Très répandu dans le grand monde, affectionnant particulièrement celui des duchesses dont les noms revenaient sans cesse comme par hasard à sa bouche58, il mettait de la méthode jusque dans les dissipations de chaque journée. […] Il se plaisait, dans les heures bien rares que lui laissait le monde, à écrire sur toutes sortes de sujets, et particulièrement à se souvenir de ses succès de salon, à en fixer la mémoire, à noter ses premières aventures d’esprit, à dénombrer ses nobles relations, et (plus homme de lettres en cela et moins homme du monde qu’on ne l’aurait cru) à tenir registre de tous les jolis mots qu’il avait semés dans sa carrière.
Profondément estimé en France de tous ceux qui avaient lu quelques-uns de ses morceaux de morale et de critique dans lesquels une pensée si forte et si fine se revêtait d’un style ingénieux et savant, il laisse un vide bien plus grand que la place même qu’il occupait, et il serait impossible de donner idée de la nature d’une telle perte à quiconque ne l’a pas vu au sein de ce monde un peu extérieur à la France, mais si étendu et si vivant, dont il était l’une des lumières. […] La distance où il vivait du monde de Paris aidait et enhardissait M. […] Vinet personnellement était résigné à tous les sacrifices ; mais, bien qu’il plaçât autre part que dans le monde sa patrie véritable, il dut souffrir et saigner au dedans pour sa chère patrie vaudoise ainsi ravagée et rabaissée.
A défaut d’une comédie de caractère, il aurait pu y avoir un agencement de pièce mieux entendu, une intrigue mieux ourdie ; le second acte semblait promettre à cet égard, le troisième n’a pas tenu : tout ce monde convoqué dans l’appartement d’Octave n’y produit rien de bien vif, de bien inquiétant ni de bien amusant. […] Mais ce que nous voudrions surtout suggérer à un talent aussi net et aussi naturel d’expression, aussi tourné par vocation, ce semble, aux choses de théâtre, ce serait d’agrandir, avant tout, le champ de son observation, non pas de vieillir (cela se fait tout seul et sans qu’on se le dise), mais de vivre, de se répandre hors du cercle de ses jeunes contemporains, de voir le monde étendu, confus, de tout rang, le monde actuel tel qu’il est, de le voir, non pas à titre de jeune auteur déjà en vue soi-même, mais d’une manière plus humble, plus sûre, plus favorable au coup d’œil, et comme quelqu’un de la foule ; c’est le meilleur moyen d’en sortir ensuite avec son butin, et de dire un jour à quelque ridicule, à quelque vice pris sur le fait : Le voilà !
Il est des hommes qui viennent au monde avec un talent déterminé pour une certaine profession : d’autres naissent propres à differentes professions. […] La nature les met au monde pour suppléer à la disette des hommes de génie, destinez à faire des prodiges dans une sphere hors de laquelle ils n’auront point d’activité. […] Il versifie si correctement, et sur tout, il rime si richement, que ses ouvrages nouveaux ne laissent pas d’avoir un certain cours dans le monde.
Chacun a son monde et se passe parfaitement du monde qui n’est pas le sien. […] Le monde a changé. […] C’est le monde renversé, j’en conviens, mais qui faire ? […] De ce monde surgissent chaque année de hautes et fières intelligences. […] C’est avec cela qu’il a conquis le monde.
Le tout devait se clore par un exposé du système du monde selon la science la plus avancée. […] Le monde est une branloire perpétuelle, dit Montaigne (à cette occasion, les conquérants, les bouleversements successifs des invasions, des conquêtes, d’ici, de là…). […] Chaque monde roule sur lui-même et roule aussi autour du centre. Tous ont leurs lois à part, et toutes ces lois diverses tendent à une loi commune et forment l’univers… Mais ces soleils assis dans leur centre brûlant, Et chacun roi d’un monde autour de lui roulant, Ne gardent point eux-même une immobile place : Chacun avec son monde emporté dans l’espace, Ils cheminent eux-même : un invincible poids Les courbe sous le joug d’infatigables lois, Dont le pouvoir sacré, nécessaire, inflexible, Leur fait poursuivre à tous un centre irrésistible. » C’était une bien grande idée à André que de consacrer ainsi ce troisième chant à la description de l’ordre dans la société d’abord, puis à l’exposé de l’ordre dans le système du monde, qui devenait l’idéal réfléchissant et suprême. […] Brizeux, insérées autrefois au Globe sur le portrait, une lettre de M. de Latour sur une édition de Malherbe annotée en marge par André (Revue de Paris 1834), le jugement porté ici même (Revue des Deux Mondes) par M.
Le monde et la vie n’ont pas de sens : et comment vivre sans savoir pourquoi l’on vit ? […] C’est un monde, un chaos que ce roman, encombré de digressions, d’épisodes, de méditations, où se rencontrent les plus grandes beautés à côté des plus insipides bavardages. […] Elle est aussi un des rares écrivains qui aient su peindre le grand monde : elle en était, elle en avait la tradition par sa grand’mère Mme Dupin. […] Balzac lance les siens à travers le monde, chacun dans sa profession. […] Faguet, Stendhal, Rev. des Deux Mondes, 1er février 1892.
