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1033. (1856) Cours familier de littérature. I « VIe entretien. Suite du poème et du drame de Sacountala » pp. 401-474

Seigneur, ne parlez pas ainsi : Quelque vil que puisse paraître l’état auquel nous avons été destinés par nos pères, nous ne devons pas nous y soustraire ; et d’ailleurs, quoique l’action de donner la mort à un animal soit, avec justice, considérée comme cruelle, cependant il n’est pas rare de trouver dans le boucher lui-même une âme tendre et accessible à la compassion. […] La quatrième règle concerne le dénouement ; il doit être toujours heureux, c’est-à-dire conforme à la justice et à la bonté divine, qui prévalent, à la fin de toutes choses, sur le mal et sur le crime.

1034. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Vicq d’Azyr. — II. (Fin.) » pp. 296-311

Lieutaud, cela est tout simple, ne publia point sa réfutation : « Tous les deux firent alors ce qu’ils se devaient, nous dit Vicq d’Azyr, et ils en retirèrent les avantages qui sont l’effet nécessaire d’une justice réciproque.

1035. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — II. (Suite.) » pp. 463-478

Il est évident que, dans cette affaire délicate, on aime mieux que ce jeune homme sensé, clairvoyant et, pour tout dire, plus considéré que ce qui l’entoure, n’ait pas à s’expliquer hautement en justice et devant le public, comme il l’eût fait s’il avait été obligé de se défendre.

1036. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — I » pp. 56-70

Quel dommage qu’il n’ait pas joint à ses autres brillantes qualités celles qui font le guerrier humain, c’est-à-dire le guerrier accompli, cette modération, cette justice après le combat, ces vertus civilisées qui décorent à jamais le nom d’un Xénophon ou d’un Desaix !

1037. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Les Chants modernes, par M. Maxime du Camp. Paris, Michel Lévy, in-8°, avec cette épigraphe. « Ni regret du passé, ni peur de l’avenir. » » pp. 3-19

Il m’arrive assez souvent, dans l’intérieur de l’Académie, de me trouver en désaccord avec quelques-uns de mes honorables confrères pour qu’il me soit permis de les défendre et de leur rendre toute justice au dehors.

1038. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — III » pp. 174-189

Le général en chef vous rend toute la justice que vous méritez.

1039. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mélanges religieux, historiques, politiques et littéraires. par M. Louis Veuillot. » pp. 44-63

Il commence ce pèlerinage, qui asurtout pour objet la Suisse catholique, par une diatribe violente contre Genève, où l’on célébrait, quand il ypassa, l’inauguration de la statue de Jean-Jacques, un sujet tout trouvé d’anathème : « Tristes fêtes dont nous n’osons plus rire, s’écrie l’auteur, quand nous songeons qu’il est une autre vie et que probablement ce malheureux Rousseau, mort dans l’hérésie, sans sacrements et, selon toute apparence, sans repentir, a plus affaire à la justice de Dieu qu’à sa clémence… » Je laisserais ce passage et le mettrais sur le compte de la jeunesse, si les mêmes sentiments d’exécration ne revenaient sans cesse sous la plume de l’auteur ; si, dans ces volumes de Çà et Là où il y a de charmants paysages et de beaux vers pleins de sensibilité, je ne voyais, lors d’une nouvelle visite à Genève (chapitre Du Mariage et de Chamounix), la même répétition d’injures contre la statue et les mêmes invectives contre les Genevois en masse.

1040. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Souvenirs d’un diplomate. La Pologne (1811-1813), par le baron Bignon. »

Le général Clarke, en sa qualité de gouverneur général de Berlin et de la Marche de Brandebourg, fut chargé de faire les honneurs de la ville au Corps diplomatique, et M. de Senfft, qui se lia alors avec le futur duc de Feltre, lui rend toute justice en ces termes : « Le général Clarke, qui a marqué dans la diplomatie par sa mission à Florence et par sa négociation avec les lords Yarmouth et Lauderdale en 1806, a été certainement l’un des hommes les plus intègres du Gouvernement impérial de France.

