/ 1968
1278. (1889) Les artistes littéraires : études sur le XIXe siècle

Les différentes sciences pourront ainsi lui être un fréquent auxiliaire, et lui apporter le plus précieux concours, à condition pourtant qu’elles soient maintenues au second plan, pourvu qu’elles se soumettent au lieu de s’imposer, et toujours sous réserve que le simple plaisir artistique sera le but suprême qu’aura poursuivi l’écrivain. […] On y devine, plus qu’on n’y découvre, une valeur cachée supérieure aux apparences ; et pour que leur supériorité se dévoile, il faut arriver à des volumes conçus et exécutés dans des conditions spéciales, où tout ce qui constitue leur tempérament artistique, loin de pouvoir leur être une entrave, se tourne au contraire en qualités précieuses. […] Dans ces conditions, l’existence lui fut dure ; il en souffrit sincèrement, d’autant plus qu’avec sa disposition naturelle à tout exagérer, de douloureuse il se la fit tragique, et qu’il considéra comme de cruels tourments les moindres mécomptes de son imagination désabusée. […] Ce fut là une de ses grandes faiblesses : il la dut sans doute à une prédisposition mentale apportée en naissant ; il la dut aussi aux événements et aux singulières conditions d’existence que lui fit la destinée. […] Il ne songe pas surtout que, — son système étant admis ; — = du moment que « la première condition de la rime, pour ne pas endormir, est d’éveiller la surprise325 », la première condition de la loi prosodique devrait être de ne pas réduire le nombre des mots susceptibles de s’apparier.

1279. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

Plus il s’éloigne des conditions d’autrefois, et plus l’amateur du Théâtre-Français se tient sur ses gardes. […] Sa maison était ouverte, et sans condition, aux gloires condamnées ! […] On a beau dire que c’est une jolie condition, la condition d’une jolie femme ; au cou des femmes qui n’ont d’autre revenu que le revenu de leur beauté, cherchez avec un peu d’attention, et vous trouverez toujours un petit bout de la chaîne de l’esclavage antique. […] C’était la condition sine quâ non de toute grandeur. […] — Oui, toute comédienne est bonne à cette comédie heureuse, à condition que la comédienne ait vingt ans, et tout au plus !

1280. (1902) La formation du style par l’assimilation des auteurs

Persuadez-vous qu’il n’y a ni réalisme, ni idéalisme, ni bon ni mauvais sujet (je ne dis pas : ni morale, bien entendu) ; mais que, à part la morale, condition primordiale de toute œuvre, la grande question est celle-ci : « Y a-t-il du talent dans un ouvrage ? […] C’est la condition d’une éducation littéraire complète. […] Pour cela, de me ramentevoir de mes bonnes qualités et conditions, et des siennes mauvaises, puis en faire la comparaison ? […] Cet homme, ayant étudié soigneusement les maximes et la conduite de ceux qui d’une condition privée étaient arrivés à la souveraineté, n’eut jamais que des pensées vastes et des espérances trop élevées, méprisant ceux qui se contentaient de la médiocrité. […] Avec des biens au-dessus d’une condition privée, il fut difficile d’être un bon citoyen ; avec les désirs et les regrets d’une grande fortune ruinée, on fut prêta tous les attentats ; et, comme dit Salluste, on vit une génération de gens qui ne pouvaient avoir de patrimoine ni souffrir que d’autres en eussent.    

1281. (1930) Les livres du Temps. Troisième série pp. 1-288

Sa condition et sa pauvreté l’obligeaient à des goûts modestes. […] Ce n’est que moyennant ces deux conditions qu’elle est vraie et complète. […] Leuwen a promis à la belle Mme Grandet de faire son mari ministre à condition qu’elle fût la maîtresse de Lucien. […] Il s’agissait d’adoucir et d’humaniser les conditions politiques et les règles judiciaires ou morales. […] De ses conditions et limites innées, il fit un système.

1282. (1881) Études sur la littérature française moderne et contemporaine

Là, élevés au-dessus des influences locales et contemporaines, ils écrivent des vers divinement beaux, faits en dehors de toute condition de temps et de lieu, et datés de l’éternité. […] Sir John Lubbock, dans une leçon qu’il fit sur la condition primitive de l’homme et l’origine des langues, racontait que plusieurs peuplades de la Polynésie n’ont qu’un mot pour exprimer bon et bien, mauvais et mal. […] Jérusalem reprise, il fit grâce de la vie aux habitants, leur permit de racheter leur liberté à des conditions déterminées, et comme beaucoup d’entre eux étaient hors d’état d’y satisfaire, il paya lui-même la rançon de plusieurs milliers de captifs. […] Les bêtes, qui sont sans conscience morale, s’aiment elles-mêmes, et c’est à cette condition qu’elles subsistent. Les hommes, outre leur existence matérielle, ont une existence morale : on ne doit pas hésiter à dire que la perfection de l’existence morale, comme de l’existence matérielle, a pour condition un amour bien entendu de soi.

1283. (1927) Approximations. Deuxième série

Valéry réussit à faire arriver la pensée comme malgré soi, sans qu’elle sorte des conditions de la vie, s’assurant ainsi la compréhension de l’interlocuteur. […] Cette réalité n’est guère, au regard de Renan, que la condition d’existence des idées37 ». […] L’art détient ici une primauté souveraine à l’abri de laquelle la pensée elle-même s’affine, se taille, se civilise, parce qu’il ne lui est jamais permis de sortir des conditions de la vie. […] Parlant de la langue de son ami Louis de la Salle, Toulet écrivait : « Encore que pleine de cette modernité qui est la condition de la vie, elle est restée dans la tradition de Voltaire. […] En tous cas elle se présente dans les conditions les plus favorables.

1284. (1905) Propos de théâtre. Deuxième série

On ne fait de bon journalisme qu’à cette condition-là. » Et l’on s’entendrait, en effet, comme un groupe politique, par concessions réciproques. […] Truffier, avec bonne grâce, mais avec peu de verve ; dans de mauvaises conditions d’ailleurs. […] Elle se moque des hommes de condition moyenne, c’est-à-dire elle se moque précisément de son public. […] Dans ces conditions, force était bien à ceux qui n’étaient pas de purs crétins de travailler à leur manière, mais enfin de travailler, sous peine de mort par l’ennui. […] Reçu à correction veut simplement dire refusé ; mais reçu avec des corrections veut bien dire reçu, à la condition que l’auteur fasse des corrections.

1285. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Eugène Gandar »

Mais Gandar, en définissant le sien, montrait à quelles conditions élevées il mettait désormais le mérite de l’humaniste, et comment il entendait le renouvellement du goût et du sentiment littéraires. […] Le professeur, qui parle seul et sans discontinuer, est soumis à des conditions particulières et qui ont leurs difficultés propres ; la plus grande est dans la quantité de notions substantielles et saines qu’il est tenu de débiter en y mettant du mouvement, de la vivacité, une demi-action, et sans négliger l’agrément jusque dans le sérieux. […] Les conditions du professeur en ce temps-ci ont en effet changé ; elles se sont multipliées, se sont activées comme toutes les autres.

1286. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Malherbe »

Il reprend la poésie française dans les conditions qu’on vient de voir et en partant d’une négation, d’un mépris bien net pour ce qui précède. […] Mais il y a une raison principale pour laquelle Malherbe n’a pas fait ainsi, et n’a pas marché dans les voies de Pindare : c’est qu’il n’était pas, en composant, dans les mêmes conditions publiques et sociales, en présence des mêmes exigences et des mêmes attentes que Pindare. […] C’est chose que tout autre eût demandée avec passion, et néanmoins vous ne sauriez croire la peine qu’il a eue à y condescendre146… Il a été assez généreux pour n’y consentir qu’à la condition d’entretenir ces soldats à ses dépens.

1287. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIIIe entretien. Balzac et ses œuvres (3e partie) » pp. 433-527

Cette circonstance est favorable au silence qui règne dans ces rues serrées entre le dôme du Val-de-Grâce et le dôme du Panthéon, deux monuments qui changent les conditions de l’atmosphère en y jetant des tons (p. 437) jaunes, en y assombrissant tout par les teintes sévères que projettent leurs coupoles. […] Sans me décourager, je promettais de remplir les conditions que ma mère et mon père mettaient à leur arrivée, j’implorais l’assistance de mes sœurs à qui j’écrivais aux jours de leur fête et de leur naissance, avec l’exactitude des pauvres enfants délaissés, mais avec une vaine persistance. […] Je l’avais mérité ; la passion est belle, mais c’est à condition d’être sincère.

1288. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1875 » pp. 172-248

Je ne suis peut-être pas le premier littérateur russe en Russie, mais à Paris, comme il n’y en a pas d’autre, vous m’accorderez que c’est moi, eh bien, dans ces conditions, savez-vous comment j’ai été placé à table ; j’ai eu la quarante-septième place, j’ai été placé après le pope, et vous savez le mépris dont jouit le prêtre en Russie. » Et un petit rire slave remplit les yeux de Tourguéneff, en forme de conclusion. […] Les filles ne sont supportables qu’à la condition d’être des folles créatures, des toquées, des extravagantes, des êtres qui vous étonnent un peu par l’entrain de leur verve ou l’inattendu de leur caprice. […] Mercredi 15 décembre Ce soir, Raoul Duval nous entretenait d’un singulier et honteux compromis : un duc aurait promis à un sénateur sa voix, pour sa nomination à l’Académie, à la condition que le sénateur lui donnerait sa voix pour le Sénat.

1289. (1902) Les poètes et leur poète. L’Ermitage pp. 81-146

Dans ces conditions, attendu que ces six splendides physionomies poétiques ont chacune leur génie personnel, je trouve que mon poète est formé de l’agglomération de ces six génies. […] Il remplit bien les deux conditions : il est du siècle et, hélas ! […] Une autre de vos conditions gênera le plus grand nombre des électeurs : « il ne doit s’agir, leur dites-vous, que du xixe  siècle ».

1290. (1853) Histoire de la littérature française sous la Restauration. Tome I

L’auteur était dans des conditions admirables pour l’écrire. […] Il y a des conditions à la dictature. […] C’était encore une des conditions de sa dictature. […] Frayssinous rencontrait donc, en montant dans la chaire, à peu près les mêmes conditions de succès qu’avait rencontrées M. de Chateaubriand dans la littérature. […] La condition de tous les poëtes d’une vaste renommée est d’être comme la voix de l’époque où ils paraissent.

1291. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre II. Dryden. »

. —  Mais les conditions que je vous apporte sont telles — que vous n’aurez pas à rougir de les accepter. […] On ne dira jamais — que le mari d’Octavie fut l’esclave d’un autre homme. —  Seigneur, vous êtes libre ; libre même de l’épouse que vous avez en aversion. —  Car, quoique mon frère veuille acheter pour moi votre tendresse, —  et me fasse la condition et le ciment de votre paix, —  j’ai une âme comme la vôtre : je ne puis recevoir — votre amour comme une aumône, ni implorer ce que je mérite. —  Je dirai à mon frère que nous sommes réconciliés. —  Il retirera ses troupes, et vous vous mettrez en marche — pour gouverner l’Orient. […] C’est la condition naturelle de l’homme. […] But the conditions I have brought are such, You need not blush to take.

1292. (1909) Nos femmes de lettres pp. -238

D’où la valeur unique de ces documents : Lettres et Mémoires, qui précisent leurs agitations par refus d’accepter les dures conditions de la vie. […] Et sortir de soi-même, c’est la condition première de tout art objectif. Se représenter des états d’âme différents de ceux que l’on éprouve, des suites de réactions opposées à celles qui constituent notre mentalité, ce n’est pas seulement la condition de tout art objectif, mais encore de toute compréhension intégrale de la vie ! […] Aussi sommes-nous conduits à transposer dans l’art les conditions mêmes de la vie, et comme c’est une question vitale, suffisant à créer l’intérêt d’un ouvrage, de savoir qui sera le plus fort, qui triomphera dans la passion qui l’anime. […] Nul plus que nous ne les saurait admettre, à une condition pourtant : c’est qu’on leur reconnaisse un contrepoids nécessaire.

1293. (1936) Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours pp. -564

Cette délicatesse est chez lui très compatible avec la précision de la forme et de la pensée, mais elle exclut les conditions normales et la matérialité-de la vie. […] Les sentiments et les idées : La Condition humaine.

1294. (1889) Ægri somnia : pensées et caractères

En somme, pour un livre de ce genre, l’ordre des matières importe moins que leur qualité, et m’eût-il été possible d’en trouver un meilleur, je n’en aurais pas voulu à la condition d’effacer la trace de Person. […] De quel droit, dès lors, dédaignent-ils ceux qui, n’étant ni de condition, ni d’étoffe à prétendre au gouvernement, se montrent tièdes pour le droit de contrôler ceux qui gouvernent ? […] Mais s’il acceptait sincèrement la liberté, comme une des conditions de la société moderne, c’est de la façon qu’un homme d’honneur accepte virilement un adversaire nécessaire, qu’un homme sensé accepte la nature des choses. […] Jaloux d’élever leur condition morale, il ne souffrait pas que le serment du serviteur ne fît pas foi contre le maître, celui de l’ouvrier contre le patron. […] Cette joie du savant, tout intérieure, sans éclat et sans paroles, me faisait faire des comparaisons entre la condition des savants et celle des lettrés.

1295. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIe entretien. Suite de la littérature diplomatique » pp. 5-79

Ils portent en eux, ces Bretons, les conditions du gouvernement d’eux-mêmes et des autres : ils sont réfléchis, ils sont audacieux et ils sont persévérants. […] Ils veulent que leur civilisation dure comme un monument : ils savent que rien ne dure dans les mobiles démocraties, gouvernements des passions et des caprices du peuple ; la hiérarchie est en tout la forme de l’ordre et la condition de la durée.

1296. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Hugo, Victor (1802-1885) »

Qui voudrait aujourd’hui demander compte au général des manœuvres qu’il employa, des sacrifices qui furent les conditions du succès ? […] Il a su transmuter la substance de tout en substance poétique, ce qui est la condition expresse et première de l’art, l’unique moyen d’échapper au didactisme rimé, cette négation absolue de toute poésie ; il a forgé, soixante années durant, des vers d’or sur une enclume d’airain ; sa vie entière a été un chant multiple et sonore où toutes les passions, toutes les tendresses, toutes les sensations, toutes les colères généreuses qui ont agité, ému, traversé l’âme humaine dans le cours de ce siècle, ont trouvé une expression souveraine.

1297. (1908) Dix années de roman français. Revue des deux mondes pp. 159-190

René Bazin pourrait se rattacher aux romanciers sociaux, puisqu’il analysa avec une émotion ennoblie de pitié et colorée de réalisme, la condition si attachante des ouvrières de la mode dans De toute son âme ; la dure et humble destinée des nourrices « déracinées » dans Donatienne ; la grave question, toujours actuelle, de la ruine agraire par l’exode du paysan vers la ville dans la Terre qui meurt. […] Il nous touche par la douleur, par les destinées qu’il nourrit, par les conditions qu’il mélange, par les antagonismes qu’il crée.

1298. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Proudhon » pp. 29-79

La condition première, la condition impérieusement exigible du génie, c’est la sincérité ; et Rousseau, en rien, ne fut sincère.

1299. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Victor Hugo. Les Contemplations. — La Légende des siècles. »

Classique ou non, les lois du vers semblent devoir se coordonner aux conditions physiologiques de la mémoire. […] Il l’a chanté, il est vrai, dans les conditions de son organisme, qui est un organisme de sensation et de vanité, car, même quand il pleure de vraies larmes, l’auteur des Contemplations les contemple, et il veut qu’elles soient contemplées.

1300. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Variétés littéraires, morales et historiques, par M. S. de Sacy, de l’Académie française. » pp. 179-194

— les meilleurs auteurs latins et français dans leurs éditions les plus estimées, dans leurs conditions les plus parfaites et les plus irrépréhensibles ; pas trop de curiosité, pas de ces goûts d’exception qu’on voit présider au choix singulier de quelques cabinets rares ; une bibliothèque à la fois de luxe et de bon sens, et faite pour être lue.

1301. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Le père Lacordaire. Quatre moments religieux au XIXe siècle. »

Mais je me hâte d’ajouter, en ce qui est des Lettres présentes que, sauf cette veine d’enthousiasme, d’inspiration quand même, de chevalerie monastique à outrance, qu’il est impossible d’en retrancher ou d’en abstraire, et qui en fait la perpétuelle singularité, il y a quantité de vues morales, fines, délicates, exprimées à ravir, et bien des conseils appropriés, — les conditions toujours étant admises et le cadre accordé ; positis ponendis, comme on disait dans l’École.

1302. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Frochot, Préfet de la Seine, histoire administrative, par M. Louis Passy. »

Il est porté au directoire du département de la Côte-d’Or, et il y suit la ligne de modération ferme qui devait être la règle du régime nouveau et la condition de sa durée.

1303. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Le Brun »

Né dans un rang inférieur, sans fortune et à la charge d’un grand seigneur, Le Brun dut se plier jeune aux nécessités de sa condition.

1304. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « L’abbé Prevost et les bénédictins. »

Je compte, mon Révérend Père, que sans en venir à ces extrémités, qui ne feroient plaisir ni à vous ni à moi, vous voudrez bien consentir au changement de ma condition.

1305. (1875) Premiers lundis. Tome III « Sur le sénatus-consulte »

A le prendre ainsi, et vu l’urgence, vu la prorogation du Corps législatif, qui a pu être nécessaire, mais qui est survenue irrégulièrement et qui a choqué et interloqué ce Corps, vu bien d’autres circonstances que chacun sent assez sans qu’on les dise, il me semblait que le Sénat aurait pu procéder plus vite, motiver son empressement même par la condition fâcheuse qui était faite au Corps législatif, resté en l’air et en suspens, se mettre dès le premier jour avec ce Corps dans des relations d’égards et de bons procédés et, en vérité, quand je vois les modifications apportées au sénatus-consulte après une discussion si laborieuse, je trouve qu’il eût été mieux de l’accepter et de l’acclamer sous sa première forme.

1306. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre III »

Histoire de la maladie : Dans ces conditions, le surmenage par la sensation ne tarde pas à agir en exagérant la tendance morbide.

1307. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre III. De la vanité. »

Comme elle fait haïr l’ascendant d’un homme, elle soutient les lois constitutionnelles, qui, au bout d’un temps très court, ramènent les hommes les plus puissants dans une condition privée ; elle appuie en général ce que veulent les lois, parce que c’est une autorité abstraite, dont tout le monde a sa part, et dont personne ne peut tirer de gloire.

1308. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Première partie. Préparation générale — Chapitre V. De la lecture. — Son importance pour le développement général des facultés intellectuelles. — Comment il faut lire »

Brunetière, dans un remarquable morceau1, a fait voir que les lieux communs étaient la condition même de la pensée et le fondement de l’invention en littérature ; que tous les chefs-d’œuvre étaient bâtis sur des lieux communs, qui ne sont au fond que les vérités universelles, éternellement vraies et reconnues pour telles.

1309. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre VII. Induction et déduction. — Diverses causes des faux raisonnements »

Je connais que pauvres et riches, Sages et fols, prêtres et lais (laïques), Noble et villain, larges et chiches, Petits et grands, et beaux et laids, Dames à rebrassés (hauts et plissés) collets, De quelconque condition, Portant atours et bourrelets, Mort saisit sans exception.

1310. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre III. Poésie érudite et artistique (depuis 1550) — Chapitre I. Les théories de la Pléiade »

Partout, on le voit, les Italiens sont mis sur le même pied que les anciens : tant il est vrai, comme on ne le redira jamais trop, que l’Italianisme a été le principe et la condition de notre Renaissance.

1311. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre II. Diderot »

Bonhomme au reste, obligeant, généreux, tout plein de bons sentiments, bon fils, bon frère, bon père, bon mari même, à la fidélité près, bon ami, chaud de cœur, enthousiaste, toujours prêt à se donner et se dévouer : à condition seulement qu’il puisse s’épancher librement, toujours heureux de se mettre en avant, d’être d’une négociation, d’une affaire où il y ait à brûler de l’activité, à évaporer de la pensée en paroles.

1312. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens II) Henry Fouquier »

Je n’ai pas à vous dire son indulgence pour les fautes des femmes, à condition qu’il y ait de l’amour dans leur fait, et un peu de « rêve ».

1313. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Barbey d’Aurevilly. »

Seulement, pour que le dandy soit tout ce que j’ai dit, une condition est nécessaire : il ne faut pas qu’il soit dupe de lui-même.

1314. (1766) Le bonheur des gens de lettres : discours [graphies originales] « Le Bonheur des gens de lettres. — Seconde partie. » pp. 35-56

Ami, ne te regarde pas comme une victime préparée pour le seul bonheur d’autrui : la Nature n’a pû te sauver les peines inévitables attachées à la condition humaine ; mais vois aussi toutes les qualités dont elle t’a doué avec une magnificence digne d’elle & de toi.

1315. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre XIII. Conclusions » pp. 271-291

Durkheim admettrait plutôt des évolutions partielles, variables avec la structure des sociétés et leurs conditions d’existence, chaque société se défendant comme elle l’entend, et se créant son système de contraintes et de sanctions efficaces contre l’individu.

1316. (1890) L’avenir de la science « XXI »

Conclusions erronées ; car elles supposent que la régularisation des conditions extérieures de la production intellectuelle est favorable à cette production, tandis que cette production dépend uniquement de l’abondance de la sève interne et vivante de l’humanité.

1317. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre VI. Jean-Baptiste  Voyage de Jésus vers Jean et son séjour au désert de Judée  Il adopte le baptême de Jean. »

La retraite au désert devint ainsi la condition et le prélude des hautes destinées.

1318. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre VIII. Jésus à Capharnahum. »

Le lac occupe une dépression de deux cents mètres au-dessous du niveau de la Méditerranée 405, et participe ainsi des conditions torrides de la mer Morte 406.

1319. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XV. Commencement de la légende de Jésus  Idée qu’il a lui-même de son rôle surnaturel. »

Il nous est facile à nous autres, impuissants que nous sommes, d’appeler cela mensonge, et, fiers de notre timide honnêteté, de traiter avec dédain les héros qui ont accepté dans d’autres conditions la lutte de la vie.

1320. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XVII. Forme définitive des idées de Jésus sur le Royaume de Dieu. »

En même temps que Jésus admettait pleinement les croyances apocalyptiques, telles qu’on les trouve dans les livres juifs apocryphes, il admettait le dogme qui en est le complément, ou plutôt la condition, la résurrection des morts.

1321. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre IV. Critique »

Son précipice est la condition de sa hauteur.

1322. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Ce que tout le monde sait sur l’expression, et quelque chose que tout le monde ne sait pas » pp. 39-53

Que tous les individus ne montrent pas également bien l’âge et la condition, et qu’on ne risque jamais de se tromper quand on établit la convenance la plus forte entre la nature dont on fait choix, et le sujet qu’on traite.

1323. (1761) Apologie de l’étude

Concluez en attendant, qu’avec du choix dans ses études, et de l’équité envers lui-même et envers les autres, l’homme de lettres peut être aussi heureux dans son état que le permet la condition humaine.

