Le candidat se déclare quand il lui plaît : l’Académie ne discute préalablement sur les mérites d’aucun ; aucune comparaison ne s’établit par voie d’examen et moyennant un débat contradictoire ; et chaque académicien, le jour venu, vote arbitrairement, comme dirait La Bruyère, suivant sa propre et unique information. […] L’Académie ne s’astreint pas, en général, à la ressemblance ni même à l’analogie dans l’ordre de succession ; elle aime assez souvent les diversités et se plaît aux disparates. […] Le public ne serait pas surpris, et l’Académie, tout en étant guidée, n’aurait pas la main forcée par une de ces interventions subites et capricieuses, qui ne plaît pas toujours également (croyez-le bien) à tous ceux qui la favorisent.
Quand j’avais, pendant des années, travaillé de toutes les forces de mon âme, afin de plaire au monde par un nouvel ouvrage, il voulait encore que je lui fisse, de plus, de grands remerciements parce qu’il avait bien voulu le trouver supportable. — Quand on me louait, je ne devais pas accepter ces éloges avec un contentement calme, comme un tribut qui m’était dû, on attendait de moi quelque phrase bien modeste, par laquelle j’aurais détourné la louange en proclamant avec beaucoup d’humilité l’indignité profonde de ma personne et de mes œuvres. […] Je devais, après mon Gœtz et mon Werther, vérifier le mot d’un sage : « Lorsqu’on a fait quelque chose qui plaît au monde, le monde sait, s’arranger de manière à ce qu’on ne recommence pas. » En d’autres heures pourtant et dans l’habitude de la vie, il appréciait mieux son rare bonheur : ce bonheur avait été de venir à temps, en tête d’une grande époque qui naissait et qu’il avait en partie dirigée et conduite : « Je suis bien content, disait-il gaiement un jour qu’il venait de lire de jolis vers d’un tout jeune poëte, de n’avoir pas aujourd’hui dix-huit ans. […] Ce qu’il était permis de dire aux anciens Grecs ne nous semble plus, à nous, convenable, et ce qui plaisait aux énergiques contemporains de Shakspeare, l’Anglais de 1820 ne peut plus le tolérer, à tel point que dans ces derniers temps on a senti le besoin d’un « Shakspeare des familles. » Nous connaissons, sans sortir de chez nous, de ces pruderies et de ces arrangements-là, mais bien vite nous en rions ; — nous en souffrons aussi.
Cette confiance lui plaira… C’est la seule personne à la Cour avec laquelle elle ne doit avoir aucune réserve. […] Le duc de Richelieu part dans l’intention de plaire à la Cour et de vous plaire en particulier.
Boris poursuivait, à sa manière, cette œuvre civilisatrice précoce commencée déjà par Ivan le Terrible : il se plaisait à attirer les. […] Quelle agréable expression, et qui nous rappelle Mme de Sévigné disant, au contraire, que, de ne point se plaire aux lectures solides, cela donne les « pâles couleurs » ! […] M. de Musset ne sait bien d’ordinaire que les commencements et les premiers pas ; il se laisse mener par ses amoureux, eux par lui, et tous ensemble, pour s’en être bien trouvés si souvent, ils se plaisent à compter sur ce que leur diront les buissons du chemin.
Trouvez-moi, je vous en défie, dans quelque poëte et dans quelque livre qu’il vous plaira, une belle chose qui ne soit pas une image ou une antithèse ! […] Un pourboire est doux après un service rendu ; les maîtres là-haut sourient ; on reçoit l’ordre agréable d’injurier qui l’on déteste ; on obéit abondamment ; liberté de mordre à bouche-que-veux-tu ; on s’en donne à cœur-joie ; c’est tout bénéfice, on hait, et l’on plaît. […] Cela déplairait à la marquise9, si cela ne plaisait au roi. » Desfontaines, cet autre insulteur de Voltaire, lequel l’avait tiré de Bicêtre, disait à l’abbé Prévost qui l’engageait à faire sa paix avec le philosophe : — Si Alger ne faisait pas la guerre, Alger mourrait de faim.
je ne veux pas de prêchailleries morales, de ces prêchailleries qui plaisent tant aux niais, aux bégueules et aux hypocrites. […] J’ai à peu près tout dit sur ce roman de Rolande, qui pourrait être très bon et ne pas me plaire, mais qui ne me plaît pas et qui n’est pas très bon.