1041. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Souvenirs d’un diplomate. La Pologne (1811-1813), par le baron Bignon. (Suite et fin.) »

Bignon, dans ses Souvenirs, a un avantage sur M. de Senfft dont il ne prévoyait pas les sévérités : il le réfute de la manière la plus propre à faire impression sur des lecteurs impartiaux ; il parle avec justice, et dans une parfaite mesure, de celui qui en a manqué à son égard : « M. de Sentit, dit-il, était en 1811 et est resté jusqu’à la fin de 1812 zélé partisan du système français (on le croyait, et il paraissait tel sans l’être au fond).

1042. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Lettres d’Eugénie de Guérin, publiées par M. Trébutien. »

Cette justice rendue au plus méritant et au plus délicat des sacristains, nous entrerons dans la chapelle et nous reparlerons un peu, s’il vous plaît, d’Eugénie de Guérin.

1043. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « GLANES, PÖESIES PAR MADEMOISELLE LOUISE BERTIN. » pp. 307-327

Je crois avoir rendu ailleurs ample justice au talent de M. de Musset, mais il ne me semble pas, malgré tout, que situation soit telle encore, et j’ajouterai que c’est peut-être parce qu’il ne l’a pas voulu.

1044. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Sur la reprise de Bérénice au Théâtre-Français »

. — Beauvallet, on lui doit cette justice, a fort bien rendu le rôle de Titus ; de son organe accentué, trop accentué, on le sait, il a du moins marqué le coin essentiel du rôle, et maintenu le côté toujours présent de la dignité impériale.

1045. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Léonard »

Dans cette âme imbue des idées philanthropiques de son siècle, les désappointements furent grands, on le conçoit, surtout lorsqu’il eut à exercer des fonctions austères, à maintenir et à distribuer la justice.

1046. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIV. La commedia dell’arte au temps de Molière (à partir de 1662) » pp. 265-292

Quant aux galères, il en a tâté plus d’une fois, par suite d’erreurs plus ou moins explicables de la justice.

1047. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre III. Grands poètes : Verlaine et Mallarmé, Heredia et Leconte de Lisle » pp. 27-48

Mais le mépris des pédants est impliqué par la bonté : c’est une justice rendue aux modestes.

1048. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre VII. L’antinomie pédagogique » pp. 135-157

Au lycée, l’enfant voit une justice scrupuleuse présider à la distribution des notes et des places dans les épreuves scolaires.

1049. (1890) L’avenir de la science « XII »

Il y a une merveilleuse grandeur et une profonde philosophie dans la manière dont les anciens Hébreux concevaient le gouvernement de Dieu, traitant les nations comme des individus, établissant entre tous les membres d’une communauté une parfaite solidarité, et appliquant avec un majestueux à-peu-près sa justice distributive.

1050. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre II. L’analyse interne d’une œuvre littéraire » pp. 32-46

Lorsque André Chénier, sous les verrous, rime ses Iambes et s’écrie : Souffre, ô cœur gros de haine, affamé de justice !

1051. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Marie-Antoinette. (Notice du comte de La Marck.) » pp. 330-346

Ne déplaçons pas les vrais points essentiels de la justice et de la morale humaine.

1052. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Les romans de M. Edm. de Goncourt » pp. 158-183

Il lui faut des faits pour prouver ses assertions générales, le désir qu’ont les menuisiers de ne travailler que pour le théâtre, une fois qu’ils ont goûté de cette gloriole, pour montrer la séduction que celui-ci exerce sur tout ce qui l’approche ; des faits pour trait final à une analyse de caractère, ou à la notation d’un changement moral ; la mère des Zemganno appelée en justice, ne voulant témoigner qu’en plein air, pour montrer le farouche amour de la bohémienne pour le ciel libre ; pour représenter la modification produite en Chérie par sa puberté, décrire en détail la gaucherie et la timidité subite de ses gestes.

1053. (1876) Du patriotisme littéraire pp. 1-25

C’est que notre littérature du dix-neuvième siècle a sur ses aînées cet incontestable avantage d’être plus accessible à tous et plus aimante pour tous, d’exprimer des sentiments plus fraternels et des idées plus généreuses, de se révéler plus philanthropique et, quoi qu’on dise, plus chrétienne, de porter sur elle-même le double signe des temps nouveaux, l’amour et la justice !

1054. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Essai, sur, les études en Russie » pp. 419-428

Le tribunal, qui consulte ainsi la faculté (ou même les facultés de plusieurs universités sur le même procès), n’est pas obligé de suivre leur décision, il reste le maître de prononcer suivant ses principes et ses lumières ; mais dans les villes impériales, par exemple, où le magistrat est intéressé à convaincre ses sujets de la plus grande intégrité et impartialité dans l’administration de la justice, il s’en tient volontiers, et surtout dans les cas criminels, à la décision d’une faculté.