S’appuyant sur la science, d’une Métaphysique à une Éthique va sa « Philosophie évolutive » d’où l’Œuvre entière découlera répondant à son concept, que : « toute œuvre poétique n’a de valeur eue si elle se prolonge en suggestion des lois qui ordonnent et unissent l’être total du monde, évoluant selon de mêmes rythmes ». […] Il en est, il est vrai, de notre génération ou même d’une précédente, qui peut-être du heurt avertisseur (et qui doit à nouveau éveiller les dons prophétiques) dont les sommèrent les Sciences nouvelles, oui, sentirent qu’ils devaient des données du monde et de l’homme, dans l’Intellect. […] Ainsi qu’antérieurement, en les uns et les autres, manquait l’aptitude à trouver et harmonieusement unir, de l’être du monde, les relations essentielles. […] Et il sied de ne point songer et s’attarder à notre vœu, — si l’organisme poétique ne perçoit et ne conçoit pas le monde, spontanément et en immanence, à travers des sons qui parlent. […] Le mouvement d’ondes universelles en une Œuvre poétique, une et harmonieuse, qui, avons-nous dit encore, doit participer des ondes du Tout, — quand toute œuvre poétique n’a pour nous de valeur qu’autant qu’elle se prolonge en suggestion des lois qui ordonnent et unissent l’Être-total du monde… *** Il paraît inutile d’insister sur la nécessité naturelle de suppression de la Strophe.
Dans le premier cas, le monde intérieur de l’âme nous enveloppe en quelque sorte tout entier et nous protège contre toute influence étrangère ; dans le second, le monde extérieur nous sollicite avec l’extrême diversité des sensations qui nous attendent de tous les côtés. […] Pour lui, le monde extérieur n’était qu’un décor et les hommes n’étaient que des comédiens. […] L’intérieur d’un jeune homme riche variera selon le monde au milieu duquel il vit, monde de cheval ou de galanterie. […] Enfin il faudrait que chaque objet du monde extérieur eût une représentation identique dans chaque cerveau humain. […] L’art dramatique suit en cela l’évolution de la vie moderne, et de même que dans le monde chacun prend une personnalité de plus en plus distincte, de même dans le théâtre qui reflète le monde les rôles augmentent en nombre à mesure qu’ils se différencient les uns des autres.
Nulle part au monde on n’éprouve autant de plaisir ni autant de joie. […] Il se prétendait en communication constante avec le monde des esprits invisibles. […] Pas le moins du monde. […] Admiration, raison de vivre, point d’appui en ce monde au levier de l’esprit. […] Bergson a découvert que le domaine de l’intelligence, c’est le monde matériel et inorganique, tandis que le monde de la vie et de l’âme relève de l’intuition.
un bien petit monde, bien peu d’événements, bien peu de personnages. […] Il a goûté et connu la fleur suprême du monde antique et du monde moderne, d’Athènes et de Venise, de la Toscane et de l’Espagne, du Moyen Âge et de la Renaissance. […] Ils s’en vont, à travers l’espace, de monde en monde, de ciel en ciel, chercher quelque amour pour s’y poser et y passer la nuit. […] Il fait comme son monde, il la voile. […] Toutes les doctrines ont été critiquées dans leur rapport avec le monde extérieur.
Il se répand dans le monde ; il y a quelques succès. […] Laurent Tailhade dira au monde, nous le pressentons. […] Ce bohémien de Paul Verlaine est le plus rassis du monde. […] M. de Tinseau, en douze ans, a mis au monde vingt volumes. […] Enfin, tandis que Maupassant aborde des sujets infiniment variés et prend ses modèles dans tous les coins du monde et dans tous les mondes, M.
Et qu’y a-t-il de changé dans le monde ? Sont-ce les lois générales du monde physique, qui en maintiennent l’ordre et en assurent la durée ? […] Mais nous savons aussi que, malgré tant d’abus, ce monde d’autrefois portait en lui des éléments de santé qui nous manquent […] Mais en achevant la lecture de ces quelques pages, un monde d’idée a été remué en vous. […] Ils ne décrivent du monde extérieur que ce qu’ils en voient, et ils n’en voient que ce qu’ils en sentent.
Cette vérité, évangélique et merveilleuse, libératrice et rénovatrice, c’est le principe de l’idéalité du monde. Par rapport à l’homme, sujet pensant, le monde, tout ce qui est extérieur au moi, n’existe que selon l’idée qu’il s’en fait. […] C’est ce que Schopenhauer a vulgarisé sous cette formule si simple et si claire : Le monde est ma représentation. […] Autant d’hommes pensants, autant de mondes divers et peut-être différents. […] En ces instituts (et le monde civilisé n’est qu’un vaste Institut) toute nouveauté est tenue pour blasphématoire, et toute affirmation personnelle devient un acte de démence.
Contrée, empire, ou individu, ou monde, chacun a eu son jour ; et que ce jour ait eu des milliers d’années, ou des milliers de jours, ou des milliers de minutes, il est passé sans retour, et une fois passé, ce n’est plus qu’un point bientôt imperceptible dans la durée infinie. […] De là j’ai passé au romantisme poétique et par le monde de Victor Hugo, et j’ai eu l’air de m’y fondre. J’ai traversé ensuite ou plutôt côtoyé le Saint-Simonisme, et presque aussitôt le monde de La Mennais, encore très-catholique. […] Dans toutes ces traversées, je n’ai jamais aliéné ma volonté et mon jugement (hormis un moment dans le monde de Hugo et par l’effet d’un charme), je n’ai jamais engagé ma croyance, mais je comprenais si bien les choses et les gens que je donnais les plus grandes espérances aux sincères qui voulaient me convertir et qui me croyaient déjà à eux.
