Avons-nous quelque moyen d’interroger leur cerveau, de connaître leur famille ?
Si son Hypermenestre a paru survivre au désastre de sa triste famille, c’est plutôt à la faveur des décorations, que par l’intérêt répandu sur ses malheurs.
Berthe, la Famille de Kervoren et le Chercheur de Rives, sont trois romans entrelacés qui n’en font qu’un seul.
Partout avaient recommencé les violences, les rapines, les meurtres, et comme la religion est le seul moyen de contenir des hommes affranchis du joug des lois humaines (axiome 31), les hommes moins barbares qui craignaient l’oppression se réfugiaient chez les évêques, chez les abbés, et se mettaient sous leur protection, eux, leur famille et leurs biens ; c’est le besoin de cette protection qui motive la plupart des constitutions de fiefs.
Elle est de la famille de Mme Sarah Bernhardt, qui a bien voulu lui donner quelques leçons. […] Tartuffe s’est en effet impatronisé dans une famille, où tout le monde le déteste. […] Toute la famille est donc montée contre cet intrus, qu’elle a percé à jour, et qui demain, si Orgon l’en croyait, serait jeté à la porte. […] Au lever du rideau, toute la famille est réunie, en l’absence de son chef parti pour un voyage. […] Elle a assez d’esprit pour ne s’inquiéter de rien, et elle est d’une famille qui a toujours eu du bonheur au théâtre.
comme je maudis ma vie régulière et ma famille ! […] Mais l’autorité absolue du chef de famille était un dogme dans la vieille Provence patriarcale. […] Il a donné, dans le poème des Aïeules, d’éclatants et touchants portraits de famille. […] Quoi de plus attendrissant que les adieux de la famille chrétienne ! […] C’est à cette famille spirituelle que se rattache brillamment M.
Hugo a renversé les barrières, et il n’y a plus eu de castes dans la grande famille des mots. […] Ce que les chansons ne disent pas, c’est dans quelle étrange famille le hasard fit naître Béranger. […] Ce n’était pas un héritage de famille. […] Elle quitta sa famille et son enfant pour aller vivre seule. […] Une enfant naît dans le château de Férias, au sein d’une famille où toutes les distinctions de la race, toutes les délicatesses de la haute culture morale sont héréditaires, loin de la vie de Paris, hors de ces courants de l’atmosphère intellectuelle, où la pureté même puise, à son insu, de secrets poisons.
Les hommes sont une famille. […] Est libre le colon qui vit sur la terre qu’il a défrichée et dont, avec sa famille, il tire la subsistance de sa famille et la sienne. […] Le mariage aussi, et la famille avec le ménage ? […] Mais ce qui n’est pas possible pour deux familles Test parfaitement pour cent cinquante. […] Si l’Indien est polygame, c’est aussi que Brahma est le polygame universel, et la famille indienne n’est que l’image de l’union multiple de Dieu avec la nature ; et si, encore, dans la famille indienne le chef de famille est tout et le reste n’est rien, c’est que, dans le mariage de Dieu avec la nature, Dieu est seul réel, et le reste fiction, apparence et néant.
Il sait qu’on le range dans la famille des Dandin, et il le dit gaiement à l’amant de sa femme. […] Toute sa famille forme un groupe de types irréprochables que Raphaël et Titien doivent se disputer. […] Quelle que soit l’opinion de la science moderne sur l’origine des races humaines, la Genèse rattache toutes les races à une seule famille. […] Hugo sait pourtant que la lune n’est pas de la même famille que le soleil, car c’est lui qui a nommé Virgile la lune d’Homère. […] Tentanda via est se rapporte, comme la pièce précédente, à la vie de famille.
Son corps fut enseveli parmi ceux des saints, dans le tombeau de la famille Flavia. […] Il n’avait fait par là le bonheur de personne, ni de lui-même, ni de sa famille, ni de qui que ce fût. […] Cette famille, naguère opulente, était à peu près ruinée par la Révolution. […] Il se retira à Rouen avec sa famille. […] Thiers a été inauguré en présence de la famille et de quelques amis.
