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1481. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Gaston Paris et la poésie française au moyen âge »

L’homme qui passe une année à déterrer dans quelque village d’Italie et à cataloguer de vieux pots en se demandant s’ils sont étrusques, fait une besogne pour laquelle je n’arriverai jamais à me passionner. […] Les trois quarts des textes du moyen âge, laborieusement établis et publiés par des hommes persévérants, distillent un insupportable ennui et nous apprennent moins de choses essentielles que le portail de Notre-Dame de Paris. […] L’érudit jouit de savoir des choses que les autres hommes ignorent. […] L’univers n’a peut-être aucun but ; mais, s’il en a un, on peut croire que c’est d’être connu de l’homme, de se réfléchir enfin entièrement et exactement dans l’homme. […] — Les hommes de la première moitié de ce siècle croyaient à une mission providentielle de la France dans le monde, comme les hommes du temps des croisades.

1482. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens III) Henri Rochefort »

Il combattit les petits hommes avec de petits écrits qui firent grand tapage. […] Personne n’a jamais traité les hommes qui ont été au pouvoir avec une plus radicale, ni plus violente, ni plus aveugle injustice. […] Si cet homme écrit, j’imagine que ce sera comme M.  […] Il n’est pas l’homme d’une foi, mais l’homme d’un tempérament et d’une situation toujours relative et mobile. […] il est l’homme de la Lanterne.

1483. (1900) L’état actuel de la critique littéraire française (article de La Nouvelle Revue) pp. 349-362

Un critique dogmatique nous apparaît aujourd’hui comme un homme des anciens âges. […] Seulement, l’influence de tels hommes s’annulera bientôt complètement. […] Il peut s’élever même à un rôle de grandeur réelle, et ceux qui diront qu’un tel homme est inférieur à un écrivain de romans seront injustes et aveuglés. […] Il est certain que l’homme sur la tombe duquel on pourra inscrire : « Il ne fit rien, sinon dire chaque lundi durant trente années que tel livre valait et que tel autre ne valait rien », il est certain que cet homme ne vaut même pas qu’on s’en irrite de son vivant. […] C’est à ce groupe d’hommes qu’il faudrait demander, sous les auspices de quelques esprits indépendants comme M. 

1484. (1890) L’avenir de la science « XII »

La science se présente toujours à l’homme comme une terre inconnue ; il aborde souvent d’immenses régions par un coin détourné et qui ne peut donner une idée de l’ensemble. […] Ce type abrégé et expressif demeure pour représenter les millions d’hommes à jamais obscurs qui ont vécu et sont morts pour se grouper sous ce signe. […] C’est une pensée d’une effroyable tristesse que le peu de traces que laissent après eux les hommes, ceux-là mêmes qui semblent jouer un rôle principal. […] De même qu’aucun homme n’est inutile dans l’humanité, de même aucun travailleur n’est inutile dans le champ de la science. […] C’est pour cela que l’homme du peuple est bien plus sensible à la gloire patriotique que l’homme plus réfléchi, qui a une individualité prononcée.

1485. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Première partie — Chapitre III. Les explications anthropologique, idéologique, sociologique »

Les idées acceptées par les masses sont les idées inventées par les hommes de génie. […] Pourquoi tel grand homme élabore-t-il telle invention, voilà ce qu’il faudrait expliquer ; et l’un des moyens de l’expliquer est justement de définir l’action qu’a pu exercer sur lui la société qui l’entoure. On sait que, suivant la nature des inventions qui font l’homme grand, cette action sera plus ou moins facile à saisir. […] En ce sens, comme le dit Spencer, avant que le grand homme réforme la société, elle le forme. […] Les sociétés ne sont pas dans la main des grands hommes comme l’argile dans la main du potier.

1486. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Bossuet et la France moderne »

  Un homme incarne, sous Louis XIV, l’épiscopat français. […] Et cependant, je l’avoue : Bossuet est un « homme représentatif. » Le secret de sa gloire est peut-être là. […] A l’égard des nobles et des hommes illustres de la Réforme on employait l’intrigue. […] Je découvre dans cette médaille, un sens qui dut échapper aux hommes d’alors. […] Remontez à l’origine de notre défaite, et vous trouvez l’homme des Dragonnades et de la Révocation.

1487. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome I

Les hommes de mon âge ont vu cette transformation. […] Elle fait de l’homme, suivant les milieux où son action se déploie, autant d’hommes différents qu’il y a de variétés en zoologie. […] La vie fait saigner cet homme par trop de plaies. […] Mais quels hommes ! […] Celui d’entraîneur d’hommes, et comment entraîner les hommes, sinon en faisant de soi-même un drapeau vivant ?

1488. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite et fin.) »

. — L’Homme expliqué par Tessé. […] La volonté chez la plupart des hommes est sujette à se rouiller avant l’intelligence, et celle-ci me demeurant des plus nettes et des plus lucides. […] Un homme naturellement indéterminé le devient bien plus encore avec les ans. […] Cet homme, où est-il ? […] Il est plus qu’un homme, qu’un simple individu, c’est un caractère et un type.

