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1261. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (3e partie) » pp. 249-336

L’administration, c’est la méthode du gouvernement, c’est cette syntaxe des lois, c’est ce mécanisme admirable des rouages intérieurs à l’aide desquels la volonté et l’action du pouvoir se transmettent avec régularité de la tête aux membres, pour imprimer à chaque chose éparse ou à chaque individu isolé l’unité et la force de l’ensemble.

1262. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIIe entretien. Vie du Tasse (3e partie) » pp. 129-224

« Vous ne pourriez avoir trouvé une meilleure méthode pour obtenir votre pardon, recouvrer votre honneur, et pour me consoler moi et vos amis, que de confesser vos torts et de détruire vous-même, dans tous les esprits, une opinion aussi ridicule qu’odieuse (ses prétendues persécutions).

1263. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CIIIe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (1re partie) » pp. 5-96

À de pareilles définitions, je préfère beaucoup la méthode de ceux qui, comme Gorgias, se sont occupés de faire le dénombrement de toutes les vertus.

1264. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (3e partie) » pp. 5-96

Elles sont pour le naturaliste, non seulement parce qu’elles renferment les grandes lois que Goethe a découvertes, mais aussi et surtout parce qu’il y trouvera la méthode qu’un bon esprit doit suivre pour que la nature lui livre ses secrets. — Ainsi tous les esprits dévoués à la science, à l’art, seront reçus comme hôtes à la table que garnissent richement les œuvres de Goethe, et dans leurs créations se reconnaîtra l’influence de cette source commune de lumière et de vie à laquelle ils auront puisé ! 

1265. (1893) Du sens religieux de la poésie pp. -104

Pourtant, alors que toute méthode scientifique procède du connu à l’inconnu, c’est dans l’inconnaissable qu’on jette l’esprit à peine entr’ouvert en lui faisant bégayer le nom de Dieu !

1266. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre quatrième. Éléments sensitifs et appétitifs des opérations intellectuelles — Chapitre deuxième. Les opérations intellectuelles. — Leur rapport à l’appétition et à la motion. »

J’approche mon doigt de la flamme, je suis brûlé ; je l’écarte, je ne suis plus brûlé ; je l’approche plus ou moins de la flamme et je suis brûlé plus ou moins fort ; par cette triple méthode d’expérimentation, je vois que la flamme est l’antécédent immédiat, suffisant et invariable de la brûlure, ou du moins de ses conditions organiques ; suffisant, puisque dès qu’il est posé, la brûlure suit, invariable puisque les mêmes raisons ont les mêmes conséquences.

1267. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre I. Des poëtes anciens. » pp. 2-93

Des vérités sublimes y sont développées avec art, avec méthode, avec élégance.

1268. (1753) Essai sur la société des gens de lettres et des grands

Il semble que nous soyons actuellement dans une espèce d’échange avec l’Angleterre ; instruits et éclairés par elle, nous commençons à l’emporter, à lui tenir tête du moins pour les sciences exactes, et elle vient d’un autre côté puiser dans nos entretiens et dans nos livres, le goût, l’agrément, la méthode qui manque à ses productions.

1269. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Shakespeare »

Ce sont là certainement des méthodes de style et des procédés de famille qu’on peut, sans être dénaturé, oublier.

1270. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre IV. De la pluralité des temps »

C’est justement parce que sa méthode de recherche et ses procédés de notation l’assurent d’une équivalence entre toutes les représentations de l’univers prises de tous les points de vue qu’il a le droit absolu (mal assuré à l’ancienne physique) de s’en tenir à son point de vue personnel et de tout rapporter à son unique système de référence.