Le philosophe était pour elle le sage, le chercheur, Jupiter sur le mont Ida, le spectateur dans le monde. « Parmi ceux qui accourent aux panégyres de la Grèce, les uns y sont attirés par le désir de combattre et de disputer la palme ; les autres y viennent pour leurs affaires commerciales ; quelques-uns enfin ne s’y rendent ni pour la gloire, ni pour le profit, mais POUR VOIR ; et ceux-là sont les plus nobles, car le spectacle est pour eux, et eux n’y sont pour personne. […] Si nous concevons que l’esprit humain, dans sa légitime impatience et sa naïve présomption, ait cru pouvoir, dès ses premiers essais et en quelques pages, tracer le système de l’univers, les patientes investigations de la science moderne, les innombrables ramifications des problèmes, les bornes des recherches reculant avec celles des découvertes, l’infinité des choses en un mot, nous font croire volontiers que le tableau du monde devrait être infini comme le monde lui-même. […] Le monde n’est-il pas le premier objet qui excite la curiosité de l’esprit humain, n’aiguise-t-il pas tout d’abord cet appétit de savoir, qui est le trait distinctif de notre nature raisonnable, et qui fait de nous des êtres capables de philosopher ?
L’œil clair et doux de ces âmes simples contemplait l’univers en sa source idéale ; le monde dévoilait peut-être son secret à la conscience divinement lucide de ces enfants heureux, à qui la pureté de leur cœur mérita un jour de voir Dieu. […] A chaque pas, dans le nuage qui passait, le grain qui germait, l’épi qui jaunissait, on voyait le signe du royaume près de venir ; on se croyait à la veille de voir Dieu, d’être les maîtres du monde ; les pleurs se tournaient en joie ; c’était l’avènement sur terre de l’universelle consolation : « Heureux, disait le maître, les pauvres en esprit ; car c’est à eux qu’appartient le royaume des cieux ! […] En dégageant l’homme de ce qu’il appelait « les sollicitudes de ce monde », Jésus put aller à l’excès et porter atteinte aux conditions essentielles de la société humaine ; mais il fonda ce haut spiritualisme qui pendant des siècles a rempli les âmes de joie à travers cette vallée de larmes. […] Dans nos civilisations affairées, le souvenir de la vie libre de Galilée a été comme le parfum d’un autre monde, comme une « rosée de l’Hermon 504 », qui a empêché la sécheresse et la vulgarité d’envahir entièrement le champ de Dieu.
Le mot d’âge signifie un temps trop court pour m’en servir ici, et d’ailleurs le monde est dans l’habitude de se servir du mot de siecle, quand il parle de ces temps heureux, où les arts et les sciences ont fleuri extraordinairement. […] Ils ont du moins quelque lueur de ce qu’ils peuvent valoir au juste, et ils s’apprétient eux-mêmes dans le fond de leur coeur, à peu près à la valeur qu’ils ont dans le monde. […] C’étoit-là le véritable motif qui attiroit tant de monde aux jeux qui se célebroient en differentes villes. Les portiques publics où les poëtes venoient lire leurs vers, et où les peintres exposoient leurs tableaux, étoient les lieux, où ce qui s’appelle le monde se rassembloit.
Prenez-les toutes, si vous voulez, celles qu’on ne lit plus, depuis Mlle de Scudéry, qui écrivait des romans, jusqu’à Mme Barbié du Bocage, qui écrivit un poëme épique, les femmes, même avec de l’esprit et du talent, n’arrivent jamais à des succès qui durent, et c’est une justice de la destinée, car les femmes n’ont pas été mises dans le monde pour y faire ce que nous y faisons… Quand l’homme y fait l’ange, il y fait la bête, dit ce brutal de Pascal, mais lorsque la femme y fait l’homme, cela suffit, à ce qu’il paraît, pour arriver au même résultat. […] En se travaillant immensément, en se tortillant, en se donnant beaucoup de courbatures, Mme Sophie Gay, qui pouvait rester une femme du monde spirituelle, était parvenue à faire de son esprit je ne sais quel talent sans naturel, sans originalité et sans grâce. […] Elle ignore s’il a sa raison d’être, s’il existe créé par l’opinion seule ou indépendant de cette opinion que Pascal appelait la reine du monde ; s’il est enfin la transgression d’une loi d’ordre et d’harmonie ou simplement une grimace, un faux pli de l’organisation humaine, une faute ou une infirmité. […] Observatrice myope, elle n’a vu, à ce qu’il paraît, que des ridicules gais, que les ridicules qui font rire et qui, pour cette raison, font rechercher par le monde ceux qui les possèdent pour qu’on puisse agréablement se moquer d’eux.
Sans beaucoup de peine et d’efforts, et en restant dans les travaux de toute sa vie, il pouvait conquérir littérairement le nom d’Asiatique et se faire une gloire éclatante et facile, à une époque où l’esprit d’aberration philosophique qui mène le monde s’est engoué de l’Asie, et poétiquement, scientifiquement, politiquement, — de toutes les manières enfin, — en a monstrueusement exagéré la grandeur. […] Ils désignent seulement des haches humaines dont le manche est dans la main de Dieu… Témoin plus que personne, par ses voyages et ses études, de cette stérilité historique dont l’Asie est frappée, Huc, qui n’est ni un panthéiste ni un matérialiste, puisqu’il est prêtre, a dédaigné de refaire sur des proportions sans justesse une histoire qu’on pourrait bloquer en quelques pages, tant elle est monotone et bornée, et il a choisi pour nous la raconter la seule chose qui soit vraiment digne d’une histoire, cette transfusion tant de fois essayée du Christianisme dans les veines du monde oriental, cette transfusion qui n’a pas réussi encore, mais qui doit réussir, si l’Asie n’est pas irrémissiblement condamnée ! […] Remontant aussi haut qu’on puisse remonter dans une pareille histoire, l’abbé Huc, qui a lu sur son sujet tout ce qu’on peut lire en Chine ou ailleurs, discute avec beaucoup de compétence la légende syriaque et grecque de saint Thomas l’apôtre évangélisant les Indes, et montre, sans l’affirmer positivement cependant, que le Christianisme a pu pénétrer des Indes en Chine presque au même moment où il faisait son apparition dans le monde occidental. […] … Et quelle notion prise dans ce Christianisme, repoussé par la Chine, empêcherait d’admettre aujourd’hui l’impossibilité d’une conversion à laquelle on a résisté pendant des siècles, et cette vue d’un châtiment, pour les peuples qui n’ont pas, comme les individus, d’autre monde pour expier leurs fautes, sans laquelle l’ordre croule et l’Histoire ne se comprend plus !
