Moins que tous autres, nous voudrions poser des limites à l’indépendance de ceux que le public veut bien accepter comme juges en matière de goût : nous-mêmes, nous avons été des premiers à discuter, avec une sévérité peut-être minutieuse, le système de versification adopté par notre collaborateur.
Ces graves et viriles préoccupations, s’appuyant sur une base d’études de plus en plus élargie, l’ont guidé jusque dans son passage à travers des systèmes prématurés, mais grandioses, et aujourd’hui elles font l’éloquence et l’âme de son enseignement.
Le cœur tend à l’égalité, et quand la reconnaissance se change en véritable tendresse, elle perd son caractère de soumission et de déférence : celui qui aime, ne croit plus rien devoir ; il place au-dessus des bienfaits leur inépuisable source, le sentiment, et si l’on veut toujours maintenir les différences, les supériorités, le cœur se blesse et se retire ; les parents cependant ne savent, ou ne veulent presque jamais adopter ce nouveau système, et la différence d’âge est, peut-être, cause qu’ils ne se rapprochent jamais de vous que par des sacrifices ; or il n’y a que l’égoïsme qui sache s’arranger du bonheur avec ce mot là.
. — Prolongez et variez l’épreuve : vous trouverez dans le mot un système de tendances toutes correspondantes à celles de l’image, toutes acquises par lui dans son commerce avec l’expérience et l’image, mais à présent spontanées, et qui opèrent tantôt pour le rapprocher, tantôt pour l’écarter des autres mots ou groupes de mots, images ou groupes d’images, expériences ou groupes d’expériences. — De cette façon, le nom tout seul peut tenir lieu de l’image qu’il éveillait, et, par suite, de l’expérience qu’il rappelait ; il fait leur office et il est leur substitut.
Cette indifférence est un tort peut-être, et toutes les sciences expérimentales ont pour fin les définitions et les classifications : mais au temps de Buffon on n’en était encore qu’au commencement, et il fallait bien se tenir en garde contre les êtres de raison et les systèmes a priori ; c’étaient les obstacles qui depuis longtemps retardaient le progrès de la vérité.
Non seulement l’humanité occidentale, mais toute la planète, mais le système solaire, mais l’univers entier a été de plus en plus présent à ses méditations et presque à chacune de ses démarches.
Les croyants disent : « Il faut avoir été bon pour être heureux dans l’autre monde ; donc, soyons bons. » Et les incroyants : « Puisque nous ne savons rien, puisque nous n’avons rien à attendre ni à espérer, puisque nous n’apparaissons un instant sur la surface d’une des plus petites planètes du système solaire que pour rentrer aussitôt dans l’éternelle nuit, arrangeons-nous pour que ce passage ne nous soit pas trop douloureux, ou pour qu’il ne le soit qu’au plus petit nombre possible d’entre nous.
Ce système témoigne d’un art assez grand.
Mais tel était leur principe, qu’il ne faut pas faire un petit mal, même pour obtenir un grand bien 168, à plus forte raison pour des systèmes, dont le résultat est presque toujours effroyable.
On voit se dessiner le système d’insinuations inexactes que vont adopter nos adversaires.
Il en fait tour à tour le plus grand poète et le plus pathétique vulgarisateur de choses abstraites qui ait jamais existé Cette faculté d’assimilation, ou d’imprégnation, qui est à un degré si déplorable dans Cousin, — et qui le transforme tour à tour en éponge qui boit tout ou en cuvette dans laquelle on mêle tout, idées et systèmes, — cette faculté d’être un Grec, deux Écossais, trois Allemands à la fois, et de ne pouvoir parvenir à être un homme, exalte l’admiration effrayante de Wallon et lui inspire ces incroyables arabesques de louanges et ces perfides lacs d’amour de l’éloge qu’il trace autour de son nom… C’est là ce qui lui fait verser sur cette grande tête, dévouée aux… flatteries, assez de couronnes pour l’accabler.
je trouve aussi dans ce livre tous les vices de la pensée d’un homme qui se déprave de plus en plus, et qui, à chaque nouveau volume, augmente l’embarras de la Critique la plus résolue, par un système historique que l’on ne peut résumer que par le mot dont il devrait bien faire son titre : « De la Porcherie dans l’Histoire !
