Il est temps, définitivement, de revenir à la vérité de la vie et de renoncer à tout cet artifice de convention, reste de nos distinctions aristocratiques et de la société artificielle du XVIIe siècle ; il est temps de revenir à la vérité des mœurs antiques. […] Il n’y avait pas deux tons à Athènes ; au contraire, les fines mœurs du temps d’Auguste étaient à peu près celles de notre aristocratie, et à côté de cela se trouvait un peuple ridicule. […] Je sais qu’il est un catholicisme plus adouci qui a su pactiser avec les nécessités du temps et jeter un voile sur de trop rudes vérités. […] barbares, ceux qui appellent cela du temps perdu et spéculent sur le gain des dimanches et des fêtes supprimées ! […] Le temps des petits hommes et des petites choses est passé ; le temps des saints est venu.
Retenons donc qu’en 1656, temps où l’hôtel de Rambouillet était dispersé, le mot de précieuse était un mot nouveau, un mot du temps, un mot à la mode. […] Voilà ce que nous apprennent les écrits du temps sur les précieuses en général : je ne dois pas oublier les quartiers de Paris qu’elles habitaient. […] Le petit Dictionnaire des Précieuses est un recueil de néologismes bons et mauvais, attribués aux précieuses du temps. […] Quoique la pièce entière résiste à l’application qu’on en veut faire, nous ajouterons à nos précédentes observations que la pièce semble donner elle-même la date du temps et du lieu de la première représentation. […] J’ai vainement cherché dans les écrits du temps l’occupation que les femmes de la haute société mêlaient à la conversation.
Je respectais plus la postérité que mon temps. Mais le caractère de mon style, étant le mouvement, la chaleur et l’improvisation, ne comporte pas ces perfections élégantes et ce poli des surfaces qui, dans les styles vraiment classiques, sont l’œuvre du temps. […] Mirabeau était le plus fort des hommes de son temps ; mais le plus grand des hommes se débattant contre un élément en fureur ne paraît plus qu’un insensé. […] Rien n’avait pu la préparer au maniement des forces désordonnées qui s’agitaient autour d’elle ; le malheur ne lui avait pas donné le temps de la réflexion. […] Ce n’est pas le sol qui détermine la nature des constitutions des peuples, c’est le temps.
Comme il faut peu de temps pour cela ! […] Déjà tant de temps dans ma vie ! […] Le temps change bien des choses. […] Ainsi le temps passe et nous emporte sur sa croupe. […] L’âge des cloches prend des siècles, du temps sans fin, à moins d’un malheur ou d’une révolution.
Nous vivons dans un temps où l’ignorance n’est plus permise, et qui cependant offre peu de moyens faciles pour s’instruire et pour s’éclairer. […] Ces fables ingénieuses de l’antiquité seraient-elles sans application possible aux temps modernes ? […] Mais donnons-nous le temps, après en avoir embrassé l’ensemble, d’en examiner les détails, et de les comparer d’abord avec nos souvenirs, puis avec la nature. […] Ainsi, dans l’appréciation des œuvres du génie, nous ne séparerons point l’homme de ses écrits, ni des temps et des lieux où il a vécu. […] L’un dit : Il serait temps, je crois, de commencer.
Un simple collégien a sur mille choses, sur la composition du soleil, sur la respiration des plantes, sur la formation des montagnes, des notions plus claires et plus exactes que les plus grands esprits du temps de Louis XIV. […] Vers le même temps, Duclos lance ses Considérations sur les mœurs de ce siècle et Diderot publie son Essai sur le mérite et la vertu. […] Si l’on regarde les œuvres littéraires du temps, qu’y trouve-t-on ? […] quand elle se mêle d’affirmer quelque chose, oscille entre deux directions où elle s’avance plus ou moins selon les temps. […] Mais il est temps de conclure.
Certes, si vous commencez par présupposer et le discernement du temps et le discernement de la ressemblance, il ne vous restera plus qu’à « décrire » le mécanisme de la mémoire ; mais le discernement du temps et surtout celui de la ressemblance, c’est la mémoire mentale elle-même, c’est le fond du souvenir, non seulement au point de vue métaphysique ou critique, mais même au point de vue psychologique. […] Est-il nécessaire ici, avec les spiritualistes, de faire intervenir le « pur esprit » comparant, du fond de son unité, les divers termes que le temps apporte et remporte ? […] C’est une diplopie dans le temps. […] En tout cas, si la mémoire a une véritable certitude quand elle est « fraîche », elle se perd parfois dans le lointain du temps et vient se fondre avec le rêve comme la mer à l’horizon se fond avec le ciel. […] Reconnaître, en effet, c’est juger, comparer, projeter les choses à l’extérieur, dans l’espace et dans le temps ; or, c’est la tendance au mouvement, inhérente à toute image, qui lui donne cette force de projection et d’extériorité, par laquelle sont engendrées les formes du temps et de l’espace84.
Qui est organisé, dans ce temps d’anarchie intellectuelle, d’individualités jalouses ? […] C’est elle qui publiait hier les gravelures du président de Brosses ; c’est elle qui publie aujourd’hui les ignobles Mémoires de Lauzun, et qui, demain, nous donnera quelque autre putridité de ce temps, dont nous ramassons et pressons les dernières écorces. […] Or, cette altération de son être, cet amollissement d’un esprit qui eût pu aisément rester ferme, bien des choses tristes, bien des choses de ce temps les auront causées ; et parmi elles, il faut signaler l’excès de la production et l’abus de sa propre pensée, mortels à tant d’autres esprits. […] Capefigue, l’histoire de Mme Du Barry devrait être l’œuvre suprême, le dernier mot du temps, et M. […] , de s’ériger en saint Jérôme pour déclamer contre les vices des temps passés ?