1271. (1880) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Première série pp. 1-336

Mais leurs découvertes, leurs méthodes, leur influence ont-elles rendu le même service à la littérature ? […] J’ajoute que cette méthode érudite est peut-être le moyen d’écrire des livres parfaitement ennuyeux : témoin Alexis Monteil et son Histoire des Français des divers états, précisément conçue dans ce système de « restitution » du passé. […] Lacroix discutât ces biographies et notices de toute sorte qu’il énumère, qu’il en appréciât brièvement la valeur, qu’il les jugeât parfois avec plus de sévérité qu’il ne fait ; et surtout que, par forme d’introduction ou de préface, il montrât, dans notre siècle, les méthodes nouvelles à l’œuvre, et chaque progrès de la critique, en jetant les « moliéristes » sur quelque piste inexplorée, faisant faire un nouveau pas à la biographie du maître. […] Plus tard encore, un historien qui sait par le menu les hommes et les choses de la première moitié du xviie  siècle, l’auteur de l’Histoire de Louis XIII, difficile à contenter, difficile à convaincre, un peu quinteux d’ailleurs, applique pour la première fois à cette question d’histoire littéraire cette méthode ingénieuse, féconde, riche en surprises, de contrôle et de vérification par les faits de l’histoire générale.

1272. (1874) Portraits contemporains : littérateurs, peintres, sculpteurs, artistes dramatiques

Il nous semble peu raisonnable de proscrire la seule méthode d’analyse véridique et bien informée, et l’écrivain peut répondre au feuilletoniste avec le vers de Namouna : Quand le diable y serait, j’ai mon cœur humain, moi. […] Crescentini, le Farinelli de l’Empire, la belle madame Grassini, y faisaient entendre leurs voix exceptionnelles et déployaient leur merveilleuse méthode. […] Il était parfaitement convaincu et parlait avec une éloquence telle, qu’à plusieurs reprises nous essayâmes consciencieusement de cette méthode d’avoir du génie ; nous nous levâmes plusieurs fois à minuit, et après avoir pris le café inspirateur, fait selon la formule, nous nous assîmes devant notre table sur laquelle le sommeil ne tardait pas à pencher notre tête. […] Souvent cette gêne est si grande, que, malgré tout le soin et toute la précision de Grandville, l’homme et l’animal se confondent dans une création hybride dont il est difficile de démêler les types, surtout dans ses dernières œuvres, où il a essayé de plier à sa méthode des formes rebelles et des physionomies tout à fait réfractaires.

1273. (1788) Les entretiens du Jardin des Thuileries de Paris pp. 2-212

Il est vrai qu’il n’adopta cette méthode que les dernieres années de sa vie, & l’on peut dire alors que son esprit s’étoit affoibli, d’autant plus qu’il poussa sa carriere bien au-delà de quatre vingts ans — Et monsieur de Voltaire, lui dis-je, ne paya-t-il pas un tribut à l’humanité, en se livrant souvent à des accès d’humeur, qui le faisoient déraisonner. […] En suivant cette méthode, on n’est jamais qu’un petit écrivain. […] Alors, on leur en donne pour leur argent ; & les livres se trouvent énervés par cette malheureuse méthode.

1274. (1927) Les écrivains. Deuxième série (1895-1910)

Grâce à cette méthode, ses surprises ne pouvaient plus lui servir de conclusions qu’en l’honneur de l’humanité. » Hélas ! […] Hamon, amplifiant sa méthode et généralisant sa conception de la littérature, s’adresse, cette fois, à une catégorie de citoyens, naturellement bavards, incroyablement vaniteux et pour qui, parler de soi constitue, sinon la seule raison d’être, du moins la préoccupation favorite. […] *** Ce qui me ravit plus encore que la beauté sainte de cette méthode de travail, si ingénieusement inaugurée par MM. 