1324. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — Se connaître »

Les conditions d’existence de la société française peuvent subir les transformations les plus radicales, sans que ce sentiment inné de la supériorité essentielle et indépendante de toute réalité, de la France sur le monde, puisse en être altéré.

1325. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre II. La relativité complète »

On pourrait l’énoncer a priori comme une condition de la science, car la science n’opère que sur des mesures, la mesure porte en général sur des longueurs, et, quand une longueur croît ou décroît, il n’y a aucune raison de privilégier l’une des extrémités : tout ce qu’on peut affirmer est que l’écart grandit ou diminue entre les deux 10.

1326. (1936) Réflexions sur la littérature « 1. Une thèse sur le symbolisme » pp. 7-17

Il y eût trouvé un tableau curieux et sincère du mouvement littéraire dans la jeunesse littéraire de 1898, — à condition, bien entendu, de n’être pas dupe, et de savoir interpréter un document naïf.

1327. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XX. De Libanius, et de tous les autres orateurs qui ont fait l’éloge de Julien. Jugement sur ce prince. »

Il avait lui-même exigé cette condition ; car on en peut faire avec ses amis, quand l’inégalité des rangs pourrait changer en servitude les hommages libres de l’amitié.

1328. (1929) Les livres du Temps. Deuxième série pp. 2-509

L’action, extrêmement dispersée, ne se soumet point aux conditions du théâtre. […] La condition réalisée dans l’Athènes classique et dans notre moyen âge, n’est pas suffisante, puisque dans cet ordre la Réforme n’a rien produit. […] Tréfeu, gendre de Ratisbonne, en ait pris copie avant cette dispersion « dans des conditions qui lui permettent d’en garantir l’authenticité absolue ». […] C’est peut-être qu’il y a rencontré la plus vive sensation de dépaysement, dans les conditions les moins onéreuses, j’entends aux portes de l’Europe, chez une race moins différente de la nôtre et civilisée aussi à sa manière. […] Tout le monde ne peut être philosophe, écrivain ou savant ; mais tout homme digne de ce nom doit être cultivé et n’est capable de jouer un rôle utile qu’à cette condition.

1329. (1887) Essais sur l’école romantique

Hugo pour être complet, sinon qu’il s’épure, qu’il prouve, en se châtiant par lui et par ses amis, que ce n’est pas l’éternelle condition de son talent d’être inégal et imparfait. […] La condition, ce sera la perfection du style, la perfection humaine, possible, plus difficile de nos jours, mais plus glorieuse. […] Vous trouvez là un reflet pittoresque des causeries de salon, si ingénieuses et quelquefois si ardentes,, qui partageaient la société — nous disions presque alors « le siècle » — en deux camps ennemis ; la rime faisait alors une question ; on s’occupait de l’enjambement, de la composition, de la couleur, petites choses à présent, pour lesquelles se disputaient sérieusement de grands esprits, qui, depuis, sont devenus petits en présence de questions grandes ; grandes, toutefois, à la condition qu’elles ne dureront pas plus de huit jours. […] Le parterre ne fait plus de conditions aux auteurs connus ; il ne siffle ni n’applaudit. […] En France, nul ne peut prétendre à la gloire des écrits durables, s’il n’en a subi toutes les conditions, s’il n’en a connu toutes les fatigues, celle surtout de tempérer toutes ses facultés les unes par les autres, et de se contenir en même temps qu’il s’abandonne.

1330. (1926) La poésie de Stéphane Mallarmé. Étude littéraire

Les conditions utiles à une fortune politique le deviennent à une fortune littéraire. […] Si l’on jugeait ainsi les écoles esthétiques et les œuvres d’art, on placerait le symbolisme à un rang bien inférieur, d’abord parce qu’Il a peu produit, et ensuite parce que la tour d’ivoire où la perspicacité de Sainte-Beuve renfermait déjà son premier précurseur Alfred de Vigny, la contemplation du poète autour de son âme, réalisent bien des conditions de stérilité. […] Alternativement la matière est exaltée comme condition expressive de l’Idée, décriée comme sa négation. […] Mais cet être, dans la formule de qui la pensée vivante cherche à triompher de ses conditions logiques, il ne le place point, d’une manière platonicienne, comme une assise ; il le suscite comme un couronnement : il est le mystique du non-être. […] La paramnésie semble ici un coup d’aile pour dépasser les conditions du temps, comme l’analogie en un éclair annule les divisions de l’espace et de la logique.

1331. (1897) La vie et les livres. Quatrième série pp. 3-401

Mais je ne sais pas si la science positive, qui veut plus d’alacrité et moins de songes, s’accommode aussi bien de ces conditions. […] Les règles générales dont ce jeune ambitieux s’impose l’observance peuvent s’adapter davantage à notre condition. […] Charles de Rouvre montre, sans réticences, la condition qui est faite par nos mœurs et par nos règlements à la femme qui veut s’émanciper par son travail. […] Cette condition est formelle. […] Historien de l’art, il se conforme d’abord à la première condition que l’on doit exiger de tous ceux qui veulent se hausser à ce métier difficile et délicat.

1332. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre II. Le théâtre. » pp. 2-96

. —  Leur condition et leur vie […] Quarante poëtes, parmi eux dix hommes supérieurs, et le plus grand de tous les artistes qui avec des mots ont représenté des âmes ; plusieurs centaines de pièces et près de cinquante chefs-d’œuvre ; le drame promené à travers toutes les provinces de l’histoire, de l’imagination et de la fantaisie, élargi jusqu’à embrasser la comédie, la tragédie, la pastorale et le rêve ; jusqu’à représenter tous les degrés de la condition humaine et tous les caprices de l’invention humaine ; jusqu’à exprimer toutes les minuties sensibles de la vérité présente et toutes les grandeurs philosophiques de la réflexion générale ; la scène dégagée de tout précepte, affranchie de toute imitation, livrée et appropriée jusque dans ses moindres parties au goût régnant et à l’intelligence publique : il y avait là une œuvre énorme et multiple, capable par sa flexibilité, sa grandeur et sa forme, de recevoir et de garder l’empreinte exacte du siècle et de la nation1. […] La nation est armée, chaque homme est élevé en soldat, tenu d’avoir des armes selon sa condition, de s’exercer le dimanche et les jours de fête ; depuis le yeoman jusqu’au lord, la vieille constitution militaire les tient enrégimentés et prêts à l’action. […] —  Et l’heureuse âme, qui tout à l’heure sera plongée dans des flots de feu, —  ou résidera dans des régions frissonnantes barrées d’une triple enceinte de glace, —  ou sera emprisonnée dans les vents aveugles, et roulée avec une violence incessante tout autour de ce monde suspendu, —  ou, pis que le pire de tout cela, —  au-delà de ce que les pensées sans loi ni limite imaginent, hurlantes, —  c’est trop horrible27. » Les plus grands parlent avec une résignation morne de la grande obscurité infinie qui enveloppe notre pauvre petite vie vacillante, de cette vie qui n’est qu’une « fièvre anxieuse », de cette triste condition humaine qui n’est que passion, déraison et douleur, de cet être humain qui lui-même n’est peut-être qu’un vain fantôme, un rêvé douloureux de malade.

1333. (1895) Impressions de théâtre. Huitième série

C’est un morceau de haut goût, violemment plaisant par le contraste que font la dignité du langage, la majesté des arguments et l’élévation des pensées avec l’objet de la plainte et la condition de l’orateur. […] Savez-vous à quelle condition j’aimerais pleinement le héros de Dumas ? […] Les conditions du petit drame sont toutes naturelles et vraies ; et l’angoisse, une angoisse effroyable et grandissante, en sort toute seule. […] Oui, les conditions naturelles, inéluctables, d’un régime de suffrage universel forcent le juste lui-même, dès qu’il entre dans cet engrenage, à « pécher » bien plus de sept fois par jour. […] Il s’agit donc de trouver des intonations, des cris, des rires, des gestes, des mines qui correspondent à ces divers chatouillements, en tenant compte des différences d’âge, de condition sociale et de circonstances.

1334. (1905) Promenades philosophiques. Première série

. — Une vie comme ça, celle que Dieu me donnerait, sans autres conditions. […] N’ayant pas besoin des hommes, il évolue en dehors des conditions sociales ; il est très souvent au-dessus de son temps et toujours à côté. […] Elles sont une des conditions de la vie. […] Comment donc dans ces conditions a-t-on pu finir par associer l’idée de travail et l’idée de dignité ? […] S’il y a une morale absolue, elle est nécessairement contenue dans la vie, elle se confond avec les conditions mêmes de l’activité universelle.

1335. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIVe entretien. Alfred de Vigny (1re partie) » pp. 225-319

Ce fut la même année et le même mois où j’entrai, aux mêmes conditions et au même titre, dans les gardes du corps. […] Vous les tuez, en leur refusant le pouvoir de vivre selon les conditions de leur nature. — On croirait, à vous voir en faire si bon marché, que c’est une chose commune qu’un Poëte. — Songez donc que lorsqu’une nation en a deux en dix siècles, elle se trouve heureuse et s’enorgueillit. […] Lève-toi, créature de Dieu, faite à son image, et admire-toi encore dans cette condition !

1336. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIe entretien. L’homme de lettres »

Tous deux nés dans une condition moyenne, et tous deux sans fortune, ils errèrent longtemps par le monde, et n’écrivirent que vers l’âge de quarante ans, lorsque l’expérience et le malheur eurent mûri leurs pensées. […] Dénué de toute prévoyance, ne suivant que sa fantaisie, il s’éloigna, par une sorte d’instinct, de tout ce qui aurait pu élever sa condition en lui imposant quelque gêne. […] G…, que les malheurs de la révolution avait contrainte à cette condition, à la fois humble et noble, de former des enfants à la science et à la vertu.

1337. (1888) Portraits de maîtres

Il ne pouvait naître dans d’autres conditions car sur presque toutes ces enfances de poète et de romancier ont pesé des tristesses de famille, aussi bien pour Michelet que pour Lamartine, pour Quinet autant que pour Victor Hugo. […] C’est l’amour, volontaire dans son origine, légal dans ses conditions, assez profondément moral pour susciter par son énergie les œuvres de l’intelligence et du cœur. […] Cette dernière condition d’un enseignement à la française, Michelet l’a possédée au plus haut degré : il a fait, mieux que tout autre, du professorat ce qu’il doit être par intervalle, au moment décisif d’une leçon, ce que Schiller appelait une prédication laïque. […] C’est l’ange Rachel qui, pour avoir un moment oublié les souffrances du Christ. à la vue d’Ahasvérus condamné, a été réduit à la condition féminine et voué à la compagnie de la vieille Mob, c’est-à-dire de la Mort. […] Comme l’homme a aujourd’hui la perception obscure des organisations précédentes qui grondent dans son sein, de même les êtres supérieurs, dont le monde est éternellement en travail, auront la perception distincte des conditions de vie antérieure dans une conscience plus claire et moins troublée par le bruit du chaos.

1338. (1902) Le problème du style. Questions d’art, de littérature et de grammaire

L’étude de Racine ne deviendra profitable que dans plusieurs siècles et seulement à condition que, complètement publié, il semble entièrement nouveau, entièrement étranger, tels que sont devenus pour le public d’aujourd’hui Adenèsli Rois ou Jean de Meung . […] Les généralités et les généralisations sont utiles ; mais à la condition qu’on en connaisse bien la fausseté fondamentale et que l’on sache que ce qui est exact dans l’ensemble est inexact en particulier. […] La phrase toute faite est là condition même de la clarté d’un style. […] Son cerveau (c’est le sien qu’il explique, nécessairement) était dans les conditions requises pour déterminer un style pictural. […] Mais, comme il appartient à la parole de précipiter ou de ralentir l’émission des sons, de les rendre lourds ou légers, lents ou brefs, on reconnaîtra encore instinctivement six syllabes, dans les mêmes conditions de ton, à ce demi-vers ainsi modifié : la douce fleur que j’aimais — la douce femme que j’aimais.

1339. (1716) Réflexions sur la critique pp. 1-296

Ces deux poëmes ne manquent d’aucune des conditions qu’on prétend essentielles à l’épopée. […] Quand Pâris doit combattre contre Ménélas, et qu’il faut aller avertir Priam de venir offrir un sacrifice, et jurer la paix aux conditions convenuës, lui envoye-t-on d’autres hommes que ces heraults ? […] Le Bossu n’ont rien dit de cette condition. […] Il y a, ce me semble, trois conditions essentielles à une image ; la netteté, l’unité et la force. […] Il me semble que ces trois conditions manquent à l’image d’Homere, même dans Me D qui la corrige beaucoup.

1340. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIe entretien. Littérature politique. Machiavel » pp. 241-320

Il prit en apparence le succès pour un dogme ; il oublia que la moralité est la première condition des actes publics ; il crut aux deux morales, la petite et la grande ; comme Mirabeau, son élève et son égal, il matérialise la politique en la réduisant à l’habileté, au lieu de la spiritualiser en l’élevant à la dignité de vertu : mais, à cette faute près, faute punie par la mauvaise odeur de son nom, il fut honnête homme ; il fut même chrétien dans sa foi et dans ses œuvres ; il fut en même temps le plus parfait artiste en ambition que le monde moderne ait jamais eu à étudier pour connaître les hommes et les choses ; son malheur fut d’être artiste, et de donner dans le même style et avec le même visage des leçons de tyrannie et des leçons de liberté. […] » XV Dans un chapitre qui semble écrit par Bossuet, Machiavel démontre, par les exemples de Moïse, de Cyrus, de Romulus, de Thésée et d’autres fondateurs de dynastie, que plus ils sont partis d’en bas, plus ils ont dû tout à leur mérite, plus ils ont pu s’affermir dans leur élévation ; mais que sans la fortune, qui n’est que la prédisposition du peuple, et sans l’occasion, qui est la condition nécessaire et divine de toute grandeur, ils n’auraient pu que rêver leur ambition, jamais l’accomplir.

1341. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (3e partie) » pp. 5-79

Hugo va chercher pour son héros du bagne, en 1818, la considération publique où elle est, dans une addition bien faite, dans une fortune acquise sou par sou, en faisant, par charité, travailler une multitude d’ouvriers chastes et probes, à condition que la journée de chacun et de chacune lui rapporterait à lui-même un bon bénéfice ! […] Mais, avant de foudroyer ces héros, ils leur offrent les conditions honorables des champs de bataille civilisés.

1342. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre VI. Bossuet et Bourdaloue »

Il faut que la raison renonce à rien savoir, à rien comprendre, ou bien qu’elle accepte ces dogmes, qui la dépassent, et qui sont la condition de toute connaissance, la source de toute intelligibilité. […] Pour cela, il n’est pas besoin de fuir le monde : on peut se sauver dans toutes les conditions.

1343. (1856) Cours familier de littérature. I « Ier entretien » pp. 5-78

Alors commençait entre ces trois hommes, d’âge, d’esprit et de condition si divers, un entretien d’abord familier comme le voisinage et nonchalant comme le loisir sans but ; mais bientôt après l’entretien sortait des banalités de la simple conversation ; il s’élevait par degrés jusqu’à la solennité d’une conférence sur les plus graves sujets de la philosophie, de la politique et de la littérature. […] c’est par la vertu même de ce travail à mort qui est ma condition.

1344. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — III. (Fin.) » pp. 246-261

» Et il n’accepta le dîner du lendemain qu’à la condition formelle que l’abbé de Caveyrac n’en serait pas.

1345. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — I. » pp. 131-146

Aussi n’est-ce point une vaine pensée de croire que les corps des hommes illustres ne sont pas tout à fait mortels, et qu’il y a quelque esprit au-dehors qui ne se détache jamais des linéaments admirables dont la nature marque les gens de cette condition, en sorte que dans leurs portraits on connaît leurs génies, et qu’on y voit toujours je ne sais quoi de vif : ainsi qu’aux médailles antiques on dirait que ces têtes romaines respirent encore dans le métal quelque chose de leur vieille vertu.

1346. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Vicq d’Azyr. — II. (Fin.) » pp. 296-311

C’est en ces termes qu’un moraliste de société, le duc de Lévis, commence un chapitre assez piquant sur les médecins qui étaient en vogue vers 1774 ; et au nombre des conditions requises alors pour réussir, indépendamment des talents propres à la profession, il met un esprit délié, la connaissance et l’usage du monde, des manières agréables : « Mais, avant tout, il fallait qu’ils eussent ou qu’ils feignissent un cœur sensible. » On retrouve quelque chose de ce soin et de cette prétention dans les éloges de Vicq d’Azyr.

1347. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — III » pp. 90-104

Quant à la paix qui venait de se conclure, il l’estimait désavantageuse à la France et, funeste, non seulement pour les conditions, mais aussi en ce qu’elle allait laisser vacants et sans emplois tant de grands capitaines, qui n’eurent plus qu’à « s’entremanger » ensuite dans les guerres civiles, et tant de soldats aguerris qui, faute de pain, durent prêter leurs bras aux factions qui les enrôlèrent.

1348. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Les Chants modernes, par M. Maxime du Camp. Paris, Michel Lévy, in-8°, avec cette épigraphe. « Ni regret du passé, ni peur de l’avenir. » » pp. 3-19

Les vers de M. du Camp ne répondent qu’en partie aux conditions qu’il a posées dans sa préface.

1349. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Mémoires et journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guettée. — II » pp. 263-279

Je comparerais à quelques égards, et sauf toutes les différences de la condition et du saint caractère, mais en ne pensant qu’à la bonté et au génie, cette vieillesse déclinante de Bossuet à celle du grand Corneille.

1350. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Questions d’art et de morale, par M. Victor de Laprade » pp. 3-21

Il eut l’honneur d’être le premier académicien nommé dans ces conditions ; car jusqu’alors (à moins d’être évêque) tout académicien était censé résider à Paris.

1351. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mélanges religieux, historiques, politiques et littéraires. par M. Louis Veuillot. » pp. 44-63

Mais je vais plus loin et je ne suis pas au bout : — Cet homme, — un autre homme encore, — est arrivé à admettre, à comprendre, à croire non-seulement la Création, non-seulement l’idée d’une Puissance et d’une Intelligence pure, distincte du monde, non-seulement l’incarnation de cette Intelligence ici-bas dans un homme divin, dans l’Homme-Dieu ; mais il admet encore la tradition telle qu’elle s’est établie depuis le Calvaire jusqu’aux derniers des Apôtres, jusqu’aux Pères et aux pontifes qui ont succédé ; il tient, sans en rien lâcher, tout le gros de la chaîne ; il est catholique enfin, mais il l’est comme l’étaient beaucoup de nos pères, avec certaines réserves de bon sens et de nationalité, en distinguant la politique et le temporel du spirituel, en ne passant pas à tout propos les monts pour aller à Rome prendre un mot d’ordre qui n’en peut venir, selon lui, que sous de certaines conditions régulières, moyennant de certaines garanties ; et ce catholique, qui n’est pas du tout un janséniste, qui n’est pas même nécessairement un gallican, qui se contente de ne pas donner dans des nouveautés hasardées, dans des congrégations de formation toute récente, dans des résurrections d’ordres qui lui paraissent compromettantes ; — ce catholique-là, parce qu’il ne l’est pas exactement comme vous et à votre mode, vous l’insulterez encore !

1352. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mélanges religieux, historiques, politiques et littéraires. par M. Louis Veuillot. » pp. 64-81

Veuillot et de la tolérance passée dans nos mœurs que, du moment qu’il s’est trouvé, ou à peu près, réduit au silence, personne ne lui en a plus voulu ; on a oublié l’injure pour ne songer qu’au talent, pour regretter même de ne plus rencontrer ce talent chaque matin, à la condition, s’il était possible, d’un moins âpre emploi.

1353. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Chateaubriand, jugé par un ami intime en 1803, (suite et fin) » pp. 16-34

Être en histoire littéraire et en critique un disciple de Bacon, me paraît le besoin du temps et une excellente condition première pour juger et goûter ensuite avec plus de sûreté.

1354. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Térence. Son théâtre complet traduit par M. le marquis de Belloy »

Traduire en vers surtout est une entreprise qui suppose entre l’auteur et les lecteurs certaines conditions convenues, qui doivent changer d’un âge à l’autre.

1355. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte. »

Une réflexion m’obsède, et qui sera venue certainement à d’autres que moi : goûtons, bénissons les douceurs de la civilisation acquise, et admirons comme en ces temps-là la condition des plus honnêtes gens n’avait rien de garanti ni d’assuré.

1356. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Lettres d’Eugénie de Guérin, publiées par M. Trébutien. »

L’avantage qu’il y a à passer à l’état de type, c’est que quand vous n’avez pas tout ce qu’il faut pour remplir la condition, on vous le prête ; on vous donne le coup de pouce en beau et l’on vous achève.

1357. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, par M. J. Zeller. Et, à ce propos, du discours sur l’histoire universelle. (suite.) »

Dans une analyse sincère de ce célèbre Discours de Bossuet, on est aujourd’hui entre deux écueils : ou bien l’on entre absolument dans la vue de l’auteur, on se place à son point de perspective historique surnaturelle, on y abonde avec lui, et l’on choque alors l’esprit de bon sens qui prévaut généralement dans l’histoire et qui a cause gagnée chez la plupart des lecteurs ; ou bien l’on résiste, au nom de ce bon sens, on s’arrête à chaque pas pour relever les hardiesses de crédulité, les intrépidités d’assertion sortant et se succédant d’un air de satisfaction et de triomphe, on se prend à discuter cette série d’explications miraculeuses acceptées sur parole, imposées avec autorité, avec pompe, et l’on se met par là en dehors du plan de l’auteur et des conditions du monument.

1358. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « La civilisation et la démocratie française. Deux conférences par M. Ch. Duveyrier »

Dans toutes les conditions et toutes les carrières, en quelque rang que la fortune les ait fait naître, nombre de natures généreuses s’y livrent par le seul entraînement d’une vocation irrésistible. » M. 

1359. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. (Suite et fin.) »

C’était donc, à tous égards, une résolution inexplicable que celle qui, après dix ans d’une pareille oisiveté, le plaçait pour la première fois à la tête d’une armée et dans des conditions aussi critiques que celles d’alors.

1360. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand »

Sa motion d’ailleurs, dans son principe, était accompagnée de certaines conditions atténuantes et de dédommagements pour les individus.

1361. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « GLANES, PÖESIES PAR MADEMOISELLE LOUISE BERTIN. » pp. 307-327

Serait-ce qu’aujourd’hui une certaine élévation d’idées, chez le poëte, se prête moins qu’autrefois à la pratique et aux conditions du drame ?

1362. (1900) L’état actuel de la critique littéraire française (article de La Nouvelle Revue) pp. 349-362

C’est dans ces conditions peu brillantes que la critique est faite, sauf au Temps et aux Débats où il y a un fonctionnaire régulier et titularisé ; au Journal il y a, rarement, une critique des livres où M. 

1363. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 15 janvier 1887. »

La Revue Wagnérienne, partant des principes que nous estimons ceux du véritable wagnérisme, jugera, avec l’entière, l’absolue indépendance qu’exige sa situation spéciale et qui est incompatible avec les conditions d’existence de la plupart des autres publications, les faits wagnériens qui s’annoncent pour Issy.

