Il y a bien quelque chose d’externe que j’appelle chat et verre ; mais rien ne prouve qu’ils répondent à l’idée que je m’en fais ; il est même vraisemblable qu’ils en diffèrent beaucoup.
Mais il n’y a de doute qu’entre deux idées, qui se réduisent à une seule.
Dans la continuelle fluctuation d’idées et de sentiments à laquelle madame de Maintenon était condamnée depuis deux années ou environ, il n’est pas étonnant qu’elle ait donné lieu plusieurs fois au renouvellement des plaintes que madame de Coulanges faisait au mois de septembre 1675 pour la première fois, sur le changement de son amie à son égard, et à l’application de l’ancien adage, que les honneurs changent les mœurs 124.
Quelles qu’aient été leurs idées, les Fables de ce Poëte si délicat & si naïf seront toujours des chef-d’œuvres.
La maniere de concevoir & de sentir, le mouvement & l’ordre des idées, la tournure de l’expression, une certaine forme d’exister & de vivre dans ses Ouvrages, qui lui est particuliere.
L’idée de se faire moine Feuillant lui vint de ce qu’en plaidant sa première cause, l’an 1604, il demeura court.
L’idée de rendre sensible par une fable, que la Providence sait ce qu’il nous faut mieux que nous, est très-morale et très-philosophique ; mais je ne sais si le fait par lequel La Fontaine veut la prouver est vraisemblable.
Quelle association d’idées !
Cherchez les scènes publiques ; soyez observateurs dans les rues, dans les jardins, dans les marchés, dans les maisons, et vous y prendrez des idées justes du vrai mouvement dans les actions de la vie.
C’est tout ce que je puis dire ; mais quelle idée cela laisse-t-il ?
Ne rêvez-vous pas des déchirements, des blasphèmes, des revanches contre la prière abandonnée, et à travers tout cela l’idée, qui offusque tout dans une âme perdue, de la damnation éternelle ?
Huysmans, l’auteur des Sœurs Vatard, semblait devoir rester parmi les photographes sans âme et sans idées qui font école, à cette heure ; mais il paraît qu’il avait de l’âme pour son compte plus qu’on n’en a dans le groupe d’écrivains dont il fait partie, et c’est par là qu’il se sépare d’eux.
La grande idée de la science économique fut réalisée dès l’origine, savoir : qu’il faut que les pères, par leur travail et leur industrie, laissent à leurs fils un patrimoine où ils trouvent une subsistance facile, commode et sûre, quand même ils n’auraient plus aucun rapport avec les étrangers, quand même toutes les ressources de l’état social viendraient à leur manquer, quand même il n’y aurait plus de cités ; de sorte qu’en supposant les dernières calamités les familles subsistent, comme origine de nouvelles nations.
J’y ajouterais le roman intitulé les Proscrits, si on pouvait se le procurer170 ; mais j’y joins celui d’Adèle, qui, publié beaucoup plus tard, remonte pour la première idée et l’ébauche de la composition à ces années de prélude. […] Il y inséra, sur la langue et la littérature du pays, de nombreux articles dont on peut prendre idée par ceux qu’il mit plus tard dans le Journal des Débats 183. […] Le mot doit mûrir sur l’idée, Et puis tomber comme un fruit mûr.
Il faut dire cependant, à cet égard, que la constitution morale du général Bonaparte le portait aux idées religieuses. […] C’est la plus noble, la plus légitime ambition, que celle qui cherche à fonder son empire sur la satisfaction des vrais besoins des peuples. » V Nous citons ces pages parce qu’elles sont très belles d’expression et de sentiment, les plus belles peut-être que l’historien politique ait écrites dans sa vie ; mais, en admirant la haute portée de ces vues d’homme d’administration et de ce style d’homme de discipline civile, peut-on se dissimuler la simonie des idées (si on tolère cette expression) qui éclate dans la pensée ? […] Écoutons-le, mais ne cherchons pas à le comprendre, ou plutôt comprenons qu’il n’ose pas dire ici toute sa pensée, et que, voulant ménager en sa personne le renom d’écrivain révolutionnaire et le renom d’homme d’État monarchique, il accorde un peu aux républicains, un peu aux royalistes, pour conserver dans les deux partis la popularité de ses jeunes opinions et la popularité de ses idées mûres dans son âge plus avancé.