Cette seconde partie, au contraire, renferme tout un système sur la nature qui sent déjà la philosophie alchimique du XIVe siècle, et qui va, en certains moments de verve, jusqu’à une sorte d’orgie sacrée. […] Sans parler du poète Robbé qui se mêlait d’avoir des idées là-dessus, plus d’un chaud partisan se déclara pour le système des marées, la fonte des glaces, l’allongement du pôle. […] Nous aurions toujours eu à regretter d’ailleurs quelques traits discordants qu’il eût fallu admettre au tableau, son attitude maussade au sein de l’Institut, son opiniâtreté contentieuse dans d’insoutenables systèmes, et plus de louanges de notre grand Empereur que nous n’en aimerions.
» Toutes les souillures qu’il a contractées lui viennent du dehors ; c’est aux circonstances qu’il faut attribuer ses bassesses et ses vices : « Si j’étais tombé dans les mains d’un meilleur maître…, j’aurais été bon chrétien, bon père de famille, bon ami, bon ouvrier, bon homme en toutes choses. » Ainsi la société seule a tous les torts Pareillement, dans l’homme en général, la nature est bonne. « Ses premiers mouvements sont toujours droits… Le principe fondamental de toute morale, sur lequel j’ai raisonné dans mes écrits, est que l’homme est un être naturellement bon, aimant la justice et l’ordre… L’Émile en particulier n’est qu’un traité de la bonté originelle de l’homme, destiné à montrer comment le vice et l’erreur, étrangers à sa constitution, s’y introduisent du dehors et l’altèrent insensiblement… La nature a fait l’homme heureux et bon, la société le déprave et le fait misérable412. » Dépouillez-le, par la pensée, de ses habitudes factices, de ses besoins surajoutés, de ses préjugés faux ; écartez les systèmes, rentrez dans votre propre cœur, écoutez le sentiment intime, laissez-vous guider par la lumière de l’instinct et de la conscience ; et vous retrouverez cet Adam primitif, semblable à une statue de marbre incorruptible qui, tombée dans un marais, a disparu depuis longtemps sous une croûte de moisissures et de vase, mais qui, délivrée de sa gaine fangeuse, peut remonter sur son piédestal avec toute la perfection de sa forme et toute la pureté de sa blancheur. […] Baron d’Holbach, Système de la nature , II, 408, 493. […] Baron d’Holbach, Système de la nature, I, 347.
Légèrement, hardiment, il marche sur les pas de ses philosophes ; détaché des choses, il peut se livrer aux idées, à peu près comme un jeune homme de famille qui, sortant du collège, saisit un principe, tire les conséquences, et se fait un système, sans s’embarrasser des applications494. […] Voilà les questions qui entrent dans les salons sous les auspices du roi, par l’organe de Quesnay, son médecin, « son penseur », fondateur d’un système qui agrandit le prince pour soulager le peuple, et qui multiplie les imposés pour alléger l’impôt. — En même temps, par la porte opposée, arrivent d’autres questions non moins neuves. « La France525 est-elle une monarchie tempérée et représentative, ou un gouvernement à la Turque ? […] On laissait un libre cours à tous les écrits réformateurs, à tous les projets d’innovation, aux pensées les plus libérales, aux systèmes les plus hardis.
