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1500. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXI. De Thémiste, orateur de Constantinople, et des panégyriques qu’il composa en l’honneur de six empereurs. »

Tel enfin parut, dans Constantinople, un orateur, que six empereurs honorèrent successivement ; qui, panégyriste, ne parla jamais que pour dire aux princes les vérités les plus nobles ; à qui l’admiration éleva des statues, sans que l’envie même osât murmurer ; et qui, malgré ses imperfections et ses défauts, eut un caractère fort supérieur à l’esprit général de son temps ; c’est le philosophe Thémiste.

1501. (1901) L’imagination de l’artiste pp. 1-286

Quelle obligation supérieure nous voue à la tâche de fixer sur la toile l’image des objets, d’en reproduire la forme dans l’argile ? […] On estime qu’elle nous est de tous points supérieure, parce que nous sommes impuissants à l’imiter exactement. […] Dira-t-on que les genres qui ont plutôt une tendance au réalisme, comme la nature morte, le paysage, le portrait, sont en soi supérieurs à tous les autres ? […] Elle cherchera d’abord à se représenter le type de la parfaite beauté humaine ; et puis, essayant de monter encore, elle s’efforcera de concevoir des êtres supérieurs à l’humanité même. […] L’art religieux, qui prétend représenter les choses du ciel, est-il inférieur ou supérieur à l’art purement esthétique, qui s’en tient aux choses de la terre ?

1502. (1902) La formation du style par l’assimilation des auteurs

Le Manuel en question propose un exemple de ce que doit être ce genre d’extraits supérieurs. […] Les Lettres de mon moulin de Daudet peuvent passer pour classiques, et Lamartine est supérieur à Malherbe. […] On voit le péril qu’il y aurait, pour des écrivains ordinaires, à imiter un procédé inadmissible même chez des écrivains supérieurs. […] Camille est le plus grand des Romains avant son exil ; et après son exil il est supérieur à lui-même. […] Voici un dernier exemple de ce genre supérieur d’antithèse appliqué à une abstraction.

1503. (1836) Portraits littéraires. Tome I pp. 1-388

Bulwer, c’est qu’à mes yeux ils ont une importance très supérieure aux autres ; Falkland n’est guère qu’une mosaïque de Byron et de René. […] La Chronique du règne de Charles IX, publiée en 1829, est très supérieure au Théâtre de Clara Gazul par l’achèvement et la réalité des détails. […] Ils avaient compris que la volupté a deux sens, l’un grossier, vulgaire, qui se révèle au plus grand nombre, c’est le plaisir égoïste ; l’autre idéal, poétique, supérieur à la vie commune, c’est la volupté dans l’amour. […] Valentine, pour la composition et le style, est supérieure à Indiana. […] Il est tout simple qu’un villageois qui a connu, pendant quelques années seulement, les cercles de la ville, prenne pour un être supérieur à lui, une jeune fille de haute naissance.

1504. (1892) Impressions de théâtre. Sixième série

Mais il n’est pas mauvais pour cela d’être un esprit supérieur. […] Ainsi l’histoire de la Révolution devient quelque chose de surnaturel et de supérieur aux vaines discussions des hommes. […] Antoine beaucoup plus qu’on ne l’entend), Paul Rémond revendique pour tout esprit supérieur le droit d’adorer son moi, son cher moi, de le cultiver et de l’enrichir, d’en faire le centre glorieux où le plus possible de ce vaste univers se reflète : car tel est le devoir d’un vrai littérateur. […] Il ne se croirait pas d’une essence supérieure à celle de sa mère et de sa sœur. […] Bref, il y a dans le député Leveau, non peut-être tel que je l’ai montré, mais tel que je le vois après coup, une puissance supérieure au député Leveau… Plus simplement, j’ai voulu le faire très coupable, mais non très méchant.

1505. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome III pp. 5-336

Les événements racontés recevaient de ces puissances supérieures toute la majesté qui les rehausse et les rend admirables : l’unité principale du sujet ne souffrait que les ornements secondaires des épisodes, et voulait être conservée ; enfin le vers hexamètre, qui répond aux grands vers dans toutes les langues, était spécialement le seul propre à ce récit magnifique. […] La simplicité que le génie de son auteur lui a partout imprimée n’y laisse apercevoir qu’un mode de dérision supérieur qui se maintient uniformément dans l’invention et dans le langage. […] Cela prouve que la dignité convenable à l’histoire n’est pas suffisante à l’épopée, et qu’elle n’atteint pas au but qu’elle se propose, quand elle ne produit pas un effet supérieur à celui de la vérité même. […] Une forme gigantesque, une action héroïque, bien que naturelles, sont extraordinaires, parce qu’elles sont rares : une forme idéale, conventionnelle ou monstrueuse, une action supérieure à la puissance humaine, étant surnaturelles, sont merveilleuses parce qu’elles ne sont jamais. […] Ces demi-déités, telles que la Discorde, la Fortune, le Fanatisme, la Renommée, la Gloire, n’y doivent apparaître que passagèrement et comme intermédiaires subalternes entre les héros et les divinités supérieures dont elles ne sont que les instruments.

1506. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIIIe entretien. Cicéron (2e partie) » pp. 161-256

Si l’orateur est égal ou supérieur dans Bossuet, l’homme est plus universel et plus intrépide dans Cicéron. […] XXII Mais voici un autre fruit des loisirs de Cicéron, supérieur aux Académiques : ce sont les quatre livres sur les vrais biens et les vrais maux, adressés à Brutus, son ami, aussi lettré que lui-même. […] « Je n’y crois personne. » On voit qu’il y avait deux hommes dans les hommes supérieurs de Rome, le citoyen et le philosophe.

1507. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1862 » pp. 3-73

Je veux parler du laque, dont la qualité supérieure, la beauté suprême, le resplendissement parfait, sont si peu voyants : le laque qui vous ravit par ses reliefs qu’il faut presque deviner, par la laborieuse dissimulation de son éclat, par le discret emploi des ors usés, enfin par l’effacement distingué de son luxe et de sa richesse. […] Au bal de l’Opéra, il avait été présenté à Saint-Victor un jeune Anglais, qui lui avait dit simplement, en manière d’entrée de conversation « qu’on ne trouvait guère à s’amuser à Paris, que Londres était infiniment supérieur, qu’à Londres il y avait une maison très bien, la maison de mistress Jenkins, où étaient des jeunes filles d’environ treize ans, auxquelles d’abord on faisait la classe, puis qu’on fouettait, les petites, oh ! […] Conversation, au fond, qui n’est pas la conversation d’un mâle supérieur.

1508. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre sixième. Le roman psychologique et sociologique. »

L’idéal n’est autre chose que la nature même considérée dans ses tendances supérieures ; l’idéal est le terme auquel l’évolution elle-même tend. […] Il est moins nécessaire qu’une fibre sympathique me relie à ce magnifique scélérat en écharpe rouge et plumet vert qu’à ce vulgaire citoyen qui pèse mon sucre, en cravate et en gilet mal assortis… Je ne voudrais pas, même si j’en avais le choix, être l’habile romancier qui pourrait créer un monde tellement supérieur à celui où nous vivons, où nous nous levons pour nous livrer à nos travaux journaliers, que vous en viendriez peut-être à regarder d’un œil indifférent, et nos routes poudreuses et les champs d’un vert ordinaire, les hommes et les femmes réellement existants… » Certes la vie est une partout et toujours ; sous tels dehors qu’il vous plaira de l’observer, vous la trouverez avec ses mêmes joies et ses mêmes peines. […] Dans la réalité, l’homme supérieur ne porte aucune étoile au front, il ne brandit pas au-dessus de sa tête, à la façon de certains héros de roman, et ainsi qu’une lame d’épée brillante et tranchante, cette supériorité ; c’est tout au plus si on la devine parfois au fond de son regard ; il la prouve, et voilà tout.

1509. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre dixième. Le style, comme moyen d’expression et instrument de sympathie. »

De même la métaphore est, selon lui, supérieure à la comparaison. […] La poésie réalise des mythes, voilà la vraie raison qui rend d’ordinaire la métaphore supérieure à la comparaison pour le poète : la métaphore est une vision, la comparaison est un syllogisme. […] Alors, il fut saisi par un de ces frissons de l’âme où il vous semble qu’on est transporté dans un monde supérieur.

1510. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XI : Distribution géographique »

Le docteur Hooker a établi dernièrement que plusieurs des plantes qui croissent dans la région supérieure de l’île montagneuse et élevée de Fernando-Po, dans le golfe de Guinée, sont en relations étroites, non seulement avec celles qui vivent sur les montagnes d’Abyssinie, de l’autre côté du continent africain, mais encore avec les plantes de l’Europe tempérée. […] Nous pouvons supposer avec quelque droit que des formes tempérées ont traversé certaines contrées des tropiques qui ont pu avoir autrefois une altitude supérieure à celle qu’elles ont de nos jours157 ; mais, de telles conjectures ne reposant sur aucune preuve de fait, je suis forcé de croire que quelques productions tempérées ont pénétré même dans les plaines des tropiques et les ont traversées à l’époque où le froid était le plus intense, c’est-à-dire à l’époque où les formes arctiques, après avoir émigré sur une étendue d’environ vingt-cinq degrés de latitude au sud de leur contrée natale, couvrirent le sol jusqu’au pied des Pyrénées. […] Je soupçonne que cette migration prépondérante du nord au sud est due à la plus grande étendue des terres dans l’hémisphère septentrional, et de ce que les formes continentales du nord, ayant vécu dans leur patrie originaire en plus grand nombre, se sont, en conséquence, trouvées, grâce à une concurrence et à une sélection naturelle plus sévères, supérieures en organisation et douée d’un pouvoir de domination prépondérant sur celui des formes australes.

1511. (1904) Essai sur le symbolisme pp. -

Or, si l’on admet l’impossibilité, pour les phénomènes, d’exister en soi et par soi, si l’on est obligé d’avouer qu’un Être, qu’une Essence constitutive informent la matière ; qu’une Réalité supérieure, Cause suprême et Principe premier, préside aux lois de l’univers, on peut avancer sans témérité cette proposition : le parnassien en niant la Chose en soi ne pense que des relativités, que des symboles. […] Revenant sur les œuvres de Dante, Shakespeare, Milton, Shelley, Tennyson, Wordsworth et même Byron, Alfred Austin a prouvé que ces poètes avaient énoncé des théories philosophiques supérieures à celles des métaphysiciens de leur époque. […] Mais, si l’on pense que la réalité supérieure se dérobe derrière les phénomènes et que les phénomènes n’en sont que le signe imparfait, le symbole prend alors toute sa valeur et toute son authenticité.

1512. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

C’est la meilleure Cléanthis que j’aie vue, depuis Mlle Augustine Brohan, qui dans ce personnage était supérieure à tous, et même à elle-même. […] Tartuffe est sans doute de tous les personnages de Molière le plus malaisé à rendre d’une façon supérieure. […] En ce genre, les œuvres supérieures elles-mêmes finissent par se démoder ; à plus forte raison, les ouvrages médiocres deviennent-ils assez vite insupportables. […] Ils verront qu’il n’y a guère à la Comédie-Française d’actrice qui joue plus de rôles différents, les jouant tous d’une façon convenable, en jouant quelques-uns d’une façon supérieure. […] C’est un de ceux où l’on peut dire qu’il est tout à fait supérieur, et restera inimitable.

1513. (1829) Tableau de la littérature du moyen âge pp. 1-332

C’est l’esprit espagnol, et non pas un homme né de l’Espagne, mais supérieur à elle et qui l’élève à sa suite. […] Maintenant, par cette puissante commotion qu’un homme supérieur donne à ses contemporains, des génies secondaires naîtront à sa suite. […] Je ne sais si leur talent était supérieur ; mais leurs ouvrages éclatent et se distinguent. […] En quoi leur était-il supérieur ? […] Mais quand l’imagination supérieure d’un homme maîtrise toutes les autres, elle laisse après elle un monument durable.

1514. (1837) Lettres sur les écrivains français pp. -167

Il y a d’autres groupes formés des gérants de journaux, des artistes gens du monde, des employés supérieurs du ministère de l’intérieur, et enfin des industriels qu’on nomme ici les faiseurs, hommes dont le talent consiste à se servir de celui des autres, à l’exploiter et à en tirer, pour eux, des équipages et des cochers anglais. […] Quant au bibliophile, ce n’est pas non plus un talent supérieur, mais c’est un nom populaire par sa fécondité, et par l’époque favorable où il publia ses premiers ouvrages. […] Il ne paraît que fort rarement en public ; et le seul salon où on le vit assez assidûment, était celui du peintre Gérard, qui vient de mourir, et qui recevait tous les mercredis quelques écrivains ou quelques artistes supérieurs. […] On parle d’un roman, Caroline Vauvert, qu’il va publier incessamment et qu’une lecture de salon fait citer comme une œuvre fort supérieure. […] Aubert était un ancien officier supérieur en retraite.

1515. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. FAURIEL. —  première partie  » pp. 126-268

Ils adoptent ces opinions, mais ils s’en font une arme contre des idées qui ne sont encore que celles de plusieurs hommes supérieurs. […] Cousin, c’est d’avoir suscité, d’avoir vivifié cette histoire des philosophies, d’y avoir fait circuler un esprit supérieur d’impartialité et d’intelligence. […] J’y profite peu ; mais c’est une façon de jouir que de voir combien les hommes ordinaires de notre temps, tant maudit et même avec justice, voient nettement de bonnes choses que les hommes supérieurs d’un temps très-peu ancien ne voyaient que très-obscurément. […] — La peinture du Dieu de l’Hiver, dont Baggesen place le trône au-dessus de tous les glaciers des Alpes, offre aussi de ces traits de vigueur austère qui n’appartiennent qu’aux poëtes supérieurs. […] Était-il si fâcheux, après tout, d’être dans la nécessité de choisir et, jusqu’à un certain point, de former sa langue, de la tenir au-dessus des jargons du jour, et de la rapporter à un type supérieur qui s’appuie directement par un si large côté aux exemples des vieux maîtres ?

1516. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1870 » pp. 3-176

Aux fenêtres du premier étage, des blouses et des redingotes s’étagent jusqu’aux meneaux supérieurs : le premier rang, assis les jambes pendantes en dehors de l’édifice, et semblable à un gigantesque paradis de titis, dans un décor de la Renaissance. […] Il n’est pas étonnant que, dans l’art de la guerre, qui est après tout un art inférieur, mais compliqué, ils aient atteint à cette supériorité, que je constate dans toutes les choses, je vous le répète, que j’ai étudiées, que je sais… Oui, messieurs, les Allemands sont une race supérieure !  […] « Oui, très supérieure à nous, reprend Renan en s’animant. […] Le lac supérieur a été mis à sec, et mon pas fait envoler des nuées d’oiseaux, cherchant des vers dans la vase. […] Décidément, je trouve mes amis trop supérieurs à l’humanité, et je sors de chez Brébant, presque colère !

1517. (1906) La rêverie esthétique. Essai sur la psychologie du poète

Alors cette impression que l’on a de s’élever à un état supérieur où le Moi se dilate et s’amplifie n’est plus qu’une illusion. […] Ce qui fait fuir la rêverie, c’est ce qui est grossier, c’est-à-dire ce qui appartenant à un milieu inférieur se trouve transporté dans un milieu supérieur. […] On a raison d’y voir un élargissement et une forme supérieure de la poésie : jusqu’ici nous sommes pleinement d’accord. […] Seules les régions supérieures leur sont interdites. […] Remarquons en outre que la marche de l’abstrait au concret étant progressive, est esthétiquement supérieure.

1518. (1914) Une année de critique

Elle avait un jour entrevu l’impératrice Élisabeth, et eût pu apprendre d’elle comment une âme supérieure fait de la beauté avec de la douleur. […] On en retrouve les thèmes dans les trop rares études, bien supérieures à ses vers, qu’il publia dans la Phalange ou dans la Nouvelle Revue Française (ses pages sur Barrès sont extraordinaires). […] Il n’existe qu’une esthétique morale, il n’existe qu’un devoir pour l’homme supérieur : réaliser les plus hautes ambitions qu’il découvre en soi. […] Depuis lors, un préjugé nous incline à considérer la manière de Flaubert comme supérieure à toute autre. […] Le certain, c’est que Napoléon fut bouté sur terre pour servir des desseins supérieurs : Gesta Dei per Francos.

1519. (1913) Poètes et critiques

Ce que fut l’élève de l’École Normale Supérieure, je l’ai demandé à son maître de prédilection, à M.  […] * * * Ce livre, dont l’ingéniosité de construction et la vigueur d’analyse valurent à l’auteur bien des suffrages et notamment celui de l’Académie française — l’Essai obtint le prix Bordin — était le développement ou la transformation d’une esquisse tracée, dix ans plus tôt, sur les bancs de l’École Normale supérieure. […] Superposée à l’entraînement, d’ailleurs avantageux, de deux années de rhétorique, l’éducation philosophique dont le jeune logicien fit provision dans sa dernière année du collège Bourbon, pendant les trois années d’École Normale et pendant une année d’enseignement au lycée de Nevers, avait gardé trop exclusivement le caractère d’un humanisme supérieur, ou tout au moins, comme l’a très bien indiqué dans un article de critique, intitulé Taine et la Science, M.  […] Il ne s’est cru tenu à l’absolue justice et n’a usé très librement de tout son droit de discussion qu’envers l’écrivain supérieur et de haut renom, pour qui d’autres auraient sans doute réservé leurs aimables égards et leurs ménagements pleins de prudence. […] Annuaire de l’Association des Anciens Élèves de l’École Normale Supérieure, 1905.

1520. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIIe entretien. Revue littéraire de l’année 1861 en France. M. de Marcellus (1re partie) » pp. 333-411

Il avait été supérieur et prématuré dans les études. […] En ce temps-là, les rois, encore tout fiers de leurs succès, reconnaissaient une cause générale des rois supérieure à toutes les causes secondaires des jalousies nationales, des rivalités d’ambition, ou d’influence des cours ; une véritable ligue politique des gouvernements légitimes subordonnait toutes ces rivalités locales à son intérêt et à une doctrine d’ensemble des monarchies.

1521. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIVe entretien. Madame de Staël. Suite »

Le sentiment élève souvent la femme jusqu’à l’héroïsme, jamais jusqu’à l’impassibilité, cette sérénité supérieure de l’esprit, condition de la politique et de l’industrie. […] Cette fille unique de madame de Staël, douée par la nature d’une beauté pour ainsi immatérielle, du génie de l’âme, supérieur au génie de l’imagination, et d’une vertu mûre au printemps, que la religion devait accomplir et couronner par une mort jeune, aurait fait l’orgueil de toutes les mères.

1522. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIe Entretien. Marie Stuart, (Reine d’Écosse). (Suite et fin.) »

Alors tous les serviteurs de Marie Stuart s’acheminèrent avec elle jusqu’à la rampe supérieure de l’escalier, où les arquebusiers leur barrèrent le passage malgré leurs supplications, leur désespoir, leurs lamentations, leurs bras étendus vers leur chère maîtresse, aux traces de laquelle il fallut les arracher. […] Les autres serviteurs, qui étaient restés au balcon supérieur de l’escalier, furent mandés par un huissier de Pawlet.

1523. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Hugo, Victor (1802-1885) »

Il semble qu’il fut créé par un décret supérieur et nominatif de l’Éternel. […] Le théâtre, le roman, la poésie, l’histoire, il n’est pas un genre qu’il n’ait abordé ; il les a tous traités d’une façon supérieure… Dans l’ode, dans la méditation, dans l’épopée héroïque, Hugo a montré une force sans égale.

1524. (1914) Note sur M. Bergson et la philosophie bergsonienne pp. 13-101

Quant au tragique j’avoue que je ne vois rien d’humain qui soit supérieur au pathétique de Sophocle et que pour un demi-chœur d’Antigone je donnerais les trois Critiques précédées d’un demi-quarteron de Prolégomènes. […] Ni dans la nature ni dans cette deuxième et supérieure nature qu’est la nature de la grâce.

1525. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 mai 1886. »

Mais où l’artiste prendra-t-il les éléments de cette vie supérieure ? […] Nous voyons autour de nous des arbres, des maisons, des hommes, et nous les supposons vivants : ils ne sont, ainsi perçus, que des ombres vaines, tapissant le décor mobile de notre vision : ils vivront seulement lorsque l’artiste, dans l’âme privilégiée duquel elles ont une réalité plus intense, leur imposera cette vie supérieure, les recréera devant nous.

1526. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 novembre 1886. »

Aussi faut-il voir de quels bravos enthousiastes on salue, entre autres points lumineux, le magnifique couronnement du premier acte, cette conclusion rayonnante à laquelle on tend, vers laquelle on se sent entraîné par la force supérieure du génie, amassée et décuplée au courant d’un acte entier : il y a là un effet inouï d’accumulation d’électricité musicale et tel qu’il faut, pour se le représenter, en avoir subi le choc. […] Wagner a écrit quelque part qu’on pouvait juger Tristan d’après les lois les plus rigoureuses qui découlent de ses affirmations théoriques, — tant il est sûr de les avoir suivies d’instinct, — mais il avoue qu’il s’était, en composant, affranchi de toute idée spéculative et qu’il sentait même, à mesure qu’il avançait dans son œuvre, combien son essor faisait éclater les formules de son système écrit. « Il n’y a pas, ajoute-t-il avec quelque nuance de regret, de félicité supérieure à cette parfaite spontanéité de l’artiste dans la création, et je l’ai connue en composant mon Tristan. » Il en fut de même, à ce qu’on peut croire, quand il termina l’Anneau du Nibelung, interrompu pour Tristan, et quand il écrivit les Maîtres Chanteurs et Parsifal.

1527. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1876 » pp. 252-303

Lundi 31 janvier Morny — c’est Alphonse Daudet qui parle — n’était pas une intelligence supérieure. […] … Là-dedans pas une intelligence supérieure… Je ne vois que Picard, lui un vrai bourgeois de l’ancien temps, un bourgeois du dix-huitième siècle, avec une connaissance des hommes et une compréhension des choses… Oui des bonapartistes, des orléanistes, mais pas un français, pas un homme amoureux de sa patrie, comme Cavour.

1528. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — IV. La Poësie dramatique. » pp. 354-420

La comédie attendrissante paroît, à Riccoboni, supérieure à l’autre : il n’estime point celle qui fait rire. […] Il ne songe point à Molière, à Dancour, à Montfleuri, qui jouoient eux-mêmes leurs pièces, & qui étoient aussi supérieurs la plume à la main, que sur le théâtre.

1529. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VIII : Hybridité »

Depuis ce zéro absolu de la fécondité, le pollen des différentes espèces du même genre déposé sur le stigmate de l’une de ces espèces produit un nombre de graines qui varie de manière à donner une série graduelle presque parfaite entre ce point de départ et une fécondité plus ou moins parfaite, et même, ainsi que nous l’avons vu en certains cas anormaux, une fécondité supérieure à celle que le pollen de la plante elle-même peut produire. […] Mais ce degré supérieur de variabilité chez les métis n’a rien de très surprenant, car les parents des métis sont des variétés, et pour la plupart des variétés domestiques, très peu d’expériences ayant pu être tentées sur des variétés naturelles ; or, ceci implique, dans la plupart des cas, qu’il y a eu dans les deux lignes d’ancêtres des variations récentes ; il faut donc tout naturellement s’attendre à ce que cette variabilité continue de se manifester, et à ce qu’elle s’augmente encore de ce que le croisement a pu y ajouter.

1530. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Victor Hugo »

Victor Hugo s’est mis à pointiller les choses les plus vastes : la mer, les espaces, le Léviathan, les montagnes, comme le pendu de son livre, dont il fait voir, par un enragement de description mêlé à une étourderie supérieure, jusqu’aux poils de barbe, du haut de sa potence et dans la plus épouvantable nuit. […] Si supérieur que soit le roman de Quatre-vingt-treize, qui n’a que le silence, à ce roman des Misérables, qui eut le bruit, à ce livre d’un sujet qui était, celui-là !

1531. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre I. Du comique en général »

Elle tire à elle, elle voudrait convertir à sa propre inertie et faire dégénérer en automatisme l’activité toujours en éveil de ce principe supérieur. […] Elle serait la flamme même de la vie, allumée en nous par un principe supérieur, et aperçue à travers le corps par un effet de transparence.

1532. (1856) Mémoires du duc de Saint-Simon pp. 5-63

Il y a des grandeurs dans le xviie  siècle : des établissements, des victoires, des écrivains de génie, des capitaines accomplis, un roi, homme supérieur, qui sut travailler, vouloir, lutter et mourir. […] Élevés dans l’égalité, jamais nous ne comprendrons ces effrayantes distances, le tremblement de cœur, la vénération, l’humilité profonde qui saisissait un homme devant son supérieur, la rage obstinée avec laquelle il s’accrochait à l’intrigue, à la faveur, au mensonge, à l’adulation et jusqu’à l’infamie pour se guinder d’un degré au-dessus de son état.

1533. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Appendice aux articles sur Roederer. (Voir page 393.) » pp. 533-543

. — Oui ; mais il fait de si grandes choses de son pouvoir, il en lire un parti si supérieur à ce qu’en ferait un autre, que c’est comme s’il créait encore.

1534. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Parny poète élégiaque. » pp. 285-300

S’il satisfait et contente, ce n’est pas qu’il ne rappelle dans le passé, comme cela a lieu pour les classiques du second ou du troisième âge, de beaux talents antérieurs et souvent supérieurs au sien.

1535. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Le père Lacordaire. Quatre moments religieux au XIXe siècle. »

Il n’hésite pas, il ne daigne pas discuter, il n’en fait ni une ni deux, il tranche ; et je suis sûr que s’il avait entendu élever un doute à ce sujet, il aurait été homme à répondre avec l’éclair dans les yeux que, vraie ou fausse en réalité, la tradition n’en était pas moins vraie, et dans un sens supérieur au réel : il y a de ces tours de force de l’éloquence.

1536. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « La Réforme sociale en France déduite de l’observation comparée des peuples européens, par M. Le Play, Conseiller d’État. »

Tout, évidemment, n’y était pas mauvais ; les populations inférieures, imprévoyantes par leur nature et leur condition, trouvaient appui et tutelle dans le supérieur, et demeuraient en rapport avec lui à tous les instants et par tous les liens.

1537. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite.) »

Il rend à l’aimable et douloureux génie tous les hommages que lui doivent les générations filles ou sœurs, mais il ne lui passe point son mépris de toute humanité, de toute réforme supérieure, ses airs de débauche, son indifférence affichée pour tout ce qui n’était pas Ninette ou Ninon.

1538. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre VIII. De l’éloquence » pp. 563-585

L’homme le plus ardent pour ce qu’il souhaite, lorsqu’il est doué d’un génie supérieur, se sent au-dessus du but quelconque qu’il poursuit ; et cette idée vague et sombre revêt les expressions d’une couleur qui peut être à la fois imposante et sensible.

1539. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre I. Origine des privilèges. »

. — La Sainte Chapelle de Paris, l’église supérieure d’Assise, le paradis de Dante, les Fioretti peuvent donner une idée de ces visions.

1540. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre III. Poésie érudite et artistique (depuis 1550) — Chapitre I. Les théories de la Pléiade »

Mais cela, en soi, était excellent : à la place de formes étroites, maigres et compliquées, telles que la Ballade et le Chant royal, les formes antiques, larges, simples, réceptives, si je puis dire, mettaient l’inspiration à l’aise, et se prêtaient à revêtir une beauté bien supérieure.

1541. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre II. La critique »

Elles se hiérarchisent selon que le caractère exprimé est plus ou moins bienfaisant : principe dangereux, qui ferait Aricie supérieure à Phèdre, Eugénie Grandet au père Grandet.

1542. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « « L’amour » selon Michelet » pp. 47-66

À son degré supérieur, cet amour-là est « le grand amour », celui qui rend idiot et méchant, qui mène au meurtre ou au suicide, et qui n’est qu’une forme détournée et furieuse de l’égoïsme, une exaspération de l’instinct de propriété.

1543. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gautier, Théophile (1811-1872) »

Elles sont construites selon un plan déterminé dont l’auteur ne s’écarte pas ; la rime, si difficile qu’elle peut se présenter, ne l’entraîne jamais hors de la voie qu’il s’est tracée, car il la force à obéir et elle obéit, venant, à point nommé, compléter sa pensée, selon la forme voulue et le rythme choisi… Dans ses poésies, aussi bien dans celles de la jeunesse que dans celles de l’âge mur, Gautier a une qualité rare, si rare, que je ne la rencontre, à l’état permanent, que chez lui : je veux parler de la correction grammaticale… De tous ceux qui sont entrés dans la famille dont Goethe, Schiller, Chateaubriand, Byron ont été les ancêtres, dont Victor Hugo a été le père, ceux-là seuls ont été supérieurs qui ont fait bande à part… J’ai déjà cité Théophile Gautier et Alfred de Musset, qui eurent à peine le temps d’être des disciples qu’ils étaient déjà des maîtres.

1544. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lamartine, Alphonse de (1790-1869) »

Il restera une foule de ces vers admirables qui n’empêchent pas les poèmes d’être médiocres, et qui sont les dernières fleurs dont se parent les poésies mourantes ; il restera le souvenir de grandes facultés poétiques, supérieures à ce qui en sera sorti ; il restera le nom harmonieux et sonore d’un poète auquel son siècle aura été trop doux et la gloire trop facile, et en qui ses contemporains auront trop aimé leurs propres défauts.

1545. (1766) Le bonheur des gens de lettres : discours [graphies originales] « Le Bonheur des gens de lettres. — Premiere partie. » pp. 12-34

Que ces esprits indifférens sur le désordre qui ne les touche pas, que ceux dont la foible prudence méconnoit cette vertu supérieure à toute crainte, l’appellent un insensé, ou le regardent comme un misantrope qui se livre au triste plaisir d’exercer une censure amere ; ce n’est pas à eux de sentir qu’il est impossible à l’homme vertueux de garder le silence, tandis que les cris plaintifs des victimes de l’oppression retentissent à son oreille & frappent son cœur sensible, tandis que les droits éternels de la Justice sont violés pour satisfaire quelques monstres avides, tandis qu’un peuple entier vit dans les larmes, ayant tout perdu jusqu’au droit lamentable d’élever ses soupirs ; ah !

1546. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre premier. La critique et la vie littéraire » pp. 1-18

Brunetière exposa à la Sorbonne que la littérature est une fonction sociale ; c’est-à-dire qu’au regard historique le fait littéraire a son importance, son coefficient (moindre ou supérieur, il n’importe) comme le fait scientifique, le fait religieux, etc.

1547. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre V. L’antinomie esthétique » pp. 109-129

D’après Nietzsche, la beauté est le signe auquel se reconnaissent les nobles exemplaires humains, à un degré supérieur ces « superbes plantes tropicales, ces êtres d’élite qui pourront s’élever jusqu’à une tâche plus noble et jusqu’à une existence plus noble, semblables à cette plante grimpante d’Asie, ivre de soleil — on la nomme Sipo-matador — qui enserre un chêne de ses lianes multiples, tant qu’enfin, bien au-dessus de lui, mais appuyée sur ses branches, elle puisse développer sa couronne dans l’air libre, étalant son bonheur aux regards de tous » (Par-delà le Bien et le Mal).

1548. (1842) Essai sur Adolphe

Comme elles aperçoivent en dedans un monde supérieur plus grand, plus beau, plus varié ; comme elles ont peuplé leur conscience des souvenirs d’une vie imaginaire ; comme elles comparent incessamment le spectacle de leurs journées au spectacle de leurs rêveries, le dédain et l’impertinence ne sont chez elles qu’une forme particulière de la douleur.

1549. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre I : Des sens, des appétits et des instincts. »

On a plus d’une fois discuté pour savoir si le sens supérieur est la vue ou le toucher.

1550. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Chefs-d’œuvre de la littérature française (Collection Didot). Hamilton. » pp. 92-107

Mais ce qu’avait fait d’abord un homme de génie, ce que d’autres esprits supérieurs rompus au monde, les La Rochefoucauld, les Retz, pratiquaient également, il fallut quelque intervalle pour que tous en profitassent et que la monnaie au titre nouveau circulât.

1551. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Journal de la campagne de Russie en 1812, par M. de Fezensac, lieutenant général. (1849.) » pp. 260-274

Quant à ce qui est des services réels en cette campagne, le maréchal Ney écrivait de Berlin, le 23 janvier 1813, au ministre de la Guerre, beau-père de M. de Fezensac : « Ce jeune homme s’est trouvé dans des circonstances fort critiques, et s’y est toujours montré supérieur.

1552. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre IV. Critique »

Je conviens qu’il est doux à un homme de se sentir supérieur et de dire : Homère est puéril, Dante est enfantin.

1553. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre VI : Règles relatives à l’administration de la preuve »

Les chances de laisser un phénomène se dérober sont bien supérieures à celles de n’en négliger aucun.

1554. (1761) Apologie de l’étude

Sans des lumières supérieures à la raison, qui ont servi plus d’une fois à consoler mon ignorance, aucun livre n’aurait pu m’apprendre ce que je suis, d’où je viens et où je dois aller ; et je dirais de moi-même, jeté comme au hasard dans cet univers, ce que le doge de Gênes disait de Versailles ; ce qui m’étonne le plus ici, c’est de m’y voir.

1555. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Nièces de Mazarin » pp. 137-156

Saint-Évremond, cet homme supérieur dont personne ne parle, ce pauvre assassiné par Voltaire et par Montesquieu, qui l’ont outrageusement volé, est jugé avec une fermeté de raison et une justice qu’il faut honorer ; car les injustices littéraires ne valent pas mieux que les autres, et le courage en littérature est aussi une vertu.

1556. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XV. M. Dargaud » pp. 323-339

Je n’hésite pas à le proclamer, toute cette partie des portraits est la partie vraiment supérieure de l’histoire de M. 

1557. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Eugène Fromentin ; Maxime du Camp »

… Il faut au moins de grandes raisons quand on se déshonore… Mais quels avantages trouvent à être de l’Académie des hommes supérieurs par le talent à ce petit groupe dans lequel ils mendient une quarantième place ?

1558. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Madame Paul de Molènes »

c’est là le roman, supérieur aux deux autres et surgissant tout à coup d’entre ces deux autres, dans ce livre de l’Orpheline, et celui-là est véritablement exquis !

1559. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVII. Des éloges en Italie, en Espagne, en Angleterre, en Allemagne, en Russie. »

Dans tous leurs grands poèmes, sans en excepter l’Arioste et le Tasse, la partie des descriptions et des tableaux est en général très supérieure à la partie des sentiments.

1560. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VI. »

Le rhéteur le plus docte et le plus froidement technique de l’âge des Antonins, Denys d’Halicarnasse nous a conservé quelques strophes passionnées de Sapho ; et l’éloquent Longin n’a trouvé nulle poésie supérieure à ces vers d’une femme qu’Aristote avait nommée à côté d’Homère et d’Archiloque.

1561. (1882) Essais de critique et d’histoire (4e éd.)

Que ce fait soit une formation de tissus observés au microscope, un chiffre d’équivalent constaté par la balance, une concordance de facultés et de sentiments démêlés par la critique, sa valeur est la même ; il n’y a pas d’autorité supérieure qui puisse le rejeter de prime abord et sans contrôle, préalable ; on est obligé, pour le démentir, de répéter l’opération qui l’a obtenu. […] Par tous ses développements, l’animal humain continue l’animal brut ; car les facultés humaines ont la vie du cerveau pour racine, aussi bien les supérieures dont l’homme a le privilège, que les inférieures dont il n’a point le privilège ; et par cette prise les lois organiques étendent leur empire jusque dans le domaine distinct au seuil duquel les sciences naturelles s’arrêtent pour laisser régner les sciences morales. — Il suit de là qu’une carrière semblable à celle des sciences naturelles est ouverte aux sciences morales ; que l’histoire, la dernière venue, peut découvrir des lois comme ses aînées ; qu’elle peut, comme elles et dans sa province, gouverner les conceptions et guider les efforts des hommes ; que, par une suite de recherches bien conduites, elle finira par déterminer les conditions des grands événements humains, je veux dire les circonstances nécessaires à l’apparition, à la durée ou à la ruine des diverses formes d’association, de pensée et d’action. […] Un critique pense que la sensibilité passionnée, appliquée comme ouvrière à la philosophie et à l’histoire, doit découvrir des vérités supérieures, commettre beaucoup d’erreurs, hasarder beaucoup d’hypothèses, prouver peu, exagérer beaucoup ; mais qu’appliquée à l’art, elle formera les caractères les plus vivants, les drames les plus émouvants, le style le plus attachant, les paysages les plus visibles ; que, d’un souffle de feu, elle animera les êtres inertes ; que, promenée du pôle à l’équateur, de l’Amérique à l’Asie, elle éveillera dans notre cerveau une fantasmagorie de visions lumineuses, partout créatrice, impétueuse, ardente, universelle, pareille à la grande nature, qui, dans la vie furieuse de ses tropiques, étale une image de sa violence et de son éclat. […] Le siècle Il y a des grandeurs dans le xviie  siècle, des établissements, des victoires, des écrivains de génie, des capitaines accomplis ; un roi, homme supérieur, qui sut travailler, vouloir, lutter et mourir. […] Élevés dans l’égalité, jamais nous ne comprendrons ces effrayantes distances, le tremblement de cœur, la vénération, l’humilité profonde qui saisissaient un homme devant son supérieur, la rage obstinée avec laquelle il s’accrochait à l’intrigue, à la faveur, au mensonge, à l’adulation et jusqu’à l’infamie, pour se guinder d’un degré au-dessus de son état.