1364. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXII » pp. 355-377

Peu de temps après, un mot tout à fait inattendu, que le roi prononça tout simplement et comme par habitude, marqua l’époque d’un changement heureux dans la condition de la gouvernante.

1365. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre XI. Quelques philosophes »

» Car toute joie se veut elle-même et, se voulant, elle veut toutes les conditions qui lui ont permis de naître.

1366. (1876) Du patriotisme littéraire pp. 1-25

J’accorderais volontiers à l’italien, à l’espagnol leurs privilèges de douceur, de sonorité, mais à la condition expresse de ne pas convertir ces privilèges en monopoles.

1367. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 16, des pantomimes ou des acteurs qui joüoient sans parler » pp. 265-295

On peut ajouter à cela ce que dit Gallien dans ses pronostics : qu’ayant été appellé pour voir une femme de condition attaquée d’une maladie extraordinaire, il découvrit par les altérations qui survinrent dans la malade quand on parla d’un certain pantomime devant elle, que son mal venoit uniquement de la passion qu’elle avoit conçûë pour lui, et des efforts qu’elle faisoit pour la cacher.

1368. (1759) Observations sur l’art de traduire en général, et sur cet essai de traduction en particulier

La condition la plus indispensable dans les expressions nouvelles, c’est qu’elles ne présentent au lecteur aucune idée de contrainte, quoique la contrainte les ait occasionnées.

1369. (1899) Psychologie des titres (article de la Revue des Revues) pp. 595-606

La première condition pour un écrivain qui voulait trouver éditeur et lecteurs était de se mettre à la mode anglaise.

1370. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre XI. Seconde partie. Conséquences de l’émancipation de la pensée dans la sphère de la littérature et des arts » pp. 326-349

L’art pittoresque s’applique davantage aux détails de la vie privée : il a moins d’idéal, puisqu’il n’a pas cette sorte d’immobilité qui indique un être élevé au-dessus des passions humaines ; il est donc plus approprié à toutes les conditions de l’état social.

1371. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VI : M. Cousin philosophe »

Or, étant une cause absolue, l’unité, la substance ne peut pas ne pas passer à l’acte, elle ne peut pas ne pas se développer… L’absolu est la cause absolue, qui absolument crée, absolument se manifeste, et qui en se développant tombe dans la condition de tout développement, entre dans la variété, dans le fini, dans l’imparfait, et produit tout ce que vous voyez autour de vous36. » 2° Préface, p. 66.

1372. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre VI. Milton. » pp. 411-519

. —  Conditions d’une véritable épopée. —  Elles ne se rencontrent ni dans le siècle ni dans le poëte. —  Comparaison d’Ève et d’Adam avec un ménage anglais. —  Comparaison de Dieu et des anges avec une cour monarchique. —  Ce qui subsiste du poëme. —  Comparaison entre les sentiments de Satan et les passions républicaines. —  Caractère lyrique et moral des paysages. —  Élévation et bon sens des idées morales. —  Situation du poëte et du poëme entre deux âges. —  Construction de son génie et de son œuvre. […] L’enfer à la main, Milton menace ; il s’enivre de justice et de vengeance parmi les abîmes qu’il ouvre et les flammes qu’il brandit. « Ils seront jetés éternellement dans le plus noir et le plus profond gouffre de l’enfer, sous le règne outrageux, sous les pieds, sous les dédains de tous les autres damnés, qui, dans l’angoisse de leurs tortures, n’auront pas d’autre plaisir que d’exercer une frénétique et bestiale tyrannie sur eux, leurs serfs et leurs nègres, et ils resteront dans cette condition pour toujours, les plus vils, les plus profondément abîmés, les plus dégradés, les plus foulés et les plus écrasés de tous les esclaves de la perdition482. » La fureur ici monte au sublime, et le Christ de Michel-Ange n’est pas plus inexorable et plus vengeur. […] Entendre « l’alouette qui prend son essor et de son chant éveille la nuit morne jusqu’à ce que se lève l’aube tachetée ; le laboureur qui siffle sur son sillon ; la laitière qui chante de tout son cœur ; le faucheur qui aiguise sa faux dans le vallon sous l’aubépine » ; voir les danses et les gaietés de mai au village ; contempler les pompeuses processions et « le bourdonnement affairé de la foule dans les cités garnies de tours » ; surtout s’abandonner à la mélodie, aux enroulements divins des vers suaves, et aux songes charmants qu’ils font passer devant nous dans une lumière d’or, voilà tout497 ; et aussitôt, comme s’il était allé trop loin, pour contrebalancer cet éloge des joies sensibles, il appelle à lui la Mélancolie498, « la nonne pensive, pieuse et pure, enveloppée dans sa robe sombre, aux plis majestueusement étalés, qui, d’un pas égal, avec une contenance contemplative, s’avance, les yeux sur le ciel qui lui répond, et son âme dans les yeux. » Avec elle il erre parmi les graves pensées et les graves spectacles qui rappellent l’homme à sa condition, et le préparent à ses devoirs, tantôt parmi les hautes colonnades d’arbres séculaires dont les dômes entretiennent sous leur abri le silence et le crépuscule, tantôt dans « ces pâles cloîtres studieux, où, sous les arches massives, les vitraux, les riches rosaces historiées jettent une obscure clarté religieuse », tantôt enfin dans le recueillement du cabinet d’étude, où chante le grillon, où luit la lampe laborieuse, où l’esprit, seul à seul avec les nobles esprits des temps passés, évoque Platon pour apprendre de lui « quels mondes, quelles vastes régions possèdent l’âme immortelle, après qu’elle a quitté sa maison de chair et le petit coin où nous gisons499. » Il était rempli de cette haute philosophie. […] et quelle cruelle condition que de subir pendant toute l’éternité ses propres louanges522 !

1373. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) «  Chapitre treizième.  »

Il nous dit quelles formes diverses il affecte selon les conditions et les personnes ; ses commencements, sa contagion ; comment le mal s’étend de la partie affectée aux parties saines ; comment les passions s’enchaînent ; comment, pour me servir de ses paroles, ces passions que nous chérissons introduisent l’une après l’autre, pour ainsi parler, leurs compagnes qui nous font horreur118. […] Le prince inutile au bien du peuple est puni aussi bien que le méchant qui le tyrannise… Le prince ne doit rien donner à son ressentiment et à son humeur… Le prince doit commencer par soi-même à commander avec fermeté, et se rendre maître de ses passions… Le prince doit savoir la loi et les affaires ; connaître les hommes et se connaître lui-même ; aimer la vérité et déclarer qu’il la veut savoir ; être attentif et considéré ; écouter et s’informer ; prendre garde à qui il croit et punir les faux rapports ; éviter les mauvaises finesses ; savoir se résoudre par soi-même133 », etc… Changez le nom du souverain, prince ou peuple, sénat ou président de république, pouvoir pondéré ou absolu, à quelle forme de gouvernement l’esprit de liberté le plus jaloux peut-il faire des conditions plus sévères que celles que fait Bossuet à la monarchie absolue ? […] Il offrait de tout quitter, même sa place de précepteur, à la seule condition qu’on lui montrât clairement par où il avait failli. […] Il y mettait pour première condition qu’on déclarât le concile de Trente au moins comme suspensif en ce qui regarde les protestants.

1374. (1902) Symbolistes et décadents pp. 7-402

Or, si un paysage est donc à toute minute modifiable en toutes les impressions qu’il suggère par ses conditions même d’existence, que plus complexe, plus modifiable encore est un phénomène humain, un phénomène psychique, dont nous ne pouvons guère percevoir le heurt que lorsqu’il s’est produit et va s’effaçant. Nous ne ressentons une impression mentale ou affective, qu’en vertu de l’existence antérieure d’une autre impression ; ces phénomènes sont variés par l’heure de la vie, la disposition initiale, l’atavisme, la santé générale de l’individu, sa santé momentanée, ses conditions de force, de normalité, le nombre des expériences acquises, l’essence de l’individu, plus toutes les mêmes conditions de variations chez l’être ou les êtres avec lequel il est en contraste. […] L’indignation a été assez profonde, et je la conçois chez de purs artistes épris de lyrisme, qui jugent la réalité un simple élément d’art, ou plutôt un ensemble de conditions dont quelques-unes peuvent permettre de faire de l’art ; mais je ne saisis pas bien la pudeur générale des critiques. […] Tandis que le vers classique ou romantique n’existe qu’à la condition d’être suivi d’un second vers ou d’y correspondre à brève distance, ce vers pris comme exemple possède son existence propre et intérieure. […] Nul ne peut interdire à l’écrivain des développements sociologiques, mais à la condition qu’il en fasse de l’art ; pour nettifier, concevons le même exemple, celui de Bellamy, qui ne fait point d’art puisqu’il ne nous donne aucune jouissance esthétique, et qui ne fait point non plus de sociologie, puisqu’il répète des choses trop sues.

1375. (1910) Propos de théâtre. Cinquième série

Or nous venons devoir que l’inattendu peut suffire à expliquer le rire et nous verrons peut-être qu’il en est même l’élément essentiel, en tant qu’il en est la condition nécessaire. […] Dans ces conditions il ne peut être qu’amoral, c’est-à-dire tout à fait, je ne dis pas indifférent (je n’en sais rien), mais indépendant relativement au point de vue éthique. […] Dans ces conditions (encore que je croie bien que la commande doit être du commencement de 1670) les arguments tirés du deuil d’Henriette d’Angleterre ne sont pas suffisamment solides. […] Pure et sans tache, je me suis livrée sans condition et sans arrhes… J’accepte mon malheur sans confusion et sans colère ; je ne réclame la protection ni l’indulgence de personne ; la conscience de ma loyauté suffit à calmer mes remords… Dieu a sondé mon cœur et sait pourquoi j’ai failli. […] Comme le mariage et l’amour peuvent très bien exister en dehors de ces deux conditions, la vérité du tableau n’a rien à faire avec les institutions.

1376. (1888) La vie littéraire. Première série pp. 1-363

Ce que nous avons de mieux à faire, ce me semble, c’est de reconnaître de bonne grâce cette affreuse condition et d’avouer que nous parlons de nous-mêmes chaque fois que nous n’avons pas la force de nous taire. […] Ils ont procédé, dans des conditions que les invasions et le mélange des races rendaient très difficiles, à une organisation nouvelle de la société humaine, qui représente une somme de travail et d’efforts dont on reste étonné. […] Nous avons de fortes raisons de croire qu’au début de la guerre de Cent ans la condition des paysans était généralement bonne en France. […] Pour nous apparaître, il faut que la vie se manifeste dans des conditions très particulières de température. […] Thiers, à la condition qu’il signât le livre avec Félix Bodin.

1377. (1880) Une maladie morale : le mal du siècle pp. 7-419

» Ici se placent des réflexions sur l’humiliation, les dédains que les hauts rangs de la société infligent aux conditions plus modestes, et qui se terminent par ces mots : « Allons ! […] Sans l’écroulement de la société française, il aurait mené l’existence douce et réglée à laquelle sa condition le destinait. […] Il a tout changé pour elle, patrie, condition, figure, esprit. […] Selon lui, Joseph, né dans une famille des plus humbles, après avoir passé son enfance dans des conditions heureuses, mais ordinaires, était devenu médecin. […] Il faut donc penser qu’il subissait une influence secrète qui dominait les conditions même de son existence.

1378. (1914) En lisant Molière. L’homme et son temps, l’écrivain et son œuvre pp. 1-315

Sotte condition que celle d’un esclave ! […] Le spernere se sperni est une condition de l’amélioration des hommes. […] L’homme primitif dans ces conditions est vaincu de tous côtés. […] L’égoïsme n’est estimable qu’en fonction de l’altruisme, et l’amour de soi n’est une vertu qu’à la condition qu’on en ait au moins quelques autres. […] Oui, à la condition qu’on accorde que l’amour peut être une simple forme de l’estime.

1379. (1825) Racine et Shaskpeare, n° II pp. -103

.), c’est-à-dire remplissant aujourd’hui, et avec plus ou moins de gaucherie, les conditions que le goût des marquis de 1670 et le ton de la cour de Louis XIV imposait à Racine. […] Protestation Personne plus que moi ne tient que la vie privée des citoyens doit être murée ; ce n’est qu’à cette condition que nous pouvons être dignes de la liberté de la presse. […] La première condition du drame, c’est que l’action se passe dans une salle dont un des murs a été enlevé par la baguette magique de Melpomène, et remplace par le parterre.

1380. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre II. Le Roman (suite). Thackeray. »

C’est un grand honneur pour eux, et aussi une preuve que leur condition est généralement prospère et florissante. […] And a great compliment this is, too, to the professors, and a proof of their generally prosperous and flourishing condition. […] May be, we would rally round the Corn-Laws : we would make a stand against the Reform bill ; we would die rather than repeal the acts against Catholics and Dissenters ; we would, by our noble system of class-legislation, bring Ireland to its present admirable condition.

1381. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. BALLANCHE. » pp. 1-51

A défaut de dérangements physiques, ce sont les douleurs morales qui arrivent comme une condition de la haute pensée, du sentiment profond et du génie. […] Aussi la conviait-il incessamment, cette race antique, à s’identifier avec les destinées de la nation, afin de représenter exactement le principe social, comme c’est le propre et la condition de toute dynastie légitime.

1382. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DE LA MÉDÉE D’APOLLONIUS. » pp. 359-406

Elle se figurait encore qu’elle-même en venait aux prises avec les taureaux, et triomphait de l’épreuve aisément ; mais que ses parents refusaient de tenir leur promesse, parce que ce n’était pas à la jeune fille, mais à lui-même, qu’ils avaient imposé la condition de les dompter ; que de là s’élevait un grand conflit entre son père et les étrangers ; que les deux partis s’en remettaient à elle comme arbitre, pour qu’il en fût selon que son cœur en déciderait ; et qu’elle tout d’un coup, sans plus se soucier de ses parents, faisait choix de l’étranger ; qu’alors ils étaient saisis d’une immense douleur, et qu’ils s’écriaient de colère. […] Pourtant, me relâchant de ma dureté105, à condition que ce ne soit plus sans l’aveu de ma sœur, je verrai si elle me vient prier d’être de quelque secours en cette épreuve, car elle est en grande inquiétude pour ses enfants ; et cela m’éteindrait dans le cœur une peine funeste. » Remarquez ce qui suit et quelle est la logique de la passion : Médée vient de se dire pour conclusion qu’elle attendrait que sa sœur vînt la première à elle pour requérir secours ; et, en conséquence, voilà qu’elle-même se dispose à faire les premiers pas au-devant de sa sœur.

1383. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIe entretien. L’Imitation de Jésus-Christ » pp. 97-176

Ce gouvernement occulte, mais sacré, de la créature, voilà le seul progrès et la seule transformation assurés de la destinée humaine ici-bas, car l’homme n’a qu’un moyen de transformer sa condition mortelle : c’est de la sanctifier ; l’homme n’a qu’un moyen de transformer sa nature : c’est de la diviniser ; l’homme n’a qu’un moyen de diviniser sa volonté : c’est de l’unir par l’humilité résignée et laborieuse à la volonté divine, et, d’homme qu’il est par la chair, de vouloir avec Dieu par l’esprit ce que Dieu lui-même veut en lui ! […] La mort de tout est la condition de la vie universelle.

1384. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre neuvième »

Enfin, le langage, au lieu d’être un art, n’est plus que la nature elle-même parlant par la bouche des personnages, selon le sexe, le caractère, la passion, la condition. […] Par l’élévation de leur condition, les personnages du Misanthrope voient les choses de plus haut ; leurs paroles ont plus de portée que dans la comédie bourgeoise.

1385. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 juillet 1885. »

Il cherchait la femme, près de laquelle il n’eût pas besoin de s’expliquer, ni de se justifier, mais qui l’aimat sans condition. […] L’Association, d’abord, est largement ouverte ; les conditions d’admission ont été rendues aussi faciles que possible ; les membres de l’association paient une cotisation annuelle de cinq francs.

1386. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VI »

Mallarmé) « ne s’applique point, même comme leur élargissement sublime, à d’antiques conditions, mais éclate la génératrice de toute vitalité. » « La musique ne s’applique point, même comme leur élargissement sublime, à d’antiques conditions, mais éclate la génératrice de toute vitalité… » Richard Wagner comprit l’art, ayant compris enfin la musique.

1387. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XVIII. »

On ne saurait étudier dans toute leur étendue le sujet et la forme de ses chants, sans être frappé de l’affinité naturelle qui, à des époques éloignées, sous des conditions sociales fort différentes, a souvent réuni dans la même personne, pour la même croyance et pour les mêmes admirateurs, le prêtre, le philosophe et le chantre lyrique. […] Enivré à la coupe de la douce liqueur, j’ai effleuré les bords du mal ; j’ai heurté contre le piège ; j’ai senti la malédiction de Prométhée ; mais le dégoût m’a pris dans ces conditions changeantes.

1388. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Nouveaux voyages en zigzag, par Töpffer. (1853.) » pp. 413-430

Des vieillards, des petits garçons, des jeunes filles, des mères et leurs nourrissons ; toutes les poses de la dévotion naïve, du recueillement craintif, de l’humilité respectueuse ; toutes les attitudes de la fatigue qui s’endort, de l’attention qui se lasse, et aussi de cette oisiveté de l’âme pour laquelle le culte catholique ne se montre jamais sévère, à la condition que les doigts roulent les grains d’un chapelet et que la langue murmure des prières.

1389. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Œuvres de François Arago. Tome I, 1854. » pp. 1-18

Même lorsque, venus ensuite dans nos régions et sur notre terrain, nous les voyons en faute et manquant à certaines conditions de convenance ou de forme qui sautent aux yeux, et que d’autres, de bien moindres, observeraient mieux qu’eux peut-être, souvenons-nous du sommet où ils sont précédemment montés.

1390. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — I. » pp. 19-35

Les écrivains dits spirituels et mystiques, à force de sentir cette condition de l’homme souffrant, dénué et orphelin, qui n’a pas cessé d’être dans un rapport intime avec un Dieu aussi tendre et aussi miséricordieux que puissant, ont eu des paroles qui semblent annoncer une exaltation excessive et une certaine ivresse.

1391. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Bossuet. Lettres sur Bossuet à un homme d’État, par M. Poujoulat, 1854. — Portrait de Bossuet, par M. de Lamartine, dans Le Civilisateur, 1854. — I. » pp. 180-197

Un orateur, je le sais, n’est pas une vierge ; la première condition de l’orateur, même sacré, est d’oser et d’avoir du front : mais quel front que celui de Bossuet !

1392. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Léopold Robert. Sa Vie, ses Œuvres et sa Correspondance, par M. F. Feuillet de Conches. — II. (Fin.) » pp. 427-443

Il rassemblait donc toutes les objections quand il répondait à son ami qui le sollicitait tendrement sur ce point sensible, et il se contentait de rendre hommage à une condition morale qu’il appréciait si bien, et dont les douceurs, s’il avait pu s’y engager, dont les chagrins même eussent sans doute contribué à le sauver : Combien je me rappelle, disait-il à M. 

1393. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — I. » pp. 446-462

Seulement ce n’étaient là que des aspirations d’une âme ardente et, par ce côté, plus germanique que française ; il manquait à cette muse novice et trop contrainte la première condition d’une poésie faite pour charmer, la grâce de ces heureux mortels qui sont nés avec un talisman dans leur berceau et avec la flûte d’ivoire sur les lèvres.

1394. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal du marquis de Dangeau — I » pp. 1-17

[NdA] Dangeau, nommé ambassadeur en Suède, s’adressait à Chapelain pour lui demander s’il ne connaîtrait pas « quelque homme de bien et d’érudition qui pût, à des conditions honorables, lui tenir compagnie pendant son voyage de Suède, et lui servir soit par la conversation, soit par la lecture des bons livres anciens et modernes, le divertir des objets désagréables, etc. » C’est ce qu’on apprend d’une lettre (manuscrite) de Chapelain au marquis de Dangeau, datée d’avril 1671.

1395. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres complètes de Saint-Amant. nouvelle édition, augmentée de pièces inédites, et précédée d’une notice par M. Ch.-L. Livet. 2 vol. » pp. 173-191

La vraie critique, telle que je me la définis, consiste plus que jamais à étudier chaque être, c’est-à-dire chaque auteur, chaque talent, selon les conditions de sa nature, à en faire une vive et fidèle description, à charge toutefois de le classer ensuite et de le mettre à sa place dans l’ordre de l’art.

1396. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — III » pp. 476-491

Nulle part cet atticisme (ne vous en en étonnez pas) ne s’offre dans de meilleures conditions, avec ses qualités propres et sincères, que chez les vieilles femmes qui ont du bon sens et du monde, et qui ont eu le temps de se débarrasser des faux goûts et des fausses expressions que la mode avait mis en circulation dans leur jeunesse.

1397. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Tallemant et Bussy ou le médisant bourgeois et le médisant de qualité » pp. 172-188

Avec Tallemant on est avec une tout autre nature d’homme, d’une autre condition et d’un autre tempérament.

1398. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « L’abbé de Marolles ou le curieux — I » pp. 107-125

Marolles, qui joindra plus tard (1627) à ce premier bénéfice l’abbaye de Villeloin, plus considérable, et qui en prit occasion de recevoir l’ordre de prêtrise moins par vocation que par convenance (les bulles y mettant cette condition), fut lié avec quelques-uns de messieurs de Port-Royal, fort sévères sur ce genre d’abus et de d’irrégularités ; mais, tout en se prévalant de leur amitié et en la leur rendant par de bonnes paroles et des témoignages publics d’intérêt, il ne fut touché en aucun temps de scrupules sur la manière dont il était entré dans les bénéfices et dans le sacerdoce ; il avait le christianisme assez large et coulant, et n’était rien moins que rigoriste, soit pour la doctrine, soit pour les mœurs : se contentant de vivre en honnête homme, comme on disait alors.

1399. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — I » pp. 417-434

Croissez, comme j’ai vu ce palmier de Latone, Alors qu’ayant des yeux je traversai les flots ; Car jadis, abordant à la sainte Délos, Je vis près d’Apollon, à son autel de pierre, Un palmier, don du ciel, merveille de la terre : Vous croîtrez comme lui… Après avoir tenté inutilement de l’acclimater à Berne, le trésorier de Bonstetten permit à son fils de se rendre en Hollande à l’université de Leyde, mais sous la condition expresse qu’il n’y étudierait pas la philosophie : il craignait que ce regard aux choses du dedans ne nuisît à l’observation des faits du dehors ; mais Bonstetten était assez éveillé pour suffire aux deux sortes de vue.

1400. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire de la littérature française à l’étranger pendant le xviiie  siècle, par M. A. Sayous » pp. 130-145

Il avait toutes les qualités et conditions pour en bien parler ; il en sort, il en possède la suite et la tradition.

1401. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Essais de politique et de littérature. Par M. Prevost-Paradol. »

Prevost-Paradol de grandes consolations au milieu de l’échec particulier de ses idées politiques ; il aurait parlé, s’il avait été député ; il aurait écrit ; il aurait… fait précisément, dans des conditions un peu différentes, ce qu’il fait aujourd’hui.

