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482. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Mémoire de Foucault. Intendant sous Louis XIV »

Placé au collège des Jésuites ou de Clermont, il réussit dans ses classes, il fut plusieurs fois le premier ou empereur, comme on disait, et, en troisième notamment, il eut le premier prix de prose, et mérita d’être « de la tragédie » ; on jouait, et on joue encore en province, dans certains pensionnats, une tragédie le jour de la distribution des prix.

483. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre II. Le mouvement romantique »

Constant, Wallenstein, tragédie, avec Quelques réflexions sur la pièce de Schiller et le théâtre allemand, in-8. 1814. […] Il a fait les Proscrits (1802), le Peintre de Salzbourg (1803), dans le genre allemand sentimental, les Essais d’un jeune barde (1804), l’Histoire des Sociétés secrètes de l’armée (1815), où il invente un colonel qui est à Napoléon ce que d’Artagnan est à Mazarin, des nouvelles et romans, de Jean Sbogar (1818) à Trilby (1822), Bertram ou le Château de Saint-Ablebrand, tragédie imitée de l’anglais (1821), etc.

484. (1866) Dante et Goethe. Dialogues

La Comédie de Dante et la tragédie de Gœthe ont un même couronnement. […] Dante qui sentait s’agiter en lui un esprit tout nouveau, Dante qui avait tout à créer, jusqu’à cette langue hardie, personnelle à ce point qu’on en a pu dire qu’elle était dantesque avant d’être italienne et que certains mots créés par lui n’ont servi qu’à lui seul, Dante était trop heureux de prendre en quelque sorte des mains du peuple cette donnée de la vision, devenue pour nous une convention inanimée comme le songe de la tragédie classique, mais qui alors, dans la vivacité des croyances populaires, avait une réalité sensible. […] Disons auparavant quelques mots de la vie de Gœthe, sans laquelle sa tragédie ne s’expliquerait guère mieux que la Comédie sans la vie de Dante ; et malgré vos préventions, Élie, peut-être en viendrez-vous à convenir que si ces deux génies sont pour moi comme un seul guide et un seul maître, et si, en éclairant l’une par l’autre leur œuvre et leur vie, je vois s’en dégager l’idéal complet de la conscience et de la destinée humaine, une sorte de poétique du salut, passez-moi l’expression, il pourrait bien y avoir là autre chose qu’un jeu de mon esprit et le goût puéril du paradoxe.

485. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XLVIII » pp. 188-192

Onésime Leroy, auteur de tragédies oubliées en naissant, sinon qu’il est aussi un littérateur assez instruit ?

486. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XVI » pp. 188-192

Nous verrons le sacrifice du roi, célébré à la suite par Racine dans sa tragédie de Bérénice.

487. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 348-354

A-t-il pu imaginer qu’on adopteroit ses decisions, lorsqu’on l’a vu vingt fois s’efforcer de prouver que ce premier Poëte de notre Nation n’est pas si infaillible qu’on le pense ; que ses Ouvrages ne sont pas exempts de fautes contre la Langue & le goût ; qu’il a avancé des erreurs & des mensonges ; qu’il est injuste dans presque toutes ses critiques, indécent & atroce dans ses diatribes ; que tous ses Opéra sont détestables ; que plusieurs de ses Comédies n’ont d’autre mérite que celui de la versification ; que quelques-unes de ses Tragédies sont médiocres ; que ses Histoires sont remplies de faussetés, ses Satires de calomnies, ses Romans d’impiétés ?

488. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Préface »

Replacer les tragédies et les comédies grecques dans le milieu qui les a produites, éclaircir et élargir leur étude en l’étendant sur monde antique, par les aperçus qui s’y rattachent et les rapprochements qu’elle suggère, soulever le masque de chaque dieu et de chaque personnage entrant sur la scène pour décrire sa physionomie religieuse ou son caractère légendaire ; commenter les quatre grands poètes d’Athènes, non point seulement par la lettre, mais par l’esprit de leurs œuvres et par le génie de leur temps ; tel est le plan que je me suis tracé et que j’ai tâché de remplir.