Qu’a-t-elle dû à la famille et à l’esprit public, à l’école et aux pédagogues ? […] Mettez l’une à côté de l’autre une famille anglaise et une famille française. […] Je possède, à la campagne, une maison qui a fait partie du domaine de la famille du Plessis de Richelieu. […] C’est une neurasthénie ordinairement réservée aux fils de famille qui n’ont rien à faire après leur bachot. […] La société moderne attire la femme hors de la famille.
Mais remarquez que les seconds sont tout à fait de la même famille que les premiers. […] Tout à coup je l’écoutai : « … Et n’est-ce rien que de s’asseoir comme un conseiller sublime au foyer de chaque famille ? […] Il l’ouvrait, en prêtre domestique, au couvre-feu, comme le père de famille fait la Bible dans les vieilles familles anglaises, Victor Hugo ne m’était jamais apparu ainsi. […] Il était marié, père de famille et très heureux en 1790. […] Les familles ?
C’est en rendant compte de ces volumes précieux, recueillis avec la plus scrupuleuse piété d’une famille pour une vénérable mémoire, qu’il nous sera aisé de suivre et de faire sentir les lignes principales, les traits composants d’un caractère toujours divers, si simple qu’il soit et si uniforme qu’il paraisse. […] Dénoncé lui-même avec sa famille, après le 9 thermidor, comme terroriste, il vint se plaindre de sa destitution ; mais Barras l’avait distingué à Toulon et l’employa au 13 vendémiaire : « Ah ! […] En toutes choses il y a, j’oserai dire, l’homme de 89, le girondin et le jacobin ; je ne parle pas de la nature des opinions, mais de leur caractère et de leur allure ; ce sont là comme trois familles d’esprits ; on les retrouve plus ou moins partout où il y a mouvement d’idées. […] tout en éprouvant du respect pour la force éminente de quelques-uns en cette famille d’esprits, j’avoue ne sentir que du dégoût pour les incroyables gageures, les motions à outrance et l’impudeur native de la plupart. […] L’héroïsme domestique, l’attendrissement de famille, mais un attendrissement toujours contenu par le sentiment d’un grand devoir, pénètre dans la prison avec madame de La Fayette.
Victor Hugo : et si l’on voyait dans une tribune réservée les personnes de la famille royale, on se disait qu’au cœur de l’assemblée était madame Sand.
Il s’ensuit, par exemple, que l’homme du nord a nécessairement un gîte, une vie intérieure et des rapports de famille, tandis que l’homme du midi est bien partout où il y a le soleil, un arbre et un fruit.
. — Soutien de famille (1898). — Le Sous-Préfet aux champs, poème en prose (1898).
Elle parle, sans efforts, une langue imagée où éclatent les couleurs de l’Orient ; elle en a surpris le secret au foyer de famille, en écoutant causer son illustre père et aussi en traduisant pour son propre compte tant de récits empruntés aux romanciers et aux poètes de la Chine.
Mais voilà, d’autres sont venus depuis, des frères, des sœurs, toute une famille bien portante qui fait l’admiration des passants.
Son existence dans le monde était finie depuis longtemps ; les traditions de sa société étaient dispersées et en faisaient fleurir de nouvelles ; la duchesse de Montausier, sa fille, était employée à la cour ; des honneurs de cour remplaçaient, dans ce reste de sa famille, les honneurs personnels que la marquise avait obtenus ; on ne connaissait plus qu’une gloire, celle qu’on tenait de la faveur de Louis XIV.
Il faut encore remarquer que les idées du Tasse ne sont pas d’une aussi belle famille que celles du poète latin.
Je laisse là tous ses petits tableaux, ses deux pastorales où il y a la fausseté de Boucher, sans son imagination, sa facilité et son esprit, la Femme qui amuse son enfant avec un moulin à vent, sa Sainte Famille que je n’ai point aperçue ni moi ni personne, la Femme qui dessine à l’encre de la Chine, et j’en viens à sa grande composition.