1489. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite.) »

Il y a parmi nous plus d’une tète ardente, plus d’un homme dangereux ; dans les deux premiers Ordres, dans l’aristocratie, tout ce qui a de l’esprit n’a pas le sens commun ; et, parmi les sots, j’en connais plusieurs capables de mettre le feu aux poudres. […] Qui m’eût dit que M. de Mirabeau était le seul homme dans mon sens, qu’il voulait ce que je voulais, ce que j’avais tant et si inutilement conseillé ? […] Reste à savoir si ces notions qu’il a recueillies ont toute l’authenticité qu’on désire dans de pareilles matières. » Et l’homme en effet est coulé à fond. […]  » Ce sont là de ces traits qui traversent un homme et qui sont versibles sur tout son passé. […] Malouet, un homme des plus considérables.

1490. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XI, les Suppliantes. »

Une voix tonnante retentit : — « Ô toi, le plus impie des hommes ! […] On n’arrachait pas l’homme du temple où il s’était réfugié, mais on allumait autour de lui un cercle de feux qui le forçaient à lâcher l’autel. […] » dirait volontiers Pélasgos aux Danaïdes. — « Argos n’a pas besoin de fléaux… N’est-ce pas un malheur déplorable que pour des femmes les hommes ensanglantent la terre ? […] Plutôt le lacet à mon cou que l’étreinte odieuse de ces hommes !  […] Nous ne l’avons point gravé sur des tables d’airain, nous ne l’avons point scellé sous les replis du papyrus, mais la bouche d’un homme libre te le signifie.

1491. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — I. » pp. 224-245

La destinée du cardinal de Richelieu, comme homme qui a tenu la plume ou dicté des ouvrages considérables, est singulière : il a été longtemps, à ce titre, ignoré ou méconnu. […] C’est plaisir pour nous d’aborder et d’étudier le grand homme d’après ces documents nouveaux et complets qui nous le montrent à ses origines et à tous les degrés de sa fortune. […] Richelieu, très lié avec Barbin, intendant de la maison de la reine et homme de bon jugement, qui venait d’être nommé secrétaire d’État, dut agir et influer par lui dès ce moment décisif. […] Elle choisit pour cette exécution Thémines, dont Henri IV lui avait dit « qu’il était homme à ne reconnaître jamais que le caractère de la royauté », et à n’obéir qu’à elle : qualité qui devenait si rare ! […] Richelieu historien est tout plein de ces traits d’un moraliste consommé, et qui a expérimenté à fond le cœur des hommes.

1492. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand (1846-1853). — I. » pp. 455-475

Cette Correspondance bien lue fait pénétrer aussi avant qu’on peut le désirer dans l’âme et dans la pensée d’un roi qui fut véritablement grand, et qui, comme tous les grands hommes, inspire à ceux qui l’approchent de plus près une admiration plus réfléchie. […] Il y a si peu d’hommes qui pensent ; « la plupart ne s’occupent que des objets présents, ne parlent que de ce qu’ils voient, sans penser à ce que c’est que les causes cachées et les premiers principes des choses ». […] 11º combien d’hommes à peu près, et combien de prêtres ? […] Les paisibles habitants de Remusberg ne sont pas si belliqueux ; je me fais une plus grande affaire de défricher des terres que de faire massacrer des hommes, et je me trouve mille fois plus heureux de mériter une couronne civique que le triomphe. […] Voilà qui est formel ; hors de là, il ne veut et ne voit rien de commun entre eux et lui ; à l’entendre, il n’aspire qu’à la bonté, à la douceur, à toutes ces qualités qui font le bon citoyen plutôt que le grand homme : Je n’ai pas le vain orgueil de prétendre à ce titre, et je vous assure que j’y préférerai constamment ceux de fidèle ami, d’homme compatissant aux misères des hommes, et enfin d’homme qui ne croit être homme que pour faire du bien aux autres hommes, en quelque situation qu’il se trouve.

1493. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « À mon illustre ami, le comte Roselly de Lorgues » p. 

En ce livre des Œuvres et des Hommes, j’ai eu le bonheur de parler le premier de votre belle Histoire de Christophe Colomb, ce monument élevé à la gloire du plus grand des hommes, payé du Nouveau Monde, qu’il donna à l’Ancien, par l’ingratitude universelle. Vous seul, parmi les historiens des Deux Mondes, vous avec dissipé, au souffle tout-puissant de votre histoire, les brumes entassées par les plus basses fumées des hommes sur une gloire qu’il n’est pas plus possible d’abolir que d’arracher une étoile du ciel. […] Comme une femme qui met ses diamants dans ses cheveux, j’ai toujours mis le nom d’un de mes amis à la tête de chaque volume des Œuvres et des Hommes. […] Deuxième volume des Œuvres et des Hommes : Les Historiens.

