Les Observations curieuses sur toutes les parties de la Physique, en trois vol.
Valait-il mieux réduire cet édifice à un effet ordinaire et commun par l’observation rigoureuse des proportions que de lui donner un aspect étonnant par une ordonnance moins sévère et moins régulière ?
Cette observation n’est pas si fondée qu’elle le paraît d’abord.
Les magistrats des cours souveraines font en France une autre observation qui prouve la même chose.
A propos d’un Werther en musique, il y a quelques années, averti par les observations de plusieurs critiques éminents de l’insignifiance et de la puérilité du Werther de Goethe, je relus Werther, que je n’avais pas lu depuis à peu près un demi-siècle, ayant accoutumé de relire plutôt Faust et le Divan, Je fus certainement moins ému qu’à seize ans ; je ne pleurai point ; mais je fus frappé de la solidité de l’ouvrage, de l’admirable disposition des parties, de la progression lente et forte, de tout ce qu’il y a enfin de savant dans cet ouvrage d’un étudiant et qui ne se retrouve plus du tout, beaucoup plus tard, dans les Affinités électives.
Je n’ai qu’une observation à ajouter.
… About, qui nie même la poésie de la Grèce, qui arrache ce dernier haillon d’or et de pourpre aux fils d’Homère, et qui, par le fait de son genre d’esprit encore plus que de ses observations personnelles, se range du côté de l’opinion acceptée sur ce pays durement jugé ; Edmond About n’a plus qu’à la justifier et à la faire saillir.
L’observation de Topffer ne perce pas le plan des joues qu’il colore.
S’imagine-t-on bien ce qu’un pareil génie, sans réminiscence, et placé bien en face de la nature avec son observation pour toute ressource, serait devenu et aurait fait ?
Est-ce de l’observation, du piquant, du talent au moins ?
Cela suffirait seul pour justifier nos observations sur Erckmann-Chatrian, qui, de nature, n’est pas fait pour ce monde à part, surnaturel et clair-obscur, ou fantastique, et dont le talent n’a qu’au plein jour de la vie réelle et corpulente, sa force et son intensité.
En traitant de ce sujet, nous ne pouvons omettre une observation importante qui jette beaucoup de jour sur celle que nous avons faite dans la Méthode (il nous est aujourd’hui difficile de comprendre, impossible d’imaginer la manière de penser des premiers hommes qui fondèrent l’humanité païenne 80).
Bien de plus exact que cette observation, mais rien de plus rapide que la réaction qui suivit. […] Est-elle aussi grande, non pas qu’il me le fait dire, car il a singulièrement exagéré la portée de mes observations, mais aussi grande que je l’ai dit ? […] Edmond About a prouvé une fois de plus qu’il avait le don de l’observation pessimiste et le talent du récit. […] Comme observation générale, j’ajouterai que M. […] Il a le goût passionné du chef de son école pour l’analyse, sa patiente observation des détails dans les descriptions, le tour systématiquement pessimiste de son esprit dans ses observations sur la nature humaine et sur l’a société contemporaine, la cynique hardiesse de son incrédulité en matière de vertu.
C’est Hogarth qui l’initia à se plaire à l’observation des hommes, et aussi à se passionner plus tard pour Shakspeare, à qui il l’a souvent comparé, à s’éprendre enfin de Richardson, de Fielding, des grands moralistes romanciers de l’école anglaise. […] Ce sont mes amitiés d’abord… » Ensuite ce sont ses plaisirs, ses jouissances saines d’homme naturel, d’artiste, le dîner du dimanche sous la treille, le coudoiement du peuple, la source perpétuelle de l’observation vive. « Sous ces feuillages je retrouvais, dit-il, les jeux charmants de l’ombre et de la lumière, des groupes animés, pittoresques, et cette figure humaine où se peignent sous mille traits la joie, l’ivresse, la paix, les longs soucis, l’enfantine gaieté ou la pudique réserve. » Jean-Jacques sentait de même, pauvre grand homme tant dévoré du bourgeon ! […] Il me semble pourtant, dût la proposition d’abord étonner un peu, que, maintenant que l’Académie française entreprend un Dictionnaire historique de la langue, ce dépôt de vieux parler cantonal, rassemblé dans le Presbytère, pourrait devenir un des fonds à consulter ; on en tirerait à coup sûr des remarques utiles sur la fortune et les aventures de certains mots. — Parmi les observations plus ou moins sérieuses que Charles transmet à Louise à travers l’effusion de ses sentiments, il en est qui touchent à des personnages historiques, célèbres dans le pays ; je noterai le dîner chez M.