Rageot a certainement voulu dire : qui plaît au public. […] Pour que le bruit éclate, il faut que le livre plaise, qu’il réponde à ce qu’attend le public. […] Il faut se demander avant tout si ce qu’on se propose d’écrire plaira au public. […] Est-ce une raison pour ne pas écrire des œuvres qui lui plaisent ? […] Des livres qui nous plaisaient autrefois nous deviennent insupportables.
Boileau me plaît extrêmement. […] J’avoue qu’elles me plaisent encore. […] Ils plaisent par un certain héroïque galant, que Quinault pousse même jusqu’au doucereux. […] Plût au Ciel que les Indiens me regardassent aussi comme un dieu ! […] Bajazet épousera Roxane, sera sultan, — puis fera d’elle ce qu’il lui plaira.
— sont de nature à plaire à des âmes un peu fines, tantôt par la grâce d’une amourette, tantôt par l’espièglerie d’un mot échappé. […] Plût à Dieu, pour l’apaisement de son intelligence en son instant humain, qu’il eût été athée ! […] Il dédaignait de s’inutiliser dans les inconsistantes chimères où se plaisent orgueilleusement les bourgeois poétiques. […] René Ghil ne manquent ni d’énormité ni de mystère ; c’est de quoi me plaire infiniment. […] Plaise au ciel, — car nous sommes affamés d’immensité neuve !
Voilà ce qui me plaît, voilà ce qui me touche. […] Je me figure que ce poète peut plaire à quelques délicats. […] Elle voulut lui plaire, elle fut coquette. […] Sa fonction est de plaire ; il n’en a point d’autre. […] La campagne me plaît encore quand elle n’a plus de sourires.
C’est peu que de les avoir bien vus, bien gravés dans sa mémoire, il se plaît à en produire des copies imaginaires. […] Les odes naquirent de la reconnaissance du génie qui se plaît à éterniser la gloire des hauts faits, et la sagesse des fondateurs. […] Cette marche, où l’esprit se plaît à s’égarer, est plus séduisante, mais moins sûre. […] Nul de nous, je crois, n’ignore que, tout fraîchement sortis de nos écoles, déjà nous étions disposés à nous plaire aux belles tragédies, aux belles comédies. […] Eschyle y devait plaire au nombreux concours de ses auditeurs, par sa grandeur colossale et sa haute uniformité.
Il faut, pour être assuré de toujours plaire, sur-tout dans le genre de l’apologue, s’attacher à des ressorts plus puissans, c’est-à-dire à cette chaleur vivifiante qui naît de la force du sentiment & que l’esprit ne sauroit jamais suppléer, à cette variété de tours & d’images qui réveille l’attention & écarte l’ennui, & sur-tout à ce choix d’expressions nobles & figurées qui distingue le vrai Poëte du froid Versificateur.
Celle d’Eléonore, femme de Louis VII, annonce un Réfugié qui veut plaire aux Anglois.
Ses Amusemens philosophiques offrent une variété de sujets qui plairoit davantage, par les vûes excellentes qui y étincellent de temps en temps, pour peu que le style en fût plus naturel, & dégagé d’un entortillage que l’Auteur a peut-être pris pour de la force, mais qui n’est, dans le fond, qu’un effort pénible d’imagination, qui conduit à l’obscurité.
A les voir sans cesse en contradiction les uns avec les autres, on diroit que la justice & le goût ont des regles arbitraires, ou qu’ils sont maîtres de dispenser les Couronnes, selon le talent qu’on a de leur plaire ou d’intéresser leur parti.
La largeur du faire est indépendante de l’étendue de la toile et de la grandeur des objets[ ;] réduisez tant qu’il vous plaira une Sainte Famille de Raphael, et vous n’en détruirez point la largeur du faire.
M. de Marcellus plut du premier coup à cet ambassadeur, obtint toute sa confiance et toute son affection. […] M. de Marcellus lui plut comme il avait plu à M. de Rivière. […] Le premier ministre, M. de Villèle, qui gouvernait alors sagement, mais sans audace, répugnait à cette guerre et se plaisait à temporiser ; M. de Chateaubriand avait pour M. de Villèle le dédain secret des hautes imaginations pour les timides conseils ; il brûlait de la passion d’amener un congrès, bien convaincu que l’éclat de son nom forcerait M. de Villèle à l’y envoyer, et qu’une fois envoyé à Vérone, en apparence sans parti pris, il serait maître des résolutions de l’Europe. […] Mais, diplomate avant tout, il ne voulait plaire qu’autant que cette liaison avec la famille de M. […] « Je ne sais comment j’ai pu plaire aux Bédouins et me faire parmi eux des amis : quelques traits de fermeté et d’énergie y ont peut-être contribué.
