n’est un éloge pour personne, ni pour ceux qui le vantent et marquent de son nom des livres que sans son nom on ne lirait pas, ni pour Voltaire lui-même, qu’on n’appelle que Roi aujourd’hui, et qu’on appellerait Dieu si l’on avait du cœur ! […] Ou l’on est son ennemi, ou on ne l’est pas ; et quand on ne l’est pas on est à lui sans réserve, sans honte et sans tiédeur ; car cet homme, qui a tant de complices dans nos cœurs et dans nos esprits, ne nous les prend pas à moitié. […] nous l’avons dit déjà : ils portent la flèche barbelée de cet homme au milieu du cœur, cette flèche dont on aime la blessure. […] Le cœur, non, mais l’esprit — l’esprit qui fait de si mauvaises choses quand il est seul !
dans ma confiance en toi, le suprême vœu de mon cœur est que ta volonté soit faite. […] La société est fausse, corrompue, sans cœur. […] un cœur généreux, plein d’indignation pour le vice, de colère pour le crime. […] L’idéal ou le cœur ont-ils là quelque place ? […] Que d’embûches tendues à la vanité plus encore qu’au cœur !
… que disait-il, le petit être, pour qu’elle sentit battre son cœur sous le sein qu’il épuisait ? […] — la première misère de sa vie, ose-t-il dire, l’avait avilie dans son cœur et dans son esprit : « Situation radieuse ! […] Le cœur est seul capable de féconder ses rêves. […] On ne craint pas de voyager avec une jeunesse aussi saine, et c’est plaisir de la suivre où sa gentillesse et son cœur nous conduisent. […] Mais le cœur d’un savant n’est pas d’airain, et Mlle Bourgoin en savait quelques chose.
Quelles que soient les formes sous lesquelles doive se reconstituer (nous l’espérons) l’esprit religieux et chrétien dans la société, cette vertu avancée de quelques jeunes cœurs, cette foi et cette modestie, tenues en réserve, aideront puissamment au jour de l’effusion. […] En réponse à ces excellentes exigences, nous n’avons rien à opposer sinon que M. du Clésieux, nous a-t-on dit encore, n’a pas employé ces six années de retraite, dont nous parlons, à de pures extases de cœur, à de simples élévations d’intelligence ; il a fait le bien, et a beaucoup amélioré les hommes autour de lui ; combien d’agitations bruyantes sont moins effectives ! […] Le volume que nous avons sous les yeux laisse certainement à désirer pour l’art, pour la composition et l’expression ; souvent, quand il parle du Jour des Morts, quand il nous peint sa paisible et assise existence sous le toit qui est à lui, quand, dans le silence de son vallon, il entend et nous raconte la voix de son cœur, en ces endroits, tout en étant lui-même, le poète nous rappelle un peu trop le maître harmonieux dont l’inspiration l’a éveillé.
Elle nous le montre au plus beau moment du voyage, à son plus haut soleil du matin, au midi de l’été et de la journée, dans la fleur entière d’un talent et d’un cœur déjà épanouis. […] » Il s’exhale de tout ce passage un sentiment de tendre respect et comme d’adoration enthousiaste pour les choses enchanteresses et désintéressées de la vie humaine ; chaque accent s’élance d’un cœur que pénètre le culte du talent, de la poésie et des grâces. […] Il y eut là des superstitions poétiques et gracieuses aussi ; je ne fais que les indiquer ; elles seraient plutôt du ressort des malicieux peut-être qui se plairaient à sourire du rapprochement, ou des érudits qui auraient à cœur de comparer les fictions diverses. […] Certes Amour, certes Vénus, possédant son cœur volage, s’en sont allés quelque part ailleurs. […] Mon cœur a-t-il aimé jusqu’ici ?
Que de fois les beaux coursiers, dans la tristesse et l’abattement de mon cœur, ont osé combattre, ont osé vaincre les livres et les vers ! […] Les peines de cœur venant à s’y joindre, j’essayai vainement de reprendre mes occupations littéraires. […] Souvent mon cœur tournait à la joie, et alors j’essayais aussi de la poésie badine. […] À mon retour de Milan, l’année précédente, j’avais de grand cœur accepté de mon ami, et dans sa maison, un petit appartement solitaire et fort gai, et nous vivions comme deux frères. […] On trouve peu d’exemples de telles inconséquences d’esprit et de cœur dans les lettrés de ce temps-là.
La vie des poètes est dans leur cœur ; celui-là n’avait que de l’esprit. […] C’est une page à déchirer de ce livre où manquera éternellement la page du cœur. […] C’était un esprit probe et droit, c’était de plus un cœur courageux et honnête. […] La postérité veut des hommes faits, des cœurs virils, des âmes fortes. […] » L’homme qui inspirait de tels sentiments au plus sensible des poètes de son époque n’était certainement pas un cœur froid.
Ces deux noms, ces deux sentiments, confondus dans leurs cœurs s’y gravaient éternellement. […] Leur pouvoir est établi sur le cœur de l’homme, qui ne change point. […] Une heureuse fraternité y unissait tous les cœurs. […] qu’en résulte-t-il pour le cœur ? […] « Quel soupçon, dit Lefort, dans mon cœur vient de naître ?
Mais avant de l’analyser en lui-même cet art, disons un mot de cette passion sereine et impersonnelle du beau qui possède certaines âmes d’élite venant en ce monde, qui les séquestre, pour ainsi dire, des vulgarités de notre vie à nous, active mais triviale, et qui les nourrit sans aliments visibles (excepté peut-être quelque amour sans récompense, voilé et innomé dans le rêve du cœur). […] Voltaire a dit d’eux : « Et dans cette Comté, franche aujourd’hui de nom, on peut ajouter plus franche encore de cœur. […] Il était né poète ; sa vie fut sa poésie ; il laissa tomber seulement, comme ses noyers de Saint-Lupicin livrent l’huile de leurs noix sous le vent d’automne, quelques pages succulentes de poésies intimes, recueillies par des amis et qui lui firent une de ces réputations de demi-jour plus douce, plus inviolable et plus durable que les gloires d’engouement parce que ce sont les gloires du cœur. […] Il y a de ces trois natures dans la sienne : une femme, un poète, un orateur à la langue d’or, au cœur de citoyen. […] Le feu du volcan universel est un cœur de femme.
