Un négociateur animé d’un plus vif sentiment national eût, certes, fait en sorte d’obtenir mieux de la bienveillance d’Alexandre, très porté pour la France à cette époque, et il eût au moins disputé le terrain pied à pied ; mais un tel négociateur ne pouvait se trouver alors dans la ligne et dans le rôle de M. de Talleyrand. […] Dans ce rôle d’observateur et de critique, il était tout à fait à son avantage.
Non, Gresset, causeur et conteur, n’était rien moins qu’un Hamilton ; malgré ses succès dans deux ou trois cercles où on l’adopta, j’oserai conclure des récits mêmes de son biographe que, durant ces quinze années qu’il passa dans le monde de Paris, depuis sa sortie de chez les jésuites jusqu’à sa retraite à Amiens (1735-1750), Gresset n’eut jamais pied véritablement en plein milieu du siècle, et qu’il n’y tint jamais un de ces premiers rôles, ne fût-ce que d’amabilité brillante, qu’on a peine ensuite à quitter. […] Gresset, dans son séjour d’Amiens, s’était extrêmement préoccupé, comme font volontiers les écrivains retirés en province, du néologisme qui s’introduisait en quelques branches du langage : « Il avait été frappé justement, mais beaucoup trop, dit Garat dans sa Vie de Suard, du ridicule d’une vingtaine de mots qui avaient pris leurs origines et leurs étymologies dans les boutiques des marchandes de modes, même dans les boutiques des selliers. » Il en forma comme le tissu de son discours ; toutes ces locutions exagérées dont il s’était gaiement raillé vingt-cinq ans auparavant dans le rôle du jeune Valère : Je suis comblé, ravi, je suis au désespoir, Paris est ravissant, délicieux, il les remit là en cause, il fit d’une façon maussade comme la petite pièce en prose à la suite du Méchant ; et tandis que Suard plaidait avec tact pour la raison, alors dans sa fleur, et pour la philosophie, Gresset souligna pesamment des syllabes, anticipant l’office que nous avons vu depuis tant de fois remplir à feu M.
Quand il s’agit de juger la vie, les actions, les écrits d’un homme célèbre, on commence par bien examiner et décrire l’époque qui précéda sa venue, la société qui le reçut dans son sein, le mouvement général imprimé aux esprits ; on reconnaît et l’on dispose, par avance, la grande scène où le personnage doit jouer son rôle ; du moment qu’il intervient, tous les développements de sa force, tous les obstacles, tous les contrecoups sont prévus, expliqués, justifiés ; et de ce spectacle harmonieux il résulte par degrés, dans l’âme du lecteur, une satisfaction pacifique où se repose l’intelligence. […] C’est là en effet le rôle et la position que prend Boileau par ses premiers essais.
Un journal distingué paraissait alors à Dijon et y tentait le même rôle honorable que remplissait le Globe, à Paris. […] Son rôle eût été, si ses vers avaient su se rassembler et se publier alors, de reproduire avec un art achevé, et même superstitieux, de jolis ou grotesques sujets du Moyen-Age finissant, de nous rendre quelques-uns de ces joyaux, j’imagine, comme les Suisses en trouvèrent à Morat dans le butin de Charles le Téméraire165.
Et ces dernières pages, si belles, tandis que je les parcours, je suis sans doute arrêté par des phrases éclatantes comme celle-ci, qui termine un morceau sur le rôle de l’amour dans le développement de notre être moral : «… Tout au long de nos années, il s’est donc enrichi ou appauvri, au hasard de cette passion souverainement bienfaisante ou destructive, le trésor de moralité acquise dont nous sommes les dépositaires : infidèles dépositaires si souvent, et qui préparons la banqueroute de nos successeurs parmi les caresses et les sourires. » Ou bien ce passage m’éblouit comme un magnifique éclair : «… L’amour seul est demeuré irréductible, comme la mort, aux conventions humaines. […] Paul Bourget nous explique pourquoi l’héroïne du Deuxième Amour se refuse à une nouvelle expérience, ou de quel amour de pur adolescent Hubert Liauran aime Mme de Sauves, et comment, par un renversement délicieux des rôles, Thérèse le traite comme si c’était lui qui se donnait (Cruelle énigme), ou comment, dans Crime d’amour, la franchise et l’innocence d’Hélène Chazel tournent contre elle et ne font qu’irriter la défiance d’Armand de Querne, ou par quelle logique sentimentale Hélène en vient à se souiller pour se venger de l’homme qui ne l’a pas crue et pour qu’il la croie enfin… ; toutes ces pages — et combien d’autres sont des exemplaires accomplis de psychologie vivante.
