/ 3655
1101. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Michelet »

Le livre de Michelet nous a rappelé, en effet, certains traités que les casuistes catholiques avaient la prudence d’écrire en latin, — une langue fermée, — pour n’être entendus que du prêtre comme eux, du prêtre qui doit tout connaître de la misère de l’homme et de son péché. […] Les maîtres de certains cafés, de certaines maisons connues, — (pudiquement dit : bravo !)  […] pour ces cafetiers infortunés dont il était la ruine (ils ont tous fait faillite depuis), pour ces certaines maisons connues, il se dit : « Je leur ferai tôt ou tard un don. […] les cafetiers n’en fermeraient probablement pas une seconde fois leurs boutiques, et certaines maisons connues n’en seraient pas abandonnées pour le domicile conjugal, mais il serait lu et il aurait son influence, et il infiltrerait d’un poison de plus les esprits déjà infiltrés de tant de corruptions contemporaines ! […] Or, si les idées de Maury ont une valeur quelconque, elles ne l’ont qu’en vertu de certains faits et de certains raisonnements que je voudrais connaître, et je lirai bien Maury sans Michelet, qui n’y ajoute point et qui ne le juge pas ; qui s’en tient aux résultats et aux nouvelles.

1102. (1929) Les livres du Temps. Deuxième série pp. 2-509

L’étendue des choses à connaître est immense. […] Vous connaissez ce cliché : « A quoi bon tant de commentaires ? […] La coquette est un caractère connu, dont il n’y a rien à dire. […] On connaît l’enthousiasme de M.  […] Que nous souhaiterions d’en connaître quelques-unes !

1103. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre quatrième. Éléments sensitifs et appétitifs des opérations intellectuelles — Chapitre deuxième. Les opérations intellectuelles. — Leur rapport à l’appétition et à la motion. »

De même, ce n’est pas en comparant l’idée d’un moi abstrait sans existence et l’idée d’une existence abstraite sans moi, que je connais mon existence ; elle m’est donnée dans la conscience immédiate. […] Si cette intuition du cheval ailé imaginaire parvenait à se réfléchir sur elle-même et à se connaître, elle deviendrait affirmation de soi ; et si les motions corrélatives s’ensuivaient, l’affirmation de l’objet comme réel se traduirait en actes. […] La tendance à projeter dans l’avenir les similitudes observées dans le passé naît donc bien, comme nous l’avons dit, de l’absence de toute dissimilitude à nous connue dans les cas à venir ; elle n’est qu’une continuation et un prolongement naturel des ressemblances observées. […] Tous les hommes connus sont morts ; Deuxième terme : Absence de faits négatifs. […] On avait donc une loi, on avait même une loi nécessaire au sens empirique du mot ; mais on n’avait pas une loi logiquement nécessaire et on ne connaissait pas la vraie raison logique du phénomène.

1104. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIe Entretien. Le 16 juillet 1857, ou œuvres et caractère de Béranger » pp. 161-252

Béranger y avait connu Laujon, Désaugiers, et tous les maîtres de la gaie science. […] Béranger ne connaissait pas les paysans, moi je ne connaissais pas les prolétaires des villes avant 1848 ; j’avais chanté des idylles, il devait chanter des couplets. […] J’ai connu les deux personnages vieillis de ce drame de jeunesse et d’amour. […] À défaut de mes traits tu connais mon histoire ? […] Je ne vous connais pas !

1105. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VII : Instinct »

On pourrait encore faire ressortir d’autres points de ressemblance entre l’instinct et l’habitude : comme on répète une chanson bien connue, de même une action instinctive en suit une autre avec une sorte de régularité rythmique. […] Il est de toute évidence que les plus merveilleux instincts que nous connaissions, tels que ceux de l’Abeille domestique et de beaucoup de Fourmis, ne peuvent s’être développés ainsi exclusivement par habitude héréditaire. […] Or, on sait que ces deux derniers surtout sont généralement et bien justement considérés par tous les naturalistes comme les plus merveilleux de tous les actes instinctifs que l’on connaisse. […] Mais rappelons-nous d’abord que nous connaissons d’innombrables exemples, à l’état domestique et à l’état de nature, de différences de structure corrélatives, soit à certaines phases de la vie de l’individu, soit à l’un ou à l’autre sexe. […] D’ailleurs, c’est un fait connu de tous qu’en hiver on est souvent obligé de nourrir artificiellement des Abeilles avec du sucre, ou autres substances sucrées.

