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1426. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance de Voltaire avec la duchesse de Saxe-Golha et autres lettres de lui inédites, publiées par MM. Évariste, Bavoux et Alphonse François. Œuvres et correspondance inédites de J-J. Rousseau, publiées par M. G. Streckeisen-Moultou. — I » pp. 219-230

Pauvre Rousseau !

1427. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Béranger — Béranger, 1833. Chansons nouvelles et dernières »

C’est à ce même fonds social, humain, d’une civilisation plus équitable et vraiment universelle, opposée aux misères de la nôtre, que sont puisées les inspirations si amèrement belles du Pauvre Jacques et du Vieux Vagabond.

1428. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo, Les Feuilles d'automne, (1831) »

Diderot nous parle d’un éditeur de Montaigne, si modeste et si vaniteux à la fois, le pauvre homme, qu’il ne pouvait s’empêcher de rougir quand on prononçait devant lui le nom de l’auteur des Essais.

1429. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « FLÉCHIER (Mémoires sur les Grands-Jours tenus à Clermont en 1665-1666, publiés par M. Gonod, bibliothécaire de la ville de Clermont.) » pp. 104-118

Ainsi, pour leur exemple d’éclat, ils firent tout d’abord tomber la tête de ce pauvre vicomte de La Mothe de Canillac, le plus innocent de tous les Canillacs, ce qui ne veut pas dire qu’il fût très-innocent.

1430. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Appendice sur La Fontaine »

Mais même en poussant aussi loin qu’on voudra cette exigence scrupuleuse de La Fontaine, et en estimant, d’après un précepte de rhétorique assez faux à mon gré, que chez lui la composition était d’autant moins facile que les résultats le paraissent davantage, on n’en viendra pas pour cela à comprendre par quel enchaînement d’études secrètes, et, pour ainsi dire, par quelle série d’épreuves et d’initiations, le pauvre La Fontaine prit ses grades au Parnasse et mérita, le jour précis qu’il eut quarante et un ans, de recevoir des neuf vierges le chapeau de laurier, attribut de maître en poésie, à peu près comme on reçoit un bonnet de docteur.

1431. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Réception de M. Vitet à l’Académie française. »

Puisque je viens de citer Martial, je le citerai encore ; j’y pensais involontairement, tandis qu’on célébrait et (qui plus est) qu’on récitait avec sensibilité les vers touchants de la Pauvre fille ; ce n’est qu’une courte idylle, et voilà qu’entre toutes les œuvres du poëte elle a eu la meilleure part des honneurs de la séance.

1432. (1874) Premiers lundis. Tome II « Jouffroy. Cours de philosophie moderne — III »

Par malheur elle se trouve souvent, relativement au corps, dans la position d’un voyageur dévalisé que des voleurs ont attaché sur son cheval au rebours, la tête du cavalier tournée vers la queue de la monture : si la monture n’est pas une haridelle ou n’a pas été matée par un long jeûne, le pauvre cavalier n’en peut venir à bout.

1433. (1875) Premiers lundis. Tome III « Nicolas Gogol : Nouvelles russes, traduites par M. Louis Viardot. »

La petite histoire intitulée un Ménage d’autrefois, et qui peint la vie monotone et heureuse de deux époux dans la Petite-Russie, est pourtant d’un contraste heureux avec les scènes dures et sauvages de Boulba : rien de plus calme, de plus reposé, de plus uni ; on ne se figure pas d’ordinaire que la Russie renferme de telles idylles à la Philémon et Baucis, de ces existences qui semblent réaliser l’idéal du home anglais et où le feeling respire dans toute sa douceur continue : Charles Lamb aurait pu écrire ce charmant et minutieux récit ; mais vers la fin, lorsque le vieillard a perdu son inséparable compagne, lorsque le voyageur, qui l’a quitté cinq années auparavant, le revoit veuf, infirme, paralytique et presque tombé en enfance, lorsqu’à un certain moment du repas un mets favori de friandise rappelle au pauvre homme la défunte et le fait éclater en sanglots, l’auteur retrouve cette profondeur d’accent dont il a déjà fait preuve dans Boulba, et il y a là des pages que j’aimerais à citer encore, s’il ne fallait se borner dans une analyse, et laisser au lecteur quelque chose à désirer. — En homme, le nom de M. 

1434. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XV. De l’imagination des Anglais dans leurs poésies et leurs romans » pp. 307-323

Dans les pays pauvres, et surtout dans les classes moyennes de la société, on a souvent trouvé des mœurs très pures ; mais c’est aux premières classes qu’il appartient de rendre plus remarquables les exemples qu’elles donnent.

1435. (1823) Racine et Shakspeare « Chapitre premier. Pour faire des Tragédies qui puissent intéresser le public en 1823, faut-il suivre les errements de Racine ou ceux de Shakspeare ? » pp. 9-27

Si le pauvre romanticisme avait une réclamation à faire entendre, tous les journaux de toutes les couleurs lui seraient également fermés.

1436. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre III. Association des mots entre eux et des mots avec les idées »

Voyez ces deux vers, l’un de La Fontaine : Un pauvre bûcheron, tout couvert de ramée ; l’autre de V. 

1437. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre I. Renaissance et Réforme avant 1535 — Chapitre I. Vue générale du seizième siècle »

Il avait fait la littérature à son image : une littérature pauvre d’idées, de sentiment vulgaire et cynique, de forme aisée et légère sans grandeur, à laquelle les érudits des cours féodales n’étaient arrivés qu’à opposer une littérature vide, de forme compliquée, capable seulement de donner le sentiment d’un immense effort évanoui dans le néant des résultats, dans le néant même des intentions.

1438. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Armand Silvestre »

Armand Silvestre a copieusement vengé le pauvre dieu Crépitus, et je ne m’en étonne plus : il est assez naturel qu’ayant, dans sa poésie savante, les imaginations des anciens hommes, il ait aussi leurs gaietés et se gaudisse des mêmes objets.

1439. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Anatole France, le Lys rouge »

Il est capable d’une conception générale du monde, qui, en lui montrant l’insignifiance et la vanité de sa pauvre petite aventure personnelle, devrait la lui rendre inoffensive.

1440. (1911) La valeur de la science « Deuxième partie : Les sciences physiques — Chapitre V. L’Analyse et la Physique. »

Toutes les lois sont donc tirées de l’expérience ; mais pour les énoncer, il faut une langue spéciale ; le langage ordinaire est trop pauvre, il est d’ailleurs trop vague, pour exprimer des rapports si délicats, si riches et si précis.

1441. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre VII. Développement des idées de Jésus sur le Royaume de Dieu. »

Le grand signe du Messie, c’est « la bonne nouvelle annoncée aux pauvres 364. » La nature idyllique et douce de Jésus reprenait ici le dessus.

1442. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXI » pp. 338-354

Je souffre par avance de tout ce que le pauvre enfant souffrira.

1443. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VIII. Quelques étrangères »

Pauvre être incertain, toute en demi-élans, elle lui revient d’abord à moitié, ne renoue avec lui qu’une apparence de vie commune.

1444. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1852 » pp. 13-28

* * * — Tous comptes faits avec Dumineray, le seul éditeur de Paris qui, sous l’état de siège, ait osé prendre en dépôt notre pauvre En 18..

1445. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre troisième. De la sympathie et de la sociabilité dans la critique. »

Pauvre Boileau, qui attachait une si capitale importance aux opinions de l’Académie, et aux siennes propres !

1446. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface des « Burgraves » (1843) »

Là, seul comme le matin, plus seul encore, car aucun chevrier n’oserait se hasarder dans des lieux pareils à ces heures que toutes les superstitions font redoutables, perdu dans l’obscurité, il se laissait aller à cette tristesse profonde qui vient au cœur quand on se trouve, à la tombée du soir, placé sur quelque sommet désert, entre les étoiles de Dieu qui s’allument splendidement au-dessus de notre tête et les pauvres étoiles de l’homme qui s’allument aussi, elles, derrière la vitre misérable des cabanes, dans l’ombre, sous nos pieds.

1447. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre second. Philosophie. — Chapitre premier. Astronomie et Mathématiques. »

quels abus, quels mécomptes nous trouverions en notre pauvre science 144 !

1448. (1760) Réflexions sur la poésie

Mais les pensées sublimes sont rares, et ne peuvent être suppléées, ni par la magnificence des mots, cette magnificence si pauvre quand celle des choses n’y répond pas, ni par ce beau désordre qu’on n’a pu jusqu’ici bien définir, ni par des invocations triviales qui ne sont point exaucées, ni par un enthousiasme de commande qui semble annoncer une foule d’idées et qui n’en produit pas une seule.

1449. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre III. Besoin d’institutions nouvelles » pp. 67-85

J’ai vu naguère la ville éternelle, la ville antique des souvenirs, la ville qu’un pauvre voyageur, venu de la Judée, seul, mais accompagné de la force de Dieu, rendit la ville des destinées nouvelles, la capitale du monde chrétien, comme elle avait été la ville des destinées anciennes, la capitale du monde païen.

1450. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre premier. Mme de Staël »

Je ne sache rien de plus chétif et de plus pauvre que cette publication sans nouveauté, sans renseignement profond, sans aperçu, sans trace enfin de cette personnalité rayonnante qui fut Mme de Staël.

1451. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXV. Mme Clarisse Bader »

… Elle a écouté à, la porte des livres pour venir me commérer ce qu’il y a dedans… Mais je préfère à cette commère historique la moindre femme de chambre à la Dorine, qui écoute à la porte du salon de ses maîtres et qui me vient dire ce qu’elle y a entendu, avec ce brio de langue affilée que la pauvre Mlle Clarisse Bader ne connaît pas.

1452. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Les civilisations »

Quant à l’Océanie, qui vient après les Amériques dans ce livre de Faliés, on se demande s’il a l’aplomb de nous donner pour des civilisations quelconques des pays où les hommes se mangent entre eux, et, quand on ne se mange pas, où l’on se frotte le nez les uns contre les autres pour se montrer de la tendresse, ce que le très sérieux Faliés, qui ne rit jamais, le pauvre homme !

1453. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Odysse Barot »

Madame Beecher-Stowe surtout, qui, littérairement, est, disons-le, une imbécile, mais qui appuya sa main bête sur cette corde du sentiment qui est toujours prête à retentir, madame Beecher-Stowe, qui « a plus fait — dit-il — pour l’émancipation des noirs que le président Lincoln et le congrès de Washington », exalte au plus haut degré le sentiment d’un philanthrope émancipateur qui voudrait émanciper jusqu’aux bêtes féroces, — pauvres bêtes !

1454. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Grèce antique »

De là, l’inaptitude à élever les enfants pour cette pauvre chose qu’on appelle encore la femme !

1455. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Jacques Cœur et Charles VII »

Nous, que l’histoire comme on l’écrit depuis vingt ans13 a lassés et un peu blasés sur les généralisations à perte de vue qui s’y mêlent, nous aimons cette saveur étrange, parce qu’elle est pure et vraie, que nous donne l’histoire écrite ainsi, et nous pensons que la voilà, impartiale et sincère, autant, du moins, qu’il est permis à la pauvre main humaine de la tracer.

1456. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Femmes d’Amérique » pp. 95-110

Toute la philosophie sociale de ce formidable penseur, qui a pour la pauvre Europe l’insolence d’un homme repu pour un affamé, et qui nous revient d’Amérique enrichi du moins d’une pacotille d’idées générales et d’observations individuelles, — marchandises mêlées dont nous voulons vous montrer les échantillons ; — toute la philosophie sociale de Bellegarrigue, comme il le dit lui-même en un langage digne des mendiants de Callot, consiste « dans la recherche de la monnaie » (textuel).

1457. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Madame de Sévigné » pp. 243-257

Quand il boude, elle lui tend l’appeau de ses beaux bras, frais comme l’indifférence, et que le pauvre timbré aimait à baiser !

1458. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « La Papesse Jeanne » pp. 325-340

Il n’y a pas même ajouté un pauvre petit mot de son cru… car il n’a pas de cru.

1459. (1880) Goethe et Diderot « Note : entretiens de Goethe et d’Eckermann Traduits par M. J.-N. Charles »

Sigismond Sklower, avait, en 1842, publié sur Gœthe un livre intéressant, à la fin duquel il traduisit avec beaucoup de vivacité Eckermann, qui a si grand besoin qu’on soit vif pour lui, le pauvre homme !

1460. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « IV. M. Henri Martin. Histoire de France » pp. 97-110

Nous n’outragerons pas son intelligence au point même de le supposer, mais c’est un ennemi de l’Église qui écrit pour le commun des esprits et pour l’éducation élémentaire des pauvres jeunes gens qui ne se collèteront jamais avec les difficultés de l’histoire, et cela lui constitue un terrain sur lequel, si grotesque qu’on soit, on finit par devenir dangereux.

1461. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XI. MM. Mignet et Pichot. Charles Quint, son abdication, son séjour et sa mort au monastère de Yuste. — Charles V, chronique de sa vie intérieure dans le cloître de Yuste » pp. 267-281

Cette scène, dont tout retentissait dans l’histoire, des funérailles de Charles-Quint vivant, est, disent les discuteurs d’anecdotes, de l’invention d’un pauvre moine qui avait, ma foi !

1462. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XIII. M. Nicolardot. Ménage et Finances de Voltaire » pp. 297-310

pour en faire une comédienne, soit enfin avec ses comédiens et sa colonie de Ferney, avec les pauvres dont il exigeait des quittances quand il leur donnait, l’implacable historien qui nous le retrace ne lui fait pas grâce d’une honte ou d’une bassesse, de la plus petite nuance d’indignité.

1463. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Le comte de Gobineau » pp. 67-82

Ce livre du comte de Gobineau, quand il le publia, a fait moins d’effet sur le pauvre public qu’on patine avec des journaux, que Le Bouton de rose, par exemple, de l’odoriférant M. 

1464. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Émile de Girardin » pp. 45-61

La Misère, cette sœur de la Douleur, que nous ne voulons pas, nous, chasser du monde, ni dans les intérêts du cœur ni dans les intérêts de la pensée, la Misère étendait sa main de Muse sur le front du pauvre secrétaire de Florence, délaissé des hommes, et y versait les fleurs de flamme de l’inspiration qui console.

1465. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Le roi Stanislas Poniatowski et Madame Geoffrin »

elle aima, cela est certain et ressort et jaillit pour moi de toutes les lettres de la Correspondance que voici ; mais son amour ne fut pas plus fort que sa raison, restée imperturbablement la maîtresse de son logis et la faiseuse de son ménage ; et si cet amour, qui lui vint tard, fut fou, — car tout amour est fou, — ses folies ne dépassèrent point les limites de son pauvre cœur, résolu à être aussi sage que sa tête, mais qui ne le fut pas toujours… Elle aima, tout l’atteste.

1466. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « II. Jean Reynaud »

et un pauvre théologien catholique (et je vous demande si le catholicisme est bien représenté !)

1467. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXXI. Sainte Térèse »

La Sainte Térèse des Fondations a été dévorée par le feu de l’autre Térèse, aux yeux éblouis de ces pauvres hommes qui répugnent toujours à accepter, dans un seul être, deux grandeurs.

1468. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Raymond Brucker. Les Docteurs du jour devant la Famille » pp. 149-165

Blessée même par la main de Napoléon, qui dut en frémir jusque dans le fin fond de son génie, mais qui eut la révolutionnaire faiblesse d’en circonscrire l’action et d’en diminuer la puissance, la Paternité, menacée davantage chaque jour, de toutes parts, est le symptôme accusateur d’une société qui s’écroule, et c’est ce que vit tout d’abord et avant tout Brucker, quand il s’agit de donner le robuste appui de son épaule à cette pauvre société chrétienne, ébranlée dans son fondement même.

1469. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Funck Brentano. Les Sophistes grecs et les Sophistes contemporains » pp. 401-416

— les sophistes grecs, tous ces gens-là qui sont morts dans leur pays mort et qu’ils ont tué, on ne peut pas leur redonner la vie parce qu’on les déterre, momies presque anonymes, tant on a de peine à lire leurs pauvres noms sur leurs bandelettes !

1470. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Christophe »

Pauvre et misérable siècle que ce xve  siècle, sans grandeur complète et immaculée dans les hommes, excepté en ces deux inutiles héros : Huniade et Scanderbeg, auxquels il faut ajouter ce Constantin Paléologue qui eut une minute sublime, — sa minute de mourir !

1471. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « E. Caro »

Caro ferme son volume par un compte rendu général et rapide des œuvres quelconques de ce temps où l’Idée de Dieu apparaît, comme elle a l’habitude d’apparaître dans la pauvre tête moderne, qui est si troublée.

1472. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Edgar Quinet »

On n’en eût dit mot, car personne n’en a parlé ; et le livre coulerait en silence dans l’oubli… Mais il est signé du nom de Quinet, de ce nom qui, trente ans, a résonné comme le style creux de l’homme qui le porte, et pour la même raison… L’occasion était donc bonne d’en parler pour en finir avec ce nom d’une célébrité imméritée, pour crever enfin cette grosse caisse… La Création est un pauvre livre.

1473. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Achille du Clésieux »

Pendant que les autres, depuis Fourier jusqu’à Cabet, enflaient et crevaient leurs bulles de savon, lui, du Clésieux, réalisait au profit des masses pauvres, qu’il christianisait et auxquelles il donnait l’intérêt du travail, des choses superbes et solides, et dans l’exercice de sa charité il montrait presque des facultés de gouvernement.

1474. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Edgar Quinet. L’Enchanteur Merlin »

Plagiaire involontaire, et caméléon qui s’ignore ; ruisselant, comme un homme qui sort de l’eau, des lectures que tout le monde a faites et que dans son livre on peut aisément suivre à la trace, ce génie, à personnalité incertaine et confuse, ne vivrait même pas de sa pauvre manière d’exister, si des autres n’avaient pas existé avant lui… En dehors des fabulations qu’ils ont fécondées ou ornées, je peux bien concevoir les autres poètes, épiques ou non, que M. 

1475. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « André Chénier »

Mais, pour nous qui ne croyons pas à la thèse de ce pauvre Henri Heine, malade pour son compte bien avant de mourir, que tout homme de génie est nécessairement malade, nous n’avons rien à dire quand on nous apprend que Chénier le fut toute sa vie, sinon que nous en sommes fâché et voilà tout !

1476. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Madame Ackermann »

Moi qui ne suis guères qu’un pauvre pécheur de perles habituellement sans ouvrage, croyez bien que je ne manquai pas celle-là !

1477. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Hector de Saint-Maur »

Plus pur et plus heureux, Saint-Maur est, comme son compatriote, le pauvre Hégésippe, du pays où la poésie s’est appelée longtemps : « la gaie science ».

1478. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Honoré de Balzac » pp. 1-15

Il ne doit pas manquer de revenir sur le luxe descriptif de Balzac, l’horreur des pauvres et des superficiels, et il y revient !

1479. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Prosper Mérimée. » pp. 323-336

Mérimée est un des grands parents de ce que j’oserai appeler en littérature : l’École des Pauvres.

1480. (1868) Curiosités esthétiques « VIII. Quelques caricaturistes étrangers » pp. 421-436

C’est chose curieuse à remarquer que cet esprit qui vient après le grand mouvement satirique et démolisseur du dix-huitième siècle, et auquel Voltaire aurait su gré, pour l’idée seulement (car le pauvre grand homme ne s’y connaissait guère quant au reste), de toutes ces caricatures monacales, — moines bâillants, moines goinfrants, têtes carrées d’assassins se préparant à matines, têtes rusées, hypocrites, fines et méchantes comme des profils d’oiseaux de proie ; — il est curieux, dis-je, que ce haïsseur de moines ait tant rêvé sorcières, sabbat, diableries, enfants qu’on fait cuire à la broche, que sais-je ?

1481. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [1] Rapport pp. -218

la fade romance et l’élégie aux rimes pauvres triomphaient. […] Pauvres gens, quelle tristesse était la leur ! […] Qu’as-tu gagné, toi, pauvre chose, à contempler un astre ? […] Il est mort, le pauvre enfant. […] Puis ce fut ce pauvre corps grêle, sur le lit blanc, avec des jacinthes et des roses blanches ; la mère en pleurs, le père qui ne voulait pas pleurer.

1482. (1910) Propos de théâtre. Cinquième série

Le « Sans dot » ; le « pauvre homme » ; le « que diable allait-il faire dans cette galère » sont les formules les plus célèbres et les plus éclatantes du comique naïf et inconscient. […] C’était une simple lavandière (blanchisseuse étant familier) aussi pauvre que lui. […] Le pauvre Sedaine, qui tenait à son titre, comme s’il se fût appelé Balzac ou Flaubert, regimba tant qu’il put et n’obtint rien ; il finit par se soumettre ; et il inventa un autre titre, s’avisant du caractère du principal personnage. […] Je ne vous en dirai rien cependant, ou je ne vous en dirai que cela aujourd’hui, parce que, comme on va la jouer à la Comédie-Française tout prochainement, je me réserve de vous dire l’impression qu’elle aura produite « sur ma pauvre âme déveloutée d’à présent », comme disait Renan. […] » Les pauvres Gourd et Germaine ont accumulé tant de sottises, que, ma foi, ce que Mme Lebrun croit peut-être, ce que Jacques arrive à croire, nous le croyons presque nous-mêmes.

1483. (1880) Une maladie morale : le mal du siècle pp. 7-419

Quand le pauvre Chênedollé insiste et tente un dernier effort, Lucile ne lui répond plus. […] Le pauvre jeune homme n’a pas réussi à être malheureux en amour. […] Pauvre fou ! […] « Que n’êtes-vous Marie, lui dit Michel, une pauvre fille habitant quelque mansarde ! […] Ce livre dispose l’imagination d’une certaine façon, pour la désoler ensuite, selon la fantaisie de l’auteur, grand artiste mais pauvre philosophe !

1484. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome I

… » Apercevez-vous comme le dilettante passe subitement d’un pôle à l’autre de la vie humaine, et vous expliquez-vous que cette facilité à tout admettre des contradictions de l’univers ait conduit celui-ci à porter sur Néron, « ce pauvre jeune homme », ainsi qu’il l’appelle, ce jugement d’une indulgence à demi railleuse : « Applaudissons. […] Comme aussi la vie — cette vie qui nous humilie à tous le cœur — se charge de tourner à la perte de la pauvre femme cette exquisité de nature et cette finesse ! […] « Il y a peu d’étourderie en province », disait Beyle, « les sensations y sont si rares qu’on les coule à fond. » Voyez aussi avec quelle âpreté le pauvre Flaubert prend la défense, et de quoi ? […] Il a cru qu’il y allait du salut d’un des deux héritages séculaires de notre pauvre humanité. […] Nous savons, grâce aux Mémoires de cet étonnant Casanova, si bien nommé Aventuros par le prince de Ligne, quelle douce existence, riches et pauvres, nobles et plébéiens, menaient dans les cités italiennes du XVIIIe siècle.

1485. (1905) Études et portraits. Sociologie et littérature. Tome 3.

Non, c’est l’auteur des Parents pauvres ! […] A ce greffier de la ruine nationale ne parlez pas des pauvres vanités idéologiques contenues dans la Déclaration des droits. […] Baudelaire et, de nos jours, le « pauvre Lélian » devaient nous en apporter un trop lamentable témoignage.‌ […] Ce porteur d’eau est mort, et le clinicien illustre, afin de se conformer au vœu du pauvre homme, fait dire, pour le repos de cette âme, des messes auxquelles il ne croit pas. […] Il était tout cela, et aussi un très pauvre homme qui venait d’agoniser, durant des jours et des jours, d’une horrible maladie nerveuse.

1486. (1880) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Première série pp. 1-336

La langue est pauvre, parce que la pensée manque de hardiesse et d’ampleur ; la langue est rude, parce que le sentiment manque de délicatesse et de grâce ; enfin la langue est difficile à manier, parce que l’esprit ne sait pas encore distinguer, démêler, analyser les nuances. […] C’est à l’endroit de ce fragment célèbre : « Ce chien est à moi, disaient ces pauvres enfants, c’est là ma place au soleil. — Voilà le commencement et l’image de l’usurpation de toute la terre. » M.  […] Le pauvre homme a consigné dans le lamentable récit de ses aventures le souvenir ému de la grasse hospitalité qu’il trouva pendant près d’une année sous le toit volant et à la table de « Molière et de MM. les Béjart ». […] Est-ce bien Molière qui donne dans cette même ville, le 27 février 1658, une représentation au profit des pauvres ? […] Il y avait grande foule de peuple, et l’on a fait distribution aux pauvres qui s’y sont trouvés de 1 000 à 1 200 livres, à chacun cinq sols. » Il est assez singulier, comme le fait remarquer M. 

1487. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Lamartine »

L’enfance, l’adolescence et la jeunesse de Lamartine  jusqu’à vingt-huit ou trente ans  furent celles d’un hobereau assez pauvre, très vivace, même un peu rude, qui eut beaucoup de temps pour s’ennuyer et rêver et qui se forma à peu près tout seul. […] Ce pauvre Maupassant avait canoté, chassé, et regardé tranquillement autour de lui jusqu’à la trentaine, avant de débuter par la merveille que l’on sait. — Ce qui gonfle de sève ces exubérantes Harmonies, ce paradisiaque Jocelyn et cette inégale, monstrueuse et splendide Chute d’un ange, ce sont peut-être les douze ans d’oisiveté inquiète où il se chercha lui-même et où se forma en lui comme un vaste et secret réservoir de poésie inexprimée. […] … Ô coeur ennemi de toi-même, Puisses-tu ne trouver jamais, Pauvre coeur, le mot du problème ! […] Le rêve généreux de la pauvre humanité est toujours le même depuis trois mille ans, et plus ; et ce dont il s’agit dans les vieux poèmes de l’Inde et dans les mystères d’Eleusis, c’est déjà la purification et le progrès par la douleur acceptée. […] Pauvre Lamartine !

1488. (1778) De la littérature et des littérateurs suivi d’un Nouvel examen sur la tragédie françoise pp. -158

Pauvre esprit humain, je le répète ; que tu as besoin de lumières ! […] Tandis qu’il jouit de tout avec abondance ; il paie l’impôt bien moins qu’un autre : car, tout payé, il lui reste cent-mille livres de rente, & sur cent chétives pistoles, le pauvre rentier en donne vingt-cinq au moins. […] Les pauvres gens, dit-on ! […] Une loi qui parmi nous examineroit, à la mort, la vie d’un très-riche Propriétaire, par quels moyens il a amassé sa fortune, & qui rendroit aux pauvres de l’Etat ce qui paroîtroit avoir excèdé les gains légitimes, semblera chimétique, mais n’en seroit pas moins excellente. […] Quelquefois un Auteur Tragique (ou soi-disant tel) prend, sans façon, deux ou trois pièces Grecques pour en composer une à sa fantaisie, sans avoir recours à la pénible invention ; il abbat une tête qui lui déplaît, pour en coller une autre sur le tronc de tel personnage ; il brouille les parentés des descendans d’Atrée & d’Œdipe, sans craindre l’animadversion de ces pauvres Princes décèdés.

1489. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1865 » pp. 239-332

Pauvre petit bonhomme ! […] Pauvre homme ! […] Nous attendons en compagnie de ce pauvre Guyard, le lecteur mélancolique de tous les ours, un homme si attristé de toutes les tragédies infiltrées en lui, qu’il rêve toutes les nuits que son ménage est dans un cachot, et assailli à tout moment, à propos de ces tragédies, d’incidents comme celui-ci : il vient de recevoir une lettre d’un malheureux qui lui écrit d’un lit de la Charité, qu’il a un pistolet sous son traversin, pour se brûler la cervelle, si sa pièce n’est pas reçue. […] Comme je lui parlais d’un voyage, en compagnie de son vieux domestique que nous avons baptisé Leporello, le vieil homme a murmuré d’un ton moitié triste, moitié ironique : « Pauvre don Juan que je ferais ! 

1490. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre premier. La Formation de l’Idéal classique (1498-1610) » pp. 40-106

Mais le fait est qu’elle est assez pauvre d’œuvres, plus pauvre d’idées, non moins pauvre d’hommes ; et pendant de longues années son originalité ne consistera guère que dans la liberté, toute nouvelle alors, avec laquelle chacun va s’y montrer tel qu’il est. […] Il y a des langues pauvres, et il y en a de riches ; il y en a de rudes, et il y en a d’harmonieuses ; il y en a d’obscures, et il y en a de claires.

1491. (1912) Réflexions sur quelques poètes pp. 6-302

certes, le cœur du pauvre Olivier de Magny brûlera d’un feu non secourable, si les yeux qui allumèrent la flamme n’envoient point un prompt secours. […] de mon petit village Fumer la cheminée, et en quelle saison Reverray-je le clos de ma pauvre maison, Qui m’est une province, et beaucoup davantage ? […] Pauvre moy ! […] Ôtez-lui ces expressions de son temps qui surprennent aujourd’hui, et vous £207£ pourriez avoir un de ces descriptifs dans la pauvre manière du xviiie  siècle. […] Dès qu’il eut la bouche close, Sa femme ne dit plus rien ; Elle enterra vers et prose Avec le pauvre chrétien.

1492. (1891) Esquisses contemporaines

L’auteur lui-même semble avoir conscience de ce fait, quand, par un soir d’hiver breton où ils avaient été manger ensemble des « berniques » parmi les varechs, il répond à Yves, qui s’attriste sans raison, subitement saisi par un malaise étrange : « Des manières de moi que tu prends-là, mon pauvre Yves ! […] Bourget21 se contenta d’analyser « le pauvre Amiel » avec la finesse et la profondeur psychologiques qui le caractérisent. […] On a plaint quelquefois « le pauvre Amiel » de n’avoir pas su se décider. […] Et l’Apôtre, malgré les tribulations de son ministère, malgré les dénuements de son pèlerinage, était, sans doute, moins pauvre que les enfants d’un siècle riche de tous les trésors du inonde, mais qui sent tarir ses forces vives et touche le fond de sa vitalité. […] Rien de plus riche, en première apparence, que le scepticisme au service de grandes facultés intellectuelles ; rien de plus pauvre en réalité.