Son originalité est dans une figure qui, jusqu’ici, n’avait pas été montrée au théâtre : celle de la mère corrompant naïvement son fils et jouant auprès de lui le rôle de la malesuada fames, dont parle Virgile. […] Ce qui fait cette simonie abominable entre toutes, c’est le déshonneur tout spécial qu’elle inflige au mari, le rôle sans nom qu’elle lui fait jouer.
Laissons de côté ce qui tient à la grandeur d’imagination et de poésie : le grand rôle politique définitif restera aux Pitt et aux Wellington, à ces opiniâtres temporisateurs. […] Quand on joue soi-même un rôle et qu’on monte une pièce sérieuse et solennelle, il n’est pas sûr d’admettre en tiers ces témoins-là.
J’avoue que mes muscles étaient crispés… On voit, ce me semble, la situation, l’attitude et le geste des deux parts : d’un côté, M. de Lally, celui qu’on a appelé le plus gras, le plus gai, le plus gourmand des hommes sensibles, ce personnage spirituel et démonstratif, à qui un moment d’éloquence généreuse et de pathétique dans sa jeunesse permit d’être déclamateur toute sa vie, ayant le beau rôle des larmes et se le donnant ici comme toujours ; de l’autre côté, un homme jeune, ardent, un peu amer, irrité de voir un mouvement d’humanité devenir une machine oratoire et un coup de tactique ; qu’on se représente les deux hommes en présence, et tout s’expliquera. […] Nous recommandons la lecture de ces pages à ceux qui entrent loyalement dans la carrière publique, et qui ne veulent ni flatter l’idole de l’opinion régnante, ni (ce qui est un autre travers) se faire un rôle de la braver.
Le Chesterfield que nous aimons surtout à étudier est donc l’homme d’esprit et d’expérience qui n’a passé par les affaires et n’a essayé tous les rôles de la vie politique et publique que pour en savoir les moindres ressorts, et nous en dire le dernier mot ; c’est celui qui, dès sa jeunesse, fut l’ami de Pope et de Bolingbroke, l’introducteur en Angleterre de Montesquieu et de Voltaire, le correspondant de Fontenelle et de Mme de Tencin, celui que l’Académie des inscriptions adopta parmi ses membres, qui unissait l’esprit des deux nations, et qui, dans plus d’un essai spirituel, mais particulièrement dans ses Lettres à son fils, se montre à nous moraliste aimable autant que consommé, et l’un des maîtres de la vie. […] Il paraît qu’il réussit mieux en diplomatie, dans ces rôles secondaires où suffit un mérite solide.
Mme de La Fayette avait essayé à un moment ce rôle qu’avait eu précédemment Mme de Sablé, « à laquelle, dit Gourville, tous les jeunes gens avaient accoutumé de rendre de grands devoirs, parce qu’après les avoir un peu façonnés, ce leur était un titre pour entrer dans le monde ». Mais la santé de Mme de La Fayette, et son humeur qui la portait à ses aises, ne lui permirent pas de faire longtemps ce rôle.
À un moment (en septembre 1551), il joua même un certain rôle, ayant été envoyé par son ambassadeur au concile de Trente pour y porter les lettres de protestation du roi : mais il ne faut pas s’exagérer le rôle d’Amyot, qui ne fut que très secondaire en cette rencontre comme en toutes les occasions politiques auxquelles il se trouva mêlé.