Renan… Depuis ce temps-là, il n’en fait plus guère. […] Renan, Marc-Aurèle avait été un esprit religieux, il aurait eu l’initiative du temps qui devait suivre et il aurait ouvert son empire aux idées chrétiennes. […] En cette histoire de Marc-Aurèle, tout est petit, excepté le surnaturalisme du temps. […] Depuis ce temps-là, M. […] — Nous aimons que l’homme vertueux dise de temps à autre : “Vertu, tu n’es qu’un mot !
Selon nous, ce besoin d’unité si profond, si consenti qu’il a fait son nom dans la langue et que le mot d’unitéisme se rencontre sous toutes les grandes plumes de ce temps, cache l’avenir d’une philosophie qui remonte vers la religion. […] Comme, aux premiers temps de l’Église, il a compris en lui les barbares de la barbarie, dans des temps dont nous voyons l’aurore il comprendra d’autres barbares, les barbares de la civilisation. […] Depuis quelque temps, le Dr Pusey semble s’être placé à côté des événements ; il est abîmé dans une étude persévérante et sévère. […] Quand on le lit, on prend une idée assez juste de la solidité et de la résistance que doit opposer pour un temps à la réaction catholique, cette religion anglicane, ruinée dans la conscience publique, mais debout encore dans le gouvernement du pays. […] L’Angleterre ne reculera point dans la voie qu’ont tracée les esprits les plus religieux et les plus éclairés de ce temps, où tout ce qui porte un flambeau dans sa faible main va vers Dieu.
En reparaissant vers le même temps dans le Journal de Paris (janvier 1795), Roederer eut à parler plus d’une fois de Sieyès ; il le fit avec de constants hommages pour ses talents et sa profondeur de vues, mais avec une assez grande liberté de plume. […] Merlin de Thionville publia en ce même temps un Portrait de Robespierre ; c’était Roederer qui l’avait tracé. […] Le temps ne viendra que trop tôt où mon livre sera le premier événement de ma vie. […] Les formes de Roederer, sa personne, au premier aspect, n’étaient pourtant pas propres à corriger ces préventions ou ces inimitiés si faciles à naître et à s’entretenir en temps de révolution. […] Le seul indice qu’il soit naturel de tirer de cette petite supercherie ou espièglerie bibliographique, c’est que de tout temps Roederer se soucia des femmes, de leur éducation et de leur rôle dans la société polie.
Cela a dû s’établir à peu près vers le temps de Cicéron, le mot comme la chose : « Favorem et urbanum, a dit Quintilien, Cicero nova credit. […] Le classique, je le répète, a cela, au nombre de ses caractères, d’aimer sa patrie, son temps, de ne voir rien de plus désirable ni de plus beau ; il en a le légitime orgueil. […] Écoutons-les parler, sous leur beau ciel et comme sous leur coupole l’azur, les grands poètes et les orateurs de ce temps-là : leurs hymnes de louanges sonnent encore à nos oreilles ; ils ont été bien loin dans l’applaudissement. […] On n’est plus au temps où, quand on naissait dans une capitale, on n’en sortait pas. […] Vous me ferez croire, avec le temps, que je puis pour ma part vous être bon en quelque chose, et, généreux comme on l’est à votre âge, vous me rendrez en ce seul sentiment moral bien plus que je ne saurais vous donner en directions de l’esprit ou en aperçus littéraires.
Crébillon fils en son temps eut aussi une telle prise sur l’imagination de certaines femmes, qu’une jeune dame anglaise, dit-on, s’affolant de lui après une lecture de je ne sais quel roman, accourut tout exprès pour l’épouser. […] J’ai lu aussi vers 1829, dans les Annales romantiques du temps, des vers signés du nom de Balzac, harmonieux et bien rhythmés, et qui se rapprochent du faire de M. de Latouche. […] Mme Claës nous touche encore quand, voyant dans les premiers temps son mari qui lui échappe, sans en comprendre la cause, « elle attend un retour d’affection et se dit chaque soir : — Ce sera demain ! […] furent grandement amères ; Bernard de Palissy n’en eut pas en son temps de si lamentables. […] Lamartine. — Le dramaturge Mercier, qui, pour l’exubérance, les inégalités et les hasards de talent (bien qu’avec moins de finesse), n’est pas sans rapport avec M. de Balzac, eut en son temps une vogue presque semblable.
Nisard tâtonna quelque temps. […] Il a été, en effet, en progrès constant et rapide depuis ce temps-là. […] Qu’il y ait lieu maintenant et en tout temps à un tel rôle, nul doute. […] dit l’Avarice, il est temps de marcher, M. […] Eu même temps qu’il célèbre les maisons de campagne de ses amis, il parle de leurs mœurs, de leurs goûts, de leur âme.
Celui-ci y trouva même sujet d’écrire à celui qui pouvait devenir un juge l’un de ces rares petits billets qui semblèrent de tout temps la suprême faveur. […] en ses quelques pages les plus sanglantes, et dont les divers temps se gravèrent ineffaçablement du premier jour dans toutes les mémoires encore vierges. […] A chaque nœud du récit, quelques principes fortement posés reviennent frapper les temps et comme sonner les heures. […] Au sortir de l’Histoire de la Révolution, ou dans le temps même où il s’en occupait, M.Mignet pensait déjà à celle de la Réforme. […] Il en eut de tout temps la vocation reconnaissable aux signes les plus manifestes : les faits lui disaient naturellement quelque chose, ils prenaient pour lui un sens, un enchaînement étroit et une teneur.
