excellait à faire cette guerre à l’œil, à suivre en souriant les moindres mouvements de l’ennemi, à tomber sur lui par surprise ; quand on sait si bien le point juste où il faut viser pour blesser, il est difficile, même aux moins méchants, un jour ou l’autre, de ne pas être cruels.
Et pourtant, si l’on ne reporte pas directement, comme fait Bossuet, le conseil et la loi du monde historique au sein de la Providence même, il me semble qu’il est fort difficile et fort périlleux d’y trouver cette suite et cet enchaînement que Montesquieu, après coup, se flatte d’y découvrir ; et Machiavel, sur ce point, me paraît plus sage encore et plus dans le vrai que Montesquieu, en nous rappelant toujours, au milieu de ses réflexions mêmes, combien il entre de hasard, c’est-à-dire de causes à nous inconnues dans l’origine et dans l’accomplissement de ces choses de l’histoire et dans la vie des empires.
C’est son esprit qui en a dicté les principales parties, et il n’est pas difficile d’y suivre une pensée originale, qui ne ressemble ni à celle de La Harpe, ni à celle de Marmontel ; qui est d’un tout autre ordre, et qui ne craint pas le parallèle, en ses bons moments, avec celle de Voltaire.
Une seule réflexion se présentera, comme une conséquence presque littéraire : il serait singulier que l’homme qui a vu bien des choses d’une manière distinguée, mais si peu conforme au génie français, eût vu juste précisément sur le point le plus difficile de tous, sur la forme de gouvernement la mieux appropriée au génie de la France41.
» Il désire être instruit sur tous ces points à fond, en détail : « Vous aurez soin d’écarter toutes les nouvelles fausses ou incertaines, et de ne donner place qu’aux seules vérités que vous apprendrez. » De telles réponses précises sont difficiles partout, et en Russie plus qu’ailleurs.
Il n’est pas difficile de réduire la persistance de la force, en ce qu’elle a d’intelligible et de scientifique, à des éléments plus primordiaux.
L’homme est faible, la femme est tenace, le hasard est tout-puissant ; se résigner à une vie décolorée est difficile, s’y résigner complètement est impossible…, et ici il y a beauté et sympathie, chaleur et lumière, comment s’y dérober ?
La deuxième partie de Henri VI est intitulée : « La Première partie de la guerre entre York et Lancastre. » La troisième partie est intitulée : « La Vraie tragédie de Richard, duc d’York. » Tout ceci fait comprendre pourquoi il est resté tant d’obscurité sur les époques où Shakespeare composa ses drames, et pourquoi il est difficile d’en fixer les dates avec précision.
Edouard Drumont le sait bien, et il me fait l’effet d’être un peu embarrassé dans son Introduction ; car la chose est obscure et difficile.
Si celle-ci paraît tirée de loin et quelque peu difficile à admettre, c’est que le rire causé par le grotesque a en soi quelque chose de profond, d’axiomatique et de primitif qui se rapproche beaucoup plus de la vie innocente et de la joie absolue que le rire causé par le comique de mœurs.
Ces lésions rendent, en réalité, impossible ou difficile l’évocation des souvenirs ; elles portent sur le mécanisme du rappel, et sur ce mécanisme seulement.
Créer est une chose qui n’est pas si difficile à concevoir, car c’est une chose que nous faisons toutes les minutes ; en effet, nous créons toutes les fois que nous produisons un acte libre. […] De ces idées à Dieu le passage n’était pas difficile. […] Cela vraiment est difficile à croire ; c’est pourtant ce qui sort des déclamations qui ont cours sur cette matière. […] Il est plus difficile de comprendre et d’exprimer l’idée fondamentale de la religion d’un peuple, et nous entrons déjà dans des routes plus sombres. […] Si Dieu intervient ici spécialement, il faut aussi le faire intervenir ailleurs, par exemple dans le problème difficile de l’origine des sociétés ; et c’en est fait alors de l’idée fondamentale du livre102.
L’explication n’en est pas difficile à donner. […] On ne saurait guère imaginer de génie plus différent de celui de Molière que le génie de Racine, à moins peut-être que les rapports ne soient plus difficiles encore à préciser entre la nonchalance épicurienne de La Fontaine et la sévérité bourgeoise de Boileau. […] Elle le devient, d’une autre manière, en développant dès lors, de son propre fond, et comme à l’abri de toute action du dehors, des qualités plus intérieures, assez difficiles à définir, et dont la nationalité se reconnaît à ce signe que les étrangers ou ne les voient pas, ou ne les sentent point. […] Ainsi la tragédie de Racine, ou la comédie de Molière ; et s’il est difficile d’éclaircir le mystère, ce n’est pas toutefois une raison de le nier. […] — Qu’en tout cas, le problème est toujours de savoir comment on conciliera l’individualisme protestant avec la prétention du protestantisme à former des églises. — De la clarté souveraine dont Bossuet a illuminé ces questions difficiles et obscures ; — et qu’il n’y a rien de plus oratoire, même dans ses Sermons, que dans les Avertissements, ou dans l’Histoire des variations.
Il est dru, et même assez rude, résistant, ayant du silex dans sa complexion, comme le terroir de ses vignes ; prompt à s’exalter et prompt à s’abattre, d’un ressort puissant, d’une trempe d’acier, avec des alternances de tristesse, encore impétueux dans ses crises de pleurs et de sanglots enfantins ; difficile à manier et à conduire ; riche de sève comme les ceps du Mâconnais : il en est un lui-même ; c’est là qu’il a pris terre et ciel : tout son être physique et moral est né de ce Milly, y a jeté des racines profondes, y a poussé en pleine terre de craie et en plein air, y a puisé tous les aromes et tous les sucs de son génie poétique et oratoire. […] Et qu’ont-ils ajouté eux-mêmes d’essentiel à ce jugement synthétique de Sainte-Beuve, qui dit tout : « Lamartine, en peignant la nature à grands traits et par masses, en s’attachant aux vastes bruits, aux grandes herbes, aux larges feuillages, et en jetant au milieu de cette scène indéfinie et sous ces horizons immenses tout ce qu’il y a de plus vrai, de plus tendre et de plus religieux dans la mélancolie humaine, a obtenu du premier coup des effets d’une simplicité sublime et a fait une fois pour toutes ce qui n’était qu’une fois possible. » J’ai dit qu’en feuilletant Fontanes et Chênedollé, on rencontrait des vers si harmonieux et si purs qu’il était assez difficile de dire en quoi ils différaient des vers de Lamartine. […] Mais, au contraire, le progrès industriel, par la formation de ces cités énormes où l’exercice de la fraternité est si difficile même aux gens de bonne volonté, par l’isolement croissant des classes, par la nature des travaux imposés à certaines catégories d’ouvriers, par l’incertitude du pain quotidien, les hasards du chômage, les jeux de la surproduction et de la spéculation ; enfin, en diminuant chez eux, par l’appât d’un rêve tout matériel et tout grossier, la résignation, mais non point la possibilité de souffrir, a amené et propagé dans le monde des formes de misère sans doute inconnues autrefois. […] Il est difficile d’expliquer ces choses, mais on les conçoit pourtant.
Le secret de l’idiôme universel seroit-il beaucoup plus difficile à saisir que le secret de l’idiôme qui plait au petit nombre(16) ? […] Le trait plus vague caractérise moins la physionomie ; le Misanthrope(58) est encore de nos jours un problême moral assez difficile à résoudre, & je crois appercevoir que Molière lui-même a molli dans la composition de ses tableaux, & qu’il n’a plus osé choisir l’individu qui eût donné au portrait une vie plus animée. […] Il est assez difficile de concevoir, comment les mots, semblables au ton de la voix, prennent un caractère d’attendrissement, de passion, de crainte, de souffrance, de mépris, d’orgueil ; comme quoi un caractère mort, inanimé, devient un langage éloquent, expressif, qui fait répandre des larmes, qui anime, qui passionne, qui tue. […] Qu’ils soient les ennemis de l’Etat, de la liberté publique, des honnête gens de la Littérature ; & il est beau alors de leur être opposé, de les combattre avec force, de les terrasser, d’être persécuté par eux, de triompher avec la justice, de cueillir la palme élevée & difficile qui attend celui qui a opposé son âme au torrent des erreurs & des crimes attentatoires à la liberté du Citoyen.
Interrogé si elle renfermait quelque passage difficile, il répondit qu’il y avait une hauteur qu’il fallait occuper d’avance, sans quoi il serait impossible de passer. […] Quand pour la première fois on désire, on désire de tout son cœur, sans seulement regarder si la chose est difficile ou impossible. […] L’un est l’aveu ingénu de leur ignorance et de leurs incertitudes : ils se défient d’eux-mêmes, ils n’osent prendre sur eux de résoudre les questions difficiles ; ils se laissent guider par Socrate et le suivent docilement. […] Si je dis que je le suis et si je me loue moi-même, cela choquera peut-être, de sorte que je ne sais que te répondre.” » Il élude ainsi une question difficile, et, dans tout le reste de l’entretien, il ne demeure pas au-dessous de lui-même. […] La délicatesse est une parure de luxe, difficile à porter, que le moindre heurt déchire, mais qui reçoit moins d’accrocs et moins de taches dans un palais que dans un taudis.
On répète toujours que l’éducation de la Démocratie est difficile. […] Il leur fournit toujours quelques grandes raisons qui les tirent promptement d’affaire à l’endroit le plus difficile de leur livre et favorisent la faiblesse ou la paresse de leur esprit, tout en faisant honneur à sa profondeur. » C’est ainsi qu’il déteste, et vraiment trop, comme nous le verrons, les considérations sur le climat, sur la marche générale de la civilisation, sur la race. […] Ajoutez à cela qu’il ne faut guère en vouloir aux démocraties de leur prétendu goût pour les médiocrités Ce n’est pas tant qu’elles aiment la médiocrité que ce n’est qu’il leur est assez difficile de reconnaître le mérite vrai. […] En France, par exemple, il est assez facile de s’emparer du pouvoir central ; mais comme il est plus difficile de créer de pied en cap une administration nouvelle, on garde à peu près l’ancienne, et l’on s’aperçoit que ce qu’on a pris, en s’emparant du pouvoir central, n’est presque rien. […] Car il est très difficile, en pareille matière, d’établir l’égalité sans renoncer à la liberté, et de laisser agir la liberté sans renoncer à l’égalité, comme nous allons, je crois, le reconnaître ; et il me semble que le manque de portée, l’inachevé et l’inconclu, l’avortement perpétuel des déductions économiques de Proudhon tient à ce qu’il ne s’est jamais résigné à renoncer à l’un ou à l’autre de ces deux principes.
L’on dut, dans la partie la plus difficile du chemin, me porter. […] S’il prétend à une extrême facilité, il renonce à rendre les idées qui sont, par leur qualité même, difficiles. […] André Suarès — et, notons-le, non les plus récents — ont le tort d’être excessivement difficiles, parfois inutilement difficiles : Voici l’homme et Bouclier du Zodiaque. […] … Vous ignorez le despotisme de ces personnages, qui sont difficiles à vivre. […] Ce jeune homme, pieux et enthousiaste, a été naguère l’élève de Fauchon : prodigieuse influence, et difficile à secouer.
C’étaient chez elle des attendrissements continuels ; on s’embrassait, on versait des pleurs. » Pleurs et attendrissements dont il aurait été difficile de dire la cause. […] Par cette création, comme par celle de Werther, Gœthe paraît avoir cherché à se délivrer de soucis qui pesaient alors sur son âme, et qui étaient nés, croit-on, de sa situation difficile d’artiste et de poète dans une société d’hommes de cour. […] Je ne croyais pas que ce fût une chose si difficile que de vivre. Voyons, pourquoi est-ce si difficile ? […] Il est plus difficile de déterminer les causes du mal hors de la France, et de ramener à des lois générales des phénomènes répartis sur des points du globe fort différents.
Son corps, fait de muscles et de nerfs, n’avait pas de chair… » En un mot, il ressemblait à sa propre poésie, — rencontre saisissante et qu’achevait de rendre plus saisissante une coquetterie de grand homme à laquelle il était difficile de résister. […] L’un et l’autre ont aperçu et réalisé avec la nuance de leur génie ce problème difficile : la mise en action des grandes lois connues de l’esprit. […] Taine restitue, avec une intensité surprenante, ce qui fut une réalité, mais si difficile à comprendre à distance : l’atmosphère morale de cette époque et sa pression sur les hommes qui la subissaient. […] Ils sont singulièrement difficiles à bien tracer, ces portraits historiques, dans le raccourci desquels une créature humaine doit tenir. […] Il est en cela dans la logique de son existence entière, admirable existence d’un homme qui a toujours dit et sur toutes choses toute sa pensée, et — ce qui est plus difficile encore — rien que sa pensée !
Il est donc difficile de démêler son esprit de tant de choses qui n’en font pas partie. Mais, difficile ou non, il faut s’en imposer le tâche. […] A défaut de l’égalité parfaite, connue seulement au pays des chimères, est-il si difficile de trouver certaines inégalités qui, pour n’être pas des privilèges, n’en doivent pas moins être adoucies ou corrigées ? […] Mais après l’avoir vu dix années durant, diriger, à l’École normale supérieure, les études littéraires, maître de conférences à l’occasion, apportant à toutes les parties de son difficile devoir préparation, application, goût de la précision, dévouement, en un mot tout ce qu’un homme bien doué peut mettre de bon vouloir et d’entrain dans des fonctions qu’il aime, j’ose affirmer qu’entre deux emplois différents de ses talents, Jacquinet a librement préféré celui qui était le plus selon sa pente, où il se sentait à la fois le plus à son aise, le plus approuvé et le plus utile. […] Ces jours-là, si je lui demandais où il en était de ses recherches : — C’est bien difficile, me disait-il ; je n’ai rien de certain ; d’ici à peu, j’espère vous dire quelque chose.
Il faudrait intéresser à leur cause les vandales eux-mêmes, et cela sera difficile. […] Il est vrai qu’il est très difficile et qu’il ne lui faut rien moins que du foie de bœuf. […] La vie d’une ville Il est difficile de comprendre un individu un peu complexe, de pénétrer entièrement son esprit et son caractère, de découvrir comment ses sensations présentes se relient aux sensations anciennes, quel est enfin le principe de sa vie.
En revanche, la théorie de la connaissance devient une entreprise infiniment difficile, et qui passe les forces de la pure intelligence. […] Cette connaissance serait fort difficile, justement parce qu’elle ne construirait plus son objet et serait obligée, au contraire, de le subir ; mais, si peu qu’elle l’entamât, c’est dans l’absolu même qu’elle aurait mordu. […] Nous avons vu plus haut ce qu’il faut penser de cette dernière thèse, et combien il est difficile de la concilier avec l’idée d’une influence réciproque de toutes les parties de la matière les unes sur les autres, influence à laquelle on prétend justement ici faire appel.
Ce sont moins des remarques, dit-il, que des doutes : « J’aime votre gloire, c’est ce qui me rend peut-être trop difficile. » Puis il félicite Voltaire de ce talent que Dieu lui a donné, de corriger les ridicules de son siècle, et de les corriger en riant, et en faisant rire ceux qui ont conservé le goût de la bonne compagnie.