1402. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Biot. Essai sur l’Histoire générale des sciences pendant la Révolution française. »

 » Et il en prend occasion d’exprimer à ce sujet ses propres idées et les conditions qu’il estime indispensables au progrès, à savoir : — alliance et union étroite des sciences et des lettres : « Sans les sciences la nation la plus lettrée deviendrait faible et bientôt esclave ; sans les lettres la nation la plus savante retomberait dans la barbarie ; » — enchaînement des sciences les unes aux autres : « Cette union fait leur force et leur véritable philosophie ; elle seule a été la cause de tous leurs progrès » ; — une certaine liberté et latitude laissée aux professeurs dans la pratique : « Il faut, disait-il, que les professeurs soient guidés et non pas asservis.

1403. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Louis XIV et le duc de Bourgogne, par M. Michelet »

Celui-ci avait trente-huit ans, lorsque le duc de Beauvilliers, nommé gouverneur du jeune prince et chargé en chef de son éducation (1689), ne l’accepta qu’à la condition d’avoir cet aimable ami pour collaborateur, et de se l’associer intimement dans cette tâche délicate.

1404. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Mémoires de l’Impératrice Catherine II. Écrits par elle-même. »

La condition première de son adoption par l’Impératrice de Russie était qu’il embrasserait le rit grec : il avait été élevé d’abord et baptisé dans le rit luthérien.

1405. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Entretiens sur l’architecture par M. Viollet-Le-Duc »

Il ne s’arrête pas à ces subtilités ; pourvu que le vêtement soit ample et solide, qu’il soit digne de la chose vêtue, qu’il fasse honneur à celui qui le fait faire, peu lui importe d’ailleurs s’il ne remplit pas les conditions d’art que recherche le Grec ! 

1406. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Jean-Baptiste Rousseau »

Né en 1669 ou 70 à Paris, d’un père cordonnier, qu’il renia plus tard, ou qu’au moins il aurait certainement troqué très-volontiers contre un autre, Jean-Baptiste Rousseau se sentit de bonne heure l’envie de sortir d’une si basse condition.

1407. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre VIII. De l’invasion des peuples du Nord, de l’établissement de la religion chrétienne, et de la renaissance des lettres » pp. 188-214

Les femmes pendant toute leur vie, les enfants pendant leur jeunesse, étaient soumis à quelques-unes des conditions de l’esclavage.

1408. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre X. De la littérature italienne et espagnole » pp. 228-255

C’est la ruse des enfants envers leurs pédagogues ; ils leur obéissent à condition qu’il leur soit permis de s’en moquer.

1409. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre premier. De l’amour de la gloire »

comment se peut-il que les nations n’y soient jamais restées fidèles, et que le génie seul en ait accompli les conditions ?

1410. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre III. Inconvénients de la vie de salon. »

En tout cas, si on le veut, c’est à la condition sous-entendue qu’on ne sera pas trop dérangé de son train ordinaire et que les sensations de cette nouvelle vie n’ôteront rien aux jouissances de l’ancienne.

1411. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre III. Poésie érudite et artistique (depuis 1550) — Chapitre II. Les tempéraments »

Il s’est trompé sur les conditions du genre : il a cru que l’épopée était une plante de tous climats et de toute saison.

1412. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre 2. La littérature militante »

Cependant les mêmes idées commençaient à agir sur les protestants : de larges esprits s’élevaient parmi eux, qui, revenant aux vrais principes de la première réforme, ne demandaient qu’à mettre d’accord leur conscience religieuse et leur devoir de Français au moyen des conditions posées par L’Hôpital et par Bodin.

1413. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre III. Trois ouvriers du classicisme »

La Poétique de Scaliger est le chef-d’œuvre de ces codifications dogmatiques dont la principale erreur était de prendre les règles pour une méthode infaillible, pour les conditions nécessaires et suffisantes de la perfection littéraire.

1414. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre I. La lutte philosophique »

Par lui, l’Encyclopédie resta ce qu’il l’avait destinée à être : un tableau de toutes les connaissances humaines, qui mit en lumière la puissance et les progrès de la raison ; une apothéose de la civilisation, et des sciences, arts, industries, qui améliorent la condition intellectuelle et matérielle de l’humanité, ce fut une irrésistible machine dressée contre l’esprit, les croyances, es institutions du passé.

1415. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « La comtesse Diane »

Ce qui est intéressant, c’est une nouvelle, un roman, une comédie de mœurs, un portrait, une chronique, un article de journal ; mais un recueil de « pensées » n’a de valeur qu’à la condition que toutes se rapportent à un même point de vue, ou reflètent une même philosophie, ou tendent à nous faire connaître la personne même du moraliste : et alors il faut que cette personne ne soit point la première venue.

1416. (1914) Enquête : L’Académie française (Les Marges)

2º Elle accueillerait, je crois, aujourd’hui, Gustave Flaubert ou Baudelaire, mais à la condition que Gustave Flaubert ou Charles Baudelaire aient écrit en 1914 ce qu’ils écrivirent au siècle dernier.

1417. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre onzième. »

D’autres vérités ne nous persuadent que lentement, soit qu’elles ne s’appliquent pas à notre condition personnelle, soit qu’il faille quelque effort pour les déduire, par le raisonnement, des vérités à notre usage et de notre sphère.

1418. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Oscar Wilde à Paris » pp. 125-145

Alcibiade, chez les Grecs, et Pétrone, chez les Romains, avaient essayé de remonter un courant de vulgarité, mais pour que cet état d’esprit, que l’on a nommé le dandysme, prît toute sa valeur et sa force cohésive, il y fallait des conditions spéciales et la mentalité singulière d’un peuple qui se fait gloire d’une vertu que Stendhal juge d’un ridicule stupide et dont Remy de Gourmont se moquait avec tant d’insistance.

1419. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Marie Stuart, par M. Mignet. (2 vol. in-8º. — Paulin, 1851.) » pp. 409-426

Nourrie à une politique toute de cour et toute personnelle, on lui fit signer à Fontainebleau, lors de son mariage (1558), une donation secrète de l’Écosse aux rois de France, vers le même temps où elle adhérait publiquement aux conditions que les commissaires arrivés d’Écosse mettaient à ce mariage, et où elle leur promettait de conserver l’intégrité, les lois et les libertés de son royaume natal.

1420. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — III. (Suite et fin.) » pp. 47-63

Rarement l’approche de la mort cause de l’irritation : nous savons qu’elle a été la condition de notre existence, et l’on envisage l’éternité du même œil que l’Arabe voit l’entrée du désert dont il ignore la limite.

1421. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Ducis. » pp. 456-473

Tout en s’accommodant avec bonheur de cette condition bourgeoise, il y faisait entrer sans trop d’effort de hautes pensées, et sa modestie domestique prenait un caractère de grandeur morale : Mon père, dit-il quelque part, à propos de je ne sais quel détail de conduite, mon père, qui était un homme rare et digne du temps des Patriarches, le pratiquait ainsi ; et c’est lui qui, par son sang et ses exemples, a transmis à mon âme ses principaux traits et ses maîtresses formes.

1422. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — II. (Suite.) » pp. 149-166

Je tiens pourtant à montrer le philosophe et le politique américain dans ses conditions antérieures, avec son existence déjà si remplie avant son arrivée et sa faveur en France, avant qu’il embrasse Voltaire.

1423. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Paragraphe sur la composition ou j’espère que j’en parlerai » pp. 54-69

Tu m’auras montré le monarque protecteur des conditions subalternes, comme il le doit être ; car ce sont elles qui forment le troupeau et la nation.

1424. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 24, des actions allegoriques et des personnages allegoriques par rapport à la peinture » pp. 183-212

On reconnoît les seigneurs et les femmes de condition qui l’accompagnerent ou qui la reçurent.

1425. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « I »

Un style a du rythme quand on observe les conditions de nombre, d’équilibre et d’euphonie que nous avons indiquées.

1426. (1903) Considérations sur quelques écoles poétiques contemporaines pp. 3-31

Faguet, à condition qu’on ne le chérisse et poursuive point comme une beauté. » On ne réclame rien de tel ici, mais seulement la simple facilité d’en user avec tact, le cas échéant, ce qui est fort différent.

1427. (1887) La banqueroute du naturalisme

En retirant sa faveur et son admiration à l’auteur des Rougon-Macquart le public les retirera-t-il à tant d’autres qui ne réussissent qu’aux mêmes conditions, par les mêmes moyens, et avec un peu plus d’habileté seulement que M. 

1428. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre V : M. Cousin historien et biographe »

Lorsque dans une société la loi consacre des conditions inégales, personne n’est exempt d’insulte ; le grand seigneur, outragé par le roi, outrage le noble qui outrage le peuple ; la nature humaine est humiliée à tous les étages, et la société n’est plus qu’un commerce d’affronts.

1429. (1900) La vie et les livres. Cinquième série pp. 1-352

votre art qui a tant de ressources que le nôtre n’a pas, est-il donc cependant, dans de certaines conditions, plus éphémère que la fragile peinture ? […] Mais je tenais à ce que vous revinssiez sans condition. […] Ce sont des antidotes contre des « états d’âme » ou contre des caractères organiques que nous considérions jusqu’ici comme les signes et comme les conditions de la santé. […] Il discerna, peu à peu, dans les spectacles qui façonnaient sa jeune âme, l’entre-tuerie qui est, depuis longtemps, la condition de la vie universelle. […] disait-il en soupirant, l’homme ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve. » Pierre Nozière, au contraire, s’est réjoui de sa condition.

1430. (1923) Au service de la déesse

Il croit au malheur inévitable de la condition humaine. […] Et l’on remarquera que l’éblouissement n’est pas une excellente condition pour voir clair et juste. […] Pour que cette hypothèse d’histoire naturelle devienne la philosophie générale, dit-il, cette hypothèse a plusieurs conditions à remplir. […] Je veux dire que Flaubert ne dégage pas la science des conditions réelles dans lesquelles l’humanité la fabrique ou la reçoit. […] » il accepte et il glorifie les conditions que le monde impose à un moment nouveau de l’existence.

1431. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre II. La vie de salon. »

Le prince s’offrit ; on accepta, mais à condition que la miniature serait très simple et sans brillants. […] Elle en a un « pour les femmes de condition, un pour les femmes de qualité, un pour les femmes de la cour, un pour les femmes titrées, un pour les femmes d’un nom historique, un autre pour les femmes d’une grande naissance personnelle, mais unies à un mari au-dessous d’elles, un autre pour les femmes qui ont changé par leur mariage leur nom commun en un nom distingué, un autre encore pour les femmes d’un bon nom dans la robe, un autre enfin pour celles dont le principal relief est une maison de dépense et de bons soupers ».

1432. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre deuxième. Les images — Chapitre premier. Nature et réducteurs de l’image » pp. 75-128

. — Dans ce double passage, on peut noter les différences et découvrir les conditions des deux états. […] Lélut à l’hospice de Bicêtre, « cessait d’avoir ses hallucinations quand on le changeait de salle et de voisins ; mais cette suspension ne durait guère que quelques jours ; l’halluciné, habitué bientôt aux conditions nouvelles dans lesquelles il se trouvait, retombait dans ses fausses perceptions… Chez tel halluciné, il faut des impressions très vives et qui se succèdent sans interruption, pour tenir quelques instants les hallucinations suspendues.

1433. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXVe entretien » pp. 317-396

Le droit de requête et de pétition des hommes de toutes conditions y est également sans autres limites qu’une respectueuse convenance. […] Tout est gêne, tout est contrainte ; et en cela je suis de pire condition que le moindre de mes sujets.

1434. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLe entretien. Littérature villageoise. Apparition d’un poème épique en Provence » pp. 233-312

La parfaite convenance, cet instinct de justesse dans toutes les conditions, qui donne aux bergers, comme aux rois, la même dignité et la même grâce d’attitude ou d’accent, gouvernait toute sa personne. […] Son père, comme tous les riches cultivateurs de campagne qui rêvent follement pour leur fils une condition supérieure, selon leur vanité, à la vie rurale, fit étudier son fils à Aix et à Avignon pour en faire un avocat de village.

1435. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre » pp. 393-472

Ces deux conditions admises, c’est-à-dire la distance et l’esprit de parti, qu’arrive-t-il ? […] D’abord substitut, puis sénateur (c’est-à-dire juge) à Chambéry, il y épousa mademoiselle de Morand, fille d’une condition égale à la sienne.

1436. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (2e partie) » pp. 1-80

En vous renouvelant les plus sincères sentiments de reconnaissance et d’amitié, je suis votre bon ami, « C. d’Albanie 1. »   « Les conditions de la séparation furent réglées par le roi de Suède et le cardinal d’York. […] Mais, pour en faire une œuvre originale et assaisonnée d’une agréable teneur, la première condition, c’était d’être court.

1437. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (2e partie) » pp. 81-159

Il fixa son choix sur une jeune princesse de dix-huit ans, Marie-Louise, que la maison d’Autriche sacrifia pour obtenir des conditions de paix et d’alliance plus intimes, et qui fut officiellement demandée à son père par les ambassadeurs de Bonaparte. Joséphine fut répudiée, et les conditions du mariage débattues avec le Pape.

1438. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre troisième »

En l’absence du coupable, qui ne peut être interrogé, le président demande s’il se trouve dans l’assemblée quelque avocat d’office qui veuille prendre sa défense, Une foule immense se lève en tumulte, jeunes, vieux, gens des deux sexes et de toutes conditions, les uns pour excuser le coupable, les autres pour renchérir sur l’acte d’accusation. […] Sous les haillons de sa condition on voit toujours percer les ailes du poète.

1439. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre septième »

Cette censure des grands désordres dans de grandes conditions ne nous atteint pas dans notre obscurité et dans nos passions, bornées comme notre vie. […] Il était d’ailleurs dans les conditions où un critique a la chance de se faire écouter : assez célèbre pour recommander ses jugements, pas assez pour donner de l’ombrage.

1440. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre onzième »

Il préfère par goût, peut-être par politesse pour Genève, sa patrie, le gouvernement aristocratique ; mais sa logique préfère le démocratique : « seulement, dit-il, il y faut un peuple de dieux104. » Qui donc croit-il en dégoûter en y mettant cette condition ? […] Car qu’est-ce qu’un enfant qui ne sait s’il fait mal ou bien, qui ignore l’obéissance et ne cède qu’à la force ; que son précepteur ne mène pas à l’église ; qui commande sans tempérer le commandement par aucune parole respectueuse pour ceux que leur condition lui subordonne ; qui n’apprend pas à donner, par la plus touchante de toutes les manières de donner, par l’aumône ; de qui l’on éloigne les livres pour qu’il ne perde pas une heure de plaisir, et qu’il resserre, comme dit Rousseau, son existence en lui-même ; que sera-ce qu’un tel enfant, sinon la bête de l’espèce la plus dangereuse ?

1441. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1857 » pp. 163-222

Louis Napoléon le sut, et quand il fut nommé président, il faisait proposer, à Planche, sans conditions aucunes, la direction des Beaux-Arts. […] * * * — Un gouvernement serait éternel à la condition d’offrir, tous les jours, au peuple un feu d’artifice et à la bourgeoisie un procès scandaleux.

1442. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — III. Le Poëme épique, ou l’Épopée. » pp. 275-353

Despréaux trouvoit la condition trop dure. […] Quelle leçon que l’exemple de Clarice, fille de condition, riche, sage, spirituelle, qui périt par l’imprudence qu’elle a de se soustraire à une famille injuste, à la vérité, mais dont la révolte n’aboutit qu’à la faire tomber entre les bras d’un scélérat.

1443. (1894) Textes critiques

Dans ces conditions, toute partie de décor dont on aura un besoin spécial, fenêtre qu’on ouvre, porte qu’on enfonce, est un accessoire et peut être apportée comme une table ou un flambeau. […] Questions de théâtre Quelles sont les conditions essentielles du théâtre ?

1444. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIe entretien. Boileau » pp. 241-326

Une intelligence juste, vive et fine, un cœur ouvert, large et bienveillant sont les deux conditions nécessaires à un peuple ou à un homme pour avoir ce qu’on appelle de l’esprit. […] Né comme lui et peu de temps après lui dans le même quartier de Paris et presque dans les mêmes conditions de famille, voici comment il en parle à près de quatre-vingts ans, dans un de ses plus gracieux accès de verve : Boileau, correct auteur de solides écrits, Zoïle de Quinault et flatteur de Louis, Mais oracle du goût dans cet art difficile Où s’égayait Horace, où travaillait Virgile, Dans la cour du Palais je naquis ton voisin ; De ton siècle éclatant mes yeux virent la fin : Siècle de grands talents bien plus que de lumière.

1445. (1767) Salon de 1767 « Peintures — La Grenée » pp. 90-121

Si l’agriculture est la plus favorisée des conditions, les hommes seront entraînés où leur plus grand intérêt les poussera, et il n’y aura fantaisie, passion, préjugés, opinions qui tiennent. […] C’est sous une pareille constitution que les beaux-arts n’ont que le rebut des conditions subalternes ; c’est sous un ordre de choses aussi extraordinaire, aussi pervers qu’ils sont ou subordonnés à la fantaisie et aux caprices d’une poignée d’hommes riches, ennuyés, fastidieux, dont le goût est aussi corrompu que les mœurs, ou abandonnés à la merci de la multitude indigente qui s’efforce, par de mauvaises productions en tout genre, de se donner le crédit et le relief de la richesse.

1446. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — III. (Suite et fin.) » pp. 454-472

Dans cette ligne politique qu’il suivait avec réserve et dignité, on me dit qu’il eût pu, en de certains moments et à de certaines conditions, rentrer au ministère de la Guerre : peut-être lui-même, dans quelque combinaison qui lui eût paru utile et favorable, y eût-il consenti.

1447. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — II. (Fin.) » pp. 36-54

Le long règne de Louis XIV avait tendu tous les ressorts et fatigué à la longue toutes les conditions et toutes les âmes.

1448. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Chateaubriand. Anniversaire du Génie du christianisme. » pp. 74-90

Dans un singulier chapitre expressément dédié « Aux infortunés », et qui est placé, on ne sait trop comment, entre celui de « Denys à Corinthe » et celui d’« Agis à Sparte », il s’adresse à ses compatriotes émigrés et pauvres, à tous ceux qui souffrent comme lui du désaccord entre leurs besoins, leurs habitudes passées et leur condition présente ; il leur rappelle la consolation des Livres saints, vraiment utiles au misérable, parce qu’on y trouve la pitié, la tolérance, la douce indulgence, l’espérance plus douce encore, qui composent le seul baume des blessures de l’âme.

1449. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Léopold Robert. Sa Vie, ses Œuvres et sa Correspondance, par M. F. Feuillet de Conches. — I. » pp. 409-426

Ce premier tableau un peu grand, qui fut celui de Corinne, devenu plus tard L’Improvisateur, lui avait coûté bien de la peine ; ce devait être sa condition de faire et son élément : « D’ailleurs, disait-il, chacun a sa manière de jouir au monde : la mienne est de me donner beaucoup de peine, ce qui naturellement doit m’occuper beaucoup la tête, l’esprit et l’âme, avantage que j’ai toujours apprécié. » Malgré l’impression de sérieux et d’élévation que font à bon droit les œuvres de Léopold Robert et la lecture de ses lettres citées par M. 

1450. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Santeul ou de la poésie latine sous Louis XIV, par M. Montalant-Bougleux, 1 vol. in-12. Paris, 1855. — I » pp. 20-38

En ces années 1650-1660, c’était encore une condition et une carrière que d’être poète latin.

1451. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — III » pp. 337-355

On a dit de sa prose qu’elle sent sa condition et sa qualité ; elle est surtout d’un sens excellent, très sain et judicieux.

1452. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Madame Bovary par M. Gustave Flaubert. » pp. 346-363

La vertu qui lui manque, c’est de n’avoir pas appris que la première condition pour bien vivre est de savoir porter l’ennui, cette privation confuse, l’absence d’une vie plus agréable et plus conforme à nos goûts ; c’est de ne pas savoir se résigner tout bas sans rien faire paraître, de ne pas se créer à elle-même, soit dans l’amour de son enfant, soit dans une action utile sur ceux qui l’entourent, un emploi de son activité, une attache, un préservatif, un but.

1453. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « La princesse des Ursins. Ses Lettres inédites, recueillies et publiées par M. A Geffrot ; Essai sur sa vie et son caractère politique, par M. François Combes » pp. 260-278

Or, c’est précisément de cet éminent degré de condition et de fortune qu’elle va partir, à cet âge, pour désirer au-delà et pour concevoir de plus hautes espérances.

1454. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Journal d’Olivier Lefèvre d’Ormesson, publié par M. Chéruel » pp. 35-52

Dans le récit domestique où il raconte, sans prétendre la surfaire, cette vie si honorable d’un homme de médiocre condition, son fils André avait bien raison de dire au début : Ceux qui liront ce discours souhaiteront peut-être sa bonne fortune et tâcheront d’imiter ses vertus et perfections ; car étant aîné d’une famille médiocre en extraction et en biens, ayant perdu son père à cinq ans, sa mère s’étant remariée deux ans après, avoir par tous moyens amassé des biens suffisamment et être parvenu à des charges très honorables, n’est-ce pas un bonheur très grand et très rare ?

1455. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Lammenais » pp. 22-43

Je n’y veux pas mettre mon nom. » Je lui répondis que j’allais à l’instant m’occuper de chercher ce libraire, chose bien aisée avec son nom, un peu plus difficile peut-être avec la condition de l’anonyme.

1456. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Madame Swetchine. Sa vie et ses œuvres publiées par M. de Falloux. »

Mais la première condition pour trouver cela beau serait de trouver cela vrai ; autrement on ne peut que dire : « C’est ingénieux, c’est subtil, c’est bien présenté, bien imaginé. » Elle nous transfigure la vieillesse, elle ne nous la montre pas.

1457. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Madame de Staël. Coppet et Weimar, par l’auteur des Souvenirs de Mme Récamier (suite et fin.) »

Au moment où elle fut dite par elle, déjà mortellement atteinte et défaillante, une telle parole dut paraître admirable, et elle l’était ; mais c’est à la condition d’y mettre aussi l’éclair du regard, la physionomie, l’accent ; il faut tout cela à sa parole pour se compléter ; sa plume n’avait pas ce qui termine : il manque presque toujours à sa phrase écrite je ne sais que] accompagnement.

1458. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Lettres inédites de Jean Racine et de Louis Racine, (précédées de Notices) » pp. 56-75

Ce n’était pas du tout logique à Racine de garder le cygne et de supprimer le rat puisque, les armes étant parlantes, le cygne, qui figurait la seconde moitié de son nom, ne venait là qu’à la condition que le rat y représentât la première.

1459. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Connaissait-on mieux la nature humaine au XVIIe siècle après la Fronde qu’au XVIIIe avant et après 89 ? »

Voir le livre de Sénac de Meilhan, le Gouvernement, les Mœurs et les Conditions en France avant la Révolution, suivi des Portraits des personnages distingués de la fin du xviiie  siècle, avec une Introduction par M. de Lescure (1862) ; et voir aussi l’intéressant article de ce dernier dans la Revue germanique du 1er septembre.