Les Rêveries sur la nature primitive de l’homme, de Senancour, publiées quelques années avant René, bien qu’imprégnées de mélancolie et surchargées de divagations métaphysiques, passèrent inaperçues, selon l’observation de Sainte-Beuve, qui ajoute que, « le monde de René était véritablement découvert par celui qui n’a pas eu l’honneur de le nommer ». […] Morellet, Observations critiques sur le roman intitulé Atala, Paris, an IX. […] Observations sur les Indiens de l’Amérique du Nord.
À cela on peut répondre qu’il n’y a rien de plus humble que la prétention à l’observation des faits seulement, et que l’essai de les rendre dans leur vérité. » Outre cette sincérité absolue dans l’observation et dans l’exécution, F. […] Suivez la marche habituelle de sa pensée, vous verrez que jamais il ne part de l’observation concrète pour arriver aux vérités abstraites, mais qu’au contraire il ne s’empare jamais des idées abstraites que pour les concrétiser. […] Si le sujet comporte des détails pénibles, l’auteur les enveloppe de toutes les précautions imaginables, et il sacrifie sans hésiter les données de la physiologie, ou même celles de la simple observation, au besoin de tout arranger. […] Et, pour se rendre compte de la patience et de la sagacité du voyageur italien, il faut lire dans Constantinople le chapitre plein d’observations curieuses qu’il consacre aux chiens errants. […] Cette observation a déjà été faite par M.
M. de Rémusat (passé et présent, mélanges) A voir ce que deviennent sous nos yeux certains personnages historiques célèbres, et comme tout cela se grossit et s’enlumine, se dénature ou (disent les habiles) se transfigure à l’usage de cette niasse confuse et passablement crédule qu’on appelle la postérité, on se sent ramené, pour peu qu’on ait le sentiment du juste et du fin, à des sujets qui, en dehors des tumultueux concours, offrent à l’observation désintéressée un fond plus calme, un sérieux mouvement d’idées et le charme infini des nuances. […] Entouré de leur amicale bienveillance, prenant part à leur intimité, le jeune Rémusat, bien que poussé par sa nature à se chercher d’autres guides, dut gagner dans ce commerce un fonds de notions réelles, d’observations précises, qui servaient de point d’appui à la contradiction même, et qu’étaient loin de posséder, de soupçonner au départ, tous ceux qui, comme lui, allaient à la découverte. […] Il est de ces premières inspirations que l’observation elle-même ne remplace pas. […] Voilà (pour varier la monotonie de la louange) les seules observations du lendemain sur un discours dont l’ensemble et toutes les parties ont constamment réussi auprès de l’assemblée la plus choisie et la plus attentive.
Il se perdra, comme les peintres de son pays, dans l’observation minutieuse et passionnée des petites choses ; il n’aura point l’amour des belles formes et des belles couleurs. […] Vous n’écrirez que des vies, des aventures, des mémoires, des esquisses, des collections de scènes, et vous ne saurez pas composer une action. — Mais si le goût littéraire de votre nation, joint à la direction naturelle de votre génie, vous impose des intentions morales, vous interdit la grande peinture des caractères, vous défend la composition des ensembles, il offre à votre observation, à votre sensibilité et à votre satire, une suite de figures originales qui n’appartiennent qu’à l’Angleterre, qui, dessinées par votre main, formeront une galerie unique, et qui, avec l’image de votre génie, offriront celle de votre pays et de votre temps. » 3. […] » La scène était la voûte nue, unie, monotone d’une école, et le doigt carré de l’orateur donnait de l’autorité à ses observations, en soulignant chaque sentence par un trait sur la manche du maître d’école. […] The scene was a plain, bare, monotonous vault of a school-room, and the speaker’s square forefinger emphasised his observations by underscoring every sentence with a line on the school-master’s sleeve.