Sa pièce, en trois actes, sans amour, sans rôle de femme, n’est qu’une déclamation assez ferme, sentencieuse. […] Pourtant ce fut, avec le grand maître, le rôle intéressant, l’un théâtral et grandiose, et l’autre pathétique sous les traits de Talma.
Cette fâcheuse disposition de Le Brun sera son perpétuel échec, et elle finira par donner le change à son ambition, tellement que celui qui aspirait au rôle d’un Pindare et d’un chantre auguste des grandes pensées publiques ne sera, en définitive, qu’un épigrammatiste excellent. […] M. de Vaudreuil, homme d’esprit, ambitieux, généreux, et qui aspirait sous Louis XVI à un rôle de Mécène, ayant rencontré Le Brun, s’éprit de son talent, comme il avait fait de celui de Chamfort.
Et d’ailleurs, si Mme de Motteville, se tenant à son rôle de femme, ne disant que ce qu’elle a appris par elle-même ou de bonne source, n’essaye pas de pénétrer les secrets du cabinet (dont elle devine pourtant très bien quelques-uns), elle nous peint au naturel l’esprit général des situations et le caractère moral des personnages : c’est ce côté durable que le temps a dégagé en elle, et qui la place désormais à un rang si distingué et si bien établi. […] Mme de Motteville les a bien jugés, et, en ne se donnant que le rôle d’une femme timide, elle a des réflexions qu’il serait à souhaiter qu’eussent faites alors beaucoup d’hommes.
Le conseiller, l’instituteur et le bienfaiteur de la cité, voilà, en résumé, son rôle avant la collision des colonies avec la métropole. […] C’est par ces degrés de sagacité morale, de sagesse de conduite, de rectitude et d’adresse, d’amour du bien public et de bonne entente de toutes choses, que Franklin se préparait peu à peu, et sans le savoir, au rôle considérable que lui réservaient les événements.
Il était fait, dans l’ordre habituel et régulier d’un régime représentatif, pour figurer avec honneur dans les discussions, et peut-être de temps en temps dans les ministères, pour faire surtout ce rôle d’honnête homme en titre et d’Ariste qu’il faut que quelqu’un remplisse dans cette grande distribution des emplois, pour intervenir dans les grands cas au nom de la morale et de la vertu solennelle, pour ignorer les intrigues de ses amis, pour les servir peut-être, et à son insu toujours. Nous avons vu, depuis, des hommes de bien et de talent remplir de tels rôles ; mais aucun n’y était plus naturellement, plus hautement préparé et voué, en quelque sorte, que M.
Le comte de Provence a dit d’ailleurs, sur Marius à Minturnes, un mot juste : « La pièce est d’un genre trop austère. » Ces trois actes représentés le 19 mai 1794, sans un rôle de femme, sans trop de déclamation, et avec les touches nues de l’histoire, font honneur à la simplicité sensée du jeune poète ; il y résonne comme un mâle écho de Lucain et de Corneille : mais l’action s’y dessine à peine ; l’émotion manque, le pathétique fait défaut. […] Mais ces critiques, aujourd’hui faciles, ne doivent point fermer les yeux sur les mérites auxquels les contemporains furent sensibles, et Talma, dans le rôle de Montcassin, jouant en face de Mme Vanhove qui faisait Blanche et qu’il aimait réellement lui-même versait et faisait couler de vrais pleurs : Contarini.
Je me fais l’effet d’un mauvais acteur, jouant un rôle qui n’est pas dans ses moyens. […] » Par une dernière infortune, il s’est épris d’une jeune fille loyale, ferme, qui croit de toutes ses forces aux idées révolutionnaires et se prépare sans hésiter à évangéliser le peuple ; son amour pour Nejdanof est né en dernière analyse, du rôle d’agitateur que celui-ci a prétendu jouer.
Le rôle le plus imposant que puisse jouer un Orateur profane, c’est d’être l’interprête de son Roi ou l’organe de la patrie ; le théatre le plus brillant qu’il puisse s’ouvrir, c’est un Sénat, une Cour, une place publique ; les sujets les plus frappans qu’il puisse traiter sont l’homme & ses besoins, le tems & ses vicissitudes. L’Orateur sacré joue un plus grand rôle, celui d’être l’interprête de son Dieu, & l’organe de la Religion.