Sa mère, fille d’un procureur du roi des eaux-et-forêts à Villers-Cotterets, et son père, contrôleur du grenier à sel de la Ferté-Milon, moururent à peu d’intervalle de temps l’un de l’autre. […] Ses liaisons avec des jeunes gens aimables et dissipés, avec l’abbé Le Vasseur, avec La Fontaine qu’il connut dès ce temps-là, le mirent plus que jamais en goût de poésie, de romans et de théâtre. […] Tout ceci nous conduirait, si nous l’osions, à conclure avec Corneille que Racine avait un bien plus grand talent pour la poésie en général que pour le théâtre en particulier, et à soupçonner que, s’il fut dramatique en son temps, c’est que son temps n’était qu’à cette mesure de dramatique ; mais que probablement, s’il avait vécu de nos jours, son génie se serait de préférence ouvert une autre voie. […] C’est l’épanchement le plus pur, la plainte la plus enchanteresse de cette âme tendre qui ne savait assister à la prise d’habit d’une novice sans se noyer dans les larmes, et dont madame de Maintenon écrivait : « Racine, qui veut pleurer, viendra à la profession de la sœur Lalie. » Vers ce même temps, il composa pour Saint-Cyr quatre cantiques spirituels qui sont au nombre de ses plus beaux ouvrages. […] Depuis ce temps jusqu’au nôtre, et à travers toutes les variations de goût, la renommée de Racine a subsisté sans atteinte et a constamment reçu des hommages unanimes, justes au fond et mérités en tant qu’hommages, bien que parfois très-peu intelligents dans les motifs.
Il en mange trop, ou du moins il en a trop mangé, car depuis quelque temps il se repose. […] Et pour nous les suggérer, pour nous les rendre vraisemblables, le romancier a tout son temps : il nous explique les choses à loisir, comme il veut, aussi longuement qu’il veut. […] Il lui est impossible, en vertu de sa forme même, qui se réduit au dialogue, et à cause du peu de temps dont elle dispose, de reproduire la vie avec autant d’exactitude que le peut faire le roman. […] Le poète dramatique n’a pas le temps de les expliquer par le menu, de nous en faire toucher du doigt la possibilité. […] Cette sorte d’esprit a de tout temps existé en France.
Par suite des temps et division de branches, ces Guérin sont devenus seigneurs d’Ols en Quercy, de Rinhodes en Rouergue, d’Auchier dans le Gévaudan, de Laval, de Saignes et du Cayla dans le Languedoc. […] Lorsque nous publiâmes ses lettres, elle avait donc ce terrible demi-siècle qui met la dernière pierre à notre temps de jeunesse et de maturité, et la première à notre tombe. […] Au point de vue du temps d’aujourd’hui, vieux maniaque de connaissances et qui voudrait chasser l’ombre du monde comme une insulte à la lumière, cette éducation se réduisit à presque rien. […] Après le souper, elle s’en allait à la cuisine faire la prière aux domestiques et le catéchisme à quelque petit ignorant, ce qui arrivait souvent dans le temps des vignes. […] Nous avons vu descendre, un à un, dans le sablier silencieux, ces grains de poussière qui mesurent le temps et pèsent souvent plus que lui.
Dans la suite, on n’y délibérait plus que sur les choses sacrées, dont les choses profanes avaient elles-mêmes emprunté le caractère dans les premiers temps. […] Les nobles, par leur propre avarice, avaient déterminé l’institution du nouveau cens, qui devint, avec le temps, le principe de la démocratie. […] Les historiens frappés de l’éclat des entreprises navales des temps héroïques, n’ont point remarqué les guerres de terre qui se faisaient aux mêmes époques, encore moins la politique héroïque qui gouvernait alors la Grèce. […] Partant de ces trois erreurs, ils ont cru que les rois et autres grands personnages des temps anciens s’étaient consacrés, eux, leurs familles, et tout ce qui leur appartenait, à adoucir le sort des malheureux qui forment la majorité dans toutes les sociétés du monde. […] Il est à croire qu’au temps de la guerre de Troie, le nom de αχαιοι, achivi, était restreint à une partie du peuple grec, qui fit cette guerre ; mais ce nom s’étant étendu à toute la nation, on dit au temps d’Homère que toute la Grèce s’était liguée contre Troie.
Il y avait eu un temps, au commencement du siècle, où les grandes dames avaient auprès d’elles leur bel esprit, puis un autre temps où elles avaient leur géomètre, puis leur philosophe ; vers la fin, quelques princesses avaient renchéri sur ces goûts de luxe et avaient voulu avoir leur théosophe. […] Peu de temps après avoir été sur la bruyère de Chanteloup, il servit de témoin, et, comme on dirait en temps ordinaire, de parrain à un enfant mâle qui naquit à un brave homme d’Amboise. […] On voit à quel point il entrait aisément dans les idées du temps et ne trouvait rien de ridicule à ces réminiscences romaines. […] D’ailleurs il ne vous laisse pas toujours le temps d’y regarder : il vous entraîne, il garde si bien tous les passages que vous ne pouvez vous échapper de lui. […] Cette Lettre ne fut-elle pas imprimée dans le temps même (1795), vers l’époque où elle dut être composée ?
Molé, dont le jugement excellent en toute matière était parfait dans ces choses littéraires qui touchent à la société, me disait un jour en parlant de M. de Meilhan : « Il a bien connu les mœurs de son temps, mais il en avait les vices. » J’ajouterai qu’il n’avait pas seulement les idées de son temps, il les dépassait souvent et les bravait par sa hardiesse d’esprit ; il devançait sur bien des points celles du nôtre. […] Et il en cite un passage relatif à la polygamie et aux sérails, sujet glissant, auquel l’imagination de Montesquieu, de tout temps, s’est complu. […] Molé, les vices de son temps, et il se piquait trop de les avoir pour négliger de se peindre par ce dernier aspect : il s’est donc montré aussi dans le père du jeune Saint-Alban, dans ce second personnage sybarite et relâché qui fait contraste avec le président, et qu’il a traité également avec complaisance. […] Le goût des lettres et l’amour d’une vie voluptueuse amortirent en peu de temps mon ambition, et, jusques à l’assemblée des notables, je ne fus occupé que des lettres, de mes plaisirs, et du bien que je pouvais faire aux hommes. […] Ce Saint-Alban, dont la vie s’est passée dans un cercle de plaisirs et d’émotions agréables, est décidé à ne pas attendre que la Révolution vienne le prendre au collet, et l’atteignant dans sa personne le soumettre à une série d’épreuves cruelles et de tortures : il porte toujours sur lui un poison subtil pour s’y soustraire à temps.
