Une lecture rapide, cinq minutes de méditation l’ont trouvé prêt à tirer mon discours au clair, à l’exposer, à le juger, à l’exécuter, et, ma foi ! […] On se moque de nous, tremblent-ils, et, ma foi, ils ont après tout raison.
Les objections seront, je l’espère bien, résolues, les faits répondront, l’accord se fera, la conscience et la foi de tous côtés aidant, de lui-même. […] Ils ont la foi, et surtout la bonne foi.
Barrès a placé, a supposé, la source mystique, la voix et la vie de l’esprit, d’un esprit libre, haut, délicat, dont le prêtre qui assiste à son lit de mort Baillard réconcilié, a la révélation à son tour, avec lequel, lui aussi, comme repentant et faisant l’autre moitié du chemin, il se réconcilie. « Au fond de sa longue erreur ce malheureux hérésiarque avait connu un enthousiasme du divin et un élan d’adoration que le meilleur croyant devait envier et désirer d’ajouter à sa foi. » Mais quand il était dans l’Église, le connaissait-il ? […] C’est précisément le meilleur croyant qui ne doit ni envier ni désirer cela ; Bossuet n’eût-il pas trouvé singulière l’idée que sa foi à lui pût envier les élans d’adoration de Madame Guyon ? […] Dans La Colline, l’amour trouble plus qu’il ne purifie, il se purifie en réintégrant l’ordre, en se ployant à l’ordre, qui est le nom même du sacrement sacerdotal ; mais l’ordre l’accueille comme le père de l’enfant prodigue accueille son fils : « Ce malheureux hérésiarque avait connu un enthousiasme du divin et un élan d’adoration que le meilleur croyant devait envier et désirer d’ajouter à sa foi. » Et voyez comme des deux poèmes (je ne parle pas de l’exécution du détail, seulement de l’impression laissée), l’un est classique — et c’est celui de Lamartine, — l’autre romantique — et c’est celui de M. […] « Alors l’héroïque fille du Cygne et de Léda, tirant un poignard de sa ceinture, le plongea tout entier dans son cœur avant d’être touchée par les mains de l’enfant et pour qu’il ne connût pas sa vieillesse. » — Puis voici, à l’autre bout d’Homère, la vertueuse gardienne de sa foi, assise au foyer d’Ulysse.
Damiron, comme au fond sa pensée, nourrie d’histoire et de psychologie, exercée à de fortes études, n’en est plus à la simple foi, mais à la conception systématique, il faut, pour qu’il puisse l’accommoder aux formes de la poésie, qu’il la ramène par artifice à une inspiration qui n’est point naïve….
Huet est assez formel à ce sujet dans ses Origines de Caën ; il l’est plus encore dans son Commentaire latin sur lui-même : « Des gens mal informés, y dit-il, ont pris pour une injure que j’aurois voulu causer à la renommée de Segrais ce que j’ai écrit dans les Origines de Caën ; mais je puis attester le fait sur la foi de mes propres yeux et d’après nombre de lettres de Mme de La Fayette elle-même ; car elle m’envoyoit chaque partie de cet ouvrage successivement, au fur et à mesure de la composition, et me les faisoit lire et revoir. » Enfin Mme de La Fayette disait souvent à Huet, qui avait mis en tête de Zayde son traité de l’Origine des Romans : « Savez-vous que nous avons marié nos enfants ensemble ?
C’est là qu’il commença ses études entomologiques, ses collections, s’attachant aux coléoptères particulièrement : il y acquit des connaissances réelles, découvrit l’organe de l’ouïe chez les insectes : une dissertation publiée à Besançon en l’an VI (1798) en fait foi.
Dans les marais entrés, notre bonne commère S’efforce de tirer son hôte au fond de l’eau, Contre le droit des gens, contre la foi jurée.
Roger, pendant ces événements, fait naufrage et se sauve seul à la nage dans une île déserte ; il y trouve un ermite qui l’instruit dans la foi chrétienne.
L’Université en ce temps-là était le royaume des esprits, la règle des croyances et des mœurs, l’Église militante et enseignante, la maison de la foi.