Je dois ajouter que les heureux effets de croisements fréquents et les effets fâcheux des fécondations entre individus proches parents jouent aussi leur rôle en pareil cas ; mais je ne veux pas m’étendre ici sur cette difficile question. […] La multiplication de toute espèce est donc toujours entravée par diverses causes qui agissent à différentes périodes de la vie, et qui, en différentes saisons de l’année, jouent leur rôle tour à tour ; quelques-unes sont plus puissantes, mais toutes concourent à déterminer le nombre moyen des individus ou l’existence même de chaque espèce.
Pas plus que moi, ce caillou qui roule sous mes pieds n’a été créé en vain ; sa nature lui assigne, comme à moi, un rôle dans la création. Et si ce rôle est obscur, s’il est moins beau, moins considérable que le mien, il n’en est pas moins rempli, et n’en concourt pas moins au but que le créateur s’est proposé en laissant échapper le monde de ses mains87.
Le Père Joseph, qui écoute toujours caché derrière les portes, les tapisseries, et jusque dans le confessionnal, joue ici en sandales le rôle des petits nains du romancier écossais.
La destinée du pays dépend en ce moment du rôle qu’oseront prendre ces hommes sages, mais un peu timides, et c’est toujours avec une sorte d’anxiété affectueuse que la France les écoute parler.
Ce qu’il y a de romantique dans la tragédie actuelle, c’est que le poète donne toujours un beau rôle au diable.
Dans l’organisation que la France s’est faite au commencement du siècle, toutes les lignes générales de son histoire contemporaine étaient tracées, révolutions politiques, utopies sociales, divisions des classes, rôle de l’Église, conduite de la noblesse, de la bourgeoisie et du peuple, développement, direction ou déviation de la philosophie, des lettres et des arts.
La lettre algébrique ne remplace pas le chiffre arithmétique tout entier avec sa quantité précise, mais seulement sa fonction et son rôle dans l’équation où il doit entrer.
Mais ils eurent des fortunes inégales et diverses selon la grandeur du rôle politique qui échut aux pays où ils étaient parlés.
… Ce drame sera expressément écrit pour la Comédie-Française, et le rôle du Pape sera joué par M.
C’est une des plus notables singularités de son génie. « … Comme Hégel, écrit-il, j’avais le tort d’attribuer trop affirmativement à l’humanité un rôle central dans l’univers.
Évidemment, il assigne à la poésie le rôle d’une musique spéciale, et la veut consacrée à l’expression d’états de l’âme spéciaux : de ces larges et troubles coulées d’images, par instants envahissant l’esprit, incapables d’être notées dans une prose, et constituant, pour la psychologie, l’essence même des émotions… La forme musicale de M.
Mallarmé, par ses articles, ses œuvres fragmentaires et ses causeries, a été le grand éducateur de l’art métaphysique de ces dernières années, et ce seul rôle explique les polémiques et les sympathies, sa situation spéciale, son renom de hautaine et noble intégrité.
L’État, je le répète, ne doit que suppléer à ce que ne peuvent faire ou ne font pas les individus ; il a donc un moindre rôle dans un pays où les particuliers peuvent et font beaucoup.
» Jésus, qui dès lors n’hésitait plus guère sur son propre rôle de messie, leur énuméra les œuvres qui devaient caractériser la venue du royaume de Dieu, la guérison des malades, la bonne nouvelle du salut prochain annoncée aux pauvres.
Cette niaiserie est d’ailleurs internationale, et le français joue chez les autres peuples, y compris l’Angleterre, le rôle de langue sacrée que nous avons dévolu à l’anglais.
J’aurais pu ne recueillir des règnes de Claude et de Néron que les endroits où Sénèque est en action, et ne montrer que cette grande figure isolée ; mais il m’a semblé que, placé au centre du tableau, on sentirait plus fortement la difficulté et la dignité de son rôle : le gladiateur antique serait plus intéressant, s’il avait en face son antagoniste.
