Quant au thème grec, il avait de brillants partisans, mais peu nombreux, parce que cette forme se prête mal à l’exposition des principes politiques et religieux.
Il a senti (certains de ses accents l’attestent) le mal qu’il a exprimé avec tant de violence ; l’angoisse du néant a passé par là.
Cette poésie doit ressembler au manoir même et au paysage qu’elle décrit : une végétation forte et plantureuse, d’odorantes senteurs qui s’en exhalent, des herbes hautes qui envahissent (même dans ce qu’on appelle jardin) les sentiers mal dessinés ; une source qui coule dans un lit peu tracé et en déborde souvent.
N’est-ce point, en effet, l’antique Aveugle qui a dit : « La Muse qui l’aima entre tous lui partagea le bien et le mal : elle le priva des yeux, mais lui donna une voix harmonieuse. » Cette compensation céleste s’est bien des fois vérifiée depuis.
Autrefois, les libertés de la nation étaient mal définies, obscures, discrètes, obérées sous des formes minutieuses et confuses ; la voix de l’opposition, qui sort des entrailles de tout gouvernement non despotique, n’avait pas de quoi se faire jour.
… Je laisse de côté les agréments prévus que nous réservent les six mois de la fête : la mêlée meurtrière des voitures et des piétons le long des boulevards — déjà impraticables aujourd’hui de cinq à sept heures ; pas un fiacre libre, plus une place dans les restaurants ni dans les brasseries ; l’enchérissement de toutes les choses nécessaires à la vie ; le Parisien accablé de maux, dépossédé de Paris, outlaw dans sa propre ville envahie par les barbares… Le dehors te fait peur : si tu voyais dedans !
Le troisième acte devient admirable, lorsque, connaissant son mal et son sort, le lépreux attend dans la maison de son père le cortège funèbre qui va le conduire à la maison des morts, et l’impression finale est qu’on vient de jouir d’une œuvre entièrement originale et d’une parfaite harmonie.
Mais on sent bien qu’il les aime en chansons et que son amour, comme on dit, ne leur fait pas de mal.
Freron nous apprend, il est vrai, « qu’il avoit à craindre le mécontentement de plusieurs puissans Mécènes pleins d’entrailles pour leurs chers petits Rimailleurs, ou leurs insipides Romanciers ; que ses amis ont été cent fois le trouver lorsqu’il paroissoit un Ouvrage nouveau, pour l’engager à n’en pas dire du mal, parce que l’Auteur étoit vivement protégé par tel Prince, ou tel Duc, ou telle Dame, qui ne manqueroit pas d’employer contre sa personne & son Journal toutes les ressources du crédit* ».
. : on ne peut plus s’occuper que d’elle ; on en est possédé, enivré : on la retrouve partout ; tout en retrace les funestes images ; tout en réveille les injustes désirs : le monde, la solitude, la présence, l’éloignement, les objets les plus indifférents, les occupations les plus sérieuses, le temple saint lui-même, les autels sacrés, les mystères terribles en rappellent le souvenir32. » « C’est un désordre, s’écrie le même orateur dans la Pécheresse 33, d’aimer pour lui-même ce qui ne peut être ni notre bonheur, ni notre perfection, ni par conséquent notre repos : car aimer, c’est chercher la félicité dans ce qu’on aime ; c’est vouloir trouver dans l’objet aimé tout ce qui manque à notre cœur ; c’est l’appeler au secours de ce vide affreux que nous sentons en nous-mêmes, et nous flatter qu’il sera capable de le remplir ; c’est le regarder comme la ressource de tous nos besoins, le remède de tous nos maux, l’auteur de nos biens34… Mais cet amour des créatures est suivi des plus cruelles incertitudes : on doute toujours si l’on est aimé comme l’on aime ; on est ingénieux à se rendre malheureux, et à former à soi-même des craintes, des soupçons, des jalousies ; plus on est de bonne foi, plus on souffre ; on est le martyr de ses propres défiances : vous le savez, et ce n’est pas à moi à venir vous parler ici le langage de vos passions insensées35. » Cette maladie de l’âme se déclare avec fureur, aussitôt que paraît l’objet qui doit en développer le germe.
Or c’est ce qu’elle ne fait point, et ce qu’elle ne saurait faire ; car elle ne le voit pas, ce soldat mal placé l’en empêche.
Telles ont été en France le mal des ardens et la colique de Poitou .
Il reste donc que, sans produire le mal qu’il implique, il soutient avec les conditions fondamentales de la vie sociale les rapports positifs que nous verrons dans la suite.