1494. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Jean-Jacques Ampère »

Son père, homme de génie, homme de bien, mais sans règle et sans suite dans les habitudes journalières de la vie, ne put guère qu’exciter et secouer la jeune intelligence de son fils sans la diriger. […] Cet homme est l’avocat ingénieux, mais sophistique, des partis-pris. […] Il serait devenu l’homme d’un seul livre : il n’eût plus été l’amateur universel. […] Nul homme n’a jamais été dévoré plus que lui de la rage du savoir en tous genres. […] Pour qui a approfondi l’homme, la formule est justifiée.

1495. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1863 » pp. 77-169

Ainsi de tous les hommes que je vois. […] Soirée sérieuse ainsi que l’est une soirée d’hommes. […] C’est un si charmant homme ! […] cet homme que nous avons vu sur le quai de l’Horloge, vous savez ?  […] Cet intérieur, c’est l’homme, ses goûts, son talent.

1496. (1848) Études critiques (1844-1848) pp. 8-146

L’homme mis en regard de cette beauté ne change pas davantage et sa nature morale n’est pas plus riche. […] Hormis cet homme égoïste, et cette femme au corps si beau, à l’âme si nulle, il n’y a personne dans ces poèmes. […] Fortunio est le type de l’homme heureux ; rien ne lui manque. […] Campe est véritablement un grand homme, c’est la crème des éditeurs. […] Mais de ce qu’un homme n’a pas tout, il ne s’ensuit pas qu’on doive lui nier ce qu’il possède incontestablement.

1497. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1889 » pp. 3-111

Ce n’est pas du tout l’homme du rôle. […] Le récit de la prise de la Bastille par Mévisto blessé, soutenu par deux hommes, forme un groupe d’un beau dessin. […] » L’homme de la police avait fait son métier en pleines affres de la mort. […] C’est étonnant comme il y a chez les animaux sauvages, quand ils souffrent, une tendance à se rapprocher de l’homme. […] Un petit homme aux yeux noirs, à la barbe grêle, au teint marbré de plaques rougeaudes, au crâne à la conformation assez semblable à celui de Drumont.

1498. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff » pp. 237-315

Cela ne regarde pas l’homme de lettres proprement dit. […] Étienne Pétrovitch, il est aisé de condamner un homme. […] Aucun homme jusque-là ne lui avait encore serré la main. […] — Quel homme ! […] Cet homme s’exprime avec éloquence.

1499. (1922) Gustave Flaubert

Henry est l’homme du monde parfait. […] Il est remarquable que l’homme de talent ait eu sur l’homme de génie une influence incomparablement plus grande que l’homme de génie sur l’homme de talent. […] Cela juge un homme. […] La femme cède ou se dérobe devant l’homme qui sait vouloir ; l’homme cède ou se dérobe devant la femme qui sait aimer. […] Et puis Frédéric est « l’homme de toutes les faiblesses », aussi nettement que Valmont et Julien sont, le premier, un homme de dessein délibéré et, le second, un homme de force inflexible.

1500. (1874) Premiers lundis. Tome I « A. de Lamartine : Réception à l’Académie Française »

Or, il arrive souvent que les hommes de génie qui commencent les révolutions dans l’art se lassent sitôt que leur œuvre individuelle est achevée ; il arrive qu’un matin ils ressentent pour eux-mêmes un soudain besoin de repos et désespèrent volontiers : que d’autres puissent jamais aller plus loin. […] La destinée du pays dépend en ce moment du rôle qu’oseront prendre ces hommes sages, mais un peu timides, et c’est toujours avec une sorte d’anxiété affectueuse que la France les écoute parler. […] Cuvier qui se rapporte à cet homme d’État est d’une analyse ingénieuse et mordante ; on a remarqué un parallèle entre le général d’armée et l’administrateur : d’Alembert, dans ses Éloges, n’eût pas mieux fait. […] Philippe de Ségur est prêt à se joindre au groupe des hommes distingués qui y siègent, croirait-on que pour l’élection prochaine du successeur de M. de Lally on ait encore à redouter le scandale d’une de ces nominations niaises qui marquèrent la dictature de M.  […] Il convient aux hommes qui ont crédit et valeur dans la Compagnie de mettre fin une fois pour toutes à ces sottes prétentions, et de ne pas laisser interrompre cette série de choix graves et glorieux, qui d’abord donnent du lustre à l’Académie, et qui bientôt pourront lui assurer sur notre littérature une influence réelle, active et salutaire.

1501. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Prosper Mérimée. »

Oui, l’humanité dans son fond est abominable et féroce, et la nature n’a jamais connu la justice ; mais c’est bien long, Zola  et c’est bien gros  Des artistes abondants nous décrivent le monde ou les hommes avec un luxe de détails dont nous n’avons que faire ; car, nous aussi, nous savons regarder. […] Au fond de ces contes si alertes, si rapides, d’un ton si détaché, où jamais l’auteur n’exprime directement son opinion sur les hommes ni sur les choses, qu’y a-t-il ? […] C’est d’abord la vue la plus nette de ce qu’il y a de relatif dans la morale, et des différences foncières que les tempéraments, les siècles et les pays mettent entre les hommes. […] Mérimée s’est montré, vis-à-vis de l’univers et de la cause première, quelle qu’elle soit, poli, retenu et dédaigneux, comme il était avec les hommes dans un salon. […] Si nous le croyons, l’œuvre de Mérimée n’en sera pas moins distinguée pour les raisons que j’ai dites, et l’homme en sera plus aimable.