Mais voici que les rôles s’intervertissent ; du premier rang, la tradition descend au second, et du second rang, la raison monte au premier. — D’un côté la religion et la monarchie, par leurs excès et leurs méfaits sous Louis XIV, par leur relâchement et leur insuffisance sous Louis XV, démolissent pièce à pièce le fond de vénération héréditaire et d’obéissance filiale qui leur servait de base et qui les soutenait dans une région supérieure, au-dessus de toute contestation et de tout examen ; c’est pourquoi, insensiblement, l’autorité de la tradition décroît et disparaît. […] Cette idée, Rousseau l’a tirée tout entière du spectacle de son propre cœur410 : homme étrange, original et supérieur, mais qui, dès l’enfance, portait en soi un germe de folie et qui à la fin devint fou tout à fait ; esprit admirable et mal équilibré, en qui les sensations, les émotions et les images étaient trop fortes : à la fois aveugle et perspicace, véritable poète et poète malade, qui, au lieu des choses, voyait ses rêves, vivait dans un roman et mourut sous le cauchemar qu’il s’était forgé ; incapable de se maîtriser et de se conduire, prenant ses résolutions pour des actes, ses velléités pour des résolutions et le rôle qu’il se donnait pour le caractère qu’il croyait avoir ; en tout disproportionné au train courant du monde, s’aheurtant, se blessant, se salissant à toutes les bornes du chemin ; ayant commis des extravagances, des vilenies et des crimes, et néanmoins gardant jusqu’au bout la sensibilité délicate et profonde, l’humanité, l’attendrissement, le don des larmes, la faculté d’aimer, la passion de la justice, le sentiment religieux, l’enthousiasme, comme autant de racines vivaces où fermente toujours la sève généreuse pendant que la tige et les rameaux avortent, se déforment ou se flétrissent sous l’inclémence de l’air. […] Il n’a pas de rôle à jouer, il n’est pas comédien. » — Sciences, beaux-arts, arts de luxe, philosophie, littérature, tout cela n’est bon qu’à efféminer et dissiper l’âme ; tout cela n’est fait que pour le petit troupeau d’insectes brillants ou bruyants qui bourdonnent au sommet de la société et sucent toute la substance publique En fait de sciences, une seule est nécessaire, celle de nos devoirs, et, sans tant de subtilité ou d’études, le sentiment intime suffit pour nous l’enseigner. — En fait d’arts, il n’y a de tolérables que ceux qui, fournissant à nos premiers besoins, nous donnent du pain pour nous nourrir, un toit pour nous abriter, un vêtement pour nous couvrir, des armes pour nous défendre En fait de vie, il n’en est qu’une saine, celle que l’on mène aux champs, sans apprêt, sans éclat, en famille, dans les occupations de la culture, sur les provisions que fournit la terre, parmi des voisins qu’on traite en égaux et des serviteurs qu’on traite en amis En fait de classes, il n’y en a qu’une respectable, celle des hommes qui travaillent, surtout celle des hommes qui travaillent de leurs mains, artisans, laboureurs, les seuls qui soient véritablement utiles, les seuls qui, rapprochés par leur condition de l’état naturel, gardent, sous une enveloppe rude, la chaleur, la bonté et la droiture des instincts primitifs Appelez donc de leur vrai nom cette élégance, ce luxe, cette urbanité, cette délicatesse littéraire, ce dévergondage philosophique que le préjugé admire comme la fleur de la vie humaine ; ils n’en sont que la moisissure.
« La femme de ce pauvre roi est venue en Syrie passer comme une Anglaise obscure, tandis que lady Stanhope y jouait le rôle que la princesse de Galles n’eût jamais dû quitter. […] Alexandre joue plus longtemps, et mieux qu’un autre, son rôle de Tartufe ; mais il cédera lui-même au torrent… « Pardon, Monsieur, je froisse peut-être vos opinions que je devine. […] Elle me prophétisa ce qui m’est arrivé par hasard, un rôle grave dans une courte pièce, à grand mouvement. — Vous reviendrez après en Orient mourir où je vis, me dit-elle.