Tout ce qui avait une âme sous un cœur quelconque en était ému. […] Les événements ont des vicissitudes, le cœur n’en a pas. […] XVII Mais tout cela, bien que cela m’eût quelquefois contristé et attristé, n’avait pas effleuré nos cœurs, ni altéré notre amitié ; les intentions étaient sauves, le prodigieux talent grandissait au lieu de décroître, et des vers où l’amitié s’immortalise, vers généreux que je retrouve aujourd’hui avec orgueil dans mon cœur, s’élevaient entre Hugo et moi comme une muraille de diamant contre toute division possible de nos cœurs, quels que fussent les dissentiments sociaux ou politiques. […] ” « À qui voile un cœur vil sous un langage austère ! […] Tu le sais, pour mon cœur, ami de toute gloire, Les triomphes d’autrui ne sont pas un affront.
Ç’a été un délire : l’aliénation mentale maîtrisa ton noble cœur. […] Une chaumière et un cœur plutôt que toutes ces richesses et la solitude ! […] — Mais, la nuit, il vous oublie tout autant que le jour… — Et je suis jeune cependant, mon cœur est plein de braise, j’ai du feu dans les veines ; — Et tout mon sang bout, et mon pauvre cœur se plaint. — Mais à qui le dire ? […] Le tout est d’arriver de leur toucher un peu le cœur pour les attirer toujours de notre bord. […] Au demeurant, un grand cœur, un cœur dévoué et désintéressé.
Tout le monde est torturé dans son cœur et dans sa chair. […] Quel songe n’est point sorti de ce cœur si triste ? […] mon cœur vous idolâtrait autrefois. […] oui, c’est cela, les Romaines auront épuisé ton cœur ! […] Il ne s’intéresse violemment, — et assez pour leur donner la vie par des mots, — qu’aux images de son propre cœur, ou des cœurs qu’il a troublés.
Georges Pioch vient d’exaucer notre désir, et j’affirmerai ici, en toute sincérité de cœur et d’esprit, que mon plaisir fut grand à la lecture de ces œuvres : Toi ; la Légende blasphémée. J’ai ressenti une joie d’âme, une beauté de cœur, une sincérité de gestes, d’actes, de grâce devant ce petit livre qu’est Toi, de beauté et de bonté si pure, douce et grave… Si nous passons à la Légende blasphémée, le chant du poète se change en un cri d’orgueil et de gloire, en une force et une vaillance de son être rebelle aux codes, aux lois, aux disciplines. […] Ce livre est beau, c’est un cri d’amour, c’est un cœur qui vibre d’immensité, c’est une âme éprise de la musique des êtres et des choses, c’est l’œuvre véritable, l’œuvre d’un poète, l’œuvre d’un Homme, et nous remercions M.
Son cœur commence à s’émouvoir ; mais il ne tardera pas à lui palpiter. […] Il se relève lentement, jusqu’à ce qu’il puisse atteindre à la place du cœur. Il y pose légèrement le dos de sa main gauche ; il cherche si le cœur bat ; cependant ses yeux attachés sur ceux de sa statue attendent qu’ils s’entrouvrent.
L’immortalité, pour Hugo, n’est pas uniquement celle de la « tête » ; c’est au contraire, nous le verrons plus loin, celle du cœur et de l’amour. […] Si j’écoute mon cœur, j’entends un dialogue. […] Il n’est pas seulement, selon Hugo, une « âme du monde », un principe de vie animant un grand corps ; il est le cœur du monde : Oh ! […] L’idéal rend « les esprits fermes », parce qu’il leur montre un but et leur donne une loi ; il rend « les cœurs grands » parce qu’il leur communique la force de l’espérance. […] Celui qui raille, au contraire, sera compris de tous ; en revanche, il sera peu aimé, car il n’aura fait naître aucune émotion profonde : s’il plaît à l’esprit, il le paiera en devenant incapable de prendre les cœurs.
Vers l’année 1665, comme je conjecture, et comme je l’expliquerai plus bas, elle avait choisi hors de ce tourbillon pour ami de cœur M. de La Rochefoucauld, âgé déjà de cinquante-deux ans105. […] don Garcie, vous aviez raison : il n’y a de passions que celles qui nous frappent d’abord et qui nous surprennent ; les autres ne sont que des liaisons où nous portons volontairement notre cœur. Les véritables inclinations nous l’arrachent malgré nous. » Mme de La Fayette ne connut pas, je pense, ces passions qui nous arrachent avec violence de nous-même, et elle apporta volontairement son cœur. […] Si elle réforma le cœur de M. de La Rochefoucauld, elle répara aussi ses affaires. […] madame, la pauvre femme n’est présentement que trop justifiée… Elle avoit deux polypes dans le cœur, et la pointe du cœur flétrie.
Horace est plus Gaulois que Romain ; mais cette prédilection des Français pour Horace, comme pour l’ingénieux corrupteur de la morale et de l’âme qu’ils appellent le bon La Fontaine, m’a toujours fait une certaine peine au cœur. […] Les œuvres d’Horace, odes, épodes, épîtres, satires, amours, amitié, épanchements du cœur dans la solitude, ce sont les Confessions de J. […] On voit battre dans chaque vers le cœur d’un fils digne d’avoir un tel père. […] On voit par là qu’il avait réellement concentré tout son cœur dans son attachement à Mécène et à Auguste. […] Auguste, doublement affligé de ces deux brèches à son cœur, suivit à pied ses funérailles et le fit ensevelir aux Esquilies, à l’ombre du tombeau de Mécène.