1493. (1896) Écrivains étrangers. Première série

Et ainsi mourut, à trente-sept ans, seul, comme il avait vécu, et inconnu de ceux qui l’entouraient, ce pauvre poète. […] Il était si pauvre que, plusieurs fois, on dut organiser des souscriptions pour lui venir en aide. […] Le pauvre grand romancier n’a eu cependant qu’un seul tort, le plus excusable de tous et le plus touchant : il a trop voulu être aimé. […] On nous l’a montré distribuant sa fortune aux pauvres, mais aussi gardant sa fortune pour lui, sans même refuser de l’accroître du produit de ses livres. […] Pareillement Pascal a dit : « Abêtissez-vous », et Jésus-Christ : « Heureux les pauvres d’esprit ! 

1494. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Charles Labitte »

Jules Macqueron, le 30 décembre 1835) ; mon pauvre ami, ma santé est à peu près perdue, et il est fort probable, du moins d’après les données de l’art, que mon pèlerinage sera court. […] Bernard accordait à ces pauvres États tant conspués beaucoup plus de crédit qu’on n’avait fait jusqu’alors, et il y avait dans ce penchant de sa part autre chose que de la prévention d’éditeur : il s’y mêlait des vues plus réfléchies.

1495. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « M. Deschanel et le romantisme de Racine »

Il me semble, du reste, que tous ceux qui ont marqué dans notre littérature ont été par leurs mœurs, ou par leur probité, ou par leur bonté, ou tout au moins par leur générosité native, dans la bonne moyenne de cette pauvre humanité, ou sensiblement au-dessus. […] « On veut que le pauvre soit sans défaut ! 

1496. (1912) Enquête sur le théâtre et le livre (Les Marges)

Parler d’une pièce, la juger, si pauvre qu’elle soit, c’est encore ardu ; d’où la prépondérance prise par les acteurs, les actrices, leur vie privée et celle des auteurs bien plus accessibles à chacun que leur talent ou leurs défauts. […] Le goût du théâtre est parfois une forme du goût de la littérature, et il arrive que le théâtre éveille chez les jeunes gens l’amour de la lecture, comme de pauvres articles de vulgarisation peuvent les conduire à des études scientifiques.

1497. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre V. Le Séminaire Saint-Sulpice (1882) »

Que veux-tu, mon pauvre ami ! […] Ma pauvre bourse est à votre disposition.

1498. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Additions et appendice. — Treize lettres inédites de Bernardin de Saint-Pierre. (Article Bernardin de Saint-Pierre, p. 420.) » pp. 515-539

Je me ressouviens encore du bonhomme Dubosquet, de ce pauvre général V. […] [NdA] On conçoit qu’un pauvre voyageur comme l’était alors Bernardin de Saint-Pierre se préoccupe à ce point des détails de poche et d’économie, et y entre par sous et deniers : mais il n’en perdra jamais l’habitude, même lorsqu’il sera au-dessus du besoin.

1499. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1878 » pp. 4-51

C’est Pagans chantant une romance d’amour du xviie  siècle, une vraie romance des chansons de La Borde, puis une vieille chanson d’amour arabe, finissant par une plainte, une espèce d’ululement, qui vous met un petit frisson derrière la nuque, et fait paraître la pauvre plainte amoureuse française, d’une sentimentalité bien bêtote. […] C’est ce Polonais étrange qui, après s’être manqué d’un coup de pistolet dans la bouche, est devenu peintre de Sa Hautesse, dans le palais duquel il a passé une fois cinq cents jours de suite, sans en pouvoir sortir une minute, occupé de l’éternelle et colossale mise en peinture des batailles, hantant la cervelle du Sultan : pauvre peintre qu’on faisait, lorsqu’il était malade, traverser les cours à cheval, en lui tenant les genoux, de peur qu’il ne tombât, qu’on asseyait sur une chaise, et qui devait quelquefois travailler douze heures sans manger.

1500. (1857) Articles justificatifs pour Charles Baudelaire, auteur des « Fleurs du mal » pp. 1-33

Le pauvre salue la Mort comme la consolatrice divine ; l’artiste espère par-delà le tombeau l’achèvement de la destinée et un incorruptible avenir ! […] Ce que nous tenons seulement à constater, c’est que contrairement au plus grand nombre des lyriques actuels, si préoccupés de leur égoïsme et de leurs pauvres petites impressions, la poésie de M. 

1501. (1913) La Fontaine « I. sa vie. »

Cela lui donnait non pas le couvert, mais le vivre et une petite allocation, une petite pension de 200 livres par an, ce qui est bien misérable, mais enfin cela l’aidait à vivre, ce pauvre homme, qui n’avait véritablement d’autres ressources que celles de ses ouvrages, ressources très faibles. […] Je crois, tout simplement, qu’il tenait, le pauvre homme, à ses jetons de présence ; il tenait à la petite rente que le fait d’être de l’Académie constituait pour chacun de ses membres.

1502. (1913) La Fontaine « VIII. Ses fables — conclusions. »

Pauvres gens ! […] Mais quand il s’agit d’aimer les animaux  et j’ajoute les vieillards… les vieillards pauvres  je voudrais bien savoir quelle pensée d’esprit de retour on peut avoir et si ce n’est pas l’amour pour l’amour, l’amour désintéressé, l’amour pur, qui fait que nous nous penchons avec intérêt vers notre inférieur.

1503. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Taine » pp. 305-350

Ils voulaient des faits, avant tout, le fait décrit scrupuleusement, le fait sans idée, — parce qu’ils n’ont pas une idée, ces pauvres diables de cerveaux ! […] C’était la fluxion de leurs pauvres yeux, qui les engloutissait dans son enflure… Ces hydrocéphales de Paris n’avaient, dans leurs histoires centralisatrices, étudié que Paris, et quel Paris encore !

1504. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Balzac » pp. 17-61

Ici, l’artiste ne manque jamais cet accent ineffable qui fit mourir le pauvre Jean-Paul de chagrin, car il l’entendait en lui, comme Beethoven, le sourd, entendait sa musique, mais il ne put jamais le faire sortir de sa pensée. […] L’homme qui (dans Le Péché véniel) a trouvé la scène du tête-à-tête conjugal au sommet de la tour formant balcon, et a peint la pauvre Blanche, la main dans la main de son mari, se détournant du superbe Minotaure héraldique, dont le casque fermé a comme un rictus d’ironie, pour regarder ailleurs « en resvant à son ami absent », a certainement, dans la gerbe de ses facultés, les deux charmantes fleurs de la grâce attristée et de la rêverie chaste ; mais il les meurtrit dans ses mains, qui, comme celles de ses héros, finissent par être trop gantelées… La préoccupation artistique de Doré est si matérielle que c’est moins l’homme que l’armure, la femme que la robe armoriée, qui projettent chez lui l’orgueil ou la terreur.

1505. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Agrippa d’Aubigné. — II. (Fin.) » pp. 330-342

Ce n’est pas seulement aux nobles et aux chevaliers qu’il s’adresse : Je demande aussi à tous ceux qui savent les noms de plusieurs simples soldats que j’ai marqués comme j’ai pu, pour avoir commencé l’impulsion dans un combat, servi de guide à une brèche, ou mis le premier le genou sur les créneaux ou retranchements, qu’il leur plaise m’aider de tels noms sans avoir égard à la pauvre extraction et condition ; car ceux-là montent davantage qui commencent de plus bas lieu.

1506. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire de la Restauration, par M. Louis de Viel-Castel » pp. 355-368

Les ordonnances émanées directement du roi n’étaient pas moins au rebours que les paroles de ses conseillers : par l’une, il modifiait l’organisation de la Légion d’honneur et supprimait plusieurs des établissements consacrés à l’éducation gratuite des orphelines des membres pauvres de cet Ordre ; par une autre, il déclarait supprimées les Écoles militaires de Saint-Cyr, de Saint-Germain et de La Flèche, qui devaient être remplacées par une école unique, analogue à celle que Louis XV avait fondée en 1751.

1507. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « M. Viguier »

L’année n’a que douze mois, et je vais entendre sonner un lourd decennium (la soixantaine) au revers de quelque montagne, sous les rayons d’un soleil trop ardent pour ma pauvre tête chenue.

1508. (1892) Boileau « Chapitre III. La critique de Boileau. La polémique des « Satires » » pp. 73-88

Mais ce pauvre homme n’eut que des lueurs, de vagues instincts, et pas ombre de courage dans sa critique.

1509. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Leconte de Lisle, Charles-Marie (1818-1894) »

Leconte de Lisle, destructeur impitoyable de ses propres idoles, semble avoir voulu écrire l’apocalypse du paganisme, aboutissant au vide, aux ténèbres, au chaos, à un je ne sais quoi qui n’a plus de nom dans aucune langue, comme dit Bossuet, un pauvre radoteur indigne de desservir les autels de Zeus, de Kronos, d’Artémis et de Bhagavat !

1510. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Une soirée chez Paul Verlaine » pp. 18-33

Murs décrépits, lumière décrépite Que ce novembre épand sur cette place : Sur un balcon, du linge froid palpite, Pâle, dans la lumière décrépite, Et puis le son des cloches qui se lasse… Tout à coup, plus de cloches, plus de vieille, Plus de pauvre idiot, vaguement singe, Et l’on dirait que la ville sommeille, Plus d’idiot, de cloches, ni de vieille… Seul, maintenant, le blanc glacé du linge.

1511. (1890) L’avenir de la science « Préface »

Je me disais que le vieux manuscrit serait publié après ma mort, qu’alors une élite d’esprits éclairés s’y plairait et que, de là peut-être, viendrait pour moi un de ces rappels à l’attention du monde dont les pauvres morts ont besoin dans la concurrence inégale que leur font, à cet égard, les vivants.

1512. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre IV. Cause immédiate d’une œuvre littéraire. L’auteur. Moyens de le connaître » pp. 57-67

Quel pauvre être inconsistant, est-on forcé de dire, quand on rapproche ses velléités héroïques de ses molles défaillances !

1513. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre IV. La littérature et le milieu psycho-physiologique » pp. 126-137

. — Et il continue longuement ce parallèle où la pauvre raison est immolée sans pitié en l’honneur du sentiment réhabilité.

1514. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. James Mill — Chapitre III : Sentiments et Volonté »

Dans les familles très pauvres et très riches, les circonstances sont peu favorables à la formation de ces associations d’où résulte l’affection des parents.

1515. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre II » pp. 12-29

Et qui ne sait par cœur ces autres vers de la même pièce, La mort a des rigueurs à nulle autre pareilles, ………………………………………………… Le pauvre en sa cabane où le chaume le couvre                Est sujet à ses lois, Et la garde qui veille aux barrières du Louvre                N’en défend pas nos rois ?

1516. (1899) L’esthétique considérée comme science sacrée (La Revue naturiste) pp. 1-15

Trop heureux serai-je, si, une seule fois, dans une pauvre maison, mes vers portaient quelque douceur à un cœur simple », est-il possible de ne point sentir quelle passion anime ces phrases ?

1517. (1901) La poésie et l’empirisme (L’Ermitage) pp. 245-260

Un pauvre jeu de rimes redoublées, croisées, répétées sans raison.

1518. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre V. Les esprits et les masses »

Ce pauvre honnête rêveur croyait de bonne foi qu’on peut rester dans le progrès en sortant de la liberté.

1519. (1904) La foi nouvelle du poète et sa doctrine. L’intégralisme (manifeste de la Revue bleue) pp. 83-87

Ô vanité, se vouloir poète, et se proclamer tel, se croire supérieur à tous ces pauvres mortels à qui la destinée n’a pas donné la vocation de Benserade ou de Chaplain !

1520. (1912) L’art de lire « Chapitre V. Les poètes »

Je penche à croire que Victor Hugo a mis « rumeur » par horreur de la rime pauvre.

1521. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Introduction. Du bas-bleuisme contemporain »

Elles l’en récompensèrent, en la prenant pour une preuve éclatante des idées qu’elle avait exprimées ou fait naître, et en disant aux hommes, à qui elles montrèrent ce qu’elles croyaient des chefs-d’œuvre, les pauvres diablesses : « Vous voyez bien que nous valons autant que vous ! 

1522. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’Empire Chinois »

Délicieuse et charmante histoire que cette histoire de la toilette chinoise du pauvre lazariste, par laquelle Huc commence son voyage !

1523. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Sainte Térèse » pp. 53-71

La sainte Térèse des Fondations a été dévorée par le feu de l’autre Térèse, aux yeux éblouis de ces pauvres hommes qui répugnent toujours à accepter, dans un seul être, deux grandeurs.

1524. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Fustel de Coulanges » pp. 15-32

Ce pauvre temps a bien d’autres babioles à lire et à vanter que des livres profonds en Histoire, et en une histoire qui n’est pas la sienne !

1525. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Le comte de Gasparin » pp. 100-116

Le comte de Gasparin était, malheureusement, protestant, — mais nous arrivons à ce moment épouvantable dans les croyances et dans les mœurs, où ceux qui ont gardé, à travers toutes les méconnaissances, toutes les erreurs et toutes les révoltes, un pauvre atome de foi chrétienne dans leur esprit et dans leur cœur, ont, de cela seul, une supériorité relative qui les met bien au-dessus de la tourbe des écrivains de la libre incrédulité.

1526. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « IX. L’abbé Mitraud »

La sonnette du lépreux s’entendait avant qu’on ne vît le pauvre malade… M. l’abbé Mitraud, qui a, selon nous, dans la pensée, la contagion des maladies spirituelles contemporaines, fait entendre à nos cœurs et à nos esprits une triste sonnette dans ce premier écrit, où sa personnalité philosophique, c’est-à-dire sa théorie, ne paraît pas encore, mais s’annonce.

1527. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Léon Gozlan » pp. 213-230

… À part le talent de ses œuvres, pour lequel on n’a trouvé que le mot de distingué, — ce qui n’est pas assez, — on n’a trouvé aussi pour caractériser l’esprit sur place de Gozlan que le mot banal de charmant causeur, et ç’a été à peu près tout, sauf les arabesques et les chatoiements de la phrase sur ces deux pauvres idées, l’aumône de la Superficialité émue un moment par la mort !

1528. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « L’Abbé Prévost et Alexandre Dumas fils » pp. 287-303

J’ai opposé au prétendu chef-d’œuvre la réalité de cette pauvre œuvre, qui a volé la gloire, cette monnaie de la poche des sots.

1529. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’architecture nouvelle »

Nous avons pris au pied de la lettre, le joyeux paradoxe de Théophile Gautier : « Il n’y a de vraiment beau que ce qui ne peut servir à rien ; tout ce qui est utile est laid, car c’est l’expression de quelque besoin, et ceux de l’homme sont ignobles et dégoûtants, comme sa pauvre et infirme nature. — L’endroit le plus utile d’une maison, ce sont les latrines. » Et nous avons conformé notre jugement à ce précepte, d’après lequel il serait impossible à un meuble, à une habitation, à une étoffe, de satisfaire aux exigences de la beauté.

1530. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre X. Des Romains ; de leurs éloges, du temps de la république ; de Cicéron. »

Pauvres et austères, leur genre de vie leur interdisait cette foule de sensations variées et délicates, qui, en frappant légèrement les sens, passent dans l’âme, et de là dans les langues qu’elles enrichissent.

1531. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXI. De Thémiste, orateur de Constantinople, et des panégyriques qu’il composa en l’honneur de six empereurs. »

Celui qui est si magnifique n’est pas loin d’être injuste ; il prive des milliers de pauvres du nécessaire, pour enrichir des riches, c’est-à-dire pour verser quelques gouttes inutiles dans des fleuves.

1532. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Alexis Piron »

Le bruit cessé, mon pauvre père, que Dieu absolve ! […] Je n’y vois rien de vrai que la physionomie des Suisses ; ce sont les seuls philosophes de la Cour ; avec leur hallebarde sur l’épaule, leur grosse moustache et leur air tranquille, on dirait qu’ils regardent tous ces affamés de fortune comme des gens qui courent après ce qu’eux, pauvres Suisses qu’ils sont, ont attrapé dès longtemps. […] Montesquieu, homme excellent, obtint, à l’instant même, par Mme de Pompadour, un dédommagement pour le pauvre exclu, une pension équivalente au traitement académique (1,200 livres).

1533. (1869) Philosophie de l’art en Grèce par H. Taine, leçons professées à l’école des beaux-arts

Encore aujourd’hui7 « la nourriture d’un laboureur anglais suffirait en Grèce à une famille de six personnes ; les riches se contentent fort bien d’un plat de légumes pour leur repas ; les pauvres, d’une poignée d’olives ou d’un morceau de poisson salé ; le peuple tout entier mange de la viande à Pâques pour toute l’année. » A cet égard il est curieux de les voir à Athènes en été. « Les gourmets se partagent entre sept ou huit une tête de mouton de six sous. […] Une pareille situation pousse à la vie maritime, surtout quand le sol pauvre et les côtes rocheuses ne suffisent pas à nourrir les habitants. […] Si pauvre qu’il soit, il a ses bains, ses gymnases défrayés parle Trésor, aussi agréables que ceux des chevaliers23. […] Vous avez vu que leur théâtre est moins compliqué que le nôtre, et, pour faire répéter des danseurs, des chanteurs, des acteurs, un Grec, un Athénien a toujours du goût. — Riche ou pauvre, il est soldat ; comme l’art militaire est encore simple et qu’on ignore les machines de guerre, la garde nationale est l’armée. […] Se promener dans les jardins pendant la nuit, écouter les cigales, s’asseoir au clair de la lune en jouant de la flûte ; aller boire de l’eau dans la montagne, apporter avec soi un petit pain, un poisson et un lécythe de vin » qu’on boit en chantant ; aux fêtes de famille, suspendre une couronne de feuillage au-dessus de sa porte, aller avec des chapeaux de fleurs ; les jours de fêtes publiques, porter des thyrses garnis de feuillages ; passer des journées à danser, à jouer avec des chèvres apprivoisées, voilà les plaisirs grecs, plaisirs d’une race pauvre, économe, éternellement jeune, habitant un pays charmant, trouvant son bien en elle-même et dans les dons que les dieux lui ont faits.

1534. (1862) Notices des œuvres de Shakespeare

Celui-ci fut mandé à la cour après la mort de son père, et la pauvre Gillette, c’était le nom de la fille de Gérard, resta en Roussillon bien résolue de n’avoir jamais d’autre époux que Bertrand. […] Il croyait exiger l’impossible ; mais Gillette déguisée en pèlerine, partit pour Florence où elle logea chez une veuve, qui, sans la connaître, lui apprit que le comte de Roussillon était amoureux d’une de ses voisines, jeune, belle et vertueuse quoique pauvre. […] Le rôle brillant de la Méchante Femme est celui de Petruchio ; nous ne pouvons nous empêcher de donner quelquefois tort à son obstination, à ses caprices bizarres et à l’extravagance qu’il affecte pour dompter la pauvre Catherine ; car elle devient à la fin si malheureuse qu’on est tenté de la plaindre. […] Dans un manuscrit persan qui rapporte le même fait, il s’agit d’un pauvre musulman de Syrie avec qui un riche juif fait ce marché pour avoir les moyens de le perdre et parvenir ainsi à posséder sa femme dont il est amoureux ; le cas est décidé par un cadi d’Émèse. […] Gianetto, enivré de son bonheur, oublie le pauvre Ansaldo jusqu’au jour fatal de l’échéance du billet.

1535. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome III pp. -

Le pauvre astronome hésite d’abord : le cardinal insiste ; Galilée le rend, promet tout ce qu’on veut, mais ne garde pas sa parole. […] Toutefois saint Bonaventure insiste peu sur ce dernier point : il se plaint même, dans son livre de la pauvreté de Jésus-Christ, & de l’apologie des pauvres, de ce que de son temps les frères mineurs avoient dégénéré. […] On accourt de partout, les uns armés de bâtons, les autres de fourches ou de bêches : on arrête le pauvre frère, on le garotte. […] Tous leurs efforts n’aboutirent qu’à enlever de temps en temps aux pauvres capucins quelques misérables collations qui faisoient tout leur régal. […] Ces religieuses avoient pour principes, que ce n’étoit pas être pauvre, & accomplir le vœu de pauvreté, que d’être riche en commun.

1536. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (3e partie) » pp. 81-152

Elle consacra tout ce qui venait de lui à l’édition de ses pauvres œuvres et à la dépense de son monument en marbre par Canova. […] Et quelle bizarre idée de lui donner un gouvernement qui a de bien nombreux ennemis, en ôtant à ce pauvre bon roi qu’on lui fait prendre tous les moyens de se faire aimer, car les contributions et les troupes étrangères se confondent avec les Bourbons, quoiqu’ils en soient à beaucoup d’égards très affligés !

1537. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre III. Pascal »

Et vers le même temps, sur de sa vérité, il jetait durement, cruellement, dans le cloître Mlle de Roannez, une pauvre et faible âme que son impérieuse direction brisa. […] Il s’ingénia à s’inventer des souffrances, des gênes : il persécuta son pauvre corps avec des raffinements incroyables de dureté.

1538. (1914) Note sur M. Bergson et la philosophie bergsonienne pp. 13-101

On ne peut même pas dire que la passion est riche et que la raison et que la sagesse est pauvre, car il y a des passions qui sont plates comme des billards et il y a des sagesses et il y a des raisons qui sont pleines et mûres et lourdes comme des grappes. […] Mais je ne suis qu’un pauvre moraliste.

1539. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 mai 1886. »

Dans Gwendoline une moitié est sacrifiée (descriptions, divertissements, aubades) ; une moitié est un visible essai à l’analyse ; essai à suivre une série de sentiments, essai à dire une émotion, essai à faire de l’humain, — chétif et pauvre essai pour qui se rappelle vingt mesures de Parsifal ou de la Missa Solemnis, — mais admirable et superbe effort parmi l’affaissement, l’ignorance des théories, l’incuriosité de toute recherche, le croupissement d’insignifiante badauderie où se complaisent, à la suite de la musique mendelsohnnienne, compositeurs et public. […] Dans son inoubliable tableau, le pauvre pêcheur, par une raideur voulue des contours, et leur gracilité, et par une disposition apâlie des couleurs, se chantait la pitoyable souffrance des âmes.

1540. (1908) Dix années de roman français. Revue des deux mondes pp. 159-190

Ce ne sont pas seulement d’incomparables paysages dont les lignes se profilent avec une grâce ensorcelante, c’est toute la vie lamentable et somptueuse des pauvres femmes turques, opprimées dans l’étau de coutumes millénaires, qui est reconstituée et racontée avec autant, de généreuse mélancolie que de flamme indignée. […] Ce groupe initial pourra réunir les romanciers qui se sont tout uniment imposé pour but de peindre dans leurs œuvres la misère du peuple et l’infortune des prolétaires industriels ou agraires, d’interroger la vie des pauvres diables, et de tenter de l’adoucir, soit en montrant sous des couleurs désolées et terrifiantes les plaies dont ils souffrent, soit en proposant quelque remède pour les guérir.

1541. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — IV. La Poësie dramatique. » pp. 354-420

Il a remarqué au tribunal de la pénitence que ces derniers, que les pauvres étoient aussi sujets que les autres à la colère, à la vengeance, à l’ambition & à la débauche : il n’est rien de si bon & de si salutaire dont on ne puisse abuser. […] Les droits communs à tous les hommes devroient-ils être refusés à des hommes entretenus par le roi, dévoués à l’amusement, à l’instruction, à la gloire de la nation & devenus même, par le luxe des riches, une ressource pour les pauvres ?

1542. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Victor Hugo. Les Contemplations. — La Légende des siècles. »

L’Archaïsme, qui était un système pauvre et faux, et qui devint en Ronsard une véritable monstruosité de manière, le perdit misérablement, et la même chose, le système, le parti pris, la pénurie de cerveau qui fait que le système ne se modifie pas, qu’il est identiquement le même en 1856 qu’en 1830, l’adoration de sa manière, parce que c’est l’adoration de sa propre personnalité, perdront également M.  […] … L’auteur des Pauvres gens, cette poésie à la Crabbe, mais d’une touche bien autrement large et émue que celle du réaliste Anglais, le peintre de La Rose de l’infante, ce Vélasquez terminé et couronné par un poète, préfère peut-être à ces chefs-d’œuvre et à tant de pièces que nous avons indiquées déjà les deux morceaux qui terminent le recueil, intitulés Pleine terre et Plein ciel, ces deux morceaux dont je me tairai par respect pour cette Légende des siècles dans laquelle j’ai retrouvé vivant M. 

1543. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Victor Hugo »

Par un revirement dont Dieu et Hugo ont seuls le secret, le soleil de la monarchie, qui ne lui semblait plus qu’un soleil de petite Provence, bon seulement pour réchauffer de pauvres vieux, est revenu jouer autour des lèvres sonores du Memnon de tous les soleils, et il leur a redonné une harmonie qui, ma foi ! […] Voilà toute la donnée, et les combinaisons d’événements qu’il a arrangées autour d’une idée si pauvre ne l’enrichissent pas ; elles manquent toutes de vraisemblance au plus haut degré.

1544. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Étude sur la vie et les écrits de l’abbé de Saint-Pierre, par M. Édouard Goumy. L’abbé de Saint-Pierre, sa vie et ses œuvres, par M. de Molinari. — I » pp. 246-260

Varignon était pauvre, l’abbé de Saint-Pierre n’était pas riche ; il n’avait que 1800 livres de rentes.

1545. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « La Réforme sociale en France déduite de l’observation comparée des peuples européens, par M. Le Play, Conseiller d’État. »

Une après-midi qu’il était avec son truchement à interroger le chef de famille, deux femmes entrèrent brusquement sous la tente, et l’une d’elles assaillit de paroles très vives le pauvre homme qui était son mari et qui se tenait coi, l’oreille basse.

1546. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite.) »

d’une indiscrète sonde Interroger tes jours : tes pauvres jours ont fui !

1547. (1874) Premiers lundis. Tome II « Jouffroy. Cours de philosophie moderne — II »

Selon les temps, cette inspiration diffère ; la voir invariablement sous certaines formes déjà produites, c’est ne pas aller au fond et en prendre une pauvre idée.

1548. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre V. Subordination et proportion des parties. — Choix et succession des idées »

Quand le pauvre a gémi, César a pleuré : l’ambition devrait être de plus rude étoffe.

1549. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre II. Diderot »

La nature de Diderot l’a sauvé des vices qui avilissent ; pauvre, indépendant généreux, sans convoitise et sans platitude, il est assez honnête homme pour arriver à faire une sorte de morale avec son instinct.

1550. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série «  Les femmes de France : poètes et prosateurs  »

C’est une chose unique et précieuse, dans sa monotonie et quelquefois dans sa puérilité dévote, que ce Journal d’Eugénie de Guérin, ces impressions innocentes d’une jeune fille pauvre et noble, pieuse, résignée, vivant presque d’une vie de paysanne dans un hameau perdu.

1551. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Barbey d’Aurevilly. »

— Pendant la Terreur, l’abbé Reniant, prêtre défroqué, jette aux cochons des hosties consacrées : ces hosties avaient été confiées par des prêtres à une pauvre sainte fille qui les portait « entre ses tétons » — Le major Ydow, quand il découvre que sa femme Pudica n’était qu’une courtisane, brise l’urne de cristal où il gardait le cœur de l’enfant mort qu’il avait cru son fils, et lui jette à la tête ce cœur qu’elle lui renvoie comme une balle. « C’est la première fois certainement que si hideuse chose se soit vue !

1552. (1863) Molière et la comédie italienne « Textes et documents » pp. 353-376

Il y trouva le valet de chambre, qui se montra encore plus inflexible que les deux autres, et ne se relâcha que difficilement à la promesse du troisième tiers ; de sorte qu’il ne resta plus rien au pauvre Mezzetin qui, dès qu’il aperçut le duc, courut à lui et lui dit : « — Ah !

1553. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre premier. La critique et la vie littéraire » pp. 1-18

. — Non, madame, ce n’est pas bien écrit. » Et me voilà citant Poirier et Les Lionnes pauvres.

1554. (1842) Essai sur Adolphe

Elle croyait, la pauvre femme, que son enthousiasme ne s’éteindrait jamais ; elle espérait que le cœur en qui elle s’était confiée ne méconnaîtrait jamais la grandeur de ses sacrifices.

1555. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre VI. Jean-Baptiste  Voyage de Jésus vers Jean et son séjour au désert de Judée  Il adopte le baptême de Jean. »

Le pauvre apparaît déjà comme celui qui doit bénéficier en première ligne du royaume de Dieu.

1556. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre IV : La Volonté »

Une métaphore relative à la vertu ayant produit cette question, on aurait pu tout aussi bien se demander si la volonté est riche ou pauvre, noble ou ignoble, souveraine ou sujette, vu que tout cela s’est dit de la vertu !

1557. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Chefs-d’œuvre de la littérature française (Collection Didot). Hamilton. » pp. 92-107

Ceux-là, par leur sœur, étaient fort mêlés dans la meilleure compagnie de notre Cour ; ils étaient pauvres et avaient leur bon coin de singularité.

1558. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Bossuet, et Fénélon. » pp. 265-289

Retiré dans son diocèse, il y vêcut occupé de la composition de différens ouvrages ; faisant les délices de quelques amis intimes & tendres ; consulté des grands, & particulièrement du duc d’Orléans, depuis régent ; toujours regretté vivement, mais inutilement, par le duc de Bourgogne ; adoré des curés, des soldats, des pauvres de son diocèse, qui tous l’appelloient leur père ; ayant enfin trouvé, ce semble, le bonheur véritable, &, malgré cela, parlant sans cesse de la cour & la regrettant.

1559. (1761) Apologie de l’étude

Mais si on avait, comme je le suppose, un désir sincère de les convertir en les effrayant, on pouvait, ce me semble, faire agir un intérêt plus puissant et plus sûr, celui de leur vanité et de leur amour-propre ; les représenter courant sans cesse après des chimères ou des chagrins ; leur montrer d’une part le néant des connaissances humaines, la futilité de quelques-unes, l’incertitude de presque toutes ; de l’autre, la haine et l’envie poursuivant jusqu’au tombeau les écrivains célèbres, honorés après leur mort comme les premiers des hommes, et traités comme les derniers pendant leur vie ; Homère et Milton, pauvres et malheureux ; Aristote et Descartes, fuyant la persécution ; le Tasse, mourant sans avoir joui de sa gloire ; Corneille, dégoûté du théâtre, et n’y rentrant que pour s’y traîner avec de nouveaux dégoûts ; Racine, désespéré par ses critiques ; Quinault, victime de la satire ; tous enfin se reprochant d’avoir perdu leur repos pour courir après la renommée.

