Si l’homme n’a plus le même besoin intellectuel de croire, il a conservé le besoin de sentir comme aux temps où il croyait. […] Et je ne crois pas m’aventurer beaucoup en disant que si M. […] Je crois entendre M. […] Il se démontrait qu’il ne devait pas croire ; il ne se démontrait pas comment et pourquoi d’autres avaient cru. […] Je crois néanmoins qu’ils survivront.
Or cette correspondance a été brûlée il y a une vingtaine d’années, je crois… et si par le plus grand des hasards elle existe encore, savez-vous où elle se trouverait ? […] Le peuple chez lequel l’ouvrier, un ouvrier-poète a des imaginations pareilles à celle-ci, ne croyez-vous pas, que ce peuple puisse être proposé comme professeur d’art aux autres peuples ? […] Une bousculade des deux corps, dans laquelle le rose derrière de ma cousine disparut si vite, que j’aurais pu croire à une hallucination… mais la vision cependant me resta. […] La voici à l’église, où elle a demandé qu’il n’y eût pas de chant, et où, je crois, une galanterie de l’ambassadeur d’Italie a fait envoyer des chanteurs. […] Je crois que l’heure présente donne fièrement raison à cette pensée, écrite en 1830.
Tout l’effort de ses actives années porta sur ce point, et il crut un moment, dans son orgueil de jeunesse, y avoir réussi. […] Jouffroy pour les études philosophiques et pour l’observation intérieure, j’ai toujours cru qu’après son premier feu jeté, il eût été bon pour lui de se détourner de cette contemplation absolue et un peu stérile où il s’est consumé, et d’appliquer son beau talent à des matières qui l’eussent nourri et renouvelé. […] Au lieu de cela, il s’est usé à vouloir créer méthodiquement une science conjecturale, et je crois sentir chez lui, à travers la limpidité de l’expression, de la fatigue et comme de l’élévation dans le vide42. […] Je crois qu’en cela M. […] Il garde pourtant une certaine monotonie d’ensemble, et l’on croit reconnaître dans la forme de ses phrases, comme dans celle de ses pensées, un certain moule favori dont il ne se prive pas aisément.
Mais l’Alpe a été rude à conquérir tout entière ; les montagnes ne se laissent pas brusquer en un jour ; les René et les Childe-Harold les traversent, les déprécient ou les admirent, et croient les connaître : elles ne se livrent qu’à ceux qui sont forts, patients et humbles tout ensemble. […] Le vert y domine, cru, brillant, étalé, mais les fraîcheurs de l’endroit s’y reconnaissent aussi, et aussi ces menus détails, ces neuves finesses qui échappent souvent au rapide regard de l’artiste exercé, pour se laisser retracer par l’amateur inhabile, réduit qu’il en est à se faire scrupuleux par gaucherie et copiste par inexpérience. […] En France, au contraire, où il y a une Académie française et où surtout la nation est de sa nature assez académique, où le Suard, au moment où on le croit fini, recommence ; où il n’est pas d’homme comme il faut, dans son cercle, qui ne parle aussitôt de goût ; où il n’est pas de grisette qui, rendant son volume de roman au cabinet de lecture, ne dise pour premier mot : C’est bien écrit, on doit trouver qu’un tel style est une très grande nouveauté, et le succès qu’il a obtenu un événement : il a fallu bien des circonstances pour y préparer. […] Et ne croyez pas que ce dernier mot soit une épigramme ; car tout aussitôt, dans une page très belle et pleine d’onction, tout en réservant son principe de foi, il va rendre hommage à ce trait d’ingénue et d’absolue soumission qui est obtenue plus facilement par la religion catholique et qui procède du dogme établi de l’autorité même ; il y reconnaît un vrai signe de l’esprit religieux sincère : Et en effet, dit-il, être chrétien, être vrai disciple de Jésus-Christ, c’est bien moins, à l’en croire lui-même, admettre ou ne pas admettre telle doctrine théologique, entendre dans tel ou tel sens un dogme ou un passage, que ce n’est assujettir son âme tout entière, ignorante ou docte, intelligente ou simple, à la parole d’en haut, pas toujours comprise, mais toujours révérée. […] Près de mourir, Töpffer reviendra sur cette idée d’assujettissement, d’acquiescement intime et volontaire qui était le trait essentiel de sa foi : « Qui dispute, doute ; qui acquiesce, croit… Je crois et je me confie, deux choses qui peuvent être des sentiments vagues, sans cesser d’être des sentiments forts et indestructibles. » Dès le temps où il visitait la Grande-Chartreuse, Töpffer, voyant ce renoncement absolu qui imprime le respect et une sorte de terreur, s’était posé dans toute sa précision le problème qui est fait pour troubler une âme préoccupée des destinées futures : le chartreux, le trappiste, en effet, le disciple de saint Bruno ou de Rancé vit chaque jour en vue de sa tombe, tandis que d’autres, la plupart, ne vivent jamais qu’en vue de la vie et comme s’ils ne devaient jamais mourir : Destinée étrange que celle de l’homme !
Quoi qu’il en soit, en nous décrivant le tour d’esprit des convives, Marivaux va nous définir en perfection le genre qu’il préfère : Ce ne fut point, dit Marianne, à force de leur trouver de l’esprit que j’appris à les distinguer : pourtant il est certain qu’ils en avaient plus que d’autres et que je leur entendais dire d’excellentes choses ; mais ils les disaient avec si peu d’effort, ils y cherchaient si peu de façon, c’était d’un ton de conversation si aisé et si uni, qu’il ne tenait qu’à moi de croire qu’ils disaient les choses les plus communes. […] Marianne, comme le plus avisé des disciples féminins de La Rochefoucauld, nous expose le pourquoi de l’infidélité et son secret mobile, et aussi le remède : On ne le croirait pas, dit-elle, mais les âmes tendres et délicates ont volontiers le défaut de se relâcher dans leur tendresse, quand elles ont obtenu toute la vôtre : l’envie de vous plaire leur fournit des grâces infinies, leur fait faire des efforts qui sont délicieux pour elles ; mais, dès qu’elles ont plu, les voilà désœuvrées. […] Crébillon, ainsi que quelques auteurs de son âge, comptait trop sur la licence de ses sujets et sur son libertinage de ton pour se faire lire ; il croyait se donner le lecteur pour complice. […] [NdA] Fontanes, en notre siècle, crut devoir renouveler quelque chose de la même réserve, lorsqu’il reçut M. Étienne à l’Institut, en 1811 ; lui, il n’était pas évêque ni archevêque, mais il était grand maître de l’Université, et c’est par égard, — par un égard un peu exagéré, — pour la gravité de l’hermine dont il était revêtu, qu’il se crut obligé de dire au récipiendaire : « Je n’ai point vu la représentation de vos Deux Gendres, je ne puis donc juger de tout leur effet, mais j’ai eu le plaisir de les lire, etc. » 82.