Elle méditait dès ce moment Corinne, son œuvre la plus lyrique, où elle voulait fondre ensemble l’émotion et l’enthousiasme pour éblouir à la fois l’imagination par le génie et pénétrer le cœur par l’amour. […] Ses faibles yeux ne peuvent supporter tant d’éclat, son cœur modéré ne peut fournir d’aliment à tant de flammes. […] Mais l’âme, tantôt virile, tantôt féminine de madame de Staël, en inonde les pages d’une si magique et d’une si touchante poésie de cœur et de style, qu’on oublie le livre pour admirer l’écrivain. […] Mathieu de Montmorency et madame Récamier, deux cœurs tentés par le péril quand il fallait avouer ou consoler l’amitié, bravèrent cet ordre et subirent la peine de leur courageuse générosité. […] Le récit de cette fuite rouvre toutes les cicatrices d’un cœur de fille et de mère déchiré dans ses affections, dans ses souvenirs et dans ses habitudes.
Il se relève le cœur plus embrasé que jamais, et cette joie épurée qu’il éprouve, cette clarté qui l’inonde, il veut la communiquer à ses semblables ; il a soif de les y faire participer et de leur porter, avec l’explication du mystère de la nature, la loi du maître qui la gouverne, loi de justice, de solidarité de fraternité, soumission dans les traverses de cette courte vie, espoir et foi dans une vie meilleure. […] Il a cru ce jour-là par le cœur, et il n’a rien voulu ajouter qui démentît ou affirmât cet acte de foi et d’effusionz. — Telle est du moins mon impression, qui s’accorde assez bien, ce me semble, avec l’interprétation de M. […] Ce mal était tout dans sa tête, non dans son cœur. […] J’ai des torts avec lui, je me les reproche ; je crains de lui avoir fait injustice, et je n’ai sûrement pas le cœur injuste ; mais j’avoue que des malheurs sans exemple et sans nombre, et des noirceurs d’où j’en craignais le moins, m’ont rendu défiant et crédule sur le mal. […] S’il ne haïssait point la vie à laquelle cependant il imputait tant de maux, il ne haïssait pas non plus la France, sa vraie patrie, celle qui était la plus faite pour le goûter et le comprendre ; il écrivait : Les Français ne me haïssent point, mon cœur me dit que cela ne peut pas être.
Salammbô s’est montrée ; elle aussi, d’un coup d’œil, elle a versé l’ivresse ; et voilà ces chefs ambitieux, avares ou cupides, qui vont être déterminés dans leur conduite future par l’amour que ce simple coup d’œil leur a mis au cœur. […] On sent le procédé composite. — Bref, la fille d’Hamilcar le tient au cœur : il la veut. […] L’auteur a seulement transposé, avec beaucoup d’art, et mythologisé cette sourde plainte du cœur et des sens. […] Son cœur débordait en paroles furieuses… » Qui serait étonné de voir ce qu’est devenu son Mâtho ou Mathos ? […] Spendius, à qui le cœur fait défaut le jour de la bataille et devant l’ennemi, est dans l’habitude de réparer cette faiblesse le lendemain par ses expédients.
Mais, au milieu de ces études paisibles, de ces méditations solitaires, de ces reproductions naïves des anciens chefs-d’œuvre, survint l’invasion de 1815, qui brisa le cœur du jeune poëte comme celui de tous les amis de la France. […] C’est lorsqu’aux rives du Gange, dans cette patrie des roses et du soleil, il a prêté sa voix harmonieuse aux prêtres, aux jeunes guerriers, aux jeunes filles, et qu’entièrement soustrait au monde moderne qu’il ignore, il a réalisé une Grèce selon son cœur ; car c’est toujours une Grèce, quoique plus resplendissante et plus orientale que l’ancienne. […] Le premier jour se lève, et l’on n’aperçoit rien encore ; Colomb a le cœur qui bat, et ici le poëte décrit en vers élégants ce cœur Qui s’élève, et retombe, et languit dans l’attente, Ce cœur qui, tour à tour brûlant ou sans chaleur, Se gonfle de plaisir, se brise de douleur, etc. […] Mais si le temps m’épargne et si la mort m’oublie, Mes mains, mes froides mains, par de nouveaux concerts, Sauront la rajeunir, cette lyre vieillie ; Dans mon cœur épuisé je trouverai des vers, Des sons dans ma voix affaiblie ; Et cette liberté, que je chantai toujours, Redemandant un hymne à ma veine glacée, Aura ma dernière pensée, Comme elle eut mes premiers amours. […] Une comédie politique, pénétrante et rapide, qui percerait çà et là des jours hardis, qui irait dénoncer la nature humaine dans ses duplicités fuyantes jusqu’au sein des plus nobles cœurs, ne ferait que son métier.
C’est que ce Dandolo avait fait vibrer certaines fibres secrètes de son imagination et de son cœur. […] Les accents de cet homme lui étaient restés dans le cœur, dans l’imagination ; oui, il avait peut-être fait vœu, dans son imagination italienne, d’être pitoyable pour cet homme, si la fortune lui souriait à lui-même et si elle couronnait son retour. […] qu’ils aillent dans la Terre sainte, s’écrie-t-il encore, qu’ils entrent à Jérusalem, même avec une foi douteuse, ceux-là qui sont avides de nouvelles émotions ; pour peu que leur imagination soit vive, et leur cœur droit et sincère, elles arriveront en foule à leur âme. […] Il crut lire, dans l’avènement et l’affermissement du pouvoir nouveau, un ajournement désormais indéfini de ses espérances : le mal du pays le gagna ; ce cœur si fort fut brisé. […] La maladie dont il mourut, restée assez obscure, paraît avoir tenu aux organes de la circulation et du cœur.
Mais il y a le Ducis homme et caractère, poète au cœur chaud, d’autant plus poète qu’il parle en prose et non en vers, et qu’il a le langage plus naturel, écrivant à ses amis des lettres charmantes, toutes semées de mots simples et grandioses, de pensées qui sentent la Bible, le livre de la Sagesse, et où résonne pourtant comme un lointain grondement du tonnerre tragique. […] Mais ne sentez-vous pas aussitôt comme Ducis, dans cette prose naturelle et sortie du cœur, a le mot large et pittoresque ? […] Et vous, mon ami, vous regardez le berceau de votre petit enfant, et sa mère et sa grand-mère, et vos deux aînés Paul et Virginie : votre cœur s’attendrit et jouit. […] N’ayant pas eu la force et l’art de se créer une langue poétique à son usage, il n’y a qu’en prose, et dans ce qui saute du cœur sur le papier, que le poète s’est montré tout à fait lui-même. […] C’est ce que je me dis toutes les fois que j’ai douceur et surabondance de mélancolie. » Notez qu’il n’écrivait ainsi en prose que parce qu’il était foncièrement poète par l’imagination et par le cœur.
