Le ministre avait, en effet, de son autorité privée, de son droit divin de ministre, intimé l’ordre en question.
Ils sollicitoient vivement à Rome en faveur de l’amour pour & désintéressé, pendant qu’on les accusoit en France de rejetter toute espèce d’amour divin.
Et pour ce qui regarde l’Académie, sa modération sera très estimable quand elle répondra à des injures par des prières, et qu’elle n’enviera pas à un chrétien les ressources qu’offre l’église pour apaiser la colère divine.
Cette pureté en Madame Récamier, qu’elle conserva et qui le lui rendit, cette pureté était en elle comme le cours du sang et le mouvement des yeux, comme tout ce qu’il y a de plus involontaire, et faisait d’elle le Génie, sous la forme la plus parfaite, de ces sentiments qui n’ont pas de sexe parce qu’ils sont plus divins que les autres : la Bonté, la Pitié, l’Amitié… L’amitié était, en effet, pour l’âme de Madame Récamier, la limite de la passion humaine, et jamais elle ne la dépassa pour entrer dans un sentiment plus troublé.
Il y aurait là, suivant son intime sentiment, une sorte de prédestination divine ou fatale, que nulle force humaine ne pourra contrarier.
Dans l’explication des choses comme dans la conduite de la vie, on élimina toutes les anciennes pensées qui habitaient ce pays supérieur, c’est-à-dire tout l’ordre divin. […] Pour conclure, notre littérature réaliste ne nous a laissé que le choix entre ces deux formes du pessimisme, parce qu’elle a manqué du sens divin et du sens humain. […] Au contraire, l’homme naturel laisse se faire en lui l’œuvre divine ; celle-là nous échappe, nous ne la comprendrons jamais ; et notre courte logique s’irrite d’être déconcertée. […] Nuit divine ! […] Nuit divine !
Ce ne sont donc pas deux choses, véritablement : non, ce n’en est qu’une, et nous les trouvons là toutes les deux à la fois ; et nous buvons à pleine coupe le divin, l’enivrant mélange du réel et de l’idéal ! […] Hérode Si le divin objet dont je suis idolâtre Passe pour un rocher, c’est un rocher d’albâtre, Un écueil agréable, où l’on voit éclater Tout ce que la nature a fait pour me tenter. […] Mais voilà que le lépreux, à son réveil, « se levant tout à coup, se transfigure, lui rend son manteau tout parfumé d’une odeur divine », et apparaît, vêtu d’une robe lumineuse : ce lépreux n’est autre que Saint-Lazare, qui lui promet, pour récompense de son bienfait, la victoire désormais sur tous, même après sa mort : détail que la légende justifie, en effet, par mainte aventure posthume. — Ce tableau de sainteté, au milieu du drame, n’est-il pas bien espagnol ? […] Alors enfin, poussée à bout, la pauvre Chimène, avec toute la plénitude de la tendresse la plus profonde si longtemps contenue, et de la pudeur la plus délicate vaincue par l’amour le plus noble et le plus élevé, laisse échapper, d’une voix basse, passionnée, pleine et vibrante, ces paroles divines qui récompensent d’un seul coup tant d’adoration : Puisque, pour t’empêcher de courir au trépas, Ta vie et ton honneur sont de faibles appas, Si jamais je t’aimai, cher Rodrigue, en revanche Défends-toi maintenant pour m’ôter à Don Sanche ; Combats pour m’affranchir d’une condition Qui me donne à l’objet de mon aversion.
Chacun peut répondre à cette question, selon qu’il penche vers la croyance à un plan divin d’après lequel une tâche particulière aurait été assignée à chaque peuple, ou selon qu’il considère l’histoire comme un enchaînement de faits empiriques se poussant les uns les autres par le simple effet de rapports de succession dus à un hasard fatal. […] Quel est l’homme qui a pu avoir assez de foi dans sa propre sagesse pour ne pas recourir, dans les nécessités de la vie, à un pouvoir supérieur et divin ? […] Henri VIII, Marie la Sanglante, Élisabeth avaient beaucoup moins parlé de droit divin et de monarchie patriarcale ; mais, sous leurs règnes, le gouvernement de la libre Angleterre était devenu un gouvernement oriental, selon le mot de Hume qui, de sa nature, est peu porté à l’hyperbole. […] Enfin voilà donc le duel désiré qui s’offre de lui-même et comme par un effet de la bonté divine ! […] Il décrit la mauvaise tenue des fidèles pendant l’office divin, leurs signes de tête, leurs distractions, leurs préoccupations charnelles.