1460. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe et d’Eckermann (suite) »

Il le supposait né dans une condition pareille, de parents tailleurs, à Weimar ou à Iéna, soumis à des traverses plus ou moins analogues, et il se demandait « quels fruits aurait portés ce même arbre, croissant dans un tel terrain, dans une autre atmosphère. » Gœthe rendait donc toute justice à l’air vif de Paris.

1461. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français »

Mais la première condition de l’esprit critique bien entendu est (sans cependant tout niveler dans son estime) de reprendre, chaque grand fleuve à sa source, chaque grande production et végétation humaine à sa racine, et de la suivre dans son vrai sens et comme de droit fil pour la bien posséder tout entière et être ensuite à même d’en juger tout à fait pertinemment, par comparaison avec d’autres, et en pleine connaissance de cause.

1462. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français (suite.) »

grandeur ou flamme du sentiment, éclat de l’expression et, s’il se peut, harmonie de composition et d’ensemble (et s’il n’y A pas de composition proprement dite dans Homère, il y a une flamme perpétuelle, un feu et un torrent de poésie qui rachète tout), — ce sont là quelques-uns des traits et des conditions de cette beauté plus aisée à sentir qu’à définir.

1463. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Mémoire de Foucault. Intendant sous Louis XIV »

Il y est dit, entre autres griefs, que Foucault se servait, pour la conversion du menu peuple, d’un homme de néant nommé Archambaud, que cet Archambaud menait des gens de sa sorte au cabaret et trouvait le moyen de les enivrer ; que le lendemain, lorsqu’ils étaient revenus à eux-mêmes, il leur allait dire, ou qu’ils avaient promis d’aller à la messe, et que s’ils prétendaient s’en dédire, il les ferait traiter comme des relaps ; ou qu’ils avaient mal parlé du gouvernement et des mystères catholiques, et que le seul moyen de se racheter d’une sévère punition était de se ranger à la religion romaine ; que l’affaire, ainsi amorcée et entamée sur des gens du commun, se poursuivit ensuite sur ceux d’une condition supérieure ; qu’en général l’artifice de l’intendant était de faire faire aux réformés, sous quelque prétexte, un premier acte extérieur qui pût être interprété pour une adhésion à la communion romaine, comme d’assister à un sermon, par curiosité ou par intimidation, et qu’ensuite, moyennant la peur d’être déclarés relaps et traités comme tels, il avait raison de son monde ; que, sans avoir eu besoin de demander des troupes, il s’était servi de celles qu’on faisait filer alors sur la frontière de l’Espagne et que commandait le marquis de Boufflers, et qu’il avait été commis par ces troupes, lui les dirigeant et les conduisant de ville en ville, de village en village, de véritables horreurs et cruautés.

1464. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Histoire de la Restauration par M. Louis de Viel-Castel. Tomes IV et V. »

C’est dans les conditions humbles et moyennes plus que dans les régions officielles que se conservent pieusement les martyrologes.

1465. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Térence. Son théâtre complet traduit par M. le marquis du Belloy (suite et fin.) »

Celui-ci répond : « Je serai à toi, si je suis vaincu ; tu seras à moi, si je suis le plus fort. » — « Mais ce sont là, reprend Pollux, des enjeux d’oiseaux de proie à l’aigrette sanglante. » — « Que nous ressemblions à des oiseaux de proie ou à des lions, nous ne combattrons qu’à cette condition-là. » Le géant est vaincu par l’adroit et brillant athlète.

1466. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier (Suite.) »

Au sein de cette infinie variété des talents, pour les embrasser et les critiquer, la première condition est de les comprendre, et, pour cela, de s’effacer, ou même de se. contrarier et de se combattre.

1467. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset. »

Écoutons la sagesse de Montesquieu : « Comme ils (les Romains) ne faisaient jamais la paix de bonne foi et que, dans le dessein d’envahir tout, leurs traités n’étaient proprement que des suspensions de guerre, ils y mettaient des conditions qui commençaient toujours la ruine de l’État qui les acceptait… Quelquefois ils abusaient de la subtilité des termes de leur langue.

1468. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid. »

Ces jugements des étrangers qui nous choquent et nous scandalisent, la première condition pour les réfuter en ce qu’ils ont d’injuste et de faux, c’est de les connaître, de ne pas se boucher les oreilles de peur de les entendre.

1469. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Jean-Bon Saint-André, sa vie et ses écrits. par M. Michel Nicolas. »

Napoléon Peyrat et dans l’Histoire des Protestants de France de M. de Félice quelle était alors la condition de ceux qu’on appelait les Pasteurs du Désert.

1470. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, — Antiquité et Moyen Âge — Par M. J. Zeller. (Suite et fin.) »

Il y a des lois auxquelles la spontanéité humaine ne saurait se soustraire ; elle peut, selon son génie primitif, tirer plus ou moins parti de certaines conditions extérieures, non s’y dérober ; laissez-lui le temps, laissez-la croître et s’étendre et mûrir selon le cours des saisons et des âges, laissez les causes complexes agir, se produire et se combiner : tout, à la fin, s’harmonise et concorde, tout se coordonne.

1471. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Josèphe de Saxe, dauphine de France. (Suite) »

Sur la reine Marie-Leckzinska, y revenant à deux reprises et marquant tous les devoirs qu’il faudra que la dauphine remplisse envers elle avec exactitude, il satisfait d’ailleurs et tranquillise l’orgueil saxon en ajoutant que ce n’est que pour la forme et la bienséance : « Car cette princesse, je l’ai déjà dit, ne peut rien et n’a pas assez de génie pour pouvoir quelque chose. » Tous ces succès le mettent, on le conçoit, en belle humeur et en gaieté ; il joue avec le ministre de son frère, le comte de Bruhl, dont il n’avait pas toujours eu à se louer ; il le raille en passant, et faisant allusion aux conditions politiques très peu onéreuses que Louis XV mettait au mariage : « Il ne tient donc plus qu’à vous, écrivait-il, de conclure l’affaire qui est grande, belle et magnifique, et aura des suites encore plus grandes ; mais, pour l’amour de Dieu, concluez et n’apportez ni délais ni difficultés.

1472. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet »

Il appartenait à une famille d’humbles magistrats provinciaux ; il était né dans cette condition d’honnête et solide médiocrité, entretenue durant quelques générations, et qui, pour l’individu distingué, est peut-être le plus sûr des points de départ.

1473. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

Il semble avoir été écrit en prévision du 18 Fructidor et des déportations prochaines : on n’ose dire pourtant que la Guyane et Sinnamari aient en rien répondu à la description des colonies nouvelles que proposait Talleyrand d’un air de philanthropie, et en considération, disait-il, « de tant d’hommes agités qui ont besoin de projets, de tant d’hommes malheureux qui ont besoin d’espérances. » Il y disait encore, en vrai moraliste politique : « L’art de mettre les hommes à leur place est le premier peut-être dans la science du gouvernement ; mais celui de trouver la place des mécontents est, à coup sûr, le plus difficile, et présenter à leur imagination des lointains, des perspectives où puissent se prendre leurs pensées et leurs désirs est, je crois, une des solutions de cette difficulté sociale. » Oui, mais à condition qu’on n’ira pas éblouir à tout hasard les esprits, les leurrer par de vains mirages, et qu’une politique hypocrite n’aura pas pour objet de se débarrasser, coûte que coûte, des mécontents.

1474. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Fontaine »

Fouquet le prit en amitié, se l’attacha, et lui fit une pension de mille francs, à condition qu’il en acquitterait chaque quartier par une pièce de vers, ballade ou madrigal, dizain ou sixain.

1475. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Pierre Loti »

Il y fallait au moins trois conditions.

1476. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Jean Richepin »

IV Ce sont là de mauvaises conditions pour être ému et pour émouvoir.

1477. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VI. Pour clientèle catholique »

Si on lui permet d’étudier les philosophies hindoues, c’est à condition qu’il fera ressortir à chaque page leur infériorité en face de la doctrine de Jésus (telle, bien entendu, que l’enseigne l’Église avec un grand E).

1478. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Éloges académiques de M. Pariset, publiés par M. Dubois (d’Amiens). (2 vol. — 1850.) » pp. 392-411

Il paraît qu’entre les deux interlocuteurs les paroles furent vives et singulières ; et ce qui prouverait que l’esprit de la dame se fourvoya dans le dialogue, c’est l’étrange condition qu’elle voulait imposer… » Le lecteur, à travers ces vagues allusions, est dans un certain embarras et peut bien se fourvoyer lui-même.

1479. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Mme de Genlis. (Collection Didier.) » pp. 19-37

Mais sa condition ne fut tout à fait complète que lorsque quelque temps après (1781) le duc de Chartres, qui n’était pas moins sous le charme, lui eut conféré les fonctions et le titre de gouverneur de ses fils.

1480. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Histoire de la Restauration, par M. de Lamartine. (Les deux premiers volumes. — Pagnerre.) » pp. 389-408

Il était évident pour lui et pour tous que si le pays confiant et versatile eût été seul en face de son roi, le roi aurait dicté arbitrairement et sans obstacle les conditions du nouveau pacte entre le trône et le pays ; l’empereur Alexandre stipulait pour la liberté plus que la liberté, à ce moment, ne stipulait pour elle-même.

1481. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Patru. Éloge d’Olivier Patru, par M. P. Péronne, avocat. (1851.) » pp. 275-293

Cette reine savante, qui ne parut pas comprendre que le plus bel et le plus haut usage qu’on peut faire de l’esprit, c’est de bien gouverner les hommes, quand la naissance vous a mis en condition et en demeure de le faire, après avoir abdiqué le pouvoir, s’en vint amuser sa curiosité à Paris, où elle fit une entrée triomphante (8 septembre 1656).

1482. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — II. » pp. 460-478

» L’orateur proclame comme un asile les principes imprescriptibles du droit des gens : les lois pénales de l’émigration ne sont point applicables à l’émigré naufragé ; l’émigré dans les conditions de bannissement accepté où il s’est placé, n’est plus un Français, c’est toujours un homme : Des hommes naufragés ne sont donc proprement justiciables d’aucun tribunal particulier ; il ne s’agit pas de les juger, mais de les secourir.

1483. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « De la retraite de MM. Villemain et Cousin. » pp. 146-164

Guizot songe toujours à la politique d’à côté : Si j’appliquais aujourd’hui à ces études historiques de 1820, dit-il dans sa préface de 1851, tous les enseignements que, depuis cette époque, la vie politique m’a donnés, je modifierais peut-être quelques-unes des idées qui y sont exprimées sur quelques-unes des conditions et des formes du gouvernement représentatif.

1484. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Monsieur Étienne, ou une émeute littéraire sous l’Empire. » pp. 474-493

Les gendres croiront qu’il a encore du vaillant et reviendront lui faire la cour ; et, lui, il leur fera ses conditions.

1485. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Regnard. » pp. 1-19

Je ne sais, madame, si vous avez vu Trianon dans cette saison-ci ; mais, il faut vous l’avouer, je serais plus à mon aise dans une cave, la paix étant faite à des conditions raisonnables, que je ne le suis dans un palais enchanté et parfumé comme celui-ci. » Qu’on pense ce qu’on voudra de Mme de Maintenon, cette manière de sentir est plus honorable.

1486. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — III. Franklin à Passy. (Fin.) » pp. 167-185

Je le tire d’une lettre adressée à son ancienne amie miss Mary Stevenson, devenue mistriss Hewson : J’ai trouvé, lui écrit-il de Philadelphie (6 mai 1786), j’ai trouvé ma famille ici en bonne santé, dans de bonnes conditions de fortune, et respectée par ses concitoyens.

1487. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « La Fontaine. » pp. 518-536

Voltaire, dans une lettre à Vauvenargues, rapportant le talent de La Fontaine à l’instinct, à condition que ce mot instinct fût synonyme de génie, ajoutait : « Le caractère de ce bonhomme était si simple, que dans la conversation il n’était guère au-dessus des animaux qu’il faisait parler… L’abeille est admirable, mais c’est dans sa ruche ; hors de là l’abeille n’est qu’une mouche. » On vient de voir, au contraire, que La Fontaine voulait qu’on fût abeille, même dans l’entretien.

1488. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1853 » pp. 31-55

L’homme qu’il nous indiqua réunissait toutes ces conditions.

1489. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre III. Zoïle aussi éternel qu’Homère »

Ils pensent comme les soleils rayonnent, avec l’abîme autour d’eux pour condition.

1490. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre III : La littérature du xviiie et du xixe  siècle »

On peut discuter dans la pratique sur le plus ou moins d’opportunité de cette liberté, sur les conditions plus ou moins larges qui lui seront faites ; mais, dans l’ordre spéculatif, philosophique et moral, qui oserait nier que le principe de la liberté politique ne soit au nombre des quatre ou cinq plus grandes idées de l’esprit humain ?

1491. (1912) L’art de lire « Chapitre VIII. Les ennemis de la lecture »

Continuons de lire La Bruyère ; il connaît la question ; il est homme qui a fait un livre et qui a désiré très vivement être lu et qui était assez intelligent pour comprendre, mieux encore que tout autre chose, les raisons qu’on pouvait avoir de ne le lire point ou de le lire mal : « Ceux qui par leur condition se trouvent exempts de la jalousie d’auteur ont, ou des passions, ou des besoins qui les distraient ou les rendent froids sur les conceptions d’autrui ; personne presque, par la disposition de son esprit, de son cœur et de sa fortune, n’est en état de se livrer au plaisir que donne la perfection d’un ouvrage. » Et c’est-à-dire qu’un des ennemis de la lecture, c’est la vie même.

1492. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre V. Seconde partie. Des mœurs et des opinions » pp. 114-142

Les femmes présentent une série semblable de faits dans l’ensemble de leurs destinées : elles se sont graduellement élevées ; leur condition a subi les mêmes vicissitudes, selon les états différents de la société.

1493. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Michelet »

Le livre de l’Amour pourrait donc, malgré tout, même dans les conditions désagréablement physiologiques où il est placé, faire son chemin, qui serait une belle route, mais heureusement le ridicule y est et le rire prend.

1494. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Alfred de Vigny »

Il serait étrange, en effet, que les hommes les plus forts dans le maniement d’une langue, et qui ont acquis l’habitude de la faire obéir et de la ployer à tous les rhythmes de la plus capricieuse tyrannie, ne pussent pas s’en servir dans des conditions bien moins difficiles.

1495. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — La banqueroute du préraphaélisme »

Leur peinture de rêve, privée de muscles, de chaleur et de sang, de soleil et d’air, dévorée de langueur, ne s’adaptera jamais aux conditions de la terre.

1496. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre IX : M. Jouffroy écrivain »

Il achevait son cours d’esthétique par l’aveu du même sentiment : « À la vue d’un arbre sur la montagne battu par les vents, nous ne pouvons pas rester insensibles : ce spectacle nous rappelle l’homme, les douleurs de sa condition, une foule d’idées tristes56. » À vous, peut-être ; mais combien d’hommes n’y verront rien de semblable, et combien d’artistes n’y verront qu’un sujet de tableau !

1497. (1927) Les écrivains. Deuxième série (1895-1910)

Que peut faire, que peut rêver de faire un homme de forte culture et de généreuse action, dans un Parlement livré, par les conditions mêmes de son recrutement, à toutes les médiocrités, à toutes les oisivetés, à toutes les faillites de la vie provinciale, qui n’ont d’autres liens entre elles, d’autres supports, d’autre raison d’être que la discipline des convoitises et le servilisme des intérêts électoraux ? […] … Et peut-être qu’il faudra des siècles encore et des siècles, pour que soient tentées des réformes jugées nécessaires, et pour qu’une refonte complète de notre système judiciaire soit réalisée, dans un sens conforme aux conditions nouvelles de la vie… Et comme je lui demandais plus particulièrement son opinion sur Oscar Wilde, l’Anglais me répondit simplement : — Oscar Wilde fera sa peine, toute sa peine… Car ce qu’il a commis, ce n’est pas un crime, pas même un délit… C’est un péché. […] Les autres tirèrent leur gloire, en faisant étalage de leur insociabilité… D’ailleurs, il n’y a pas de règle absolue… Tous les moyens sont bons, à condition qu’ils soient extra-littéraires et qu’on y mette de la persistance et de la passion. […] » Vous voyez d’ici quelle série d’intéressants témoignages je pourrais rapporter dans ces conditions… — Ah ! […] C’est pour cela que Goncourt l’aimait tant, et que nous le chérissions d’une amitié particulière, nous qui pensions qu’une œuvre d’art — livre de prose, poème, statue ou tableau — n’est belle, n’est émouvante, n’est vivante, qu’à la condition qu’elle vienne de la vie, des sources mêmes de la vie, et qu’elle reste dans la vie !

1498. (1809) Tableau de la littérature française au dix-huitième siècle

Le concours demeura ouvert pendant plusieurs années, et enfin le prix fut remporté par deux écrivains très distingués2, qui, se renfermant dans les conditions du programme, surent pourtant faire entrevoir qu’ils en auraient volontiers agrandi le cadre. […] On retrouve souvent encore les traces de leur influence sur l’esprit grossier des hommes d’une condition inférieure. […] Sans famille, sans amis, sans patrie, errant de pays en pays, de condition en condition, opprimé par tout l’ensemble d’un monde où il n’était pour rien, Rousseau conçut un esprit de révolte, une fierté intérieure qui s’exaltèrent jusqu’au délire. […] Partant du principe que la société subsiste par un accord général de ses membres, il chercha à quelles conditions les hommes avaient dû passer ce contrat, et quels moyens ils avaient pour le faire observer. […] La définition est vraie ; elle représente exactement l’idée d’un solide régulier ; mais elle n’a aucun rapport avec les conditions matérielles de l’existence de ce solide.

1499. (1911) Visages d’hier et d’aujourd’hui

Puis il l’a saluée comme la condition même de l’équilibre en Europe. […] Pour nos ignorances, n’est-il pas terrible de se dire qu’on peut monter en omnibus dans ces conditions-là ? […] Mais le travail inconscient de l’esprit est soumis à de certaines conditions. […] Comment serait-il devenu, dans ces conditions, un fanatique, un énergumène ou un saint ? […] Boutroux, deux conditions : primo, « la conception des choses au point de vue de l’unité » ; secundo, « un principe d’unité puisé dans la nature humaine ».

1500. (1902) La poésie nouvelle

En ce qu’il a d’essentiel, le Positivisme demeure une doctrine acquise : il est la condition du développement des sciences, et les sciences ne sont pas en train de liquider ; il est la condition même de toute connaissance précise. […] Quant à ces conditions, il les fait dériver (d’une manière, d’ailleurs, assez confuse) du principe de moindre effort. […] L’élément poétique n’est plus pour eux le vers, mais la strophe, à condition que, par strophe, on entende un libre groupement de vers, et non plus un agencement formel et régulier.‌ […] La métrique traditionnelle ne pouvait, dans ces conditions, satisfaire Laforgue. […] L’objectivité est la raison d’être et la condition de l’Art.

1501. (1885) Le romantisme des classiques (4e éd.)

Si l’unité est la condition nécessaire, la variété n’est pas exclue. […] Le Roi hésite à autoriser ce nouveau duel ; il finit par y consentir, mais à deux conditions : la première, c’est que ni lui ni la Cour n’y assistera ; la seconde, c’est que, après le duel, Chimène ne demandera plus rien. […] Alors enfin, poussée à bout, la pauvre Chimène, avec toute la plénitude de la tendresse la plus profonde si longtemps contenue, et de la pudeur la plus délicate vaincue par l’amour le plus noble et le plus élevé, laisse échapper, d’une voix basse, passionnée, pleine et vibrante, ces paroles divines qui récompensent d’un seul coup tant d’adoration : Puisque, pour t’empêcher de courir au trépas, Ta vie et ton honneur sont de faibles appas, Si jamais je t’aimai, cher Rodrigue, en revanche Défends-toi maintenant pour m’ôter à Don Sanche ; Combats pour m’affranchir d’une condition Qui me donne à l’objet de mon aversion. […] Quoi qu’il en soit, le Roi et les Grands pressent Chimène de subir la condition du combat, ainsi retournée : elle ne peut plus faire autrement que d’y consentir, et le mariage sera célébré le soir même par l’évêque de Palencia. — C’est environ trois ans après le moment où a commencé l’action de la pièce espagnole. […] Voilà ce que donnait l’histoire : sujet assez mince, et que Corneille, gêné à la fois par les règles arbitraires et par les conditions matérielles du théâtre de cette époque, était forcé d’amincir encore en un sens, mais pour l’accroître d’autant dans un autre.

1502. (1898) La poésie lyrique en France au XIXe siècle

Vigny pense que nous sommes malheureux ; malheureux, non par suite de tel accident particulier, mais malheureux d’une façon générale, par une nécessité de notre condition, parce que nous sommes des hommes. […] Ajoutez que si Alfred de Vigny note cette misère de la condition humaine, il ne se contente pas de nous la signaler, et il passe à ce qui vaut mieux que la constatation de la misère, à savoir, la pitié pour cette misère. […] Mais, ici encore, ce dont Leconte de Lisle veut nous entretenir, ce n’est pas de lui et de ses souffrances personnelles, mais c’est de la condition de l’humanité. […] Au xixe  siècle, il en est à peu près de même, et on ne songe pas qu’il y a une foule de gens qui sont peut-être de petites gens, mais qui cependant ont un cœur, qui sont capables de souffrir comme d’autres, et que leurs souffrances peut-être ne sont naturellement ni moins douloureuses, ni, d’une façon générale, moins intéressantes, moins pleines d’humanité que celles des gens qui sont nés dans une condition sociale plus élevée.

1503. (1905) Propos littéraires. Troisième série

— Dans ces conditions on peut être un réformiste sévère. […] Dans ces conditions, rompre, à un moment donné, avec une femme, n’est nullement la trahir. […] Dans ces conditions, il est heureux qu’il ait eu cette fureur de remaniement, ratures et corrections qu’on sait assez qui fut la sienne. […] Voilà qui est bien ; la confiance de l’humanité en elle-même est sans doute la condition de son progrès. […] Guitrel veut bien, mais à la condition qu’on le fasse évêque.

1504. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — III. (Fin.) » pp. 175-194

Henri IV, qui savait que « le jugement, l’invention, l’ordre et le ménage » étaient des conditions essentielles à un grand maître, songea à Rosny, et le lui dit, en paraissant regretter que, destiné dans un temps très prochain à la direction absolue de ses finances, il ne pût cumuler les deux charges, dont chacune méritait bien un homme tout entier.

1505. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Bourdaloue. — I. » pp. 262-280

Après sa mort, une lettre du supérieur de la maison professe, le père Martineauk ; un éloge mis en tête de ses Sermons par le religieux qui en fut l’éditeur, le père Bretonneau ; une lettre de M. de Lamoignon, son ami de tous les temps ; un autre hommage plus développé mais du même genre, par une personne de condition, Mme de Pringy, c’est tout ce qu’on a sur Bourdaloue ; et, je le dirai, quand on l’a lu lui-même et considéré quelque temps dans l’esprit qui convient, on ne cherche point sur son compte d’autres particularités, on n’en désire pas : on entre avec lui dans le sens de cette conduite égale, uniforme, qui est le caractère de la prudence chrétienne et le plus beau support de cette saine éloquence ; et l’on répète avec une des personnes qui l’ont le mieux connu : « Ce qui m’a le plus touché dans sa conduite, c’est l’uniformité de ses œuvres. » On ne sait rien ou à peu près rien non plus de la vie de La Bruyère ; mais, à l’égard de ce dernier, le sentiment qu’on apporte est, ce me semble, tout différent.