Ne croyez pas qu’il fût dupe des dieux qu’il encensait, mais il voulait être encensé, prôné et couru : il l’a été, et certainement, sans cette manigance honteuse, il n’aurait pas été aussi célèbre avec le même mérite. […] Elle ne croit plus, depuis des années, à de futurs printemps, et Bernardin de Saint-Pierre, avec ses harmonies et ses verdures, lui paraissait hors de saison. […] Elle, avait eu plus à faire, je le crois, que Mme Du Deffand pour être simple la plume à la main, et elle y était également revenue. […] Les imaginations vives se flattaient de voir réaliser les plus belles chimères, ou se dépouillaient avec satisfaction de ce qu’on croyait abusif, pensant naïvement s’élever ainsi à une hauteur morale que les masses auraient la générosité de comprendre et de respecter. […] [NdA] Je me suis permis de changer un mot ; le croirait-on ?
Le matin de la journée de Senef, à un mouvement que faisaient les ennemis, la plupart des officiers généraux qui étaient autour du prince crurent qu’ils fuyaient. « Ils ne fuient pas, dit Villars, ils changent seulement leur ordre. » — « Et à quoi le connaissez-vous ? […] Il alla au maréchal de Schomberg et lui représenta qu’il croyait l’instant favorable. […] Il croyait en son bonheur, et il tenait à ce qu’on y crût. […] J’ai peine à croire pourtant que le roi ne le trouvât point à ses levers aussi souvent qu’il le fallait ; il était de ceux qui se multiplient. […] À l’un de ses retours en France, le roi l’accueillit avec bonté et « lui fit l’honneur de lui dire qu’il l’avait toujours connu pour un très brave homme, mais qu’il ne l’avait pas cru si grand négociateur. » Mme de Maintenon lui fit aussi un accueil très obligeant ; le jour même de son arrivée, elle le mena à une comédie que l’on représentait à Saint-Cyr devant le roi ; et où il n’y avait que peu d’élus (1687), Enfin Villars fut des Marly.
Bertin de Vaux, notamment, ce sage épicurien, témoignait alors, dans l’intimité, qu’il ne croyait guère à la stabilité et à la durée de l’édifice qui portait sur une base sociale aussi restreinte, sur un corps électoral aussi trié que le voulait M. […] J’en ai les principaux moments très présents et, en le voulant bien, je crois que je retrouverais, notées par moi avec curiosité et sur le temps même, ces diverses phases de sa parole publique. […] Pascal avait bien raison d’appeler l’éloquence une puissance trompeuse : comment croire qu’on n’a pas affaire au plus capable, quand on a affaire à ce point au mieux disant ? […] et croyez-vous que M. […] « Pour celui qui parle et même pour ceux qui écoutent, dit-il quelque part, les impressions de la tribune sont si vives qu’on est tenté de les croire décisives.
On le croirait à voir le début. […] Elle ne le dit peut-être pas en propres termes, mais elle force tout lecteur à le dire : — une brute bizarre et bigarrée de folie. — Dès l’enfance, il parut si mal élevé qu’on crut que son gouverneur, le grand maréchal Brummer, Suédois de naissance, dès qu’il vit que le prince n’était point destiné au trône de Suède, mais à celui de Russie, changea de méthode et s’appliqua à lui gâter le cœur et l’esprit de propos délibéré : le maréchal en était bien innocent et n’en pouvait mais ; la nature de l’élève suffisait de reste à tous ses vices. […] Je montrais un grand respect à ma mère, une obéissance sans bornes à l’Impératrice, la considération la plus profonde au grand-duc, et je cherchais avec la plus profonde étude l’affection du public. » Et encore « Je m’attachais plus que jamais à gagner l’affection de tout le monde en général : grands et petits, personne n’était négligé de ma part, et je me fis une règle de croire que j’avais besoin de tout le monde, et d’agir en conséquence pour m’acquérir la bienveillance ; en quoi je réussis. » Elle rencontra, à ce moment difficile et décisif, un conseiller excellent : c’était un Suédois de beaucoup d’esprit, qui n’était plus jeune, le comte Gyllenbourg. […] Malheureusement elle crut devoir le jeter au feu avec d’autres papiers qui pouvaient la compromettre. […] me dit-il ; de vous.” — Je partis d’un grand éclat de rire, car de ma vie je ne m’en serais doutée. » — Le croira qui voudra, qu’elle ne s’en était pas doutée !
Il y a bien, au fond, un peu du souvenir de Mâtho dans ces redoublements d’inquiétude et d’exaltation de la jeune fille, qui se croit, comme beaucoup de ses pareilles, plus idéale et plus mystique qu’elle ne l’est : il y a pour elle, derrière le voile si ardemment invoqué, autre chose encore que la déesse. […] A peine sortis du conduit ténébreux, Mâtho croit que Spendius va l’accompagner à la maison d’Hamilcar pour y voir Salammbô ; mais Spendius, qui a fait jurer à Mâtho, avant de tenter l’entreprise, de lui obéir en tout aveuglément, le contient dans son désir et se dirige avec lui vers le temple de la déesse Tanit. […] Spendius, qui méprise les dieux étrangers et qui ne croit qu’à l’oracle de son pays, lui persuade qu’une fois maître du mystérieux péplum, il deviendra presque immortel et invincible, et par conséquent possesseur aussi de Salammbô. […] L’autre lune, croirais-tu ? […] Il croit que c’est une preuve de force que de paraître inhumain dans ses livres.
La mobilité française, qu’on croit toujours vaincue et qui reparaît toujours, a fait de nouveau ses preuves. Les hommes influents, les Corps dont la réforme opérée diminuait radicalement, — ou plutôt momentanément, comme je le crois, — l’autorité et l’influence, ont parlé haut et se sont récriés : la jeunesse, qui ne demande jamais mieux que de remuer et de s’agiter, ne fût-ce que pour le mouvement seul, s’est partagée en deux camps, fort inégaux, il est vrai. […] Ceux qui croiraient pourtant que le sentiment de l’antique a fait défaut à M. […] Arrivant dans la Ville éternelle, l’esprit plein de tout ce que l’on dit sur les monuments dont elle est couverte, nous crûmes les premiers jours à une mystification. […] Mon vieux guide voulut en vain me détromper ; sous cette impression de plus en plus vive, puisque j’en venais, dans mon imagination, à croire que tels panneaux de vitraux produisaient des sons graves, tels autres des sons aigus, je fus saisi d’une si belle terreur qu’il fallut me faire sortir… » J’en conclus seulement que M.
Déjà, en ce qui touche Napoléon, l’admiration fertile des générations survenantes surpasse les bornes de ce qu’on aurait cru possible. […] En France même, plus d’un vieux matelot ou d’une vieille paysanne a là-dessus son récit que les jeunes écoutent et croient. […] On voit par là comment les pèlerins du moyen âge ont cru et fait croire au voyage de Charlemagne à Jérusalem, comment un chanoine espagnol a fabriqué naïvement la chronique dite de Turpin, et un moine du midi le livre appelé Philomela. […] Compter sur cette disposition, la croire féconde, s’y fonder pour développer hâtivement là-dessus une épopée populaire, qui peut-être (quoique j’en doute fort) se composera lentement d’elle-même avec le temps, n’est-ce pas vouloir faire croître en deux ans toute une forêt de chênes ? […] » Cette concurrence, qui fait peut-être le prix des thèmes et poésies populaires, est médiocrement favorable, nous le croyons, aux monuments des génies individuels, vastes et consommés ; dans tous les cas, elle cesse du moment qu’un de ces génies a pris possession de l’œuvre et l’a consacrée de son sceau.