« Il ne s’est pas beaucoup exposé, disait un contemporain qui l’a bien jugé ; son genre n’est pas le plus difficile, et il n’en avait qu’un. » Il n’est pas de ceux dont on puisse dire à aucun jour : Il s’est surpassé.
Et comment, par exemple, n’appellerait-on point précieux un observateur qui vous dit, en voyant dans une foule les figures laides faire assaut de coquetterie avec les figures plus jolies (la page est curieuse et dispense d’en lire beaucoup d’autres ; mais, à côté du bon Marivaux, il faut bien qu’on sache où est le mauvais) : J’examinais donc tous ces porteurs de visages, hommes et femmes ; je tâchais de démêler ce que chacun pensait de son lot, comment il s’en trouvait : par exemple, s’il y en avait quelqu’un qui prît le sien en patience, faute de pouvoir faire mieux ; mais je n’en découvris pas un dont la contenance ne me dît : « Je m’y tiens. » J’en voyais cependant, surtout des femmes, qui n’auraient pas dû être contentes, et qui auraient pu se plaindre de leur partage, sans passer pour trop difficiles ; il me semblait même qu’à la rencontre de certains visages mieux traités, elles avaient peur d’être obligées d’estimer moins le leur ; l’âme souffrait : aussi l’occasion était-elle chaude.
Je me bornerai à dire avec lui : « N’ayant aucune intrigue à la Cour, il est aisé de sentir ce qui en arrive : tout ce qu’on fait de bien est peu senti, ou est attribué à d’autres, et la moindre faute qu’on peut faire devient un crime qui vous met à découvert. » Et à un autre endroit, trouvant à son fils M. de Paulmy, alors ambassadeur en Suisse, quelques-unes des qualités de mesure, d’insinuation et d’adresse qu’il n’avait pas, il dit, par un retour sur lui-même et en indiquant le contraste : « Il loue…, il approuve, il sait réduire ses idées et les diminuer quand il faut ; on est bien heureux d’être de cette souplesse, car il faut plaire pour réussir ; les hommes sont plus difficiles que les affaires 20 ».
La difficulté, je le sens bien, n’est pas de faire admettre jusqu’à un certain point que Mme de Créqui, pour ses mérites d’esprit, pour le ferme et le fin de son jugement, est une manière de Mme de Sablé, le plus difficile à obtenir est qu’on accorde à M. de Meilhan de pouvoir être convenablement rapproché de La Rochefoucauld.
On y lisait une fable injurieuse, qui commençait par ces mots : Un aveugle, ami d’un bossu, Lui dit un jour : Cher camarade, Je me suis toujours aperçu Que l’homme a l’œil faible et malade… La clef n’était pas difficile à trouver.
En vérité, quand on y pense, la critique est bien difficile : chercher partout ce qui n’y est pas, au lieu de voir ce qui doit vôtre !
Il est vrai qu’il était difficile à rendre à cause de la forme allégorique du commencement.
Villars avant Denain, durant les difficiles et méritoires campagnes de Flandre, était perpétuellement dénoncé à Versailles par des officiers de son armée, et chaque courrier du quartier général apportait de leur part contre lui et contre ses opérations des critiques et des objections sans nombre qui appelaient la méfiance et semaient l’alarme.
Je l’ai priée aussi pour nous tous, je me suis jetée à sa miséricorde ; je lui ai demandé qu’elle te récompense de tout le bien que tu fais, qui est d’autant plus méritoire que ta position est bien difficile.
Toutefois la familiarité aurait eu de plus graves inconvénients, et, au défaut de la juste mesure, toujours difficile à observer, peut-être a-t-il pris le meilleur parti.
Au sortir de la Terreur, et pour traverser les années encore difficiles qui suivirent, ses parents vécurent confinés dans cette terre obscure de Milly, que le poëte a si pieusement illustrée, comme M. de Chateaubriand a fait pour Combourg, comme Victor Hugo pour les Feuillantines.
Il y écrivit une foule de vers politiques et d’articles critiques qui n’ont jamais été reproduits et qu’il est difficile aujourd’hui de reconnaître sous les initiales diverses et les noms empruntés dont les signait l’auteur.
Le personnage trop célèbre et d’une capacité aussi incontestable que malheureusement dirigée, qui a eu cette idée hardie, prétendait tuer ce qu’on appelait le monopole de quelques grands journaux ; mais il n’a fait que mettre tout le monde et lui-même dans des conditions plus ou moins illusoires, et où il devient de plus en plus difficile, à ne parler même que de la littérature, de se tirer d’affaire avec vérité, avec franchise.
En fait de généalogie, on n’est jamais difficile ; on ne s’est pas trop inquiété de voir à quoi répondait précisément et ce que signifiait en importance ce nom de journaux appliqué à l’ancienne Rome ; on n’a pas assez remarqué que ce n’était là d’ailleurs que la seconde partie et comme l’assaisonnement du savant travail de M.
La suprématie de Rome au temporel et les luttes qu’elle engendre, la féodalité européenne qui sort de l’immense anarchie, le rôle et la part des ordres religieux directeurs de l’esprit du temps, le système de falsifications historiques auxquelles ils tiennent la main, ces graves et toujours si difficiles problèmes occupent finalement l’auteur, qui est forcé de subir, après Charlemagne, la loi de son sujet, c’est-à-dire la diffusion.
Son administration, en ces temps et en ces lieux difficiles, lui valut tous les suffrages, toutes les affections.
Il se trouve toujours sur son chemin, à son entrée, quelques hommes de bon esprit d’ailleurs et de sens, mais d’un esprit difficile, négatif, qui le prennent par ses défauts, qui essayent de se mesurer avec lui avec toutes sortes de raisons dont quelques unes peuvent être fort bonnes et même solides.
Évêque et théologien, il compose plusieurs ouvrages, instructions et mémoires sur les sujets difficiles qui, en ce moment même, occupent l’Église de France.
Mais à défaut d’« histoires » digues de ce nom, les Mémoires abondent : la voie ouverte par Villehardouin ne sera plus désertée, et l’aptitude de nos Français à ce genre d’ouvrage, dont les raisons au reste ne sont pas difficiles à trouver, commence à se marquer avec éclat.
L’esprit et l’oeuvre de Voltaire Rien n’est plus difficile que de porter un jugement d’ensemble sur Voltaire.
Défenseur du devoir, de la vieille morale chrétienne, avocat de la femme à qui la société, l’homme rendent la vertu difficile et lourde, amateur de combinaisons romanesques, arrangeur d’accidents tragiques, Feuillet est précieux par son expérience du monde : certaines parties aristocratiques de notre société n’ont été vues et bien rendues que par lui.
Un pauvre garçon qui aime une actrice et qui, après quelques années de vie difficile, est tué par hasard pendant la Commune, voilà Jean Servien Un bon garçon d’Haïti qui, sous la direction bizarre d’un professeur mulâtre, manque plusieurs fois son baccalauréat ; qui, vivant avec une bande de fous, n’est pas même étonné, tant il est irréfléchi ; qui, ayant remarqué une jeune fille dans la maison d’en face, s’aperçoit qu’il l’aime le jour où elle quitte Paris, s’élance en pantoufles à sa poursuite et l’épouse à la dernière page : voilà le Chat maigre Un vieux savant envoie du bois, pendant l’hiver, à sa voisine, une pauvre petite femme en couches.
Ils m’ont fait tant de plaisir entre quinze et dix-huit ans que je leur en garde une reconnaissance éternelle et qu’il m’est encore difficile de les juger aujourd’hui en toute liberté.
Quand on doit faire ce travail pour un certain nombre de régiments ou de groupes plus considérables et lier entre elles et subordonner les unes aux autres des évolutions déjà si complexes en elles-mêmes, le calcul devient étrangement difficile.
. — Introduction Dans les articles que j’ai précédemment consacrés à l’espace, j’ai surtout insisté sur les problèmes soulevés par la géométrie non-euclidienne, en laissant presque complètement de côté d’autres questions plus difficiles à aborder, telles que celles qui se rapportent au nombre des dimensions.
Il faut reconnaître qu’il aurait été difficile de ne pas faire cette séparation que l’on prétend artificielle.
Certes, il eût été difficile à Sidoine Apollinaire et à ces beaux esprits des Gaules de crier : « Vive les barbares !
Il y a, vous disais-je, beaucoup de vertu dans notre monde ; il n’y en a pas tant cependant que l’on puisse impunément se montrer difficile et faire passer à chacun un examen sur les motifs pour lesquels il est vertueux.
Ils ont peur de Wagner, parce qu’ils pensent que le jour où la fanfare de l’Épée aura jailli de nos orchestres, où toute une salle aura frémi d’admiration au cantique énamouré d’Iseult, quelques-uns de leurs produits deviendront peut-être d’un placement plus difficile.
La paix ne fut pas difficile à faire.
En nous tenant à ce que nous avons, il est certain que Béranger a fait de la chanson tout ce qu’on en peut faire ; il en a tiré tout ce qu’elle renferme, et on pourrait croire qu’il est bien difficile désormais d’aborder ce genre après lui sans l’imiter.
Le juge le plus compétent en pareille matière, Walter Scott, a très bien caractérisé l’espèce de critique vive, facile, spirituelle, indulgente encore et bienveillante, qui est celle de Gil Blas : « Cet ouvrage, dit-il, laisse le lecteur content de lui-même et du genre humain. » Certes, voilà un résultat qui semblait difficile à obtenir de la part d’un satirique qui ne prétend pas embellir l’humanité ; mais Lesage ne veut pas non plus la calomnier ni l’enlaidir ; il se contente de la montrer telle qu’elle est, et toujours avec un air naturel et un tour divertissant.
Il me serait trop aisé de prouver tout cela par des exemples ; quand je dis trop aisé, je me vante, car, si je voulais citer, ce me serait difficile et le plus souvent impossible, à cause du cynisme et de la grossièreté des passages, même là où c’est spirituel.
Nous tirons le rideau, écrit-il, sur les événements dont il serait trop difficile, en ce moment, d’apprécier le nombre et de calculer les suites.
« Dès que je serais persuadé de la puissance et de la bonté de Dieu, rien ne me serait difficile à croire. » — « Je n’ai donc, lui répondait Théophile, qu’à vous prouver qu’il y a un Dieu et que votre âme est immortelle, et vous êtes capucin. » Et Dangeau disait· encore, en parlant de cette conversion facile et un peu fragile de l’abbé de Choisy, et quand on lui en faisait compliment : « Hélas !
Suit alors l’énumération de ses talents, vers, prose, chansons improvisées : Elle exprime même si délicatement les sentiments les plus difficiles à exprimer, et elle sait si bien faire l’anatomie d’un cœur amoureux, s’il est permis de parler ainsi, qu’elle en sait décrire exactement toutes les jalousies, toutes les inquiétudes, toutes les impatiences, toutes les joies, tous les dégoûts, tous les murmures, tous les désespoirs, toutes les espérances, toutes les révoltes, et tous ces sentiments tumultueux qui ne sont jamais bien connus que de ceux qui les sentent ou qui les ont sentis.
Sontag, surintendant de l’Église de Livonie, il n’est point de bons procédés dont il ne fasse preuve à son égard : « Si j’avais le bonheur d’être connu de lui, écrit-il, il verrait que, parmi les hommes convaincus, il serait difficile d’en trouver un plus libre de préjugés que moi. » S’il passe jamais à Riga, M. de Maistre se promet bien d’embrasser de très bon cœur cet homme estimable, et de rire avec lui de toute cette affaire de gazette.
Quant à sa fille, bien que Mme Necker l’admirât, elle l’eût voulue certainement tout autre, et il serait difficile de suivre en elle l’influence de sa mère.
Malgré le titre, et quoiqu’il soit toujours très difficile de venir parler de sermons, et de l’art d’en faire, sans ennuyer, l’abbé Maury instruit et n’ennuie pas.
Nous sommes devenus difficiles et de haut goût ; nous aimons les choses fortes, fortes en couleur, sinon en nature et en sentiment.
Le prince Eugène, moins difficile, accueillit Bonneval avec distinction, le traita sur le pied d’ami et de favori.
On dit que c’est un métier si difficile !
Parlant des auteurs de mémoires personnels, il a un morceau très vif contre Jean-Jacques Rousseau et Les Confessions, qu’il estime un livre dangereux et funeste : S’il existait, s’écrie-t-il, un livre où un homme regardé comme vertueux, et presque érigé en patron de secte, se fût peint comme très malheureux ; si cet homme, confessant sa vie, citait de lui un grand nombre de traits d’avilissement, d’infidélité, d’ingratitude ; s’il nous donnait de lui l’idée d’un caractère chagrin, orgueilleux, jaloux ; si, non content de révéler ses fautes qui lui appartiennent, il révélait celles d’autrui qui ne lui appartiennent pas ; si cet homme, doué d’ailleurs de talent comme orateur et comme écrivain, avait acquis une autorité comme philosophe ; s’il n’avait usé de l’un et de l’autre que pour prêcher l’ignorance et ramener l’homme à l’état de brute, et si une secte renouvelée d’Omar ou du Vieux de la Montagne se fût saisie de son nom pour appuyer son nouveau Coran et jeter un manteau de vertu sur la personne du crime, peut-être serait-il difficile, dans cette trop véridique histoire, de trouver un coin d’utilité… Volney, en parlant de la sorte, obéissait à ses premières impressions contre Rousseau, prises dans le monde de d’Holbach ; il parlait aussi avec la conviction d’un homme qui venait de voir l’abus que des fanatiques avaient fait du nom et des doctrines de Rousseau pendant la Révolution, et tout récemment pendant la Terreur.
L’art est un des déploiements les plus remarquables de l’activité humaine, c’est la forme du travail la plus difficile et où l’on met : le plus de soi, c’est donc celle qui mérite le plus d’éveiller l’intérêt et la sympathie.
Il vous montre une mère, Constance mère d’Arthur, et quand il vous a amené à ce point d’attendrissement que vous ayez le même cœur qu’elle, il tue son enfant ; il va en horreur plus loin même que l’histoire, ce qui est difficile ; il ne se contente pas de tuer Rutland et de désespérer York ; il trempe dans le sang du fils le mouchoir dont il essuie les yeux du père.
Par exemple, la croyance à une distinction primitive du bien et du mal est bien une de ces vérités élémentaires au-delà de laquelle il est difficile de remonter ; cependant combien de fausses croyances morales se sont présentées, se présentent encore parmi les hommes avec le même caractère apparent d’une autorité sacrée et d’une irrésistible certitude !
Il est peut-être moins difficile aux rares génies de rencontrer le grand et le sublime, que d’éviter toute sorte de fautes.
si la doctrine que vous annoncez est si étrange et si difficile, cherchez du moins des termes polis, couvrez des fleurs de la rhétorique cette face hideuse de votre Évangile, et adoucissez son austérité par les charmes de votre éloquence.
Dans ces dernières y aurait-il certains traits fins, subtils et cachés, faciles à sentir quand on les a sous les yeux, infiniment difficiles à retenir quand on ne les voit plus, impossibles à rendre par le discours ; ou serait-ce de ces physionomies rares et des traits spécifiques et particuliers de ces physionomies que seraient empruntées ces imitations qui nous confondent et qui nous font appeller les poëtes, les peintres, les musiciens, les statuaires du nom d’inspirés ?
