De là, quelques paroles d’une tristesse vraiment poétique, dans la tragédie de Thyeste : « Est roi celui qui ne craint pas, est roi celui qui ne forme pas de désir.
Puis, touchant avec son art délié la fibre du cœur, elle indiqua légèrement qu’il y avait eu lieu peut-être à des sentiments émus, que du moins elle aurait pu craindre, si cela s’était prolongé, un commencement de roman pour un cœur poétique, car sa nièce, alors toute jeune, était près d’elle. […] Restez donc là-bas aussi longtemps que cela vous paraîtra bon, sans craindre de refroidir notre affection pour vous… » Et encore de Cannes, où il était allé passer son dernier hiver, et où il venait d’éprouver une crise violente. […] « C’est une triste manière d’y arriver, et d’autres inquiétudes ne me permettront pas, je le crains, d’y rester longtemps ; mais dans l’état de brisement où je suis par suite de ce que je viens de souffrir et de tout ce que j’ai souffert depuis un an, ce me sera un vrai soulagement de serrer la main de quelques vrais amis comme vous et les vôtres. […] » — Il comparait Fauriel, qui craignait toujours d’être trop vif dans l’expression et d’outre-passer la vérité, à un homme qui fait un dessin à la mine de plomb : « Et quand il a fini, il craint que ce ne soit encore trop vif, et pour plus de précaution, il passe sa manche dessus. » Ceci me rappelle à moi-même un mot que m’écrivait M. de Rémusat après la lecture de mes articles sur Fauriel : « Il est original, me disait-il, par son défaut absolu d’effet et de saillie.
Sans craindre le ridicule, et avec la roideur d’un spéculatif tout d’un coup heurté par la vie réelle, il écrivit des traités en faveur du divorce, les signa de son nom, les dédia au Parlement, se crut divorcé, de fait, puisque sa femme refusait de revenir, de droit, parce qu’il avait pour lui quatre passages de l’Écriture ; là-dessus il fit la cour à une jeune fille, et tout d’un coup, voyant sa femme à ses genoux et pleurante, il lui pardonna, la reprit, recommença son sec et triste mariage, sans se laisser rebuter par l’expérience, au contraire destiné à contracter deux autres unions encore, la dernière avec une femme plus jeune que lui de trente ans. […] Il raconta, avec un ton de juge, « comment ce roi persécuteur de la religion, oppresseur des lois, après une longue tyrannie, avait été vaincu les armes à la main par son peuple ; puis mené en prison, et, comme il n’offrait ni par ses actions ni par ses paroles aucune raison pour faire mieux espérer de sa conduite, condamné par le souverain conseil du royaume à la peine capitale ; enfin, frappé de la hache devant les portes mêmes de son palais… Jamais monarque assis sur le plus haut trône fit-il briller une majesté plus grande que celle dont éclata le peuple anglais, lorsque, secouant la superstition antique, il prit ce roi ou plutôt cet ennemi, qui, seul de tous les mortels, revendiquait pour lui, de droit divin, l’impunité, l’enlaça dans ses propres lois, l’accabla d’un jugement, et, le trouvant coupable, ne craignit point de le livrer au supplice auquel il eût livré les autres ? […] Que le roi ne craigne rien, son pouvoir en sera plus ferme. […] L’enfer trembla comme il marchait. — L’ennemi, intrépide, admira ce que ceci pouvait être, — admira, ne craignit pas533. […] Si l’on ne craignait le paradoxe, on dirait qu’ils sont une école de vertu.
— Mais… en vérité… je ne sais… je ne m’attendais pas…. » Et, dans la vivacité de son émotion, Viéra s’appuya sur le bord de la fenêtre, comme si elle craignait de tomber ; puis, tout à coup, elle sortit et s’enfuit dans sa chambre. […] C’est qu’il craint d’asservir sa vie. […] Je craindrais de me rendre importun. » Cette fois-là, Boris n’insista pas. […] Il faut vous dire que je ne crains pas tant d’être battu. […] Il l’aimait tant, qu’il ne pouvait voir sans contrariété les autres domestiques s’occuper d’elle, soit qu’il craignît qu’on ne lui fît quelque mal, soit qu’il fût jaloux de son affection.