On s’y plaisait toutefois, soit par le souvenir de l’ignorance passée, soit par le dégoût des affirmations violentes. […] Montaigne se plaît dans les vérités d’expérience, les dissemblances individuelles, les contradictions, les fluctuations de l’homme, les particularités et les bigarrures des opinions, des gouvernements, des polices, de la morale ; il cherche à son aise des faits vrais plutôt qu’il ne poursuit la vérité elle-même, pour y trouver une croyance et une règle. […] « Croyez ce qu’il vous plaira » est le corollaire du « Que sçais-je. […] C’est cet homme qui se fait une taille pour toutes les formes d’habit ; qui imite tout ce qui plaît ; qui se règle en toutes choses par la réputation plutôt que par la raison. […] Mais à qui s’applique moins l’idée du naturel par excellence qu’à Montaigne, à cet homme occupé à se peindre, et par conséquent à se farder ; à s’analyser, et par conséquent à se prêter ou à se retrancher certains traits, par la subtilité même de son esprit, et par cette curiosité qui se crée un spectacle ; penseur à la suite d’autrui, à propos d’une lecture qui le pique ; qu’une idée ingénieuse attache tout un jour, et qu’une citation fait changer de chemin ; qui suspecte la nature universelle et ne se plaît qu’en la nature variable ; qui pense plus pour le plaisir d’écrire, qu’il n’écrit pour éclaircir ses pensées ; auquel ses amis reprochent d’épaissir sa langue, comme on reprocherait à un peintre d’empâter ses couleurs, par trop d’attention donnée au détail ?
L’amour eût été ridicule dans leur bouche, autant qu’il doit plaire dans celle de nos excellentes actrices. On accuseroit aujourd’hui de maladresse, selon ces mêmes défenseurs de nos tragédies attendrissantes, un poëte qui négligeroit de plaire aux femmes, de mettre dans ses intérêts cette charmante partie des spectateurs, un poëte qui croiroit trouver les cœurs accessibles à d’autres mouvemens que ceux de l’amour. […] Une pièce à laquelle on alloit avec tant d’affluence, & qui faisoit les délices de tout Paris, pouvoit-elle n’être pas en droit de plaire ? […] Il ne veut exclure aucun genre : il les trouve tous bons du moment qu’ils plaisent, & le meilleur est celui qui est le mieux traité . […] Et la critique est nécessaire, Pour qu’il fasse au public la restitution Des complimens outrés qu’on auroit pû lui faire ; Jusqu’au temps où l’impression Fait voir combien l’ouvrage a mérité de plaire.
L’Auteurs s’est proposé dans celle-ci, comme il le dit lui-même, d’instruire & de plaire.
Jeaurat ; faites-en tout ce qu’il vous plaira.
La cause doit vous plaire, Un voyageur de ma connaissance vous portera toutes les nouvelles de Suisse que vous désirez. […] Ce qui m’y plaît c’est Villers, à qui je trouve vraiment beaucoup d’esprit, et je vous recommande de tirer parti de cet esprit cet hiver : il a toutes les idées du nord de l’Allemagne dans la tête. […] Quoiqu’il soit homme d’esprit et qu’il ait le goût et l’habitude du monde, je ne sais pourquoi il ne me plaît guère. […] Il me plaît, lui, par tout ce que j’ai de bon dans l’âme ; mais vous, vous me plaisez également par ce que j’ai de bon et par ce que j’ai de mauvais. Prenez cela pour une épigramme, si vous voulez, et plaignez-vous d’être à la fois assez aimable pour plaire à mes goûts frivoles, tandis que vous me prenez l’âme par tout ce qu’il y a de noble et de pur dans la vôtre.
Challe L’idée et l’exécution du Jeune Turenne endormi sur l’affût d’un canon, me plaisent.