1275. (1894) La bataille littéraire. Septième série (1893) pp. -307

Mais il veut que ce crime qui restera inconnu, sur lequel il va édifier son bonheur, soit commis avec toute la prudence possible et que nul être au monde ne puisse deviner en lui le meurtrier ; froidement, comme un personnage de Poe, je le répète, il examine les diverses « méthodes » ; en vain il regarde l’enfant qui tète, qui boit la vie, il ne rêve que sa mort, en choisit lentement le moment et finit par commettre le crime avec une parfaite sécurité ; mais, si bien amenée que soit la scène, et c’est ici que l’humanité triomphe, il est un moment où la nature reprend ses droits, où tous les raisonnements captieux, les faisceaux de syllogismes les mieux liés se dénouent, c’est un véritable assassin qu’on a devant soi, et quel assassin ! […] Alors, avec méthode, sans passion, et avec cette suite dans la volonté qui est le propre des forts, Alexandre III résolut de dégermaniser son empire que les Allemands avaient progressivement et très habilement commencé à envahir. […] Les pensées les plus abstraites, comprises par une élite intellectuelle, servent de base et de méthode à tous les travaux scientifiques, littéraires et artistiques contemporains.

1276. (1885) Les étapes d’un naturaliste : impressions et critiques pp. -302

Émile Zola, trouva la méthode expérimentale, ni les chroniqueurs Guillaume de Malmesbury, Henry de Huntingdon, Orderic Vital, ni Geoffroy de Monmouth, le fabuleux romancier, ni Robert Wace, son traducteur dans la langue de Thérould, ni Mandeville le voyageur, n’empêchèrent les bardes gallois de conserver leur popularité. […] Chez tous, se livre la même bataille entre les débris de ce qui fut la théorie romantique et les ardentes aspirations, sans ordre ni méthode, des générations jeunes, sincères dans leur passion pour le réel et le vrai et appelées à dégager un jour, après quelques luttes encore peut-être, la formule de la littérature de l’avenir. […] Il avait entrepris pas mal d’œuvres sérieuses et pouvait réciter de splendides prologues de poèmes, de magnifiques strophes épiques ou mystiques, qui rivalisaient avec les œuvres des plus grands poètes de l’Espagne au siècle d’or ; mais il n’avait jamais produit plus que des fragments, et ses relations avec les puissants de la presse étaient inutilisées par une de ces paresses méridionales que rien ne saurait vaincre, par un esprit rebelle à toute discipline, à toute méthode, et dont il gaspillait toutes les étincelantes improvisations.

1277. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome IV pp. 5-

Fidèle à suivre les premiers linéaments de ma méthode rigoureuse, je constatai cette observation préliminairement développée, et l’ayant appliquée ensuite à la double essence de l’art théâtral, je prends soin de la reproduire ici, relativement aux poèmes composés sur la colère d’Achille, et sur les fureurs de Roland, ou, si l’on veut des exemples récents, à l’égard de la Henriade et du Lutrin. […] Craint-on de ne pas assez tôt manifester son génie, lorsqu’on suit la méthode des écrivains qui en ont prodigué le plus, en commençant par se montrer avares de leurs richesses ?

1278. (1858) Du roman et du théâtre contemporains et de leur influence sur les mœurs (2e éd.)

Mais traiter le sujet seulement par cette méthode philosophique, serait le traiter d’une manière incomplète. […] Pour la forme, c’est la même affectation des méthodes scientifiques, le même dogmatisme prétentieux, le même parti pris de bizarrerie ; pour le fond, c’est le même matérialisme médical, le même sensualisme pratique, la même absence de tout sentiment élevé et de toute pensée morale ; ajoutez-y seulement chez M. de Balzac un peu plus de cynisme dans la corruption et un peu plus de grossièreté dans le langage. […] Sa méthode est simple, et sa sentence brève. […] Misérables tous les deux, nous avons vécu aux dépens de ce monde, mais j’ai une autre méthode que toi, et je m’en trouve assez bien.