Elle a des scrupules en quelque sorte, elle est sur elle-même d’une modestie incroyable : elle craint de s’être trop élevée en se séparant du monde extérieur, en se distinguant du corps, en croyant à une destinée divine et immortelle, en invoquant une loi morale absolue, en affirmant des droits abstraits. […] Mais si la loi que nous avons mentionnée plus haut est vraie (et l’histoire de la philosophie démontre qu’elle est indubitable), si l’homme va sans cesse de lui-même aux choses pour revenir ensuite des choses à lui-même, ne craignez rien, dirai-je aux spiritualistes inquiets qui se voient dépassés, débordés et transportés sans l’avoir voulu, du parti du mouvement au parti de la résistance ; ne craignez rien : dans vingt ans, dans trente, dans cinquante ans, qui sait ? […] Si le spiritualisme est vrai, il n’a rien à craindre de cette contre-épreuve, car la vérité ne peut se démentir elle-même ; mais si, dédaigneuse à l’excès de ce qui se passe autour d’elle, la philosophie spiritualiste ne s’apercevait pas de l’empire chaque jour plus étendu que conquièrent les sciences positives dans notre société, et des habitudes d’esprit qu’elles amènent avec elles, il serait à craindre que, même en possédant la vérité, elle ne se vit abandonnée, la plupart trouvant inutile de raisonner pour établir des vérités que le sens commun, le cœur et la foi démontrent suffisamment à leurs yeux, et les autres lui contestant le caractère de science, et opposant à son immobilité les progrès croissants de la physique, des mathématiques et de la chimie. […] Ce qui est vrai en morale me paraît également vrai en théodicée ; et si je raisonne d’une manière analogue, je ne craindrai pas de dire à M.
Selon la théorie annoncée (et c’est là qu’elle commence), il faut idéaliser cet amour, ce type par conséquent, et ne pas craindre de lui donner toutes les puissances dont on a l’aspiration en soi-même, ou toutes les douleurs dont on a vu ou senti la blessure. […] Elles avaient valu à Mme Sand un regain de succès et une popularité qui avait monté pendant quelque temps jusqu’au ton de l’enthousiasme ; on avait pu craindre un instant qu’elle ne se s’attardât dans ces paysanneries qui l’avaient si heureusement affranchie de la haineuse politique. […] André, après la mort de Geneviève, se promène malade au bras de Joseph Marteau, le long des traînes, lentement, les yeux baissés, comme s’il craignait encore de rencontrer le regard de son père. […] Elle-même craignait, en y allant (ce qu’elle ne manquait pas de faire chaque fois qu’elle passait par Paris), d’y apporter de l’embarras pour les autres et de la gêne dans cette conversation éblouissante, paradoxale, qui ne laissait pas de l’étonner. […] Bien qu’elle y mît toute son ardeur, elle ne recherchait pas pour elles l’occasion de la controverse ; elle craignait de les compromettre.
On pouvait craindre que ce petit nègre pointu ne fût pas digne de lui. […] Je suis assez indépendant de cœur et d’esprit et ma forme d’affirmation est assez détachée en vigueur pour que je ne craigne pas de jouer ce jeu de thuriférer dans les tanières. […] Mais une vanité de cette force est ordinairement sourde et aveugle, et il est fort à craindre que ce dominicain saltimbanque, ce misérable mendiant de publicité ne retourne bientôt à son vomissement, avec ou sans l’approbation de ses supérieurs. […] Demain, peut-être, je serai parmi vous et je combattrai à côté de vous, Ne craignez pas de le dire très haut si vous daignez me gratifier de quelque article. » Le drôle avait, en parlant, les larmes aux yeux. […] Il voit ce que nous ne voyons pas et il craint pour nous ce qui devrait nous faire trembler.
Toutefois, de ces mots de nature du genre « rosse », — comme mon maître Sarcey n’a pas craint de les baptiser, — Molière en a jeté quelques-uns çà et là. […] Et Georges souffrirait d’abord de tout son cœur et protesterait de toutes ses forces ; et l’on craindrait qu’il ne se porte à quelque extrémité fâcheuse. […] Il n’a même pas pris la peine d’indiquer ce que c’était, pour les anciens Grecs, que d’être privé de sépulture, et qu’ils craignaient ce malheur comme les chrétiens craignent l’enfer. […] Craint de tous, Qui peut m’aimer ? […] C’est égal, cet archaïsme m’inquiète, et plus d’un détail me fait craindre ensuite que MM.