1502. (1890) L’avenir de la science « XIV »

C’est la société elle-même, c’est-à-dire l’homme dans son état normal. […] Il ne doit pas seulement laisser faire ; il doit fournir à l’homme les conditions de son perfectionnement. […] Un million vaut un ou deux hommes de génie, en ce sens qu’avec un million bien employé on peut faire autant pour le progrès de l’esprit humain que feraient un ou deux hommes de premier ordre, réduits aux seules forces de l’esprit. […] On n’a jamais reproché à la religion d’avoir des ministres soumis comme les autres hommes aux besoins matériels et réclamant l’assistance de l’État. […] L’homme spirituel ne vit jamais de l’esprit.

1503. (1890) L’avenir de la science « XX »

mais Bossuet y a échoué, et je ne connais pas un seul homme capable de l’entreprendre. […] Perdiguier a beau nous dire que son histoire est pour les ouvriers ; que tous ses devanciers ont traité l’histoire en hommes classiques, en pédants de collège ; je ne sache pas qu’à y ait deux histoires, une pour les lettrés, une pour les illettrés ; et je ne connais qu’une seule classe d’hommes capables de l’écrire : ce sont les savants brisés par une longue culture intellectuelle à toutes les finesses de la critique. […] Remarquez, en effet, que quand un homme vit de son travail intellectuel, ce n’est pas généralement sa vraie science qu’il fait valoir, mais ses qualités inférieures. […] Un homme sans valeur, sans morale, égoïste, paresseux, fera mieux sa fortune, en jouant à la Bourse, que celui qui s’occupe de choses sérieuses. […] Un gentleman rider, fût-il un homme complètement nul, peut passer pour un modèle de fashion.

1504. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre cinquième. Retour des mêmes révolutions lorsque les sociétés détruites se relèvent de leurs ruines — Chapitre II. Comment les nations parcourent de nouveau la carrière qu’elles ont fournie, conformément à la nature éternelle des fiefs. Que l’ancien droit politique des romains se renouvela dans le droit féodal. (Retour de l’âge héroïque.) » pp. 362-370

Cette dénomination d’hommes, leur fut donnée sans doute par opposition à la faiblesse des vassaux, faiblesse dont l’idée était dans les temps héroïques jointe à celle du sexe féminin. […] Ces plébéiens qui furent ainsi liés, nexi, jusqu’à la loi Petilia, répondent précisément aux vassaux que l’on nommait hommes liges, ligati. L’homme lige est, selon la définition des feudistes, celui qui doit reconnaître pour amis et pour ennemis tous les amis et ennemis de son seigneur. […] Mais lorsque les plébéiens, les hommes dans la langue féodale, commencèrent à faire partie de la cité, le meurtre de tout homme fut appelé homicide. […] Mais revenir à l’aristocratie, c’est ce qui est inconciliable avec la nature sociale de l’homme.

1505. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 17, de l’étenduë des climats plus propres aux arts et aux sciences que les autres. Des changemens qui surviennent dans ces climats » pp. 290-294

Ces sucs remplissent le sang d’un homme du nord d’esprits animaux formez en Espagne, et sous les climats les plus ardens. […] Il ne suffit pas qu’un païs soit à une certaine distance de la ligne pour que le climat en soit propre à la nourriture des hommes d’esprit et de talent. L’air y peut être contraire par ses qualitez permanentes à l’éducation physique des enfans que la délicatesse de leurs organes destineroit à être un jour des hommes d’un grand esprit. […] Puisque la difference de l’air d’une contrée limitrophe d’une autre contrée où les hommes sont grands, y rend les habitans petits, pourquoi ne les rendra-t-elle pas plus spirituels dans un païs que dans un autre ? La taille des hommes doit varier plus difficilement que la qualité et le ressort des organes du cerveau.

1506. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Épilogue »

Les Bas-bleus sont trop d’un monde qui a perdu sa virilité pour ne pas croire, en se regardant et en se comparant, que les femmes sont égales aux hommes comme X est égal à X en algèbre, et pour craindre le ridicule devant lequel, — avec une pareille prétention, — elles auraient tremblé autrefois. […] Il eût été plus vrai de dire que quand tout le monde est ridicule, personne ne l’est… Or presque tout le monde actuellement a le ridicule de penser que l’homme et la femme ont la même tête, le même cœur, la même puissance et le même droit. […] Il y a pour les nations comme pour les hommes des chutes grotesques. […] Je ne crois pas qu’il y en ait de plus honteuse que celle d’un peuple qui fut mâle et qui va mourir en proie aux femelles de son espèce… Rome mourut en proie aux Gladiateurs ; la Grèce, aux Sophistes ; Byzance, aux Eunuques : mais les Eunuques sont encore des débris d’hommes. […] L’Orgueil, ce vice des hommes, est descendu jusque dans le cœur de la femme, qui s’est mise debout pour montrer qu’elle nous atteignait et nous ne l’avons pas rassise à sa place, comme un enfant révolté qui mérite le fouet !