1279. (1900) La vie et les livres. Cinquième série pp. 1-352

Nos symbolistes n’auraient pas cru inventer la théorie de l’audition colorée et la méthode des voyelles suggestives, si Gautier n’avait pas rimé avec des mots de neige et d’aubépine la Symphonie en blanc majeur 26. […] Nous appliquons au débit de nos petites inventions la méthode qu’ont inaugurée le pharmacien Géraudel et l’écuyer Buffalo Bill pour faire avaler au public des pastilles et des histoires de brigands. […] Anatole France, un des principaux résultats de cette méthode de gouvernement qui consiste à faire à l’Église « des blessures profondes, cachées, envenimées, en introduisant dans l’épiscopat des prêtres imbéciles d’esprit et de caractère… ». […] Si son patriotisme, en désaccord avec les jeux délicats de son esprit, l’incline à souhaiter pour notre nation un réveil d’énergie, d’où vient qu’il s’applique avec tant de suite et de méthode, depuis plusieurs années, à combiner, d’une main diligente, tous les narcotiques et tous les « stupéfiants » qui peuvent aggraver notre engourdissement et alourdir notre torpeur ?

1280. (1904) En lisant Nietzsche pp. 1-362

Et telle me semble bien avoir été la marche de Frédéric Nietzsche ; et en tout cas, telle sera la mienne en cheminant sur ses traces et en cherchant à les reconnaître ; tel sera le plan que je suivrai pour lire Nietzsche avec une certaine méthode. […] Cet idéal est le principe et le but de toutes nos méthodes d’éducation. […] Seulement le temps ne lui a pas permis de mettre au point cette théorie qui eût été une sorte de méthode de conciliation par surélévation, une sorte de méthode de conciliation parle sublime et qui aurait consisté à dire : Vus de très haut, les contraires, non pas se concilient, mais disparaissent, ou, si l’on veut, se concilient dans l’anéantissement.

1281. (1925) Feux tournants. Nouveaux portraits contemporains

Dans une boîte, où, pensionnaire, nous mettons nos chocolats, nos exemptions, quelque argent, il classa ses fiches avec méthode : « Un homme désordonné qui va mourir et ne s’en doute pas, met soudain de l’ordre autour de lui, sa vie change. […] Sa vision de l’univers, ses méthodes si personnelles d’observer et de sentir, son extrême pudeur, le goût sentimental qu’il porte aux gens, aux choses, à la nature, son humour, cette manière de voir ce qui jamais n’arrive, ses petites phrases rapides, l’amour du vocatif et des souvenirs classiques, tout Giraudoux est déjà dans cet essai qui met en scène le plus amoureux et le plus subtil des soldats français, une sous-préfète assez vaine et quelques cardinaux !

1282. (1887) Études littéraires : dix-neuvième siècle

La méthode consiste, comme il le dit lui-même, « non plus à prouver que le christianisme est excellent parce qu’il vient de Dieu, mais qu’il vient de Dieu parce qu’il est excellent. » Dessein plus spécieux que juste. […] — Parce que ces facultés ont presque constamment souffert du voisinage de ce défaut ; parce que ce sont leurs défauts qui limitent les hommes, et qu’en ce moment je m’attache surtout à fixer les limites d’Hugo, ne sachant pas d’autre méthode pour définir que de délimiter.

1283. (1888) Impressions de théâtre. Deuxième série

On parle très haut de positivisme, d’enquête scientifique et de méthode expérimentale. Mais il ne suffit pas de ne pas croire en Dieu ni d’avoir une bonne méthode : il faut encore savoir s’en servir et n’être pas une bête. […] Cette nouvelle méthode d’éducation se complétera avec le temps. […] Baron, je suppose, leur réciterait des passages du Discours de la Méthode, et M. 