Il faut bien le dire, malgré la propagande électrique du mal, tout le temps qu’une société ne sera pas complètement déchristianisée et recevra le baptême, des hommes comme Hegel et Proudhon resteront plus ou moins monstrueux.
Je m’arrête, mon cher Bélugou, parce que j’exprime mal ce que je crois penser avec force.
Tous ces maux, il faut les supporter pour confesser sa foi et établir la justice. […] D’autres ont mal parlé des pèlerinages, ou du pape, ou des reliques, ou de la confession. […] Le long hiver boueux, la plainte du vent qui se lamente dans les poutres mal jointes du toit, la mélancolie du ciel incessamment noyé de pluies ou cerné de nuages, assombrissent encore le lugubre rêve. […] Plusieurs poëtes, Drayton, Davies, Cowley, Giles Fletcher, Quarles, Crashaw, écrivent des récits sacrés, des vers pieux ou moraux, de nobles stances sur la mort et l’immortalité de l’âme, sur la fragilité des choses humaines et sur la suprême providence en qui seule l’homme trouve le soutien de sa faiblesse et la consolation de ses maux. […] Plein-d’Espoir eut aussi un accès ou deux du même mal.
Nul qui n’y puisse reconnaître l’accent et jusqu’aux formules des plus célèbres morceaux des Fleurs du Mal, comme dans l’esprit qui dicta cette pièce, ce parti pris d’étonner, que Baudelaire lui-même théorisa, en le vantant comme un condiment de beauté. […] Mais la date des Fleurs du Mal est déjà loin de nous. […] Les femmes de Mme de Noailles cèdent avec délice au joug du mal sacré, « tendres corps qui se penchent et avancent, tendus vers les mains des hommes ». […] Elles ne sauraient voir deux personnes qui sont mal ensemble sans prendre parti dans leur cœur pour l’une ou contre l’autre. » Ah ! […] Nous le voyons qui s’appuie sur un ensemble de garanties ou de forces qui ne se sont guère modifiées depuis que le monde se développe en sociétés organisées, et auxquelles il paraît bien, d’après de récentes expériences, que l’on aura du mal à trouver des suppléantes.
Auprès de leur style littéraire, tout style est emphatique, lourd, inexact et forcé ; auprès de leurs types moraux, tout type est excessif, triste et malsain ; auprès de leurs cadres poétiques et oratoires, tout cadre qui ne leur a pas été emprunté est disproportionné, mal attaché, disloqué par l’œuvre qu’il contient. […] Presque tout notre vocabulaire philosophique et scientifique est étranger ; pour nous en bien servir, nous sommes obligés de savoir le grec et le latin ; et le plus souvent nous nous en servons mal. […] Ils couchent sur un las de roseaux, se baignent tous les jours dans les froides eaux de l’Eurotas, mangent peu et vite, vivent plus mal à la ville qu’au camp ; c’est qu’un futur soldat doit s’endurcir. […] voyez quels maux un dieu souffre par la main des dieux ! […] La « concupiscence », cette idée que la nature nous induit à mal faire ; est un non-sens pour lui.
Je vous dirai plus loin ce que je pense de cet épisode, amené non pour décrire l’aqueduc, lequel m’a donné beaucoup de mal, mais pour faire entrer convenablement dans Carthage mes deux héros. […] Mais dans un sujet militaire, où est le mal ? […] Mal informé, j’ai laissé échapper une note sur son compte (au tome V d’une réimpression des Causeries du Lundi) ; mieux instruit, je retire aujourd’hui et j’efface entièrement cette note, dont j’ai reconnu la sévérité injuste.
« …..Vous êtes ingénieux à cacher les fautes ou à leur créer des excuses, et j’en ai pleuré de reconnaissance, car tout ce que j’écris doit être, en effet, monstrueux d’incohérence, de mots impropres et mal placés. […] … « Si je vous vois un jour comme je le souhaite vivement, aurez-vous la patience et la courageuse franchise de m’apprendre ce qui est mal et ce qui est bien dans un style que je ne sais pas juger moi-même ? […] ce fut Mme Valmore, quand M. de Latour l’en avertit avec douceur : « Je ne sais vraiment pas ce qu’il y a de mal dans cette Préface dont l’ouvrier est innocent comme moi-même.