Il emprunte à tous les ouvrages du temps des témoignages et des descriptions qui viennent à l’appui de ses définitions techniques. […] On s’est fort occupé dans un temps, chez les érudits classiques, de ce qu’était une maison romaine, ou encore et de plus près, de ce qu’était la toilette d’une dame romaine. […] Voici ce petit tableau et ce colloque, plein de mouvement, de coquetterie et de grâce : « Les dames mirent beaucoup de temps à faire leur toilette. […] n’est-ce pas comme de tout temps ? […] Le goût de Louis XIV pesa sur l’art de son temps et contribua à l’appesantir.
Il y a des temps où l’on ne peut plus soulever un brin d’herbe sans en faire sortir un serpent… « Restons nous-mêmes à travers tout. […] Elle est doublée de toute la grâce de ton âme, et je l’ai approchée de mon cœur brisé. — Je ne verrai pas de quelque temps M. […] Le temps n’était plus où Mme Valmore écrivait de lui à son fils : « Je suis toute vibrante des larmes rimées de Brizeux, et toi ? […] Je crois qu’excepté lui, aucun des noms célèbres du temps ne manque à sa couronne poétique. […] Elle le visita dans les tout derniers temps, après la perte qu’il avait faite de la compagne de sa vie, Judith : « (À Mme Duchambge, avril 1857.)
On chemine, comme en temps de guerre, sur un terrain remué, et il y faut regarder sans cesse. […] Qu’on veuille penser un moment à tout ce qu’enferme de latinisme, de pure sève romaine du meilleur temps, l’admirable prose française de Bossuet ! […] Vous tous jeunes gens qui, à la suite de la Pléiade moderne, vous contentez pour tout effort d’imiter Musset, que je voudrais donc vous persuader de cette vérité de tous les temps ! […] S’il regrette le temps que l’on perd dans les années de l’enfance et de la jeunesse à apprendre des mots, il est loin (tant s’en faut !) […] Virgile, qui connaissait si bien les héros grecs homériques, ne connaissait pas moins les Curius, les Fabricius, les triomphateurs pris à la charrue, et qui, même au temps du Capitole, habitaient encore sous le chaume d’Évandre.
Ampère nous offre avec les siècles littéraires proprement dits, et combien, même en pleine étude des temps gallo-romains, il vise au cœur des époques toutes françaises. […] En gravissant avec effort et courage, en mesurant à chaque pas ces hauteurs qui séparent les temps, et où l’on peut dire au sens propre qu’a lieu le partage des eaux (divortia aquarum), M. […] Quand j’étais malheureux, je voulais aimer, vivre ; Maintenant je n’ai plus le temps, je fais un livre. […] Dans un temps où il y aurait encore une Anthologie française, une seule pièce pareille suffirait pour y marquer un nom. […] On a tant abusé de l’imagination en ce temps-ci, qu’on a besoin de la signaler du doigt là où elle ne brille que dans sa justesse.
Mais ne devançons point les temps ; nous sommes à ces années d’avant la Révolution, lesquelles toutefois il ne faudrait pas juger trop frivoles. […] Le temps depuis a fait un pas, et cette postérité dernière est à jamais éteinte aujourd’hui. […] Mais comment avertir à temps et avec convenance une fantaisie impérieuse qui d’ordinaire marchait assez droit à son but ? […] C’est plus que n’en faisaient aux temps héroïques les déesses elles-mêmes : Spretœque injuria formæ 174. […] De telles maximes, d’ailleurs, qui n’ont pas pour principe unique l’agrandissement, avaient peu le temps de prendre racine au lendemain du grand Frédéric et au début de Napoléon.
Or, quelles ont été, pendant ce temps-là, les théories régnantes en matière de droit ? […] En tout temps les esprits sont partagés ; en tout temps il y a des gens qui restent attachés au passé ou qui s’élancent dans l’avenir ; mais, en tout temps aussi, du conflit des opinions individuelles se dégage un courant plus fort, qui, malgré les remous et les contre-courants, entraîne la majorité de ceux qui pensent et la masse de ceux qui se reposent sur autrui de cette fatigue. […] Dans la Nouvelle Héloïse, c’est la femme qui périt par accident, juste à temps pour ne pas tomber dans les bras de son ami ou dans une profonde désespérance. […] Pendant ce temps, d’autres écrivains étaient frappés des illogismes, des timidités, des compromis qui vicient la loi récente. […] La plupart du temps, une certaine hostilité se trahit dans les opinions des gens de lettres à l’égard de la magistrature.
Fleury, et les abondants extraits qu’il donne des journaux et des pamphlets de Camille Desmoulins depuis 1789 jusqu’en 93, sont peu faits pour l’honorer et le grandir aux yeux de la postérité, j’entends auprès des gens sensés de tous les régimes et de tous les temps. […] Il le fut dès la première heure, et avec une telle verve, un tel entrain, qu’il est évident qu’il avait une vocation à l’être de tout temps. […] Quand on a fait la part de l’exaltation du temps, de l’ivresse qui montait alors presque toutes les têtes, et qu’on s’est dit qu’il y eut un moment où elles furent presque toutes à l’envers, quand on s’est bien averti à l’avance de tout cela, on se trouve encore au-dessous de la disposition d’esprit convenable pour aborder la lecture du premier pamphlet de Camille Desmoulins ; on n’est pas encore à la hauteur (style du temps). […] La jeunesse s’enflamme ; les vieillards, pour la première fois, ne regrettent plus le temps passé, ils en rougissent. […] Il serait grand temps, en effet, d’intervenir alors pour mettre le holà, après avoir monté le coup.