489. (1892) Impressions de théâtre. Sixième série

Euripide a fait de la tragédie le genre le plus libre, le plus souple, le plus varié. […] Ses tragédies sont, avant tout, des fêtes capricieuses qu’il donne à son esprit et à son imagination. […] Et, si je vous ai cité ce morceau, c’est qu’il est, en vérité, le fond de la tragédie. […] Il reproche à la tragédie de manquer d’action et de naturel. […] L’atellane est soudainement crevée par l’explosion inattendue d’une façon de tragédie.

490. (1890) Impressions de théâtre. Quatrième série

C’est que nous sommes, ici, tout près des origines de la tragédie. […] Quant à la tragédie grecque, c’est quelque chose d’intermédiaire entre ce que sera la tragédie française et ce que sera le grand opéra. […] cette partie « mélodramatique » est bien peu de chose encore dans la tragédie d’Eschyle. […] Josabeth, c’est la grâce, la tendresse, le sourire mouillé de cette sombre et inhumaine tragédie. […] C’est, je crois, après sa tragédie d’Annibal, la première œuvre de Marivaux.

491. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

Prenez toutes les pièces de Shakespeare, et dans pas une de ces tragédies, qui embrassent le ciel et la terre, vous ne trouverez plus d’espaces, et plus convenablement remplis par la passion, par le rire et par la terreur. […] Bulwer fasse des comédies, soit qu’il écrive des tragédies, soit qu’il invente des romans…, ne vous adressez ni aux comédies, ni aux tragédies ni aux romans, ni aux poèmes, ni à l’esprit, ni au génie de M.  […] Ce singe effronté et malin inventait la musique du grand siècle, comme Racine a inventé la tragédie. […] Au reste, ce chapitre sur la tragédie historique de M.  […] Alors de quel droit nous fâcher contre la tragédie anglaise, et même de quel droit nous en moquer ?

492. (1889) Les premières armes du symbolisme pp. 5-50

Remarquez pourtant que les littératures décadentes se révèlent essentiellement coriaces, filandreuses, timorées et serviles : toutes les tragédies de Voltaire, par exemple, sont marquées de ces tavelures de décadence. […] Jean Moréas, le rédacteur de la profession de foi, repousse ces vocables comme impropres : «  Les littératures décadentes se révèlent, dit-il, essentiellement coriaces, filandreuses, timorées et serviles : toutes les tragédies de Voltaire, par exemple, sont marquées de ces tavelures de décadence. […] Mais enfin, s’il y a quelque part un bon style de tragédie philosophique, c’est celui-là.

493. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre dixième. »

Le recueil de La Fontaine est un théâtre où nous voyons représentés en raccourci tous les genres de drame, depuis les plus élevés, la comédie et la tragédie, jusqu’au plus simple, le vaudeville. […] On ne lit pas une tragédie dans toute disposition d’esprit, ni même une comédie, quoique nous y soyons plus souvent prêts qu’à la tragédie.

494. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur de Latouche. » pp. 474-502

On apprend qu’il va se jouer au Théâtre-Français un Philopœmen, tragédie d’un jeune homme de dix-sept ans, et là-dessus une jeune fille s’est déjà montée la tête pour l’auteur. […] Il a eu tout le temps depuis d’oublier sa tragédie et de faire sa fortune dans le commerce. […] À la tragédie de son ami Guiraud, Les Macchabées, et à celle de son ami Soumet, Cléopâtre (deux succès), il y avait deux scènes où le parterre murmurait toujours, peut-être avec raison.

495. (1773) Discours sur l’origine, les progrès et le genre des romans pp. -

C’est par cette raison que dans la tragédie un héros malheureux, pourvu qu’il ne soit point trop coupable, est toujours sûr de nous intéresser. […] Ce même Alexandre, dans la tragédie qui porte son nom, est lui-même éclipsé par Porus son captif. […] Son imagination lugubre épuise dans ses Romans tous les ressorts de la Tragédie.

496. (1874) Premiers lundis. Tome II « Revue littéraire »

Ce fort de Joux, où Mirabeau écrivait ses lettres brûlantes à Sophie, ne manquait pas, on le voit, en son beau temps, de tragédies d’amour.

497. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section III. Des ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre premier. Que personne à l’avance ne redoute assez le malheur. »

Les tragédies, les ouvrages d’imagination, vous représentent l’adversité comme un tableau où le courage et la beauté se déploient ; la mort, ou un dénouement heureux terminent, en peu d’instants, l’anxiété qu’on éprouve.

498. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre VI. Exordes. — Péroraisons. — Transitions. »

Pareillement ne croyez pas qu’il faille se guinder à la fin : point de grands mots, point d’emphase, point de tragédie : exposez votre conclusion ; si elle sort nécessairement de ce qui précède, si elle est mise dans tout son jour, il n’en faut pas davantage.

499. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Laprade, Victor de (1812-1883) »

. — Harmodius, tragédie (1870). — Poèmes civiques (1873).

500. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 26, que les jugemens du public l’emportent à la fin sur les jugemens des gens du métier » pp. 375-381

C’est donc avec bienveillance qu’on écoute des personnes de la profession qui font méthodiquement le procès à une tragédie ou bien à un tableau, et l’on retient même ce qu’on peut des termes de l’art.

501. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIIe entretien » pp. 87-159

Poème immense qui commence par une pastorale dans un ciel terrestre, qui se poursuit par des épithalames comme le Cantique des cantiques, par des élégies dans les Psaumes de David, par des odes dans les versets des prophètes, par une tragédie dans l’holocauste d’une victime pure sur le Golgotha, et dans des apothéoses dans le ciel final des esprits ! […] Racine imite, ou plutôt calque les tragiques grecs, Euripide et Sophocle, dans ses tragédies. […] Il nous suffit aujourd’hui de constater que dans ce siècle de Louis XIV, où le génie français flottait encore indécis entre la servile imitation et l’indépendante originalité, la tragédie imitait et la comédie inventait. […] une lettre de Voltaire à une de ses tragédies ?

502. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mémoires pour servir a l’histoire de mon temps. Par M. Guizot »

Jeune homme la première fois qu’il visita Mme de Staël, à Ouchy près de Lausanne, elle lui dit brusquement, en voyant son émotion et frappée de son accent : « Je suis sûre que vous joueriez très bien la tragédie ; restez avec nous et prenez un rôle dans Andromaque.  » Un jour, au temps de sa pleine gloire de tribune, Mlle Rachel, qui assistait à une séance de la Chambre, dit, après l’avoir entendu : « J’aimerais à jouer la tragédie avec cet homme-là. » Il a, en effet, le port, le geste, le regard, ce que les Anciens appelaient l’action.

503. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Mme de Graffigny, ou Voltaire à Cirey. » pp. 208-225

Ces jours-là, on se lit les ouvrages nouveaux, on les joue, on joue la comédie, la tragédie, la farce, et jusqu’aux marionnettes ; Voltaire donne la lanterne magique. Quand on s’y met une fois, ce n’est pas pour peu : « Nous avons compté hier au soir, écrit Mme de Graffigny, que, dans les vingt-quatre heures, nous avons répété et joué trente-trois actes, tant tragédies, opéras, que comédies. » C’étaient des excès après un carême : « C’est le diable, oui le diable, que la vie que nous menons. » Dans ces grands jours et durant ces semaines dramatiques et féeriques, Voltaire est à l’état de pur génie.

504. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bornier, Henri de (1825-1901) »

. — Agamemnon, tragédie en cinq actes (1868). — La Fille de Roland, drame en quatre actes (1875). — Les Noces d’Attila, drame en quatre actes (1881). — Poésies complètes, 1850-1881 (1881). — La Lizardière, roman (1883). — Le Jeu des vertus, roman d’un auteur dramatique (1885). — Mahomet (1888). — Le Fils de l’Arétin (1806). — France… d’abord !

505. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre IV. Addison. »

Addison fit mieux encore : il composa un opéra, une comédie, une tragédie fort admirée sur la mort de Caton. […] Au sortir du collége, un jeune homme, du temps de Voltaire, devait faire sa tragédie, comme aujourd’hui il doit écrire un article d’économie politique ; c’était la preuve alors qu’il pouvait causer avec les dames, comme c’est la preuve aujourd’hui qu’il peut raisonner avec les hommes. […] Il y a manié les passions, le comique ; il a trouvé dans son opéra quelques peintures vives et riantes, dans sa tragédie quelques accents nobles ou attendrissants ; il est sorti du raisonnement et de la dissertation pure ; il s’est acquis l’art de rendre la morale sensible et la vérité parlante ; il a su donner une physionomie aux idées, et une physionomie attachante. […] Les haines des partis l’épargnent ; dans la défaite universelle des whigs, il est réélu au Parlement ; dans la guerre furieuse des whigs et des tories, whigs et tories s’assemblent pour applaudir sa tragédie de Caton ; les plus cruels pamphlétaires le respectent ; son honnêteté, son talent, semblent élevés d’un commun accord au-dessus des contestations. […] Des deux tragédies qu’il fit ou médita, l’une était sur la mort de Caton, le plus vertueux des Romains ; l’autre sur celle de Socrate, le plus vertueux des Grecs : encore, à la fin de la première, il eut un scrupule, et de peur d’excuser le suicide, il donna à Caton un remords.

506. (1891) Impressions de théâtre. Cinquième série

Cela tient des mystères et du théâtre du moyen âge, et cela tient aussi, par endroits, des tragédies d’Eschyle. […] Cela est vrai, si l’on considère ses premières tragédies (le Cid excepté) où, en effet, le devoir l’emporte sur la passion. […] Il m’est arrivé d’écrire à propos d’une tragédie odéonienne (et pourquoi chercher à le dire autrement ? […] La reprise de cette tragédie a eu je ne sais quoi de chaud, d’allègre, de triomphal. […] Enfin, et cela est plus étrange que le reste, le premier personnage de la tragédie n’y paraît pas.

507. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Introduction. Origines de la littérature française — 4. Physionomie générale du moyen âge. »

Il était nécessaire de le dire, car la littérature ici ne reflète pas tout le génie national : si le Parthénon et une tragédie de Sophocle, un discours de Bourdaloue et les jardins de Versailles sont des manifestations étroitement apparentées du même génie, rien dans les formes littéraires du moyen âge français n’évoque l’idée de la conception esthétique qui fit surgir les grands monuments de l’art roman ou gothique.

508. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre VI. Recherche des effets produits par une œuvre littéraire » pp. 76-80

Mais la Révolution est proche ; les caractères deviennent plus virils, les tragédies plus austères, témoin les œuvres de Marie-Joseph Chénier ; aussitôt Corneille remonte dans l’opinion générale, pendant que Racine, considéré comme trop courtisan et trop délicat, y descend.

509. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Sophocle, et Euripide. » pp. 12-19

Il montre aux juges son Œdipe à Colone, tragédie qu’il venoit d’achever.

510. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Renan — I »

» criait un Anglais de tragédie.

511. (1892) Boileau « Chapitre I. L’homme » pp. 5-43

Cependant, pour n’avoir eu ni roman ni tragédie, cette existence n’est point insignifiante. […] Déjà il avait commencé à faire des vers : une tragédie romanesque esquissée au collège, une énigme en vers, deux chansons à boire, un sonnet galant, et des vers latins, tels furent les premiers essais de celui qui devait se montrer impitoyable aux poètes de cabinet, aux doucereux, aux romanesques, aux « latineurs », et à l’abbé Cotin, l’illustre inventeur de l’énigme française. […] Despréaux arrive, récite de ses vers ; on dîne, on médit d’une tragédie de La Serre ; et en prenant le café sous un berceau, dans le jardin, la conversation tombe sur la déclamation dramatique : Boileau, évoquant les souvenirs d’un temps qui lui est cher, montre comment la Champmeslé disait un vers du rôle de Monime, ou Molière une tirade du Misanthrope.

512. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série «  Leconte de Lisle  »

Elle lui apparut comme l’universelle tragédie du mal, comme le drame de la force sombre et douloureuse. […] Il y a une volupté dans cet état d’insurrection, d’autant plus que le sens critique, véritable esprit du diable, ouvre un domaine spacieux et nouveau à l’imagination plastique et, en même temps que la joie de la révolte, nous donne celle de reconstruire et de contempler avec des yeux d’artiste l’immense tragédie humaine. […] Il nous montre, en deux drames dont la forme imite d’assez près les tragédies d’Eschyle, l’aventure fatale d’Hélène amante de Pâris, et d’Oreste vengeur de son père et meurtrier de sa mère.

513. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIV. La littérature et la science » pp. 336-362

A l’Académie des sciences, Fontenelle, auteur de tragédies et de pastorales, débite avec compétence des éloges de savants. […] Un style clair, qui vaut surtout par la logique, la précision des lignes, l’enchaînement serré des idées, qui n’admet guère que des épithètes abstraites et générales ; un théâtre où les personnages sont comme détachés de leur milieu et se meuvent dans un cadre vague, indéterminé, où ils se présentent presque comme de purs esprits dont les pensées et les sentiments méritent seuls l’attention ; des tragédies simples ; d’une structure rigide et géométrique, d’une sobriété de mise en scène qui montre qu’elles s’adressent à l’âme, non aux sens ; une littérature qui se concentre tout entière dans l’étude, de l’homme civilisé, qui ne daigne ou ne sait pas voir le reste de l’univers, qui ne connaît pas la campagne, qui soumet l’imagination, « la folle du logis », aux commandements de la raison, qui marche à pas comptés, d’une allure méthodique et posée. […] J’ai connu dans ma jeunesse un professeur de rhétorique qui se vantait à ses élèves d’ignorer les quatre règles élémentaires de l’arithmétique, et l’on sait le mot de ce géomètre qui disait après la représentation d’une belle tragédie : Qu’est-ce que cela prouve ?

514. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 avril 1886. »

De toutes parts on reconnaît la nécessité de revenir aux anciens ; mais en prenant modèle sur les restes de leur poésie dramatique la tragédie classique française paraît s’être trompée. […] La certitude d’une vie plus élevée est contenue dans la tragédie de l’amour ; mais cet amour n’aura la force de la rédemption que lorsque la nature humaine délivrée d’égoïsme aura par sa propre force reconquis la pureté de l’idéalité, lorsqu’elle sera devenue l’amour de l’humanité. […] Ami des préraphaélites Dante Gabriel Rossetti, John Everett Millais et William Holman Hunt, il écrivit à Oxford quelques tragédies néo-élisabéthaines, et publia à Londres, en 1860, Rosamond, « aquarelle de Rossetti traduite en vers ».

515. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1855 » pp. 77-117

* * * — Les tragédies de Ponsard ont le mérite artistique d’un camée antique — moderne. […] Je n’oublie pas le très bénin Jupiter de notre bande, le roi constitutionnel de nos jeux, « le père Pourrat », le précepteur de Louis, qui avait l’intelligence de nous montrer parfaitement à jouer et le bon esprit de s’amuser avec nous, autant que nous, — affligé du seul défaut de nous lire sa fameuse tragédie intitulée : Les Celtes. […] Plus rien des galeries, des loges, des banquettes, que les six poteaux qu’on entourait de verdure, les jours de la grande représentation, et en place de ce qui a été brûlé, un établi où l’on menuise, et des plantes grasses sur des planches… Et Berthe est morte, et les autres petites demoiselles sont devenues des femmes, des épouses, des mères, et Léonce est garde des forêts, et Bazin est professeur de géographie et décoré de l’ordre du Pape, et Antonin est en train de se faire tuer à Sébastopol, et le père Pourrat a toujours sa tragédie des Celtes en portefeuille, et le bonhomme Ginette est établi teinturier, rue Sainte-Anne, et Louis est docteur en droit, et moi rien du tout.