Le génie et la tâche de ce siècle sont de retrouver et de réunir les titres de famille de l’intelligence humaine. […] Seuls, au dix-septième siècle, Alceste, Tartufe et Harpagon se rattachent plus étroitement à la grande famille des créations morales de l’antiquité grecque, car ils en possèdent la généralité et la précision. […] Que sera-ce donc si elles en arrivent à ne plus former qu’une même famille, comme se l’imagine partiellement la démocratie contemporaine, qu’une seule agglomération parlant une langue identique, ayant des intérêts sociaux et politiques solidaires, et ne se préoccupant que de les sauvegarder ? […] Ils appartiennent à une famille spirituelle qu’il n’a jamais reconnue et qu’il a sans cesse maudite et persécutée. […] D’autres raisons, d’une nature étrangère à l’art, peuvent, il est vrai, s’opposer légitimement à la reprise de cette tragédie légendaire dans laquelle le sublime poète de l’Orestie eût reconnu un génie de sa famille.
Il y a des familles, et pas de peuples ; des pères, et pas de rois. […] Toutes les sphères s’agrandissent ; la famille devient tribu, la tribu devient nation. […] La famille a une patrie ; tout l’y attache ; il y a le culte du foyer, le culte des tombeaux. […] Dans la société antique, l’individu était placé si bas, que, pour qu’il fût frappé, il fallait que l’adversité descendît jusque dans sa famille. […] Ce n’était plus seulement le Cromwell militaire, le Cromwell politique de Bossuet ; c’était un être complexe, hétérogène, multiple, composé de tous les contraires, mêlé de beaucoup de mal et de beaucoup de bien, plein de génie et de petitesse ; une sorte de Tibère-Dandin, tyran de l’Europe et jouet de sa famille ; vieux régicide, humiliant les ambassadeurs de tous les rois, torturé par sa jeune fille royaliste ; austère et sombre dans ses mœurs et entretenant quatre fous de cour autour de lui ; faisant de méchants vers ; sobre, simple, frugal, et guindé sur l’étiquette ; soldat grossier et politique délié ; rompu aux arguties théologiques et s’y plaisant ; orateur lourd, diffus, obscur, mais habile à parler le langage de tous ceux qu’il voulait séduire ; hypocrite et fanatique ; visionnaire dominé par des fantômes de son enfance, croyant aux astrologues et les proscrivant ; défiant à l’excès, toujours menaçant, rarement sanguinaire ; rigide observateur des prescriptions puritaines, perdant gravement plusieurs heures par jour à des bouffonneries ; brusque et dédaigneux avec ses familiers, caressant avec les sectaires qu’il redoutait ; trompant ses remords avec des subtilités, rusant avec sa conscience ; intarissable en adresse, en pièges, en ressources ; maîtrisant son imagination par son intelligence ; grotesque et sublime ; enfin, un de ces hommes carrés par la base, comme les appelait Napoléon, le type et le chef de tous ces hommes complets, dans sa langue exacte comme l’algèbre, colorée comme la poésie.
Ce phénomène fut l’émigration : cent mille familles françaises, l’élite littéraire de la nation par le rang, le nom, l’élégance, les mœurs, le langage, s’étaient dispersées dans toutes les cours et dans toutes les villes de la Suisse, de l’Allemagne, de la Russie, de l’Angleterre, traînant avec elles la haine qu’elles portaient à la révolution et la pitié qui s’attache aux proscrits. […] Mon père, ma mère, Gibbon, et quelques amis des deux voisins, furent une seule famille. […] Elle me parla de ma mère, qu’elle avait connue à la cour dans son enfance ; de mes vers, qui révélaient, disait-elle, une fibre malade dans un cœur sain ; du danger de la solitude absolue à mon âge, qui fausse ou qui aigrit les impressions, ces sens du génie ; du bonheur qu’elle aurait à remplacer pour moi ma famille éloignée et à m’introduire dans la sienne comme un enfant de plus parmi les charmants enfants dont la Providence avait orné son foyer et consolé ses vieux jours. […] Cette concentration de ses pensées dans le ciel n’ôtait rien à sa tendresse pour sa famille et à sa grâce sérieuse pour les étrangers. […] Depuis ces heureuses années, la révolution dynastique de 1830, à laquelle je n’adhérai jamais, et des situations politiques différentes, me rendirent étranger à cette noble famille, mais jamais hostile.
Par exemple, la symétrie des parties manque dans la famille des poissons pleuronectes, tandis qu’elle se rencontre chez les annelés. […] Voilà donc l’étranger désintéressé et le différend réduit à une affaire de famille. […] Descotes nous présente la jeune famille en un groupe charmant « comme un bouquet de cyclamens ». […] En famille, on l’appelait ban, vieux mot du pays qui signifie à peu près « cancre ». […] Le comte Joseph de Maistre et sa famille.