1106. (1936) Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours pp. -564

Elles sont amenées par l’exil et l’épreuve à réviser leurs valeurs, et à en connaître ou à en créer d’autres. […] Entre les fragments retrouvés, le dialogue du Souper de Beaucaire en est le morceau le plus connu. […] Il manqua toujours aux Necker et à leur descendance de bien connaître les Français. […] C’est ce Constant qu’a connu son époque, celui dont les écrits et les discours constituèrent une place forte du libéralisme. […] Le lecteur et la lectrice de 1820 restent ainsi dans une famille et un climat connus.

1107. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Eugène Gandar »

Rinn, ce savant latiniste, cet homme du devoir, qui ne voulut jamais être qu’un professeur et qui a imprimé de lui une estime si marquée chez tous ceux qui le connurent. […] Je connais peu de jeunes gens dont on puisse faire avec assurance une telle prédiction ; la plupart sont si légers ! […] Ozanam me dit : “Si vous voulez connaître la Grèce, étudiez la Sicile : Catane sous son volcan, Taormine avec son théâtre, Selinonte avec ses ruines pittoresques, Ségeste, Syracuse, Agrigente, feront revivre à vos yeux la Grèce, mieux que la Grèce elle-même. […] Cela m’a fourni l’occasion de revoir les illustres qui connaissaient déjà ma figure, et aussi quelques-uns de ceux que je n’avais pas encore osé aborder. […] Jacquinet était nommé dans le Journal de Gandar, faire appel de plus près à ses souvenirs, et voici sa réponse toute concordante : « J’ai connu en effet, dès le temps où il était élève de l’École, le regretté M. 

1108. (1829) Tableau de la littérature du moyen âge pp. 1-332

La date précise du changement, je ne la connais pas. […] Elle l’a connue et quittée. […] Rien de plus connu que ce fait historique. […] Il connaissait bien les lettres ; et, pour écrire, personne ne pouvait l’égaler. […] Le Dante avait beaucoup étudié les anciens, et en connaissait un grand nombre.

1109. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxiiie entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff »

— Et toi, tu la connais depuis longtemps ? […]Connaissais-tu le laquais Pétrouchka ? […] je vous connais ! […] — Je vous connais. […] Je connaissais le moyen de lui faire passer quelques instants agréables.

1110. (1898) Émile Zola devant les jeunes (articles de La Plume) pp. 106-203

On connaît notre conception du poète. […] Je ne connais rien de plus terrible, dans l’existence intellectuelle, que cette perplexité dans laquelle nous sommes plongés. […] Je suis certain que les grands poètes des anciens âges n’en connurent point d’autres. […] Je ne connais que lui qui possède à ce degré la passion de la symétrie. […] Pierre Vaux, Cyvoct, les frères Rorique, connaissez-vous ces noms ?

1111. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 121-125

Cette méthode est certainement la meilleure ; & pourquoi chercher des routes nouvelles, quand on peut marcher avec aisance & avec sûreté dans un chemin depuis long-temps connu pour conduire à la perfection ? […] Mais ces défauts sont aussi aisés à corriger, que faciles à connoître.

1112. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre II. De l’Allégorie. »

Nous aurons même cet avantage, que notre Dieu n’agira pas injustement et au hasard, comme Jupiter : il répandra les flots de la douleur sur la tête des mortels, non par caprice, mais pour une fin à lui seul connue. […] Or, chez les autres peuples idolâtres, qui ont ignoré le système mythologique, cette poésie a plus ou moins été connue : c’est ce que prouvent les poèmes Sanskrits, les contes Arabes, les Edda, les chansons des Nègres et des Sauvages60.

1113. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « La poésie »

Nous avons regretté pourtant de trouver au premier rang des détracteurs un prélat, homme d’esprit, autrefois bien connu dans la capitale, dans la rue du Bac et aux environs, non point pour ses sermons ni précisément par sa grande éloquence, mais pour l’onction, la modération et la morale de ses prônes ou instructions familières, l’abbé Le Courtier. Devenu évêque, et absent depuis bien des années, il s’est empressé de se déclarer un peu vite et un peu à l’étourdie vraiment (si un tel mot est permis à l’égard de ces graves personnages) contre une institution qu’il ne connaissait pas encore. […] Paul Albert, quand je pense à tout ce que j’y trouve de connu déjà et aussi de neuf, d’exact et de tout récemment démontré (car l’histoire littéraire est en marche, et elle avance sans cesse), je ne puis m’empêcher de m’écrier : Heureuses les jeunes filles d’aujourd’hui !