Ce mal originel d’ennui puisé au ventre de la mère, qui tourne chez les uns en vice et en folies déréglées, tourne chez les autres en poésie et en génie ; mais la douleur se cache sous la beauté. […] Le mal du solitaire René, en retranchant même ce qui a été de contagion et d’imitation, est assez endémique en ce siècle ; la famille est nombreuse, je le crois, qui l’invoque tout bas comme l’aîné des siens. […] Un Horace non châtié et le livre des Confessions mal faitestombèrent aux mains du jeune homme ; il entrevoyait d’une part la volupté flatteuse avec ses secrets incompréhensibles, de l’autre la mysticité délirante apprêtant des flammes et des chaînes. « Si j’ai peint plus tard avec vérité, dit-il, les entraînements de cœur mêlés aux syndérèses chrétiennes, je l’ai dû à cette double connaissance simultanée. » Le quatrième livre de l’Énéide, les volumes de Massillon où sont les sermons de l’Enfant prodigue et de la Pécheresse, ne le quittaient pas.
Et toi, allée solitaire du jardin du Luxembourg, séparé alors du jardin fruitier des Capucins par un mur à hauteur d’appui du jardin de Catherine de Médicis, ne te souviens-tu pas des larmes amères et contenues dont j’arrosai tes dalles un jour où je lisais seul le dernier Adieu de Graziella, et où Sainte-Beuve, que je rencontrai par hasard, fut étonné de mes larmes mal essuyées et me demanda vainement la cause de ma tristesse. […] C’était le style affecté du vieux français mal ressuscité pour donner au français une apparence de naïveté par le cynisme. […] LXXVII Il était grand en effet, la grandeur était son nom : grand, parce qu’il s’était soustrait aux efféminations féroces d’une révolution qui ne savait que vociférer et tuer ; grand, parce qu’il cherchait Dieu dans les ruines, comme le prophète soufflant sur le charbon mal éteint pour y rallumer l’étincelle à la lueur de laquelle il devait découvrir et lire le nom de l’Incréé ; grand, parce qu’il était triste comme Job après la visite de ses amis.
Ainsi la tragédie de Racine finit presque toujours mal : seul un miracle mythologique autorise le dénouement heureux d’Iphiyénie ; et, si Mithridate se termine bien, c’est par un miracle psychologique, qui n’est pas la meilleure partie de la tragédie. […] Même variété parmi les femmes, ou plus grande encore : Bérénice, tendre, élégiaque, mélancolique, avec des réveils d’énergie pour ressaisir l’arme féminine de la coquetterie ; Phèdre, malade d’amour à mourir, et voulant mourir sans parler, parlant quand, trompée par son malheur, elle se croit libre, consentante alors à sa passion débordée, atterrée par le retour de Thésée, et laissant par honte, pour cacher la faute déjà faite, se consommer un plus grand crime, ramenée par le remords pour démentir la calomnie, replongée plus profondément dans le mal par une crise effroyable de jalousie, et, aussitôt que l’irréparable est consommé, repentante, enfin se rachetant par la confession publique et la mort volontaire ; Roxane, plus simple, sensuelle, et féroce, qui sans cesse donne à choisir à son amant entre elle et la mort, sans esprit, sans âme, animal superbe et impudique. […] On pourrait s’étonner que les romantiques l’aient traité si mal, eux qui étaient poètes et artistes ; mais il faut songer que tous les pseudo-classiques qui s’abritaient derrière Racine, leur en faisaient méconnaître le véritable caractère.
Nous avons payé de ce prix une gloire mal acquise et des conquêtes impolitiques. […] La subtilité, qui n’est qu’une force mal employée, y est louée comme un regard de l’âme plus ferme et plus soutenu. […] J’indique ce que la langue française veut de quiconque prend la plume ; et ces réflexions sur les lois du discours regardent, non ceux qui ont le don du discours, mais ces esprits, en grand nombre, qui peuvent se perfectionner par la culture, et tirer du travail des ressources qui les sauvent du ridicule de mal écrire.
Ce temps d’ivresse passé, quand chacun a trouvé enfin la mesure de sa taille en s’approchant d’un plus grand ; de ses forces, en luttant avec un plus fort ; de son intelligence, en voyant le prix remporté par un plus habile ; quand la maladie, la fatigue lui ont appris qu’il n’y a qu’une mesure de vie ; quand il en est arrivé à se défier même de ses espérances, alors revient le fabuliste qui savait tout cela, qui le lui dit et qui le console, non par d’autres illusions, mais en lui montrant son mal au vrai, et tout ce qu’on en peut ôter de pointes par la comparaison avec le mal d’autrui. […] Pour La Fontaine, qui n’aimait pas à combattre, il est bien plus touché du mal qu’on fait à ses amis que jaloux de le rendre à leur détracteur.