516. (1707) Discours sur la poésie pp. 13-60

Je sçais que de grands hommes ont supposé à presque tous les genres de poësie, des vûës plus hautes et plus solides : ils ont cru que le but du poëme épique étoit de convaincre l’esprit d’une vérité importante ; que la fin de la tragédie étoit de purger les passions, et celle de la comédie de corriger les moeurs. […] C’est d’une humeur triste et compatissante aux malheurs des hommes que nous est venuë la tragédie ; comme au contraire, c’est d’une humeur enjouée, maligne, ou peut-être un peu philosophique, que sont nées la comédie et la satyre. […] Ainsi s’établirent les régles du poëme épique, d’après Homere ; celles de la tragédie, d’après Sophocle ; celles de l’eglogue, d’après Théocrite ; et celles de l’ode, d’après Pindare : régles utiles et judicieuses, pourvû qu’on n’exigeât pas pour elles un respect aveugle ; et que sans se révolter contre les exceptions qu’on y peut faire, on fût toujours prêt d’admettre ce qu’on y peut encore ajouter.

517. (1856) Cours familier de littérature. II « IXe entretien. Suite de l’aperçu préliminaire sur la prétendue décadence de la littérature française » pp. 161-216

Suite de l’aperçu préliminaire sur la prétendue décadence de la littérature française I Nous avons vu, dans les deux entretiens précédents, comment la littérature française née tardivement, longtemps indécise entre l’originalité gauloise et l’imitation classique, s’était d’abord vouée tout entière à l’imitation ; comment cette littérature avait perdu son originalité native dans cette servile imitation des anciens ; comment cependant cette imitation servile lui avait profité pour construire une langue littéraire plus régulière et plus lucide que la langue un peu puérile de son enfance ; comment, après avoir beaucoup copié, les écrivains et les poètes du siècle de Louis XIV avaient fini par créer eux-mêmes une littérature composite, moitié latine, moitié française ; comment chacun de ces grands écrivains, depuis Corneille jusqu’à madame de Sévigné, avaient apporté à la littérature et à la langue de la France une des qualités de leur génie divers ; comment enfin, de toutes ces alluvions des génies particuliers de chacun de ces écrivains, la France, grâce à l’imitation d’un côté, grâce à l’originalité de l’autre, s’était façonné une langue littéraire, propre à tous les usages de son universelle intelligence, depuis la chaire sacrée jusqu’à la tribune, depuis la tragédie jusqu’à la familiarité du style épistolaire. […] L’influence du cinquième acte d’une tragédie à flots de sang sur un auditoire sans haleine, la pitié, l’horreur, les vociférations du chœur sanguinaire, les rugissements des bourreaux, le cri prolongé et renaissant des victimes ; elle eut tout cela, mais ce n’était plus de la langue : c’était des hoquets et des sanglotements d’agonie, Vox faucibus hæret ! […] Mais cependant cette tragédie même avait par sa nature pathétique, pour le cœur humain, l’intérêt palpitant et passionné qui attache l’âme aux combats du cirque, aux grands crimes, comme aux grandes vertus sur la scène où les peuples jouent les drames de Dieu.

518. (1803) Littérature et critique pp. 133-288

Et pourquoi donc, dira tout homme de sens et de goût à madame de Staël, les Romains n’ont-ils jamais réussi dans le genre qui exige le plus de sensibilité, dans la tragédie ? […] « On ne pouvait (c’est elle qui parle) transporter à Rome l’intérêt que trouvaient les Grecs dans les tragédies, dont le sujet était national. […] Ils connaissaient en quelque sorte le drame comme la tragédie. […] Enfin, il a beaucoup plus multiplié que ses prédécesseurs l’usage des figures et des images dans la tragédie, sorte de beauté qui appartient plus à l’épopée et à l’ode qu’au genre dramatique. […] Quant à Racine, on est bien loin de le connaître et de le sentir, quand on prétend qu’il n’a fait que la tragédie de la cour de Louis XIV.

519. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre II. Le théâtre. » pp. 2-96

Il n’avait que trente ans ; jugez de la poésie qui peut sortir d’une vie aussi emportée et aussi remplie : d’abord la déclamation exagérée, les entassements de meurtres, les atrocités, la pompeuse et furieuse fanfare de la tragédie éclaboussée dans le sang, et des passions exaltées jusqu’à la démence. […] La tragédie se détache symétrique et nette au milieu de la vie humaine, comme un temple complet et solitaire qui dessine son contour régulier sur le bleu lumineux du ciel. […] Il y a vingt scènes en un acte ; on tombe sans préparation de l’une à l’autre, de la tragédie à la bouffonnerie ; et le plus souvent, il semble que l’action ne marche pas ; les personnages s’attardent à causer, à rêver, à étaler leur caractère. […] Conterai-je quelques-unes de ces tragédies ? […] Il semble que la tragédie ne puisse aller au-delà.

520. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIe entretien. Balzac et ses œuvres (1re partie) » pp. 273-352

… des romans, des comédies, des opéras-comiques, des tragédies, sont sur la liste d’ouvrages à faire. […] XIII Il conçut dans son grenier une tragédie de Cromwell ; mais il n’était pas né poète, le vers l’embarrassait : il succomba sous l’effort. […] Je ressemble, avec ma pauvre tragédie, à Perrette au pot au lait, et ma comparaison ne sera peut-être que trop réelle ! […] … » XV La triste épreuve de sa tragédie faite et acceptée, il tombe énervé, découragé, maigri, chez sa mère, elle le garda quatre ans, mais non oisif.

521. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — III. Le Poëme épique, ou l’Épopée. » pp. 275-353

Sorlin, un de ceux qui travaillèrent le plus à la tragédie de Mirame de ce ministre. […] Les adversaires de Fontenelle eurent de quoi s’exercer sur lui à l’occasion de la tragédie d’Aspar, qu’il donna malheureusement dans ces circonstances. […] L’Auteur de la tragédie de Didon écrivit, en 1734, que Virgile étoit un mauvais modèle pour cette partie. […] Un bon roman mérite d’occuper un homme de lettres, comme un poëme épique, une tragédie, une comédie.

522. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — III. (Suite et fin.) » pp. 454-472

Plus tard, dans ses loisirs occupés sous la Restauration, il fera de même : indépendamment de ses grands travaux d’histoire, de ses devoirs comme pair de France, de son assiduité aux commissions et aux sociétés dont il était membre, des rapports et discours académiques qu’on aimait à lui voir faire et dont il s’acquittait volontiers, il trouvait encore moyen de se donner des tâches surérogatoires : il écrivait en détail des remarques, des cahiers d’observations sur les ouvrages que des amis lui soumettaient ; il y a telle tragédie qu’il examinait plume en main, acte par acte, scène par scène, comme il eût fait aux premiers temps de sa jeunesse dans sa petite académie de Montpellier. […] Enfin, ce qui est inappréciable selon moi, c’est que votre sujet est complet et fini comme s’il s’agissait de l’empire des Assyriens ; qu’il n’y a rien à ajouter à votre ouvrage, et que vous avez pu le terminer par la mort de la république comme on termine une tragédie par l’assassinat ou par l’empoisonnement du héros.

523. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Lettres inédites de Jean Racine et de Louis Racine, (précédées de Notices) » pp. 56-75

Il fut le premier à sentir son infériorité ; il se fit peindre les Œuvres de son père à la main, et les regards fixés sur les vers de la tragédie de Phèdre : Et moi, fils inconnu d’un si glorieux père ! […] Je me trouvai un jour avec lui chez M. de Voltaire, qui nous lisait sa tragédie d’Alzire ; Racine crut y reconnaître un de ses vers, et répétait toujours entre ses dents : « Ce vers-là est à moi. » Cela m’impatienta ; je m’approchai de M. de Voltaire en lui disant : « Rendez-lui son vers et qu’il s’en aille ! 

524. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Pierre Loti »

Mais avec cela les romans de Loti m’envahissent et m’oppriment plus qu’un drame de Shakespeare, plus qu’une tragédie de Racine, plus qu’un roman de Balzac… Et c’est pour cela que je suis inquiet. […] Or, à y regarder d’un peu près, on croit reconnaître que c’est l’« exotisme » des objets auxquels elle s’est d’abord appliquée qui a aiguisé à ce point sa sensibilité, et que ce sont certains sentiments engendrés par cet exotisme qui l’ont ramené à la belle simplicité des idylles ou des tragédies familières.