Quant aux suffrages des Athéniens, un peuple ennemi de toute domination devoit craindre sur-tout la supériorité du mérite. […] Qu’il est heureux, dira un plaideur, de n’avoir que des loups à craindre ! […] On a osé se détacher de Sophocle & d’Euripide, mais on a craint d’abandonner les traces d’Homere : Virgile l’a imité, & l’on a imité Virgile. […] Vous craignez un tyran dont vous étes l’appui ! […] Si les vivans vous intimident, qu’avez-vous à craindre des morts ?
Il y a là un peu d’ingénuité, que je crains qui ne soit volontaire, et c’est-à-dire coupable. […] Précisément, il ne faut pas l’user gratuitement… De sa faveur, Madame, il faut craindre l’abus. […] Merveilleusement, et c’est quand il s’agit d’égoïsme que l’on peut, dans la peinture qu’on en fait, ne pas craindre de passer la mesure. […] C’est une façon de dire au public : « Dorante est un petit seigneur fort peu scrupuleux qui tire de l’argent de Jourdain ; mais ne craignez point que j’aie la cruauté de livrer Jourdain à Dorante pour toute sa vie. […] Cela suffît pour que l’on craigne que le public ne remporte une impression mauvaise, mêlée au moins.
XXXIV — « Que crains-tu ? […] « Celui-là est chéri de moi, dit-il, dont le cœur, libre de toute haine, répand sa charité sur toute la nature animée ou inanimée ; qui ne craint point les hommes, et que les hommes ne craignent point ; qui ne désire rien pour lui, tout pour ses frères ; qui est le même dans la gloire ou dans l’humiliation, dans le chaud et dans le froid, dans la peine et dans le plaisir ; qui s’élève par le détachement au-dessus des vicissitudes de la courte vie d’ici-bas, pour chercher le seul Brahma (Dieu), le souverain principe de toutes choses.
Dieu parle, et d’un mortel vous craignez le courroux ! […] Que les méchants apprennent aujourd’hui À craindre ta colère : Qu’ils soient comme la poudre et la paille légère Que le vent chasse devant lui. […] sur ce trône assis auprès de vous, Des astres ennemis j’en crains moins le courroux.
J’ai mis mon bonheur dans moi-même pour qu’il ne dépendît que de ma raison : jeune, j’ai évité la dissipation, persuadé qu’un peu de bien était nécessaire aux commodités d’une vie avancée ; vieux, j’ai cessé d’être économe, pensant que la nécessité est peu à craindre quand on a peu de temps à en souffrir. […] Nous avons entrevu dans tous les climats bien des femmes dont les traits éblouissaient les yeux, dont le timbre de l’âme dans la voix ébranlait le cœur, dont les regards répandaient plus de lueurs qu’il n’y en a dans l’aube et dans les étoiles d’un ciel d’Orient ; mais nous n’avons jamais vu et nous craignons qu’on ne revoie jamais (car la nature s’égale mais ne se répète pas) une créature innomée comparable à cette bayadère du ciel ici-bas. […] Mort douce et nonchalante, désirée de ceux qui ne craignent ici-bas que la douleur !
— nous sommes en 1845 — nous craignons fort que Schnetz en fasse encore de semblables en 1855. […] Ingres, l’homme audacieux par excellence. — Quant à la gravure, quelque consciencieuse qu’elle soit, nous craignons qu’elle ne rende pas tout le parti pris de la peinture. — Nous n’oserions pas affirmer, mais nous craignons que le graveur n’ait omis certain petit détail dans le nez ou dans les yeux.
Molière, après la représentation de Nicomède, s’avança sur le bord du théâtre, et prit la liberté de faire au roi un discours, par lequel il remerciait Sa Majesté de son indulgence, et louait adroitement les comédiens de l’hôtel de Bourgogne, dont il devait craindre la jalousie : il finit en demandant la permission de donner une pièce d’un acte, qu’il avait jouée en province. […] Il est vrai qu’il y a quelques grossièretés : La bière est un séjour par trop mélancolique, Et trop malsain pour ceux qui craignent la colique. […] Il ne faut pas craindre que les Fâcheux tombent dans le même décri.
Je n’immobilise point cette beauté hellénique première, je ne l’isole point et c’est pour cela que je ne crains pas de lui tant attribuer. […] Je ne crains pas de varier les exemples, les rapprochements, et de choisir ceux qui vous associeront le mieux à ma pensée.