Il a été dit, au sein de la commission, beaucoup de choses très fines et très ingénieuses sur les mérites de l’ouvrage en ce sens ; ample justice a été rendue à ces quatre premiers actes surtout, qui sont presque en entier excellents, si nets d’allure et de langage, coupés dans le vif, semés de mots piquants ou acérés, et d’une comédie toute prise dans l’observation directe et dans une réalité flagrante.
Frédéric Mistral, qui n’en serait pas moins ce qu’il est, quand il serait signé par le Gazonal de Balzac, n’existe, comme toutes les œuvres vraiment poétiques, que par le détail, l’observation, le rendu et l’intensité du détail.
salués d’applaudissements de triomphe, des milliers de savants s’emploieront à des investigations physiques presque infinitésimales ; à rechercher la composition atomique et la structure microscopique du corps ; à explorer les formes innombrables de la vie animale et végétale, invisibles à l’œil tout seul ; à découvrir des planètes qui ont parcouru, inconnues pendant des siècles, leurs orbites obscurs ; à condenser, par la puissance du télescope, en soleils et systèmes, ce qui était regardé récemment encore comme la vapeur élémentaire des étoiles ; à traduire en formules numériques l’inconcevable rapidité des vibrations qui constituent ces rayons, si fermes en apparence que les plus forts vents ne les ébranlent pas ; à mettre ainsi en vue les parties les plus mystérieuses de l’univers matériel, depuis l’infiniment loin jusqu’à l’infiniment petit ; mais l’analyse exacte des phénomènes de conscience, la distinction entre les différences, si fines pourtant et si petites, des sentiments et des opérations ; l’investigation attentive des enchaînements les plus subtils de la pensée, la vue ferme mais délicate de ces analogies mentales qui se dérobent au maniement grossier et négligent de l’observation vulgaire, l’appréciation exacte du langage et de tous ses changements de nuances et de tous ses expédients cachés, la décomposition des procédés du raisonnement, la mise à nu des fondements de l’évidence : tout cela serait stigmatisé comme un exercice superflu de pénétration, comme une perte de puissance analytique, comme une vaine dissection de cheveux, comme un tissage inutile de toiles d’araignées ?
Pour moi, je demeure tranquille par la vérité de mon procédé. » Les observations qui se présentent à la lecture de cette lettre ne sont pas indifférentes.
Après cette observation, il seroit inutile de réfuter des décisions aussi étrangeres que celles que nous venons de citer.
Malgré l’ignorance des effets et des causes, et les règles de convention qui ont été les suites de cette ignorance, j’ai peine à douter qu’un artiste qui oserait négliger ces règles, pour s’assujettir à une imitation rigoureuse de la nature, ne fût souvent justifié de ses pieds trop gros, de ses jambes courtes, de ses genoux gonflés, de ses têtes lourdes et pesantes, par ce tact fin que nous tenons de l’observation continue des phénomènes, et qui nous ferait sentir une liaison secrète, un enchaînement nécessaire entre ces difformités.
Ils sont obligés de partager les soins de leur journée entre un très-grand nombre de malades, parmi lesquels un seul exigerait quelquefois leur observation et leur présence assidues.
Section 15, observations concernant la maniere dont les pieces dramatiques étoient représentées sur le théatre des anciens.
Tous les arts ne sont autre chose que des methodes reglées sur de certains principes, et quand on examine ces principes, on trouve qu’ils sont des maximes formées en consequence de plusieurs observations faites sur les effets de la nature.
Le croiriez-vous jamais de cet homme de sobriété de manière et d’impitoyabilité d’observation ?
Cette dernière observation explique peut-être pourquoi l’emphytéose est un contrat de droit civil, c’est-à-dire du droit héroïque des Romains.
André Gide note les observations qu’il a faites comme juré à Rouen. […] Même observation pour le Lafcadio des Caves du Vatican qui, pour rien, par dilettantisme, s’amuse à précipiter par la portière du wagon un voisin ridicule. […] Mais d’ores et déjà une observation s’impose. […] Caractères Il y a bien des observations fines et des croquis spirituels dans le nouvel opuscule à tirage restreint que M. […] Il y a, d’ailleurs, une foule d’observations tout à fait ingénieuses dans le présent Journal.