1055. (1759) Observations sur l’art de traduire en général, et sur cet essai de traduction en particulier

Ainsi, pour le critiquer avec justice, il ne suffit pas de montrer qu’il est tombé dans quelque faute, il faut le convaincre qu’il pouvait faire mieux ou aussi bien sans y tomber.

1056. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre premier. Considérations préliminaires » pp. 17-40

Cette erreur était trop naturelle pour qu’on n’y tombât pas : elle ne peut donc point être reprochée avec quelque justice à ceux qui l’ont partagée.

1057. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VI : M. Cousin philosophe »

Tout s’y tient, tout s’accorde pour définir le génie de l’auteur ; tout indique la domination définitive de la faculté maîtresse que nous avons reconnue dans les beautés et dans les défauts de son style, dans ses goûts et dans son impuissance d’historien et de peintre, et que nous reconnaissons dans le but, comme dans toutes les parties de sa philosophie, dans sa théorie de la certitude, de la raison, de la Divinité, de la justice et de l’art.

1058. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XVI. »

La profonde hypocrisie dont il couvrit d’abord la seule passion honorable de son âme, son alliance avec les meurtriers de César jusqu’à l’heure de les combattre, plus tard sa complaisance aux cruautés d’Antoine, son profit dans les crimes d’autrui, et son art d’épuiser tous les avantages de la proscription et de la violence avant de revenir à quelque ombre de justice et d’humanité, rien de tout cela sans doute n’était fait pour attirer sur son nom le respect et l’amour.

1059. (1856) Articles du Figaro (1855-1856) pp. 2-6

Pour nous, nous prendrons la peine de lire avant de juger, nous ne négligerons aucun moyen d’éclairer notre bonne foi ; nous accueillerons avec empressement, s’il nous arrive de nous tromper, les réclamations loyales des intéressés ; et si nous sommes sévères, c’est que la sévérité n’est que la justice rigoureusement appliquée et que nous avons la passion de la justice. […] Nous rendrons hommage à ces nobles esprits qui consacrent leur vie et leur fortune à agrandir les voies de l’art, à élever sa mission ; mais nous serons sans pitié pour les faux talents comme pour les fausses gloires. — Nous irons du plus petit au plus grand, des noms les plus obscurs aux noms les plus rayonnants, apportant partout la même hardiesse et la même indépendance et, convaincu que la voix d’un honnête homme disant une chose juste a toujours droit à l’attention, nous rappellerons à la dignité de leur gloire ceux, parmi les plus illustres, qui défigurent leurs propres chefs-d’œuvre et battent monnaie avec les rognures de leur génie. — Enfin, partout et toujours, nous aurons la justice pour muse et pour conseillère. […] Mais, — c’est justice à leur rendre, — s’ils ont perfectionné ce qu’on pourrait appeler l’acrobatie de la phrase, s’ils marchent sur la tête sans broncher, s’ils avalent beaucoup de sabres et en font avaler davantage à leurs lecteurs, leur style conserve parfois, au milieu de ces parades macaroniques, un parfum de bonne compagnie, un ragoût d’ironie verveuse qui sentent leur homme d’esprit et leur gentilhomme. […] Il en avait cependant essayé plusieurs, et toutes, — c’est justice à leur rendre, — faisaient preuve d’une égale supériorité au même endroit de leur rôle : elles croquaient la fameuse pomme avec un brio et une dextérité qui dénotaient un précoce apprentissage et une longue habitude.

1060. (1856) À travers la critique. Figaro pp. 4-2

Le mobile qui fait agir la critique des Débats est quelque chose de si révoltant et de si monstrueux, que je m’abstiens de qualifier, comme je le devrais peut-être, cette volontaire méprise, dans la crainte de commettre pour tout de bon le délit chimérique dont je vais avoir à répondre devant la justice […] Janin que s’il lui arrive de médire du grand Turc, je me tiendrai pour offensé et lui intenterai, à mon tour, une action en justice ! […] Je lui ai rendu pleinement justice à cet égard, sans dissimuler toutefois les obstacles physiques qu’il lui a fallu, surmonter. […] À propos d’une oraison funèbre Lorsque la justice a frappé un coupable, elle abandonne le corps du supplicié à la famille, qui obtient, de la tolérance de la loi satisfaite, le droit de le pleurer et de l’ensevelir en silence. Je vous demande pardon pour ce début funèbre servant de préface à une pièce de théâtre qui, de son vivant, visait à la bouffonnerie : mon excuse, la voici : la pièce en question a péri de mort violente, étranglée en plein Théâtre-Français par la justice du parterre.