L’œuvre de Shakespeare, celle de Dante sont de vastes prières, des échelons lumineux entre le divin qui nous agite et la misère terrestre qui nous bride. […] Suivant une expression qui fut initiatrice et qui nous est bien chère, noua désirons rêver sur le divin. […] Comment cherchait-il le corps de la femme, repos divin, pelouse de l’âme, celui qui sacrifia tant de chair jeune aux images qui l’obsédaient et dont il obséda l’Europe ? […] Nordau ne range pas dans les dégénérés l’auteur de Faust et celui de la Divine Comédie. […] L’enfant ânonne de mauvais gré les phrases fluides et lumineuses que Chateaubriand, dans les Martyrs, étend sous la marche divine de Velléda.
Selon le flatteur Velléius, Auguste, environné des empressements de Tibère, rassuré désormais sur l’avenir, et même un moment ranimé par la présence et l’entretien de ce fils chéri, rendit au ciel son âme divine. […] C’est vers cette époque, dans la dix-huitième année de l’empire de Tibère, que se place le plus grand événement des annales humaines, le martyre du divin législateur. […] Séjan obéit, et le sénat le consola par des honneurs presque divins. […] Nous avons vu qu’il appartenait tout à fait par les mœurs et par les études à la vieille Grèce, aux mœurs antiques : son père était un païen religieux, instruit des choses divines. […] Le théâtre, dont les solennités n’étaient point affaiblies par l’habitude, frappait les esprits par ce mélange d’intervention divine et d’histoire héroïque, qui faisait son merveilleux et sa terreur.
Voyez, au moyen âge, le retentissement de la Divine Comédie ! […] La plupart des esprits ajoutent foi à la doctrine de l’évolution, de la sélection divine des espèces, du transformisme auguste et merveilleux des races. […] Il n’est pas vrai que la pensée, chez nous, soit un phénomène surnaturel, un don divin et merveilleux.
Oui, c’est le sublime divin de l’art que ce Torse qui tire sa beauté de la représentation vivante de la vie, avec ce morceau de poitrine qui respire, ces muscles en travail, ces entrailles palpitantes dans ce ventre qui digère : — car c’est sa beauté de digérer contrairement à l’assertion de cet imbécile de Winckelmann qui croit relever et exhausser ce chef-d’œuvre, en disant qu’il ne digère pas. […] On cite du mort des traits de bonté divine, comme d’avoir reconnu un ami dans la dèche, et s’il n’a fait toute sa vie que des cascades, c’est qu’il avait la pudeur des hautes aspirations à la littérature, si ridicules dans ce siècle, sans grands talents. […] 17 décembre Nous aimons ces changements d’existence, ces triomphes de l’animalité au retour de la chasse, ces coups de fouet de fatigue, ces griseries des fonctions physiques, où le boire, le manger, le dormir, deviennent comme des félicités divines de bêtes.