1506. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — II. (Fin.) » pp. 322-341

avoir trop vu l’Italie, avoir trop compris le xve  siècle romain ou florentin, avoir trop lu Machiavel, son Prince et sa vie de l’habile tyran Castruccio, a nui à Beyle pour comprendre la France et pour qu’il pût lui présenter de ces tableaux dans les justes conditions qu’elle aime et qu’elle applaudit.

1507. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — II. (Suite.) » pp. 434-453

Daru, et où il passa de la simple condition d’un administrateur cultivant les lettres à celle d’un personnage considérable dans l’État.

1508. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le marquis de la Fare, ou un paresseux. » pp. 389-408

Il établit bien d’abord qu’il n’aspire point à améliorer la condition de l’homme ou la morale de la vie ; il estime que chacun a en soi, c’est-à-dire dans son tempérament, les principes du bien et du mal qu’il fait, et que les conseils de la philosophie servent de peu : « Celui-là seul est capable d’en profiter, dit-il, dont les dispositions se trouvent heureusement conformes à ces préceptes ; et l’homme qui a des dispositions contraires agit contre la raison avec plus de plaisir que l’autre n’en a de lui obéir. » Ce qu’il veut faire, c’est donc de présenter un tableau de la vie telle qu’elle est, telle qu’il l’a vue et observée : « Tous les livres ne sont que trop pleins d’idées ; il est question de présenter des objets réels, où chacun puisse se reconnaître et reconnaître les autres. » Les premiers chapitres des Mémoires de La Fare, et qui semblent ne s’y rattacher qu’à peine, tant il prend les choses de loin et dans leurs principes, sont toute sa philosophie et sa théorie physique et morale.

1509. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) «  Œuvres de Chapelle et de Bachaumont  » pp. 36-55

Routiers, voyageant en Suisse (1761), est déjà un disciple de Rousseau ; il cache son nom, il déguise sa condition, c’est un peintre de portraits, et qui fait semblant de chercher des pratiques pour vivre ; les honnêtes gens qui le prennent au mot se donnent de la peine pour lui en procurer ; en un mot, il joue à l’Émile de Jean-Jacques, et avec cela il imite à sa manière Chapelle et Bachaumont.

1510. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Une Réception Académique en 1694, d’après Dangeau (tome V) » pp. 333-350

— Pressé d’arriver à l’éloge direct de son nouveau confrère, l’abbé de Caumartin, ne craignit pas de toucher le point délicat, la solidité des titres académiques, et tout en caressant le glorieux personnage sur ses autres qualités et prétentions extérieures de manière à le gonfler devant tous, il se piqua de lui faire accroire qu’il ne tenait qu’à lui de pouvoir s’en passer : C’est ce qui nous le fait regretter avec justice, disait-il en parlant des mérites modestes de Barbier d’Aucour, et notre consolation serait faible, si elle n’élait fondée que sur la différence de vos conditions.

1511. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance inédite de Mme du Deffand, précédée d’une notice, par M. le marquis de Sainte-Aulaire. » pp. 218-237

Le traité de paix que Mme de Choiseul signe avec sa belle-sœur dans une première entrevue en présence de son mari, les conditions qu’elle pose, les limites qu’elle établit nettement et qu’elle trace autour d’elle, chez elle, en épouse dévouée autant qu’en maîtresse de maison accomplie, tout cela est d’une personne bien ferme, bien délicate, parfaitement douce et sans humeur, mais qui veut qu’on la compte, capable de plus d’un sacrifice, excepté de ceux qui atteindraient la dignité.

1512. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset, professeur d’histoire au lycée Bonaparte. »

qui oserait soutenir que d’avoir donné à la France une suite de frontières où Douai, Lille, Cambrai, Valenciennes, Saint-Omer, n’étaient plus à l’ennemi, où Besançon et la Franche-Comté nous étaient acquis, où Strasbourg nous couvrait vers le Rhin, où la Lorraine dans un avenir prochain nous était assurée, qui oserait dire que d’avoir obtenu ce résultat, d’avoir extirpé du sein du royaume toutes ces enclaves étrangères, ces bras de polypes qui essayaient en vingt endroits d’y pénétrer, d’avoir fait, selon l’expression de Vauban, son pré carré , et d’avoir pu désormais tenir son quartier de terre des deux mains, ce ne soit pas avoir compris les conditions essentielles du salut et de l’intégrité de la noble patrie française ?

1513. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset, professeur d’histoire au lycée Bonaparte. (Suite et fin) »

Mais ayant appelé la prudence à mon secours, et considéré que je n’avais ni le nombre de troupes, ni la qualité des alliés requis pour une pareille entreprise, je dissimulai ; je conclus la paix à des conditions honorables, résolu de remettre la punition de cette perfidie à un autre temps. » Depuis cette paix, conclue un peu trop tôt, cette paix brusquée, il le sent, et contre laquelle étaient Turenne, même Vauban, et tous les militaires, si bien qu’il fallut donner à son armée et à la jeunesse guerrière la diversion immédiate de l’expédition de Candie, Louis XIV n’a qu’une idée, celle de se venger ; tout ce qu’il veut, il le veut avec suite, et sans se laisser distraire ; de 1668 à 1671, pendant trois années, il n’est occupé qu’à fortifier ses places, à augmenter ses troupes peu à peu, sans donner ombrage au dehors, à disposer ses alliances du côté de l’Angleterre, du côté de l’empereur et des princes de l’Empire, pour obtenir de ces derniers au moins la neutralité : « Je ne faisais pas un grand fonds sur la solidité de ces alliances que je prévoyais bien ne devoir pas durer longtemps, comme on le verra dans la suite ; mais je comptais pour un grand avantage de pouvoir châtier en liberté, pendant quelque temps, l’insolence des Hollandais, et j’espérais les réduire à souscrire à une paix honteuse, avant que les puissances, mes alliées, pussent être en état de les secourir. » Louis XIV est franc, il ne dissimule pas son motif : il a été blessé et il prétend en avoir raison.

1514. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Montaigne en voyage »

Il coupe par la Bavière, visite Friessen, Lanspergs, Augsbourg où ils sont traités par le corps de ville non-seulement en gentilshommes, mais en personnages de haute condition, ni plus ni moins que barons ou chevaliers.

1515. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Histoire du roman dans l’Antiquité »

L’âne Lucius a bien d’autres aventures encore et passe par bien d’autres conditions que le service des voleurs.

1516. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Souvenirs de soixante années, par M. Étienne-Jean Delécluze, (suite et fin) »

Horace a remarqué que presque aucun mortel n’est content de son sort, et qu’on est disposé plutôt à louer et à envier ceux qui suivent des conditions différentes.

1517. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire. »

I Je voyais l’autre jour, à l’Odéon, Macbeth si bien rendu, si bien exprimé et resserré au vif par notre ami Jules Lacroix, ce mouleur habile et consciencieux du groupe sophocléen, l’Œdipe roi : j’admirais, même dans les conditions inégales où elle nous est produite, cette pièce effrayante, effarée, sauvage, pleine d’hallucinations, de secondes vues ; où l’on voit naître, grandir et marcher le crime, le remords ; où l’horreur d’un bout à l’autre plane à faire dresser les cheveux ; où le cœur humain s’ouvre à tout instant devant nous par des autopsies sanglantes ; sillonnée de mots tragiques immortels ; où le poignard, l’éclair, le spectre, sont des moyens d’habitude et devenus vraisemblables ; où la faiblesse est forte, où le héros est faible et misérable ; où tout s’enchaîne et s’entraîne, où la destinée se précipite tantôt vers la grandeur, tantôt vers l’abîme ; où l’homme est montré comme le jouet de la fatalité, une paille dans le tourbillon ; où Shakespeare nous dit son dernier mot philosophique par la bouche de son Macbeth s’écriant : « Hors d’ici, éteins-toi, flambeau rapide !

1518. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Le père Lacordaire. Les quatre moments religieux au XIXe siècle, (suite et fin.) »

L’assemblage de tels esprits, dans ces conditions variables et diverses, ne pouvait être que passagère, on devait, chacun marchant en avant, s’éloigner peu à peu et se séparer.

1519. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Mémoires de l’abbé Legendre, chanoine de Notre-Dame, secrétaire de M. de Harlay, archevêque de Paris. »

Quant aux vices du brillant prélat, il n’y aurait pas à les dissimuler, ce serait peine inutile : en regrettant de les trouver dans un homme de son rang et de sa condition à l’état d’affiche et de scandale, il n’y aurait pas non plus à les exagérer, et la leçon morale qui sortirait d’elle-même de ce désaccord criant parlerait assez haut.

1520. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Œuvres complètes de Molière »

C’était un de ces moments si précieux pour la haute éducation de l’esprit, où les masques se détachent, où les physionomies ont toute leur expression, où les caractères ont tout leur jeu, où les conditions sociales s’opposent violemment les unes aux autres, où les travers, les vices, les ridicules se montrent avec une pétulance fanfaronne… » Non content d’une large et riche Introduction, qui se poursuit et se renouvelle même en tête du second volume par une Étude sur la troupe de Molière, M. 

1521. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Oeuvres inédites de la Rochefoucauld publiées d’après les manuscrits et précédées de l’histoire de sa vie, par M. Édouard de Barthélémy. »

En quelque fâcheuse condition où sa destinée le réduise, vous le verrez également éloigné de la faiblesse et de la fausse fermeté, se possédant sans crainte dans l’état le plus dangereux, mais ne s’opiniâtrant pas dans une affaire ruineuse, par l’aigreur d’un ressentiment, ou par quelque fierté mal entendue.

1522. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Le maréchal de Villars. »

Je suis persuadé que les ennemis ne manqueront pas de profiter du temps que vous leur donnez, et la chose demande une détermination plus prompte. » Villars, en effet, d’ordinaire si porté à l’offensive, reculait devant une action générale engagée avec le prince Eugène dans ces conditions-là, c’est-à-dire dans un pays boisé où il aurait affaire à toute l’infanterie ennemie, appuyée à des lignes.

1523. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise, par M. Taine, (suite) »

Il dut à sa condition de papiste de n’être point élevé dans les universités et de ne point passer par la voie commune et par les méthodes ordinaires.

1524. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « La reine Marie Leckzinska (suite et fin.) »

Il dut être confessé et administré ; la condition, la conséquence immédiate des sacrements était le renvoi de Mme de Châteauroux qui l’avait accompagné à l’armée et qui était à Metz avec lui.

1525. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Saint-Simon considéré comme historien de Louis XIV, par M. A. Chéruel »

Les autres côtés de la place étaient couverts d’échafauds remplis de gens de toutes conditions, que la nouveauté du spectacle avait attirés.

1526. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Idées et sensations : par MM. Edmond et Jules de Goncourt. »

Et, par exemple, pour ne pas sortir du détail du style, MM. de Goncourt ont dit : « L’épithète rare, voilà la marque de l’écrivain. » Ils ont raison, à la condition que l’épithète rare ne soit pas toujours le ton pris sur la palette.

1527. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

Ce n’est certes pas nous qui le blâmerons jamais d’avoir mis des conditions de régime moderne au rétablissement des Bourbons et d’avoir stipulé des garanties.

1528. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SOUZA » pp. 42-61

Mais quand les motifs sur lesquels l’auteur des Mémoires s’appuie ne seraient pas d’une exagération visible, son étonnement ne me paraîtrait pas plus fondé ; car, suivant moi, on n’est jamais en condition d’observer mieux, d’apprécier et de peindre plus finement ce monde-là (si on a. le tact) que lorsque, n’en étant pas tout à fait, de bonne heure on y arrive.

1529. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE DURAS » pp. 62-80

MADAME DE DURAS La Restauration, qui, dans son cercle de quinze années, enferme une époque bien circonscrite et un champ-clos si défini, offre à l’œil certains accidents, certains groupes d’opinions et de personnes, certaines figures, qui ont pu se produire avec avantage sous les conditions d’alors, et que, même sans en adopter le cadre, on se surprend fréquemment à regretter, comme tout ce qui a eu son brillant ingénieux, son harmonie passagère.

1530. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVe entretien. Littérature grecque. L’Iliade et l’Odyssée d’Homère » pp. 31-64

Et si vous me demandez : Pourquoi le chant est-il une condition de la langue poétique ?

1531. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre IV. Des figures : métaphores, métonymies, périphrases »

« Il y a des lieux, dit Pascal, où il faut appeler Paris Paris, et d’autres où il le faut appeler capitale du royaume. » La condition essentielle sans laquelle la périphrase n’est pas recevable, c’est qu’elle désigne si vivement l’objet qu’on ne s’aperçoive même pas de l’absence du mot propre.

1532. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre I. La tragédie de Jodelle à Corneille »

Ces règles donc, qui sont devenues cause de tant d’invraisemblances dans la décadence du théâtre classique, se sont imposées comme condition nécessaire de la vraisemblance : on en méconnaîtrait le caractère si l’on perdait de vue un seul moment à quel état de la mise en scène elles se rapportent.

1533. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Henry Rabusson »

Le plus bel effort de la civilisation la plus raffinée, c’est de mettre les sexes aux prises dans les conditions les plus propres à rendre la lutte charmante ; c’est de multiplier, de nuancer et de prolonger les bagatelles à demi innocentes et tout le jeu préliminaire de l’amour, afin de sauver les oisifs de l’ennui.

1534. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Alphonse Daudet, l’Immortel. »

Daudet, parti d’un fait vrai, l’a rendu totalement invraisemblable et faux parce qu’il en a changé toutes les conditions.

1535. (1829) De la poésie de style pp. 324-338

Et par cela même qu’il a pris deux objets de comparaison, il montre assez qu’il ne sacrifiera pas une de ses deux images à l’autre, et qu’il n’en prolongera aucune jusque dans l’objet spirituel, ce qui est la condition du symbole ; car nécessairement l’autre image deviendrait un hors-d’œuvre, et ne pourrait que nuire à l’effet.

1536. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre X. Les sociales »

Sa phrase puissante va jusqu’à rajeunir la terre, à condition que cette vieille vieillisse encore un peu.

1537. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre V »

Cependant, Fernande, qui veut, à tout prix, quitter sa belle-mère, consent à épouser le comte d’Outreville ; mais la baronne a jeté son dévolu sur le hobereau ; il lui faut un mari titré et borné : le jeune comte réunit ces deux conditions.

1538. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires d’outre-tombe, par M. de Chateaubriand. » pp. 432-452

Cette publication morcelée, tombant en plein carrefour au lendemain d’une révolution, et dans des conditions si différentes de celles où elle s’était de longue main préparée avec mystère, eut lieu bientôt en concurrence d’une autre publication du même genre, Les Confidences de M. de Lamartine, dans lesquelles les qualités, les défauts même avaient la séduction d’une plus jeune, plus fraîche, et toujours facile et coulante manière.

1539. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres et opuscules inédits de Fénelon. (1850.) » pp. 1-21

Je me trouve fort bien de ce marché ; à cette condition, je les défie de me tromper.

1540. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Mme du Châtelet. Suite de Voltaire à Cirey. » pp. 266-285

Mme du Châtelet met au premier rang des conditions du bonheur, de se bien porter ; c’est juste, mais elle le dit en physicienne et sans charme.

1541. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Balzac. » pp. 443-463

En admirant le parti qu’ont su tirer souvent d’eux-mêmes des hommes dont le talent a manqué des conditions nécessaires à un développement meilleur, souhaitons à l’avenir de notre société des tableaux non moins vastes, mais plus apaisés, plus consolants, et à ceux qui les peindront une vie plus calmante et des inspirations non pas plus fines, mais plus adoucies, plus sainement naturelles et plus sereines.

1542. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand. (Berlin, 1846-1850.) » pp. 144-164

Pour que cette connaissance profite réellement, une condition est indispensable, la vérité : Frédéric veut la vérité dans l’histoire : « Un ouvrage écrit sans liberté ne peut être que médiocre ou mauvais. » Il dira donc la vérité sur les personnes, sur les ancêtres d’autrui comme sur les siens propres.

1543. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Frédéric le Grand littérateur. » pp. 185-205

Sa condition de roi, son amour de la noble gloire, et le grand caractère dont il était doué, le dirigèrent à d’autres applications qui avaient pour but l’utilité sociale et la grandeur de sa nation : il estimait « qu’un bon esprit est susceptible de toutes sortes de formes, qu’il apporte des dispositions à tout ce qu’il veut entreprendre.

1544. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Florian. (Fables illustrées.) » pp. 229-248

Chez tous on trouverait des fables vives, ingénieuses, piquantes, qui remplissent toutes les conditions propres à ce petit poème.

1545. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. » pp. 103-122

Mais, dans une note qu’il ajouta à la lettre de son ami, La Harpe, l’un des rédacteurs du Mercure, le prit de plus haut : S’il s’est tu jusqu’à présent, disait-il, c’est par mépris : Mais aujourd’hui que l’on voudrait infirmer l’hommage que je rends à la liberté, et faire croire que ma haine pour l’aristocratie n’est que le sentiment de jalousie que l’on suppose aux conditions inférieures, je suis obligé de déclarer qu’en effet le hasard m’a fait un assez bon gentilhomme, d’une famille originaire de Savoie et établie dans le pays de Vaud, remontant en ligne directe jusqu’à l’année 1389, où l’un de mes ancêtres était gentilhomme de la chambre de Bonne de Bourbon, comtesse de Savoie.

1546. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Charles Perrault. (Les Contes des fées, édition illustrée.) » pp. 255-274

Notez qu’une des premières conditions qu’il convient aux modernes d’apporter dans cette dispute (et Perrault le sent bien), c’est le dégagé.

1547. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — I. » pp. 84-104

Il dut subir les conditions un peu inégales de cette association militante dont il avait, assure-t-on, conçu la première idée.

1548. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Paul-Louis Courier. — I. » pp. 322-340

En ces veines de dissipation, il est très humilié de ne pas savoir danser, condition alors essentielle pour un jeune homme ; il reprend un maître de danse, ce qu’il a fait bien des fois avec un médiocre succès39.

1549. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Bernardin de Saint-Pierre. — II. (Suite et fin.) » pp. 436-455

L’athée, au xviiie  siècle, était un genre à part, une condition ; on disait de tel homme en le désignant du doigt : « C’est un athée » ; et par conséquent de tel autre : « C’est un déiste. » Ces deux systèmes étaient naïvement en présence.

1550. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Saint François de Sales. Son portrait littéraire au tome Ier de l’Histoire de la littérature française à l’étranger par M. Sayous. 1853. » pp. 266-286

L’objet principal de son livre, qu’il adresse à Philothée, c’est-à-dire à une âme amie de Dieu, est de faire voir en exemple encore plus qu’en préceptes comment la piété peut se mêler aux nombreuses occupations de la société, et doit être différemment exercée selon les conditions diverses, par le gentilhomme, par l’artisan, par le valet, par la femme mariée, par la veuve, et toujours d’après le même esprit qui répand la vie et la joie au-dedans.

1551. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand (1846-1853). — II. (Fin.) » pp. 476-495

En retour du bienfait reçu, Rousseau lui adresse pour remerciement une lettre altière, pédantesque, dans laquelle il fait ses conditions : « Vous voulez me donner du pain ; n’y a-t-il aucun de vos sujets qui en manque ?

1552. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 33, que la veneration pour les bons auteurs de l’antiquité durera toujours. S’il est vrai que nous raisonnions mieux que les anciens » pp. 453-488

Ces lumieres se communiqueront encore aux differentes professions de la vie, et déja l’on en apperçoit le crépuscule dans toutes les conditions.

1553. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre V. Séductions pour la compréhension de la psychologie indigène. — Conclusion »

Ils acceptent que leur vie soit courte, sous condition qu’elle soit bonne.

1554. (1892) L’anarchie littéraire pp. 5-32

Si secondaire que fût sa place, il s’en contentait à cette condition.

1555. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VI. Daniel Stern »

Ce sont des pensées, des réflexions et des maximes sur la condition humaine, l’homme, la femme, la vie morale, le cœur, l’esprit, l’éducation, le temps présent, les arts et les lettres, l’aristocratie, la bourgeoisie, le peuple et la religion des contemporains.

1556. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Édelestand du Méril »

Dans une introduction encore plus spirituelle qu’érudite, où il montre une aisance de généralisation qui est la grâce de la métaphysique, l’auteur de l’Histoire de la Comédie détermine, en maître, les conditions d’une pareille histoire, et il en indique les résultats.

1557. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Ernest Renan »

C’est le sophiste de la diminution, et non pas de celle-là qui s’opère en vertu d’une main puissante, qui la fait parce qu’elle a la force de la faire, mais de celle qu’on obtient à la longue, avec le frottement d’une brosse molle, et qui, pratiquée dans les conditions de prudence nécessaire, arrive peu à peu, mais sûrement, au rien désiré.

1558. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XV. »

Cette condition seule peut-être a manqué pour donner dès-lors au Latium, dans un autre ordre de génie, une gloire égale à celle d’Homère.

1559. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXIII. »

Je goûte infiniment ses odes ; elles sont bien supérieures à toutes les productions lyriques de nos poëtes anglais. » Lady Montague jugeait là comme le monde du temps ; elle croyait Rousseau peu honnête homme et grand poëte, conditions qui s’excluent devant la postérité.

1560. (1915) Les idées et les hommes. Deuxième série pp. -341

Le sujet du poème, c’est l’inévitable condition de toute vie ; la péripétie en est le débat du temps et du néant ; et la conclusion, le désespoir. […] Ne dirait-on pas que, fort à propos, la tradition monarchique s’est renouée, pour rétablir dans ses conditions normales d’existence le bel adolescent, hier éperdu ? […] Dans les derniers temps de l’ancien régime, une jeunesse florissait, à laquelle son ascendance avait préparé lentement ses conditions de vie, conditions matérielles, intellectuelles et morales. […] Le poète n’a point osé : il y a, dans l’idée du bonheur, une condition de durée, avec laquelle on n’a pas la folie de s’engager. […] Et elle accepte ces mauvaises conditions.

1561. (1929) La société des grands esprits

« Le dogmatisme semble être la condition même de l’esprit scientifique : en réalité, il le tue. […] Le docteur Armaingaud ajoute que c’était presque son devoir, en tant que condition indispensable pour qu’il pût exercer une influence efficace. […] Sa condition lui permit heureusement l’indépendance que réclamait son caractère. […] On a peu de renseignements sur la mère, une certaine Hélène, qui paraît avoir été de condition plus modeste que celle de Ronsard. […] C’est pour lui la condition nécessaire, sinon suffisante.