1114. (1874) Premiers lundis. Tome I « Ferdinand Denis »

En même temps que des chroniques et des mémoires sans nombre jettent chaque jour des clartés nouvelles sur notre histoire passée ou contemporaine, notre curiosité, dont les besoins s’accroissent, se transporte au-delà des mers vers des nations encore mal connues, et s’enquiert aux voyageurs de ces grandes contrées du monde, réclamant d’eux du vrai et du nouveau, et accueillant avidement leurs récits. […] Le premier épisode nous fait connaître la tribu brésilienne des Machakalis. […] Si la beauté confie à la colombe messagère le secret qu’elle n’oserait révéler à ses austères gardiens, il ajoute : « Prête à voir l’oiseau charmant s’élever dans les airs, en emportant les vœux de sa tendresse, elle voudrait le retenir, comme on retient un aveu qui va s’échapper. » S’il parle des bouquets mystérieux qui racontent et les tendres inquiétudes et les douces espérances d’une jeune captive : « Messager, dit-il, plus discret que notre écriture, maintenant si connue, son parfum est déjà un langage, ses couleurs sont une idée. » L’ouvrage dont nous venons de rendre compte est suivi d’une espèce de nouvelle historique sur la vie du Camoëns.

1115. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Marcel Prévost et Paul Margueritte »

Ce qui me désole, ce qui fait que je n’ouvre presque jamais sans ennui ni défiance les romans qui m’arrivent par paquets, c’est que je suis toujours sûr d’y trouver des parties entières que je connais d’avance, des développements qui peuvent être « de la bonne ouvrage », mais qui sont à tout le monde, qui m’écœurent parce qu’il me semble que je les aurais moi-même écrits sans effort, et que je voudrais voir réduits à l’essentiel, à des notes brèves et comme mnémotechniques… Dans une littérature aussi vieille que la nôtre, il y a nécessairement des sortes de lieux communs du roman. […] Je voudrais abréger les quatre-vingts premières pages, celles où l’auteur nous fait connaître son héros, son caractère indécis et fier, son ennui, son désespoir, sa tentative de suicide… Ce sont là choses connues et qu’il était peu utile de répéter.

1116. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XII. Lo Ipocrito et Le Tartuffe » pp. 209-224

Nous avons fait connaître, dans le précédent chapitre, le scénario fantasque du Convié de pierre, que Molière, en arrivant à Paris, trouva en possession de la faveur publique. […] Je ne le connais pas. […] Je m’exerce à connaître le cœur féminin ; et, puisque je réussis si aisément en tout ce que j’entreprends, je m’élèverai à des entreprises plus hautes, sauf à alléguer pour excuse que septies in die cadit justus. » La fuite d’Annette et d’autres disgrâces accablent le vieux LISEO.

1117. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre II. Recherche des vérités générales » pp. 113-119

Dans la seconde moitié du siècle dernier renaissent en France des goûts qu’on n’y connaissait plus ; on s’y éprend à la fois des voyages, de l’agriculture, des idylles, des jardins anglais, des romans champêtres, des sites sauvages qualifiés de « romantiques », des tableaux représentant la vie du village : choses d’ordre différent, mais qui se ressemblent et qu’on peut réunir sous une seule formule en disant : la France revient à la nature extérieure. […] Il écarte, après examen, l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne, dont les mœurs et les écrits sont peu connus ou peu goûtés des Français de l’époque. […] La supposition initiale se consolide à mesure qu’on avance ; on en cherche la confirmation dans les témoignages des contemporains ; dans les lois déjà connues qui président à la marche de l’esprit humain, et l’on finit par avoir, au lieu d’une opinion dont on doutait soi-même, une conviction raisonnée qui s’impose.

1118. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Samuel Bailey »

II, lett. 16) des envahissements de la physiologie ; il prétend même que la connaissance des faits physiologiques n’éclaircit pas celle des faits psychologiques, que quand même nous connaîtrions les conditions matérielles de la mémoire, de la perception, etc., nous n’en saurions pas mieux ce que c’est. La science de l’acoustique, dit-il, est inutile pour faire de bonne musique : de même, connaître les moyens physiques ou mécaniques qui engendrent ou influencent les phénomènes psychologiques, ce n’est pas en pénétrer la nature. […] Bailey répond, comme on pouvait s’y attendre, que c’est notre ignorance de toutes les causes en jeu qui fait que les événements volontaires ne sont pour nous que probables : si nous les connaissions toutes, il y aurait une certitude parfaite.

1119. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXIX » pp. 319-329

Ce sera encore madame de Sévigné qui nous fera connaître, par sa lettre du 26 décembre 1672 à madame de Grignan, le mystère que l’on mettait à ce nouvel établissement. […] Ceux qui attribuent ma retraite à un dépit, sans doute ne me connaissent pas : ai-je jamais donné lieu à de pareils soupçons ? […] Quand elle dit : ceux qui attribuent ma retraite à un dépit ne me connaissent pas ; ai-je jamais donné lieu à de pareils soupçons ?