525. (1886) De la littérature comparée

Cependant, le développement des études historiques, en favorisant la connaissance des milieux et la comparaison entre les époques, attira bientôt l’attention sur le phénomène, longtemps négligé des variations du goût : on remarqua qu’un siècle ne ratifie pas toujours les jugements du siècle précédent ; que telle tragédie portée aux nues à son apparition peut cependant tomber dans un oubli définitif ; que des gloires illustres entre toutes s’éclipsent pendant des périodes entières et ne reparaissent ensuite dans leur éclat que sous l’influence de circonstances qu’il est possible de déterminer ; que les poètes préférés d’une nation demeurent souvent incompris par la nation voisine. […] Comment ce mot de beauté, que je viens d’employer, peut-il s’appliquer également aux tragédies de Sophocle, d’un dessin si net, d’un plan si parfait, et aux drames informes que des confréries représentaient pendant des journées entières sur des tréteaux dressés en plein vent ?

526. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre premier. De l’invention dans les sujets particuliers »

Et c’est ce sentiment monarchique, si peu romain, si peu conforme à la vérité historique, qui, dans la tragédie, commence à relever Auguste aux yeux du spectateur, et à faire oublier Octave.

527. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 4, objection contre la proposition précedente, et réponse à l’objection » pp. 35-43

Aubry maître paveur à Paris, n’a-t-il pas fait représenter depuis soixante ans des tragédies de sa façon ?

528. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 31, que le jugement du public ne se retracte point, et qu’il se perfectionne toujours » pp. 422-431

Les mêmes raisons qui les empêcherent de se tromper en cela, les auroient aussi empêchez de mettre la Franciade au-dessus de Cinna et des Horaces, s’ils avoient eu ces tragédies entre les mains.

529. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 39, qu’il est des professions où le succès dépend plus du génie que du secours que l’art peut donner, et d’autres où le succès dépend plus du secours qu’on tire de l’art que du génie. On ne doit pas inferer qu’un siecle surpasse un autre siecle dans les professions du premier genre, parce qu’il le surpasse dans les professions du second genre » pp. 558-567

En effet, Monsieur Racine ne paroît plus grand poëte dans Athalie que dans ses autres tragédies, que parce que son sujet tiré de l’ancien testament l’a autorisé à orner ses vers des figures les plus hardies et des images les plus pompeuses de l’écriture sainte, au lieu qu’il n’en avoit pû faire usage que très-sobrement dans ses pieces profanes.

530. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « La Solidarité »

C’est si commode, de vivre dans son coin, pour soi et, tout au plus, pour les siens et pour deux ou trois amis, de se moquer du reste, de croire qu’on a fait tout son devoir de citoyen quand on a payé l’impôt, et tout son devoir d’homme quand on a lâché quelques aumônes prudentes, de pratiquer le dédaigneux odi profanum vulgus, d’être un spectateur détaché de la comédie ou de la tragédie humaine !

531. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre VII. Le théâtre français contemporain des Gelosi » pp. 119-127

C’étaient presque toutes tragédies, tragi-comédies ou pastorales ; la comédie, malgré les traductions ou les imitations littéraires des Larivey et des Turnèbe, avait peu de place tant au théâtre de l’Hôtel de Bourgogne qu’au théâtre de l’Hôtel d’Argent qui s’ouvrit vers 1600 rue de la Poterie au Marais.

532. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XVI, les Érynnies. »

Les Érynnies — Irritées — qui ne mériteront qu’à la fin de la tragédie d’Eschyle leur euphémique surnom d’Euménides, étaient les plus terribles divinités du monde infernal.

533. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préfaces des « Odes et Ballades » (1822-1853) — Préface de 1826 »

On entend tous les jours, à propos de productions littéraires, parler de la dignité de tel genre, des convenances de tel autre, des limites de celui-ci, des latitudes de celui-là ; la tragédie interdit ce que le roman permet ; la chanson tolère ce que l’ode défend, etc.

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