1562. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Première série

Il a voulu montrer que « la musique du vers peut éveiller tout ce qu’elle veut dans notre esprit et créer même cette chose surnaturelle et divine, le rire », et que l’emploi d’un même procédé peut exciter la joie comme l’émotion dans les mêmes conditions d’enthousiasme et de beauté ». […] Jacquinet a fait précéder les Oraisons funèbres d’une Introduction très substantielle où il nous montre, entre autres choses, que Bossuet a toujours été aussi sincère que le pouvaient permettre les conditions mêmes et les convenances du genre. « Voyez, je vous prie, ajoute M.  […] Il a dû, à vingt ans, et dans des conditions qui rendaient le choix particulièrement douloureux et dramatique, opter entre la foi et la science, rompre les liens les plus forts et les plus doux et, comme il était plus engagé qu’un autre, la déchirure a sans doute été d’autant plus profonde. […] Les effets ne sont pas les mêmes dans la tragédie et le roman, les conditions mêmes et les conventions des deux genres étant différentes ; mais ces effets sont peut-être équivalents. […] Zola que bien des choses dans le romantisme ont vieilli et paraissent ridicules ; que les œuvres qui nous intéressent le plus aujourd’hui sont celles qui partent de l’observation des hommes tels qu’ils sont, traînant un corps, vivant dans des conditions et dans un « milieu » dont ils subissent l’influence.

1563. (1864) Corneille, Shakespeare et Goethe : étude sur l’influence anglo-germanique en France au XIXe siècle pp. -311

Les lois d’Aristote qui sont un résumé parfaitement exact et logique des conditions artistiques de la civilisation grecque, furent, en dépit du sens commun et par un anachronisme absurde, adaptées à l’art moderne. […] Les auteurs classiques français ne virent point l’homme face à face avec Dieu ou avec la nature ; mais, ce qui les attira tout d’abord, ce fut la condition de l’homme parmi ses semblables, ses vertus ou ses vices sociaux, ses actions éclatantes ou viles, et les conflits qui s’établissaient entre les diverses classes de la société. […] — Telles étaient les conditions que faisait aux poètes le despotisme littéraire de la cour de Versailles. […] Le goût qui régnait à la cour du grand roi n’admettait la nature qu’à condition qu’elle fût peignée, frisée et taillée comme les ifs et les charmilles de Versailles. […] En résumé, idéalisation du sentiment qui fait le sujet, en laissant à l’art du conteur le soin de placer ce sujet dans des conditions et dans un cadre de réalité assez sensible pour le faire ressortir10 ».

1564. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 5482-9849

On demande s’il y a une condition plus heureuse qu’une autre, si l’homme en général est plus heureux que la femme ; il faudroit avoir été homme & femme comme Tiresias & Iphis, pour décider cette question ; encore faudroit-il avoir vécu dans toutes les conditions avec un esprit également propre à chacune ; & il faudroit avoir passé par tous les états possibles de l’homme & de la femme pour en juger. […] Mais on veut savoir quel est le plus heureux de deux hommes également sains, également riches, & d’une condition égale, il est clair que c’est leur humeur qui en décide. Le plus moderé, le moins inquiet, & en même tems le plus sensible, est le plus heureux ; mais malheureusement le plus sensible est toûjours le moins modere : ce n’est pas notre condition, c’est la trempe de notre ame qui nous rend heureux. […] Epictete, ce modele de résignation & de patience, cet homme si grand dans une condition si basse, ne parle jamais que d’un seul Dieu : voici une de ses maximes.

1565. (1895) Les mercredis d’un critique, 1894 pp. 3-382

Durantin, lequel l’agréa, sauf cette condition que son nom figurerait sur la brochure, car nous avions oublié la brochure qui ne pouvait pas paraître sans nom d’auteur. […] À condition que je sois bien portant ? […] Une sorte de réaction s’est pourtant opérée, et aujourd’hui nous sommes devenus un peu plus soucieux de ce qui se passe au-delà de nos frontières, à la condition toutefois que cela nous soit raconté d’une façon légère, amusante, et que les relations des voyageurs ne soient pas alourdies par des pages de tarifs douaniers, des recensements de population ou des questions d’économie politique comparative. […] Cette douleur ne fut ni moins grande ni moins vraie que la première, témoin cette autre lettre qu’il écrivait dans les mêmes conditions que celles que nous venons de citer : « Non, vous ne lui écrirez plus, disait Guizot, à sa belle-sœur madame Decourt, vous ne la verrez plus à table, dans sa chambre, nulle part ; elle n’est plus à sa place. […] Je passe sur sa biographie, qu’il faut lire dans la présentation de Daudet ; elle se résume à ceci : un simple pâtre, un ramasseur de bouses a écrit les impressions qu’il recevait de la nature ; il est venu à Paris chercher la fortune ; il ne l’y a pas trouvée, et le rêve de Daudet serait de le voir retourner au pays dans des conditions moins précaires que celles où il l’a quitté.

1566. (1896) La vie et les livres. Troisième série pp. 1-336

Il s’analysait perpétuellement, ce qui prouve que l’inconscience n’est pas une condition essentielle de l’activité.

1567. (1878) Nos gens de lettres : leur caractère et leurs œuvres pp. -316

La condition de mon fils est meilleure que la mienne. […] Ces conditions matérielles remplies, Œdipe-roi, Œdipe à Colone, Iphigénie à Aulis, Antigone, redeviendraient peut-être, comme il y a trois mille ans, des spectacles populaires ; Euripide et Sophocle seraient estimés au boulevard ! […] Il sera fatalement (la fatalité, c’est la justice des événements) époux coupable, s’il reste amant ; amant lâche et méprisable, s’il se retranche dans sa nouvelle condition. […] » Il y a, dans cette phrase, non seulement la haine du catholique et du « mérovingien » contre la centralisation démocratique qui a, si je puis dire, supprimé les castes topographiques comme les castes sociales, mais encore et surtout la vue exacte des conditions du paysage. […] Si le terme n’était pas d’invention nouvelle, et qu’on s’accordât sur la signification, j’appellerais volontiers le « divin poète » un réaliste, à condition qu’on désigne ainsi (et ce n’est pas très sûr) l’homme de lettres ou l’artiste dont l’œuvre reproduit, dans une forme appropriée, le spectacle social qui se déroule devant lui.

1568. (1891) Enquête sur l’évolution littéraire

Dans ces conditions il n’est pas probable que la littérature se rapproche de la forme classique. […] ces conditions fatales de l’art actuel ? […] Toutefois, quant à réussir, les symbolistes me paraissent entrer dans la lutte pour la vie sous des conditions anormales et désavantageuses pour eux. […] Le mouvement actuel est différent : on fait du symbole la condition essentielle de l’art. […] Mais alors il se trouve dans les conditions mêmes de toutes les expériences scientifiques, où la réalité d’hier n’est plus celle de demain.

1569. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome III pp. -

A force de menaces & de censures, il vint à bout de faire recevoir les religieux mendians dans l’université ; mais elle ne les admit à son corps, par un décret du 21 février 1259, qu’à condition qu’ils auroient toujours le dernier rang dans les actes & dans les assemblées. […] Sur ce refus, les dominicains furent chassés de la faculté, & n’y entrèrent que l’an 1401, par la médiation du roi, à condition néanmoins qu’ils obéiroient au décret. […] Clément VII lui accorda sa demande, à cette seule condition qu’il se présenteroit, une fois tous les ans, à son provincial, dans le temps du chapitre des frères mineurs de l’observance. […] Le parlement consent à l’ouverture du collège de Clermont, à une condition ; c’est que les jésuites se feroient aggréger, dans six mois de temps, au corps de l’université. […] Le premier étoit homme de condition, mais avocat peu estimé ; le second avoit la plus grande réputation.

1570. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre III. Ben Jonson. » pp. 98-162

. —  Conditions de la raison humaine. —  Quelle est dans Shakspeare la faculté maîtresse. —  Conditions de la représentation exacte.

1571. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (2e partie) » pp. 315-400

Je n’avais rien connu par moi-même, rien vu de ce que je peignais, je devais donc posséder par anticipation la connaissance des différentes conditions humaines. […] Jamais je n’ai eu beaucoup de respect pour la condition pure de prince, quand elle n’est pas alliée à une nature solide et à la valeur personnelle.

1572. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Figurines »

Une autre plaie de La Bruyère, une seconde source d’amertume, ce fut l’humilité de la condition des écrivains qui n’étaient qu’écrivains. […] Mais, comme il est académicien, qu’il mène forcément une vie plutôt artificielle et mondaine, la vie que son nom et sa condition lui imposent, et qu’il est, quoi qu’il fasse, sinon d’une coterie, au moins d’une société, avec qui qui sa pensée intime n’a presque rien ’ de commun, il semble, en quelque manière, exilé dans son monde.

1573. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Bossuet et la France moderne »

Toutefois les conditions de la paix d’Alais, signée en 1629, prouvent que Richelieu fut assez clairvoyant et indépendant du « parti dévot » toujours avide de sang protestant, pour laisser aux Réformés l’exercice de leur culte et un certain droit à l’existence. […] « Deux chefs de famille de la ville de Meaux, de condition fort médiocre, ont écrit à leur évesque depuis quelques jours qu’il leur restoit beaucoup de scrupule sur quelques points de doctrine, et principalement sur celuy du Purgatoire.

1574. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — I. » pp. 134-154

Ce que fit soigneusement Rosny : dans les diverses alternatives et boutades de cour qui suivirent cette sanglante catastrophe, lorsque Henri était traité avec plus d’égards et que ses domestiques avaient liberté de le venir servir, Rosny ne manquait pas à son devoir ; lorsque le prince était retenu en prison et séparé de ses serviteurs, le jeune homme se tenait à l’écart et dans l’attente : Mais, en quelque condition que vous fussiez, lui disent ses secrétaires ; vous preniez toujours le temps de continuer vos études, surtout de l’histoire (de laquelle vous faisiez déjà des extraits tant pour les mœurs que les choses naturelles), et des mathématiques, lesquelles occupations faisaient paraître votre inclination à la vertu.

1575. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « I » pp. 1-20

Nous en resterons donc, pour sa disposition d’esprit en cette heure pour lui si sérieuse, sur cet unique témoignage, cette lettre adressée à Thieriot qui se trouve dans la correspondance générale, et où se lisent ces nobles paroles : Je suis encore très incertain si je me retirerai à Londres : je sais que c’est un pays où les arts sont tous honorés et récompensés, où il y a de la différence entre les conditions, mais point d’autre entre les hommes que celle du mérite.

1576. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Mémoires ou journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guetté. Tomes iii et iv· » pp. 285-303

Sa condition désormais, sa spécialité, en quelque sorte, sera de tenir l’article Bossuet (manuscrits, biographie., etc.) ; il craint les concurrences.

1577. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — II — Vauvenargues et le marquis de Mirabeau » pp. 17-37

un homme de condition est-il bien placé de passer les plus belles années de sa vie à Verdun ?

1578. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Vie de Maupertuis, par La Beaumelle. Ouvrage posthume » pp. 86-106

Cette publication le mit en rapport avec la famille de Noailles et avec les dames de Saint-Cyr qui lui ouvrirent leurs précieuses archives, à condition qu’il n’en dirait rien, et il devint l’éditeur en titre ou à peu près, et non désavoué, quoique non autorisé, de l’ensemble des lettres de Mme de Maintenon.

1579. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « L’abbé de Marolles ou le curieux — II » pp. 126-147

J’y opposerai seulement une certaine page des mémoires de Marolles où il se représente, sans y être obligé, comme singulièrement attaché à la pudeur, et n’ayant jamais manqué en rien d’essentiel aux devoirs de sa condition, et aussi cette autre page où, déplorant en 1650 la mort d’une petite fille née en son logis et sœur des deux autres personnes dont parle Jean Rou, il la regrette en des termes si touchants, si expressifs et si publics, que véritablement il ne semble pas soupçonner qu’on puisse attribuer sa douleur à un sentiment plus personnel : « Cela fait bien voir, dit-il simplement, ce que peut quelquefois la tendresse de l’innocence sur le cœur d’un philosophe quand il ne s’est pas dépouillé de toute humanité. » — Cette remarque faite pour l’acquit de ma conscience, chacun en croira pourtant ce qu’il voudra.

1580. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire de l’Académie française, par Pellisson et d’Olivet, avec introduction et notes, par Ch.-L. Livet. » pp. 195-217

Il était, du reste, dans les meilleures conditions quand il écrivait ce récit : à côté de l’Académie sans en être encore, et dans la confidence des témoins les mieux informés.

1581. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Merlin de Thionville et la Chartreuse du Val-Saint-Pierre. »

Mais cette vie monastique, se rapportant essentiellement aux besoins et aux conditions d’une autre époque, a eu aussi sa décadence visible, et déjà plusieurs fois manifeste, décadence au xve et au xvie  siècle, décadence au xviiie .

1582. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Sismondi. Fragments de son journal et correspondance »

À peine revenu à Genève, et dans le premier ennui de l’isolement, il faillit faire ce qu’on appelle une sottise : il s’était amouraché d’une jeune fille d’une condition un peu inférieure, sans fortune, et il voulait l’épouser.

1583. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Lettres inédites de Michel de Montaigne, et de quelques autres personnages du XVIe siècle »

Mais il fut et il parut, dans toutes ces charges et conditions de rencontre et de circonstance, avec les qualités de bon sens, de modération et d’humanité qu’on lui connaît, avec un excellent esprit et un zèle qui, dans ses intermittences, avait des accès assez vifs, bien que ne se soutenant pas.

1584. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Collé. »

Un vieillard jeune serait trop insolent. » J’aime sans doute les livres vrais, les livres qui sont le moins possible des livres et le plus possible l’homme même ; mais c’est à la condition qu’ils vaillent la peine d’être donnés au public et qu’ils ajoutent à l’idée qui mérite de survivre.

1585. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite.). Guerre des Barbets. — Horreurs. — Iniquités. — Impuissance. »

À la fin d’avril tout semblait terminé ; les troupes avaient ramassé plus de six mille prisonniers de tout âge et de toute condition qu’on poussait devant soi comme des troupeaux ; il ne restait plus que quelques malheureux échappés au carnage, des enfants perdus sur des hauteurs inaccessibles.

1586. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite et fin.) »

Catinat put écrire au roi, le 22 juillet 1696 : « L’échange des otages va se faire aujourd’hui… C’est une grande affaire que d’avoir l’épine de cette guerre ici hors du pied, et je suis persuadé que ceux qui en parleront autrement et qui en contrôleront les conditions, c’est qu’ils ne la connaissent pas. » Il y a peu de militaires qui, pour tout chant de triomphe, à la fin d’une guerre où ils ont acquis de la gloire, se félicitent et félicitent leur pays d’avoir « une épine hors du pied ».

1587. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée par. M. le Chevalier Alfred d’Arneth »

. — Je ne laisse subsister la note qu’on vient de lire qu’à la condition d’en rétracter une partie.

1588. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite.) »

Diderot ne se charge de la besogne qu’a une condition léonine : Tout ou rien, et Raynal en passe par là !

1589. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres inédites de F. de La Mennais »

Ce n’est pas connaître le monde, en effet, que de vivre jusqu’à l’âge de trente-deux ans au fond d’une campagne, n’ayant qu’un seul ordre étroit et sévère de rapports et d’intérêts moraux, de n’avoir jamais observé la société moderne dans l’infinie variété de ses conditions, de ses opinions, de ne s’être pas accoutumé de bonne heure à considérer de plain-pied les hommes nos semblables dans la diversité de leurs goûts, de leurs aptitudes, de leurs talents et de leurs mérites, dans les directions multipliées de leur, zèle et de leur ardeur, dans leur indifférence même, qui serait bien souvent de la sagesse si elle était plus réfléchie.

1590. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

Royer-Collard capitula, mais il fit ses conditions.

1591. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [III] »

Un décret de l’Empereur, qui porte la date du 7 décembre, nommait Jomini général de brigade ; il ne l’apprit que dix jours après : sa soumission était sans doute la condition sous-entendue et préalable pour la sortie du décret.

1592. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MME DESBORDES-VALMORE. (Les Pleurs, poésies nouvelles. — Une Raillerie de l’Amour, roman.) » pp. 91-114

C’est une chose bien remarquable, comme, en avançant dans la vie et en se laissant faire avec simplicité, on apprécie à mesure davantage un plus grand nombre d’êtres et d’objets, d’individus et d’œuvres, qui nous avaient semblé d’abord manquer à certaines conditions, proclamées par nous indispensables, dans là ferveur des premiers systèmes.

1593. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « GRESSET (Essai biographique sur sa Vie et ses Ouvrages, par M. de Cayrol.) » pp. 79-103

Le succès de ce petit poème fut inimaginable ; la condition de l’auteur ajoutait au piquant.

1594. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre II. De l’expression »

II C’est à condition d’y mettre une âme, et ce n’est pas chez La Fontaine qu’elle peut manquer.

1595. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XI, les Suppliantes. »

. — « Je te l’ai déjà dit : quand j’en aurais le pouvoir, je ne déciderais rien sans le peuple, de peur qu’il ne me dise un jour, si quelque revers arrivait : — Pour sauver des étrangères, tu as perdu la cité. » Même sous cette condition, Pélasgos temporise et hésite encore.

1596. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre IV »

La vie s’est faite onéreuse, ses conditions se sont compliquées, ses voies se resserrent et s’encombrent, les intérêts, les besoins, les tentations, les désirs se sont multipliés à outrance.

1597. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XII »

A ces conditions, il aura trouvé le bonheur.

1598. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) «  Mémoires et correspondance de Mme d’Épinay .  » pp. 187-207

On y verra à nu ce qu’était l’intérieur d’un riche mariage dans ce monde de condition et de haute finance au milieu du xviiie  siècle18.

1599. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame Geoffrin. » pp. 309-329

Et elle ajoute dans un sentiment aussi touchant qu’élevé, sur son royal pupille : C’est une terrible condition que d’être roi de Pologne.

1600. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon. » pp. 270-292

Si Saint-Simon n’a pu faire rendre si tard à la noblesse française une influence politique et aristocratique qui n’était point sans doute dans les conditions de notre génie national et dans nos destinées, il a fait pour elle tout ce qu’il y a de mieux après l’action, il lui a donné, en sa propre personne, le plus grand écrivain qu’elle ait jamais porté, la plume la plus fière, la plus libre, la plus honnête, la plus vigoureusement trempée et la plus éblouissante, et ce duc et pair dont on souriait alors se trouve être aujourd’hui, entre Molière et Bossuet (un peu au-dessous, je le sais, mais entre les deux certainement), une des premières gloires de la France27.

1601. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Diderot. (Étude sur Diderot, par M. Bersot, 1851. — Œuvres choisies de Diderot, avec Notice, par M. Génin, 1847.) » pp. 293-313

Ce faire étonnant, qui est la condition sans laquelle l’idée elle-même, après tout, ne peut vivre, cette exécution à part et supérieure qui est le cachet de tout grand artiste, quand Diderot la rencontre chez l’un d’eux, il est le premier à la sentir et à nous la traduire par des paroles étonnantes aussi, singulières, d’un vocabulaire tout nouveau dont il est comme l’inventeur dans notre langue.

1602. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Fontenelle, par M. Flourens. (1 vol. in-18. — 1847.) » pp. 314-335

Il ne devine pas qu’il a pu y avoir autrefois, à un certain âge du monde, sous un certain climat, et dans des conditions de nature et de société qui ne se retrouveront plus, une race heureuse qui s’est épanouie dans sa fleur, et que nous pouvons, nous autres modernes, surpasser en tout, excepté en ce premier développement délicat, en ce premier charme divin.

1603. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Le duc de Lauzun. » pp. 287-308

Il ne s’en tira avec ses créanciers que moyennant un arrangement qui changea les conditions de son existence.

1604. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Jasmin. (Troisième volume de ses Poésies.) (1851.) » pp. 309-329

Cette vigne réunit toutes les conditions que Pline le Jeune exigeait pour la petite propriété du poète et de l’homme d’étude : « Tantum soli ut… reptare per limitem omnes viticulas suas nosse et numerare arbusculas possint.

1605. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Monsieur de Bonald, (Article Bonald, dans Les Prophètes du passé, par M. Barbey d’Aurevilly, 1851.) » pp. 427-449

Considérant la personne de l’Homme-Dieu dans tous ses états et toutes ses conditions, M. de Bonald dira : « Dans la famille, il est fils, il est parent, il est ami ; dans la société politique, il est sujet et même il est pouvoir ; dans la société religieuse, il est pouvoir et même il est sujet. » Cette antithèse de pouvoir et de sujet tient à la formule fondamentale de l’auteur ; mais comment ne pas l’oublier ici ?

1606. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires et correspondance de Mallet du Pan, recueillis et mis en ordre par M. A. Sayous. (2 vol. in-8º, Amyot et Cherbuliez, 1851.) — I. » pp. 471-493

Mallet, à vingt et un ans, fit donc une brochure qui, eu égard aux conditions de la petite république, pouvait sembler révolutionnaire : il embrassait avec générosité la cause des nombreux habitants dits natifs (comme qui dirait le tiers état du lieu) qui n’étaient point représentés.

1607. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Mémoires du cardinal de Retz. (Collection Michaud et Poujoulat, édition Champollion.) 1837 » pp. 40-61

Ce ne serait pas la première fois qu’une nature supérieure se serait transformée en s’emparant du pouvoir et en l’exerçant ; et même on n’est tout à fait supérieur qu’à cette condition d’avoir en soi ce qui transforme et renouvelle, ce qui suffit à toutes les situations grandes.

1608. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le Brun-Pindare. » pp. 145-167

Il vise lui-même à remplir quelques-unes de ces conditions difficiles qu’il impose au génie ; il sait qu’une muse n’atteindra jamais aux beautés sévères, « si elle n’a point le courage d’acquérir dans le silence littéraire cette mâle vigueur que ne sauraient énerver ni le bon ton ni la bonne compagnie : Ceux dont le présent est l’idole Ne laissent point de souvenir : Dans un succès vain et frivole Ils ont usé leur avenir.

1609. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame de Motteville. » pp. 168-188

Dans cette agréable discussion qu’elle soutint par lettres avec la Grande Mademoiselle sur les conditions d’une vie parfaitement heureuse, elle lui écrivait : « Je n’avais que vingt ans quand la liberté me fut rendue ; elle m’a toujours semblé préférable à tous les autres biens que l’on estime dans le monde, et, de la manière que j’en ai usé, il semble que j’ai été habitante du village de Randan », — un village d’Auvergne où les veuves ne se remariaient pas.

1610. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « M. Fiévée. Correspondance et relations avec Bonaparte. (3 vol. in-8º. — 1837.) » pp. 217-237

Le moment où Mme de Senneterre se voit munie de cette lettre de recommandation, son étonnement involontaire en la retournant machinalement entre ses mains, sa préoccupation de l’accueil qui lui sera fait, son inquiétude pour sa toilette qu’il faut proportionner à la modestie de sa condition nouvelle, tout cela est pris dans la nature et devait rappeler à plus d’une lectrice des circonstances trop réelles et trop récentes : Extrêmement fatiguée de ne pouvoir m’arrêter à rien, racontait Mme de Senneterre, je me couchai.

1611. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Monsieur Michaud, de l’Académie française. » pp. 20-40

Michaud n’avait jamais considéré sa place de lecteur du roi comme un lien ; il comprenait très bien les conditions de la presse, en ce sens que, pour avoir action sur le public, il ne faut rien accepter du pouvoir.