1061. (1857) Causeries du samedi. Deuxième série des Causeries littéraires pp. 1-402

Nous honorons trop la vérité, religieuse, morale ou littéraire, pour admettre qu’elle puisse ressembler à la justice dont parle Pascal, et se faire rigide ou accommodante suivant que l’atmosphère publique est à la tempête ou au calme. […] Il s’en faut de bien peu qu’il ne prenne parti pour lui contre les lois et la justice, ou du moins qu’il ne rejette la responsabilité de ses vices et de ses crimes sur cette société qui n’a pas su faire une place à son génie. […] Mais il n’y a aucun lieu sur la terre où j’attende une justice plus éclairée qu’à Genève. » — Et cela est signé : « Voltaire, gentilhomme ordinaire du roi !  […] La guerre et la paix, la religion et la politique, l’administration et la justice, la puissance aristocratique et la magistrature populaire, Rome et les provinces, tout revenait à ce centre unique. […] Mais ceci n’est pas seulement le fait d’une préférence bien naturelle et d’une galanterie bien rétrospective ; c’est aussi clairvoyance et justice.

1062. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE STAEL » pp. 81-164

Il y avait, sinon dans les premiers écrits de Mme de Staël, du moins dans sa personne, une vivacité alliée à la tristesse, une spirituelle pétulance à côté de la mélancolie, une facilité piquante à saisir vite son propre ridicule et à en faire justice, qui la sauvait de toute fadeur, et qui attestait la vigueur saine du dedans. […] Dans celle-ci principalement, un mélange de commisération profonde et de justice déjà calme, l’appel de toutes les opinions non fanatiques à l’oubli, à la conciliation, la crainte des réactions imminentes et de tous les extrêmes renaissant les uns des autres, ces sentiments aussi généreux qu’opportuns marquent à la fois l’élévation de l’âme et celle des vues. […] Exact et bien dirigé en ce qui touche les sentiments politiques de Benjamin Constant, l’ingénieux écrivain n’a pas rendu la même justice à Mme de Staël. […] … ses opinions politiques étaient bien des principes ; mais les noms propres, c’est-à-dire les personnes, les amis, les inconnus, tout ce qui vivait et souffrait, entrait en compte dans sa pensée généreuse, et elle ne savait pas ce que c’est qu’un principe abstrait de justice devant qui se tairait la sympathie humaine.

1063. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) «  Chapitre treizième.  »

Il explique tous les gouvernements ; il explique l’activité humaine, la guerre, la paix, la justice, les arts ; il s’y plaît ; et, quoiqu’il subordonne tout à Dieu, et qu’il ne se laisse pas éblouir par l’orgueil de la vie présente, il s’y intéresse néanmoins, il l’aime, il la règle. […] Ce commerce extraordinaire des mystiques avec Dieu, cette possession de Dieu qui emprunte son langage à la possession de la nature, le révoltent ; il ne veut pas d’une doctrine où Dieu sert de pâture à des imaginations affamées, et où sa grandeur et sa justice s’absorbent dans sa bonté115. […] Le plus grand caractère de cette œuvre, la première raison de sa durée, c’est cette justice envers l’antiquité païenne. […] Que décidera la justice suprême, en comparaison de laquelle la nôtre n’est qu’injustice ?

1064. (1868) Curiosités esthétiques « II. Salon de 1846 » pp. 77-198

Salon de 1846 Aux bourgeois Vous êtes la majorité, — nombre et intelligence ; — donc vous êtes la force, — qui est la justice. […] Gloire et justice soient rendues à MM.  […] » Pour Delacroix, la justice est plus tardive. […] Dans les écoles, qui ne sont autre chose que la force d’invention organisée, les individus vraiment dignes de ce nom absorbent les faibles ; et c’est justice, car une large production n’est qu’une pensée à mille bras.