1560. (1854) Préface à Antoine Furetière, Le Roman bourgeois pp. 5-22

Que sait-on de la vie de Juvénal, si ce n’est qu’il vécut pauvre et paya de dix ans d’exil le mépris qu’il exprima pour les débordements honteux de Domitien ?

1561. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Jules Janin » pp. 137-154

Il les écrivait jusque dans les douleurs de la goutte, car il avait cette croix de Saint-Louis de mademoiselle Arnoud, et il les étendait même sur ses douleurs comme un baume, pour les calmer, persuadé qu’un cataplasme de phrases bien faites devait soulager un pauvre homme !

1562. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame Récamier »

Eh bien, je m’en vais vous le dire, pourquoi, car, pour être ennuyé, il ne faut pas être dupe : c’est que ces choses-là font à l’éditeur l’effet d’être très intéressantes, très importantes, absolument comme les détails que Garat nous donnait sur Suard, et que personne ne lit plus, paraissaient très importants au pauvre Garat !

1563. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Eugène Fromentin ; Maxime du Camp »

Au temps de la « littérature facile » stigmatisée par Nisard, la description commençait déjà ses ramages ; mais, nous l’avons dit, elle s’efforcait d’inventer en décrivant, et cela l’honorait, la pauvre diablesse !

1564. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Madame Paul de Molènes »

Il faut lire et relire les conversations de cet homme épris de plus en plus, au point de renoncer à ce qu’il aime, avec cette pauvre femme qui, en l’écoutant, se désenchante plus elle l’écoute !

1565. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVII. Des éloges en Italie, en Espagne, en Angleterre, en Allemagne, en Russie. »

Ce Waller, après avoir combattu et signalé son zèle pour Charles Ier, après avoir souffert, pour la cause des rois, la prison, l’exil, la perte d’une partie de ses biens, et sauvé à peine sa tête de l’échafaud, eut la bassesse de faire solliciter sa grâce auprès de son tyran, et la bassesse plus grande encore de louer publiquement son oppresseur et le bourreau de son maître : Milton, du moins, montra plus de courage ; lui qui avait servi Cromwell de son épée et de sa plume, après le rétablissement de Charles II, garda le silence, et resta pauvre et malheureux, sans flatter ni prier.

1566. (1901) Figures et caractères

Sa jeunesse, il l’a écrit, avait été pauvre, âpre et triste ; son adolescence orageuse et tourmentée, mais chaste, mais sévère. […] Ministre des affaires étrangères, il ne fit jamais les siennes et mourut pauvre. […] L’art se fit sec, rogue et pauvre. […] Sa muse est la parente pauvre de celle, si hautaine et si pure, d’Alfred de Vigny. […] On soupèse la cendre qu’ont laissée dans notre main les vaines amours et les pauvres désirs, cendre amère, mais légère.

1567. (1884) Les problèmes de l’esthétique contemporaine pp. -257

Le pauvre peut-il connaître aujourd’hui, si ce n’est par hasard, tel ou tel chef-d’œuvre d’art que possèdent les riches amateurs ? […] Rien n’y restera simple et pauvre, isolé, abstrait artificiellement du reste du monde. […] Déjà le vocabulaire de notre poésie est des plus pauvres. […] Certes ces pauvres vers monotones et vides, cadre commode pour une pensée qui cherchait à penser le moins possible — c’est-à-dire à décrire — devaient être disloqués à jamais par le progrès de l’art. […] À leurs yeux, celui qui trahit la vérité plastique au profit d’une beauté imaginaire est inférieur à celui qui la respecte avec une imagination pauvre. » (L’Expression dans les œuvres d’art, p. 204.)

1568. (1774) Correspondance générale

5° Que sur la connaissance que j’ai des pauvres ménages des ouvriers de province, je ne saurais vous dire le peu de valeur des spoliations possibles, fussent-elles réelles et démontrées. […] Les pauvres gens ! […] Le voici : Je le trouve dur, sec, plein d’humeur et pauvre d’idées. […] Nous sommes si pauvres, si mesquins, si guenilleux, si négligés, si ennuyeux et si diffus partout que cela fait pitié. […] Je ne vais jamais chez lui sans me rappeler le mot de Socrate qui disait que l’avare était celui qui craint d’avoir un ami pauvre.

1569. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Cromwell » (1827) »

Il s’offre donc aux regards, seul, pauvre et nu, comme l’infirme de l’évangile, solus, pauper, nudus. […] Et en effet, le cœur de l’homme, jusqu’alors engourdi par des cultes purement hiérarchiques et sacerdotaux, pouvait-il ne pas s’éveiller et sentir germer en lui quelque faculté inattendue, au souffle d’une religion humaine parce qu’elle est divine, d’une religion qui fait de la prière du pauvre la richesse du riche, d’une religion d’égalité, de liberté, de charité ? […] Ce sont là pourtant les pauvres chicanes que depuis deux siècles la médiocrité, l’envie et la routine font au génie !

1570. (1908) Promenades philosophiques. Deuxième série

Le mécanisme de cette naissance fait passer un frisson, si l’on songe aux tortures du pauvre charançon. […] Bigames, mais ne le sont-ils pas, tous ces hommes : que l’on voit jeter à la rue une maîtresse pauvre pour épouser, oh ! […] Je m’arrête, je continue à rêver à ce pauvre homme qui fut gendarme et puis forçat, pour avoir trop aimé les vierges sages. […] A l’écartèlement de Damiens, une tendre spectatrice s’écria : « Ces pauvres chevaux, comme ils ont du mal !  […] Ces conseils sont-ils bons pour tout le monde, pour les humbles comme pour les puissants, pour les pauvres comme pour les riches ?

1571. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon » pp. 423-461

On ne peut que lui appliquer ce que Buffon a dit de la terre au printemps : « Tout fourmille de vie. » Mais en même temps il produit un singulier effet par rapport aux temps et aux règnes qu’il n’a pas embrassés ; au sortir de sa lecture, lorsqu’on ouvre un livre d’histoire ou même de mémoires, on court risque de trouver tout maigre et pâle, et pauvre : toute époque qui n’a pas eu son Saint-Simon paraît d’abord comme déserte et muette, et décolorée ; elle a je ne sais quoi d’inhabité ; on sent et l’on regrette tout ce qui y manque et tout ce qui ne s’en est point transmis. […] De là le petit duc et sa séquelle en ont voulu mal de mort à mon père et l’ont traité d’ingrat, comme si la reconnaissance, qui est une vertu, devait se prouver par des crimes ; et cette haine d’une telle légitime rejaillit sur les pauvres enfants qui s’en10… Si la haine ou l’humeur éclate quelque part, c’est assurément dans cette injurieuse boutade bien plus que dans tout ce que Saint-Simon a écrit sur les d’Argenson.

1572. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre VI. Bossuet et Bourdaloue »

Dans les paroisses aristocratiques de Paris, à Saint-Germain, au Louvre, il ne se lasse pas de rappeler qu’il faut payer ses dettes, et qu’il faut faire l’aumône : il remet sans cesse sous les yeux des riches leurs créanciers et les pauvres. […] Voyez le sermon sur l’Eminente dignité des pauvres dans l’Eglise.

1573. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre quatrième »

Quant à la science, même celle qui a pour objet de rendre la vie meilleure, de quel fruit est-elle, par exemple, pour les pauvres, pour les malades atteints à mort ? […] Comptez, au contraire, ceux qui, ayant à lutter contre les difficultés de la vie, mal partagés du côté des biens réels ou d’opinion, pauvres, souffrants, trouveraient de quoi se consoler dans une croyance philosophique, fruit du raisonnement, et que le raisonnement aurait bientôt ruinée, si l’instinct ne lui venait en aide !

1574. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre III. Poëtes françois. » pp. 142-215

Il s’y ruina entiérement & mourut pauvre & malheureux pour avoir trop aimé les Arts. […] Le Prince de Vendôme & le Chevalier de Bouillon enchérissoient sur eux tous ; on accabloit le pauvre auteur : Je leur dis, ajoute M. de V., Messieurs, vous avez tous raison, vous jugez en connoissance de cause ; quelle différence du style de la Motte à celui de la Fontaine !

1575. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — III. (Fin.) » pp. 246-261

Il laisse faire la grosse besogne aux pauvres diables qui ne sont plus en charge, et qui n’ont d’autre ressource que celle de bien faire. » Ce qui n’empêche pas que Voltaire n’estime le livre des Considérations comme étant la production d’un honnête homme ; il en écrit à Palissot en ces termes, et n’oublie pas de s’en prévaloir ensuite auprès de Duclos.

1576. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Vicq d’Azyr. — II. (Fin.) » pp. 296-311

Lorry qu’une femme de qualité disait, en le recommandant à une de ses amies : « Ce pauvre M. 

1577. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — I » pp. 56-70

Montluc, dès l’enfance, dut chercher fortune et à se frayer sa voie : « Encore que je sois gentilhomme, si suis-je néanmoins parvenu degré par degré, comme le plus pauvre soldat qui ait été de longtemps en ce royaume. » Nourri en la maison du duc Antoine de Lorraine, au sortir de page il fut pourvu d’une place d’archer dans la compagnie de ce prince sous le chevalier Bayard, qui en était le lieutenant.

1578. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal de Dangeau. tomes III, IV et V » pp. 316-332

Le roi en paraît fort touché, et a dit ce soir à M. mon frère : « Si nous sommes assez malheureux pour perdre ce pauvre homme-là, celui qui en porterait la nouvelle au prince d’Orange serait bien reçu » Et ensuite il a dit à M. 

1579. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — I — Vauvenargues et Fauris de Saint-Vincens » pp. 1-16

Émile Chasles n’a pas manqué de relever dans son étude intitulée Les Confessions de Vauvenargues : Ce qu’il y a de plus avisé pour l’emprunt qui me regarde, écrit Vauvenargues à Saint-Vincens, c’est de battre à plusieurs portes, de savoir qui a de l’argent, et de sonder tout le monde ; pauvres, riches, domestiques, vieux prêtres, gens de métier, tout est bon, tout peut produire ; et, si l’on ne trouvait pas dans une seule bourse tout l’argent dont j’ai besoin, on pourrait le prendre en plusieurs, et cela reviendrait au même.

1580. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers (tome xviie ) » pp. 338-354

Quelle pauvre raison me donnez-vous là, Augereau !

1581. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) «  Œuvres et correspondance inédites de M. de Tocqueville — II » pp. 107-121

Je suis comme ces pauvres gens qui, s’étant réduits à ne vivre que de pommes de terre, meurent de faim sans miséricorde dans les mauvaises années.

1582. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — I » pp. 146-160

Le pauvre volontaire, en se traînant, s’arrête où il se trouve, s’affaisse sur la terre et meurt.

1583. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mélanges religieux, historiques, politiques et littéraires. par M. Louis Veuillot. » pp. 64-81

Le pauvre Rigault aurait été fier de signer ce feuilleton-là.

1584. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Lettres de Madame de Sévigné »

Il passe d’un extrême à l’autre, et, dans son désarroi comme dans ses rassasiements, le pauvre garçon s’en vient tout conter à sa mère, laquelle raconte tout à sa sœur ; et voilà comme nous sommes informés plus que de raison.

1585. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Chateaubriand, jugé par un ami intime en 1803, (suite et fin) » pp. 16-34

— Était-il riche, était-il pauvre ?

1586. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français (suite et fin.) »

Pauvre Jeanne d’Arc !

1587. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Octave Feuillet »

Dans des œuvres plus considérables et plus développées, dont Dalila est la plus forte, le Roman d’un Jeune Homme pauvre la plus triomphante, et Sibylle la plus ambitieuse, il a déployé des facultés de drame, une habileté de construction et d’émotion qui ont laissé subsister les autres qualités nuancées : il a étendu et varié sa sphère.

1588. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Térence. Son théâtre complet traduit par M. le marquis de Belloy »

. — Le bon Sosie ne manque pas de glisser de nouveau son proverbe et de pousser, selon son habitude, l’idée de son maître jusqu’à en faire une maxime : « C’était bien sage à lui, dit-il, d’en agir ainsi ; car, par le temps qui court, la complaisance engendre l’amitié, la vérité fait des ennemis. » — « Cependant, poursuit le père, voilà bien trois ans de cela, arriva ici dans le voisinage une femme d’Andros, sans parents, pauvre, belle, à la fleur de l’âge. » — « Aïe !

1589. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires du comte Beugnot »

Ainsi en mesure et en règle à ses propres yeux, il le faisait bien vite payer aux autres ; il en est quitte pour se rattraper sur autrui : et, par exemple, le pauvre avocat, Me Doitot, qui, à son refus, accepte la défense de Mme de Lamotte, se voit drapé par lui de la belle manière.

1590. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. (Suite et fin.) »

Comme il était bienfaisant et charitable, il fut regretté par les pauvres gens de son faubourg.

1591. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mémoires de madame de Staal-Delaunay publiés par M. Barrière »

au moment où elle apprécie le mieux le dévouement et les mérites du pauvre Maisonrouge, c’est l’autre encore qu’elle regrette ; avec une âme si ferme, avec un esprit si supérieur, misérable jouet d’une indigne passion, elle fuit qui la cherche, et cherche qui la fuit, selon l’éternel imbroglio du cœur.

1592. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre IV. De l’amour. »

Une sorte de ridicule s’est attaché à ce qu’on appelle des sentiments romanesques, et ces pauvres esprits, qui mettent tant d’importance à tous les détails de leur amour propre, ou de leurs intérêts, se sont établis comme d’une raison supérieure à ceux dont le caractère a transporté dans un autre l’égoïsme, que la société considère assez dans l’homme qui s’occupe exclusivement de lui-même.

1593. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre IV. Poésie lyrique »

Voilà de quoi les chansons de toile entretenaient nos rudes aïeules : voilà ce qui enfiévrait leurs imaginations oublieuses de la pauvre et froide réalité.

1594. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre III. Grands poètes : Verlaine et Mallarmé, Heredia et Leconte de Lisle » pp. 27-48

Il a su donner bonne figure jusqu’au pauvre Corbière.

1595. (1890) L’avenir de la science « XII »

Ces pauvres femmes, séparées, eussent été vulgaires et n’eussent fait presque aucune figure dans l’humanité ; réunies, elles représentent avec énergie un de ses éléments les plus essentiels du monde, la douce, timide et pensive piété.

1596. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Raphaël, pages de la vingtième année, par M. de Lamartine. » pp. 63-78

Jamais une jeune femme, vers 1817 ou 1818, fût-elle à la hauteur philosophique de Mme de Condorcet, n’a causé ainsi ; c’est le panthéisme (le mot n’était pas inventé alors), le panthéisme, disons-nous, de quelque femme, esprit fort et bel esprit de 1848, que l’auteur de Raphaël aura mis après coup dans la bouche de la pauvre Elvire, qui n’en peut mais.

1597. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Madame Récamier. » pp. 121-137

à ce jeu hasardeux et trop aisément cruel, elle a troublé, elle si bonne, bien des cœurs ; elle en a ulcéré, sans le vouloir, quelques-uns, non seulement d’hommes révoltés et aigris, mais de pauvres rivales, sacrifiées sans qu’elle le sût et blessées.

1598. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Marie-Antoinette. (Notice du comte de La Marck.) » pp. 330-346

Je suis calme comme on l’est quand la conscience ne reproche rien ; j’ai un profond regret d’abandonner mes pauvres enfants.

1599. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Despréaux, avec le plus grand nombre des écrivains de son temps. » pp. 307-333

Le pauvre Chapelain fut berné publiquement.

1600. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre III. Le cerveau chez l’homme »

Pauvres gens qui, s’ils le pouvaient, pèseraient dans leurs balances Paris et Londres, Vienne et Constantinople, Pétersbourg et Berlin, et d’une égalité de poids, si elle existait, concluraient à la similitude des langues, des caractères, des industries ! 

1601. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Les deux cathédrales »

Pourquoi chercher à vivre, puisque nous sommes sur cette terre comme des étrangers, qu’ailleurs est notre patrie, dont quelques pauvres années d’exil et de purification nous séparaient à peine ?

1602. (1896) Les époques du théâtre français (1636-1850) (2e éd.)

Pauvre vieux Corneille ! […] Pareillement, si nous faisions Harpagon amoureux d’une fille pauvre, d’une fille « sans dot » ; et si, d’autre part, nous l’obligions, pour des raisons quelconques, inutiles à donner, tant elles sont faciles à supposer, si nous l’obligions à tenir un certain train de maison ? […] Car, autrement, ce n’est qu’un pauvre homme, à qui le monde ne saurait reprocher de se restreindre ou de lésiner sur le présent pour ménager l’avenir ; et, sous le nom d’économie, son avarice devient presque une vertu. […] Mais d’autres pièces sont intitulées : l’Été des Coquettes, les Bourgeoises à la Mode, les Curieux de Compiègne, les Agioteurs, les Bourgeoises de qualité, les Enfants de Paris… et ceci, — ce pluriel des titres qui n’a l’air de rien, — c’est comme qui dirait l’annonce de la comédie de mœurs, telle encore qu’on l’entendait il y a quelques années : les Lionnes pauvres, les Effrontés, les Ganaches, les Vieux Garçons, les Faux Bonshommes, les Sceptiques, les Inutiles. […] Ils parcouraient ensemble l’exposition de peinture, et Diderot, un peu neuf à la critique d’art, exerçait, sans mesure, aux dépens des pauvres exposants, l’abondance de sa verve et de sa gesticulation, lorsque Chardin l’arrêta et lui dit : « De la douceur, mon ami, de la douceur !

1603. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Joseph de Maistre »

» Le contre-coup retentit en Savoie ; là, ce n’aurait été qu’une querelle de famille ; mais Paris convoite les pauvres montagnes : un petit nombre de scélérats (je copie) répond au cri d’appel. […] Si par hasard, pendant que je me promène encore sur cette pauvre planète, il se présentait un de ces moments d’à-propos sur lesquels le tact ne se trompe guère, je dirais à mes chiffons : Partez, muscade ! […] — I believe. — En vérité, ceci ne peut se voir que dans ce pays, à cette époque. » Mais, pour dernière citation, voici une réflexion d’ironique et haute mélancolie que lui inspire la vue d’une pauvre jeune fille qui se meurt : La jeunesse disparaissant dans sa fleur a quelque chose de particulièrement terrible ; on dirait que c’est une injustice. […] « Les bonnes œuvres n’ont jamais cessé de l’occuper, et il versa beaucoup de larmes, quelques jours avant sa mort, en apprenant qu’une pauvre femme qu’il avait recommandée au ministre des finances venait de recevoir une somme considérable : une joie pure colora pour la dernière fois son noble visage, et, regardant le ciel, il remercia Dieu avec attendrissement… » Il expira le 26 février 1821, à l’âge de près de soixante-huit ans.

1604. (1891) Enquête sur l’évolution littéraire

Ce pauvre Verlaine, plein de talent, mais inquiet, mais double, pour ainsi dire. […] « Les pauvres gens, comme ils discutent ! […] De temps en temps, un pauvre paysan vient me demander de le défendre, et je plaide, — en flamand. […] Et la maison Hachette, par là-dessus, a eu la cruauté de lui interdire les gares… Pauvre Madame Meuriot ! […] Ce pauvre Alexis !

1605. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre II. Vérification de la loi par l’examen de la littérature française » pp. 34-154

Or, rire était bien dans son tempérament ; il a au plus haut degré ce don du comique, où la réalité et la fantaisie, le déjà vu et l’imprévu vous soulèvent dans une saine gaîté, dans une allégresse absolue de l’esprit ; mais il a autre chose encore : il a la compréhension des douleurs humaines, la vision très nette de nos conflits avec la société, avec nous-mêmes, de nos pauvres illusions, de la jeunesse qui fuit, de la raison qui s’écroule aux pieds de l’amour… ; et Molière, le grand comique, aurait écrit les drames les plus poignants, si son époque avait aimé le drame et s’il n’eût pas dû être un amuseur… Il a frôlé le drame dans Tartufe, dans Le Misanthrope, dans Le Bourgeois gentilhomme, dans Le Malade imaginaire, ailleurs encore ; ce drame, il l’a vu, mais n’a voulu montrer que la comédie. […] Oui, ce républicain, ce « vicaire savoyard », cet enfant de la nature, ce révolté, ce pauvre, c’est un étranger, un Helvète, un montagnard ; mais il s’est donné à la France, comme à la nation d’avant-garde, et il a fécondé la France, comme la Renaissance italienne l’avait fécondée au xvie  siècle ; et c’est par la France qu’il a conquis le monde. […] Nous marchons à une révolution dont nul ne saurait prévoir la forme ; à ceux qui sont hantés par la Révolution française, la réalité donnera sans doute un démenti ; l’histoire a une variété de formes qui dépasse notre pauvre imagination ; nous y voyons triompher le christianisme par le sang des martyrs, la Renaissance sans violence, la Révolution par la guillotine ; elle trouvera autre chose encore, et à plus d’une reprise.

1606. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CIXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (1re partie) » pp. 5-79

Mon pauvre frère se plaignit bientôt d’une douleur très intense à l’un de ses genoux, sans aucun signe extérieur tout d’abord ; mais peu à peu le genou se dressa presque jusqu’au menton, et demeura ainsi durant le reste de sa vie. […] D’abord à l’aide de paroles, ensuite par des actes indécents, ils tourmentèrent la pauvre femme et cherchèrent à la faire accéder à leurs désirs.

1607. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (1re partie) » pp. 81-159

On trouva une pauvre vache morte sur la cime d’un sapin où l’avait portée l’aile de l’ouragan. […] Toc, toc… le liège file et s’enfonce, le morceau de bois disparaît, le plomb donne des secousses, et au même instant volent en l’air trois de ces pauvres poissons, qui, chemin faisant, se décrochent et vont tomber bien loin parmi les herbes, où ils sautillent et se débattent jusqu’à ce que mort s’ensuive.

1608. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIIe entretien. Fior d’Aliza » pp. 177-256

Je n’aspirais pas au génie, l’âme me suffisait ; tous mes pauvres vers n’étaient que des soupirs. […] Le soir, il en redescendait plus ou moins chargé de plantes ou de pauvres papillons épinglés, dont il grossissait sa collection.

1609. (1890) L’avenir de la science « III » pp. 129-135

Ceux qui sont préoccupés de l’idée de la république place-ront la ligne fatale à la bataille d’Actium ; pauvres gens qui se seraient suicidés avec Brutus, ils croient voir la mort dans la crise de l’âge mûr. […] Tout cela apparaît pour la première fois au Moyen Âge, d’une manière caractérisée, dans les lollards, béguards, fraticelles, pauvres de Lyon, humiliati, flagellants, etc.

1610. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 mai 1885. »

. — Quel dommage, n’est-ce pas, que le pauvre homme ait justement passé toute sa vie à écrire pour le théâtre ! […] Aujourd’hui, son bienfaiteur parisien se demande encore, parfois, avec un soupir, en quel cabanon d’aliénés les gens sérieux de là-bas ont dû renfermer, dès l’arrivée, son pauvre monomane « qui, souvent, l’avait amusé, après tout !

1611. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 juin 1885. »

Friedrich Schœn, de Worms ; il était destiné à fournir les moyens, à des artistes ou amateurs pauvres, de venir aux représentations de Bayreuth. […] Ne voyait-il pas écrit devant lui, en l’œuvre de Bach, le mot expliquant l’énigme de son Rêve intérieur ; ce mot que, jadis, le pauvre Cantor de Leipzig avait tracé, comme le symbole éternel d’un Univers inconnu et nouveau ?

1612. (1856) Cours familier de littérature. I « IIIe entretien. Philosophie et littérature de l’Inde primitive » pp. 161-239

Le pauvre et charmant animal n’était pas mort. […] Pelletan ; mais ne flattons pas le pauvre oiseau qui passe, et ne croyons à l’éternité de rien ici-bas, pas même de nos songes !

1613. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « III. M. Michelet » pp. 47-96

Aujourd’hui, c’est Richelieu qu’il assassine, et demain ce sera Louis XIV, Louis XIV auquel il se vantait l’autre jour « d’arracher sa perruque », croyant ainsi, pauvre fantastique ! […] S’il est athée, c’est comme on l’était au xviiie  siècle, dans un temps où le perruquier de Chamfort disait avec la modestie de son état et le sentiment d’un homme qui sent où commence la dignité humaine : « Je ne suis qu’un pauvre merlan ; mais, après tout, il ne faut pas s’imaginer que je croie plus en Dieu qu’un autre ! 

1614. (1868) Curiosités esthétiques « I. Salon de 1845 » pp. 1-76

. — Tant qu’il ne s’agissait que de peindre des femmes solfiant de la musique romantique dans un bateau, ça allait ; — de même qu’un pauvre opéra triomphe de sa musique à l’aide des objets décolletés ou plutôt déculottés et agréables à voir ; — mais cette année, M.  […] Dupont Nous avons rencontré un pauvre petit portrait de demoiselle avec un petit chien, qui se cache si bien qu’il est fort difficile à trouver ; mais il est d’une grâce exquise

1615. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XVIII. »

Cet hymne à la Panagia, cet hymne avec ses variantes, tel qu’à travers la barbarie et l’esclavage il s’est conservé sous la tente du berger, dans les forêts du Klephte, à bord de la frêle barque du pêcheur, et tel qu’il se murmure encore dans les pauvres villages des Grecs d’Asie, n’est-il pas, pour vous, le gage saint et touchant de la durée vivace de ce peuple opprimé ! […] Le voyageur, sur le seuil de huttes à demi ruinées, à travers quelque chemin défoncé de la Morée, reconnaissait parfois, dans de pauvres jeunes femmes asservies à quelque tâche grossière, la stature et la beauté de ces filles de la Grèce retracées sur les bas-reliefs antiques, telles qu’elles avaient paré les fêtes des dieux.

1616. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le Roman de Renart. Histoire littéraire de la France, t. XXII. (Fin.) » pp. 308-324

Le bon chevalier Beaumanoir va vers lui, et lui dit dans un sentiment tout humain qui est rare au Moyen Âge, qui manque chez Froissart, historien de cour, et qu’on est heureux de retrouver ici : Chevaliers d’Angleterre, vous faites grand péché De travailler les pauvres, ceux qui sèment le blé… Si laboureurs n’étaient, je vous dis ma pensée, Les nobles conviendrait travailler en l’airée (aux champs), Au fléau, à la houe, et souffrir pauvreté ; Et ce serait grand peine quand n’est accoutumé.

1617. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Nouveaux voyages en zigzag, par Töpffer. (1853.) » pp. 413-430

car c’est ici ce que vous aimez ; et, en effet, dans une pareille figure ainsi peignée, ainsi accoutrée, ainsi indolente et occupée, pauvre et insouciante, respire dans tout son charme la poésie des champs.

1618. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Œuvres de François Arago. Tome I, 1854. » pp. 1-18

Tantôt nous pensions que les miroirs avaient été mal dirigés, ou que quelque coup de vent avait emporté la cabane et l’avait jetée dans la mer ; car nous avions déjà perdu plusieurs tentes par de semblables accidents, et nous n’avions pu en préserver notre pauvre cabane qu’en passant par-dessus des câbles et la liant au rocher.

1619. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — I. » pp. 343-360

Voltaire, qui se sentait ainsi conduit et promené d’hypothèse en hypothèse, résistait en plaisantant ; il avait dès l’abord écrit à Bailly : J’étais toujours persuadé que le pays des belles nuits était le seul où l’astronomie avait pu naître ; l’idée que notre pauvre globe avait été autrefois plus chaud qu’il n’est, et qu’il s’était refroidi par degrés, me faisait peu d’impression.

1620. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres complètes de Saint-Amant. nouvelle édition, augmentée de pièces inédites, et précédée d’une notice par M. Ch.-L. Livet. 2 vol. » pp. 173-191

Sous un chevron de bois maudit Y branle le squelette horrible D’un pauvre amant qui se pendit Pour une bergère insensible, Qui d’un seul regard de pitié Ne daigna voir son amitié.

1621. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Essais de politique et de littérature. Par M. Prevost-Paradol. »

La pauvre France, en attendant, celle qui n’est ni romaine, ni anglaise, où est-elle ?

1622. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Louis XIV et le duc de Bourgogne, par M. Michelet »

Le Soleil a des égards pour le pauvre nourrisson des Muses, en le trouvant si fatigué : « Il fut sur le point de ramener ses chevaux en arrière et de retarder le jour, pour rendre le repos à celui qui l’avait perdu.

1623. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Halévy, secrétaire perpétuel. »

Nul embarras : un désir de plaire assez marqué, mais justifié à l’instant même et de la meilleure grâce ; de la fertilité, de l’enjouement ; d’heureuses comparaisons prises dans l’art qui lui était le plus cher, dans la musique, et qui piquaient par l’imprévu et par l’ingénieux : — ainsi, dans la notice sur l’architecte Abel Blouët, la place de l’artiste au cœur modeste, à la voix discrète, comparée au rôle que joue l’alto dans un concert (« Un orchestre est un petit monde, etc. ») ; — des anecdotes bien placées, bien contées, des mots spirituels qui échappent en courant ; — ainsi dans la notice sur Simart, à propos des rudes épreuves de sa jeunesse : « Simart, après avoir été misérable, ne fut plus que pauvre et se trouva riche » ; — savoir toujours où en est son auditoire et le tenir en main et en haleine ; ne pas trop disserter, et glisser la critique sous l’éloge ; s’arrêter juste et finir à temps.

1624. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Le Poème des champs, par M. Calemard de Lafayette (suite et fin) »

Pauvre Blanche !

1625. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Sainte-Hélène, par M. Thiers »

Voyez-vous pas d’ici le pauvre homme !

1626. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Daphnis et Chloé. Traduction d’Amyot et de courier »

Les pauvres gens qui les ont trouvés les élèvent comme s’ils étaient à eux, et quand ils sont en âge, on les envoie aux champs, dans les beaux jours, pour faire paître, le jeune garçon les chèvres, la jeune fille les brebis.