1562. (1888) Poètes et romanciers

Ce qui me frappe tout d’abord, à la lecture de ces poèmes, c’est l’élan de la pensée vers les choses supérieures, l’aspiration vers le mystère de l’infini, c’est l’idéalisme religieux, répandu dans toute l’œuvre et donnant à cette poésie je ne sais quel caractère hiératique et solennel. […] Née avec un esprit supérieur et suppléant à l’éducation qui lui manquait par des lectures sérieuses et choisies, enthousiaste de toutes les choses grandes, capable d’une vive exaltation, républicaine et pieuse, la pauvre aubergiste donna à son neveu une éducation où toutes les idées s’entrechoquaient, mais enfin où il y avait des idées. […] Ne cherchez en lui ni les intuitions supérieures ni les calculs ; cherchez le bon sens même, un bon sens solide et fin, mais obstinément renfermé dans certaines limites, comme cela doit arriver, le caractère du bon sens étant la justesse plutôt que l’étendue. […] Nous devons marquer ici la place de cet essai nouveau dans un genre supérieur, pour ne rien omettre de ce qui touche à l’éducation intellectuelle que Béranger se donne à lui-même. […] Mais quelle injustice n’y aurait-il pas à comprendre dans une sentence si rapide cette forme supérieure de la poésie du dix-neuvième siècle, sa vraie gloire et sa véritable innovation poétique, ce lyrisme qui s’inspire au plus profond de l’âme du poète, de l’âme humaine interrogée dans ses joies et dans ses douleurs, et traduite dans une forme d’un éclat et d’une grandeur incomparables, la langue des Méditations, des Harmonies, des Odes, des Rayons et des Ombres.

1563. (1892) La vie littéraire. Quatrième série pp. -362

On dit que le charme d’un homme est toujours le don de sa mère et qu’on reconnaît à leur grâce les fils des femmes supérieures. […] Ces canaux se creusent comme par enchantement et, si ce sont là des ouvrages de l’industrie martienne, il faut reconnaître que les ingénieurs de cette planète sont infiniment supérieurs aux nôtres. […] C’est un personnage d’un grand esprit, très supérieur, et d’un caractère exquis. […] Son livre de la Vie des mots est d’une logique supérieure. […] Le Jardin de Bérénice, qui est une suite à ces deux ouvrages, et comme le troisième panneau du triptyque, semblera bien supérieur aux autres par la finesse du ton et la grâce du sentiment.

1564. (1910) Propos de théâtre. Cinquième série

C’est toujours l’histoire de ce primaire, devenu secondaire, puis devenu supérieur : « J’ai été élevé dans le culte de Voltaire et je l’ai prêché. […] Les écrivains du vingtième siècle sont supérieurs à tous les écrivains passés, tout simplement parce qu’ils viennent après tous les écrivains passés. […] Voilà qui est bien, quoique peut-être un peu audacieux dans l’expression : ce qui vient après est supérieur, toujours, par ce seul fait qu’il vient après. […] Et si le plus modeste écrivain du vingtième siècle est supérieur (et « à quel point ! ») à Homère, Corneille doit être supérieur à Sophocle, si non « à quel point ! 

1565. (1890) La vie littéraire. Deuxième série pp. -366

Je vous donne ce conseil au mépris de la sagesse vulgaire, sous la dictée d’une sagesse supérieure. […] Un homme supérieur ne doit parler de lui-même qu’à propos des grandes choses auxquelles il a été mêlé. […] — S’il vous trouve supérieure à lui, il vous prendra en haine. […] Après bien des efforts et d’innombrables essais, des types d’une animalité supérieure s’y produisent et tendent à s’y fixer. […] Ses supérieurs estimaient la pureté de ses mœurs, mais ils redoutaient la superbe de son esprit.

1566. (1900) La vie et les livres. Cinquième série pp. 1-352

Paul Sirven, ancien élève de l’École normale supérieure, agrégé des lettres, professeur de rhétorique à l’École alsacienne2. […] La France aurait pu avoir en lui quelque chose comme un Mac-Mahon lettré, un Canrobert très intelligent, un Bourbaki supérieur. […] Car ces places sont malaisées à tenir, peu rétribuées (surtout dans l’enseignement supérieur) et, par conséquent, peu offrables. […] Il salue, dans la rue, ses supérieurs, et il s’estime fort heureux lorsqu’il obtient d’eux, en retour, un vague geste du doigt vers la visière du képi. […] On lui vante, en l’espace d’un mois, une bonne centaine d’hommes supérieurs et une douzaine (au moins) de génies authentiques.

1567. (1924) Souvenirs de la vie littéraire. Nouvelle édition augmentée d’une préface-réponse

Malgré ce qu’elle a de dépouillé, elle ne s’élève pas à une généralité supérieure. […] On étonnera bien des gens, en leur disant qu’Alphonse Daudet fut très réellement supérieur à son œuvre. […] Une telle vanité est toujours choquante chez un esprit supérieur. […] Par contre, cette langue du peuple est demeurée supérieure dans la galéjade, le conte, les récits de Roumanille, la Sinso, etc. […] Si c’est vraiment la bonté qui fait la supériorité, Mlle Read est la femme supérieure par excellence.

1568. (1857) Réalisme, numéros 3-6 pp. 33-88

… qu’on est attiré violemment vers ce remueur, il faut s’occuper de lui ; les gens naïfs qui croient à la sincérité des autres s’émerveillent de cette âme profonde, variée, de cet esprit supérieur ; quelques-uns plus malins rient sous cape. […] Gozlan était supérieur à son bizarre ami ? […] « Cette lucidité de l’homme supérieur qui lui fait saisir toutes les faces des idées ne s’acquiert-elle pas au prix de bien des douleurs et de misères ressenties ? […] Michelet, l’oiseau est « l’être supérieur de la création » ; la seule différence qui sépare madame Sand et M.  […] Si je suis supérieure aux hommes, c’est un honneur pour mon sexe.

1569. (1901) Figures et caractères

Il existe en vertu de l’utilité mystérieuse du poète, utilité supérieure dont la société devrait admettre au moins le principe si elle n’en sait pas comprendre la légitimité secrète. […] De telle sorte qu’Hamlet, tout en appartenant au drame où il mêle à des circonstances données sa présence, sa parole et son geste, le domine et y conserve un sens supérieur. […] Elle figure ce qu’il y a en chacun de fin, de délicat et d’un peu supérieur. […] Elles sont la contre-partie des fables ironiques et dédaigneuses où il résumait, pour qu’on en rît, tout ce qui cherche à détourner l’homme de l’Illusion supérieure de son Rêve. […] Mais tous deux, il importe le remarquer, prennent et utilisent la Légende et le Mythe dans sa beauté plastique et sa réalité supérieure.

1570. (1892) Sur Goethe : études critiques de littérature allemande

Dans un genre plus humble, mais qu’il a rehaussé par des qualités supérieures, Zschokke appartient à la même école. […] Si l’on entend par poésie la faculté d’exprimer dans un langage supérieur les sentiments les plus délicats et les passions les plus fortes du cœur humain, il n’y a pas de poète précoce ; la poésie exige l’expérience de la vie, ou de longues études morales. […] Mais, d’autre part, la maison était pleine de recoins obscurs, « ce qui lui donnait le frisson », la rue triste et noire, le rez-de-chaussée privé d’air et de lumière, et comme étouffé sous le poids des galeries qui s’avançaient en saillie aux étages supérieurs. […] Friedrich est-il un écrivain supérieur ? […] Il ne faut pas, en effet, que sa dédicace « à Sa Grandeur, le conseiller consistorial supérieur, Charles Schwarz, prédicateur de la cour à Gotha », nous fasse illusion.

1571. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIe entretien. Sur le caractère et les œuvres de Béranger » pp. 253-364

Le prodigieux succès de ces deux bluettes fit comprendre tout de suite à Béranger combien la politique était un assaisonnement piquant à la chanson, et combien l’opposition était supérieure à l’ivresse ou à l’amour pour la popularité d’un couplet. […] J’avoue que cette lettre de l’oracle du passé, qui pouvait bien être aussi l’oracle de l’avenir, me fut une satisfaction de cœur et d’esprit supérieure à tout le retentissement de cette histoire. […] Jamais peut-être, dans aucun esprit supérieur de nos jours, ce travail intérieur du temps, qui tue les illusions, qui convertit les faiblesses, qui fait éclore les vérités du sein de l’expérience et qui régénère les vertus naturelles dans les résipiscences d’esprit ; jamais, disons-nous, ce travail de vivre pour s’améliorer ne fut aussi sensible et aussi réussi que dans Béranger.

1572. (1890) Les romanciers d’aujourd’hui pp. -357

Et les portraits ont ceci de supérieur qu’ils sortent de l’individu et tendent au type. […] Il avait dans la physionomie quelque chose de hagard, et dans l’allure quelque chose d’abandonné… » Délicat symbolisme, où l’on sent une pudeur du « moi » qui rend plus précieuse encore cette confession d’un esprit supérieur ! […] Mais, et sauf dans Le Père, où il est vraiment supérieur à lui-même, on n’y sent point autre chose que l’acuité d’un œil qui détaille et inventorie, et qui proprement regarde sans être affecté. […] Jules Lemaître se plaît à reconnaître, avec une grande raison d’ailleurs, l’entrain, la vie, le parisianisme, dit couramment « la horde misère », sa syntaxe est-elle enfin si supérieure à celle de M.  […] Qui fut supérieur dans quelques scènes du Prêtre.

1573. (1932) Les idées politiques de la France

Les Intérêts généraux et supérieurs de la grande industrie ont tenté, eux, dès l’après-guerre, une entente avec l’intelligence, dont on ne peut dire qu’elle ait puissamment réussi, mais enfin qui existe, et qui est liée à la géographie et à l’histoire de l’industrialisme. […] Dans les écoles normales les futurs instituteurs sont boursiers de droit, et les neuf dixièmes des professeurs du secondaire et du supérieur sont d’anciens boursiers. […] Le ministre doctrinaire le plus éminent qui ait gouverné l’Instruction publique, Léon Bourgeois, était un homme politique supérieur, l’esprit le plus libéral et le plus délicat, de climat girondin, comme M.  […] Réalisée en Russie, où le collectivisme s’est révélé viable, et l’État communiste supérieur à l’État capitaliste qu’il a remplacé. […] La qualité supérieure du Proudhon nous indique la bonne voie.

1574. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon » pp. 423-461

C’est ainsi qu’on lit dans une des lettres de Madame, mère du régent : En France et en Angleterre, les ducs et les lords ont un orgueil tellement excessif qu’ils croient être au-dessus de tout ; si on les laissait faire, ils se regarderaient comme supérieure aux princes du sang, et la plupart d’entre eux ne sont pas même véritablement nobles (Gare ! […] En tout, Saint-Simon est plutôt supérieur comme artiste que comme homme ; c’est un immense et prodigieux talent, plus qu’une haute et complète intelligence.

1575. (1860) Cours familier de littérature. IX « Le entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier (2e partie) » pp. 81-159

« Permettez-moi à votre égard les sentiments d’un frère pour une sœur, lui écrivit Ballanche dès le lendemain du jour où il la connut ; mon dévouement sera entier et sans réserve ; je veux votre bonheur aux dépens du mien ; cela est juste : vous êtes supérieure à moi. » XIX Madame Récamier partit de Lyon pour l’Italie, afin de ne pas assister aux catastrophes de sa patrie. […] Sainte-Beuve, poète sensible et original alors, politique depuis, critique maintenant, supérieur toujours, qui aurait été le plus agréable des amis s’il n’avait pas eu les humeurs et les susceptibilités d’une sensitive ; Ballanche, enfin, que nous avons caractérisé plus haut, et le jeune disciple de Ballanche, Ampère, qui devait prendre sa place après la mort de son maître et se dévouer à la même Béatrice.

1576. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIIe Entretien. Montesquieu »

Il faut lui payer un grand et juste hommage pour ce courage, supérieur encore à l’entendement. […] La Divinité a ses lois, le monde matériel a ses lois, les intelligences supérieures à l’homme ont leurs lois, les bêtes ont leurs lois, l’homme a ses lois.

1577. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre III. Molière »

Au lieu que le génie de Molière n’est que les qualités françaises portées à un degré supérieur de puissance et de netteté. […] Il contribua — bien malgré lui — à enfoncer dans les esprits une idée fausse, née d’une étude superficielle de son théâtre : l’idée d’une comédie de caractères, sans tableaux de mœurs, au comique noble et contenu, et qui serait la forme supérieure de la comédie.

1578. (1831) Discours aux artistes. De la poésie de notre époque pp. 60-88

Il y a des gens qui croient sérieusement que l’avenir délaissera tous les produits de l’art antérieur, de même que, lorsqu’on a inventé une nouvelle machine supérieure à une autre, on laisse périr celle-ci ou on la brise. […] Mais cette œuvre, qui se commence maintenant, n’était pas même soupçonnée du plus grand nombre des esprits supérieurs il y a dix ans.

1579. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Introduction, où l’on traite principalement des sources de cette histoire. »

Ces détails ne sont pas vrais à la lettre ; mais ils sont vrais d’une vérité supérieure ; ils sont plus vrais que la nue vérité, en ce sens qu’ils sont la vérité rendue expressive et parlante, élevée à la hauteur d’une idée. […] Les traditions sur Mahomet, cependant, n’ont pas un caractère historique supérieur à celui des discours et des récits qui composent les évangiles.

1580. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 14 mars 1885. »

Elles se sacrifient, lorsqu’il le faut, à l’effet supérieur qui doit être produit. […] Hans Sachs, l’artisan rythmeur, serait une manière de Sébastien Bach plus naïf, nourri dans l’école, rompu aux disciplines classiques, mais bien supérieur à ses émules par l’envergure de l’âme et la fierté des visées.

1581. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1882 » pp. 174-231

* * * — Dans toute les sociétés, qui se s’ont succédé depuis le commencement du monde, il y a un athéisme des classes supérieures, mais je ne connais pas encore de société, ayant subsisté avec l’athéisme des gens d’en bas, des besoigneux, des nécessiteux. […] Ce soir, il nous peint, au moment de l’arrivée d’une petite manicure bossue, une maison de la rue d’Edimbourg, une de ces maisons, peuplées de bas en haut, de cocottes, depuis la cocotte du premier au coupé au mois, jusqu’à la cocotte cherche-dîner sur le boulevard, des étages supérieurs.

1582. (1856) Cours familier de littérature. I « Ve entretien. [Le poème et drame de Sacountala] » pp. 321-398

« Il faut que je me retire », dit-elle à sa compagne, « et que j’aille instruire notre vénérable supérieur, Goutami, des paroles indiscrètes de cet étranger. » Ses compagnes cherchent à la rassurer et à la retenir, sous prétexte de soins que ses arbustes chéris exigent encore d’elle. […] Le vénérable anachorète, supérieur de l’ermitage, chante en ses vers ces adieux et ses vœux à Sacountala, sa favorite : « Divinités de cette forêt sacrée, que dérobe à nos regards l’écorce de ces arbres majestueux que vous avez choisis pour asile ; « Celle qui jamais n’a approché la coupe de ses lèvres brûlantes avant d’avoir arrosé d’eau pure et vivifiante les racines altérées de vos arbres favoris ; celle qui, par pure affection pour eux, aurait craint de leur dérober la moindre fleur, malgré la passion bien naturelle d’une jeune fille pour cette innocente séduction ; celle qui n’était complètement heureuse qu’aux premiers jours du printemps, où elle se plaisait à les voir briller de tout leur éclat ; Sacountala vous quitte aujourd’hui pour se rendre au palais de son époux ; elle vous adresse ses adieux.

1583. (1856) Cours familier de littérature. I « VIe entretien. Suite du poème et du drame de Sacountala » pp. 401-474

Cette poésie tend aussi à inspirer l’héroïsme, mais un héroïsme qui n’a rien de la fougue, de la brutalité et de la férocité des héros sauvages de la Grèce, de Rome, de la Germanie ; c’est l’héroïsme calme, généreux, supérieur à sa propre colère, protégeant le faible, sorte de chevalerie religieuse et philosophique découverte en germe dans les épopées ou dans les drames de l’Inde primitive. […] L’une d’elles apporte son tribut de fleurs au saint supérieur du monastère.

1584. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre V. Des orateurs anciens et Modernes. » pp. 223-293

Il est vrai aussi que j’avois pris le parti de m’ensévelir dans les ténébres, n’osant me flatter que mes discours pussent avoir un mérite supérieur à la censure.” […] Une raison supérieure s’est faite entendre dans nos derniers jours du pied des Alpes & des Pyrenées au Nord de la France.

1585. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre V. Le souvenir du présent et la fausse reconnaissance »

Dromard et Albès expliquent le phénomène par une diminution du « tonus attentionnel » qui amènerait une rupture entre le « psychisme inférieur » et le « psychisme supérieur ». […] À supposer que le « psychisme supérieur » intervienne pour superposer son attention à cette perception inattentive, on aura tout au plus un souvenir considéré attentivement : ce ne sera pas une perception doublée d’un souvenir.

1586. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre III. Le comique de caractère »

Sans doute l’homme est déjà très supérieur à l’animal sur ce point. […] Ainsi la vanité, cette forme supérieure du comique, est un élément que nous sommes portés à rechercher minutieusement, quoique inconsciemment, dans toutes les manifestations de l’activité humaine.

1587. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — III. (Fin.) » pp. 246-261

Comme Duclos, après avoir donné ses Considérations sur les mœurs où il avait oublié de parler des femmes et où il avait à peine prononcé leur nom62, voulut réparer cette omission singulière en publiant l’année suivante (1751), sous le titre de Mémoires pour servir à l’histoire des mœurs du xviiie  siècle, une espèce de répétition de ses Confessions du comte de…, Voltaire qui trouvait ce genre de romans détestable, et qui voyait dans ceux de Duclos une preuve de plus de la décadence du goût, écrivait : « Ils sont d’un homme qui est en place (dans la place d’historiographe), et qui par là est supérieur à sa matière.

1588. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Geoffroy de Villehardouin. — II. (Fin.) » pp. 398-412

Et quant au caractère même de l’homme, du guerrier si noblement historien, je dirai pour conclure : Villehardouin, tel qu’il apparaît et se dessine dans son Histoire, est bien un homme de son temps, non pas supérieur à son époque, mais y embrassant tous les horizons ; preux, loyal, croyant, crédule même, mais sans petitesse ; des plus capables d’ailleurs de s’entremettre aux grandes affaires ; homme de conciliation, de prudence, et même d’expédients ; visant avec suite à son but ; éloquent à bonne fin ; non pas de ceux qui mènent, mais de première qualité dans le second rang, et sachant au besoin faire tête dans les intervalles ; attaché féalement, avec reconnaissance, mais sans partialité, à ses princes et seigneurs, et gardant sous son armure de fer et du haut de ses châteaux de Macédoine ou de Thrace des mouvements de cœur et des attaches pour son pays de Champagne.

1589. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Vicq d’Azyr. — II. (Fin.) » pp. 296-311

[NdA] Voir aussi sur Buffon supérieur comme physicien et homme de science, la dixième des Lettres sur l’origine des sciences, par Bailly (1777), et les Observations faites dans les Pyrénées, par Ramond (1789), p. 312.

1590. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Mémoires et journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guettée. — II » pp. 263-279

Je sais des hommes d’étude et de lecture approfondie qui placent Fleury très haut, plus haut qu’on n’est accoutumé à le faire aujourd’hui, qui le mettent en tête du second 265 rang ; ils disent « que ce n’est sans doute qu’un écrivain estimable et du second ordre, mais que c’est un esprit de première qualité ; que ses Mœurs des israélites et des chrétiens sont un livre à peu près classique ; que son Traité du choix et de la méthode des études, dans un cadre resserré, est plein de vues originales, et très supérieur en cela à l’ouvrage plus volumineux de Rollin ; que son Histoire du droit français, son traité du Droit public de France, renferment tout ce qu’on sait de certain sur les origines féodales, et à peu près tout ce qu’il y a de vrai dans certains chapitres des plus célèbres historiens modernes, qui n’y ont mis en sus que leurs systèmes et se sont bien gardés de le citer ; que Fleury est un des écrivains français qui ont le mieux connu le Moyen Âge, bien que peut être, par amour de l’Antiquité, il l’ait un peu trop déprécié ; que cet ensemble d’écrits marqués au coin du bon sens et où tout est bien distribué, bien présenté, d’un style pur et irréprochable, sans une trace de mauvais goût, sans un seul paradoxe, atteste bien aussi la supériorité de celui qui les a conçus. » Pour moi, c’est plutôt la preuve d’un esprit très sain.

1591. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Fanny. Étude, par M. Ernest Feydeau » pp. 163-178

Après avoir raconté qu’il a vu mourir sous ses yeux une vieille amie, une femme âgée et d’un esprit supérieur, avec qui il avait souvent épuisé, en conversant, toutes les réflexions morales et anticipé l’expérience de la vie : Cet événement, continue Adolphe, m’avait rempli d’un sentiment d’incertitude sur la destinée, et d’une rêverie vague qui ne m’abandonnait pas… Je trouvais qu’aucun but ne valait la peine d’aucun effort.

1592. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mélanges religieux, historiques, politiques et littéraires. par M. Louis Veuillot. » pp. 44-63

Veuillot : c’est son côté supérieur.

1593. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mélanges religieux, historiques, politiques et littéraires. par M. Louis Veuillot. » pp. 64-81

Car il y a deux Veuillot : celui qui est debout, grave, triste, imposant d’attitude, d’un beau front, parlant d’or sur les grands sujets, prêchant aux autres le respect qu’il a lui-même si peu, prompt à en remontrer aux gouvernements sur le principe de l’autorité, et, quand il se fâche, le faisant au nom d’une autorité supérieure, et, pour ainsi dire, exerçant les justices de Dieu. — Je ne nie point la part de sentiments sérieux, qui sont d’accord en lui avec cet air-là.

1594. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Les Contes de Perrault »

Non que je veuille dire que l’artiste nous dépayse ; seulement, en traducteur supérieur et libre, il ne se gêne pas, il ne s’astreint pas aux plates vues bornées de Champagne et de Beauce, il incline du côté de la Lorraine, et n’hésite pas à élargir et à rehausser nos horizons.

1595. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Campagnes de la Révolution Française. Dans les Pyrénées-Orientales (1793-1795) »

Que le Dugommier vif et franc, brave et simple autant qu’habile, et dont les talents n’éclatèrent également qu’à la fin de la carrière, paraît donc supérieur à ce Dumouriez, qui fut un libérateur aussi à son heure, mais qui ternit sa gloire, de tout temps un peu équivoque, par les intrigues manifestes et les manigances prolongées de sa dernière vie !

1596. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français (suite et fin.) »

Ils n’ont pas surfait l’ouvrage qu’ils publient, ils ne l’ont pas déclaré supérieur à ce qu’il est en réalité.

1597. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. » pp. 31-51

C’est alors qu’avertie par le tumulte, la fille d’Hamilcar, Salammbô, descend de l’étage supérieur qu’elle habite dans le palais.

1598. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « La civilisation et la démocratie française. Deux conférences par M. Ch. Duveyrier »

Son idée, à lui, dont il a tracé dans un appendice un plan ou avant-projet détaillé, serait une vaste association libre, se soutenant à l’aide de dons et de souscriptions volontaires ; ayant à sa tête un Conseil supérieur ; organisée et fonctionnant au moyen de comités spéciaux, et se composant d’une multitude de membres tous animés du prosélytisme du progrès.

1599. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires du comte Beugnot »

De même qu’au-dessous d’une certaine taille qui est strictement celle du service militaire, il est rare de trouver une constitution physique qui ne soit pas débile, de même il semble qu’au-dessus et au-delà du niveau supérieur, il soit rare que la qualité de l’esprit soit dans toute sa vivacité.

1600. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. (Suite et fin.) »

C’est presque une profanation, à côté de cette Mlle Leduc, même épousée et devenue comme dans une mascarade marquise de Tourvoie, de nommer la comtesse de Bouflers qui présidait avec tant d’intelligence et de goût au salon de l’Isle-Adam, cette généreuse amie de Hume, de Rousseau et de Gustave III, esprit supérieur malgré de légers travers, et dont quelques pages, aujourd’hui retrouvées, sont dignes de l’histoire41.

1601. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. BRIZEUX (Les Ternaires, livre lyrique.) » pp. 256-275

Brizeux me fait l’effet de ces officiers supérieurs dans une arme spéciale, savante, qui, voués au noble génie de leur art, s’y tiennent, sans vouloir jamais d’avancement ailleurs.

1602. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mémoires de madame de Staal-Delaunay publiés par M. Barrière »

au moment où elle apprécie le mieux le dévouement et les mérites du pauvre Maisonrouge, c’est l’autre encore qu’elle regrette ; avec une âme si ferme, avec un esprit si supérieur, misérable jouet d’une indigne passion, elle fuit qui la cherche, et cherche qui la fuit, selon l’éternel imbroglio du cœur.

1603. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XVII. De la littérature allemande » pp. 339-365

L’émulation multiplie ses effets dans un grand nombre de petites sphères ; mais on ne juge pas, mais on ne critique pas avec sévérité, lorsque chaque ville veut avoir des hommes supérieurs dans son sein.

1604. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre VII. De l’esprit de parti. »

Cette passion étouffe dans les hommes supérieurs les facultés qu’ils tenaient de la nature, et cette carrière de vérité, indéfinie comme l’espace et le temps, dans laquelle l’homme qui pense jouit d’un avenir sans bornes, atteint un but toujours renaissant ; cette carrière se referme à la voix de l’esprit de parti, et tous les désirs, comme toutes les craintes, vouent à la servitude de la foi les têtes formées pour concevoir, découvrir et juger.

1605. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Préface » pp. 1-22

Obscur ou visible, ce moi lui-même n’est qu’un chef de file, un centre supérieur au-dessous duquel s’échelonnent, dans les segments de la moelle et dans les ganglions nerveux, quantité d’autres centres subordonnés, théâtres de sensations et d’impulsions analogues mais rudimentaires, en sorte que l’homme total se présente comme une hiérarchie de centres de sensation et d’impulsion, ayant chacun leur initiative, leurs fonctions et leur domaine, sous le gouvernement d’un centre plus parfait qui reçoit d’eux les nouvelles locales, leur envoie les injonctions générales, et ne diffère d’eux que par son organisation plus complexe, son action plus étendue et son rang plus élevé.

1606. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre V. La Fontaine »

Il a pu y semer des choses exquises : il n’y en a nulle part d’aucune sorte que les Fables ne nous présentent dans une intensité ou une perfection supérieures.

1607. (1894) Propos de littérature « Chapitre III » pp. 50-68

* *   * En peinture, en sculpture plus encore, il faut admettre que la tranquille stature est supérieure au geste impliquant une action momentanée puisque, par leur nature même, les œuvres nées de ces arts se développent exclusivement dans l’Espace.

1608. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIV. La commedia dell’arte au temps de Molière (à partir de 1662) » pp. 265-292

Ces canevas nous paraissent appartenir, au moins pour le fond, à la période où les rôles des deux zanni acquirent une importance exceptionnelle sur le théâtre italien de Paris, grâce au talent supérieur du Trivelin Locatelli et de l’Arlequin Dominique, qui y régnèrent l’un à côté de l’autre de 1662 à 1671, époque où le premier mourut et Dominique resta seul maître de l’emploi.

1609. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre III. Grands poètes : Verlaine et Mallarmé, Heredia et Leconte de Lisle » pp. 27-48

Un philosophe explicateur dirait : un fait divers est un moment d’infini et d’éternité, fonction de toute réalité dans l’infini spatial et temporel, fonction de toute pensée dans l’échelle illimitée des compréhensions ; notre conception d’un fait divers est un échelon entre une infinité d’autres conceptions, symbolisations psychologiques (dont on peut imaginer la hiérarchie) supérieure ou inférieure d’un même concret ; le rêve est l’effort vers les traductions symboliques les plus hautes.

1610. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre VIII. Les écrivains qu’on ne comprend pas » pp. 90-110

Tandis que les notoires qui les précédèrent étaient éclos dans l’atmosphère des journaux gais et des théâtres légers, eux apprirent il penser dans les gymnastiques supérieures de Hume, de Bossuet, de Schopenhauer, de Claude Bernard.

1611. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXIV. Arrestation et procès de Jésus. »

Pilate ne comprit rien à cet idéalisme supérieur 1132.

1612. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre II. L’analyse interne d’une œuvre littéraire » pp. 32-46

A des êtres ou à un être supérieur ?

1613. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 15 janvier 1887. »

Louis de Fourcaud (1851-1914), auteur de L’Évolution de la peinture en France (1890), successeur de Taine, était critique d’art et professeur d’esthétique et d’histoire de l’art à l’école nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris.

1614. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre XI. Quelques philosophes »

Tout être doit « se surmonter », créer un être supérieur et « l’homme est une corde tendue entre la bête et le surhomme ».

1615. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Marie-Antoinette. (Notice du comte de La Marck.) » pp. 330-346

On regrette qu’un observateur aussi impartial et aussi supérieur n’ait pas tracé un pareil portrait de la reine aux divers moments de son existence, jusqu’à l’heure où elle devient une grande victime, et où ses hautes qualités de cœur éclatent assez pour frapper et intéresser tout ce qui est humain.

1616. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le cardinal de Retz. (Mémoires, édition Champollion.) » pp. 238-254

Tel est, chez les hommes de l’esprit le plus supérieur, le malheur des vices ; ils éteignent les bonnes inspirations à leur source et les empêchent de naître.

1617. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Seconde Partie. De l’Éloquence. — Éloquence de la chaire. » pp. 205-232

Ses supérieurs lui ayant soupçonné, pendant son cours de régence, des intrigues avec quelque femme, l’envoyèrent dans une de leurs maisons du diocèse de Meaux, laquelle est une espèce de solitude : c’est là qu’il commença de faire connoître ce qu’il seroit par la suite.

1618. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — II. L’histoire de la philosophie au xixe  siècle — Chapitre I : Rapports de cette science avec l’histoire »

Aujourd’hui la critique religieuse a pris un intérêt supérieur et jouit d’une très-grande faveur ; mais l’histoire religieuse a été préparée et facilitée par l’histoire de la philosophie.

1619. (1876) Du patriotisme littéraire pp. 1-25

De notre temps si la Prose s’altère sur quelques points, c’est pour s’enrichir par tant de conquêtes : rappelons-nous la comédie élargissant son domaine, le roman agrandi suscitant ses véritables chefs-d’œuvre, l’histoire faisant de son champ jadis étroit tout un monde d’explorations et de découvertes, la critique vraiment fondée et promue à la dignité d’un genre original où cinq à six hommes supérieurs ont véritablement créé, l’érudition réconciliée avec le beau style et devenue l’une des provinces de la haute littérature, la politique rendant parfois de mauvais services à la pureté de la langue, mais produisant aussi dans la presse et à la tribune d’admirables écrits de polémique et de non moins admirables discours, la philosophie et la religion enfin pour de nouveaux besoins et avec de nouveaux interprètes se créant aussi une langue nouvelle.

1620. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 16, des pantomimes ou des acteurs qui joüoient sans parler » pp. 265-295

Faute d’acteurs instruits dans l’art dont nous parlons, elle choisit un danseur et une danseuse, qui véritablement étoient l’un et l’autre d’un génie supérieur à leur profession, et pour tout dire, capables d’inventer.

1621. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XIX. Mme Louise Colet »

C’était là un livre médiocre d’inspiration… et de calcul, car cette inspiration était calculée, sans composition, sans mise en scène supérieure, vulgaire de détails, colorié plutôt que coloré, tant grossière en est la peinture !

1622. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Les deux cathédrales »

Elle est là, devant nous, frémissante et nue ; et combien sa réalité nous apparaît supérieure aux pâles effigies que l’on voulut tant de fois nous faire admirer !

1623. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Première partie — Chapitre III. Les explications anthropologique, idéologique, sociologique »

Analysez l’esprit de la Révolution : vous trouvez au fond de votre creuset l’esprit cartésien, l’esprit classique, l’esprit chrétien44, c’est-à-dire des systèmes de pensées découverts ou des façons de penser instituées par des hommes supérieurs.

1624. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre III. Contre-épreuve fournie par l’examen de la littérature italienne » pp. 155-182

Pour la valeur des idées et des sentiments cette poésie est très supérieure au lyrisme courtois de la Provence et de la France du Nord28 ; pourtant, même quand on y ajoute la poésie didactique du Nord, quelques chansons politiques et quelques embryons d’épopée, c’est une pauvreté en œuvres qui contraste étrangement avec la littérature française du xiiie  siècle !

1625. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VI : M. Cousin philosophe »

Quelle force supérieure l’en a détourné, et l’a engagé dans la seconde ?

1626. (1714) Discours sur Homère pp. 1-137

Dessein, ordonnance, pensées, sentimens, expression, tout est inimitable dans ses ouvrages ; c’est l’homme de tous les talens : mémoire prodigieuse, imagination vaste, délicate et toujours sublime, jugement supérieur, universel et infaillible. […] Dès qu’il s’est retiré, l’armée des grecs, quoique toujours fort supérieure à celle des troyens, est cependant battuë, mise en déroute, et réduite à la derniere extrémité. […] On me dira peut-être qu’Homere admet un destin, et que dans l’idée qu’il en donne, on pourroit reconnoître celle d’une divinité supérieure : mais quelque bonne intention qu’on ait, il n’est pas possible d’y trouver son compte. […] On prétend que cette foule de dieux dans l’iliade, ne blesse pas l’unité d’une puissance supérieure ; qu’ils n’en sont que les différens attributs ; et que si le poëte les a personifiés, ce n’étoit que pour expliquer les opérations divines d’une maniere proportionnée à l’imagination humaine.

1627. (1868) Curiosités esthétiques « II. Salon de 1846 » pp. 77-198

Ce chef-d’œuvre, qui, selon moi, est supérieur aux meilleurs Véronèse, a besoin, pour être bien compris, d’une grande quiétude d’esprit et d’un jour très-doux. […] — S’il esquivait trop le détail de la ligne, et se contentait souvent du mouvement ou du contour général, si parfois ce dessin frisait le chic, — le goût minutieux de la nature, étudiée surtout dans ses effets lumineux, l’avait toujours sauvé et maintenu dans une région supérieure. […] Perèse lui est supérieur par l’invention. […] Gavarni, qui ne sont pourtant pas des génies supérieurs, l’ont bien compris : — celui-ci, le poëte du dandysme officiel ; celui-là, le poëte du dandysme hasardeux et d’occasion !

1628. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « L’obligation morale »

Quand une grandeur est tellement supérieure à une autre que celle-ci est négligeable par rapport à elle, les mathématiciens disent qu’elle est d’un autre ordre. […] Resterait alors à définir le moi supérieur devant lequel la personnalité moyenne s’incline. […] Ils se maintiendraient pourtant s’ils restaient unis ; mais, en raison même de leur tendance à affirmer leur individualité, il se trouvera un jour ou l’autre parmi eux des ambitieux qui prétendront être les maîtres et qui chercheront un appui dans la classe inférieure, surtout si celle-ci a déjà quelque part aux affaires : plus de supériorité native, alors, chez celui qui appartient à la classe supérieure ; le charme est rompu. […] Mais cette question ne comporte aucune réponse générale ; car le sacrifice de telle ou telle liberté, s’il est librement consenti par l’ensemble des citoyens, est encore de la liberté ; et surtout la liberté qui reste pourra être d’une qualité supérieure si la réforme accomplie dans le sens de l’égalité a donné une société où l’on respire mieux, où l’on éprouve plus de joie à agir.

1629. (1881) Le naturalisme au théatre

nous vivrons quand même, nous sommes supérieurs aux colères d’en bas. […] Il est supérieur à l’engouement et aux caprices. […] Henry Fouquier, il se déclare absolument satisfait ; notre théâtre contemporain l’enchante, il le trouve supérieur. […] Si vous ne pouvez pas établir cette comparaison, c’est qu’à notre époque le roman est supérieur et et que le drame est inférieur. […] La pièce restait tellement incompréhensible, qu’elle devait cacher quelque vérité supérieure.

1630. (1889) Impressions de théâtre. Troisième série

C’est, au fond, l’histoire d’un mari qui n’est pas aimé de sa femme et qui se fait aimer d’elle parce qu’il est plus fort qu’elle et qu’il lui apparaît un jour supérieur aux autres hommes. […] La comédie de Saurín, qui appartient d’ailleurs au même genre et à la même époque (1761), est fort supérieure, de toutes façons, à la rhapsodie de Poinsinet. […] Mais justement, c’est par là que la pièce est tout à fait supérieure. […] Elle nous ennoblit en nous faisant sentir, par la brusque révélation d’un intérêt supérieur, la médiocrité des petits intérêts journaliers. […] Elle paraît, et, tout de suite, elle conquiert les galeries supérieures.