Rousseau dans ses Odes religieuses, Racine dans Athalie, se sont montrés poëtes lyriques ; ils étaient nourris des psaumes et pénétrés d’une foi vive ; néanmoins les difficultés de la langue et de la versification française s’opposent presque toujours à l’abandon de l’enthousiasme.
Puis je me répands, dans Paris, cherchant de l’œil mes affiches, et ma foi escomptant un fort quart de mon roman, je termine la journée par une visite chez Bing, où indépendamment d’une boîte de Ritzouo de 500 francs, j’achète 2 000 francs, un chef-d’œuvre de Korin, une écritoire en laque d’or, où est répandue, couvrant le dessus et le dedans, une jonchée de chrysanthèmes aux fleurs d’or, au feuillage de nacre : un objet d’un goût barbare merveilleusement artistique.
Vous avez, je le crois sincèrement, beaucoup de loyauté et même de bonté… Vous seriez un bon mari… à votre compte… mais pas au nôtre… Je vous le prédis, vous seriez, comme tant d’autres, malheureux, jaloux à bon droit, trompé peut-être, parce qu’il vous manque, comme aux autres, l’intelligence sérieuse, élevée, morale… et, laissez-moi vous le dire, la pensée religieuse de ce que vous faites, de l’acte où vous vous engagez ; parce que vous formez trop légèrement ces liens que vous voulez si solides, et qui ne tiennent à rien quand ils ne tiennent pas au ciel ; parce que vous manquez de foi, comprenez-moi bien : de foi en vous-mêmes, en nous, et en Dieu. » On le voit, je pense, assez clairement, c’est ici toute l’Histoire de Sibylle : seulement, tandis que les Suzanne et les Hélène des Scènes et Proverbes semblent badiner encore, — puisqu’enfin elles cèdent, et que leurs discours n’ont pas la vertu de les persuader elles-mêmes, — ce qu’elles disent presque en riant, Sibylle de Férias, elle, l’a pris au sérieux. […] Libre penseuse en effet ou athée, tout ce qu’elle dit, elle pourrait également le dire, et tout ce qu’elle exige, elle pourrait encore l’exiger : une foi commune pour fonder la vie commune ; l’union des esprits, avant celle des cœurs, pour n’être pas dupe de l’attrait ou de l’illusion des sens ; l’égalité dans le mariage ; et, de la part de l’homme, le même esprit de sacrifice ou d’abnégation qu’il impose lui-même à la femme. […] C’était vraiment une profession de foi. […] Et si de la forme, alors, on passait au fond, et que l’on cherchât de quelle conception de la religion, de quelle manière de comprendre ses rapports avec la vie, de quel état des âmes chrétiennes, ou de quelle crise de la foi le Génie du christianisme, les Pensées ou l’Institution chrétienne peuvent être contemporains, ne verra-t-on pas bien qu’il fallait, pour que Chateaubriand pût écrire son livre, que Pascal eût écrit le sien, comme aussi que Pascal ne pouvait pas écrire ses Pensées au xvie siècle, mais seulement après la révolution religieuse dont l’Institution chrétienne demeure l’évangile ?
C’est un démocrate idéaliste, et, à ce titre, il représente un genre à peu près disparu : il a puisé sa foi républicaine aux sources les plus pures. […] Il sait ce que valent ces professions de foi, qui ne sont nullement incompatibles avec l’incrédulité, et ce culte du drapeau, qui s’accorde si bien avec la dispense de tout service militaire. […] Prendre pour acte de foi ce qu’il y a de plus incertain dans les élucubrations ténébreuses des anthropologues, c’est un parti bien étrange, peu scientifique, et dont la témérité pourrait nous mener loin. […] « une superbe maison, ma foi, avec des croisées qui n’en finissaient plus, des colonnes, des colonnettes, des toits l’un par-dessus l’autre, des statues vertes, des gargouilles noires, des clochers, des clochetons, des tours, des campaniles ; une forêt de pierres et de briques rouges haut levées dans le ciel ».