C’est en cette famille que la nation éternelle prend conscience de son éternité. […] Ils sont le conseil de famille du souverain. […] Il n’est homme, si démocrate qu’il prétende être, qui ne soit fier d’appartenir à une famille d’honnêtes gens ; il n’est personne qui ne tienne compte à un homme d’être d’une bonne famille. […] La famille, qu’est-ce bien ? […] Il y a mis une analogie ; celle-ci : l’État ressemble à une famille.
Il avait un fils unique : comme de juste, il voulut que ce fils montât plus haut que lui et haussât la famille encore d’un degré. Il décida d’en faire un médecin : un bon et noble métier, bien considéré, qui n’était exercé que par des gens de familles riches et bien apparentées. […] Partout la protection de la famille peut les suivre, les soutenir, les dispenser de vouloir et de s’évertuer. […] Laissons là Le Fils naturel et Le Père de famille : ne regardons pas ses pièces, mais ses théories. […] Le père de famille est partout et toujours père de famille : en parlant, en se taisant, en s’asseyant, en marchant, dans son geste, dans son costume, il se déclare père de famille.
A Genève, grâce à l’esprit de cité et de famille, apparaissent et se croisent de bonne heure des dynasties, des tribus de savants appliqués et honorés, les Godefroy, les Le Clerc, les Pictet, dans une sorte de renommée sans dissipation, qui ne va pas jusqu’à la gloire, et qui demeure revêtue et protégée de modestie et d’ombre. […] De retour à Genève, sous-maître dans un pensionnat d’abord, puis à la tête d’un pensionnat de sa propre création, père de famille, finalement appelé à occuper la chaire de Belles-Lettres dans l’Académie, c’est du sein d’une vie heureuse et comblée, et comme unie en calme à son Léman, que se sont échappés successivement et sans prétention les écrits divers, tous anonymes, dont plus d’un nous a charmés. A Genève, les pensionnats participent à la moralité de la famille. […] Trois jours après, à Genève, Charles, qui s’y est rendu en sortant de sa niche, dès qu’il l’a pu, reçoit du chantre une lettre qu’il faut lire en son idiome natif, et, jointe à la lettre, la montre de famille, gage des fiançailles.
Il est bien vrai qu’un lien d’étroite affinité est déjà formé pour une grande partie de la famille humaine ; l’Écosse et l’Amérique, toutes reculées qu’elles sont, reçoivent les pulsations du cœur ; et le cœur, c’est la France. C’est en ce sens que Scott et Cooper font partie de l’art de notre époque ; ils tiennent au mouvement général de l’Humanité comme leurs pays tiennent à l’ensemble de la grande famille Américo-Européenne. […] Byron dans tous ses ouvrages et dans toute sa vie, Goethe dans Werther et Faust, Schiller dans les drames de sa jeunesse, Chateaubriand dans René, Benjamin Constant dans Adolphe, Senancourf dans Oberman, Sainte-Beuve dans le livre que nous venons de caractériser, une innombrable foule d’écrivains anglais et allemands, et toute cette littérature de verve délirante, d’audacieuse impiété et d’affreux désespoir qui remplit aujourd’hui nos romans, nos drames et tous nos livres, voilà l’école ou plutôt la famille de poètes que nous appelons Byronienne : poésie inspirée par le sentiment vif et profond de la réalité actuelle, c’est-à-dire de l’état d’anarchie, de doute et de désordre où l’esprit humain est aujourd’hui plongé par suite de la destruction de l’ancien ordre social et religieux (l’ordre théologique-féodal) et de la proclamation du principe de l’Égalité, qui doit engendrer une société nouvelle. Et nous venons de voir comment, en face de cette école, fille directe de la Philosophie du Dix-Huitième Siècle, est venue se placer une autre famille poétique, dont Lamartine et Hugo sont les représentants et les chefs en France ; école qui, au fond, est aussi sceptique, aussi incrédule, aussi dépourvue de religion que l’école Byronienne, mais qui, adoptant le monde du passé, ciel, terre et enfer, comme un datum, une convention, un axiome poétique, a pu paraître aussi religieuse que la poésie de Byron paraissait impie, s’est faite ange par opposition à l’autre qu’elle a traitée de démon, et cependant a fait route de conserve avec elle pendant plus de quinze ans, à tel point que l’on a vu les mêmes poètes passer alternativement de l’une à l’autre, sans même se rendre compte de leurs variations ; tantôt incrédules et sataniques comme Byron, tantôt Chrétiens résignés comme l’auteur de l’Imitation.
