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663. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 septembre 1886. »

Et le le meilleur moyen de les approcher de la perfection souhaitée, n’est-ce pas justement d’en connaître les défauts ; de même, le meilleur moyen d’en faire comprendre la magnificence extraordinaire, n’est-ce pas de dire toute la vérité ? […] Munich est la ville connue du wagnérisme ; c’est là qu’on va de France pour entendre du Wagner, et Dresde aura beaucoup à taire encore pour changer cette habitude. […] Voici le tour de l’auteur des symphonies très célèbres mais fort peu connues de Dante et de Faust, ébauchées l’une et l’autre de 1840 à 1845, écrites définitivement en 1856 et 1854. […] Plusieurs de nos compatriotes sont ainsi venus de Carlsbad à Bayreuth, donc nous n’avons pu connaître les noms. […] Henrietta Constance Smithson, dite Harriet Smithson, née en 1800 et morte en 1854, est une actrice irlandaise, connue surtout pour avoir inspiré à Hector Berlioz sa Symphonie fantastique avant de devenir sa première épouse.

664. (1913) La Fontaine « VI. Ses petits poèmes  son théâtre. »

Voilà les vers qui sont parmi les plus beaux de ceux de La Fontaine, qui ont un souffle épique, de la largeur, de l’ampleur, et qu’il faut connaître au moins de souvenir. […] Et vient le raisonnement que vous connaissez : S’il y a un tremblement de terre à Lisbonne, il est évident que ce ne sont pas les hommes qui en sont cause   Pardon, si ! […] Je n’en connais que deux : c’est Ovide, et c’est le chevalier Marini, le cavalier Marin, comme on disait au dix-septième siècle. Il doit y en avoir d’autres chez les Grecs, je ne les connais pas, excusez-moi. […] De Galatée je ne vous citerai que quelques vers qu’il est bon que l’on connaisse.

665. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Benjamin Constant et madame de Charrière »

Le reste est connu, et l’on a raison de dire avec M.  […] Adolphe va en être mieux connu ; ses origines morales vont s’en éclairer, hélas ! […] Avant de vous connaître, je me disais : Si on me tourmente trop, je me tuerai. […] Que béni soit celui où je l’ai connu ! […] Mais ce ne sont plus les petits Grecs que vous connaissez ; c’est un tout autre plan, un autre point de vue, d’autres objets à considérer.

666. (1895) Impressions de théâtre. Huitième série

Cette gêne, il la connut de bonne heure. […] Silvestre et Morand ne connaît plus d’obstacles. […] Jean ne peut plus vivre sans connaître la couleur de ses cheveux. […] Il connaît bien la province, et ses personnages sont presque toujours des provinciaux. […] Cela, c’est la scène connue.

667. (1894) La bataille littéraire. Sixième série (1891-1892) pp. 1-368

Les parents qui n’en ont pas ne connaissent pas leur bonheur ! […] Singulière façon de juger un homme et de faire connaître son œuvre. […] J’en connais un qui fait des vers (quels vers !) […] On y trouve à tout propos des marques d’une profonde sagesse qui eût étonné ceux qui ne connaissaient M. de Morny que comme il daignait se faire connaître à eux. […] Je connais votre cas : vous reviendrez cinq fois.

668. (1892) Un Hollandais à Paris en 1891 pp. -305

La recherche des raffinements sensuels n’y connaissait plus de frein. […] « Je connais bien cette espèce de femelles, et elles me connaissent. […] Vous verrez, elles me connaissent toutes, mes bêtes. […] Vous connaissez tout cela, tout cela. […] Je veux faire connaître ces Mongols à l’aide des sources mongoles elles-mêmes.

669. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. FAURIEL. —  première partie  » pp. 126-268

Il faut revenir par eux à lui, pour le connaître tout entier. […] Mais la personne chez qui nous dînions ayant, par erreur, supposé qu’ils étaient connus, en a dit, avec bonne intention, et avec le désir de servir F. […] Fauriel connut beaucoup Villers dans les premières années du siècle, et cette relation a laissé des traces. […] Le facteur de Marly m’en a trop apporté dès le commencement pour ne pas me connaître….. […] Sa tendre amitié et son admiration sincère pour Manzoni lui suggérèrent l’idée de le faire connaître à la France.

670. (1864) Études sur Shakespeare

Il se charge de le divertir, mais d’un divertissement que le peuple ne connaîtrait pas sans lui. […] La destinée humaine n’y est point connue sous ses traits les plus saillants et les plus généraux. […] En vain le sort lui a départi les plus nobles dons ; il ne peut les employer qu’au seul but qu’il connaisse. […] Non seulement Shakespeare n’était pas compris, bientôt même il ne fut plus connu. […] On en peut retrouver les principes dans les ouvrages de Shakespeare ; mais-il ne les a ni pleinement connus, ni toujours respectés.

671. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome II

Éduquer un enfant, c’est le diriger, mais de quelle manière et d’abord comment le connaître ? […] Nous connaissons les règles que ces maîtres imposaient dans leurs ateliers aux débutants. […] Ses personnages sont là, aussi vivants que si nous les avions connus. […] Beyens a connu à Bruxelles. […] M.Macon lui-même ne les connaissait pas.

672. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Notes et pensées » pp. 441-535

., et toute une classe d’esprits-papes comme j’en ai connu plusieurs. […] J’aurai du moins appris en tout ceci à le connaître. […] Molé a une manière très aimable et très flatteuse quand il me parle de certaines personnes qu’il a autrefois connues : « Oh ! […] Il y a des habitudes et des formes que M. de Vigny était plus à même que personne de connaître. […] Observez qu’ils se connaissent à peine, et qu’ils ont toujours été sur le pied de la cérémonie.

673. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XI. De la littérature du Nord » pp. 256-269

Les premiers inventeurs connus de la littérature du Midi, les Athéniens, ont été la nation du monde la plus jalouse de son indépendance. […] Une certaine fierté d’âme, un détachement de la vie, que font naître, et l’âpreté du sol, et la tristesse du ciel, devaient rendre la servitude insupportable ; et longtemps avant que l’on connût en Angleterre, et la théorie des constitutions, et l’avantage des gouvernements représentatifs, l’esprit guerrier que les poésies erses et scandinaves chantent avec tant d’enthousiasme, donnait à l’homme une idée prodigieuse de sa force individuelle et de la puissance de sa volonté. […] Ce que nous connaissons d’Ossian ne peut être considéré comme un ouvrage ; c’est un recueil des chansons populaires qui se répétaient dans les montagnes d’Écosse. […] Les chants d’Ossian (Barde, qui vivait dans le quatrième siècle) étaient connus des Écossais et des hommes de lettres en Angleterre, avant que Macpherson les eût recueillis.

674. (1894) Propos de littérature « Chapitre Ier » pp. 11-22

Cet état d’enthousiasme où l’âme entend soudain le vivant tressaut d’elle-même est une des plus nobles attitudes de l’homme et tout être capable de comprendre la beauté a dû le connaître au moins une fois. […] un seul être est selon la vie ; sache le connaître : c’est celui qui renonce, et qui remet ses mains aux mains de son destin. […] Loin de penser comme ce poète, je voudrais affirmer, en théorie de l’Art, cette vérité : L’âme est en devenir vers elle-même ; à tous les stades de son épanouissement, le moi ne peut être connu que par ses phénomènes, les idées, qui évoluent selon la durée, et le regard direct ou la conscience des spiritualistes n’a pour objet qu’une synthèse d’idées, elle aussi mouvante : nous ne sommes pas les mêmes, au plus profond de nous, dans l’adolescence et dans la vieillesse ; ce n’est point comme on l’a dit le voile qui se déchire ou retombe en lourds plis, ce n’est pas la conscience qui s’obscurcit ou s’éclaire, — c’est notre âme qui s’est renouvelée. […] Or, l’homme tend avant tout à se connaître par sa projection dans la race qui continue son devenir, et c’est par sa projection dans l’œuvre que le moi tend à prendre conscience ; c’est en créant qu’il se crée.

675. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XV. La commedia dell’arte au temps de Molière et après lui (à partir de 1668) » pp. 293-309

Je sais qu’il connaissait parfaitement les anciens comiques ; mais enfin il a pris à notre théâtre ses premières idées. […] À la vérité, il a excellé dans ses portraits et je trouve ses comédies si pleines de sens, qu’on devrait les lire comme des instructions aux jeunes gens, pour leur faire connaître le monde tel qu’il est… » Il ne faut accueillir toutes ces assertions qu’avec beaucoup de réserve. […] Il est vraisemblable, avons-nous dit, qu’un canevas italien, intitulé Il Ritratto (le Portrait), très différent de celui des Gelosi qui porte le même titre, fut utile à Molière pour la composition du Cocu imaginaire, mais il est impossible de déterminer dans quelle mesure, le canevas primitif ne nous étant pas connu, et les Italiens ayant, à coup sûr, profité de ce qu’il y avait à leur convenance dans la pièce française. […] Étant allé un jour chez un fameux médecin pour le consulter sur la maladie noire dont il était attaqué, celui-ci, qui ne le connaissait pas, lui dit qu’il n’y avait d’autre remède pour lui que d’aller souvent rire aux bouffonneries d’Arlequin.

676. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVIII » pp. 305-318

C’est un plaisir que de l’entendre raisonner sur les horribles agitations d’un certain pays qu’elle connaît bien… (la cour)… c’est une plaisante chose que de l’entendre causer sur tout cela… Nous parlons très souvent de vous. […] Mais le ridicule d’étaler de la science ne pouvait être assez général pour être connu du public, pour le blesser et lui causer du plaisir sur la scène. […] Madame de Sévigné, qui connaissait Cottin et ne le méprisait pas, ne se serait pas réjouie d’entendre la lecture du rôle de Trissotin par Molière, si c’eut été Cottin que ce rôle représentât. […] Nommant des personnes de la cour et de la ville à qui je n’ai jamais parlé, que je ne connais point, peuvent-elles partir de moi ?

677. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Préface. de. la premiere édition. » pp. 1-22

Les Esprits qui ne jugent que par des impulsions étrangeres, qui n’estiment que sur parole, qui se laissent entraîner par la multitude, les ont regardés jusqu’à présent comme des Lumieres, des Génies, des Bienfaiteurs ; nous, qui les avons lus, connus & approfondis, nous les mettons à leur place, & faisons disparoître les trophées que l’inconsidération & la surprise avoient érigés en leur honneur. […] Pour peu qu’elle veuille réfléchir, nous n’aurons d’autre mérite auprès d’elle, que d’avoir résisté à l’illusion, & de dire courageusement ce que tout homme sage & éclairé a déjà connu & senti. […] L’amour de la Religion, de la Patrie, des Lettres & du Goût, a été notre unique motif : nous voudrions en être la victime, si vous deviez par-là achever de vous faire connoître ». […] Il n’en est pas de même de beaucoup d’Auteurs obscurs à qui nous avons consacré un article : notre but, en les ramenant sur la scene, a été de faire connoître le mérite de quelques-uns trop injustement oubliés.

678. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre XVII. Morale, Livres de Caractéres. » pp. 353-369

L’illustre Pascal est autant connu par ses Pensées que par ses Provinciales. […] Dans la foule de copies d’un original inimitable, il se trouve quelquefois de très-bons livres, nous ferons connoître les principaux. […] L’Abbé Terrasson, connu par son Sethos, laissa un ouvrage utile sous le titre de Philosophie applicable à tous les objets de l’esprit & de la raison. […] On a trouvé depuis environ cent ans un nouveau moyen de nous faire connoître nos ridicules ; c’est d’en mettre la satyre dans la bouche d’un étranger qu’on fait voyager en France.

679. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Le Christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet »

L’auteur d’ailleurs nous est connu. […] Qui en a étudié un seul dans le présent les connaît tous dans le passé, à quelque point qu’on veuille remonter dans la durée ; car pour ces peuples, routiniers jusque dans leurs révolutions, et qui font toujours les mêmes choses, aujourd’hui ressemble à hier, comme il doit ressembler à demain. […] Il connaît trop l’Asie pour s’y tromper. […] … De tous les peuples connus à qui le Christianisme ait offert sa coupe de rafraîchissement, de lumière et de paix, le peuple chinois est celui qui l’a le plus repoussée, le plus rejetée de ses lèvres, le plus renversée sur les mains des apôtres infatigables à la lui offrir !

680. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Deux diplomates »

… Il connaissait bien la nature humaine et son lâche penchant à tout oublier ! […] … En histoire, les résultats importent seuls, et l’Histoire les sait et les dit sans avoir besoin de connaître les infiniment petits moyens à l’aide desquels ils ont été obtenus, en supposant qu’on pût les dire, — ce qui n’est pas. […] III Qui, jusqu’à ce moment, connaissait, en effet, le comte Raczynski, à part la haute société de l’Europe à laquelle il appartenait ? […] Mais, malgré son mérite et peut-être à cause de son mérite, le livre était resté aristocratiquement inconnu… Et il en serait de même de la personne de son auteur sans la publication du comte Adhémar d’Antioche, qui a la prétention de le faire connaître.

681. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Révolution d’Angleterre »

Prenez, en effet, les événements, les péripéties, les grands chocs, les causes mystérieuses ou visibles, absolues ou secondaires, les empêchements, les choses, comme disent les esprits vagues, la fatalité des circonstances, comme disent les esprits hébétés, les idées, enfin, comme répètent à leur tour les mystiques brouillons d’un panthéisme confus, c’est-à-dire prenez tout ce qui constitue l’Histoire, et cherchez résolument si tout cela cache rien de plus, sous un mouvement gigantesque ou une ruine immense, que la toute petite créature qui s’appelle l’homme, que cette vieillerie du cœur humain dont le programme est toujours à reprendre et qu’on ne connaît jamais assez ! […] À part des jugements sur la légitimité de la Révolution anglaise que toutes les croyances de mon âme m’empêchent d’accepter, même de la main respectée de Guizot, nul, je dois en convenir, ne fera mieux connaître jusque dans ses détails cette Révolution d’Angleterre, de tous les événements humains celui peut-être qui a le plus influé sur l’ensemble de sa pensée, à lui, et la direction de sa vie. […] Du reste, ce n’est point dans les surprises d’un talent que l’Europe connaît et qui ne peut plus étonner personne, qu’il faut chercher la raison de l’intérêt de cet écrit de Guizot. […] L’immoralité individuelle, née de l’incrédulité philosophique qu’on ne connaissait pas en Angleterre de 1620 à 1693, s’est ajoutée en France à l’immoralité des partis.

682. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « IV. Saisset »

Qui a goûté du Proudhon, du Taine, du Renan, du Vacherot, les connaît, ces fruits germaniques cultivés par des mains françaises sur un sol français. […] je n’ai trouvé dans cet Essai de philosophie religieuse ni philosophie, ni religion, car le déisme n’est pas plus une religion que le spiritualisme n’est une philosophie, et le mot même d’essai n’est pas plus vrai que le reste avec sa modestie, car un essai suppose qu’on s’efforce à dire une chose neuve, et l’auteur en redit une vieille dont nous sommes blasés, tant nous la connaissons ! […] Ce sont des affirmations peu carrées et peu appuyées, mais rondes plutôt et glissantes, de ces inductions données cent fois par l’école cartésienne tout entière, cette école du moi qui n’a jamais su jeter de pont d’elle à Dieu, et dont l’auteur de l’Essai d’une philosophie religieuse a répété, sans les varier, les termes connus. […] Il reste de grands poëtes, fort curieux d’abord et ensuite assez fatigants à connaître, des poëtes étranges, les poëtes de l’abstraction bien plus que des découvreurs de vérités.

683. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XIV. M. Auguste Martin »

Martin et dont il entreprend l’histoire est bien la morale telle qu’on l’entend en Chine, cette morale athée qui charma, quand il la découvrit, tout le dix-huitième siècle, qui se connaissait à cette morale-là. […] Nous connaissons cette ancienne guitare. […] Puis, c’était aussi le droit de primogéniture, odieux partout, en Orient et en Occident (encore une vieille guitare connue !) […] En vain une femme, une Chinoise, la seule Chinoise bas bleu ou babouche bleue que l’on connaisse et qu’ait eue la Chine, la célèbre Pan-Hoeï-Pan, a eu une opinion contraire à celle de M. 

684. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Chastel, Doisy, Mézières »

Nul concurrent ne pouvait ou n’aurait osé s’y tromper… Des hommes si profondément littéraires, connaissaient trop l’histoire pour supposer que l’esprit de parti ou de secte la violât dans un travail qu’ils devaient juger et couronner. […] Nous ne connaissons que par les citations le travail de M.  […] Chastel connaît bien et qu’il cite avec un luxe que nous aimons, a détrempé sa pensée dans un baume fortifiant et doux. […] C’est ainsi que partout, dans le livre des Études sur la Chanté chrétienne, Notre-Seigneur Jésus-Christ n’est jamais appelé que « le plus grand des révélateurs », et que les miracles enseignés par l’Église sont regardés de cet œil tout ensemble défiant et superficiel que nous connaissons.

685. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Émile Augier, Louis Bouilhet, Reboul »

Le théâtre est le pays des illusions ; on a celle de la perspective ; on a le magique truchement de l’acteur quand il sait bien dire ; on aie métier, les rubriques du métier, qu’on y prend si souvent pour du talent et de l’invention, car on ne sait pas assez de quels trucs et de quelles vieilles surprises connues, et faisant toujours le même effet sur l’infatigable public, se composent la plupart des œuvres qu’on y applaudit. […] Cela rappelle trop le mot de Rivarol : « C’est là de la prose où les vers se sont mis.  » Et encore, nous connaissons beaucoup de proses d’un tissu plus serré, plus étincelant, plus ferme et plus souple que ces molles poésies sans articulation et sans relief. […] D’ailleurs, nous défierions bien Augier d’être autre chose que ce qu’il est, c’est-à-dire, en deux mots, invariablement et irrémissiblement, un poète de carton-pâte modelant en petit des sujets connus, je ne sais quel faux bellâtre sans physionomie sincère et profonde, — qui n’est pas plus la beauté d’un poète que la cire du cabinet de Curtius qui veut jouer la vie n’est un homme ! […] Indépendamment du génie très particulier, très vigoureux et très profond, qu’il fallait pour cela, il fallait de plus une aire d’observation proportionnée à ce genre de génie, c’est-à-dire une de ces vies naïves, primitives et fortes, que dans les villes on ne connaît plus.

686. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Corneille »

Ce n’était donc pas assez de celui que nous connaissions ? […] … Si c’était seulement un Corneille mieux connu, mieux éclairé, plus pénétré, plus sorti enfin de cette ombre dans laquelle les circonstances ont enveloppé la vie du grand Corneille pour faire contraste avec l’éclat de sa gloire, ne serait-ce pas plus modeste, moins clic-claquant et plus vrai ? […] Corneille, non pas l’inconnu, mais le connu et aussi le méconnu, car il l’a été souvent, ce grand homme, y est apprécié ce qu’il vaut au poids de son génie. […] — peut facilement supporter ; mais aimer quand la vieillesse est venue, quand le cœur, selon la loi vulgaire applicable aux créatures humaines, devrait être froidi et se sent jeune encore, par le fait de la loi d’exception qui s’applique aux créatures supérieures, c’est, à coup sûr, le malheur suprême, et Corneille, le sévère, le majestueux, le Romain Corneille, l’a connu !

687. (1891) Impressions de théâtre. Cinquième série

Quand l’enfant ne l’a jamais connu ? […] On vit fort bien sans se connaître soi-même, à plus forte raison sans être connu des autres. […] Vos concitoyens connaissent ma coutume. […] Car je crois connaître son Anna. […] Et cette oiselle d’amour s’y connaît.

688. (1885) Le romantisme des classiques (4e éd.)

Voilà d’où Guillem de Castro d’abord, et Corneille après lui, ont tiré la belle scène que vous connaissez. […] C’est en effet parce que Molière l’aura fait connaître à l’Europe que Mozart, à son tour, la prendra pour sujet de son chef-d’œuvre. […] Sylvie De grâce, Lygdamon, faites-le-moi connaître. […] Géronte, père de Dorante, a formé le dessein de lui faire épouser Clarice, que celui-ci ne connaît point. […] Elle n’a que des détails brillants. — La préface en est bien curieuse ; elle débute ainsi : « Le nom d’Attila est assez connu ; mais tout le monde n’en connaît pas tout le caractère.

689. (1859) Moralistes des seizième et dix-septième siècles

Serait-ce connaître l’homme que de dire : L’homme ne peut se connaître ? Le connaît-on en le réduisant à l’absurde ? […] qui la connaît, à moins de connaître notre origine ? […] L’âme connaît mieux parce qu’elle sent mieux. […] Si Abraham et les patriarches ne connaissaient pas Jésus-Christ de la manière dont nous le connaissons, ils le connaissaient en espérance ; Jésus-Christ était l’esprit même de la promesse faite à Adam, et confirmée de plus en plus dans une des lignées de ses descendants.

690. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « François Villon, sa vie et ses œuvres, par M. Antoine Campaux » pp. 279-302

Campaux, que celle de se transporter en pensée à sa dernière heure, et là, de son lit de mort, d’exhaler son âme en confessions, en adieux et en legs à tous ceux qu’il a aimés et connus. […] Au train qu’il menait jour et nuit, on devinerait, si on ne le savait de reste, qu’il eut souvent affaire aux gens du roi : il connut le Châtelet, peut-être la Bastille. — Un tel écolier, croisé de bandit, avait-il eu le temps d’acquérir un grade académique ? […] Faut-il croire qu’en passant à Blois il y connut Charles d’Orléans, et qu’il fut accueilli un moment à la cour de cet aimable prince, son rival et son associé en renom dans l’avenir ? […] L’innocence des champs, il faut le dire aussi, devait peu sourire aux goûts qu’on lui connaît ; il ne la pouvait souffrir par les mêmes raisons que le fermier d’Horace. […] En un mot, le jeune homme aura connu assez Villon pour l’admirer encore plus, et il l’aura fréquenté assez peu pour continuer de l’estimer et de l’aimer.

691. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo en 1831 »

Notre admiration bien connue pour ses ouvrages nous dispense et nous interdit presque de l’aborder uniquement de ce dernier côté. […] L’incertitude planant sur les premières années d’un grand homme semblera peut-être à certaines gens plus poétique : pour moi, je ne vois pas ce que perdraient Corneille et Molière à ce que leurs commencements fussent mieux connus. […] Ils passent, et le monde Ne connaît rien d’eux que leur voix. […] Louis XVIII, après l’avoir lue, avait dit : « Je connais ce jeune homme ; il se conduit en ceci avec honneur : je lui donne la prochaine pension qui vaquera. » La lettre, recachetée par les suppôts de police, n’était pas moins arrivée à madame Delon, qui aurait pu donner dans le guet-apens. […] L’autre public, le vrai, le définitif, et aussi le plus lent à émouvoir, se dégrossissait durant ce temps, et il en était encore aux quolibets avec nos poètes, ou, qui mieux est, à ne pas même les connaître de nom, que déjà ceux-ci avaient une gloire.

692. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ULRIC GUTTINGUER. — Arthur, roman ; 1836. — » pp. 397-422

Je ne sais si l’on parla beaucoup de ces vers, mais le poëte, mais son âme, encore plus que ses écrits, était connue et goûtée des maîtres. […] Il me fit surtout l’effet, quand je le connus, de l’homme sensible (the man of feeling), égaré dans les voies romanesques, pratiquant l’élégie et en ayant tous les accents : Du besoin du passé notre âme est poursuivie, Et sur les pas du temps l’homme aime à revenir. […] Voici toujours les lieux, les places trop connues, Et l’ombre comme hier flottant dans ce chemin. […] » Pour achever ces indiscrétions sur l’auteur d’Arthur, je dirai que, si celui de Volupté l’avait connu, il semblerait avoir songé à lui expressément dans le portrait de l’ami de Normandie. […] Depuis que j en connaissais l’habitante, ces souvenirs m’avaient repris avec plus de vivacité, et, la veille du fortuné dimanche, ils ne me laissèrent pas un moment de cesse que je n’eusse écrit les vers suivants : Eh quoi ?

693. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DE BARANTE. » pp. 31-61

On n’a qu’une manière encore d’en parler avec quelque à-propos, c’est de les bien connaître. […] Claude-Ignace Brugière (ou Breugière) de Barante, bisaïeul de notre contemporain, était venu jeune à Paris, y avait connu Valincourt, l’ami de Boileau, et aussi Le Sage et Fuzelier, cette arrière-garde légère du grand siècle, ce qui ne l’empêcha pas de retourner vivre chez lui en excellent avocat. […] L’un voulait commander l’avenir, l’autre se borne à connaître les hommes. » Pronostic si plein de sagacité et de sens ! […] S’attachant à des époques lointaines, peu connues, réputées assez ingrates, traduisant de sèches chroniques avec génie, il devait serrer tout cela de si près et percer si avant, qu’il en tirerait couleur, vie et lumière. […] Nous noterons pourtant une charmante petite nouvelle de la famille d’Ourika et du Lépreux, intitulée Sœur Marguerite ; échappée à la plume de notre ambassadeur à Turin, en 1834, elle a témoigné de cette délicate variété de goût qu’on lui connaissait, et de cette jeunesse conservée de cœur.

694. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Pierre Corneille »

Lorsqu’on ne commence à connaître un grand homme que dans le fort de sa gloire, on ne s’imagine pas qu’il ait jamais pu s’en passer, et la chose nous paraît si simple, que souvent on ne s’inquiète pas le moins du monde de s’expliquer comment cela est advenu ; de même que, lorsqu’on le connaît dès l’abord et avant son éclat, on ne soupçonne pas d’ordinaire ce qu’il devra être un jour : on vit auprès de lui sans songer à le regarder, et l’on néglige sur son compte ce qu’il importerait le plus d’en savoir. […] Parfaitement belle et spirituelle, connue de Corneille depuis l’enfance, il ne paraît pas qu’elle ait jamais répondu à son amour respectueux autrement que par une indulgente amitié. […] Dans les diverses pièces qu’il composa en cet espace de cinq années, Corneille s’attacha à connaître à fond les habitudes du théâtre et à consulter le goût du public ; nous n’essaierons pas de le suivre dans ces tâtonnements. […] Corneille, en tête d’Horace, dit qu’il a l’honneur d’être à Son Éminence ; c’est ainsi que M. de Ballesdens de l’Académie avait l’honneur d’être à M. le Chancelier ; c’est ainsi qu’Attale dit à la reine Laodice, en parlant de Nicomède qu’il ne connaît pas : Cet homme est-il à vous ? […] On sent que Corneille connaissait peu les femmes.

695. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre III. L’Histoire »

La chronique de Villehardouin n’est pas une histoire, ce sont des Mémoires : l’homme s’y peint, mais aussi, en regardant l’homme, on connaît le livre. […] Aussi ce soldat « qui ne mentit jamais », est-il souvent à demi sincère : il sait l’art de ne pas faire connaître la vérité sans rien articuler de faux. […] Il a connu l’homme, et son temps, et sa race, le jour où il a mis en avant cette grande raison, l’honneur, la fidélité au parti, la solidarité des compagnons d’armes. […] Faits passés, depuis le commencement du monde, faits contemporains, jusqu’aux extrémités de la terre alors connue, on veut tout savoir, il se rencontre des gens pour tout écrire. […] Il prend au sérieux la croisade et son voeu : d’abord connue un engagement de vie pure et chrétienne.

696. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIII. Retour de Molière à Paris » pp. 225-264

La prudence de Virginia le rassure ; elle joue très bien son rôle : le jour elle fait semblant de ne point le connaître ; la nuit elle use de toute sorte de précautions pour le faire entrer chez elle, et, pour qu’on ne les découvre point, n’allume point de lumière. […] Scène de concetti, où Lelio peint son amour à Fabio en feignant de connaître une dame qui l’aime tendrement. […] Pandolfo, qui connaît les habits de sa fille, est convaincu que c’est Virginia elle-même ; il appelle son fils, pour lui faire partager sa colère. […] On ne connaît pas d’autre témoignage de cette particularité remarquable, et celui de Villiers n’a point, sans doute, une autorité indiscutable ; mais il ne laisse pas d’être très formel. […] Don Garcia de Navarra, que nous ne connaissons pas, et auquel Molière, du reste, n’aurait recouru que pour le nom du principal personnage, car toute sa comédie est dans la comédie italienne.

697. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les poètes décadents » pp. 63-99

C’est d’ailleurs ce sentiment qui m’a dicté le sonnet que vous connaissez : Je suis l’Empire à la fin de la décadence. […] Baju était accompagné ce jour-là de Maurice du Plessys, que je ne connaissais pas davantage. […] J’ai connu le plan d’une étude sur la langue de Racine. […] Sa vie peu connue restait enveloppée de légendes. […] Rien ne ressemblait moins à sa manière, sauf peut-être les deux quatrains du dernier sonnet, mais les falsificateurs avaient beau jeu, puisque, un petit lot de lettrés mis à part, Rimbaud n’était encore connu que de nom.

698. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Biographie de Camille Desmoulins, par M. Éd. Fleury. (1850.) » pp. 98-122

« Vous connaissez mieux que moi les principes, lui disait un jour Mirabeau en le flattant, mais je connais mieux les hommes11. » Danton fit comme Mirabeau, il mit la main sur le jeune homme et le tint jusqu’à la fin sous son ascendant. […] Puis, affichant nettement sa théorie subversive de tout pouvoir constitué, il ajoute : « On connaît mon profond respect pour les saints décrets de l’Assemblée nationale ; je ne parle si librement de celui-ci que parce que je ne le regarde pas comme un décret. » Ainsi, dans les décrets de l’Assemblée il se réserve de choisir ceux qui ‘lui conviennent, et de considérer les autres comme non avenus, sous prétexte qu’ils ont été votés par une majorité formée de membres du clergé et de la noblesse, plus nombreux dans l’Assemblée qu’ils ne devraient, l’être. […] Je consultai ensuite mes amis, et leur demandai si je devais lui répondre pour confondre ses inepties, le faire rougir de son insigne mauvaise foi, et détruire, autant que je pourrais, le venin dont son nouvel écrit est rempli : ils m’observèrent tout d’une voix que lorsqu’un auteur tronque ou falsifie tout ce qu’il cite, en dénature le sens, vous prête des intentions qu’il est évident que vous n’avez point eues, un homme d’honneur ne doit point lui répondre, parce qu’il est au-dessous d’un homme d’honneur de prendre la plume contre un homme à qui l’on ne peut répondre que par des démentis ; que vouloir le faire rougir est une entreprise folle qui passe tout pouvoir humain ; que détruire ses discours, est inutile, parce que cet homme est trop connu pour être dangereux ; que, même dans ce qu’il appelle son parti, il ne passe que pour un bouffon, quelquefois assez divertissant, et qu’il serait difficilement méprisé par personne plus qu’il ne l’est par ses amis, car ses amis le connaissent mieux que personne. […] Quand on ne connaît que de réputation ce pamphlet célèbre et qu’on se met à le lire, on a besoin de quelque réflexion pour s’apercevoir que c’est là un retour au bon sens, aux idées de modération et de justice. […] L’enfant gamin que nous connaissons, le drôle à imagination effrénée et libertine, revient se jouer jusqu’au milieu de l’émotion.

699. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « L’abbé Maury. Essai sur l’éloquence de la chaire. (Collection Lefèvre.) » pp. 263-286

J’ai donc eu l’idée, en m’aidant de conversations avec des hommes sages qui l’ont connu, de tirer à clair mes obscurités sur son compte, et j’exposerai naturellement le résultat de ma curiosité. Il ne saurait être indifférent de connaître de près celui qui fut l’antagoniste et qui passa pour le rival de Mirabeau. […] Un Éloge de Fénelon qu’il envoya à l’Académie en 1771, et qui obtint l’accessit, commença enfin à le faire connaître. […] La religion chrétienne, qui n’était d’abord que celle qui connaît seule l’art de consoler, deviendra de plus celle qui n’abuse jamais l’homme. […] Avec le peuple, avec la populace du dehors qui, une fois qu’elle l’eut bien connu, le menaçait encore moins qu’elle ne l’agaçait et le provoquait, l’abbé Maury avait le propos également gai, gaillard et même poissard.

700. (1860) Ceci n’est pas un livre « Hors barrières » pp. 241-298

Mais ce sourire cache bien des désillusions ; car, ses saluts, on ne les lui rend pas ; — car les gentilshommes qu’il encense à coups de chapeau ne le connaissent point. […] Connaître l’histoire de tous les blasons qui fleurissent les panneaux des équipages dont les roues l’éclaboussent en passant, et n’avoir pas même une chevalière armoriée au doigt ! […] 1º Jouvin n’est pas un pseudonyme, c’est un nom ; 2º je connais M.  […] Personne ne le connaissait. […] Ce procédé est bien usé aujourd’hui, — si usé que je ne connais rien de plus agaçant….

701. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre X. Première partie. Théorie de la parole » pp. 268-299

Dieu se donna à lui-même un nom pour que l’homme connût le nom de Dieu. […] Le type des idées et des sentiments de l’homme repose dans le langage qui lui a été donné par Dieu même ; et il connaît ses rapports avec Dieu et avec ses semblables par la parole. […] Les bornes des sens de l’homme, pour voir l’univers ; de son intelligence, pour en connaître les lois ; de ses facultés, pour en juger l’ensemble : telles sont les limites de la parole, considérée comme expression de l’intelligence ou de la pensée. […] Dieu a révélé à l’homme par la parole tout ce qu’il doit savoir et connaître, aimer et craindre. […] Une idée sublime, appartenant à d’anciennes traditions répandues dans le monde, quoiqu’elles n’y fussent pas universellement connues, avait choisi pour asile, parmi les doctrines païennes, le platonisme.

702. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Révolution française »

Enfin, par cela même qu’il a abaissé tous les niveaux connus de l’histoire de la Révolution, l’auteur de l’Histoire des Causes a déplacé toutes les idées acceptées par l’opinion depuis tant d’années, il a repris en sous-œuvre l’éducation publique à cet égard, et a poussé dans l’avenir sa traînée de lumière. […] Je ne connais rien de plus frappant et de plus curieusement renseigné que ce chapitre, qui fait tomber, devant des notions qu’on avait oubliées ou qu’on n’avait jamais sues, une opinion largement assise dans tous les esprits. […] Lisez, en effet, tous les livres composés, de 1830 à 1850, sur des sujets historiques, par les esprits les plus divers ; et voyez si, dans la plupart, le panthéisme ne réduit pas, plus ou moins, le jeu de la personnalité humaine au sein des luttes de ce monde, pour enrichir de tout ce qu’il prend à cette personnalité la vague notion de force des choses que le matérialisme connaissait bien un peu avant Hegel, mais que le panthéisme, qui a grandi et complété toutes les erreurs du matérialisme, a grandie aussi, comme les autres. […] En effet, rien de moins connu et pourtant de plus certain que les renseignements mis en lumière par Granier de Cassagnac sur les pères de la Révolution française Comme on n’invente rien en histoire, Cassagnac les a trouvés où ils étaient. […] Aussi, dans toutes ces figures qui nous semblaient si familières et qu’il fait passer devant nous, trouvons-nous des physionomies que nous ne connaissions qu’à moitié et dont le trait principal s’était perdu dans une lumière plus trompeuse que l’ombre.

703. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVIII. Des obstacles qui avaient retardé l’éloquence parmi nous ; de sa renaissance, de sa marche et de ses progrès. »

Duperron, un de nos premiers orateurs, et qui passa pour un homme de génie, ne la connut pas. […] Ceux qui commencent à cultiver un art, ne s’en font jamais une idée bien nette : ils connaissent mieux le but que les moyens, et en voulant l’atteindre, ils le passent. […] La littérature espagnole, qui était alors très connue en France, dut contribuer encore à nous donner une fausse grandeur. […] Peu à peu le caractère de notre langue fut connu. […] Les siècles avaient formé la langue ; son caractère était connu ; sa marche était fixée.

704. (1874) Portraits contemporains : littérateurs, peintres, sculpteurs, artistes dramatiques

Je ne savais pas un mot d’allemand, je ne connaissais pas la monnaie du pays. […] Nous ne connaissons rien de plus enivrant que ce début. […] Bouilhet, parce qu’elle est moins connue. […] Mais il fallait les bien connaître tous les deux pour saisir cette nuance. […] Ils ont leur beauté propre, connue des seuls poètes et des fins artistes.

705. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Alfred de Vigny. »

D… avait le bonheur de vous voir souvent : il connaît aussi M. de Vigny et je présume qu’en ce moment il vous a déjà amené le poète-guerrier. […] Vous la connaissez et vous l’entendez me raconter naïvement son cœur. […] « Il est malade, me disait un jour quelqu’un qui le connaissait bien, de la maladie des perles. […] Si cette occasion pouvait me procurer l’honneur de vous connaître, j’en serais bien flatté ; je l’ai désiré bien des fois quand j’étais heureux. […] » — Et enfin, à la date du 11 novembre : « Vous connaissez sans doute le Satan de M. de Vigny.

706. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (2e partie) » pp. 5-80

Parent de la femme de Lucien par ma mère, j’ai eu moi-même l’occasion de connaître cette femme, que son mari avait préférée à un sceptre. Ceux de ses enfants que j’ai connus par elle avaient une empreinte de son énergie : Romains, Corses, Toscans, natures granitiques. […] Je ne l’ai jamais connue, mais je l’ai entrevue quelquefois dans ses promenades en voiture sous les pins parasols, à travers les statues, moins belles qu’elle, des jardins Borghèse. […] Je les connaissais de vieille date. […] Une correspondance fréquente, et dont on ne connaît pas les termes, existait entre la princesse et lui.

707. (1890) L’avenir de la science « XV » pp. 296-320

Il croit plus au possible, parce qu’il connaît moins le réel. […] En général, les Grecs ne connaissaient pas les beautés de plan, et c’est bien gratuitement que nous leur en faisons honneur. […] Comment comprendre par exemple la beauté d’Homère sans être savant, sans connaître l’antique, sans avoir le sens du primitif ? […] Un innombrable essaim de doctes philologues a complètement réformé en Allemagne l’exégèse biblique, sans que la France connaisse encore le premier mot de leurs travaux. […] Le XVIIe siècle n’a pas connu la critique, parce que la comparaison des faces diverses de l’esprit humain lui était impossible.

708. (1857) Cours familier de littérature. IV « XIXe entretien. Littérature légère. Alfred de Musset (suite) » pp. 1-80

qui ne vous connaît pas ? […] que je me reproche cruellement aujourd’hui de n’avoir pas connu le cœur d’où coulaient de pareils vers, moi vivant ! […] J’ai connu, jeune encor, de sévères souffrances ; J’ai vu verdir les bois, et j’ai tenté d’aimer. […] Voici par quel hasard je ne connus pas ces vers, je n’y répondis pas et je parus dur de cœur, quand je n’étais qu’emporté et distrait par le tourbillon des affaires. […] que ne l’ai-je connu plus tôt !

709. (1884) Articles. Revue des deux mondes

On connaît la fameuse théorie de Cousin. […] Elle est peu connue et probablement assez faible. […] A elle seule, elle ne peut que faire sortir le même du même ; les lois en sont d’ailleurs encore trop peu connues pour qu’on puisse asseoir sur elles aucune théorie. […] Au dire de Pline, le conquérant aurait mis à la disposition du philosophe quelques milliers d’hommes chargés de lui rapporter de toutes les parties du monde connu tous les documens possibles intéressant l’histoire naturelle. […] «  Hérophile, ce médecin, ou plutôt ce boucher, qui ouvrit nombre de gens pour surprendre les secrets de la nature, qui se fit l’ennemi de l’homme pour le connaître ; et encore en connut-il bien toutes les parties intérieures ?

710. (1903) La renaissance classique pp. -

Il s’est déjà fait connaître par un précédent recueil, par des fragments en vers et en prose parus en différentes revues. […] On connaît leurs tristes héros, dont la lignée moribonde s’est propagée jusqu’à nous. […] Elle ne sait point sa malfaisance, pas plus qu’elle ne connaît ses bienfaits. […] Bornons-nous d’abord à connaître seulement les chefs-d’œuvre qui composent la tradition gréco-latine. […] Si l’Église militante est sujette à des défaites et même à des éclipses momentanées, l’Église triomphante ne connaît ni la diminution ni la mort.

711. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — II. (Fin.) » pp. 361-379

Interrogé par Voltaire en 1776 sur la valeur de l’opinion énoncée au tome Ier de l’Histoire de l’astronomie, il répondait : « Le rêve de Bailly sur ce peuple ancien qui nous a tout appris, excepté son nom et son existence, me paraît un des plus creux qu’on ait jamais eus ; mais cela est bon à faire des phrases, comme d’autres idées creuses que nous connaissons et qui font dire qu’on est sublime. » D’Alembert aigre, exact et sec, détestait Buffon et n’épargnait point Bailly qu’il considérait alors comme un satellite du grand naturaliste pour les systèmes. […] Dès les premières séances, Bailly, qui se croyait peu connu dans cette assemblée des électeurs du tiers état, y est nommé secrétaire. […] Mais combien il est vrai qu’il connaissait peu les hommes et qu’il n’avait pas le talent de démêler, de saisir avec rapidité ceux qui cachaient des trames et des arrière-pensées suspectes ! […] Quelque jour on connaîtra, on dira le génie infernal et le bailleur de fonds. » Hélas ! […] Un petit écrit d’un genre bien différent m’est tombé entre les mains70 et nous ramène au Bailly bon, juste, honnête, sensible et lettré, tel que nous le connaissons.

712. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — I » pp. 298-315

Quelques vieux papiers retrouvés, et qui souvent, si on les lit bien (mais rien n’est plus difficile que de bien lire, surtout ce qui n’est pas imprimé), n’en apprennent pas plus que ce qui est connu déjà ; quelques documents inédits qui, dans tous les cas, doivent se combiner avec les notions déjà certaines et acquises, sont des prétextes à bouleversement ; on casse les jugements reçus, on refait des réputations à neuf ; chacun embouche des trompettes pour la découverte qu’il veut avoir faite, et, dans l’empressement de réussir, volontiers on accorde tout à son voisin pour qu’en retour il vous accorde tout à vous-même. […] Faut-il leur citer un de leurs auteurs, leur grand chef politique, Rohan, qui leur dit : « Nous sommes si insensibles à notre félicité, que nous ne la connaissons que quand elle est passée. […] Il y aura moins de violence peut-être aux nouvelles factions, mais aussi plus d’art et de corruption malicieuse : « Le temps passé a fait connaître beaucoup de défauts, dont ceux de ce siècle feront leur profit. […] L’expérience nous fera connaître en peu de temps le sujet légitime que nous avons de le pleurer et regretter. […] On voit quel rôle jouait en ce temps-là l’envie, « ce vice lâche en soi, et néanmoins assez connu parmi les hommes », qui fait que « souvent on se fâche plus du bien et des honneurs que le compagnon possède que de ce qu’on n’en jouit pas soi-même », vice d’autrefois et qui semble presque supprimé aujourd’hui, tant nos beaux esprits et nos éloquents parleurs se sont fait une loi et une habitude (à laquelle ils ont peut-être fini par croire) de complimenter à outrance, d’encenser en plein nez la nature humaine.

713. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Œuvres complètes d’Hyppolyte Rigault avec notice de M. Saint-Marc Girardin. »

., tous noms justement estimés dans le monde universitaire, et quelques-uns bien connus dans le monde des académies. […] Nous sommes obligés de connaître Rome, comme des petits-fils de connaître leur vieille mère. » Il montrait que ce n’est pas tant à l’Université qu’il faut s’en prendre des maladies morales de la jeunesse qu’aux familles elles-mêmes, à l’esprit public et à l’air vicié du dehors, à la littérature enfin ; et faisant allusion à la grande plaie, selon lui régnante, au roman, il appelait de ses vœux un roman pareil à Don Quichotte, c’est-à-dire qui mît à la raison tous les mauvais romans du jour ou de la veille, et en sens inverse de Don Quichotte ; car, en ce temps-là, c’était la chevalerie, avec sa fausse exaltation idéale, qui était la maladie à la mode, et du nôtre c’est le contraire : « c’est le goût du bien-être personnel, c’est l’amour des jouissances positives, c’est l’égoïsme, c’est Sancho, en un mot, et non pas Don Quichotte. […] J’en connais beaucoup d’entre vous qui ne traduiraient pas le Criton et qui ont pourtant leurs dents de sagesse… » Il est impossible de broder plus joliment le thème scolastique, d’y semer plus d’agrément dans le détail ; vous aurez remarqué ces dents de sagesse opposées aux dents de lait, ces rayons gratuits de la lune. Partout il en est ainsi ; l’élégance et l’ornement y sont continus ; pas un moment de relâche, pas un interstice : c’est un tissu où on ne laisse passer aucune occasion de mettre une fleur, épithètes, appositions ingénieuses, allusions à des passages connus, etc. […] Sans originalité native, sans besoin d’invention pour son compte ni chez autrui, plus jaloux de maintenir le goût que de découvrir les talents nouveaux, et enclin même à railler outre mesure les essais qui ne rentraient pas dans les formes connues, il était habile et ferme sur la défensive, prompt à châtier quiconque chassait sans permission sur les terres du domaine classique.

714. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire (suite) »

Serai-je donc encore trompé, moi qui le fus jusqu’au moment où je vous ai connu tous deux ? […] le plus honnête homme et le plus vertueux qu’il connût, « l’homme le plus près de sa conscience. […] En connaissez-vous quelqu’un de cette espèce ?  […] Je ne cherche à connaître ni la nature trop vaste pour ma courte durée et ma faible vue, ni les hommes trop remuants et trop impénétrables pour un être qui ne tend qu’au repos. […] Il n’arriva à le bien connaître que peu à peu et par degrés.

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