La vraie science est plus tolérante et plus compréhensive que le croit M. […] Et d’abord l’intellectualisme ne vaut rien, je sue dans mon Introduction à vous en prévenir vous ne me croyez pas ? […] Paul Radiot a cru trouver une solution élégante du problème social. […] Puis, M. de Wyzewa croit-il l’esprit religieux si opposé à l’esprit socialiste ? […] Longtemps il a cru aux novateurs et les a même excités.
Il ne veut d’autre position encore que celle qu’il a depuis vingt ans dans la presse, et, en pensant ainsi, il s’honore, il fait preuve de bon sens ; il fait ce que bien de grands littérateurs qui se croient graves ne font pas, il reste lui-même. […] Et ne croyez pas que le bon sens manque à travers ces airs habituels de courir les champs et de battre les buissons. […] À la Cour, ce fut toujours une note fâcheuse contre M. d’Aguesseau d’avoir eu une de ses filles à l’Enfance, et on crut que, sans cette circonstance qui lui donnait une couleur aux yeux de certaines gens, il aurait été chancelier, comme son fils le devint depuis. […] Si la conjecture pouvait s’exercer au-delà, je croirais volontiers qu’elle est venue trop tôt, et qu’elle s’est trompée de protecteurs en s’adressant aux amis et aux adhérents de Port-Royal. […] Au reste, tout cela importe assez peu à l’intérêt du livre, car bien peu de gens, je crois, ont lu Arnauld, et se soucient d’aller compulser de près les documents d’alors.
Croyez-en ma parole, le monde entier se renverserait plutôt, que la constance de mon étoile à me persécuter. » Ce sentiment habituel du malheur s’exprime quelquefois chez elle par des mots touchants, qui se font remarquer au milieu d’un langage dont le ton ordinaire n’était pas toujours très distingué. S’étonnant de n’être pas sensible, comme elle devait l’être, à l’arrivée prochaine d’un ami, elle dira de ses malheurs : « Ils m’ont rendu l’âme si noire, que je ne sens plus le plaisir, je ne fais que le penser. » — Et plus loin : « Le croiriez-vous ? […] C’est un étrange rétrécissement d’esprit que d’aimer une science pour haïr toutes les autres ; il faut laisser ce fanatisme à ceux qui croient qu’on ne peut plaire à Dieu que dans leur secte. […] Le souper terminé, au moment où Mme de Graffigny, retirée dans sa chambre, se croyait en parfaite sécurité et solitude, elle est bien surprise de voir entrer Voltaire, qui lui dit brusquement « qu’il est perdu et que sa vie est entre ses mains ». […] Je ne puis vous donner l’idée de cette sottise qu’en vous disant qu’elle est plus forte et plus misérable que son esprit n’est grand et étendu… Jugez du bonheur de ces gens que nous croyions avoir atteint à la félicité suprême !
Ceux qui croient que la vérité est une non seulement en morale, mais en religion, en politique, en tout, qui croient posséder cette vérité en eux et la démontrer à tous par des signes clairs et manifestes, voudraient à chaque instant que la littérature ne s’éloignât jamais des lignes exactes qu’ils lui ont tracées ; mais comme il est à chaque époque plus d’une sorte d’esprits vigoureux et considérables (je ne parle ici ni des charlatans ni des imposteurs) qui croient posséder cette vérité unique et absolue, et qui voudraient également l’imposer, comme ces esprits sont en guerre et en opposition les uns avec les autres, il s’ensuit que la littérature, la libre pensée poétique ou studieuse, tirée ainsi en divers sens, serait bien embarrassée dans le choix de sa soumission. Elle n’a donc qu’un parti à prendre : dans les moments où il faut se décider absolument à choisir un drapeau, adopter celui qui lui paraît le plus ressembler au drapeau de la cause qu’elle croit juste ; puis, le reste du temps, revenir à elle-même, rentrer dans ses propres voies moins militaires et moins stratégiques, et suivre sur la lisière les sentiers où de tout temps ont aimé à se rencontrer la méditation, la fantaisie, l’étude ; en un mot, tantôt gracieuse ou tantôt sévère, quelqu’une des Muses. […] Dès ce moment, Eugène a beau faire et se croire heureux, il est bien clair que sa Manon, même quand elle l’aimerait autant que l’autre Manon faisait pour Des Grieux, ne lui sera pas plus fidèle. […] Je prendrai une image que je crois fidèle pour rendre la manière dont le xviiie siècle apparaît à travers le dernier roman de M. […] Cet homme, qui se croit sage et qui fait cette réflexion, ne l’est pas.
Pour moi, toutes ces grandes et toutes ces demi-passions qui n’aboutissent pas, telles que Mme de La Fayette nous les montre dans son histoire, et telles que j’y crois, ne s’expliquent, en effet, que par cette jeunesse première. […] L’affaire était si avancée, et même pour le point le plus délicat, pour la déclaration de catholicité, Madame la supposait si près de se conclure, qu’elle crut pouvoir avertir Cosnac d’un grand présent et d’une surprise qu’elle lui préparait. […] Il faut rendre à Cosnac cette justice qu’il ne s’y laissa point éblouir, et qu’il vit surtout dans cette idée ce que nous y voyons aujourd’hui, un haut témoignage de l’estime de Madame : « Quelque ambitieux qu’on m’ait cru dans le monde, je puis dire avec sincérité que ce qui me flattait le plus dans cette lettre, c’était d’y voir l’augmentation de l’amitié de Madame. […] Elle le dit devant Monsieur, demandant qu’on regardât à cette eau qu’elle avait bue : J’étais dans la ruelle, auprès de Monsieur, dit Mme de La Fayette, et, quoique je le crusse fort incapable d’un pareil crime, un étonnement ordinaire à la malignité humaine me le fit observer avec attention. […] On eût dit qu’elle s’appropriait les cœurs au lieu de les laisser en commun, et c’est ce qui a aisément donné sujet de croire qu’elle était bien aise de plaire à tout le monde et d’engager toutes sortes de personnes.
Autant que pour être entendus, je le crois. […] Le peuple écoute avidement, les yeux élevés et la bouche ouverte, croit que cela lui plaît et, à mesure qu’il y comprend moins, l’admire davantage ; il n’a pas le temps de respirer ; il a à peine celui de se récrier et d’applaudir. J’ai cru autrefois, et dans ma première jeunesse, que ces endroits étaient clairs et intelligibles pour les acteurs, pour le parterre et l’amphithéâtre ; que leurs auteurs s’entendaient eux-mêmes et qu’avec toute l’attention que je donnais à leur récit, j’avais tort de n’y rien entendre ; je me suis détrompé. » Soyez sûr que La Bruyère s’est détrompé surtout en lisant. […] Ici, je crois qu’il y a jeu de scène. […] Il ne faut pas dire que Chrysale soit Molière, ni même que Gorgibus soit Molière, ni que le Cléante de Tartuffe soit Molière (et ici j’ai peur que, si on le croyait, on ne se trompât plus qu’ailleurs), ni même que le Clitandre des Femmes Savantes soit Molière encore, quoique ici j’estime qu’on serait plus près de la vérité.