Ma race, ma famille, ma ville natale, le milieu si particulier où je me développai, en m’interdisant les visées bourgeoises et en me rendant absolument impropre à tout ce qui n’est pas le maniement pur des choses de l’esprit, avaient fait de moi un idéaliste, fermé à tout le reste. […] « Maman, demandai-je un jour à ma mère, dans les dernières années de sa vie, est-ce que vraiment tous ceux de notre famille que vous avez connus étaient aussi réfractaires à la fortune que ceux que j’ai connus moi-même ? […] Le jour de l’exécution, ma bonne maman emmena toute la famille hors de Lannion, pour ne point participer au crime qui allait s’y accomplir. […] Il n’était pas du pays et n’avait aucune famille.
Alors la famille l’irrite, l’exaspère, le pousse de parti pris à la folie. […] La famille le fait ressortir. […] elle était originale cette famille Cros… Un soir, à la fin d’un dîner, un fils ayant annoncé qu’il s’occupait de recherches pour ressusciter les morts, le père lui déclare qu’il s’opposait absolument à cette découverte, devant troubler les héritages. Là-dessus, les trois fils se lèvent de table, quittent la maison sur cette phrase méprisante, jetée au chef de famille : « Toi, tu es un saturnien !
« Timide et contraint devant son père, il ne rencontrait l’aise et le contentement qu’auprès de sa sœur Amélie. » La gêne et la lésine, les hôtes inévitables des familles nobles, chargées d’enfants, ruinées et humiliées par le luxe des parvenus bourgeois, aigrirent son caractère dès l’enfance. […] Mais l’honneur d’avoir découvert le parti qu’on pouvait tirer de son père et de sa mère à la ville et au théâtre appartient à René Chateaubriand : cette trouvaille est d’autant plus méritoire que le régime nouveau détruisait l’antique majesté de la famille et inscrivait dans son code l’interdiction de la recherche de la paternité. […] Leurs intérêts les portaient à la révolution, qui émancipait la classe cadette de la nation et qui ouvrait aux cadets des familles nobles la carrière des honneurs, autrefois fermée. […] quel cœur si mal fait n’a tressailli au bruit des cloches… Tout se retrouve dans les rêveries enchantées, où nous plonge le bruit de la cloche natale : religion, famille, patrie, et le berceau et la tombe, et le passé et l’avenir. » Les révolutionnaires avaient proscrit les sonneries des cloches et coulé des canons avec leur métal.
Voyez en moi un pauvre homme, qui, avec son filet et ses hameçons, cherche, au moyen de la pêche, à soutenir sa nombreuse famille. […] À sa gauche se placeront les personnes de sa famille habitant son intérieur, et à sa droite les personnes distinguées par leur naissance. […] Sa famille habitait la province de l’Inde que nous appelons aujourd’hui le Décan, à l’occident des hautes montagnes et des vastes forêts qui versèrent leur ombre et leurs terreurs sacrées sur l’âme du jeune poète. » XII Un autre drame de l’Eschyle indien, Bavahbouti est une tragédie historique et mythologique sur le héros demi-dieu Rama. […] Et ces armes célestes, qui d’elles-mêmes se sont présentées à eux, et qui, d’après l’oracle des sages, ne doivent jamais, sans motif, abandonner notre famille… L’état de mon épouse, dont le sein renfermait le doux espoir de ma race… Ces pensées diverses occupent mon âme et remplissent mon cœur d’espérance et de crainte.