Cela arrive parfois, dans le meilleur des mondes possibles. […] Aujourd’hui, un homme d’esprit, et audacieux… pour un professeur, s’est permis de donner une édition de Pierre Saliat et de manquer ainsi au pédantisme routinier qui mène le monde. […] Eugène Talbot nous dit qu’il avait traduit, avec les neuf livres de l’histoire d’Hérodote, le recueil de Georges Gémiste, dit Pléthon, l’oraison de Salluste contre Cicéron et celle de Cicéron contre Salluste, deux autres oraisons de Salluste à Jules César, un opuscule d’Aristote : du Monde, un autre (du Monde aussi) de Philon, le Songe de Scipion, etc.
Il fut des artistes en Italie qui ont su faire tenir un monde d’événements et de figures sur le diamètre d’un noyau de cerise, ciselé de la pointe d’un canif. […] Pénélope sans Ulysse, qui, dans l’oisiveté du cœur et de l’action, fait et défait éternellement sa tapisserie, la Philosophie n’a rien mis dans le monde qui n’y fût sans elle ; et si elle n’en a rien ôté des vérités qu’elle n’a pas faites, elle en a du moins beaucoup faussé, et son mérite, quand elle en eut, fut de redresser ses voies fausses et d’admettre enfin ce qu’elle avait d’abord repoussé. […] Qu’est-ce que toutes les philosophies du monde ont ajouté aux traditions de la vérité primitive et à celle qui les résume toutes, — à la doctrine de Jésus-Christ ? […] L’économique de la tradition place la richesse dans le monde en germe et dans le ciel en fleur.
Les événements qui se sont accomplis dans le monde moderne ont été si puissants et si terribles, les esprits et les âmes ont été remués à de telles profondeurs que le prêtre lui-même, le prêtre qui vit dans un écart sublime et dans l’impassible lumière du sanctuaire, en a ressenti le contrecoup. […] Il faut léguer la paix au monde avec une dynastie. Écrivez le testament politique qui va assurer cette survivance nécessaire au monde, si le monde n’est pas condamné.
… Bien souvent la déesse féconde Fait éclore un hasard qui s’empare du monde ! […] Et celui que servent les anges, Qui tient le monde sur son doigt, Était là, tout transi de froid, Comme un pauvre enfant dans ses langes. […] Siméon Pécontal a publié, en 1854, un volume de Ballades et Légendes qui pourrait être la première pierre d’une renommée, si l’attention du monde était aux esprits délicats et à leurs œuvres, mais le monde est ailleurs.
La première cocotte à cheval, au bois, et même le cheval sans la drôlesse dessus, les intéresse bien plus qu’un homme de génie mort il y a déjà trente ans, et dont la gloire, comme toutes les gloires, dans ce plat monde de bavarderie superficielle, n’est plus qu’une silencieuse momie. […] Qu’importent ces laideurs morales passagères chez les poètes, où tout est de passage ; chez les poètes, ces innocents coupables lorsqu’ils sont coupables, pour qui, en raison même des facultés qui font leur génie, la liberté humaine est moins grande que pour les autres hommes dans ce malheureux monde tombé ! […] Les gens sans pensée qui picorent sur des mots, ont appelé Heine une âme païenne parce qu’il a fait jouer dans le diamant de son imagination réverbérante quelques formes du monde antique, mais il n’était pas plus païen que chrétien et que juif. […] … Poète en rapport direct avec le monde et l’Histoire par la poésie, il a fait œuvre de poète, il a fait œuvre de beauté.
Littérairement, il représente, dans l’état actuel de sa pensée et de ses ouvrages, cette espèce d’hommes du monde charmants — et même brillants — qui ne sont pourtant que les seconds pour les femmes. […] « Il faut égorger son monde quand on le vole », a dit quelqu’un en parlant des imitateurs. […] Intéressants pour ces derniers, mais d’un intérêt qui n’a pas le poignant de la nouveauté, ce sont des créations de deuxième et de troisième main, ressemblant à tous ces contes dans le surnaturel et le merveilleux dont le monde féerique est la base, ce monde qui n’existe que pour les imaginations à leur aurore, que ce soient des enfants de peuples ou des marmots d’enfants.
le monde ne serait qu’une illusion, sans autre intérêt que de servir à l’art ? […] Barrès dans une paradoxale boutade, qu’on est un homme pour qui le monde Visible n’existe pas. […] S’il n’y a pas de Pitié Suprême, le monde est odieux : c’est entendu. […] Il est entendu que pour le chrétien tout ce qui arrive dans le monde est providentiel. […] … Tu te souviendras de notre enfant qui est morte en venant au monde ?
Cinq longues années se passèrent de la sorte, fort adoucies sans doute par les visites d’amis, par des voyages et des séjours que bientôt Bernis put faire dans le Midi chez les personnes de sa famille, mais enfin cinq années d’exil et d’éloignement obligé du monde. […] Il était temps que les affaires et le monde revinssent occuper cette vive et brillante intelligence. […] Dans ma plus grande jeunesse elles m’ont ouvert une porte agréable dans le monde ; elles m’ont consolé de la longue disgrâce du cardinal de Fleury et de l’inflexible dureté de l’évêque de Mirepoix. […] Une main invisible m’a conduit des montagnes du Vivarais au faîte des honneurs ; laissons-la faire, elle saura me conduire à un état honorable et tranquille ; et puis, pour mes menus plaisirs, je dois, selon l’ordre de la nature, être l’électeur de trois ou quatre papes, et revoir souvent cette partie du monde qui a été le berceau de tous les arts. […] J’ai voulu citer ce passage entier, le témoignage ayant tout son prix de la part de l’homme le moins aristocratique du monde, et qui sera, un jour, l’austère Roland.