Vernet nous a rendus difficiles sur les ciels ; les siens sont si légers, si rares, si vaporeux, si liquides !
Rien n’est plus difficile que de conserver au sens et à l’harmonie leurs droits lorsqu’on écrit en françois, tant on trouve d’opposition entre leurs interests en composant dans cette langue.
Toutes ces vicissitudes des langues, qu’il serait long de suivre, et trop difficile d’expliquer, devaient amener graduellement l’âge de l’émancipation de la pensée.
Rien de plus difficile, en effet, rien de plus important, dans toute spéculation intellectuelle, que la recherche des causes, que le percement dans les origines.
Pour Courier, la tâche était moins difficile.
Amédée Pommier, c’est d’avoir touché au sujet le plus difficile et littérairement le plus dangereux, en raison de sa beauté même.
» Comme tous les déshérités harcelés par la douleur, ce brave homme n’est pas difficile, et il fait volontiers crédit du reste au Tout-Puissant.
L’art de se réduire est plus difficile, et il n’est pas donné à tout le monde de faire naître l’admiration et le plaisir, en ne présentant que ce qui est.
À la postérité ce difficile jugement.
C’est à ces moments difficiles que son génie de pleutre et de courtisan éclate, et qu’il trouve des servilités admirables qui font tomber tout à coup la colère du ministre. […] Ce qui restait d’idéal et de grandeur épars, dans ces écroulements commencés, a disparu ; ce que l’on pouvait attendre d’espérances et de redressements héroïques, aux jours difficiles, tout cela s’est enfoui. […] M. de Maupassant est un maître dans ce genre délicat et difficile : le conte. […] Robert de Bonnières est un auteur difficile à contenter, voilà tout. […] Ils sont quelques-uns à savoir combien il est difficile à résoudre, ce nécessaire problème.
Telle se présentait la situation des Lettres plus difficile à définir, l’état des âmes ne sera pas moins digne de notre attention. […] Il était difficile de faire accepter avec plus de délicatesse la chute d’un être aimant par un excès de compassion et de tendresse. […] Il est bien difficile d’ailleurs de pénétrer dans tous les arcanes de la vie privée et de se rendre compte de certains litiges que l’avenir seul démêlera. […] On ne peut surtout éluder les solides apologies que lui ont dédiées d’illustres disciples, un Bersot, un Paul Janet, pour ne citer que ceux dont les plus difficiles ne suspecteraient pas l’attachement aux institutions libérales. […] Mais il serait difficile de détacher beaucoup de pages soutenues, d’une facture égale, d’une prosodie résistante.
Sa carrière est assez difficile à remplir noblement, pour qu’il lui faille, dans les traverses qui l’attendent, une inflexible probité. […] C’est cette science si difficile de réunir les plaisirs de l’oreille et ceux de l’âme, qui a rendu dans toutes les nations les grands poètes très rares. […] Mais telle est l’ingratitude commune, qu’une seule faute dans la plus longue et la plus difficile besogne, fait oublier cent bonnes choses et le plaisir qu’on eut à les entendre. […] Le genre supérieur en cette classe, le plus difficile, le plus philosophique, est la Comédie ; c’est-à-dire, l’art de représenter les inégalités et les ridicules des hommes, en exposant leurs travers de façon à les corriger par le rire. […] Cette grande passion, amplement développée au cinquième acte de Rodogune, est la plus difficile à exciter noblement, sans la rendre convulsive, et la plus rarement bien déployée au théâtre : c’est la pierre de touche du génie.
Dans cette langue hybride, il était difficile de rester à la hauteur des maîtres passés ; mieux convenait, pensa-t-il, répudier leur héritage et aller à la dérive après les maîtres madrilènes. […] Je foule ici un terrain bien difficile, bien broussailleux, bien bourbeux, qu’il ne me convient pas de hanter plus longtemps ; aussi bien les rameaux ébranchés du tronc par mon analyse réclament-ils une main pour être replantés en terre fraîche. […] Quoi qu’il en soit de ces difficiles questions de linguistique, les annales des lettres en Angleterre ne sauraient remonter plus haut qu’aux bardes du vie siècle ; et là encore on se heurte à cette difficulté que les manuscrits bardiques ne sont pas antérieurs au xie siècle et ont pu, dès lors, subir des altérations sans nombre, alors que les chants dont ils se composent se conservaient par tradition orale. […] Je pourrais, rappelant un mot fameux, objecter qu’en temps de guerre civile le difficile pour l’homme de cœur n’est pas de faire son devoir mais de connaître ce que le devoir commande. […] Cette victoire, plus difficile et plus glorieuse aussi, en Provence, c’est aux comiques qu’elle doit appartenir un jour.
XXXII Je cherchai donc dans cette situation difficile les questions neutres, pour ainsi dire, telles que les questions d’affaires étrangères, de finances, d’humanité, de moralité, d’institutions bienfaisantes pour les classes laborieuses, d’économie politique, de liberté du commerce, d’industrie, de charité, et je pris la parole au milieu d’une très vive attention publique dans quelques-unes de ces discussions. […] Sa situation si difficile au ministère devant le parti radical, devant le parti légitimiste et devant le parti des deux ministres défectionnaires et acharnés, m’intéressait.
« Eugène de Rastignac était revenu dans une disposition d’esprit que doivent avoir connue les jeunes gens supérieurs, ou ceux auxquels une position difficile communique momentanément les qualités des hommes d’élite. […] « — Ceci me semble difficile, répondit-il, Mme de Chessel nous attend.
Dans ces agglomérations des grandes villes où les riches et les pauvres ne se connaissent point et sont plus séparés par les mœurs qu’ils ne l’étaient jadis par les institutions, où toute communication semble coupée entre ceux qui pâtissent et ceux qui seraient disposés à les secourir, et où, par surcroît, on a à se garder des professionnels de la mendicité, il y a une chose aussi difficile que l’effort de donner, c’est de savoir à qui donner ; c’est d’atteindre les pauvres. […] Je n’ai rien à répondre, sinon que je n’y ai pas songé et que, ayant voulu très expressément montrer une fille chaste et croyante, il m’était vraiment bien difficile d’accueillir l’idée soit de cette chute, soit de ce suicide.
La liberté Il n’est pas difficile de comprendre pourquoi la question de la liberté met aux prises ces deux systèmes opposés de la nature, mécanisme et dynamisme. […] Il nous suffira d’avoir montré que, même en se plaçant au point de vue de l’associationnisme, il est difficile d’affirmer l’absolue détermination de l’acte par ses motifs, et celle de nos états de conscience les uns par les autres.
Des deux moi qui résument nos activités psychiques, l’un superficiel, et, pour ainsi dire, abstrait, où se condense et s’immobilise le résidu de nos émotions, en sorte que nos états d’âme n’apparaissent plus au regard de la conscience que comme dépouillés de leur vie, de leur complexité originelle, à la manière, un peu, des schèmes mathématiques ; l’autre fondamental et concret, difficile à saisir dans la représentation, car en ses couches inférieures s’agitent confusément tous les courants de vie, toutes nos virtualités ; — de ces deux moi, dis-je, le parnassien ne saisit que le premier en surface, le plus facile à immobiliser, à clicher sur des concepts, le plus impersonnel aussi et le plus général. […] Il faut trouver cette âme, qui apparaît au contact d’autres mots, qui éclate et éclaire certains livres d’une lumière inconnue, bien difficile à faire jaillir.
Malgré notre désir et notre insuffisance, il nous sera difficile de continuer à faire de même, et de contenir tout jugement contradictoire en face de l’intolérance fréquente des siens. […] Logé avec sa femme et ses deux enfants dans une seule pièce du rez-de-chaussée à l’hôtel du résident d’Autriche, qui n’avait pu lui faire accepter davantage, il s’y livrait encore à l’étude, à la méditation, et le soir, quand son hôte (le comte de Kevenhüller), le cardinal Maury et d’autres personnages distingués, venaient s’y asseoir auprès de lui, il les étonnait par l’étendue de son coup d’œil et sa vigueur d’espérance : « Tout ceci, disait-il, n’est qu’un mouvement de la vague ; demain peut-être elle nous portera trop haut, et c’est alors qu’il sera difficile de gouverner. » Après diverses fluctuations résultant des événements, M. de Maistre fut mandé en Sardaigne par son souverain et nommé régent de la Grande-Chancellerie de ce royaume ainsi réduit. […] Comme diplomate pratique, il n’est pas difficile de se figurer son caractère : « Le comte de Maistre est le seul homme qui dise tout haut ce qu’il pense, et sans qu’il y ait jamais Imprudence », ainsi s’exprimait un collègue qui avait traité avec lui.
Ils la vendent au roi, et si le roi la leur redonnait ils la lui vendraient encore. » Il faut voir dans le journal de Dodington, espèce de Figaro malhonnête, la façon ingénieuse et les jolies tournures de ce grand commerce. « Un jour de vote difficile, dit le docteur King, Walpole, passant dans la cour des requêtes, aperçut un membre du parti contraire : il le tira à part et lui dit : « Donnez-moi votre voix, voici un billet de banque de deux mille livres sterling. » Le membre lui fit cette réponse : « Sir Robert, vous avez dernièrement rendu service à quelques-uns de mes amis intimes, et la dernière fois que ma femme est venue à la cour, le roi l’a reçue très-gracieusement, ce qui certainement est arrivé par votre influence. […] Ayant choisi sa route lui-même et lui seul, il aurait honte de s’en écarter ; il repousse les tentations comme des ennemis ; il sent qu’il combat et triomphe818, qu’il fait une œuvre difficile, qu’il est digne d’admiration, qu’il est un homme. […] Il est difficile de jouer un rôle et de faire le comédien longtemps, car lorsque la vérité n’est pas au fond, le naturel s’efforcera toujours de revenir, percera et se trahira un jour ou l’autre.
VII Il est difficile de caractériser par aucun de ces grands noms séculaires la littérature russe. […] De loin en loin, il arrivait encore que tout à coup Pierre s’avisait de formuler quelque difficile question comme celle-ci : « Boris, dites-moi donc ce que c’est que le télégraphe électrique ? […] — Vous avez des prétentions trop difficiles à satisfaire, le goût trop délicat.
Il faudrait pouvoir insister ici sur le dommage que subit son art quand la difficile harmonie entre les moyens est rompue, et lorsque, par exemple, l’insuffisance de l’ouvrage, de la mainmise du poète incite tel ou tel, metteur en scène, décorateur, comédien, à travailler isolément, pour son propre compte. […] Mais comme il sait qu’un livre se relit, qu’on en prend d’abord ce qu’on veut, qu’on le quitte, qu’on y revient, qu’on le referme et qu’on le rouvre, si sa pensée naît difficile ou son style elliptique, il les maintiendra tels qu’ils sont. […] De sorte que cette collaboration difficile tendra fatalement, chez celui qui veut le succès, à devenir concession.
L’émotion que l’on éprouve en lisant, en étudiant ce volume, Fables et chansons, difficile un peu (ce qui est vraiment beau est toujours un peu caché, mystérieux, et ne se livre pas au premier regard, au premier palper des mains et de l’intelligence), — l’émotion ressentie est d’abord presque tout intellectuelle. […] Mais il est difficile de faire comprendre l’harmonie de ces poèmes en n’en montrant que des fragments. […] « … Il est difficile de vivre dans les villes : ceux qui y sont en rut y sont trop nombreux.
Moi, personne ne me regarde boire mon poison, et l’avenir est plus difficile à pénétrer que la physionomie du médecin d’Alexandre. » III Tout d’un coup, dans cette correspondance, un souffle de libération semble passer. […] Il était dur et même assez rude, résistant, ayant du silex dans sa complexion, comme le terrain dans ses vignes ; prompt à s’exalter et prompt à s’abattre, d’un ressort puissant, d’une trempe d’acier, avec des alternances de tristesse, impétueux même dans ses crises de pleurs ; difficile à manier et à conduire — riche de sève comme, les ceps du Mâconnais. […] Par suite, il est difficile de la bien diriger. […] Mais est-il si difficile de reconnaître cette sincérité ? […] Il est difficile de le concevoir équitable et lucide.
Ils produisent avec sincérité l’œuvre qui est leur raison d’être et, plus difficiles qu’aucuns critiques, tâchent d’abord de se contenter. […] Il ne serait pas difficile de ramener à cette formule les définitions mêmes qui semblent s’en écarter le plus. […] Il est, dans l’Art, notre conscience vivante, le Maître difficile qu’on rêve de contenter […] Les cadets s’en plaignent, c’est eux qu’on a laissés : car l’œuvre dernière serait moins difficile si le champ n’avait pas été laissé en friches… J’exagère. […] À vrai dire, dans cette singulière dispersion des jeunes écrivains qui la représentent, il semble difficile, d’abord, de démêler leurs traits communs.
À ce moment Froissart semble se ralentir et s’oublier un peu : il tient à ne rien omettre, et c’est difficile.
Elle l’aida donc à effacer les impressions fâcheuses que sa démission ancienne avait pu laisser dans l’esprit de Louis XIV : Je ne demande au roi pour toute grâce, écrivait Lassay, que de me donner des occasions de le servir ; l’extrême envie que j’aurais de lui plaire me donnera de l’habileté ; quand on a une grande envie de bien faire, il est difficile qu’on fasse bien mal, et personne dans le monde n’a tant de bonne volonté que moi.
Cela sera plus difficile qu’on ne croit, parce que en Russie on est engoué du français, et que chacun, se croyant capable d’écrire sa langue, refuse de reconnaître la supériorité d’un auteur qui sait s’en servir avec talent.
savoir le grec, ce n’est pas comme on pourrait se l’imaginer, comprendre le sens des auteurs, de certains auteurs, en gros, vaille que vaille (ce qui est déjà beaucoup), et les traduire à peu près ; savoir le grec, c’est la chose du monde la plus rare, la plus difficile, — j’en puis parler pour l’avoir tenté maintes fois et y avoir toujours échoué ; — c’est comprendre non pas seulement les mots, mais toutes les formes de la langue la plus complète, la plus savante, la plus nuancée, en distinguer les dialectes, les âges, en sentir le ton et l’accent, — cette accentuation variable et mobile, sans l’entente de laquelle on reste plus ou moins barbare ; — c’est avoir la tête assez ferme pour saisir chez des auteurs tels qu’un Thucydide le jeu de groupes entiers d’expressions qui n’en font qu’une seule dans la phrase et qui se comportent et se gouvernent comme un seul mot ; c’est, tout en embrassant l’ensemble du discours, jouir à chaque instant de ces contrastes continuels et de ces ingénieuses symétries qui en opposent et en balancent les membres ; c’est ne pas rester indifférent non plus à l’intention, à la signification légère de cette quantité de particules intraduisibles, mais non pas insaisissables, qui parsèment le dialogue et qui lui donnent avec un air de laisser aller toute sa finesse, son ironie et sa grâce ; c’est chez les lyriques, dans les chœurs des tragédies ou dans les odes de Pindare, deviner et suivre le fil délié d’une pensée sous des métaphores continues les plus imprévues et les plus diverses, sous des figures à dépayser les imaginations les plus hardies ; c’est, entre toutes les délicatesses des rhythmes, démêler ceux qui, au premier coup d’œil, semblent les mêmes, et qui pourtant diffèrent ; c’est reconnaître, par exemple, à la simple oreille, dans l’hexamètre pastoral de Théocrite autre chose, une autre allure, une autre légèreté que dans l’hexamètre plus grave des poètes épiques… Que vous dirais-je encore ?