Elle, les mains de plus en plus serrées contre son cœur, pâmée, mourante, haletait. […] Ce n’était plus l’effroi qui me serrait le cœur, c’était une compassion indicible. […] n’est pas jolie, sent germer dans son cœur une affection sans bornes. […] Seulement son cœur, dans cette circonstance, n’avait pas eu assez d’esprit. […] Le cœur vient alors qui corrige l’esprit, et, du cœur, Mérimée en avait plus qu’il ne voulait le laisser voir.
disais-je, ce calme où se plaît la nature Ne peut-il pénétrer dans mon cœur agité ? […] J’ajouterais :… Vous paraissez n’être pas heureuse ; vous vous plaignez souvent dans votre ouvrage de manquer de cœurs qui vous entendent. […] » La gloire en effet entra dès lors en partage ouvert dans son cœur avec le sentiment. […] Coppet, c’est l’Élysée que tous les cœurs, enfants de Jean-Jacques, eussent naturellement prêté à la châtelaine de leurs rêves. […] Et si elle laisse parler complétement son cœur, comme cela arrive si souvent, on voit comme ce cœur élevé déverse encore tout ce qu’il y a de vaste et de profond dans son esprit, et alors il faut l’adorer comme mes amis A.
Une fois lâché, ni danger ni prière ne le retient. « Son cœur est dans sa bouche. […] Car cette force de haïr, dans un grand cœur, est la même que la force d’aimer. […] Quel lieu mieux choisi pour la comédie de sentiment et pour la fantaisie du cœur ! […] Un sylphe touche de la racine magique les yeux du jeune homme, et change son cœur. […] Le cœur est ravi, et les yeux sont aveugles.
Voilà donc une matière rare : son cœur, son propre cœur, qu’elle pourra travailler en toute assurance, et je n’entends pas par là ces grands mouvements de la passion où la puissance de conception virile lui est un trop dangereux rival, — domaine réservé qu’elle fera sagement de laisser à l’homme — mais plutôt ces intimes et mystérieux recoins où celui-là ne saurait pénétrer. […] Et c’est bien, à parler franc, comme un miroir dont la monture inférieure, garnie de pointes, leur déchirerait le cœur ! […] comment assister alors cette détresse, Qui fait trembler vos cœurs et vos pauvres genoux ? […] Paul Bourget : « L’écrivain Dorsenne n’avait pas beaucoup de cœur… » — « Qu’importe, s’il avait de l’imagination ! […] Elles ne sauraient voir deux personnes qui sont mal ensemble sans prendre parti dans leur cœur pour l’une ou contre l’autre. » Ah !
Mais je dis presque de tout son cœur, parce que dans ce cœur de comte il reste une place pour l’ambition. […] C’était, prise sur le vif, « la jolie femme qui a le cœur sur la main ». […] Le cœur était sain et fort. […] La neige lui fait un linceul blanc comme son cœur d’enfant inoffensif. […] On voit que c’est un cœur droit ; mais il est furieusement indiscret.
« Sur quel cœur l’image de la créature qui relève était-elle mieux gravée que sur ce cœur qui semblait absent ? […] … « Je vous embrasse tous du fond de mon cœur. […] qu’il faille arrêter les élans d’un pauvre cœur qui bat toujours si vite pour ceux qu’il a aimés et qu’il aimera toujours ! […] « Je n’ai pas, à la vérité, la frayeur que tu commettes l’imprudence, je dirai l’impiété, que tous les cœurs froids commettent, d’avertir ta mère sur ses devoirs, ce qui serait la tuer. […] Je vous remercie d’une larme de pitié qui vous vient aux yeux pour moi, et du serrement de cœur fraternel que sa perte vous cause, je le sens !
Ils naissent instruits, et ils sont plus tôt des hommes parfaits que le commun des hommes ne sort de l’enfance. » Au chapitre des Grands, il s’est échappé à dire ce qu’il avait dû penser si souvent : « L’avantage des Grands sur les autres hommes est immense par un endroit : je leur cède leur bonne chère, leurs riches ameublements, leurs chiens, leurs chevaux, leurs singes, leurs nains, leurs fous et leurs flatteurs ; mais je leur envie le bonheur d’avoir à leur service des gens qui les égalent par le cœur et par l’esprit, et qui les passent quelquefois. » Les réflexions inévitables que le scandale, des mœurs princières lui inspirait n’étaient pas perdues, on peut le croire, et ressortaient moyennant détour : « Il y a des misères sur la terre qui saisissent le cœur : il manque à quelques-uns jusqu’aux aliments ; ils redoutent l’hiver ; ils appréhendent de vivre. […] Cette diversité de pensées accomplies, desquelles on pourrait tirer tour à tour plusieurs manières d’existences charmantes ou profondes, et qu’une seule personne n’a pu directement former de sa seule et propre expérience, s’explique d’un mot : Molière, sans être Alceste, ni Philinte, ni Orgon, ni Argan, est successivement tout cela ; La Bruyère, dans le cercle du moraliste, a ce don assez pareil, d’être successivement chaque cœur ; il est du petit nombre de ces hommes qui ont tout su. […] le cœur d’un Fénelon y palpite sous un accent plus contenu. […] Il en a sur le cœur et les passions surtout qui rencontrent à l’improviste les analyses intérieures de nos contemporains. […] J’avais noté aussi sa plainte sur l’infirmité du cœur humain trop tôt consolé, qui manque de sources inépuisables de douleur pour certaines pertes, et je la rapprochais d’une plainte pareille dans Atala.