Figurez-vous donc en Boileau un bourgeois do Paris, bon vivant, habitué des cabarets à la mode, élevé dans un monde de greffiers et de procureurs. […] La peinture du monde clérical, dans le Lutrin, manque de profondeur psychologique : mais trouvez au xviie siècle une représentation de mœurs ecclésiastiques plus exacte et plus vivante. […] L’auteur connaît bien ce monde-là, et je n’en veux qu’une preuve, le moyen très ecclésiastique par lequel le trésorier s’assure la victoire. […] Nous le dirions encore moins de l’Épître IV, ce fragment d’épopée élaboré par la tête la moins épique du monde, où chevauchent si étrangement cuirassiers et courtisans parmi des naïades effarouchées, où, selon l’exorde et la conclusion, l’intérêt principal se porte moins sur l’action que sur le poète si laborieusement vainqueur de la, dureté des noms hollandais. […] Il sera réduit à ce petit coin du monde extérieur, où la fortune en naissant l’a logé.
Si elle n’a pas cet air de grand monde et de distinction suprême qui est le cachet de celle d’Hamilton, elle n’en a pas non plus le raffinement de causticité ni la sécheresse. […] « On ne vaut dans ce monde que ce qu’on veut valoir », a dit La Bruyère. […] Il avait trop de mépris pour tout ce qu’on cherche à se faire accroire dans le monde les uns aux autres. […] Je viens de lire sa Foire des fées, son Monde renversé, de fort jolies farces vraiment. […] Cette surdité, qui augmenta avec les années, avait dû contribuer à l’éloigner des cercles du beau monde, mais elle n’avait en rien altéré sa gaieté naturelle.
Bref, il ne manquait rien au comte de La Marck de ce qui constituait alors un homme du plus grand monde, vivant sur le pied le plus agréable et dans une flatteuse considération. […] En un mot, il n’avait ni les formes ni le langage de la société dans laquelle il se trouvait ; et quoique, par sa naissance, il allât de pair avec ceux qui le recevaient, on voyait néanmoins tout de suite à ses manières qu’il manquait de l’aisance que donne l’habitude du grand monde. […] N’oublions pas que nous sommes ici chez le prince de Poix, c’est-à-dire au point de vue de Versailles et de ce monde exquis, élégant, d’une simplicité qui était le dernier degré du bon goût et de la recherche fine. […] Au monde de Versailles, il pouvait sembler, à première vue, n’avoir pas l’habitude du grand monde ; mais au monde de Paris et à tout ce qui n’était pas de la Cour et des petits appartements, il semblait dans sa mise, dans son geste et dans ses manières, et même en ses familiarités, un grand seigneur d’autrefois qui se mettait avec luxe et caprice. […] en nul pays du monde la balle ne viendra-t-elle donc au joueur !
L’homme y est monde, le monde y est zéro. […] le monde ; ils apaiseront. […] La nuit n’est que la nuit du monde ; le mal est la nuit de l’âme. […] Shakespeare a pris l’an 3105 du monde, le temps où Joas était roi de Juda, Aganippus roi de France et Léir roi d’Angleterre. […] Shakespeare, portant Cordelia dans sa pensée, a créé cette tragédie comme un dieu qui, ayant une aurore à placer, ferait tout exprès un monde pour l’y mettre.
La lumière luit pour tout le monde, et elle éclaire tout homme venant en ce monde ; de là vient que chacun a le droit d’atteindre à cette vérité par ses forces individuelles, par ses propres lumières, à la condition en même temps de ne point négliger les lumières des autres, ce qui est implicitement contenu dans l’idée que tous les hommes ont une seule et même raison. […] Est-ce en vertu de la liberté d’examen qu’il y a eu dans le monde tant de religions différentes, tant de lois contradictoires, tant de préjugés barbares et fanatiques, qui séparaient les hommes en troupes féroces et ennemies ? […] Or, s’il y a dans le monde, ce dont on ne peut douter, des croyances qui passent pour vérités surnaturelles sans l’être en réalité, comment puis-je savoir à priori lesquelles le sont véritablement et même s’il y en a de ce genre ? […] Elle nous apprend qu’à aucune époque, même quand le monde était gouverné par le principe d’autorité, la société n’a été à l’abri des grandes crises sociales. […] Dans ce va-et-vient des puissances de ce monde, dans ces oscillations de principes qui se renversent l’un l’autre et viennent successivement se déclarer principes absolus, il n’y a qu’une garantie pour tous, c’est la liberté réciproque.
Pommier n’a, lui, qu’un personnage dans tout son poëme, mais ce héros, c’est la Foule, c’est le Monde, c’est l’Humanité. […] Le monde a passé comme un rêve ! […] Pierre Leroux et Jean Reynaud croient avoir dégoûté le monde. […] Ordinairement la difficulté, quelle qu’elle soit, dans les choses de ce monde, se conçoit comme une pointe, — comme la vérité, cette pointe écachée, de Pascal. […] Des mains aussi puissantes que les siennes, pour ne pas dire plus, avaient touché ce frêle grelot du mot, du vers trisyllabique et même unisyllabique, et avaient éveillé tout un monde de concerts dans cette coque sonore.