Cousin lui-même, Croyez-vous que la grande phrase périodique, surchargée de propositions incidentes, soit bien propre à exprimer la gaieté, l’enjouement, la vivacité de la conversation légère ? […] Je crois qu’il n’y a que moi qui fasse si bien tout le contraire de ce que je veux faire ; car il est vrai qu’il n’y a personne que j’honore plus que vous, et j’ai si bienfait qu’il est quasi impossible que vous le puissiez croire. […] Ils passent aux Espagnols, parce que Mazarin leur résiste ; et Condé croit emporter la France dans les plis de son manteau. Notre siècle est peut-être immoral ; croyons-en M. […] Vous croyiez rencontrer un peintre ; vous subissez les élucubrations d’un antiquaire, révélateur de vieux manuscrits.
Verdier peint raisonnablement, mais je le crois foncièrement ennemi de la pensée. […] On devine trop, en regardant ce tableau cru et luisant, que M. […] Le préjugé Vidal a commencé, je crois, il y a trois ou quatre ans. […] Glaize croit qu’on devient coloriste par le choix exclusif de certains tons. […] Klagmann, qui est, je crois, le maître de cet immense atelier.
Il affecta de le croire pour ne pas augmenter le nombre de ses ennemis et pour se ménager la réconciliation avec le pape. […] Ou le roi de Naples n’a que des intentions favorables à la république, comme il l’a souvent assuré, et comme quelques-uns l’ont cru, et il aspire même par sa conduite hostile envers vous à vous rendre service, plutôt qu’à vous priver de votre liberté ; ou, dans le fait, il veut la ruine de Florence. […] Persécuté comme je l’ai été dès ma jeunesse, peut-être me pardonnera-t-on d’avoir cherché quelque consolation dans ce genre de travail. » Dans la suite de ses Commentaires, il a cru devoir donner quelques détails sur sa situation particulière. […] pense au faux éclat dont nous éblouissent les honneurs, les richesses et les plaisirs qu’on croit les plus propres à nous rendre heureux. […] « Croyez-moi, mon ami, vous ne pouvez pas me faire de plus grand plaisir que de revenir chargé de pareils ouvrages, qui comblent délicieusement tous mes souhaits.
Une des erreurs les plus communes dans les écoles réalistes et naturalistes, c’est de croire qu’il suffit de voir, et de rendre ce qu’on a vu, sans se soucier d’autre chose. […] Un art supérieur le domine ou l’apprivoise, lui insinue la vérité qu’il rejette, et lui fait croire ce qu’il estimait choquant et impossible. […] Mais il a voulu enseigner aux écrivains qu’en poésie la forme seule peut donner un prix infini aux choses : avis à ceux qui croient que le sujet est tout. […] Pour parler crûment, on croit sentir que la « beauté » de l’expression va farder et fausser la nature. […] Dans l’ancienne société, bien assise, qui se croyait fondée pour l’éternité et sur la vérité, les lettres étaient le charme des loisirs, un repos et une agréable distraction des esprits.
Dès qu’il croit, il se prépare à combattre l’irréligion : il fait commencer à Londres l’impression du Génie du Christianisme. […] L’orgueilleux enfantillage de son pessimisme a même source : il croit pleurer des larmes que nul homme n’a pleurées, pour des plaies dont nul homme n’a saigné. Le mal qui est dans la création, il ne le sent que dans son éphémère personne, et se croit la victime élue entre les créatures pour la souffrance648. […] Je ne crois pas qu’il y ait à tirer de sa vie un seul acte de volonté : des élans d’instinct, des sursauts de passion, tout au plus. […] Un préjugé créé par les philosophes faisait le christianisme barbare, absurde, ridicule ; il n’y avait que des petits esprits, des imbéciles pour y croire.
Reid ne croit donc pas si bien dire ; il est profond sans s’en douter. […] Les explications mécanistes, nous les avons étendues aussi loin qu’il est possible, et même partout ; mais nous ne croyons pas pour cela que ce qui se retrouve partout soit le tout : c’est seulement un aspect universel de la réalité. […] Faut-il exagérer la pensée de Pascal jusqu’à croire que l’être vivant pourra devenir par la suite, au sens propre du mot, « machine en tout » ? Quelques philosophes ont soutenuw récemment cette hypothèse ; ils ont cru pouvoir prédire que, dans les siècles à venir, l’homme deviendra de plus en plus inconscient. […] Il imagine, du moins à ce qu’il croit, un nouveau début.
Il fallait que l’humain fût frappé dans ces choses de grâce et d’élégance, que je croyais intangibles par la maladie, dans ces dons d’homme comme il faut, d’homme bien né, d’homme bien élevé ! […] Il est impossible d’exprimer la joie presque stupide que j’ai eue à retrouver ce cœur, auquel je ne croyais plus. […] Il s’est mis à causer, sa mémoire a retrouvé des noms et du passé que je croyais sombrés. […] À cela, il me répondit par un gros rire railleur, qui semblait me dire : « Est-ce assez bête à toi, de croire ça possible ! […] … On trouvera — quand mon journal complet paraîtra — on trouvera à la date de décembre 1874, des notes prises par moi, dans les moments délirants d’une fluxion de poitrine, où je me croyais perdu.
On eût cru commettre une sorte de profanation en appliquant, à des drames qu’on jugeait informes et grossiers, les mots de génie et de gloire. […] William était, il y a lieu de le croire, le premier des enfants mâles, l’aîné des espérances de son père. […] Rowe, dans sa vie de Shakespeare, semble croire que les libéralités d’Élizabeth eurent part aussi à la fortune de son poète favori. […] Nous avons besoin d’y croire pour nous y livrer, et nous n’y croirions pas sans leur attribuer une cause digne de les exciter. […] » L’effet de terreur est produit, et nous croyons au spectre avant que Hamlet en ait même entendu parler.