Certes, ils auraient fait une déplorable découverte ceux qui auraient détrôné notre âme, condamné l’esprit à s’immoler lui-même, en employant ses facultés à démontrer que les lois communes à tout ce qui est physique lui conviennent ; mais, grâce à Dieu, et cette expression est ici bien placée, grâce à Dieu, dis-je, ce système est tout à fait faux dans son principe, et le parti qu’en ont tiré ceux qui soutenaient la cause de l’immortalité est une preuve de plus des erreurs qu’il renferme. […] Un être vertueux, convaincu de ce système, en serait profondément affligé, car il craindrait sans cesse que l’influence toute-puissante des objets extérieurs n’altérât la pureté de son âme et la force de ses résolutions. […] Si les rapports de ces deux systèmes les font bannir tous deux par de certaines gens, il y en a qui verraient dans ces rapports la double garantie de la même vérité.
mais, en attendant, il était bon de chercher et de choisir dans l’œuvre de Wagner des pages aptes à être comprises isolément et aptes à donner du système une idée un peu complète. […] Notre presse — musicale ou non — se hâta d’écrire des articles très fins sur Wagner : un homme qui disait savoir plus en musique que nos meilleurs professeurs ; un homme qui avait annoncé son intention de détruire l’opéra et de le reconstruire à neuf d’après un système nouveau. […] Ils ne se contentent pas d’employer tout ce que Wagner a pu leur apprendre, de prendre son système pour point de départ et de l’adapter à des formes et des mélodies anglaises, mais ils forcent leur muse à entrer en des formules Wagnériennes — ce qui est autre chose ; ainsi nous trouvons dans leurs œuvres des Leitmotifs qui ont presque l’air d’avoir été pris dans quelque drame de Wagner.
Il établit, comme base de son système, que l’homme est en proie à un mouvement sans fin : « L’Art de la danse, dit-il, est le plus réaliste de tous les arts. […] Les tables de la scène forment un cercle, les colonnes un cylindre, et la forme circulaire se manifeste partout, dans la coupole comme au pied des murailles. — Les chevaliers décrivent une double courbe autour du cylindre médian, et ensuite encore une double courbe inverse dans son intérieur en prenant leur place ; les seules directions qui rompent le système circulaire sont l’attitude de Parsifal et le trajet des plus jeunes choristes allant d’une perte à l’autre ; mais tout ceci se passe dans l’ombre du premier plan. […] On connaît le système musical que Wagner a appliqué aux œuvres de sa seconde manière.
Sans cela, la prétendue aperception de rapports ne serait qu’une dénomination extrinsèque et artificielle, comme l’application des catégories dans le système kantien. […] Un objet extérieur (par exemple une chose qui blesse un enfant) fait impression sur le système nerveux ; une excitation se produit et rayonne dans tous les rameaux du système nerveux, jusqu’à ce qu’elle rencontre un nerf dont la mise en mouvement ait pour effet de le soulager.
Mais je courais le risque de tomber dans le système et la thèse, en voulant trop prouver. […] Elle se décompose en deux autres : idée de beauté et de retour éternel qui constituent son système moral. […] C’est précisément en cette façon de sentir l’idée et de l’extérioriser que réside la différence entre un poème et un système philosophique. […] Ils suggèrent plus de choses que ne semble en contenir leur définition arbitraire, sans doute parce qu’ils sont moins synonymes de systèmes que d’individualités glorieuses14. […] Non, il incline « vers les vastes conceptions, vers les fortes complexités, vers les structures et vers les systèmes qui étreignent une masse de réalités ».
Il est donc bon, élégant et utile de créer, pour le système d’apparences qui nous entoure, un système d’ordination et de prévisions logiques. […] L’éclosion se fait, sous sa plume, en dehors de tout système convenu comme en dehors de tout procédé fixe. […] Or, c’est plus qu’une forme littéraire ou picturale, c’est tout un système de vie nouvelle, qui aura ses répercussions, aussi dans la philosophie et la sociologie. […] La prose de René Schickelebq est plus sérieuse ; parce qu’issue d’un tempérament et non d’un système.