1507. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « Préface »

ce sont ces esprits frappeurs, dans l’ordre littéraire, qui viennent à leur place aujourd’hui dans la vaste composition que nous avons entreprise des Œuvres et des Hommes au xixe  siècle. […] Ils ont confisqué à leur profit une appellation qui convient à tout homme doué, quel que soit son genre de talent et de langage, de la puissance d’exalter la vie et d’élargir les battements du cœur. […] Elle a dernièrement reproché à l’auteur des Œuvres et des Hommes d’avoir oublié, dans ses volumes précédents, des personnalités très considérables. […] Elle n’avait pas lu la préface générale, placée à la tête du premier volume des Œuvres et des Hommes (le volume des Philosophes et des Écrivains religieux), ou si elle l’avait lue, elle ne s’en souvenait plus, car il est dit positivement dans cette préface, que pour être plus dans le mouvement de son temps, l’auteur laisserait là toute exposition artificielle ou chronologique, et ne partirait jamais, tout en embrassant le siècle tout entier, dans un nombre indéterminé de volumes, que des publications contemporaines ou des réimpressions par lesquelles on atteint à tous les moments du passé et à tous les hommes qui y ont laissé une place durable ou éphémère… Avec ce système, il y a des attentes, il n’y a pas d’oublis ! […] La mesure des hommes est absolue, et, dans un sens ou dans un autre, la comparaison l’exagère toujours.

1508. (1897) Aspects pp. -215

Paul Adam, l’homme est la pensée de la planète. […] C’est par elle que l’homme a détrôné ses dieux. […] Il s’avère : l’homme des intentions. […] Mais l’homme gagnait toujours sur Dieu. […] Ils ont un grand homme : M. 

1509. (1897) La vie et les livres. Quatrième série pp. 3-401

la fia de l’homme ? […] Le ciel est gris comme le style d’un homme politique. […] Nous devons nous mettre, avec les dames, sur le pied d’égalité, et traiter toutes choses avec elles en bons camarades, d’homme à homme. […] Plus d’hommes ni de femmes ! […] Elles sentent que l’homme leur échappe.

1510. (1874) Premiers lundis. Tome II « Dupin Aîné. Réception à l’Académie française »

Dans la position toute particulière où il se trouve depuis quelques mois, personnage politique important, ballotté par les conjectures diverses de l’opinion, jugé avec une sévérité équitable pour avoir déserté un admirable rôle en une circonstance récente, désigné pourtant encore comme ressource prochaine et dernière d’un système qui a usé tous ses hommes, comment M.  […] Ceci était bien ; ceci sentait l’homme du tiers état, l’homme d’un barreau courageux et indépendant, le citoyen qui, comme Roland et Dupont de l’Eure, eût pu devenir ministre en gardant ses gros souliers à cordons ! Mais ceci n’était plus qu’une jactance oratoire, une morgue de faux homme de bien, du moment que, magistrat investi des plus hautes fonctions du ministère public, on avait fait taire dans une circonstance décisive son devoir suprême, sa conscience légale, ses antécédents notoires, et jusqu’à ces instincts entraînants de parole, seconde conscience de l’orateur. […] Dupin a rappelé que, vers ce temps, succombait aussi un autre homme, grand par l’action, un de ces hommes nécessaires dont la présence seule irritait les factions parce qu’elles le connaissaient et le craignaient. […] Perier qu’il était question, tant les hommes nécessaires s’oublient vite de nos jours.

1511. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lemercier, Népomucène Louis (1771-1840) »

Il fut réduit un moment à vivre avec dix-sept sous par jour, et ses amis même l’ignorèrent : il était de ces hommes qu’on croit toujours riches parce qu’ils sont dignes. […] Lemercier, célèbre alors par le succès d’Agamemnon, rechercha tous les hommes d’élite de ce temps et en fut recherché. […] Lemercier, pour faire face à toutes les rencontres de la vie, deux hommes, — deux hommes libres, — un homme politique indépendant, un homme littéraire original… [Discours de réception à l’Académie française (2 juin 1841).] […] Quoi qu’il en soit, il a conquis sa place parmi les hommes considérables d’une époque de désordre et de transition littéraire.

1512. (1929) Les livres du Temps. Deuxième série pp. 2-509

Vivre seul, pour ne point haïr les hommes. […] Spinoza n’oublie que d’être homme. […] Philinte est un homme qui n’aime pas la littérature. […] Les hommes de Dieu évitent de contrister leurs ennemis. […] Tel est l’attribut de l’homme libre.