Vicq d’Azyr avait à un haut degré le sentiment de la connexion et de la solidarité des sciences : en ce sens il avait l’esprit éminemment académique et encyclopédique, et, s’il nous paraît de loin aujourd’hui avoir été avant tout de la famille de ceux qui sont des messagers publics et des organes applaudis, nul ne peut dire de cet homme de talent sitôt moissonné, qu’il n’eût pas été aussi, à d’autres moments, un investigateur heureux et un inventeur. […] Les dangers croissants de la famille royale, ces douleurs de chaque jour dont il était témoin et dépositaire, laissaient des empreintes profondes dans l’âme de Vicq d’Azyr et ébranlaient sa sensibilité ; il s’y voyait à son tour immiscé et compromis.
Sa famille se rattachait par une antique alliance à celle de Montesquiou-Fezensac. […] Corne, ancien avoué, qui s’est occupé de recherches historiques concernant la famille et la généalogie des Montluc, m’écrit de Condom que Blaise de Monluc (ainsi lui-même signait-il, et non pas Montluc), est né, selon toute vraisemblance, non à Condom, mais dans l’arrondissement de cette ville, à Sainte-Gemme, lieu situé dans la commune du Saint-Puy, canton de Valence.
Après être allé quelques semaines voir sa maison et sa famille en Gascogne, avant la fin de l’année, Montluc retourne en Italie chercher de nouveaux hasards : dès les premiers moments, il s’y expose en soldat ; il va à cheval reconnaître une ville qu’on doit assiéger, à moins de cinquante pas et en plein jour. […] Tamizey de Larroque, un des érudits qui se sont occupés avec le plus de zèle de ces illustres enfants de la Gascogne, insiste pour qu’on écrive Monluc sans t : c’est ainsi, remarque-t-il, que le maréchal et l’évêque, et tous les membres de leur famille, ont constamment signé.
Quand elle a ainsi rappelé toutes les conditions imposées et toutes les obligations, ce caractère où se confond le personnage de mère, de sœur aînée et de religieuse, et qui a pour objet de former de pauvres nobles jeunes filles destinées à édifier ensuite des maisons religieuses, mais surtout des familles, et à renouveler le christianisme dans le royaume ; des jeunes filles à qui l’on dit sans cesse : « Rendez-vous à la raison aussitôt que vous la voyez. — Soyez raisonnables, ou vous serez malheureuses. — Si vous êtes orgueilleuses, on vous reprochera votre misère, et si vous êtes humbles, on se souviendra de votre naissance » ; — quand elle a ainsi épuisé la perfection et la beauté de l’œuvre à accomplir, on conçoit que Mme de Maintenon, s’arrêtant devant son propre tableau, ajoute : « La vocation d’une dame de Saint-Louis est sublime, quand elle voudra en remplir tous les devoirs. » Tout ne se fit point en un jour ; il y eut des années de tâtonnement, et même où l’on sembla faire fausse route. […] Une femme poète, mère de famille, pieuse et sans tache, un esprit profond et doux, Mrs.
car si son talent n’était en rien de la même famille que celui de Bossuet, son esprit du moins était bien parent de ce grand esprit et de ce grand sens, et son cœur lui était tendrement attaché. […] Sa faiblesse (si l’on était tenté d’en rechercher les indices) se montrerait surtout en ce qu’il céda aux instances de sa famille, de son neveu particulièrement, et que, dans cet état d’infirmité et de décadence physique, il s’obstina à rester trop longuement à Versailles, afin de solliciter sans doute en faveur de ce neveu, qui paraît avoir été un personnage sec, égoïste et exigeant.
Quand il fait dire à chaque portion souffrante de la société et de la famille, à l’enfant, à la jeune fille, à l’épouse indigente, à l’aïeule glacée, quand il leur fait dire tour à tour à chacun : Cherchez l’or, nous en avons besoin pour vivre, pour grandir, pour travailler même et avoir toutes nos vertus, pour vieillir et pour mourir, — il a touché les fibres de tous et il arrache des larmes. […] — Apportez le bien-être ; De la grande famille acquittez la rançon ; Au joug des ateliers l’enfant ne doit plus naître, Et le beau lis éclos des larmes du gazon, La vierge, qu’au travail comme un bœuf ou attelle, La vierge, en fredonnant, doit tisser la dentelle, Et briller dans son charme au seuil de la maison.