1631. (1888) Études sur le XIXe siècle

Ce n’est pas tout : descendant du souci de l’espèce à celui de l’individu, j’ai pris la peine de vous persuader à chacun en particulier : si vous avez quelque difformité, que vous êtes encore, en somme, plus beau que la moyenne de vos congénères, ou plus spirituel, ou plus brave, bref, supérieur par un ou plusieurs points ; si vous êtes pauvre, que vous ne manquerez pas de vous enrichir grâces à vos prodigieuses facultés ; si vous êtes malheureux, que l’ordre des choses se modifiera de lui-même pour corriger votre condition ; si vous êtes sot, que vous ne l’êtes pas et que les autres le sont. […] Sur d’autres, sur des talents de moindre envergure ou de moindre portée, l’influence qu’elle a exercée a été plutôt bienfaisante ; peut-être a-t-elle poussé dans l’excentricité quelques honnêtes artistes qui, sans cela, auraient suivi la voie commune, et il est toujours mauvais pour des gens qu’aucune faculté supérieure ne distingue de chercher à sortir des sentiers battus ; mais, en revanche, elle a enseigné la poésie à un artiste comme Millais, qui, sans la Brotherhood, serait probablement demeuré un peintre exclusivement peintre, et à un portraitiste comme Richmond, qui, dans ses compositions, est aussi insignifiant qu’il est intuitif dans ses portraits. […] Très supérieur à Rossetti comme dessinateur, il a travaillé avec un soin infini le détail de ses tableaux : ainsi, pour le fond de l’Ombre de la Mort, qui représente les collines de Nazareth et les plaines de Jezréel, il a étudié le paysage jour par jour aux mêmes heures, avec l’ambition d’arriver à la plus grande exactitude possible ; il a passé plusieurs années à ce travail. […] Tronconi publia, sous le titre intraduisible de Caro Fuoco, une histoire d’amour très douce et très passionnante, d’un mérite artistique supérieur à celui des précédents ouvrages. […] « Je l’ai encore laissée adorer Armand Carrel, soit parce que je le crois infiniment supérieur à ses confrères républicains, soit parce qu’il est dangereux de détruire d’un seul coup tous les objets que notre âme est habituée à respecter, et auxquels se rattachent des sentiments généreux et de nobles pensées. » Son triomphe, du reste, était complet : « Tu penses que je m’occupe trop de politique, lui écrivait-on.

1632. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre III. L’Âge moderne (1801-1875) » pp. 388-524

Il n’y a rien de supérieur dans notre langue aux Méditations de Lamartine, à quelques-unes des grandes odes d’Hugo, — depuis les Deux Îles, 1824, jusqu’aux Mages, 1856, — ou aux Nuits d’Alfred de Musset. […] « Le poète, à son avis, devait voir les choses humaines comme on verrait un Dieu du haut de son Olympe, les réfléchir sans intérêt dans ses vagues prunelles, et leur donner, avec un détachement parfait, la vie supérieure de la forme » [Cf.  […] L’honneur de l’artiste est de se rendre supérieur, comme artiste, aux agitations ou aux occupations des autres hommes. […] 2º L’Homme et le Poète ; — et de quelques points de comparaison intéressants à relever entre Voltaire et Victor Hugo ; — dont le moins remarquable n’est pas l’habileté supérieure et le sens pratique, — avec lequel ils ont su gouverner leur fortune et leur vie. — Leur longévité ; — leur fécondité ; — leur universalité, — sont encore trois raisons pour lesquelles ils ont tous deux été le plus grand « littérateur » de leur siècle ; — quoique non pas le plus original. — Et ils ont enfin entre eux deux autres traits au moins de communs, — qui sont d’avoir su l’un et l’autre admirablement se plier aux exigences de l’opinion de leur temps ; — ce qui est le principe de leurs variations ; — et d’y avoir réussi grâce au même don de « virtuosité », — qui leur a permis de s’approprier les inventions ou les idées de leurs contemporains ; — pour les transformer, et les revêtir, l’un en prose et l’autre en vers, d’une expression définitive. — Que cette faculté d’appropriation est peut-être l’une des formes du génie même ; — et qu’en tout cas il semble qu’elle constitue la définition propre du talent. […] Notre-Dame de Paris, La Confession d’un enfant du siècle, Colomba], — le caractère, pour Flaubert et pour le naturalisme, — comme pour la science de son temps, — a consisté dans l’élément durable et permanent des choses changeantes. — On peut donc traiter l’aventure d’Emma Bovary comme on fait celle de la fille d’Hamilcar ; — et incarner, dans l’une comme dans l’autre, — tout un « moment » de l’histoire ; — toute une famille de femmes ; — et toute une civilisation. — C’est ce que Flaubert entend par la « solidité du dessous ». — Enfin, et en troisième lieu, il faut communiquer à l’œuvre « la vie supérieure de la forme » ; — par le moyen d’un style « rythmé comme le vers et précis comme le langage des sciences » ; — dont le pouvoir ait quelque chose d’intrinsèque ou d’existant par soi ; — « indépendamment de ce que l’on dit » ; — et dont la beauté propre ait quelque chose d’analogue à celle d’une ligne ; — qui est harmonieuse, gracieuse et voluptueuse en soi. — Et ce sont toutes ces exigences auxquelles s’est conformé Flaubert, — dans Salammbô comme dans Madame Bovary, et dans L’Éducation sentimentale comme dans La Tentation de saint Antoine.

1633. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1888 » pp. 231-328

— Pas d’œuvre supérieure, mais une bonne moyenne. […] Dimanche 21 octobre Huysmans nous raconte avoir passé, en curieux, dix-huit jours à Hambourg, dans le spectacle d’une prostitution, comme il n’y en a nulle part : une prostitution pour matelots, supérieure aux maisons Tellier du quartier Latin ; une prostitution pour banquiers, recrutée parmi des Hongroises de 15 ou 16 ans, et où l’on couche dans des chambres fleuries d’orchidées. […] Il déplore que nous n’ayons pas chacun de nous, un Eckermann, un individu sans vanité personnelle aucune, mettant, selon mon expression, tout ce qui flue de nous, dans les moments d’abandon ou de fouettage par la conversation : enfin toute cette expansion de cervelle ou de cœur, bien supérieure à ce que nous mettons dans nos livres, où l’expression de la pensée est, comme figée par l’imprimé.

1634. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Ma biographie »

Sainte-Beuve maître de conférences à l’École normale supérieure, afin d’utiliser ses services. […] Un portrait de son père, une miniature peinte en 1791 nous le représente avec des yeux bleus, le nez fort et fin qui, vu de profil, doit être recourbé, la narine bien ouverte ; la bouche, qui devait être grande, est fermée comme par une habitude naturelle : les deux lèvres, sans être serrées et plutôt souriantes, relevées dans les coins, forment une ligne fine et longue sur laquelle la lèvre supérieure seule a un peu de relief et de contour, marqués par une légère teinte rose.

1635. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LA FAYETTE » pp. 249-287

Mariée en 1655 au comte de La Fayette, ce qu’il y eut probablement de plus remarquable et de plus d’accord avec l’imagination dans ce mariage, ce fut qu’elle devint ainsi la belle-sœur de la Mère Angélique de La Fayette, supérieure du couvent de Chaillot, autrefois fille d’honneur d’Anne d’Autriche, et dont les parfaites amours avec Louis XIII composent un roman chaste et simple, tout semblable à ceux que représente Mme de Clèves. […] Mais, pour le coup, nous ne le discuterons pas, et ce roman est trop supérieur à tout ce qu’il a jamais écrit pour permettre d’hésiter.

1636. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre troisième. Les sensations — Chapitre II. Les sensations totales de la vue, de l’odorat, du goût, du toucher et leurs éléments » pp. 189-236

De son côté, la sensation d’ut comme celle de mi, est composée d’une sensation plus forte, celle d’ut ou de mi, et, en outre, d’autres sensations simultanées plus faibles, celles des harmoniques supérieures. […] Au contraire, les impressions du sens musculaire se propagent sans s’entrecroiser jusqu’à la partie supérieure de la moelle épinière ».

1637. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre troisième. La connaissance de l’esprit — Chapitre premier. La connaissance de l’esprit » pp. 199-245

Il nous reste donc l’idée d’un quelque chose interne, d’un dedans qui, à ce titre, s’oppose à tout le dehors, qui se rencontre toujours le même à tous les moments de la série, qui, par conséquent, dure et subsiste, qui, à cause de cela, nous semble d’importance supérieure et qui se rattache, comme des accessoires, les divers événements passagers. […] Telle est la suggestion ou induction spontanée ; elle se confirme et se précise peu à peu par des vérifications nombreuses. — En premier lieu, nous remarquons que ce corps se meut, non pas toujours de la même façon, par le contrecoup d’un choc mécanique, mais diversement, sans impulsion extérieure, vers un terme qui semble un but, comme se meut et se dirige le nôtre, ce qui nous porte à conjecturer en lui des intentions, des préférences, des idées motrices, une volonté comme en nous78. — En second lieu, surtout si c’est un animal d’espèce supérieure, nous lui voyons faire quantité d’actions dont nous trouvons en nous les analogues, crier, marcher, courir, se coucher, boire, manger, ce qui nous conduit à lui imputer des perceptions, idées, souvenirs, émotions, désirs semblables à ceux dont ces actions sont les effets chez nous. — En dernier lieu, nous soumettons notre conjecture à des épreuves.

1638. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIIe entretien. Littérature latine. Horace (1re partie) » pp. 337-410

Il quitta sa chère patrie pour aller chercher à Rome des écoles supérieures et des maîtres plus illustres dans les lettres et dans la philosophie. […] L’Inde, la Grèce et Rome leur reconnaissaient un rang social, inférieur aux femmes chastes légitimement mariées et mères de famille (matrones), mais supérieur aux femmes de débauche perdues dans la fange de la population des faubourgs.

1639. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIe entretien. L’Arioste (2e partie) » pp. 81-160

La description de l’asile qu’Angélique trouve chez un pasteur du voisinage est égale ou supérieure à la même scène décrite par le Tasse, quand Herminie se réfugie chez les bergers. […] « Je dois aussi insister sur l’emploi que vous pourrez avoir à faire des troupes qui sont confiées à votre direction supérieure.

1640. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIe entretien. L’Imitation de Jésus-Christ » pp. 97-176

Aucun bien temporel ne peut te rassasier, parce que tu as été créée pour des biens supérieurs. […] Que cela est grave, et que le fond de la sagesse divine est supérieur à notre vaine sagesse !

1641. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIIe entretien. Madame de Staël. Suite. »

Constant était un homme d’un esprit trop supérieur pour qu’on pût s’en prendre à une femme de ses opinions, et que d’ailleurs le discours dont il s’agissait ne contenait absolument que des réflexions sur l’indépendance dont toute assemblée délibérante doit jouir, et qu’il n’y avait pas une parole qui dût blesser le premier consul personnellement. […] « Un homme d’un esprit supérieur disait que la prose était factice, et la poésie naturelle : en effet les nations peu civilisées commencent toujours par la poésie, et dès qu’une passion forte agite l’âme, les hommes les plus vulgaires se servent, à leur insu d’images et de métaphores ; ils appellent à leur secours la nature extérieure pour exprimer ce qui se passe en eux d’inexprimable.

1642. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre neuvième »

C’est pourtant moins un modèle qu’une indication supérieure de la vraie comédie. […] Il se fatigue des mêmes types ; c’est le hasard d’un acteur supérieur qui de loin en loin les rajeunit.

1643. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VIII. La littérature et la vie politique » pp. 191-229

Car le duc de Guise était un des plus grands personnages de son temps, avec des talents supérieurs auxquels il ne manqua que d’oser pour commencer dès lors la quatrième dynastie. […] Je n’ai plus qu’à redire ce qu’on peut du moins pressentir : à savoir que le régime démocratique, une fois établi, consolidé, organisé, sera, comme les autres, et probablement plus que les autres, parce que la sélection du talent s’opérera sur un beaucoup plus grand nombre de cerveaux, paré et couronné d’une littérature qui exprimera de façon supérieure l’équilibre retrouvé par la société.

1644. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre deuxième. L’idée de l’espace. Son origine et son action »

Dire que nous en devons la connaissance à la forme native de notre expérience, c’est ou une tautologie, si on veut dire que nous percevons l’étendue parce que nous sommes faits de manière à la percevoir, ou de la mythologie, si on suppose je ne sais quelle forme venue d’une source supérieure à l’expérience, et qui, pourtant, ne serait pas l’expérience, mais une condition antérieure à l’expérience, condition dont nous ne pouvons cependant avoir connaissance que dans son application à l’expérience, etc. […] Selon Sergi, l’attention ne serait que la délimitation plus grande de l’onde nerveuse diffuse, son degré de différenciation supérieure : c’est là ne voir que l’effet passif.

1645. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre neuvième. Les idées philosophiques et sociales dans la poésie (suite). Les successeurs d’Hugo »

Edmond Clay, si elle n’est sanctifiée par la sagesse, est en effet chose vile ; et, si les parents n’avaient d’autre titre que celui-là au respect de leurs enfants, c’est au mépris de leurs enfants qu’ils auraient logiquement droit. » — Mais, répondrons-nous, les autres titres au respect et à l’affection ne manquent pas, sans qu’on ait besoin de les demander à « la sagesse » ; il n’y a rien de méprisable dans l’amour même qui unit deux êtres, et qui a en vue de perpétuer dans un autre être toutes les qualités supérieures de la race humaine. […] Il en serait des êtres comme des nombres, comme des fractions par exemple, qui, selon le hasard de deux facteurs primitifs, tantôt s’étalent, tantôt ne s’étalent pas en périodes régulières249. » Les formules de Taine sont bien supérieures à celles de M. 

1646. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIIe entretien » pp. 87-159

Ses contes sont infiniment supérieurs par la versification, mais ils sont obscènes quand ses modèles italiens ne sont que glissants. […] Il était dans la nature que ces foules convoquées dans les temples, au pied de ces tribunes, y prissent l’habitude d’un certain discernement des choses d’esprit ; qu’un orateur leur parût supérieur à un autre ; qu’un langage leur fût fastidieux, un autre langage sympathique ; qu’elles s’entretinssent en sortant du temple des impressions qu’elles avaient reçues ; que leur intelligence et leur oreille se façonnassent insensiblement à la langue, aux idées, à l’art de ces harangues sacrées, et qu’entrées sans lettres dans ces portiques de la philosophie des prédicateurs chrétiens, elles n’en sortissent pas illettrées.

1647. (1857) Cours familier de littérature. III « XIIIe entretien. Racine. — Athalie » pp. 5-80

Bajazet offre des beautés supérieures, mais corrompues par la ridicule application des mœurs galantes d’une cour française aux mœurs des Ottomans. […] Peut-on dire qu’avec ces trois causes d’infériorité relative dans le cadre même de son œuvre, le poète épique, qui peint et qui chante la nature entière et l’homme tout entier, n’est pas supérieur, non pas en génie, mais en genre et en charme au poète de théâtre ?

1648. (1868) Curiosités esthétiques « I. Salon de 1845 » pp. 1-76

Janmot, de lire dans le livret le sujet d’un autre tableau : Assomption de la Vierge — partie supérieure : — la sainte Vierge est entourée d’anges dont les deux principaux représentent la Chasteté et l’Harmonie. […] Tissier est vraiment coloriste, mais n’est peut-être que cela ; — c’est pourquoi son portrait de femme, qui est d’une couleur distinguée et dans une gamme de ton très-grise, est supérieur à son tableau de religion.

1649. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Histoire littéraire de la France. Ouvrage commencé par les Bénédictins et continué par des membres de l’Institut. (Tome XII, 1853.) » pp. 273-290

Successivement placé à l’abbaye de Saint-Florent de Saumur, au monastère de Saint-Cyprien de Poitiers, et à Paris aux Blancs-Manteaux, il méditait des projets d’histoire littéraire ecclésiastique ; ses supérieurs, reconnaissant sa vocation, l’appliquaient à des recherches de ce genre, et ce ne fut qu’après s’être vu délivré de ces premiers engagements qu’il conçut de lui-même le projet de se consacrer à l’histoire littéraire générale de la France.

1650. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — I. » pp. 19-35

L’idée de Dieu, c’est-à-dire d’une cause supérieure et première qui nous domine et nous environne, est une idée toute naturelle et selon la perspective humaine de tous les temps.

1651. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — III. (Fin.) » pp. 162-179

Supérieur à Sully comme négociateur, il semble qu’il ait été moins bon ministre des finances.

1652. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Bossuet. Lettres sur Bossuet à un homme d’État, par M. Poujoulat, 1854. — Portrait de Bossuet, par M. de Lamartine, dans Le Civilisateur, 1854. — I. » pp. 180-197

Pourquoi M. de Lamartine, qui trouve au passage de ces vues charmantes et de ces aperçus d’un biographe supérieur, les laisse-t-il fuir par négligence, et les gâte-t-il presque aussitôt ?

1653. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. (Tome XII) » pp. 157-172

Prenez les historiens les plus divers de ton et de caractère, « Thucydide, Xénophon, Polybe, Tive-Live, Salluste, César, Tacite, Commynes, Guichardin, Machiavel, Saint-Simon, Frédéric le Grand, Napoléon » ; ces hommes si diversement supérieurs et si grands historiens chacun dans son genre, ont tous en commun une qualité principale et la plus sûre de toutes, et cette qualité, c’est l’intelligence.

1654. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — I » pp. 39-56

Les maréchaux de Lorges, de Choiseul, de Joyeuse, toute cette monnaie de M. de Turenne, paraissent au-dessous des commandements supérieurs, auxquels le courage seul et les qualités secondaires ne suffisent pas.

1655. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « L’abbé de Marolles ou le curieux — I » pp. 107-125

Tel qui se croyait alors bien supérieur à lui se trouve aujourd’hui de beaucoup son inférieur, au compte de la postérité.

1656. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance de Buffon, publiée par M. Nadault de Buffon » pp. 320-337

Ce fils, jeune officier aux Gardes, qui paraît avoir été assez aimable et gracieux, et d’un bon naturel sans rien de supérieur, l’occupe constamment ; il veille sur son avancement, sur sa santé, sur ses plaisirs.

1657. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Œuvres de Maurice de Guérin, publiées par M. Trébutien — I » pp. 1-17

Dans l’intervalle cependant, il y a cinq ans de cela, avaient paru, mais sous la réserve encore d’une demi-publicité, les Reliques d’une sœur du poète, Eugénie de Guérin, son égale, sinon sa supérieure en talent et en âme1.

1658. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance de Voltaire avec la duchesse de Saxe-Golha et autres lettres de lui inédites, publiées par MM. Évariste, Bavoux et Alphonse François. Œuvres et correspondance inédites de J-J. Rousseau, publiées par M. G. Streckeisen-Moultou. — II » pp. 231-245

Et sur la terre même, d’où vient la succession, la régularité des saisons ; et dans les végétaux, dans les corps organisés, cet ensemble de lois mystérieuses et manifestes qui y président et qui constituent la vie ; et ces mouvements d’un ordre supérieur et singulier, cette activité spontanée des animaux ; et nos propres sensations à nous, et ce pouvoir de penser, de vouloir et d’agir que je sens en moi ?

1659. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mémoires pour servir a l’histoire de mon temps. Par M. Guizot »

Molé, avec infiniment moins de talent et de science que messieurs les doctrinaires, était par l’esprit plus homme d’État qu’eux, et avait des parties supérieures pour le gouvernement, l’art de concilier et de gagner, le ménagement des hommes, le sentiment et le tact des situations.

1660. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Essais de politique et de littérature. Par M. Prevost-Paradol. »

Il y aurait eu sans doute (et tous ces hommes supérieurs ou distingués nous en sont la preuve), il y aurait eu pour M. 

1661. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. (Suite.) » pp. 52-72

n’a-t-il donc pas lu Aristote, parlant de la sagesse de cette Constitution qu’il compare à celle de Lacédémone et au gouvernement de Crète, et qui les trouve tous trois supérieurs à tous les gouvernements connus : « Les Carthaginois en particulier, dit-il, possèdent des institutions excellentes, et ce qui prouve bien la sagesse de leur Constitution, c’est que, malgré la part de pouvoir qu’elle accorde au peuple, on n’a jamais vu à Carthage, chose remarquable !

1662. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Daphnis et Chloé. Traduction d’Amyot et de courier »

Voltaire, qui devinait si juste là même où il ne savait pas, a très-bien dit : « Ce Théocrite, à mon sens, était supérieur à Virgile en fait d’églogue10 ».

1663. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Octave Feuillet »

Et ici je désire être bien compris : j’admets tout à fait qu’une jeune femme, une jeune fille merveilleusement douée, esprit supérieur et gracieux, âme pure, apporte avec elle une joie légère, un charme qui opère insensiblement ; mais il ne faut pas forcer ce charme et lui demander plus qu’il ne peut.

1664. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, — Antiquité et Moyen Âge — Par M. J. Zeller. »

Créateur pur, il est infiniment supérieur au Dieu des philosophes, premier moteur et simple ordonnateur du monde, et qui avait trouvé une matière toute faite : le Dieu de nos pères et celui de Bossuet a tout fait, la matière et la forme, l’ordre et le fond : il ne lui en a coûté qu’un mot.

1665. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire des cabinets de l’Europe pendant le Consulat et l’Empire, par M. Armand Lefebvre. »

Il faisait comme un général habile et prudent qui, se sentant coupé ou débordé par des forces supérieures et hors d’état pour le moment de tenir campagne, occupe les points essentiels, quelques places fortes, et abandonne le reste du pays, sauf à rejoindre plus tard ses garnisons et à rétablir ses communications dès qu’il le pourra.

1666. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les cinq derniers mois de la vie de Racine. (suite et fin.) »

L’Épigramme proprement dite n’est pas le fait de Boileau, supérieur dans la Satire et dans l’Épître.

1667. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Gisors (1732-1758) : Étude historique, par M. Camille Rousset. »

Continuez, monsieur, d’être supérieur à ce qui a énervé, abattu, anéanti tant d’hommes ; soyez toujours ce fils, cet époux, cet ami que vous êtes ; faites voir à un siècle qui semble l’ignorer que l’on peut être très sage, très appliqué, et en même temps infiniment aimable.

1668. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. EDGAR QUINET.— Napoléon, poëme. — » pp. 307-326

Quinet quelques-unes des théories sur lesquelles il s’est fondé dans la composition de son poëme, avant d’en venir aux beautés réelles et d’un ordre supérieur que j’aurai à signaler en plus d’un point de l’exécution.

1669. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Racine — II »

Son génie, naturellement recueilli et paisible, eût-il suffi à cette intensité d’action que réclame notre curiosité blasée, à cette vérité réelle dans les mœurs et dans les caractères qui devient indispensable après une époque de grande révolution, à cette philosophie supérieure qui donne à tout cela un sens, et fait de l’action autre chose qu’un imbroglio, de la couleur historique autre chose qu’un badigeonnage ?

1670. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Jean-Baptiste Rousseau »

Il appelle Gresset un génie supérieur, et ne le chicane que sur ses rimes : Des Fontaines se croit obligé de l’avertir que c’est aller un peu trop loin.

1671. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre quatrième. Les conditions physiques des événements moraux — Chapitre II. Rapports des fonctions des centres nerveux et des événements moraux » pp. 317-336

Car, les deux événements étant irréductibles entre eux par nature, ils forment deux mondes à part, isolés ; nous excluons par hypothèse tout événement plus général dont ils seraient des formes distinctes et des cas particuliers ; nous déclarons d’avance que leur nature ne fournit rien qui puisse fonder leur dépendance réciproque ; nous sommes donc obligés, pour expliquer cette dépendance, de chercher au-delà de leur nature, partant au-delà de toute la nature, puisqu’ils font à eux deux toute la nature, par conséquent enfin dans le surnaturel ; ainsi nous devrons appeler à notre aide un miracle, l’intervention d’un être supérieur.

1672. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre III. Poésie érudite et artistique (depuis 1550) — Chapitre II. Les tempéraments »

Ils n’apportent rien qui ne soit en lui, à un degré supérieur.

1673. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Les deux Tartuffe. » pp. 338-363

Et sans doute, dans son tête-à-tête avec Elmire, il débute assez lourdement par l’emploi du « jargon de la dévotion » ; mais, insensiblement, il sait tourner ce jargon en caresse, et le rapproche enfin de la langue vaguement idéaliste que l’amour devait parler, cent cinquante ans après Molière, dans des poésies et romans romanesques et qui a plu si longtemps aux femmes… Mais, en outre, il a de la finesse et de l’esprit, et des ironies, et des airs détachés qui sentent leur homme supérieur et qui sont d’un véritable artiste en corruption.

1674. (1914) Enquête : L’Académie française (Les Marges)

Rachilde L’Académie française n’est pas une réunion de gens de lettres de talent plus ou moins supérieur.

1675. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Oscar Wilde à Paris » pp. 125-145

« L’Art, disait-il, est supérieur à la Nature qui se répète.

1676. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre V. Premiers aphorismes de Jésus. — Ses idées d’un Dieu Père et d’une religion pure  Premiers disciples. »

Jésus adopta presque tout cet enseignement oral, mais en le pénétrant d’un esprit supérieur 229.

1677. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Mme de Graffigny, ou Voltaire à Cirey. » pp. 208-225

C’est là que cette femme singulière, et supérieure bien plus qu’aimable, passait les nuits à l’étude, à approfondir la géométrie et à écrire sur la physique.

1678. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Les Gaietés champêtres, par M. Jules Janin. » pp. 23-39

Il se prenait en détail dans chaque élément constitutif du genre et se confrontait avec quelqu’un des romanciers du jour qu’il reconnaissait supérieurs.

1679. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Les regrets. » pp. 397-413

Hommes de la génération de 1830, tombés en 1848, désormais évincés et très ajournés, vous qui vous êtes toujours piqués de tout comprendre dans l’histoire, et qui, par l’étude, par les idées, par une habituelle et libre ouverture de l’intelligence, vous êtes crus et êtes, en effet, si supérieurs aux plus hommes d’esprit de cette race de 1815, n’admettez en vous trop longtemps aucun grain d’aigreur et d’amertume, aucun levain pareil au leur et qui est de nature à se loger si aisément au cœur de l’homme.

1680. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Ducis. » pp. 456-473

Mais, même avant Talma, et du temps de Brizard ou de Larive, La Harpe sentait bien qu’il y avait là-dessous une force supérieure cachée : « C’est bien heureux, disait-il en parlant de Ducis, que cet homme n’ait pas le sens commun ; il nous écraserait tous. » Personne ne fit, dans le temps, à Ducis les vraies objections ; on lui reprochait de trop imiter Shakespeare, et non pas de l’imiter mal.

1681. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « L’abbé Barthélemy. — II. (Fin.) » pp. 206-223

Un employé, Tobiezen-Dubi, dénonça tous ses supérieurs, et sa délation fit foi.

1682. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — I. La métaphysique spiritualiste au xixe  siècle — Chapitre I : Principe de la métaphysique spiritualiste »

Un être qui fuit et s’écoule sans cesse, un être qui ne peut jamais s’arrêter ni se contenir, et à ce point de vue on peut dire que cet être lui-même n’est encore qu’un phénomène ; mais c’est un phénomène d’un ordre supérieur, puisqu’il est le lien et le centre de tous les autres phénomènes qui composent notre vie.

1683. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Observations générales, sur, l’art dramatique. » pp. 39-63

L’art consiste à couvrir ce défaut par des beautés d’un ordre supérieur.

1684. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Du Rameau » pp. 288-298

La partie supérieure de la figure est dans la demi-teinte, le reste est éclairé. à droite du lit sur une petite estrade de bois, la crosse, la mitre et l’étole. à gauche, deux prêtres qui administrent l’extrême-onction ; celui qui est sur le devant touche de l’huile sainte les pieds du saint moribond qui sont découverts.

1685. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Préface de la seconde édition »

C’était se méprendre singulièrement sur le sens et la portée de cette assimilation, dont l’objet n’est pas de ravaler les formes supérieures de l’être aux formes inférieures, mais, au contraire, de revendiquer pour les premières un degré de réalité au moins égal à celui que tout le monde reconnaît aux secondes.

1686. (1912) L’art de lire « Chapitre IV. Les pièces de théâtre »

Et les premières sont celles qui sont supérieures au talent des acteurs et que, par conséquent, les acteurs déparent et dégradent : tous les grands chefs-d’œuvre classiques sont dans cette classe.

1687. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre V. Mme George Sand jugée par elle-même »

. — Mme Sand, — talent relativement supérieur, je l’accorde, — durera-t-elle assez pour que cette argile de la célébrité se durcisse au souffle du temps et devienne le marbre de la gloire ?

1688. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Maurice Rollinat »

Inférieur à Baudelaire pour la correction lucide et la patience de la lime qui le font irréprochable, Rollinat pourrait bien lui être supérieur ainsi qu’à Edgar Poe par la sincérité et la profondeur de son diabolisme.

1689. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Gustave Droz » pp. 189-211

Et non seulement la femme du roman, l’héroïne du roman, n’aime point le prêtre qui est l’être supérieur du roman, comme elle en est l’être charmant ; mais elle aime son propre mari comme une honnête femme… qu’elle n’est pas cependant ; car pour être une honnête femme, dans la santé splendide de cœur et d’esprit que ce simple mot exprime, il ne faut pas mêler à son amour les idées et les dépravations qu’une société vicieuse a fait pénétrer dans les âmes ; or, c’est ainsi que madame de Manteigney aime son mari dans ce roman.

1690. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VIII : M. Cousin érudit et philologue »

Cousin s’enfonce dans ces noires galeries, il songe au retour, et d’un élan, sans qu’on s’y attende, le voilà remonté dans la philosophie, dans la haute histoire, dans le grand style, dans le monde supérieur où il eût dû toujours vivre, et qui est le seul digne de sa science et de son talent.

1691. (1923) Au service de la déesse

On peut supposer aussi que le supérieur des Missions étrangères eut à s’occuper de la Louisiane : seulement, on ne sait pas qu’il y fût allé. […] Mais l’abbé Louis Tiberge, s’il a cessé en 1722 d’être supérieur des Missions, il faudrait qu’il eût été supérieur des Missions à vingt ans ! […] … Le néo-darwinisme serait-il une science indépendante des faits, supérieure à eux et qui se passe de leur secours et même de leur assentiment ? […] Pierre Hamp déclare supérieur à Vatel. […] Pierre Hamp déclare le céramiste supérieur au cuisinier, mais pour une fine raison de qualité morale.

1692. (1892) Portraits d’écrivains. Première série pp. -328

L’honneur, dans son caractère indéfini, est quelque chose de supérieur à la loi et à la morale ; on ne le raisonne pas, on le sent. […] En vue de l’œuvre commune, et en considération d’un intérêt supérieur, ils ont fait abdication de leur nature propre, et chacun a renoncé à être lui-même. […] Les naturalistes réclament pour eux le droit qu’a le savant de tout dire et de tout peindre sans aucune préoccupation de morale et au nom d’un intérêt supérieur. […] Ils ont commis, au nom des intérêts supérieurs de l’art, de petites vilenies, restées d’ailleurs sans effet, parce que les auteurs étaient sans talent. […] « Par un k, monsieur le supérieur, par un k !

1693. (1912) Pages de critique et de doctrine. Vol I, « I. Notes de rhétorique contemporaine », « II. Notes de critique psychologique »

J’ai toujours aimé, chez les autres, ces sortes d’ouvrages, dont le type supérieur serait, — si parva licet…, — les Lundis de Sainte-Beuve et les Essais de Montaigne. […] Ce politicien, ce peintre, ce savant n’ont-ils pas manifesté une maîtrise d’artistes supérieurs, sur le terrain le plus étranger à leur génie habituel, au rebours de tous les systèmes, par-dessus toutes les frontières des genres et des esprits ? […] L’art des grands maîtres de l’Italie, un Morone, un Torbido, un Cariani, n’est pas supérieur. […] Non seulement elle était supérieure à celle de la plupart des hommes, — mais aussi en un certain sens elle était autre. […] C’est toujours, toujours le vers de Virgile, plus cruellement vrai de nos jours pour tant d’hommes supérieurs : … Si qua fata aspera rumpas.

1694. (1897) Aspects pp. -215

— D’abord la Gouvernance extraite de deux cages à anthropopithèques où tout Gorille qui sait simuler, grimacer, glapir de façon supérieure a sa place marquée : les élus parmi les élus. […] Se croire si supérieur, c’est former une Académie : la corporation du verbe — et c’est passablement absurde. […] Et tout individu, qui agit selon ses besoins et ses facultés, comme son frère, différent de lui, agit selon d’autres besoins et d’autres facultés, est l’égal de celui-ci : nullement son supérieur. […] Ils s’y sont révélés comme des reporters supérieurs. […] Et, grâce à l’estime mutuelle qu’ils se vouent, ils finissent par accepter la vie difficile, contents d’avoir acquis une conscience supérieure.

1695. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Littré. »

Littré, en compagnie d’un ancien ami, consent à ôter sa ceinture, à défendre tous ses systèmes, à se conformer à cette nature d’esprit de M. de Sacy, qu’il définit « exclusive à la fois et tolérante », et à n’être plus qu’un Rollin supérieur et souriant. […] Il est, par ce dernier point, incomparablement supérieur à l’Académie, qui aura désormais à profiler de son travail, sinon de sa méthode.

1696. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Madame de Verdelin  »

On a droit de s’étonner encore que ce divin poète de la tendresse et des sentiments fins, qui a su fouiller et démêler les plus secrets ressorts des passions et lire au cœur d’Hermione et de Phèdre comme à celui de Bérénice et de Monime, n’ait pas eu autour de lui plus d’échos dans des âmes féminines distinguées, qu’il n’ait pas attiré et recueilli plus de tendresses avouées et déclarées, de ces éternelles reconnaissances de femmes pour le poète supérieur qui les a une fois devinées et enchantées pour toujours. […] En un mot, Mme de Verdelin, qui n’est pas un esprit supérieur ni une âme brûlante, est et reste pour nous une très aimable femme, une agréable connaissance, et il nous semble à nous-mêmes que nous l’ayons eue pour voisine autrefois80.

1697. (1875) Premiers lundis. Tome III « Du point de départ et des origines de la langue et de la littérature française »

Ce sont des textes tels quels, en gros, qu’ils reproduisent, qu’ils finissent par comprendre à force d’en copier, mais dans l’examen desquels ils n’apportent aucune vue philologique subtile et fine, ou supérieure. […] Je me range à sa manière de voir, et j’ajoute avec lui que les limites des trois dialectes picard, normand et bourguignon, ne correspondaient point avec exactitude aux limites politiques des provinces dans lesquelles on les parlait. » C’est là, après quinze ans d’intervalle et dans des études encore si mobiles, une confirmation remarquable, et qui montre que Fallot avait eu le coup d’œil supérieur.

1698. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre II. La vie de salon. »

À cet égard, tel salon « de la très bonne compagnie » est un tribunal supérieur où l’on juge en dernier ressort266. […] J’en prends une au hasard, un duel entre deux princes du sang, le comte d’Artois et le duc de Bourbon ; celui-ci étant l’offensé, l’autre, son supérieur, était tenu de lui offrir une rencontre269. « Dès que M. le comte d’Artois l’a vu, il a sauté à terre, et, allant droit à lui, il lui a dit d’un air souriant : — Monsieur, le public prétend que nous nous cherchons.

1699. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIIe entretien. Littérature politique. Machiavel (2e partie) » pp. 321-414

Ce serviteur des serviteurs de Dieu imprime d’avance un respect surnaturel aux barbares ; ils fléchiront d’autant plus le genou devant lui qu’ils le trouveront pauvre et désarmé ; ils verront un Dieu dans ce vieillard bénissant tout le monde au nom d’un maître supérieur aux vicissitudes des empires ; il nommera ces barbares ses enfants, et ces barbares verront dans ce vieillard leur père ; ils se convertiront peu à peu à une foi qui leur laisse posséder le monde, qui n’a que des armées d’anges, et qui n’a d’ambition qu’au ciel ; ils lui concéderont sur la capitale de l’Italie, que ce vieillard habite, un empire des ruines ; ils y laisseront éclore lentement l’œuf du christianisme couvé par les barbares dans le nid abandonné de l’aigle romaine. […] Le peuple, excité par l’insolence des nobles, se soulève : un Doria est tué sur la place du Marché ; il saccage et brûle les palais des nobles ; il nomme un doge, un ouvrier en soie, Paul de Novi, homme supérieur, par son esprit cultivé, à sa condition, et opposé aux Français.

1700. (1860) Cours familier de littérature. X « LVe entretien. L’Arioste (1re partie) » pp. 5-80

Un homme bien supérieur à nous, Voltaire lui-même, quoique coupable d’une débauche d’esprit bien autrement cynique et bien autrement répréhensible dans son poème de la Pucelle, avait commencé, comme nous, par mépriser l’Arioste sur parole ; mais quand il eut vieilli, quand il eut essayé vainement lui-même d’imiter et d’égaler cet inimitable modèle de plaisanterie poétique, il changea d’avis ; il se reconnut vaincu, il écrivit les lignes suivantes en humiliation et en réparation de ses torts : « Le roman de l’Arioste, dit-il dans son examen des épopées immortelles, est si plein et si varié, si fécond en beautés de tous les genres, qu’il m’est arrivé plusieurs fois, après l’avoir lu tout entier, de n’avoir d’autre désir que d’en recommencer la lecture. […] La jeune comtesse Héléna G***, fille du prince G*** des États-Romains, était veuve d’un officier supérieur des armées italiennes, mort de ses blessures en Espagne.