Utilité de la classification des espèces qui composent le genre comique ; analyse de la comédie grecque, et de trois pièces d’Aristophane ; rapports de son système allégorique et de celui de Rabelais. […] Objection au système exclusif trop admis en littérature. […] Cependant on affectait de me prêter des systèmes contraires à ceux que manifestaient tous mes ouvrages. […] Du reste même parodie des grandes choses, même exagération dans leur fable, même système dérisoire, mêmes métamorphoses allégoriques. […] En quoi le ridicule porte-t-il sur Démée, puisqu’il prévoyait les inconvénients du trop de bonté de Micion, et que l’événement réalise ses conjectures, et semble autoriser son système de surveillance et de dureté ?
Par elle, ils ont aperçu l’esprit des siècles, des civilisations et des races, et transformé en système de lois l’histoire qui n’était qu’un monceau de faits. […] Vingt systèmes, cent rêveries, cent mille métaphores ont figuré ou défiguré diversement cette idée fondamentale. […] Les systèmes ont pullulé les uns par-dessus les autres et débordé en une végétation inextricable, où nul étranger n’osait entrer, ayant éprouvé que chaque matin amenait une nouvelle pousse, et que la découverte définitive proclamée la veille allait être étouffée par une autre découverte infaillible, capable tout au plus de durer jusqu’au lendemain matin. […] Notre racine est dans l’éternité ; nous avons l’air de naître et de mourir, mais véritablement nous sommes. « Sache bien que les ombres du temps ont seules péri et sont seules périssables, que la substance réelle de tout ce qui fut et de tout ce qui est existe en ce moment même et pour toujours. » Tels que nous voilà, avec notre chair et nos sens, nous nous croyons solides ; mais tout cet extérieur n’est qu’un fantôme. « Ces membres1430, cette forme tempêtueuse, ce sang vivant avec ses passions ardentes, ce ne sont que poussières et ombres, un système d’ombres rassemblées autour de notre moi. […] Voici enfin que nous apprenons l’optique morale ; nous découvrons que la couleur n’est point dans les objets, mais en nous-mêmes ; nous pardonnons à nos voisins de voir autrement que nous ; nous reconnaissons qu’ils doivent voir rouge ce qui nous paraît bleu, vert ce qui nous paraît jaune ; nous pouvons même définir l’espèce de lunettes qui produit le jaune et l’espèce de lunettes qui produit le vert, deviner leurs effets d’après leur nature, prédire aux gens la teinte sous laquelle leur apparaîtra l’objet qu’on va leur présenter, construire d’avance le système de tout esprit, et peut-être un jour nous dégager de tout système. « Comme poëte, disait Gœthe, je suis polythéiste ; comme naturaliste, panthéiste ; comme être moral, déiste ; et j’ai besoin, pour exprimer mon sentiment, de toutes ces formes. » En effet, toutes ces lunettes sont bonnes, car elles nous montrent toutes quelque aspect nouveau des choses.
On peut demander si la langue française du dix-neuvième siècle est une langue hors la loi, que rien ne protège plus, ni la convention, ni le goût, ni le bon sens, et qu’on puisse livrer sans scrupule à tous les hasards, à tous les périls d’une incessante expérimentation ; en un mot, si l’indépendance qu’on proclame est l’affranchissement de toute règle, si la liberté qu’on revendique au profit de l’intelligence n’est autre chose que la révolte de toutes les médiocrités, la confusion de tous les systèmes, l’anarchie de toutes les tendances aventureuses et novatrices. […] La conquête, la civilisation, le tribut, trois faits qui ont chacun leur place, chacun leur temps ; système puissant, qui soumet une population de 60 millions d’âmes à une armée de 50 000 hommes. […] en mêlant le prosélytisme à la guerre, en déclarant par ultimatum, qu’il sera établi dans les provinces à conquérir un système calculé pour assurer le bonheur du peuple 6 ; j’ajoute que ce système aura pour effet d’augmenter aussi les revenus de la Compagnie dans un temps donné. […] Aussi bien, c’était le système de Jacquemont partout ailleurs que dans ses lettres ; il était trop sérieux pour compromettre follement sa vie ; et sa confiance, si vivement exprimée, tenait au soin même qu’il prenait de sa santé. […] Dans le Secrétaire intime, même système : la femme sur un piédestal, les hommes à genoux.