Restez, partez : faites ce qu’il vous plaira ; je ferai ce que vous ferez. […] Si elles te plaisent, tant pis pour moi : c’est qu’elles ne valent rien. […] Ce rôle de Nicomède était un de ceux que Molière se plaisait à jouer. […] Ce sera pour moi quand il plaira à Dieu. » Il resta donc et, atteint de la maladie, y succomba, en 1650, âgé de quarante et un ans. […] D’ailleurs, au moment où il imite Polyeucte, cette louange est une dette, que sa loyauté se plaît à acquitter.
La muse du poète n’a pas fixé son séjour dans le seul pays des rêveries ; bien qu’elle nous en rapporte de hautes inspirations, elle se plaît surtout aux choses, aux belles choses de la nature et ne dédaigne pas l’humour.
Ce Voyage est écrit avec un ton de liberté & de franchise qui plaît, malgré la prolixité & l’incorrection du style.
Cependant comme cela a été fait d’après beau, le premier coup d’œil vous en plaît.
Que ceux qui depuis ont voulu faire un Ducis tout royaliste, et qui ont très probablement étriqué ou écourté sa correspondance dans ce sens-là, s’en accommodent comme ils le pourront ; il écrivait à son ami Hérault de Séchelles, commissaire de la Convention dans le département du Mont-Blanc, à la date du 15 mars 1793 : « … Que les Alpes ont du plaire à ton âme républicaine et haute comme elles ! […] Abufar ou la Famille arabe réussit fort, après quelque petite hésitation, et fut l’une des émotions littéraires du printemps de 1795 : au sortir de la tyrannie de Robespierre, on se plaisait à ces images de pasteurs et de chameaux du désert, à ces peintures patriarcales embellies. […] Comme il vous, plaira, ma verve ; ce qu’il y a de sûr, c’est que je ne ferai rien sans vous. » Son cabinet de travail, au troisième, ressemblait à un vaste grenier ; il s’y trouvait bien à quatre-vingts ans comme à vingt. […] Mme de Saint-Pierre78, sans être jolie, a une figure qui plaît par l’expression de douceur et de bonté qui y est répandue, et surtout par un regard très gracieux.
Ce n’est pas assez encore : il faut qu’elle plaise. […] Comme Molière et comme Racine, Boileau ne saurait admettre que la poésie n’ait pas pour objet de plaire. […] On a peur que ce naturaliste ne se plaise qu’aux imitations enjolivées de la nature, et que la vérité qu’il aime ne soit pas la vérité toute franche, belle de sa nudité vivante et savoureuse, mais un bénin reflet de vérité, doucement tamisée pour les yeux délicats par les voiles coquets du bel esprit. […] On l’enveloppait de formes, et ce qui nous plaît aujourd’hui comme une vive expression de la nature, eût fait l’effet alors d’une pure inconvenance.
Guy de Maupassant Les Poésies de Catulle Mendès : Il est si rare de rencontrer un livre qu’on aime parce qu’on y retrouve tout ce qui vous plaît, et la forme et la pensée, et toutes ces préoccupations d’artiste que beaucoup de poètes ne soupçonnent même pas. […] Quelles que soient mes réserves sur ce qui va suivre, je me plais à dire qu’une pareille scène aussi largement conçue que hardiment exécutée atteste la présence, chez M. […] Le roman romanesque où se plaît M. […] Henry Fouquier Médée est l’œuvre noble d’un poète qui croit que l’étude des passions éternelles transportées dans le monde de la légende, s’exprimant en une belle langue, dramatique et lyrique à la fois, interprétée, et j’ajoute : mise en scène par une tragédienne et une artiste incomparables, peut encore plaire à un public très désorienté et le rallier à une pure œuvre d’art.
On n’y est pas ébloui de la mobilité féminine, et le naturel en plaît davantage, parce qu’il vient de la raison qui dédaigne les gentillesses sans se priver des vraies grâces. […] Les caractères abaissés, les influences des cabinets secrets, la servitude des courtisans, les ministres portés au conseil par leur habileté au jeu de billard, les gens de guerre qui ont peur du feu187; une vieille femme qui se rend puissante auprès du maître le plus jaloux, en affectant de ne vouloir que ce qu’il veut ; les fortunes faites par les petits moyens, depuis que les grands sont devenus suspects ; les anecdotes innombrables, depuis que les grandes actions sont devenues rares ; voilà la matière où se plaît Saint-Simon et où il excelle. […] Tacite se plaît, comme peintre, aux spectacles qui l’affligent comme citoyen. […] Mais à Rome ainsi qu’à Versailles l’humeur du prince donnait seule le prix aux choses ; le vrai n’était vrai que s’il l’était selon la raison du maître, et la vertu qui ne songeait pas à plaire n’était pas innocente.