1627. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La Grèce en 1863 par M. A. Grenier. »

Musset nous présageait, à vingt ans de là, cet autre enfant charmant et cruel qui devait aller sur place observer et étudier la Grèce, qui l’a si bien peinte, mais si malignement et tout en gaieté, dans ses mœurs, dans sa politique, dans ses finances, dans sa police, dans sa pauvre royauté.

1628. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite.) »

Ce pauvre Don Quichotte, répétant les exploits des anciens chevaliers avec une si parfaite bonne foi et une candeur si unique, donne jour à une telle variété de rencontres et d’aventures, — l’écuyer Sancho, dès la seconde sortie, accompagne et double si grotesquement son maître, avec ce perpétuel contraste de demi-bon sens et de demi-bêtise qui ne feront que s’accroître et se solidifier en avançant, — l’auteur, par des stations ménagées à propos, sait si naturellement entremêler d’autres récits et nous intéresser, chemin faisant, par les côtés passionnés et romanesques de notre nature, — il profite si justement et avec une si légitime hardiesse des instants lucides de son héros qui n’extravague que sur un point, pour le faire noblement et fermement discourir des matières que lui-même avait le plus à cœur de traiter, — tout cet ensemble vit, marche, se déduit si aisément, d’un cours si large, si abondant, et avec une telle richesse de développements imprévus et d’embranchements inépuisables, qu’on est bien réellement en plein monde, en plein spectacle, en plein air sous le ciel, qu’on nage dans un courant de curiosité humaine de tous côtés excitée et satisfaite, et que rien ne sent ni ne rappelle l’application critique et satirique née dans le cabinet.

1629. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les cinq derniers mois de la vie de Racine. (suite et fin.) »

Despréaux l’a été encore beaucoup mieux : car il m’a raconté (ceci est pure anecdote) que le roi avait eu la bonté de lui dire : « Nous avons bien perdu tous deux en perdant le pauvre Racine.

1630. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre III. Inconvénients de la vie de salon. »

La duchesse de Bourbon sort le matin incognito pour faire l’aumône et « chercher des pauvres dans leurs greniers ».

1631. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Notes sur l’Ancien-Régime »

Un seul a une grosse ferme et paye 7 800 livres par an, les autres payent 1 300, 740, 640, 240 livres par an  La terre des Brosses comprend 515 arpents exploités par 2 fermiers, auxquels le propriétaire fournit des bestiaux estimés 3 750 livres ; ils payent ensemble au propriétaire 2 240 livres803  Toutes ces métairies sont pauvres ; une seule comprend deux chambres avec cheminées ; deux ou trois, une chambre avec une cheminée ; toutes les autres consistent en une cuisine, avec four extérieur, étables et granges.

1632. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre III. Théorie de la fable poétique »

Au premier espoir du trône : « Ma pensée, où le meurtre n’est encore qu’imaginaire, ébranle tellement mon pauvre être d’homme, que l’action y est étouffée dans l’attente, et que rien n’est que ce qui n’est pas ! 

1633. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « La comtesse Diane »

La charité du pauvre, c’est de vouloir du bien au riche.

1634. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « J.-J. Weiss  »

Il a d’ailleurs repris maintes fois et résumé ce chapitre célèbre : … Le second Augier (celui desEffrontés, desLionnes pauvres, etc. ) est le produit d’un moment spécial de nos mœurs et de nos idées, et d’un moment triste.

1635. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Oscar Wilde à Paris » pp. 125-145

On y rencontrait encore cet extraordinaire Meyerson, polyglotte et omniscient, dernière incarnation de Pic de la Mirandole, toujours prêt à discuter de toutes choses connues et quibusdam aliis et aussi ce pauvre et malchanceux Frédéric Corbier, mathématicien et philologue, qui se grisait de bruit et de paroles en société, mais qui retombait, dès qu’il était seul, à un découragement si noir qu’il finira, une nuit d’hiver, par se jeter du haut du pont d’Arcole, dans la Seine charrieuse de glaçons.

1636. (1785) De la vie et des poëmes de Dante pp. 19-42

Celui de ménager ses couleurs ; car il s’agit d’en fournir aux dessins les plus fiers qui aient été tracés de main d’homme ; et lorsqu’on est pauvre et délicat, il convient d’être sobre.

1637. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « La Religieuse de Toulouse, par M. Jules Janin. (2 vol. in-8º.) » pp. 103-120

Qu’on joigne à cela de bonnes œuvres, l’éducation gratuite des jeunes filles, l’instruction des calvinistes nouvelles converties, le soin des pauvres, et l’on aura quelque idée de cet institut habilement concerté, fait pour séduire, attrayant, et utile peut-être, mais empreint évidemment d’un reste d’orgueil humain, et même de coquetterie mondaine.

1638. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame, duchesse d’Orléans. (D’après les Mémoires de Cosnac.) » pp. 305-321

Durant le voyage de Douvres, où elle était allée voir le roi son frère et le décider à signer le traité avec Louis XIV (1er juin), elle avait pensé à ce pauvre M. de Valence.

1639. (1903) Zola pp. 3-31

Et le tic est un geste énorme, parce que l’auteur a une imagination grossissante en même temps qu’elle est pauvre et peu nourrie ; mais ce n’est qu’un tic.

1640. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre III. Le Bovarysme des individus »

En faisant appel à ses propres souvenirs chacun peut se représenter combien est pauvre à cet âge le pouvoir sur l’esprit de la réalité, combien grand, au contraire, le pouvoir de déformation de l’esprit à l’égard du réel.

1641. (1913) Le bovarysme « Troisième partie : Le Bovarysme, loi de l’évolution — Chapitre I. Le Bovarysme de l’individu et des collectivités »

Or on peut présumer que ces deux circonstances heureuses auront d’autant plus de chance de se rencontrer que l’entité quelconque, individuelle ou collective, où s’exercera la conception bovaryque sera de formation plus récente, c’est-à-dire, en même temps plus riche en force virtuelle et plus pauvre en perfection héritée, plus simple et moins déterminée.

1642. (1889) Méthode évolutive-instrumentiste d’une poésie rationnelle

Moréas, on l’a vu très vite, n’est certes qu’un poète quand même, content de lui et le disant très haut, et ses pauvres poèmes en deux minces volumes où se sent un essoufflement extraordinaire ne sont remarquables, symbolistes en rien même, que par tout le vocabulaire de Rabelais !

1643. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre III : La science — Chapitre I : De la méthode en général »

Liebig, a encore relevé le gant contre le pauvre Bacon.

1644. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Observations générales, sur, l’art dramatique. » pp. 39-63

Celui qui sacrifie sa fille peut être ambitieux, faible ou féroce ; celui qui a perdu son argent peut être riche ou pauvre ; celui qui craint ; pour sa maîtresse, bourgeois ou héros, tendre ou jaloux, prince ou valet : c’est au poète à se décider pour l’un ou pour l’autre.

1645. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Du Rameau » pp. 288-298

Mais ce qui me déplaît surtout, c’est ce mélange d’hommes, de femmes, de dieux, de déesses, de loup, de mouton, de serpens, de licornes. 1. parce qu’en général cela est froid et de peu d’intérêt. 2. parce que cela est toujours obscur et souvent inintelligible. 3. la ressource d’une tête pauvre et stérile ; on fait de l’allégorie tant qu’on veut, rien n’est si facile à imaginer. 4. parce qu’on ne sait que louer ou reprendre dans des êtres, dont il n’y a aucun modèle rigoureux subsistant en nature.

1646. (1912) L’art de lire « Chapitre IV. Les pièces de théâtre »

On sait assez qu’Orgon, — et c’est une des grandes beautés de l’ouvrage — a deux caractères, selon, pour ainsi dire, qu’il est tourné du côté de Tartuffe ou tourné du côté de sa famille, autoritaire dans sa maison, docile au dernier degré devant « le pauvre homme ».

1647. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre II. Marche progressive de l’esprit humain » pp. 41-66

Représentez-vous le vieillard de Chio, pauvre, aveugle, délaissé, errant, parmi les solitudes, ou mendiant son pain parmi les peuples des villes : est-ce là ce roi de l’épopée, promettant au monde et Virgile, et le Tasse, et Milton ?

1648. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IX. Seconde partie. Nouvelles preuves que la société a été imposée à l’homme » pp. 243-267

Il a dit au chien : « Tu garderas les troupeaux de l’homme, tu veilleras autour de sa demeure, tu le suivras dans ses voyages, tu trahiras ton propre instinct pour te faire l’ennemi des autres animaux lorsque ton maître voudra prendre les plaisirs de la chasse ; et, s’il devient pauvre, misérable, privé de la vue, tu dirigeras ses pas sur les bords du précipice pour le lui faire éviter, ou parmi les flots d’une multitude insouciante pour qu’il reçoive le pain de l’aumône que tu partageras avec lui. » Croyez-vous que cet instinct des animaux marqués pour la domesticité ne prouve pas l’intention du Créateur qui leur donna cet instinct, et qui, ainsi, l’ajouta en quelque sorte aux organes mêmes de l’homme ?

1649. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Gustave Droz » pp. 189-211

Gustave Droz, qui ne l’est pas du tout, se risque bien souvent du côté de l’indécence plus loin que ne s’y risqua jamais le pauvre de Musset (Voyez L’Âme en peine, Ma tante en Vénus, etc.), comme Octave Feuillet se risque du côté opposé ; mais l’un et l’autre n’en sont pas plus Musset pour cela !

1650. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre IV : M. Cousin écrivain »

Vous voyez, mon pauvre Kant, que votre système tombe en ruine ; c’est que je me suis enfoncé dans l’intimité de la conscience, à un degré où vous n’avez pas pénétré27. » Je me suis quelquefois représenté le sentiment d’horreur qui eût pénétré Condillac et les analystes du dix-septième siècle, s’ils avaient lu cette préface, et si on leur eût dit que l’auteur, écrivain admirable, avait commencé par écouter leurs leçons.

1651. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXII. »

La mort étend sa main glacée sur les rois ; le sceptre et la couronne tombent à terre et gisent dans la poudre, confondus avec la pauvre faucille et la bêche.

1652. (1906) L’anticléricalisme pp. 2-381

Je ne tirerai aucun parti de la fameuse « scène du pauvre », qui fit scandale à l’époque. […] Je ne vois pas autre chose dans la « scène du pauvre ». […] C’est l’interdiction d’enseigner à tout prêtre séculier ; car exactement les mêmes raisons existent d’empêcher un prêtre, chaste, pauvre et docile, d’enseigner quoi que ce soit, que d’empêcher un moine, chaste, pauvre et docile, d’enseigner quoi que ce puisse être. […] L’homme, ou la femme, docile, pauvre et chaste, est pour le républicain despotiste, pour le démocrate, un être qui ne doit plus enseigner. […] Et les anticléricaux n’ont pas tort, à se placer à leur point de vue ; car le moine, à être docile, à être pauvre et à être chaste, donne l’exemple de vertus — il les appelle ainsi — qui sont contraires au développement et à l’affermissement de la société démocratique.

1653. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome II

Ce qui importe, c’est l’ardeur qu’elle soulève dans les âmes, et nous nous retrouvons devant l’argument du pari : de deux choses l’une, ou bien cette société bourgeoise contre laquelle se précipite le prolétariat est la pauvre chose que nous constatons et sans réserves d’énergie. […] Taine, qui admirait passionnément l’art du romancier, lui refuse toute portée quand il s’agit de doctrine. « Balzac, en politique comme ailleurs », affirmait-il, « a fait un roman. » Un critique catholique, Caro, à la même époque, c’est-à-dire au commencement du second Empire, ne jugeait pas moins dédaigneusement les théories de l’auteur des Parents pauvres. […] Les différences entre un soldat, un ouvrier, un administrateur, un oisif, un savant, un homme d’État, un commerçant, un marin, un poète, un pauvre, un prêtre, sont aussi considérables que celles qui distinguent le loup, le lion, l’âne, le corbeau, le requin, le veau marin, la brebis. » Du moment que cette conception est vraie — et pour Balzac elle a toute la valeur scientifique d’un constat — le problème politique se ramène à cette question : comment porter ces espèces sociales à leur plus haut degré de perfection, d’une part, et de l’autre, comment les harmoniser ? […] Seigneur qui voyez leurs cœurs, accueillez dans votre puissance les biens de ces pauvres, qui sont plus démunis que les bergers et qui viennent vers vous de plus loin que les mages !  […] Nous sommes parmi elles, pauvres êtres débiles, comme des mulots parmi des éléphants.

1654. (1936) Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours pp. -564

méditation lyrique dont la force est faite non de sa matière, qui est pauvre avec une langue et une poésie indigentes, mais de son mouvement oratoire, l’esprit banal ayant rencontré un des grands courants de l’âme humaine, et le suivant à pleines voiles. —  Novissima Verba, écrits à Montculot, le sermon de Bossuet transposé sur le mode lyrique, une réflexion de l’homme sur lui-même, grave, régulière, et qui coule comme un fleuve précipité et grossi pendant une nuit d’hiver, pas de sentiments rares ou neufs, mais la route royale du cœur humain, — l’interpellation à l’Esprit Saint, dont la fin hors d’haleine est faible, mais où il semble qu’en achevant les Harmonies, en les publiant l’été de 1830, le poète demande pour le prophète politique de demain l’investiture et le sacrement. […] Mais si ce jeune poète pauvre, qui doit faire vivre de sa plume et de sa pension un foyer précocement et courageusement fondé, travaille sur des thèmes, il n’ignore pas qu’en matière de technique il est l’égal ou plutôt le supérieur de n’importe lequel de ses émules.

1655. (1925) Feux tournants. Nouveaux portraits contemporains

messieurs, je suis confus de vos bontés, mais que suis-je, un ancien combattant sans tête, et comme qui dirait le benjamin de ce pauvre Bloc national ; M.  […] Alors, il ne cessa plus de mêler aux souvenirs personnels d’inquiétude et de désolation qu’un pion corse lui inspirait, ce visage si triste de son pauvre petit compagnon. […] Et j’entends les aînés se plaindre : eux, au moins auront passé leur jeunesse sous le signe de la paix ; interrogeant leurs souvenirs, n’y trouvent-ils pas ces charmes sans prix, et, même les plus pauvres d’entre eux, de ces moments d’active paresse qui sont refusés à leurs cadets dont l’impatience et l’avidité les irritent ? […] Les Grecs n’ont guère eu recours à la critique, qui est née dans une assez pauvre époque, puisque les premières idées que l’on se fait d’elle datent de la période néo-alexandrine. […] Alfred Fabre-Luce oppose à la conception de la victoire fondée sur des préjugés historiques — trop pauvre et trop ambitieuse à la fois — une conception plus large et plus française.

1656. (1886) Le naturalisme

» Une littérature qui, comme le classicisme du début du siècle, appauvrissait la langue, éteignait l’inspiration et se condamnait à imiter par système, était forcément incolore, artificielle et pauvre. […] le seul peuple pauvre en ce genre de littérature est celui qui nous inspira et nous donna tous les autres genres, c’est-à-dire la Grèce. […] Ce fut sans doute Velázquez qui détacha de la toile la figure de parchemin, le taciturne visage du Domine Cabra ; seul Velázquez pouvait donner un semblable clair-obscur à la vieille soutane, au visage jauni, au pauvre ameublement de l’avare. […] Nous étions déjà las de produire des histoires chevaleresques, le genre picaresque et pastoral florissait sur notre Parnasse, qu’eux ne possédaient pas un pauvre livre de littérature légère en prose, si l’on fait exception de quelques nouvelles. […] Les Contes à Ninon où les belles pages ne manquent pas, furent accueillis avec indifférence, et le pauvre commis de librairie, enterré derrière son comptoir, inconnu, noyé dans la mer immense des lettres parisiennes, souffrait des tortures égales à celles de Sisyphe et de Tantale en assistant à la vente rapide des livres d’autrui et au délaissement des siens.

1657. (1864) Études sur Shakespeare

Il ne lui a pas été donné de voir, presque en naissant, un public à la fois homogène et divers, grands et petits, riches et pauvres, toutes les classes de citoyens également avides et dignes de ses plus brillantes solennités. […] Ainsi, partout où se célébraient des fêtes, partout où se rassemblaient des hommes, dans les couvents comme dans les foires, sur les places publiques comme dans les châteaux, les ménestrels toujours présents, répandus dans toutes les conditions de la société, charmaient, par leurs chants et leurs récits, le peuple des campagnes et les habitants des villes, les riches et les pauvres, les fermiers, les moines et les grands seigneurs. […] L’héritier, les rosettes aux souliers, pouvait dans cette soirée choisir pour la danse une compagne villageoise, et le lord, sans déroger, se mêlait au jeu vulgaire de post and pair 9. » Et la joie, l’hospitalité, le grand feu de la salle, la table mise, le pudding, l’abondance des viandes, se trouveront dans la maison du fermier comme dans celle du gentilhomme ; la danse, quand la tête commence à tourner de boisson, les chants du ménestrel, les récits des anciens temps quand les forces sont épuisées par la danse, tels sont les plaisirs qui couvrent alors la face de l’Angleterre, « et qui, de la cabane à la couronne, apportent la nouvelle du salut… C’était Noël qui perçait la plus vigoureuse pièce de bière ; c’était Noël qui racontait le conte le plus joyeux, et les cabrioles de Noël pouvaient réjouir le cœur du pauvre homme durant la moitié de l’année10. » Ces fêtes de Noël duraient douze jours, variées de mille plaisirs, ranimées par les souhaits et les générosités du premier jour de l’an, terminées par la solennité des rois, ou « douzième jour ». […] Le christianisme est une religion populaire ; c’est dans l’abîme des misères terrestres que son divin fondateur est venu chercher les hommes pour les attirer à lui ; sa première histoire est celle des pauvres, des malades, des faibles ; il a vécu longtemps dans l’obscurité, ensuite au milieu des persécutions, tour à tour méprisé et proscrit, en proie à toutes les vicissitudes, à tous les efforts d’une destinée humble et violente. […] Cependant Shakespeare ne pouvait ignorer la tendresse paternelle : celui qui, dans Macbeth, a peint la pitié sous la forme d’un « pauvre petit nouveau-né tout nu » ; celui qui a fait dire à Coriolan : « Pour ne pas devenir faible et sensible comme une femme, il ne faut pas voir le visage d’une femme ou d’un enfant » ; celui qui a si bien rendu les tendres puérilités de l’amour maternel, celui-là ne pouvait avoir vu ses propres enfants sans ressentir les tendresses de cœur d’un père.

1658. (1938) Réflexions sur le roman pp. 9-257

Et pourtant, si nous nous approchions de ces feux, si nous soulevions les feuilles encore intactes, nous verrions qu’il n’y a, au fond, qu’un foyer bien pauvre, à demi éteint, qui consume lentement les dernières fibres sèches. […] L’Amadis de Gaule et les romans de Mlle de Scudéry sont des romans romanesques, et Le Roman d’un jeune homme pauvre ou L’Abbé Constantin pareillement, les romans romanesques d’une société d’argent. […] Je me sentirai visé, moi aussi, désormais, par le dédain dont elles écartent, dans les omnibus, tous les pauvres cœurs qui sont là, par le regard dur et sans contrainte qu’elles dirigent sur la glace en mettant leurs épingles à chapeaux. […] Dans les trois littératures classiques, la troisième étant celle de la France du xviie  siècle, le roman fait figure de parent pauvre. […] Chevalley montre un bien injuste dédain), d’Anna Karénine, des Parents pauvres, de L’Éducation sentimentale, des Frères Karamazov.

1659. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Alfred de Vigny. »

La pauvre enfant était loin de prévoir qu’une rêverie si douce lui coûterait des larmes ; mais cette rêverie s’emparait de sa vie. […] Les derniers vers, où il montre le pauvre mendiant, tout réconforté et encouragé par de bonnes paroles, se remettant à jouer et jouant mieux qu’il n’avait jamais fait, sont des plus heureux : Son regard attendri paraissait inspiré, La note était plus juste et le souffle assuré.

1660. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Théocrite »

Il faudrait encore, si l’on voulait tout faire toucher, passer aussitôt, comme contraste, à cette idylle des deux Pécheurs, si pauvres, si souffrants, dont l’un vient de rêver qu’il avait pêché un poisson d’or ; mais toute cette richesse, comme celle du Pot au lait, s’est évanouie en un clin d’œil. […] Le pauvre moissonneur s’est donc pris de soudaine passion pour une joueuse de flûte, un peu bohémienne, à ce qu’il semble ; et, comme lui-même il a été de tout temps assez poëte, il nous la dépeint ainsi : « Muses de Piérie, chantez avec moi la jeune élancée ; car vous rendez beau tout ce que vous touchez, ô Déesses !

1661. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Troisième partie de Goethe. — Schiller » pp. 313-392

— « Qu’il me paraît étrange, écrivait Schiller à son ami, ministre et favori d’un souverain, de vous voir lancé au plus haut et au plus épais de ce monde, tandis que je suis assis entre mes pauvres fenêtres de papier huilé, n’ayant aussi que papiers devant moi, et que cependant, malgré cette différence dans nos destinées, nous puissions nous comprendre si parfaitement l’un l’autre !  […] « Lorsque je revins visiter sa tombe, j’y trouvai de pauvres gens qui cherchaient leurs vaches ; je les suivis ; ils devinèrent que je venais du tombeau de la dame ; ils me dirent que Günderode leur avait souvent parlé et fait l’aumône, et que chaque fois qu’ils passaient près de l’endroit fatal ils récitaient un Pater.

1662. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXIXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (1re partie) » pp. 241-314

IV Eckermann, comme Medwin, que j’ai beaucoup connu, était le fils d’un pauvre porte-balle des environs de Hambourg. […] Il découvrit dans un livre un jeune homme pauvre et souffrant, le seul rival que la nature pouvait lui opposer, Schiller ; il l’appela à Iéna, puis à Weimar, tourna sur lui l’amitié du grand-duc, travailla en commun avec lui, en fit son frère, et lui prêta la moitié de son génie.

1663. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VIII »

Mais pour eux il n’a rien de commun avec la religion vulgaire : « Les résultats moraux du Christianisme, on les trouve chez moi expliqués par l’étude de la nature et basés sur elle, tandis que dans le Christianisme ils ne le sont que par de simples fables (Parerga, I, 143) », et autre part : « Pour faire entrer ce principe (délivrance de la vie), le Christianisme dut se servir de véhicules mystiques (Mysthichen vehikels) comme par exemple du calice qui devait sauver les hommes. » Wagner (1880, 273) : « Ce qui devait perdre l’Eglise chrétienne fut l’assimilation de cet être divin sur la croix avec le créateur juif du ciel et de la terre, et de joindre avec ce Dieu colère et vengeur, le sauveur des pauvres, qui s’est sacrifié par amour de tout ce qui existe. […] Mais la pauvre femme, ne pouvant accepter d’être responsable de la mort de sa maîtresse, le remplace par le philtre d’amour.

1664. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « IX »

Dans le premier poème ils exigeaient simplement des Dieux, en paiement de Walhall, le trésor de leurs ennemis, les Nibelungs : ici, au contraire, c’est Freia, la déesse de la jeunesse et de la beauté qu’ils ont voulu gagner, « pour qu’une femme vienne habiter chez nous autres, pauvres géants, une femme belle et douce ». […] Les amis et les ennemis de Wagner sont entrés en lice pour voir qui écrira le plus de sottises sur ce pauvre homme.

1665. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1887 » pp. 165-228

C’est dans un voyage en un pays vague, l’oubli de l’hôtel où je suis descendu, l’oubli et la non-retrouvaille de la chambre qu’on m’a donnée, avec la perte de tous mes effets ; un cauchemar produisant les troubles et les anxiétés les plus terribles, dans mon pauvre sommeil d’être frileux. […] Au bout de rues, qui ont l’air de rues de faubourg de province, où l’on cherche un lupanar, une maison honnêtement bourgeoise, où se trouve toute pleine une pauvre petite salle de théâtre ; une salle à la composition curieuse, et qui n’est pas l’éternelle composition des grands théâtres : des femmes, maîtresses ou épouses de littérateurs et de peintres, des modèles, — enfin un public, que Porel baptise : un public d’atelier.

1666. (1926) L’esprit contre la raison

an Libérées de leurs robes à traînes, de leurs manteaux prétentieux, les images, les idées de nos plus réputés stylistes apparaissent plus pauvres que Job. […] Si le cheval « qui franchit les montagnes » est la monture de Rrose Sélavy, les barrésiens n’ont que le pauvre Bucéphale pour monture, le cheval qui, selon Plutarque, avait peur de son ombre.

1667. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre IX : Insuffisance des documents géologiques »

Et cependant, si nous entrons dans nos plus riches musées géologiques, quel pauvre étalage nous y voyons ! […] Aussi, plus d’un paléontologiste a-t-il fait l’observation que les dépôts les plus puissants sont communément très pauvres en fossiles, excepté vers leur limite inférieure ou supérieure.

1668. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le prince de Ligne. — II. (Fin.) » pp. 254-272

Le prince de Ligne était de cette race ; au moment de la prise de Belgrade, il écrivait à M. de Ségur, combinant avec art toutes ses sensations : « Je voyais avec un grand plaisir militaire et une grande peine philosophique s’élever dans l’air douze mille bombes que j’ai fait lancer sur ces pauvres infidèles… » Et après l’entrée dans la place : « On sentait à la fois le mort, le brûlé et l’essence de rose ; car il est extraordinaire d’unir à ce point les goûts voluptueux à la barbarie. » Il se plaît lui-même à se jouer à ces antithèses.

1669. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gabrielle d’Estrées. Portraits des personnages français les plus illustres du XVIe siècle, recueil publié avec notices par M. Niel. » pp. 394-412

Sully survenant lui cita les Psaumes et lui parla du doigt de Dieu, dont la sagesse convertit souvent notre mal en bien ; il parlait en cela comme sentaient tous les bons Français, que la mort de cette pauvre femme tirait d’une inquiétude grave.

1670. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — I. » pp. 1-19

La condition la plus heureuse en apparence a ses amertumes secrètes qui en corrompent toute la félicité : le trône est le siège des chagrins comme la dernière place ; les palais superbes cachent des soucis cruels, comme le toit du pauvre et du laboureur ; et, de peur que notre exil ne nous devienne trop aimable, nous y sentons toujours, par mille endroits, qu’il manque quelque chose à notre bonheur.

1671. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — II. (Fin.) » pp. 20-37

Pauvre comme il était, ce fut un de ses amis, un riche généreux, l’un des Crozat, qui paya ses bulles.

1672. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Froissart. — I. » pp. 80-97

Il n’a aucun mépris pour le métal, et il ne s’en cache pas : « Car c’est le métal, dit-il, par quoi on acquiert l’amour des gentilshommes et des pauvres bacheliers. » À peine à l’école, quand il était avec les petites filles de son âge, il se piquait d’être empressé, attentif auprès d’elles ; il se demandait quand il pourrait tout de bon faire le métier d’homme galant, courtois, amoureux, ce qui, dans le langage du temps, était synonyme d’homme comme il faut.

1673. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — II. (Fin.) » pp. 361-379

L’abbé de Montesquiou, étant venu faire part d’un arrêté au nom de l’ordre du clergé, prononce un discours et loue le secrétaire de l’Assemblée, c’est-à-dire Bailly, comme l’ami des pauvres et l’écrivain des hôpitaux : J’ai promis, s’écrie Bailly, que mon âme serait ici toute nue, et en conséquence je dirai que cette justice qui me fut rendue inopinément au milieu de mes collègues, dans une si digne assemblée et par un autre ordre que le mien, me causa une vive et sensible émotion.

1674. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Charron — I » pp. 236-253

… L’homme croit que le ciel, les étoiles, tout ce grand mouvement céleste et branle du monde, n’est fait que pour lui… Et le pauvre misérable est bien ridicule.

1675. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La Margrave de Bareith Sa correspondance avec Frédéric — II » pp. 414-431

Quant à elle, elle est arrivée au dernier période du mal et au terme extrême de la phthisie (10 août 1758) : Vous voulez, mon cher frère, savoir des nouvelles de mon état, je suis, comme un pauvre Lazare, depuis six mois au lit.

1676. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Œuvres complètes d’Hyppolyte Rigault avec notice de M. Saint-Marc Girardin. »

Un pauvre enfant, qui devait un jour devenir principal de Montargis, Jean Stondonck, venait à pied de Malines à Paris pour être admis à cette sévère école, travaillait le jour sans relâche, et la nuit montait dans un clocher pour y travailler encore aux rayons gratuits de la lune.

1677. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Le Poëme des champs par M. Calemard de Lafayette. »

» M. l’abbé R… a traduit, en effet, très-heureusement, quelques sonnets de Wordsworth, notamment celui-ci, tout à la gloire du sonnet même : Le pauvre est tout content d’un trou sous l’escalier ; Une sœur au couvent, de sa cage proprette ; L’étudiant sous le toit, de sa docte chambrette ; La fille, de son tour ; l’homme, de son métier ; Et l’abeille qui trouve une fleur à piller Bourdonne toute une heure au fond de sa clochette ; La prison elle-même, en son horreur muette, N’est plus une prison quand on sait s’y plier.

1678. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Madame de Staël. Coppet et Weimar, par l’auteur des Souvenirs de Mme Récamier (suite et fin.) »

Le prince Joseph, qui avait longtemps conservé des relations affectueuses avec ses anciens amis du temps du Consulat, lui dont Mme de Staël écrivait en 1808, en lui pardonnant sa royauté : « Le pauvre Joseph est un véritable conscrit parmi les rois, tant sa situation lui fait de peine ! 

1679. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Lettres inédites de Jean Racine et de Louis Racine, (précédées de Notices) » pp. 56-75

Mais enfin, à force de caresses et de bonne nourriture, son lait est assez revenu, et nous n’avons pas voulu désespérer une pauvre femme à qui vous aviez donné votre parole.

1680. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français (suite.) »

L’intérêt du sujet d’Œdipe en général, c’est précisément le crime innocent, involontaire, et (une fois la mythologie admise) de voir le pauvre mortel la proie et le jouet du sort, sous la main des Dieux ; et l’intérêt de l’Œdipe-Roi, en particulier, c’est la découverte par degrés, la gradation admirablement ménagée dans la révélation du crime, c’est le voile qui se lève lentement, péniblement, peu à peu, dans l’âme d’Œdipe, dans l’âme de Jocaste, jusqu’à ce qu’il soit entièrement déchiré et que l’affreuse vérité éclate aux yeux des coupables involontaires et aux yeux de tous.