1120. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 8-23

Aucun Poëte n’a mieux connu, mieux éprouvé, plus vivement exprimé le sentiment ; ses Vers le respirent à chaque phrase, & ce caractere est si marqué dans ses Ouvrages, qu’on peut lui appliquer ce que disoit Horace : Invenias etiam disjecti membra Poëtæ. […] Aucun Poëte n’a mieux connu l’art de tout mettre à sa place, de ne faire dire à ses personnages que ce qu’ils doivent dire, & de régler toujours leurs moindres mouvemens sur la nécessité d’agir ; c’est par-là principalement que Racine s’est distingué des autres Tragiques. […] Malgré ses prétentions pour le genre lyrique, il voulut en connoître l’Auteur.

1121. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — M. de Voltaire, et l’abbé Desfontaines. » pp. 59-72

Il ne s’étoit jusques là fait connoître que par une critique du livre de la religion prouvée par les faits, & par une autre de la tragédie d’Inès de Castro, sous ce titre : Paradoxes littéraires. […] Vinot l’eût peu connu, il n’osa point, par commisération, refuser de lui rendre service. […] De-là sans doute, cette application maligne & déplacée des vers si connus de Marot.

1122. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Histoire des ducs de Normandie avant la conquête de l’Angleterre »

et l’Histoire des ducs de Normandie avant la conquête de l’Angleterre 20 par le seul duc qui soit un peu connu, parce qu’il a pris position de roi dans l’histoire, qu’est-ce que cela fait au xixe  siècle, à sa politique, à son industrie, à ses passions, à sa haute raison et même à sa curiosité ? […] Labutte est d’une école dont nous connaissons les perversités et les manies ; car, pour une idée, nous la défions bien d’en produire une seule qu’elle puisse discuter ! […] Poétiquement parlant, nous n’en connaissons guères de plus belle.

1123. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Lettres portugaises » pp. 41-51

En France, surtout, c’est presque impossible… Le courage contre tout le monde n’est pas connu dans ce pays… Or, tout le monde a, pour une raison ou pour une autre, contribué de sa propre badauderie à ces réputations qui semblent être des préjugés venus en pleine terre, mais cultivés en pot par des gens d’esprit, et même par des connaisseurs, comme des capucines par des grisettes. […] Ainsi, plus tard, au xixe  siècle, n’avons-nous pas vu l’étrange fortune de ce petit roman d’Adolphe, si horriblement sec de fond et de forme, et dont personne n’eût parlé peut-être si l’auteur, plus roué qu’on ne croit, n’eût intéressé la fatuité humaine à la réussite de son ouvrage ; car tout homme, en disant que ce livre est vrai, ne semble-t-il pas révéler qu’il a connu le friand tourment d’une Ellénore ? […] Nous avons nié la religieuse ; un autre que nous a nié la femme… un autre qui se connaissait aux passions et à leur langage : « Je parierais que les lettres de la religieuse portugaise sont d’un homme ! 

1124. (1868) Curiosités esthétiques « III. Le musée classique du bazar Bonne-Nouvelle » pp. 199-209

En vain leur a-t-on offert un traité à forfait ; nos rusés malingreux, en gens qui connaissent les affaires, présumant que celle-ci était excellente, ont préféré les droits proportionnels. […] La Mort de Socrate est une admirable composition que tout le monde connaît, mais dont l’aspect a quelque chose de commun qui fait songer à M.  […] Il veut être ému, il veut sentir, connaître, rêver comme il aime ; il veut être complet ; il vous demande tous les jours son morceau d’art et de poésie, et vous le volez.

1125. (1824) Épître aux muses sur les romantiques

À douze éditions leurs vers sont parvenus, Et leurs noms immortels ne vous sont pas connus ! […] Qui n’a point lu Schiller ne connaît point l’horreur. […]      Vous me direz en vain que ce genre est bizarre ; Qu’il infesta Paris d’une école barbare ; Que, le maître excepté, ces nouveaux Lycophrons Devraient tenir séance aux petites-maisons ; Que, ne pouvant du maître imiter le génie, À défaut de sa verve, ils ont pris sa manie ; Que, pour être immortel, il faut du sens commun, Et que les temps futurs n’en connaîtront pas un.