Je me représente David croyant et soumis à Dieu, illuminé par la foi au milieu des ténèbres qui l’envahissent, de la mort qui vient le trouver. […] Il en est où, visiblement, la routine l’emporte, par exemple l’état d’esprit du demi-croyant qui répète une prière, chaque soir, sans foi réelle, mais pour s’acquitter d’une formalité ; il en est où c’est l’imitation, par exemple chez l’écolier qui s’efforce de redire, après le maître, la lettre qu’il vient de prononcer ; il en est enfin où c’est l’invention, comme la création d’un poème. […] Tout cela, l’invention et l’exécution, se perdent en moi comme dans un beau songe très distinct… Comment maintenant, pendant mon travail, mes œuvres prennent la forme ou la manière qui caractérisent Mozart et ne ressemblent à celle d’aucun autre, cela arrive, ma foi, tout comme il se fait que mon nez est gros et crochu, le nez de Mozart, enfin, et non celui d’une autre personne ; je ne vise pas à l’originalité, et je serais bien embarrassé de définir ma manière.
La restauration laissait à peine entrevoir ses tendances, et déjà les puritains se roidissaient contre elle, méprisés en attendant qu’ils fussent proscrits, mais passionnément dévoués, n’importe à quels risques et avec quelle issue, au service de leur foi et de leur cause ; sectaires farouches et souvent factieux, mais défenseurs et martyrs indomptables de la religion protestante, de l’austérité morale et des libertés de leur pays. » Il n’y a plus aujourd’hui de style ni d’esprit de cette trempe. […] C’est de la poésie philosophique, il est vrai, et protestante ; n’importe : l’émotion n’en est que plus belle, quand elle a traversé, comme ici, la double cuirasse de la logique et de la foi. […] Heureux pourtant ceux qui en ont une, qui peuvent y croire, et qui n’ont point perdu leur foi première en étudiant le mécanisme de l’admiration ! […] « Escalona, mais qui plus ordinairement portait le nom de Villena, était la vertu, l’honneur, la probité, la foi, la loyauté, la valeur, la piété, l’ancienne chevalerie même, je dis celle de l’illustre Bayard, non pas celle des romans et des romanesques. […] Il a pris de son père la vénération de son titre, la foi parfaite au droit divin des nobles, la persuasion enracinée que les charges et le gouvernement leur appartiennent de naissance comme au roi et sous le roi, la ferme croyance que les ducs et pairs sont médiateurs entre le prince et la nation, et, par-dessus tout, l’âpre volonté de se maintenir debout et entier dans « ce long règne de vile bourgeoisie ».
Or, certainement, il n’y a nulle comparaison sur ce point entre la sœur, à qui l’on n’a jamais fait le moindre reproche, qui est estimée, qui a des mœurs, de la vertu, de la probité, et des frères qui sont sans foi, sans loi, sans mœurs et sans principes. […] Monsieur, J’ai l’honneur de vous réitérer que dans l’affaire de la demoiselle Desgrey et de ses frères, je suis de la plus rigoureuse impartialité ; mais comme cette qualité ne suffit pas pour être juste et que je ne me consolerais pas d’avoir induit un juge en erreur, quand même j’aurais été de la meilleure foi du monde, pour plus de sûreté je me suis adressé aux hommes de ma ville les plus honnêtes, les plus éclairés, et j’ai eu la satisfaction de voir que leur récit s’accordait exactement avec ce que j’avais pris la liberté devons écrire. […] ma foi, mon ami, si l’on a bien résolu de refuser à cet homme-là ce qu’il est aussi encouragé à demander, vous avouerez qu’on s’expose de gaieté de cœur à le rendre profondément malheureux ; est-ce là le rôle qui convient à une femme aussi franche, aussi bonne, aussi honnête que notre amie67 ? […] L’opinion, ce mobile dont vous connaissez toute la force pour le bien et pour le mal, n’est à son origine que l’effet d’un petit nombre d’hommes qui parlent après avoir pensé, et qui forment sans cesse, en différents points de la société, des centres d’instructions d’où les erreurs et les vérités raisonnées gagnent de proche en proche, jusqu’aux derniers confins de la cité, où elles s’établissent comme des articles de foi.
La fille qui lui naquit et qui est aujourd’hui si digne de son père, une aide intelligente dans ses travaux, fut élevée de même selon la foi de sa mère, chrétiennement.