1065. (1923) Critique et conférences (Œuvres posthumes II)

Justice est donc faite, et bonne et complète ; car en outre du présent fragment de l’ensemble, il y a eu des reproductions par la presse et la librairie des choses en prose si inappréciables, peut-être même si supérieures aux vers, dont quelques-uns pourtant incomparables, que je sache ! […] On a dit tout, en une préface abominable que la Justice a châtiée, d’ailleurs, par la saisie, sur la requête d’un galant homme de qui la signature avait été escroquée, M.  […] parce que le bon sens a fait, durant ces trente dernières années, justice des ridicules préjugés de quelques voltigeurs de la Tragédie il faudrait se désoler de n’avoir plus ces adversaires à combattre, jeter la pierre au progrès et reprocher à notre génération d’avoir profité de l’expérience ! […] Paris par Victor Hugo Ne vous attendez pas, de notre part, à ce qu’on appelle « une critique » du nouveau livre du plus grand Poète Français ; nous sommes, en effet, de ceux-là qui vivent dans une incurable ignorance de cette Justice et de ces juges : la Critique, les Critiques, — et qui, en définitive, ne s’en portent peut-être pas plus mal.

1066. (1881) Le roman expérimental

On entrera dans un siècle où l’homme tout-puissant aura asservi la nature et utilisera ses lois pour faire régner sur cette terre la plus grande somme de justice et de liberté possible. […] Les tout jeunes gens devraient seuls répéter des lieux communs sur l’avilissement des lettres sacrifiant au veau d’or ; ils ignorent tout, ils ne peuvent comprendre la justice et l’honnêteté de l’argent. […] Et s’il n’a pas cette force, il n’est personne, il reste inconnu par sa faute et en toute justice. […] Telle est l’opinion que j’ai soutenue autrefois, et les échos du Palais de Justice me donnent raison. […] Seulement, avec ce désir de justice pédagogique, avec cette ambition de distribuer des prix aux plus méritants, on arrive à ne plus tenir compte des grandes évolutions, à se désintéresser du mouvement général des esprits.

1067. (1891) Enquête sur l’évolution littéraire

Les poètes selon la vieille formule, ceux qui avaient du talent, l’ont prouvé autrefois lorsqu’ils étaient, eux aussi, des novateurs ; l’avenir leur rendra la justice due. […] Vous connaissez la réclame du maître : nulle justice pour les adversaires, l’effacement des émules, sa complaisance aux seuls séides, M.  […] C’est une justice que je lui rends, d’autant plus volontiers qu’en somme il parle comme je parle depuis deux ans dans la Revue indépendante. […] Il collabore à la Justice où il publie depuis près de dix ans, sur les mœurs et sur des cas de vie, de fines et délicates chroniques ; il y a donné aussi de pittoresques Souvenirs de voyage. […] Après tant de pitié à la Slave, un peu de vraie et simple justice semble dû.

1068. (1880) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Première série pp. 1-336

Cette force dont parlait l’historien ne s’est exercée, ne s’est déployée que dans le domaine de l’action, — politique ou religieuse, — et rien ou presque rien n’en a passé ni dans la distribution de la justice sociale, ni surtout, puisqu’ici c’est le seul point qui nous intéresse, dans le domaine de la littérature. […] Le bon sens national avait fait bonne justice : n’appelons pas de son arrêt. […] et c’est une justice à leur rendre. […] La postérité lui sera redevable avec nous du secret qu’il a trouvé de la bonne comédie, dans laquelle chacun tombe d’accord qu’il a excellé sur tous les anciens comiques et sur tous ceux de notre temps. » Ne sont-ce pas là des louanges bien senties, et Chappuzeau, dès 1674, ne rend-il pas ici pleine justice à Molière ? […] Il faut prendre parti : l’applaudir, si vraiment il a mis les plus rares facultés qu’un homme ait jamais reçues de la nature au service de la justice et de la vérité ; le blâmer et le condamner, s’il n’en a, presque en toute circonstance, usé que dans son intérêt, dans l’intérêt de sa sécurité, de sa fortune, de sa réputation avant tout et par-dessus tout.