1126. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1863 » pp. 77-169

Il est très connu d’abord. […] — C’est de l’imagination, de l’invention, crie aigrement Sainte-Beuve, j’ai connu cette rue de Langlade, ce n’était pas du tout comme ça. […] je vous citerai trente femmes de bourgeois que je connais, et qui sont pures. […] … Vous ne le connaissez pas… Nous ne sommes que deux ici, qui le connaissions, Gautier et moi… Mais l’œuvre d’Hugo c’est magnifique ! […] … — Eh bien, il a fait des précis que vous connaissez… et puis je crois qu’il a aidé l’empereur dans son César.

1127. (1863) Causeries parisiennes. Première série pp. -419

Connaissez-vous beaucoup de drames, anciens ou modernes, où la fatalité ait joué un plus grand rôle ? […] Dès qu’il connut son erreur, il s’occupa sans relâche de la réparation. […] La postérité les connaît encore sous ces titres décernés par l’admiration publique. […] N’est-il pas fâcheux de voir un écrivain connu, estimé, honorable à tous égards, comme M.  […] Qu’on n’ait pas connu la pièce de Van Brugh, passe encore !

1128. (1927) Approximations. Deuxième série

Je crois bien qu’il en connaissait toutes les pierres. […] La première incitation à l’amour ici, c’est de connaître tout cela pour, à la faveur de tout cela, se connaître. […] — Leur affaire est de connaître. Connaître ? et qu’est-ce que connaître ?

1129. (1868) Curiosités esthétiques « V. Salon de 1859 » pp. 245-358

connaît-il encore ce bonheur ? […] Qu’il peut très-bien connaître l’histoire des traités et des alliances dans le passé, mais qu’il ne devinera pas les traités et les alliances contenus dans l’avenir. […] Bien que les peintures plus importantes d’Eugène Delacroix nous attirent et nous réclament, j’ai trouvé bon, mon cher M***, de citer tout d’abord deux noms inconnus ou peu connus. […] Holbein connaît Erasme ; il l’a si bien connu et si bien étudié qu’il le crée de nouveau et qu’il l’évoque, visible, immortel, superlatif. […] On croit généralement, peut-être parce que l’antiquité ne le connaissait pas ou le connaissait peu, que le squelette doit être exclu du domaine de la sculpture.

1130. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 7172-17709

Le terme de Logographie est connu dans un autre sens, mais qui est éloigné du sens étymologique que nous revendiquons ici, parce que c’est le seul qui puisse rendre notre pensée. […] Pour ce qui concerne les anomaux & les hétéroclites propres à chaque langue, c’est aux grammaires particulieres qui en traitent à les faire connoître : les méthodes de P. […] C’est connoître bien peu le prix du tems, que d’en perdre la moindre portion à composer ou à deviner des choses si misérables ; & j’ai peine à pardonner au P. […] C’est un hébraïsme connu que la répétition d’un adjectif ou d’un adverbe, que l’on veut élever au sens que l’on nomme communément superlatif. […] Elle fait connoître le génie de la langue latine ; ensuite l’usage, mieux que le maître, apprend le tour de la langue françoise. » Article de M. de Beauzée.

1131. (1866) Dante et Goethe. Dialogues

Quant à Gœthe, sans se nommer, il se fait assez connaître dans son héros. […] Je ne crois pas le connaître. […] Je voudrais, au contraire, qu’on les connût beaucoup mieux en les lisant dans l’original. […] C’était une doctrine connue de la plus haute antiquité. […] Il ne connut de Winckelmann que sa fin tragique.

1132. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE STAEL » pp. 81-164

Ces phrases, connues depuis si longtemps, sont comme les habitués de la maison ; on les laisse passer sans leur rien demander. […] Dans son noble attachement pour l’amie intime de cette âme de génie, pour la dépositaire de tant de pensées aimantes, M. de Chateaubriand a modifié et agrandi ses premiers jugements sur un caractère et un talent mieux connus ; toutes les barrières précédentes sont tombées. […] Forcée de quitter Paris, elle se dirigea aussitôt vers l’Allemagne, s’exerça à lire, à entendre l’allemand ; visita Weimar et Berlin, connut Goëthe et les princes de Prusse. […] L’Allemagne ayant été de plus en plus connue, et ayant d’ailleurs marché depuis cette époque, le livre de Mme de Staël peut sembler aujourd’hui moins complet dans sa partie historique ; l’opinion s’est montrée dans ces derniers temps plus sensible à ces défectuosités. […] Mme la duchesse de Broglie, si prématurément ravie à ce bonheur de famille, mais restée à jamais présente à la vénération de tous ceux qui l’ont une fois connue.