1701. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre V. Jean-Jacques Rousseau »

Car l’homme civil, d’un certain point de vue, est supérieur à l’homme de la nature. […] Montesquieu lui offrait son sauvage timide et innocent, et lui montrait l’inégalité s’établissant avec la société : de lui aussi, et de Bossuet, et de Hobbes, Rousseau emportait la doctrine que tous les droits ont leur origine, leur fondement dans la société, que l’homme les tient tous de son consentement, et n’en a point d’antérieurs ou de supérieurs.

1702. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre sixième »

L’autre est Beaumarchais chez qui tout sent l’aventurier, même les bonnes actions, même l’honnêteté, qui eut ses heures dans cette vie singulière ; auteur comme on est homme d’affaires, qui fit, entre autres spéculations heureuses, deux ouvrages supérieurs. […] Mélange d’habileté et d’audace, d’impudence et de discrétion, honnête homme qui ne veut pas l’être jusqu’à la duperie, Figaro est un type, cher à la France, de l’enfant de ses œuvres faisant son chemin parmi ceux « qui n’ont eu que la peine de naître », de l’inférieur qui défend son bien contre le supérieur, de l’esprit qui bat le privilège.

1703. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VII »

Il a démontré que les artistes français pouvaient donner de l’opéra Lohengrin une exécution supérieure sous plusieurs rapports à celles des premiers théâtres de l’Allemagne. […] Il apparaît, su moins dans ses secondes supérieures répétées, pour souligner l’effarement des écuyers quand Parsifal tue le cygne, et celui des Filles-Heurs quand il massacre les chevaliers.

1704. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « IX »

Je crois même que cette préoccupation du poème spécial qu’il avait en vue est un défaut dans ce beau livre, que Wagner nomme son Testament98, et que l’Œuvre d’art de l’avenir, écrit à un moment où le Ring est moins au premier plan de ses pensées, lui est sous plusieurs rapports supérieur. […] Ils les souhaitent pourtant, ils les veulent, car il est de moralité supérieure que Wagner soit représenté en France, et que le maître du drame musical ait sa place au soleil, non moins que les Ohnet de l’orchestre et les Montépin de l’harmonie.

1705. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1864 » pp. 173-235

Il gravit encore avec un effort infini le grand escalier, au milieu duquel, s’arrêtant las, il nous charge de parcourir les étages supérieurs, et de les lui raconter. […] « Puis, ajoute-t-il, là-bas tout grade supérieur dans l’armée est regardé comme une position à exploiter », et il nous assure qu’au siège de Puebla, Ortéga vendait de la farine à notre armée… » Au milieu de la causerie, Girardin entre dans le salon, tout rajeuni.

1706. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1869 » pp. 253-317

Je l’examine de près, la vitre a coupé la paupière supérieure et inférieure de l’œil droit. […] C’était tout ignoré et tout nouveau en nous, cette appréciation de la belle ligne d’une plante, de la qualité distinguée de sa feuille, de son aristocratie, pour ainsi dire ; car la nature a, comme l’humanité, ses êtres préférés, caressés, auxquels elle donne une beauté spéciale et supérieure.

1707. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1872 » pp. 3-70

……………………………………………………………………………………………………… Des vers de Molière, la conversation, remonte à Aristophane, et Tourguéneff, laissant éclater tout son enthousiasme pour ce père du rire, et pour cette faculté qu’il place si haut, et qu’il n’accorde qu’à deux ou trois hommes dans l’humanité, s’écrie avec des lèvres humides de désir : « Pensez-vous, si l’on retrouvait la pièce perdue de Cratinus, la pièce jugée supérieure à celle d’Aristophane, la pièce considérée par les Grecs comme le chef-d’œuvre du comique, enfin la pièce de La Bouteille, faite par ce vieil ivrogne d’Athènes… pour moi, je ne sais pas ce que je donnerais… non je ne sais pas, je crois bien que je donnerais tout. » Au sortir de table, Théo s’affale sur un divan, en disant : « Au fond, rien ne m’intéresse plus… il me semble que je ne suis plus un contemporain… je suis tout disposé à parler de moi, à la troisième personne, avec les aoristes des prétérits trépassés… j’ai comme le sentiment d’être déjà mort… — Moi, reprend Tourguéneff, c’est un autre sentiment… Vous savez, quelquefois, il y a, dans un appartement une imperceptible odeur de musc, qu’on ne peut chasser, faire disparaître… Eh bien, il y a, autour de moi, comme une odeur de mort, de néant, de dissolution. » Il ajoute, après un silence : « L’explication de cela, je crois la trouver dans un fait, dans l’impuissance maintenant absolue d’aimer, je n’en suis plus capable, alors vous comprenez… c’est la mort. » Et comme, Flaubert et moi, contestons pour des lettrés, l’importance de l’amour, le romancier russe s’écrie, dans un geste qui laisse tomber ses bras à terre : « Moi, ma vie est saturée de féminilité. […] C’est lui, qui s’est fait machiner, pour sa chambre à coucher, un clair de lune d’opéra, supérieur à tous les clairs de lune, de main d’homme, — un clair de lune qui a coûté 750 000 francs.

1708. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1874 » pp. 106-168

C’était la faculté supérieure de ce petit cerveau, une faculté anormale, et les facultés anormales d’un cerveau, quelles qu’elles soient, sont toujours menacées d’une méningite. […] Cela ferait une assez belle image, dans un bouquin supérieur.

1709. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre II. Les génies »

Peut-être a-t-il parlé dans les roseaux à Oannès, l’homme-poisson de la Chaldée, qui avait deux têtes, en haut une tête d’homme, en bas une tête d’hydre, et qui, buvant le chaos par sa gueule inférieure, le revomissait sur la terre par sa bouche supérieure, en science terrible. […] Donc, dans la région supérieure de la poésie et de la pensée, il y a Homère, Job, Eschyle, Isaïe, Ezechiel, Lucrèce, Juvénal, Tacite, Jean de Pathmos, Paul de Damas, Dante, Rabelais, Cervantes, Shakespeare.

1710. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIe entretien » pp. 5-85

Il est évident pour quiconque a habité une partie de sa vie cette terre et fréquenté ses esprits supérieurs, que ce niveau n’a pas baissé non plus de Dante, de Machiavel, de Pétrarque, de Tasse à aujourd’hui. […] Deux couplets ajoutés à la Marseillaise, l’un contre les classes supérieures, l’autre contre les propriétés, auraient fait l’affaire.

1711. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXe entretien. Dante. Deuxième partie » pp. 81-160

. — Telle qu’une mère paraît sévère à son fils, telle elle me paraissait alors, parce que la saveur d’une compassion supérieure est mêlée d’une certaine amertume ; — comme la neige soufflée et amoncelée par les vents du nord se congèle sur les épaules de l’Italie, — puis, liquéfiée, se fond sous elle-même, lorsque la terre qu’elle ne recouvre plus l’amollit de sa respiration, comme la cire se fond à la flamme ; — ainsi restai-je sans larmes ni soupirs avant d’avoir entendu le chant de ceux qui accompagnaient toujours de leur harmonie les évolutions des astres éternels. […] » XXV En effet, jusqu’à la fin du dernier chant, son poème, sans action, sans drame, et par conséquent sans dénouement, n’est plus qu’un éblouissement d’étincelles, de feux, de flammes, de lueurs, d’ailes, de fleurs volantes, de trinités lumineuses, resplendissantes dans une seule étoile, de visages rayonnants d’auréoles, de cercles inférieurs se fondant dans d’autres cercles supérieurs, comme les plans superposés de bienheureux échelonnés par tous les peintres d’apothéoses dans les dômes des cathédrales ; saint Bernard, la Vierge Marie, Rachel, Sara, Rebecca, Judith, saint Jean, saint Benoît, saint Augustin, saint Pierre, sainte Anne, Ésaü, Jacob, Moïse, sainte Lucie, patronne de Palerme, y chantent des Hosanna éternels.

1712. (1884) Articles. Revue des deux mondes

S’il est téméraire d’affirmer que les modernes soient supérieurs aux anciens dans la littérature et dans l’art, le progrès dans les sciences positives ne semble pouvoir être raisonnablement mis en doute. […] Deux mots seulement, γένος et είδος, sont à sa disposition pour désigner les nombreux échelons de la hiérarchie animale ; en sorte que ce qui est espèce relativement à un groupe supérieur ou genre, est genre à son tour relativement à des groupes d’importance moindre.

1713. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Chapitre II. De la multiplicité des états de conscience. L’idée de durée »

Parce que chacun des pas d’Achille et chacun des pas de la tortue sont des indivisibles en tant que mouvements, et des grandeurs différentes en tant qu’espace : de sorte que l’addition ne tardera pas à donner, pour l’espace parcouru par Achille, une longueur supérieure à la somme de l’espace parcouru par la tortue et de l’avance qu’elle avait sur lui. […] Mais rien n’empêche de supposer les points M′ et M″ plus rapprochés encore du point M, et l’on conçoit qu’il faille alors remplacer vk et vp par deux nouvelles vitesses vj et vn, l’une supérieure à vh, l’autre inférieure à vp.

1714. (1903) La renaissance classique pp. -

Ils ne se rendaient pas compte que ni les sociétés ni les individus ne se gouvernent d’après des principes abstraits, mais d’après des lois identiques à celles de la biologie ; que le moindre de ces individus est un organisme infiniment complexe, où se retrouvent pourtant les instincts vitaux d’ordre et d’harmonie qui font la dignité des créatures supérieures ; qu’un portefaix, comme un membre de l’Institut, a son intelligence, sa morale, voire sa philosophie et son esthétique, lesquelles dérivent des conditions de son être et de son état, et qu’il est absurde de nier chez lui les manifestations d’une mentalité qui n’est pas la nôtre, comme il serait puéril de vouloir lui en imposer une qui ne serait pas la sienne ? […] * Mais il ne suffit pas de s’efforcer loyalement vers l’expression humaine de la réalité ni de rendre ses droits à l’imagination poétique considérée comme un instrument de connaissance supérieur à l’analyse scientifique.

1715. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Nouvelles lettres de Madame, mère du Régent, traduites par M. G. Brunet. — II. (Fin.) » pp. 62-79

Tous deux se connurent beaucoup et s’estimèrent ; ils avaient sans s’en douter le même travers, et ils le notaient réciproquement chacun chez l’autre : l’une était à cheval sur son rang de princesse, et sur le qui-vive, de peur qu’on ne lui rendît pas assez ; l’autre était intraitable, on le sait, et comme fanatique sur le chapitre des ducs et pairs : En France et en Angleterre, dit Madame, les ducs et les lords ont un orgueil tellement excessif qu’ils croient être au-dessus de tout ; si on les laissait faire, ils se regarderaient comme supérieurs aux princes du sang, et la plupart d’entre eux ne sont pas même véritablement nobles.

1716. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Froissart. — I. » pp. 80-97

On y voit le bon chanoine déjà vieux, la figure assez marquée de rides, le nez fort, le menton fin, l’œil vif, le sourcil avancé, mais la lèvre supérieure courte et la bouche entrouverte comme s’il écoutait surtout et s’il attendait ce qu’on va lui dire.

1717. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le marquis de Lassay, ou Un figurant du Grand Siècle. — I. » pp. 162-179

Il y mena quelque temps une vie d’indépendance, d’union parfaite, de bonheur sans nuage auprès de la personne distinguée qui (autant qu’on peut l’entrevoir) lui était supérieure et qui semblait l’avoir fixé.

1718. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — II. (Fin.) » pp. 36-54

Soit que ce dernier dans l’éloignement n’ait point assez connu les qualités tardivement développées et les mérites supérieurs qu’on a loués dans ce jeune prince ; soit qu’à titre d’ancien précepteur, il ait été trop disposé à le juger jusqu’au bout comme un enfant ; soit qu’à ce titre de maître et de précepteur toujours, il se soit montré plus sévère et plus exigeant envers lui comme un habile et consciencieux artiste l’est pour son propre ouvrage, il est certain que les lettres de Fénelon qui traitent du duc de Bourgogne sont continuellement remplies des censures les plus précises et les plus nettement articulées, excepté les dernières de ces lettres qui se rapportent aux huit derniers mois de la vie du prince.

1719. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Agrippa d’Aubigné. — I. » pp. 312-329

L’idée de religion particulière et de secte l’emportait chez lui sur celle de nationalité et de patrie ; et c’est ici qu’on reconnaît combien Henri IV fut un roi vraiment roi, supérieur à son premier parti, et d’un tout autre horizon.

1720. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — III. (Fin.) » pp. 479-496

Ramond a varié plus d’une fois cette vue générale et supérieure à laquelle il tend par nature et élévation d’esprit ; il l’a renouvelée et complétée une dernière fois au sommet du Pimené, dans les Voyages imprimés en 1801.

1721. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal du marquis de Dangeau — II » pp. 18-35

que l’on sent bien que si Louvois est un ordonnateur habile, il manque ici un génie supérieur pour le diriger lui-même et lui donner l’ordre !

1722. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Voiture. Lettres et poésies, nouvelle édition revue, augmentée et annotée par M. Ubicini. 2 vol. in-18 (Paris, Charpentier). » pp. 192-209

La véritable pièce historique de Voiture est sa lettre écrite en 1636 après son retour en France, à l’occasion de la reprise de Corbie sur les Espagnols, qui s’en étaient emparés quelques mois auparavant ; il y embrasse d’un coup d’œil sensé et supérieur tout l’ensemble de la politique du cardinal de Richelieu, et, se mettant au-dessus des misères et des animosités contemporaines, il en fait à bout portant un jugement tout pareil à celui qu’a confirmé la postérité.

1723. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — I » pp. 298-315

Enfin, avec des qualités d’un ordre supérieur qu’il aura eu sans cesse à exercer et à combiner, à tenir en échec les unes par les autres, il ne trouvera jamais cette occasion pleine et entière qu’il avait une fois espérée, l’une de ces journées de gloire éclatante et incontestable qui consacrent un nom ; et même après ses plus belles campagnes, par quelque accident final qui en rompt l’effet, il aura toujours besoin d’éclaircissement et d’apologie.

1724. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — III » pp. 337-355

Fernamond, ayant débouché par ces gorges supérieures, n’avait plus qu’une dernière vallée à franchir.

1725. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Madame Bovary par M. Gustave Flaubert. » pp. 346-363

J’ai connu, au fond d’une province du centre de la France, une femme jeune encore, supérieure d’intelligence, ardente de cœur, ennuyée : mariée sans être mère, n’ayant pas un enfant à élever, à aimer54, que fit-elle pour occuper le trop-plein de son esprit et de son âme ?

1726. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Les Caractères de La Bruyère. Par M. Adrien Destailleur. »

Puis, rentrant en lui-même, il s’était dit, pour se consoler : « Ce que je suis vaut mieux encore ; ce que je fais est de plus de portée et plus durable. » Dans tout écrivain, même supérieur, il y a le côté faible, le défaut de la cuirasse, ce qu’on appelle le talon d’Achille.

1727. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Béranger, recueillie par M. Paul Boiteau. »

Chaque jour même je jetterais du rez-de-chaussée des pierres à ceux qui occupent les étages supérieurs de la maison ; et, comme ils tiennent à leurs vitres, sans faire cas de la lumière, il est à croire qu’ils videraient sur moi leurs cassolettes, pour se débarrasser d’un voisin incommode. » L’image est des plus gaies ; elle est bien de l’esprit espiègle et taquin que nous connaissons.

1728. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Madame de Staël. Coppet et Weimar, par l’auteur des Souvenirs de Mme Récamier »

Elle sentait en soi des puissances et des facultés supérieures à ce qu’elle avait réalisé ; mais avec ces qualités élevées, tout à fait viriles par le choix des sujets et par l’étendue des vues, elle était femme, je le répète, et comme telle elle avait besoin de plaire, de réussir, de se sentir entourée de bienveillance ; même quand elle s’élevait le plus et qu’elle planait, elle était de la nature des colombes : une flèche pouvait l’atteindre jusque dans la nue et la blesser.

1729. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Journal de la santé du roi Louis XIV »

À quarante-sept ans, il avait perdu toutes les dents du côté gauche de la mâchoire supérieure, et on les lui avait même si mal arrachées qu’il y avait une fistule, un trou pratiqué entre la bouche et la cavité nasale, à quoi l’on dut remédier par le feu.

1730. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Lettres inédites de Jean Racine et de Louis Racine, (précédées de Notices) » pp. 56-75

Il est doux en effet et commode de se dire de bonne heure : tout ce qui est grand est fait ; tous les beaux vers sont faits ; tous les discours sublimes sont sortis : il n’y a plus, à qui vient trop tard et le lendemain, qu’à lire, à relire, à admirer, à goûter et déguster, à se tenir tranquille et coi en présence des modèles, à mettre sa supériorité à les trouver supérieurs à tout ce qui s’est tenté depuis, à tout ce qui se tentera désormais.

1731. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Mémoire de Foucault. Intendant sous Louis XIV »

Il y est dit, entre autres griefs, que Foucault se servait, pour la conversion du menu peuple, d’un homme de néant nommé Archambaud, que cet Archambaud menait des gens de sa sorte au cabaret et trouvait le moyen de les enivrer ; que le lendemain, lorsqu’ils étaient revenus à eux-mêmes, il leur allait dire, ou qu’ils avaient promis d’aller à la messe, et que s’ils prétendaient s’en dédire, il les ferait traiter comme des relaps ; ou qu’ils avaient mal parlé du gouvernement et des mystères catholiques, et que le seul moyen de se racheter d’une sévère punition était de se ranger à la religion romaine ; que l’affaire, ainsi amorcée et entamée sur des gens du commun, se poursuivit ensuite sur ceux d’une condition supérieure ; qu’en général l’artifice de l’intendant était de faire faire aux réformés, sous quelque prétexte, un premier acte extérieur qui pût être interprété pour une adhésion à la communion romaine, comme d’assister à un sermon, par curiosité ou par intimidation, et qu’ensuite, moyennant la peur d’être déclarés relaps et traités comme tels, il avait raison de son monde ; que, sans avoir eu besoin de demander des troupes, il s’était servi de celles qu’on faisait filer alors sur la frontière de l’Espagne et que commandait le marquis de Boufflers, et qu’il avait été commis par ces troupes, lui les dirigeant et les conduisant de ville en ville, de village en village, de véritables horreurs et cruautés.

1732. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Térence. Son théâtre complet traduit par M. le marquis du Belloy (suite et fin.) »

Toute cette scène est parfaite de vérité et justifierait, à elle seule, l’éloge accordé à Térence d’exceller dans les mœurs, tandis que d’autres étaient réputés supérieurs dans la conduite et la construction de la pièce ou dans l’entrain du dialogue.

1733. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier (Suite.) »

pourtant il ne faudrait pas trop dire de mal des maniérés : ce sont des gens de beaucoup de talent et d’invention, qui ont eu le tort de venir lorsque tous les magnifiques lieux communs, fonds du bon sens humain, avaient été exploités par les maîtres d’une façon supérieure : ne voulant pas être copistes, ils ont tâché de renouveler la face de l’art par la grâce, la délicatesse, le trait les mille coquetteries du style ; le riche filon était épuisé, ils ont poursuivi la fibre dans ses ramifications les plus imperceptibles.

1734. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid. »

C’est plaisir et soulagement, je l’avoue, au milieu des surcroîts et des surcharges de l’érudition contemporaine dont on profite tout en se sentant accablé parfois, de rencontrer un esprit, supérieur, habitué à généraliser et à simplifier, qui prend les choses littéraires par le côté principal et qui les offre comme il les voit, sans diminution, sans exagération non plus ni engouement, qui en sait ce qu’il faut en savoir, qui en ignore ce qui n’est bien souvent qu’inutile et incommode, et qui vous conduit vers le fruit d’une saine lecture par la large voie du bon sens.

1735. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Jean-Bon Saint-André, sa vie et ses écrits. par M. Michel Nicolas. »

Jean-Bon fut comme la plupart des hommes de cette époque : son esprit qui était ferme et net, et non supérieur, s’excitant et s’enflammant au foyer du cœur et au souffle de la passion, marcha avec les événements sans les devancer de beaucoup, et il est de ceux qui auraient pu dire en toute vérité avec le moraliste : « Les occasions nous font connaître aux autres, et encore plus à nous-mêmes. » Le 30 avril 1789, à l’occasion de l’Édit de Louis XVI en faveur des Protestants et en vertu duquel il leur était permis de s’avouer tels désormais sans péril et sans crainte, de pratiquer leur culte, de contracter mariage selon les lois et de jouir des avantages et des droits de citoyens, Jean-Bon prononçait à titre et en qualité de pasteur, « devant quelques vrais serviteurs de Dieu et divers citoyens amis de la religion, de la tolérance, de la patrie et de l’humanité », un discours ou sermon où il se montrait pénétré de reconnaissance envers « le bienfaisant monarque », et d’une sensibilité autant que d’une modération qu’il n’a que trop tôt démenties : « Mais peut-on se le dissimuler ?

1736. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Méditations sur l’essence de la religion chrétienne, par M. Guizot. »

Et d’abord ce philosophe, cet investigateur des grands problèmes vit seul, sans famille, sans enfants, dans une chambre ou deux, à un étage supérieur où les bruits de la rue n’arrivent pas ; il habite assez près des toits, comme le philosophe de La Bruyère.

1737. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire des cabinets de l’Europe pendant le Consulat et l’Empire, par M. Armand Lefebvre (suite et fin.) »

Quand la nature crée un homme supérieur et d’une supériorité de premier ordre, quand elle l’a fondu et coulé tout d’un jet dans un de ses plus beaux moules humains, si cet homme, après avoir fourni sa grande carrière, tombe ou sort de la scène dans la plénitude de la vie et de ses facultés, sans que la maladie ou l’âge soit venu l’altérer ou l’affaiblir, il est bien clair qu’il est et qu’il a dû rester le même pendant toute cette durée de son rôle actif, que les événements n’ont fait que le produire, un peu plus tôt ; un peu plus tard, sous ses aspects différents, le montrer et le développer plus ou moins dans quelques-unes de ses dispositions naturelles et donner occasion à ses qualités ou à ses défauts primitifs de se manifester dans tout leur relief ou même dans leur exagération ; mais il y avait en lui, dès le principe, le germe et remboîtement de tout ce qui est sorti.

1738. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet »

La nécessité d’une bonne contenance, d’une conduite mesurée et d’une circonspection habituelle dans une société d’un ordre supérieur, redressa tous mes écarts d’imagination et calma une vivacité de caractère qui, sans ce secours, m’eût conduit fréquemment à l’étourderie.

1739. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre IV »

Puis, il avait eu l’intuition de la théorie que Weissmann devait faire triompher plus tard, il s’était arrêté à l’idée d’une substance extrêmement fine et complexe, le plasma germinatif, dont une partie reste toujours en réserve dans chaque nouvel être pour qu’elle soit ainsi transmise, invariable, immuable, de génération en génération. »80 Il est impossible d’accorder à ces deux paragraphes un intérêt supérieur à celui d’un manuel désuet et vieillot.

1740. (1892) Boileau « Chapitre VII. L’influence de Boileau » pp. 182-206

Mais il est vrai que ces œuvres lui sont un peu supérieures, et ce que nous y voyons aujourd’hui de défectueux et de mort, fut nécessaire alors pour établir la communication entre elles et le public : c’est par ces formes passagères et fragiles que le monde abordait, par exemple, Bajazet, ou Phèdre, et s’élevait de là aux essentielles et solides beautés du poème.

1741. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre VI. Science, histoire, mémoires »

Boissier (né à Nîmes en 1823), professeur au Collège de France et à l’École Normale supérieure : Cicéron et ses amis ; l’Opposition sous les Césars (1875) ; la Religion romaine d’Auguste aux Antonins (1874) ; Promenades archéologiques (1880-1886) ; la Fin du paganisme en Occident : 9 vol. in-18, Hachette.

1742. (1911) La valeur de la science « Troisième partie : La valeur objective de la science — Chapitre XI. La Science et la Réalité. »

Dans la conception dont je viens de parler (et que j’appellerai la conception scientifique), toute loi n’est qu’un énoncé imparfait et provisoire, mais elle doit être remplacée un jour par une autre loi supérieure, dont elle n’est qu’une image grossière.

1743. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Pline le Naturaliste. Histoire naturelle, traduite par M. E. Littré. » pp. 44-62

En laissant de côté la physique et les explications particulières, en ne s’attachant qu’à ce que j’appelle les idées, il est aisé de reconnaître dans Pline un philosophe, un esprit supérieur à la plupart des choses qu’il va enregistrer.

1744. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Mme de Genlis. (Collection Didier.) » pp. 19-37

On voit d’après cet ensemble qu’avec beaucoup d’esprit et de talent, elle n’était nullement une femme supérieure.

1745. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires et correspondance de Mallet du Pan, recueillis et mis en ordre par M. A. Sayous. (2 vol. in-8º, Amyot et Cherbuliez, 1851.) — II. » pp. 494-514

Pellenc, je définirai Mallet du Pan un Pellenc énergique, d’une trempe supérieure, qui n’a pas peur, qui, consulté par les cabinets, dit ce qu’il pense, mais aime encore mieux le dire à tous, au public, exhalant sa pensée, ses vues, son indignation d’honnête homme et d’homme sensé, sans quoi il est condamné à ce qu’il a appelé lui-même le « tourment du silence ».

1746. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — II. » pp. 460-478

La portion supérieure de son ouvrage est celle où il montre la décomposition de la société par les sophistes, espèce destructive si éloignée en tout de ces hommes à grand caractère et à grandes vues positives, qui ont fondé les sociétés et institué les peuples : « Le faux esprit philosophique est une lime sourde qui use tout. » Il distingue entre les diverses sortes de corruption publique : malgré sa bonté morale personnelle, il sait à quoi s’en tenir sur le fond de l’homme ; les passions étant les mêmes en tout temps, les mœurs aussi sont toujours à peu près les mêmes, ce ne sont que les manières qui diffèrent : mais la différence est grande, d’une corruption qui n’est que dans les mœurs, et à laquelle de sages lois peuvent remédier, d’avec cette corruption subtile qu’un faux esprit philosophique a naturalisée dans la morale publique et dans la législation.

1747. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « La reine Marguerite. Ses mémoires et ses lettres. » pp. 182-200

Distinguée et non supérieure, toute à ses passions elle avait des finesses, des artifices de détail, mais point de vues et encore moins de caractère.

1748. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « L’abbé Gerbet. » pp. 378-396

Je ne puis qu’indiquer, en passant, à tous ceux qui sont avides d’étudier dans Rome matérielle la cité supérieure et intelligible, ces hautes et vives considérations.

1749. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — III. Franklin à Passy. (Fin.) » pp. 167-185

Les fonctionnaires supérieurs de tout rang dans tous les départements, des dames, grandes et petites, sans compter les solliciteurs de profession, m’importunent du matin au soir.

1750. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « La Fontaine. » pp. 518-536

Au temps de Jean-Jacques Rousseau, la tentative a été reprise par une plume ardente, avec un talent supérieur et une appropriation directe à l’état des âmes.

1751. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Fervaques et Bachaumont(1) » pp. 219-245

Les chroniqueurs d’habitude se marquent, en ce fourmillement de faits, par l’absence de jugement supérieur sur les événements et les choses, de repli d’âme, de réflexion sur ces faits qu’on n’a souci que de raconter en les peignant de couleurs vives.

1752. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Alfred de Vigny »

Maintenant que le Beaumanoir s’est démasqué, après son rude combat contre la vie, on n’a retrouvé au fond du masque que la noirceur du désespoir, et c’est là ce qui fera la physionomie d’Alfred de Vigny supérieure à celle de tous les poètes de son temps, qui n’ont pas souffert d’une blessure si haute et si profonde que lui.

1753. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — La banqueroute du préraphaélisme »

Un légume vigoureusement interprété sera toujours supérieur à un mauvais Christ, quelque soit la noblesse de l’intention.‌

1754. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Un symbole »

Jean Brunet — avec un sens opposé à celui que je lui donne — au cours de la discussion du projet de loi, je dis : « C’est un culte spécial et le fonctionnaire principal de ce culte qui prennent l’initiative de la mesure et qui viennent vous dire, à vous, Assemblée nationale : Sanctionnez ce que nous vous proposons et appliquez-y à notre profit l’autorité légale et supérieure de la France », — je demande si l’État peut, sans commettre la plus coupable des folies, sanctionner ce culte spécial, lui qui n’en propose aucun par son principe même.

1755. (1908) Esquisses et souvenirs pp. 7-341

Un talent supérieur s’accommode, certes, de la mauvaise chance et des embûches du destin. […] Je me répéterai presque, en disant que le vrai Becque était bien supérieur à sa façon de considérer les incidents de la vie. […] Mais alors il faut être l’homme supérieur, ou du moins assez sot pour se le figurer. […] Quelques lys aussi, hauts et frêles, émergent à côté, d’un vase étroit, tandis que le houx et le laurier nouent des guirlandes sévères, autour du rebord supérieur des kiosques. […]   Un être supérieur n’est pas constamment lui-même.

1756. (1891) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Quatrième série

La théologie n’est pas une science qui existe, comme l’algèbre ou comme la physique, indépendamment de ses conséquences, qui leur soit en quelque sorte antérieure ou supérieure, et il n’est pas ici question du « vide », ni du « plein », ni du « plein du vide », mais d’agir, et de se résoudre, et de se conduire. […]  » Ne nous lassons pas de justifier Pascal, On lui fait un autre reproche : c’est d’avoir imputé à la Société de Jésus tout entière les opinions de ses casuistes, comme si, dit-on, les supérieurs avaient le temps de lire ce qui s’écrit d’un bout du monde à l’autre ! […] Procédant, comme nous faisons, d’une cause antérieure et assurément extérieure, sinon supérieure à nous, n’ayant en nos mains ni le commencement, ni le cours, ni le terme de notre vie, il doit y avoir une manière d’user de la vie, et il n’y en a qu’une, et il ne dépend pas de nous qu’elle soit autre qu’elle n’est. […] Puisque ce n’est, donc ni par la complication ou par l’ingéniosité de l’intrigue, ni par la qualité du style, ni par la nouveauté de l’invention que Molière est aussi supérieur à son premier modèle qu’à ses imitateurs, que reste-t-il, et que faut-il conclure ? […] C’est ainsi que, mêlés à des traits d’une ironie supérieure, le fameux chapitre sur l’Esclavage des nègres en contient quelques-uns qui ne sont, guère que des plaisanteries de robin, ou qui sentent la province.

1757. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Mémoires du général La Fayette (1838.) »

Pourtant si ç’a été, avant tout, chez La Fayette, une supériorité de caractère et de cœur de croire à l’avénement invincible de certains principes utiles et généreux, ce n’a pas été une si grande infériorité de point de vue ; car si ses principes n’ont pas obtenu toute la part de triomphe qu’il augurait, ils ont eu une part de triomphe infiniment supérieure (au moins à l’heure de l’explosion) à ce que les autres esprits réputés surtout sagaces auraient osé leur prédire. […] Dumouriez, qui n’avait joué jusqu’alors que des rôles subalternes, se montra fort supérieur à ce qu’on devait attendre de lui. […] La rentrée de La Fayette en France après le 18 brumaire, son attitude au milieu des partis dès lors simplifiés, ses réponses aux avances du chef comme à celles de la minorité opposante, tout cela est raconté avec un intérêt supérieur et plus qu’anecdotique, dans l’écrit intitulé Mes Rapports avec le premier Consul, dont j’ai précédemment cité l’éloquente conclusion.

1758. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre V. Swift. » pp. 2-82

Il semblait se regarder comme un être d’espèce supérieure, dispensé des égards, ayant droit aux hommages, ne tenant compte ni du sexe, ni du rang, ni de la gloire, occupé à protéger et à détruire, distribuant les faveurs, les blessures et les pardons. […] Reconnaissez la grandeur dans cette invention et dans cette audace ; celui-là seul est un homme supérieur qui trouve tout et ne copie rien. […] Tel est ce grand et malheureux génie, le plus grand de l’âge classique, le plus malheureux de l’histoire, Anglais dans toutes ses parties, et que l’excès de ses qualités anglaises a inspiré et dévoré, ayant cette profondeur de désirs qui est le fond de la race, cette énormité d’orgueil que l’habitude de la liberté, du commandement et du succès a imprimée dans la nation, cette solidité d’esprit positif que la pratique des affaires a établie dans le pays ; relégué hors du pouvoir et de l’action par ses passions déchaînées et sa superbe intraitable ; exclu de la poésie et de la philosophie par la clairvoyance et l’étroitesse de son bon sens ; privé des consolations qu’offre la vie contemplative et de l’occupation que fournit la vie pratique ; trop supérieur pour embrasser de cœur une secte religieuse ou un parti politique, trop limité pour se reposer dans les hautes doctrines qui concilient toutes les croyances ou dans les larges sympathies qui enveloppent tous les partis ; condamné par sa nature et ses alentours à combattre sans aimer une cause, à écrire sans s’éprendre de l’art, à penser sans atteindre un dogme, condottiere contre les partis, misanthrope contre l’homme, sceptique contre la beauté et la vérité.

1759. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLe entretien. L’homme de lettres »

Des manières pleines de dignité, une physionomie froide mais imposante, l’air supérieur que donne l’habitude du commandement n’ôtaient rien à la cordialité de son accueil, et semblaient même donner du prix à la manière flatteuse dont il savait encourager le mérite. […] L’une renfermait la partie supérieure de cette enceinte, depuis ce piton de rocher couvert de nuages, d’où sort la source de la rivière des Lataniers, jusqu’à cette ouverture escarpée que vous voyez au haut de la montagne, et qu’on appelle l’Embrasure, parce qu’elle ressemble en effet à une embrasure de canon. […] La partie supérieure échut à madame de la Tour, et l’inférieure à Marguerite.

1760. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1863 » pp. 77-169

Et Taine explique les avantages et les commodités du protestantisme pour les esprits supérieurs par l’élasticité du dogme, et par l’interprétation que chacun, selon la nature de son esprit, peut fournir à sa foi. « Au fond, finit-il par dire, tout cela est une affaire de sentiment, et j’ai la conviction que les natures musicales sont portées au protestantisme et les natures plastiques au catholicisme. » 20 mars Soirée chez Nieuwerkerke au Louvre. […] Oui, une récréation, où il est commandé à la fois de parler et en même temps de ne rien dire, et aussitôt que toutes sont assises à terre, et que la Supérieure, prenant la parole, a dit : « Il fait beau !  […] Aucune dans le vice, jusqu’ici, ne m’a paru d’une race supérieure.

1761. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1865 » pp. 239-332

13 janvier Chez Peters, j’entends mon voisin de table dire : « Il y a trois choses supérieures au Mexique : le tabac, le café, la vérole. » * * * — À l’Eldorado… Une grande salle circulaire, aux deux rangs de loges, salle plaquée d’or et de faux marbre, des lustres aveuglants de lumière, un café noir de chapeaux d’hommes, entremêlés de quelques bonnets de femmes de la barrière et de quelques képis d’enfants, et au fond un théâtre. […] C’est ainsi qu’elle a joué toute notre pièce de répétitions en répétitions, et morceau par morceau, d’une manière supérieure, mais elle n’était supérieure chaque jour qu’à un endroit, où elle ne l’était plus le lendemain.

1762. (1864) Le positivisme anglais. Étude sur Stuart Mill

La seconde est puissante en astronomie, dans les parties supérieures de la physique, en physiologie, en histoire, dans les dernières démarches de toute science, partout où les phénomènes sont fort compliqués, comme la vie animale et sociale, ou placés hors de nos prises, comme le mouvement des corps célestes et les révolutions de l’enveloppe terrestre. […] Cela signifie, d’une part, qu’il y a une raison à toute chose, que tout fait a sa loi ; que tout composé se réduit en simples ; que tout produit implique des facteurs ; que toute qualité et toute existence doivent se déduire de quelque terme supérieur et antérieur. […] Voyez les seconds analytiques, si supérieurs aux premiers : [Greek : hoi aitioon kai protiroon].

1763. (1939) Réflexions sur la critique (2e éd.) pp. 7-263

Mais cette histoire inventée devient vraie d’une vérité supérieure, quand nous la relions à deux histoires pareilles, quand nous voyons en elle les espèces d’un genre. — Le Génie du Christianisme naquit, selon Chateaubriand, de la lettre que lui adressa, avant de mourir, Madame de Farcy, sa sœur, pour lui apprendre la mort de sa mère ; et M.  […] C’était le moyen de lui rendre une justice supérieure et de le faire rentrer dans un ordre. […] Il songeait sans doute que bien des traits du Bourgeois Gentilhomme convenaient à Colbert, et il savait à quel point la volonté de s’élever patiemment, orgueilleusement, par son labeur et son argent, dans une classe supérieure, étaient incorporés aux services mêmes de son ministre, comment ceci n’eut pas été sans cela. […] Faguet ne lui donne pas de place parmi ses « maîtres du xixe  siècle », oracle du Brevet supérieur, et lui consacre plus tard, par raccroc, un petit volume hâtif.