Le Barbier était destiné d’abord à être mis en musique, Beaumarchais voulait en faire un opéra-comique ; on dit même qu’il le présenta sous cette première forme aux Italiens de son temps. […] Ainsi lancée après une telle résistance, la pièce alla au-delà de cent représentations et fut un des grands événements politiques et moraux de ce temps-là. […] Les gens sensés et modérés du temps ne pensaient pas autrement. […] On le voit, pendant tout le temps de la vogue de Figaro, occupé de sa pièce comme un auteur entendu qui sait les rubriques du métier, et qui ne songe qu’à en tirer tout le parti possible pour le bruit et pour le plaisir. […] Il ressentit profondément cet affront, qui lui venait dans le plein de son triomphe ; il se tint quelque temps chez lui dans la retraite, ne répondant que peu aux questions, aux lettres des curieux et admirateurs.
majestatis quoque, sub excessu Tiberii, reus, où il est évident que sub excessu Tiberii, veut dire vers le tems, ou peu de tems avant la mort de Tibere. […] Fait-on la guerre, je ne dis pas comme on la faisoit du tems d’Alexandre, mais comme on la faisoit du tems même d’Henri IV ? […] Nos peres disoient al, al tems Innocent III. c’est-à-dire, au tems d’Innocent III. […] quidam affirmant, &c. ainsi aucune fois dans le vieux style, veut dire quelquefois, de tems en tems, plerumque, interdum, non nunquam.
Un jour, dans un temps (1585) où Henri III et sa cour n’avaient pas rompu avec les protestants, M. de Joyeuse, allant combattre M. d’Elbeuf en Normandie, emmena Rosny au passage. […] À la guerre, plus habile et plus prudent que bien d’autres, il ne se montre pas au-dessus des mœurs de son temps. […] Cette morale en temps de guerre, même chez des voisins et des compatriotes, ne faisait pas un pli. […] Les serviteurs qui l’ont accompagné, dont est Rosny, le quittent et vont se promener huit ou dix ensemble « vers le plus couvert et le plus frais du bois, car c’était le temps des plus âpres chaleurs de la fin de juin ou commencement de juillet ». […] Il était temps.
Dans le séjour qu’il fit à Lausanne, jeune, de seize à vingt et un ans, il s’apprit tout à fait à penser en français, à ce point que les lettres en anglais qu’il écrivait pendant ce temps sont de quelqu’un qui ne sait plus bien sa langue. […] Jugeant trop des autres d’après lui, et aussi d’après le milieu parisien de son temps, Gibbon crut le monde arrivé à un état complet d’indifférence et de scepticisme. […] Il lisait durant ce temps un peu au hasard tous les livres qui lui tombaient sous la main, et où se prenait sa curiosité déjà excitée ; elle l’était de préférence toujours dans le sens des connaissances historiques, et un instinct de critique aussi le dirigeait plutôt vers les sources. […] Gibbon a laissé de l’éducation qu’on recevait ou plutôt qu’on ne recevait pas à Oxford de son temps une description qui, dans la froideur de son ironie, est la plus sanglante satire. […] Garat, qui n’avait pas cette crainte ni cette précaution, et dont la plume se permettait déjà bien des fantaisies à la mode de notre temps, a fait, au tome II de ses Mémoires sur M.
Il était tendrement épris depuis quelque temps de l’aimable Mme de La Sablière, et croyait que cette passion qu’elle lui inspirait serait éternelle : Je sers une maîtresse illustre, aimable et sage ; Amour, tu remplis mes souhaits : Pourquoi me laissais-tu, dans la fleur de mon âge, Ignorer ses vertus, ses grâces, ses attraits ? […] Il la cherchait aussi dans le même temps chez Mlle de Champmeslé, comme on le voit par une lettre de La Fontaine à cette célèbre comédienne : « Mais que font vos courtisans ? […] Il se fit là tout d’un coup comme un réveil de la licence, des intrigues et de l’émancipation en tous sens qui s’était vue au xvie siècle ; toutes les imaginations, toutes les ambitions étaient en campagne : Il est aisé de comprendre, nous dit La Fare, comme quoi chacun alors par son industrie pouvait contribuer à sa fortune et à celle des autres : aussi les gens que j’ai connus, restés de ce temps-là, étaient la plupart d’une ambition qui se montrait à leur première vue, ardents à entrer dans les intrigues, artificieux dans leurs discours, et tout cela avec de l’esprit et du courage. […] Peu après, à la date de 1712 (22 ou 29 mai), Saint-Simon écrivait : Deux hommes d’une grosseur énorme, de beaucoup d’esprit, d’assez de lettres, d’honneur et de valeur, tous deux fort du grand monde et tous deux plus que fort libertins, moururent en ce même, temps, et laissèrent quelque vide dans la bonne compagnie : Comminges fut l’un… La Fare fut l’autre démesuré en grosseur. […] » Demandez plutôt à La Fare mourant si cette paresse à laquelle il se fiait ne l’a pas trompé ; lui qui se plaignait de l’esprit de servitude de son temps, et qui regrettait le xvie siècle parce qu’on y portait le cœur fier et haut, demandez-lui si c’est là qu’il en voulait venir ?