Bayle, le grand précurseur de Voltaire, mais un Voltaire à la hollandaise et le moins parisien des écrivains, est devenu assez difficile à sentir et à goûter ; il l’était même du temps de Mathieu Marais.
Ils causent ensemble Académie : « Il m’a dit que le président de Montesquieu n’avait point de concurrent jusqu’à présent. » Marais n’en tient pas moins à son objection, à celle qu’il vient de formuler au sujet des Lettres persanes : « Le dilemme serait difficile à résoudre, dit-il, mais on y trouvera quelque réponse fine dans la dialectique grammairienne du style nouveau. » À un moment on crut tout manqué et que Montesquieu se retirait ; le cardinal de Fleury s’était prononcé contre lui : « (17 décembre) M. le président de Montesquieu a remercié l’Académie, le jour même qu’elle était assemblée pour l’élire.
Il ne serait pas difficile d’emprunter aux vieux érudits, aux spirituels et malins tels-que Bayle, des mots légers au désavantage des épouses.
.)… Nous sommes malheureusement et nous devenons tous les jours si différents de vous, que votre place, au milieu de cette Assemblée, était de plus en plus difficile à remplir.
Certes, lorsqu’il est si difficile d’exceller en une seule partie, je ne puis assez admirer la force presque divine de ton esprit qui a su embrasser tant et de si grands sujets, que ce qui suffirait à plusieurs pour éterniser leur nom se rencontre réuni en toi seul.
Qu’on raisonne là-dessus tant qu’on voudra, qu’on s’alambique l’esprit pour me prouver qu’il n’en est rien ou qu’il ne tient qu’à moi qu’il en soit autrement, il n’est pas fort difficile de croire qu’on ne réussira pas sans peine à me persuader un fait personnel contre l’évidence de ce que je sens.
Quand je n’aurais que trente ans, il me serait difficile de pouvoir rétablir l’agrément d’un pareil commerce ; à l’âge où je suis, il m’est impossible de le remplacer… Assurément elle disposait de ce que j’avais plus que moi-même ; les extrémités où elle s’est trouvée sont inconcevables.
. — « Si cela est, repartit l’évêque, vous ne pouvez mieux faire que de vous adresser à moi ; je connois ces montagnes, j’y ai passé souvent en faisant mes visites : j’y sais des endroits si affreux et si éloignés de tout commerce, que, quelque difficile que vous puissiez être, vous aurez lieu d’en être content. » Rancé, avec sa vivacité naturelle, prenant cette parole à la lettre, pressait déjà M. de Comminges de les lui montrer : « Je m’en garderai bien, lui répondit le prélat en souriant, ces endroits sont si tentants, que, si vous y étiez une fois, il n’y auroit plus moyen de vous en arracher. » C’était en vain que cet évêque aimable et d’autres amis conseillaient à Rancé, jusque dans son repentir, « cette juste médiocrité qui fut toujours le caractère de la véritable vertu. » Cette médiocrité était précisément ce qu’il y avait de plus contraire à son humeur et de plus insupportable à ses pensées.
Parmi les hommes qui se consacrent aux travaux de la pensée et dont les sciences morales et philosophiques sont le domaine, rien de plus difficile à rencontrer aujourd’hui qu’une volonté au sein d’une intelligence, une conviction, une foi.
Voici, j’imagine tout spécieusement d’après lui-même, de quelle façon il s’y est pris pour atteindre à cette difficile perfection : « Il s’agit, dit-il14, d’apprendre notre langue à fond, d’en pénétrer le génie, d’en connaître les ressources, d’en apprécier les qualités et les défauts, de nous l’approprier dans tous les sens ; et ne me sera-t-il pas permis d’ajouter (puisque je parle du français et que j’en parle en vue de la culture vaudoise) que le français est pour nous, jusqu’à un certain point, une langue étrangère ?
J’ai (et sans superstition, je crois), j’ai une si grande idée de l’époque de Louis XIV, je la trouve si magnifiquement et si décidément historique, que je me figure que rien n’est plus difficile et peut-être plus impossible que d’y établir, d’y accomplir à souhait un roman.
Quant à la partie si délicate et si ondoyante des intentions, M.Mignet pense que, pour les trois derniers siècles, on peut arriver à la presque certitude, même de ce côté ; car on a pour cet effet des instruments directs : ce sont les correspondances et les papiers d’État, pièces difficiles sans doute à posséder, à étudier et à extraire ; mais, lorsqu’on y parvient, on surprend là les intentions des acteurs principaux, dans les préparatifs ou dans le cours de l’action et lorsqu’ils sont le moins en veine de tromper, puisqu’ils s’adressent à leurs agents mêmes, ou ceux-ci à eux, et au sujet des faits ou des desseins qu’il leur importe le plus, à tous, de bien connaître.
Je ne sais pourquoi il serait plus difficile d’être impartial dans les questions de politique que dans les questions de morale : certes les passions influent autant que les gouvernements sur le sort de la vie, et cependant dans le silence de la retraite on discute avec sa raison les sentiments qu’on a soi-même éprouvés ; il me paraît qu’il ne doit pas en coûter plus, pour parler philosophiquement des avantages ou des inconvénients des républiques et des monarchies, que pour analyser avec exactitude l’ambition, l’amour, ou telle autre passion qui a décidé de votre existence.
. — En second lieu, dès l’origine, sa condition l’a jeté nu et dépourvu sur une terre ingrate où la subsistance est difficile, où, sous peine de mort, il est tenu de faire des provisions et des épargnes.
« Être enfant avec les enfants, homme avec les hommes, vieux avec les vieillards ; se proportionner aux trois âges de la vie humaine, c’est le secret de plaire à tous ; et cependant il y a pour les mortels une quatrième condition de bonheur plus difficile : « S’accommoder de sa fortune présente !
« Cet homme, né pour toutes les grandes choses, navigua si bien par le flux et le reflux des événements, qu’il est difficile de savoir s’il montra plus de constance dans la prospérité que d’égalité d’âme et de calme dans la mauvaise fortune : quant à son génie, il était si grand, si facile, si pénétrant, qu’il excellait autant en toutes choses que d’autres dans quelques-unes.
Mais comme il serait difficile à un moderne, à un chrétien, de maintenir cette assertion au sens littéral du mot, Boileau recourt pour la justifier à une conception très fausse et très en vogue alors de l’épopée : l’épopée est un poème allégorique, et la mythologie est vraie, comme forme d’art exprimant l’abstrait par le concret, selon de certaines conventions.
Il est difficile de le savoir, et c’est grande matière à disputes pour les érudits.
Ici la moralité confine à la sottie et à la farce, et il est difficile de savoir pourquoi Mieux que devant ou les Gens nouveaux, qui sont les plus agréables pièces du genre, sont qualifiées de farce morale ou bergerie morale : ce sont purement et simplement des moralités.
Montaigne, encore ici, s’est défini excellemment : « Le parler que j’aime, c’est un parler simple et naïf, tel sur le papier qu’à la bouche ; un parler succulent et nerveux, court et serré ; non tant délicat et peigné, comme véhément et brusque ; plutôt difficile qu’ennuyeux ; éloigné d’affectation, déréglé, décousu et hardi ; chaque lopin y fasse son corps ; non pédantesque, non fratesque, non plaideresque, mais plutôt soldatesque238. » 2.
La Bruyère est un bourgeois de Paris : un libre esprit, sans préjugé de caste ni respect traditionnel, très peu révolutionnaire, mais satirique et frondeur, peu porté à l’indulgence envers les puissants et les puissances : un esprit indépendant, ayant horreur de tous les engagements, qui, pour ne pas diminuer sa liberté, a renoncé à tous les biens, à la fortune, aux emplois, même à la famille ; car une femme, des enfants, rendent le renoncement difficile : a-t-on le droit de se passer de tout pour eux, comme pour soi ?
Il n’y a que Chatterton qui soit manqué : et il était difficile qu’il ne le fût pas.
Sur le reste ils ne sont pas difficiles, quoique l’habileté de l’arrangement dramatique leur soit certainement un surcroît de plaisir.
Tout cela fait sept cordes (à la vérité, il serait difficile de les nommer avec précision ; il semble pourtant que les sept livres que nous venons de parcourir pourraient s’intituler : Humanité, Nature, Philosophie, Art, Foyer, Amour, Fantaisie).
Déplacement avantageux Comme ce devient difficile au Français, perplexe en son cas, de juger les choses à l’étranger !
En vérité, les gens de lettres sont dans une position bien difficile.
Avec les réprouvés, la conduite n’était pas difficile ; elle était délicate et pleine d’embarras avec les élus.
Cela est possible, mais cela est difficile, parce que nous avons à vaincre une foule d’associations d’idées, qui sont le fruit d’une longue expérience personnelle et de l’expérience plus longue encore de la race.
Cette opération est difficile et douloureuse ; mais croyez bien que, si ma conscience morale ne s’y opposait pas, si Dieu venait ce soir me dire que cela lui est agréable, je le ferais.
Comme il arrive toujours, les mœurs à leur tour réagissent sur la littérature et il est parfois difficile de décider quand les poètes et les romanciers prennent ou fournissent des modèles à la société environnante.
Ce qui semble difficile à croire, c’est que le grave Monteprade continue à se laisser mystifier par l’escogriffe altéré que la donzelle lui donne pour son frère.
Fréron, dans sa feuille de L’Année littéraire, voulut rendre compte de la comédie où il était outragé, et en tirer vengeance ; il était difficile de s’y opposer.
Il est difficile d’imaginer ce que Napoléon a pu trouver de juste dans une brochure où on lit à chaque page des phrases comme celle-ci : Il a plus corrompu les hommes, plus fait de mal au genre humain dans le court espace de dix années que tous les tyrans de Rome ensemble depuis Néron jusqu’au dernier persécuteur des chrétiens… Encore quelque temps d’un pareil règne, et la France n’eût plus été qu’une caverne de brigands.
Des moments difficiles, des moments durs, des moments de misère, pendant lesquels Delâtre, qui tirait ses eaux-fortes, et auquel, un jour, il demandait à emprunter cent sous, lui disait qu’il allait lui faire vendre ses planches.
Il est difficile de songer de sang-froid à ce que c’est qu’un procureur royal criminel.
Il est difficile dans un ouvrage aussi ferré que celui-ci d’entrer dans un long détail sur tous les fruits du Parnasse Britannique.
Mais, comme l’a très bien dit La Bruyère, « il est plus difficile de se faire un nom par un ouvrage excellent que de faire valoir un ouvrage médiocre par le nom qu’on s’est déjà acquis ».
C’est une conversation très agréablement sinueuse et qu’il serait difficile de résumer… Je vais vous signaler des vers charmants comme celui-ci : Ce qu’on n’a point au cœur l’a-t-on dans son esprit ?
On connaît la fleur qui perce la neige, mais celle qui perce la boue des époques vouées à la matière, est plus difficile à, trouver.
Alors le ministre a donné habilement sa retraite, pour conserver ses amis dont l’opinion est intérieurement la sienne, et pour se tirer du pas difficile où les circonstances l’avaient engagé. […] Le mauvais goût alors, qui a tant de moyens de se redresser, ne peut dépendre que d’une fausseté ou d’un biais naturel dans les idées : or, comme l’esprit agit incessamment sur le cœur, il est difficile que les voies du cœur soient droites, quand celles de l’esprit sont tortueuses. […] qui peut dire combien il est difficile de gravir le sommet où brille au loin le temple de la Gloire ! […] Pour moi qui n’ai pas le droit d’être difficile, et qui me contente d’admirer avec la foule, je ne suis point du tout frappé de cette prétendue stérilité de notre littérature.
Mais peut-être qu’en remontant au-delà de notre dix-septième siècle, l’épreuve serait plus difficile ? […] il n’est pas difficile de vivre ainsi content de rien, après qu’on a obtenu tout ! […] Il est difficile de n’y pas voir un retour de Rousseau sur sa situation personnelle lorsqu’il recevait à regret l’hospitalité des riches. […] Je conviens que la limite entre l’un et l’autre état est souvent très difficile à apercevoir. […] Mais, à la vérité, il est difficile d’assigner quelle est, dans l’émotion musicale, la part de l’âme, la part des sens.
Ils découvrent l’Angleterre, l’Allemagne, la Scandinavie, la Russie, l’Espagne, les États-Unis, non pas comme autrefois dans les voyages d’études, les missions diplomatiques, les séjours d’hommes de lettres parmi la bonne compagnie, mais dans la matérialité précise où les appliquent une vie difficile, le contact avec le peuple, les voyages à pied, les métiers dont il faut vivre, la langue qu’il faut apprendre. […] Et que Chateaubriand se soit rendu, comme ministre, impossible à Louis XVIII, que dans sa bataille contre Villèle il soit difficile de prendre parti pour le fier écrivain, cela n’enlève rien à la force du style, à la magie des images, au jeu combiné de l’ironie et de l’éloquence qu’on peut admirer dans ses articles de journal. […] Pour ce roman de l’Italie, la Chartreuse de Parme nous a rendus difficiles. […] Elle est à la fois la plus difficile et la plus facile des critiques. […] Mais il ne serait pas difficile de montrer qu’ils sont bien plutôt des décompositions ou des transformations du romantisme.
Comme il faut toujours tâcher de rendre justice à ses adversaires, même quand ils vous rendent, la tâche difficile en négligeant d’en faire autant, je dois reconnaître à l’assaillant une certaine crânerie dans l’attaque. […] Guyau, le regretté Guyau (je parle du philosophe) a écrit quelque part : — « L’équilibre, la conciliation de l’individualité croissante et de la solidarité croissante, tel est le difficile problème qui se pose pour les sociétés modernes. » Cela rappelé, où est la contradiction, quand les socialistes disent : Nous croyons que dans le domaine politique, où il s’agit de régler les rapports des hommes avec les hommes, le maximum d’individualité est désirable ; que dans le domaine économique, où il s’agit de régler les rapports des hommes avec les choses, le maximum de solidarité est à souhaiter. […] Opération difficile avec M. […] D’aucuns regrettent même que, disciple trop docile, alors qu’il avait le droit de penser et d’agir en maître, il ait parfois outré l’amour et la recherche de l’expression rare, jusqu’à rendre certaines de ses dernières pages bien difficiles à lire pour ce peuple qu’il aimait tant ! […] Voltaire aussi compose la Mort de César et Brutus, tragédies de collège sévères, rigides, stoïciennes, où il n’est pas difficile de noter un idéal héroïque à la mode de Tacite et de Plutarque.
Et sa volonté, toute-puissante contre les plus difficiles obstacles, hésitait, reculait devant cette extrémité. […] C’est, apparemment, plus difficile que de conquérir le monde. […] Comment une femme aussi enthousiaste que Mme de Staël aurait pu échapper à une pareille contagion de popularité, c’est ce qu’il est difficile de concevoir. […] Et les bons Hollandais jugeaient, en somme, que la « pilule » ainsi « dorée » n’était pas difficile à avaler. […] Il me serait aussi difficile d’en donner une idée exacte que de peindre le sentiment d’orgueil et d’enthousiasme qui, dans ce moment solennel, épanouissait toutes les figures.
monsieur Kobus, ça n’est pas difficile… mais, si vous voulez, j’écrirai cela… vous pourriez oublier. […] criait Schoûltz, je le crois bien ; tu n’es pas difficile. » Fritz rêvait.