1284. (1910) Propos de théâtre. Cinquième série

Voilà la vraie méthode. […] Je suis sensible à cette manière historique de s’intéresser aux vieux auteurs ; mais cette méthode ne peut pas être celle de tout le monde et je maintiens qu’une foule de choses sont ennuyeuses pour le commun des lecteurs, même lettrés, dans les vieux auteurs, parce qu’elles étaient à destination actuelle. […] Selon ma méthode ordinaire. […] Mme Schoppe, s’intéressant à ce jeune homme qui donnait des espérances, persuada à un certain nombre de Hambourgeois, d’abord de couvrir une souscription pour assurer au jeune homme une bourse d’études, ensuite de s’engager à le recevoir à leur table à tour de rôle, ainsi qu’on en usait souvent pour les jeunes gens pauvres qu’on voulait aider ; sotte méthode, du reste ; car cela fait perdre son temps au jeune homme, le gêne toujours, l’humilie souvent et ne lui rend presque aucun service.

1285. (1826) Mélanges littéraires pp. 1-457

Un plus grand défaut encore se fait sentir dans l’ouvrage : il est malheureux qu’un simple journal de voyage manque de méthode et de clarté. […] Des hommes instruits ne voudront pas soumettre leur esprit à des règlements devenus routiniers, à des méthodes d’enseignement qui leur paraîtront défectueuses ; des hommes avides et accablés de besoins voudront s’enrichir ; des pères de famille oublieront les soins publics, pour les affections domestiques. […] Dans un moment où l’on s’empresse de revenir aux anciennes méthodes d’enseignement, on apprendra sans doute avec plaisir que l’on prépare une édition des œuvres complètes de Rollin…… Cette belle entreprise est dirigée par un homme qui conserve le dépôt sacré des traditions et de l’autorité des siècles, et qui méritera dans la postérité, le titre de restaurateur de l’école de Boileau et de Racine. […] L’erreur conduit avec méthode, conseille avec prudence ; elle n’ôte pas la connaissance, et laisse éviter le danger ; elle est austère et même inexorable, et le mal qu’elle fait commettre, on l’exécute avec la rigueur du devoir ; elle éclaire le crime, elle s’entend avec l’orgueil ; et tous les crimes quelle fait commettre, l’orgueil les récompense. » Qui ne reconnaît ici la philosophie du dernier siècle ?

1286. (1914) En lisant Molière. L’homme et son temps, l’écrivain et son œuvre pp. 1-315

De l’autre, qu’on connaît, la traitable méthode Aux faiblesses d’un peintre aisément s’accommode ; La paresse de l’huile, allant avec lenteur, Du plus tardif génie attend la pesanteur : Elle sait secourir, par le temps qu’elle donne, Les faux pas que peut faire un pinceau qui tâtonne ; Et sur celle peinture on peut, pour faire mieux, Revenir quand on veut, avec de nouveaux yeux. […] Mais la fresque est pressante, et veut, sans complaisance, Qu’un peintre s’accommode à son impatience, La traite à sa manière, et d’un travail soudain Saisisse le moment qu’elle donne à sa main : La sévère rigueur de ce moment qui passe Aux erreurs d’un pinceau ne fait aucune grâce ; Avec elle il n’est point de retour à tenter, Et tout au premier coup se doit exécuter ; Elle veut un esprit où se rencontre unie La pleine connaissance avec le grand génie, Secouru d’une main propre à le seconder Et maîtresse de l’art jusqu’à le gourmander, Une main prompte à suivre un beau feu qui la guide, Et dont, comme un éclair, la justesse rapide Répande dans ses fonds, à grands traits non tâtés, De ses expressions les touchantes beautés. […] On pourrait même dire sans paradoxe que cette méthode de travail de Molière est au contraire, si elle est quelque chose comme leçon, une leçon antinaturiste. […] De la méthode de travail de Molière il faudrait donc plutôt conclure qu’il est partisan de l’effort, de l’assujettissement volontaire à quelque chose qui est en dehors de nous, que non pas qu’il l’est de l’abandonnement aux instincts de la nature. […] Mais c’est peut-être un peu subtiliser et j’en reviens à dire simplement que de la méthode de travail de Molière on ne peut tirer aucune conclusion sur ses tendances philosophiques.