1133. (1778) De la littérature et des littérateurs suivi d’un Nouvel examen sur la tragédie françoise pp. -158

Les extendeurs en morale ont paru ne point connaître l’homme, & irriter ses passions, au-lieu de les rendre calmes & modérées. […] N’allons pas éteindre une clarté naissante, qui doit nous guider plus loin ; nous sommes nés pour connoître & pour perfectionner notre entendement ; ce desir dévorant de connoître, est le plus noble attribut de l’homme ; qu’il en soit toujours jaloux. […] Après tout, on ne peut reprocher aux Gens de Lettres que ce qu’on peut reprocher à tous les corps connus ; aux Avocats, aux Médecins, aux Peintres, &c. […] Mais les louanges sont quelque fois plus dangereuses encore : les vrais talens sont toujours connus un peu tard ; & c’est un moindre inconvénient que d’être annoncé ou connu trop tôt. […] L’histoire de ce peuple isolé seroit plus curieuse que celle de tous les peuples connus, anciens & modernes.

1134. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mérat, Albert (1840-1909) »

Albert Mérat, parisien jusque dans la moelle des os, est ardemment épris de la modernité ; il connaît sa ville jusque dans les moindres recoins, l’été, l’hiver, le matin, le soir, sous la pluie, sous le soleil. […] Comme il l’aime et comme il le connaît !

1135. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — T — Tailhade, Laurent (1854-1919) »

Laurent Tailhade est connu. […] Laurent Tailhade sa verve et ses féroces objurgations ne sont pas moins connus.

1136. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 7, que la tragedie nous affecte plus que la comedie à cause de la nature des sujets que la tragedie traite » pp. 57-61

Un poëte comique ne dépeint pas aux spectateurs des heros, ou des caracteres qu’ils n’aïent jamais connus que par les idées vagues que leur imagination peut en avoir formées sur le rapport des historiens : il n’entretient pas le parterre de conjurations contre l’état, d’oracles ni d’autres évenemens merveilleux, et tels que la plûpart des spectateurs, qui jamais n’ont eu part à des avantures semblables, ne sçauroient bien connoître si les circonstances et les suites de ces avantures sont exposées avec vrai-semblance.

1137. (1853) Portraits littéraires. Tome II (3e éd.) pp. 59-300

Barbier connaît aussi bien que nous toute l’importance de l’unité ; pourquoi donc a-t-il écrit un poème sans unité ? […] Pour ceux qui connaissent le caractère et la pensée de M.  […] S’il eût connu la langue propre aux idées dont il parlait, il se fût aperçu bien vite qu’il ne connaît pas ces idées ; plus clairvoyant, il eût été plus modeste. […] Non, il s’est trompé en toute sécurité, parce qu’il connaît l’admiration de la foule pour les hommes revêtus du pouvoir. […] Il a connu la gloire et la popularité, il ne lui reste plus à subir que l’apothéose, il devient dieu.

1138. (1903) La vie et les livres. Sixième série pp. 1-297

Elle connaît, mieux que personne, l’art des poses. […] Tenez, connaissez-vous le professeur Treitschke, de Berlin ? […] Il nous serait fort utile de connaître toutes les peuplades des colonies européennes, comme nous connaissons maintenant, grâce à M.  […] C’est dans un « jardin de fleurs » que Loti connut M.  […] Vous connaissez, évidemment, les écrits de l’amiral Layrle et de M. 

1139. (1889) La bataille littéraire. Première série (1875-1878) pp. -312

Je te connais. […] mais alors… mais alors vous le connaissez ! […] La jeune génération n’a connu Henry Monnier que de nom. […] C’est l’premier aide qu’est dans la charrette ; je le connais bien, M.  […] C’est une opération connue qui a déjà réussi.

1140. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ALFRED DE MUSSET. » pp. 218-221

Ce dernier volume surtout, par ce qu’il reproduit de si agréablement connu et par ce qu’il ajoute d’inédit, est un vrai cadeau pour le public. […] Après son Merle blanc il n’y a plus qu’à rendre les armes : « C’est, dit Mme de Boigne, qui s’y connaît, de la meilleure plaisanterie d’Hamilton. » — J’ai encore écrit une derniere fois sur Alfred de Musset au moment de sa mort (voir au tome XIII des Causeries du Lundi, article du 11 mai 1857).

1141. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Van Lerberghe, Charles (1861-1907) »

Valère Gille Les quelques vers de Charles Van Lerberghe sont trop peu connus. […] Van Lerberghe note ainsi sur l’amour, l’ingénuité de l’amour, sur la mort, sur l’attente de l’espérance de la découverte, des lieds imprécis et charmants, où les syllabes semblent du silence enchanté, et c’est ainsi : La Ménagère, Dans la pénombre (un poème de seize absolument charmant), La Barque d’or que connaissent bien les lettrés : Mais une qui était blonde,         Qui dormait à l’avant, Dont les cheveux tombaient dans l’onde,         Comme du soleil levant Nous rapportait sous ses paupières         La lumière.