Oui… » ou bien, à propos de Tristan : « Peu me soucie que Wagner, philosophe, ait songé à l’anéantissement, à l’effacement de la personnalité dans l’inconscience infinie ; en dépit de tout, et de l’auteur lui-même s’il le faut, le chant final d’Iseult est le chant de l’amour immortel, l’hymne des âmes réunies à jamais. » Il est bien étonnant que ceux-là même qui définissent ainsi l’artiste, aient fait de Wagner leur maître de prédilection, quand ils avaient à portée de leur esprit Berlioz, qui n’avait pas de théories arrêtées, qui produisait suivant son inspiration, tantôt bien, tantôt mal, mais sans savoir pourquoi : celui-là est le véritable artiste selon leur cœur. […] » a été diversement interprétée, mais la plupart du temps très mal. Elle a été entendue comme une preuve de mégalomanie avancée et de forfanterie mal placée, comme si Wagner affirmait que sa création surpassait toute forme d’art l’ayant précédé.
Pour lui, il songe à réformer la langue comme le reste ; et même c’est par là, selon lui, qu’il faudrait commencer ; car une découverte qu’il croit avoir faite, c’est que « nos langues sont plus savantes que nos idées, c’est-à-dire annoncent des idées, des connaissances qui n’existent pas, et qui cependant fixent tous les jours les efforts d’une quantité prodigieuse de scrutateurs. » Ces scrutateurs se repaissent tant bien que mal de ce qui leur apparaît sous forme d’expressions consacrées. […] Si timide, si fier et si ombrageux qu’il fût, le jeune abbé cherchait à se faire sa place dans ce vieux monde si mal ordonné. […] Il a dû regretter ce vote fatal, sans lequel il aurait eu droit en effet de dire ce qu’il écrivait un jour à Roederer dans l’intimité : « Vous me connaissez ; vous ne m’avez jamais vu prendre part au mal, vous m’avez vu quelquefois prendre part au bien qui s’est fait. » Il s’indignait qu’on attribuât à ce mot : « J’ai vécu », qu’il avait dit pour résumer sa conduite sous la Terreur, un sens d’égoïsme et d’insensibilité qu’il n’y avait pas mis.
Son mal vient de plus loin, comme à Phèdre. […] nous connaissons toutes les filières par lesquelles le mal a passé. […] Comme tous les passionnés, il a caché longtemps son mal entre les ardeurs et les hontes.
C’est là qu’il s’installe volontiers, fréquentant parmi les purs concepts, les amenant à des concessions réciproques, les conciliant tant bien que mal les uns avec les autres, s’exerçant dans ce milieu distingué à une diplomatie savante. […] Son tort n’est pas de raisonner mal, mais de raisonner à côté de la réalité, en dehors de la réalité, comme un homme qui rêve. […] Non, il est probable que c’est le cerveau tout entier qui est atteint, de même que c’est la corde tendue tout entière qui se détend, et non pas telle ou telle de ses parties, quand le nœud a été mal fait.
Mais la liberté n’est pas l’anarchie ; l’anarchie est une servitude de l’égoïsme ; être libre, c’est être délivré du mal ; la liberté est dans la discipline. […] Tous ces retards ne sont pas le fait d’une masse inerte ; ils sont le fait de systèmes surannés, exploités par des politiciens de tout genre dont la triste habileté et le sale égoïsme s’opposent aux intérêts suprêmes de la communauté ; ce sont des crimes de lèse-humanité, des provocations à la violence. — Il y a des violences bestiales, inutiles : elles sont étroitement circonscrites dans l’espace et passagères ; il y a des violences nécessaires, provoquées par la négation des droits, qui réparent tant bien que mal, en quelques années, les retards séculaires de l’égoïsme inintelligent. […] Si notre science contemporaine agit si peu, ou si mal, sur les mœurs, c’est qu’elle se contente trop souvent d’aligner des faits, sans beauté : elle ne va pas à l’âme.
Il en est aussi beaucoup d’autres qui ne peuvent produire ni bien ni mal ; ils ressemblent à ces jeux de commerce qui aident à passer le temps lorsqu’on n’est pas à même de l’employer. […] Je répondrai que ces mêmes Romans sont aujourd’hui si peu lus, qu’ils renferment le préservatif du mal qu’ils pourroient faire. […] Il fut, je l’avoue, un temps où le bon Hubert eût bien mal figuré à l’ouverture d’un Roman.