Il a aussi de temps en temps de petites lettres pour le seul de ses premiers amis et camarades d’école et de jeunesse qu’il ait conservé, Joseph Hill, à qui il rappelle le temps où celui-ci, dans leurs promenades, « couché tout de son long sur les ruines d’un vieux mur au bord de la mer », s’amusait à lire la Jérusalem ou le Pastor Fido. […] Quelle impression le Temps a-t-il produit sur elle dans ce long intervalle ? […] Les journaux et revues du temps n’avaient pas tous bien parlé de lui. […] Dès lors la vogue s’en mêla, et avec fureur ; il ne fut question pour quelque temps que de John Gilpin ; on le réimprima à part, et on en vendit des milliers d’exemplaires ; des caricatures à l’envi illustrèrent son aventure ; et (ironie des choses !) […] L’auteur indique l’origine du poème, si humble par son objet, si grand et auguste par l’occasion, « car c’est la Beauté qui l’a commandé. » Il rappelle le temps où les rudes ancêtres des Anglais, les Pictes et les Bretons, reposaient sur la dure, au bord des torrents, et la tête appuyée sur le rocher.
Il le fit bien voir par les nombreux dessins qu’il donna en ce temps à l’Illustration, et surtout par la rentrée tout à fait brillante, triomphante, qu’il fit en 1852 dans le journal Paris que dirigeait M. de Villedeuil. […] Entre les deux Gavarni, la différence est qu’il y eut de tout temps en lui une prodigieuse et spirituelle facilité, et qu’avec les années il s’y ajouta la puissance. […] Les légendes se ressentent aussi des deux âges : plus faciles, plus fraîches et plus gaies dans le premier temps, elles sont plus creusées, plus cherchées quelquefois dans la seconde époque ; elles se répètent ; elles s’attristent. […] Mais les temps sont loin ; adieu refrains et chansons ! […] Quand on lui rappelait le temps passé, et qu’on lui demandait s’il ne regrettait pas l’emploi de sa fortune, il répondait en souriant et de l’air d’un chat qui vient de boire du lait : « Ah !
C’est aussi, avec les progrès amenés par le temps, c’est la méthode de Volney, en son beau Voyage de Syrie et d’Égypte, que je retrouve appliquée dans l’ouvrage de M. […] Il y avait des pertes de ce Niger, comme il y en a une du Rhône ; mais la perte, avec le temps, est devenue définitive. […] Une de ses premières étapes et l’un de ses temps d’arrêt fut à Ghadamès, ville fort ancienne, au sud de la Tripolitaine, l’antique Cydamus, et dont l’emplacement fut déterminé de temps immémorial par la présence d’une source d’eau des plus abondantes, entre deux vastes déserts sablonneux, et sur la grande voie commerciale de la Méditerranée à la mystérieuse Nigritie. […] Il fut un temps où ils avaient fondé dans la partie centrale et occidentale du Sahara un grand royaume ; ils en furent dépossédés et durent se retirer devant les Noirs. […] Les hommes libres en veulent aux esclaves, les Grecs aux Perses, les Chrétiens du temps de Roland aux Sarrasins ; les manants du temps de la Jacquerie en veulent à mort aux chevaliers, les Puritains aux Cavaliers, les républicains de 93 aux rois et aux despotes : les Touareg qui meurent de faim et de soif en veulent aux Arabes qu’ils estiment gorgés et somptueux.
Excepté l’histoire des derniers temps, je ne lui ai présenté que les faits importants, surtout ceux qui font époque dans l’histoire de nos mœurs et de notre Gouvernement. […] Elle me fait quelquefois appeler lorsqu’elle finit ses lettres, mais elle observe de me garder fort peu de temps l’écritoire ouverte. […] » L’abbé de Vermond, dans ces premiers temps, joue le rôle d’un moniteur assez importun, comme lui-même il se qualifie. […] Ce qu’il y a de certain, c’est que les mémoires du temps continuent d’en faire un bouc émissaire. […] Tout cela a pourtant quelquefois ses exceptions, dont la plupart du temps on serait fort embarrassé à deviner les raisons.
On a beau être artiste jusqu’au bout des ongles, on est d’un temps, d’une époque ; on exprime les choses avec art et talent, pour être, apparemment, en sympathie avec quelqu’un, avec le plus d’amateurs ou d’admirateurs possible. […] Or c’est le bon sens charmant, multiple, alerte, infatigable, vraiment diabolique en Voltaire, c’est ce bon sens, cet esprit philosophique s’appliquant à tout, qui a tant agi en son temps, mais qui a tant à faire encore du nôtre ; il faudrait désespérer de la France si l’œuvre de Voltaire était considérée comme épuisée. […] Il faudra encore du temps pour cela115. […] Si j’osais, si j’en avais le temps, si c’était le lieu, j’aimerais à faire une petite dissertation là-dessus, qui tiendrait quelque peu de l’Addison et du Quintilien, qui ne serait qu’à demi pédante, qui ne sentirait pas trop l’école. […] Sur tous ces points importants, ils sont bien du xviiie siècle encore, ils me rappellent des noms de gens d’esprit de ce temps-là par leur manière de juger.
C’est ou c’était une grosse affaire que cette date ; il faut savoir qu’on l’avait ignorée jusqu’en ces derniers temps, c’est-à-dire jusqu’en 1861 ; mais, à propos d’une édition des Caractères, entreprise par M. […] Jal, vers le même temps, retrouvait l’extrait de baptême de La Bruyère, et il voulut bien le communiquer à MM. […] Tout cela est trop tiré, trop prolongé : depuis cinq ans on a eu le temps de se calmer et de cuver sa joie. […] on le lit, on l’étudie, on l’admire ; on le loue précisément à cause de cette manière un peu marquée et appliquée, qui faisait question en son temps, qui semblait trop forte, qui n’est que suffisante aujourd’hui : il en demeure le premier modèle. […] Le temps n’a rien ôté à sa solide et vigoureuse peinture.