Ses liaisons avec Mme de Staël et sa société lui rendaient, sous l’Empire, son rôle très complexe et très délicat. […] XV Quant à son rôle de patriote et de citoyen, le voici : il aime si peu sa patrie et l’humanité qu’il l’abandonne dès qu’il est sorti de l’enfance. […] Et pendant que le sang coule à Paris, il joue à Florence ses rôles de tragédie.
Rôle de Fontenelle dans la guerre contre les anciens. […] Rôle de Fontenelle dans la guerre contre l’antiquité classique. — Le mauvais et le bon Fontenelle. […] Huet y fait allusion dans ses Mémoires, en se donnant d’ailleurs le beau rôle.
Dans une lutte de parti, celui qui succombe prend le rôle d’un factieux, celui qui triomphe, s’il sait vivre ensuite gouverne légitimement. […] La société alors comme un acteur qui a joué la même pièce un millier de fois, saura son rôle. […] Les rôles sont bien distribués dans la comédie de la vie.
Par surcroît de prudence, la comédie a doublé ses rôles, pour les atténuer et les excuser encore. […] Le public ne partage qu’à demi ses scrupules ; il le trouve bien gourmé et bien solennel, dans ce rôle de juge d’instruction qu’il s’adjuge si bénévolement. […] Son plan est fait ; un procès en séparation peut seul la rendre à son monde ; ce procès, elle l’aura, elle y jouera le beau rôle.
La dernière fois, appelant l’histoire au secours de l’analyse, je crois avoir démontré que la civilisation, image visible de la nature humaine, renferme à toutes ses époques un élément philosophique, qui a son rôle aussi sur la scène du monde, un rôle distinct, toujours subsistant et sans cesse s’agrandissant. […] Sans la réflexion, l’homme ne jouerait qu’un faible rôle dans l’aperception de la vérité ; il n’en prend bien possession, il ne se l’approprie que par la réflexion. […] Voilà le théâtre préparé ; voilà ce globe merveilleusement arrangé et distribué pour recevoir celui qui est appelé à y jouer un si grand rôle. […] quel rôle y joue-t-il, et sous quel aspect la philosophie de l’histoire doit-elle le considérer ? […] La religion joue dans notre vie et dans la société un rôle immense, mais il y a autre chose encore.
Même, j’approuve beaucoup dans ce drame le rôle de la douleur physique. […] Othello jouant auprès de Cassio le rôle que Iago a joué auprès de lui-même, voilà la pièce. […] J’avoue n’avoir compris que tout en gros le rôle de Sergent. […] C’est peut-être pour cela que j’ai extrêmement goûté le rôle de Marmeladoff. […] Les amateurs distingués qui récitent les rôles dans la coulisse n’ont rien qui sente le Conservatoire et vous débitent cela à la bonne franquette.
L’auteur ne dit-il pas expressément dans le premier épilogue que l’enchanteur Merlin lui paraît « représenter le rôle de l’imagination dans la vie des femmesq ». […] La mort nous fait changer de rôle avec ces gens-là ; ils peuvent tout sur nos corps pendant leur vie ; mais à l’instant de la mort, l’oubli les enveloppe à jamais. […] Tout le monde joue-t-il son rôle, et se fait-il commun et inconséquent de peur de paraître fou ? […] Voilà les dessous — d’importance et de valeur si générales — qui font du Camarade infidèle un des livres les plus directement issus de la guerre, et d’autant plus directement peut-être que le rôle de la guerre s’y réduit à celui d’une ombre portée. […] Une réserve pour finir, et qui vise le rôle prépondérant et pas assez différencié que l’auteur accorde au petit Antoine.