C’est seulement dans deux parties du monde, l’Europe et l’Amérique, sur les points où quelques peuples latins, germains, anglo-saxons ont institué une certaine civilisation dite occidentale, que nous pouvons constater une « évolution générale » vers la démocratie. […] L’idée que les Français invoquent pour exiger telle réforme égalitaire n’est pas l’idée que seuls au monde les Français sont égaux entre eux, tandis que les Américains ou les Allemands seraient inégaux, c’est l’idée plus générale qu’un homme vaut un homme. […] Il n’en reste pas moins que ces idées sont dès lors déclarées, proclamées, livrées au commentaire du monde. […] L’Empire romain, qui avait pu les révéler au monde, n’avait plus la force nécessaire pour les réaliser dans les masses, sans doute trop nombreuses et trop hétérogènes, qu’il avait rassemblées sous sa loi. […] Et là elle s’est montrée à deux reprises, séparées d’ailleurs par une longue éclipse : nous l’apercevons une première fois, comme s’éveillant à peine, dans le monde gréco-romain, — une seconde fois, plus vivante et vraiment agissante, dans le monde moderne occidental.
Mais il s’ennuie dans la vie régulière : il s’associe avec Bâcle, un aventurier pire que lui ; les deux drôles courent le monde en montrant la curiosité. […] Permis aussi de discuter, si tout le mal qui est dans le monde est imputable à la société. […] Il n’y a pas à s’étonner que cet idéal n’ait jamais passé et ne puisse encore passer tel quel dans le monde des réalités. […] Ainsi la représentation du monde sensible devient la fin immédiate du travail littéraire, de préférence au monde intelligible, qui s’exprimera lui-même à travers le premier, et en relation avec lui. […] , Rev. des Deux Mondes, 15 févr. et 15 mars 1893.
S’il n’est pas appelé dans le travail, sitôt l’enfant venu au monde, on ne fait rien sans ses prescriptions. […] Son trait caractéristique est d’ignorer le monde où il vit, et de s’ignorer lui-même. […] Venu au monde bon et libre, c’est la société qui le rend esclave et méchant. […] Pour les deux premiers, il en rend responsable la morale du monde où il vivait. […] Que de gens qui se sont pris pour le centre du monde !
voilà, pour le théâtre, les deux noms culminants du monde moderne ; accorder la supériorité à l’un des deux, ce serait convenir de l’infériorité de l’autre. […] Baron, à qui ce Mondorge s’adressa, s’en aperçut aisément, car ce pauvre comédien faisait le spectacle du monde le plus pitoyable. […] L’ombre de l’envie suit les vrais grands hommes jusqu’au seuil de l’autre monde. […] Toutes les choses du monde ont du rapport avec elle dans mon cœur. […] Elles donnent raison aux mauvaises humeurs du Misanthrope contre le monde.
On n’a pas besoin du catéchisme de Heidelberg pour apprendre à ne pas trop s’attacher à ce monde, surtout en ce pays où tout est si plein de fausseté, d’envie et de méchanceté, et où les vices les plus inouïs s’étalent sans retenue ; mais désirer la mort est une chose tout à fait opposée à la nature. […] Pourtant c’était quelque chose à une femme d’un si grand monde, à une princesse, que de passer ainsi plusieurs heures chaque jour seule dans son cabinet et en présence de son écritoire. […] La régence de son fils ramena du monde de la Cour chez Madame, et d’ailleurs le séjour plus ordinaire à Paris durant cette régence lui permettait moins la retraite que ne l’avait fait le séjour à Versailles. […] Il y a un côté sérieux dans ces Lettres de Madame, celui par lequel elle juge les mœurs, les personnages et le monde de la Régence. […] En ce monde, les grands ont leurs peines comme les petits, ce qui n’est pas étonnant ; mais ce qui est le plus fâcheux pour les premiers, c’est qu’ils sont toujours entourés d’une foule nombreuse, de sorte qu’ils ne peuvent ni cacher leurs chagrins, ni s’y livrer dans la retraite ; ils sont toujours en spectacle.
C’est un approfondissement, un arrangement, une suite d’opérations, soit pour remonter aux principes, soit pour tirer les conséquences », Couper court, en finir, retrancher tout ce qui n’est pas essentiel, éviter un semblant d’exactitude éblouissante qui nuit au nécessaire par le superflu, c’est là le conseil qui revient sans cesse et qui ne s’applique pas moins aux choses de ce monde qu’à celles de Dieu. […] Au nom de Dieu, qu’il ne se laisse gouverner ni par vous, ni par moi, ni par aucune personne du monde. […] Il sent, avec tout son esprit et toute sa distinction de nature, quelles sont les qualités nécessaires à un roi, à un chef de nation, à un des maîtres du monde. […] Je trouve dans une lettre de lui à Mme de Montberon, alors qu’il approchait de la cinquantaine (1700), une peinture bien fine et bien circonstanciée de cet état insipide, aride, désabusé, où il se trouve : « Pour moi, je suis dans une paix sèche, obscure et languissante, sans ennui, sans plaisir, sans pensée d’en avoir jamais aucun ; sans aucune vue d’avenir en ce monde ; avec un présent insipide et souvent épineux… » Ces instants d’aridité et de dégoût, chez Fénelon, se peignent avec des traits qui font encore que son ennui ne ressemble pas à un ennui vulgaire. […] Fénelon, courtisé de nouveau durant quelques mois, puis délaissé derechef, put se rafraîchir l’idée qu’il avait de la vanité et de la misère du monde.
ceux qui doivent être les législateurs du monde enseignent le crime par leur exemple ! […] Elle sentait instinctivement comme lui, elle avait le cœur à l’unisson du sien : « Il faut être ce que la naissance, qui en décide, nous fait en entrant au monde. […] Ce ne serait sortir de sa retraite honorable que pour la plus noble fonction qu’un homme puisse faire dans le monde, ce serait couronner sa carrière de gloire. […] Si vous prenez la résolution que j’ai prise, nous finissons ensemble nos malheurs et notre infortune, et c’est à ceux qui restent au monde à pourvoir aux soins dont ils seront chargés, et à porter le poids que nous avons soutenu si longtemps. […] Trahissant ses faiblesses secrètes, Voltaire ne put s’empêcher, en publiant d’abord son ode, d’y rattacher et d’y coudre en notes toutes sortes de malices qui n’y avaient nul rapport, des invectives contre les ennemis de la philosophie et contres les siens propres : il y vit surtout une occasion de semer par le monde une diatribe de plus, en la glissant dans les plis de la robe de cette renommée funèbre.