Parmi les morceaux les plus distingués du livre, je compte le Fragment de lettre d’une femme qui a substitué avec préméditation la vanité au sentiment, et qui, dans l’art de la vie, ne fait entrer comme principe dominant que l’amour-propre et le plaisir de briller : elle se raconte à une amie et expose son système complet de domination, son code de Machiavel. […] Quant aux idées philosophiques ou politiques renfermées dans des écrits antérieurs, une fois la tranchée ouverte et l’ennemi introduit dans la place, on y recourut, mais comme on s’adresse à un avocat pour fournir des motifs à l’appui d’une cause, d’un acte qu’on veut colorer : C’est quand la Révolution a été entamée, dit M. de Meilhan, qu’on a cherché dans Mably, dans Rousseau, des armes pour soutenir le système vers lequel entraînait l’effervescence de quelques esprits hardis.
En pressant les idées de son auteur, il les a rapprochées des systèmes qui y ont le plus de rapport dans le passé. […] Cette vue en faveur de la jeunesse le menait à dire encore que, dans les relations de maître à élève, l’élève, quand il était bon, était celui des deux qui valait le mieux, surtout quand il n’avait pas eu le malheur de se gâter l’esprit par les systèmes.
À cette nouvelle séance, il demanda, par une lettre motivée qu’il lut à haute voix, trois nouveaux amendements à la doctrine du professeur : 1º sur le sens moral dont il réclamait la reconnaissance nette et distincte et le rétablissement formel dans une bonne description de la nature humaine ; 2º sur la nécessité d’une première parole accordée ou révélée à l’homme dès la naissance du monde, et sur la vérité de ce mot de Rousseau que la parole a été une condition indispensable pour l’établissement même de la parole ; 3º sur la matière non pensante, et qu’il fallait remettre à sa place bien loin de ce sublime attribut : Je fus mal reçu par l’auditoire, dit-il, qui est dévoué en grande partie à Garat à cause des jolies couleurs de son éloquence et de son système des sensations. […] Il démêle l’espèce de jeu de mots et d’escamotage à l’aide duquel l’école de Condillac se flattait d’expliquer tout l’homme : Vous êtes tellement plein de votre système des sensations, que ce ne sera pas votre faute si tous les mots de nos langues, si tout notre dictionnaire enfin ne se réduit, pas un jour au mot sentir.
Y travaillant, l’entendant bien, il sert au prochain autant qu’il doit ; n’y nuisant pas, c’est beaucoup ; le mal ôté, le bien reste. » Ce système de bonheur, qui mènerait aisément à l’égoïsme, est vivifié chez lui par une nature active et une cordialité qui s’étend à l’entour. […] mais de dessous une aristocratie odieuse, — non une aristocratie de noblesse qui penserait plus généreusement, — mais une satrapie de roture qui a tout mis en formes, en mauvaises règles, en méchants principes et en ruine. » Il avait donc pensé que, « pour mieux gouverner, il ne s’agissait que de gouverner moins », et d’organiser la monarchie elle-même à l’aide d’une démocratie bien entendue, très divisée, non périlleuse, c’est-à-dire d’un système municipal et cantonal ; il en forme le plan détaillé, essayant en quelque sorte de provoquer un second établissement des communes par le bienfait direct de la royauté.