1764. (1898) La cité antique

Quel est le principe supérieur qui leur a donné l’autorité sur l’esprit des hommes ? […] Là doit être sa demeure permanente, qu’elle ne songera pas à quitter, à moins qu’une force supérieure ne l’y contraigne. […] Comme prêtre du foyer, il ne reconnaît aucun supérieur. […] Tantôt l’union fut volontaire, tantôt elle fut imposée par la force supérieure d’une tribu ou par la volonté puissante d’un homme. […] Chacune devait avoir sa justice souveraine, et il ne pouvait y avoir aucune justice supérieure à celle de la cité.

1765. (1856) Le réalisme : discussions esthétiques pp. 3-105

Je suis si loin de le penser que j’accuse précisément les Grecs, à force de rechercher l’idéal, d’en avoir amoindri l’emploi et méconnu le rôle, et que je fais remonter jusqu’à eux la cause de cette anarchie anti-esthétique qui désole notre civilisation, supérieure sous tant de rapports. […] Le réalisme artistique accompagne dans sa sphère secondaire3 un corps d’idées supérieures. […] En fait d’inventions merveilleuses, les Mille et Une nuits seront toujours supérieures aux romans à la douzaine. […] Un portrait peint montre visiblement si une femme est belle ou laide, mais le romancier a des moyens bien supérieurs à ceux du peintre.

1766. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre IV. Le mécanisme cinématographique de la pensée  et l’illusion mécanistique. »

Il ne restera plus alors, pour expliquer les caractères spécifiques de chacun de ces degrés de réalité intermédiaires, qu’à mesurer la distance qui le sépare de la réalité intégrale : chaque degré inférieur consiste en une diminution du supérieur, et ce que nous y percevons de nouveauté sensible se résoudrait, du point de vue de l’intelligible, en une nouvelle quantité de négation qui s’y est surajoutée. […] Sans doute cette intelligence pourrait être celle d’un être infiniment supérieur à l’homme, qui fonderait la matérialité des choses en même temps qu’il les relierait entre elles : telle était l’hypothèse de Leibniz et de Spinoza. […] Par là il frayait la voie à une philosophie nouvelle, qui se fût installée dans la matière extra-intellectuelle de la connaissance par un effort supérieur d’intuition. […] C’est dire que nous ne considérons pas le sophisme de Zénon comme réfuté, par le fait que la progression géométrique a+1/n+1/n²+1/n³+…etc où a désigne l’écart initial entre Achille et la tortue, et n le rapport de leurs vitesses respectives, a une somme finie si n est supérieur à l’unité.

1767. (1890) Les princes de la jeune critique pp. -299

Mais il ne permet pas au roman, si excellent qu’il puisse être, d’atteindre ces régions supérieures : il rejette au-dessous du niveau moyen l’ironie et ce qu’il appelle le réalisme sentimental à la Dickens : il plonge tout à fait dans les bas-fonds le roman naturaliste à la Zola. […] Est-ce chez lui instinct antérieur et supérieur au raisonnement ? […] Ganderax le regrette ; mais il ne s’associe pas au déchaînement de ses confrères en critique ; il a trouvé dans le Maître de forges la lutte de deux âmes habilement développée ; il n’en demande pas davantage pour lui pardonner ses cinq cents représentations ; il ose le qualifier de « drame d’ordre supérieur », et il se fait bravement l’avocat du malheureux triomphateur. […] Renan à ses livres, est hostile aux hommes supérieurs ; il ne lui pardonne pas d’avoir refusé sa confiance à un homme si savant en beaux mots ; il ne semble pas se douter que l’art de conduire un État puisse exiger d’autres qualités que celles qui sont nécessaires pour composer un ouvrage en style exquis. […] Aussi ceux qu’il regarde comme des hommes d’État supérieurs sont-ils les plus insolents ou les plus adroits dompteurs de ce monstre à mille têtes qui s’appelle la foule.

1768. (1887) George Sand

Soit ; mais, ne fût-ce que pour l’honneur de la langue française, on reviendra, nous le croyons, sinon à toute l’œuvre, du moins à une partie de cette œuvre épurée par le temps, triée avec soin par le goût public, supérieure aux vicissitudes et aux caprices de l’opinion. […] C’est le caractère des esprits vraiment supérieurs de se continuer sans se répéter et de savoir se renouveler. […] Une lumière supérieure avait pénétré à travers le trouble et le tumulte de son cœur qui, jusqu’alors, n’avait eu que des instincts facilement égarés. […] Mais ici quel désastre c’eût été que la perte de tant d’œuvres en partie supérieures et de récits que le rayon de l’art a touchés ! […] Il est impossible de n’être pas touché, en parcourant cette vaste correspondance, de la bienveillance, je dirai même de la charité d’âme et d’art avec laquelle cette femme supérieure se met à la portée des talents ou fractions de talent qui l’implorent, de la franchise d’éloge qui encourage les uns, de la sincérité, non sans ménagements, destinée à décourager les autres.

1769. (1890) Nouvelles questions de critique

Tragaldabas n’est ni inférieur, ni supérieur à Hernani ou aux Burgraves ; il est autre ; et dire de M.  […] « L’originalité supérieure de Madame Bovary », suivant lui, « ce serait, en effet, d’avoir concilié ce qu’avaient de légitime les visées du romantisme avec ce que les exigences du réalisme avaient de fondé » ; et nous, si nous voyons dans Madame Bovary, quelque chose d’original et de supérieur, c’est au contraire et justement ce que nous appellerons la dérision du romantisme. […] Et la preuve n’en est-elle pas que, pendant une vingtaine d’années, en essayant de se le figurer lui-même d’après son œuvre, on l’a pris pour ce qu’il fut sans doute le moins : une espèce de Champfleury supérieur ? […] que, parmi les espèces il y en a d’inférieures et de supérieures ? […] On les reconnaît à ce signe, que, supérieurs et souvent même admirables ou étonnants dans l’expression de la sensation, ils balbutient, leur langue s’épaissit, et les mots leur manquent dans l’expression des sentiments ou des idées.

1770. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — III. (Fin.) » pp. 175-194

Henri IV, ayant à l’instant donné ordre à Rosny de faire mettre à part une certaine somme pour payer la montre (ou solde) aux compagnies suisses, Sancy, collègue de Rosny aux finances et son ancien, essaya de faire acte d’autorité, et, le matin de la revue des Suisses, il lui envoya demander cet argent par un billet qui sentait le supérieur.

1771. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le prince de Ligne. — I. » pp. 234-253

Vous avez tous les deux le même éclair dans l’esprit, mais il n’a pas votre sang-froid imperturbable ; vous ne faites et ne dites jamais rien qui ne soit parfait, jamais rien que vous puissiez vous reprocher : aussi n’y a-t-il jamais eu de mérite supérieur au vôtre, ni d’admiration qui égale la mienne pour mon cher maître.

1772. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gibbon. — I. » pp. 431-451

Gibbon lui-même, qui avait qualité de premier capitaine, fut d’abord à la tête de sa propre compagnie et ensuite de celle des grenadiers ; puis, dans l’absence des deux officiers supérieurs, il se trouva de fait chargé par son père de donner des ordres et d’exercer le bataillon.

1773. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) «  Œuvres de Chapelle et de Bachaumont  » pp. 36-55

Or, Bernier, homme de sens, qui a beaucoup vu, et qui, en vertu même d’un sage scepticisme, est devenu plus ouvert à des doctrines supérieures, croit devoir avertir son ami et camarade, qui, en passant par le cabaret, est resté plus qu’il ne croit dans l’école ; le voyant prêt à vouloir s’enfoncer dans une philosophie abstruse et prétendre à expliquer physiquement la nature des choses et celle même de l’âme, il lui rappelle que c’est là une présomption et une vanité d’esprit fort ; mais si cette explication directe est impossible, et si connaître en cette manière son propre principe n’est pas accordé à l’homme dans cet état mortel, néanmoins, ajoute-t-il en terminant, nous devons prendre une plus haute idée de nous-mêmes et ne faire pas notre âme de si basse étoffe que ces grands philosophes, trop corporels en ce point ; nous devons croire pour certain que nous sommes infiniment plus nobles et plus parfaits qu’ils ne veulent, et soutenir hardiment que, si bien nous ne pouvons pas savoir au vrai ce que nous sommes, du moins savons-nous très bien et très assurément ce que nous ne sommes pas ; que nous ne sommes pas ainsi entièrement de la boue et de la fange, comme ils prétendent. — Adieu.

1774. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « De la poésie de la nature. De la poésie du foyer et de la famille » pp. 121-138

Quant aux hautes sources de poésie ou à celles qui naissent secrètement du cœur, sentiments délicats ou croyances supérieures, il ne les a jamais blasphémées ; loin de là, il les a honorées et célébrées à la rencontre, et elles lui ont quelquefois inspiré en retour quelques accents qu’on a retenus : et malgré tout, on sent chez lui un vide à ces endroits essentiels, quelque chose de léger qui voltige de pensée en pensée comme de site en site ; il n’y habite pas.

1775. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le baron de Besenval » pp. 492-510

Demandez donc à de telles âmes qui, dès la tendre jeunesse, ont logé en elles un si faux idéal, une si misérable forme de bonheur, d’avoir une grande ambition, de se tourmenter pour un noble but, et eussent-elles reçu de la nature des facultés supérieures et fortes, de les tourner vers de généreux emplois.

1776. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — III — Toujours Vauvenargues et Mirabeau — De l’ambition. — De la rigidité » pp. 38-55

Il n’a jamais mieux déployé que dans ces lettres cette indulgence supérieure, cette ouverture, cet art de la persuasion dont il se pique, « l’art de plaire et de dominer dans un entretien sérieux » ; on croit l’entendre.

1777. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset, professeur d’histoire au lycée Bonaparte. »

On a bientôt dit, avec l’abbé de Choisy : Esprit audacieux, insatiable de crédit  ; — ou avec Duclos : Puissant génie, âme féroce  : « C’était sans doute, ajoutait ce dernier, un ministre supérieur pour conduire une guerre ; mais, si on le considère comme citoyen, c’était un monstre. » Cette expression de monstre d’égoïsme , appliquée à Louvois, a fait fortune et a trouvé des échos.

1778. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Montaigne en voyage »

Montaigne, retiré vers l’âge de trente-huit ans dans son château et dans sa tour seigneuriale, s’était amusé à tracer ou à faire tracer sur les poutres et chevrons supérieurs de la pièce qu’il appelait sa librairie ou bibliothèque quelques inscriptions morales et philosophiques, reproduisant les maximes ordinaires de sagesse qu’il tenait à avoir constamment devant les yeux.

1779. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Maurice et Eugénie de Guérin. Frère et sœur »

Vitet), regretter, qu’il n’eût pas en effet réalisé la lutte entre des deux natures, entre la nature humaine supérieure la tête, la pensée, l’esprit, et entre la nature inférieure, animale, matérielle ?

1780. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Charles-Quint après son abdication, au monastère de Saint-Just »

Les différences de cette fin si digne, si caractérisée, mais si spéciale, si exclusive et si ensevelie, du grand empereur du xvie  siècle, les contrastes qu’elle offre avec les destinées de cet autre empereur exposé plus encore que relégué à Sainte-Hélène, y achevant de vivre et s’y dévorant dans les loisirs forcés d’une retraite où les mortifications, certes, ne manquaient pas, mais qui s’éclaire des rayons d’une civilisation supérieure et des lumières d’un génie universel, sont assez sensibles sans que j’y insiste.

1781. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise, par M. Taine, (suite et fin.) »

Il est fort supérieur à Boileau pour l’étendue des idées, et aussi par le goût du pittoresque ; mais on lui a fait quelques-uns des mêmes reproches que nous-mêmes nous avons adressés à Boileau à nos débuts et dans notre première impertinence.

1782. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite.) »

Or, les hommes sont ainsi faits qu’ils se sentent portés à mépriser jusqu’à la bonté en personne chez un supérieur, s’il est faible.

1783. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire de la Grèce, par M. Grote »

La supposition de Wolf, qui restituait la vérité en tout ce qui était de l’atmosphère générale homérique, du souffle qui animait alors les chantres, et de la crédulité toute poétique des auditeurs, cette supposition allait pourtant à l’excès lorsqu’elle niait, durant toute la durée de la période anté-historique, la composition possible des poèmes et la prédominance probable de deux ou trois génies supérieurs qui avaient dû s’emparer de la matière courante pour en faire de vraies œuvres.

1784. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Correspondance de Louis XV et du maréchal de Noailles, publiée par M. Camille Rousset, historiographe du ministère de la guerre »

en un mot, justifiait-il par quelque qualité éminente et solide, par une spécialité supérieure, cette ambition totale et cette qualification de « grand homme » que le Moréri lui accorde magnifiquement dans un article évidemment émané de la famille, sinon de lui-même ?

1785. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Correspondance de Louis XV et du maréchal de Noailles, publiée par M. Camille Rousset, historiographe du ministère de la guerre (suite et fin) »

Louis XV, en effet, n’a pas une langue en rapport avec celle des grands écrivains qui l’entourent : il est comme puni par là de ne les avoir pas assez appréciés, et de n’avoir pas vu ni reconnu le génie de son siècle dans les parties véritablement supérieures où il se rencontrait en effet.

1786. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Idées et sensations : par MM. Edmond et Jules de Goncourt. »

Quelle lâcheté ou quelle sottise y a-t-il à désirer que l’artiste, supérieur aux autres par ses moyens d’expression, reste d’ailleurs un homme autant qu’il se peut ?

1787. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « La comédie de J. de La Bruyère : par M. Édouard Fournier. »

Fournier cherche à ce fait des raisons et des enchaînements qui bien probablement ne s’y trouvaient pas : « En mettant son fils à l’Oratoire, le père de La Bruyère n’aurait fait que suivre l’exemple du fameux Senault, collègue de son père dans le gouvernement de la Ligue, dont le fils était supérieur de la Congrégation, à l’époque même où La Bruyère s’y serait trouvé comme novice.

1788. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « HISTOIRE de SAINTE ÉLISABETH DE HONGRIE par m. de montalembert  » pp. 423-443

Un sentiment supérieur à l’idée de louange, et qui se formait en moi à cette lecture, est le respect qu’inspirent de semblables travaux pour la jeune vie, d’ailleurs si ornée, qui s’y consacre avec ardeur.

1789. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « THÉOPHILE GAUTIER (Les Grotesques.) » pp. 119-143

Racan et même Maynard, avec bien moins de mouvement d’idées sans doute et moins de velléités originales, ont laissé d’eux-mêmes des témoignages poétiques bien supérieurs et encore subsistants51.

1790. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « UN FACTUM contre ANDRÉ CHÉNIER. » pp. 301-324

atin, qui tous les jours, dans son Cours de poésie latine, éclaire le rôle de Catulle ou d’Horace chez les Latins par celui de Chénier parmi nous, tous ces esprits supérieurs ou délicats ont fait fausse route à cet endroit.

1791. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE DURAS » pp. 62-80

Mais ces différents degrés dans le pardon chrétien, ce premier degré où l’on pardonne pour être pardonné, c’est-à-dire par crainte ou par espoir, cet autre degré où l’on pardonne parce qu’on se reconnaît digne de souffrir, c’est-à-dire par humilité, celui enfin où l’on pardonne par égard au précepte de rendre le bien pour le mal, c’est-à-dire par obéissance, ces trois manières, qui ne sont pas encore le pardon tout-à-fait supérieur et désintéressé, m’ont remis en mémoire ce qu’on lit dans l’un des Pères du désert, traduit par Arnauld d’Andilly : « J’ai vu une fois, dit un saint abbé du Sinaï, trois solitaires qui avoient reçu ensemble une même injure, et dont le premier s’étoit senti piqué et troublé, mais néanmoins, parce qu’il craignoit la justice divine, s’étoit retenu dans le silence ; le second s’étoit réjoui pour soi du mauvais traitement qu’il avoit reçu, parce qu’il en espéroit être récompensé, mais s’en étoit affligé pour celui qui lui avoit fait cet outrage ; et le troisième, se représentant seulement la faute de son prochain, en étoit si fort touché, parce qu’il l’aimoit véritablement, qu’il pleuroit à chaudes larmes.

1792. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre troisième. Les sensations — Chapitre premier. Les sensations totales de l’ouïe et leurs éléments » pp. 165-188

Une même note chantée par divers instruments de timbre différent n’est pas un son simple, mais un composé de sons, dont le principal, le même pour tous les instruments, est la note fondamentale, et dont les autres, variables selon les divers instruments, sont des notes supplémentaires plus faibles, nommées harmoniques supérieures, constituées par des vibrations deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit, neuf, dix fois plus rapides que celles de la note fondamentale.

1793. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXVIIIe entretien. Tacite (1re partie) » pp. 57-103

« Tu as un frère, ton égal en noblesse, ton supérieur par l’âge, digne en tout de la haute fortune où je t’appelle, si tu n’en étais plus digne encore toi-même.

1794. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre I. La tragédie de Jodelle à Corneille »

Il est même à remarquer que le sens dramatique, loir de se développer à mesure qu’on s’éloigne de Jodelle, va s’atrophiant et s’effaçant : Montchrétien, supérieur par le génie poétique, n’a plus guère de ces lueurs d’invention théâtrale qu’on pouvait encore surprendre chez Garnier, dans sa Bradamante, par exemple, ou ses Juives.

1795. (1829) De la poésie de style pp. 324-338

* * * Notre activité sans but, nos mouvements dans l’espace, doivent paraître à des êtres supérieurs comme ces étreintes des mourants qui saisissent leur couverture.

1796. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre XI. L’antinomie sociologique » pp. 223-252

. — L’individu peut aussi s’insurger contre ces mensonges au nom d’un idéal de sociabilité supérieure ; par désir d’une société plus éclairée, plus sincère et plus vraie.

1797. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Mme du Châtelet. Suite de Voltaire à Cirey. » pp. 266-285

Enfin c’est la femme, ici, qui se trouve supérieure, comme il arrive si souvent, et elle ne marque son infériorité qu’en se méprenant dans l’objet de son choix.

1798. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « De la poésie et des poètes en 1852. » pp. 380-400

Il y a quelques années, à Lyon, on a vu se produire un poète éminent, noble, harmonieux, solitaire, sentant et aimant profondément la nature, et agitant avec sincérité en lui les problèmes de la destinée humaine et l’énigme du siècle, cette lutte, qui est celle de toutes les âmes supérieures, entre la science et les croyances, entre les anciennes illusions perdues et les idées nouvelles encore flottantes.

1799. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le duc d’Antin ou le parfait courtisan. » pp. 479-498

D’Antin, tout plat courtisan qu’il est, a donc une idée morale supérieure ; et, puisque j’en suis ici, non pas à le réhabiliter, mais à le montrer au vrai et sans que nous en puissions tirer orgueil, qu’on sache bien que la forme du courtisan n’a fait que changer ; elle a changé comme la forme même du souverain.

1800. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « L’abbé Barthélemy. — I. » pp. 186-205

L’abbé Barthélemy, par son mérite et par la nature du sentiment qui le liait à M. et à Mme de Choiseul, s’élève au-dessus de cette classe, ou plutôt il la personnifie à nos yeux dans un exemple supérieur et comme idéal.

1801. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Saint François de Sales. Son portrait littéraire au tome Ier de l’Histoire de la littérature française à l’étranger par M. Sayous. 1853. » pp. 266-286

Franklin, lui aussi, est riant, il est aimable, il est badin dans son bon sens ; il a bien de l’esprit et de l’imagination dans son expression ; mais, au milieu de toutes ses lumières physiques et positives supérieures, il y a une lumière qui lui manque ou qui semble presque absente, non pas celle qui brille et qui serait fausse, mais celle qui échauffe en rayonnant, une fleur d’éclat qui ne vient pas de la surface, mais du foyer même, une douce, légère et divine ivresse mêlée à la pratique bien entendue des choses, et qui communique son ravissement.

1802. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Marguerite, reine de Navarre. Ses Nouvelles publiées par M. Le Roux de Lincy, 1853. » pp. 434-454

Et pourtant il est bon qu’il y ait de telles âmes éprises avant tout de l’humanité, et qui insinuent à la longue la douceur dans les mœurs publiques et dans des lois restées jusque-là cruelles : car plus tard, aux époques même de sévérité recommençante, la répression, quand elle est commandée par des raisons supérieures de politique, se voit forcée de tenir compte de cette humanité introduite dans les mœurs, et de la tolérance acquise.

1803. (1899) Esthétique de la langue française « Le vers libre  »

Si le vers des séquentiaires fut légitime, le nôtre n’a pas des droits moindres, car sa valeur esthétique est très souvent supérieure.

1804. (1889) Émile Augier (dossier nécrologique du Gaulois) pp. 1-2

— C’était un grand écrivain dont le talent, si français, touche au génie par la clarté, la force et la franchise supérieures.

1805. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Édelestand du Méril »

J’ai parlé de l’enlevante et amusante peinture de la société et des mœurs chinoises, au premier volume de cette histoire, mais je crois supérieure encore la peinture de la société athénienne après la mort de Socrate, lors de l’invasion chez les Grecs de la Comédie nouvelle, dont Ménandre fut le poète comique, Ménandre, si compromis par les éloges des grammairiens.

1806. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Xavier Aubryet » pp. 117-145

Eh bien, dans ce volume qui contient Rossini, Ernest Renan, Émile Augier, Hérold, Jules Simon, Grisar, Scribe, Donizetti, Octave Feuillet, Weber, Ponsard, Boïeldieu, Adolphe Adam, Champfleury, Mozart, Henri Monnier (à propos du type de Prudhomme), et Shakespeare en profil (à propos d’Hamlet), il n’y a pas que les œuvres de ces écrivains et de ces artistes qui soient examinées ; il n’y a pas que leur génie, supérieur ou médiocre, qui soit caractérisé !

1807. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Prosper Mérimée »

Les lettres, c’est intellectuellement la pierre de touche de toute supériorité humaine, et si un homme est supérieur dans ses lettres, c’est qu’il l’est partout, et si inférieur, c’est que réellement il l’est au plus profond de sa substance.

1808. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Saint-Bonnet » pp. 1-28

C’est, comme on le voit, toute une métaphysique, introduite, par un esprit d’une intuition supérieure, dans les données éternelles de la théologie chrétienne ; et quoique le livre, fourmillant d’aperçus, contienne bien autre chose que cette métaphysique, elle n’en est pas moins là son mérite le plus éclatant, et qui le classera le plus haut.

1809. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « J. de Maistre » pp. 81-108

et qui déchira les entrailles de l’Europe après se les être déchirées à elle-même de ses propres mains, ni les conséquences de ce Protestantisme pulvérisateur qu’il détestait, et qui fait lever maintenant des atomes de poussière là où il y avait autrefois du ciment, n’arrachèrent à Joseph de Maistre, tout le temps qu’il vécut, sa foi profonde en une unité supérieure, qui, tôt ou tard, devait se reconstituer.

1810. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Charles Baudelaire  »

Un critique le disait l’autre jour (Thierry, du Moniteur), dans une appréciation supérieure : pour trouver quelque parenté à cette poésie implacable, à ce vers brutal, condensé et sonore, ce vers d’airain qui sue du sang, il faut remonter jusqu’au Dante, Magnus Parens !

1811. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Jean Richepin »

Dans mes impressions, à moi, les Gueux des Champs sont très supérieurs aux deux autres, et sans que le talent du poète y soit pour tout, mais par le fait aussi du sujet, de son atmosphère, de ses paysages, de ses superstitions et de ses mœurs.

1812. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre IV. L’unification des sociétés »

Par exemple, l’élévation du pouvoir qui s’installe, pour les unifier, au-dessus de tous les groupements antérieurs, doit avoir pour résultat de bouleverser les hiérarchies qu’on y tenait pour consacrées, et de modifier plus ou moins profondément les rapports des individus réputés inférieurs avec les individus réputés supérieurs.

1813. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre X : M. Jouffroy psychologue »

Elle n’est que le résultat matériel de cet acte, lequel nous échappe, parce qu’il s’accomplit dans le sein de la cause qui le produit. » — « La véritable cause qui meut le cœur, l’estomac, les organes, est extérieure et supérieure à ces organes79. » Il y a donc un monde spirituel distinct du monde matériel, et dont nous apercevons un individu dans la cause qui est nous-mêmes ; tout l’effort de la psychologie est d’étudier cette cause, plus importante que ses effets.

1814. (1874) Portraits contemporains : littérateurs, peintres, sculpteurs, artistes dramatiques

Même, s’il lui échappait quelque chose d’ingénieux, sa mère, femme supérieure cependant, lui disait : « Sans doute, Honoré, tu ne comprends pas ce que tu dis là ?  […] C’est un don particulier que celui de la parole rhythmée, et tel le possède sans pour cela être un grand génie, tandis qu’il est refusé souvent à des esprits supérieurs. […] Supérieur en cela aux poëtes descriptifs, Balzac voyait l’homme en même temps que la nature ; il étudiait les physionomies, les mœurs, les passions, les caractères du même regard que les sites, les costumes et le mobilier. […] Le succès fut immense, mais il ne put, quoique l’œuvre fût supérieure, dépasser celui des Méditations. […] L’apparition du premier couple humain clôt le poëme, et l’auteur, prévoyant dans l’avenir de nouvelles révolutions cosmiques, salue l’avènement d’un Adam nouveau, personnification d’une humanité supérieure.

1815. (1912) Chateaubriand pp. 1-344

Il voyage avec l’abbé Nagot, supérieur de Saint-Sulpice et quelques séminaristes, qui vont à Baltimore. […] Partout il démontre et répète que la morale du christianisme est supérieure, mais ici il ne s’agit pas de morale, il s’agit de beauté. […] La preuve que le merveilleux chrétien est supérieur au merveilleux païen, et que le christianisme a enrichi l’âme humaine. […] Assurément, ce noble esprit, si supérieur à l’intelligence des Hugo, des Michelet et des autres romantiques, ne se figurait pas le nouveau régime sans quelque horreur. […] Ce Chateaubriand adolescent, le voilà, le vrai « René », bien supérieur à celui de la Nouvelle.

1816. (1716) Réflexions sur la critique pp. 1-296

Je sçai bien que quand on est d’un sentiment contraire au plus grand nombre des gens d’esprit, il faut se défier d’autant plus de ses vûës particulieres ; mais il ne faut pas pour cela les dissimuler ; parce que sans se flatter d’une raison supérieure à celle des autres, on peut avoir découvert en quelque chose la vérité qu’ils n’ont pas apperçûë, faute peut-être de l’avoir aussi soigneusement cherchée. […] On louë en cela la fécondité d’Homere, que l’on croit supérieure à celle de Virgile ; je ne suis pas moi-même trop éloigné de ce sentiment ; mais j’y crains encore un peu d’illusion : et il me semble que les autres le doivent craindre aussi-bien que moi. […] Mais quand un poëte plus raisonnable s’est deffendu de cette yvresse, par des réfléxions solides et continuées, qui se sont enfin tournées en principes ; quand il a conçû que son art n’est comme tout autre qu’un exercice de l’esprit, qu’on n’apprend bien qu’aux dépens de quelque autre chose qu’on néglige ; que la plûpart de ceux qui excellent dans les autres arts auroient excellé dans le sien, si leur éducation y avoit été aussi favorable, et si les diverses circonstances de leur vie avoient tourné de ce côté-là leurs efforts et leur ambition ; il reconnoît alors dans toutes les professions des égaux et des supérieurs ; il découvre dans bien des gens qui ne sont pas poëtes, plus d’imagination, plus de sentiment, plus de raison qu’il n’en eût fallu pour le surpasser. […] En vain diroit-on, qu’il se sentoit supérieur à moi par tant d’autres endroits, que son amour propre ne souffroit pas beaucoup à m’approuver. […] C’est un secours que je me suis procuré, pour me mettre en état de mieux faire, c’est une adresse de l’amour propre qui veut bien devorer de petits affronts, pour se préparer des honneurs plus solides ; et les esprits supérieurs qui font bien sans cela, feroient encore mieux sans doute, s’ils se servoient un peu de mon secret.

1817. (1894) La bataille littéraire. Cinquième série (1889-1890) pp. 1-349

Enfin, si un homme nous aime et nous est agréable, car il est indispensable que nous nous sentions aimées pour devenir capables de cet effort-là, et, si cet homme est un être supérieur, il peut, en s’en donnant la peine, nous faire tout sentir, tout entrevoir, tout pénétrer, mais tout, et nous communiquer par moments, et par morceaux, toute son intelligence. […] Il lui semblait transfiguré, comme si les pensées qui l’occupaient et le soutenaient en ces jours suprêmes l’eussent enveloppé de quelque rayonnement supérieur. […] De naissantes moustaches estompaient la lèvre supérieure très courte d’une bouche qui restait douce et mélancolique, malgré le voisinage de mâchoires carrées et d’un menton proéminent et volontaire. […] La figure du Prince eut été incomplète sans cette dernière série de lettres où le duc d’Orléans se révèle à chaque page tantôt comme un général expérimenté, tantôt comme un savant, un écrivain ou un artiste, toujours comme un homme supérieur, plein de cœur et de bravoure. […] Le parlementarisme, que je n’aimais guère, comptait, comme je ne pouvais l’ignorer, de nombreux adhérents parmi les classes supérieures de Bordeaux.

1818. (1894) La vie et les livres. Première série pp. -348

Ces malheureux, poursuivis par deux navires anglais, de force et de vitesse supérieures, avaient mis leur brick « au plein », laissé aux Anglais toutes leurs boissons, dont ceux-ci se grisèrent, et sauvé quatre cents fusils qu’ils avaient offerts généreusement au gouverneur de Montevideo. […] Si les citoyens d’une décadence sont inférieurs comme ouvriers de la grandeur du pays, ne sont-ils pas très supérieurs comme artistes de l’intérieur de leur âme ? […] Mathurin Houet, supérieur de l’oratoire de Rennes, professaient, sur les devoirs du sacerdoce, d’autres idées que Mgr Gouthe-Soulard, archevêque d’Aix, et Mgr Narcisse Baptifolier, évêque de Mende. […] C’est d’abord, dans les parties supérieures de la société, une certaine impuissance de se décider, une incapacité d’agir. […] À un étage un peu supérieur, mais humble encore, voici la foule confuse, laborieuse et aveugle de ceux à qui la préparation des examens, la méditation éperdue des programmes, le choix fiévreux d’une carrière enlèvent le loisir de penser à quelque chose de noble et d’élevé.

1819. (1930) Le roman français pp. 1-197

Ce don étant libre, de sa part, sa situation sociale demeurant théoriquement supérieure, elle restait, du moins théoriquement, supérieure à son amant. […] En conscience, je ne saurais être de cet avis : si La Débâcle de Zola est de la littérature, si nul n’en a douté quand ce roman fut publié, si du moins le procès à cet égard est encore en suspens de nos jours, Le Conscrit de 1813 en est aussi, car il est supérieur d’intérêt et de vérité à La Débâcle avec un « naturel » que n’a pas celui-ci. […] Rien qui ne soit plus éloigné des conceptions anglo-saxonnes, de celles de Kipling, de London, de Conrad, qui non seulement prennent la colonisation par la race blanche comme un fait inéluctable, mais considèrent cette race comme supérieure et ayant « le droit de commander ». […] Paul Bourget a incontestablement ce talent : un talent fait d’une intelligence supérieure, et où l’intelligence se force jusqu’à la représentation un peu arbitraire, artificielle, de la vie. […] … Mais au-dessus de tout cela il y a la poésie, qui seule est éternelle. » Alors, au-dessus de ces peintures aimables, même quand elles sont tragiques, plane une sorte de mélancolie supérieure qui leur donne la vraisemblance que peut-être lui-même serait tenté de leur dénier.

1820. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « LEOPARDI. » pp. 363-422

En tête d’un fragment traduit de la Théogonie d’Hésiode (la bataille des Dieux et des Titans) il se livre à des réflexions approfondies et vives sur le mérite propre de cette poésie d’Hésiode, surtout dans les Travaux et les Jours ; il la met presque au-dessus de celle d’Homère pour une certaine sincérité et ingénuité incomparable (schiettezza), il incline fort à la croire du moins supérieure en âge, et à ce propos il s’étend sur les conditions diverses qu’exige la traduction des poëtes anciens. […] On a cherché à expliquer par des circonstances accidentelles cette révolution morale dans un homme d’une pensée supérieure et d’une sensibilité exquise, comme si l’esprit human, quand il s’élève et que l’orage du cœur s’en mêle, avait un si grand nombre de chances entre les solutions.

1821. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VII. Les poëtes. » pp. 172-231

. —  Pourquoi ils sont supérieurs. —  Sa traduction de l’Iliade. —  En quoi le goût a changé depuis un siècle. […] Elle n’est qu’une sorte de conversation supérieure et de discours plus choisi.

1822. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVe entretien. Alfred de Vigny (2e partie) » pp. 321-411

« — Mais, commandant, les officiers supérieurs comme vous y sont obligés. […] Ce n’est point une idole, c’est, pour la plupart des hommes, un dieu et un dieu autour duquel bien des dieux supérieurs sont tombés.

1823. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Figurines »

Sa philosophie, — sentiment profond de la suprématie de l’esprit, amertume tempérée par le plaisir de voir clair et d’être supérieure ce qui nous offense  est une sorte de néo-stoïcisme, qui peut servir encore. […] L’âme d’un titi supérieur sonne dans son rire, dont il est impossible de ne pas aimer le joli timbre légèrement nasillard.

1824. (1856) Jonathan Swift, sa vie et ses œuvres pp. 5-62

Des lectures nombreuses, le commerce habituel de cet homme supérieur, donnèrent à l’esprit de Swift, avec l’instruction qui lui manquait, une étendue et une solidité qui le distinguèrent plus tard des hommes de lettres engagés comme lui dans la politique sans y avoir été introduits, comme lui, par la main expérimentée d’un homme d’État. […] Scrope : l’épreuve avait été décisive et le contrôle devait être permanent ; la monnaie de Wood était plutôt supérieure qu’inférieure à la monnaie anglaise et aux stipulations de sa patente, que Newton avait rédigée.

1825. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Shakespeare »

mais excusable de la part d’un homme qui a été élevé de manière à croire que la première représentation d’Hernani fut un événement supérieur à la bataille de Tolbiac, la préface du Coriolan et du Roi Lear est un morceau très intéressant de renseignement, d’analogies heureuses, quelquefois même d’aperçu ; et entre tous les travaux critiques qu’a inspirés Shakespeare, ce n’est pas, à coup sûr, le moins distingué. […] XVI Si, pour notre part, il nous est impossible d’admettre que le drame de Henri V, dont François-Victor Hugo tire par les cheveux — et des cheveux aussi courts que ceux d’une tête ronde — une théorie politique contre le droit divin ; s’il nous est impossible d’admettre que ce drame ait été pour Shakespeare ce qu’il est pour son traducteur, nous n’en voyons pas moins comme lui les beautés supérieures de cette œuvre, splendide et charmante… Charmante, en effet, car ce n’est point l’élément du terrible et du pathétique, si familiers l’un et l’autre au génie de Shakespeare, qui brille ici de sa flamme sombre et convulsive, mais l’élément du gracieux, de l’aimable et du bon, qui étaient autant dans Shakespeare que celui du terrible et du beau.

1826. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « Remarques finales. Mécanique et mystique »

La classe dirigeante, dans laquelle nous comprendrons le roi s’il y a un roi, peut s’être recrutée en cours de route par des méthodes différentes ; mais toujours elle se croit d’une race supérieure. […] Il ne commence à céder que lorsque la classe supérieure elle-même l’y invite.

1827. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Madame Dacier. — I. » pp. 473-493

Dacier depuis son mariage, il entra plus ou moins de Mme Dacier ; elle lui était supérieure, et, par une ignorance qui était chez elle une vertu plutôt qu’une grâce, elle ne s’en apercevait pas : « Dans leurs productions d’esprit, disait Boileau, c’est Mme Dacier qui est le père. » Elle se dégagea pourtant et se remit à suivre, en traduisant, ses propres choix et ses instincts.

1828. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Le président Hénault. Ses Mémoires écrits par lui-même, recueillis et mis en ordre par son arrière-neveu M. le baron de Vigan. » pp. 215-235

Plusieurs de ses supérieurs le regrettèrent, et l’un d’eux même le pleura ; Massillon, qui en avait mieux jugé, dit en riant : « Mon Père, est-ce que vous avez jamais cru qu’il nous resterait ? 

1829. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — II » pp. 375-394

[NdA] On peut voir au tome vii des Mémoires de Napoléon (édition de 1830, pages 323-324) le jugement définitif porté sur le prince Henri comme général et sur ses opérations militaires durant la guerre de Sept Ans : La campagne de Saxe du prince Henri a été beaucoup trop vantée, dit Napoléon ; la bataille de Freyberg n’est rien, parce qu’il y a remporté la victoire sur de très mauvaises troupes ; il n’y a pas déployé de vrais talents militaires… Dans cette campagne (celle de 1762) ce prince a constamment violé le principe que les camps d’une même armée doivent être placés de manière à pouvoir se soutenir… La campagne de 1761 est celle où ce prince a vraiment montré des talents supérieurs.