1681. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Mémoire de Foucault. Intendant sous Louis XIV »

« Ce pauvre prince, nous dit Foucault parlant du roi Jacques et ne revenant pas de ses airs riants, croit que ses sujets l’aiment encore. » Illusion et forme de consolation propre à ces vieux souverains déchus !

1682. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Histoire de la Restauration par M. Louis de Viel-Castel. Tomes IV et V. »

comment cet homme qu’on a connu depuis si modéré, si bienveillant et si courtois de langage, comment crut-il devoir s’y prendre pour sauver ses pauvres clients, et peut-être pour s’excuser lui-même d’oser les défendre ?

1683. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier (Suite.) »

Je me rappelle qu’en 1831, vers le temps où parut sa gracieuse idylle de Marie, comme je le visitais en compagnie d’un ami, directeur d’un journal, nous le trouvâmes au lit, dans une assez pauvre chambre d’hôtel où il logeait, et assez mécontent du sort ; nous l’engageâmes à travailler et à se joindre à nous pour quelques articles littéraires : à quoi il nous répondit d’un ton sec : « Non, je veux que ma carte de visite reste pure. » Ce qui, je dois le dire, nous parut légèrement impertinent, à nous qui alors étions jusqu’au cou dans la prose.

1684. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid. »

Ce lutin dont parlait Molière, lorsqu’il voulait expliquer les inégalités de verve de Corneille, et duquel il disait encore plus poétiquement que plaisamment, qu’il venait, au moment où le pauvre grand homme était dans l’embarras, lui souffler à l’oreille quelques-uns de ses plus beaux vers et de ses plus belles scènes, pour disparaître la minute d’après, — ce lutin n’était autre, en bien des cas, que le Génie même de la République et de l’Empire, ce puissant fantôme évoqué sans cesse, et que les Brutus et les César avaient vu apparaître plus d’une fois dans leurs veilles ou dans leurs songes.

1685. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Josèphe de Saxe, dauphine de France. (Suite) »

Un jour que Bruhl lui a donné de l’Excellence par-dessus la tête, il lui insinue gentiment qu’il lui faut du Monseigneur sans Excellence, car l’Excellence est une pauvre monnaie en Cour de France19 ; mais tout cela d’un ton aisé, d’un air de supériorité naturelle qui laisse chacun à sa place, sans hauteur.

1686. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Fontaine »

Il continuait de loger chez cette dame ; mais elle ne réunissait plus la même compagnie qu’autrefois, et elle s’absentait fréquemment pour visiter des pauvres ou des malades.

1687. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre IV »

Jusque dans ces dernières années, le petit pays dont je vous parle était, en grande partie, peuplé par de pauvres hères au teint blafard, à l’aspect souffreteux, au corps émacié, au visage d’une pâleur caractéristique et dont les téguments étaient empâtés d’une bouffissure spéciale ; on les aurait reconnus entre mille ; il suffisait de les avoir vus une fois… »   « Pour les questions qui se rattachent à l’histoire pathologique de la lèpre, la contagion encore si controversée… l’impuissance presque absolue des moyens thérapeutiques contre cette bizarre maladie, etc., toutes ces notions ont été puisées, vous devez le penser, aux bonnes sources.

1688. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre VI, « Le Mariage de Figaro » »

L’auteur fouettait énergiquement et succès et scandale : il faisait servir la bienfaisance au succès de sa comédie, qu’il poussait vers la centième, mettant en avant aujourd’hui les pauvres mères nourrices, demain une veuve d’ouvrier du port Saint-Nicolas.

1689. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre II. L’éloquence politique »

Mirabeau y a donné complaisamment, et dans les théâtrales banalités dont la pauvre antiquité faisait les frais, la poussière de Marius, Catilina aux portes : c’était là que jadis on admirait le grand orateur.

1690. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre VI. Science, histoire, mémoires »

À tous, littérateurs ou autres, il nous a donné cette générale leçon, d’avoir trouvé la paix de la conscience et le bonheur en cette pauvre vie, simplement parce que la vérité toujours l’a conduit.

1691. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Stéphane Mallarmé » pp. 146-168

D’un air de n’attacher aucune importance aux choses tristes qu’il disait, il me conta qu’il avait assez longtemps vécu très malheureux à Londres, pauvre professeur de français, qu’il avait beaucoup souffert dans l’énorme ville indifférente, de l’isolement et de la pénurie, et d’une maladie, comme de langueur, qui l’avait, pour un temps, rendu incapable d’application intellectuelle et de volonté littéraire.

1692. (1890) L’avenir de la science « V »

., je verrais toutes ces vérités, sans lesquelles il n’y a pas de vie heureuse, s’abîmer sous le légitime effort de l’examen critique, que je battrais des mains sur leur ruine, bien assuré que le système réel des choses, que je puis encore ignorer, mais vers lequel cette négation est un acheminement, dépasse de l’infini les pauvres imaginations sans lesquelles nous ne concevions pas la beauté de l’univers.

1693. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre V. La littérature et le milieu terrestre et cosmique » pp. 139-154

Il y a apparence que l’action exercée sur les autres par les millions de pages qui s’impriment sur notre pauvre petite terre n’est pas considérable.

1694. (1886) De la littérature comparée

La Grèce avait tiré sa littérature et ses arts de ce sens spécial que les Grecs désignaient par le mot mélodieux d’eurythmie ; Rome avait construit sur le civisme sa robuste civilisation, si pauvre d’ailleurs en œuvres originales ; l’Europe du Moyen-Âge, ces États hétérogènes formés comme par hasard par des mélanges et des heurts de nations, cette Europe informe et désordonnée comme une chanson de geste, que la diplomatie de plusieurs siècles n’a pas encore réussi à partager équitablement, cette Europe marchait et travaillait pourtant sous l’impulsion d’un sentiment tout aussi grand que l’eurythmie et le civisme : la foi religieuse.

1695. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVI » pp. 413-441

Enfin le poète suppose à sa précieuse une docte demeure, toujours ouverte aux beaux esprits, où se tiennent les bureaux du faux bel esprit, où s’étale une école de mauvais sens prêché par une folle ; aucun de ces traits n’est applicable à madame Deshoulières, qui n’était point une folle, qui ne tenait point école, qui n’avait point de maison, point de cercle, qui était fort pauvre, allait dans le monde chercher le monde, et passait une grande partie de son temps à l’hôtel de Nevers.

1696. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Des lectures publiques du soir, de ce qu’elles sont et de ce qu’elles pourraient être. » pp. 275-293

ce jour-là, pour montrer qu’il n’avait pas d’intention systématique, il lut, comme contrepartie, une pièce de Victor Hugo sur l’aumône, où le pauvre a sa belle et large part.

1697. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Éloges académiques de M. Pariset, publiés par M. Dubois (d’Amiens). (2 vol. — 1850.) » pp. 392-411

Pariset, pauvre, inconnu, protégé par Riouffe, qui lui procura une place de précepteur dans une maison riche, fut si reconnaissant de ces marques d’affection, qu’il épousa la mère de Mme Riouffe, ne voulant plus avoir d’autre famille que celle de son ami.

1698. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Pline le Naturaliste. Histoire naturelle, traduite par M. E. Littré. » pp. 44-62

Parlant de ceux qu’il avait interrogés, et même de deux pauvres filles esclaves qu’il avait fait mettre à la question, il reconnaît qu’il n’a pu apercevoir en eux tous d’autre crime qu’une mauvaise superstition et une folie : Ils assurent que toute leur faute ou leur erreur consiste en ceci, qu’ils s’assemblent à un jour marqué, avant le lever du soleil, et chantent tour à tour des vers à la louange du Christ, qu’ils regardent comme Dieu ; qu’ils s’engagent par serment non à quelque crime, mais à ne point commettre de vol ni d’adultère, à ne point manquer à leur promesse, à ne point nier un dépôt ; qu’après cela ils ont coutume de se séparer, et ensuite de se rassembler pour manger en commun des mets innocents… Pline et son oncle étaient des hommes humains, modérés, éclairés ; mais cette humanité des honnêtes gens d’alors était déjà devenue insuffisante pour la réformation du monde.

1699. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur Droz. » pp. 165-184

Au reste, Mirabeau lui-même a donné hautement raison à l’excellent historien, lorsque, maudissant cette réputation d’immoralité qui s’attachait à ses pas, qui compromettait et corrompait à leur source ses meilleurs actes, il s’est écrié plus d’une fois, dans le sentiment de sa force : « Je paie bien cher les fautes de ma jeunesse… Pauvre France !

1700. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — I. » pp. 441-459

Le second discours de Portalis que je veux signaler est précisément celui dans lequel il défendait les pauvres prêtres restés fidèles à l’ancienne orthodoxie ; on était prêt à renouveler contre eux les gênes d’un serment qui violait leur conscience, et qui allait les placer entre le mensonge et la proscription.

1701. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — I. » pp. 201-219

La pauvre femme !

1702. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « L’abbé Gerbet. » pp. 378-396

Mais où donc le pauvre solitaire qui l’écrivait puisait-il cet amour intarissable ?

1703. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Les Faux Démétrius. Épisode de l’histoire de Russie, par M. Mérimée » pp. 371-388

Le pauvre don José, ensorcelé par ce démon de Carmen, passe par des vicissitudes analogues à celles du chevalier Des Grieux ; seulement les méfaits de celui-ci ne sont que peccadilles auprès des atrocités auxquelles l’autre est induit en devenant bandit bohémien.

1704. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « La Fontaine. » pp. 518-536

Je ferai remarquer encore qu’il y a sous l’idéal de Bernardin de Saint-Pierre un arrière-fond de réalité, comme il convient à un homme qui a beaucoup vécu de la vie pauvre et naturelle.

1705. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre III. Zoïle aussi éternel qu’Homère »

Aux pauvres d’esprit s’ajoutent ceux qui ont trop d’esprit.

1706. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre II : Philosophie politique de Tocqueville »

Senior, l’un des amis et l’un des correspondants de Tocqueville ; mais celui-ci s’opposait de toutes ses forces à cette prétention, et affirmait que, dans la constitution anglaise, le bien du pauvre est sacrifié à celui du riche.

1707. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre III : La littérature du xviiie et du xixe  siècle »

Qui sera assez éclairé pour faire ce partage avec assurance et ne rien laisser à l’honneur de ce pauvre grand homme dans cette lutte misérable avec lui-même ?

1708. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre II : Variations des espèces à l’état de nature »

Sous ce rapport, les espèces des plus grands genres ont donc plus de ressemblance avec des variétés que celles des genres plus pauvres.

1709. (1912) L’art de lire « Chapitre III. Les livres de sentiment »

Sans doute, c’est là un très petit champ d’observation, et ce qu’on en a tiré est par conséquent un critérium, pour ainsi parler, très pauvre.

1710. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Fervaques et Bachaumont(1) » pp. 219-245

Notre pauvre société n’est plus qu’une décavée, et, par ce côté-là, ce titre de décavé pourrait signifier quelque chose… Mais l’auteur, du moins en talent, n’est pas un décavé.

1711. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Michelet »

Il s’agit de refaire l’âme humaine défaite, de refaire, en vue du bonheur des époux, la famille chrétienne, fondée en vue, de l’amour des enfants ; c’est l’égoïsme à deux de cette pauvre madame de Staël, élevé à sa plus haute, non !

1712. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Alfred de Vigny »

Pauvre et cher Alfred de Vigny !

1713. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Un symbole »

Le pauvre vestige du « Vœu national » que l’on pouvait encore deviner sous la phrase de l’archevêque — « un temple destiné à appeler sur la France la protection et la bonté divines » — a maintenant tout à fait disparu.

1714. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre IX : M. Jouffroy écrivain »

Cousin, emporté par l’assaut intérieur de la verve et par la surabondance de la vie animale, causait, s’ouvrait, s’épanchait, dissertait, plaidait avec les gestes et l’appareil oratoire, dans un jardin public, dans son cabinet, n’importe où, devant n’importe qui, jusque devant ce pauvre petit personnage qu’on appelait son secrétaire, M. 

1715. (1939) Réflexions sur la critique (2e éd.) pp. 7-263

Et ailleurs : « Au milieu d’une tendance générale à l’emphase, voici une pauvre pensée toute nue. […] La Terreur, la Commune, le bolchevisme, ces pauvres petits enfers terrestres, ne supportent pas la comparaison. […] qu’à l’avenir, dans toute accusation, le vieux soit juge contre le vieux, le jeune contre le jeune. » Ce jugement par les pairs ne serait pas une mauvaise idée : il faudrait y joindre le riche jugé par le riche, le pauvre par le pauvre, le professeur par le professeur, le dyspeptique par le dyspeptique. […] Le pauvre au contraire est jugé selon un code de riches, le riche gouverné par un suffrage universel de pauvres. […] Ce chien est à moi, disaient ces pauvres enfants.

1716. (1910) Études littéraires : dix-huitième siècle

La pauvre femme de celui à qui on la retire arrive en larmes et supplie. […] Mais ce serait pour faire une étude sur la fatuité des hommes en ma pauvre personne. […] Ce pauvre chevalier, si simple, doit savoir aimer… Mais il est timide. […] Il est psychologue en un temps où la psychologie est infiniment courte et pauvre. […] Mais le fond des idées est bien pauvre et le fond du cœur est bien froid.

1717. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gibbon. — I. » pp. 431-451

Un autre endroit est celui qu’il a eu le bon goût de citer d’après son premier précepteur, John Kirkby, et où nous voyons ce digne et indigent vicaire de village se promenant au bord de la mer, « tantôt regardant l’étendue des flots, tantôt admirant la variété de belles coquilles éparses sur le rivage, et en ramassant toujours quelques-unes des plus rares pour en amuser au retour ses pauvres petits enfants ».

1718. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — I. » pp. 204-223

., ont toujours leurs partisans secrets, sans parler des folies épidémiques, telles que l’agiot dont je venais d’être témoin, temps où chacun s’imaginait pouvoir devenir riche, sans que personne devînt pauvre.

1719. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Bourdaloue. — II. (Fin.) » pp. 281-300

Qu’il s’agît du maréchal de Luxembourg mourant qui le réclamât, ou d’un pauvre homme, il était prêt également.

1720. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « De la poésie de la nature. De la poésie du foyer et de la famille » pp. 121-138

Il était gentilhomme et pauvre ; il passa sa première jeunesse au service et à Lunéville, à la cour de Stanislas.

1721. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — II » pp. 159-177

Il parle très haut, et quand nos deux pauvres petits rouges-gorges entendirent ce grand bruit, ils furent pris aussitôt d’une émulation de le surpasser.

1722. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — I » pp. 93-111

De quoi cela pouvait-il servir à un pauvre gentilhomme de campagne, ou bien à un juge de province ?

1723. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Le journal de Casaubon » pp. 385-404

Et c’est ainsi que comme un fleuve qu’on saigne tant qu’on peut à droite et à gauche, jusqu’à ce qu’à la fin on parvienne à lui faire changer de cours, le pauvre Casaubon, qui, de loin, nous apparaît comme la personnification de l’étude heureuse de l’Antiquité dans une époque faite exprès pour lui et toute favorable, suivait péniblement sa voie à travers les obstacles et luttait pour maintenir sa vocation.

1724. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Œuvres de Maurice de Guérin, publiées par M. Trébutien — II » pp. 18-34

Lui aussi il était, mais il n’était qu’à demi de la race de René, en ce sens qu’il ne se croyait pas une nature supérieure : bien loin de là, il croyait se sentir pauvre, infirme, pitoyable, et dans ses meilleurs jours une nature plutôt écartée que supérieure : Pour être aimé tel que je suisa, se murmurait-il à lui-même, il faudrait qu’il se rencontrât une âme qui voulût bien s’incliner vers son inférieure, une âme forte qui pliât le genou devant la plus faible, non pour l’adorer, mais pour la servir, la consoler, la garder, comme on fait pour un malade ; une âme enfin douée d’une sensibilité humble autant que profonde, qui se dépouillât assez de l’orgueil, si naturel même à l’amour, pour ensevelir son cœur dans une affection obscure à laquelle le monde ne comprendrait rien, pour consacrer sa vie à un être débile, languissant et tout intérieur, pour se résoudre à concentrer tous ses rayons sur une fleur sans éclat, chétive et toujours tremblante, qui lui rendrait bien de ces parfums dont la douceur charme et pénètre, mais jamais de ceux qui enivrent et exaltent jusqu’à l’heureuse folie du ravissement.

1725. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset, professeur d’histoire au lycée Bonaparte. »

La fortune m’a fait naître le plus pauvre gentilhomme de France ; mais, en récompense, elle m’a honoré d’un cœur sincère, si exempt de toutes sortes de friponneries qu’il n’en peut même souffrir l’imagination sans horreur. » Honneur et vertu !

1726. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni (suite et fin.) »

Hasard ou choix, il avait commencé par se loger à portée de Saint-Giles, le quartier pauvre.

1727. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Histoire de Louvois par M. Camille Rousset. Victor-Amédée, duc de Savoie. (suite et fin.) »

Il y a dans les vallées vaudoises du Piémont de pauvres religionnaires établis depuis des siècles et de temps immémorial, qui y vivent en paix.

1728. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « M. Émile de Girardin. »

La seconde ne lui semble pas digne de quiconque a reçu de la nature une ambition véritable : « Si vous avez ce véritable orgueil indépendant des circonstances, cet élan du mérite ; si vous avez un cœur doué de sensibilité, ne souhaitez jamais cet état intermédiaire qui place entre les grands qu’il faut être attentif à ménager et les pauvres que l’on est impuissant à secourir, entre le ton protecteur qui blesse et la prière qui afflige… » J’ai noté ce passage, parce qu’il est empreint de la marque de Jean-Jacques.

1729. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Le mariage du duc Pompée : par M. le comte d’Alton-Shée »

Le danger sérieux de cette rencontre avec Pompéa aura cela de bon, d’ailleurs, de diminuer et d’absorber en soi les deux autres dangers, ou plutôt (car la pauvre Lisette ne compte pas) le seul danger de l’intrigue avec la belle-sœur.

1730. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Mémoires de madame Roland »

le pauvre amoureux, le patito qui s’était donné aux époux Roland et qui, depuis des années, brûlait à petit feu sans le dire, il n’avait pas tort non plus de se fâcher et de se révolter comme il fit.

1731. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Mémoires de madame Roland »

Louis Blanc, ce qu’on ne trouve pas chez elle ; le sort de la classe la plus nombreuse et la plus pauvre ne paraît pas occuper beaucoup déplacé dans ses préoccupations ; du moins, il n’en tient guère dans son livre. » La remarque est fine ; je la crois juste, bien que trop généralisée.

1732. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « La reine Marie Leckzinska (suite et fin.) »

cette pauvre duchesse, si elle revenait !

1733. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite et fin.) »

À la mort de mon pauvre cher petit Dauphin69, la nation n’a pas seulement eu l’air de s’en apercevoir.

1734. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les fondateurs de l’astronomie moderne, par M. Joseph Bertrand de l’académie des sciences. »

Peu de jours avant son départ pour Naples, le savant recevait non-seulement un beau reliquaire pour la pauvre église de son village, mais encore un magnifique chapelet en cornaline portant la médaille commémorative renfermée sous la porte d’or de Saint Paul.

1735. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Saint-Simon considéré comme historien de Louis XIV, par M. A. Chéruel »

. — “Que vas-tu devenir, pauvre armée ?”

1736. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DISCOURS DE RÉCEPTION A L’ACADÉMIE FRANÇAISE, Prononcé le 27 février 1845, en venant prendre séance à la place de M. Casimir Delavigne. » pp. 169-192

Aussi, malgré son prélude de la veille, on peut dire de Casimir Delavigne qu’il entra à la première représentation de ses Vêpres Siciliennes incertain, pauvre, à peu près inconnu, et qu’il en sortit maître de sa destinée.

1737. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre II. Les privilèges. »

Jadis capitaine du district et gendarme en permanence, il doit devenir propriétaire résidant et bienfaisant, promoteur volontaire de toutes les entreprises utiles, tuteur obligé des pauvres, administrateur et juge gratuit du canton, député sans traitement auprès du roi, c’est-à-dire conducteur et protecteur comme autrefois, par un patronage nouveau accommodé aux circonstances nouvelles.

1738. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre IV. L’Histoire »

Il a observé partout, dans les idées, dans les mœurs, et dans le gouvernement, la plus étrange confusion : les législateurs occupés à détruire ou neutraliser les effets de la Révolution, à restreindre la liberté, borner l’égalité ; l’autorité méprisée et redoutée, l’administration centralisée et oppressive ; le riche et le pauvre en face l’un de l’autre, se haïssant, ne croyant plus au droit, mais à la force ; les chrétiens épouvantés de la démocratie, qui est selon l’Évangile ; les libéraux hostiles à la religion, qui est essentiellement libérale ; les honnêtes gens en guerre contre la civilisation dont ils devraient diriger la marche : dans tout cela, le progrès évident, irrésistible, de l’égalité, partant de la démocratie.

1739. (1829) De la poésie de style pp. 324-338

On y retrouve pour ainsi dire l’homme aux goûts simples qui, dans sa jeunesse, étudiait et écrivait au milieu des forêts et des prairies, qu’on ne voyait jamais dans les rues de Bayreuth sans une fleur sur sa poitrine, et que ses biographes nous peignent travaillant et méditant dans un coin de la même chambre où sa mère, sa pauvre et humble mère, se livrait activement aux travaux du ménage, soignant le feu de son poêle et faisant sa cuisine, sans que le bruit des occupations domestiques parût troubler son fils, pas plus que le roucoulement des pigeons qui voltigeaient dans cette chambre.

1740. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre XI. L’antinomie sociologique » pp. 223-252

Le christianisme a été une révolte morale des humbles et des pauvres contre l’ordre établi.

1741. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre V »

Il n’ouvre la bouche que pour répondre ; il tousse, il se mouche sous son chapeau, il crache presque sur soi, et il attend qu’il soit seul pour éternuer. » Ce visiteur honteux n’est pourtant point Phédon le pauvre, c’est Vernouilhet le failli, qui vient régler son compte avec le banquier.

1742. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres et opuscules inédits de Fénelon. (1850.) » pp. 1-21

M. de Bernières, en ce même Carême de 1700, réclamait sans doute pour l’armée certaines dispenses de régime, et Fénelon s’empresse de les accorder aux soldats ; mais « il n’y a pas d’apparence, monsieur, ajoute-t-il, que j’accorde aux officiers, payés par le roi, une dispense que je refuse aux plus pauvres d’entre le peuple ».

1743. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Mémoires d’outre-tombe, par M. de Chateaubriand. Le Chateaubriand romanesque et amoureux. » pp. 143-162

Pauvre, épuisé de misère, le jeune émigré breton trouve en Angleterre, dans une province, un ministre anglais, M. 

1744. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Vauvenargues. (Collection Lefèvre.) » pp. 123-143

Le voyez-vous dans son petit hôtel de la rue du Paon, malade, mourant, ne se plaignant jamais devant ses amis, mais laissant quelquefois échapper sur le papier le secret de cette apparence tranquille : « Qu’importe à un homme ambitieux qui a manqué sa fortune sans retour, de mourir plus pauvre ? 

1745. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Rulhière. » pp. 567-586

Rulhière, toujours occupé de son sujet de comédie, comme l’autre de sa lettre, continue de définir Jean-Jacques et de montrer à Dusaulx quelle chimère et quelle vanité d’amour-propre (sous forme d’enthousiasme) il y a de sa part à prétendre consoler un pareil homme : Mais, de bonne foi, qu’espérer d’un homme qui en est venu au point (la chose est certaine) de se méfier de son propre chien, et cela parce que les caresses de ce pauvre animal étaient comme les vôtres trop fréquentes, et qu’il y avait là-dessous quelque mystère caché ?

1746. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Charles Perrault. (Les Contes des fées, édition illustrée.) » pp. 255-274

Il n’y en avait jamais eu à aucune assemblée de l’Académie française, mais seulement à celles de l’Académie des sciences et des inscriptions. » Et Saint-Simon, annotateur de Dangeau, ajoute : « Cette nouveauté des femmes fut en faveur des filles de Chamillart et de leurs amies, qui y allèrent pour se moquer du pauvre Senlis », lequel était, en effet, un sujet très peu académique.

1747. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « De la poésie et des poètes en 1852. » pp. 380-400

Je pensais à ma sœur, et, rêvant loin de moi, Je disais : — Pauvre sœur, mon âme est avec toi !

1748. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le duc d’Antin ou le parfait courtisan. » pp. 479-498

Pauvre homme !

1749. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame Sophie Gay. » pp. 64-83

La jalousie de Mme de Nangis, qui se croit sacrifiée à une rivale, produit des scènes assez belles et assez dramatiques, dans lesquelles la pauvre Valentine, poussée à bout par sa belle-sœur, en présence du mari de celle-ci, n’aurait qu’un mot à dire pour écraser la coupable et pour se venger : mais ce mot, elle ne le dit pas, et prend sur elle tous les torts.

1750. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Paul-Louis Courier. — I. » pp. 322-340

venez au secours de notre pauvre langue, qui reçoit tous les jours tant d’outrages.

1751. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Marguerite, reine de Navarre. Ses Nouvelles publiées par M. Le Roux de Lincy, 1853. » pp. 434-454

. — Or je vous advise, dit alors la reine sans le tenir plus en suspens, que vous êtes sur la tombe et le corps de la pauvre Mlle de La Roche, qui est ici dessous vous enterrée, que vous avez tant aimée, et, puisque les âmes ont du sentiment après notre mort, il ne faut pas douter que cette honnête créature, morte de frais, ne se soit émue aussitôt que vous avez été sur elle ; et, si vous ne l’avez senti à cause de l’épaisseur de la tombe, ne faut douter qu’en soi ne se soit émue et ressentie ; et, d’autant que c’est un pieux office d’avoir souvenance des trépassés, et même de ceux que l’on a aimés, je vous prie lui donner un Pater noster et un Ave Maria, et un De profundis, et l’arroser d’eau bénite ; et vous acquerrez le nom de très fidèle amant et d’un bon chrétien.

1752. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1880 » pp. 100-128

On se met à table, et presque aussitôt, Rochefort me parle, poliment et gentiment, de mon livre sur la du Barry, contant qu’on a longtemps conservé dans sa famille le bonnet de la maîtresse de Louis XV, et qu’une grand-mère à lui, enfermée avec elle, avait ramassé, un jour que la pauvre femme l’avait jeté, pour prendre le bonnet d’une codétenue, qui venait d’être acquittée par le tribunal révolutionnaire.

1753. (1899) Esthétique de la langue française « Le vers libre  »

L’affaiblissement de la rime aux deux derniers siècles ne fut qu’un signe de lassitude ou de décadence : le vers classique à rimes pauvres n’est que le produit d’un art anémié et titubant.

1754. (1911) Jugements de valeur et jugements de réalité

On a adoré les animaux les plus inutiles ou les plus inoffensifs, les plus pauvres en vertus de toute sorte.

1755. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre V. Séductions pour la compréhension de la psychologie indigène. — Conclusion »

S’il y a, dans leurs contes, des récits dont un ressentiment, souvent féroce128, fait le fond, il s’en trouve beaucoup aussi où l’offensé oublie son ressentiment, telle l’orpheline pardonnant à sa marâtre (La marâtre punie), le pauvre pardonnant au fils de roi (D’où vient le soleil).

1756. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Édelestand du Méril »

Ce peu de lignes, qui sont tout le savoir humain sur la comédie et son histoire, ont-elles été touchées et rompues par cette vaste dissertation que du Méril a publiée sous le titre d’Histoire de la Comédie, ou bien cette Histoire, qui veut être nouvelle, a-t-elle ajouté à ces lignes, pauvres et solitaires, quelques lignes de plus ?

1757. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Saint-Bonnet » pp. 1-28

Saint-Bonnet, — pour qui, depuis des années, je brûle vainement dans les journaux l’amadou de mes pauvres articles, sans avoir jamais pu allumer la torche à laquelle il a droit et qui devrait marcher devant lui comme la flûte devant le triomphateur romain, — Saint-Bonnet, l’auteur de l’Unité spirituelle, de la Restauration française, de l’Infaillibilité, de l’Affaiblissement de la Raison en Europe, de la Légitimité, de la Chute, etc., n’a pas (comme vous le voyez) que ce livre de la Douleur au riche budget de ses œuvres· Malheureusement, ces œuvres, qui devraient éclater de gloire, n’ont pas fait le bruit de la moindre sottise, et c’est nonobstant appuyé sur elles qu’il reste tranquillement, attendant patiemment la Postérité.

1758. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre IV. L’unification des sociétés »

Ils offraient le singulier spectacle d’une société où il ne se trouvait ni grands seigneurs, ni peuple, et pour ainsi dire ni pauvres, ni riches204 » Ils partaient donc sans emporter l’idée de supériorités sociales préétablies.

1759. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XV. »

Ainsi raisonnent les hommes, quand, à l’alentour d’une table, souvent ils tiennent la coupe, et que, couronnant leur tête de fleurs, ils disent volontiers : Ce plaisir n’a qu’un moment pour les pauvres humains ; tout à l’heure il aura passé, et il ne sera pas permis de le rappeler jamais. » Cette fois encore un prélude avait retenti, non pas sans doute de la lyre sacrée, mais de cette corde mélancolique et douce que devait bientôt toucher Horace avec plus d’insouciance que de triste certitude, et en égayant son âme par les douceurs de la vie sans prétendre la convaincre qu’elle doit à jamais mourir.

1760. (1836) Portraits littéraires. Tome I pp. 1-388

Voici ce qu’on trouve à ce sujet dans sa correspondance : « Pauvre Fielding ! […] Je n’avais pas arraché du public et des pauvres les sommes que des gens toujours prêts à piller ont eu la bonté de me soupçonner d’avoir exigées. […] Dans un ouvrage sur la taxe des pauvres, il expose le projet de retenir les indigents dans leurs paroisses respectives, et de les secourir à domicile. […] quelle immense intervalle entre les joyeux buveurs des tavernes de Berlin et le ministre de Dublin, entre le conteur à moitié ivre, qui fut tour à tour juge, directeur de spectacle et chef d’orchestre, qui voulut rivaliser avec Fidelio, après avoir lutté avec les caricatures de Callot, et le mari pauvre et paisible d’Henriette Kingsburg. […] Il a démontré, avec une rare éloquence, que l’imprimerie a rétréci et ralenti le savoir, que l’instruction, loin de servir au bonheur de sa race, a seulement ouvert les yeux des classes pauvres sur leur misère.