Mais, dès qu’il se fut aperçu que l’ennemi ne songeait pas à pousser à bout son succès, Rodrigue, qui était porte-étendard ou général en chef des Castillans, releva le courage de son roi et lui dit : « Voilà qu’après la victoire qu’ils viennent de remporter, les Léonais reposent dans nos tentes comme s’ils n’avaient rien à craindre : ruons-nous donc sur eux à la pointe du jour, et nous obtiendrons la victoire. » Son conseil fut suivi ; les Léonais, surpris dans le sommeil, furent la plupart égorgés, quelques-uns à peine échappèrent ; le roi Alphonse, qui était de ceux-là, fut pris bientôt après et jeté dans un cloître, d’où il ne se sauva que pour l’exil. […] Seigneur, par grâce, faites-moi rendre justice. » Mais le roi se montre fort affligé et fort en peine ; son royaume est en péril ; il craint de mécontenter les Castillans et de les soulever en sévissant contre Diègue et son fils.
Il ne craint pas même à l’occasion (générosité que l’on aura peine à croire) de citer avantageusement, par leur nom, les journaux ses confrères, le Mercure de France et le Verdun. […] Je crains même que, comme quelques gens de lettres trop faciles et abandonnés, il ne se soit mis à la merci du spéculateur.
« La mort de Jean de Médicis, sur lequel Côme avait placé ses principales espérances, et la faible santé de Pierre, qui le rendait incapable de supporter le travail des affaires publiques dans une ville aussi agitée que Florence, faisaient vivement craindre à ce grand homme qu’après son trépas la splendeur de sa famille ne s’éteignît tout à fait. […] Ne pouvant en même temps se dissimuler l’état d’infirmité où il était lui-même, il les exhortait à ne se plus considérer comme des enfants, mais comme des hommes ; car il prévoyait que les circonstances où ils allaient se trouver les réduiraient bientôt à la nécessité de mettre à l’épreuve leurs talents et leurs moyens personnels. « On attend à toute heure l’arrivée d’un médecin de Milan, leur dit-il ; mais pour moi, c’est en Dieu seul que je mets ma confiance. » Soit que le médecin ne fût pas arrivé, ou que le peu de confiance que Pierre avait dans ses secours fût bien fondé, environ six jours après, le premier jour d’août de l’année 1464, Côme mourut, à l’âge de soixante et quinze ans, profondément regretté du plus grand nombre des citoyens de Florence, qui s’étaient sincèrement attachés à ses intérêts, et qui craignaient que la tranquillité de la ville ne fût troublée par les dissensions qui allaient probablement être la suite de ce triste événement.
Sébastien-Charles Leconte, qui ne craint pas (c’est un courage) de rendre justice à un poète, même s’il n’est pas trop pompier prosaïque, ou bourreur de crâne bolchevisant. […] Sébastien-Charles Leconte, qui ne craint pas (c’est un courage) de rendre justice à un poète, même s’il n’est pas trop pompier prosaïque, ou bourreur de crâne bolchévisant. » Sur quoi M.
On s’y engage avec circonspection, comme si l’on craignait quelque piège. […] Son mot : « Mon livre sera plus apprécié que lu84 », est d’un auteur qui craint de demander trop au public.
Il pouvait craindre, en élevant un monument à la gloire de Louis XIV, de déplaire à l’Europe sans plaire à sa patrie. […] Il n’y a pas une phrase de style précieux dans la Correspondance, pas même dans les louanges, où l’on est enclin à raffiner et où l’on ne craint pas dans les gens qu’on loue les scrupules du goût.
Il craignit pour son droit d’inventeur, et il eut la double faiblesse de désavouer ses disciples et d’imiter les imitateurs de ses défauts, au risque d’être à son tour désavoué comme téméraire par des jeunes gens. […] C’est le temps où son style, de plus en plus pauvre de pensées, se charge de figures, et où l’on voit comme du rouge aux joues de ce vieillard qui ne craint rien tant que d’avoir les qualités de son âge.
Mais le degré de valeur d’un homme en place étant exposé au grand jour, les louanges qu’on lui donne, s’il en est indigne sont honteusement démenties par le public ; au lieu que les langues qu’on appelle savantes étant presque absolument ignorées, leurs panégyristes ne craignent guère d’être contredits. […] Le même inconvénient n’est il pas à craindre dans un ouvrage où l’on aurait affecté beaucoup de latinismes ?
sans craindre de faire tort à l'auteur
Ainsi ce grave personnage, Du Vair, ne craignait pas de raconter à Peiresc, qui les a notées, les particularités les plus infamantes des règnes de Charles IX et de Henri III.