1830. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — IV » pp. 103-122

En 1709, après avoir refait une armée, Villars sut si bien choisir ses postes, et il en occupa d’abord un si bon ou qu’il rendit tel, dans la plaine de La Bassée, que les ennemis, bien que supérieurs de quarante mille hommes, n’osèrent risquer une attaque ; après l’avoir tâté, ils renoncèrent pour le moment à une bataille et se rejetèrent sur le siège de Tournai, qu’ils entreprirent.

1831. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Journal et mémoires du marquis d’Argenson, publiés d’après les manuscrits de la Bibliothèque du Louvre pour la Société de l’histoire de France, par M. Rathery » pp. 238-259

Fier des dites vertus qui sont rares, il est grand travailleur, habile à se faire servir, et esprit systématique ; il ne lui faudrait proprement ni supérieurs, ni inférieurs ; dès qu’il a affaire avec des hommes, le voilà devenu insociable en affaires ; il ne se prête à aucune des misères du temps.

1832. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Dominique par M. Eugène Fromentin »

Il est d’autres parties qu’il respecte et qu’il ne laissera voir que de loin, en vertu d’un autre principe supérieur au goût même.

1833. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Dominique par M. Eugène Fromentin (suite et fin.) »

Entre lui et Madeleine, mariée, femme du monde, il s’engage un jeu délicat, périlleux, dans lequel calme, supérieure, affectueuse et sans émotion d’abord, elle s’efforce de le ramener, de le guérir.

1834. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite et fin.) »

Les pauvres gens savent gré au-delà de tout de cette bonté, de cet esprit d’égalité dans un supérieur et un homme célèbre, à plus forte raison dans un guerrier.

1835. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Réminiscences, par M. Coulmann. Ancien Maître des requêtes, ancien Député. »

En littérature même, il me semble fort supérieur à toute l’Académie qui le jugeait.

1836. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

Des yeux gris sous des sourcils touffus44, une face morte plaquée de taches, un petit visage qui diminuait encore sous son immense chevelure, le menton noyé dans une large cravate molle remontante, qui rappelait celle des incroyables et le négligé du Directoire, le nez en pointe insolemment retroussé, une lèvre inférieure avançant et débordant sur la supérieure, avec je ne sais quelle expression méprisante indéfinissable, fixée aux deux coins de la bouche et découlant de la commissure des lèvres45 ; un silence fréquent d’où sortaient d’un ton guttural quelques paroles d’oracle ; il y avait là de quoi faire, en causant, un vis-à-vis de première force à Royer-Collard, bien que celui-ci eût plus de sève et de verdeur.

1837. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Il ne lui avait jamais été permis de développer et de perfectionner comme il aurait fallu son premier talent, ce don d’expression dramatique qu’elle possédait pourtant à un degré supérieur, mais qui dépendait trop du cadre, des circonstances, et aussi des moyens physiques.

1838. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — Note »

(Causeries du Lundi, tome I) ; mais je reculai toujours devant une Étude complète où le critique n’eût plus été libre de choisir et où il n’aurait eu en face de lui que l’écrivain seul, et tout l’écrivain : la personne, à mes yeux, était bien supérieure et préférable.

1839. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MME DESBORDES-VALMORE. (Les Pleurs, poésies nouvelles. — Une Raillerie de l’Amour, roman.) » pp. 91-114

Le jour où l’on comprend enfin ce poëte, cette fleur de plus, où elle existe pour nous dans le monde environnant, où l’on saisit sa convenance, son harmonie avec les choses, sa beauté que l’inattention légère ou je ne sais quelle prévention nous avait voilée jusque-là, ce jour est doux et fructueux ; ce n’est pas un jour perdu entre nos jours ; ce qui s’étend ainsi de notre part en estime mieux distribuée n’est pas nécessairement ravi pour cela à ce que les admirations anciennes ont de supérieur et d’inaccessible.

1840. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « GRESSET (Essai biographique sur sa Vie et ses Ouvrages, par M. de Cayrol.) » pp. 79-103

Les supérieurs se décidèrent à renvoyer Gresset de la compagnie, non sans avoir consulté le cardinal Fleury, qui écrivait là-dessus au lieutenant de police Hérault : « A Issy, le 23 novembre 1735.

1841. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — II. » pp. 195-213

En vain se répète-t-elle le plus qu’elle peut et avec une grâce parfaite : « Je veux de l’ombre ; le demi-jour suffit à mon bonheur, et, comme dit Montaigne, on n’est bien que dans l’arrière-boutique ; » sa forte nature, ses facultés supérieures se sentent souvent à l’étroit derrière le paravent et dans l’entresol où le sort la confine.

1842. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Boileau »

En général, Boileau, en écrivant, attachait trop de prix aux petites choses : sa théorie du style, celle de Racine lui-même, n’était guère supérieure aux idées que professait le bon Rollin

1843. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Aloïsius Bertrand »

Si la plupart de ces promesses restèrent en chemin, si les trop confiants essais n’aboutirent en général à rien de complet ni de supérieur, j’aime du moins à y constater, comme cachet, soit dans l’intention, soit dans le faire, quelque chose de non-médiocre, et qui même repousse toute idée de ce mot amoindrissant.

1844. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre V. Transition vers la littérature classique — Chapitre I. La littérature sous Henri IV »

On conçut qu’il fallait donner une autorité supérieure et un fondement rationnel à la règle des mœurs, et l’on résolut encore ce problème par la superposition du christianisme à la sagesse humaine des anciens.

1845. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre IV »

En logeant leur héroïne à un étage social supérieur, en la plaçant dans une de ces positions que côtoient naturellement les centres de la fortune et de l’élégance, MM. 

1846. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Adrienne Le Couvreur. » pp. 199-220

En entendant, l’autre jour, le drame intéressant dans lequel la lutte du talent et du sentiment vrai contre le préjugé et l’orgueil social est si vivement représentée sous son nom, je me disais combien les choses ont changé depuis un siècle, combien la haute société ne mérite plus, à cet égard du moins, les mêmes reproches, et combien elle est peu en reste d’admiration et de procédés délicats envers tout talent supérieur.

1847. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de lord Chesterfield à son fils. Édition revue par M. Amédée Renée. (1842.) » pp. 226-246

Un des membres de la Chambre, qui ne se distinguait par aucun autre talent supérieur, avait celui d’imiter et de contrefaire en perfection les orateurs auxquels il répondait.

1848. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur Bazin. » pp. 464-485

Cette disposition caractéristique à part, et quand il parvenait à triompher des travers où elle le jetait souvent, c’était un esprit judicieux, étendu, supérieur, ferme surtout et fin, un homme jugeant les hommes.

1849. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Saint-Évremond et Ninon. » pp. 170-191

Or, Montesquieu avait cet amour et ce ressort généreux en lui, et c’est par là, autant que par son talent, qu’il lui a été donné de faire un ouvrage admirable, un monument, tandis que Saint-Évremond n’a laissé qu’une ébauche supérieure.

1850. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Jasmin. (Troisième volume de ses Poésies.) (1851.) » pp. 309-329

De tels exemples, où tant de sentiments délicats et généreux se confondent des deux parts dans un sentiment religieux supérieur, semblent ramener la poésie à ses plus nobles origines et ne se peuvent raconter sans émotion.

1851. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Essai sur Amyot, par M. A. de Blignières. (1 vol. — 1851.) » pp. 450-470

L’assassinat de MM. de Guise, aux États de Blois, donna le signal aux mécontents et aux ligueurs d’Auxerre : un supérieur des Cordeliers, Claude Trahy, publia et prêcha partout que l’évêque Amyot avait tout su, tout approuvé, et qu’en absolvant le roi dont il était l’aumônier, il s’était fait son complice.

1852. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires et correspondance de Mallet du Pan, recueillis et mis en ordre par M. A. Sayous. (2 vol. in-8º, Amyot et Cherbuliez, 1851.) — I. » pp. 471-493

De loin en loin il s’élève quelques hommes d’État supérieurs aux événements qu’ils savent prévoir, préparer et conduire (Frédéric le Grand, Franklin, par exemple) ; mais la routine ou la nécessité gouvernent ordinairement le monde, et la vieille Europe renferme malheureusement plus d’ouvriers que d’architectes.

1853. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Notice historique sur M. Raynouard, par M. Walckenaer. » pp. 1-22

En effet, le jeune Marigni, pour exalter les Templiers et faire admirer leur vertu, raconte devant le roi que, dans les murs d’une ville assiégée, une troupe de Templiers, ne pouvant résister à des forces supérieures, se rendit aux musulmans ; le vainqueur veut les faire abjurer, il les insulte, il les menace, rien n’y fait : Intrépides encor dans ce nouveau danger.

1854. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le Brun-Pindare. » pp. 145-167

Dans cette absence de tout principe d’honneur et de dignité, il poursuivait encore avec fierté je ne sais quels fantômes et quelles idoles qui lui parlaient d’un monde supérieur.

1855. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame de Motteville. » pp. 168-188

Le genre d’adresse du cardinal Mazarin, sa dissimulation, la grâce et la finesse de son jeu, cet esprit de cabinet où il excellait, et « qui fait jouer tant de grandes machines », nous est rendu avec fidélité et vie par une personne qui, sans avoir à se louer de lui, a le mérite d’apprécier avec équité ses parties supérieures.

1856. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) «  Mémoires de Gourville .  » pp. 359-379

Je me suis arrêté avec plaisir sur cette figure naturelle et vive, qui est celle d’un Gil Blas supérieur, d’un Figaro sans mauvais goût et sans charge, venu avant que la philosophie et la littérature s’en soient mêlées.

1857. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Monsieur Michaud, de l’Académie française. » pp. 20-40

Michaud est bonne et saine, bien qu’elle n’ait rien de très supérieur dans l’exécution.

1858. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Grimm. — II. (Fin.) » pp. 308-328

En France, il salue donc comme incomparable le siècle de Louis XIV ; et, au xviiie  siècle, il ne trouve qu’une classe d’hommes supérieurs et d’une espèce particulière, la seule qui manquât au grand siècle : « Je les appellerai volontiers philosophes de génie : tels sont M. de Montesquieu, M. de Buffon, etc. » Voltaire est le seul des littérateurs purs et des poètes qui soutienne le vrai goût par ses grâces., son imagination et sa fertilité naturelle : mais, selon Grimm il ne fait que soutenir ce qui fléchissait déjà.

1859. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Monsieur Arnault, de l’Institut. » pp. 496-517

Voyant désormais ce Chêne devenu leur supérieur, les Buissons, qui l’avaient repoussé d’abord, invoquent à présent l’égalité, mais trop tard : L’orgueilleux !

1860. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse esthétique »

La définition de l’œuvre d’art comprend au même titre le roman feuilleton et le roman d’analyse, les genres supérieurs et bas ; elle s’applique aussi bien à l’émotion d’un charretier écoulant une chanson de café-concert, qu’à celle d’un poète charmé par un lied de Schumann, d’un philosophe admirant les démonstrations de Malebranche, ou d’un ingénieur suivant le jeu d’une locomotive.

1861. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre II : La littérature du xviie  siècle »

Nisard ne craint pas de taire entre Bossuet et Voltaire, supérieurs l’un et l’autre par le bon sens, l’un dans les vérités familières, l’autre dans les plus hautes vérités morales ; mais enfin le bon sens suffit-il à constituer le génie ?

1862. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre VI. Des Livres qui traitent de la Rhétorique. » pp. 294-329

Marc-Antoine de Foix, Jésuite de l’illustre maison de ce nom, homme d’un esprit supérieur, & fort distingué dans sa Compagnie.

1863. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VII. Mme de Gasparin »

Talent très féminin, qui touche et qui sait plaisanter, et qui doit cacher une charmante femme, supérieure de sa personne à son talent, quand il y a tant de gens qui de leurs personnes sont plus petits, elle a l’enjouement, comme elle a les larmes, comme elle a le feu, — le feu sacré, l’étincelle pour l’encensoir.

1864. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Rivarol » pp. 245-272

En ce temps-là, les séminaires versaient dans la plus haute société française une corne d’abondance d’esprits distingués et supérieurs.

1865. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre III. “ Fantômes de vivants ” et “ recherche psychique ” »

On ne trouverait donc rien des opérations supérieures de l’esprit à l’intérieur de l’écorce cérébrale.

1866. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XI : M. Jouffroy moraliste »

C’est ce que l’expérience confirme, puisque nous jugeons le motif vertueux supérieur en dignité et en beauté, impératif, sacré.

1867. (1890) Dramaturges et romanciers

Un bon roman est supérieur assurément à une mauvaise tragédie, mais entre un mauvais roman et une mauvaise tragédie nous n’hésiterons jamais. […] Elle est empirique, car ses productions ne relèvent d’aucun principe supérieur et tenu pour certain, d’aucune donnée générale, d’aucun système, d’aucune foi sociale. […] Peu de choses dans notre littérature satirique sont supérieures à cette lettre de la comtesse, où M.  […] Enfin l’héroïne de Gustave Flaubert est très supérieure en intérêt à l’héroïne de Daudet. […] Le drame de la Haine est dans son ensemble fort supérieur à celui de Patrie !

1868. (1891) La vie littéraire. Troisième série pp. -396

Il y a en mathématiques une sorte de vérité supérieure que nous acceptons tous, par cela même qu’elle n’est point sensible. […] Les droits de la pensée sont supérieurs à tout. […] Qui me dit que ce système, en désaccord avec notre morale, ne s’accordera pas un jour avec une morale supérieure ? […] Tisseur définissait l’amour « un état supérieur de l’âme », et il y voyait « la recherche de l’infini ». […] Ce livre ayant été imprimé vers 1840, l’abbé Mathalène fut désapprouvé par ses supérieurs.

1869. (1882) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Deuxième série pp. 1-334

Mais les juges naturels de la cause le condamnèrent sans un instant d’hésitation ; et ces juges, c’étaient Joly, supérieur général de Saint-Lazare, les abbés Tiberge et Brisacier, des Missions étrangères, Tronson, supérieur de Saint-Sulpice, Nicole, parmi les jansénistes. […] Il me semble qu’elles ont cela de particulier qu’on y sent une main qui vaut encore mieux que l’œuvre qu’elle a façonnée, des ouvriers manifestement supérieurs à leur matière.

1870. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Lamartine »

Ce qui crée de la vie est supérieur à ce qui en détruit. » — « Nous n’ôterons pas le lierre », dit gentiment M.  […] Mais prétendre qu’elle est elle-même le vrai « supérieur », — comme s’il y avait plusieurs vérités  ne pensez-vous pas que c’est pure phraséologie ? […] Et il y en a plusieurs, et contradictoires, sur les mêmes hommes et les mêmes événements. « Ce qui crée de la vie (c’est-à-dire la légende) est supérieur, dites-vous, à ce qui en détruit (c’est-à-dire à la critique). » Soit, n’ayons nul souci de la vérité, qui pourtant, même humble et fragmentaire, même inquiétante et triste, me semblait désirable et vénérable, uniquement parce qu’elle est la vérité. […] Il est le poète de l’amour, oui, mais de l’amour « qui tend toujours en haut » (le Banquet, l’Imitation) ; et c’est pourquoi il a toujours conçu quelque chose de supérieur aux amours  permises sans doute, belles quelquefois, mais toujours forcément égoïstes et médiocrement profitables à la communauté humaine  d’un jeune homme et d’une jeune femme.

1871. (1929) Amiel ou la part du rêve

Depuis bientôt un an, le collégien est devenu étudiant, ou plutôt il est entré dans cette préface aux études, supérieures qu’on appelle alors à Genève l’auditoire. […] On n’est libre que par la critique et l’énergie, c’est-à-dire par le détachement et le gouvernement de son moi ; ce qui suppose plusieurs sphères concentriques dans le moi, la plus centrale étant supérieure au moi, étant l’espèce la plus pure, la forme superindividuelle de notre être, notre forme future sans doute, notre type divin. […] Je crois bien que de ces histoires la plus considérable est, en 1865, une campagne d’un journal nommé le Radical qui l’accusait d’« obscurité », se faisait un devoir de « signaler à M. le Conseiller d’État chargé de l’instruction publique les lacunes qui se manifestaient dans notre enseignement supérieur », et flétrissait en le doux philosophe une « individualité inamovible dans sa chaire et dans son égoïsme ». […] Est-il donc étrange et contradictoire que Teste soit déclaré génie latent supérieur aux génies patents, du fait qu’il dédaigne de produire une peau ?

1872. (1836) Portraits littéraires. Tome II pp. 1-523

Je ne sais pas pourquoi il ne siège pas dans le conseil supérieur du commerce, pourquoi M.  […] La composition scénique de don Juan exigeait surtout une intelligence et une volonté supérieures à celle du poète ; car la perpétuelle pétulance que M.  […] Nous n’avons jamais cru, comme le critique ingénieux aujourd’hui engagé dans la vie politique, que l’histoire, dans sa réalité, fût supérieure à la poésie ; nous avons, pour les restitutions de M.  […] Arnault est un homme très supérieur à M.  […] Bocage et Lockroy sont à coup sûr très supérieurs aux deux tiers de la Comédie-Française ; mais, s’ils quittaient la scène où ils sont populaires, je doute fort qu’ils ne perdissent pas au change.

1873. (1897) La vie et les livres. Quatrième série pp. 3-401

Ancienne élève de l’École normale supérieure de Sèvres, agrégée des lettres, Mlle Dugard enseigne au lycée Molière. […] Même on prévoit le temps où les femmes stylées par les meilleurs professeurs de l’Université seront intellectuellement supérieures à leurs maris. […] Voici encore trois sœurs, dont l’une est matron (supérieure) dans un hôpital, la seconde vouée à des œuvres de charité, la troisième occupée toute la journée et une partie de la nuit à courir après des brebis égarées, pour les ramener au bercail. […] Pendant ce temps, autour d’eux, une force supérieure à leurs menues combinaisons décide de la paix ou de la guerre, détermine les ruptures, prépare les amitiés, procure les alliances. […] Doué comme il était d’une vive sensibilité, frémissant au contact de l’œuvre d’art, il considérait que cette œuvre est l’objet supérieur du critique et de l’historien.

1874. (1910) Variations sur la vie et les livres pp. 5-314

Le cardinal de Richelieu força plus tard MIle de La Fayette à se retirer dans le couvent des Filles de Sainte-Marie de Chaillot, dont elle devint supérieure. […] Sainte-Beuve a donné plus d’une fois dans les mêmes travers que Delatouche ; et s’il nous est possible aujourd’hui de l’excuser, ce n’est peut-être qu’à cause de son talent supérieur. […] Elle avait un beau nez droit, un peu gras et dont les narines frémissaient facilement, avec une grande bouche charmante de dessin et dont la lèvre supérieure était gentiment relevée comme celle des enfants. […] Et comme ornement, des citrons pendus par leurs tiges à une tablette supérieure, sur laquelle étaient rangées corbeilles de figues, de noix et de tomates. […]   Le manteau était obligatoire pour tout Vénitien d’une condition supérieure à celle de l’artisan.

1875. (1933) De mon temps…

On citait aussi de sa part des fantaisies singulières, ne fût-ce que celle de ces conférences sur des sujets érotiques, accompagnées de démonstrations physiques, que le romancier prononçait en petit comité, ayant pour tout vêtement un frac qui ne couvrait que la partie supérieure de sa personne, mais ces fanfaronnades et ces excès n’empêchaient pas Maupassant d’être un travailleur acharné et ponctuel, ainsi que le prouvait sa production incessante qu’activait encore l’abus des excitants qui eurent une si fâcheuse influence sur l’état d’une santé déjà menacée par une lourdes tares accidentelles. […] Cette conversation, à la fois prolixe et décousue, ces digressions embrouillées, cette élocution hésitante, tout le gâchis et toutes les bavures de son discours faisaient de lui une espèce de « raseur supérieur » ; mais, qu’il prit la plume, et tout ce déchet et ce tâtonnement de sa pensée devenaient de l’éloquence, de la finesse, de la profondeur, de l’harmonie. […] Je m’y taisais donc sagement en écoutant de toutes mes oreilles et en dégustant l’excellente cuisine qu’on y servait, ce qui faisait dire de moi à la bonne Mme Aubernon, qui trouvait mon appétit supérieur à mon éloquence : « Il mange bien, mais il dîne mal », car bien dîner consistait pour elle à participer brillamment à ces joutes oratoires.

1876. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Conduite de l’action dramatique. » pp. 110-232

Naturellement, le noble doit l’emporter sur le touchant ; et Nicomède qui est tout noble, est d’un ordre supérieur à Bérénice qui est toute touchante. […] Les caractères bas ne peuvent y être admis que lorsqu’ils servent à faire valoir des caractères supérieurs ; et c’est peut-être ce qui sert à faire tolérer Prusias dans Nicomède, et Félix dans Polieucte. […] Imaginez un peuple d’inspirés et d’enthousiastes, dont la tête serait toujours exaltée, dont l’âme serait toujours dans l’ivresse et dans l’extase ; qui, avec nos passions et nos principes, nous seraient cependant supérieurs par la sensibilité, la pureté et la délicatesse des sens, par la mobilité, la finesse et la perfection des organes : un tel peuple chanterait au lieu de parler, sa langue naturelle serait la musique.

1877. (1805) Mélanges littéraires [posth.]

Je n’ai donc garde, dans ces réflexions sur l’éducation publique, de faire la satire de ceux qui enseignent ; ces sentiments seraient bien éloignés de la reconnaissance dont je fais profession pour mes maîtres : je conviens avec eux que l’autorité supérieure du gouvernement est seule capable d’arrêter les progrès d’un si grand mal ; je dois même avouer que plusieurs professeurs de l’Université de Paris s’y opposent autant qu’il leur est possible, et qu’ils osent s’écarter en quelque chose de la routine ordinaire, au risque d’être blâmés par le plus grand nombre. […] Je ne parle point ici des ballets où la religion peut être intéressée : je sais que cet inconvénient est rare, grâce à la vigilance des supérieurs ; mais je sais aussi que, malgré toute cette vigilance, il ne laisse pas de se faire sentir quelquefois. […] La réunion de la justesse et de l’harmonie, portées l’une et l’autre au suprême degré, était peut-être le talent supérieur de Démosthène : ce sont vraisemblablement ces deux qualités qui, dans les ouvrages de ce grand orateur, ont produit tant d’effet sur les Grecs, et même sur les Romains, tant que le grec a été une langue vivante et cultivée ; mais aujourd’hui, quelque satisfaction que ses harangues nous procurent encore par le fond des choses, il faut avouer, si on est de bonne foi, que la réputation de Démosthène est encore au-dessus du plaisir que nous fait sa lecture.

1878. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le cardinal de Bernis. (Fin.) » pp. 44-66

Il ne regrette point le ministère aux conditions où il l’a laissé, et il résume lui-même sa situation politique par un de ces mots décisifs qui sont à la fois un jugement très vrai, et un aveu honorable pour celui qui les prononce : « Je sens avec vous combien il est heureux pour moi de n’être plus en place ; je n’ai pas la capacité nécessaire pour tout rétablir, et je serais trop sensible aux malheurs de mon pays. » Et il essaye de se consoler de son mieux, de se recomposer, dans cette oisiveté, quoi qu’il en dise, un peu languissante, un idéal de vie philosophique et suffisamment heureuse : « La lecture, des réflexions sur le passé et sur l’avenir, un oubli volontaire du présent, des promenades, un peu de conversation, une vie frugale : voilà tout ce qui entre dans le plan de ma vie ; vos lettres en feront l’agrément. » Ce dernier point n’est pas de pure politesse : on ne peut mieux sentir que Bernis tout l’esprit et la supériorité de Voltaire là où il fait bien : « Écrivez-moi de temps en temps ; une lettre de vous embellit toute la journée, et je connais le prix d’un jour. » La manière dont Voltaire reçoit ses critiques littéraires et en tient compte enlève son applaudissement : « Vous avez tous les caractères d’un homme supérieur : vous faites bien, vous faites vite, et vous êtes docile. » Bernis n’a pas, en littérature, le goût si timide et si amolli qu’on le croirait d’après ses vers.

1879. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Étienne de La Boétie. L’ami de Montaigne. » pp. 140-161

Toutes les fois, du moins, qu’on parlera des nobles vies interrompues au sommet de la jeunesse et à la fleur de la maturité, de ces hommes supérieurs morts jeunes et déjà formés tout entiers, grâce au généreux témoignage de Montaigne, le nom de son ami se présentera, et au-dessous de Pascal, sur un marbre à part, on inscrira Vauvenargues et La Boétie.

1880. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — II. (Fin.) » pp. 257-278

Sa profession de foi sur la Révolution française est simple, elle est celle d’un croyant : il pense que la Providence s’en mêle soit directement, soit indirectement, et par conséquent il ne doute pas que cette Révolution n’atteigne à son terme, « puisqu’il ne convient pas que la Providence soit déçue et qu’elle recule » : En considérant la Révolution française dès son origine et au moment où a commencé son explosion, je ne trouve rien à quoi je puisse mieux la comparer qu’à une image abrégée du Jugement dernier, où les trompettes expriment les sons imposants qu’une voix supérieure leur fait prononcer, où toutes les puissances de la terre et des cieux sont ébranlées… Quand on la contemple, cette Révolution, dans son ensemble et dans la rapidité de son mouvement, et surtout quand on la rapproche de notre caractère national, qui est si éloigné de concevoir et peut-être de pouvoir suivre de pareils plans, on est tenté de la comparer à une sorte de féerie et à une opération magique ; ce qui a fait dire à quelqu’un qu’il n’y aurait que la même main cachée qui a dirigé la Révolution, qui pût en écrire l’histoire.

1881. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — II » pp. 454-475

Pour nous, ce qui nous attire et ce qui nous en plaît aujourd’hui, ce n’est pas tant ce canevas sentimental aisé à imaginer, et qui est traité d’ailleurs avec grâce et délicatesse, comme aurait pu le faire Mme de Souza ; ce sont moins les personnages amoureux que des personnages au premier abord accessoires, mais qui sont en réalité les principaux : c’est un président de Longueil, forte tête, à idées politiques, à vues étendues, une sorte de Montesquieu consultatif en 89, et qui, en écrivant à Saint-Alban, lui communique ses appréciations supérieures et son pronostic chaque fois vérifié ; — c’est aussi le père du jeune Saint-Alban, espèce de Pétrone ou d’Aristippe, qui, pour se livrer à ses goûts d’observation philosophique et de voyages, a renoncé dès longtemps aux affaires, aux intérêts publics, même aux soins et aux droits de la puissance paternelle, et s’en est déchargé sur son ami le président de Longueil.

1882. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — III » pp. 81-102

Les généraux d’état-major savants et modestes qu’il consultait n’étaient pas hommes à prendre l’initiative de semblables conseils, et à inaugurer cette stratégie supérieure qui combine les mouvements des différentes armées et qui leur imprime de l’unité ; M. de Chamlay n’était pas un Carnot.

1883. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Benjamin Constant. Son cours de politique constitutionnelle, ou collection de ses divers écrits et brochures avec une introduction et des notes, par M. Laboulaye »

Sa grande faute en 1815, cet article exalté du 19 mars, ce fut une femme, Mme Récamier, qui le lui fit faire ; et quand plus tard il dut s’excuser devant les royalistes accusateurs de s’être rallié à Napoléon, il eut à donner de bien bonnes raisons sans doute, les principes supérieurs aux hommes, la nation avant tout, la France à la veille d’une invasion, la nécessité alors pour tous les patriotes de se rallier à un grand général en présence de l’étranger ; mais par malheur, une autre femme (Mme de Staël), à la suite de laquelle il avait fui la France quelques années auparavant, était cause qu’il avait écrit cette autre phrase également exaltée et si antifrançaise, datée en effet de Hanovre ou du quartier général de Bernadotte, le 31 décembre 1813 : « Les flammes de Moscou ont été l’aurore de la liberté du monde.

1884. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

Combien j’aime, au contraire, ces esprits aimables et sensés, qui, ayant pratiqué un art par eux-mêmes et en sachant les difficultés et tous les périls, sont modestes et mesurés quand ils entreprennent de juger, dans un art voisin et différent, leurs confrères, leurs supérieurs ou leurs semblables !

1885. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite.) »

Je crois que M. de Feuquières pourra bien jouer des siennes et faire valoir des sentiments fondés sur des raisons bonnes pour ceux qui ne voient pas les choses… » Je ne me fais pas juge entre Catinat et Feuquières, ce serait une grande impertinence ; je ne me fais point le défenseur de Feuquières, ce n’est point mon rôle, et il y aurait à ceci de l’impertinence encore et, qui plus est, de l’injustice ; mais enfin, pour voir le double côté de la question, pour l’envisager à sa juste hauteur et la dégager autant que possible des personnalités dont elle est restée masquée jusqu’à ce jour, qu’on veuille supposer un instant ceci : il y a dans l’armée de Catinat un militaire, incomplet dans la pratique, mais d’un génie élevé, qui a, dès 1690, l’instinct et le pressentiment des grandes opérations possibles sur cet admirable échiquier de la haute Italie ; ce militaire, à tout moment, conçoit ce qu’on pourrait faire et ce qu’on ne fait pas ; il blâme, il critique, il raille même, il hausse les épaules, il est ce qu’on appelle un coucheur, et ce qu’on appelait alors être incompatible : tel était Feuquières, qui à des vues supérieures joignait, il faut en convenir, une malignité particulière.

1886. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Josèphe de Saxe, dauphine de France. »

Mais il est impossible que dans les dictées d’un homme de guerre d’une vocation aussi décidée il n’y ait pas de bonnes et fines remarques de détail (comme chez Montluc en son temps), des observations pratiques utiles au métier et d’autres qui touchent au moral de l’art et qui sont supérieures : Mes Rêveries en sont semées ; Napoléon, en les lisant, y a fait les deux parts10 ; et le comte Vitzthum a raison d’y signaler, à son tour, de bonnes et même de tout à fait belles pages : ainsi l’exposé de la bataille de Pultava, ainsi un curieux récit de l’affaire de Denain au point de vue du prince Eugène11 ; ainsi des réflexions sur la défaite de Malplaquet, sur la déroute de Ramillies ; de singulières anecdotes sur des paniques d’hommes et de chevaux même après la victoire gagnée, racontées à l’auteur par Villars ; mais surtout un admirable endroit sur l’idée du parfait général d’armée que le comte de Saxe avait vu à peu près réalisé en la personne du prince Eugène.

1887. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. » p. 232

. — J’inclinerais à trouver la tête d’Aremberg supérieure, pour l’expression et pour l’exécution, à celle du groupe du Vatican.

1888. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [I] »

Au lieu de cela, faute d’un grand poète comme Homère ou comme le puissant rhapsode qui de loin nous donne l’idée d’un Homère, faute d’un poète supérieur qui pût, sinon fixer la langue, du moins la montrer et l’attester à jamais par une œuvre vivante, et solenniser ce noble et simple genre en l’attachant dans la mémoire des hommes avec des clous d’airain et de diamant, on alla à la dérive, selon le cours des temps et la dégénérescence des choses ; on en vint par degrés au dégoût et au mépris pour un genre usé qui tombait dans un romanesque affadissant ; puis l’oubli arriva.

1889. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine »

Par beaucoup de détails, par le style, par le souffle et l’ampleur des morceaux pris séparément, elles sont souvent supérieures aux premières Méditations ; comme ensemble, comme volume définitif, j’aime mieux les premières. 

1890. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. CHARLES MAGNIN (Causeries et Méditations historiques et littéraires.) » pp. 387-414

Pourtant l’orage augmente, et l’on parle d’un ordre supérieur obtenu contre le poëte, lorsque tout à coup on apprend que la Champmêlé qui devait, ce soir même, jouer Ariane devant le roi, a feint une indisposition ; que, grâce à ce tour d’adresse, les Plaideurs, représentés pour la troisième fois, ont subitement trouvé faveur et gagné leur cause ; on n’a plus osé siffler, et le roi a ri.

1891. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « HISTOIRE DE LA ROYAUTÉ considérée DANS SES ORIGINES JUSQU’AU XIe SIÈCLE PAR M. LE COMTE A. DE SAINT-PRIEST. 1842. » pp. 1-30

Il pousse plus d’un bout de texte en un sens auquel on n’avait pas songé, et il lui fait rendre de subtiles nuances ; il a des impatiences et des éclairs d’interprétations qu’après tout, en ces matières humaines si complexes, un esprit supérieur a peine à s’interdire, et que le talent se plaît à exprimer.

1892. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Pierre Corneille »

Corneille, avons-nous dit, était un génie pur, instinctif, aveugle, de propre et libre mouvement, et presque dénué des qualités moyennes qui accompagnent et secondent si efficacement dans le poëte le don supérieur et divin.

1893. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (6e partie) » pp. 129-176

II « Mais cette femme, si magnanime et si supérieure à son sort en public, fléchissait, comme toute nature humaine, dans la solitude et dans le silence du cachot.

1894. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXIe Entretien. Chateaubriand »

Je sentais d’instinct que cet homme était d’une race supérieure à la mienne, et que le génie l’avait marqué au front.

1895. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre I. Roman de Renart et Fabliaux »

En ce genre encore, notre moyen âge français a eu la malechance de ne produire aucun génie supérieur.

1896. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre II. Boileau Despréaux »

Le point de départ de l’Art poétique est celui du Discours de la méthode : la raison, départie à tous, est en nous la faculté supérieure, dominatrice et directrice des âmes, douée spécialement de la propriété de discerner le vrai du faux.

1897. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « V »

L’orchestre est incomparablement supérieur à celui de Berlin.

1898. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVII et dernier » pp. 442-475

Victorieux depuis qu’il régnait, n’ayant assiégé aucune place qu’il n’eut prise, supérieur en tout genre à ses ennemis réunis, la terreur « de l’Europe pendant six années de suite, enfin son arbitre et son pacificateur, ajoutant à ses états la Franche-Comté, Dunkerque et la moitié de la Flandre ; et ce qu’il devait compter pour le plus grand de ses avantages, roi d’une nation alors heureuse et alors le modèle des autres nations. » Les armées qui avaient conquis les pays dont sa longanimité rendait la plus grande partie par la paix de Nimègue, étaient florissantes, pleines de gloire et de confiance.

1899. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre IV, Eschyle. »

Les danses et les chants ne submergèrent plus la parole ; elle les domina de sa dignité supérieure, l’Esprit plana sur cette mer.

1900. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE XIV »

Mais la qualité supérieure de la pièce, son charme essentiel, sa sympathie pénétrante est l’émotion dont elle est remplie.

1901. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Huet, évêque d’Avranches, par M. Christian Bartholmèss. (1850.) » pp. 163-186

Il quitta à temps cette éducation domestique où il était à la gêne, et fut mis au collège des Jésuites de Caen ; il y trouva des maîtres et des guides supérieurs qui surent distinguer aussitôt l’enfant précieux qui leur venait, et l’entourer de soins particuliers et de toute sorte de culture.

1902. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Mme de Caylus et de ce qu’on appelle Urbanité. » pp. 56-77

Mme de Montespan, qui avait tant de piquant et un tour unique de raillerie et d’humeur, s’était imaginé gouverner toujours le roi parce qu’elle se croyait supérieure à lui par l’esprit.

1903. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Madame Émile de Girardin. (Poésies. — Élégies. — Napoline. — Cléopâtre. — Lettres parisiennes, etc., etc.) » pp. 384-406

Il est temps de le dire, Mme de Girardin comme femme, et là où elle se montre de sa personne, paraît bien supérieure, jusqu’ici, à ce qu’elle a été comme auteur.

1904. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « L’abbé de Choisy. » pp. 428-450

Il ne fut admonesté par l’autorité ecclésiastique supérieure qu’à la dernière extrémité.

1905. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mirabeau et Sophie. — II. (Lettres écrites du donjon de Vincennes.) » pp. 29-50

Le Dieu était en lui, qui veillait, qui remettait, à son insu, l’ordre et une sorte d’harmonie supérieure, jusque dans le tumultueux désordre et le chaos orageux de l’homme.

1906. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mademoiselle de Scudéry. » pp. 121-143

En vain on essaierait aujourd’hui de protester contre cet arrêt irréfragable et d’énumérer tous les témoignages de consolation en faveur de Mlle de Scudéry, les lettres de Mascaron, de Fléchier, de Mme Brinon, supérieure de Saint-Cyr, de Mme Dacier, les éloges de Godeau, de Segrais, de Huet, de Bouhours, de Pellisson.

1907. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires de Marmontel. » pp. 515-538

On reconnaît là à ses vrais signes un sentiment filial attendri et pieux, une honnêteté native que n’eut jamais Rousseau, si supérieur par tant de parties.

1908. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. Anecdotes. » pp. 123-144

De telles disgrâces n’arrivent jamais aux guides supérieurs de l’opinion ; dans les circonstances décisives ils retrouvent tous leurs alliés, et ils ont le public de leur bord.

1909. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre sixième. La volonté — Chapitre premier. Existence de la volonté »

Au lieu de prendre pour point de départ les sensations calmes et contemplatives des sens supérieurs, derniers venus dans l’évolution, il faut, au contraire, prendre pour élément primordial la sensation organique, profonde et générale, encore à peine différenciée dans des organes spéciaux.

1910. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre premier. La solidarité sociale, principe de l’émotion esthétique la plus complexe »

Le sentiment du beau n’est que la forme supérieure du sentiment de la solidarité et de l’unité dans l’harmonie ; il est la conscience d’une société dans notre vie individuelle.