Dussieux et Eudore Soulié ont eu l’idée de mettre au jour ces Mémoires du duc de Luynes, dont ils connaissaient l’existence, et ils ont été secondés dans leur désir par l’obligeance du duc actuel, qui a donné le dernier lustre à cette curiosité héréditaire dans sa famille par son amour éclairé des arts, par ses collections célèbres, et par le goût aussi bien que par la munificence qu’il y a portés. […] La mort subite de Mme de Vintimille à Versailles, à la suite de sa première couche, vient tout confondre et porter un coup bien rude au cœur de Mme de Mailly comme à sa fortune ; et quand une autre sœur (car on ne sort point d’abord de cette famille de Nesle) se présente pour disputer l’héritage de Mme de Vintimille, cette fois c’est une rivale qui s’annonce, une ambitieuse véritable, non plus une femme à rien partager : Mme de La Tournelle, la future duchesse de Châteauroux, veut et impose des conditions éclatantes, qui vont mettre fin au règne traînant de son aînée.
M. de Laprade, avec ses dons de poète noble et qui ne veut rien proférer que de digne de Phébus, n’est jamais parvenu à passionner sa poésie, à l’humaniser suffisamment ; il y a mêlé, je le sais, dans des dédicaces et des épilogues, de purs et touchants sentiments de famille ; mais chez lui le cœur ne fait pas foyer, les sens sont froids, le crime d’amour est trop absent. […] Raphaël, dont on parlait tout à l’heure, n’a pas été crucifié, ni Michel-Ange non plus, ni Léonard de Vinci, ni Virgile, ni l’Arioste, ni Pétrarque, ni Pindare dans l’antiquité, ni Sophocle, malgré un petit procès de famille sur ses derniers jours, ni Racine, malgré son accident final.
Des réclamations pourtant s’élevèrent ; les amours-propres, les susceptibilités de famille ne sont pas toujours dans le sens et dans l’intérêt de la littérature. Mme de Simiane, ennuyée des réclamations, se décida à fournir à l’un de ses amis, le chevalier de Perrin, grand admirateur et chevalier posthume de Mme de Sévigné, les éléments d’une édition « à la fois plus complète et plus réservée » ; on avait fait des retranchements sur les personnes, sur les familles, sur tout ce qui semblait indiscret ou même superflu ; on avait biffé, on avait mutilé : la morale, la soi-disant bienséance sociale, avaient commis ce sacrilège.
De dépit et hors d’eux-mêmes, ils se jettent alors sur les jardins réservés d’Hamilcar et pénètrent dans l’enceinte où étaient de petits bassins peuplés des poissons de la famille Barca, ayant des pierreries et des anneaux à la gueule ; espèces de dieux lares, de pénates aquatiques. […] Quoi qu’il en soit, dès que Salammbô se présente, on a aussitôt reconnu, à sa démarche et à tout son air, moins une sœur d’Hannibal qu’une sœur de la vierge gauloise Velléda, transposée, dépaysée, mais évidemment de la même famille sous son déguisement.
Feuillet, tel qu’il s’annonça d’abord ; on a dit qu’il était le Musset des Familles. […] Il baptise à merveille l’auteur des Scènes et Proverbes dans sa première manière. — Nos petits-neveux, pour apprécier le piquant du mot, devront savoir qu’il y avait en ce temps-là un journal utile et moral très-répandu, le Musée des Familles.
On est dans les préparatifs d’un festin ; Simon, le père de famille, et un père des plus indulgents, parle à Sosie, un affranchi, un bon et loyal serviteur. […] C’est alors (le récit du bonhomme dure toujours) qu’un bourgeois d’Athènes, un certain Chrêmes, sur la bonne réputation de ce jeune fils de famille, vient offrir au père de lui accorder sa fille unique avec une grosse dot.
Né le 2 février 1754, en plein XVIIIe siècle, d’une des plus vieilles familles de la monarchie, fils aîné d’un père au service et d’une mère attachée à la cour, Charles-Maurice de Talleyrand, entièrement négligé de ses parents dès sa naissance et qui, disait-il, « n’avait jamais couché sous le même toit que ses père et mère », éprouva au berceau un accident qui le rendit boiteux. Disgracié dès lors, jugé impropre au service militaire et à la vie active, sa famille le traita en cadet, le destitua formellement de son droit de primogéniture, et le condamna à l’état ecclésiastique.