1761. (1853) Portraits littéraires. Tome I (3e éd.) pp. 1-363

Il remercie le ciel d’avoir respecté la beauté de Fanny, et il célèbre en même temps la pieuse charité qui appelle sur sa tête la bénédiction des pauvres. Souvent il l’a vue s’attendrir sur la souffrance et panser les plaies du pauvre ; le ciel, en lui rendant la santé, a voulu, sans doute, récompenser sa pitié généreuse, et l’encourager dans son œuvre sainte. […] Épuisera-t-elle sur les pauvres toute la ferveur de son âme, et ne tiendra-t-elle pas en réserve, pour celui qui l’aime et qui la bénit chaque jour, une compassion plus active et plus dévouée ? […] Madeleine a deviné le projet de son cousin ; pour le sauver elle se fait pauvre comme lui. […] Elle s’est faite pauvre pour l’obliger au travail, pour le forcer à ne pas désespérer de lui-même.

1762. (1716) Réflexions sur la critique pp. 1-296

Je continuërai en justifiant mon discours avec le moins de préoccupation qu’il me sera possible ; et je finirai enfin par une déclaration naïve de ce que je pense en bien et en mal de mon poëme, en exposant les raisons que j’ai eûës de mettre ce pauvre Homere dans l’état pitoyable qui a presque tiré des larmes à Me D et de réduire les seize mille vers de son poëme, en quatre mille cinq ou six cents ; car elle en a fait le calcul, et je ne compte pas après elle. […] Surprise dont le pauvre dieu fut si honteux et si fâché, qu’il s’en falut peu que Junon n’en eût les fers aux pieds, et ne fût suspenduë en cet état au milieu des airs, en punition de son audace. […] Ainsi il n’est pauvre que de ce qu’il a rejetté ; mais ceux qui sentent le mérite du choix, ne l’en trouvent que plus riche. […] Oüi, sans doute, il peut tromper, et il est étonnant qu’on le demande dans le tems même qu’il trompe effectivement, et que par un songe imposteur, il se jouë de la crédulité du pauvre Agamemnon. […] Le fonds n’en est pas vaste dans l’iliade ; le poëte répete souvent les mêmes à quelque différence près, et je n’ai pas cru devoir me charger d’une abondance si pauvre.

1763. (1902) Le critique mort jeune

Depuis longtemps le pauvre René-Marc Ferry est mort et sa Minerva aussi. […] Mais qu’est-ce qu’une littérature pauvre ou dépourvue d’idées ? […] Je dois dire qu’il est tout à fait piquant de retrouver dans la bouche du débauché Antoine, à qui son père expose que la démocratie rend le riche et le pauvre égaux au moins devant l’urne électorale, la raillerie d’un austère philosophe sur ces gens qui font consister le bonheur humain dans l’exercice de la liberté politique. […] On y distingue aussi une ironie supérieure et qui fait songer au mot d’un Père de l’Église, Lactance, le chrétien Lactance : « Justitia speciem quamdam stultitiæ habet. » Ce qu’on pourrait traduire librement ainsi dans l’aventure de ce pauvre idéaliste : L’homme de la Justice fait une figure de sot. […] Parbleu, ce pauvre Le Hagre non plus n’a pas dû avoir ses aises tous les jours, et il n’a sans doute pas béni longtemps l’après-dînée des Petites-Dalles !

1764. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 5482-9849

L’auteur des synonymes dit que le bonheur est pour les riches, la félicite pour les sages, la béatitude pour les pauvres d’esprit ; mais le bonheur paroît plûtôt le partage des riches qu’il ne l’est en effet, & la félicité est un état dont on parle plus qu’on ne l’éprouve. […] On dit un pauvre gentil-homme, & non pas un pauvre grand seigneur. […] Il y a des chiens qu’on caresse, qu’on peigne, qu’on nourrit de biscuits, à qui on donne de jolies chiennes ; il y en a d’autres qui sont couverts de gale, qui meurent de faim, qu’on chasse & qu’on bat, & qu’ensuite un jeune chirurgien disseque lentement, après leur avoir enfoncé quatre gros cloux dans les pattes ; a-t-il dépendu de ces pauvres chiens d’être heureux ou malheureux ? […] On apprend de lui, par exemple, quelle extrême opulence & quelle splendeur régnoit dans l’Asie mineure, aujourd’hui pauvre & dépeuplée.

1765. (1908) Après le naturalisme

La littérature sociale était née et par littérature sociale, il nous faut bien constater qu’on entendait une littérature mise au service d’un parti politique, du parti socialiste, représentatif par excellence des couches les plus pauvres et les plus turbulentes aussi et dont l’objectif est la destruction de la société présente. […] Mais la politique ne la voit pas, et pour cause, et c’est la politique qu’ont suivie les pauvres littérateurs. […] Le pauvre peuple en fait les frais et la réaction arrive.

1766. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre second » pp. 200-409

C’est alors qu’il est bien plus difficile encore d’être pauvre, quand on n’est pas un avare ; et c’est ce que Sénèque sut faire. […] « Sa latinité n’a rien de celle du temps d’Auguste, rien de facile, rien de naturel. » Cela se peut ; mais c’est un bien léger défaut, surtout pour d’aussi pauvres connaisseurs que nous dans une langue morte. […] Eschine, qui était pauvre, lui dit : « Je n’ai rien qui soit digne de vous, et ce n’est que de ce moment que je sens mon indigence. […] Si vous lisez le traité de Sénèque, combien cet extrait vous paraîtra court et pauvre ! […] Et le moyen de ne pas paraître trop riche à des gens qui n’ont pas trouvé que Démétrius304 fût assez pauvre ? 

1767. (1813) Réflexions sur le suicide

Un courage intrépide Vous distingue personnellement entre tous les braves, mais ce courage est dirigé par une bonté non moins sublime ; le sang des guerriers, les pleurs du pauvre, les inquiétudes même du faible sont l’objet de Votre humanité prévoyante. […] Asham m’annonça que la Reine me permettait de respirer l’air dans le jardin de ma prison, et je ne puis exprimer la joie que j’en ressentis, elle fut telle que notre pauvre ami n’eut pas d’abord le courage de la troubler.

1768. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre III. — Du drame comique. Méditation d’un philosophe hégélien ou Voyage pittoresque à travers l’Esthétique de Hegel » pp. 111-177

Ce pauvre homme qui s’arrache les cheveux, crie et pleure sur la scène, croit-on qu’il soit bien difficile de le rendre risible ? […] Ce pauvre garçon deviendrait imbécile, si la prose de la vie contre laquelle il proteste, ne se chargeait pas de le sauver.

1769. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre I. Des poëtes anciens. » pp. 2-93

Quelque peu scrupuleux que fût Scarron, il semble convenir lui-même qu’il avoit un peu de honte de son ouvrage : c’est dans l’endroit où en parlant de champs de deuil, il dit : Tout auprès, de pauvres Poëtes Qui rarement ont des manchettes, Y récitent de mauvais vers. […] Que faire, lecteur, en cette extrêmité, après l’excommunication qu’il a jettée sur ce pauvre Burlesque disgracié ?

1770. (1753) Essai sur la société des gens de lettres et des grands

Les Mécènes dont je parle ont pour maxime qu’un homme de lettres doit être pauvre. […] C’est elle qui au milieu des guerres civiles a peuplé la Flandre de peintres habiles et pauvres.

1771. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Granier de Cassagnac » pp. 277-345

Tout le monde était impie et philosophe ; il était respectueux envers le Pape et il avait obtenu un asile à Rome pour les pauvres prêtres émigrés. […] Comme les plus faibles et les plus forts de cette pauvre époque superficielle et infatuée, comme nous tous enfin, à l’exception d’un seul, averti par mieux que du génie, parce qu’il était prédestiné, l’auteur de la Chute de Louis-Philippe et du rétablissement de l’Empire n’avait rien prévu, rien soupçonné des faits sur lesquels nous vivons maintenant, et a reçu, sans s’y attendre et sans même s’en douter, cette décharge de Dieu à bout portant, dans la poitrine.

1772. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « Remarques finales. Mécanique et mystique »

Riches et pauvres se passaient de superfluités que nous tenons pour des nécessités. […] Seulement, autour d’une sensation forte mais pauvre, prise comme note fondamentale, l’humanité a fait surgir un nombre sans cesse croissant d’harmoniques ; elle en a tiré une si riche variété de timbres que n’importe quel objet, frappé par quelque côté, donne maintenant le son devenu obsession.

1773. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Appendices » pp. 235-309

Je concède volontiers à D’Annunzio qu’il est un « phénomène », unique même, s’il y tient ; cet éloge suffit sans doute à sa vanité que mes critiques de pauvre homme ne sauraient inquiéter. […] Je n’en crois rien. — Cessons de reprocher à Corneille, à Racine leurs sujets historiques, la qualité sociale de leurs personnages ; mais ne croyons pas, d’autre part, que la tragédie soit morte avec les rois absolus ; elle existe encore, non dans le désir brutal de ces financiers véreux qui remplacent les Rodrigue et les Titus dans le théâtre actuel, mais partout où une pauvre âme humaine aspire à la perfection.

1774. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « De l’état de la France sous Louis XV (1757-1758). » pp. 23-43

Croirait-on qu’en apprenant ce malheur, on n’ait pensé à Versailles qu’à ce pauvre général qui s’était laissé battre : « On n’a vu à la Cour dans la bataille perdue que M. de Soubise, et point l’État.

1775. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Malherbe et son école. Mémoire sur la vie de Malherbe et sur ses œuvres par M. de Gournay, de l’Académie de Caen (1852.) » pp. 67-87

En même temps, André Chénier touche à un défaut trop réel chez Malherbe, la stérilité d’invention et d’idées : Au lieu, dit-il, de cet insupportable amas de fastidieuse galanterie dont il assassine cette pauvre reine, un poète fécond et véritablement lyrique, en parlant à une princesse du nom de Médicis, n’aurait pas oublié de s’étendre sur les louanges de cette famille illustre qui a ressuscité les lettres et les arts en Italie, et de là en Europe.

1776. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — I. » pp. 325-345

Et dans quelles circonstances repaissaient-ils ainsi l’imagination du pauvre ?

1777. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gibbon. — II. (Fin.) » pp. 452-472

Chaque place, chaque allée, chaque banc lui rappelaient les douces heures passées dans l’entretien de celui qui n’était plus : « Depuis que j’ai perdu ce pauvre Deyverdun, s’écriait-il, je suisseul, et, même dans le paradis, la solitude est pénible à une âme faite pour la société. » Vers ce temps, il songea assez sérieusement ou au mariage, ou du moins à adopter quelqu’une de ses jeunes parentes, une jeune Charlotte Porten (sa cousine germaine, je crois) : « Combien je m’estimerais heureux, écrivait-il à la mère de cette jeune personne, si j’avais une fille de son âge et de son caractère, qui serait avant peu de temps en état de gouverner ma maison, et d’être ma compagne et ma consolation au déclin de ma vie ! 

1778. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Nouvelles lettres de Madame, mère du Régent, traduites par M. G. Brunet. — I. » pp. 41-61

Mais comme il est dans le tempérament de Madame et dans son humeur d’outrer tout, même ses bonnes qualités, et d’y introduire quelque incohérence, elle va fort au-delà du but lorsqu’elle exprime le vœu de voir aux galères à la place des innocents ceux qu’elle suppose les persécuteurs, ou même d’autres moines quelconques, par exemple les moines espagnols qui furent les derniers à résister dans Barcelone à l’établissement du petit-fils de Louis XIV : « Ils ont prêché dans toutes les rues qu’il ne fallait pas se rendre ; si l’on suivait mon avis, on mettrait ces coquins aux galères, au lieu des pauvres réformés qui y pâtissent. » Voilà bien Madame dans sa bonté de cœur et dans ses excès de paroles, dans sa religion franche, sincère, mêlée de quelque bigarrure.

1779. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — I. » pp. 413-433

Un autre suffrage, d’un tout autre genre, mais très vif également et moins suspect de pure politesse, celui de Sophie Arnould, vieillie, souffrante et pauvre, venait tendrement remercier Daru, qui lui avait rappelé par l’abbé Delille quelques-uns des beaux jours de sa jeunesse.

1780. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Madame Dacier. — I. » pp. 473-493

Elle la dédiait à Huet ; dans la préface, elle justifiait son père que quelques-uns blâmaient d’avoir appliqué sa fille à ces doctes études de critique, au lieu de l’avoir accoutumée à filer la laine à la maison ; elle répond à ces censeurs un peu rudement et dans le goût du xvie  siècle ; moyennant l’expression grecque ou latine dont elle se couvre, elle les appelle de pauvres têtes, elle les traite tout net de fous et d’imbéciles : « Ils auraient pu voir aisément, dit-elle, que mon père n’en a usé de la sorte que pour qu’il y eût quelqu’un qui pût leur faire honte de leur paresse et de leur lâcheté. » Mlle Le Fèvre, en parlant ainsi, n’était pas encore entrée dans la politesse du siècle ; elle n’y atteindra jamais entièrement.

1781. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Le président Hénault. Ses Mémoires écrits par lui-même, recueillis et mis en ordre par son arrière-neveu M. le baron de Vigan. » pp. 215-235

s’écria le pauvre moribond.

1782. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — II » pp. 316-336

Voilà comme cette pauvre ville, qui fut autrefois la retraite et les délices du roi Henri IV, est devenue depuis l’ire et la gloire de son fils Louis XIII.

1783. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — I » pp. 432-453

Elle compatit aux pauvres gens et aux affligés que frappe cette banqueroute ; elle en donne les détails et les chiffres précis à Senac de Meilhan, son correspondant très cher ; et, voyant la superbe famille de Rohan si humiliée et par cette catastrophe et par d’autres accidents qui bientôt suivirent, elle en revient aux réflexions morales ; elle se félicite au moins de ne tenir à rien, et de ne point prêter à ces revers subits du faste et à ces chutes de l’ambition ; elle se rejette dans la médiocrité, comme disait La Bruyère : Ô obscurité, s’écrie-t-elle avec un sentiment moral qui ferait honneur à toutes les conditions, tu es la sauvegarde du repos, et par conséquent du bonheur ; car qui peut dire ce qu’on serait en voulant des places, des biens, des titres, des rangs au-dessus des autres, où on arrive par l’intrigue, où on se maintient par la bassesse, et dont on sort avec confusion souvent, et toujours avec douleur ?

1784. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « I » pp. 1-20

Pauvre effort d’une postérité qui fuit continuellement et recule !

1785. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Mémoires ou journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guetté. Tomes iii et iv· » pp. 285-303

Je reviens en arrière et je trouve une description minutieuse mêlée d’inventaire, une photographie, telle que nous les aimons à cette heure, des salons de l’archevêché de Paris ; c’est le récit d’une visite que fait Le Dieu au cardinal de Noailles, chez qui il est envoyé un jour par Bossuet pour lui porter un de ses écrits en réfutation de Richard Simon : Ce mardi 19 (décembre 1702), j’ai porté au cardinal un exemplaire du livre en état d’être lu, au milieu de son audience remplie d’évêques, de grands seigneurs et de grandes dames, tout le monde debout, et les évêques même, aussi bien que les dames, comme chez le roi ; tout le monde dans un grand respect, et plus que chez le roi ; le silence même était très grand dès les antichambres, où les pauvres prêtres attendaient, le chapeau sous le bras, les cheveux fon courts et la tonsure faite, en posture de suppliants ou de séminaristes qui vont à l’examen pour les ordres ; leur extérieur était beaucoup plus composé qu’à l’église et à l’autel.

1786. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Vie de Maupertuis, par La Beaumelle. Ouvrage posthume » pp. 86-106

Ses conseils à ce pauvre Maupertuis, malade alors de la poitrine, plus malade encore de la Diatribe du docteur Akakia, sont pleins de bon sens pratique, de sagesse ; il voudrait le tranquilliser, l’amener à mépriser les attaques comme il les méprisait lui-même ; il le lui redit sur tous les tons : (8 mars 1753).

1787. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Journal et mémoires du marquis d’Argenson, publiés d’après les manuscrits de la Bibliothèque du Louvre pour la Société de l’histoire de France, par M. Rathery » pp. 238-259

Bon citoyen, animé d’une véritable passion pour le bien public et d’une sorte de tendresse pour le pauvre peuple, ayant des entrailles pour les souffrances du paysan, il était pourtant homme d’autorité : c’était un vigoureux préfet que d’Argenson intendant.

1788. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Madame Swetchine. Sa vie et ses œuvres, publiées par M. de Falloux. »

La mère des pauvres n’était point hostile au peuple.

1789. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers. »

Le château est au fond, de côté, et c’est sous ses fenêtres que le pauvre animal ira tomber et que l’hallali se fera.

1790. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Mémoires de l’abbé Legendre, chanoine de Notre-Dame secrétaire de M. de Harlay, archevêque de Paris. (suite et fin). »

Feuillet lui répondit qu’il n’en savait rien, mais que depuis peu il avait dit sur ce sujet à Monsieur (et l’on sait de quelle nature étaient les mœurs de ce prince) qu’il n’avait point besoin de confesseur en menant la vie qu’il mène à la Cour, et qu’il lui conseillait d’épargner les 6,000 livres qu’il donne à son confesseur qui ne sert qu’à le tromper, et qu’il valait bien mieux pour lui de les donner aux pauvres, afin de fléchir pour leurs prières la miséricorde de Dieu sur sa personne : après quoi, si Jésus-Christ lui donnait quelque sentiment de pénitence pour se convertir, il choisirait lui-même un homme de bien pour régler ses mœurs et la conduite de sa vie. — Ce discours, que la plupart des gens prendraient pour quelque chose de bien grave et de bien sérieux, parut à M. de Paris si agréable et si divertissant qu’il fut plus d’un bon demi-quart d’heure à en rire de tout son cœur. » 54.

1791. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Dominique par M. Eugène Fromentin (suite et fin.) »

Un voyage qu’elle fait aux Trembles avec lui, et où il repasse près d’elle tous ses anciens souvenirs ravivés et aiguisés par des impressions toutes nouvelles, ce séjour de deux mois, que la présence de M. de Nièvres n’amortit qu’à peine, n’est guère propre à remettre en paix le cœur du pauvre Dominique.

1792. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Réminiscences, par M. Coulmann. Ancien Maître des requêtes, ancien Député. »

Elle était pauvre ; elle travaillait pour vivre à des ouvrages de prose, à des biographies.

1793. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « M. de Sénancour — M. de Sénancour, en 1832 »

et pourquoi, pauvres grands hommes, ces lots, hélas !

1794. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Boileau »

que toutes ces pauvres maisons bourgeoises rient à mon cœur ! 

1795. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre II. De l’expression »

Junon chez lui, à l’occasion, parle en marchande et compare la queue du paon « à la boutique d’un lapidaire. » Il tourne volontiers au style trivial que sa trivialité rend narquois ; son amoureux est tiraillé entre deux veuves, « l’une encore verte, et l’autre un peu bien mûre » ; il est de moyen âge et « tire sur le grison », mais « il a du comptant, et partant de quoi choisir. » Ailleurs la goutte plante le piquet sur l’orteil d’un pauvre homme, pendant que l’araignée « se campe sur un lambris, comme si de ces lieux elle eût fait bail à vie. » Tout son style est composé ainsi de familiarités gaies ; rien n’est plus efficace pour mettre en notre cerveau l’image des objets ; car en tout esprit les images familières se réveillent plus aisément que les autres, et les images gaies naissent plus promptement que toutes les autres dans l’esprit des Français.

1796. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIIe entretien. Sur la poésie »

Nous trouverions partout que c’est l’émotion qui est la mesure de la poésie dans l’homme ; que l’amour est plus poétique que l’indifférence, que la douleur est plus poétique que le bonheur, que la piété est plus poétique que l’athéisme, que la vérité est plus poétique que le mensonge ; et qu’enfin la vertu, soit que vous la considériez dans l’homme public qui se dévoue à sa patrie, soit que vous la considériez dans l’homme privé qui se dévoue à sa famille, soit que vous la considériez dans l’humble femme qui se fait servante des hospices du pauvre et qui se dévoue à Dieu dans l’être souffrant, vous trouveriez partout, disons-nous, que la vertu est plus poétique que l’égoïsme ou le vice, parce que la vertu est au fond la plus forte, comme la plus divine des émotions.

1797. (1890) La fin d’un art. Conclusions esthétiques sur le théâtre pp. 7-26

  Pauvre théâtre, ce n’est pas faute d’une consciencieuse auscultation qu’il nous faut confesser ta déchéance artistique irrémédiable.

1798. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XX. La fin du théâtre » pp. 241-268

Pauvre théâtre, ce n’est pas faute d’une consciencieuse auscultation qu’il nous faut confesser ta déchéance artistique irrémédiable.

1799. (1890) L’avenir de la science « XIII »

Prêcher la philosophie à certains savants, c’est se faire regarder comme un esprit léger et une pauvre tête.

1800. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVII. Rapports d’une littérature avec les littératures étrangères et avec son propre passé » pp. 444-461

Il sied encore de regarder dans l’intérieur même de la France les provinces où subsiste une autre langue que celle de la capitale ; à certains moments les patois, ces parents pauvres, prêtent des mots à la sœur plus riche et plus brillante qui les éclipse ; la Bretagne, demeurée fidèle à l’idiome des ancêtres, fut au moyen âge un des chemins par lesquels ont pénétré dans nos romans les vieilles légendes celtiques ; en notre siècle, la résurrection d’une poésie en langue d’oc n’a pas été sans effet sur l’inspiration des poètes du Midi qui ont écrit en français.

1801. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XI, les Suppliantes. »

Une Divinité se cachait peut-être sous les haillons du pauvre ou de l’exilé.

1802. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de lord Chesterfield à son fils. Édition revue par M. Amédée Renée. (1842.) » pp. 226-246

C’est l’attention seule, lui dit-il, qui grave les objets dans la mémoire : « Il n’y a pas au monde de marque plus sûre d’un petit et pauvre esprit que l’inattention.

1803. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur Bazin. » pp. 464-485

Tantôt, faisant allusion aux prix annuels, il plaisante dédaigneusement l’Académie « qui décerne en médaille d’or son aumône de gloire aux pauvres honteux de la littérature ».

1804. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon. » pp. 270-292

Le pauvre duc du Maine et tous ses adhérents y passent.

1805. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur Théodore Leclercq. » pp. 526-547

Aussitôt, dit l’intéressante veuve à celui qu’elle veut séduire, aussitôt qu’il me fut permis de disposer de la dépouille mortelle de ce pauvre M. 

1806. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Saint-Évremond et Ninon. » pp. 170-191

Elle disait de Mme de Choiseul, qui se coiffait en caricature : « Elle ressemble à un printemps d’hôtellerie comme deux gouttes d’eau. » Elle disait du pauvre petit chevalier de Sévigné, qui, entre elle et la comédienne Champmeslé, s’était engagé à plus qu’il ne pouvait : « C’est une vraie citrouille fricassée dans de la neige. » Son mot si gai : « Oh !

1807. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Histoire des travaux et des idées de Buffon, par M. Flourens. (Hachette. — 1850.) » pp. 347-368

Voltaire, on le sait trop, ne vit que de combats et de querelles ; le pauvre Jean-Jacques en meurt durant vingt années, et sa tête s’égare à vouloir répondre aux méchants propos et aux calomnies.

1808. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Mémoires du cardinal de Retz. (Collection Michaud et Poujoulat, édition Champollion.) 1837 » pp. 40-61

Quand un La Rochefoucauld nous peint Retz et que Retz s’accorde avec lui pour se reconnaître dans les traits principaux de cette peinture, nous n’avons plus qu’à nous taire, pauvres observateurs du lointain, et à nous incliner.

1809. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Paul-Louis Courier. — II. (Suite et fin.) » pp. 341-361

Un lecteur attentif de Courier me fait remarquer combien il y a de vers tout faits mêlés à sa prose, par exemple dès les premières lignes du Discours sur Chambord : Nos chemins réparés, nos pauvres soulagés… Notre église d’abord, car Dieu passe avant tout… De notre superflu, lorsque nous en aurons… Mais d’acheter Chambord pour le duc de Bordeaux, Je n’en suis pas d’avis et ne le voudrais pas… Et en tournant le feuillet : Mais quoi !

1810. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Grimm. — II. (Fin.) » pp. 308-328

Lorsque parut, vers juillet 1780, le singulier écrit intitulé : Rousseau, juge de Jean-Jacques, où se voit « le mélange le plus étonnant de force de style et de faiblesse d’esprit, tout le désordre d’une sensibilité profondément affectée, un ridicule inconcevable avec la folie la plus sérieuse et la plus digne de pitié », Grimm y trouve le sujet de réflexions pleines de modération et d’humilité sur le pauvre esprit humain.

1811. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand (1846-1853). — I. » pp. 455-475

Voilà pourquoi, Sire, je me fais un devoir et m’empresse à vous écrire encore une fois, afin de vous recommander ma pauvre famille… Suivent les recommandations du plus tendre père en faveur de ses quatre enfants et de sa sœur qui leur sert de mère ; après quoi il poursuit : Il me suffit sans doute, Sire, de vous avoir témoigné ces derniers souhaits d’un cœur paternel pour pouvoir espérer avec confiance qu’ils seront exaucés.

1812. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Émile Zola » pp. 70-104

Et cette lamentable fin encore du ménage artistique, cette noire existence misérable et débraillée dans l’atelier du haut de Montmartre, Claude se brutalisant, s’exaltant et s’affolant à l’impossible labeur de s’extorquer un chef d’œuvre, tandis que Christine s’attache à son amour tari, lutte contre le desséchement de cœur de son mari, finit par l’arracher à l’art auquel il tenait de toutes ses fibres, mais l’abîme et le lue du coup ; toute cette tragédie humaine donnant à toucher de pauvres chairs frissonnantes, à voir des larmes dans des orbites creux, et des mâchoires serrées, et des poings abandonnés, nous a enthousiasmé et ému.

1813. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre II : La littérature du xviie  siècle »

Sa dureté à l’égard de Fénelon et de Malebranche pour des opinions toutes spéculatives, son allusion barbare à la mort de Molière, qui mourut, comme on sait, dans un dernier acte de dévouement pour ses pauvres compagnons de scène, le ton perpétuel d’autorité impérieuse avec lequel il décrète et promulgue ses pensées comme des lois et des dogmes, tout cela, dis-je, est-il absolument exempt de tout orgueil humain, et la vérité est-elle si hautaine et si insolente ?

1814. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — II. L’histoire de la philosophie au xixe  siècle — Chapitre II : Rapports de l’histoire de la philosophie avec la philosophie même »

Il y a bien là, si l’on veut, quelque chose de vrai, et cela peut s’appliquer à quelque jeune téméraire sorti des bancs de l’école ; mais j’avoue que j’ai bien de la peine à expliquer par des motifs aussi pauvres les profondes pensées d’un Spinoza ou d’un Kant.

1815. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VII. Mme de Gasparin »

Dans une couleur plus sombre et plus terrestre, il y a un Pauvre garçon qui commence, net, cru et observé comme un conte de Crabbe, — qui se transforme et s’illumine dès que l’Évangile entre dans le grenier du scrofuleux, — puis finit brusquement dans une beauté vraiment tragique.

1816. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « X. Ernest Renan »

La pensée de Diderot, l’Élargissement de Dieu jusqu’à ce qu’il en crève, est l’idée que nous retrouvons dans la plupart des écrits de ce pauvre temps.

1817. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XI : M. Jouffroy moraliste »

Voilà une pauvre bête privée de destinée, et néanmoins certaine de sa résurrection finale.

1818. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre X. »

Comment le renom du poëte Hésiode, cet éveil du génie grec, dans le pauvre et froid village d’Ascra, non moins que sur les bords enchantés du Mélès, n’avait-il pas justifié la Béotie, et revendiqué pour elle une première part dans la gloire poétique de la Grèce ?

1819. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome II pp. 1-419

Il dit à Claude Melnotte : Vous aimez Pauline, vous êtes pauvre et roturier ; elle est riche et ne veut donner sa main qu’à un homme titré. […] Riche ou pauvre, dans un palais ou dans une chaumière, elle ne cessera jamais de le chérir. […] La Dame de Lyon est aussi pauvre de conception que la Duchesse de La Vallière, et, si l’auteur a voulu, par cette seconde tentative, démontrer l’étendue de ses facultés dramatiques, nous croyons qu’il n’a pas réussi dans son projet. […] Elle est partie sans consulter personne, et, sûre que la pauvre fille mérite plus de pitié que de colère, elle fait bravement tête à l’orage ; elle essaie de prouver au père Fauveau qu’en refusant de l’accepter pour bru il tue son fils, que Claudie peut seule sauver Sylvain d’une mort certaine. […] Comme la richesse est pour lui le premier de tous les biens, et que l’honneur d’une pauvre fille n’est, dans sa pensée, qu’une chose imaginaire qu’on peut remplacer à prix d’argent, il offre une dot à Claudie.

1820. (1890) Nouvelles questions de critique

Gaston Paris ait remplacé ces admirables vers, qui comptent parmi les plus beaux de Villon, et qui sont, pour la justesse avec la naïveté du sentiment, au nombre des plus heureux de la langue, par cette traduction en prose « Je suis une pauvre femme, faible et vieille, je ne sais rien, jamais je ne lus lettres. […] Pellissier nous parlait tout à l’heure, et sans laquelle, à vrai dire, dans une langue comme la nôtre, il n’y a jamais eu de beau, ni surtout de grand style ; si l’on ajoute l’éclat et l’étrangeté de ces descriptions exotiques, dont « le petit pinceau » de Bernardin de Saint-Pierre, — guidé par la main d’un pauvre homme ! […] Les auteurs dramatiques et les romanciers sont quelquefois bien ingrats pour les pauvres critiques. […] Non point du tout que, pour notre part, nous le trouvions aussi pauvre d’idées qu’on l’a bien voulu dire, et qu’on le répète peut-être trop complaisamment. […] un pauvre pécheur trop indigne, Ma voix hurlerait parmi le chœur des voix des justes : Ivre encore du vin amer de la terrestre vigne, Elle pourrait offenser des oreilles augustes.