Ce Saint-Alban père a la passion de l’indépendance ; à peine maître de lui-même, dès sa jeunesse, il s’est affranchi de la gêne des devoirs de la société et s’est livré à un goût raisonné pour le plaisir, avec un petit nombre d’amis ou de complaisants qui formaient une petite secte de philosophes épicuriens dont il était le chef : Le goût des plaisirs, le mépris des hommes, et l’amour de l’humanité et de tous les êtres sensibles, formaient la base de leur système ; mon père (c’est son fils qui parle) méprisait les hommes en théorie par-delà ce qu’on peut imaginer, et cédait à chaque instant à un sentiment de bienveillance et d’indulgence qui embrassait les plus petits insectes. […] [NdA] En voici la dernière, qui résume le système avec une rare énergie : « À mesure que l’on vieillit, il faut se concentrer davantage dans soi-même, se réduire au bonheur sensuel, et restreindre ses rapports avec les autres, parce qu’on n’en peut attendre que des marques du mépris inné dans le cœur de l’homme pour tout ce qui décèle l’impuissance, et que la vieillesse est la plus grande des impuissances. » al.
C’est dans son voyage de Syrie qu’Horace Vernet paraît avoir conçu pour la première fois ses idées sur l’immobilité de l’Orient et sur les applications qu’on en pouvait tirer à la peinture ; il lui arriva alors une chose rare, unique dans sa vie : il eut un système, il fit une théorie. […] Il n’y aurait qu’un moyen, ce serait de produire, à l’appui, des tableaux conçus dans ce nouveau système de vérité et de réalité, mais des tableaux chefs-d’œuvre qui fissent reculer et pâlir les anciens et qui les remplaçassent en définitive dans l’imagination des hommes.
C’est l’inconvénient de notre système. […] Ce rôle de l’infante qui, vers la fin, a perdu sa mère, qui n’est pas aimée de son frère, qui voudrait un tout petit royaume à elle, a, dans la pièce espagnole, une réalité qui disparaît dans la réduction analytique de Corneille, et l’on conçoit dès lors que, dans ce système de coupures et d’éviter à tout prix les longueurs, qui est ou était le nôtre, on n’ait pas résisté, bien qu’à tort peut-être, à la tentation de le supprimer.
Les talents nouveaux et les jeunes espoirs n’ont plus trouvé de groupe déjà formé et expérimenté auquel ils se pussent vallier ; chacun a cherché fortune et a frayé sa voie au hasard ; plusieurs ont dérivé vers des systèmes tout à fait excentriques, les seuls pourtant qui offrissent quelque corps tant soit peu imposant de doctrine. […] Je crois, par exemple, que ç’a été une faute au Journal des Débats, resté après tout à la tête de la littérature quotidienne, d’obéir en cette crise à son système de prudence, et de ne pas protester tout haut.
Tout le reste, on l’a trop vu en effet, n’était que critique, système, étude préparatoire éternelle. […] Cet orateur exalte Bonaparte dont il a besoin aujourd’hui dans sa péroraison, ce critique vante fort le poëte défunt dont il se prévaut pour son système.
Fauriel, on trouverait lieu de noter au moins des nuances de systèmes et des traces de direction assez différentes. […] La suprématie de Rome au temporel et les luttes qu’elle engendre, la féodalité européenne qui sort de l’immense anarchie, le rôle et la part des ordres religieux directeurs de l’esprit du temps, le système de falsifications historiques auxquelles ils tiennent la main, ces graves et toujours si difficiles problèmes occupent finalement l’auteur, qui est forcé de subir, après Charlemagne, la loi de son sujet, c’est-à-dire la diffusion.
L’Histoire des Ducs de Bourgogne, publiée de 1824 à 1827, obtint un succès prodigieux qui s’est depuis soutenu, et elle portait avec elle un système qui a été controversé dès l’origine. […] Est-ce exagération d’un système absolu dont un homme d’esprit a peine lui-même à se défendre ?
Il faut restreindre le système de l’origine orientale des fabliaux, jusqu’à lui enlever forme de système.