1513. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Froissart. — II. (Fin.) » pp. 98-121

Il n’y a pas, notez-le bien, de formes d’esprit plus opposées que celle de l’historien proprement dit, narrateur et chroniqueur, et celle du philosophe ou de l’homme de doctrine. […] Son mode de questionner et de s’enquérir ne se voit jamais mieux que quand il tient un héraut d’armes, un écuyer, un de ces hommes secondaires qui ont été agents dans une entreprise ; c’est alors qu’il ne les lâche pas qu’il n’ait tiré d’eux tout ce qu’ils savent. […] Derrière ces trois cents hommes, dits la bataille des maréchaux, se trouvera, pour les soutenir, sous le commandement du duc d’Athènes, connétable de France, le corps d’Allemands, à cheval aussi. […] Il y a une bien forte peinture de la mêlée à ce moment : Là eut grand froissis et grand boutis, et maints hommes renversés par terre. […] Là se firent grandes preuves de prouesse ; car il n’y avoit si petit qui ne valût un homme d’armes.

1514. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure »

Quelques jours auparavant, Arouet, trouvant cet officier à Versailles, avait dit, assez haut pour qu’il l’entendît, que c’était un malhonnête homme et un espion. […] Fontenelle se conduisit dans cette circonstance en homme d’esprit qu’il était : il laissa l’épigramme faire son chemin, et il en était peut-être chatouillé au fond. […] Les plus grands hommes ont été exposés à ces sortes d’injustices ; rendez donc au plus tôt vos ouvrages publics, et marchez à la gloire que vous méritez. » Voilà un noble langage. […] Mais parlez-moi des nouvellistes et de ces hommes de détail pour n’avoir pas la vue longue. […] Il s’éteignit en 1737, homme d’un autre siècle, estimé dans son Ordre, inconnu du public.

1515. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre II. La jeunesse de Voltaire, (1694-1755) »

Il est impossible de prendre en bloc un tel homme. […] Il est aussi peu que possible l’homme de la nature : sa nature à lui, c’est d’être au plus haut degré l’homme de la société. […] Mais il ne devint pas, il n’a jamais été véritablement homme de science, en dépit de ses essais et de ses travaux. […] Les ouvriers du progrès seront les grands hommes, par qui les lumières et le bien-être se répandent ; et les grands siècles de l’esprit humain seront ceux où les circonstances serviront les grands hommes, c’est-à-dire où ils auront l’autorité pour eux, et non contre eux, quand les despotes seront de grands hommes, serviteurs ou protecteurs de la raison. […] La sympathie pour les hommes dont il fait l’histoire lui fait défaut : il les raille dans leurs erreurs, dans leurs sottises, dans leurs misères.

1516. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre I. Le Bovarysme chez les personnages de Flaubert »

. — Définition du Bovarysme : le pouvoir départi à l’homme de se concevoir autre qu’il n’est. — Mécanisme du phénomène. — II. […] Cette faculté est le pouvoir départi à l’homme de se concevoir antre qu’il n’est. […] Vide et dénué comme l’est celui-ci, il veut être un homme de science. […] L’homme peut en effet tour à tour prendre le change sur la nature et le degré de sensibilité, de son intelligence ou de sa volonté. […] Elle ne perçoit pas cette commune réalité qui tient peut-être sa consistance et sa force de ce qu’elle est l’œuvre collective de tous les hommes.

1517. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre VI. De la politique poétique » pp. 186-220

Ce qui le prouve, c’est que les poètes n’imaginèrent pas autrement Jupiter, le roi des hommes et des dieux. […] Jamais il n’y eut au monde une nation d’athées, de fatalistes, ni d’hommes qui rapportassent tous les événements au hasard. […] Les quirites, cureti, hommes armés de lances, et investis du droit sacerdotal des augures, paraissaient seuls aux comices curiata. […] Ces religions, ces langues, etc., avaient été propres aux premiers hommes, monarques de leur famille. […] Nous voyons dans l’Odyssée que, lorsque Ulysse aborde sur une nouvelle terre, il monte sur quelque colline pour voir s’il découvrira la fumée qui annonce les habitations des hommes.

1518. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome I pp. 1-402

Elle se ruine gaiement pour l’homme qu’elle aime, et ne songe pas au lendemain. […] Cet entretien mystérieux de l’homme avec lui-même n’est pas un entretien stérile. […] Régina est libre ; elle attend l’homme qu’elle aime, à qui elle a confié sa vie. […] Ce livre est sorti tout entier du cœur de l’homme qui l’a signé. […] Hugo est un homme encyclopédique.