Or la solitude et l’isolement complet du monde dans lesquels je me suis exilé ont produit sur moi l’effet de distance, d’élévation et de temps qui donnent l’impartialité presque divine au cœur des hommes solitaires. […] maison, jardin, prairies, Treilles qui fléchissaient sous leurs grappes mûries, Ormes qui sur le seuil étendaient leurs rameaux Et d’où sortait le soir le chœur des passereaux, Vergers où de l’été la teinte monotone Pâlissait jour à jour aux rayons de l’automne, Où la feuille en tombant sous les pleurs du matin Dérobait à nos pieds le sentier incertain, Pas égarés au loin dans les frais paysages, Heures tièdes du jour coulant sous des ombrages, Sommeils rafraîchissants goûtés au bord des eaux, Songes qui descendaient, qui remontaient si beaux, Pressentiments divins, intimes confidences, Lectures, rêverie, entretiens, doux silences, Table riche des dons que l’automne étalait, Où les fruits du jardin, où le miel et le lait, Assaisonnés des soins d’une mère attentive, De leur luxe champêtre enchantaient le convive ; Silencieux réduit où des rayons de bois Par l’âge vermoulus, et pliant sous le poids, Nous offraient ces trésors de l’humaine sagesse Où nos yeux altérés puisaient jusqu’à l’ivresse, Où la lampe avec nous veillant jusqu’au matin Nous guidait au hasard comme un phare incertain, De volume en volume ; hélas ! […] Je n’oublierai jamais l’expression divine de ses traits ; c’était l’air serein de la puissance et du génie. » XX Ces trois figures de Chateaubriand, de madame de Staël, de lord Byron, vues à mon premier regard sur la vie, augmentaient déjà beaucoup à mes yeux le groupe d’esprits plus ou moins immortels que chaque temps présente à la postérité.
Un bruit entendu au loin, c’était le coup de battoir d’une blanchisseuse, frappa subitement mon oreille, et adieu mon existence divine. […] Les héros, les amants romanesques, les grands patriotes, les magistrats inflexibles, les apôtres de religion, les philosophes à toute outrance, tous ces rares et divins insensés font de la poésie dans la vie, de là leur malheur. […] Tout juste après le siècle du génie et des productions divines.
« Quant à l’article de la Divine Épopée dans la Revue des Deux Mondes, il a précédé de si peu de jours ma représentation, que je n’ai su comment qualifier ce procédé. […] Buloz, l’auteur de Saül, de Clytemnestre, de Jeanne d’Arc, de Norma, de la Fête de Néron, du Gladiateur, de la Divine Épopée, le poète qui partage le trône de la poésie avec Hugo et Lamartine ; l’homme dont la vie entière a été un dévouement à l’art dramatique, a été chassé par vous, c’est le terme dont Soumet s’est servi ce matin même, a été chassé par vous du Théâtre-Français. […] Magnin, qui devait faire dans la Revue des Deux Mondes un article sur la Divine Épopée, lui dit qu’il est important que l’article passe avant la représentation du drame, lui reprend des mains l’article commencé, sous prétexte que l’article sera plus rapidement fait à la Revue des Deux Mondes, et surtout mieux approprié à la circonstance.
Elle équivaut à dire que, pour être coupable, il faut avoir agi avec discernement, avec la conscience de violer une loi morale, une loi divine, une loi civile. […] Sans doute son origine, qui est un commandement divin, a restreint le champ d’évolution ; elle n’a pu se mouvoir que selon une piste fermée. […] Nourries de cette idée que le talent est une faveur de la divine providence, les familles chrétiennes attendent la venue de l’homme qui n’abusera pas, pour de vaines prouesses littéraires, des dons que Dieu lui aura départis, dans sa bonté. […] Sa réponse est d’une ingénuité presque divine : « J’ai voulu analyser ce qu’on nomme l’écriture artiste. […] Il affirme le divin ; il tend à sortir des contingences ; il se veut libre, il se veut inutile, il se veut absurde, c’est-à-dire en désaccord avec les forces mêmes de la nature qui tiennent l’homme dans une étroite servitude.
Au sens propre, il sert à désigner l’ensemble des doctrines et des pratiques qui constituent les rapports de l’homme avec la puissance divine. […] Elles ont beau se détester et se maudire entre elles, s’accuser mutuellement de mensonge et de supercherie, se réclamer d’une révélation divine, elles reposent toutes sur des principes analogues ; elles dérivent toutes de la même source, qui est non pas une révélation divine, mais la simple reconnaissance des lois naturelles par l’homme devenu conscient de son rôle dans l’univers. […] Il est en quelque sorte l’incarnation divine du principium individuationis, c’est-à-dire du principe de l’individualité, de la conscience personnelle. […] Le bien est léger, tout ce qui est divin court sur des pieds délicats : premier principe de mon esthétique. […] — Ô Dionysos divin, pourquoi me tires-tu les oreilles ?