Entourés des œuvres si intéressantes d’Aristophane, de Shakespeare, de Molière, et ne trouvant à reproduire sur leur compte que de vieilles banalités, à peine rajeunies dans la forme ; occupés à compter et à mesurer des grains de poussière sur l’aile des grands poètes, les petits maîtres de l’école du goût ressemblent à des enfants ou à des dames s’amusant à manier dans un salon, en l’absence du naturaliste, un magnifique instrument d’observation dont leur frivolité avilirait l’usage, dont leur ignorance ne soupçonnerait pas la portée. […] Un jour donc, la fantaisie lui prit de faire un voyage d’observation, et il se mit en route, muni des instruments de première nécessité, d’une loupe, de l’Art poétique français et d’un flacon d’essences. […] Poursuivant ses observations, il passa en Angleterre. […] Il se jette au cœur des réalités qu’il veut connaître, sort de lui-même pour mieux éprouver la puissance de l’objet, ne juge rien à un point de vue absolu, parce que les jugements absolus isolent ce qui n’est pas isolé, fixent ce qui est mobile dans un monde où tout se touche et s’enchaîne, se limite et se prolonge ; il conserve toujours, partout, ce calme et ferme esprit d’observation que rien n’étonne, qui sait rendre instructives jusqu’aux folies de nos semblables, jusqu’à leurs apparentes déviations de l’ordre et de la loi394. […] Il a moins vu que deviné, ou plutôt, sans aucune faculté surnaturelle, la simple profondeur de son observation a pénétré jusqu’à ce qui devait arriver plus tard, à travers ce qui se passait alors.
Tous ces romans sont des œuvres d’observation et partent d’une intention morale ; c’est que les hommes de ce temps, déchus de la haute imagination et installés dans la vie active, veulent tirer des livres une instruction solide, des documents exacts, des émotions efficaces, des admirations utiles et des motifs d’action. […] Ils rabattent la philosophie dans l’observation et l’application. […] quelle observation minutieuse et infatigable de sa conduite et de la conduite d’autrui1060 ! […] L’observation psychologique atteint ici l’un de ses développements extrêmes. […] Tout le courant de la pensée publique se porte ici vers l’observation de l’âme, et la peinture entraînée roule avec les lettres dans le même canal.
Royer-Collard était éminemment propre à l’application de cette méthode d’observation. […] Encore par l’analyse et l’observation. […] Les premiers sont du ressort de l’observation intérieure ; les seconds, de l’observation physiologique ; les troisièmes, de l’observation extérieure proprement dite. […] Elle est la même dans cette double application observation fidèle, analyse exacte, voilà ce qui la constitue. […] Royer-Collard entreprit d’accomplir la double mission qu’il s’était donnée : consulter l’observation sur l’origine de nos idées, confronter les théories de la philosophie moderne avec les résultats de cette observation assidue, aidée par une sévère analyse.
La quantité de remarques neuves et ingénieuses, de points profonds et piquants d’observation, qui remplissaient une leçon de M. […] Si une observation de M. […] On aperçoit des relations entre les premiers par la comparaison, entre les seconds par l’observation des effets que produisent les causes.
Voici comment il analyse cet instinct d’observation solitaire, ce dévouement à une innocente étude, cette abnégation de tous les soins matériels, cette force intellectuelle d’un homme qui, sans maître, fait toute son éducation d’histoire naturelle au fond des bois, et complète seul une branche de la science, branche importante que l’on désespérait de compléter jamais. […] « Aussi une joie pure et vive, une sorte de volupté paisible, embellirent-elles les années de ma jeunesse, remplies de ces observations qui préludaient à de plus pénibles travaux, et qui me ravissaient. […] Mon enthousiasme me soutenait toujours ; et vingt années d’investigations et d’observations accrurent encore cette flamme secrète qui m’animait.