Il avait pris le goût du théâtre dans une maison où il avait été quelque temps précepteur. […] Mais leur vogue, dans le temps, fut prodigieuse. […] Au reste, sa position, vers 1812, semblait entamée de toutes parts et fort compromise ; il était temps qu’il mourût, sans quoi le sceptre ou la férule lui serait échappée. […] Cependant, à travers ces jeux d’une imagination agréable, il se nourrissait de tout temps de lectures solides, et il aiguisait en silence son jugement. […] Ce léger bégaiement d’Hoffman ne lui nuisait pas en causant ; cela lui donnait le temps de balancer sa réponse, et sa malice en prenait souvent un air de naïveté.
On a réimprimé dans ces derniers temps bien des classiques, et même de ceux qui ne le sont pas. […] De tout temps, elle fut la personne qui demanda le moins à son voisin ce qu’il fallait penser. […] De tout temps amie de Voltaire, elle l’est aussi de Montesquieu, d’Alembert. […] Le président est presque tout à fait sourd et a plus que fait son temps. […] Dans quelques livres qu’on sait par cœur, et qu’on n’imite pas assurément dans le temps présent.
Là, pourtant, fut la souche première dont tout le reste est sorti ; la matière toute neuve dont, avec le temps et l’art, il forma sa gloire. […] Il lui eût fallu du temps et bien des efforts ensuite pour se dégager. […] Ceci est pour dire qu’à aucun moment le goût de M. de Chateaubriand n’a été très mûr et tout à fait sûr, bien que, dans un temps, à juger par quelques-uns de ses écrits, il ait paru tel. […] Ses Mémoires, dans leur partie politique, n’ont pas pris le temps de se calmer, de cuver leur rancune, pour ainsi dire, et d’attendre au moins, pour paraître, la parfaite tiédeur de l’avenir : ils ont gardé de la colère et de la flamme, du pamphlet. […] Ceux qui ont eu entre les mains des lettres de lui, datées de ces temps anciens, et dans lesquelles il racontait ce qu’il sentait alors, ont pu comparer ce qu’il y disait avec ce qu’il a dit depuis dans ses Mémoires : rien ne se ressemble moins.
Mariée au marquis Du Châtelet, elle vécut d’abord de la vie de son temps, de la vie de Régence, et le duc de Richelieu put l’inscrire sur la liste de ses brillantes conquêtes. Voltaire, qui l’avait rencontrée de tout temps, ne se lia étroitement avec elle qu’après son retour d’Angleterre, vers 1733. […] Il était temps, à la fin, que le feu du ciel tombât et prît à toute cette paille sèche pour renouveler la terre. […] Elle n’avait ni le temps ni la volonté de s’en apercevoir ; et quand on lui disait que quelques personnes ne lui avaient pas rendu justice, elle répondait qu’elle voulait l’ignorer. […] Nous en retrouvons la trace et le témoignage dans un petit traité qu’elle écrivit vers ce temps Sur le bonheur.
Ces torts ont été fort exagérés dans le temps par la clameur publique. […] C’était alors le temps « des belles conversations, de la belle galanterie, en un mot, de ce qu’on appelait les ruelles ». […] Il nous la peint dès ce temps-là d’un caractère égal et uni en tout, « fort belle et d’une beauté qui plaît toujours » . […] C’est vers ce temps qu’elle connut Scarron le cul-de-jatte, homme d’un esprit si gai et qui passait alors pour l’avoir délicat. […] Dans les idées du temps, c’était une espèce d’honneur qu’un tel choix.
Le caractère de courtisan n’est point très noble ni très relevé ; mais le duc d’Antin en a été en son temps un type si accompli, si merveilleux et si fin, qu’il mérite de rester à son rang dans une galerie morale, comme représentant à nos yeux l’espèce. […] Nous avons besoin de nous reporter à la situation et aux idées du temps pour nous apercevoir que ce sont là des marques de rigueur ou de médiocre bienveillance. […] Une gravure du temps nous représente dans cet âge de première jeunesse « M. le marquis d’Antin, fils unique de M. le marquis de Montespan, et l’un des seigneurs nommés pour être assidus auprès de Monseigneur ». […] … Il nous rappelle aussi le poète La Motte, qui, après une chute au théâtre, se retira quelque temps à La Trappe : « Il se croyait pénitent, a-t-on dit, parce qu’il était humilié. » D’Antin ne va pas jusqu’à songer à La Trappe. […] M. d’Antin, averti, accourut à temps près d’elle et l’assista dans ses derniers jours.
Ce qui frappe chez Carrel en tous temps, c’est la tenue calme, sérieuse, la dignité naturelle qui contrastait avec plus d’un milieu où il se trouva. […] Thierry l’eut quelque temps pour secrétaire, en voilant ce que ce titre avait d’inférieur par beaucoup d’attentions et de délicatesse. […] Partout et dans tous les temps, ce sont les besoins qui ont fait les conventions appelées principes, et toujours les principes se sont tus devant les besoins. […] Courier, peu zélé de tout temps pour le métier des armes et pour la gloire militaire, avait déserté son poste à l’heure de Wagram. […] Ses mains auront chargé les armes sans qu’il leur commandât presque, et, pendant ce temps, il appelait ses amis, sa mère, quelque objet d’affection plus cher encore, au secours de son âme défaillante.