1821. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre I. La Renaissance païenne. » pp. 239-403

Le Christ maigre du moyen âge, le misérable ver de terre déformé et sanglant, la Vierge livide et laide, la pauvre vieille paysanne évanouie à côté du gibet de son enfant, les martyrs hâves, desséchés par le jeûne, aux yeux extatiques, les saintes aux doigts noueux, à la poitrine plate, toutes les touchantes ou lamentables visions du moyen âge se sont évanouies ; le cortége divin qui se développe n’étale plus que des corps florissants, de nobles figures régulières et de beaux gestes aisés ; les noms sont chrétiens, mais il n’y a de chrétien que les noms. […] Pauvre du reste, impropre à la cour, et, quoique favorisé par la reine, n’ayant obtenu de ses patrons que des emplois subalternes, à la fin lassé par les sollicitations et relégué dans ce dangereux domaine d’Irlande, d’où la révolte le chassa, brûlant sa maison et son enfant ; trois mois après, il mourut de misère et le cœur brisé320. […] À côté de lui, le pauvre Tasse, sous la conduite d’un catholicisme violent, ressuscité et factice, parmi les clinquants d’une poésie vieillie, travaille sur le même sujet, maladivement, avec un grand effort et avec un succès mince. […] L’Espérance essaya de parler ; mais le vin rendait ses efforts si faibles qu’elle se retira, espérant que le roi excuserait sa brièveté… La Foi quitta la cour dans un état chancelant… Toutes deux étaient malades et allèrent vomir dans la salle d’en bas… Pour la Victoire, après un lamentable bégaiement, on l’emmena comme une pauvre captive, et on la déposa, pour qu’elle fît un somme, sur les marches extérieures de l’antichambre. […] Chez d’autres, comme Shakspeare, c’est à peine si l’idée de Dieu apparaît ; ils ne voient dans la pauvre petite vie humaine qu’un songe, au-delà le grand sommeil morne ; pour eux la mort est la borne de l’être, tout au plus un gouffre obscur où l’homme plonge incertain de l’issue.

1822. (1805) Mélanges littéraires [posth.]

Deux mots exactement et absolument synonymes seraient sans doute un défaut dans une langue, parce que l’on ne doit point multiplier sans nécessité les mots non plus que les êtres, et que la première qualité d’une langue est de rendre clairement toutes les idées avec le moins de mots qu’il est possible ; mais ce ne serait pas un moindre inconvénient, que de ne pouvoir jamais employer indifféremment un mot à la place d’un autre : non seulement l’harmonie et l’agrément du discours en souffriraient, par l’obligation où l’on serait de répéter souvent les mêmes termes, mais encore une telle langue serait nécessairement pauvre et sans aucune finesse. […] Donc, réciproquement, toutes les fois qu’on ne pourra jamais employer deux mots l’un pour l’autre dans une langue, il s’ensuivra que le sens de ces deux mots différera, non par des nuances fines, mais par des différences très marquées et très grossières ; ainsi les mots de la langue n’exprimeront plus ces nuances, et dès-lors la langue sera pauvre et sans finesse. […] Un bon écrivain, un philosophe qui fait un dictionnaire de la langue, prévoit toutes ces révolutions ; le précieux, l’impropre, l’obscur, le bizarre, l’entortillé, choquent la justesse de son esprit ; il démêle dans les façons de parler nouvelles, ce qui enrichit réellement la langue, d’avec ce qui la rend pauvre et ridicule ; il conserve et adopte l’un, et fait main-basse sur l’autre.

1823. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sénac de Meilhan. — II. (Fin.) » pp. 109-130

Dans les dernières années, M. de Meilhan vivait à Vienne, au quatrième étage, pauvre et assez entouré.

1824. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire du règne de Henri IV, par M. Poirson » pp. 210-230

C’était pitié de voir par toutes les provinces de France les pauvres gens de village s’amasser en troupes sur les grands chemins, étonnés, hagards, les bras croisés, pour apprendre des passants cette désastreuse nouvelle ; et, quand ils en étaient assurés, on les voyait se débander comme brebis sans pasteur, ne pleurant pas simplement, mais criant et bramant comme forcenés à travers les champs.

1825. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Don Carlos et Philippe II par M. Gachard Don Carlos et Philippe II par M. Charles de Mouy »

Ce portrait, après tout, est celui d’un roi et d’un personnage politique qu’on peut haïr, mais qui se fait respecter et compter pour sa tenue, sa consistance et sa hauteur : le caractère de don Carlos est celui d’un pauvre enfant, gourmand, brutal, extravagant, incapable de rien avec suite et capable de tout dans un accès de fureur.

1826. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier. »

Pauvre Jovard !

1827. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid (suite.) »

Ce pauvre don Sanche est le parfait pendant de l’infante : il essaye, durant toute la pièce, de se faufiler sans y réussir.

1828. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Josèphe de Saxe, dauphine de France. »

Elle avait écrit au maréchal en lui faisant part de ses inquiétudes sur ce que le pauvre Favart était devenu.

1829. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le Général Franceschi-Delonne : Souvenirs militaires, par le général baron de Saint-Joseph. »

Avant tout, le hasard et la bizarrerie des destinées ; cette fatalité « qui préside aux événements de notre vie, qui paraît dormir dans les temps calmes, mais qui, dès que le vent s’élève, emporte l’homme à travers l’air comme une paille légère » ; les premiers succès, l’entrain du début, les heures brillantes de la vie, les espérances déjà couronnées ; puis les revers, les lenteurs, les mécomptes, les difficultés tournant à la ruine ; la prison, la souffrance, une épreuve sans terme ; une longue agonie dans l’âge de la force ; une nature d’élite écrasée, victime et martyre des persécutions ; les haines aveugles des foules, les sauvages préjugés des races ; l’horreur des guerres injustes ; toujours et partout, çà et là, quelques âmes bienfaisantes et compatissantes ; notre pauvre humanité au naturel et à nu, en bien et en mal ; une belle mort enfin, délicate et magnanime.

1830. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [I] »

Il accorde que la négligence de nos ancêtres, ayant plus à cœur le bien faire que le bien dire, a laissé le français rude et sec, si pauvre et si nu, qu’il a présentement besoin « des ornements et, s’il faut ainsi parler, des plumes d’autrui. » Il ignore notre langue romane française du xiiie  siècle, de laquelle Rivarol, par un instinct remarquable, disait : « Il faut qu’une langue s’agite jusqu’à ce qu’elle se repose dans son propre génie, et ce principe explique un fait assez extraordinaire, c’est qu’aux xiiie et xive  siècles la langue française était plus près d’une certaine perfection qu’elle ne le fut au xvie . » Combien cette langue du xiiie siècle, et presque européenne alors, avait perdu de terrain au commencement du xvie , on le voit par les termes mêmes de la tentative de Du Bellay ; il importe, pour apprécier équitablement cette tentative, qui fut celle de tous les jeunes esprits doctes et généreux d’alors, de se mettre au point de vue de cette génération même qui entra sur la scène vers 1550 et de ne pas lui demander plus ni autre chose que ce qu’elle pouvait raisonnablement.

1831. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo en 1831 »

La chevalerie dorée, le joli Moyen-Âge de châtelaines, de pages et de marraines, le christianisme de chapelles et d’ermites, les pauvres orphelins, les petits mendiants faisaient fureur et se partageaient le fonds général des sujets, sans parler des innombrables mélancolies personnelles.

1832. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DE LA LITTÉRATURE INDUSTRIELLE. » pp. 444-471

Quoi de plus honorable, de plus digne d’intérêt que le travail assidu (fût-il un peu hâtif et lâché) d’un écrivain pauvre, vivant par là et soutenant les siens ?

1833. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LOYSON. — POLONIUS. — DE LOY. » pp. 276-306

On peut dire de lui ce que Rancé écrivait du poëte Santeuil : « Ce pauvre garçon s’attachait aux lieux où il passait, quand il lui plaisaient. » (Lettres de Rancé, publiées par M.

1834. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE PONTIVY » pp. 492-514

ce n’est pas l’automne, c’est un coup de soleil, disait-il ; c’est ce pauvre arbuste des îles qui se dépouille avant l’heure. » Mais, le soir, quand les nuages eurent fui, et qu’il vit vers les collines, sur un horizon transparent et froid, la lune naissante, il comprit que c’était l’automne, venu cette année-là plus tôt, et il en tirait présage, se demandant et demandant à ce croissant, à ce ciel pâli, à la nuit, si c’était déjà aussi l’automne de l’amour.

1835. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. Joubert »

Je vais donc me faire une sphère un peu céleste et fort paisible, où tout me plaise et me rappelle, et de qui la capacité ainsi que la température se trouve exactement conforme à la nature et l’étendue de mon pauvre petit cerveau.

1836. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Madame de Krüdner et ce qu’en aurait dit Saint-Évremond. Vie de madame de Krüdner, par M. Charles Eynard »

Par exemple, j’ai raconté une visite de Mme de Krüdner à Saint-Lazare, l’effet que la prêcheuse éloquente produisit sur ces pauvres pécheresses, la promesse qu’elle leur fit de les revoir, et aussi son oubli d’y revenir.

1837. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (6e partie) » pp. 129-176

« “Ce pauvre Camille, dit-il, que n’ai-je pu le sauver !

1838. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre III. L’Histoire »

La pieuse gravité, l’affectueuse et paternelle sollicitude du roi font un contraste avec les sentiments ou trop mondains ou tout humains du sénéchal, avec le vif et plaisant naturel de ses réponses, quand il proteste de ne jamais laveries pieds des pauvres, « ces vilains ! 

1839. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre I. Renaissance et Réforme avant 1535 — Chapitre II. Clément Marot »

En 1529 Budé, dans une de ses Préfaces, rappelait au roi qu’il avait à doter une fille pauvre, la philologie : qu’il avait promis d’orner sa capitale d’une sorte de musée où les deux langues grecque et latine seraient enseignées, où des savants en nombre illimité trouveraient « un entretien convenable et les loisirs nécessaires ».

1840. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre VIII. L’antinomie économique » pp. 159-192

., etc. »« Je défie tous les membres de la société bourgeoise, qu’ils soient riches ou pauvres, qu’ils soient capitalistes ou prolétaires, de raconter leur histoire économiques, leurs stratagèmes et leur tactique financière publiquement sans rougir » (p. 484).

1841. (1890) L’avenir de la science « II »

L’Anglais pauvre n’en veut à personne, s’il meurt de faim : c’est la fatalité.

1842. (1890) L’avenir de la science « XIX » p. 421

On pouvait arriver à la vie la plus noble et la plus élevée, tout en étant pauvre et en travaillant de ses mains ; ou plutôt la moralité de la personne effaçait tellement sa profession, qu’on ne voyait d’abord que la personne, tandis que maintenant on voit d’abord la profession.

1843. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre IX. La littérature et le droit » pp. 231-249

Victor Hugo, tantôt flagelle le riche juré qui condamne un pauvre hère, coupable d’avoir volé un pain pour nourrir sa famille, et il en appelle au Christ pensif et pâle, Levant les bras au ciel dans le fond de la salle, tantôt il traîne dans la boue la robe rouge des hauts magistrats qu’il assimile à la casaque rouge des forçats, parce que ces punisseurs officiels de la trahison se sont faits complices d’un coup d’État qui a réussi Enfin il n’y aurait pas à chercher bien loin, si l’on voulait signaler une dernière révolte des « intellectuels  » contre les superstitieux adorateurs de la chose jugée.

1844. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XI. La littérature et la vie mondaine » pp. 273-292

Voiture dut intervenir pour sauver le pauvre car qui n’en pouvait mais.

1845. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XII. La littérature et la religion » pp. 294-312

Voici le pape qui nous apparaît sous les traits de Renart, le maître fourbe, croquant de pauvres poules qui n’en peuvent mais.

1846. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVII et dernier » pp. 442-475

Elle s’emporte contre la pauvre fille, contre le P. de La Chaise, contre M. de Noailles.

1847. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre II »

Raymond de Taulignan, un jeune gentilhomme du voisinage, dont elle a deviné l’amour ombrageux et taciturne ; car Raymond est pauvre, et les deux millions effarouchent sa fierté craintive.

1848. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Chansons de Béranger. (Édition nouvelle.) » pp. 286-308

Il faut connaître sa mythologie pour comprendre cela ; il faut se rappeler qu’autrefois, en Thrace, un scélérat de roi appelé Térée fit un mauvais parti à la pauvre Philomèle.

1849. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Goethe et de Bettina, traduites de l’allemand par Sébastien Albin. (2 vol. in-8º — 1843.) » pp. 330-352

Goethe me reçut sur son cœur : « Pauvre enfant !

1850. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « L’abbé Galiani. » pp. 421-442

Cependant le pauvre abbé vieillit et plus vite qu’un autre, comme si chez lui, avec cette vivacité de feu, tout était dans une mesure plus rapide, comme si l’étoffe plus mince devait être plus vite dévorée.

1851. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Madame Émile de Girardin. (Poésies. — Élégies. — Napoline. — Cléopâtre. — Lettres parisiennes, etc., etc.) » pp. 384-406

Quelle plus folle idée, par exemple, quelle invention plus plaisante, que, dans la description d’une chasse à Chantilly, de supposer que le pauvre cerf a eu le bon goût, dans sa fuite, de parcourir les vallons les plus pittoresques, les sites les plus célèbres : Il a traversé tout le parc d’Ermenonville, dit-elle ; il a salué en passant, rapidement, il est vrai, la tombe de Jean-Jacques, ce mortel qui, comme lui. se croyait toujours poursuivi… Après six heures de course, la victime ingénieuse (voyez-vous la curiosité de l’expression ?)

1852. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « La Grande Mademoiselle. » pp. 503-525

La pauvre Mademoiselle, novice comme une pensionnaire et sans confidente, ne savait qu’inventer pour apprendre à ce fat et à ce vaniteux ce qu’il voyait trop bien.

1853. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mirabeau et Sophie. — II. (Lettres écrites du donjon de Vincennes.) » pp. 29-50

C’est l’honneur, disons-le hautement, c’est le rachat moral de Mirabeau d’avoir ainsi souffert, d’avoir été homme en tout, non seulement par ses fautes, par ses entraînements, et, nommons les choses à regret, par ses vices, mais aussi par le cœur et par les entrailles ; d’avoir été pauvre et d’avoir su l’être ; d’avoir été père et d’avoir pleuré ; d’avoir été laborieux comme le dernier des hommes nouveaux ; d’avoir été captif et persécuté, et de n’avoir point engendré le désespoir, de ne s’être point aigri ; d’avoir prouvé sa nature ample et généreuse en sortant de dessous ces captivités écrasantes, à la fois dans toute sa force et dans toute sa bonté et même sa gaieté, ni énervé, ni ulcéré, sans ombre de haine, mais résolu à conquérir pour tous, à la clarté des cieux, les droits légitimes et les garanties inviolables de la société libre et moderne.

1854. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mademoiselle de Scudéry. » pp. 121-143

Cependant ces mêmes dames, qui font si hardiment des fautes si grossières en écrivant, et qui perdent tout leur esprit dès qu’elles commencent d’écrire, se moqueront des journées entières d’un pauvre étranger qui aura dit un mot pour un autre.

1855. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « L’abbé Maury. Essai sur l’éloquence de la chaire. (Collection Lefèvre.) » pp. 263-286

Dieu, qui n’était qu’un père dans la première version, deviendra dans la seconde un père et un juge : les pauvres, qui étaient d’abord des créanciers et des juges, ne seront plus, toute réflexion faite, que des créanciers et des médiateurs auprès de Dieu.

1856. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Rivarol. » pp. 62-84

La gêne domestique l’obligea à tenir quelque hôtel ou table d’hôte, circonstance qui fut tant reprochée depuis à Rivarol : C’est dans Bagnols que j’ai vu la lumière, Au cabaret où feu mon pauvre père À juste prix faisait noce et festin, lui faisait dire Marie-Joseph Chénier dans une assez triste satire.

1857. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Volney. Étude sur sa vie et sur ses œuvres, par M. Eugène Berger. 1852. — II. (Fin.) » pp. 411-433

nous autres, pauvres petits hommes (homunculi), nous nous révoltons si quelqu’un des nôtres nous est enlevé de mort naturelle ou violente, nous dont la vie doit être si courte, tandis que les cadavres de tant de villes gisent à terre dans un si petit espace !

1858. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre I. Shakespeare — Son génie »

Il ne s’arrête pas, il ne se lasse pas, il est sans pitié pour les pauvres petits estomacs qui sont candidats à l’Académie.

1859. (1864) William Shakespeare « Conclusion — Livre I. Après la mort — Shakespeare — L’Angleterre »

Mais qu’un passant quelconque qui a en lui l’idéal, qu’un pauvre misérable comme Homère laisse tomber dans l’obscurité une parole, et meure, cette parole s’allume dans cette ombre, et devient une étoile.

1860. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Première partie. Écoles et manifestes » pp. 13-41

Aucune époque ne fut aussi pauvre en romans et en comédie de mœurs.

1861. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Révolution française »

La force des choses, cette irresponsabilité du destin, ce joug d’une mathématique inconnue jeté sur le cou de la pauvre créature humaine, a remplacé, dans l’Histoire, l’action réelle et très explicable de l’homme tout-puissant de volonté, de liberté, quand il s’agit des événements qui paraissent le moins à sa charge, et même tout puissant de faiblesse.

1862. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pommier. L’Enfer, — Colifichets. Jeux de rimes. »

Et Jeux de rimes non plus n’est pas un mensonge, car elles n’ont jamais, ces pauvres rimes qui, d’ordinaire, ne s’amusent pas (les rimes, ces galériennes du mètre !)

1863. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Première partie — Chapitre II. Réalité des idées égalitaires »

. — Mais du moins, dira-t-on, il n’y a pas encore de riches et de pauvres ?

1864. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVIII. Des obstacles qui avaient retardé l’éloquence parmi nous ; de sa renaissance, de sa marche et de ses progrès. »

Mais, dans l’époque qui précéda ces deux siècles, la langue perdit de sa richesse, sans gagner beaucoup du côté du génie ; et, par une espèce de hauteur, aspirant à la noblesse, elle fut tout à la fois dédaigneuse et pauvre.

1865. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome II

» répondit-il « il y a cinquante pauvres ouvriers qui n’ont que leur journée pour vivre. […] Ils n’ont pas su voir la détresse physique et morale du pauvre géant, sans cesse hanté par la terreur du redoutable mal comitial. […] Ce vice d’incohérence, les grands Allemands ont essayé de le corriger par une systématisation qui joue l’opulence au premier abord, et tout paraît maigre, pauvre, à côté. […] La pauvre femme vient de passer. […] Bailby dans l’Intransigeant du 21 mars dernier : Impasse Montferrat : des enfants crèvent la musette de pauvres chevaux en train de manger, recueillent l’avoine qui tombe et la jettent dans l’égout… Les mêmes enfants, quand le charretier est retenu dans une maison, piquent les flancs du cheval avec un canif… — Marché de la Villette : un groupe de petites filles.

1866. (1904) En lisant Nietzsche pp. 1-362

Car alors, le salut de la pauvre âme immortelle dépendant de ses convictions durant une courte existence, il lui fallait se décider d’aujourd’hui à demain et la connaissance avait une importance épouvantable. […] Les nobles sentiments qui accompagnent un acte ne prouvent rien au sujet de la valeur de cet acte : malgré un état d’élévation très pathétique, l’artiste peut accoucher d’une très pauvre chose. » — On ne sait pas même s’il ne faudrait point pousser jusqu’à dire que ces impulsions de la conscience « sont trompeuses ». […] Je prends grand plaisir aussi aux pauvres d’esprit : ils accélèrent le sommeil. […] Comparés à ce que les hommes religieux proclament au sujet de leur savoir, de leur esprit sacré, tous les hommes probes de la science ne sont-ils pas pauvres d’esprit ? […] Pauvres artistes qui ont un pareil public !

1867. (1895) Le mal d’écrire et le roman contemporain

Gustave Planche, lui, n’avait ni l’instruction ni l’aptitude de Sainte-Beuve : il est même difficile d’imaginer quelque chose d’aussi pauvre que le style de Gustave Planche. […] Jean Aicard, lui, est plus que simple : il est familier, il prend le ton du peuple pour raconter les amours de Miette, comme Hugo dans ses Pauvres gens. […] Adieu, mon pauvre frère ; te reverrai-je ? […] On y suit jour par jour l’indifférence de Chateaubriand et la détresse de la pauvre femme à qui l’affection de son fils ne suffisait plus. […] Le Roman d’un jeune Homme pauvre ne vaut-il pas Monsieur de Camors  ?

1868. (1859) Moralistes des seizième et dix-septième siècles

Voici ce que celui-ci en dit lui-même : « Le bon père que Dieu me donna, qui n’a de moy que la recognoissance de sa bonté, mais certes bien gaillarde, m’envoya, dez le berceau, nourrir à un pauvre village des siens et m’y teint autant que je feus en nourrice et encores au-delà ; me dressant à la plus basse et commune façon de vivre. […] Cela ne se passoit pas sans penible solicitude : j’en fesois un secret ; et moy, qui ose tant dire de moy, ne parlois de mon argent qu’en mensonge, comme font les aultres qui s’appauvrissent riches, s’enrichissent pauvres, et dispensent leur conscience de jamais tesmoingner sincerement de ce qu’ils ont. […] Ainsi que dans cette Chine où les familles pauvres se débarrassent d’une progéniture surabondante comme un vaisseau s’allège en jetant à la mer une partie de sa charge, la morale ici n’en est pas moins faussée, et faussée dans sa base, qui est le sentiment. […] Beaucoup de gens n’ont vu dans ce livre qu’une raison de plus pour mépriser les hommes ; pauvre instruction ! […] Qui s’occupait alors de ce pauvre peuple, si maltraité par les uns, si méprisé par les autres ?

1869. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIe entretien. Épopée. Homère. — L’Iliade » pp. 65-160

La théorie superbe du progrès incessant et indéfini de l’humanité dans tous les arts reçoit ici d’un pauvre chanteur aveugle le plus éclatant et le plus éternel démenti. […] Ainsi tout en pleurs reviendra notre pauvre enfant vers ta veuve méprisée, lui Astyanax, qui jadis sur les genoux de son père se nourrissait de moelle succulente et de la chair tendre de nos troupeaux !

1870. (1904) Essai sur le symbolisme pp. -

ces regards pauvres et las !… « Il y en a qui semblent visiter des pauvres, un dimanche.

1871. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE STAEL » pp. 81-164

, rien chez elle d’arrogant ni d’ironique contre la pauvre humanité. […] Michaud écrivait : « Vous avez voulu faire la contre-partie du Génie du Christianisme ; vous avez donné les Beautés poétiques et morales de la Philosophie ; vous avez complétement battu ce pauvre Chateaubriand, et j’espère qu’il se tiendra pour mort. » Adorateur du génie grec, du beau homérique et sophocléen, chantre de Cymodocée, d’Eudore et des pompes lumineuses du catholicisme, M. de Chateaubriand, artiste déjà achevé, n’était pas gagné aisément à cette teinte parfois nuageuse des héros de Mme de Staël, au vague de certains contours, à cette prédominance de la pensée et de l’intention sur la forme, à cette multitude d’idées spirituelles, hâtives et entrecroisées comme dans la conversation ; il admirait moins alors Mme de Staël qu’elle ne l’admirait lui-même. […] L’étonnante conversation de Benjamin Constant conjurait à grand’peine cette vapeur : « Le pauvre Schlegel, disait-elle, se meurt d’ennui ; Benjamin Constant se tire mieux d’affaire avec les bêtes. » Voyageant plus tard, en 1808, en Allemagne, elle disait : « Tout ce que je vois ici est meilleur, plus instruit, plus éclairé peut-être que la France, mais un petit morceau de France ferait bien mieux mon affaire. » Deux ans auparavant, en France, en province, elle ne disait pas cela, ou elle le disait alors de Paris, qui seul existait pour elle.

1872. (1910) Muses d’aujourd’hui. Essai de physiologie poétique

Nulle n’a dit : « Elle est peut-être moins infâme Qu’on ne le croit, elle est peut-être une pauvre âme. » J’ai senti la colère ardente m’envahir. […] Les porcelaines villageoises de « son déjeuner » du matin évoquent à son âme érudite les repas que le pauvre Rousseau pouvait faire avec Thérèse. […] Et cette nouvelle suggestion d’une lecture, cette hantise s’imposera à son pauvre cœur, ouvert à tous les vents ; elle essayera de le créer, son Faust, et le premier savant qu’elle rencontrera… Ce devait être Philippe Forbier.

1873. (1925) Proses datées

C’est la mère Varin, dont les galettes qu’elle vend sont très mauvaises, mais à qui on les achète tout de même parce qu’elle est très pauvre. […] Ce pauvre papier, le père Hugo le tenait entre ses doigts « Le père Hugo, sur l’impériale de l’omnibus, lisait mes premiers vers ! […] Le poète avait des guêtres de chamois, un pantalon brun, un gilet olive, une redingote noire boutonnée et un chapeau gris. » Pauvre Dargaud, comment ne pas admirer ce chapeau gris qui couvre la tête, d’où sortirent les Méditations et les Harmonies ! […] La maison, avec ses volets fermés, son aspect minable et déjeté de construction éphémère, avait un air de si pauvre mélancolie que nous ne poussâmes pas plus avant notre enquête. […] A ses fenêtres se tendent des stores déchirés, et de pauvres pots de fleur se montrent à ses balcons.

1874. (1901) L’imagination de l’artiste pp. 1-286

D’autres œuvres vaudront par la profondeur du sentiment, comme ce pauvre pêcheur qui regarde si tristement dans l’eau, ou cette tête de Charles Ier à l’expression si tragique. […] Pour l’expression morale, me suggèrent le pauvre pêcheur de Puvis de Chavannes et le Charles Ier de Carriès. […] De même le poète qui, dans la chouette clouée sur une porte, pauvre bête punie par les hommes du bien qu’elle leur a fait, nous fait voir, rapprochement hardi, le Juste crucifié. […] Il faudrait pour cela qu’il eût l’esprit bien sec et bien pauvre. […] Des démons armés de verges ou de fourches harcèlent le pauvre abbé.

1875. (1836) Portraits littéraires. Tome II pp. 1-523

Pauvre enfant ! […] Pauvre vieille, elle a cru se rajeunir en plaçant le nom d’un coupletier entre Lamartine et Chateaubriand ; elle a espéré ressaisir, dans la personne de M.  […] Les grands seigneurs, comme il le dit très bien, sont si pauvres en mérite, qu’ils ne lésinent pas pour récompenser leurs panégyristes. […] Je conçois que le désespoir fasse désirer la mort à cette pauvre fille. […] Les contours arrêtés, les vives silhouettes d’Albert Dürer ou d’Holbein, lui sembleraient mesquins et pauvres.

1876. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le marquis de Lassay, ou Un figurant du Grand Siècle. — II. (Fin.) » pp. 180-203

Élevée à Maubuisson, placée ensuite à l’Abbaye-aux-Bois où elle s’ennuyait, Mlle de Châteaubriant, dès ses premiers pas dans le monde de Chantilly, y sentit se développer des instincts de dissipation, de bel esprit et de coquetterie qui désolèrent Lassay avant même qu’il en fût victime : On est trop heureux, lui disait-il, de trouver une seule personne sur qui l’on puisse compter, et vous l’avez trouvée ; vous devez du moins en faire cas par la rareté ; il me semble pourtant que vos lettres commencent à être bien courtes, et qu’elles ressemblent à celles que vous m’écrivez quand vous êtes désaccoutumée de moi ; vous avez un défaut effroyable, c’est que, dès qu’on vous perd de vue, vous oubliez comme une épingle un pauvre homme qui tout le jour n’est occupé que de vous.

1877. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid, (suite.) »

» Dans le testament du Cid, on lui fait dire, à l’un des articles ; « Item, je veux qu’on donne aux Juifs que je trompai, étant pauvre, un coffre plein d’argent du même poids que celui qui était rempli de sable. » Enfin, un poète moderne fait dire à la fille du Cid, pour le justifier à ce sujet des deux coffres : « L’or de votre parole était dedans. » Ce sont là de beaux anachronismes, des arrangements après coup, et l’auteur du poème n’avait pas eu tant de scrupule en montrant tout d’abord son Cid fin et rusé comme Ulysse.

1878. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Nouvelle correspondance inédite de M. de Tocqueville (suite et fin.) »

« Quand je songe, écrivait-il à son ancien collègue, aux épreuves qu’une poignée d’aventuriers politiques ont fait subir à ce malheureux pays ; lorsque je pense qu’au sein de cette société riche et industrieuse on est parvenu à mettre, avec quelque apparence de probabilité, en doute l’existence même du droit de propriété ; quand je me rappelle ces choses, et que je me figure, comme cela est la vérité, l’espèce humaine composée en majorité d’âmes faibles, honnêtes et communes, je suis tenté d’excuser cette prodigieuse énervation morale dont nous sommes témoins, et de réserver toute mon irritation et tout mon mépris pour les intrigants et les fous qui ont jeté dans de telles extrémités notre pauvre pays. » C’était peut-être, il est vrai, pour consoler le chef de l’ancienne Opposition de gauche et le promoteur des fameux banquets qu’il écrivait de la sorte : quoi qu’il en soit, le philosophe est ici en défaut, et il paraît trop vite oublier ce qu’il a reconnu ailleurs, que ce ne sont pas les partis extrêmes qui ont renversé Louis-Philippe, mais que c’est la classe moyenne le jour où elle fit cause commune avec eux.

1879. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — L'abbé de Lamennais en 1832 »

Qu’ils sont rares ceux qui, dans l’ordre de la pensée, se fixent à temps et adhèrent sans réserve à la vérité reconnue par eux perpétuelle, universelle et sainte ; qui, non contents de la reconnaître, s’y emploient tout entiers, y versent leurs facultés, leurs dons naturels : riches leur or, pauvres leur denier, passionnés leurs passions ; orgueilleux s’y prosternent, voluptueux s’y sèvrent, nonchalants s’y aiguillonnent, artistes s’y disciplinent et s’y oublient ; qui deviennent ici-bas une volonté humble et forte, croyante et active, aussi libre qu’il est possible dans nos entraves, une volonté animant de son unité souveraine la doctrine, les affections et les mœurs ; véritables hommes selon l’esprit ; sublimes et encourageants modèles !