L’histoire, la réflexion, le travail solitaire du génie, peuvent révéler au poète les caractères et les mœurs de la tragédie ; mais pour la comédie, qui doit être l’image de la société, ni la force du génie, ni les études du cabinet ne suppléent l’observation. […] Molière eût pu trouver dans l’observation de la nature un moyen de la lui arracher une dernière fois ; mais soit fatigue après cinq actes si pleins, soit pitié pour la passion d’Arnolphe et souvenir de son propre cœur, Molière termine la pièce par un dénoûment postiche : il fait retrouver à Agnès un père dans un personnage venu d’Amérique, et son fiancé dans son amant. […] Si l’observation est du génie dans le poète comique, y a-t-il moins de génie à reconnaître la nature dans l’auteur qu’on lit qu’à la surprendre sur l’original qui passe ?
Le dessous des galeries est très-vaporeux ; si j’osais hazarder une observation, je dirais que la partie inférieure des voûtes à gauche sur le devant m’a paru seulement un peu trop obscure, trop noire. […] C’est une observation assez générale qu’on devient rarement grand écrivain, grand littérateur, homme d’un grand goût, sans avoir fait connaissance étroite avec les anciens. […] Pareillement, il est rare qu’un artiste excelle sans avoir vu l’Italie, et une observation qui n’est guère moins générale que la première, c’est que les plus belles compositions des peintres, les plus rares morceaux des statuaires, les plus simples, les mieux dessinés, du plus beau caractère, de la couleur la plus vigoureuse et la plus sévère ont été faits à Rome ou au retour de Rome.
« Il y a bien des Tourangeaux qui n’ont l’esprit qu’à fleur de tête », a dit un jour Gui Patin dans une de ses gaietés de style : il n’a pas assez compris qu’il suffisait d’un Tourangeau comme Descartes pour ruiner son observation de fond en comble. — En vieillissant, il s’enfonce dans ses idées sans les modifier. […] Joignez à ces entêtements, et pour les racheter en partie, bien du bon sens de détail et des observations pratiques.
Lassay était de ces esprits tempérés, bien faits et polis, que l’usage du monde a perfectionnés en les usant, qui ont peu d’imagination, qui n’ajoutent rien aux choses, et qui prisent avant tout une observation juste, une pensée nette dans un tour vif et concis : « Un grand sens, disait-il, et quelque chose de bien vrai renfermé en peu de paroles qui l’expriment parfaitement, est ce qui touche le plus mon goût dans les ouvrages d’esprit, soit en vers, soit en prose. » Il n’allait pas pourtant jusqu’à la sécheresse, et il tenait à rester dans le naturel ; il croyait que les choses qu’on dit ont quasi toujours chance de plaire quand elles sont plutôt senties que pensées : « Il y a des gens qui ne pensent qu’à proportion de ce qu’ils sentent, observait-il ; et il semble que leur esprit ne sert qu’à démêler ce qui se passe dans leur cœur : ces gens-là, qui sont toujours vrais, ont quelque chose de naturel qui plaît à tout le monde. » Chamfort, qui prête quelquefois de son âcreté aux autres et qui est homme à la glisser sous leur nom, a écrit dans ses notes : « M. de Lassay, homme très doux, mais qui avait une grande connaissance de la société, disait qu’il faudrait avaler un crapaud tous les matins pour ne trouver plus rien de dégoûtant le reste de la journée quand on devait la passer dans le monde. » On ne voit rien ou presque rien dans ce que dit et dans ce qu’écrit Lassay qui soit en rapport avec une si amère parole54. […] Lassay put connaître La Bruyère à l’hôtel de Condé ; il est un de ses disciples pour l’observation vraie ; il en a le fond, sinon le relief : Mon étoile bien plutôt que mon goût, dit-il dans une lettre à une femme, m’a conduit à vivre avec des princes, connaissant qu’ils sont encore plus imparfaits que les autres hommes ; car, n’étant pas nécessités à se contraindre, ils se laissent aller à toutes leurs mauvaises inclinations.