1287. (1907) Propos de théâtre. Quatrième série

Il lisait beaucoup, comme tous les gens qui dorment peu, et il lisait sans aucune méthode, ce qui est précisément la méthode qui convient aux artistes. […] On ne pourrait pas « traiter » Dumas par la méthode de la « faculté maîtresse ». […] C’est même une méthode qui a comme force de règle et titre de loi au théâtre.

1288. (1892) Les idées morales du temps présent (3e éd.)

En somme, cette famille m’intéresse fort, parce qu’elle reproduit en diminutif l’image du monde, infiniment diversifié ; mais je ne parviens pas à me faire une idée à peu près claire de ce qu’elle est en tant que famille ; et je ne vois pas beaucoup plus de rapports entre ses divers membres et les premiers Rougon-Macquart qu’on m’a présentés qu’entre vous, moi, quelques autres et nos premiers parents, Adam et Ève. » Mais peut-être bien que si l’on poussait notre homme à la réflexion, on en tirerait autre chose ; peut-être que, en procédant selon la méthode socratique, de question en question, on l’amènerait à dire : « Ah ! […] En 1866, il discute avec quelque estime la méthode de M.  […] On s’en apercevra ; beaucoup, qui de son vivant ne voyaient en lui qu’un réactionnaire de lettres et un esprit chagrin trop épris du passé, reconnaîtront qu’il y a dans ses écrits plus de « modernité » qu’on ne pense et qu’à le relire on n’acquiert pas seulement quelques notions nouvelles, mais plus de tolérance, une méthode plus sûre et — ce qui est toujours un enrichissement précieux — une opinion plus juste sur la vraie portée de ces questions de morale auxquelles on reste trop volontiers étranger.

1289. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre I. Les personnages »

103 Peut-être, dans Rabelais, la faconde intarissable de Dindenaut, qui étourdit le chaland, ne le laisse plus respirer, le couvre, l’ensevelit, le noie sous un flux de paroles, est-elle une méthode commerciale plus heureuse.

1290. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre septième »

Il lut ces fameux écrits qui, par toutes les qualités du grand siècle, la méthode, la proportion, la majesté jointe au naturel, les vues les plus profondes sur l’homme, sont des monuments littéraires d’un intérêt éternel.

1291. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Cromwell » (1827) »

C’est sa méthode de ne corriger un ouvrage que dans un autre ouvrage.

1292. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre I. De la sélection des images, pour la représentation. Le rôle du corps »

Mais, en s’exprimant ainsi, on se pliera simplement aux exigences de la méthode scientifique ; on ne décrira pas du tout le processus réel.

1293. (1716) Réflexions sur la critique pp. 1-296

Il n’y a point de matiere qui ne soit sujette à la plus éxacte discussion : l’art poëtique même a ses axiomes, ses théoremes, ses corrollaires, ses démonstrations ; et quoique la forme et les noms en soient déguisez, c’est toûjours au fond, la même marche du raisonnement, c’est toûjours de la même méthode, quoiqu’ornée, que résultent les véritables preuves. […] Je sentis en voulant continuer, l’impossibilité de réüssir par la même méthode, il me parut que des changemens legers ne suffiroient plus pour le reste.

1294. (1825) Racine et Shaskpeare, n° II pp. -103

Monsieur, Si un homme se présente et dit : j’ai une excellente méthode pour faire de belles choses, on lui dit : faites.

1295. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CLe entretien. Molière »

Non, je ne puis souffrir cette lâche méthode Qu’affectent la plupart de vos gens à la mode ; Et je ne hais rien tant que les contorsions De tous ces grands faiseurs de protestations, Ces affables donneurs d’embrassades frivoles, Ces obligeants diseurs d’inutiles paroles, Qui de civilités avec tous font combat, Et traitent du même air l’honnête homme et le fat.

1296. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre huitième. L’introduction des idées philosophiques et sociales dans la poésie (suite). Victor Hugo »

On peut dégager ces centres d’attraction, introduire par là plus de clarté dans ce qui a été conçu suivant la méthode instinctive et confuse du génie.