Vous avez des oppressions et des battements de cœur ? […] J’ai le cœur gonflé, je ne pouvais pas vivre comme j’étais, je suis venu. […] « Elle lui prit la main et la posa sur son cœur. […] Le premier quelquefois est un sophiste d’esprit ; mais le second est un sophiste de cœur ! […] Une aspiration suffit au cœur ; mais à l’économie politique, cette astronomie des forces humaines, il faut le chiffre.
Il faut une émotion au peuple pour que son cœur et son imagination s’attachent à un homme nouveau. […] Tout se taisait, on balbutiait ; Laurent, amoureux comme Pétrarque, écrivit comme lui ces sonnets qui immortalisent les flammes du cœur. […] On y reconnaît le cœur de l’enfant qui suivait Côme, son père, dans les pâturages de Coreggio. […] Une illusion perfide te persuadera, sous mille faux prétextes, que c’est à la fragilité de ton cœur que tu dois attribuer ce malheur […] Sa mélancolie redoubla ; la solitude du cœur, à un certain âge, est la mort anticipée.
Après les privations, il était maintenant « avide de jouissances » ; les sensations, les aspirations, l’ambition, « l’ardent désir d’amour », emplissaient son cœur ; il était dans un état d’excitation voluptueuse et dévorante, qui mettait sang et nerfs dans des transports fiévreux » ; son « être entier s’était consumé dans cette création », à tel point, que « l’idée qu’une mort subite le surprendrait » et l’empêcherait de terminer cette œuvre « puisée dans son cœur même », s’empara de lui et le fit poursuivre son achèvement avec une ardeur redoublée (IV, 342-348 ; et Glasenapp, Biogr. : I, 194). […] Wagner a plus tard lui-même avoué que « tout l’intérêt de ce drame réside dans ce qui se passe dans le cœur d’Elsa » (VII, 163). […] Nulle part Wagner ne nous permet de jeter un regard dans l’âme de Lohengrin, lui dont le prodigieux art était de mettre à nu le cœur de l’homme et de dévoiler ses motifs à lui-même inconnus. […] Faite pour me servir, Contre moi ton cœur se mutine ! […] Donc, pour nous aider dans notre tâche, nous faisons appel à l’aide de tous ceux qui, Wagnéristes, ont à cœur la gloire et la propagation de l’œuvre Wagnérienne.
Cet homme a pourtant des accents qui sortent du cœur, bien qu’ils ne durent pas. […] Soyez satirique si le cœur vous en dit, si vous vous en sentez la verve, si l’indignation vous transporte, mais soyez-le franchement. […] Ils tiennent leur parole, et s’écrivent des lettres pleines d’âme, de vérité, d’effusion de cœur, sans sarcasmes, sans mauvaises plaisanteries. […] Dans les journées de juillet 1830, M. de Latouche se montra homme d’énergie et de cœur. […] C’était le bon esprit qui revivait dans son cœur tourmenté Non, ce n’était pas un méchant, mais un malade… On l’a cru jaloux.
Les desseins des rois, les abominations des cités, les voies iniques et détournées de la politique, le remuement des cœurs par le fil secret des passions, ces inquiétudes qui saisissent parfois les peuples, ces transmutations de puissance du roi au sujet, du noble au plébéien, du riche au pauvre : tous ces ressorts resteront inexplicables pour vous, si vous n’avez, pour ainsi dire, assisté au conseil du Très-Haut, avec ces divers esprits de force, de prudence, de faiblesse et d’erreur, qu’il envoie aux nations qu’il veut ou sauver ou perdre. […] Qu’on vante tant qu’on voudra celui qui, démêlant les secrets de nos cœurs, fait sortir les plus grands événements des sources les plus misérables : Dieu attentif aux royaumes des hommes ; l’impiété, c’est-à-dire l’absence des vertus morales, devenant la raison immédiate des malheurs des peuples : voilà, ce nous semble, une base historique bien plus noble, et aussi bien plus certaine que la première. Et pour en montrer un exemple dans notre révolution, qu’on nous dise si ce furent des causes ordinaires qui, dans le cours de quelques années, dénaturèrent nos affections, et affectèrent parmi nous la simplicité et la grandeur particulières au cœur de l’homme.
Les sujets qu’il choisit, et sur lesquels sa verve le plus souvent s’exerce, ne lui arrivent point par le bruit du dehors et comme un écho de l’opinion populaire ; ils tiennent plutôt à quelque fibre de son cœur, ou il ne les demande qu’à l’écho des bois. […] Ou si la mort était ce que mon cœur envie, Quelque sommeil bien long, d’un long rêve charmé, La nuit des jours passés, le songe de la vie ! […] Alfred de Musset : Ami, toi qu’a piqué l’abeille, Ton cœur veille, Et tu n’en saurais ni guérir, Ni mourir. […] Ces idées, ces croyances du berceau et de la tombe, étaient de tout temps demeurées présentes à son imagination, à son cœur. […] Oui, l’esprit charmant, l’esprit aidé et servi du cœur.
Chacun de ces détails enfonce insensiblement l’émotion dans le cœur du lecteur en déterminant l’image vivante du fait. […] Il était jeune alors, plein d’espoir, le cœur haut, tout dressé aux grandes pensées. […] Mais il s’arrête longtemps à ce qui précède l’accès : il nous fait revoir dans la rêverie du roi toutes les déceptions de son triste règne, les désillusions de son simple cœur ; ce sont les antécédents moraux de la folie ; il remet à deux fois sous nos yeux la température torride, les sables ardents, l’atmosphère étouffante, il note l’étrange apparition, quelque insensé sans doute : ce sont les antécédents physiques. […] Par ce développement des circonstances antérieures, l’invention semble momentanément se porter hors du sujet, mais elle n’y enfonce jamais plus, elle n’en touche jamais mieux le cœur, que lorsqu’elle paraît ainsi s’en distraire. […] Qu’est-ce au fond que l’expérience, que la connaissance du cœur humain, sinon avoir établi un rapport de cause à effet entre les phénomènes observés ?