Sa vanité, l’idée qu’il a de son esprit, le rassurent ; c’est par là pourtant qu’il aura le dessous. […] Molière, en créant la chose, a donné l’idée du mot. […] Les sociétés où le juste crédit qu’on accorde à la foi sincère peut donner à de malhonnêtes gens l’idée de s’accréditer par la fausse piété, savent à quels signes on les reconnaît ; et le Tartufe n’est pas seulement un chef-d’œuvre d’art, c’est, particulièrement dans notre pays, une garantie et une sauvegarde.
[Philosophie et littérature de l’Inde primitive (suite)] I Nous vous avons esquissé une première idée de la philosophie sacrée de l’Inde. […] Analysons-nous nous-mêmes : IV L’homme sensitif et pensant est un instrument sonore de sensations, de sentiments et d’idées. […] Elle est immense, et elle imprime par son étendue sans limite une idée de grandeur démesurée qui fait penser à l’infini. — Émotion !
« Lisez », me dit-il en me le rendant, « et, pour épargner votre fatigue et notre temps, lisez seulement les scènes qui sont de nature à me donner une idée nette du style et de l’ouvrage. » J’ouvris le manuscrit et je lus. […] Moi-même, quelque temps honteuse de ma peur, Je l’ai pris pour l’effet d’une sombre vapeur ; Mais de ce souvenir mon âme possédée À deux fois, en dormant, revu la même idée. […] Il ne s’occupa plus que d’idées tristes, et, quelque temps après, il fut attaqué d’une fièvre assez violente.
J’ai bien peur que l’idée de l’avilir et de s’en gaudir ne soit une invention française. […] En même temps que l’image de cette vie plus « confortable », plus raffinée, plus luxueuse, dont ils sentaient le besoin, les hommes de la fin du xiie siècle trouvaient dans les romans de Chrétien les deux principes qui, selon l’idée au moins de leurs esprits et selon leur rêve intime, devaient être les principes directeurs de la vie aristocratique, l’honneur et l’amour : l’honneur, qui fait que l’individu consacre toutes ses énergies à décorer l’image qu’il offre de lui-même au public, l’amour qui, dépouillé de sa sauvage et anti-sociale exaltation, sera dominé, dirigé, employé par l’honneur de l’homme et la vanité de la femme.
nos journaux et nos revues me paraissent avoir le souci d’exercer la critique exactement comme il convient : les premiers par des chroniques, par des notices bibliographiques destinées à renseigner le lecteur au jour le jour sur le mouvement littéraire ; les seconds — avec la doctrine d’art qui leur est propre — par des études d’ensemble sur les idées directrices de l’écrivain, ses origines, son influence, les caractéristiques de sa personnalité, etc. […] Mais quand elle devient pénétrante, imagée, vivante, elle a plus de chances d’être longtemps goûtée que le roman, car les sentiments et les idées nous touchent davantage exprimés directement que transposés dans la fiction.
Vous n’aurez plus désormais à m’interroger sur de nouveaux voyages : car la nature est immuable et les nuages blancs sont éternels. » — L’idée du Nirvana intervient quelquefois dans les poésies chinoises, comme le crâne dans les festins antiques, pour exciter l’homme à jouir de son jour ; mais alors l’ivresse qu’elle inspire n’a rien de la gaieté vive qui pétille, au souvenir de la mort, dans la coupe ciselée d’Horace ; c’est avec une résignation narcotique que les philosophes du Fleuve-Jaune endorment leur âme, en buvant l’oubli. — « Combien, — dit Litaï-Pé dans la Chanson du Chagrin, — pourra durer, pour nous, la possession de l’or et du jade ? […] L’idée est vraie et profonde ; on voit quelquefois des courtisanes envier passionnément, du milieu brûlant où elles brillent, l’obscur bonheur des foyers paisibles.
* * * — Une jeune fille du grand monde, me contait aujourd’hui, qu’une de ses amies, décidée à épouser un garçon très riche, en dépit d’une saleté repoussante, avait eu l’idée de lui faire ordonner par son médecin, le médecin des deux familles, des bains de vapeur, pour une maladie quelconque, dont il l’avait menacée. […] Alors les notes du supplément… et mon volume paraîtra au commencement de 1881… Je me mets aussitôt à un volume de contes… le genre n’a pas un grand succès… mais je suis tourmenté par deux ou trois idées à formes courtes.