Elle a debonne heure retourné le monde ; elle a pris le contre pied de la nature ; elle a fait ce que défend un ancien sage, elle a déclaré la guerre à la vie : « Du petit au grand, écrivait-elle à une amie dans sa jeunesse, j’ai beaucoup étudié, beaucoup appliqué le dogme du sacrifice, auquel la pauvre Jeanne Gray avait tant de foi. […] Pour rien au monde, quand je le pourrais, je ne voudrais enlever à l’humanité un dogme utile ou même une illusion consolante ; mais lorsqu’une doctrine prend la forme d’un jeu d’esprit ou d’un exercice de talent, il est bien permis de la discuter. […] Seulement si ses amis sont sages, ils la loueront avec un peu plus de sobriété qu’ils ne font depuis quelque temps ; ils exigeront pour elle un peu moins qu’ils ne sont en train de réclamer ; car le public français qu’on mène si loin et qui, par moments, se laisse faire le plus docilement du monde, a ses brusques impatiences et ses retours. […] On s’en fera quelque idée, si l’on est curieux, en cherchant dans le numéro du journal religieux le Monde, du 29 avril 1862, un article signé Roger de Sezeval, une plume de qualité. […] Le pauvre bonhomme ne savait plus que faire et la cherchait toujours machinalement. » — M. de Falloux, ayant lu cette anecdote, a cru de son devoir d’en contester l’authenticité ; il a fait une espèce d’enquête auprès du valet de chambre du général Swetchine : je n’ai pas entrepris moi-même de contre-enquête ; mais le fait m’a été raconté à deux reprises, et a eu pour témoin une femme du monde.
J’accorde tout à fait que, « dès qu’on ouvre Homère, on se sent transporté dans le monde de l’instinct » ; qu’on sent qu’on a affaire à des passions du monde enfant ou adolescent ; que lorsqu’on se laisser aller au courant de ces poèmes, « c’est moins encore telle ou telle scène qui nous émeut, que le ton général et, en quelque sorte, l’air qu’on y respire et qui nous enivre. » J’accorde que « les descriptions d’Homère n’étant que des copies des impressions les plus générales, nous nous trouvons en face de ces descriptions dans la même situation qu’en face de la nature », c’est-à-dire d’un objet et d’un spectacle inépuisable : « Il est dès lors facile de comprendre pourquoi on peut toujours relire Homère sans se lasser. […] « La forte race grandit sous les célestes influences ; une voix mystérieuse lui dit que ce vaste monde qui s’étend sous ses pieds lui appartient. […] Les cartons de Raphaël à Hampton-Court, les fresques du même grand peintre dans les galeries du Vatican, les fameuses statues du Laocoon et de l’Apollon du Belvédère, et l’église de Saint-Pierre à Rome, le plus magnifique édifice qui soit peut-être au monde, produisent également cet effet le plus ordinaire de désappointer le spectateur à première vue. […] je le sais, dans le tourbillon accéléré qui entraîne le monde et les sociétés modernes, tout change, tout s’agrandit et se modifie incessamment. […] Un moraliste à la façon de Nicole les a très-bien définis en ces mots : « Ce sont des esprits trop remplis d’eux-mêmes et des images présentes qui les occupent, pour pouvoir s’ouvrir et faire place en eux à d’autres idées que les leurs, et surtout quand il s’agit d’admettre et de comprendre les choses du passé. » De ces esprits exclusivement voués au monde moderne, aux impressions actives de chaque jour, et qui ne sauraient s’en déprendre, il en est, d’ailleurs, je le sais, de bien fermes et, à tous autres égards, d’excellents.
La véritable éducation, celle du monde et des affaires, commença alors pour ce droit et judicieux esprit : « C’était, nous dit-il, un bienfait inappréciable pour moi que cette vie intérieure (l’intimité du comte de Merle), toute différente de celle que j’avais menée auparavant. […] Je reçus les premières leçons de l’usage du monde, et je pris le goût de la bonne compagnie qui m’a toujours fait fuir ce qui ne lui ressemblait pas. […] Le monde, en littérature comme en tout, est à ceux qui frappent fort. Heureux le monde si ces puissants et ce forts frappent juste en même temps ! […] Car, si j’insiste sur les qualités de Malouet, ce n’est pas que je le mette le moins du monde en comparaison avec le grand peintre, avec le grand fascinateur de notre âge ; je sais tout ce qui lui manque.
