/ 1933
478. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. » pp. 31-51

Habitant à côté des prêtres eunuques consacrés à la déesse et qu’elle convoque souvent dans sa maison, Salammbô s’est tenue isolée et s’est fait un asile tout particulier de rêverie, d’innocence et de mysticisme. […] Elle menace, si le désordre continue, d’emporter avec elle le Génie de la maison, le serpent noir qui dort là-haut sur des feuilles de lotus : « Je sifflerai, il me suivra, et, si je monte en galère, il courra dans le sillage de mon navire, sur l’écume des flots. » Tout ce qu’elle chante est harmonieux ; elle s’exprime dans un vieil idiome chananéen que n’entendent pas les Barbares ; ils n’en sont que plus étonnés. […] Puis, à mesure que le ciel rose allait s’élargissant, les hautes maisons inclinées sur les pentes du terrain se haussaient, se tassaient, telles qu’un troupeau de chèvres noires qui descend des montagnes.

479. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte. »

Il fallait donc, comme on l’a dit, « lui conserver quelque chose de noble jusque dans le ridicule ; car Don Quichotte, c’est le Cid des petites maisons. » Ajoutez-y le cadre et le fond du tableau, cette Espagne que M.  […] Cervantes le suivit à Rome et fit partie de sa maison en qualité de chambellan ou valet de chambre ; mais cet état de domesticité, réputé honorable, paraît lui avoir peu convenu, et, au lieu de pousser sa fortune près de son patron, de devenir signor abbate et le reste, on le voit bientôt engagé soldat au service de la ligue conclue entre le pape, Philippe II et les Vénitiens, dans cette espèce de sainte croisade commandée par Don Juan d’Autriche contre les Turcs. […] Cervantes, qui était une espèce d’agent d’affaires et qui faisait des écritures pour ceux qui lui en demandaient, éprouve là de nouveau un de ces désagréments qui lui étaient assez familiers : une nuit, dans une querelle engagée près de sa maison, un chevalier, un personnage de la Cour fut frappé et blessé à mort par un inconnu : on arrêta provisoirement tous les témoins et toutes les personnes suspectes jusqu’à plus ample information, et Cervantes fut de ce nombre.

480. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « M. de Sénancour — Note »

« La maison est à quatre cents pas du lac sur un sol incliné faiblement, et couvert d’une herbe courte que paissent les bestiaux. […] Du point où nous sommes, on n’aperçoit que deux vacheries au-dessus des bois, et plus près de nous une seule maison de paysans. […] « Derrière la maison est un enclos où sont rassemblés des légumes et des fruits.

481. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. BRIZEUX (Les Ternaires, livre lyrique.) » pp. 256-275

Dans les Cornemuses par exemple, c’est un pauvre enfant italien qui va jouant de la piva ; il va de maison en maison, et personne ne l’écoute. […] Pourtant je veux la paix. — Pour les jours qui vont suivre Ce triste hiver, voici ma nouvelle chanson : Que vos sacs se gonflent de cuivre ; Bien repu, chaque soir, rentrez à la maison.

482. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXII » pp. 355-377

Le roi était, comme on l’a vu, à l’armée de Flandre, madame de Montespan dans sa maison de Clagny, où Le Nôtre dépensait l’argent consolateur de l’amant magnifique ; madame de Maintenon était à Barèges avec le duc du Maine. […] Vous verrez de quelle manière se tournera cette amitié. » Le 28 juin, « Vous jugez très bien de Quantova (madame de Montespan) ; si elle peut ne point reprendre ses vieilles brisées, elle poussera sa grandeur au-delà des nues ; mais il faudrait qu’elle se mît en état d’être aimée toute l’année sans scrupule111 ; en attendant, sa maison est pleine de toute la cour ; les visites se font alternativement, et la considération est sans bornes. » Une autre lettre, du 3 juillet, porte : « Ah ! […] « Il est certain que l’ami (le roi) et Quanto (madame de Montespan) sont véritablement séparés ; mais la douleur de la demoiselle (madame de Montespan) est fréquente et même jusqu’aux larmes, de voir à quel point l’ami s’en passe bien, Il ne pleurait que sa liberté et ce lieu de sûreté contre la dame du château. » Il ne pleurait, pendant la séparation, que la liberté qu’il trouvait dans la maison de la maîtresse, et un lieu où il pouvait échappera l’ennui que lui causait la société de la reine.)

483. (1895) Les mercredis d’un critique, 1894 pp. 3-382

Catulle Mendès. — La Maison de la Vieille Bien que la Maison de la Vieille, que nous donne M.  […] En prêtant l’oreille, on aurait pu entendre, de tous les c’oins de Paris, rire et crier la Maison de la Vieille. […] « Comme on se concertait pour donner un sens au prodige, une vieille femme sortit, les yeux baignés de larmes, de la maison de Phidias. […] Nous avons fait visiter ce matin toutes les maisons dans le voisinage de l’Ambigu. […] On travaille à force à réparer la maison.

484. (1888) Études sur le XIXe siècle

Son fils Carlo ayant épousé, contre son consentement, une de ses parentes, la jeune femme fut impitoyablement bannie de la maison. […] peut-il, comme un jésuite, vivre dans la maison de son âme seulement pour découvrir ou saper ses fondements ! […] Enfin, je dis à Leggiero de s’avancer un peu dans l’intérieur pour découvrir quelque maison dans le voisinage. […] De cette chaumière, nous passâmes dans la maison de la sœur de Bonnet, qui fut très aimable. […] Il rencontre une maison, puis deux, puis plusieurs, et, devant toutes, des ustensiles de campagne peints en couleurs vives.

485. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLIXe Entretien. L’histoire, ou Hérodote »

Je vous ai ensuite admis dans ma propre maison, et je n’ai rien épargné pour subvenir à vos besoins. […] J’ai trouvé la maison d’Harpagus en larmes et dans les gémissements ; frappé de ce spectacle, j’entre ; je vois un enfant couché, se débattant et jetant des cris douloureux. […] Je l’ai reçu, persuadé qu’il était né de quelque domestique de la maison, et ne pouvant m’imaginer d’abord ce qu’il pouvait être. […] Mais bientôt j’ai appris tout d’un homme de la maison, qui m’a accompagné jusqu’au dehors de la ville, et a remis l’enfant dans mes mains. […] Après cette réponse, il recueillit ces tristes débris, les emporta dans sa maison et les réunit dans la tombe.

486. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Vigny, Alfred de (1797-1863) »

Et, d’une manière générale, jusque dans ses plus belles pièces, — jusque dans Éloa, jusque dans sa Maison du Berger, — sa liberté de poète est perpétuellement entravée par je ne sais quelle hésitation ou quelle impuissance d’artiste. […] L’occasion est bonne à la critique pour revenir une fois encore sur l’auteur de Moïse , d’Éloa, de la Maison du Berger, de la Mort du Loup et de la Colère de Samson, — poèmes d’une beauté inaltérée, et qui brillent, sous notre ciel littéraire d’aujourd’hui, avec une douce clarté de lointaines étoiles.

487. (1898) Le vers libre (préface de L’Archipel en fleurs) pp. 7-20

Les habitants s’isolent le plus possible les uns des autres, et s’efforcent de bâtir leur maison très différente et très éloignée de celle du voisin. Autour de cette maison, ils plantent un petit jardin, et ils jettent les hauts cris si quelqu’un, y avisant des fleurs qui lui plaisent pour leurs nuances et leur parfum, mais à son goût mal disposées, les loue en peu de termes tout en faisant ses réserves sur le style décoratif du jardin.

488. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre IV » pp. 38-47

Ici il suffit de remarquer que le trouble et le désordre étaient dans la maison du roi comme dans l’État, et que la manière de vivre adoptée à l’hôtel de Rambouillet s’embellit et s’agrandit par son contraste avec ces désordres et ces petitesses. […] Henri IV commanda à Malherbe de se tenir près de sa personne ; il eut place à la table du grand-maître de la maison, 1 000 fr. d’appointements, un valet et un cheval à son service.

489. (1925) Feux tournants. Nouveaux portraits contemporains

On a beaucoup plaisanté la Maison de la Presse4. […] Ce qui faisait considérer la Maison de la Presse comme une embuscade particulièrement scandaleuse, c’était le thé que l’on était censé y boire. […] Il fut l’ami de Huysmans, il est celui de l’abbé Bremond, ils logent tous les deux du côté de la Santé, dans la même maison ; ah, comme ils doivent s’amuser ! […] La maison natale de Bossuet se situe au n° 10 de la place qui porte son nom. […] C’est au début de février 1916 que Ramuz s’est installé dans la maison nommée « L’Acacia », avenue de Cour, à Lausanne où il restera jusqu’en 1929.

490. (1884) La légende du Parnasse contemporain

Et sauraient purger leur maison bien vite D’un être qu’on voit perdre ainsi son temps. […] J’ai vu ses yeux se mouiller de larmes à cause d’une maison dont il se souvenait, au coin d’une rue, et qu’on avait démolie. […] Je me souviens des bons repas camarades au premier étage de la petite maison, passage de l’Élysée-des-Beaux-Arts, à Montmartre. […] Mais nous laissions tout cela à la porte de Leconte de Lisle comme on quitte un habit de carnaval pour revenir dans la maison familiale. […] » Puis, tout à coup, la maison s’effondre.

491. (1894) La bataille littéraire. Cinquième série (1889-1890) pp. 1-349

— Et que c’est ici la maison du bon D…, de l’Être suprême ! […] La joie de fuir la maison paternelle ne lui avait-elle pas fait trop vite agréer ce parti ? […] »            (La Maison du Roi, à Fontenoy.) […] Impossible de fuir, la maison était cernée. […] La vieille tragédienne, en sa maison d’Issy, m’apparaît comme Athalie à Sainte-Périne.

492. (1892) Portraits d’écrivains. Première série pp. -328

Elle s’installe dans les meilleures maisons et dans les plus hauts parages. […] (Maison neuve.) — Nous assistions à des scènes de la vie dévote… Supposez une maison mystérieuse, dans un quartier désert. […] « Joie de rue, douleur de maison !  […] Hettéma ayant pris femme dans une maison publique, semble détaché d’un roman de M.  […] Maison neuve.

493. (1892) Impressions de théâtre. Sixième série

Nous sommes d’abord dans la maison Vauquer. […] Tels la Famille Benoîton, Maison neuve, Nos bons Villageois, etc. […] Je force la porte d’une maison déserte. […] » Elisabeth l’entraîne vers sa maison. […] Mais Marthe a pu croire, cependant, que c’était pour elle qu’il venait dans la maison.

494. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (2e partie) » pp. 409-488

Il sortit son fusil à la main ; mais il tournait à peine l’angle de l’hôtel de Nantes, maison isolée et pyramidale qui existait seule sur le Carrousel, qu’un coup de feu de hasard vint l’atteindre en pleine poitrine ; il tomba philosophe, on le releva héros. […] En rentrant dans sa maison, il se sent plus à l’aise, il sent plus vivement par le contraste ; il chérit son étroit horizon, où il est à l’abri de ce qui le gêne, où son esprit n’est pas vaguement égaré par une trop vaste perspective. […] L’enfant de la maison aime sa mère plus qu’un fils, mais il ne l’aime pas comme un amant. […] Vois ce que tu es dans cette maison ! […] Que sera-ce donc si ce possesseur et ce fils de la maison est, à la fois, un rêveur, un poète, un amant ; s’il a mis de son âme et de sa pensée, et de ses plus précoces souvenirs, sous chacun de ces hêtres et jusque dans le murmure de chaque ombrage ?

495. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (3e partie) » pp. 5-96

telle fut ma première pensée, et ce n’est pas sans un peu d’appréhension que je pénétrai dans la maison. […] Avez-vous oublié le mot magnifique que votre Philistin d’Iéna criait à son voisin, déclarant qu’il pouvait maintenant recevoir bien commodément les Russes, puisque sa maison était nettoyée et que les Français l’avaient quittée ? […] Il m’a dit en me tendant un papier : « Quand on a dépassé quatre-vingts ans, on a à peine le droit de vivre ; il faut être prêt chaque jour à être rappelé, et penser à ranger sa maison. […] Le prince le choisit pour son ministre intime et pour son conseiller principal ; il lui donna une maison à la ville, et une retraite paisible à la campagne. […] Maintenant tout est mort dans la maison de Goethe.

496. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Bossuet et la France moderne »

Cette effervescence cléricale s’incarna dans la Sainte Ligue, ou Union catholique dont le clergé, d’accord avec la funeste maison des Guise, prit en 1576, l’initiative. […] Peu de temps après avoir fondé l’Union Évangélique, qui est une alliance des nations presque toutes réformées, contre la catholique maison d’Autriche, et après avoir montré par là qu’il pressentait pour l’Europe la voie de l’avenir, Henri IV mourut sous les coups d’un assassin, instrument des Ligueurs, à qui ce tiède dévot était toujours en haine.‌ […]  »‌ « Une ordonnance de 1681, déclare le commentateur de ces textes77, avait autorisé les enfants protestants à abjurer dès l’âge de sept ans, à quitter la maison paternelle et à exiger de leurs parents une pension. […] Un mois après, nous voyons Bossuet demander les maisons adjacentes aux temples : le succès l’enhardissait…‌ Pas plus que les auteurs, dont je viens d’invoquer le témoignage, je ne sais si Bossuet fit partie du « conseil de conscience » qui prépara la Révocation : mais il existe un autre fait qui prouve d’une manière irrécusable jusqu’à quel point il était partisan de cette mesure d’expulsion. […] L’électeur Frédéric-Guillaume, « le véritable fondateur de la grandeur de sa maison », comprit tout ce que son pays stérile et sauvage pouvait gagner en mettant à profit la faute énorme que la France venait de commettre.

497. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Ma biographie »

  Les bureaux du Globe étaient rue Monsigny dans la même maison qu’habitait le groupe saint-simonien. […] Cet oncle demeurait place Dauphiné ; il y occupait une maison à lui tout seul : il était marchand de vin21. […] Landry, mon maître de pension, à ma mère, au moment où j’allais quitter la maison après ma philosophie pour faire mes études de médecine. […] — Vous avez la bonté de m’écrire que jamais vous n’oublierez notre maison. […] Mme Sainte-Beuve est morte à Paris, dans sa maison de la rue Montparnasse, où est mort aussi son fils, le 17 novembre 1850, à cinq heures de l’après-midi.

498. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LA FAYETTE » pp. 249-287

Ces amants malheureux quittent la cour pour des déserts horribles, où ils ne manquent de rien ; ils passent les après-dinées dans les bois, contant aux rochers leur martyre, et ils rentrent dans les galeries de. leurs maisons, où se voient toutes sortes de peintures. […] Il y a des jours plus sérieux et non moins délicieux, où, à Saint-Maur, dans cette maison que M. le Prince avait prêtée à Gourville, et dont Mme de La Fayette jouissait volontiers, on entendait en compagnie choisie la Poétique de Despréaux qu’on trouvait un chef-d’œuvre. […] Dans son beau et vaste jardin de la rue de Vaugirard, si verdoyant, si embaumé, dans la maison de Gourville à Saint-Maur, où elle s’habitue en amie franche, à Fleury-sous-Meudon, où elle va respirer l’air des bois, on la suit malade, mélancolique ; on voit cette figure longue et sérieuse s’amaigrir et se dévorer. Sa vie, durant vingt ans, se convertit en une petite fièvre plus ou moins lente, et les bulletins reviennent toujours à ceci : « Mme de La Fayette s’en va demain à une petite maison auprès de Meudon où elle a déjà été. […] En 1672, quand Mme Scarron élevait en secret les bâtards de Louis XIV, au bout du faubourg Saint-Germain, près de Vaugirard, bien au delà de la maison de Mme de La Fayette, celle-ci était encore en liaison particulière avec elle ; elle recevait quelquefois de ses nouvelles ainsi que Mme de Coulanges ; elles durent même la visiter ensemble.

499. (1739) Vie de Molière

Jean-Baptiste Poquelin naquit à Paris en 1620 dans une maison qui subsiste encore sous les piliers des Halles. […] Molière, heureux par ses succès et par ses protecteurs, par ses amis et par sa fortune, ne le fut pas dans sa maison. […] Nicolas Fouquet, dernier surintendant des finances, engagea Molière à composer cette comédie pour la fameuse fête qu’il donna au roi et à la reine mère, dans sa maison de Vaux, aujourd’hui appelée Villars. […] Il crie qu’il est perdu, qu’il est abîmé, si la fumée de son feu va hors de sa maison. […] Molière voyant tant d’ennemis qui allaient attaquer sa personne encore plus que sa pièce, voulut laisser ces premières fureurs se calmer : il fut un an sans donner Le Tartuffe ; il le lisait seulement dans quelques maisons choisies, où la superstition ne dominait pas.

500. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXVIIIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 65-128

Le bargello rentra dans son greffe, et sa femme, survenant à son tour, m’enseigna complaisamment tout ce que j’avais à faire dans la maison : à aider le cuisinier dans les cuisines, à tirer de l’eau au puits, à balayer les escaliers et la cour, à nourrir les deux gros dogues qui grondaient aux deux portes, à jeter du grain aux colombes, à faire les parts justes de pain, de soupe et d’eau aux prisonniers, même à porter trois fois par jour une écuelle de lait à la captive de la deuxième loge pour l’aider à mieux nourrir son enfant, qu’elle ne suffisait pas à allaiter par suite du chagrin qui la consumait, la pauvre jeune mère ! […] Alors je lui racontai précipitamment comment j’avais pris les habits et la zampogne de mon oncle dans le coffre, afin de ne pas être exposée, comme une pauvre fille, aux poursuites, aux insolences et aux libertinages des hommes dans les rues ; comment mon oncle et ma tante avaient voulu s’opposer par force à mon passage, comment le père Hilario leur avait dit, au nom du bon Dieu : Laissez-la faire son idée ; comment il avait promis d’avoir soin d’eux, à défaut de leurs deux enfants, dans la cabane ; comment une noce, qui avait besoin d’un musicien, m’avait ramassée sur le pont du Cerchio ; comment cette noce s’était trouvée être la noce de la fille du bargello ; comment leur gendre, en s’en allant de la maison avec sa sposa, avait laissé vacante la place de serviteur et de porte-clefs de la prison ; comment la femme et le mari, trompés par mes vêtements et contents de ma figure, m’avaient offert de les servir à la place du partant ; comment j’avais pressenti que la prison était la vraie place où j’avais le plus de chance de trouver et de servir mon frère prisonnier ; comment j’avais joué de ma zampogne, dans ma chambre haute au sommet de la tour, pendant la nuit, afin de lui faire connaître, par notre air de la grotte, que je n’étais pas loin et qu’il n’était pas abandonné de tout le monde, au fond de son cachot, où il avait été jeté par les sbires ; comment le bargello m’avait appris mon service le matin et comment j’avais compris que le meurtrier c’était lui ; comment j’étais parvenue, petit à petit, à l’empêcher de pousser aucun cri en me revoyant ; comment je le verrais à présent à mon aise, et sans qu’on se doutât de rien, tous les jours ! […] Ensuite la pensée des jours sans fin que nous avions passés ensemble, depuis que nous respirions et que nous grandissions dans le berceau, dans la cabane, dans la grotte, dans la vigne, dans les bois, sans songer que jamais nous pourrions être désunis l’un d’avec l’autre, et puis ceci, et puis cela, que nous n’avions pas compris d’abord dans nos ignorances, et que nous nous expliquions si bien à présent que nous nous étions avoué notre penchant, contrarié par nous seuls, l’un vers l’autre ; et puis la fatale journée de la coupe du châtaignier, et puis celle de ma blessure par le tromblon du sbire, quand il avait étanché mon sang sur mes bras avec ses lèvres ; et puis ma folie de douleur et ma fuite de la maison sans savoir où j’allais pour le suivre, comme la mousse suit la pierre que l’avalanche déracine ; et puis ma pauvre tante et mon père aveugle abandonnés à la grâce de Dieu et à la charité du père Hilario, dans notre nid vide ; et puis l’espérance que les anges du ciel nous délivreront des pièges de la mort où nous étions pris, tels que deux oiseaux, pour nous punir d’en avoir déniché, les printemps, tant d’autres dans nos pièges de noisetier, quand nous étions enfants ; et puis la confiance de nous sauver de là, plus tard, d’une manière ou d’autre, car les quatre semaines et les quatre jours nous paraissaient si longs, que nous ne pensions jamais en voir la fin. […] Premièrement, le petit chien Zampogna fut tout à fait guéri de sa jambe coupée et commença à japper un peu de joie autour de nous en gambadant sur ses trois pattes, devant la porte, comme pour me dire : Maître, sortons donc et allons chercher ceux qui manquent à la maison ; je puis à présent te servir et te conduire comme autrefois ; fie-toi à moi de choisir les bons sentiers et d’éviter les mauvais pas ; et il s’élançait sur le chemin qui descend vers Lucques comme s’il eût compris que ses deux amis étaient là-bas ; puis il revenait pour s’y élancer encore. […] Ces réponses uniformes m’avaient donné d’abord à penser que votre fille n’avait pas osé entrer à Lucques et qu’elle errait çà et là dans les villages voisins, comme un enfant qui regarde les fenêtres des maisons et qui voudrait bien y pénétrer, sans oser toutefois s’approcher des portes.

501. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Edgar Allan Poe  »

L’opulente solennité du début de la Mort rouge, le ton piteux et défaillant, dans Puits et Pendule, s’assortissent à l’affolement entrecoupé qui secoue le commencement du Cœur révélateur à l’ouverture maladive et triste de la Maison Usher où ces mots « journée fuligineuse, sombre et muette » sonnent le glas ; d’autres encore, l’inoubliable prélude à Ligéia, les lentes et sombres périodes initiales dans Ombre, les ténébreux débuts du Corbeau et de la Cité en la mer, affectent comme des présages. […] L’intérieur de la morose maison Usher « aux fenêtres semblables à des yeux sans pensée » se dévoile dans un crépuscule. […] Tous les détails de la description de la maison Usher servent, à la catastrophe. […] Wilson, cette catastrophe grandiose où la maison Usher, par une nuit de tempête, se fissure et s’abîme dans l’étang stagnant à son pied, et démasque lentement le disque rouge de la pleine lune ; jamais on n’a dépensé en une série d’œuvres une richesse pareille d’inventions sans analogue. […] Une vision en plein Océan polaire après d’étranges aventures dans une île inconnue, une maison qui s’abîme singulièrement par une tempête, la résurrection d’un cataleptique, des ressemblances bizarres, une ombre sur une porte, un corbeau qui répond merveilleusement juste ; en ces faibles atteintes au vraisemblable, consiste tout le fantastique mesuré de Poe, qu’atténue encore une science exacte des transitions, du milieu et du moment propices.

502. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le marquis de Lassay, ou Un figurant du Grand Siècle. — II. (Fin.) » pp. 180-203

» Très initié malgré tout, et nonobstant les ennuis, dans ce monde de Chantilly et de Saint-Maur, devenu coûte que coûte allié des princes du sang et appartenant dorénavant du côté gauche à la maison de Condé, Lassay passait sa vie dans la familiarité du plus grand monde ; s’il essuyait quelquefois la chanson et la satire, il les rendait bien. […] Vivant avec ces princes de la maison de Condé, il les a connus à fond, et il les a peints en traits assez inaperçus jusqu’ici, mais ineffaçables. […] Toutes les charges de sa maison sont vacantes ; il n’y a plus ni grandeur ni dignité ; son avarice et son incertitude en sont cause ; il n’est magnifique qu’en secrétaires dont il a dix-huit ou vingt : il est tout le jour enfermé, sous je ne sais combien de verrous, avec quelqu’un de ses secrétaires ; et ceux qui ont affaire à lui, après avoir cherché longtemps, trouvent à peine dans une garde-robe quelque malheureux valet de chambre, qui souvent n’oserait les annoncer ; si bien qu’ils sont des deux et trois mois sans lui pouvoir parler ; sa femme et ses enfants n’oseraient pas même entrer dans sa chambre qu’il ne leur mande… Tout est mystère à l’hôtel de Condé, et rien n’y est secret… Il a des biens immenses et Chantilly, c’est-à-dire la plus belle demeure du monde ; il trouve le moyen de ne jouir de rien de tout cela et d’empêcher que personne n’en jouisse… Il aime mieux y vivre sans aucune considération que d’assembler le monde et les plaisirs dans des lieux enchantés où il serait avec dignité. […] Il avait loué dans les premières éditions du Temple du goût son entente heureuse pour l’emplacement, pour la distribution et les embellissements intérieurs de sa maison près le Palais-Bourbon53.

503. (1868) Alexandre Pouchkine pp. 1-34

La Petite Maison dans la Kolomna et le Comte Nouline sont deux charmants petits tableaux du même genre, non moins gracieux que leur devancier. […] La Petite Maison dans la Kolomna chante les tribulations d’une bonne veuve, mère d’une jolie fille, en quête d’une servante à tout faire. […] La fille de la maison est d’ailleurs fort empressée à la mettre au fait et l’aide de son mieux. […] Dans les maisons, silence absolu.

504. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre X. La littérature et la vie de famille » pp. 251-271

Il importe donc de savoir si elles ont été tenues à la maison, occupées à filer, à coudre, à faire le ménage, à soigner les enfants ; si, au contraire, plus ou moins émancipées, plus ou moins instruites, plus ou moins fringantes, elles ont pris une part active aux choses qu’en d’autres temps les hommes se réservent jalousement. […] D’autre part la jeune fille qui a grandi dans une honnête liberté, partagée entre le monde et la maison de son tuteur ; celle-ci n’est point une chose dont on dispose ; c’est une personne qui a ses préférences, qui les avoue ingénument et ne craint point qu’on veuille les violenter. […] Elle ne va pas sans entraîner la disparition de cette humble et légendaire fidélité qui les attachait à une maison comme des meubles familiers ou des animaux domestiques. […] C’est au théâtre surtout et ensuite dans le roman et la chanson qu’il y a lieu de suivre les gens de maison, et de Scapin jusqu’à Ruy Blas en passant par Figaro, de Martine jusqu’à la servante-maîtresse de Maître Guérin en passant par Lisette et Marton, la liste est longue des personnages en qui les écrivains ont incarné cette classe populaire si intimement liée à la vie des classes supérieures.

505. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1859 » pp. 265-300

Et dès cinq heures du matin chi, chi, boum boum, le bois qu’on scie pour la soupe, et la tombée des bûches, et le feu qu’on souffle, et le lourd départ, puis, quelques heures après, la dégringolade par l’escalier de toute la marmaille de la maison dans les vieux souliers, les souliers trop larges de leurs pères et mères. […] Introduit, je ne sais comment, dans la maison de M.  […] Il est fatigué, il a couru tous ces temps-ci, il a vu tous les banquiers, Rothschild, Solar, etc., à propos d’un emprunt de 50 000 francs qu’il voudrait faire sur sa maison du Point-du-Jour. […] Et nous passons toute la soirée, à regarder le roi Louis XV passer la revue de sa maison militaire, son livret à la main, et les soldats microscopiques et les curieux refoulés à coups de crosse de fusil, et les chambrières montées sur le haut des carrosses, et dont un coup de vent fait envoler les jupes. — Notre plaisir mêlé d’un petit remords, d’avoir pu si peu donner d’argent, pour un si beau dessin, à de si pauvres gens !

506. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre premier. »

Elle frappe dans l’ensemble, dans les détails, malgré tout ce qui sépare le majestueux évêque français, fils de magistrat, magistrat lui-même, reçu dans la cour et le conseil d’État d’un grand roi, le théologien profond, l’orateur incomparable, dont la voix illustrait les grandes funérailles, et l’harmonieux Trouvère de la Grèce idolâtre, le fils d’un musicien de Béotie, habitant une petite maison de Thèbes, poëte et chanteur, et, à ce titre, hôte bien voulu dans les cités de la Grèce, dans les palais des rois de Syracuse, d’Agrigente, d’Etna, de Cyrène, et souvent aussi, dans la maison et à la table de riches citoyens, dont il célébrait, pour des présents ou par amitié, les triomphes dans les jeux sacrés de la Grèce. […] Si on oubliait qu’il s’agit d’un des petits rois, entre lesquels se partageait la Sicile, du roi d’Agrigente ou du roi d’Etna, on croirait parfois entendre l’éloge d’un des héritiers de ces maisons souveraines qui, du moyen âge à nos jours, ont régné sur quelque grand peuple, à travers les révolutions et les guerres. […] C’est la maison des Adrastides, au lieu de celle des Stuarts.

507. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — I. » pp. 343-360

La maison qu’on a habitée était si belle, les hommes si bons, les amis si sûrs, les femmes si sincères et si touchantes ! Cette maison était environnée d’un air plus pur, le soleil y était ardent comme l’amitié, le ciel aussi tranquille que le fond des cœurs. […] M. de Mairan, ainsi défini, ressemble parfaitement à ce que Bailly aurait voulu être, à ce qu’il aurait peut-être été dans le souvenir des hommes, si les événements de la politique n’étaient venus le tirer brusquement de sa maison de Chaillot où il vivait en sage, et de sa fenêtre du Louvre où était aussi son observatoire, pour le porter au fauteuil de notre première assemblée publique, et l’installer bientôt en permanence au balcon populaire.

508. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance diplomatique du comte Joseph de Maistre, recueillie et publiée par M. Albert Blanc » pp. 67-83

s’écrie-t-il quelque part : une grande maison de plaisance, pas plus et même moins russe que parisienne, où tous les vices dansent sur les genoux de la frivolité. » — Il dira comme un boyard de vieille roche : « J’en veux toujours à Pierre Ier qui a jeté cette nation dans une fausse route. » La convenance, le sentiment patriotique interdisent de détacher, dans les pages toutes palpitantes où il les faut chercher et où il les sème à poignées, les mots perçants qui, sous une autre plume que la sienne, seraient outrageux et cruels. […] Il est tombé seul, et parce qu’il l’a bien voulu et parce qu’il devait tomber ; quant à sa maison, en possession de biens immenses, et liée par le sang aux plus grandes maisons souveraines, rien ne peut la faire rétrograder.

509. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Mémoires de l’Impératrice Catherine II. Écrits par elle-même. »

Un jour, avant les noces et au printemps de l’année 1745, comme il habite au palais d’été avec l’Impératrice et un peu loin de la maison où Catherine est avec sa mère, il fait dire tout net à sa fiancée par un domestique, « qu’il demeure trop loin de chez elle pour venir la voir souvent. » Quand on en est à ce point de galanterie avant les noces, que sera-ce après ? […] Je revins à la maison très-contente de mon invention de simplicité, tandis que tous les autres habits étaient d’une richesse rare. » Que dites-vous du portrait et des sous-entendus charmants qui passent comme de légères ombres, et de la délicatesse des nuances ? […] « Une vingtaine d’années plus tard il me prit fantaisie, nous dit Catherine, de lui demander ce qui, dans ce temps-là, l’avait pu porter ainsi à venir partager l’ennui et l’insipidité de notre séjour à Rajova, tandis que sa propre maison fourmillait tous les jours de toute la meilleure compagnie qui se trouvât à Moscou.

510. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Mme de Graffigny, ou Voltaire à Cirey. » pp. 208-225

Si l’on excepte l’appartement de la dame et celui de Voltaire, le reste de la maison est d’une malpropreté extrême, et parfaitement inconfortable, comme nous dirions. […] pour se faire conduire au premier village et pour sortir sur l’heure de cette maison inhospitalière ; il lui fallait demeurer après cet affront. […] Mme de Graffigny vivait donc à Paris, avec un certain état de maison, moyennant de petites pensions des cours de Lorraine et de Vienne et d’assez grosses dettes, quand la chute de La Fille d’Aristide, comédie en cinq actes sur laquelle elle comptait fort, vint lui porter un coup fâcheux : « Elle me la lut, dit Voisenon ; je la trouvai mauvaise ; elle me trouva méchant.

511. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Les regrets. » pp. 397-413

Et, quand ils sont dans la disgrâce et qu’on les envoie à leurs maisons des champs, où ils ne manquent ni de biens, ni de domestiques pour les assister dans leurs besoins, ils ne laissent pas d’être misérables et abandonnés, parce que personne ne les empêche de songer à eux. […] D’Aguesseau, à Fresnes, pas plus que L’Hôpital en sa maison de Vignay, ne doit se considérer comme un ministre en disgrâce ; c’était un magistrat homme d’études, qui retrouvait, un peu mélancoliquement peut-être, mais sans trop d’ennui, les habitudes de la vie de cabinet. Maurepas, qui fut exilé vingt-cinq ans dans sa terre, après avoir été ministre et avant de le redevenir, avait passé ce long intervalle avec une légèreté de grand air, qui faisait illusion, même à Montesquieu : « J’arrive de Pontchartrain avec Mme d’Aiguillon, où j’ai passé huit jours très agréables, écrivait-il ; le maître de la maison a une gaieté et une fécondité qui n’a point de pareille.

512. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « J. K. Huysmans » pp. 186-212

Il n’est personne, parmi les romanciers, qui connaisse mieux Paris dans ses banlieues, ses quartiers excentriques, ses lieux de plaisir et de travail, dans ses aspects changeants de toutes heures, qui sache mieux les intérieurs divers des myriades de maisons parmi lesquelles serpentent ou s’alignent ses rues, qui porte mieux enregistrés dans son cerveau, les physionomies, la démarche, la tournure, les gestes, la voix, le parler, de ses catégories superposées d’habitants. […] Ses brocheuses dévisagent admirablement l’employé de la maison Crespin qui vient leur réclamer de l’argent ; Désirée et Auguste, au moment de s’éprendre, se détaillent mutuellement en physionomistes consommés. […] Tout y apparaît, depuis l’appartement de garçon artiste où André s’installe après sa mésaventure conjugale, jusqu’à la place du Carrousel où il va promener sa nostalgie féminine et comtempler « le merveilleux et terrible ciel qui s’étendait au soleil couchant par de là les feuillages noirs des Tuileries…, les ruines dont les masses violettes se dressaient trouées sur les flammes cramoisies des nuages » ; depuis le brouhaha d’un café du Palais-Royal le soir, jusqu’à ces taches lumineuses que la nuit, les fenêtres éclairées, dans les maisons noires font passer devant le voyageur d’impériale.

513. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre V : M. Cousin historien et biographe »

Cousin, par imitation, tombe dans des phrases du même goût : « Mlle du Vigean est appelée l’Aurore de la Barre, du nom de la maison de plaisance dont elle était le plus aimable ornement 29. » La fadeur est une maladie contagieuse, et le salon de la Barre a gâté son historien. […] « La Providence en a disposé autrement, et Chantilly attend encore une main réparatrice. » Cela fait penser à cette phrase célèbre qu’il semble avoir copiée dans une oraison funèbre : « Ô maison d’Orléans, maison illustre et infortunée, je briserais à jamais ma plume plutôt que de la tourner contre vous.

514. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — V » pp. 123-131

Pendant ces années 1718-1724, le château de Villars était devenu comme la maison du poète. […] Voltaire lui avait adressé une pièce de vers pour s’excuser de ne pouvoir aller à Villars au printemps de 1722 ; sa mauvaise santé l’avait engagé à se mettre dans les remèdes, entre les mains d’un empirique appelé Vinache : Je me flattais de l’espérance D’aller goûter quelque repos Dans votre maison de plaisance ; Mais Vinache a ma confiance, Et j’ai donné la préférence Sur le plus grand de nos héros Au plus grand charlatan de France.

515. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Note sur les éléments et la formation de l’idée du moi » pp. 465-474

Il n’y avait dans son esprit aucun rapport, aucune relation entre ce qui l’entourait et son passé. » Ce trouble était plus fort que jamais lorsqu’il entrait dans une maison étrangère. « Je ne pouvais plus, dit-il, m’orienter en la quittant, ou du moins il me fallait faire un long et pénible effort pour me retrouver. — Souvent il lui est arrivé de se trouver à une courte distance de sa demeure et de ne pouvoir reconnaître son chemin qu’après de longs efforts de réflexion ; deux ou trois fois, il s’assit sur la route, désespérant de retrouver sa maison, et se mit à pleurer à chaudes larmes. » Un autre malade130 écrit : « J’avais horreur d’aller à Divonne, pays nouveau pour moi.

516. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Guy de Maupassant »

Cette nouvelle c’était la Maison Tellier. […] Peu s’en faut, dans ses commencements, qu’il ne se fasse une spécialité de certains sujets et qu’il n’installe dans la maison Tellier son principal siège d’observation.

517. (1923) Nouvelles études et autres figures

Un homme prudent n’aura qu’un enfant pour entretenir la maison paternelle. […] Mais Molière a ouvert les portes de sa maison à la fantaisie. […] Ni Loyola, mort cette même année, ni Guillaume du Prat, qui l’avait précédé dans la tombe, ne virent ce qui allait en résulter : la transformation de la maison d’études de Paris en maison d’enseignement. […] Les externes logeaient chez leurs parents ou dans des maisons que le préfet des études surveillait. […] Il devint bientôt un familier de la maison.

518. (1866) Dante et Goethe. Dialogues

Dans cette maison, ouverte à la joie et aux bruyants plaisirs, Dante aperçoit, pour la première fois, la fille de Folco, Béatrice. […] Aux fêtes de mai, dans une querelle survenue entre deux femmes de ces deux maisons ennemies, le sang avait coulé. […] Dante, qui revenait à Florence, apprend à Sienne que sa maison est rasée, que ses biens sont dévastés, qu’il est ruiné, proscrit. […] En très beaux vers et dans un style d’une simplicité épique, le patricien toscan fait à son petit-fils l’histoire de leur maison. […] J’ai vu ces trois fers à cheval sculptés sur la maison où l’on dit que votre poëte est né.

519. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome II

À l’aspect des satellites qui remplissaient la maison, les convives, frappés de terreur, essayèrent de s’évader ; mais on les força de rester dans la salle du festin jusque bien avant dans la nuit : Néron, pendant ce temps-là, prenait plaisir à se représenter la frayeur de ces malheureux qui s’attendaient à passer de la table à la mort ; et ce ne fut qu’après s’être bien égayé à leurs dépens qu’il les fit enfin relâcher, en disant avec une ironie amère qu’ils avaient payé assez cher l’honneur de souper chez un consul. […] Voilà ce qui lui donne une grande physionomie dans l’histoire, voilà ce qui couvre ses faiblesses et ses vices : il fut défiant, cruel et jaloux, père dénaturé, époux barbare, maître dur et tyrannique ; il remplit l’Asie de sa gloire, et fut très malheureux dans sa maison : ses enfants, ses femmes, ses domestiques le trahirent ; quelquefois il sut vaincre les conquérants du monde, et ne sut jamais vaincre ses passions. […] Jamais père de famille ne fut moins regretté, et n’arrangea mieux, par sa mort, les affaires de toutes les personnes de sa maison : mais aussi, lorsqu’il reparaît, c’est un fantôme qui effraie tout le monde, c’est un vrai trouble-fête ; tout est dans là consternation. […] Racine eut pour théâtre une maison religieuse, où s’élevaient, à l’ombre de l’autel, des filles nobles, peu favorisées de la fortune ; ses acteurs et ses actrices furent ces jeunes vierges, si touchantes par leur modestie, leur innocence et leurs grâces naturelles ; lui-même les avait formées à la déclamation. […] L’éclat et la magnificence des représentations d’Esther, faisaient espérer qu’Athalie n’aurait pas une destinée moins brillante ; mais cette célébrité même d’Esther, cette pompe théâtrale dans une maison religieuse, de jeunes pensionnaires produites sur la scène aux yeux de toute la cour et de ce qu’il y avait de plus grand à la ville, la dissipation, le luxe inséparable de ces fêtes, tout cela fut regardé par les gens sages et pieux comme la profanation d’un lieu sacré.

520. (1896) La vie et les livres. Troisième série pp. 1-336

Par les jours voilés, les arbres et les maisons se tiennent à distance comme des fantômes. […] Voici M. de Saint-Andoche, dont la maison, au fond du Faubourg, est close comme une sacristie. […] Il pouvait incendier les maisons, égorger les hommes, choisir sa proie dans le troupeau des femmes. […] Il a visité, du haut en bas, des maisons de quatorze étages. […] Ces maisons blanches et roses, si coquettes, ont abrité de lentes agonies.