1911. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Introduction »

Dans ce triage, de nouvelles erreurs se glisseront encore comme conditions préparatoires d’une vérité supérieure ; c’est à la discussion de faire tomber successivement les erreurs contraires : de ce conflit se dégagent certains principes qui vont en se multipliant avec le temps.

1912. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Première partie. Écoles et manifestes » pp. 13-41

« Ainsi le poème est nécessaire et supérieur à la nature, puisqu’il s’affranchit des visions contingentes et triomphe de la mort.

1913. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre X. Des Livres nécessaires pour l’étude de la Langue Françoise. » pp. 270-314

Daire Célestin, puisqu’un Dictionnaire d’épithètes n’est proprement, dit l’auteur des affiches de province, qu’un Dictionnaire de synonymes renversé ; mais l’ouvrage du Barnabite est bien supérieur au lexique de Lyon.

1914. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Le Prince » pp. 206-220

Au-devant du massif, jeune homme s’avançant bêtement vers une vieille qui le regarde et semble lui dire : " c’est l’oiseau de ma fille. " au pied du bassin, vers la gauche, cette fille est étendue à terre, la tête et la partie supérieure du corps tournés vers le porteur d’oiseau et le bras droit appuyé sur sa cage ouverte.

1915. (1920) Action, n° 4, juillet 1920, Extraits

Cet art est analogue à la danse, mais infiniment supérieur par l’ampleur de la scène et son extraordinaire dynamisme dans les trois dimensions de l’espace.

1916. (1759) Réflexions sur l’élocution oratoire, et sur le style en général

La réunion de la justesse et de l’harmonie était vraisemblablement le talent supérieur de Démosthène.

1917. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre X. Première partie. Théorie de la parole » pp. 268-299

Elle est l’histoire de l’homme, le tableau de ses rapports avec Dieu, avec les intelligences supérieures, avec ses semblables, dans le passé, dans le présent, dans l’avenir, dans le temps et hors du temps.

1918. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « X. M. Nettement » pp. 239-265

L’appréciation des influences de Béranger, sous la Restauration, l’étude faite de ses opinions, de son talent et de sa vie, honoreraient toute plume vivante et même celles qui sont regardées par l’opinion comme bien supérieures à la plume de M. 

1919. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Philarète Chasles » pp. 147-177

Cette histoire est très belle, très tragique, et les personnages en sont très criminels, puisque c’est la séduction d’une religieuse de haut lignage, princesse de naissance, supérieure de son couvent, par un jeune seigneur italien de beauté singulière, de mœurs très corrompues, assassin trois ou quatre fois.

1920. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Sainte-Beuve. Les Poésies de Joseph Delorme, Les Consolations, les Pensées d’août. »

Il a pris pour elle les ornements de la pensée, et toute la poésie qui était en lui à un degré supérieur d’énergie, tout le temps qu’il savait moins, et par conséquent qu’il était plus sincère, la poésie est morte enfin, indigérée de littérature !

1921. (1868) Curiosités esthétiques « VII. Quelques caricaturistes français » pp. 389-419

Il fait deviner la couleur comme la pensée ; or c’est le signe d’un art supérieur, et que tous les artistes intelligents ont clairement vu dans ses ouvrages.

1922. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — La rentrée dans l’ordre »

Singulière, en effet, car comment admettre que ce qui ne vit pas soit supérieur à ce qui vit ?

1923. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVIII. Des obstacles qui avaient retardé l’éloquence parmi nous ; de sa renaissance, de sa marche et de ses progrès. »

Quoique les Grecs de ce temps-là fussent aussi loin peut-être de ressembler aux Grecs du temps de Constantin et de Julien, que ceux-ci étaient éloignés des Grecs du temps de Périclès et d’Alexandre, cependant ils parlaient toujours la langue d’Homère et de Platon ; ils cultivaient les arts ; et ces plantes dégénérées, à demi étouffées par un gouvernement féroce et faible, et par une superstition qui resserrait tout, portaient encore au bout de quinze cents ans, sur les bords de la mer Noire, des fruits fort supérieurs à tout ce qui était connu dans le reste de l’Europe.

1924. (1894) La bataille littéraire. Septième série (1893) pp. -307

Lorsque tous seraient sains, forts, intelligents, il n’y aurait plus qu’un peuple supérieur, infiniment sage et heureux. » Mais, hélas ! […] Soixante fous liés par les jambes et par les mains aux quatre pieds du lit occupaient les salles supérieures ; leurs cris ne permettaient aucun repos aux malades ; leur martyre ne finissait que par la mort ; les autres malades (deux mille environ) étaient couchés deux à deux dans le même lit. […] Placée à une galerie supérieure, elle ne pouvait détacher ses yeux de cette éblouissante apparition. […] Ses aptitudes variées se dissimulaient comme fondues dans l’harmonie supérieure de son être. […] C’est dans son travail sur Jésus-Christ qu’il affirme le plus catégoriquement ses convictions à cet égard : … Les âmes supérieures ne se manifestent guère l’homme que dans l’état de sommeil profond ou d’extase.

1925. (1890) Impressions de théâtre. Quatrième série

Par un coup d’État de la raison sur un instinct longtemps irrésistible, et de la charité (qui est la justice supérieure, la justice envers toute l’humanité) sur l’aveugle besoin d’une étroite et fausse justice individuelle. […] Mais vous y retrouverez (avec des vers si beaux qu’il n’y en a guère de supérieurs dans notre littérature) l’implacable génie de M.  […] Pour Madeleine, George Sand s’est tirée d’affaire en lui laissant son illusion jusqu’à l’avant-dernière ligne… Et c’est pour cela que le roman est fort supérieur à la pièce. […] Et vous voyez, je suis supérieur à ma besogne, je la domine et je la blague, je suis fort, je suis étourdissant ! […] Elle manque à un devoir dont la violation n’atteint qu’elle-même, afin d’accomplir un devoir d’ordre supérieur, celui qui nous oblige envers les autres.

1926. (1858) Du roman et du théâtre contemporains et de leur influence sur les mœurs (2e éd.)

Qu’on y songe en effet : si Dieu n’est qu’une puissance aveugle, si la vie n’est qu’un problème insoluble, si l’homme ne discerne au-dessus de lui aucune loi supérieure et obligatoire, quel sens, quelle raison d’être peut avoir la liberté morale ? […] Il ne s’y commet que des crimes mesquins : Vautrin est plus grand 157. » Citons enfin un roman très connu où se trouve formulée, d’une façon toute dogmatique, cette thèse que le crime a en lui quelque chose de grand, et qu’il est le propre des âmes supérieures. […] Et si cela est vrai, gardez à la nature supérieure sa supériorité, même quand elle arrive au crime, et puisque la loi avait à faire un choix entre ces deux hommes, elle aurait dû au moins conserver le mieux constitué 158. » Cette théorie, neuve assurément en droit pénal, l’auteur la met en action dans son livre. […] Les grandes passions, les grands vices même sont l’attribut des grandes âmes et des intelligences supérieures, comme ils sont la source des hautes inspirations et des nobles sentiments. […] Autrefois il plaçait ses personnages dans un monde supérieur et meilleur ; il faisait d’eux des modèles de vertu, de délicatesse et de pur amour.

1927. (1927) Approximations. Deuxième série

Le lecteur suit les tâtonnements du narrateur qui font partie de l’action du roman, dans une « unité supérieure d’atmosphère ». […] En regard de cette manière de sentir si intimement féminine, il serait intéressant de montrer les points par où en différent les réactions d’un homme supérieur. […] Goncourt un peu enivré, Huysmans un peu haché, Courbet un peu confortable, Manet un peu évaporé : à tous il manque un grain de cette indifférence supérieure qui se révèle ici l’instrument de l’absolue mise au point. […] Sera-t-il supérieur à celui d’un Byron, d’un Wordsworth, d’un Coleridge ? […] Pour ma part je me rallie sans réserve au mot sur lequel Sainte-Beuve arrête le plus fouillé de ses portraits : « Pascal, admirable écrivain quand il achève, est peut-être encore supérieur là où il fut interrompu » [Sainte-Beuve, Port Royal, t. 2, Livre III, éd.

1928. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Eugène Gandar »

.” — Je les verrai… » On a beaucoup médit de M. de Humboldt depuis sa mort ; on lui a rendu la monnaie des épigrammes dont il ne se faisait pas faute envers ses contemporains ; mais, des esprits supérieurs, il convient surtout de ne pas perdre de vue le grand côté, et le côté élevé d’Alexandre de Humboldt, son honneur durable devant la postérité, c’est son amour pour la science, pour l’avancement des connaissances humaines et, par suite, pour la docte et laborieuse jeunesse qu’il estimait capable de les servir ; cet amour et cette flamme, il les conserva dans toute leur vivacité jusqu’à sa dernière heure, et sa conversation avec Gandar nous en est un nouvel et intéressant témoignage. […] On a fort exalté depuis un certain nombre d’années les génies supérieurs, austères, grandioses, jusqu’à en écraser parfois les plus charmants.

1929. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Malherbe »

Tout cela semble promettre une suite ; on pouvait croire que cette poésie encore bien humble, bien peu élevée, qui avait rompu avec les sources supérieures et avec la forte sève historique du Moyen Âge, qui n’en avait recueilli, pour aucune part, le génie héroïque et sévère, allait grandir, se fortifier de nouveau, produire enfin des œuvres plus généreuses, sans pourtant se priver des avantages acquis et de ses heureuses qualités secondaires. […] Sa leçon à Balzac nous l’a montré supérieur aux misères du métier : s’il avait quelques-unes des nobles ivresses du poëte, il n’avait aucune des petitesses de l’homme de lettres.

1930. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. de Rémusat (passé et présent, mélanges) »

» Seulement, pour traduire en action cette lutte et lui donner tout son relief, il s’agissait de la rejeter dans le passé et de la personnifier dans quelque figure historique connue, dans un homme célèbre en qui l’esprit, supérieur au caractère, aurait eu à lutter et contre lui-même et contre le monde d’alentour. […] Je remarquerai pourtant que le premier livre de l’ouvrage imprimé, celui qui contient la vie d’Abélard, est peut-être supérieur au drame comme perfection.

1931. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre IV. Addison. »

Dans cette vaste transformation des esprits qui occupe tout le dix-huitième siècle et donne à l’Angleterre son assiette politique et morale, deux hommes paraissent, supérieurs dans la politique et la morale, tous deux écrivains accomplis, les plus accomplis qu’on ait vus en Angleterre ; tous deux organes accrédités d’un parti, maîtres dans l’art de persuader ou de convaincre ; tous deux bornés dans la philosophie et dans l’art, incapables de considérer les sentiments d’une façon désintéressée, toujours appliqués à voir dans les choses des motifs d’approbation ou de blâme ; du reste différents jusqu’au contraste, l’un heureux, bienveillant, aimé, l’autre haï, haineux et le plus infortuné des hommes ; l’un partisan de la liberté et des plus nobles espérances de l’homme, l’autre avocat du parti rétrograde et détracteur acharné de la nature humaine ; l’un mesuré, délicat, ayant fourni le modèle des plus solides qualités anglaises, perfectionnées par la culture continentale ; l’autre effréné et terrible, ayant donné l’exemple des plus âpres instincts anglais, déployés sans limite ni règle, par tous les ravages et à travers tous les désespoirs. […] Cette netteté et cette étroitesse vont jusqu’à décrire le ciel. « Il est un endroit où la Divinité se dévoile par une gloire supérieure et visible.

1932. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIe entretien. Épopée. Homère. — L’Iliade » pp. 65-160

Le lendemain, dès que l’Aurore aux doigts roses, fille du Matin, a lui dans le firmament, un vent propice et durable souffle sur la mer ; ils redressent le mât, ils déploient les voiles blanchissantes qu’enfle l’haleine des vents ; la vague bleuâtre résonne sur les flancs du navire qui fend en voguant la plaine liquide. » V Ici le poète, qui voit, avec autant de raison que de poésie, toutes les actions des hommes gouvernées invisiblement par les puissances supérieures nommées divinités, transporte, sans transition, la scène et la pensée de la terre au ciel. […] Respectez la jeunesse du monde, ou montrez-nous une langue et un vers supérieurs à une pareille langue et à de pareils vers.

1933. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIIIe entretien. Balzac et ses œuvres (3e partie) » pp. 433-527

Depuis quarante ans cette peinture excite les plaisanteries des jeunes pensionnaires, qui se croient supérieurs à leur position en se moquant du dîner auquel la misère les condamne. […] « Eugène de Rastignac était revenu dans une disposition d’esprit que doivent avoir connue les jeunes gens supérieurs, ou ceux auxquels une position difficile communique momentanément les qualités des hommes d’élite.

1934. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLIXe Entretien. L’histoire, ou Hérodote »

On dit que le voleur, se fiant à cette promesse, se présenta, que Rhampsinite lui fit un grand accueil, et lui donna sa fille comme au plus industrieux de tous les hommes, puisque les Égyptiens étant regardés comme supérieurs à tous les autres peuples, il s’était montré supérieur à tous les Égyptiens. » XI Cambyse, infatué de sa fortune, devint furieux.

1935. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre huitième »

Ce perfectionnement, ce point suprême au-delà duquel l’esprit humain est condamné à déchoir, c’est Racine qui l’atteignit ; Racine, un de ces génies accomplis de la famille des Virgile, des Raphaël, des Mozart, non moins étonnants pour s’être gardés de tous les défauts que pour avoir réuni toutes les qualités ; lumières douces et pénétrantes, qui éclairent les plus ignorants comme les plus versés dans la science des choses humaines, et qui n’éblouissent personne ; esprits harmonieux, chez qui nulle qualité n’est poussée jusqu’à son défaut, mais qui possèdent une qualité supérieure et charmante par laquelle ils sont les premiers parmi les hommes de génie, la sensibilité. […] Au théâtre, le succès n’est pas de réflexion : il faut emporter les âmes ; et souvent c’est à l’aide de caresses au tour d’esprit régnant que le poète supérieur fait agréer les vérités qui ne passent pas.

1936. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1893 » pp. 97-181

Jeudi 13 juillet Daudet me parlant de sa faiblesse, à la suite de la crise d’estomac de ces trois jours, je lui disais, que la douleur devait amener une dépense de force supérieure à celle exigée et obtenue par tous les exercices physiques ; et qu’un jour peut-être, on trouverait un instrument qui vous donnerait le chiffre de la déperdition, amenée par une crise de foie, par des douleurs rhumatismales, et qu’on serait étonné de la dépense de force, faite dans une maladie aiguë. […] Jeudi 9 novembre Voici qu’en sortant de table, Léon Daudet, avec son emballement ordinaire, se met à proclamer que Wagner est un génie supérieur à Beethoven, et se montant, se montant, arrive à affirmer, que c’est un génie aussi grand qu’Eschyle, que son Parsifal égale le Prométhée.

1937. (1925) La fin de l’art

Faisons abstraction des visages de femmes, dont presque aucun n’est tolérable, la galerie des hommes me paraîtra même supérieure. […] Gassendi est l’inventeur de la cloison étanche, qui n’est peut-être qu’un jésuitisme supérieur.

1938. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre cinquième. Le réalisme. — Le trivialisme et les moyens d’y échapper. »

La vie inférieure, végétative ou bestiale, sera moins belle que la vie supérieure, morale ou intellectuelle ; mais, encore une fois, ce qui importe, c’est la vie, et mieux vaut faire vivre devant nos yeux un monstre, malgré le caractère instable et provisoire de toute monstruosité dans la nature, que de nous représenter une figure morte de l’idéal, un composé de lignes abstraites comme celles d’un triangle ou d’un hexagone. […] Dans les métaphores, qui ne doivent être que des métamorphoses rationnelles, des symboles de l’universelle transformation des choses, le poète peut passer quelques-uns des degrés insensibles de la vie, non les sauter à plaisir ; il peut comparer la machine à la bête, l’être immobile à l’être qui se meut, l’animal inférieur à l’animal supérieur ; mais ce n’est que bien haut dans l’échelle des êtres qu’il peut, en général, chercher des points de comparaison avec l’homme52.

1939. (1902) Les poètes et leur poète. L’Ermitage pp. 81-146

Littérairement Verlaine est supérieur aux grands romantiques ; il balbutie, mais il lui arrive de balbutier des choses divines. […] J’ose penser que dans le plus mauvais livre de Victor Hugo, il y a des vers supérieurs aux plus beaux des autres poètes.

1940. (1880) Goethe et Diderot « Gœthe »

Si, au milieu de tous les syncrétismes de la pensée de Gœthe, lequel se vante dans ses Mémoires de s’être dépouillé du catholicisme en trois temps, on aperçoit encore quelques atomes de poète, il les doit à ce catholicisme plus fort que tout, qui palpite encore, malgré lui, dans cette poitrine glacée, prise par des sots insensibles pour celle d’un Dieu parce que rien n’y bat… Il les doit encore, non à son génie particulier, mais au génie de sa race, et c’est là, du reste, quand on n’est pas nettement supérieur par soi-même, ce qui peut arriver de mieux : avoir le génie de sa race. […] Jean-Jacques Rousseau avait l’âme basse ; Pascal, de toutes les manières supérieur à Rousseau, l’avait troublée, violente et tremblante.

1941. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Chapitre III. De l’organisation des états de conscience. La liberté »

. — Que si, maintenant, on cherchait pourquoi les uns attribuent au fait et les autres à la loi une réalité supérieure, on trouverait, croyons-nous, que le mécanisme et le dynamisme prennent le mot simplicité dans deux sens très différents. […] La question est de savoir si, connaissant dès aujourd’hui tous les antécédents futurs, quelque intelligence supérieure pourrait prédire avec une absolue certitude la décision qui en sortira. » — Nous consentons volontiers à ce qu’on pose le problème en ces termes : on nous fournira ainsi l’occasion de formuler notre idée avec plus de rigueur.

1942. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre II. De la reconnaissance des images. La mémoire et le cerveau »

Dans la seconde, au contraire, un acte d’attention implique une telle solidarité entre l’esprit et son objet, c’est un circuit si bien fermé, qu’on ne saurait passer à des états de concentration supérieure sans créer de toutes pièces autant de circuits nouveaux qui enveloppent le premier, et qui n’ont de commun entre eux que l’objet aperçu. […] Ces mécanismes sont reliés aux centres supérieurs de l’écorce par les prolongements cylindroaxiles des cellules pyramidales de la zone psycho-motrice ; c’est le long de ces voies que chemine l’impulsion de la volonté.

1943. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre VI. Milton. » pp. 411-519

Beaucoup d’hommes vivent, fardeaux inutiles de la terre ; mais un bon livre est le précieux sang vital d’un esprit supérieur, embaumé et conservé religieusement comme un trésor pour une vie au-delà de sa vie… Prenons donc garde à la persécution que nous élevons contre les vivants travaux des hommes publics ; ne répandons pas cette vie incorruptible, gardée et amassée dans les livres, puisque nous voyons que cette destruction peut être une sorte d’homicide, quelquefois un martyre, et, si elle s’étend à toute la presse, une espèce de massacre dont les ravages ne s’arrêtent pas au meurtre d’une simple vie, mais frappent la quintescence éthérée qui est le souffle de la raison même, en sorte que ce n’est point une vie qu’ils égorgent, mais une immortalité477. » Cette énergie est sublime ; l’homme vaut la cause, et jamais une plus haute éloquence n’égala une plus haute vérité. […] Ils ont donc été créés dans l’état que demandait l’équité, et ne peuvent justement accuser leur créateur, ni leur nature, ni leur destinée, comme si la prédestination maîtrisait leur volonté fixée par un décret absolu ou par une prescience supérieure ; ils ont eux-mêmes décrété leur propre révolte ; je n’y ai point part. […] Quoique plus faible en force, il reste supérieur en noblesse, puisqu’il préfère l’indépendance souffrante à la servilité heureuse, et qu’il embrasse sa défaite et ses tortures comme une gloire, comme une liberté et comme un bonheur.

1944. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre III. La Révolution. »

« La foi justifiante comprend pour celui qui l’a, non-seulement la révélation personnelle et l’évidence du christianisme, mais encore une ferme et solide assurance que le Christ est mort pour son péché, qu’il l’a aimé, qu’il a donné sa vie pour lui 821. » Le fidèle sent en lui-même l’attouchement d’une main supérieure et la naissance d’un être inconnu. […] Les formes ne les ont point polis ; ils sortent intacts des mains de la nature, âpres dans leur hardiesse native de cœur, fidèles à ce qu’ils croient le juste, supérieurs à la contrainte. […] Mais quand la chambre des communes anglaises serait si ignominieusement morte à la conscience du poids dont elle doit peser dans la constitution, quand elle aurait si entièrement oublié ses anciennes luttes et ses anciens triomphes dans la grande cause de la liberté et de l’humanité, quand elle serait si indifférente à l’objet et à l’intérêt premier de son institution originelle, j’ai la confiance que le courage caractéristique de cette nation serait encore au niveau de cette épreuve ; j’ai la confiance que le peuple anglais serait aussi jaloux des influences secrètes qu’il est supérieur aux violences ouvertes ; j’ai la confiance qu’il n’est pas plus disposé à défendre son intérêt contre la déprédation et l’insulte étrangère qu’à rencontrer face à face et jeter par terre cette conspiration nocturne contre la constitution867.

1945. (1923) L’art du théâtre pp. 5-212

Devenu matière classique, matière d’explication dans les manuels, dans les classes, et plaisir secret de quelques lettrés, le théâtre est entré dans la « littérature »… Or, si le théâtre a sa place, considéré dans ses plus hautes formes, parmi les genres littéraires et les genres littéraires supérieurs, il est, je le répète, un genre littéraire à part et il déborde étrangement l’écrit. […] C’est grâce à son bon sens supérieur que le poète d’Andromaque demeure ouvert à tous. […] » Au fond, il laissera au spectateur le soin de deviner ce qu’il y a derrière un cri, un silence, un soupir, deux ou trois notes et il chargera le metteur en scène, le décorateur, l’électricien, le violon solo, l’orgue de Barbarie, le chanteur des rues dans la cour ou le piano à l’étage supérieur, d’exprimer ce qu’il n’a pas dit et ce qu’il était bien incapable de dire.

1946. (1923) Paul Valéry

Dans le monde de la littérature pure (peut-être aussi restreint que celui des mathématiques supérieures) chacun de ses poèmes, depuis la Jeune Parque, a été salué comme un événement. […] Mais il veut des difficultés à sa poésie, comme un mathématicien supérieur veut des difficultés dans ses problèmes, même et surtout si ces difficultés objectives vont avec une facilité singulière de son esprit à les résoudre. […] Et Valéry, pas plus que Mallarmé, n’a voulu quitter cet éther supérieur, sinon pour des jeux, des exercices présentés comme tels, et dont on ne trouve d’ailleurs d’exemples que dans ses Vers anciens, — une tête, une oreille, une figure en miroir.

1947. (1898) XIII Idylles diaboliques pp. 1-243

— Afin que les volontaires fournissent à la vie des types où votre espèce s’affirme en beauté, afin que l’homme parti de l’animalité pure se perfectionne, se complète par le désir de l’idéal jamais atteint et prépare ainsi un être supérieur, celui qui vous dominera en vertu d’illusions encore plus hautes que les vôtres… MAÎTRE PHANTASM. […] Mais les projets de Satan sont autres ; il prétend être non pas votre égal, mais votre supérieur. […] Si nous vous sommes supérieurs à vous, les hommes, c’est simplement parce que nous possédons des sens plus nombreux et plus parfaits que les vôtres. […] Que deviendrions-nous, que deviendraient les classes supérieures si tout le monde avait part à la fortune publique ?

1948. (1940) Quatre études pp. -154

La vie que nous menons sur cette terre, il n’en doutait pas un seul instant, n’est qu’un essai ; les âmes accèdent à une vie supérieure qui complète leur rêve. […] Il ne m’appartient pas de dire que telle production lyrique est supérieure à telle autre, mais seulement de déterminer en quoi elle est autre. […] Des Grieux s’insurge, lorsque Tiberge vient lui prétendre qu’on peut trouver dans l’austérité de la vertu des charmes supérieurs à ceux que procurent les plaisirs de l’amour ; il proteste, ardemment : « De la manière dont nous sommes faits, il est certain que notre félicité consiste dans le plaisir ; je défie qu’on s’en forme une autre idée ; or le cœur n’a pas besoin de se consulter longtemps pour sentir que de tous les plaisirs, les plus doux sont ceux de l’amour. » Il s’aperçoit bien qu’on le trompe lorsqu’on lui en promet ailleurs de plus charmants ; et cette tromperie le dispose à se défier des promesses les plus solides. […] La molécule ainsi obtenue, toute molécule se trouve douée, d’après lui, d’états d’âme, désirs, répugnance, mémoire, raison… Il fit judicieusement le premier pas en transformant la monade incorporelle en molécule physique ; mais en lui accordant une activité physique supérieure, il se sépara de la nature, ou, si l’on veut, dévia vers l’idéalisme. » 64.

1949. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre III. La Déformation de l’Idéal classique (1720-1801) » pp. 278-387

Et l’Esprit des lois n’en demeure pas moins un livre manqué ; mais on ne le trouve plus indigne de sa haute fortune ; on comprend que l’influence en ait passé le mérite ; et on se l’explique en considérant que le génie de Montesquieu a sans doute été supérieur à son œuvre. […] On a dit de Condorcet « qu’il était le produit supérieur de la civilisation du xviiie  siècle » et, sans doute, c’est bien en lui que se résume le meilleur et le pire à la fois de la doctrine encyclopédique. […] Combien d’ailleurs la qualité de son âme est supérieure à la qualité d’âme de Rousseau ; — si son talent demeure inférieur. — Éloquence de Vauvenargues. — Accent mélancolique de quelques-unes de ses pensées. — Finesse de son goût littéraire. […] Montégut, Souvenirs de Bourgogne], — sa froideur en présence de quelques-unes des grandes scènes qu’il a décrites ou imaginées ; — et on pourrait être tenté de dire que ces critiques se compensent ou s’annulent. — Mais il est plus vrai de dire qu’elles se concilient ; — et que le style de Buffon, parce qu’il est naturellement ample, — et qu’il s’égale sans effort aux plus grands sujets, semble être un peu au-dessous de ce que nous en attendions dans ces sujets ; — ce qui est une raison pour que dans les moindres, — et notamment dans les descriptions, — nous le trouvions trop majestueux ; — et supérieur en quelque sorte à la dignité de son objet. — Il s’anime d’ailleurs quand il le faut ; — et, pour ne rien dire de ses qualités de nombre, d’exactitude et de couleur, — il a plus d’une fois atteint jusqu’au lyrisme [Cf. l’Histoire naturelle de l’homme] ; —  et plus d’une fois au ton de l’épopée [Cf. les Époques de la nature].

1950. (1925) Proses datées

Aussi le conteur est-il supérieur au romancier. […] On se trouvait très vite, en quelques lignes, dans la zone supérieure de la fantaisie ». […]   Il ne s’ensuit pas que Faguet n’admire point Balzac, mais il ne le veut admirer qu’à bon escient et dans les parties qui lui en semblent vraiment supérieures. […] Pour Faguet, le psychologue et l’observateur sont déjà supérieurs chez Balzac au « penseur », dont Faguet fait assez bon marché. […] Il n’y a que des auteurs qui ont du talent et des auteurs qui n’en ont point. » Or, ce n’est pas le talent seul, qui fait d’un écrivain un classique ou un romantique et la présence de ce don ne suffirait pas à l’extraire de la catégorie dans laquelle il s’est rangé, même si ce don le transportait dans l’a région sereine que Moréas entrevoyait comme une sorte de paradis littéraire et comme un état supérieur et incontesté de la gloire.

1951. (1891) Esquisses contemporaines

La grande rue vide et morte du glacier supérieur de l’Aletsch semblait une Pompéi glaciaire. […] Franchement supérieur à François Coppée par l’inquiétude métaphysique, il marche plutôt entre Sully Prudhomme et Leconte de Lisle, s’approchant tour à tour des sujets qui leur sont propres, mais ne les égalant ni par la puissance du rêve, ni par la persistance de l’originalité. […] Bourget est arrivé à ce point critique où les forces naturelles d’un homme ne suffisent plus à fournir la matière de l’œuvre conçue d’après un modèle supérieur : moment décisif, où s’accomplit la rupture du talent d’avec son idéal et qui marque le premier fléchissement précurseur de la décadence. […] La sincérité avec soi-même, que Vinet plaçait aux moelles de la conscience et dont il se servait pour faire saillir les besoins supérieurs de l’âme et leur conformité avec l’Évangile, Scherer l’applique à la raison raisonnante. […] C’est l’ordre, c’est l’essence même des choses qu’une vérité n’est complète qu’autant qu’on y fait entrer son contraire ; qu’une assertion n’est pas plus vraie qu’une assertion opposée et aboutit toujours à une contradiction pour s’élever ensuite à une conciliation supérieure ; que la chose du moment, le fait de l’heure présente, n’a qu’une réalité fugitive, une réalité qui consiste dans sa disparition aussi bien que dans son apparition, une réalité qui se produit pour être niée aussitôt qu’affirmée.

1952. (1900) Molière pp. -283

Je ne veux pas dire absolument qu’il y a un type et un idéal supérieur de vertu qui a tout à fait manqué aux femmes de Molière ; j’en excepte deux : Dona Elvire, qui devient tout à coup si fière et si digne ; avec quelle fermeté elle arrache de son cœur sa passion pour son indigne époux ! […] À cette occasion, vous n’oublierez pas que je vous ai dit, dans notre dernier entretien, que ce qui manque le plus chez les auteurs du xviie  siècle, c’est un certain sens général, élevé et supérieur, de l’humanité. […] On a fait très souvent de Molière un partisan décidé de l’ignorance des femmes ; on a mis sous l’égide de son nom des mœurs qui paraissent patriarcales parce qu’elles manquent de l’éclat d’une éducation supérieure ; la preuve à l’appui toujours invoquée, c’est le discours, prodigieux d’éloquence, de Chrysale dans Les Femmes savantes : « C’est à vous que je parle, ma sœur », où il oppose au portrait de la femme savante celui d’une femme d’autrefois, qui savait quoi ? […] Car c’est ici le grand titre d’honneur de quelques-uns de nos grands comiques, et de Molière plus que tout autre, d’avoir eu constamment sous les yeux, en flétrissant les dégradations de notre nature, un idéal supérieur de beauté humaine et de sentiments humains, et d’avoir souffert des petitesses ou des bassesses qui nous tiennent éloignés de lui. […] Comme nous sommes bien supérieurs au reste des hommes, qu’importe à quel titre ils nous adorent, génies, rois ou dieux ?

1953. (1889) La bataille littéraire. Première série (1875-1878) pp. -312

La supérieure était debout, à droite. […] Né dans la petite ville de Roth, d’une famille aisée, mais n’ayant point de titre au milieu d’une aristocratie pleine de morgue, le major savait rendre à chacun ce qu’il lux devait, parlant avec plus de respect à un graf qu’à un baron, humble devant ses supérieurs, poli avec ses égaux, brusque et hautain avec ses inférieurs, comme il sied à un bon Allemand. […] Ali, devenant furieux, bondit comme un tigre, malgré sa blessure, et sauta dans la mêlée ; mais, au moment où il touchait la terre, le major lui porta un violent coup de pointe qui lui traversa la poitrine et l’envoya rouler sous son wagon ; il y demeura étendu sur le dos, versant un ruisseau de sang par sa large plaie, les yeux grands ouverts et la lèvre supérieure relevée au-dessus des gencives avec une étrange expression où se mêlaient ensemble la rage, le rire et l’agonie. […] Le frère était à peine enseveli qu’un jeune homme se présenta au frère Philippe, le supérieur.

1954. (1895) Les mercredis d’un critique, 1894 pp. 3-382

Legouvé est accompli et le Béranger des Écoles vient de paraître ; ce n’est pas seulement aux classes d’enseignement primaire qu’il s’adresse, Béranger n’est pas le poète des enfants, c’est à l’ensemble de nos écoles secondaires, supérieures, normales et scientifiques. « La jeunesse », dit M.  […] Les cartilages du nez sont presque mangés, la bouche s’est rétractée, tirée par l’enflure de la lèvre supérieure. […] C’était la paix d’une âme supérieure à la fortune, c’était surtout la légèreté d’un esprit prompt à renaître. […] En principe, on redoute les livres de pensées, par crainte des vérités à La Palisse, et on a raison ; je demande qu’on fasse exception pour celui-ci, qui me semble très supérieur à la moyenne de ces sortes de recueils, et qui révèle beaucoup de tact et d’expérience. […] « Dans une autre occasion, tourné par un corps très supérieur, il fit reployer à la hâte les troupes qu’il avait avec lui, et, lorsqu’il resta seul, il se retira au pas sous le feu le plus nourri.

1955. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome II pp. 5-461

Niera-t-on que cette espèce de comédie ait une importance supérieure à celle des nôtres ? […] Délivré maintenant du soin indispensable de vous parler d’une espèce de comédie qui ne vous est pas familière et que repoussent nos habitudes, je vous entretiendrai désormais de celles que le goût de Ménandre, de Plaute, et de Térence, rendit plus conformes à nos mœurs ; espèces bien supérieures à la satire allégorique dont je ne pouvais m’empêcher de mentionner le mérite. […] Le portrait d’Acaste est celui d’un fat de bon goût, d’un étourdi de haute qualité bien supérieur à nos libertins subalternes, qui ne sont, au prix de lui, que des effrontés rudes et sans politesse, et impudemment indiscrets : leur grossièreté dément les succès dont ils se vantent : la comédie ne trouverait plus entre eux le modèle d’un Acaste. […] « Bien qu’on soit deux moitiés de la société, « Ces deux moitiés pourtant n’ont point d’égalité : « L’une est moitié suprême, et l’autre subalterne ; « L’une en tout est soumise à l’autre qui gouverne ; « Et ce que le soldat dans son devoir instruit, « Montre d’obéissance au chef qui le conduit, « Le valet à son maître, un enfant à son père, « À son supérieur le moindre petit frère, « N’approche point encor de la docilité, « Et de l’obéissance, et de l’humilité, « Et du profond respect où la femme doit être « Pour son mari, son chef, son seigneur et son maître.

1956. (1848) Études sur la littérature française au XIXe siècle. Tome III. Sainte-Beuve, Edgar Quinet, Michelet, etc.

5 mars 47 : Voulez-vous avoir la bonté, cher ami, de substituer le passage ci-dessus [il a été enlevé] à la phrase qui commence par : « Ce n’est pas un roi législateur… » et qui finit par « … politique supérieure », dans mon second article sur Michelet. — Cela importe, puisqu’il s’agit de réparer une erreur qui m’appartient, et une omission de mon auteur. […] Il ne faut pas, sans doute, prendre l’auteur au pied de la lettre quand il nous dit qu’il s’est décidé pour ce genre à défaut des autres déjà envahis par des talents supérieurs. […] Tout cela est vrai ; mais ce que l’auteur oublie, c’est que les besoins supérieurs imprimés à notre nature impliquent, dans Celui qui les a imprimés, l’intention positive de les satisfaire ; il serait bien étrange, en effet, bien indigne de Dieu, que toute loi dans la nature trouvât son accomplissement, toute force son emploi, tout être sa place et son but, tout substantif son verbe, et que l’homme seul cherchât et ne trouvât point, et forcé de poursuivre son but, ne l’atteignît jamais ; que l’homme seul, mensonge vivant, œuvre manquée, énigme sans mot, prémisse sans conclusion, attendît en vain qu’une construction quelconque se superposât en lui à des fondations qui, jusqu’ici, ne supportent rien !

1957. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — II. (Suite.) » pp. 346-370

S’il parle, on l’écoute, parce qu’il parle en homme instruit, en homme supérieur.

1958. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Froissart. — II. (Fin.) » pp. 98-121

On a cité des exemples naïfs de sa crédulité, et qui montrent qu’en fait de critique il n’est pas supérieur aux gens d’esprit de son temps.

1959. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « De la tradition en littérature et dans quel sens il la faut entendre. Leçon d’ouverture à l’École normale » pp. 356-382

L’antiquité chrétienne, littérairement imparfaite, moralement supérieure, n’avait cessé d’être en ces siècles un véhicule actif et un trésor.

1960. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid, (suite.) »

La moralité, toute perfectionnée qu’elle est, et quoique fort supérieure à celle de la Chronique rimée précédente, laisse encore, on le voit, à désirer.

1961. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure  »

Le portrait qu’il a fait de lui-même dans l’Épître à ses Vers ne peut être plus ressemblant. » Marais écrivait chaque fois, en le quittant, la substance des entretiens qu’il venait d’avoir avec lui, les jugements, les pensées qu’il avait recueillis de sa bouche : ce serait, si l’on avait le tout, la matière d’un Bolæana bien supérieur à celui de Monchesnay.

1962. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Nouvelle correspondance inédite de M. de Tocqueville (suite et fin.) »

Ampère me disait souvent qu’il croyait la Correspondance de Tocqueville supérieure par le style à tout ce qu’il avait écrit pour le publier.