Pour la première fois dans l’histoire, les sciences s’étendent et s’affermissent au point de fournir, non plus comme autrefois, sous Galilée ou Descartes, des fragments de construction ou quelque échafaudage provisoire, mais un système du monde définitif et prouvé : c’est celui de Newton326. […] Quelle multitude de mondes au-delà de nous, et, si la vie s’y rencontre, que de combinaisons possibles autres que celles dont nous sommes l’effet ! […] La religion leur fournissait une théorie achevée du monde moral ; d’après cette théorie latente ou expresse, ils décrivaient l’homme et accommodaient leurs observations au type préconçu. […] Que l’on compare le Discours de Bossuet sur l’Histoire universelle, et l’Essai de Voltaire sur les mœurs, on verra tout de suite combien ces fondements sont nouveaux et profonds Du premier coup, la critique a trouvé son principe : considérant que les lois de la nature sont universelles et immuables, elle en conclut que, dans le monde moral, comme dans le monde physique, rien n’y déroge, et que nulle intervention arbitraire et étrangère ne vient déranger le cours régulier des choses, ce qui donne un moyen sûr de discerner le mythe de la vérité339. […] CXLVII, résumé. « Un lecteur sage s’apercevra aisément qu’il ne doit croire que les grands événements qui ont quelque vraisemblance, et regarder en pitié toutes les fables dont le fanatisme, l’esprit romanesque, la crédulité ont chargé dans tous les temps la scène du monde. » 340.
Je lui demande bien pardon, il n’existait pas avant d’exister et il n’existera plus quand il aura cessé d’être… Vous pouvez me contredire, vous pouvez me lancer des interruptions pour me troubler, mais ce que vous ne troublez pas, c’est le fait qui est gros comme le monde, qui est éclatant comme le soleil, à savoir : que depuis deux ans, la libre pensée a fait d’immenses progrès, et que les masses populaires en France se rangent du côté de la Révolution. » C’étaient là d’énergiques paroles assurément, une vigoureuse tentative pour démasquer l’insidieuse et cauteleuse proposition de l’archevêque. Mais la question n’était pas serrée d’assez près ; il ne suffisait pas de démontrer l’opposition radicale et inéluctable du monde moderne et de l’Église : il aurait fallu en analysant à fond le projet de loi et la formule du « Vœu national », démontrer avec la même éloquence et la même justesse ce que nous allons tâcher d’exposer. […] L’adhésion d’une partie du clergé à la République n’a d’autre but que de ressaisir, par une feinte concession au monde moderne, la direction des consciences qui se dérobent lentement à son étreinte glaciale. […] Nous sommes détachés du monde des individus ; nous voici en plein monde d’harmonie… »66 Et si l’on se détourne du sublime spectacle, voici que la masse lourde et froide de la basilique vient offusquer le regard. […] Mais, n’a-t-elle pas soulevé assez de noble poussière dans le monde pour enterrer dignement ses héros ?
Celui-ci s’est passé en famille, et n’a pas eu de retentissement au-delà du monde des coulisses et d’un petit cercle d’écrivains. […] Fou dans le monde des faits et de la vie active, il devenait un sage dans les régions purement spiritualistes. […] Sa plume fait autorité, mais seulement dans le monde d’élite et, par conséquent, assez restreint où le littérateur-gentilhomme se soucie d’exercer une influence. […] La foule, rassasiée d’effets surnaturels et fantastiques, lui criera alors : « Fais place à un véritable comédien dont le talent et la figure soient de ce monde ! […] Marc-Michel et ses collègues ; et j’étonnerais bien du monde si j’ajoutais, avec une conviction sincère, que l’avenir du théâtre y est aussi.
Ce monde, dans la réalité, ne se suffit pas. […] La pensée, non moins que le sens du réel, ne demande-t-elle pas que les divers éléments du monde se conditionnent les uns les autres, pour que le monde soit un ? […] Déjà Kant, dans son Histoire naturelle du Ciel, déduit la genèse du monde. […] Les Grecs plaçaient la perfection dans l’immobilité ; et s’ils mettaient Dieu en dehors du monde, c’est parce que le monde, selon eux, était essentiellement sujet au mouvement. […] Le postulat des idéologues était que les idées forment un monde à part, qui a ses lois comme le monde des corps.
C’est la charité, qui soulèverait le monde pour un élu. […] C’est le meilleur citoyen du monde. […] Il a changé de monde, d’atmosphère, d’entours. […] Jamais n’aller dans le monde, jamais n’aller au théâtre. […] C’est l’esprit le plus juste du monde.
Voyez-les : Anastase et Sosthène ne sont qu’habiles brasseurs ; Luc se perd en basses affaires ; Antonin ignore le monde et Moïse le connaît trop ; Edmond, Édouard et Charles gardent l’allure basse des prisons où ils séjournèrent. […] Il touchait au monde politique, savait les dessous des gens en place, les faisait transparaître. […] Chaque jour ils enverront l’éloge de leur produit : ils y joindront pour les gens d’affaires un bulletin des valeurs et des marchandises, pour les hommes de sport les comptes rendus des hippodromes, pour les oisifs la chronique du monde et du théâtre.
Son instinct, et le peu qu’il entend dire du monde, lui donnent des lumieres confuses de sa vocation. […] Comment croire qu’il reste de bonnes graines sur la terre, quand le monde recueille avec soin, celle qui donne la moindre esperance ? […] Telle fut la destinée du Correge, qui se trouva être un grand peintre avant que le monde eut entendu dire qu’il y avoit dans le bourg de Corregio un jeune homme d’une grande esperance, et qui montroit un talent nouveau dans son art.
Cependant, plus tard peut-être, comme un germe qui a besoin d’être longtemps couvé, elles reparaîtront pour bouleverser le monde qu’elles avaient d’abord laissé tranquille. […] Parmi ces différentes sortes d’idées il est bien facile de reconnaître celles qui cherchent à s’introduire de force dans le monde, sans y être attendues, et celles qui ont fini de régner, mais dont on voudrait prolonger l’empire parmi les peuples. […] Mais ici nous ne pouvons pas sortir du monde positif, de la sphère de la réalité ; l’imagination doit rester attachée à ce qui est dans le moment actuel.