. — Eh bien, non, nous ne nous plaisons aux histoires violentes que parce que nous sommes un peuple doux, généralement doux. […] Hennequin n’a fait que la part des admirations par reconnaissance de soi-même en autrui, par imitation. « L’admiration, dit-il, est formée en partie par l’adhésion, par la reconnaissance de soi-même en autrui ; or, évidemment on ne peut se reconnaître en deux types, et mieux l’on s’est reconnu en un, moins on peut se reconnaître en d’autres36. » Mais, répondrons-nous, l’admiration comme l’affection se plaît quelquefois aux contrastes ; elle va au nouveau, à ce qui nous sort de nous-mêmes. […] Mais, précisément à cause de cette infériorité de la puissance novatrice dans la masse, tout ce qui satisfait indirectement l’instinct novateur lui plaît. […] Il faut donc qu’un roman, pour être cru d’une certaine personne et, par conséquent, pour l’émouvoir, pour lui plaire, reproduise les lieux et les gens sous l’aspect qu’elle leur prête ; et le roman sera goûté non en raison de la vérité objective qu’il contient, mais en raison du nombre des gens dont il réalisera la vérité subjective, les idées, l’imagination. » (Hennequin, la Critique scientifique.)
Ils savent trop bien leur métier, les poètes dramatiques surtout, qui sont obligés de plaire aux instincts, aux passions, aux penchants de la multitude, et qui savent que, surtout dans l’art de la comédie, il arrive souvent que celui-là ne prouve rien, qui veut trop prouver. […] Mais le ridicule qui est quelque part, il faut l’y voir, l’en tirer avec grâce et d’une manière qui plaise et qui instruise. » Il disait aussi, et l’on croirait entendre Molière, mais un Molière plus correct et plus châtié : « Le philosophe consume sa vie à observer les hommes, et il use son esprit à en démêler les vices et les ridicules. […] Je voudrais bien savoir si la grande règle de toutes les règles n’est pas de plaire, et si une pièce de théâtre qui a attrapé son but, n’a pas suivi un bon chemin ? […] En un mot, le grand art de la comédie c’est de plaire, elle peut se soucier du reste.
Que l’esprit ne craigne donc pas de se plaire et de s’arrêter à ces charmantes études, qui renferment une si grande part de l’histoire des peuples ! […] Il se plaît aux amours des nymphes qu’il poursuit, et aux merveilles des arts qu’il inspire. […] Elles sont bien détournées, en effet, et, comme dit Bossuet : « Le chant de Salomon est tout délice ; partout des fleurs, des fruits, la douceur du printemps, les jardins verdoyants et arrosés, les eaux courantes, les puits, les fontaines, les parfums composés avec art, ou nés du sein de la terre ; et encore, les colombes, la mélodie des tourterelles, le miel, le lait, le vin : puis, dans les deux sexes, la dignité et la grâce ; des amours aussi pures que charmantes : et, si quelque horreur s’y mêle, les rochers, l’aspect sauvage des montagnes, l’antre des lions, c’est encore afin de plaire, et comme un contraste pour varier et rehausser l’éclat du tableau. » Le pieux évêque, en résumant ainsi le Cantique des cantiques, y supprime des libertés de langage bien plus vives, et qui cependant n’excluent pas cet idéal religieux que, dans une poésie plus moderne, l’Orient a souvent allié aux attraits du plaisir et de la passion. […] Plut.
Duché étoit Valet-de-Chambre de Louis XIV ; &, pour plaire à ce Monarque, il consacra ses talens à des Ouvrages pour les Dames de Saint-Cyr.
On doit cependant rendre justice à Vadé ; quelques-uns de ses Opéra bouffons, un grand nombre de ses Chansons, sur-tout ses Vaudevilles, fourmillent de traits de naïveté, de finesse, de gaieté, & ont par-dessus tout une tournure qui peut plaire à l’esprit, dans des momens de délassement.
Ses Ouvrages annoncent de l'esprit & des talens, qui devoient plaire dans les premiers jours de notre Littérature.
Depuis ce temps, elle se plaisait à signer : Votre imperturbable ; et en pesant exprès sur chaque syllabe, elle lui disait longuement : « J’ai donc de l’im-per-tur-ba-bi-li-té. […] Ses lettres sont bien de la femme préoccupée de plaire, qui disait au prince de Ligne : « N’est-ce pas que je n’aurais pas assez d’esprit pour Paris ?