Ce n’est qu’après avoir épuisé un sujet qu’on sait nous être agréable et sur lequel on présume que nous aurons quelque chose à dire, qu’on essaye de diriger la conversation vers des objets plus vulgaires. » Sur l’aspect du Canada et des grands lacs, sur les pionniers, ces avant-coureurs sauvages d’une civilisation en marche, sur les Virginiens et leur caractère de gentilshommes qui tranche avec celui des Américains du Nord, sur le départ et l’expropriation des restes de l’antique et puissante tribu des Chactas, M. de Tocqueville a des pages d’une peinture modérée, dans laquelle l’observation et le sentiment moral se combinent de manière à former dans l’esprit une image durable. […] Son esprit n’était satisfait que lorsqu’il avait élevé son observation jusqu’à un degré d’abstraction supérieure ; il atteignait parfois au tableau, mais c’était ce tableau sans personnages et sans figures dont parle M.
Il avait raison, et je traduirai, si Ton veut bien, la même observation à mon tour et à ma manière. […] Aujourd’hui même j’ignore si cette religion de liberté qui redevient en vogue, et que je vois professée partout, admet, un instant, la liberté non pas de la contredire, mais de proposer quelque amendement, quelques observations.
Mais comme nous croyons aussi que, dans l’inventaire posthume, si les contemporains les plus immédiats et les mieux informés ne s’en mêlent promptement pour y mettre ordre, il s’introduit bien du faux qui s’enregistre et finit par s’accréditer, il nous semble qu’il y a lieu à l’avance, et sous les regards mêmes de l’objet, dans l’observation secrète et l’atmosphère intelligente de sa vie, d’exprimer la pensée générale qui l’anime, de saisir la loi de sa course et de la tracer dès l’origine, ne fût-ce que par une ligne non colorée, avec ses inflexions fidèles toutefois et les accidents précis de son développement. […] Molière et La Fontaine faisaient sa perpétuelle étude ; il savourait leurs moindres détails d’observation, de vers, de style, et arrivait par eux à se deviner, à se sentir.
Trop de littéralité judaïque pour l’impression des œuvres posthumes est, qu’on y songe, un autre genre d’infidélité envers les morts : car eux-mêmes, vivants, auraient, en plus d’un cas, avisé et modifié Selon l’observation excellente que j’entendais faire à M allanche, beaucoup de ces mots étonnants et outrés qu’on surprend sur les brouillons de Pascal (comme cela vous abêtira 61, pouvaient bien n’être, dans sa sténographie rapide, qu’une sorte de mnémonique pour accrocher plus à fond la pensée et la retrouver plus sûrement. […] Diane montre pour les maux des humains toute la pitié qui est compatible avec son essence divine ; mais il y a néanmoins dans ses paroles je ne sais quelle empreinte d’une sérénité céleste… Il faudra bien convenir ici que les Anciens ont quelquefois deviné les sentiments chrétiens, c’est-à-dire ce qu’il y a de plus aimant, de plus pur et de plus sublime dans l’âme. » En adhérant aux observations exquises de l’excellent critique, j’avouerai pourtant qu’une chose m’a frappé, au contraire, en lisant ce morceau, en assistant à cette intervention compatissante de la plus chaste des divinités : c’est combien on est loin encore du christianisme, je veux dire du Dieu fait homme et mort pour tous.
Dans la séance du Sénat du 29 mars 1867, à la fin de la discussion sur la loi relative à l’enseignement primaire, M. le comte de Ségur d’Aguesseau crut devoir présenter des observations d’un intérêt général, disait-il. […] Sainte-Beuve eut la parole au début et prononça le discours suivant : Messieurs, Il faut que ce soit le sentiment bien vif d’un devoir à remplir qui m’amène ici, — qui m’y ramène malgré un état de santé très-peu satisfaisant, et quoique je sache à l’avance que la faveur du Sénat, qu’il m’a publiquement retirée dans une circonstance regrettable et mémorable, — je veux dire regrettable pour d’autres que pour moi, — quoique cette faveur, dis-je, ne doive point m’être rendue au sujet des quelques observations que j’ai aujourd’hui à lui soumettre.
Pour en insérer quelques-uns, il a fallu le génie de Molière, la plénitude de sa conception, la surabondance de son observation, la liberté extrême de sa plume. […] Jamais, avec eux, on n’est sur le terrain palpable et solide de l’observation personnelle et racontée, mais toujours en l’air, dans la région vide des généralités pures.