Jeune homme, qui vous destinez aux lettres et qui en attendez douceur et honneur, écoutez de la bouche de quelqu’un qui les connaît bien et qui les a pratiquées et aimées depuis près de cinquante ans, — écoutez et retenez en votre cœur ces conseils et cette moralité : Soyez appliqué dès votre tendre enfance aux livres et aux études ; passez votre tendre jeunesse dans l’etude encore et dans la mélancolie de rêves à demi-étouffés ; adonnez-vous dans la solitude à exprimer naïvement et hardiment ce que vous ressentez, et ambitionnez, au prix de votre douleur, de doter, s’il se peut, la poésie de votre pays de quelque veine intime, encore inexplorée ; — recherchez les plus nobles amitiés, et portez-y la bienveillance et la sincérité d’une âme ouverte et désireuse avant tout d’admirer ; versez dans la critique, émule et sœur de votre poésie, vos effusions, votre sympathie et le plus pur de votre substance ; louez, servez de votre parole, déjà écoutée, les talents nouveaux, d’abord si combattus, et ne commencez à vous retirer d’eux que du jour où eux-mêmes se retirent de la droite voie et manquent à leurs promesses ; restez alors modéré et réservé envers eux ; mettez une distance convenable, respectueuse, des années entières de réflexion et d’intervalle entre vos jeunes espérances et vos derniers regrets ; — variez sans cesse vos études, cultivez en tous sens votre intelligence, ne la cantonnez ni dans un parti, ni dans une école, ni dans une seule idée ; ouvrez-lui des jours sur tous les horizons ; portez-vous avec une sorte d’inquiétude amicale et généreuse vers tout ce qui est moins connu, vers tout ce qui mérite de l’être, et consacrez-y une curiosité exacte et en même temps émue ; — ayez de la conscience et du sérieux en tout ; évitez la vanterie et jusqu’à l’ombre du charlatanisme ; — devant les grands amours-propres tyranniques et dévorants qui croient que tout leur est dû, gardez constamment la seconde ligne : maintenez votre indépendance et votre humble dignité ; prêtez-vous pour un temps, s’il le faut, mais ne vous aliénez pas ; — n’approchez des personnages le plus en renom et le plus en crédit de votre temps, de ceux qui ont en main le pouvoir, qu’avec une modestie décente et digne ; acceptez peu, ne demandez rien ; tenez-vous à votre place, content d’observer ; mais payez quelquefois par les bonnes grâces de l’esprit ce que la fortune injuste vous a refusé de rendre sous une autre forme plus commode et moins délicate ; — voyez la société et ce qu’on appelle le monde pour en faire profiter les lettres ; cultivez les lettres en vue du monde, et en tâchant de leur donner le tour et l’agrément sans lequel elles ne vivent pas ; cédez parfois, si le cœur vous en dit, si une douce violence vous y oblige, à une complaisance aimable et de bon goût, jamais à l’intérêt ni au grossier trafic des amours-propres ; restez judicieux et clairvoyant jusque dans vos faiblesses, et si vous ne dites pas tout le vrai, n’écrivez jamais le faux ; — que la fatigue n’aille à aucun moment vous saisir ; ne vous croyez jamais arrivé ; à l’âge où d’autres se reposent, redoublez de courage et d’ardeur ; recommencez comme un débutant, courez une seconde et une troisième carrière, renouvelez-vous ; donnez au public, jour par jour, le résultat clair et manifeste de vos lectures, de vos comparaisons amassées, de vos jugements plus mûris et plus vrais ; faites que la vérité elle-même profite de la perte de vos illusions ; ne craignez pas de vous prodiguer ainsi et de livrer la mesure de votre force aux confrères du même métier qui savent le poids continu d’une œuvre fréquente, en apparence si légère… Et tout cela pour qu’approchant du terme, du but final où l’estime publique est la seule couronne, les jours où l’on parlera de vous avec le moins de passion et de haine, et où l’on se croira très clément et indulgent, dans une feuille tirée à des milliers d’exemplaires et qui s’adresse à tout un peuple de lecteurs qui ne vous ont pas lu, qui ne vous liront jamais, qui ne vous connaissent que de nom, vous serviez à défrayer les gaietés et, pour dire le mot, les gamineries d’un loustic libéral appelé Taxile Delord.
Vous faisiez votre classe de philosophie au collège Henri IV ; vous eûtes, je crois, le prix d’honneur au grand concours à la fin de l’année. […] Je crois absolument vrai ce qui est prouvé scientifiquement, c’est-à-dire par l’expérience rigoureusement pratiquée. […] Quand on croyait que la terre était une plaine, recouverte par une voûte en berceau, où les étoiles filaient, à quelques lieues de nous, dans des rainures, il était vraiment bien superflu de raisonner sur l’homme et sa destinée.
Nous avons d’abord cru que cette primauté étoit pour suivre l’ordre alphabétique ; mais le Compilateur assure très-positivement que c’est par ordre de mérite & de distinction : c’est parce que je crois , dit-il très-sérieusement, pouvoir assigner à cet Auteur estimable la premiere place parmi les Philosophes de nos jours, non seulement de ma Nation, mais de toutes celles de l’Europe . […] Il faut croire qu’abandonné à lui-même, son jugement est moins exposé aux méprises, que lorsque l’enthousiasme philosophique lui sert de guide.
Ce qui a paru de lui dans le Public, se réduit à des Odes au dessous du médiocre, à une Satire sur le Goût, dont les principes sont assez judicieux, & la versification heureuse par intervalles ; à un Poëme intitulé Mon Odyssée, qu'on croiroit avoir été fait pour des Lecteurs tudesques, tant le style en est dur & baroque, tant les rimes en sont bizarres : qu'on ajoute à cela la pauvreté du sujet, & l'on aura l'idée du plus pitoyable Ouvrage qui ait été fait depuis d'Assoucy jusqu'à nous, puisque le Héros de ce Poëme est M. […] Piqué du jugement que nous avons porté de ses Productions, & irrité de ce que nous n'avons pas craint de nous élever contre l'abus déplorable qu'il a fait de ses talens, ce Poëte ne nous a point oubliés dans cette Satire ; mais ce qu'il dit de nous, annonce moins de talent que de haine & de fureur : aussi croyons-nous ne pouvoir mieux nous venger des sarcasmes qu'il nous prodigue, qu'en les mettant sous les yeux de nos Lecteurs. […] Nous l'avons dit ailleurs, & nous croyons devoir le répéter ici en faveur des Esprits foibles ou peu réfléchis : l'accusation de malignité ne peut tomber avec justice que sur le Censeur caustique qui s'exerce à mortifier l'amour-propre des Auteurs, sans se proposer d'autre but que celui de mortifier ; le nôtre a été constamment d'instruire & de corriger, s'il étoit possible.
Il s’attacha surtout à faire ressortir les règles fondamentales de la méthode scientifique, à y accoutumer les esprits : ne rien croire que par raison, savoir douter, savoir ignorer. « Je ne vois qu’un grand je ne sais quoi, où je ne vois rien », écrit-il à propos des habitants des planètes. […] Fontenelle analyse les causes de la crédulité qu’ont rencontrée les oracles : on y a cru, parce qu’on voulait y croire. […] Rien de tragique au reste dans cette âme inquiète et dans cette vie orageuse : Bayle est une figure originale de savant à la vieille mode : paisible, doux, gai, sans ambition, indifférent à la gloire littéraire, il s’enferme dans son cabinet, et ne se croit jamais malheureux, dès qu’il peut lire, écrire, imprimer en liberté. […] Il enseigne à ne pas croire, à se réserver.