1519. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — II. (Suite.) » pp. 155-174

Les mémoires d’un homme d’État ou de tout autre homme, rédigés par lui-même ou par des personnes à sa dévotion, ne sauraient être acceptés sans contrôle. […] L’historien, lorsqu’il a pour guide dans la suite du récit un homme d’État qui est très intéressé dans les principales actions et qui les raconte, doit donc, à chaque pas, s’éclairer, s’il se peut, de témoignages différents et contradictoires. […] Un homme du parti royaliste passa alors menant en main un cheval, un petit courtaud qu’il avait pris ; Rosny offrit à cet homme cinquante écus qu’il avait dans sa pochette : « car vous aviez cette coutume de porter toujours de l’or sur vous lorsque vous alliez aux combats ». […] Rosny fut l’homme qui, le premier, mit ordre à ces licences et qui établit l’exactitude et la probité dans le service du roi. […] Financier ou chevalier, l’un et l’autre appareil peignent assez l’homme.

1520. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gibbon. — I. » pp. 431-451

Gibbon eut besoin de sa réputation d’auteur pour se faire dans son pays toute sa place ; il était peu préparé à être homme du monde par son enfance maladive, son éducation étrangère et son caractère réservé. […] Cette parole est bien celle d’un homme de goût qui apprécie Xénophon. […] Ce bataillon du sud du Hampshire formait un petit corps indépendant de quatre cent soixante-seize hommes, tant soldats qu’officiers, commandé par un lieutenant-colonel et par un major, le père de Gibbon. […] L’obligation principale qu’il eut à la milice fut de se mêler aux hommes, de les mieux connaître en général et ses compatriotes en particulier ; ce fut de redevenir un Anglais (ce qu’il n’était plus), et d’y apprendre ce que c’est qu’un soldat. […] Gibbon n’est point mon homme : je ne puis croire qu’il soit celui de Mlle Curchod.

1521. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Instruction générale sur l’exécution du plan d’études des lycées, adressée à MM. les recteurs, par M. Fortoul, ministre de l’Instruction publique » pp. 271-288

Les hommes éminents et zélés qui avaient présidé à l’Instruction publique pendant ces années, d’ailleurs florissantes, n’avaient pas été sans songer à l’inconvénient et sans prévoir le danger. […] Il fallait, pour devenir un homme utile dans les carrières du haut commerce et de l’industrie, être ouvertement un transfuge des écoles de Rome et de la Grèce. […] Ces principes, ces notions générales, tout homme bien élevé doit les posséder, les conserver toute sa vie. […] Les grands hommes ont toujours une grande influence sur les générations qui les suivent, quoique cette influence soit souvent niée et combattue. […] Par elle seule, il était possible d’adoucir les mœurs et de discipliner les hommes d’armes.

1522. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Charles-Quint après son abdication, au monastère de Saint-Just »

Mais il n’est pas moins vrai qu’il était bien plus encore un politique qu’un homme de combat. […] C’est que le succès ici était tout personnel et ne pouvait se rapporter qu’à l’homme même. […] qu’il est donc possible d’être grand homme d’État et grand politique, sans devenir à aucun degré philosophe ! […] Il y avait en Charles-Quint à Saint-Just un homme double, deux hommes distincts, séparés par une mince cloison, un politique persistant et un moine affilié, un conseiller d’État plein de sagesse et un catholique assiégé de terreurs. […] Il n’avait qu’un désir étroit et timide au sujet de ce fils, c’est qu’arrivé à l’âge d’homme il prît le froc et se fît moine.

1523. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Mémoires de madame Roland »

Sa modeste parure n’ôtait rien à ses grâces, et quoique ses travaux fussent d’un homme, elle ornait son mérite de tous les charmes extérieurs de son sexe. […] Quelque distingué que fût le groupe des Girondins, il ne s’y trouvait aucun homme réellement supérieur par le coup d’œil, et, comme Dumont l’a également remarqué, elle en fut réduite à s’exalter et à se monter la tête pour des esprits qui ne la valaient pas : « Il a manqué à son développement intellectuel (c’est encore Dumont qui parle) une plus grande connaissance du monde, et des liaisons avec des hommes d’un jugement plus fort que le sien. […] Il fallut près de soixante ans encore pour que Ponsard, dans sa Charlotte Corday, produisant ces hommes sur la scène, leur fit tenir un mâle langage et revînt par la tradition cornélienne à une sorte de vérité révolutionnaire. […] Les hommes ne sont pas faits généralement pour être ainsi frappés en médaille d’un coup et coulés en bronze. […] Tutoyer ainsi un homme à qui on n’a pas appartenu, à qui on ne s’est pas donnée, est un peu rude.

1524. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat. »

Quoi de plus naturel alors que La Feuillade ait flairé Catinat, encore simple officier des gardes, et qu’il se soit dit : « Ce n’est pas mon homme ?  […] Catinat, le probe, l’homme de la régie et du devoir, l’ennemi des passe-droits et des exactions, était son contraire ; on le savait de reste, mais on aurait pu l’oublier : le propos cité nous le rappelle. […] Commençons donc avec un tel homme que Catinat par le respect total et souverain, avant d’essayer sur quelques points la restriction et la réserve. […] Us se sont regardés comme des hommes perdus et déshonorés, s’ils paraissaient si promptement consentir à une entière dépouille de leur maître. […] Le gouverneur et commandant des troupes du duc, le marquis de Gonzague, est un homme d’esprit et qui ne se laisse pas jouer.