Non ; il me demandait si je croyais ; je répondis : « Je prie Dieu chaque jour que ma foi augmente, mais je ne suis pas assez téméraire pour faire des raisonnements. » Il me dit : « Vous avez raison, soumettez-vous, mais examinez bien la morale, écoutez votre conscience, et Dieu vous aidera. » — Il y a plus d’un vicaire savoyard.
(Peu après la première publication de ce morceau dans la Revue des Deux Mondes, nous reçûmes de la part d’une personne honorable, qui avait beaucoup connu madame Delille, quelques observations que nous nous faisons un devoir de consigner ici : « Je viens, monsieur, écrivait-on, de lire votre article sur Delille ; je n’appellerai pas de votre arrêt, quoique bien rigoureux : mais sur la foi de qui imprimez-vous que pour dix louis il récitait des vers au Lycée ?
Joseph Scaliger ne pouvait lire cette lettre sans être ravi : « Pour moi, déclare-t-il, je puis dire que je n’ai jamais rien lu dans l’histoire ecclésiastique qui m’emporte si fort hors de moi-même, qui me laisse si transporté de zèle et d’ardeur pour la foi, et qui me change en une autre personne que je ne suis. » Nulle histoire, en effet, nulle légende sainte ne justifie mieux ce mot de Pascal, qu’avec Jésus-Christ, le nouveau modèle d’une âme parfaitement héroïque a été créé et proposé aux hommes.
Les artistes ont bien le pressentiment de leur force, mais ils n’en ont la foi qu’après qu’ils se sont vus dans le miroir ému de leur siècle.
Ce n’était pas un homme de l’espèce de votre curé de Meudon : c’était un homme de bonne compagnie, d’une éducation achevée, d’une figure aussi belle et aussi noble que son génie ; vivant le matin dans sa bibliothèque, rêvant le jour dans les bois et dans les jardins des environs de Ferrare, récitant le soir aux dames et aux courtisans d’une cour oisive et élégante les charmantes badineries de sa plume, et nourrissant comme une foi terrestre, dans son cœur, un amour délicat et respectueux pour sa charmante veuve de Florence ; culte intime qui l’aurait empêché jamais de profaner dans la femme l’idole féminine dont il était l’adorateur. — Et pourquoi ne l’épousa-t-il pas ?
VIII M. de Guérin, émigré dès son enfance et rentré tout jeune de l’émigration, en avait rapporté au Cayla cette foi antique et robuste de caste et de famille, qui était plus enfoncée dans son cœur que les fondements de son ancien manoir dans le rocher d’Andillac.
« Avec tout cela, écrit-il, inébranlable dans ma conviction du beau et du vrai, j’aime mieux (et je saisis toutes les occasions de renouveler à cet égard ma profession de foi), j’aime beaucoup mieux encore écrire dans une langue presque morte et pour un peuple mort, et me voir enseveli moi-même de mon vivant, que d’écrire dans ces langues sourdes et muettes, le français ou l’anglais, quoique leurs armées et leurs canons les mettent à la mode ; plutôt mille fois des vers italiens, pour peu qu’ils soient bien tournés, même à la condition de les voir pour un temps ignorés, méprisés, non compris, que des vers français ou anglais, ou dans tout autre jargon en crédit, lors même que, lus aussitôt par tout le monde, ils pourraient m’attirer les applaudissements et l’admiration de tous.
Elle a cent mille organes intérieurs pour se prouver à elle-même ces vérités, qu’on ne saurait lui démontrer ; elle fait ainsi ces actes de foi.
Le but inavoué de ce procès est de ravaler et de salir une période illustre à qui l’on reproche son idéal, ses élans, sa foi, ses ambitions généreuses… Mais pour satisfaire les passions d’un moment ou les intérêts d’un parti est-il bien utile de traiter Hugo « d’abruti lyrique » et de « Tartuffe », de comparer la gloire de Renan à la vogue du chansonnier Béranger, de présenter Leconte de Lisle comme un « frigide crétin » ou de montrer Flaubert « comme une boule de jardin où apparaissent grandies toutes les sottises et les niaiseries d’une époque ».