Jésus se plaint souvent de l’incrédulité et de la dureté de cœur qu’il rencontre, et, quoiqu’il soit naturel de faire en de tels reproches la part de l’exagération du prédicateur, quoiqu’on y sente cette espèce de convicium seculi que Jésus affectionnait à l’imitation de Jean-Baptiste 911, il est clair que le pays était loin de convoler tout entier au royaume de Dieu. « Malheur à toi, Chorazin ! […] Les Ninivites s’élèveront au jour du jugement contre cette génération et la condamneront, parce qu’ils firent pénitence à la prédication de Jonas ; or il y a ici plus que Jonas 913. » Sa vie vagabonde, d’abord pour lui pleine de charme, commençait aussi a lui peser. « Les renards, disait-il, ont leurs tanières et les oiseaux du ciel leurs nids ; mais le Fils de l’homme n’a pas où reposer sa tête 914. » L’amertume et le reproche se faisaient de plus en plus jour en son cœur. […] Jésus ne voulait que la religion du cœur ; celle des pharisiens consistait presque uniquement en observances. […] Quand il dînait chez eux, il les scandalisait fort en ne s’astreignant pas aux ablutions d’usage. « Donnez l’aumône, disait-il, et tout pour vous deviendra pur 932. » Ce qui blessait au plus haut degré son tact délicat, c’était l’air d’assurance que les pharisiens portaient dans les choses religieuses, leur dévotion mesquine, qui aboutissait à une vaine recherche de préséances et de titres, nullement à l’amélioration des cœurs. […] Ses exquises moqueries, ses malignes provocations frappaient toujours au cœur.
Elle qui désirait être une sœur converse dans le paradis, ne fut point une religieuse sur la terre, malgré toutes les vocations de son cœur. […] … Il faut être voué au lieu commun pour répéter, à propos de Swetchine, la phrase immémoriale au double grelot que les sots ne manquent jamais, quand l’occasion s’en présente, de faire tinter dans le vide : « Homme par l’esprit, elle resta toujours femme par le cœur. » Non, le cœur et l’esprit étaient trop spirituels chez Mme Swetchine pour faire cette antithèse de rhétorique si peu imprévue… Dans les pages que l’on a réunies et qui se sont détachées de sa pensée comme des fruits longs à mûrir, mais mûris enfin, et comme elle l’a dit : « venus sous la neige », car dans Mme Swetchine c’est encore moins la femme que la vieille femme qu’on doit adorer, eh ! […] III Je n’hésite point à l’affirmer, c’est ce fragment sur la vieillesse (je n’écrirai jamais ce mot pédantesque de Traité, à propos des échappements de cœur de Mme Swetchine), c’est ce fragment que je préfère, lui, à tout dans ce livre, qu’on a fait pour elle, avec ces petits morceaux de papier qu’elle jetait dans sa corbeille, comme des chiffons de plus ! […] Théologienne, à sa manière, par le fait d’une intuition surnaturelle qu’elle devait probablement à la prière, si puissante quand elle est bien faite, elle a partout, dans ce qu’on a pu sauver de ses délicieuses griffonneries, une pureté d’orthodoxie pour le moins égale à son exquise pureté de cœur.
et cette suppression foudroya ce cœur dans lequel il n’avait jamais passé une palpitation de colère. […] C’était une espèce de Boileau en prose, élargi et vaste, avec plus de chaleur au cœur que Boileau et plus heureux, car les dindons auxquels il eut affaire toute sa vie ne purent jamais l’émasculer… Il a même jugé Boileau, qu’il respectait, de manière à faire croire qu’il le dominait par le sens critique. […] Homme de goût, — de ce goût qu’il a défini : « Un discernement vif et une sensation délicate, c’est le cœur éclairé » ; s’il l’avait sévère, ce goût, du moins il ne l’avait point étroit. […] Français comme Corneille et Racine, Fréron eut presque exclusivement la Critique française, mais pour être dans la tradition nationale du xviie siècle et de ses mœurs, il n’en voyait pas moins, par-dessus la frontière, les qualités de l’esprit d’une race différente de la sienne, et il l’a bien prouvé pour les Anglais, à qui il reconnaît « ces cris du cœur qui pour lui sont l’expression la plus certaine du génie ». […] M. de Barthélemy a mêlé aux citations qu’il fait de Fréron la vie de ce Stator de la Critique, qui résista et combattit jusqu’au brisement de sa plume et de son cœur, et cette vie de Fréron, chaudement racontée, est de la même unité que ses écrits.
Quoique ardente d’amitié, elle sent jusque sur le cœur de ses amis cette misère… Elle pèse sur eux ; ils pèsent sur elle… Et sa gaieté mêlée à cette tristesse devient plus triste que la tristesse la plus désolée. Ses lettres si étincelantes de traits, d’anecdotes et de plaisanteries, en restent flétries comme des roses mordues de quelque insecte caché dans leur cœur rougissant. […] « J’ai le cœur enveloppé », fit-elle une minute avant de mourir ! Elle l’avait eu toujours enveloppé, ce pauvre cœur, dans cette draperie sans bout de l’ennui ; elle mourait sous ce poids énorme bien avant d’avoir cessé de respirer. […] Car elle fut de son temps et ne fut pas plus que de son temps, ainsi que l’attestent les lettres, et c’est la différence qu’il y a entre elle et Madame Du Deffand, qui fut aussi du xviiie siècle, et même qui en fut l’expression la plus concentrée et la plus complète, mais qui, du moins, eut la tête et le cœur plus haut que ce temps.