Le thème personnel et ses variations trop répétées ont épuisé l’attention ; l’indifférence s’en est suivie à juste titre ; mais s’il est indispensable d’abandonner au plus vite cette voie étroite et banale, encore ne faut-il s’engager en un chemin plus difficile et dangereux, que fortifié par l’étude et l’initiation. […] Artiste admirablement doué, possédant une immense somme intellectuelle, Gœthe a moins créé qu’il n’a pensé ; et il s’est trouvé que cet esprit si clair et si maître de soi, sachant tout et disposant à son gré de sa force encyclopédique, n’a conçu, définitivement, qu’un poème plein d’abstractions et d’obscurités mystérieuses à travers lesquelles il est tellement difficile de saisir sa pensée, qu’il le nommait lui-même le livre aux sept sceaux.
La morale grecque, par exemple, a été sans aucun doute une conquête assez lente et assez difficile de la philosophie sur le polythéisme hellénique ; et, s’il en fallait croire Ernest Renan, dans son Histoire d’Israël, on en pourrait, on en devrait dire autant de la morale du judaïsme. […] Mais je crois d’autre part les avoir assez loués ; « Intolérants et orgueilleux, — disais-je encore, il n’y a pas trois ans, — difficiles à manier, chagrins et moroses, méprisants et austères, affectant la religion jusque dans leur costume, les protestants, en revanche, possédaient la vertu dont ces défauts étaient comme l’enveloppe, et grâce à elle on peut dire qu’en 1685 et depuis plus d’un siècle, ils représentaient la substance morale de la France… Écartés des tentations par les mesures mêmes qui les éloignaient des emplois, ils se dressaient, dans la société du temps de Louis XIV, comme un enseignement vivant par l’ardeur de leur foi, par leur constante préoccupation du salut, parleuréloignement des plaisirs faciles, par la dignité de leurs mœurs, par la raideur même enfin et la fierté de leur attitude. » Ne pouvant pas abuser ici du droit de me citer moi-même, je renvoie le lecteur à l’étude, Sur la formation de l’idée de progrès dont je tire ces lignes.
Au reste, il est difficile de mieux choisir la massue avec laquelle on voulait assommer cette littérature vivace, qui avait résisté à tous les interrègnes qui s’étaient succédé au Théâtre-Français depuis le départ de M. […] Buloz venait dire que la prime portée à 1 000 fr. par acte est exagérée, ce qui me paraît une thèse difficile à soutenir, puisque, y compris les primes, les auteurs dans la position de M.
Cette recherche devient d’ailleurs le jour en jour plus difficile, à mesure qu’augmente la valeur marchande des peintures préraphaélites, et que les collections se dispersent, comme se dispersa, par exemple, il y a une année environ, la riche galerie de M. […] Je lui répondis ironiquement qu’il avait deviné notre dessein et le priai de nous garder le secret. » On comprend que, dans de telles conditions, la vente des tableaux était difficile ; pourtant quelques amateurs éclairés s’intéressèrent à la tentative des jeunes novateurs et leur firent quelques commandes. […] Mais il se borne à imiter ses prédécesseurs en les surpassant selon ses moyens ; et bientôt un autre le laissera loin derrière lui en renversant toute la boutique des opéras à clinquant et en élevant un monument lyrique dans lequel la poésie, la musique, l’action et les décors seront combinés en vue d’un effet commun. » Il est difficile d’annoncer le Parsifal en langage plus clair. […] Il s’agissait de trois livres, que revendiquaient les critiques véristes, mais qu’en réalité il est assez difficile de rattacher à un genre précis. […] Ses œuvres doivent se faire comprendre et goûter par elles-mêmes, non à la suite d’une recherche difficile.
C’est donc ainsi qu’une platitude héritée des idéologues ou des encyclopédistes, et qui s’étale ingénument, sans horreur ni conscience d’elle-même, dans la prose d’un Villemain, par exemple, et souvent même d’un Guizot ; une liberté qu’un Musset, un Lamartine, et en s’en vantant, ont poussée plus d’une fois jusqu’à l’incorrection ; une incohérence de métaphores, qui nous gêne presque dans quelques-uns des chefs-d’œuvre d’Hugo : Quand notre âme en rêvant descend dans nos entrailles, Comptant dans notre cœur qu’enfin la glace atteint ; Comme on compte les morts sur un champ de batailles, Chaque douleur tombée et chaque songe éteint ; des enchevêtrements de tours et de phrases qui font souvent de la prose de Sainte-Beuve, et notamment dans son Port-Royal, un modèle de préciosité ; une lourdeur puissante, mais aussi une vulgarité de manières, si l’on peut ainsi dire, une familiarité de mauvais ton qui rendent pour quelques délicats, La Cousine Bette ou Le Lys dans la vallée, si difficiles à lire, — rien de tout cela ne se retrouve ni dans les Poèmes barbares, ni dans l’Histoire de la littérature anglaise, ni dans Madame Bovary, ni dans la Vie de Jésus. […] Mon habit, Les Cartes, La Fille du peuple, Le Vieux Vagabond]. — Il y en a davantage encore dans la manière dont les chansons sont « composées » ; — comme autant de tableaux de genre ; — qui parlent d’abord aux yeux ; — et qui appellent l’illustration. — De la peinture de la vie bourgeoise dans les Chansons de Béranger ; — et que rien n’est un plus sûr témoignage ; — ni une plus exacte représentation ; — et plus fidèlement figurée ; — de la vie de la petite bourgeoisie française entre 1815 et 1830. — Et qu’il y a encore et enfin beaucoup d’art dans l’appropriation du rythme des Chansons aux sentiments qu’elles traduisent ; — comme aussi dans le choix des termes ; — et dans la clarté du style. — De Béranger comme écrivain ; — et que quelques vers un peu ridicules ne l’empêchent d’avoir droit à ce nom. — « C’est un grand prosateur, a-t-on pu dire, qui a mis des rimes à sa prose. » Mais qu’il est difficile de l’appeler un poète ; — non sans doute qu’il n’ait trouvé quelques accents poétiques, — pour exprimer ce que la vie bourgeoise peut quelquefois enfermer de poésie [Cf. […] Grégoire ; — 2º Chansons sentimentales, dans le genre du Bon Vieillard, du Voyageur, des Hirondelles ; — 3º Chansons libérales et patriotiques [parmi lesquelles on est étonné de voir Sainte-Beuve, ordinairement plus difficile, donner une place au Dieu des bonnes gens] ; — 4º Chansons satiriques, du genre du Ventru ou des Clefs du Paradis ; — et enfin 5º Chansons poétiques, comme Les Contrebandiers, Le Vieux Vagabond, Les Bohémiens. […] Affaires de Rome]. — Situation difficile de Lamennais. — Il publie ses Paroles d’un croyant, 1834. — Effet prodigieux du livre [Cf. […] 3º Les Œuvres. — Il est assez difficile de classer les Œuvres de Taine par catégories déterminées, et à l’exception du Voyage aux Pyrénées, 1855 ; de la Vie et opinions de Thomas Graindorge, 1868 ; et de ses Notes sur l’Angleterre, 1872, tous ses ouvrages sont ouvrages « de critique et d’histoire ».
Le texte vaut d’être cité intégralement, tant il est significatif : « Les différences entre un soldat, un ouvrier, un administrateur, un avocat, un oisif, un savant, un homme d’État, un commerçant, un marin, un pauvre, un poète, un prêtre, sont, quoique plus difficiles à saisir, aussi considérables que celles qui distinguent le loup, le lion, l’âne, le corbeau, le requin, le veau marin, la brebis, etc. […] Je concéderai, pour ma part, qu’il serait difficile, sinon impossible, d’emprunter à la Comédie humaine de ces phrases à mots bien choisis et à savantes cadences qui peuvent être données comme de beaux exemples de grammaire ou d’harmonie. […] Ici les causes sont plus difficiles à démêler. […] Barbey s’en rendait si bien compte qu’il emploie sans cesse, dans ses romans et dans ses nouvelles, ce procédé, le plus difficile de tous : placer le récit dans la bouche d’un personnage. […] Ses audaces de plume lui rendaient difficile, malgré sa réputation, l’accès des feuilles à gros tirage et à large public.
Les débuts furent difficiles au Petit-Bourbon, si l’on en croit encore un des ennemis les plus acharnés de Molière, l’auteur d’Élomire hypocondre. […] Ce silence n’a rien de fort merveilleux : peut-être que la Polyxène, roman qui avait alors quelque réputation et dont l’auteur se nommait Molière, eut quelque part à ce choix. » Bret, dans son édition des Œuvres de Molière (Paris, 1773), fait suivre la Vie de Molière par Voltaire, qu’il réimprime, d’un supplément où il rapporte une tradition qu’il est bien difficile de contrôler, mais qu’on ne saurait passer sous silence. […] Lacroix a réuni dans une suite précieuse de petits livres, la Collection Moliéresque, fort difficile à compléter aujourd’hui, la plupart de ces pamphlets qu’il a fort obligeamment mis à notre disposition. […] Lorsque Molière parcourait la province, sa troupe, qu’il est bien difficile de reconstituer pour cette époque de débuts, comprenait, d’après Grimarest, les deux frères Jacques et Louis Béjart, Madeleine Béjart, femme entendue et véritable directrice, qui remaniait parfois les pièces selon les nécessités de la mise en scène, Du Parc, dit Gros-René, et la Du Parc, la de Brie et son mari, en outre le fameux pâtissier-poète de la rue Saint-Honoré, François Ragueneau, que d’Assoucy a raillé comme faiseur de petits pâtés et moucheur de chandelles.
Siegfried dit qu’il est très difficile de faire comprendre le mot à un Anglais, ou à un Américain. […] La formation d’une nation italienne rendit plus paradoxal et d’aspect plus difficile l’internationalisme constitutif de la papauté. […] Dans trente ans les exclus de l’école unique mèneront peut-être la vie dure aux inclus : à l’aristocratie des concours ne sera-t-il pas plus difficile de se faire aimer qu’à l’aristocratie de la fortune, et qu’à l’aristocratie de naissance ? […] À un certain âge le changement est difficile.
Il n’y a ici rien du pédantisme si difficile à éviter dans nos polémiques quotidiennes. […] Combien difficile et combien lente fut la renaissance de Shakespeare ! […] Cependant, en échange d’une invitation si gracieuse je vais m’aventurer dans la plus difficile des entreprises, et, m’excusant de ne pas employer l’anglais, cet anglais que notre grand écrivain Barbey d’Aurevilly proclame avoir été la langue de notre grand’mère Ève lors de la création, je commence. […] Cette forme, si difficile, souvent si ingrate, exige encore plus de maturité peut-être que l’Histoire, la Critique et les suprêmes spéculations de la Philosophie.
Comme il m’a été difficile de faire librement à leur sujet mon examen de conscience, et de distinguer mon impression présente d’avec mes chères impressions d’autrefois ! […] Et peut-être, la clientèle me venant, aurais-je fait fortune à ce métier : car je comprenais vraiment à vue d’œil, et pouvais traduire sans embarras les passages les plus difficiles. […] Ils tâchèrent à oublier les qualités de leur race ; la tâche était difficile, quasiment héroïque : mais la plupart y parvinrent. […] Frédéric Masson est plus difficile à définir. […] Hatzfeld, « qu’un jugement porté sur une œuvre d’art », il m’est assez difficile d’en comprendre l’utilité.
Il était difficile d’avoir plus de bonté et d’élévation dans le caractère. […] et, d’abord, par un style grave, ferme, soutenu, un peu difficile, mais par là-même pur de toute cette monnaie poétique effacée du xviiie siècle, par un style de bon aloi, que Despréaux eût contre-signe à chaque page, ce qu’il n’eût pas fait toujours, même pour le style de M. de Fontanes. […] » Nous avons franchi les endroits les plus difficiles de la vie politique de M. de Fontanes, et nous avons cherché surtout à expliquer l’homme, à retrouver le poëte dans le personnage, sans altérer ni flatter.
Il est difficile et pénible de vous quitter pour un jour, et chaque jour est une peine ajoutée aux précédentes. […] Rousseau ; aussi ne saurais-je trop vous encourager à travailler à son Éloge140… « Je vous écrirai de Brunswick ; adieu, je vous aime bien, vous le savez. » Mme de Charrière a lieu de croire, en effet, qu’il l’aime ; si sceptique qu’elle soit de son côté, il doit lui être difficile de ne pas se laisser ébranler un moment aux témoignages multipliés qu’il lui envoie de ses regrets, de ses souvenirs. […] Mais si cela était bien difficile et que cela vous donnât bien de la peine, ou que cela ne vous plût pas, j’y renoncerais avec regret, mais sans murmurer… « Le 21.
Les critiques seront par exemple Jules Janin, l’inévitable, soit qu’on lise quelque chose, soit qu’on aille quelque part ; Gustave Planche, qui est fort sale ; Capot de Feuillide qui est fort brutal ; Nisard, l’inventeur, comme vous savez, de la littérature difficile (à lire), puis enfin MM. […] Personne n’est plaisant comme lui et n’est plus capable d’amuser tout un cercle, si blasé et si difficile qu’il puisse être. […] Pourtant quelque absorbant qu’ait été mon travail, quelque isolée qu’ait été ma personne depuis un mois, il m’a été fort difficile de ne pas entendre parfois bruire à mon oreille quelques-unes de ces clameurs qui viennent du monde que je fuyais, et il m’a fallu, bon gré mal gré, songer encore à MM. les écrivains parisiens que j’aurais voulu oublier, du moins pour quelque temps ; je ne dis pas pour toujours.
Vers la fin, je sentais qu’il m’était difficile de ne pas lui dérober des pensées faites pour se produire d’elles-mêmes et en son nom.
Ainsi, le mot Recouvrer était alors assez difficile à entendre ; beaucoup de gens se trompaient volontiers, et disaient dans ce sens-là Recouvrir, qui leur était plus familier.
parce que rien n’est plus difficile pour moi que d’écrire en ce moment.
Elle, a supporté la république de 1848 ; mais le dernier et présent régime semble avoir été jusqu’ici pour elle plus difficile à épouser, ou du moins elle ne s’y est point ajustée et adaptée comme aux précédents.
qui de nous, au lieu de prétendre accuser et prendre en défaut la sincérité de celui qui fit René, n’admirera, ne respectera en lui ce mélange de velléités, d’efforts vers ce qu’on a besoin de croire, et de rentraînements vers ce qui est difficile à quitter ?
Qu’il fût admirablement organisé pour la géométrie et les arts, je ne le nie pas ; mais certes, les choses étant ce qu’elles étaient alors, une grande révolution, comme il l’a lui-même remarqué89, s’accomplissant dans les sciences, qui descendaient de la haute géométrie et de la contemplation métaphysique pour s’étendre à la morale ; aux belles-lettres, à l’histoire de la nature, à la physique expérimentale et à l’industrie ; de plus, les arts au xviiie siècle étant faussement détournés de leur but supérieur et rabaissés à servir de porte-voix philosophique ou d’arme pour le combat ; au milieu de telles conditions générales, il était difficile à Diderot de faire un plus utile, un plus digne et mémorable emploi de sa faculté puissante qu’en la vouant à l’Encyclopédie.