Début rapide et ferme, où la distribution des rôles de Zeus et du poète ne manque pas de grandeur. […] Il observe l’homme, mais il ne retient que les gestes essentiels de son rôle et les mots qui franchiront la rampe. […] C’était lui qui dansait la courante dans le rôle de Lysandre des Fâcheux. […] Le drame dont ils règlent les péripéties, ils n’en sont pas seulement les metteurs en scène, il faut qu’ils y jouent leur rôle. […] Son orgueil se transforma en un culte mystique de sa personnalité, de son rôle, de sa mission.
C’est là le seul rôle que pouvait jouer Michelet. […] Plus tard, au Collège de France, il se méprit même, à ce qu’il semble, sur le rôle qu’il était appelé à jouer. […] La préface qu’il a mise en tête du septième volume de son Histoire de France suffirait à montrer qu’il ne pouvait prétendre à un pareil rôle. […] Ce n’est pas diminuer sa gloire que de lui donner, entant de directions variées de l’esprit, le rôle d’initiateur. […] Mais il n’exagérait point son mérite, n’occupait pas le public de sa personne, et surtout avait la sagesse de ne pas se croire appelé à jouer tous les rôles et à déployer tous les talents.
Il soutint noblement jusqu’au bout le rôle qu’il avait élu tout d’abord, par vue politique et par sentiment ; mais le grand désenchanté l’était de la religion comme du reste. […] La grandeur de ce rôle est incomparable, et peu importe vraiment que, parmi tant de têtes, quelques-unes aient été manquées à la gravure ou écrasées à la frappe. […] Pour apprécier sainement le rôle de la science, il faut séparer la science pure de la science appliquée. […] La partie traditionnelle, universelle de la morale, partie très restreinte, peut avoir ce rôle ; le reste n’a qu’une valeur d’expédient social. […] Elle remplace le ch dur par un k, ce qui est admissible à la rigueur, quoique le groupe qu soit indiqué pour ce rôle.
. ; en un mot, la société telle qu’elle vit et se meut en 1824 ; daignez, monsieur, relire la Métromanie, le rôle de Francaleu, celui du Capitoul, etc. ; si, après vous être donné le plaisir de revoir ces jolis vers, vous déclarez que vous préférez Damis à Lanfranc, que puis-je répondre à un tel mot ? […] Comment persuader à un homme de lettres de cinquante ans qui trouve brillant de naturel le rôle de Zamore dans Alzire, que le Macbeth de Shakspeare est un des chefs-d’œuvre de l’esprit humain ? […] non, messieurs, il ne vaut rien : il y aura un rôle de préfet qui ne me fera point rire du tout, quelque esprit que vous y mettiez ; voyez le roman intitulé, Monsieur le Préfet ; quoi de plus v…, mais quoi de plus triste ! […] Vous joueriez en littérature précisément le même rôle que M. […] Ils ne croient à rien qu’à la mode, mais simulent toutes les convictions, non point par hypocrisie raisonnée comme le Cant des hautes classes anglaises, mais seulement pour bien remplir leur rôle aux yeux du voisin.
Tout est changé par l’arrivée de la satire, et d’abord le rôle de l’auteur. […] » Cette phrase est une imprudence peu naturelle dans une personne si réfléchie, et que l’auteur ajoute au rôle pour rendre le rôle odieux. […] Rôle d’Amélia dans Vanity Fair. — Rôle du colonel Newcome dans les Newcomes.