1297. (1878) Nos gens de lettres : leur caractère et leurs œuvres pp. -316

Tout louer, excellente méthode ! […] La méthode est pesante et s’étale ; lui, léger, insaisissable, il circule à travers l’œuvre comme un pur esprit : il transparaît partout, il ne paraît nulle part. […]  » Voilà, ou je me trompe fort, une admirable et toute nouvelle méthode de déterminer les affinités littéraires.

1298. (1882) Autour de la table (nouv. éd.) pp. 1-376

Pour vous faire agréer mes réflexions, il faut que je vous dise et que je vous fasse agréer aussi l’entière liberté de choix, le manque absolu de méthode avec lesquels on procède ici. […] Quand on a été à Rome, on s’habitue tellement à l’idée de ce genre de sépulture, que l’on ne peut plus admettre sans répugnance la méthode d’ensevelissement adoptée dans le monde moderne : méthode barbare, hideuse, funeste, contre laquelle le genre humain devrait protester avec l’auteur de l’article excellent que tu viens de lire. […] D’abord, et avant tout, le malheur ou le crime fréquent des inhumations précipitées ; deuxièmement, le manque de respect aux morts ; troisièmement, l’effet désastreux, constant et certain, pour la santé publique, de la méthode actuelle.

1299. (1854) Causeries littéraires pp. 1-353

Cousin, malgré les chagrins que lui causent la Fronde et ses héros, s’est passionné pour l’époque qui précède cette date fatale, et qui comprend Rocroy, Lens, Nordlingen, le Discours sur la Méthode, les Provinciales, le Cid, Horace, Cinna. […] Cousin proteste contre cette qualification d’éclectique que le public s’obstine à attacher à sa méthode et à son nom. — « Nous le déclarons, nous dit-il, l’éclectisme nous est bien cher sans doute, car il est la lumière de l’histoire de la philosophie ; mais le foyer de cette lumière est ailleurs. […] Ce livre, qui reçut improprement le nom d’Histoire, et qui aurait dû plutôt s’appeler Discours préliminaire, Introduction générale à une Histoire de la Révolution, eut le malheur et le tort de donner le premier exemple de ces réhabilitations dangereuses qui présageaient et préparaient des révolutions nouvelles : il inaugura, avec un très grand talent et d’austères formes de langage, cette méthode philosophique et paradoxale qui réduit les événements et les faits à n’être plus que les pièces d’un échiquier gigantesque, combinées par l’historien pour les besoins de sa cause et le gain de sa partie.

1300. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Mémoires du général La Fayette (1838.) »

Avec sa méthode et son caractère, La Fayette ne l’eût jamais été ; il s’usait honorablement à maintenir l’ordre ou à modérer le désordre, à servir la cour malgré elle, à, retenir Louis XVI dans la lettre de la Constitution ; il s’est toujours livré, nous dit-il lui-même (et, à dater de cette époque, je crois le mot exact), aux moindres espérances d’obtenir, dans la recherche et la pratique de la liberté, le concours paisible des autorités existantes.

1301. (1927) André Gide pp. 8-126

On ajoutera que la même méthode pourrait faire conclure à la divinité littérale de Platon, auquel on ne donnait jusqu’ici ce nom de divin que par métaphore.

1302. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VI. Les romanciers. » pp. 83-171

La raison de leur succès est la même là-bas qu’ici : ils font tout avec calcul et méthode ; ils raisonnent leur acharnement ; c’est un torrent qu’ils canalisent.

1303. (1880) Goethe et Diderot « Diderot »

C’est avec Diderot plus qu’avec personne qu’il fallait un ordre et une sévérité de méthode qui nous fit voir sans trouble les différentes aptitudes de cet esprit d’une certaine puissance, mais désordonné, et dont les facultés empiétaient les unes sur les autres pour se diminuer, toutes, les unes par les autres.