L’émotion qu’éprouva Jésus près du tombeau de son ami, qu’il croyait mort 1014, put être prise par les assistants pour ce trouble, ce frémissement 1015 qui accompagnaient les miracles ; l’opinion populaire voulant que la vertu divine fût dans l’homme comme un principe épileptique et convulsif. […] La foi ne connaît d’autre loi que l’intérêt de ce qu’elle croit le vrai. […] Tout semble faire croire, en effet, que le miracle de Béthanie contribua sensiblement à avancer la fin de Jésus 1016. […] Pensant que le dernier mot du gouvernement est d’empêcher les émotions populaires, il croit faire acte de patriotisme en prévenant par le meurtre juridique l’effusion tumultueuse du sang. […] Mais ils semblent croire que Jésus le fit en venant de Galilée à Jérusalem par la Pérée.
Que le meilleur de leur style soit perdu pour nous, il est très possible, et nous l’avons dit ; mais que leur émotion, leurs images, leur vie descriptive, leurs fortes qualités intérieures ne se puissent plus sentir, c’est, je crois, ce que personne ne soutiendra. […] Je le crois bon, je le crois excellent, et cela va de soi, quand on connaît personnellement ce qu’on veut décrire. […] De sorte que, si je n’y suis pas « allé » moi-même, quelqu’un y est « allé » pour moi et que je n’ai pas été le moins du monde « privé de la réalité », comme le prétend M. de Gourmont, qui, entre parenthèses, ne trouve ma description si mauvaise que parce qu’il la croit imaginée. […] Qu’il y ait dans Homère des épilhètes de tradition, personne ne le nie ; que ces épithètes soient, à elles seules, des « photographies du monde extérieur », je ne crois pas que quelqu’un l’ait prétendu ; mais que les descriptions d’Homère soient vivantes, en relief, et en quelques sorte photographiques, M.
Je crois donc que l’on s’est beaucoup trompé lorsque l’on a raisonné sur l’influence de l’imprimerie. On croit, en général, que cette influence a été plus grande, qu’elle ne l’a été en effet ; ou peut-être a-t-elle été seulement différente. […] Enfin, dans ces derniers temps, nous avions la censure discrétionnaire : sans doute on avait cru avoir trouvé un remède à ce qu’on croyait un mal, et qui était la force même des choses. […] Ainsi donc je crois que les différentes magistratures de la pensée n’ont pas été établies seulement pour la conservation des mœurs ; car, s’il ne se fût agi que des mœurs, on n’aurait eu besoin que de lois répressives et pénales, et non point de lois somptuaires ou préventives.
Rivarol disait, avec la belle voix d’or de son esprit : « La grandeur de nos facultés dépend de Dieu, mais de nous dépend leur harmonie. » Quel que soit donc celui des trois systèmes sur la nature humaine que l’on adopte, il est d’observation indéniable qu’il y a au fond de nous-mêmes une tendance prononcée à nous croire le centre de tout, à ne juger les choses que par rapport à nous, à traverser incessamment et dans tous les sens le plan de l’ordre avec mépris, et même les armes à la main. […] Quoique Corne mette, avec l’insolence moderne, pour laquelle il n’est pas fait, le nom de Platon avant le nom de Jésus-Christ, quand il en parle, cependant rien ne nous fait croire qu’il soit l’ennemi raisonné du Christianisme. […] La mère de son livre, en effet, cette mère qui n’est pas une philosophe, mais une chrétienne à la manière des gens du monde, ne parle — le croira-t-on ? — dans l’éducation morale, c’est-à-dire dans l’éducation de la volonté de son fils, ni de la religion dans laquelle il a été élevé probablement, ni de la prière, ni des préjugés (ceux qu’il faut rejeter et ceux qu’il faut admettre), ni du point d’honneur, ni du respect humain, ni de la charité, ni de la fonction sociale, ni de la famille, ni des rapports avec les subalternes, ni du théâtre, ni des moralistes, ni de la crédulité aux livres, — la grande superstition des peuples qui ne croient plus aux hommes ! […] Nous avons cru, à certaines places des lettres, qu’elles avaient été écrites par une autre main qu’une main d’homme, et même que toute la collection de ces lettres n’avait pas été publiée.
Ce n’est ni Vadé, qui (le croira-t-on ?) […] Parce qu’il était gai, comme tous les esprits vigoureux qui se portent bien, il se crut la vocation du chansonnier quand, au fond, il en avait une autre, qu’il a prouvée, et dont personne ne parle comme il faudrait, même M. […] Je n’ai pas peur de ce que j’avance : c’était un critique que Collé, et c’est aux facultés du critique qui étaient en lui qu’il aurait dû demander sa gloire… s’il eût cru à cette vanité. Mais il était tellement sceptique qu’il n’y croyait pas ! […] Et je crois bien que voilà tout uniment la raison pour laquelle son éditeur, qui en est trop, lui !
Si nous pouvions, par le peu que nous en dirons aujourd’hui, avancer le moment où ce système, parachevé et complet, sortira de l’esprit auquel il a donné tant de résistance et de vigueur contre les tendances d’un enseignement vicieux et funeste, nous croirions avoir fait assez. […] Il est de ceux qui croient que sur tous les terrains, — en médecine comme ailleurs, — l’Histoire doit faire taire la Philosophie et tient en réserve des réponses et des solutions toutes prêtes, quand la Philosophie n’en a plus. […] Seulement, tout métaphysicien qu’il puisse être, l’auteur des Études de médecine générale est encore plus traditionaliste que philosophe, et il laisse à sa vraie place la métaphysique dans la hiérarchie de nos facultés et de nos connaissances, en homme qui sait que, sans l’histoire, les plus grands génies philosophiques n’auraient jamais eu sur les premiers principes que quelques sublimes soupçons… M. le docteur Tessier, qui croit à la science médicale, qui la défend contre les invasions sans cesse croissantes de la physique, de la chimie et d’une physiologie usurpatrice, donne pour chevet à ses idées le récit Moïsiaque, dont tout doit partir pour tout expliquer, et l’enseignement théologique et dogmatique de l’Église. […] À prédire cela, croyez-le bien, il n’y a ni exagération ni imprudence, et la preuve en est dans le livre que M. […] La Science probablement trempe la tête dans un Styx, comme le corps d’Achille, afin de faire à ses enfants un sentiment moral invulnérable, et (le croiront-ils, ceux-là qui ne sont pas médecins ?)
pas écrit par un poète, ni même par quelqu’un qui ait le génie de l’hagiographie nécessaire pour traiter un pareil sujet, n’en donnera pas moins à l’imagination une de, ces fortes secousses qu’elle aime… Qu’est-ce, en effet, qu’Obermann, René, le Lépreux de la cité d’Aoste, ces trois fameux héros de roman dont on peut dire que l’âme du xixe siècle en est encore pleine, en comparaison de Benoît-Joseph Labre, ce solitaire comme eux, qui, comme eux, s’était arraché des voies du monde, — pour des raisons plus hautes que les leurs : car, eux, c’était, en ce qui regarde Obermann et René, le dégoût égoïste et hautain d’âmes plus grandes, — ou, du moins, qui se croyaient plus grandes que ce que la vie sociale avait à leur donner, — et, en ce qui regarde le lépreux, la honte d’une affreuse misère ? […] Ils croyaient tous, les Sardanapale et les Héliogabale de ce temps-là, que la mortification, cette duperie des chrétiens, cette bête de mortification, était radicalement finie ; que la pauvreté, pire qu’un vice, qui est toujours bon, était bafouée et honnie à jamais. […] Ses aspirations le portaient (croyait-il) vers la Trappe, mais il en fut doucement repoussé par les supérieurs, qui voyaient peut-être qu’il était réservé à autre chose ; car ces hommes, accoutumés à regarder dans les âmes, y discernent souvent les germes de leur avenir. […] Le pain qui le soutenait n’était pas celui qu’on lui rompait aux portes et qu’il partageait avec les pauvres qu’il rencontrait : c’était le pain eucharistique, qui, pour ceux qui croient à ce dont il est fait, donne plus de force à un homme que s’il lui versait des fleuves de vie et de sang pourpre dans les veines. […] Et quelle canonisation pour messieurs de l’insolente et libre pensée, qui ne croient pas à la canonisation du Pape !