Byron raconte, en ses Mémoires, qu’il fut témoin de l’introduction, dans les salons de Londres, de miss Edgeworth, et qu’elle ressemblait à l’idée qu’on peut se faire de Jeannie Deans. […] la seule chose qui pût la distraire d’une douleur qu’elle portait au pied de l’autel et qu’elle en rapportait toujours, la seule voix qui ne fût pas celle de Dieu et qui pût faire remonter son âme du fond de cette tombe placée dans le cimetière de Saint-Médard d’Andillac, et regarder du côté du monde une fois encore, c’était l’idée de la gloire de son frère, mort sans renommée.
Pour qui a respiré, même sur des ruines, le souffle créateur de la Grèce, quelle doit paraître en idée la magnificence d’un tel spectacle, la grandeur et la succession de ces trois états de la vie humaine personnifiés dans un témoin immortel ! […] À ce titre, on doit juger bien fausse la restitution qu’un savant et capricieux génie de notre siècle a tentée, sur l’idée vague de ce poëme allégorique d’Eschyle.
Ponsard la prime que l’article quatrième de l’arrêté « réserve à l’auteur d’un ouvrage en cinq ou quatre actes, en vers ou en prose, représenté à Paris, pendant le cours de l’année, sur tout autre théâtre que le Théâtre-Français, et qui serait de nature à servir à l’enseignement des classes laborieuses par la propagation d’idées saines et le spectacle de bons exemples ».
Quinet, à qui un jour vous avez conseillé le vers comme devant clarifier sa pensée, a profité du conseil : il a fait un poëme de Napoléon ; ce qui a été mis dans la Revue a été supprimé et n’en donnerait qu’une idée peu juste.
Le mouvement des idées et des passions politiques, l’imitation prétentieuse et sincère de la fermeté Spartiate, de l’héroïsme romain, ont renforcé le courant artistique qui, dès le temps de Louis XVI, ramenait le goût antique dans la peinture comme dans les lettres.
J’étais bête ; j’avais des idées sur le physique des artistes.
Mais ils sont entraînés par le même circulus d’idées.)
Ces idées ne lui déplurent point, mais l’ouvrage était trop avancé pour en profiter.
Rhéteur, déclamateur, et par-dessus imitateur, — imitateur avec bassesse, — n’ayant ni une idée supérieure, ni entrailles, ni sincérité d’aucune sorte, il ne fut pas même à la rigueur un honnête homme pour ceux-là qui pensent que les grandes pensées viennent du cœur.
En soi, le talent existe : cela est sûr ; il est même évidemment très grand, quand on compare ces vers à tous les vers qui s’impriment dans ce temps de descripteurs qui se croient des poètes, de tricoteurs de vers qui n’ont pas une idée ou un sentiment à fourrer dans leur petit ouvrage, et de réalistes qui, comme Calemard de Lafayette, font tomber Delille dans de la bouse de vache ; — mais d’une vache personnelle, disait si drôlement Sainte-Beuve.
Par l’aube éternelle guidée, Entrevoyant d’autres beautés, L’âme, au sort commun décidée, S’acclimate aux vives clartés Et se fait à la grande idée, Voit la terre avec d’autres yeux, Se prépare au voyage étrange, Laisse à tout d’intimes adieux, S’observe, s’écoute, se range, Se tourne souvent vers les cieux ; Se concentre dans elle-même Laissant déborder par moments Dans l’amitié de ceux qu’elle aime Les précurseurs épanchements De la fin prochaine et suprême !
C’est un volume sans prétention, sans préface, sans dédicace et sans épigraphe, composé de cinq nouvelles en tout, — ni plus ni moins, — mais qui sont, toutes les cinq, une idée chacune ; ce qui fait cinq raretés, si je sais bien compter !
Les Latins exprimaient cette idée par le verbe mactare, dont on se servait toujours dans les sacrifices, comme d’un terme consacré.
On craint presque d’associer tes idées de littérature et d’art à ces œuvres d’une vertu si fervente ; mais oublier ce mélange serait altérer la vérité.
Le jeune Saint-Victor, élevé pendant ses premières années hors de France, en Suisse, puis en Italie, à Rome et en d’autres lieux peuplés de vivants souvenirs, y put comparer de bonne heure les chefs-d’œuvre des Écoles rivales ; il grandit et se forma à l’idée, du beau parmi les marbres et les tableaux des maîtres ; il lui fut donné, comme à Roméo, de voir à temps la beauté véritable, et depuis ce jour il ne put jamais s’en déprendre.