Il est vrai que l’amour de Dieu est l’amour que nous comprenons le moins de tous les amours mystérieux du cœur de l’homme… Mais voyons, messieurs les penseurs ! […] Léon Aubineau, dans sa Vie de Benoît-Joseph Labre, ne soit pas un écrivain selon mon cœur, mais un glaçon du xviie siècle, assez incorrectement taillé, je luisais gré pourtant d’avoir eu la hardiesse d’aborder ce sujet, qui aurait fait peur à un catholique moins convaincu que lui. […] C’est le Diogène chrétien, en effet, que Benoît-Joseph Labre, non plus avec le cynisme du philosophe antique, mais avec des sentiments inconnus à toute l’Antiquité : l’humilité, la simplicité du cœur, et l’amour du Dieu qui a enseigné aux hommes la mortification et la pauvreté. Diogène, avec le manteau d’Antisthène qu’il avait ramassé à la borne et à travers les trous duquel passait l’orgueil qui crevait les yeux de Platon, Diogène ne buvait dans sa main et ne roulait devant lui son tonneau que pour se passer des hommes et être, tout à son aise, outrageusement insolent avec eux ; mais Benoît Labre, qui s’était fait le pauvre errant dont la main n’avait pas honte de se tendre à l’aumône, ressuscitait, par le spectacle de sa misère, la pitié et la charité dans les cœurs… Ce pauvre volontaire de Jésus-Christ, comme il s’appelait lui-même, fut, à ses risques et périls, tout le temps qu’il vécut, une prédication silencieuse, autrement éloquente que la parole des plus éloquents… C’était, continuée, vivante et incessante, la prédication du sublime sermon sur la montagne, — qu’admirait Rousseau, messieurs les philosophes ! […] Il y a ajouté l’amour de celui qui le prononça sur le Thabor, et montré ce que cet amour pouvait devenir dans un cœur d’homme, aux hommes, qui l’avaient oublié !
Si l’intelligence y consent, le cœur la désavoue et n’y peut demeurer. […] Scherer y entra, comme tous les autres, de franc cœur et sans réserve. […] Quand mon cœur palpitera, inquiet ou éperdu, je me jetterai sur le tien. […] Sa puissance, c’est-à-dire encore sa vérité, ne s’est-elle pas fait sentir à votre cœur ? […] Elle résulte constamment d’un besoin du cœur mêlé au travail de l’entendement.
Dans ce monde constipé de cœur et bourrelé de vanité discrète, n’attendez pas que le moindre quinquet littéraire allumé par Brucker reconnaisse lui devoir l’étincelle tombée sur sa mèche ! […] Et ce n’est là que quelques traits que je détache de ce portrait, qui est moins un portrait que la vie, la voix, le geste et l’âme d’un homme, gravés ineffaçablement sur la toile palpitante et vivante du cœur d’un autre homme. […] Le Paul Féval de ce livre, c’est Voltaire et Beaumarchais christianisés dans un homme, pour prouver au monde qu’en esprit et en gaîté ceux qui ont Dieu au cœur valent bien ceux qui ont le diable au corps. […] Je le serais pour mon plaisir… Son sujet seul m’entre dans le cœur sans avoir besoin de la main puissante de l’écrivain qui l’y pousse… C’est, en effet, pour moi, le normand jusqu’aux ongles, une des plus belles histoires dont puisse être fier mon pays ! […] Mais telle que la voilà, cette histoire, avec son échevèlement dramatique « l’orateur et ces trouées dans le monde moderne, — ce monde moderne qui marche à toute minute sur le cœur chrétien de Féval et le fait crier !
Voilà où je tends, voilà ma passion, voilà mon cœur. […] Il y avait parmi ces premières élèves et maîtresses de Saint-Cyr une Mme de La Maisonfort, femme distinguée, esprit curieux, amoureux des recherches, et qui était faite pour un tout autre cadre que celui qu’elle s’était choisi ; elle ne pouvait se résoudre à renoncer à la tendresse de son cœur, à la délicatesse de son esprit et de son goût. […] Ce que vous sentez là-dessus est encore matière de sacrifice ; il faut, que votre esprit devienne aussi simple que votre cœur… Employez votre esprit non à multiplier vos dégoûts, mais à les vaincre, mais à les cacher en attendant qu’ils soient vaincus, mais à vous faire aimer les plaisirs de votre état. […] Mme de Maintenon avait, je l’ai dit, le don d’éducation, et elle n’y voulait point de tristesse : il n’y en a jamais dans ce qui se fait pleinement, avec abondance de cœur et dans la voie droite. […] Entourée à Versailles d’hommes qui ne l’aimaient pas ou de femmes qu’elle méprisait, lisant dans leur cœur à travers leurs hommages intéressés et leurs bassesses, excédée de fatigue et de contrainte auprès du roi et de la famille royale qui usaient et abusaient d’elle, elle arrivait à Saint-Cyr pour s’y détendre, pour s’y plaindre, pour y laisser tomber le masque qu’elle portait sans cesse.
Il n’est plus de chair qui palpite dans le cœur endurci de l’homme ; il ne sent plus rien pour l’homme : le lien naturel de la fraternité est tombé, comme le chanvre qui tombe brin à brin au toucher du feu. […] Quelque corde à l’unisson avec ce que nous entendons, est touchée au-dedans de nous, et le cœur répond. […] Ici le cœur peut donner une utile leçon à la tête, et la Science devenir plus sage sans ses livres. […] Et toujours aimer, bien qu’accablée de maux, dans l’hiver des ans ne sentir aucun froid de cœur, pour moi c’est être la plus aimable toujours, Ma Marie25 ! […] Cette dévotion de plus, si son cœur l’avait pu admettre, l’aurait secouru et peut-être préservé. — « Ô dame !
Dans la pièce espagnole, c’est don Arias qui suggère l’idée de tenter cette épreuve sur le cœur de Chimène et de faire annoncer par un domestique la mort de Rodrigue ; et il y a cela de bien et de naturel que le vieux don Diègue, en entendant ce faux rapport, se dit à part soi dans son cœur de père : « Ces nouvelles, quoique je les sache fausses, m’arrachent des larmes. » A la brusque nouvelle de la mort de Rodrigue, Chimène s’est trahie ; elle a changé de couleur et va se pâmer : le roi se hâte de la détromper pour la faire revenir ; mais il s’est trop pressé, le bon roi, et Chimène se dédit par ce vers : « Sire, on pâme de joie ainsi que de tristesse. » Ceci est pris dans l’espagnol. […] Don Sanche est-il si redoutable Qu’il donne l’épouvante à ce cœur indomptable ? […] On retourne sans nécessité chez Chimène, qui s’entretient avec sa suivante ; elle revient en arrière sur ce qui a été dit, et elle fait semblant, ou elle se fait sincèrement l’illusion d’être plus combattue en son cœur qu’elle ne l’est. […] Quand on a réuni, comme je m’en suis donné la triste satisfaction, tous ces pamphlets que le triomphe du Cid fit naître, on reçoit une impression de dégoût et presque de soulèvement, analogue à celle que dut éprouver le cœur de Corneille. […] Ce que Chimène a en elle de femme, d’éternellement femme, d’éternellement cher et sympathique aux jeunes cœurs, s’accuserait mieux encore par contraste, si on la suivait en détail dans cette comparution maussade devant la Chambre du haut syndicat littéraire et devant le Conseil des Prudents.