Si souvent on a répondu sans la faire taire aux objections de la philosophie, si souvent on a vu la pensée se frappant elle-même avec l’arme de ses propres raisonnements, qu’on se trouve amené à reconnaître que l’histoire, la tradition, les faits dans leur simplicité auguste et dans leur sainte authenticité, sont les meilleurs moyens de traduire la vérité chrétienne et de l’introduire ou de l’affermir dans les esprits ; sur ce point les expériences se sont accumulées, mais il importe plus qu’on ne croit de le répéter. […] La philosophie, la négation, l’incrédulité, après s’être beaucoup remuées dans les limites des facultés humaines, auxquelles elles tiennent comme le rayon de la roue tient à son moyeu, sont revenues à leur point de départ en faisant un circuit immense, s’imaginant avoir progressé, comme l’animal qui paît l’herbe croit s’être avancé pour avoir péniblement tendu la corde du grossier piquet qui l’attache au sol. […] C’est là une grande raison, il semble, pour que la vérité, qui ne change point, la vérité immortelle, ne se croie pas obligée, devant les insolentes exigences de l’esprit humain, de revêtir des formes nouvelles qui la feraient mieux accepter de ce Balthazar ennuyé à la dernière heure de son orgie. […] venue d’en haut comme la lumière, la vérité révélée se rallume comme la lumière sur le flambeau où l’on croyait l’avoir éteinte. […] Ces modèles, dus au crayon de Notalis, de Matheus et de Spinx, et qui ont été retrouvés dans une pauvre cabane de paysans à Magny, sont d’une naïveté d’inspiration qui ferait croire qu’ils appartiennent à une époque d’une date plus ancienne que celle qu’ils portent, si on ne savait pas que l’Allemagne, par le fait seul du génie qui lui est personnel, peut, au xviie siècle, équivaloir, en naïveté de touche et en candeur de sentiment, à ce que pouvaient être les autres nations de l’Europe au Moyen Âge.
est un artiste d’une rare vaillance ; mais, si grande qu’elle soit, sa vaillance peut être inférieure à son audace… Je n’ai pas besoin de revenir aujourd’hui sur une personnalité dont les mérites incontestables ont été reconnus et mis en relief à la lumière électrique de tant d’articles de journaux, un peu éblouissants je crois. […] Mais, quoique je n’aie jamais cru aux traducteurs ou aux illustrateurs à la douzaine, quoique la puissance de s’incorporer à un génie, déjà très rare, n’implique nullement la puissance de s’incorporer avec tous ou avec plusieurs, et qu’interpréter à merveille les Contes drolatiques de Balzac, par exemple, ne soit pas une raison pour bien interpréter Shakespeare, cependant la difficulté de traduire les différents génies qui concourent à cette grande œuvre de la Bible, à cette Babel sans confusion de langues qui ne menace pas le ciel, mais qui le fait descendre sur la terre, cette difficulté tient encore plus à la grandeur des scènes et des personnages qu’on y trouve qu’à la diversité des génies qui les ont exprimés, et ici la question du surnaturalisme revient par un autre côté, car bien évidemment l’Histoire, la stature de l’Histoire et de l’homme, sont ici dépassées. […] Eh bien, c’est encore là, joint aux autres, un obstacle contre lequel Gustave Doré n’a pas craint d’aller se briser, et je crois qu’il s’y est brisé, malgré les éloges qu’on lui donne ! […] Je ne sais rien des croyances de Gustave Doré ni des conseils qu’il peut recevoir ou demander, mais je ne crois pas que le génie, sans une foi complète, puisse se tirer de l’interprétation de l’Évangile, tandis que pour l’Ancien Testament il ne s’agit pas d’être Juif pour en comprendre, au moins, la beauté tonitruante et l’effroyable sublime : il ne s’agit que d’avoir l’électrique organisation de l’artiste, et cette colonne vertébrale le long de laquelle court le frisson de l’imagination épouvantée, qui met debout tout ce que nous avons de génie et nous cabre sans nous renverser ! […] Doré, qui en art a une bravoure de héros, n’a pas craint d’y toucher, et, selon moi, c’est une raison de plus pour qu’on n’y touche plus… C’était Turgot qui disait, je crois, à propos de la découverte de l’Amérique : « J’admire moins Colomb d’avoir découvert l’Amérique que d’être parti la chercher. » Doré aurait l’admiration de Turgot, — et, jusqu’à un certain point, il a la mienne.
Malheureusement, c’est l’observation large, profonde, impersonnelle, et sans laquelle le romancier n’existe pas, qui manque à MM. de Goncourt, ces talents costumiers qui croient que le costume est l’homme, et qui nous donnent aujourd’hui ce qui doit dans cent ans être la défroque du dix-neuvième siècle, — comme ils nous ont donné celle du dix-huitième siècle, ravaudeurs éternels ! […] Ils ont été entraînés au dialogue, au monologue, à la lettre, au mémorandum, à toutes les formes littéraires possibles, se succédant sans raison d’exister que la fantaisie, mais pour moi, je ne croirai jamais qu’ils aient songé à refaire ce roman de Balzac, qui ne se refera jamais, par la raison qu’on ne refait que ce qui est manqué, et dans lequel la vie littéraire du dix-neuvième siècle a été transpercée d’une lumière qui en a fait voir les plus lâches misères et les plus féroces vanités. […] Ainsi donc, s’il faut nous résumer sur le livre de MM. de Goncourt, — peu d’invention, — pas de composition, — des caricatures pour des caractères, — des pages détachées, qui pleuvent les unes sur les autres et qui ressemblent à un feuilleton perpétuel, des événements et des détails sans aucune originalité, — des conversations notées peut-être sur place, — des mots tenus en réserve, comme la poire pour la soif… de son public, que l’on croit avoir altéré d’esprit en lui en faisant boire trop depuis longtemps ; voilà le roman de MM. de Goncourt. Ils ont cru faire un livre, et ils n’ont soufflé qu’une pochade… brillante et bruyante Mais ils ont piaffé. […] Je ne les crois pas faits pour combiner et créer cette chose sévèrement ajustée, — l’organisme d’un livre.