Éloignez le lieu, le temps et le monument. […] Quand ses descriptions sont un peu moins travaillées, moins concertées, et qu’elles restent à l’état d’esquisses rapides, elles sont aussi plus vraies, et souvent dans une perfection ravissante : je recommande à ceux qui ont le temps de refeuilleter les Études la page de l’Étude septième, qui commence ainsi : « Il n’y a que la religion qui donne à nos passions un grand caractère… », et où l’on voit la jeune Cauchoise en pleurs au bord du rivage, regardant de loin les bateaux pêcheurs partis le matin par un gros temps, et sa station consolée au pied d’un calvaire. […] La reine Marie-Antoinette, étant à dîner chez Mme de Polignac, citait l’ouvrage des Études, « à l’occasion des oiseaux des Indes dont quelques-uns ont des poitrines rouges dans la saison des amours, comme si c’étaient des habits de parade prêtés par la nature seulement pour le temps des noces ». […] Il fut quelque temps intendant au Jardin du roi ; mais on ne lui laissa point cette place. […] La comparaison de l’aigle qui ne vint qu’à la fin du discours après l’homélie philosophique, et qui, détachée aujourd’hui, produit tant d’effet, ne se trouve point particulièrement indiquée dans les extraits critiques que j’ai lus, et, si elle fut remarquée, je crains que ce n’ait été plutôt à titre d’image singulière et risquée, eu égard au goût du temps.
Et, si nous ramenons nos regards sur les temps qui sont à peine écoulés, quels prodiges viennent de s’opérer ! […] Une poétique du temps d’Élisabeth et de Philippe II se serait mal appliquée aux événements fabuleux ou historiques de l’antiquité ; il y aurait eu une sorte de disconvenance et presque d’anachronisme à traiter des sujets grecs autrement que ne les auraient traités les Grecs eux-mêmes. […] Son exposé, où la prévention se cachait mal sous un air d’impartialité, fut, pendant quelque temps, l’objet d’une controverse que fit taire bientôt le fracas des événements et des intérêts politiques. […] En conclut-on la nécessité de recourir à des sujets du moyen âge ou des temps modernes, à des sujets religieux ou chevaleresques ? […] La vérité, dans les arts, consiste à représenter d’abord la nature et l’homme, tels qu’ils existent en tout pays et en tout temps ; et secondairement à marquer les différences accidentelles qui modifient leur extérieur, suivant les contrées ou les époques.
Tous ceux-là qui s’imaginaient être le plus en dehors du débat et qui se moquaient de nous et de nos querelles, tous les philosophes de ce temps qui croient encore aux lois morales (et tous veulent avoir l’air d’y croire, ces ennemis de Tartuffe !) […] Cet homme, plus vraiment doux que Fénelon, plus cygne que ce cygne, car Fénelon n’avait que la coquetterie de la douceur, n’était point organisé pour la guerre des idées telle que les besoins de notre temps nous l’imposent, à nous autres ferrailleurs ! […] Pour mon compte, je crois ravoir souvent dit, je ne tiens pas en grand respect la métaphysique, ayant travaillé assez de temps dans ce moulin vide pour m’apercevoir qu’il n’y avait jamais de grain à moudre sous cette roue qui allait toujours ! […] Il faut savoir comme il le prouve et comme il le décrit, dans la partie de son ouvrage qu’il intitule : La métaphysique de la douleur dans le temps… ! […] La Vérité, dans notre temps, fait tort à, la Beauté même. — Ah !
Dans un temps où le sophisme raffermit la lâcheté et où chacun est le doctrinaire de ses vices, Baudelaire n’a rien dit en faveur de ceux qu’il a moulés si énergiquement dans ses vers. […] on se souvient d’Auguste Barbier… partout ailleurs l’auteur des Fleurs du mal est lui-même et tranche fièrement sur tous les talents de ce temps. […] Il y a du Dante, en effet, dans l’auteur des Fleurs du mal ; mais c’est du Dante d’une époque déchue, c’est du Dante athée et moderne, du Dante venu après Voltaire, dans un temps qui n’aura point de saint Thomas. […] L’esprit des hommes, qu’il bouleverserait en atomes, n’est pas capable de l’absorber dans de telles proportions sans le revomir, et une telle contraction donnée à l’esprit de ce temps, affadi et débilité, peut le sauver, en l’arrachant par l’horreur à sa lâche faiblesse. […] Ces singuliers caméléon s, qui renvoient des couleurs plus brillantes au prisme de leur temps que celles qu’ils en reçoivent, se teignent le plus souvent de quelque passion de leur époque, qu’ils n’auraient certainement pas eue s’ils étaient venus plus tôt ou plus tard… Milton, le chantre de la Révolte, est d’un temps où les mœurs étaient régicides.
Comme ils ont eu, Rabelais surtout, l’originalité dans leur temps, ils auraient l’originalité dans le nôtre, — l’originalité, qui est l’ongle du lion en fait de génie ! […] Richepin, dans ses poésies, n’est pas plus un matérialiste appuyé qu’il n’est un réaliste de ce temps. […] Qualité rare en tout temps que la verve, mais plus rare et plus précieuse que jamais dans une époque épuisée où personne ne vit fort ! […] Et d’autant plus que c’est l’esprit du temps qui chante dans sa voix, seulement l’esprit du temps relevé dans le poète, puissancialisé, poussé au sublime, — le sublime du mal, il est vrai. […] C’était, dès sa Chanson des Gueux, un poète parmi les poètes les plus distingués de ce temps.
Sans le temps il n’y aurait pas de durée ; sans l’espace il n’y aurait pas d’étendue. Le temps et l’espace contiennent dans leur ample sein toutes les existences finies, et ils ne sont contenus dans aucune. Toutes les choses créées sont situées dans l’espace, et elles ont aussi leur moment dans le temps ; mais le temps est partout, et l’espace est aussi ancien que le temps. […] Si je sais qu’un temps s’est écoulé entre vos deux mouvements, c’est parce que je sais qu’un temps s’est écoulé entre mes deux perceptions si je conçois que vous avez duré, c’est parce que j’ai connu que je durais, et si je mesure votre durée, c’est parce que je puis mesurer la mienne. […] Je dure depuis quelque temps, et je sais tout cela.