Abernethy, à la suite d’une blessure à la tête, il parlait toujours français. » En d’autres cas, la même réviviscence a été observée pour d’autres langues. « Un célèbre médecin de mes amis, dit encore le même auteur, m’apprend qu’ayant un jour la fièvre, mais sans aucun délire, il répéta de longs passages d’Homère, chose qu’il ne pouvait faire étant bien portant. » Un autre, qui, en santé, était fort mal doué pour la musique et avait presque oublié la langue gaélique, chantait, étant malade, des chansons gaéliques, et cela avec une grande précision, quoique la mélodie fût difficile et qu’auparavant il fût tout à fait incapable de les chanter.
À moins de les apercevoir par la grille du jardin, il était difficile de deviner qu’ils demeuraient rue Plumet.
non, reprit-il ; vous connaissez les exigences des libraires et combien il est difficile d’y échapper.
LXXIV Voilà sa carrière d’homme d’État ; quant à sa carrière d’homme de lettres, elle est beaucoup plus difficile à analyser ; elle tient à son génie.
Plus la forme d’un poème est fixe, et plus le poète doit être sévère sur la facture : ainsi dans la ballade et dans le sonnet, dont Boileau, en artiste curieux des formes raffinées et difficiles, s’arrête un peu complaisamment à détailler les rigoureuses lois.
J’entends dire que ce qu’on y appelle la pénombre, c’est-à-dire la demi-nuit, y est plus goûtée que la clarté ; car, avec la clarté, le plaisir passe vite la pénombre le fait durer plus longtemps, en le rendant plus difficile.
Il l’obtint par l’appui de deux prélats italiens, probablement engagés en secret dans la règle de Thélème, et, ce qui était plus difficile, il l’obtint gratuitement.
L’admirable public que Balzac avait contribué à rendre plus difficile, même pour lui, ne fut pas dupe de ces secrètes caresses qu’il se faisait à lui-même, ni de ce soin laborieux de sa gloire.
VIII La philologie est, de toutes les branches de la connaissance humaine, celle dont il est le plus difficile de saisir le but et l’unité.
Mais c’est non seulement l’ignorance qu’il aura à combattre ; mais aussi l’indifférence, ce qui est bien plus difficile.
Au contraire un esprit à parole difficile comme Hegel (ou à parole rare comme Sieyès) s’ingénie, cherche midi à quatorze heures et creuse.
Pour le passer, ce Rubicon formidable, la jeune débutante supplie mademoiselle Mars, qui est sur l’autre côté de la rive, de lui tendre sa main puissante ; mademoiselle Mars a pitié de l’enfant, elle ne veut pas qu’elle soit noyée dans ce trajet difficile, et l’enfant passe.
Ce caractère excite en Allemagne un enthousiasme universel ; et il est difficile de lire l’ouvrage de Schiller, dans sa langue originale, sans partager cet enthousiasme.
Il était plus difficile qu’on ne croit de parler de Virgile en l’an de grâce 1857, et d’intéresser en en parlant.
Évidemment il est entré dans quelque chose qui peut avoir son agrément, mais qui n’est plus l’histoire et qu’il est difficile de déterminer.
L’haleine y manque à l’auteur comme s’il avait accompli le plus difficile des travaux d’Hercule, et il se sert de ce qui lui en reste pour nous lamenter des adieux de cygne mourant dans un style qui dépasse de beaucoup le ton de pipeau auquel il a, dans ce dernier ouvrage, ramené l’histoire.
Comme Proudhon, qu’il admire, il veut la Justice, un idéal de justice sorti des tendres entrailles de la Révolution, mais, plus comiquement que Proudhon, il veut surtout « l’idée dans son globe de cristal », et ceci est peut-être plus difficile à admettre.
Il ne leur a pas suffi de comparer les masses et les époques entre elles et de signaler le pas de géant fait par les idées catholiques, dans ce pays où un pas à faire, en toutes choses, est si difficile, tant les mœurs, les croyances et les préjugés possèdent fortement ces esprits anglais, énergiques et persévérants.
… Qu’elle soit ce qu’elle pourra, indigente, misérable, petite, facile à ramasser, comme une paille, à nos pieds, et non difficile à rapporter, comme une perle, du fond des mers, c’est toujours quelque chose qu’une vérité !
D’abord, si les noms propres disparaissent avant les noms communs, ceux-ci avant les adjectifs, les adjectifs avant les verbes, c’est qu’il est plus difficile de se rappeler un nom propre qu’un nom commun, un nom commun qu’un adjectif, un adjectif qu’un verbe : la fonction de rappel, à laquelle le cerveau prête évidemment son concours, devra donc se limiter à des cas de plus en plus faciles à mesure que la lésion du cerveau s’aggravera.
Mais cette vue de l’Iliade, que plus tard Horace concentrait, comme sous le miroir brûlant d’Archimède, au foyer de quelques strophes, l’artiste érudit du Muséum l’a obscurcie de quinze cents hexamètres, où sont prodiguées, avec toutes les raretés de la mythologie, les plus difficiles curiosités du langage.
Il étudie le traité de Cicéron sur l’Amitié ; il cherche à pénétrer le sens difficile des auteurs latins. […] On lui confia des négociations difficiles où il obtint des succès. […] Il serait difficile, si nous n’en avions des témoignages écrits de sa main, de se figurer l’exaltation de Dante, ses transports à la venue de Henri de Luxembourg. […] Vous voyez donc bien, Viviane, que le sens historique n’est pas ici plus difficile à saisir que le sens moral. […] Il y en avait plusieurs qu’il me serait difficile de vous exposer ici tout au long, mais que je puis réduire à une seule : les Allemands, avec tous les instincts des grandes races, ne se sentaient pas une grande nation.
Une pirogue reposait sur l’eau verdâtre, immobile et sans reflets… Et je tâchais d’évoquer les sanglants mystères de la brousse, les rudes chemins, semés d’épines où les amazones courent pieds nus, pour s’entraîner à la douleur, les plaines toutes rouges, les maisons de boue rose, les palais et les temples avec leurs toits plats, pavés de crânes humains… Mais c’était très difficile. […] Il paraît que là est la difficulté, précisément, difficulté aussi difficile à vaincre que la quadrature du cercle, le mouvement perpétuel et la direction des ballons… Tout ce que les psychologues les plus profonds ont pu comprendre jusqu’ici, c’est que l’immoralité est plus spécialement visible et plus intimement délictueuse dans la nudité, et seulement dans la nudité de la femme… Pourquoi l’homme nu n’est-il pas immoral ? […] Lorsque j’arrivai à ce passage : « Quel est donc maintenant ou quel était ce genre qui, non pas depuis des années, mais depuis plus de deux siècles, était ou est encore celui de la Comédie-Française, et qu’il est si difficile de remplacer, ou même de modifier sérieusement, tant genre et cadre n’ont jamais fait qu’un ? […] l’existence des Académies a supprimé, purement et simplement cette force, supérieure à toutes les Académies, de la collaboration individuelle au bien général de l’humanité… Chacun pense que son dévouement, sous ce rapport, est devenu inutile, puisqu’on possède maintenant une institution spéciale, l’Institut, officiellement chargé de cette grande, sublime et difficile mission… D’ailleurs, à quoi servirait-elle, cette force ? […] … Ou, plutôt, comme on ne peut pas le voir, ce vieil Institut, car il est toujours malade, et toujours il prend des lavements et des purgations, allez voir le concierge… et remettez-lui votre découverte… votre génie… votre bonne volonté… C’est un philosophe et il en a vu bien d’autres… Et si vous avez des amis influents et bien-pensants… de belles dames, infiniment snobs et qui s’intéressent à vous… et, surtout, si votre découverte, votre génie, votre bonne volonté, ne sont pas trop difficiles à comprendre, trop révolutionnaires… qu’ils ne menacent en rien la nullité des uns et la paresse des autres… vous pouvez espérer un prix de cinq cents francs, dans cinq ou dix ans… c’est-à-dire, quand vous serez mort de faim, de désespoir ou de colère !
. — Remarquez le point difficile de l’opération. […] Alors se posent les questions d’origine, les plus curieuses, mais les plus difficiles de toutes.
Il avoit cependant à détruire, comme le remarque l’auteur des Recherches sur les Théâtres, une prévention d’autant plus difficile à vaincre, qu’elle étoit fondée sur l’ignorance & sur une longue habitude. […] Hérodote, Xénophon, Thucydide, César, Tite-Live & Tacite forment tour-à-tour son style, lui montrent la route difficile & dangereuse de la vérité, dont il ne doit jamais s’écarter, lui apprennent à tenir le fil nécessaire pour ne pas s’égarer dans le labyrinthe de l’Histoire, & lui découvrent en même temps le secret d’attacher, d’instruire & de plaire.
Mercredi 11 avril On racontait, ces dernières années, qu’un de nos jeunes clubmen des plus connus, avait frété un yacht, pour faire une sorte de tour du monde, en compagnie d’amis et de cocottes, et qu’au moment du départ, les mères des jeunes gens ayant témoigné des inquiétudes de ce voyage, et ayant laissé percer le regret, si quelqu’un ou quelques-uns venaient à périr, de n’avoir pas à pleurer sur un tombeau au Père-Lachaise ou à Montmartre ; on avait fait une place dans la cale, au milieu de la cargaison de pâtés de foie gras et de bouteilles de champagne, à des bières de plomb, et comme le soudage est une opération très difficile, on avait embarqué le soudeur avec l’équipage. […] Et pour plaire, en ce moment, où l’on avait une chemise, lavée à la diable par un brosseur, c’était difficile.
Makima balbutia : — Ça, c’est difficile à faire comprendre à des cerveaux bien faits. Difficile aussi d’expliquer pourquoi la conscient de Jacques ne lui défend pas de tuer les mères des autres.
Lasserre lui reprocha de vouloir fonder les distinctions sociales sur le mérite personnel, trop difficile à juger et donc moins pratique que les privilèges héréditaires. […] Il est difficile, après ce que nous savons de la stupidité native de l’homme et de sa parfaite sécurité dans cette condition, de comprendre que l’état social soit né. […] Comment une multitude aveugle qui souvent ne sait ce qu’elle veut parce qu’elle-même sait rarement ce qui lui est bon, exécuterait-elle d’elle-même une entreprise aussi grande, aussi difficile, qu’un système de législation42 ? […] Cependant il est difficile de faire évoluer le plus intolérable phraseur pendant cinq actes de drame ou cinq cents pages de roman, sans que sa conduite et ce qui se révèle nécessairement de ses « moyens d’existence » finissent par nous apprendre positivement qui il est.
Il ne soupçonne pas que le bien naît de l’établissement d’un équilibre difficile, et que la raison doit composer avec les puissances diverses de l’humaine nature. […] Pour le critique qui ne sut se prémunir des lumières de l’Esprit-Saint, il est spécialement difficile de parler de M. […] Il est difficile de le deviner. […] Benda nous a prouvé de même par son livre, que la vie est difficile pour les intellectuels du genre de Félix.
Honneur au hobereau du XIXe siècle, honneur à sa résistance souvent difficile, honneur à sa prévision et sa clairvoyance ! […] L’auteur du Demi-monde, de Monsieur Alphonse, de Francillon, etc., ne se rend pas compte du mauvais service qu’il rend à la vertu (d’un abord déjà assez difficile, par la surveillance de soi qu’elle exige) en la faisant, par-dessus le marché, involontairement comique. […] Le moment où une réflexion glisse du particulier au général, ou inversement, est toujours un passage difficile. […] Elle devient, par là même, difficile à extirper et elle pousse des prolongements dans les divers milieux sociaux. […] La création en plus de quelque chose, à chaque passage, est plus difficile à supposer que la perte de quelque chose à chaque degré correspondant.
Lamartine réfléchit volontiers les objets en sa poésie, comme une belle eau de lac, parfois ébranlée à la surface, réfléchit les hautes cimes du rivage ; Wordsworth est plus difficile à suivre à travers les divers miroirs par lesquels il nous donne à regarder sa pensée.
S’il est exact, comme il le dit quelque part, que l’air que nous respirons sache douer au berceau les esprits distingués de notre siècle, de celle de toutes les qualités qui est la plus difficile et la moins commune, de l’étendue, il faut croire que, sur la montagne du Jura où il est né, un air plus vif, un ciel plus vaste et plus clair, ont de bonne heure reculé l’horizon et fait un spectacle spacieux dans son âme comme dans sa Prunelle.
Qui dit sire ou seigneur, dit « le protecteur qui nourrit, l’ancien qui conduit139 » ; à ce titre et pour cet emploi, on ne peut lui donner trop, car il n’y a pas d’emploi plus difficile et plus haut.
Aussi les habitants des campagnes, qui dépendent de la ville et sont compris dans ses rôles, sont traités avec une rigueur dont il serait difficile de se former une idée… Le crédit des villes repousse sans cesse sur eux le fardeau dont elles cherchent à se soulager, et les citoyens les plus riches de la cité payent moins de taille que le colon le plus malheureux706. » C’est pourquoi « l’effroi de la taille dépeuple les campagnes, concentre dans les villes tous les talents et tous les capitaux707 ».
Les premières pensées sont l’éclair des situations difficiles.
Je cherchais à lui faire comprendre cette vérité, difficile à admettre pour un poète penseur comme lui : c’est que le rôle de poète penseur était un rôle ingrat, que la poésie était faite pour exprimer des sentiments et non des idées, et que, le cœur étant le foyer de toute chaleur dans l’homme, de même que l’esprit était le foyer de toute lumière, le poète de sentiment incendiait le monde, tandis que le poète penseur ne pouvait que l’illuminer et l’éblouir.
Je raconterai, dans mes prochains Entretiens sur la littérature diplomatique, comment ce même homme d’État, quinze ans plus tard, me prédit une autre fortune plus difficile à discerner dans mon avenir d’orateur, fortune alors très lointaine et très voilée pour tout le monde, excepté pour lui et pour moi.
« Pour inspirer un roi indécis et pour faire le salut d’un État dans des circonstances difficiles, il fallait plus : il fallait le génie du gouvernement ; la reine ne l’avait pas.
Qu’écrirais-je d’ailleurs qui vous fût bon, à vous à qui je voudrais tant de bien, à qui il est difficile d’en faire ?
L’œuvre était délicate et difficile, car ces hommes se faisaient soutenir par leur gouvernement.
Elles sont visiblement destinées à soutenir la masse du tronc et de la couronne dans ces bois enchevêtrés, et elles affectent une forme pivotante, parce qu’il leur serait difficile de s’étendre dans un plan horizontal, à cause de la multitude de plantes qui leur disputent le sol.
Mais il y a une réponse bien difficile à réfuter, c’est que le conte de madame de Surville est supérieur même à ce conte inimitable de Voltaire.