Samedi 10 janvier Je donne ce soir à dîner à Ajalbert, à Antoine, et à Janvier et à Mlle Nau, les deux premiers rôles de La Fille Élisa. […] » Dimanche 25 janvier Vraiment, m’avoir refusé aux Français La Patrie en danger, cette pièce impartiale, où j’avais opposé au royalisme de mon comte et de ma chanoinesse, le beau républicanisme du jeune général, où j’avais fait de mon guillotineur, un espèce de fou humanitaire, le sauvant de l’horreur de son rôle de sang, pour accepter cette pièce irritante de Thermidor, pour accepter cette pièce écrite dans cette langue : « Et le colosse désarmé par un hoquet, vaincu par une phrase, étranglé par une sonnette. […] Mme Crosnier qui ne laisse plus tomber les pénultièmes de ses mots a apporté dans son rôle, une énergie, une verdeur, une puissance qu’elle n’avait pas encore déployées. […] Dimanche 19 avril À propos de son livre sur la Bonté, qu’annonce Rosny, Daudet me parle ce soir, de la privation grande qu’il éprouve maintenant à ne plus faire la charité, depuis qu’il ne marche plus : « Oui, dit-il, en répondant à sa femme qui lui rappelle les bonnes œuvres qu’ils font ensemble, oui, c’est vrai, mais ce n’est plus cela, dans ces bonnes œuvres, je ne joue plus le rôle de la Providence, de l’être surnaturel, si tu le veux, apparaissant au miséreux, au routier que je rencontre sur mon chemin. » Et il raconte alors, de la manière la plus charmante, avec de l’esprit donné par le cœur, l’affalement, la nuit tombée, du routier éreinté devant la fontaine faisant face à la maison de son beau-père, à Champrosay, et son incertitude angoisseuse en tête des deux chemins du carrefour, interrogeant du regard, l’un et l’autre, et se demandant celui au bout duquel il y avait l’espérance de manger et de coucher, puis, son aventurement dans l’un, puis dans l’autre, et son retour découragé au bout de quelques pas… Alors, dans ce moment, Daudet penché derrière les persiennes fermées, mettait une pièce de cent sous dans du papier, et la jetait. […] Et il était présenté à Rachel, qui après lui avoir donnée une poignée de main, prenait son rôle, et c’étaient des heu, heu, à la fin de quoi elle s’écriait : « Ça y est… ça y est !
Lorsque ces espèces, par suite de cette conservation ou sélection naturelle continue des fleurs les plus riches en pollen, furent de plus en plus recherchées par les insectes, ceux-ci, agissant de leur côté inconsciemment, continuèrent à transporter régulièrement le pollen de fleur en fleur ; et je pourrais aisément prouver, par les plus frappants exemples, combien ce rôle des insectes dans la fécondation des fleurs a d’importance. […] Finalement, je conclus que certaines localités très restreintes ont pu être quelquefois très favorables à la formation de nouvelles espèces, mais que pourtant l’œuvre de transformation doit en général être plus rapide dans de vastes régions continues et, ce qui est plus important, c’est que les nouvelles formes produites en de vastes contrées, ayant déjà triomphé de nombreux compétiteurs, seront celles qui prendront l’extension la plus rapide, qui donneront naissance à plus de variétés et à plus d’espèces et qui joueront ainsi le rôle le plus important dans l’histoire changeante du monde organisé. […] Mais, pendant la longue série de ces lentes modifications, telle qu’elle est représentée dans la figure, la loi d’extinction aura joué aussi un rôle important. […] Watson, pense que j’ai exagéré l’importance de la loi de divergence des caractères, dont il paraît cependant admettre l’existence ; mais il croit que la convergence des caractères, comme on pourrait l’appeler, a aussi joué son rôle dans l’économie organique. […] Mais nous voyons déjà comment elle implique l’extinction successive des espèces, et la géologie nous apprend quel rôle important l’extinction a joué dans l’histoire du monde.
Cette nouvelle réaction en leur faveur est quelquefois aussi ardente que l’a été celle qui les a dépossédés du rôle de modèles. […] Comparez cette lâcheté à la force sublime de Manfred expirant, et voyez le rôle que joue chez Byron l’homme animé d’un souffle divin, en regard avec tout le rôle qu’il joue dans Goethe, aux prises avec l’esprit des ténèbres, c’est-à-dire avec sa propre misère privée de toute assistance céleste. […] Le rôle de l’abbé de Saint-Maurice est un chef-d’œuvre et l’emporte de beaucoup sur celui du prêtre Pierre, que nous verrons tout à l’heure dans le drame de Mickiewicz. […] Il prend, quitte et reprend chaque sujet et chaque rôle. […] Il n’aimait pas la foule, mais je l’ai vu dans des cercles choisis, après un peu de silence et de tâtonnement, prendre le premier rôle et se faire écouter avec une certaine jalousie très légitime.