Dès les premières années du seizième siècle, elle engage en effet une lutte formidable avec l’esprit classique, avec les idées païennes, avec les systèmes de la philosophie antique, avec les souvenirs des premiers siècles du christianisme. […] Les théories soutenues n’ont plus l’innocence du système de Descartes ; on ne pourrait plus dire des philosophes qu’ils sont des théologiens sans le savoir ; sensualisme, matérialisme les emportent à cent lieues de la doctrine chrétienne.
Le roi imputait à l’ancienne religion qu’elle avait professée tout ce qu’elle pouvait dire ou insinuer contre le système de persécution : « Cela m’engage », écrit-elle à la comtesse de Frontenac, « à approuver des choses fort contraires à mes sentiments. » Approuver est là pour ne pas désapprouver. Mais un document plus authentique et plus frappant de l’aversion de madame de Maintenon pour le système suivi contre les protestants, et de la honte qu’elle inspira au roi des excès qui continuèrent après la révocation de l’édit de Nantes, c’est la tragédie à Esther qu’elle fit composer par Racine pour la maison de Saint-Cyr, et qui y fut représentée devant le roi.
Mais le vice organique de la Femme de Claude est surtout le faux système que, depuis quelque temps, M. […] Ce système, apparent déjà dans ses Idées de madame Aubray, contenu dans sa Princesse Georges, affirmé par ses brochures et par ses préfaces, poussé à l’excès dans la Femme de Claude, consiste à faire d’une pièce une prédication d’idées vraies ou fausses, usurpant la place de l’action, et dressant une chaire par-dessus la scène.
Turcaret fut joué en 1709 ; les ridicules et les turpitudes qui signalèrent le triomphe du système de Law y sont d’avance flétris. […] Il rit pour rire, pour montrer la nature à nu ; il ne se moque jamais du présent au profit d’une idée ni d’un système futur.
La duchesse du Maine, avec tout son esprit, ne soupçonnait pas un mot de ces choses, et ne se posait pas une de ces questions ; elle croyait à ses droits de naissance, à ses prérogatives de demi-dieu, aussi fermement qu’elle croyait au système de Descartes et à son catéchisme. […] Son catéchisme et la philosophie de Descartes sont deux systèmes qu’elle entend également bien.
L’idée de détruire ou de morceler un grand empire est souvent aussi absurde que celle d’ôter une planète du système planétaire, quoique nous ne sachions pas pourquoi. […] Quand on aborde M. de Maistre, il ne faut point lui demander un système politique à proprement parler, ni des conseils pratiques, ni rien qui ressemble à de l’action.
Il faut l’entendre là-dessus parler avec autorité et conviction : Les grands sujets de cette belle et solide instruction chrétienne, si bien indiqués par l’Église dans l’ordre annuel et la distribution des Évangiles ; ces sujets si importants, si féconds, si riches pour l’éloquence, et sans lesquels la morale, dépourvue de l’appui d’une sanction divine et déshéritée de l’autorité vengeresse d’un Juge suprême, n’est plus qu’une théorie idéale et un système purement arbitraire qu’on adopte ou qu’on rejette à son gré ; ces sujets magnifiques, dis-je, furent plus ou moins mis à l’écart par les orateurs chrétiens qui composèrent malheureusement avec ce mauvais goût, et qui, en s’égarant dans ces nouvelles régions, renoncèrent d’eux-mêmes aux plus grands avantages et aux droits les plus légitimes de leur ministère. […] Et un moment après, voulant citer en latin les dernières paroles de Ganganelli expirant, le cardinal Maury lâcha un solécisme, et M. de Maistre, devant qui cela ne pouvait passer inaperçu, remarque qu’avec un tel système d’études, ce n’est pas étonnant en effet qu’il ait donné un soufflet à la syntaxe.