C’était une observation d’Aristote que Boileau s’approprie et qui s’ajuste très bien à sa doctrine. […] En art, en poésie, comme en science, la création n’est qu’observation et intuition ; en sorte que l’invention ne consiste pas à tirer de son esprit ce qui n’a d’existence nulle part ailleurs, mais bien à extraire de la nature ce qui y est, et ce qu’on s’étonnera de n’y pas avoir vu, dès qu’un homme de génie l’aura montré.
D’autres fois les préceptes de courtoisie et de belle morale se grefferont sur les commandements de la morale chrétienne, comme dans ce curieux Châtiement des dames de Robert de Blois, que je ne nommerais pas, si l’on n’y voyait comment peu à peu, dans la comparaison inévitable du fait et de la règle, le moyen âge a fait à la longue son éducation psychologique, comment aussi, dans ce temps d’abstractions et de formules, l’observation précise de la vie s’inscrit en préceptes généraux. […] Le paupérisme, et l’inégalité des biens, la nature du pouvoir royal, l’origine de l’État et des pouvoirs publics, la justice, l’instinct, la nature du mal, l’origine de la société, de la propriété, du mariage, le conflit du clergé séculier et du clergé régulier, des mendiants et de l’Université, l’œuvre de création et de destruction incessantes de la nature, les rapports de la nature et de l’art, la notion de la liberté et son conflit avec le dogme et la prescience divine, l’origine du mal et du péché, l’homme dans la nature, et son désordre dans l’ordre universel, toutes sortes d’observations, de discussions, de démonstrations sur l’arc-en-ciel, les miroirs, les erreurs des sens, les visions, les hallucinations, la sorcellerie et jusque sur certain phénomène de dédoublement de la personnalité, voilà un sommaire aperçu des questions que traite Jean de Meung, outre tous les développements de morale et de satire qui tiennent plus directement à l’action du roman, etje ne sais combien de contes mythologiques extraits d’Ovide ou de Virgile, tels que les amours de Didon et l’histoire de Pygmalion.
Dans l’une et l’autre farce, la fantaisie bouffonne de l’action et du dialogue enveloppe une certaine vérité d’observation, qui n’est pas même dénuée de finesse. […] Il est visible que dans l’esprit de l’auteur anonyme, cette veine d’observation exacte et d’expression des caractères que nous avons signalée dans la poésie narrative ou didactique, s’est rencontrée pour la première fois avec la tradition propre du théâtre comique.
On sent dans la curiosité de son observation une très réelle sympathie. […] Et il pourrait fort bien être édifié par endroits, car rien dans ces livres ne laisse voir que l’auteur n’est plus un croyant, si ce n’est l’exactitude et la franchise de l’observation.
Enfin, se fractionnant et se transposant, elle fait éclore ces sciences d’observations, les dernières venues, la psychologie, qui analyse et classe les états de conscience, la physiologie du cerveau et des centres nerveux, qui étudie, selon les procédés des sciences naturelles, les organes de la pensée. […] L’homme est ainsi constitué, c’est là un fait d’observation banale, qu’il se blase tôt sur ses plaisirs.
Si parfois, par un de ces changements ordinaires sur la scène politique, l’écrivain homme d’État retrouve ses loisirs, et qu’il ait encore la force de reprendre sa plume, alors il rapporte à sa profession bien-aimée un trésor d’observations et de souvenirs : c’est un voyageur enrichi qui revient dans sa patrie. […] Elle renferme dans son sein toute vérité connue de l’homme ; toutes les découvertes de la science, tous les faits constatés par l’observation des sens ou par l’instinct du cœur, tous les axiomes de la raison et de la morale sont les dogmes bienfaisants qu’elle nous propose.
Il y a, à la vérité, des gens qui savent prendre tous les tons, même le lyrique, sans conviction intime, mais enfin mon observation subsiste, ou à peu près. […] Si l’enfant, l’enfant très jeune qui n’a pas encore été dépravé par la société, si l’enfant, très jeune, veut être le loup, ou veut être le renard, je crois qu’il y a, en vérité, une contradiction de cette observation que vous faites maintenant avec votre théorie générale !