Mon esprit n’admet point un pompeux barbarisme Ni d’un vers ampoulé l’orgueilleux solécisme, Sans la langue, en un mot, l’auteur le plus divin Est toujours, quoi qu’il fasse, un méchant écrivain. Nous serons toujours enclins à voir en M. de Régnier un auteur divin, plutôt qu’un méchant écrivain, et ce n’est pas des barbarismes voulus que nous signalions plus haut que nous voulons lui faire un nouveau grief, non plus que de ces solécismes raffinés que nous citions au même lieu. […] Bataille, il a dès longtemps renoncé à cette grâce divine, mais modeste. […] Écrire servit alors à tant de choses, fut le fait de tant de gens qu’on oublia que c’était une action d’essence divine, et tandis qu’au cours des siècles précédents tout ce qui s’écrivait participait de l’art, on vit la place de l’art diminuer dans les lettres d’autant qu’il s’écrivait plus de choses étrangères à l’art. […] Dans le Duel par exemple, on le vit aux prises avec un grand sujet : l’antagonisme de l’amour humain et de l’amour divin.
Elle n’est pas encore dans la belle prison lumineuse ; elle cueille les dernières fleurs de sa liberté ; elle est sûre du bonheur de demain, et la certitude ne l’enserre pas dans ses bras divins mais inflexibles. […] Rousseau importa chez nous la manie du divin. […] Dieu habitait le cœur de Rousseau : ainsi tout ce que pensait, faisait et disait Rousseau participait du divin. […] Ce qui est bon en soi est divin. « Conscience ! […] Il crut connaître par le cœur les causes des faits, leur raison et leur sens humain et divin ; il eût même exercé ce cœur à jouer aux échecs et à réduire des fractions.
Voyez par quel gracieux prélude descriptif Horace prépare Sextius à ses conseils de sage jouissance de ses amis : « L’âpre hiver se détend à la douce vicissitude du retour du printemps et des vents tièdes du midi ; les cabestans traînent à la mer les navires longtemps à sec sous le sable du rivage ; le troupeau ne se réjouit plus de la chaleur de son étable ni le laboureur de la flamme de son foyer ; les prairies ne blanchissent plus des givres du matin ; Cythérée, à la clarté de la lune suspendue dans l’éther, recommence à mener ses chœurs de nymphes qui se tiennent par la main et de grâces pudiques ; elles frappent la terre en mesure dans leurs rondes, d’un pied cadencé, tandis que le divin forgeron rallume la flamme dans les noirs ateliers des Cyclopes. […] Non ; ces accents supérieurs, qui sont l’immortelle poésie de Pindare, d’Homère, de Virgile, de Pétrarque, de Racine, de David, et de quelques lyriques spiritualistes de nos jours, que je nommerai peu parce qu’ils vivent et chantent encore au milieu de nous, ces sublimités de la poésie divine ou humaine ne sont pas à la portée de la main badine et épicurienne d’Horace.
» car le cosmos ou le monde étant l’œuvre de Dieu, il doit être divin. […] Comment M. de Humboldt a-t-il été amené à écrire son Cosmos en dehors de Dieu, et à décrire le plus magnifique des poèmes sans crier hosanna à son divin poète ?
Le quiétisme est une erreur de certains mystiques qui prétendent s’élever à un état de perfection indéfectible, dans lequel leur âme, unie à Dieu, ne fait plus d’actes distincts de foi ou d’amour, ne connaît plus les dogmes définis, n’emploie plus les prières formelles, ne désire plus le salut éternel, s’abandonne passivement à la volonté divine, à toutes les inspirations et suggestions de cette volonté : le pur amour des quiétistes aboutit, en théologie à l’indifférence aux dogmes, en discipline au mépris des autorités ecclésiastiques, en morale à l’abandon de tout l’esprit et de toute la chair aux suggestions de l’instinct intérieur. […] Simplement par la même raison que son orthodoxie laisse à l’homme le libre arbitre, la décision et la responsabilité de ses actes, tout en proclamant la nécessité de la grâce et la prescience divine.