Toutefois, si elle semblait craindre d’émanciper la France et de l’abandonner trop tôt à elle-même, il faut avouer que l’avenir n’a que trop confirmé ses prévisions.
Il y a dans Werther un passage qui m’a toujours frappé par son admirable justesse : Werther compare l’homme de génie qui passe au milieu de son siècle, à un fleuve abondant, rapide, aux crues inégales, aux ondes parfois débordées ; sur chaque rive se trouvent d’honnêtes propriétaires, gens de prudence et de bon sens, qui, soigneux de leurs jardins potagers ou de leurs plates-bandes de tulipes, craignent toujours que le fleuve ne déborde au temps des grandes eaux et ne détruise leur petit bien-être ; ils s’entendent donc pour lui pratiquer des saignées à droite et à gauche, pour lui creuser des fossés, des rigoles ; et les plus habiles profitent même de ces eaux détournées pour arroser leur héritage, et s’en font des viviers et des étangs à leur fantaisie.
La première pensée de ces témoins judicieux fut donc de craindre que le mouvement d’émancipation ne pût sortir victorieusement d’une lutte prolongée.
Les comptes rendus des tribunaux, les faits divers assouvissent chaque jour et entretiennent en nous un besoin d’émotions et de sensations brutales : tout ce qu’on craignait jadis de montrer dans les livres ou sur la scène, s’étale là ; et la littérature serait vite insipide à nos palais, si elle ne nous offrait le ragoût auquel les journaux nous ont habitués.
Henri Ghéon On put craindre que l’art dramatique de M.
Car pourquoi la comtesse Martin, si fine, craint-elle d’avouer qu’elle sort, mais qu’elle est définitivement sortie, des bras de Le Mesnil ?
Il nous quitte pour Cambo et ses amis craignent qu’il n’en revienne plus.
Le petit fou que nous présente Mendès n’ose pas non plus, le soir venu, allumer sa lampe ; il craint trop de diminuer les rayons du jour.
La reine pourtant, les princesses, & les plus vertueuses dames de la cour, l’ont reçue & caressée en fille d’honneur. » Je ne vous crains ni ne vous aime , disoit encore Corneille à Scudéri.
C’est là qu’ils se cachoient, et les chrétiens fidèles, Que la Religion protégeoit de ses ailes, Vivant avec Dieu seul dans leurs pieux tombeaux, Pouvoient au moins prier sans craindre les bourreaux.
Avez-vous craint que nous ignorassions que vous n’avez rien entendu à ce que vous fesiez ?
Toutes les règles subtiles d’un style ont là leur origine : en même temps elles éloignent, elles créent la distance, elles défendent l’entrée ; en même temps elles ouvrent les oreilles de ceux qui nous sont parents par l’oreille. » A la vérité, ce travail de Protée des auteurs difficiles, ce noli me tangere, noli me intelligere, est assez vain, puisqu’ils seront compris, adoptés, du moins « touchés » par ceux précisément, en majorité, par qui ils redoutent d’être entendus et dont ils craignent le contact, c’est-à-dire par les sots ; et ce sont ceux qui comprennent peu qui courent tout droit aux choses les plus difficiles à comprendre.
Albalat a voulu le résoudre. » C’est possible ; mais, si je n’ai pas résolu le problème en y consacrant trois consciencieux ouvrages, je crains fort qu’on ne puisse le résoudre en « semant des doutes ».
Le style de Pascal, par exemple, n’eût rien perdu à avoir un peu moins de qui, et de que dans cette phrase ; « Si je ne craignais d’être téméraire, je crois que je suivrais l’avis de la plupart des gens que je vois, qui, ayant cru jusqu’ici sur la foi publique, que ces propositions sont dans Jansénius, commencent à se délier du contraire, par un refus bizarre qu’on fait de les leur montrer, qui est tel que je n’ai encore vu personne qui ait dit les y avoir vues. » — Chateaubriand a écrit d’admirables pages en évitant soigneusement la répétition des mêmes mots et des qui et des que, et M.