1142. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 467-471

Il importe peu aux siecles suivans qu’un Auteur ait connu parfaitement sa langue, qu’il l’ait parlée purement & avec facilité, qu’il ait eu du goût & des connoissances, que les grands Poëtes de son temps l’aient célébré : s’il n’a laissé des Ecrits qui le rendent digne de se survivre à lui-même, on le met bientôt au rang des Auteurs oubliés. […] On commence à connoître que quelques traits de Morale & de Littérature, dont les uns sont communs & les autres hasardés ; que des pensées & des réflexions détachées ; que des lambeaux de traduction secs & froids ; que des Eloges écrits d’un style plus imposant & plus maniéré, que solide & vigoureux ; que des Essais sans dessein, sans méthode, sans profondeur, sans vûes, sont de foibles titres pour une célébrité durable.

1143. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre second. Philosophie. — Chapitre III. Des Philosophes chrétiens. — Métaphysiciens. »

Où est donc la nécessité de connaître les opérations de la pensée de l’homme, si ce n’est pour les rapporter à Dieu ? […] Hors de là, la métaphysique n’est qu’un microscope, qui nous découvre curieusement quelques petits objets que n’aurait pu saisir la vue simple, mais qu’on peut ignorer ou connaître, sans qu’ils forment, ou qu’ils remplissent un vide dans l’existence.

1144. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 17, de l’étenduë des climats plus propres aux arts et aux sciences que les autres. Des changemens qui surviennent dans ces climats » pp. 290-294

Le commerce qui s’est infiniment accru dans les deux derniers siecles, a fait connoître ces choses où l’on ne les connoissoit pas. […] Il est certain qu’en même-temps qu’on y a connu de nouvelles maladies, ou que certaines infirmitez y sont devenuës plus fréquentes qu’autrefois, d’autres maladies ou sont disparuës ou sont devenuës plus rares.

1145. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Saint-Arnaud. Ses lettres publiées par sa famille, et autres lettres inédites » pp. 412-452

J’aurai besoin d’eux devant l’ennemi, car on ne fait rien tout seul : je vais m’attacher à les bien connaître. » Le 15 janvier 1837, il touche pour la première fois la terre d’Afrique. […] L’idéal est une belle chose, mais il est bien loin et il a ses éclipses ; le public est une respectable personne, mais il est bien multiple, il a bien des visages et on ne le connaît pas. […] Le général Bugeaud n’est qu’incomplétement connu, si on ne l’a pas vu se dessiner en entier et se développer dans la correspondance de Saint-Arnaud. […] Cet homme est admirable, frère ; on ne le connaît pas, on ne lui rend pas justice. […] Je ne suis ni usé, ni coulé comme tant d’autres ; je suis jaloux de ne pas perdre cette rare et précieuse virginité. » Parti de France depuis avril 1848, il ne connaissait nullement le prince président.

1146. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIIe entretien. Fior d’Aliza » pp. 177-256

C’est ainsi que j’avais connu celle qui devait être ma femme. Mademoiselle B… aimait passionnément la poésie, et mes vers encore inédits, mais récités dans la maison de la marquise de La Pierre par des amis de mon âge, l’avaient prévenue en ma faveur avant même de me connaître de vue : j’avais été accueilli avec cet enthousiasme que le mystère et le demi-jour ajoutent au talent. […] Les chuchotements de la maison lui avaient fait connaître la secrète intelligence qui existait entre la jeune Anglaise et moi, les obstacles que sa mère mettait par religion à ce penchant de sa fille, et les difficultés qu’elle apportait à nos entretiens. […] Je n’avais pas connu à Paris cet homme illustre autrement que par mon admiration à distance. […] Hâtons-nous d’ajouter cependant que la plupart des personnes qui sont tombées dans cette erreur ne connaissaient de l’ouvrage que ce seul passage, et que, le lisant séparé de l’ensemble qui l’explique, et le croyant placé dans la bouche du poète lui-même, l’accusation pouvait leur paraître plus plausible.