1304. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome I

Ce fut la dernière fois que les Romains eurent recours à cette méthode expéditive et si commode pour finir tout à coup une guerre ; on vit depuis des combats singuliers influer dans leurs armes sur le sort d’une bataille, sans jamais décider du sort de la guerre.

1305. (1925) Proses datées

A quoi bon analyser les procédés d’un poète, décrire ses méthodes de composition ! […] En effet, les adversaires même du romantisme reconnaissent la nécessité et l’utilité de sa présence et admettent les ressources qu’il apporte en sensibilité, en pittoresque, en mouvement, la riche et abondante matière qu’il offre, la liberté d’expression qu’il permet, et dont c’est au classicisme à tirer parti en imposant à ces éléments de vitalité et de passion sa discipline et sa méthode, son ordre et son harmonie, en refrénant ses écarts et en modérant ses audaces.

1306. (1864) Corneille, Shakespeare et Goethe : étude sur l’influence anglo-germanique en France au XIXe siècle pp. -311

Je n’apporte ni une vue nouvelle sur la nature des êtres, ni une vue nouvelle sur la méthode des sciences ; j’apporte une exhortation à la vertu. […] Il en prit occasion de recommencer sa croisade contre les nouvelles méthodes littéraires qu’on avait la prétention d’établir.

1307. (1890) La bataille littéraire. Troisième série (1883-1886) pp. 1-343

Cette vue subite changea le cours de sa douleur : « Raisonnons » dit-il à haute voix, et involontairement il retrouva, pour les mettre au service de sa passion, toutes les habitudes de méthode contractées par son esprit : « Oui, reprit-il, raisonnons… » Il s’assit au coin de son feu dans un fauteuil, et le front appuyé sur ses mains, il assembla toutes ses idées, qui ne tardèrent pas à prendre la forme du dilemme suivant : « De deux choses l’une, ou bien cette promenade et ce mensonge s’expliquent par un petit motif innocent, visite de charité, hasard d’une rencontre, et ils ne m’en ont point parlé par une fausse crainte de me déplaire ; — ou bien cette promenade et ce mensonge signifient qu’il y a un mystère entre Hélène et Armand ; disons le mot, qu’ils s’aiment… Il n’y a pas moyen de sortir de cette alternative.

1308. (1864) Histoire anecdotique de l’ancien théâtre en France. Tome I pp. 3-343

Racine fit, à propos de cette pièce, la charmante épigramme que voici : Ces jours passés, chez un vieil histrion, Un chroniqueur émit la question : Quand, à Paris, commença la méthode De ces sifflets qui sont tant à la mode ?

1309. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre II. Les Normands. » pp. 72-164

Est-ce que vous ne voyez point ici et d’avance l’abrégé de toute la littérature française, l’impuissance de la grande poésie, la perfection subite et durable de la prose, l’excellence de tous les genres qui touchent à la conversation ou à l’éloquence ; le règne et la tyrannie du goût et de la méthode ; l’art et la théorie du développement et de l’arrangement ; le don d’être mesuré, clair, amusant et piquant ?

1310. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre II. Lord Byron. » pp. 334-423

La pensée et son développement, son rang, sa structure et ses attaches, ses profondes racines corporelles, sa végétation infinie à travers l’histoire, sa haute floraison au sommet des choses, voilà maintenant son objet, l’objet que depuis soixante ans elle entrevoit en Allemagne, et qui, sondé lentement, sûrement, par les mêmes méthodes que le monde physique, se transformera à nos yeux comme le monde physique s’est transformé.

1311. (1883) La Réforme intellectuelle et morale de la France

L’esprit allemand avait appliqué à l’art de tuer la puissance de ses méthodes.

1312. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1894 » pp. 185-293

Avec la véritable méthode de faire toutes sortes d’eaux et de liqueurs, fortes, raffraichissantes, à la mode d’Italie.

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