Un ordre émané d’un homme qui est censé représenter les intérêts généraux, et l’intérêt même de celui qui doit obéir, ou qui est désigné comme l’interprète de la volonté divine, se fait mieux écouter. Et pareillement un ordre abstrait, intérieur, dont l’origine est méconnue, qui paraît sortir du moi lui-même, et représenter soit sa nature essentielle la plus haute, soit une volonté supérieure et divine.
Il faut le demander à celui qui a créé la matière et l’intelligence, et qui, par un phénomène dont il s’est réservé le mystère, et pour un dessein divin comme lui, a donné à cette pensée et à cette matière l’apparence d’une même substance, en leur donnant l’impossibilité d’une même nature. […] ce chant de l’âme qui exhale ce qui nous semble trop divin en nous pour rester enseveli dans le silence ou pour être exprimé en langue usuelle ; littérature instinctive et non apprise, qui prend ses soupirs pour des accents, et qui cadence les battements de deux cœurs pour les faire palpiter à l’unisson de leurs accords.
Inspiration d’un génie divin ou œuvre d’un génie tout personnel, voilà à quoi se résume toute leur critique ; nulle idée de rapport avec la nature extérieure, la race ou la société à laquelle appartiennent les artistes. […] C’est en appliquant la méthode si féconde de l’observation comparée aux diverses sociétés anciennes et modernes qu’il arrive à découvrir la loi des trois âges de l’humanité, âge divin, âge héroïque, âge humain, et qu’il a compris que certains personnages fabuleux ou même historiques, comme Hercule, Homère, Romulus, ne sont qu’une personnification des sentiments et des actions de leur époque ou de leur nation, chose dont l’antiquité ne s’était jamais doutée.
Les discussions effrénées qui se tiennent dans les dîners de Mlle Quinault et où il est question, entre la poire et le fromage, de toutes les choses divines et humaines, nous montrent Duclos le plus remarquablement cynique entre les cyniques, dans tout l’entrain et toute la jubilation de l’impudeur ; traduit en public et comme sténographié dans ce déshabillé, il reste sous le coup du mot final que lui adresse Mlle Quinault et que je laisse où je l’ai lu : car il faut être monté au ton des convives pour citer de ces choses.
De quels rayons divins ce jour étincela !
Mais lui-même, épris de son objet, il eut ses scrupules de puriste, son désir du mieux, ses idées de perfectionnement : il en résulta, dans la seconde édition qu’il donna, des corrections de son fait, méditées de longue main et portant presque toutes sur les naturelles et divines négligences d’un auteur charmant qui n’avait jamais songé à être auteur.
Ce Chateaubriand dont nous parlions avait une sœur, qui avait de l’imagination, disait-il lui-même, sur un fonds de bêtise, ce qui devait approcher de l’extravagance pure ; — une autre, au contraire, divine (Lucile, l’Amélie de René), qui avait la sensibilité exquise, une sorte d’imagination tendre, mélancolique, sans rien de ce qui la corrigeait ou la distrayait chez lui : elle mourut folle et se tua.
Puis bientôt la confiance, la crédulité si naturelle à qui se croit de bonne foi l’instrument divin, la force de la prévention et du fanatisme, l’impossibilité aussi de s’arrêter dans une entreprise poussée si loin et tellement engagée, reprenaient le dessus ; et c’est ainsi qu’on arriva au bout du dessein le plus impolitique et désastreux.
. — Mêlant des idées mystiques et des pensées de l’ordre providentiel à ses observations d’homme politique, il voyait, l’année suivante (1812) et lors de la gigantesque expédition entreprise pour refouler la Russie, il voyait, disait-il, dans « cette réunion monstrueuse » de toutes les puissances de l’Europe entraînées malgré elles dans une sphère d’attraction irrésistible et marchant en contradiction avec leurs propres intérêts à une guerre où elles n’avaient rien tant à redouter que le triomphe, « un caractère d’immoralité et de superbe, qui semblait appeler cette puissance vengeresse nommée par les Grecs du nom de Némésis » et dont le spectre apparaît, par intervalles, dans l’histoire comme le ministre des « jugements divins. » Il lisait après l’événement, dans l’excès même des instruments et des forces déployées, une cause finale providentielle en vue d’un résultat désiré et prévu : car telle grandeur d’élévation, telle profondeur de ruine.