1525. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand (1846-1853). — II. (Fin.) » pp. 476-495

Un pur homme de lettres, fils d’un réfugié français. […] C’était un ami de fondation ; Frédéric le consultait sur ses écrits et l’avait constitué son critique, son homme de lettres. […] La seule étude salutaire aux hommes est celle qui nous apprend à vivre avec eux, à les connaître, et celle qui contribue à notre conservation et à notre plaisir : je regarde les autres comme des jouets qui amusent les enfants. […] Quant à Jordan, il demeure fidèle à son rôle de savant, d’homme paisible et de philosophe ami de l’humanité. […] En lisant ces détails auxquels on s’attendait si peu, on est heureux de sentir qu’on a affaire à des hommes, rien qu’à des hommes.

1526. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1873 » pp. 74-101

Rien ne dénote chez lui l’homme de lettres. […] Je tombe, sans le savoir, sur un homme livide, qui me dit être venu ici pour se faire soigner par Béni-Barde. […] En ma qualité d’homme bien élevé, il n’y a qu’à remercier. […] Le grand homme, tête nue, en petite jaquette d’alpaga, n’a pas froid, est plein de vie débordante. […] L’homme parti je demande à Burty. « Qui est donc ce monsieur ? 

1527. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « Brizeux. Œuvres Complètes »

Si le style est l’homme, comme l’a dit Buffon, il a dû mourir de la poitrine. […] La Critique, qui dit, comme la Médecine, au perçant regard : « Cet homme que vous voyez là, et qui va encore, il est mort !  […] C’était la plainte interrompue, reprise et répétée, d’un homme au premier amour de sa vie, et qui n’avait pas su se faire aimer. […] Ses meilleures pièces ont dix vers, et les deux derniers sont toujours le dernier soupir de l’homme qui expire… Il ne sait pas jouer des airs longs. […] Ainsi, dès Marie, dès son premier souvenir et son premier poème, le Breton s’interrompt dans Brizeux, et l’homme moderne, l’homme des langages les plus communs de ces temps, apparaît.

1528. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre iii »

Un prêtre admirable, adoré des hommes, qui viennent tous lui serrer la main. […] Il m’a demandé des tuyaux sur les hommes que j’avais amenés et qu’il ne connaissait pas encore. […] Les hommes piochaient : « Donne-moi ta pioche, toi. […] Il s’en tient le plus souvent à l’apostolat de la parole, au réconfort d’homme à homme, ou bien à la communion portée individuellement.‌ […] Mais je vais à l’âme du pauvre homme moyen.

1529. (1890) Causeries littéraires (1872-1888)

on dira : il y a en lui deux hommes, le rêveur et le penseur, le poète et le critique, l’homme d’imagination et l’homme de raisonnement. […] Alexis savait le nom de cet homme ! […] eux aussi, les hommes du Nord, comme les hommes du Midi ! […] Un homme à la mer ! […] » Oui, lui, l’homme fort, l’homme à principes, l’homme de bronze, voilà ce qu’il propose !

1530. (1892) Sur Goethe : études critiques de littérature allemande

Prenez la bêche pour accomplir œuvre d’homme. […] Qu’un homme d’État fasse douze pirouettes en douze heures ! […] Elle est d’un homme, irrémédiablement frappé, en qui l’on devine un homme d’honneur et de jugement. […] s’écrie-t-il, moi, un méchant homme ! […] Est-ce là ce qui s’appelle un méchant homme ? 

1531. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Frochot, Préfet de la Seine, histoire administrative, par M. Louis Passy. »

Dans le groupe d’hommes supérieurs ou distingués qui formaient son cortège, Frochot n’a rien qui le signale au regard, et il ne se remarque que par la profondeur et la fidélité de son attachement. […] Accompagnée de ses deux enfants, la généreuse épouse va de commune en commune soulever la pitié et la justice publiques pour un homme aimé et honoré de tout le pays. […] je le savais bien, allait-il répétant dans l’ivresse de sa joie, il n’était pas mort ; un si grand homme ne peut mourir !  […] Il reste comme un modèle de ces hommes publics précipités en un jour et qu’on plaint en les estimant. […] Quelques hommes cruels s’y sont trouvés ; il y avait une pente ; ils l’ont coupée à pic, et j’ai été fracassé.

1532. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XV, l’Orestie. — les Choéphores. »

L’homme tué par un meurtrier ne dormait tranquille que lorsqu’il avait pris sa revanche par la main d’un fils ou d’un frère. […] Qu’il doit rendre le mal pour le mal, comme c’est l’usage chez les hommes ? […] Il raconte froidement l’histoire qu’il a préparée. — En cheminant vers Argos, un homme qu’il a rencontré sur la route lui a dit se nommer Strophios. Cet homme l’a chargé d’apprendre aux parents d’Oreste la mort de leur fils. […] » — « Tu aimes cet homme ?

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