Ernst, qu’il faille négliger les souvenirs personnels de ceux qui ont eu le bonheur d’entendre le maître ; mais nous ne les acceptons que quand, comme ici, ils viennent d’un témoin digne de foi et qu’ils sont datés.
Un dîner et une soirée, où la conversation, sortant des commérages sur les bidets de courtisanes et les tables de nuit d’hommes connus, se balança sur les hautes cimes de la pensée et les grandes épopées de la littérature, avec toutes sortes d’éclairs des uns et des autres, et avec les violences et les sorties de Saint-Victor, se déclarant Latin de la tête au cœur, et n’aimant que l’art latin, et les littératures et les langues latines, et ne rencontrant sa patrie, que lorsqu’il se trouve en Italie… Cette profession de foi, suivie d’un débordement d’exécration pour les pays septentrionaux, disant que le Français chez lui serait peut-être indifférent à une invasion italienne ou espagnole, mais qu’il mourrait sous une invasion allemande ou russe.
* * * — Les hommes et les femmes pensaient plus vivement au xviiie siècle que maintenant : leur correspondance en fait foi.
Sainte-Beuve nous reproche durement d’avoir fait lire, à notre héroïne, Kant, qui de son temps n’était pas traduit, nous jetant : « Alors quelle foi voulez-vous qu’on ait à votre étude ?
Ma foi, cette femme m’intéressait, j’ai de ma poche acheté le cercueil. » Les années se passent, le peintre et le directeur d’hôpital voisinent, comme par le passé.
Vous n’ignorez pas ma répulsion pour les Sociétés et leurs honneurs, et vous devez vous rappeler, que je n’ai accepté que sur vos instances, cette présidence qui m’a causé mille ennuis, et mis en contradiction avec moi-même, et ma profession de foi sur la statuomanie, à propos de la statue de Balzac.
Il le définit un amant sans foi, un prince foible, un dévot scrupuleux.
Sa foi, la Tour Eiffel, « qu’on retrouvera toujours, impérissable », indestructible, éternelle comme la Science qui l’a édifiée ».
Comment n’aurais-je pas eu foi, je ne dis pas dans les armes (une longue désuétude les a rouillées), mais dans la vie et dans la fécondité de son génie en tout genre ?
Je suis toute nue et si pauvre qu’on me voit le cu ; et tout en parlant ainsi elle troussoit ses cotillons et montroit son derrière à son cordonnier qui touché, attendri, disoit en s’en allant, ma foi, cela est vrai.
Bien loin d’ébranler notre foi à la réalité de l’espace, Kant en a déterminé le sens précis et en a même apporté la justification.
Nous autres, ce n’est pas une basilique neuve dont les pierres sans foi ne recouvrent que le vide et le silence, c’est une âme et un sang purifiés que nous voulons offrir au bon Génie des ancêtres !
Ici, ce mode d’inspiration, plus acceptable chez un poëte, cette onction sans grande foi, et pourtant sincère, s’exhale à chaque vers, mais elle se déclare surtout admirablement dans le beau morceau de la pièce au moment de l’élévation pendant le sacrifice : Ô moment solennel ! […] Ce que M. de Fontanes, poëte, était en 1778, il l’était encore en 1814 et 1815 ; l’anecdote, au besoin, peut servir de clef156. — Les sentiments, en tout temps publiés ou consignés dans ses vers, font foi de la sincérité avec laquelle, au milieu de ses regrets, il dut accueillir le retour de la race de Henri IV.
Voilà ma profession de foi, que j’abrége, parce que je suis sûr que vous ne serez jamais de mon avis, dont je ne suis guère. […] Il passa sa vie à faire de la politique libérale sans estimer les hommes, à professer la religiosité sans pouvoir se donner la foi, à chercher en tout l’émotion sans atteindre à la passion.
À l’égard des autres je n’ai trahi ni foi, ni hospitalité, ni convenances ; je ne les connais pas, et à toute extrémité je me moque d’eux comme des Palatins de Rava et de Sandomir. […] et combien je vous en dirais d’autres, ma foi !
. — Ma foi ! […] Dimanche lui-même, le dernier bonhomme qui ait foi en votre crédit, vous venez de le perdre, et avec M.