Mais la réflexion que vous faites, monsieur, sur cette belle circonstance de l’histoire de ces anciens enfants des Saints, convient tout à fait à la haute idée qu’une religion aussi éclairée que la vôtre donne de l’image de Dieu qui est dans l’homme, et de l’alliance que Jésus-Christ a élevée à ia dignité de sacrement… » Et il prenait de là occasion pour citer, à son tour, plus d’une parole de l’Écriture se rapportant à l’union mystique du Verbe avec la nature humaine et du Sauveur avec son Église, toutes choses divines dont le mariage humain, en tant que sacrement, n’est que l’ombre et la figure.
Il n’est pas moins vrai que le jeune abbé malgré lui, fier et délicat comme il était, dut ressentir avec amertume l’injustice des siens : quoique d’un rang si distingué, il entrait dans le monde sous l’impression d’un passe-droit cruel dont il eut à dévorer l’affront ; il se dit tout bas qu’il saurait se venger du sort et fixer hautement sa place, armé de cette force qu’il portait en lui-même, et qui déjà devenait à cette heure la première des puissances, — l’esprit si la théologie avait pu être en passant une bonne école de dialectique, il faut convenir encore que cette nécessité où il se vit aussitôt de remplir des fonctions sacrées, sans être plus croyant que l’abbé de Gondi ; que cette longue habitude imposée durant les belles années de la jeunesse d’exercer un ministère révéré et de célébrer les divins mystères avec l’âme la moins ecclésiastique qui fût jamais, était la plus propre à rompre cette âme à l’une ou l’autre de ces deux choses également funestes, l’hypocrisie ou le scandale.
Traduction de la Divine Comédie, par Brizeux, bibliothèque Charpentier.
Si idéal, si divin que soit le tableau, il garde encore du réel de la vie.
Les Anglais n’écrivent point pour les femmes ; les Français les ont rendues, par le rang qu’ils leur ont accordé dans la société, d’excellents juges de l’esprit et du goût ; les Allemands doivent les aimer, comme les Germains d’autrefois, en leur supposant quelques qualités divines.
Tandis que la poésie antique ne connaissait que la passion physique, et, pour rendre raison de la force de l’amour, regardait le désir allumé par Vénus dans la nature entière à la saison nouvelle, la poésie moderne, par une orientation toute contraire, assimilera l’amour humain à l’amour divin et en fondera la puissance sur l’infinie disproportion du mérite au désir Même quand le terme réel de l’amour appartiendra à l’ordre le plus matériel et terrestre, la pensée et la parole s’en détourneront, et c’est à peine si, comme indice de ses antiques et traditionnelles attaches au monde de la sensation physique, il gardera ces descriptions du printemps, saison du réveil de la vie universelle ; encore ces descriptions seront-elles de moins en moins sincères et vivantes, et ne subsisteront-elles chez la plupart des poètes que comme une forme vide de sens, un organe inutile et atrophié.
Le savant, l’érudit, qui contribue à cette connaissance totale en se gardant des interprétations hâtives et incomplètes qui en retarderaient le progrès est donc l’homme du monde qui se conforme le mieux à la pensée divine.
Quel droit divin a été donné à cet homme pour que, commençant son office le samedi dans une feuille, les gens s’en remettent, dès le dimanche, à son opinion, alors que s’il leur conseillait un plat ils hésiteraient, et demanderaient d’abord si ce monsieur a leur tempérament gastrique ?