521. (1907) Jean-Jacques Rousseau pp. 1-357

Il est amoureux de mademoiselle de Breil, une des filles de la maison. […] Non, mais à Montlouis, près de Montmorency, dans une maison que lui loue M.  […] Mathas me fit offrir une petite maison qu’il avait à son jardin de Montlouis à Montmorency. […] … Pendant l’absence de Saint-Preux, le baron d’Étanges revient à la maison. […] Il (l’heureux époux) vous croit digne d’avoir été aimé d’elle, et il vous offre sa maison.

522. (1826) Mélanges littéraires pp. 1-457

Il en refoule les eaux pendant vingt journées, et arrive le 1er de novembre, dans un endroit où il se propose de bâtir une maison, et de passer l’hiver. […] « Ce fut bien pis encore, au bout de quelque temps, lorsqu’ils se virent chassés à coups de bâton des maisons, où jusque-là ils étaient entrés aussi librement que dans leurs cabanes. […] Il y a donc deux systèmes d’éducation, savoir : L’éducation domestique qui suit l’enfant dans la maison paternelle ; elle a pour but de former l’homme pour la famille, et de l’instruire des éléments de la religion. […] Un étranger se trouvait, il y a quelque temps, dans une société où l’on parlait du fils de la maison, enfant de sept ou huit ans, comme d’un prodige. […] Sont-ce les pères, les mères, les frères, les sœurs, les enfants de ces victimes qui prient pour les ennemis de la foi, et que vous voyez à genoux de toutes parts, aux fenêtres de ces maisons délabrées, et sur les monceaux de pierres où le sang des martyrs fume encore ?

523. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bourotte, Mélanie (1832-1890) »

Charles Fuster Ce sont de beaux morceaux, des morceaux à l’ampleur toute lamartinienne, que la Vie d’un chêne, les Cloches, la Creuse, la Maison abandonnée, Forêts des montagnes, l’Automne.

524. (1864) Le roman contemporain

On s’arrachait, dans les maisons où le culte de la littérature s’était conservé, ces livres où l’exactitude de l’histoire s’accordait avec les grâces moins austères du roman. […] Ne comprenez-vous pas que le roman se soit sauvé de la maison conjugale, où la réalité entrait avec l’ordre et la régularité ? […] Certes, la maison Raynouard existe, M.  […] Il avait été plusieurs fois obligé d’aller habiter la maison du docteur Blanche. […] J’admire déjà moins l’évêque qui ne veut pas que sa maison soit fermée la nuit, sous prétexte qu’il est écrit que si Dieu ne garde pas une maison, elle ne sera jamais bien gardée.

525. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIe entretien. L’homme de lettres »

Bernardin de Saint-Pierre, qui l’avait autrefois connue, fréquentait sa maison. […] Un instinct plus doux l’attachait à cette maison ; quoique la vieillesse qui s’approchait eût donné de la gravité à ses goûts et imprimé quelques lignes grises aux belles ondes de sa magnifique chevelure, il pouvait plaire encore à l’innocente admiration du premier âge et inspirer naïvement les sentiments qu’il rougissait de ressentir. […] C’était mademoiselle de Pelleport, fille de la marquise de Pelleport, d’une grande maison du midi de la France. […] L’abbé Delille et Bernardin de Saint-Pierre le traitèrent en enfant chéri de leur maison ; il préféra à tout l’auteur des Études de la nature et surtout de Paul et Virginie. […] Tantôt, elle se reprochait la fin prématurée de sa charmante petite-nièce, et la perte de sa mère qui s’en était suivie ; tantôt, elle s’applaudissait d’avoir repoussé loin d’elle deux malheureuses qui, disait-elle, avaient déshonoré sa maison par la bassesse de leurs inclinations.

526. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre II. La commedia dell’arte » pp. 10-30

Voulant donner la définition de ce qu’on entendait par ce mot, qui, étymologiquement, veut dire liens (lazzi, parole lombarde, au lieu de lacci, parole toscane), Riccoboni se sert de l’exemple suivant : « Dans la pièce d’Arlequin dévaliseur de maisons, Arlequin et Scapin sont valets de Flaminia, qui est une pauvre fille éloignée de ses parents et qui est réduite à la dernière misère. […] Scapin le console et lui dit qu’il va pourvoira tout : il lui ordonne de faire du bruit devant la maison.

527. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Baudouin » pp. 198-202

Baudouin Toujours petits tableaux, petites idées, compositions frivoles, propres au boudoir d’une petite-maîtresse, à la petite maison d’un petit-maître ; faites pour de petits abbés, de petits robins, de gros financiers ou autres personnages sans mœurs et d’un petit goût. […] Baudouin transportera la fausse gentillesse de son beau-père dont il est épris, les grâces de Boucher, dans une grange, dans une cave, dans une prison, dans un cachot ; il fourrera partout la petite maison et le boudoir.

528. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Crétineau-Joly » pp. 367-380

Quant aux Légitimistes, qui devaient avoir contre la maison d’Orléans des ressentiments implacables, ils n’ont pas été les moins pressés de descendre le livre de Crétineau dans de prudentes oubliettes. […] c’est l’histoire de Louis-Philippe et de ses dix-huit ans de règne, mais précédée d’un long coup d’œil rétrospectif sur la maison d’Orléans tout entière.

529. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « VI. Jules Simon »

… Est-ce le rachat d’un ancien silence, jugé impertinent par la Maison dans laquelle MM.  […] Platon mettait les poëtes à la porte de sa république avec des couronnes ; le Platon de la maison Hachette veut mettre toutes les religions à la porte de tous les cœurs en se prosternant devant tous les sanctuaires.

/ 1933