Travailleur de bibliothèques, déchiffreur de parchemins, habile à fixer une date par des rapprochements et des déductions et à dresser la généalogie d’une famille de manuscrits, il l’est autant qu’aucun professeur de l’École des chartes. […] Il le fait tranquillement, n’esquivant rien, n’exagérant rien, avec un désintéressement, une impartialité, une indépendance de jugement telle, que cette sorte de sacrifice ou plutôt (car il n’avait point à la sacrifier) d’oubli provisoire de la piété filiale en face de la science qui prime tout, m’a rappelé, je ne sais comment, la hauteur d’âme des vieux Romains mettant tout naturellement l’intérêt de la patrie au-dessus des affections de famille… Puis, tout à coup, après ce long, tranquille et consciencieux exposé qui n’eût point été différent s’il se fût agi d’un étranger, la voix du professeur s’altère et laisse tomber ces mots : … Moi qui vous parle, moi qui seul sais le respect et la reconnaissance que je lui dois, j’ai dû m’abstenir de les exprimer comme je les sens, autant pour être fidèle à cette modération qu’il aimait à garder en toutes choses, autant pour ne rien rire ici qui ne dût être dit par tout autre à ma place, que pour ne pas m’exposer à être envahi par une émotion trop poignante qui ne m’aurait pas laissé la liberté et la force de rendre à cette mémoire si chère et encore si présente l’hommage public auquel elle a droit.
Des quatre institutions sociales : la famille, l’école, l’usine, l’État, qui, d’après cet auteur, élaborent et fixent notre législation intellectuelle et morale (jouant en cela le rôle des catégories a priori de Kant), l’École est celle dont la discipline est la plus décisive sur l’individu. […] Quant aux points contestés ou flottants de la morale (droits de la femme, de l’enfant, conception de la famille, etc.), l’éducateur ne peut guère trancher ces questions à l’école.
un prince détrôné, renié par sa famille, exilé, traqué, toupie en dérision, qui erre en paria dans sa bonne ville de Paris et que la misère oblige à coucher sous les ponts. […] Issu d’une vieille famille noble, d’origine germanique, introduite en Italie à la suite de Charlemagne et devenue française à l’époque du premier empire, il portait en lui une longue hérédité d’agitations, de fièvres, de rêves éthérés et de sang lourd.
Concernent-ils la famille, la patrie, l’humanité tout entière ? […] Que de lacunes révélatrices et faciles à constater, depuis ceux qui n’ont pas senti la nature extérieure, comme Boileau, jusqu’à ceux auxquels manque le souci de l’au-delà, comme Stendhal ; depuis ceux qui n’ont jamais eu le moindre battement de cœur pour une cause politique et sociale jusqu’à ceux auxquels l’amour de la famille paraît être resté presque tout à fait étranger, témoin l’étrange époux et père que fut notre La Fontaine !
Au moment où ce voyage tant différé allait s’exécuter enfin, vers minuit, la reine, traversant le Carrousel à pied pour aller trouver la voiture préparée pour la famille royale par M. de Fersen, rencontra celle de M. de La Fayette qui passait : elle la remarqua, « et elle eut même la fantaisie, avec une badine qu’elle tenait à la main, de chercher à toucher les roues de la voiture ». […] Prisonnière dans son intérieur, en proie à de continuelles angoisses, on la voit s’épurer à côté de cette sœur si sainte, Madame Élisabeth, se ranger et se fortifier de plus en plus dans ces sentiments de famille et de religion domestique qui ne consolent à ce degré que les âmes naturellement bonnes et non corrompues.
Né en 1623 d’une famille pleine d’intelligence et de vertu, élevé librement par un père qui était lui-même un homme supérieur, il avait reçu des dons admirables, un génie spécial pour les calculs et pour les concepts mathématiques, et une sensibilité morale exquise qui le rendait passionné pour le bien et contre le mal, avide de bonheur, mais d’un bonheur noble et infini. […] Mort à trente-neuf ans (1662), il ne put en ordonner l’ensemble, et ses Pensées sur la religion ne parurent que sept ou huit ans après (1670), par les soins de sa famille et de ses amis.