Regrettons de grand cœur les jours passés, mais n’accusons pas trop le présent qui passera peut-être dans quarante ou cinquante ans pour un charmant et décent modèle à son tour. […] C’était pour lui l’enluminure et, par conséquent, l’altération de la vérité ; c’était la pompe et la vanité, substituées à la raison et à la logique ; c’était le succès de la cause, sacrifié au succès de l’orateur ; enfin, la déplorable phrase, au lieu du mouvement du cœur et de l’esprit. […] « Jeune, avec du cœur, de l’âme, de l’esprit, de l’instruction, et ce qu’il faut de fortune pour vivre indépendant », il va dans le monde ; il y a des succès et y est aimé. […] Coulmann, d’une tendre amitié, d’un vif intérêt de cœur. […] Je sentais que, dans ces derniers mois, il faisait tort à sa réputation, il s’aliénait les personnes qui étaient les plus chères à son cœur, et dont la froideur qu’il avait causée lui-même était ensuite son plus grand tourment… « On n’a point connu Mme de Staël, si on ne l’a pas vue avec Benjamin Constant.
Tous ceux qui avaient un cœur capable de passion relurent Portia et palpitèrent, Le noble Farcy en raffolait. […] Quel était donc ce cœur de poëte qui avait tant de pitié de la blancheur des marbres ? […] Le cœur d’un homme vierge est un vase profond : Lorsque la première eau qu’on y verse est impure, La mer y passerait sans laver la souillure, Car l’abîme est immense, et la tache est au fond70 ! […] Au souffle du matin sens-tu ton cœur frémir, Et t’agenouilles-tu, lorsque tu vas dormir ? […] Belcolore dit quelque part à Frank : Prétends-tu me prouver que j’aie un cœur de pierre ?
Il y a quinze ans que cet honorable gentilhomme, ancien député sous la Restauration, a pris à cœur de rechercher tout ce qui pouvait, de près ou de loin, concerner l’aimable poëte d’Amiens. […] Je ne prétends pas dire que Gresset n’ait pas eu là d’heureuses années embellies de succès légitimes ; des idées riantes, un certain jeu de vivacité naturelle et de mollesse voluptueuse, quelques éclairs de tendresse, des accents sortis d’un cœur droit, d’une âme honnête et bonne, animaient ces productions de sa veine dans leur fraîcheur : presque tout cela, encore un coup, a disparu. […] Quelques mots épars, quelques indices recueillis par M. de Cayrol, semblent indiquer que les jouissances de cœur ne manquèrent pas à Gresset dans ces années mondaines ; mais la discrétion du poëte n’a rien laissé percer sur l’objet aimé, et, dans un monde où tout s’affichait, il sut couvrir d’un voile mystérieux le nom de sa Glycére. Gresset avait le cœur délicat ; même à son heure la plus brillante et en son midi, il se rejetait le plus qu’il pouvait dans le demi-jour33. […] A de telles déterminations, qui tiennent de si près à la conscience et à la morale intime, il n’y a rien à opposer ; l’idée qu’on peut se faire du cœur de Gresset gagne plutôt à le voir ainsi se dérober à ce qui eût tenté la plupart.
Tous les anciens amis de la reine sont revenus après une disgrâce plus ou moins longue : chacun d’eux compte sur la même faveur qu’autrefois, et ils ne s’aperçoivent pas d’abord que cette reine, qu’ils avaient laissée opprimée par Richelieu, sans enfants et encore Espagnole de cœur, est devenue mère, toute aux intérêts du jeune roi, et une reine toute française. Ils ne distinguent pas non plus que le cœur est déjà gagné par le Mazarin, et qu’elle a fait choix de lui dans son affection et dans sa paresse pour être le ministre qui la désoccupera des affaires et qui la fera régner. […] Par cette droiture de procédé, elle se fait tort auprès du ministre ; mais la reine a dans le cœur assez d’élévation pour lui pardonner ces témoignages de probité et, la première froideur passée, pour ne pas lui en garder de rancune. […] Mme de Motteville était dans une grande et véritable cour, auprès d’une reine qui, avec un esprit de médiocre étendue, mais commode et agréable, avait un cœur noble et généreux, et qui payait les services par l’estime. […] Les plus sages, qui jusqu’alors avaient désapprouvé les entreprises de cette compagnie, ne pouvaient dans leur cœur haïr cette proposition ; ils la blâmaient en apparence, parce qu’il était impossible de la louer à la vue du monde, mais ils l’aimaient en effet, et ne pouvaient s’empêcher d’estimer cette hardiesse, et de souhaiter qu’elle eût un favorable succès ».
Bien des années après, le grand Frédéric, à Potsdam, lui faisait la galanterie de lui en réciter par cœur le début. […] Il réussit beaucoup auprès de Mme d’Épinay, qui était alors dans un de ces intervalles où le cœur souffre, et où, en se déclarant à lui-même qu’il veut continuer de souffrir, il cherche vaguement à se rouvrir à une espérance. […] D’un autre côté, mon cœur s’attendrit en pensant que ma patrie me désire. […] Dans les lettres qu’il écrit à Mme d’Épinay, pendant cette campagne de Westphalie, l’avantage des attentions de cœur et des nuances n’est pas toujours du côté de son amie. […] Les lettres de Grimm, qui traitent de la rupture de Rousseau à sa sortie de l’Ermitage, sont des chefs-d’œuvre de tact, de précision, et de vue saine sur ce cœur malade.