1963. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres de Virgile »

Un grand et admirable érudit, un complet humaniste et un critique supérieur, Heyne, avait repris à temps, un siècle à peine après le Père de La Rue, toutes les questions concernant le divin poète qui n’avait cessé d’être présent et bien connu ; et précisément à la même époque où Wolf méditait ou proclamait sa révolution sur Homère, Heyne achevait de donner sa seconde, puis bientôt sa troisième édition du Virgile monumental où tout est rassemblé, éclairci, prévu en quelque sorte, et où il semble qu’il n’y ait plus que d’insignifiants détails à ajouter ou à corriger.

1964. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

C’est une douceur profonde que de trouver de pareils amis dans le passé, et de pouvoir vivre encore avec eux malgré la mort. » Elle avait fait une pièce de vers sur le Jour des Morts, qui était le jour anniversaire de sa propre naissance ; elle y disait, en s’adressant à ces chers défunts qu’on a connus, et qu’elle se peignait comme transfigurés dans leur existence supérieure : Ah !

1965. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE BALZAC (La Recherche de l’Absolu.) » pp. 327-357

Au milieu de toutes ces merveilles qu’il gaspille, de ces trésors qu’il dissipe en fumée, Balthazar Claës, qui croit se mettre au courant de la science moderne en poursuivant le but mystérieux des Nicolas Flamel et des Arnauld de Villeneuve, est proclamé à tout instant homme de génie, et ses actes déréglés ou même cruels envers sa famille nous sont donnés comme la conséquence inévitable d’une intelligence supérieure en désaccord avec ce qui l’entoure.

1966. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. VINET. » pp. 1-32

Dorat peut être dit l’héritier direct de Benserade, mais il ne l’est pas de Voiture, qui était d’une qualité et d’une saillie d’esprit bien supérieure, et qui eut grande influence : Dorat ne compta jamais. — En un mot, dans le tableau de ce dernier tiers du xviiie  siècle, les proportions véritables ne sont pas assez gardées ; la nomenclature l’emporte un peu sur le vrai classement ; trop de noms se pressent sous la plume de l’auteur, et paraissent admis à une place que quelques-uns seuls tenaient réellement.

1967. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « PENSÉES FRAGMENTS ET LETTRES DE BLAISE PASCAL, Publiés pour la première fois conformément aux manuscrits, par M. Prosper Faugère. (1844). » pp. 193-224

On voit en lui du premier coup d’œil un esprit supérieur, au-dessus de tous les préjugés de la société et des opinions humaines, autant que Molière pouvait l’être, mais à la fois un esprit inquiet, ardent, mélancolique, sans cesse aux prises avec lui-même, passionnément en quête de la vérité et du bonheur ; et alors l’idéalisant un peu, ou plutôt en faisant un type, comme on dit, un miroir anticipé de notre âge, on le présente comme le héros et la victime dans la lutte du scepticisme et de la foi, celle-ci triomphant provisoirement en lui, de même que le scepticisme, un siècle plus tard, l’eût emporté.

1968. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre II. Deuxième élément, l’esprit classique. »

Placée en face des choses, elle reçoit l’impression plus ou moins exacte, complète et profonde ; ensuite, quittant les choses, elle décompose son impression, et classe, distribue, exprime plus ou moins habilement les idées qu’elle en tire  Dans la seconde de ces opérations, le classique est supérieur.

1969. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis »

Parmi les dames que cette fête avait rassemblées, j’en remarquai une dont les manières étaient si douces et si séduisantes, que je ne pus m’empêcher de dire en la regardant : Si cette dame a l’esprit, la délicatesse et les perfections de celle qui mourut il n’y a pas longtemps, il faut avouer qu’elle lui est bien supérieure par l’éclat de sa beauté.

1970. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre II. Les romans bretons »

Cette race rêveuse, passionnée, capable de fougueuse exaltation et d’infinie désespérance, avait produit très anciennement une très abondante poésie : elle était la poésie même, par l’intensité de la vie intérieure, par sa puissance d’absorption passive si prodigieusement supérieure à sa capacité d’action expansive.

1971. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre II. La jeunesse de Voltaire, (1694-1755) »

Il a eu soin au collège de faire d’utiles amitiés ; il s’est lié avec des camarades de condition supérieure à la sienne, fils de magistrats, de courtisans, La Marche, Maisons, d’Argental et son frère, les deux d’Argenson, Richelieu ; si quelques-uns, comme d’Argental, deviennent absolument dévoués à sa fortune, il retiendra les autres comme protecteurs à force de souplesse et de flatterie ; aucun dégoût, aucune trahison de cet ignoble duc de Richelieu ne le rebutera.

1972. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Francisque Sarcey »

Il y a dans la blague un certain mépris, très légitime d’ailleurs, pour les admirations convenues, pour les phrases toutes faites ; et à ce mépris se joint le plaisir de crever les ballons gonflés de vent, de se sentir supérieur en se prouvant qu’on n’est pas dupe.

1973. (1890) L’avenir de la science « XXII » pp. 441-461

Le tour d’esprit est seul prisé ; la considération intrinsèque des choses est tenue pour inutile et de mauvais genre ; on fait le dégoûté, l’homme supérieur, qui ne se laisse pas prendre à ces pédanteries ; ou bien, si l’on trouve qu’il est distingué de faire le croyant, on accepte un système tout fait, dont on voit très bien les absurdités, précisément par ce qu’on trouve plaisant d’admettre des absurdités, comme pour faire enrager la raison.

1974. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre X. La littérature et la vie de famille » pp. 251-271

C’est au théâtre surtout et ensuite dans le roman et la chanson qu’il y a lieu de suivre les gens de maison, et de Scapin jusqu’à Ruy Blas en passant par Figaro, de Martine jusqu’à la servante-maîtresse de Maître Guérin en passant par Lisette et Marton, la liste est longue des personnages en qui les écrivains ont incarné cette classe populaire si intimement liée à la vie des classes supérieures.

1975. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XIV, l’Orestie. — Agamemnon. »

Les vieillards écoutent ces accusations étouffées, ils entendent crier le sang répandu ; une parole terrible leur échappe : — « Je pressens un grand malheur embusqué dans l’ombre ; les Dieux ont l’œil sur ceux qui ont fait périr beaucoup d’hommes. » — Le Chœur est pourtant un sujet fidèle, il aime son roi et il le vénère ; mais une justice supérieure parle plus haut en lui que son affection.

1976. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre VIII »

Tel est ce drame sain et fort, saisissant et vrai, d’une exécution supérieure, d’une moralité haute et neuve.

1977. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Chateaubriand homme d’État et politique. » pp. 539-564

L’homme politique, l’homme d’État supérieur est patient : il ne met pas du premier jour le marché à la main à la fortune : il attend, il se plie, il sait être le second et même le troisième avant d’arriver à être le premier.

1978. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mirabeau et Sophie. — I. (Dialogues inédits.) » pp. 1-28

Le marquis, homme supérieur, mais orgueilleux, féodal, antique à la fois et au coup d’œil prophétique, d’une de ces races sans mélange dont l’heure finale avait sonné, éprouvait pour ce fils, qui penchait vers les courants du siècle, vers ce qu’il appelait la canaille philosophique, encyclopédique, plumière, écrivassière et littéraire, une sorte d’étonnement, d’admiration même, antipathique et répulsive, et qui, par moments, ressemblait fort à de l’effroi et à du dégoût.

1979. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « André Chénier, homme politique. » pp. 144-169

Ce qui l’anime et le dirige, ce n’est pas la pensée d’un politique supérieur, ambitieux et généreux, qui veut arriver au pouvoir et l’arracher des mains d’indignes adversaires.

1980. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1859 » pp. 265-300

Ainsi de tout, et cela sans que cela nous fasse renoncer à un duel nécessaire, à une femme tentante, à une bouteille de vin supérieur.

1981. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1861 » pp. 361-395

Puis c’est une force inconnue, une volonté supérieure, une sorte de nécessité d’écrire qui vous commandent l’œuvre et vous mènent la plume ; si bien que quelquefois le livre qui vous sort des mains, ne vous semble pas sorti de vous-même : il vous étonne comme quelque chose qui était en vous et dont vous n’aviez pas conscience.

1982. (1913) La Fontaine « IV. Les contes »

Elle peut être racontée, cette histoire, comme un conte psychologique, comme un conte philosophique qui serait un conte psychologique ; ce serait alors une analyse, non pas didactique, bien entendu, mais une analyse présentée sous forme de récit, de la curiosité humaine qui ne se satisfait jamais de ce qu’elle a, de ce qu’elle possède et qui veut toujours chercher, au-delà des apparences, le dessous, au-delà du masque le visage, au-delà de tout ce qui est mystérieux l’essence du mystère, ne se contentant point de ce monde des apparences que l’esprit supérieur a voulu qui fût le nôtre.

1983. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre IX. Eugénie de Guérin »

Ainsi, elle avait des amies, cette solitaire, des relations, des connaissances avec qui elle vivait, toute supérieure qu’elle fût, dans un charmant plain-pied de cœur.

1984. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vi »

Il attend ses supérieurs à l’épreuve. »‌ En conformité de ces vues, j’ai entendu un prêtre sous-officier raconter que dans certaines compagnies les hommes se fient de préférence à certains d’entre eux, parfois de simples soldats, qui ont montré l’art de se débrouiller.

1985. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre x »

Et voici qu’aujourd’hui, des compatriotes, des voisins, des enfants de notre formation placés dans des circonstances qui émeuvent tout l’être, sentent et raisonnent comme cet Anglais, et mon ami Hassler, plus âgé qu’eux et qui ne partage pas leur foi, regardant autour de lui, écrit : « Il ne faut pas se dissimuler que beaucoup d’hommes… sont soutenus par l’idée d’un être supérieur auquel ils se confient. » (Ma campagne au jour le jour, par le capitaine Hassler.

1986. (1899) Le roman populaire pp. 77-112

Ce peuple s’emplit l’âme de fables qui n’ont aucun mérite supérieur de beauté, de moralité, de vérité.

1987. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre I. La conscience et la vie »

Supérieur est le point de vue du moraliste.

1988. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre premier. »

Sous des joies salutaires meurt vaincu le ressentiment de la souffrance passée, alors que la faveur de Dieu envoie d’en haut une prospérité supérieure.

1989. (1883) Le roman naturaliste

C’est qu’en effet nous n’appartenons à la réalité que par les parties les moins nobles de nous-mêmes, ― cette nécessité du labeur journalier qui nous réduit au rôle de machines, ou les appétits qui nous confondent avec l’animal, ― et que tout ce qu’il y a de supérieur en nous, conspire à nous relever de la déchéance où nous maintient l’asservissement à la matière. […] S’il y a des écrivains inférieurs à la réputation que les circonstances leur ont faite, on ne laisse pas aussi d’avoir vu quelquefois des esprits supérieurs à leurs œuvres. […] Ils avaient raison, car il n’y a vraiment rien dans Madame Bovary qui soit supérieur à quelques narrations épiques de Salammbô, ni rien qui soit égal à deux ou trois parties descriptives de l’Éducation sentimentale. […] « Je ne voudrais pas, même si j’en avais le choix, être l’habile romancier qui pourrait créer un monde tellement supérieur à celui où nous vivons, où nous nous levons pour nous livrer à nos travaux journaliers, que vous en viendriez peut-être à regarder d’un œil indifférent, et nos routes poudreuses et les champs d’un vert ordinaire, les hommes et les femmes réellement existants… » Qui donc, de notre temps, a plus délibérément limité le domaine de l’art au cercle étroit et familier de l’observation quotidienne ? […] La compensation, c’est que, faisant d’ailleurs les exceptions qu’il faut faire, les beautés d’exécution sont incomparablement supérieures, et d’une valeur technique infiniment plus précieuse dans la peinture italienne que dans la peinture hollandaise, ou dans la littérature française que dans la littérature allemande.

1990. (1907) Jean-Jacques Rousseau pp. 1-357

Après sa fuite de Montmorency, il la recommande tendrement à madame de Luxembourg et à une supérieure de couvent. […] Pourquoi Wolmar ne serait-il pas un Saint-Lambert supérieur, Saint-Lambert tel qu’il aurait pu être ? […] Rousseau, dans ce livre V, parle souvent comme un Chrysale supérieur. […] Je le résume ainsi : un ensemble de qualités moyennes d’où se dégage un charme supérieur… Je ne vois Sophie qu’avec des jupes rayées de rose, et beaucoup, beaucoup de linge frais, et des yeux facilement humides. […] Il faut substituer la loi à l’homme ; armer les volontés générales d’une force réelle, supérieure à l’action de toute volonté particulière.

1991. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome I pp. 1-402

L’école littéraire de la restauration, dont je n’entends pas contester la valeur d’une façon absolue, quoique ses intentions aient été trop souvent supérieures à ses œuvres, se fût peut-être montrée plus féconde, si l’Allemagne et l’Angleterre, après avoir excité sa curiosité, n’eussent offert à sa faiblesse de nombreuses occasions de succomber, en lui offrant de trop nombreux modèles. […] Pour Isaac, qui a vu de ses yeux la grandeur, la puissance du consulat, Bonaparte n’est pas un blanc, mais un homme d’une intelligence supérieure, d’une volonté inébranlable, d’une sagacité rare, fait pour le commandement. […] Le sentiment de l’amour, purement exprimé dans les Méditations, n’est pas supérieur au sentiment religieux exprimé dans les Harmonies. […] Quoique le discours de Saint-Vallier soit très supérieur à l’apostrophe de Ruy Blas, nous devons tenir compte à M.  […] La pièce à un Riche exprime aussi bien que la Soirée en mer une idée vraie ; personne ne contestera que l’intelligence de la nature, la faculté de jouir de la splendeur du ciel, de la verdure des forêts, donne au peintre, au rêveur, au poète, une félicité souvent supérieure à celle du riche qui possède, sans les comprendre, le murmure et l’ombre de ses bois.

1992. (1880) Une maladie morale : le mal du siècle pp. 7-419

Elle a horreur de la solitude ; elle recherche le monde, les triomphes que son esprit supérieur y remporte, l’impulsion nouvelle qu’il en reçoit ; elle aime la gloire, aiguillon puissant pour le talent ; enfin son cœur ne reste pas inactif. […] Elle n’est pas non plus orgueilleuse, car loin d’avoir la conscience de facultés supérieures, Senancour souffre du sentiment de son insuffisance. […] Ne le montrait-on pas toujours supérieur aux obstacles qui se dressaient contre lui ? […] Beaucoup d’entre eux étudièrent devant leur glace dans l’espoir d’attraper le pli de la lèvre supérieure et les sourcils froncés qu’on remarque dans quelques-uns de ses portraits. […] Mais non content de l’avenir auquel ces avantages lui donnaient le droit d’aspirer, il se croit appelé à des destinées supérieures, et se fait pour son usage un monde imaginaire dans lequel il se complaît.

1993. (1905) Propos de théâtre. Deuxième série

Elle s’est déclarée artiste supérieure. Le comédien supérieur, c’est celui qui n’a pas d’emploi et qui joue tout ce qu’on lui propose, sûr d’être excellent dans les rôles qui sont conformes à sa nature et très intéressant dans ceux qui y sont les plus contraires. […] Il a une réputation de tyran avec ses inférieurs, de grincheux avec ses égaux, et d’homme très ferme envers ses supérieurs. […] Mais c’est le concours plus ou moins complet de tous les deux qui fait un dramatiste décidément supérieur et le classe pour la postérité. […] Enfin en 1813 il entra décidément, matériellement et personnellement, à l’École normale supérieure.

1994. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre II. La Nationalisation de la Littérature (1610-1722) » pp. 107-277

. — Ses Poésies, — et qu’il y en a dans le nombre de bien fades ; — mais qu’il y en a quelques-unes d’exquises ; — très supérieures à beaucoup de celles de Cl.  […] — Qu’à le considérer sans parti pris il semble écrire clairement ; — et qu’il dit assez bien ce qu’il veut dire ; — mais son style n’a rien de très supérieur à celui d’Arnauld dans sa Fréquente communion. — Le principal mérite en est de manquer des « ornements » ou des « agréments » dont Voiture et Balzac « enrichissaient » volontiers le leur. — En revanche, et pour être parfaitement « naturel », il lui manque d’être une peinture de son vrai caractère ; — la raison seule parle dans sa prose ; — et cependant nul philosophe n’a mis plus d’imagination dans sa vie. […] Cousin, Société française au xviie  siècle] ; — 2º des épisodes contemporains, comme dans sa Clélie, l’histoire de Scaurus et de Lydiane (Scarron et Françoise d’Aubigné) ; le songe d’Hésiode (tableau de la littérature) ; la description du pays de Tendre ; — et 3º une politesse ou une galanterie très supérieure à celles de La Calprenède et de Gomberville. — Finesse de quelques analyses. — Les romans de Mlle de Scudéry sont des romans « psychologiques ». […] — Mais qu’en tout cas, de la simplicité la plus familière à la plus haute éloquence, ce style remplit tout l’entre-deux. — La « rhétorique de Pascal », — et qu’elle ne consiste pas à n’en point avoir du tout ; — mais à en faire servir les moyens mêmes à leur destruction ; — et à n’user de l’art que pour imiter plus fidèlement la nature. — Du sentiment de l’obscur dans la prose de Pascal ; — de sa manière d’intervenir de sa personne dans la cause qu’il plaide ; — de la profondeur de sa sensibilité ; — et de la « poésie » qui résulte du mélange de tous ces éléments. — De quelques autres qualités du style de Pascal : — sa concision tranchante ; — sa plénitude, — et sa « densité ». — Le mot de Sainte-Beuve : « Pascal, admirable écrivain quand il achève, est encore supérieur là où il fut interrompu ». […] V, « L’éloquence de Bossuet »]. — Qu’il semble qu’en tout cas la gloire du controversiste ait nui à celle de l’orateur. — Que, de dire de Bossuet qu’il était trop supérieur à son auditoire pour en être apprécié, c’est se tromper étrangement sur des auditeurs qui étaient les lecteurs de Pascal et les spectateurs de Racine. — D’un mot de Nisard à ce sujet. — C’est méconnaître également la manière dont agit l’éloquence. — Que si, comme le dit Voltaire, « Bossuet ne passa plus pour le premier prédicateur quand Bourdaloue parut », la raison en est bien simple ; — c’est que Bourdaloue aborde les chaires de Paris au moment où Bossuet en descend, — pour n’y plus remonter qu’à de rares intervalles ; — à partir de sa nomination comme évêque de Condom, 1669 ; — et comme précepteur du Dauphin, 1670.

1995. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre I. Les Saxons. » pp. 3-71

L’homme, dans cette race, peut accepter un supérieur, être capable de dévouement et de respect. […] Les Saxons avaient trouvé la Bretagne abandonnée des Romains ; ils n’avaient point subi comme leurs frères du continent l’ascendant d’une civilisation supérieure ; ils ne s’étaient point mêlés aux habitants du sol ; ils les avaient toujours traités en ennemis ou en esclaves, poursuivant comme des loups ceux qui s’étaient réfugiés dans les montagnes de l’Ouest, exploitant comme des bêtes de somme ceux qu’ils avaient conquis avec le sol.

1996. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre III. La nouvelle langue. » pp. 165-234

Un homme supérieur parut, Jeffrey Chaucer, inventeur quoique disciple, original quoique traducteur, et qui, par son génie, son éducation et sa vie, se trouva capable de connaître et de peindre tout un monde, mais surtout de contenter le monde chevaleresque et les cours somptueuses qui brillaient sur les sommets177. […] L’amour semble infini en ce temps ; il joue avec la mort, c’est qu’il fait toute la vie ; hors de la vie supérieure et délicieuse qu’il enfante, il semble qu’il n’y ait plus rien.

1997. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIVe entretien. Alfred de Vigny (1re partie) » pp. 225-319

Éloa, accueillie dans la famille angélique par l’entremise des esprits supérieurs, apprend d’eux que les anges tombent et que Lucifer, le plus beau d’entre eux, habite loin d’eux l’enfer. […] — Il n’y a pas, ô Kitty Bell, il n’y a pas si belle pensée à laquelle ne soit supérieur un des élans de ton cœur chaleureux, un des soupirs de ton âme tendre et modeste.

1998. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxiiie entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff »

Mais au jeu il est d’une force supérieure. […] Il reconnaît dans la meunière malade de la poitrine une certaine Anina, jeune femme, d’une classe et d’une éducation supérieures aux paysans et qui servait à Pétersbourg chez un de ses amis M. 

1999. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIe entretien. L’homme de lettres »

Cet arbre n’était pas si haut que le genou de Virginie à son départ ; mais, comme il croît vite, deux ans après il avait vingt pieds de hauteur, et son tronc était entouré, dans sa partie supérieure, de plusieurs rangs de fruits mûrs. […] Elle s’est fortifiée contre l’avenir, par le souvenir de l’innocence de sa vie ; et elle a reçu alors le prix que le ciel réserve à la vertu, un courage supérieur au danger.

2000. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

Les étages supérieurs, qui sont à quelque vingt pieds du bas, ont des galeries qui ressemblent à des balcons. […] Cela arriva néanmoins d’une façon que l’on peut appeler miraculeuse, tant pour les circonstances que nous avons déjà observées, que pour celles que nous allons marquer, et qui font dire qu’il y a une puissance supérieure qui se mêle souverainement dans les affaires humaines, qui se rend maîtresse des événements, et qui fait réussir les choses bien souvent contre notre attente, comme il arriva ici, où Sefie fut élu malgré le complot des personnes intéressées, et les dispositions favorables qu’ils avaient données à leur entreprise.

2001. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1866 » pp. 3-95

Le moindre travail de catalographie de notre temps lui est cent fois supérieur par la science et la recherche. […] Il commence à me montrer ses tableaux, à distance, sur un ton pincé, suffisant, supérieur… quand arrive Dupré, qui allume familièrement une pipe, se met à décrocher ses tableaux, et me les fait passer sous les yeux, sans me dissimuler ses admirations pour ses enfants, me disant de celui-ci : « Oh !

2002. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1895 » pp. 297-383

Un jeune divorcé disait à un de mes amis : « Aujourd’hui, la généralité des jeunes filles supérieures, regarde le mariage comme un essai, un essai sans chance de durée : ces demoiselles ne se cachant pas de dire, que lors de ce mariage, elles n’ont pas la connaissance des hommes, et que cette première union, n’est qu’un apprentissage, une étude pratique de l’homme dans le mari : apprentissage qui les met en état de faire un choix judicieux, au second tour, au second mariage. » Tout à la fin de la soirée, Daudet me jette de son fauteuil, où il écrit : — Au dîner de Fasquelle de vendredi dernier, les Charpentier vous ont-ils dit quelque chose ? […] Mais lorsque celui-ci avait fini son internat, et était au moment de devenir une illustration, dans la capitale, le vieux médecin lui disait : « J’ai fait de vous un médecin, un médecin qui en sait plus que moi, un médecin tout à fait supérieur : je l’ai fait, je dois vous l’avouer, pour que vous donniez tous vos soins à ma fille, dont vous connaissez la santé maladive, et qui ne peut continuer à vivre, que sous une surveillance tout à fait aimante. » Et Titon épousait la fille du vieux médecin, et passait toute sa vie à être l’intelligent garde-malade de sa femme, à laquelle il ne survivait que six mois.

2003. (1895) La science et la religion. Réponse à quelques objections

Professeur au Collège de France ; directeur et président de section à l’École des hautes études ; secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences ; grand officier de la Légion d’honneur, sénateur ; ancien ministre ; membre d’une foule de Conseils plus supérieurs les uns que les autres ; logé par l’État, à la ville, et à la campagne, du côté de Meudon, où l’on conte qu’il étudie « la fixation de l’oxygène de l’air par le vert des plantes » en mangeant des fraises exquises, — on ne peut évidemment pas dire que la science ait fait « banqueroute » à mon très cher et très éminent confrère M.  […] Mais nos protestants ne sont jamais contents, comme si le nom même qu’ils portent leur imposait une obligation de « protester » toujours ; et, quoique leur pouvoir soit assurément très supérieur en France à ce qu’est le pouvoir des catholiques, par exemple, en Allemagne ou en Angleterre ; dès que l’on parle d’eux librement, il semble qu’on les blesse toujours.

2004. (1845) Simples lettres sur l’art dramatique pp. 3-132

Buloz, c’est-à-dire un des esprits les plus supérieurs qui aient existé. […] Douée, comme centre, d’une puissance d’assimilation supérieure à celle de toutes les nations ses voisines, elle pouvait joindre à la raison et à l’esprit, qui sont ses qualités distinctives, qui sont ses dons naturels, la rêverie de Dante, l’humanité de Shakespeare, le pittoresque de Calderon, la fécondité de Lope de Vega, la passion de Schiller, le philosophisme poétique de Goethe.

2005. (1911) Nos directions

Au milieu des autres figures taillées franc, dans un seul bloc, le Prieur juste, doux, tant que la fierté de l’Ordre n’est point menacée ; Dom Militien, de noblesse compatissante ; Dom Marc, d’ardeur juvénile, d’amour mystique où dérive naïvement une sensualité malade ; d’intuition sûre et pure, équitable, en dépit même de sa mysticité ; Thomas, de combativité sourde et sanguine ; Idesbald, tout impuissance et tout aigreur ; se dresse plus nuancée, plus obscure, plus complexe et supérieure, la figure de Dom Balthazar. […] Certains y liraient les plus graves pensées aristocratiques de Nietzsche : morale des maîtres, morale des esclaves ; les maîtres perdus par orgueil et par dégénérescence des instincts supérieurs ; les esclaves dans la pire subordination s’élevant à un affinement spirituel redoutable. […] Elle est encore supérieure à tant de valeurs individuelles qui la composent. […] Notre originalité supérieure, conclut-il, ce n’est ni la sagacité, ni la finesse, ni l’ironie, c’est de savoir réduire à la mesure, à l’équilibre, à la beauté, l’originalité des autres et de nous-mêmes, c’est notre culture et non nos instincts » Ce qui mène notre enquêteur, on voit assez par quel chemin, à cette péroraison ineffable : « Considérant cette survivance nationale (celle d’une littérature spécifiquement française) dans son plus pur miracle qui est la poésie et voulant oublier l’indignité de ces notes brèves, volontiers les eussé-je dédiées à Jean Moréas, en qui je contemple la France. […] Je ne puis admirer dans Athalie, l’épanouissement chrétien d’une âme, le rejaillissement d’une nature impétueuse, dirigée par une force intime supérieure vers un but plus neuf et plus haut.

2006. (1890) Derniers essais de littérature et d’esthétique

Et il ne peut s’empêcher d’exprimer son regret que les classes supérieures des états grecs fussent dépourvues d’esprit public au point « de gaspiller en un paresseux absentéisme, en une résidence plus négligente encore, le temps et les ressources qui lui avaient été donnés pour que leur pays en profitât » et qu’elles n’eussent aucune conscience de la possibilité pour elles de fonder un Empire hellénique fédéral. […] La poésie est faite pour nos moments de haute exaltation, quand nous souhaitons être auprès des Dieux, et, dans notre poésie rien ne saurait nous satisfaire, sinon ce qui est d’un mérite supérieur, mais la prose est réservée pour notre pain quotidien, et le défaut de bonne prose est une des grandes taches de notre civilisation. […] Wyke Bayliss est aussi supérieur comme écrivain à M.  […] Néanmoins, on rencontre de temps en temps un volume si supérieur à la moyenne, qu’on résiste à grand’peine à la tentation attrayante de prophétiser étourdîment un bel avenir pour son auteur. […] « Que la fin de la vie soit non point l’action, mais la contemplation, — être en tant que distinct d’agir, — une certaine disposition d’esprit, tel est sous une forme ou une autre, le principe de toute moralité supérieure.

2007. (1921) Esquisses critiques. Première série

Il plante ses personnages avec une sûreté de touche et une décision qui leur donne immédiatement un air de généralité supérieure. […] Ils se servent, chacun dans son art, d’un dessin sobre et solide, de cette touche infailliblement posée qui n’appartient qu’au talent supérieur. […] Il aborde ici des sujets d’une plus grande élévation et d’une généralité supérieure. […] Le désenchantement, voilà ce qui adultère la satisfaction que pourrait donner cette poésie immatérielle et supérieure.

2008. (1893) Alfred de Musset

Il n’eut plus à se préoccuper que des éléments supérieurs et immuables de l’art, les âmes et leurs passions, les lois de la vie et leurs fatalités. […] Elle lui est très supérieure. […] Ses pièces n’étaient pas faites selon les formules, pas plus les formules romantiques que les classiques, et elles possédaient cette vérité supérieure qui est le privilège des poètes : « Chaque scène est une féerie, et cependant c’est vrai, c’est la nature ». […] En résumé : une œuvre d’art très inégale, tantôt déclamatoire, tantôt supérieure, quelquefois fatigante ; mais un livre précieux par sa sincérité et très honorable pour Musset, qui y donne partout, sans hésitation ni réticences, le beau rôle à la femme qu’il a aimée, et qui n’avait pourtant pas été sans reproches.

2009. (1859) Moralistes des seizième et dix-septième siècles

Il anticipe sur l’idée de Pascal : la qualité d’homme lui paraît déjà supérieure à tout le reste. […] Ainsi la lettre de bourgeoisie offerte à l’auteur par la ville de Rome, et insérée tout au long dans son troisième livre : exemple des puérilités qu’un esprit supérieur peut mêler à des pensées d’un ordre tout opposé. […] Nous voyons les esprits ordinaires se grouper toujours autour de quelque intelligence supérieure, et en recevoir la loi ou l’impulsion. […] Il est presque le seul à nous montrer cette portion de la nation, si supérieure en nombre, et qui échappait néanmoins aux regards des écrivains du temps : « L’on voit certains animaux farouches, des mâles et des femelles, répandus par la campagne, noirs, livides et tout brûlés du soleil, attachés à la terre qu’ils fouillent et qu’ils remuent avec une opiniâtreté invincible ; ils ont comme une voix articulée, et quand ils se lèvent sur leurs pieds, ils montrent une face humaine ; et en effet ils sont des hommes. […] De ces deux vérités constatées il fait ressortir avec une merveilleuse force la vérité du christianisme, qui seul a reconnu nos deux états et les contradictions de notre nature, qui seul les a expliquées, qui seul les a conciliées, non par des raisonnements, mais par un fait étranger, supérieur à toutes les données de la raison, et qu’on serait autorisé à traiter de folie, s’il n’était défendu par ses fruits, si, comme l’a dit Jésus-Christ lui-même, la sagesse n’était justifiée par ses enfants337.

2010. (1863) Causeries parisiennes. Première série pp. -419

L’art n’est qu’une manifestation, et ne pourra jamais créer ce qui préexiste à lui et lui est supérieur. […] C’est méconnaître, disais-je, la grandeur de l’art de l’écrivain, que de le renfermer dans des sections ou le parquer dans des spécialités : il n’est réellement supérieur à tous les autres que par son universalité, et l’Académie a eu raison de « penser, — pour me servir du langage un peu maniéré que M.  […] « Parvenu au plus haut degré religieux que jamais homme avant lui eût atteint, arrivé à s’envisager avec Dieu dans les rapports d’un fils avec son père, voué à son œuvre avec un total oubli de tout le reste, et une abnégation qui n’a jamais été si hautement pratiquée, victime enfin de son idée et divinisé par la mort, Jésus fonda la religion éternelle de l’humanité, la religion de l’esprit, dégagée de tout sacerdoce, de tout culte, de toute observance, accessible à toutes les races, supérieure à toutes les castes, absolue en un mot. » Les travaux de M.  […] L’administration est confiée à un conseil supérieur, à des comités locaux et à des dames patronnesses, et c’est l’Impératrice qui nomme le conseil supérieur, les comités locaux et les dames patronnesses.

2011. (1864) Histoire anecdotique de l’ancien théâtre en France. Tome I pp. 3-343

Sans avoir encore une grande valeur littéraire et dramatique, sans briller surtout par un goût bien pur, les pièces données à la scène pendant ces quarante-deux années sont supérieures, en tout point, à ce qui avait été écrit jusqu’alors. […] Enfin, un beau jour, ils députèrent un des leurs qui, s’avançant sur le bord de la scène, dit au parterre : « Messieurs, vous ne vous lassez pas d’entendre Timocrate ; pour nous, nous sommes las de le jouer ; nous courons risque d’oublier nos autres pièces, trouvez bon que nous ne le représentions plus. » Les comédiens de l’Hôtel de Bourgogne, de beaucoup supérieurs, par le talent, à ceux du Marais, voulurent la jouer ; mais ils furent tellement au-dessous de leurs confrères du second théâtre, qu’ils y renoncèrent. […] Or, par esprit de suite, Son Éminence entendait une soumission aveugle aux volontés du supérieur ; ce que nous appellerions de nos jours, en termes militaires, une obéissance passive. […] On raconte que madame de Maintenon, qui voulait développer le goût de la belle poésie chez les jeunes élèves de Saint-Cyr, se trouva un jour dégoûtée des mauvaises pièces que mademoiselle de Brinon, première supérieure de ce grand établissement, faisait représenter aux jeunes filles. […] Racine ne croyait pas cette tragédie supérieure à ses autres pièces ; il donnait la préférence sur toutes à Phèdre.

2012. (1898) La poésie lyrique en France au XIXe siècle

Il y a, à coup sûr, une doctrine supérieure à celle de Vigny, c’est celle qui consiste, au lieu d’un stoïcisme farouche, à nous donner la confiance dans une volonté suprême et la résignation à ses ordres : mais cette doctrine-là, c’est celle qu’enseigne la religion, et comme philosophie humaine, purement humaine, je crois qu’il y en a peu qui montrent autant de vigueur, autant de noblesse que celle que Vigny a exprimée dans ses Destinées. […] Je vous en remercie tous et je vous demande la permission de remercier surtout ceux de la galerie supérieure, les jeunes gens, ceux qui me prouvent, en étant venus ici, que la langue française a au Canada un bel et grand avenir. […] Cusson et Henri Hains, Sténographes à la Cour Supérieure de Montréal.

2013. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Werther. Correspondance de Goethe et de Kestner, traduite par M. L. Poley » pp. 289-315

En effet, ce n’était, de la part de celui-ci, ni étourderie, ni vague exaltation : c’était un acte de conquérant et de grand-prêtre de l’art, qui prend ce qui est à sa convenance et met en avant je ne sais quel droit supérieur et sacré.

2014. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire (suite et fin). »

Il n’en est pas moins vrai que, pour occuper les premiers rangs dans l’ordre de l’art, la condition est un certain équilibre et une ordonnance entre les éléments humains, une volonté supérieure qui en dispose, tout en les déchaînant, une élévation qui, au sommet, triomphe des orages eux-mêmes et se rit des déchirements au sein d’une sereine clarté.

2015. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Appendice. »

Ils avaient la source de l’originalité bien supérieure à toutes les préoccupations et les acquisitions d’école.

2016. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Bruyère »

Il a déjà l’art (bien supérieur à celui des transitions qu’exigeait trop directement Boileau) de composer un livre, sans en avoir l’air, par une sorte de lien caché, mais qui reparaît, d’endroits en endroits, inattendu.

2017. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre deuxième. Les images — Chapitre II. Lois de la renaissance et de l’effacement des images » pp. 129-161

Si dans l’un des deux états les images ont des associations très exactes et très délicates, si, comme on le voit chez plusieurs somnambules66, des aptitudes supérieures se déclarent, si, comme on le remarque dans l’ivresse et après plusieurs maladies, les passions prennent un autre degré et un autre tour, non seulement les deux personnes morales seront distinctes, mais il y aura entre elles des disproportions et des contradictions monstrueuses. — Sans doute, quoique, chez les somnambules, les personnes hypnotisées et les extatiques, des contrastes semblables opposent la vie ordinaire à la vie anormale, leurs deux vies ne sont point nettement ni entièrement séparées ; quelques images de l’une s’introduisent toujours ou presque toujours dans l’autre ; et la supposition que nous avons faite reste, quand il s’agit de l’homme, une simple vue de l’esprit. — Mais dans les animaux elle rencontre des cas où elle s’applique avec exactitude ; tel est celui des batraciens et des insectes qui subissent des métamorphoses.

2018. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIVe entretien. Mélanges »

Je ne connaissais l’abbé de Lamennais que par l’enthousiasme que m’avait inspiré, pour son style véritablement supérieur, son premier volume de l’Essai sur l’Indifférence en matière de religion.

2019. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVe entretien. Chateaubriand, (suite) »

LXII Son Itinéraire eut un prodigieux succès ; c’était la gloire moissonnée à vol d’oiseau par un homme de génie sur les sites consacrés du monde : les gens de lettres y trouvaient des phrases mémorables ; les chrétiens, des dévotions exemplaires ; les savants, des textes sacrés ; tout le monde, des descriptions pittoresques achevées, et l’intérêt qui s’attachait alors aux navigations d’un homme célèbre embellies par un écrivain supérieur.

2020. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mendès, Catulle (1841-1909) »

Paul Adam Gog ne le cède point à l’Assommoir pour exprimer le tumulte et l’agitation des foules ; la Maison de la Vieille est bien supérieure à l’Œuvre, pour dire en quel terreau peut éclore la mentalité, et de quelles forces mises en faisceau par le hasard de la faim et de la sympathie se forme une phalange alerte pour gagner à l’assaut des esprits le verger de la bonne soif.

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