1880. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. VINET. » pp. 1-32

C’est le pauvre fils de Marie, C’est l’époux de la terre en deuil, Qui pose la lampe de vie Dans le mystère du cercueil !

1881. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SUE (Jean Cavalier). » pp. 87-117

Avant de quitter le château paternel, Arthur aimait sa cousine Hélène, pauvre, mais belle, digne et pure, et qui elle-même l’aimait.

1882. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Racine — I »

La poésie racinienne est construite de telle sorte qu’à toute hauteur il se rencontre des degrés et des points d’appui avec perspective pour les infirmes : l’œuvre de Shakspeare a l’accès plus rude, et l’œil ne l’embrasse pas de tout point ; nous savons de fort honnêtes gens qui ont sué pour y aborder, et qui, après s’être heurté la vue sur quelque butte ou sur quelque bruyère, sont revenus en jurant de bonne foi qu’il n’y avait rien là-haut ; mais, à peine redescendus en plaine, la maudite tour enchantée leur apparaissait de nouveau dans son lointain, mille fois plus importune aux pauvres gens que ne l’était à Boileau celle de Montlhéry : Ses murs, dont le sommet se dérobe à la vue, Sur la cime d’un roc s’allongent dans la nue, Et, présentant de loin leur objet ennuyeux, Du passant qui les fuit semblent suivre les yeux.

1883. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « L’abbé Prévost »

L’embarras du bon M. de Renoncour quand son élève veut épouser sa nièce, les représentations qu’il adresse à la pauvre enfant, en lui disant du jeune homme : Avez-vous oublié ce qu’il est né ?

1884. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Du génie critique et de Bayle »

C’est dans l’âge au-dessous de vingt ans que les meilleurs coups se ruent : c’est alors qu’il faut faire son emplette. » Il regrette le temps qu’il a perdu jeune à chasser les cailles et à hâter les vignerons (ce dut être pourtant un pauvre chasseur toujours et un compagnon peu rustique que Bayle, et il ne put guère jouir des champs que pendant la saison qu’il passa, affaibli de santé, aux bords de l’Ariége) ; il regrette même le temps qu’il a employé à étudier six ou sept heures par jour, parce qu’il n’observait aucun ordre, et qu’il étudiait sans cesse par anticipation.

1885. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mémoires sur la mort de Louis XV »

» Il est bon de remarquer, en passant, que ce si bon maître, que ce pauvre M. de Bouillon aimait tant, ne lui parlait jamais, disait toujours que c’était une triste et plate espèce, et lui avait, trois ou quatre ans auparavant, fait défendre, à la réquisition de son père, de paraître à la Cour, après en avoir dit tout le mal que l’on peut dire de quelqu’un.

1886. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre IV. Construction de la société future »

Les estampes431 représentent dans une chaumière délabrée deux enfants, l’un de cinq ans, l’autre de trois, auprès de leur grand’mère infirme, l’un lui soulevant la tête, l’autre lui donnant à boire ; le père et la mère qui rentrent voient ce spectacle touchant, et « ces bonnes gens se trouvent alors si heureux d’avoir de tels enfants qu’ils oublient qu’ils sont pauvres »  « Ô mon père432, s’écrie un jeune pâtre des Pyrénées, recevez ce chien fidèle qui m’obéit depuis sept ans ; qu’à l’avenir il vous suive et vous défende ; il ne m’aura jamais plus utilement servi. » — Il serait trop long de suivre dans la littérature de la fin du siècle, depuis Marmontel jusqu’à Bernardin de Saint-Pierre, depuis Florian jusqu’à Berquin et Bitaubé, la répétition interminable de ces douceurs et de ces fadeurs  L’illusion gagne jusqu’aux hommes d’État. « Sire, dit Turgot en présentant au roi un plan d’éducation politique433, j’ose vous répondre que dans dix ans votre nation ne sera plus reconnaissable, et que, par les lumières, les bonnes mœurs, par le zèle éclairé pour votre service et pour celui de la patrie, elle sera au-dessus des autres peuples.

1887. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis »

Son infâme tuteur, Louis Sforze, persécuta sa veuve pour usurper sur le fils la puissance ducale ; il fit périr Simonetta, ministre intègre de la pauvre mère.

1888. (1892) Boileau « Chapitre IV. La critique de Boileau (Suite). Les théories de l’« Art poétique » » pp. 89-120

Mais Boileau n’avait pas lui-même le tempérament assez lyrique, et notre langue était trop pauvre alors en poésie lyrique, pour qu’il arrivât à définir exactement l’essence du genre.

1889. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre III. Montaigne »

Et voilà qu’en cherchant Montaigne, il a vagabondé de corps et d’esprit, surtout d’esprit, à travers tous les pays et tous les siècles : en cherchant les plus douces assiettes et les plus aisées postures, il a essayé toutes les assiettes et toutes les postures où la pauvre humanité s’est figurée à chaque moment trouver le repos pour l’éternité des siècles.

1890. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre I. Les mondains : La Rochefoucauld, Retz, Madame de Sévigné »

Une enfance sans parents, un mariage sans tendresse, un mari qui la trompe, la ruine, et se fait tuer pour une autre, la laissant veuve en pleine jeunesse, en pleine beauté, avec deux enfants à élever ; ces enfants à peine élevés, les craintes pour le fils qui va à l’armée, le désespoir surtout de perdre la fille qui suit son mari à l’autre bout du royaume, et dès lors de longues séparations qui remplissent tous ses jours d’inquiétude, de brèves réunions où sa tendresse, irritée et froissée à tout instant, envie les tourments de l’absence ; la fortune qui s’en va, l’argent difficile à trouver, le dépouillement, lent et douloureux, pour payer les fredaines du fils, l’établir, le marier, mais surtout pour jeter incessamment dans le gouffre ouvert par l’orgueil des Grignan ; une petite-fille à élever, tant de veilles, de soins, d’appréhensions, pour voir la pauvre Marie Blanche, ses petites entrailles, disparaître à cinq ans dans un triste couvent ; la vieillesse, enfin, triste avec les rhumatismes et la gêne : telle est la vie de Mme de Sévigné359.

1891. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre II. La jeunesse de Voltaire, (1694-1755) »

Le bonasse Régent, qui l’avait embastillé, s’était laissé tirer une pension par une dédicace ; et plus tard, au moment où le ministère venait de le contraindre à imprimer clandestinement à Rouen sa Henriade, dont les exemplaires entraient la nuit à Paris dans les fourgons de la marquise de Bernière, Voltaire poussait sa première pointe à la cour, il recevait une pension sur la cassette de Marie Leczinska ; cette petite dévote se laissait ensorceler par l’esprit du poète, à qui la tête tournait en s’entendant appeler familièrement par la reine : « mon pauvre Voltaire ».

1892. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre IV. Le théâtre romantique »

Hugo est pauvre.

1893. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Francisque Sarcey »

Non, vraiment, il montre trop de considération, quand il s’y met, pour des habiletés qu’il ne faut point mépriser (car elles sont nécessaires, et, en outre, ne les a pas qui veut), mais dont on peut trouver que, toutes seules, elles sont un pauvre régal.

1894. (1895) La musique et les lettres pp. 1-84

pour de la divination en sus, il aurait compris, sur un point, de pauvres et sacrés procédés naturels et n’eût pas fait son livre.

1895. (1921) Enquête sur la critique (Les Marges)

Non, vraiment, les nécrophores exagèrent : jusqu’au soleil des pauvres morts !

1896. (1868) Alexandre Pouchkine pp. 1-34

Il dit fort poliment à Tatiana qu’il n’est pas son fait, et après quelques lieux communs de morale paternelle, il se retire, fort satisfait de ce qu’il croit un trait de galant homme, après avoir mortellement blessé un pauvre cœur.

1897. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre troisième »

Castalion, n’ayant pas de feu au logis, allait, du droit de tous les pauvres, harponner les débris de bois arrachés aux rives, le lendemain des jours d’orage.

1898. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « L’expression de l’amour chez les poètes symbolistes » pp. 57-90

Ce n’est point dans l’espoir d’une récompense posthume qu’il se cloître en fin de compte dans les songes : Qui font oublier sans retour, Tous les masques et les mensonges Dont se leurre le pauvre Amour.

1899. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIII. La littérature et la morale » pp. 314-335

Faut-il faire rentrer l’assistance des pauvres dans les devoirs de pure charité, qu’on remplit ou ne remplit pas suivant le caprice individuel ou parmi les devoirs de stricte justice auxquels on ne saurait se dérober sans forfaire et qui peuvent être imposés par le pouvoir civil ?

1900. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame de Pompadour. Mémoires de Mme Du Hausset, sa femme de chambre. (Collection Didot.) » pp. 486-511

J’ignore si je trouverai mes sûretés pour le paiement, mais je sais très bien que je risquerai, avec grande satisfaction, cent mille livres pour le bonheur de ces pauvres enfants.

1901. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Chateaubriand homme d’État et politique. » pp. 539-564

Pauvres songes, c’est fort heureux pour eux !

1902. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « André Chénier, homme politique. » pp. 144-169

Par un mouvement généreux et tout chevaleresque, il se déclare plus à découvert que jamais pour le roi entre le 20 juin et le 10 août ; il félicite le pauvre Louis XVI, si humilié et si insulté, de son attitude honorable dans cette première journée.

1903. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Études sur Saint-Just, par M. Édouard Fleury. (2 vol. — Didier, 1851.) » pp. 334-358

Pauvre Louis XVI, accusé d’avoir tiré l’épée au moment même où il la rendait !

1904. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre I. Le Bovarysme chez les personnages de Flaubert »

La disproportion est manifeste entre la pauvre énergie mentale dont ils sont doués et la somme de notions et d’idées qu’étaient devant leurs yeux l’instruction prodiguée à tous, la diffusion, par la presse et par les manuels de vulgarisation, des connaissances de tout ordre.

1905. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre II. Le fond et la forme dans la littérature indigène. »

Les thèmes favoris sont : 1° Celui des 3 puits dont 2, communiquant entre eux, représentent les puissants de la terre qui laissent à l’écart le troisième, lequel symbolise les pauvres gens.

1906. (1913) La Fontaine « IV. Les contes »

La pauvre mère se rend chez le jeune homme.

1907. (1767) Sur l’harmonie des langues, et en particulier sur celle qu’on croit sentir dans les langues mortes

Une mélodie qui n’emploierait que des intervalles diatoniques, serait languissante ; une mélodie qui n’emploierait que les intervalles les plus consonants, comme la tierce et la quinte, serait monotone, insipide et pauvre.

1908. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vi »

Les ouvriers (pauvres ou plus exactement prolétaires), renonçant à réclamer pour eux seuls le bon nom de producteurs, voudraient que la force travail individuelle, leur unique propriété, contribue également à l’exploitation collective.

1909. (1868) Curiosités esthétiques « IV. Exposition universelle 1855 — Beaux-arts » pp. 211-244

Le pauvre homme est tellement américanisé par ses philosophes zoocrates et industriels qu’il a perdu la notion des différences qui caractérisent les phénomènes du monde physique et du monde moral, du naturel et du surnaturel.

1910. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — La solidarité des élites »

Et voici maintenant le texte d’Emerson auquel ces vers me reportent naturellement : « La littérature du pauvre, les sensations de l’enfant, la philosophie de la rue, la signification de la vie journalière sont les sujets de ce temps.

1911. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Résumé et conclusion »

Mais à mesure qu’on passe des mouvements aux images, et des images plus pauvres aux images plus riches, ressemblance et contiguïté se dissocient : elles finissent par s’opposer sur cet autre plan extrême où aucune action n’adhère plus aux images.

1912. (1858) Du vrai, du beau et du bien (7e éd.) pp. -492

Pauvre et humble, il passe sa vie dans les églises et les couvents où il travaille. […] Lui aussi il était de ces artistes, contemporains de Corneille, simples, pauvres, vertueux, chrétiens140. […] Le lieu de la scène est une pauvre cellule ; une croix de bois suspendue à la muraille, quelques chaises de paille, en sont tous les ornements. […] Quelle demeure pour la modeste et sainte bergère, si chère aux campagnes qui avoisinaient Lutèce, et dont le nom est encore vénéré du pauvre peuple qui habite ces quartiers ! […] Le jeune homme, l’ignorant, le pauvre d’esprit ne pourront pas distinguer le bien et le mal, l’honnête et le déshonnête.

1913. (1904) Propos littéraires. Deuxième série

… Quant aux autres bourgeois qui ne fabriquent rien et ne vendent rien, comme moi, ils ne s’égarent pas souvent dans les quartiers pauvres, puisqu’il est entendu que les riches et les pauvres ont leurs quartiers séparés, dans les villes d’à présent. […] Ohé, ma pauvre mère blonde, ma mère de misère, on n’était pas heureux tous les jours, je me rappelle. […] Encore vaut-il mieux être petite sœur des pauvres. […] Voyez la Rêverie d’un passant, Date lilia, la pièce sur Rabbe, Le Satyre, Pauvres gens, tant d’autres. » Et je ne dis point du tout qu’ici comme là M.  […] La vieillesse raconte ; mais celle d’Hugo raconte pour enseigner, pour prêcher par le roman (Misérables, Quatre-vingt-treize), par le poème (Pauvres gens, Titan, Fabrice), la pitié, l’humanité, l’amour, la vénération pour les bons toujours persécutés, l’horreur des méchants toujours oppresseurs, la croyance consolatrice en un avenir qui fera disparaître le mal à jamais.

1914. (1892) Essais sur la littérature contemporaine

Pauvres faibles que nous sommes, perdus par le torrent des pensées et nous accrochant à toutes les branches pour prendre quelques points dans le vide qui nous enveloppe !  […] « Nous ne les admirons pas dans les bagatelles », comme dit Schopenhauer : personne n’a jamais trouvé qu’il y eût rien de « noble » à danser pour les pauvres, par exemple, ni qu’on méritât un renom d’intégrité pour n’avoir pas fraudé la douane. […] Mais il faut dire aussi que l’école à laquelle ils succèdent n’ayant guère été qu’une école descriptive, — très différente en son genre, mais la plus pauvre en idées qu’on eût assurément vue depuis celle de l’abbé Delille, — ils ne sont pas inexcusables de s’imaginer qu’ils inventent ce qu’ils ne font que retrouver. […] Car, comme le disait en son jargon, — où je me rappelle avoir signalé d’excellentes choses mêlées, — ce pauvre Émile Hennequin, l’auteur de la Critique scientifique : « à la base de toutes les formes et de toutes les doctrines d’art, il y a des faits psychologiques généraux ». […] Le roman de demain tournera-t-il d’ailleurs au romanesque ; et, pour bien préciser, le sens de ce mot, refera-t-on le Roman d’un jeune homme pauvre, ou Mademoiselle de la Seiglière, ou Valentine et Indiana ?

1915. (1903) Hommes et idées du XIXe siècle

Depuis ce pauvre Bovary jusqu’à ce grossier docteur Pascal, et depuis les grotesques des Morticoles jusqu’aux pontifes de l’Évasion et de la Nouvelle Idole, on peut dire que toutes les variétés de l’espèce ont été épuisées. […] Dans cet intérieur d’artisans, la vie qu’on mène, pauvre et difficile, s’éclaire d’un rayon d’idéal. […] Il n’a jamais eu les mœurs d’un dandy : ce genre de vie suppose une certaine aisance ; or il était pauvre, et c’est même son plus grand mérite que de s’être toujours accommodé de la pauvreté et de l’avoir dignement supportée. […] Libre à nos inspirés, cœurs qu’une œillade enflamme, D’abandonner leur être aux vents comme un bouleau : Pauvres gens ! […] Le pauvre Lélian a une « humeur spécialement communicative et relativement toute ronde ».

1916. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre I. Les Saxons. » pp. 3-71

Il faut voir la houle du nord clapoter au niveau du sol, blafarde et méchante9 ; l’énorme mer jaunâtre arrive d’un élan sur la petite bande de côte plate qui ne semble pas capable de lui résister un seul instant ; le vent hurle et beugle, les mouettes crient ; les pauvres petits navires s’enfuient à tire-d’aile penchés, presque renversés, et tâchent de trouver un asile dans la bouche du fleuve, qui semble aussi hostile que la mer. […] Cette année Londres fut brûlée, la nuit d’avant l’Assomption de sainte Marie, si terriblement qu’elle ne l’avait jamais été autant depuis qu’elle fut bâtie. » Ainsi parlent avec une sécheresse monotone les pauvres moines qui, après Alfred, compilent et notent les gros événements visibles ; de loin en loin, quelques réflexions pieuses, un mouvement de passion, rien de plus.

1917. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

Cependant, si l’on fait réflexion sur deux choses singulières, l’une que les femmes, en Perse, hors celles des pauvres gens, sont recluses et ne sortent que pour affaires, on trouvera que cette ville doit être effectivement des plus peuplées. […] Il arriva la dernière fois que l’épicier fut alité, que sa pauvre bête devint aussi malade, et elle se démena et se tourmenta si furieusement jusqu’au jour de sa mort, qu’elle mourut aussi au même instant.

1918. (1898) Émile Zola devant les jeunes (articles de La Plume) pp. 106-203

Pauvre terre de France qui oublie avoir donné naissance au grand Rabelais. […] à l’heure où l’épouvantable système capitaliste écrase et tue des millions d’êtres humains dans l’atelier ou dans la mine, à l’heure où des millions de femmes sont arrachées aux foyers et des millions d’enfants aux écoles afin de faire baisser le salaire de l’homme dans la production industrielle, à l’heure où il est reconnu par tout observateur de bonne foi que la femme ne peut pas vivre de son travail et que toute femme, pauvre et sans famille, est obligée de se prostituer, à l’heure où l’on comprend de plus en plus que les inégalités naturelles sont déjà suffisantes et qu’il est vraiment abominable que les injustices sociales viennent encore les aggraver, à l’heure enfin où un immense cri de misère traverse le monde… vous osez invoquer le nom de la grande Déesse en faveur d’un cas particulier !

1919. (1895) La science et la religion. Réponse à quelques objections

Les pauvres, au même titre que les riches, sont de par le droit naturel des citoyens, c’est-à-dire du nombre des parties vivantes dont se compose, par l’intermédiaire des familles, le corps entier de la nation, pour ne pas dire qu’en toutes les cités ils sont le grand nombre… Comme donc il serait déraisonnable de pourvoir à une classe de citoyens, et d’en négliger l’autre, il devient évident que l’autorité publique doit prendre les mesures voulues pour sauvegarder le salut et les intérêts de la classe ouvrière… Pour ce qui est des intérêts physiques et corporels, l’autorité publique doit tout d’abord les sauvegarder, en arrachant les malheureux ouvriers aux mains de ccs spéculateurs qui, ne faisant point de différence entre un homme et une machine, abusent sans mesure de leurs personnes pour satisfaire d’insatiables cupidités. […] L’avenir lui saura surtout gré de s’être souvenu que le christianisme a commencé par être une religion de pauvres, et que, selon l’insolente et cruelle expression de Voltaire, « la plus vilecanaille l’avait seule embrassée pendant plus de cent ans ».

1920. (1888) Épidémie naturaliste ; suivi de : Émile Zola et la science : discours prononcé au profit d’une société pour l’enseignement en 1880 pp. 4-93

on lui arrangeait bien son pauvre bouquin ! […] Après avoir analysé minutieusement et exclusivement ce qu’il y a de cupide, de mesquin, d’égoïste et de corrompu dans notre pauvre espèce, ils en signalent les fonctions organiques dans ce qu’elles ont de plus bas et de plus répugnant.

1921. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre III. L’Âge moderne (1801-1875) » pp. 388-524

. — Et c’est finalement, en prenant position et parti contre le romantisme, — dans Le Mariage d’Olympe, 1855, Les Lionnes pauvres, 1855, et La Jeunesse, 1858 ; — qu’il a conquis son originalité. […] Poirier, 1854 ; — Édouard Foussier pour Les Lionnes pauvres, 1858, et pour Un beau mariage, 1859 ; — enfin Eugène Labiche pour Le Prix Martin, 1876. […] La Petite Comtesse, 1856, et Le Roman d’un jeune homme pauvre, 1858]. […] 3º Les Œuvres. — Elles se composent de son Théâtre complet, dans les cinq volumes duquel, publiés chez Calmann Lévy, 1892, 1893, on a fait entrer toutes celles de ses pièces qui ont été jouées, y compris quelques-unes de celles qui faisaient partie des deux volumes : Scènes et proverbes, et Scènes et comédies ; Et 2º ses romans, qui sont : Bellah, 1850 ; — La Petite Comtesse, 1856 ; — Le Roman d’un jeune homme pauvre, 1858 ; — Histoire de Sibylle, 1862 ; — M. de Camors, 1867 ; — Julia de Trécœur, 1872 ; — Un mariage dans le monde, 1875 ; — Les Amours de Philippe, 1877 ; — Le Journal d’une femme, 1878 ; — l’Histoire d’une Parisienne, 1881 ; — La Veuve, 1883 ; — La Morte, 1886 ; — et Honneur d’artiste, 1890. […] Il y faut ajouter les deux volumes intitulés : Le Théâtre des autres, dans lesquels il a au moins autant de part qu’Augier dans Les Lionnes pauvres ou Barrière dans Les Faux Bonshommes, et qui comprennent : Le Supplice d’une femme [en collaboration avec Émile de Girardin], 1865, Héloïse Paranquet [en collaboration avec Armand Durantin], 1866 ; — Le Filleul de Pompignac, 1869 ; — La Comtesse Romani [en collaboration avec M. 

1922. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. de Fontanes »

Le curé ne se bornait pas aux impressions morales, il y ajoutait souvent les duretés physiques ; et le pauvre enfant, poussé à bout, s’échappait, un jour, pour s’aller faire mousse à La Rochelle : on le rattrapa. […] Dans l’ode au Pêcheur, un trait touchant et délicat sur lequel je reviens, c’est le faible don que le poëte déçu donne à son pauvre semblable, plus déçu que lui : cette obole doit leur porter bonheur à tous deux. […] Jamais il ne laissa une lettre de pauvre solliciteur sans y répondre ; et il n’y répondait pas seulement par un faible don, comme on fait trop souvent en se croyant quitte : il y répondait de sa main avec une délicatesse, un raffinement de bonté : haud ignara mali. — On aime, dans un poëte virgilien, à entremêler ces considérations au talent, à les en croire voisines.

1923. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Werther. Correspondance de Goethe et de Kestner, traduite par M. L. Poley » pp. 289-315

Voilà le vrai du livre et son cachet immortel ; le reste, désespoir final, coup de pistolet et suicide, y a été ajouté par lui après coup pour le roman et pour la circonstance : c’est ce qui ressemble le moins à Goethe, et qui se rapporte à l’aventure de ce pauvre Jérusalem, le côté faux, commun, exalté, digne d’un amoureux d’Ossian, non plus d’un lecteur d’Homère3.

1924. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Appendice. »

Et puis mon pauvre orage ne tient pas en tout trois lignes, et à des endroits différents !

1925. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite et fin.) »

Ici tout le mondé est pauvre ; mais, vu la similitude du costume, chacun se ressemble et a un air d’aisance que la chemise sale, qu’on ne voit pas, pourrait seule démentir.

1926. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Mémoires »

peut-être en recueillerez-vous plus de profit que de toute l’enflure d’un discours stoïque. » Et suivent alors les conseils appropriés : fuir les jardins publics, le fracas, le grand jour ; le plus souvent même ne sortir que de nuit ; voir de loin le réverbère à la porte d’un hôtel, et se dire : « Là, on ignore que je souffre ; » mais ramenant ses regards sur quelque petit rayon tremblant dans une pauvre maison écartée du faubourg, se dire : « Là, j’ai des frères. » Voilà ce qu’on trouve, après tant d’autres pages révélatrices, dans l’Essai.

1927. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — I. » pp. 166-193

Ceux-ci à leur tour, aisément restrictifs et négatifs dans leur prudence, n’hésitant pas au besoin, dans leur système complexe, à limiter, à entamer le droit par la raison d’État, le rendent bien en inimitié aux esprits de nature girondine, que tantôt ils ont l’air de mépriser comme de pauvres politiques, et que tantôt ils confondent en une commune injure avec la secte jacobine pour les montrer dangereux.

1928. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « François Ier, poëte. Poésies et correspondance recueillies et publiées par M. Aimé Champollion-Figeac, 1 vol. in-4°, Paris, 1847. »

Voici encore un sixain délicat, où le doux nenny est aux prises avec le sourire ; nous le donnons ici dans toute sa correction : Le desir est hardy, mais le parler a honte ; Son parler tramble et fuyt, l’aultre en fureur se monte ; L’ung fainct vouloir ung gaing, dont il souhaite perte ; L’ung veult chose cacher que l’aultre fait apperte ; L’ung s’offre et va courant, l’aultre mentant refuse : Voyez la pauvre femme en son esprit confuse.

1929. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre deuxième. Les images — Chapitre II. Lois de la renaissance et de l’effacement des images » pp. 129-161

Dans l’ancien état, elle a une belle écriture ; dans le nouveau, elle n’a qu’une pauvre écriture maladroite, ayant eu trop peu de temps pour s’exercer.

1930. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre premier. Mécanisme général de la connaissance — Chapitre II. De la rectification » pp. 33-65

Il croit une minute, puis il cesse de croire, puis recommence à croire, puis cesse encore de croire ; chacun des actes de foi finit par un démenti, et chacun des élans de sympathie aboutit à un avortement ; cela fait une série de croyances enrayées et d’émotions atténuées : on se dit tour à tour : « Pauvre femme, comme elle est malheureuse ! 

1931. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

Un pauvre jeune homme innocent nommé René Pazzi fut confondu avec ses parents, et expira pour le nom et pour le crime de ses oncles.

1932. (1892) Boileau « Chapitre V. La critique de Boileau (Suite). Les théories de l’« Art poétique » (Fin) » pp. 121-155

Nous demandons que l’artiste nous fasse apercevoir ces transitions, et comme ces amorces qui aident l’imagination à réintégrer l’objet isolé par convention dans le tout dont il est une pièce, et qu’il nous indique l’incessante transformation des choses et les aspects multiples de la vie, qui brode de si riches couleurs une si pauvre étoffe.

1933. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre IV. Racine »

Et, pour doubler l’audace de la peinture, imaginez que ce prophète découvre les crimes futurs de Joas, et risque de rendre odieux le personnage sympathique : faute insigne pour un dramaturge adroit, trait admirable de vérité profonde et de large poésie, qui jette soudainement une vive lumière sur la sinistre histoire de Juda, et sur le triste, le pauvre fond de notre humanité.

1934. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre IV. Chateaubriand »

De ce romanesque enveloppant l’épique, il fera Notre-Dame de Paris ou les Misérables, le monde du moyen âge et le monde contemporain, et deux mondes dans chaque monde, truands et seigneurs, pauvres et riches.

1935. (1889) Les premières armes du symbolisme pp. 5-50

Les peaux décolorées par les fards, les yeux cerclés de vert ou de bleu, les sangs pauvres et les nerfs détraqués des races vieillies, les humeurs fantasques précédant les maladies mentales, les vierges d’une perversité précoce, les vices qui s’épanouissent comme des moisissures sur le fumier des sociétés en décomposition, toutes les dépravations savantes des civilisations faisandées, ont naturellement la séduction des choses rares pour le décadent qu’horrifient les simples amours comprises de tout le monde.

1936. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre premier »

Les littératures les plus riches en images sont les plus pauvres d’idées.

1937. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre deuxième »

Je répugne à croire que tout ce que Rabelais a donné durant sa vie aux devoirs de sa profession religieuse ait été de pure comédie, et que le bon curé de Meudon, qui, dans sa vieillesse bienfaisante, dit-on, et honorée, apprenait le plain-chant aux enfants de sa paroisse et la lecture aux pauvres gens, n’ait été qu’un incrédule enseignant une superstition.

1938. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre cinquième »

Mais la seule faveur, sous une robe feinte, Régner es jugements sur la raison éteinte ; La justice, au palais, sa balance employer, A peser, non le droit, mais, l’argent du loyer L’ignorance élevée aux dignités suprêmes… Plus loin, la charité du saint roi ne l’inspire pas moins heureusement : Maints rois s’armant les bras d’un fer victorieux Rendent par l’univers leur renom glorieux, Brident de saintes lois la populaire audace, Laissent de leur prudence une éternelle trace, Et gagnent tout l’honneur qu’on s’acquiert ici-bas Par les arts de la paix et par ceux des combats Mais peu daignent tourner leur superbe paupière Vers le pauvre étendu sur la vile poussière Et penser qu’en l’habit d’un chétif languissant C’est Christ, c’est Christ lui-même, hélas !

1939. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre premier »

Il les occupa de spéculations religieuses, et les honora par des aumônes et des actes de piété, faisant des charités d’une partie de sa fortune, et demandant par testament à être enterré dans l’hôpital de Notre-Dame des Anges, à Angoulême, aux pieds des pauvres qui y étaient inhumés.

1940. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre IV. L’ironie comme attitude morale » pp. 135-174

La générosité, louable chez un riche, devient un défaut grave chez un pauvre chargé de famille.

1941. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 457-512

Ses Drames lyriques sont de la plus pauvre invention, & d'un style entiérement opposé à celui qui convient à ces sortes de Pieces : Samsom, Pandore, le Temple de la Gloire, n'ont servi qu'à le mettre un peu au dessus de l'Abbé Pellegrin, quand il ne s'agira pas de Jephté.

1942. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Sieyès. Étude sur Sieyès, par M. Edmond de Beauverger. 1851. » pp. 189-216

un écrivain justement célèbre, qui serait mort de douleur s’il avait connu ses disciples, un philosophe aussi parfait de sentiment que faible de vues, n’a-t-il pas, dans ses pages éloquentes, riches en détails accessoires, pauvres au fond, confondu lui-même les principes de l’art social avec les commencements de la société humaine ?

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