Un de mes amis, bibliothécaire dans un établissement public, a eu l’idée de ranger à la suite toute cette branche particulière de littérature trop fleurie : c’est une quantité de beaux volumes jaunes et blancs, morts avant d’avoir vu le jour, que personne n’a connus et qui sont ensevelis dans leur premier voile nuptial : Hélas !
Telle est l’idée générale de ce volume qui se compose d’une suite de petits Mémoires, et dans lequel l’auteur semble n’avoir pris son sujet principal que comme un prétexte à quantité de remarques nouvelles, à des dissertations curieuses, et, ainsi qu’on aurait dit autrefois, à des aménités de la critique.
Le drame moderne reprend sa revanche et domine au cinquième acte : la lutte, encore une fois violente, entre mademoiselle de Belle-Isle dégagée de son serment, et le chevalier qui se croit éclairé trop tard, n’est adoucie que par l’approche du dénouement bien prévu, et par l’idée qu’il est impossible que la catastrophe ait lieu désormais.
Dans le fond, il y a ceci, qui est bizarre : il vous a été absolument impossible de supporter cette idée qu’il y eût en France un homme notoirement insensible aux beautés du 4e acte de Frédégonde.
Avec quelle brutalité Giordano Bruno traite ce personnage, une scène suffira à en donner une idée.
Dans nos sociétés établies sur une idée très rigoureuse de la propriété, la position du pauvre est horrible ; il n’a pas à la lettre sa place au soleil.
Il savoit que le Poëme didactique n’est destiné qu’à rappeler à ceux qui en connoissent la matiere, ce que cette matiere a de plus important, & à en donner une idée à ceux qui ne la connoissent pas.
Après le désastre de la maison de son maître, il est venu à Yedo, en cachant au fond du cœur l’idée de la vengeance.
Cette Comédie qui ne contenait qu’un Acte, et quelques autres de cette nature, n’ont point été imprimées : Il les avait faites sur quelques idées plaisantes sans y avoir mis la dernière main ; et il trouva à propos de les supprimer, lorsqu’il se fut proposé pour but dans toutes ses pièces d’obliger les hommes à se corriger de leurs défauts.
Toutes ces idées sur le prêtre se retrouvent dans divers ouvrages de Diderot, notamment dans la Réfutation d’Helvétius et dans le Discours d’un Philosophe à un Roi, ci-après, t.
On peut se faire une idée du peu d’acharnement des combats qui se donnoient entre les grecs par la surprise où Tite-Live nous dit qu’ils tomberent, quand ils virent les armes meurtrieres des romains, et leur acharnement dans la mêlée.
J’écris, comme l’auteur, mes jugements sans beaucoup d’ordre, et à mesure que les idées me viennent ; les écarts qu’il se permet si fréquemment dans ses livres, doivent moins choquer dans celui-ci que dans aucun autre, parce que l’objet en est si vaste, qu’il n’y a, pour ainsi dire, rien qui n’y tienne.
Eh bien, c’est cette sensation d’un seul soir que j’ai retrouvée, non plus à propos de quelques vers isolés et bientôt dits, mais à propos de beaucoup de pages de prose, à vingt places de ces Portraits après décès où la Critique peut constater des empreintes d’âme à renverser toutes les idées qu’on se fait de Monselet et de son talent !
Qui peut le plus peut le moins : en jugeant Ninon nous aurons jugé Laïs, nous aurons jugé toutes les glorieuses prostituées dont les désordres paraissent à certaines gens des mérites et des grâces, et, par là, nous pourrons nous faire une idée de la pauvreté de ces idoles devant lesquelles toute une société n’a pas rougi de se mettre à genoux.
En d’autres termes, il a voulu savoir si le comte de Chambord avait en lui l’esprit séculaire et chrétien de l’ancienne monarchie française, et si son éducation, ses idées et ses actes, qui ne sont encore que des paroles et des déclarations brillantes de loyauté, ne brillent pas trop aussi de cet esprit moderne inquiétant pour sa politique dans l’avenir, au cas où la France le reconnaîtrait un jour pour son roi moins pour une loyauté à laquelle elle ne se fierait peut-être pas, si elle était seule, que pour cet esprit moderne qui s’appelle, par duperie ou par trahison, « le libéralisme », mais qui n’est au fond que l’esprit même de la révolution… Recherche douloureuse, dans laquelle l’auteur du livre que voici a tenu le flambeau d’une main ferme !