1069. (1910) Études littéraires : dix-huitième siècle

Elle est, malgré eux et par elle-même. « La justice est éternelle et ne dépend point des conventions humaines. » Elle oblige les hommes de par soi, et ils doivent se défendre de croire qu’elle résulte de leurs contrats. […] Il aura même sa part dans le pouvoir judiciaire, non pas en ce qui regarde le dépôt des lois, mais en ce qui concerne la distribution de la justice. […] Plus de liberté. — Il ne nommera même pas les juges, car il ferait des juges des instruments, et de la justice un système de récompenses ou de vengeances personnelles. […] Il a montré l’impôt mal réparti, iniquement perçu, le commerce gêné par-des douanes intérieures absurdes et oppressives, la justice trop chère, trop ignorante, trop frivole et capable trop souvent d’épouvantables erreurs. […] Il hésite, aussi, un instant ; on le voit par ses lettres ; puis il se décide pour le bon sens, la justice et la pitié.

1070. (1889) Impressions de théâtre. Troisième série

Révolté par cette inconvenance, vous empoignez un paquet de tripes, et vous en fouettez l’insolent avec beaucoup de soin ; puis, justice faite, vous remettez les tripes dans le baquet. […] Carvajan le maudit et le met à la porte. ) Je ne sais si vous connaissez le palais de justice de Rouen. […] Après 1870, on les a accusés, sans justice et surtout sans mesure, d’avoir, par leurs « romans nationaux », affaibli en France l’esprit militaire. […] Maujan assez de justice et de vérité pour que ce drame ne puisse pas faire grand mal à la foule enfantine. […] Puis, assisté de son chapelain, un capucin de baromètre, il rend la justice.

1071. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [1] Rapport pp. -218

Avec tous ses instincts ancestraux et tous ses désirs nouveau-nés, il se rua vers un seul idéal, de délivrance, de justice, de gloire. […] Ô âme sublime, justice, bonté, caresse ! […] la justice de nos réserves. […] Mais si le vers répugne aux discussions actuelles, combien il a le droit de proférer les grandeurs de la justice et de la liberté. […] Un peu de justice, lui vivant, l’eût empêché de mourir, peut-être.

1072. (1890) Nouvelles questions de critique

On ne saurait, en effet, livrer sans défense quelque accusé que ce soit à toutes les forces de la justice et de la société réunies contre lui, ni laisser d’autre part une maladroite pitié désorganiser ou dissoudre l’institution sociale ; … et ce sont deux thèmes oratoires qui sont aisés, qui sont beaux, qui sont nécessaires à soutenir. […] Et nous, ne sachant plus où est la vérité, la justice, et le droit, nous ne savons plus où est l’éloquence. […] Dans des lois que l’on ne saurait jamais regarder comme immuables, puisqu’elles ne sont point descendues du ciel, sa mission ou sa raison d’être est d’introduire plus de clarté, plus de justice, plus d’humanité. […] Car, il n’y a pas de « mouvements » hardis ou passionnés, il n’y a pas de formes de l’éloquence humaine, il n’y a ni souvenirs historiques, ni moyens d’émotions qu’on ne puisse employer dans la cause de la liberté, de la justice, ou de la patrie. […] C’est ainsi que je n’ai trouvé enfin, ni à Fange, ni à Enfer, ni à Forge, les trois vers de Booz endormi : Il était, quoique riche, à la justice enclin, Il n’avait pas de fange en l’eau de son moulin ; Il n’avait pas d’enfer dans le feu de sa fange.

1073. (1895) La vie et les livres. Deuxième série pp. -364

La morale entrait dans la religion ; des tribus qui, jusqu’ici, n’avaient reconnu que le droit de la force, s’initiaient à des notions de justice. […] J’ai peu de goût pour les épées historiques, sauf quand elles ont resplendi pour la cause de la justice et du droit. […] C’est donc qu’il croit à l’avènement possible de la justice, à l’existence actuelle de la liberté. […] le jour où tu auras fait une belle œuvre d’art, tu auras plus prouvé ton amour de la justice et du droit qu’en écrivant vingt volumes d’économie politique. […] Cela est fait pour des gens qui n’avaient pas d’examens à préparer, de carrière à poursuivre, de question sociale à résoudre, qui ne frissonnaient pas devant l’énigme de la Justice blessée et du Malheur immérité.

1074. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1885 » pp. 3-97

Là-dessus Geffroy est reparti pour faire la cuisine du numéro de La Justice de demain, et Céard resté avec nous, est revenu dîner à Champrosay. […] Mercredi 19 août Ce soir, je vais chercher Geffroy à La Justice. […] Là-dessus, Daudet dit avec justice : « Ma pièce, comme mon livre, aura pour elle les hommes, qui tous y retrouveront un morceau de leur existence, et n’aura jamais pour elle, les femmes.