Rousseau et de Volney avait déteint sur ses pensées, mais son âme n’avait pas été altérée jusqu’au fond par ces doctrines décolorées et froides qui désenchantent l’esprit sans attendrir le cœur ; et, quand il rentra dans sa patrie, au milieu des ruines faites par l’incrédulité, et des efforts d’un gouvernement hardi et réparateur pour rattacher la France à ses anciens dogmes par des repentirs avoués et par des réconciliations politiques entre les armées et les autels, il ne lui fut pas difficile de renier le culte nouveau, qui n’était encore que doute, et de se rattacher aux douces habitudes de son imagination comme à d’anciens amis éprouvés avec lesquels on vient prier dans les mêmes temples et dans la même langue, après être rentrés sous les mêmes cieux.
Le difficile problème de cette fusion est résolu — avec une facilité un peu naïve — par l’amour : un beau et génial jeune homme, ouvrier ou paysan, aime une belle et parfaite demoiselle, noble et riche ; ils se marient, et voilà les classes fondues.
Il eut des jours difficiles et souffrit d’autant plus qu’il apportait dans la mêlée des compétitions féroces une âme déjà touchée de la grave songerie orientale.
Difficile réponse, vraiment !
Il se donne une tâche quelconque, bizarre, difficile, et il l’accomplit : on dirait un exercice de volonté, une gageure.
Or pour les spectateurs la compréhension de la musique est souvent rendue ou difficile ou tout à fait impossible, s’ils ne peuvent se faire une idée claire du drame qui tout d’abord s’offre à eux, s’ils ne comprennent pas les paroles par lesquelles les personnes du drame unissent dans leur sphère le cœur musical à la tête dramatique, pour former l’entier organisme artistique.
« Il m’a été impossible de serrer la main, en leur disant adieu, à chacun des membres de cette superbe réunion d’artistes qui, dans ces heureux jours de mai, venant de maintes contrées lointaines, se sont groupés autour de moi pour célébrer notre grand Beethoven, et il m’est également difficile maintenant de leur adresser, même par écrit, ce salut d’adieu.
Quelques lignes seulement, dans lesquelles Wagner dit qu’il a découvert que même dans l’amour entre les sexes « on peut trouver le chemin du salut, c’est-à-dire de la négation de la volonté de vivre. » Il se flatte ainsi de pouvoir expliquer ce qui était pour Schopenhauer un sujet d’étonnement : le fait qu’on voit fréquemment des amants dont le sort rend l’union difficile, se donner ensemble la mort et mettre ainsi une fin au plus grand bonheur imaginable, plutôt que de recourir aux moyens les plus désespérés et que de supporter toutes les misères afin de rester unis le plus longtemps possible. — Dans une note on nous apprend que ce fragment de lettre date de l’époque de Tristan.
Lewes pense que c’est une question fort difficile, et qu’il n’y a qu’un profond anatomiste qui puisse déterminer combien nous avons d’organes distincts pour les sens.
Et, au lieu de le transporter bien vite dans son lit, de lui faire jouer son rôle difficile à l’ombre des rideaux, dans le clair-obscur de l’alcôve, derrière une rangée de gardes-malades et de valets affairés, ce perfide complice l’expose au grand jour, sur un canapé, devant un homme défiant et hostile, qui va étudier son agonie feinte du même oeil dont un délégué de l’Institut observerait les jongleries d’un spirite !
Pour moi, je n’imagine qu’une raison de la différence dont il s’agit ; c’est que le poëme étant un ouvrage de longue haleine, il est dangereux de commencer d’un ton difficile à soutenir ; au lieu que l’ode étant resserrée dans d’étroites bornes, on ne court aucun risque à échauffer d’abord le lecteur, qui n’aura pas le tems de se refroidir par la longueur de l’ouvrage.
Il nous est difficile de comprendre comment un esprit d’un si grand sang-froid, et comment un coup d’œil d’une si habituelle justesse ont semblé méconnaître à cet égard le caractère, les causes, la portée du plus vaste événement de l’histoire moderne.
II L’un des « concepts », ou, — pour parler plus humainement, — l’une des idées que le positivisme a le plus profondément modifiées, c’est celle que l’on se formait avant lui de la « Science. » On peut bien dire, à cette occasion, que, s’il n’y a guère aujourd’hui d’idole plus tyrannique, ni de superstition plus accréditée ou plus répandue que celle de la « Science », il n’y en a pas non plus dont il soit plus difficile de définir la nature, et de justifier les titres à la domination qu’elle exerce.
En m’armant contre vous pour défendre un art que j’idolâtre, j’ai voulu d’abord vous écrire au nom de tous mes confrères, victimes comme je le suis de vos idées nouvelles ; mais, en y réfléchissant, j’ai pensé qu’il me serait difficile de parler collectivement.
« La fantaisie de voyager m’était entrée quelque temps auparavant dans l’esprit, comme si j’eusse eu des pressentiments de l’ordre du Roi. » Cet ordre du roi devait s’appliquer à lui, et il est difficile, ce me semble, de ne pas en convenir.
Vous voyez que ce n’est pas aussi difficile que de traverser l’Hellespont !
Il n’était nullement difficile d’en prendre la mesure avec sang-froid, et pour notre part nous la prîmes un des premiers… Ce n’était pas, en effet, un de ces talents qui semblent tomber du ciel, tant ils sont inattendus : nous en connaissions la famille… L’idée du livre, qui valait mieux que le livre, était heureuse, et pour le moment très-nouvelle.
Et tout de suite il constate que « les obus et les balles sont physiquement moins difficiles à affronter que les coups de canne ».
On m’a reproché de beaucoup prôner cette religion, facile en apparence, en réalité la plus difficile de toutes. […] Sa parole, d’ordinaire si abondante et si pleine, si féconde en faits précis, en souvenirs personnels, en aperçus rapides sur les hommes et sur les choses, était devenue lente, difficile, découragée. […] Imitez les maîtres ; ils vous enseigneront les beautés de l’Art poétique, de Mérope, de la Henriade, et surtout l’art, si difficile, d’écrire en français. » Taine crut devoir présenter les cinq volumes de son Histoire au concours pour le prix Bordin, lequel est réservé, selon les intentions du testateur, à la « haute littérature ». […] À ce compte, il faudrait établir une censure exactement proportionnée au nombre et à la variété des formes diverses que peut prendre la sottise humaine, c’est-à-dire difficile à mesurer et impossible à définir. […] Il faut que décidément la société soit bien immonde, pour que Dieu n’ait plus le droit de se montrer difficile, pour qu’il en soit réduit à se contenter, pour les ramener à lui, des gens comme moi !
Et finalement il entasse, dans une série d’abstractions inintelligibles, l’Irrémissible sur l’Irréparable, l’énorme Satan sur l’Être aux ailes de gaze ; — toute cette fantasmagorie pour nous dire, — car c’est là l’idée de la pièce s’il y en a une, — que le remords est difficile à extirper de l’âme humaine, lorsqu’il y a solidement pris racine. […] Dans ce siècle où l’on n’a guère plus d’aïeux, mais où l’usage n’interdit pas de s’en fabriquer, il était assurément difficile de faire un meilleur choix et de se composer une plus imposante galerie de portraits de famille. — Je sais bien que c’est à l’homme de lettres, envisagé sous un point de vue collectif, que M. […] La musique en a bien fait d’autres, et ce n’est pas plus difficile que d’apprivoiser des lions ou de faire valser des ours.
Il est d’ailleurs difficile d’admettre que la nature, qui a institué la vie sociale à l’extrémité de deux grandes lignes d’évolution aboutissant respectivement à l’hyménoptère et à l’homme, ait réglé par avance tous les détails de l’activité de chaque fourmi dans la fourmilière et négligé de donner à l’homme des directives, au moins générales, pour la coordination de sa conduite à celle de ses semblables. […] L’observation de soi est ici fort difficile, à cause de la soudaineté des événements graves ; les occasions qu’elle a de s’exercer à fond sont d’ailleurs rares. […] La seconde condition est d’ailleurs plus difficile à remplir que la première.
Il sera bien difficile de faire cohabiter dans la même culture et les mêmes écoles les compatriotes de saint François de Sales, échaudés par la mère Royaume, et les disciples de Calvin. […] Elle échoua sans doute, avec un 1 de raccommodage, mais trouva bien vite un époux moins difficile, et Amiel écrivit un sonnet : Tout m’attirait en toi : j’aimais, vierge sereine, Ta voix grave de Muse et ton beau front pieux, Ta pudeur de vestale et ta fierté de reine… Une Corinne, une brune impérieuse et décidée, Amiel en avait connu une autre à Naples, dans son voyage d’étudiant, et il avait eu une correspondance avec elle. […] Amiel dirigea et confessa non, si l’on veut, dans le bas, mais dans une manière de demi-monde intellectuel, où il trouva son élément comme Alexandre Dumas (qui tout à l’heure se vantait fort) dans l’autre demi-monde : de petites intellectuelles, des institutrices, des femmes de situation difficile ou tourmentée, des vierges mûres, tout un lot féminin pas toujours avantagé par la nature, mais intéressant pour un scrupuleux comme Amiel, pour un homme qui ressemblait par bien des côtés à une vieille demoiselle.
Mais est-ce par nature d’artiste sobre et difficile, est-ce par devoir de la science qu’il traite, qu’il se défend ou semble se défendre de certaines admirations ? […] je vous aime pour cette amitié que vous avez sentie, et dont les devoirs difficiles peut-être ont été du moins une religion dans votre vie superbe. […] il n’est pas si difficile de mourir. […] Je crois qu’il n’y avait rien de si difficile au monde que d’évoquer le démon sérieusement. […] Voilà ce qu’il serait plus difficile de prouver, et l’ensemble de sa conduite atteste une grande fidélité dans ses relations.
. — Son influence est aussi difficile à saisir que son œuvre a été populaire en son temps. — Explication de cette singularité. […] — Mais Pascal l’a sûrement beaucoup pratiqué ; — et à ce propos que les annotateurs de Pascal ont trop oublié Charron. — On sait comme il est facile et difficile à la fois de passer de Montaigne à Pascal ; — mais c’est vraiment Charron qui fait entre eux le pont. — Il n’a pas cru d’ailleurs qu’il pût être mauvais à la religion d’en fonder l’empire sur les bases de la raison ; — c’est ce qu’il a loyalement essayé de faire ; — et ainsi ses contradictions ne viennent que de ce qu’il n’a pas saisi la portée de quelques-unes de ses assertions.
Après les recherches de Lombroso, il sera difficile aussi de nier que la dégénérescence fait également le fond des écrits et des actes de beaucoup de révolutionnaires et d’anarchistes20. […] Sans elle, cette connaissance serait beaucoup plus difficile à obtenir et resterait beaucoup plus incomplète. […] Un cerveau vigoureux qui élabore chaque aperception en pleine netteté, une volonté forte qui arrête l’attention si difficile à fixer, sont des dons rares. […] Celles-là exigent, lorsque l’on parle, une plus grande gymnastique de tous les muscles en jeu ; leur prononciation passe en conséquence pour plus difficile, et elles paraissent moins agréables à l’oreille de l’étranger que les langues riches en voyelles.
Pour un poète difficile, pour un Baudelaire ou un Mallarmé, Banville incarne ce qui contredit davantage leur faiblesse naturelle, la poésie dont le flot coule sans s’affaiblir dans de la clarté, du sourire et du bonheur, une santé facile et sûre, une nature ovidienne qui ne respire que dans le rythme et ne parle que selon la rime. […] « Les objets neufs te déplaisent ; à toi aussi ils font peur avec leur hardiesse criarde, et tu te sentirais le besoin de les user, ce qui est bien difficile à faire pour ceux qui ne goûtent pas l’action… Il n’yaplus de champs et les rues sont vides : je te parlerai de nos meubles ». […] Mallarmé est un poète d’impressions neuves, aiguës, difficiles à formuler, discontinues. […] C’est l’esthétique raffinée, distillée à nouveau dans un difficile alambic, du Placet Futile.
Lorsqu’on a fait l’analyse de ces origines — la conquête, la perte de l’individualité ethnique, l’extension et la pénétration du romanisme, la substitution de l’Eglise à l’Empire — et qu’on les interprète justement, constatant l’échec postérieur de la Réforme, il nous paraît difficile de ne pas juger l’état intérieur actuel du monde latin d’une manière tout autre que celle à laquelle on nous habitua. […] D’autre part il ne serait pas difficile de prouver que notre souci pour les choses intellectuelles est, à beaucoup d’égards, plus apparent que réel, et qu’en intellectualité vraie, certains peuples, qui n’eurent point part à l’héritage romain, nous dépassent incontestablement. […] Sans insister d’ailleurs sur ce point, que supposer au pouvoir cette dictature de l’intelligence, c’est admettre un peuple déjà réformé qui l’y aurait porté : à moins qu’elle ne se trouvât un jour eu possession du pouvoir par on ne sait quel hasard, auquel cas il semble difficile qu’elle s’y maintint, et que le « tyran » ne fût pas jeté à bas. […] N’assassinons-nous pas, pour notre subsistance et sans l’ombre de pitié, animaux et plantes, ces êtres dont il serait difficile de nier le droit, équivalent au nôtre, à l’existence ?
On m’a généralement accordé que c’était une entreprise difficile, et en un certain sens, en ce temps moderne, comme une gageure. […] Avouez qu’ayant entrepris cette difficile entreprise, que l’ayant commencée, qu’ayant reçu de la commencer, à présent je serais un grand sot, moi-même de ne pas me laisser redevenir (ce) paysan. […] Nous tous qui écrivons, Halévy, qui commençons à être un peu versés dans cet art difficile, nous qui tâchons, qui nous proposons d’être des écrivains propres, des écrivains probes, vous le savez, Halévy, nous ne faisons pas les malins. […] Mais il est bien difficile à un homme qui a reçu (en dépôt) un tel génie de ne pas s’échapper quelquefois ; et de ne pas quelquefois rendre compte. […] Nous luttons dans les conditions les plus difficiles, dans des conditions presque impossibles.
. — Et alors commença une étourdissante Odyssée… Qui donc prétendait que la police ignore son métier, qu’il est difficile, presque impossible d’arrêter un délinquant en fuite à l’étranger s’il sait bien se cacher ? […] Médiocrité tout de même relative car il y a, chez cet adolescent, une telle science infuse du rythme et de l’image que des vers éclatent çà et là, aux pièces insignifiantes, dont se réjouiraient les plus difficiles. […] Comme ils voulurent peindre l’époque, se conformer à elle, il était difficile que leur moyen d’expression fut autre puisque l’époque est elle-même fiévreuse, hétéroclite et pourrissante, puisque toute évolution a lieu dans le sang et dans la fange, enfante dans la douleur. […] Et, grâce à l’estime mutuelle qu’ils se vouent, ils finissent par accepter la vie difficile, contents d’avoir acquis une conscience supérieure. […] Rien de plus difficile que de raconter des enfants.