Les choses sont allées, ces dernières années, si loin, si mal, qu’il est facile de discerner ce dont il ne faut plus. […] Et puis, il a mal tourné. […] Du moins, les sentiments religieux ne sont pas ce qui l’empêche de tourner mal. […] Quant au « mal romantique », il a existé de tout temps ; M. […] Au moins, l’homme déchiré de saint Paul : il ne fait pas le bien qu’il veut et fait le mal qu’il ne veut pas.
Tout un livre, toujours le même, pour s’attrister sur le mal de vieillir et sur la mort inévitable ! […] En résumé, le mal que Daudet a dit des Provençaux n’est pas bien méchant et se résume à peu de chose. […] Il était le plus naturellement du monde tout ce qu’il y a de plus mal élevé. […] Il était couché dans son lit, vaincu par le mal, mais le verbe haut, l’œil toujours vivant. […] L’inspiration ne fut jamais pour lui qu’une sorte de mise en chantier de matériaux mal dégrossis.
— Si le clergé se défend mal, il lui survient pourtant des défenseurs.
On y défend les Burgraves et Lucrèce Borgia à l’aide des chefs-d’œuvre antiques : les jeunes auteurs ne s’aperçoivent pas que c’est parce qu’ils ont ensauvagé Sophocle et lui ont imposé des contre-sens de couleur et des traits de moyen âge, qu’ils parviennent ensuite, tant bien que mal, à en faire un patron à leur idole-monstre.
L’égoïsme est ce qui ressemble le moins aux ressources qu’on trouve en soi, telles que je les conçois ; l’égoïsme est un caractère qu’on ne peut ni conseiller, ni détruire ; c’est une affection dont l’objet n’étant jamais ni absent, ni infidèle, peut, sous ce rapport, valoir quelques jouissances, mais cause de vives inquiétudes, absorbe, comme la passion pour un autre, sans faire éprouver l’espèce de jouissance toujours attachée au dévouement de soi : d’ailleurs, la personnalité, soit qu’on la considère comme un bien ou comme un mal, est une disposition de l’âme absolument indépendante de sa volonté.
Au point de vue de l’ordre idéal, rien de plus mal ordonné que le Discours de Démosthène sur la couronne, le chef-d’œuvre peut-être de l’éloquence humaine.
Racine fait dire à Burrhus : Je parlerai, madame, avec la liberté D’un soldat qui sait mal farder la vérité.
Sa fin prématurée, d’ailleurs, vient, témoigner pour lui-même, et aujourd’hui je puis penser qu’après tout j’ai pu mal le comprendre… Toute l’œuvre de Rodenbach atteste sa préoccupation de mourir jeune et la crainte de ne rien laisser de sa vie et de ses émotions. « Seigneur, s’écriait-il déjà aux pages de la Jeunesse blanche, donnez-moi cet espoir de revivre Dans la mélancolique éternité du livre. » [Mercure de France (1898).]
Il y avait là-dedans des choses qui lui feraient trop de mal… Elle en serait trop contente, la gueuse !
C’était leur livre préféré, le livre qui leur avait donné le plus de mal.
S’il y avait un homme aujourd’hui qui pût réaliser le drame comme nous le comprenons, ce drame, ce serait le cœur humain, la tête humaine, la passion humaine, la volonté humaine ; ce serait le passé ressuscité au profit du présent ; ce serait l’histoire que nos pères ont faite confrontée avec l’histoire que nous faisons ; ce serait le mélange sur la scène de tout ce qui est mêlé dans la vie ; ce serait une émeute là et une causerie d’amour ici, et dans la causerie d’amour une leçon pour le peuple, et dans l’émeute un cri pour le cœur ; ce serait le rire ; ce serait les larmes ; ce serait le bien, le mal, le haut, le bas, la fatalité, la providence, le génie, le hasard, la société, le monde, la nature, la vie ; et au-dessus de tout cela on sentirait planer quelque chose de grand !
Elles peuvent être mises au nombre de ces maux qui produisent quelquefois un grand bien.
Toujours suis mal vivant discrettement ; Et ne me puis donner contentement ; Si, hors de moi, ne fais quelque saillie.
Mot qui exprime à merveille un des grands caractères de l’ingratitude, qui compte pour un bienfait le mal qu’elle ne fait pas.
Je demande si instamment à Dieu qu’il ne t’arrive pas de mal !