1075. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DE LA MÉDÉE D’APOLLONIUS. » pp. 359-406

L’Ariane de Catulle peut aisément s’apprécier et faire valoir ses droits ; mais il me semble qu’on n’a pas rendu assez justice à la Médée d’Apollonius, frappée d’une sorte de défaveur et d’oubli, et comme entourée d’une ombre funeste. […] Heureusement, chez nous autres Modernes (rendons-nous justice), tout cela a bien changé ; la terminaison se dissimule d’ordinaire, se recouvre d’hommages prolongés, et, chez les natures délicates, s’enveloppe d’un culte d’amitié et de souvenirs.

1076. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIe entretien. L’Imitation de Jésus-Christ » pp. 97-176

Il se jure à lui-même de s’immoler à la justice. […] Son intrépidité brave tout pour ne pas mentir à Dieu, souveraine justice.

1077. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1860 » pp. 303-358

Et notez que la forme est ce qui nous rend suspects à la Justice, aux tribunaux qui sont classiques… Classiques, oh ! […] La Justice est là, avec la cravate blanche et les lunettes d’or du président.

1078. (1857) Cours familier de littérature. III « XIVe entretien. Racine. — Athalie (suite) » pp. 81-159

Je les ai encore ; elles restent livrées justement aux intempéries de l’air et aux insectes, qui font justice du papier noirci par une main novice, dans un coffre de mon grenier de Milly. […] Il n’y a point de justice à espérer d’une nation qui a été dix ans ivre de gloire, et qui vient, par un retour nécessaire des choses humaines, d’être abattue sous le poids des revers et des humiliations.

1079. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XVIII. »

Quelle justice, grand Dieu, de m’accabler de maux et de craintes, parce qu’une ville a reçu de moi le sceau de la piété chrétienne ! Quelle justice qu’un autre charme sa pensée du spectacle de mes souffrances, en montant lui-même au trône pontifical, qu’il occupe sans droit, et où j’avais été promu par Dieu et les vrais serviteurs de Dieu !

1080. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Œuvres de François Arago. Tome I, 1854. » pp. 1-18

Biot lui rendant pleine justice, souvent la tempête emportait nos tentes, déplaçait nos stations : M. 

1081. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — III. (Fin.) » pp. 162-179

Lorsque Henri IV eut rendu aux Provinces-Unies tous les services qu’on pouvait attendre du meilleur et du plus sûr allié et ami, il jugea à propos que le président Jeannin fît, avant son départ, une recommandation de charité et de justice en faveur des catholiques du pays, ainsi molestés et opprimés : Je dois cela, disait notablement Henri IV, à la religion de laquelle je fais profession, et à la charité qui doit accompagner un roi très-chrétien, tel que Dieu m’a constitué.

1082. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Guillaume Favre de Genève ou l’étude pour l’étude » pp. 231-248

Il n’était pas fâché, tout en rendant une éclatante justice à l’Antiquité et aux nations étrangères, de faire une sorte de réaction contre la gloire littéraire de la France. « Ce ne sera pas un désavantage à nos yeux, écrivait son traducteur anglais, qu’il ait été impitoyable dans ses hostilités contre la littérature de nos ennemis40. » Il y eut là un coin de faiblesse et, on peut dire, d’infirmité chez un si grand esprit.

1083. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance de Buffon, publiée par M. Nadault de Buffon » pp. 320-337

Lui qui rend si pleine justice à Voltaire, il reste fidèle à ses connaissances et à ses admirations du bon cru : le président de Brosses demeure pour lui jusqu’à la fin « le plus digne de ses amis comme le plus savant de nos littérateurs. » L’homme qui a le plus fait pour Buffon en ce temps-ci, en commentant ses idées, en rééditant ses œuvres et en conférant ses manuscrits, M. 

1084. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance diplomatique du comte Joseph de Maistre, recueillie et publiée par M. Albert Blanc » pp. 67-83

De Maistre ne put jamais s’y faire ; mais il faut lui rendre cette justice que, tout en résistant à la solution moderne qui, au fond, n’est autre que l’ancienne, sauf qu'elle est moins revêtue de mystère, il s’est toujours posé le problème.

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