Je crois n’avoir négligé, en fait de témoignages anciens, aucune source d’informations. […] Je crois le passage sur Jésus 9 authentique. […] On est parfois tenté de croire que des notes précieuses, venant de l’apôtre, ont été employées par ses disciples dans un sens fort différent de l’esprit évangélique primitif. […] Une observation qui n’a pas été une seule fois démentie nous apprend qu’il n’arrive de miracles que dans les temps et les pays où l’on y croit, devant des personnes disposées à y croire. […] Pour faire l’histoire d’une religion, il est nécessaire, premièrement, d’y avoir cru (sans cela, on ne saurait comprendre par quoi elle a charmé et satisfait la conscience humaine) ; en second lieu, de n’y plus croire d’une manière absolue ; car la foi absolue est incompatible avec l’histoire sincère.
Ou plutôt, je crois qu’à ce moment-là nous n’avions qu’une ambition très confuse, et que nul d’entre nous n’aurait pu la formuler nettement. […] Il n’y avait pas de meilleur garçon au monde ; il avait débuté comme reporter pendant la guerre, et il a fini, je crois, directeur de théâtre. […] Le repas coûtait, je crois, quatre francs, café compris. […] Je crus mon avenir assuré, et je me mis au travail le soir même. […] Jamais, je crois, une génération de jeunes Français n’a montré moins d’allégresse à son départ et ne s’est avancée vers son destin d’un pas aussi hésitant.
Je reconnais qu’il y a une large part de vérité dans cette opinion, et néanmoins je ne puis la croire tout à fait exacte. […] Je regarde et je crois voir, j’écoute et je crois entendre, je m’étudie et je crois lire dans le fond de mon cœur. […] Nous le reconnaissons, je crois, à l’effort même qu’il nous amène à faire sur nous pour voir sincèrement à notre tour. […] Si paradoxale que cette assertion puisse paraître, nous ne croyons pas que l’observation des autres hommes soit nécessaire au poète tragique. […] Je ne crois pas qu’il y ait de défaut plus superficiel ni plus profond.
Il ne croit à rien, en dehors des réalités présentes. […] C’est la plus propice, s’il faut en croire M. […] Ceux qui souffrent de ne plus croire, c’est qu’ils croient encore ; comme on souffre, dans les fins d’amour, de ne plus assez aimer. […] Il y croit et il y tient. […] Cela n’est pas indifférent, croyez-le.
Pour le peuple même, la religion n’est pas inutile ; il n’y croit pas plus que les hautes classes ; mais il s’en sert pour faire tenir les enfants tranquilles, et s’en amuse pendant les longues soirées d’hiver. […] Du mois de novembre 1710 au mois de juin 1711, l’Examiner fut abandonné à Swift, qui y défendit énergiquement le ministère, et y déchira les Whigs avec une violence devant laquelle Addison crut devoir se retirer. […] Les Whigs triomphèrent et les ministres se crurent perdus jusqu’au 29 décembre, où la reine rendue à leur influence, créa 12 nouveaux pairs partisans de la paix. […] En 1726, il alla jouir de son triomphe à Londres et eut avec Walpole une entrevue qui fit croire à un marché entre l’homme d’État et l’écrivain qui venait de prouver ce que valait son influence. […] En un mot, la raison nous défend seule contre des récits auxquels l’imagination se rend sans efforts, et, selon le langage des philosophes, c’est à priori que nous refusons d’y croire.
Nous ne le croyons pas. […] Renouvier, puisque Spencer croit que la conscience la plus obscure a pour condition le classement des impressions en avant et après. […] —À vrai dire, quand nous croyons avoir tout anéanti dans notre pensée, nous n’avons pas anéanti notre pensée même, notre conscience. […] C’est par ce procédé d’exhaustion, précisément, que nous arrivons ou croyons arriver à la conception bâtarde du néant. […] Ceux qui le croient (parmi lesquels M.Rabier), commettent l’ignoratio elenchi.
C’est avec droit, je crois, que quelques auteurs considèrent les organes rudimentaires comme susceptibles de grandes variations. […] Je crois aussi pouvoir inférer d’une observation du professeur Owen, au sujet de la longueur des bras de l’Orang-Outang, que ce naturaliste est arrivé à des conclusions analogues. […] J’ai aussi des raisons de croire, d’après les renseignements qui m’ont été fournis par M. […] J’ai vu moi-même une Mule dont les jambes l’étaient à tel point, que nul ne voulait croire tout d’abord qu’elle ne fût pas le produit d’un Zèbre ; et M. […] C’était cette conclusion que j’avais cru devoir défendre dans une note de ma première édition.
Il croyait à la gloire. […] Je crois tant de peine inutile, et la raison de cette indifférence peut, je crois, s’expliquer en quelques lignes. […] Pouvez-vous le croire ? […] Il a pu le croire. […] Croyez-moi, nous amènerons un bon dénouement.
Tu me crois aussi par trop innocent. […] — Tu crois donc, Kobus, que tout ira de même jusqu’à la fin ? […] Tenez, elle a cru que vous vouliez la payer des choses qu’elle a faites de bon cœur. […] Crois-moi… — Va-t’en au diable ! […] Je croyais qu’elle n’avait jamais fait un tour de valse.
Ils croient fortement qu’elle est certaine et inaltérable, et ils se conduisent là-dessus de bonne foi. […] Ils sont uniquement pour la volupté, qu’ils ne croient pas qu’on trouve dans le grand mouvement, et dans les entreprises douteuses et pénibles. […] On peut croire l’épouvante que je pris à cette nouvelle, ayant laissé plus de sept mille pistoles enterrées en cette église. […] À moins de voir soi-même la quantité qu’il y en a, on ne saurait croire ce qui s’en peut dire. […] On ne saurait croire la dépense que fait le roi de Perse pour ces présents-là.
Louvois a fait brûler dans le Palatinat ; je crois qu’il brûle terriblement dans l’autre monde, car il est mort si brusquement qu’il n’a pas eu le temps de se repentir. » Sa vertu en de telles conjonctures fut de rester fidèle à la France et à Louis XIV, tout en se sentant déchirée dans cette intime et secrète partie d’elle-même. […] Ils différaient tous trois dans leurs croyances ; je pris la quintessence de leurs opinions et m’en formai ma religion. » Dans cette religion catholique ainsi définie en gros, qu’elle crut et qu’elle pratiqua en toute bonne foi, il restait des traces et bien des habitudes de son premier culte. […] Mme de Sévigné, dans une lettre à sa fille, a l’air de croire que Madame (comme cela était arrivé à la Madame précédente) ressent pour Louis XIV une inclination tant soit peu romanesque, et qui la tourmente sans qu’elle se rende bien compte de ce que c’est. […] Elle croyait voir en Mme de Maintenon un Tartuffe en robe couleur de feuille-morte. […] Je crois, ajoute mon exact informateur, que ce livre a été un essai de conciliation : mais comme il penchait plutôt du côté des réformés suisses, il n’a pas produit l’effet voulu ; bref il a été réputé calviniste, quoique n’étant pas dans l’extrême de cette doctrine.