1147. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIIe entretien. Madame de Staël. Suite. »

Quoi qu’il en soit, Bonaparte la connaissait très-bien ; il discerne promptement le mauvais côté de chacun, car c’est par leurs défauts qu’il soumet les hommes à son empire. […] Joseph se crut obligé de n’y pas mettre les pieds pendant quelques semaines, et son exemple fut le signal que suivirent les trois quarts des personnes que je connaissais. […] Elle emprunta le toit de madame de la Tour qu’elle ne connaissait que par des amis communs. « J’arrivai donc dans la campagne d’une personne que je connaissais à peine, au milieu d’une société qui m’était tout à fait étrangère, et portant dans le cœur un chagrin cuisant que je ne voulais pas laisser voir. […] Mais l’inexorable silence du tombeau a quelque chose qui confond l’esprit humain ; et, bien que ce soit la vérité la plus connue, jamais la vivacité de l’impression qu’elle produit ne peut s’éteindre.

1148. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre deuxième. L’idée de l’espace. Son origine et son action »

Il en est de même de l’étendue ; nous ne la connaissons qu’après expérience. […] Qui ne connaît l’objection tirée des sons simultanés d’un accord, lesquels ne sont pas une simultanéité dans l’espace ? […] Le mouvement peut avoir la vitesse d’un éclair, et il se manifeste toujours par une impression immédiate, facile à reconnaître quand on l’a connue une première fois. […] Après une certaine éducation, il arrive à connaître et à apprécier la distance, l’éloignement, la profondeur, sans avoir besoin des formes a priori de Kant. — De même pour la vue. […] L’attente est le désir de percevoir, de connaître ce qui va venir, et ce désir a pour objet primitif de savoir si ce qui va venir sera utile ou nuisible.

1149. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre I : Variations des espèces à l’état domestique »

Un assez grand nombre de lois gouvernent la variabilité ; quelques-unes d’entre elles sont vaguement connues, et je les mentionnerai plus tard brièvement. […] Pour ce qui est des Canards et des Lapins, dont les races diffèrent considérablement entre elles, les faits connus disposent cependant à croire qu’elles descendent toutes du Canard sauvage et du Lapin commun. […] Mais, outre la Columba livia et ses sous-espèces géographiques, on connaît seulement deux ou trois autres espèces de Pigeons de roche, et elles ne présentent aucun des caractères des races domestiques. […] Tout leur art a consisté simplement à cultiver toujours les meilleures variétés connues, à en semer les graines, et, aussitôt qu’une variété de quelque peu supérieure apparaissait par hasard, à la choisir pour la reproduire encore. […] — C’est un fait bien connu que, dans les cas les plus nombreux, il nous est impossible de reconnaître quel est le type sauvage des plantes les plus anciennement cultivées de nos parterres ou de nos potagers.

1150. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Edgar Poe »

. — Eh bien, — dit Legrand, — tu connais ta gauche et ta droite ? […] Edgar Poe, qui n’a pas, il est vrai, le coloris italien d’Hoffmann, a comme lui et comme tous les génies fantastiques, du reste, le sentiment de ces détails qui répondent, sans doute, au côté le moins connu, le moins éclairé de notre être. […] Ce qu’après une pareille entrée en matière l’imagination était impatiente de connaître, c’était le poète d’Eureka et du Corbeau, et il n’est pas dans ces Histoires ! […] Tels qu’ils sont, violemment manqués, mais portant la trace à toute page d’une force inouïe, les livres que la traduction de Baudelaire nous a fait connaître ne permettent pas d’en douter. […] Lamentable histoire connue, et où n’est rien changé que le banc de promenade publique où Poe mourut, au lieu du ruisseau de la rue !

1151. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 mai 1886. »

Il fut angoissant et léger, connut le charme des fines mélancolies et l’emportement hautain des ivresses triomphales11. […] Ou bien son goût musical tombe à une profondeur qui n’est connue, je l’espère bien, dans aucun pays autant que dans le nôtre. […] Le grand public anglais ne connaît l’Opéra que sous la forme introduite par Offenbach, traduite en anglais et rendue bien plus décente et bien moins amusante par Sullivan. […] C’est pour cette raison que hors d’Angleterre les noms de nos meilleurs maîtres ne sont pas même connus. […] Elle donna des concerts dans tous les États-Unis et connut un succès considérable.

1152. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — IV. La Poësie dramatique. » pp. 354-420

L’ambition, la politique, la vengeance, étoient presque les seules passions connues au théâtre. […] Ses réflexions étoient si justes, que le chancelier d’Aguesseau, ce grand admirateur des anciens, sans connoître l’auteur, lui fit faire compliment sur son ouvrage. […] Nivelle de la chaussée n’en est point le père, comme on le croit communément : les Romains avoient connu ce genre. […] L’auteur ne s’étoit pas fait connoître ; mais on le devina au coloris de la pièce. […] Un abbé, peu connu, mais d’un zèle extrême, crut qu’il viendroit facilement à bout de la terminer.

/ 3655