J’y verrais aussi assez volontiers un excès d’optimisme, une foi extrêmement naïve en la bonté de Dieu, le sentiment vif de l’imperfection de la création. […] quelle foi pourrai-je donner à votre témoignage ? […] De même, Coquerel, dans ses Forçats pour la foi, cite, pour attester la dureté du régime sur les galères du roi, une douzaine de galériens protestants plus que nonagénaires et qui « ramaient » depuis quarante ans.
La tendance spontanée de l’homme est d’ajouter foi aux affirmations et de les reproduire, sans même les distinguer nettement de ses propres observations. […] La tendance spontanée de l’esprit humain est d’ajouter foi aux indications de provenance, lorsqu’il y en a. […] Ils se bornent à examiner si l’auteur a été en général contemporain des faits, s’il en a été témoin oculaire ; s’il a été sincère et bien informé, s’il a su la vérité ou s’il a voulu la dire ; ou même, résumant tout en une formule, s’il a été digne de foi . […] Le mouvement naturel est de faire en bloc la critique de tout un auteur ou au moins de tout un document, de classer en deux catégories, à droite les brebis, à gauche les boucs ; d’un côté les auteurs dignes de foi ou les bons documents, de l’autre les auteurs suspects ou les mauvais documents.
Un témoin disait : « J’avais les deux billets dans ma poche ; mais, ma foi ! […] En outre, ils font une assemblée naturelle. — Dès lors, ce n’est plus par des professions de foi affichées, chefs-d’œuvre d’emphase et de vague, que les candidats doivent s’expliquer ; ils sont tenus de comparaître en personne, de parler eux-mêmes, de quitter les lieux communs, de répondre à des interrogations précises, d’engager d’avance leur opinion sur des mesures prochaines, sur des lois imminentes. […] Et, d’autre part, elle dissipe complètement les ténèbres que les philosophes spiritualistes, Reid et Royer-Collard, par exemple, amoncelaient à l’origine de nos connaissances, disant qu’entre la sensation et l’étendue on ne peut concevoir rien de commun, que si la première provoque en nous la perception de la seconde, c’est par un mystère impénétrable, qu’en psychologie comme ailleurs il faut admettre l’incompréhensible et finir par la foi. […] Les anxiétés d’un esprit qui cherche une croyance fixe, le passage douloureux d’une foi héréditaire à une conviction personnelle, les agitations d’un cœur qui ne peut se fixer que par une affection complète, la formation d’un talent, les tentations d’un caractère, et, d’une façon générale, les tâtonnements, les erreurs, les combats et le progrès d’une âme en quête de la justice, ou de l’amour, ou de la vérité, voilà des tragédies qui recommenceront toujours, et dont chacun de nous, dans son for intérieur a été le témoin en même temps que le héros ou la victime. […] s’il ne fallait qu’étendre le bras et prononcer un oui ou un non pour sauver ou créer un homme, acquérir ou perdre une brillante réputation, prolonger ou terminer mon insupportable existence, je crois, ma foi, que je ne bougerais rien plus qu’un chien de faïence.
Les personnes sensées ont de la peine à croire qu’il y ait eu des hommes assez déraisonnables pour réaliser leurs propres abstractions : mais entre autres exemples, on peut les renvoyer à l’histoire de Valentin hérésiarque du second siecle de l’Eglise : c’étoit un Philosophe Platonicien qui s’écarta de la simplicité de la foi, & qui imagina des aons, c’est-à-dire des êtres abstraits, qu’il réalisoit ; le silence, la vérité, l’intelligence, le propator, ou principe. […] En matiere de foi on ne doit point raisonner par analogie ; on doit se tenir précisément à ce qui est révélé, & regarder tout le reste comme des effets naturels du méchanisme universel dont nous ne connoissons pas la manoeuvre. […] On dit communément que l’apposition consiste à mettre deux ou plusieurs substantifs de suite au même cas sans les joindre par aucun terme copulatif, c’est-à-dire, ni par une conjonction ni par une préposition : mais, selon cette définition, quand on dit la foi, l’espérance, la charité sont trois vertus théologales ; saint Pierre, saint Matthieu, saint Jean, &c. étoient apôtres : ces façons de parler qui ne sont que des dénombremens, seroient donc des appositions.