Mais ce dernier cliché s’est formé à un moment où le mot comble était très vivant et tout à fait concret ; c’est parce qu’il contient encore un résidu d’image sensible que son alliance avec vœux nous contrarie » Dans le précédent, le mot colorer est devenu abstrait, puisque le verbe concret de cette idée est colorier, et il s’allie très mal avec rougeur et avec joues.
La constance d’âme que donne et assure l’étude de la sagesse philosophique pouvait-elle lui permettre de supposer tant de légèreté, tant de mobilité dans les dieux et les héros ; de montrer les uns, sur le moindre motif, passant du plus grand trouble à un calme subit ; les autres, dans l’accès de la plus violente colère, se rappelant un souvenir touchant, et fondant en larmes84 ; d’autres au contraire, navrés de douleur, oubliant tout-à-coup leurs maux, et s’abandonnant à la joie, à la première distraction agréable, comme le sage Ulysse au banquet d’Alcinoüs ; d’autres enfin, d’abord calmes et tranquilles, s’irritant d’une parole dite sans intention de leur déplaire, et s’emportant au point de menacer de la mort celui qui l’a prononcée.
Ainsi se bâtit le théâtre de Dryden ; le poëte, avide de gloire et pressé d’argent, y trouvait l’argent avec la gloire, et innovait à demi, à grand renfort de théories et de préfaces, s’écartant de l’ancien drame anglais, s’approchant de la nouvelle tragédie française, essayant un compromis entre l’éloquence classique et la vérité romantique, s’accommodant tant bien que mal au nouveau public qui le payait et l’acclamait. […] Il est dangereux pour un artiste d’être excellent théoricien ; l’esprit qui crée s’accommode mal avec l’esprit qui juge ; celui qui, tranquillement assis sur le bord, disserte et compare, n’est guère capable de se lancer droit et audacieusement dans la mer orageuse de l’invention. […] Ce sont des poëtes étriqués et des courtisans mal élevés, ne sachant plus rêver et ne sachant pas encore vivre, tantôt plats ou brutaux, tantôt emphatiques ou roides. […] Véritablement ce monde fait mal au cœur. […] D’ailleurs Dryden y réussit mal : son fonds d’esprit est trop solide ; son naturel est trop sérieux, même réservé, taciturne. « Son ton libre, dit très-bien Walter Scott, ressemble à l’impudence forcée d’un homme timide. » Il voulait avoir les belles façons d’un Sedley, d’un Rochester, se faisait pétulant par calcul, et s’asseyait carrément dans l’ordure où les autres ne faisaient que gambader.
dit-il avec un air de conviction qui lui fit mal ; à bord, au large, moi, le temps ne me dure pas, jamais ! […] Car le hasard gouverne mal l’éloquence, comme toutes choses. […] Et pourtant c’est là qu’il prit son mal, le mal d’avoir trop tôt « inventé la vie ». […] Les causes du mal, ah ! […] Il se classait lui-même parmi les créatures mal venues, que la nature rejette.
Craignant l’emprise du Mal Pessimiste, il se réforma. […] Barrès d’avoir pu échapper — par des moyens factices — à l’empire du mal pessimiste. […] Le Mal et la Misère triomphent. […] Avec une pareille ascendance, il ressentit bientôt l’accablement du mal de vivre. […] L’auteur des Fleurs du Mal se créera donc une sensibilité autonome et exceptionnelle, appliquera son intelligence aux pires perversités ; il imaginera pour ses assouvissements l’enchantement des paradis artificiels.
il fait bon être Scandinave… Si la pièce était d’un Parisien… Oui, oui, c’est entendu, du dramatique bourgeois qui n’est pas mal… mais de l’esprit à l’instar de l’esprit français, fabriqué sous le pôle arctique… et un langage parlé, quand il s’élève un peu, toujours fait avec des mots livresques. […] Cette conversation amène Rosny à parler de ses promenades de nuit, de son noctambulisme, dans les endroits réputés les plus dangereux des fortifications, dans les quartiers mal famés de Londres. […] Il parlait encore assez mal l’anglais et un de ces hommes lui enfonçait d’un coup de poing son chapeau sur les yeux. […] Je n’ai fait aucun mal aux hommes. […] les cochons, que ces gouvernants qui travaillent à tuer la foi chez ces pauvres diablesses, auxquelles ils n’assurent pas le paradis sur la terre, et dont ils se fichent pas mal avec leur fraternité, écrite en grosses lettres, sur la pierre de leurs ministères.