Le désir de plaire excite leur esprit ; la raison leur conseille l’obscurité ; et tout est arbitraire dans leurs succès comme dans leurs revers. […] Le danger très rare de rencontrer une femme dont la supériorité soit en disproportion avec la destinée de son sexe, doit-il priver la république de la célébrité dont jouissait la France par l’art de plaire et de vivre en société ?
Il plaît aux simples par la simplicité vraie de ses conceptions, aux raffinés par le raffinement merveilleux de son faire ; et c’est pourquoi — rare exception ! […] Je vous assure qu’il n’use pas d’autre sortilège pour plaire à beaucoup de femmes et à beaucoup d’hommes.
Seulement ce qu’il y a et ce qui plaît, du reste, c’est qu’on sent que l’auteur n’a rien voulu de tout cela et que la prétention du bas-bleu qui se tend pour se donner des muscles, comme un homme, n’a pas fait tort à son naturel de femme et d’écrivain. […] Elle plaît, par le contraste avec les livres ambiants de la littérature contemporaine.
Il avait l’humilité fière qui plaît tant aux femmes, dans les hommes faits pour les séduire, et qui plaît tant aussi aux Puissances, parce qu’elles sont des femmes aussi !
Je veux, moi, défendre son livre, qui me plaît, contre Grenier, à qui son livre ne plaît plus.
Ses lettres, voilà sa gloire, si gloire il y a pour ces choses légères, pour ces pastels pâlis et ces arcs-en-ciel sitôt évanouis, et qui, pâlissant et s’évanouissant, plaisent encore, et, peut-être, comme les blondes qui furent rayonnantes et que le monde appelle passées, plaisent aux âmes tendres davantage !
Aux voix des frères de sa vingtième année, il a su joindre sa personnelle chanson et unir aux hymnes déjà grandioses de plusieurs l’humble et exquise mélodie de ses pipeaux de pâtre… Je crois que ce pastourel a été un peu à l’école du Rêve chez Shakespeare et Henri Heine, à celle des beaux vers chez Léon Cladel et Paul Verlaine, et c’est un peu pour cela que l’on ne pourrait définir absolument les endroits où il lui plaît de s’arrêter.
L’Invasion est un livre où les délicats et les puristes trouveront bien à reprendre, mais qui leur plaira à tous par la sincérité de l’accent et la vivacité du style.
Tant qu’un style simple & naïf aura de quoi plaire, ses Ouvrages seront lus avec plaisir par ceux qui aiment à retrouver les traces de l’ancienne aménité Françoise.
Il est vrai que la maniere de penser, de disserter, de moraliser, est un titre assuré pour plaire aux tristes Penseurs de notre temps ; mais encore faudroit-il savoir assaisonner ses pensées, ses dissertations, sa morale, les embellir des graces du style, & les présenter ainsi parées au Lecteur, qui n’estime que ce qu’il peut goûter.
Son couronnement a eu lieu au Là, s’il vous plaît, chez Boulanger, traiteur, à la barrière des Vertus. […] Le jour où il me plaira de tenter la fortune des planches une quatrième fois, je commencerai par choisir mon terrain avec le plus grand soin, afin de livrer bataille dans les meilleures conditions possibles. […] Donc il ne me plaisait pas de lutter avec mon roman et de courir les risques de ce casse-cou. […] Busnach mit son point d’honneur à le faire mentir ; comme son plan plut à M. […] J’en aurais trop long à dire… Tu as fait ce que tu as voulu, dans ton temps ; aujourd’hui, je fais ce que je veux… Et si ça ne te plaît pas, tant pis !
Jules Renard, et les comparaisons compliquées et géométriquement exactes où se plaît l’auteur de Sourires pincés .
C’est quand vous êtes dans ces tons justes que vous me semblez le plus vous-même et qu’il me plaît surtout de vous reconnaître.
Les Philosophes qui sont si habiles à rechercher, & si impitoyables à condamner les moindres fautes des Empereurs Chrétiens, prétendent-ils qu’on ferme les yeux sur des extravagances choquantes, parce qu’il leur plaît de déclarer qu’un tel Prince est de leur Secte, & par conséquent absous de tout ce que la raison & le bon sens peuvent lui reprocher ?