Par les contours du vers aussi bien que par les images y incluses, (malgré quelques passages un peu faibles de rythme ou de syntaxe), certaines pièces s’érigent comme d’un seul bloc indestructible ; je veux nommer les Sites surtout, et les Sonnets ; mais il en est ailleurs, dans les Épisodes par exemple : À la source des seins impérieux et beaux J’ai bu le lait divin dont m’a nourri ma Mère Pour que, plus tard, le glaive étrange et solitaire Ne connût point la honte aux rouilles des fourreaux ; Dans l’éblouissement de métal des barreaux D’un casque grillé d’or, orné d’une chimère, J’eus une vision vermeille de la terre Où les cailloux roulaient sous les pas des Héros ; Et fidèle à la gloire antique et présagée, J’ai marché vers le but ardu d’un apogée Pour que, divinisé par le culte futur Des temps, Signe céleste, au firmament, j’élève, Parmi les astres clairs qui constellent l’azur, Une Étoile à la pointe altière de mon glaive.
Et, quand l’humanité ne sera plus, Dieu sera, et l’humanité aura contribué à le faire, et dans son vaste sein se retrouvera toute vie, et alors il sera vrai à la lettre que pas un verre d’eau, pas une parole qui auront servi l’œuvre divine du progrès ne seront perdues.
Selon nos idées modernes, il n’y a nulle transmission de démérite moral du père au fils ; chacun ne doit compte à la justice humaine et à la justice divine que de ce qu’il a fait.
Bernardin de Saint-Pierre est le Raphaël des îles de l’Inde ; il est céleste de pinceau et chaste comme l’autre peintre des divines enfances.
Nous qui l’avons vue dans ses dernières années, et qui avons saisi au passage quelques rayons de cette bonté divine, nous savons si elle avait de quoi y suffire, et si l’amitié ne retrouva pas en définitive chez elle de cette flamme que n’avait jamais eue l’amour.
C’est là, suivant M. de Musset, le don Juan véritable, tout poétique, Que personne n’a fait, que Mozart a rêvé, Qu’Hoffmann a vu passer, au son de la musique, Sous un éclair divin de sa nuit fantastique, Admirable portrait qu’il n’a point achevé, Et que de notre temps Shakspeare aurait trouvé.
Il écrivit libèles sur libèles, & voulut persuader que Despréaux n’étoit qu’Horace lui-même, ou Juvénal pillé grossièrement ; que le métier qu’il faisoit étoit contre toutes les loix humaines & divines.
Nos pères avaient, à mon avis, plus de respect pour les nations : tout à fait dans les temps anciens les rois étaient de race divine ; dans les temps modernes on a cru, d’après l’autorité de l’Écriture sainte, que Dieu lui-même se mêlait de choisir les princes des peuples : il y avait alors une religion sociale ; un roi n’était pas traîné à l’échafaud par ses propres sujets ; il ne tombait pas du trône à la présence d’un chef de bande : la royauté avait ses martyrs, et la patrie ne périssait jamais : le roi était la patrie devenue sensible ; la royauté était une des libertés de la nation, et la plus importante de toutes.
Depuis les Juifs de la Passion, qui souillèrent le visage divin du Sauveur, on n’avait jamais tant craché.
Mais nous disons, nous, que si le livre en question est de la main, il n’est point de la tête de Sterne ; que s’il est sorti, ébauche maigre, informe, mal venue, du portefeuille qui l’avait chastement gardé, il ne l’est pas de la plume divine qui a versé la vie, le sourire et les larmes, partout où elle s’est appuyée !
Dante appartient encore au lyrisme par l’œuvre de sa première jeunesse, la Vita nuova ; mais son génie est surtout épique ; avant l’exil déjà, il a conçu l’idée de la Divine Comédie.
Vous trouverez à chaque instant des phrases comme celles-ci : « Tous les moments de l’essence divine passent dans le monde et reviennent dans la conscience de l’homme. » — « Qu’est-ce que Dieu ?
De telles émotions, de telles images allaient bien il la rudesse romaine ; et ne nous étonnons pas si, dans un autre sujet, emprunté encore à la haute poésie de la Grèce et tout brûlant de la flamme d’Eschyle, le vieil Ennius donna parfois à ses drames la hauteur divine de l’enthousiasme lyrique.