Comme l’histoire sainte est révelée, il seroit impie de la soûmettre à l’examen de la raison ; mais il est une maniere de la discuter pour le triomphe même de la foi. […] il établit qu’un vaurien est toujours un sot sous le masque ; & au lieu de citer au tribunal de la raison un Aristophane, un Catilina, un Narcisse, qu’il auroit eu bien de la peine à faire passer pour d’honnêtes gens, ou pour des sots ; il prend un fat, mauvais plaisant, dont l’exemple ne conclut rien, & il dit de ce fat, plus sot encore : A sa vertu je n’ai plus grande foi Qu’à son esprit. […] Son érudition, son éloquence, sa philosophie, sa politique, tout ce qu’il a d’imagination, de mémoire, & de sentiment, il met tout en oeuvre de la meilleure foi du monde pour vous persuader ; & ce sont tous ces efforts, c’est le sérieux avec lequel il mêle les plus grandes choses avec les plus petites, c’est l’importance qu’il attache à des jeux d’enfans, c’est l’intérêt qu’il prend pour un lapin & une belette, qui font qu’on est tenté de s’écrier à chaque instant, le bon homme ! […] Son caractere de naïveté une fois établi, nous devons trouver possible qu’il ajoûte foi à ce qu’il raconte ; & de-là vient la regle de suivre les moeurs ou réelles ou supposées.
Homme vil et sans foi… Que vais-je devenir ? […] Elle ne convainc pas non plus George Dandin qui répond : « C’est ainsi que vous satisfaites aux engagements de la foi que vous m’avez donnée publiquement ? […] De ce vieillard « presque sexagénaire », Léonor, qui a vingt ans, vient nous dire : Du sort dont vous parlez, je le garantis, moi, S’il faut que par l’hymen il reçoive ma foi : Il s’y peut assurer ; mais sachez que mon âme Ne répondrait de rien, si j’étais votre femme. […] Rien ne marque mieux que ceci la profonde conviction de Rousseau, non seulement sur l’infériorité radicale de la femme, mais sur ceci qu’elle appartient à une autre espèce que l’homme ; car enfin voilà un protestant, très pénétré de protestantisme, resté fidèle au moins au principe protestant : nous sommes juges de notre croyance et elle n’existe que si nous en sommes juges ; et c’est lui qui de cette loi générale excepte formellement la femme, comme incapable de se constituer à elle-même une foi. « Hors d’état d’être juges elles-mêmes… » Pour ce qui est de ce qu’on appelle communément l’instruction, Sophie ne saura rien de ce que l’on apprend aux garçons même de la classe la plus ignorante de la nation.
Remarquez les coups de grosse caisse, j’entends les grands moyens ; on appelle ainsi tout ce que dit un personnage qui veut délirer et ne délire pas ; par exemple, parler aux rocs et aux murailles, prier Abeilard absent de venir, s’imaginer qu’il est présent, apostropher la Grâce, la Vertu, « la fraîche Espérance, riante fille du ciel, et la Foi, notre immortalité anticipée1110 », entendre les morts qui lui parlent, dire aux anges de « préparer leurs bosquets de roses, leurs palmes célestes et leurs fleurs qui ne se flétrissent pas1111. » C’est ici la symphonie finale avec modulation de l’orgue céleste : je suppose qu’en l’écoutant Abeilard a crié bravo.
La foi était si jeune et si vive en ce siècle à Rome, qu’aucun doute n’en altérait la sécurité, et qu’on passait de cette vie à l’autre, comme si du sein des ténèbres mortelles on eût vu luire les splendeurs visibles du ciel chrétien.
Mais on raconte que le jeune Hercule, ce Siegfried des légendes plus lascives, ne fut point ému grandement par ces professions de foi : il s’était assis au bord du chemin, et il s’écria, regardant les deux jeunes femmes qui lui paraissaient maintenant plus séduisantes et jolies, sous une lueur tiède : « Hélas, je n’ai point appris les subtils symbolismes, à l’école d’où je viens.
Enraciné par son origine aux mythes du monde primitif, il dresse sa tête vers l’aurore d’une foi nouvelle.