Nous dirons pourquoi tout à l’heure ; mais nous commençons par l’affirmer, sans craindre qu’on le nie ou qu’on le conteste : la critique vraie, — sympathique et sévère, — qui s’adresse au public de tous les lieux et de tous les temps, et non plus au petit public du carrefour ou du quart d’heure ; la critique, ce symbole d’ordre universel, est complètement étrangère à notre temps de mœurs lâches et d’individualités mesquines.
Ainsi, qu’il nous permette de le lui dire en toute bienveillance, les notes historiques et littéraires dont Destailleur a accompagné son édition sont insuffisantes, autant pour lui, commentateur, que pour l’auteur, qui méritait bien cette rampe allumée d’un commentaire et qui n’en craignait pas le jour hardi, à pleins bords et à fond.
Moraliste et politique tout à la fois, ainsi qu’il l’a supérieurement prouvé dans son beau fragment sur Paul-Louis Courier, ce faux canonnier à cheval, ce faux vigneron, ce faux républicain, ce faux bonhomme et ce faux écrivain, qui fit de la vieille prose française comme Vanderburgh fit de vieux vers, Auguste Vitu n’a pas, vous le voyez, en dépouillant Courier de sa morale et de sa politique, craint d’attaquer une de ces idoles qui prennent racine sur les piédestaux du préjugé ou des partis.
Charrière à travestir le chasseur invisible en seigneur russe écrivant visiblement ses Mémoires, et à faire prendre à son livre, sans craindre la réfutation par le livre lui-même, « ce caractère de témoignage de l’aristocratie russe sur la situation du pays qu’elle domine », qui semble être toute la question du livre à Paris, pour le traducteur !
Bien des choses lui manquent, nous le savons et il le sait aussi, mais il y a peut-être un critique futur dans cet enfant qui n’a pas craint de regarder le Dante au front, de voir la ride sous le laurier, l’infirmité humaine sous le rayon, et qui n’a pas eu peur de chercher la tache dans une telle splendeur de lumière.
Eh bien, nous qui n’avons pas les préjugés anglais de sir Walter Scott sur un écrivain encore tout à l’heure réputé grand dans son pays, nous ne craignons pas d’avancer qu’on ne lira pas Gulliver davantage, par la raison que c’est un livre dont il rie restera absolument rien quand la clef des allusions sur lesquelles il est bâti sera perdue.
Même saint Thomas dans le problème humain, dans l’ordre des connaissances naturelles, ne peut rien quand il s’agit d’ajouter une certitude à celles que l’esprit de l’homme craint de ne pas avoir.
IV L’idéal entrevu, auquel je n’ai pas renoncé tant que Beauvoir vivra, m’a empêché d’appuyer sur tous les détails d’un talent que j’aime trop peut-être, et avec lequel, pour cette raison, je crains de manquer de force et de justice.
Criton approche, contemple le vieillard et admire ce sommeil profond ; il craint de le troubler, et il attend.
On voit combien ce nom et le souvenir d’une ancienne grandeur en imposaient encore : « L’orateur, dit-il, craint de faire entendre devant les héritiers de l’éloquence romaine, ce langage inculte et sauvage d’au-delà des Alpes, et son œil effrayé croit voir dans le sénat les Cicéron, les Hortensius et les Caton assis auprès de leur postérité pour l’entendre. » Il y a trop d’occasions où il faut prendre la modestie au mot, et convenir de bonne foi avec elle qu’elle a raison ; mais ici il y aurait de l’injustice : l’orateur vaut mieux qu’il ne dit ; s’il n’a point cet agrément que donnent le goût et la pureté du style, il a souvent de l’imagination et de la force, espèce de mérite qui, ce semble, aurait dû être moins rare dans un temps où le choc des peuples, les intérêts de l’empire et le mouvement de l’univers, qui s’agitait pour prendre une face nouvelle, offraient un grand spectacle et paraissaient devoir donner du ressort à l’éloquence : la sienne, en général, ne manque ni de précision, ni de rapidité.
On craint presque d’associer tes idées de littérature et d’art à ces œuvres d’une vertu si fervente ; mais oublier ce mélange serait altérer la vérité.
Elle craint de se gâter la taille. […] Je crains qu’il ne l’ait pas complètement évité cette fois. […] Henri de Régnier ne craint pas de s’avouer hugolâtre. […] Il ne craint que deux choses au monde : les ennuyeux et l’air humide. […] Quel ennui d’avoir à craindre de n’être plus là pour voir !