Et généralement il est difficile de trouver un artiste qui possède une de ces conditions. […] Quant à l’Histoire de Çakyamouni (publiée en 1839), Souzanbô m’a promis de la faire graver par Yéyawa, et j’ai dessiné en me basant sur ce choix : le tournant des cheveux chez les Indiens étant très difficile à graver, et même la forme des corps, et il n’y a absolument que Yégawa qui puisse exécuter ce travail. […] Ainsi dans l’album intitulé Hokousaï Sogwa, Dessins grossiers d’Hokousaï , publié en 1806, et dont la première planche représente le génie fantastique de l’encre de Chine, le préfacier Sakaudô, se faisant l’interprète des conversations du peintre, s’exprime dans ces termes : « Il n’est pas difficile de dessiner des monstres, des revenants, mais, ce qu’il y a de difficile, c’est de dessiner un chien, un cheval, car ce n’est qu’à force d’observer, d’étudier les choses et les êtres qui vous entourent, qu’un peintre représente un oiseau qui a l’air de voler, un homme qui a l’air de parler. […] Houki, Kaivasaki, Masouda ; mais le Japonais n’aime pas la publicité autour de ce qu’il possède, et le catalogue de l’œuvre d’un peintre est très difficile à établir en ce pays artistique.
Il est difficile de s’assurer pour l’avenir de gens aussi corrompus et aussi furieux que l’étaient ceux-ci ; cependant ils paraissent apaisés ; ils ne tuent plus, ils ne brûlent plus, ils se remettent au travail… Ne cessez pas de prier le Seigneur pour nous… Ce n’est pas là tout à fait le ton de la relation des Grands Jours ; mais pour avoir le droit de parler ainsi, de même que pour exhorter dignement M. de Montausier à la mort, Fléchier n’avait eu qu’à laisser venir les années et à mûrir : il n’avait rien à rétracter du passé.
Eh bien, le capitaine Renaud nous dit, par exemple, qu’il n’a pas mangé depuis vingt-quatre heures et que cela éclaircit les idées pour un récit, ce qui est difficile à admettre ; une obscurité absolue règne, nous dit-on, dans les rues, sur les boulevards, et tout d’un coup, à un moment où, dans l’intérêt du récit, on a besoin de lire une lettre, il se trouve qu’un café est éclairé à propos et que cette lettre peut se lire : le capitaine Renaud aurait bien pu, ce me semble, prendre dans ce café quelque chose.
La voix sacrée, la route au Capitole sous le soleil, semblait ouverte, mais difficile, et l’honnête louange emflammait.
elle devient plus difficile et on la sent qui se complique davantage à mesure qu’elle avance et qu’elle se dénue.
. — Courtisan, on dit que c’est un métier bien difficile.
Rien de plus délicat et rien de plus difficile ; Montesquieu l’a entrepris, mais de son temps l’histoire était trop nouvelle, pour qu’il pût réussir ; on ne soupçonnait même point encore la voie qu’il fallait prendre, et c’est à peine si aujourd’hui nous commençons à l’entrevoir.
L’action et la réaction, le coup et le contrecoup s’étaient succédé de part et d’autre avec une telle rapidité, comme dans une mêlée, qu’il était difficile de dire qui avait frappé le premier.
« Mais plus un idéal est sublime, plus il est difficile à réaliser en institutions sur la terre.
Il eût été très difficile de dire, à cette époque, quelle était sa véritable opinion, et s’il en avait une en dehors de son amour-propre.
Allons, Bartholomeo del Calamayo, arrangez-moi cela avec votre bec de plume ; je vois bien que ce sera difficile, si ces enfants savent déjà s’aimer ; mais vous en savez plus que l’amour, astucieux paglietta (chicaneur) que vous êtes ; imaginez-moi quelque bon filet de votre métier pour faire tomber cette chevrette des bois dans ma carnassière.
Il ne me fut pas difficile d’en convenir, car je portais déjà envie, dans mon cœur, au dévouement de ma prisonnière ; en passant devant sa loge, je jetai sur elle un regard de respect et de compassion.
m’a-t-il dit alors, tranquillisez votre pauvre âme malade, mon cher fils, ce que vous me demandez est bien difficile, impossible à obtenir des hommes peut-être, mais Dieu est plus miséricordieux que les hommes, et celui qui a emporté la brebis égarée sur ses épaules ramène au bercail l’âme blessée par tous les chemins.
La mère de vos enfants couvrira d’avance leur berceau ou d’un nom qu’il faudra excuser pour les revers de son amour-propre, ou d’un nom difficile à porter par l’excès même de sa célébrité. » VII Et cependant, nous le répétons, il n’y a point de règle si générale pour laquelle un heureux et invincible génie ne soit une exception.
Pour ne rien laisser à l’invention de ce qu’on peut donner à la science, aux libres et personnelles combinaisons de rythmes dont les troubadours avaient donné l’exemple à la poésie du Nord, on substitue des formes fixes, dont les types dérivent des anciennes chansons à danser, le rondeau, le virelai, la ballade, le chant royal 97 ; on s’ingénie à multiplier, à compliquer les règles de ces genres, pour en rendre la pratique plus difficile, et la perfection, à ce qu’on croit, plus admirable.
Mais il est clair : voilà sa qualité éminente et la clef de ses succès ; histoire, économie politique, Révolution, Empire, plans de campagne, finances, question d’Orient, il inonde de clarté tous les sujets : il donne à toutes les incompétences qui l’entendent, la joie de ne plus rien trouver d’obscur dans les plus difficiles et spéciales affaires.
À vrai dire, il est extraordinairement difficile de concevoir sa sainteté si l’on se représente avec quelque précision le métier qu’elle fait.
C’est un art difficile, certes, mais qui oblige à la règle essentielle de tout art : la composition, et à une des qualités les plus désirables : la concision.
Il est vrai qu’à ce dernier égard notre société offre une lacune difficile à combler.
Cette disposition était plus commode que celle qui a lieu de nos jours, laquelle ne rend le lit accessible que d’un côté, et rend très difficile le service des malades.
Enfin, chez ce garçon qui n’avait pas plus de douze à quinze mille livres de rente, toutes les choses du boire et du manger venaient du meilleur fournisseur existant dans le monde, qu’il fût à Paris ou aux Grandes Indes, et un jour, que le peu difficile Bracquemond déjeunait chez lui, et que sa rude nature s’impatientait de toutes ces recherches, de toutes ces provenances, il lui jeta : — Et votre sel, d’où le faites-vous venir ?
Il est difficile de préciser rigoureusement le nombre total des pièces d’Eschyle.
» Il est difficile à une femme de chanter, en vers plus sobres, plus nerveux et plus virils, l’Exegi monumentum de son sexe.
A côté de cela, il est certain qu’il était difficile, en vérité, de le garder comme ministre des finances, je le reconnais.
Et d’abord je prie de considérer encore une fois quelle suite de siècles il faudrait pour parvenir à faire une langue, chose qui serait déjà si difficile avec toutes les données que nous avons.
Remarquant à bon droit que c’était alors une difficile entreprise de s’élever, que le mérite comptait peu et qu’il y fallait avant tout l’art de plaire, M. […] Mais la tâche du critique devient de plus en plus difficile dans un temps qui a presque entièrement perdu le sentiment des nuances. […] ce n’est pas d’une lecture difficile. […] Il se montrait philosophiquement plus avancé que les jacobins, et ce n’est pas très difficile, effectivement, de l’être plus que Robespierre, mais il n’a nullement démenti par la suite ce paganisme radical. […] Ce genre de livres, si utile au public, si difficile, ingrat et méritoire pour l’auteur, doit en effet présenter avant tout un tableau ou un répertoire exact et complet des faits.
Il est difficile, en effet, de concilier le dénouement d’Axel avec les convictions catholiques de l’auteur. […] Il est encore moins difficile de devenir félibre que de devenir franc-maçon, aucune épreuve ne vous étant infligée, aucun serment ne vous étant demandé… Donc les félibres accrochent une cigale de bronze à leurs boutonnières et les voilà partis. […] Malheureusement le père lui rend difficile l’accomplissement de ce devoir. […] Et, moyennant deux cents francs par mois, il résolut le difficile problème de ne jamais toucher à une plume et d’être l’auteur d’un ouvrage monumental. […] Et cependant, à cet ouvrage remarquable, il manque quelque chose, un je ne sais quoi, difficile à définir et qui fait qu’en le lisant, on ne se sent pas dominé par une force supérieure.
Ce n’est donc point l’exactitude qui est moindre dans les phénomènes de la vie comparés aux phénomènes des corps bruts ; ce sont les conditions expérimentales qui sont plus nombreuses, plus délicates, plus difficiles à connaître ou à maintenir. Ce n’est pas la vie ou l’influence de quelque agent capricieux qui intervient : c’est la complexité seule des phénomènes qui les rend plus difficiles à saisir et à préciser. […] Avec les graines du cresson alénois qui ont servi à nos expériences, la température qui semble la plus convenable pour une rapide germination est comprise entre 19 et 29 degrés ; au-delà, le développement paraît difficile. […] Il ne serait pourtant pas difficile de rassembler un certain nombre de faits qui s’accorderaient avec elle. […] J’ai fait à ce sujet un grand nombre d’expériences sur les animaux mammifères ; leur complexité les rend toutes difficiles.
Ces saints hommes étaient isolés, mais non pas uniques ; ils se voyaient entre eux quelquefois, et leur dénombrement est difficile. […] Paul Claudel est un auteur difficile. […] D’ailleurs, c’est cet enragé professionnel qui montre une modestie véritable, en ne jugeant point que ce soit trop de tout son temps, de toutes ses forces, pour servir un idéal supérieur et accomplir une tâche difficile. […] J’avais en effet, en toute sincérité d’esprit, pris l’engagement de le rendre à son état primitif de fils du Soleil — et nous errions, nourris du vin des Païennes et du biscuit de la route, moi pressé de trouver le lieu et la formule. » Ce qui rend Rimbaud difficile à comprendre, c’est qu’il ne définit jamais le sujet en termes exprès, et pour ainsi dire, ne met point de légende au bas de ses croquis.
C’est que dans le monde moral il devient bien difficile de suivre les phénomènes qui pourtant s’y accomplissent selon le même déterminisme qui régit l’inanimé. […] Homme, tu es esprit pour vivre, car ta perfection t’a compliqué, t’a rendu le vivre laborieux et difficile et tu dois craindre l’erreur comme la mort, car elle l’amène.
. — On se dispense de les démontrer parce que l’analyse demandée est très facile, ou on évite de les démontrer parce que l’analyse demandée est très difficile. — Axiomes d’identité et de contradiction. — Axiome d’alternative. — Analyse qui le démontre. — Idées latentes contenues dans les deux membres de la proposition qui l’exprime. — Ces idées non démêlées déterminent notre conviction. — Il y a de semblables idées, latentes et probantes, dans les termes des autres axiomes. […] Les axiomes sont des théorèmes analogues, mais qu’on se dispense de prouver, soit parce que la preuve en est très facile, soit parce que la preuve en est très difficile.
Combien difficile est une telle œuvre pour un moderne ! […] S’il s’est enfoncé dans les arts magiques, ce n’est point par curiosité d’alchimiste, c’est par audace de révolté. « Dès ma jeunesse, mon âme n’a point marché avec les âmes des hommes, — et n’a point regardé la terre avec des yeux d’homme. — La soif de leur ambition n’était point la mienne. — Le but de leur vie n’était pas le mien. — Mes joies, mes peines, mes passions, mes facultés — me faisaient étranger dans leur bande ; je portais leur forme, — mais je n’avais point de sympathie avec la chair vivante… — Je ne pouvais point dompter et plier ma nature, car celui-là — doit servir qui veut commander ; il doit caresser, supplier, — épier tous les moments, s’insinuer dans toutes les places, — être un mensonge vivant, s’il veut devenir — une créature puissante parmi les viles, — et telle est la foule ; je dédaignais de me mêler dans un troupeau, — troupeau de loups, même pour les conduire1290… — Ma joie était dans la solitude, pour respirer — l’air difficile de la cime glacée des montagnes, — où les oiseaux n’osent point bâtir, où l’aile des insectes — ne vient point effleurer le granit sans herbe, pour me plonger — dans le torrent et m’y rouler — dans le rapide tourbillon des vagues entre-choquées, — pour suivre à travers la nuit la lune mouvante, — les étoiles et leur marche, pour saisir — les éclairs éblouissants jusqu’à ce que mes yeux devinssent troubles, — ou pour regarder, l’oreille attentive, les feuilles dispersées, — lorsque les vents d’automne chantaient leur chanson du soir. — C’étaient là mes passe-temps, et surtout d’être seul ; — car si les créatures de l’espèce dont j’étais, — avec dégoût d’en être, me croisaient dans mon sentier, — je me sentais dégradé et retombé jusqu’à elles, et je n’étais plus qu’argile1291. » Il vit seul, et il ne peut pas vivre seul.
Dimanche 16 septembre Je suis arrivé à l’endroit difficile de ma pièce, à la mise en scène de la jalousie de Coriolis, qui me paraît plutôt une chose livresque que scénique, et c’est le diable à arranger. […] Mardi 18 septembre Dans la pierre ancienne d’une vieille maison, se fait chez vous, un petit sentiment de jouissance très difficile à définir, mais parent du sentiment qu’on éprouve, en voyageant, dans un pays qui a un passé.
Ils n’échapperont point aux lois difficiles du genre où si aisément ils s’exercent ; et tant que, franchement cyniques, ils n’auront pas assimilé le drame au spectacle du cirque, du cinématographe, du music-hall, nous aurons le droit d’exiger qu’une pièce soit non seulement visible mais lisible, et qu’elle vive d’une double vie, ici scénique, là livresque, c’est-à-dire littéraire — et même poétique s’il y a lieu. […] Il est très difficile de le lire bien, je vous assure ! […] La facilité difficile de Victor Hugo coulait comme un torrent, mais laissait déposer, de loin en loin, de belles strates dures de poèmes. […] Une forme neuve est d’abord difficile, pour devenir facile — et trop facile un jour.
Et en le nommant ainsi je voudrais éviter, quoique cela soit bien difficile, de nommer et d’indiquer l’Église spirituelle ; je voudrais séparer tous ces esprits, toutes ces âmes respectables et intérieures, tous ces croyants qui ne vivent que du suc intime du christianisme et dont la vie est soumise à des préceptes de douceur et de charité ; — et ce n’est pas ici un hommage d’apparat que je leur rends : j’ai le bonheur d’en compter plusieurs pour amis, et à travers les dissidences de la pensée, je n’ai jamais cessé de sympathiser avec eux par le cœur ; — mais il faut bien le dire, des circonstances récentes, des déterminations politiques qui étaient peut-être nécessaires, ont donné aux hommes actifs et d’humeur ingérante, aux meneurs politiques qui dirigent le parti, des encouragements et des espérances qui, dans leur exaltation bruyante et leur redoublement fiévreux, sont faits pour inspirer des craintes, — non pas de l’effroi, — et pour inquiéter du moins ceux de mon âge, qui, se souvenant des misérables luttes du passé, voudraient en prévenir le retour.
N’y pensez pas : ce qu’il faut à la France et à la civilisation dans nos rapports avec l’Angleterre, c’est la paix, la paix difficile, la paix agitée, mais la paix méritoire, la paix utile au monde, mais la paix l’œil ouvert et la main armée.
Rien n’est plus difficile que de statuer sur cette unité de l’hérédité, ou sur cette répartition de l’hérédité entre les porteurs d’un même titre devant la famille, devant l’égalité, devant Dieu.
« Voilà ce que j’hésitais depuis longtemps à dire, prévoyant bien que je révolterais par ces paroles l’opinion commune ; en effet, il est difficile de concevoir que le bonheur public et particulier tienne à cette condition.