C’est donc parce qu’un centre est, physiologiquement et psychologiquement, représentatif d’un membre déterminé qu’il est moteur de ce membre déterminé, non de tel autre : la représentation est un dessin de mouvement commencé qui, par la coordination du système nerveux, se propage jusqu’aux muscles de l’organe dont on s’est représenté le mouvement. […] Si certaines parties de l’écorce cérébrale et du système nerveux sont fortement excitées par un surplus d’innervation, certaines autres parties seront inhibées.
Ce ne seront plus seulement les actes officiels des peuples, les symptômes publics et extérieurs d’un état ou d’un système social, les guerres, les combats, les traités de paix, qui occuperont et rempliront cette histoire. […] En ces années, il existait chez mon frère et moi, il faut l’avouer, un parti pris, un système, une méthode qui avait l’horreur des redites.
La critique scientifique des œuvres d’art par un système d’interprétation de signes que nous avons exposé, dresse en pleine lumière des hommes formant l’une des deux phalanges qui résument en elles toute l’humanité et la représentent. […] C’est en 1884 que l’idée de suggestion apparaît dans son système, au moment même où Bernheim publie ses travaux, qu’il connaît (voir « Qu’est-ce qu’une société ?
il ne saurait que répondre à cette question, qui embarrasserait peut-être le maître ; que, sous le nom de métaphysique, on agite sur la durée, l’espace, l’être en général, la possibilité, l’essence, l’existence, la distinction des deux substances, des thèses aussi frivoles qu’épineuses, les premiers éléments du scepticisme et du fanatisme, le germe de la malheureuse facilité de répondre à tout, et de la confiance plus malheureuse encore qu’on a répondu à des difficultés formidables avec quelques mots indéfinis et indéfinissables sans les trouver vides de sens ; que, sous le nom de physique, on s’épuise en disputes sur les éléments de la matière et les systèmes du monde ; pas un mot d’histoire naturelle, pas un mot de bonne chimie, très-peu de choses sur le mouvement et la chute des corps ; très-peu d’expériences, moins encore d’anatomie, rien de géographie. […] Le système du monde L’astronomie avec ses dépendances comme la gnomonique, etc.
Ainsi se concilient le système des idées innées et la doctrine qui ne permet à l’homme d’enrichir son intelligence, d’orner son esprit, de perfectionner son âme que par la voie des sens. […] L’autre imitation, qui est celle que nous faisons des anciens, devrait consister non point à les copier, non point à imiter leur manière la forme de leur style, la tournure de leurs phrases, leur système de composition, mais à imiter la nature, comme ils l’ont imitée, c’est-à-dire à peindre les objets par l’impression reçue.
L’histoire, suivant Mommsen 58, va du canton à la nation ; elle est un « système d’incorporation », destiné à agglomérer, en des groupements aussi larges que possible, le plus grand nombre possible d’individus. […] Les grandes démocraties modernes n’offrent plus de pareils systèmes de compensation.
Ce procédé, qui peut-être n’a été celui d’aucun peuple, pourrait tout au plus convenir à une nation de philosophes ; et dans notre grossièreté naïve, nous étions bien loin de mériter ce nom ; mais différents hasards suppléèrent à ce qui nous manquait du côté de la réflexion et du système. […] Ce système de langue forma une espèce de secte.
Tout est pour le mieux, dans le meilleur des mondes. — À ce système on a fait bien des critiques qui ne sont pas sans valeur. […] Et l’on peut avoir des préférences pour l’un ou l’autre système. […] Un auteur nous doit compte, non du système qu’il a choisi, mais de l’application qu’il en a faite. […] Mais c’est en poussant à bout un système qu’on voit mieux ce qu’il a de caractéristique. […] Il y inaugure aussi un système de composition qui lui est propre, et qui consiste, pour ainsi dire, à tenir le roman en partie double.
Il est bien clair que si, sachant le résultat et l’issue, les hommes avaient à parcourir exactement le même chemin, à repasser par les mêmes épreuves, quelques-uns, les plus sages au moins, éviteraient les écueils où ils ont touché, les excès de passion ou de système par où ils ont péri.