1612. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Montesquieu. — I. » pp. 41-62

[NdA] « Il aimait beaucoup les femmes », a dit l’abbé de Voisenon, qui ajoute ce malin propos que je donne sans commentaire : « Le Temple de Gnide lui valut de bonnes fortunes, à condition qu’il les cacherait. » b.

1613. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Montesquieu. — II. (Fin.) » pp. 63-82

Ce n’est pas mal qu’un législateur pousse les hommes, fût-ce même moyennant un peu d’illusion, à toutes leurs facultés et à toute leur vertu ; mais il doit savoir au-dedans à quelles conditions cela est possible et prendre ses précautions en conséquence.

1614. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — I. » pp. 127-148

Avec cela il a soin de nous avertir que cette application au bien général se faisait sans dommage pour ses intérêts particuliers ; il ne croit nullement que la première condition pour bien faire les affaires du public soit de commencer par mal faire les siennes propres.

1615. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — I. » pp. 224-245

Le prince de Condé à peine arrêté, et pour se racheter de prison, propose de tout révéler et de découvrir tous les secrets de son parti et de sa cabale : « Ce qui ne témoignait pas tant de générosité et de courage, remarque Richelieu, qu’une personne de sa condition devait avoir. » C’est alors que la reine se voit en mesure de former décidément son Conseil des ministres, qu’elle avait déjà changé en partie : à une nouvelle situation il fallait une politique nouvelle.

1616. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Grimm. — I. » pp. 287-307

La Correspondance littéraire de Grimm est un des livres dont je me sers le plus pour celles de ces études rapides qui se rapportent au xviiie  siècle : plus j’en ai usé, et plus j’ai trouvé Grimm (littérairement, et non philosophiquement parlant) bon esprit, fin, ferme, non engoué, un excellent critique en un mot sur une foule de points, et venant le premier dans ses jugements ; n’oublions pas cette dernière condition.

1617. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Grimm. — II. (Fin.) » pp. 308-328

» Dans sa doctrine essentiellement aristocratique, il pensait encore que la vérité et la liberté, telles qu’il les entendait, n’appartiennent en ce monde qu’à un petit nombre, à une élite, et encore « sous la condition expresse d’en jouir sans trop s’en vanter ».

1618. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand (1846-1853). — I. » pp. 455-475

Il persiste à repousser toute comparaison, tout point de contact avec les héros, avec les conquérants ; il en est presque là-dessus aux lieux communs de la philosophie : Si les qualités du cœur peuvent entrer dans la composition d’un héros, si la fidélité et l’humanité peuvent tenir lieu de cette fureur brutale et souvent barbare des conquérants ; si le discernement et le choix des honnêtes gens peut être préféré au vaste génie de ceux qui conçoivent les plus grands desseins ; si enfin les bonnes intentions et la douceur sont préférables à l’activité de ces hommes remuants qui semblent être nés pour bouleverser tout le monde ; alors, et à ces conditions, je puis entrer en compromis avec eux.

1619. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Émile Zola » pp. 70-104

Cet esprit, animé comme presque toutes les âmes humaines, de l’amour des conditions utiles à son espèce, arriverait naturellement à les abstraire de ses expériences, à éprouver ainsi pour la santé, la raison, la sensualité, la force, un attachement admiratif, à ressentir une sourde exaltation toutes les fois qui lui arrivera de parler d’un paysage luxuriant et estival, d’une foule fluctuant, de l’obstination volontaire de ses héros, de la volupté conquérante de ses femmes, de n’importe quel grand réceptacle de force délétère ou non, mais agissante et dynamique.

1620. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre VI. Le beau serviteur du vrai »

Il y à eu, dans ces dernières années, un instant où l’impassibilité était recommandée aux poëtes comme condition de divinité.

1621. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre VI. Des Livres qui traitent de la Rhétorique. » pp. 294-329

Les préceptes que ce Rhéteur philosophe fournit sur le genre déliberatif, le démonstratif & le judiciaire ; la peinture qu’il fait des mœurs de chaque âge, de chaque état, de chaque condition, la maniere dont il explique les moyens d’exciter ou de calmer les passions ; les instructions qu’il donne par rapport aux preuves, aux caractères de la bonne élocution, au choix des mots, à la structure de la période, & à toute l’œconomie du discours oratoire, montre qu’il n’ignoroit rien de ce qui est essentiel à l’éloquence, & qu’il en avoit approfondi toutes les parties.

1622. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « X. Ernest Renan »

La société a préexisté, à l’homme, Dieu à la société, et comme il leur préexistait, il les a constitués par le langage, cette condition sine qua non de tous nos développements en tous genres, sans laquelle l’esprit de l’homme avorterait.

1623. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre X. »

En même temps que poëte, il pouvait être guerrier de terre et de mer comme Eschyle ou Sophocle, par la condition générale du dévouement à la patrie ; mais, d’ordinaire, il n’était poëte que dans une seule des grandes et simples divisions de l’art, la tragédie, la comédie, le poëme lyrique ou gnomique.

1624. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XX. Le Dante, poëte lyrique. »

Il aura, dans son langage habilement extrait de tous les dialectes vulgaires de l’Italie, l’énergie populaire et la sublimité, ou la douceur mystique ; il empruntera sans cesse à la riche nature dont il est entouré, au spectacle des champs, au souvenir de ses fuites à travers tous les lieux et parmi toutes les conditions humaines, à ses combats, à ses souffrances, bien des images de la vie réelle et des mœurs de son temps et il sera pourtant, à certaines heures de son inspiration, le plus idéal et le plus recueilli des poëtes religieux.

1625. (1897) Aspects pp. -215

C’est pourquoi je me suis plu à repousser les propositions qu’on me fit, maintes fois d’entrer dans les rédactions de journaux où l’on m’affirmait me garantir mon indépendance — à condition que je laisserais de côté les thèmes subversifs et que je ménagerais les « amis de la maison ». […] Mais combien les conditions d’existence sont changées ! […] Clemenceau : « L’homme sain accepte le monde avec ses conditions d’existence auxquelles nul ne peut se soustraire, et, dépensant toutes ses énergies dans l’action, au lieu de médire de la vie, il la fait meilleure et plus belle en prodiguant autour de lui tout ce qu’il peut de lui-même. […] De la sorte, s’il a du talent, il remplira les deux conditions qui donnent de l’intérêt à la critique : il se prouvera original dans ses jugements, il témoignera de sa bonne foi En somme cela revient à dire que : tant vaut le producteur, tant vaut sa critique. […] Riotor, Berthou, Hauser, Fabulet, Dautel, Baslin, Selme, Raymond, Garnier, Letalle, Ténib ont fait loyalement tous leurs efforts pour remplir de telles conditions.

1626. (1896) Hokousaï. L’art japonais au XVIIIe siècle pp. 5-298

L’amoureux remplit les conditions imposées par la poétesse mais, à sa sortie de chez elle, la quatre-vingt-dix-neuvième nuit, — c’était par un hiver très froid, — il fut gelé. […] Il représente à la mère que le fils du ministre est d’une grande famille, que son mari n’est rien, que le mariage est bien disproportionné, qu’il n’y a qu’un moyen de réussir : c’est que sa fille ait une entrevue qui permette de croire à des rapports secrets entre eux, et que, dans ces conditions, le père ne voudra pas s’opposer au mariage. […] Et généralement il est difficile de trouver un artiste qui possède une de ces conditions. […] bien, il y a un homme de Yédo, appelé Hokousaï, adonné depuis de longues années à la peinture, et qui remplit ces trois conditions. […] Je vous prie donc de songer aux tristes conditions dans lesquelles je me trouve ; mais mon bras (ici un croqueton de ce bras) n’a nullement faibli, et je travaille avec acharnement.

1627. (1903) La vie et les livres. Sixième série pp. 1-297

Nous assistons aux moments successifs qui sont la condition même de la vie. […] Malgré ses cinquante-cinq ans, le général Dugommier avait de l’ardeur, de l’activité et une intelligence supérieure des conditions de la guerre. […] Il a voulu savoir dans quelles conditions avait été rendue cette sentence, que les historiens de tous les partis s’accordent à déclarer inique et monstrueuse. […] Cette paix brillante, vite conclue, apparaissait à tous les Français comme la condition de leur liberté. […] Cette condition était rigoureusement nécessaire.

1628. (1906) Propos de théâtre. Troisième série

» J’avoue sans détour que cette réponse n’a pas ébranlé ma conviction. » — Pour conclure, ce bon Planche croit avoir trouvé le moyen d’endiguer l’invasion du caprice dans l’ancien répertoire, « c’est de le soumettre aux mêmes conditions que les pièces nouvelles, c’est-à-dire d’en surveiller les répétitions, sans rien abandonner aux prétentions des comédiens. […] Il reste juste d’une façon générale ; mais à la condition qu’on l’amende un peu. — Je dirai quelque chose comme ceci : Le théâtre imite la vie ; mais la vie aussi imite le théâtre quelquefois. […] Dansces conditions, tout ce qui est de comédie disparaît et le rôle de La Musardière est précisément celui où il y a le plus de comédie, c’est-à-dire de réalité poussée à la charge, mais enfin de réalité. […] C’est bien ce que Constantin avait à faire, à la condition d’être un héros, sans doute ; mais encore c’est bien ce qu’il avait à faire.

1629. (1835) Critique littéraire pp. 3-118

Il faut bien l’avouer, de toutes les conditions qu’une langue peut subir dans les temps de rénovation littéraire, celle-là serait la plus irrémédiable et la plus triste. […] Mais à quelle condition ? […] Cette convention est établie sur de certaines bases fixes et immuables : voilà pour le fond de la langue ; elle se modifie dans ses termes sans jamais s’altérer dans ses conditions essentielles : voilà pour le progrès.

1630. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Marivaux. — I. » pp. 342-363

Dans cette petite personne si mignonne, si distinguée, si au-dessus de sa condition, si glorieuse tout bas et si raisonneuse, dans cette Marianne du roman il y a quelque chose de Mme de Maintenon jeune et guettant en tout honneur la fortune ; mais c’est Mme de Maintenon rapetissée et vue en miniature, avec plus de grimace qu’elle n’en eut jamais.

1631. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire de la querelle des anciens et des modernes par M. Hippolyte Rigault — II » pp. 150-171

» Il avait raison en un sens, il choisissait bien ses exemples ; mais il avait tort en ce qu’il confondait tous les âges et qu’il ne se figurait pas qu’il avait pu y avoir une belle jeunesse première, une saison d’efflorescence vigoureuse dans la mieux douée des races, se servant de la plus variée et de la plus euphonique des langues, et que sous des conditions uniques il en était sorti toute une poésie et un art primitif, plus voisin de la nature, et qui ne s’est vu qu’une fois : Homère, disait-il avec une sorte de naïveté contente de soi et de son temps et très commune alors, Homère aurait peut-être atteint à la perfection, s’il fût né dans le siècle d’Auguste ou dans le nôtre ; mais né dans des temps où l’art ne s’était point encore montré, n’étant guidé par aucunes règles, éclairé par aucun exemple, on lui doit tenir grand compte de son poème, tout monstrueux qu’il est.

1632. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Souvenirs militaires et intimes du général vicomte de Pelleport, publiés par son fils. » pp. 324-345

Tout homme qui a assisté à de grandes choses est apte à faire des mémoires, mais à une condition, c’est qu’il ne les fasse que sur ce qu’il a vu, vu de ses propres yeux, observé de particulier et de précis, laissant à d’autres plus ambitieux ou mieux doués la prétention ou la gloire des tableaux, des histoires et descriptions générales.

1633. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Histoire de la Restauration par M. Louis de Viel-Castel. Tomes IV et V. (suite et fin) »

Royer-Collard n’eut donc, en variant, aucun tort ; sa conduite, dans les deux cas, fut sage ; sa parole seulement reste debout et se dresse à nos veux un peu excessive et absolue dans l’expression, comme c’était la condition et la forme de son talent : nous ne sommes pas assez casuiste pour le lui reprocher.

1634. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

« Trêve de descriptions sur mes jouissances d’amour-propre ; ce qui vaut mieux que ces fadaises, c’est que l’amiral Lalande, homme charmant par ses manières d’une part et ravissant par son amour pour les arts, sachant que j’avais un tableau à faire de la prise de Lisbonne, m’a fait faire à notre bord un branle-bas de combat à feu dans les conditions voulues pour ce que j’avais à représenter.

1635. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier. »

Le récit se déroule en couplets ou douzains auxquels aucune condition de l’art pittoresque et sévère ne fait défaut.

1636. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Anthologie grecque traduite pour la première fois en français et de la question des Anciens et des Modernes »

Méléagre vivait cent ans environ avant Jésus-Christ ; charmant poète lui-même, auteur d’idylles et d’épigrammes amoureuses remplies de grâce ou de flamme, il réunissait toutes les conditions pour réussir à un travail qui demandait une main heureuse.

1637. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Entretiens sur l’architecture par M. Viollet-Le-Duc (suite et fin.) »

Dans un des articles de son grand Dictionnaire 43, il décrit la salle synodale de Sens, une de ces vastes salles destinées à des réunions nombreuses, où il fallait trouver de la lumière, de l’air, de grandes dispositions ; il nous la montre réunissant toutes les conditions d’utilité et de beauté.

1638. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Josèphe de Saxe, dauphine de France. »

Il dénonce le complet changement de système et de balance qui va se faire en Europe : « Ceux qui seront les plus habiles en profiteront. » Il supplie le roi son frère de ne rien précipiter en matière d’alliances, de ne pas se lier les mains : il est mis, par le maréchal de Belle-Isle, dans le secret des expéditions qui vont se tenter au cœur de l’Allemagne ; il doit servir dans cette armée même, mais sous condition, car s’il arrivait que le roi son frère prit des engagements contre la France, il ne serait « ni décent ni honnête » qu’il fût à la guerre de ce côté.

1639. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. » p. 232

J’écris vraiment avec mon cœur : il saigne trop pour des petits tableaux d’enfants. » Il y avait encore d’autres raisons pour ne pas écrire ; n’écrit pas dans les journaux et dans les revues qui veut ; il faut prendre le ton et l’esprit du patron ; les plus honorables recueils ont leurs exigences ; ainsi pour le Musée des Familles, qui semblait s’entrouvrir pour Mme Valmore, mais à la condition d’en passer par la censure et le lit de Procuste du directeur : « (Le 22 février 1851)… M. 

1640. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [II] »

À Eylau et dans toute cette campagne d’hiver en Pologne, les conditions d’une guerre régulière, raisonnée, savante, d’une stratégie dirigée par le conseil (consilium) et serrée de près dans l’exécution, étaient dépassées.

1641. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [I] »

On le sait maintenant, grâce aux travaux qui se poursuivent avec ardeur et qui ne remontent guère au-delà de ces trente dernières années : dans le haut moyen âge, époque complète, époque franche, qui, sortie d’un long état de travail et de transformation sociale, avait rempli toutes ses conditions et s’était suffi à elle-même, la langue, la littérature française qui était née dans l’intervalle, qui était sortie de l’enfance, qui était arrivée à la jeunesse (de même que l’architecture, que la théologie, que la science en général et que les arts divers), avait eu son cours de progrès et de croissance, une sorte de premier accomplissement ; elle avait eu sa floraison, son développement, sa maturité relative : poétiquement, une belle et grande végétation s’était produite sur une très-vaste étendue, à savoir l’épopée historique, héroïque.

1642. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine »

Le public qui aime assez les belles choses, à condition qu’elles passeront vite, se l’était si fort imaginé ainsi, que, durant plusieurs années, à chaque nouvelle publication de Lamartine, c’était un murmure peu flatteur où l’étourderie entrait de concert avec l’envie et la bêtise : on avait l’air de vouloir dire que l’astre baissait.

1643. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LOYSON. — POLONIUS. — DE LOY. » pp. 276-306

Soit dans le fond, soit pour la forme, en quoi peut-il nous flatter, nous séduire, nous irriter si l’on veut, nous toucher enfin pour le moment, sauf à réunir ensuite les conditions immortelles ?

1644. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « HISTOIRE DE LA ROYAUTÉ considérée DANS SES ORIGINES JUSQU’AU XIe SIÈCLE PAR M. LE COMTE A. DE SAINT-PRIEST. 1842. » pp. 1-30

Elle aide la mission que ce pape envoie en Grande-Bretagne, et obtient de Rome des conditions qui, favorables aux priviléges des monastères, tendent à restreindre le pouvoir des évêques diocésains.

1645. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Pierre Corneille »

Vers la même époque, en Angleterre, les auteurs n’étaient pas en condition meilleure et on trouve là-dessus de curieux détails dans les Vies des poëtes par Johnson et les Mémoires de Samuel Pepys.

1646. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (6e partie) » pp. 129-176

Ôtons le crime de la cause du peuple comme une arme qui lui a percé la main et qui a changé la liberté en despotisme ; ne cherchons pas à justifier l’échafaud par la patrie, et les proscriptions par la liberté ; n’endurcissons pas l’âme du siècle par le sophisme de l’énergie révolutionnaire, laissons son cœur à l’humanité ; c’est le plus sûr et le plus infaillible de ses principes, et résignons-nous à la condition des choses humaines.

1647. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXIe Entretien. Chateaubriand »

Essayerai-je de montrer le parti qu’on peut tirer de la condition la plus misérable ?

1648. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIIIe entretien. Fénelon, (suite) »

Il s’agenouilla seulement un moment, le front dans ses mains, pour changer le sujet et le plan de son discours, et, se relevant avec la sérénité de son inspiration ordinaire, il parla avec une onction pénétrante sur la soumission sans réserve, due dans toutes les conditions de la vie, à la légitime autorité de ses supérieurs.

1649. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre III. L’Histoire »

Pour d’autres raisons, et particulièrement pour la nouveauté d’un tel caractère dans une telle condition, saint Louis trouva de nombreux biographes.

1650. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre I. Roman de Renart et Fabliaux »

De telles absurdités, évidemment, détruisent le sujet, et supposent une absolue méconnaissance des conditions esthétiques selon lesquelles, par sa constitution même, il peut être traité.

1651. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre I. Renaissance et Réforme avant 1535 — Chapitre II. Clément Marot »

Littérairement, le sentiment n’est caractéristique qu’à condition d’être, d’abord, une disposition habituelle de l’âme et comme le verre à travers lequel elle regarde les choses, en second lieu, un plaisir de l’âme, qui savoure l’amertume.

1652. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre II. Corneille »

D’abord parce que, comme disaient les Grecs, ἀρχή δείξει ἄνδρα, « la puissance révèle l’homme », en l’affranchissant des entraves légales, pécuniaires, morales même de la condition privée ; et c’est dans ceux qui peuvent tout, dans les rois et les héros, qu’on doit expérimenter la vraie nature des passions.

1653. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre quatrième »

L’Art poétique enseigne au poète les genres et leurs conditions, comme des limites où il l’enferme, plutôt que comme des espaces qu’il lui ouvre.

1654. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XI. La littérature et la vie mondaine » pp. 273-292

D’abord la condition des personnages : ce ne sont que princes et princesses, rois et empereurs, à moins que ce ne soient des héros légendaires à qui leur mystérieux éloignement prête je ne sais quelle vaporeuse grandeur.

1655. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre II »

Certes, les neveux ont eu, de tout temps, au théâtre, d’étranges privautés avec leurs oncles, à la condition cependant qu’ils restent dans le vague et dans le lieu commun de cette parenté vouée à toutes les irrévérences et à tous les camouflets de la comédie.

1656. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Huet, évêque d’Avranches, par M. Christian Bartholmèss. (1850.) » pp. 163-186

L’intention de Huet était que sa bibliothèque ne fût point dispersée ; c’était le but et la condition de son legs aux Jésuites.

1657. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Chansons de Béranger. (Édition nouvelle.) » pp. 286-308

Béranger a de ces vers heureux qui sont d’un vrai poète et d’un peintre, de ces coins de tableaux frais et riants, à condition qu’ils ne se prolongent pas.

1658. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « L’abbé Galiani. » pp. 421-442

Galiani n’avait pas attendu l’éveil et le coup de tocsin de la Révolution française pour se méfier des hommes d’État optimistes et rationalistes, de ces honnêtes gens comme on en a vu sous Louis XVI et depuis, qui oublient trop les vraies, les réelles et toujours périlleuses conditions de toute société politique : Croyez-moi, disait-il, ne craignez pas les fripons, ni les méchants, tôt ou tard ils se démasquent : craignez l’honnête homme trompé ; il est de bonne foi avec lui-même ; il veut le bien, et tout le monde s’y fie ; mais malheureusement il se trompe sur les moyens de le procurer aux hommes.

1659. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Biographie de Camille Desmoulins, par M. Éd. Fleury. (1850.) » pp. 98-122

Dès l’abord, à l’occasion du décret dit du marc d’argent, qui posait certaines conditions de cens à l’éligibilité, Camille déclare que ce décret constitue la France en gouvernement aristocratique, « et que c’est la plus grande victoire que les mauvais citoyens aient remportée à l’Assemblée : pour faire sentir, ajoute-t-il, toute l’absurdité de ce décret, il suffit de dire que Jean-Jacques Rousseau, Corneille, Mably, n’auraient pas été éligibles ».

1660. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Madame Émile de Girardin. (Poésies. — Élégies. — Napoline. — Cléopâtre. — Lettres parisiennes, etc., etc.) » pp. 384-406

Quand la condition sociale et le rang naturel se rencontrent, tout est bien, on a l’harmonie.

1661. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mirabeau et Sophie. — II. (Lettres écrites du donjon de Vincennes.) » pp. 29-50

Le Noir, lieutenant général de police, homme bon et humain, touché dès l’abord de la situation de Mirabeau, lui permit de correspondre avec Sophie et avec quelques autres personnes, à la condition que les lettres passeraient par les mains de M. 

1662. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Hégésippe Moreau. (Le Myosotis, nouvelle édition, 1 vol., Masgana.) — Pierre Dupont. (Chants et poésies, 1 vol., Garnier frères.) » pp. 51-75

Je voudrais que, sans nuire aux autres conditions du genre qu’il s’est créé, il s’accoutumât à toujours soigner rigoureusement le style, seule qualité qui fasse vivre la poésie écrite et lui assure un lendemain quand le son fugitif est envolé.

1663. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Correspondance entre Mirabeau et le comte de La Marck (1789-1791), recueillie, mise en ordre et publiée par M. Ad. de Bacourt, ancien ambassadeur. » pp. 97-120

Six mois auparavant et lorsqu’il partait pour se faire élire en Provence, son père, le marquis, écrivait de lui au bailli (22 janvier 1789) : « Il dit hautement qu’il ne souffrira pas qu’on démonarchise la France, et en même temps il est l’ami des coryphées du Tiers. » La double pensée politique de Mirabeau, dès avant l’ouverture des États généraux, était tout entière dans ces deux conditions, tiers état et monarchie, et l’on peut dire qu’il ne cessa d’en poursuivre l’accord et le maintien depuis le premier jour de sa vie législative jusqu’à sa mort, avec toutes les secousses pourtant, les intermittences et les fréquents écarts qu’apportaient dans sa marche et dans sa conduite ses impétuosités d’humeur et de caractère, ses instincts d’orateur et de tribun, ses nécessités de tactique, et ses irritations personnelles.

1664. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Lettres et opuscules inédits du comte Joseph de Maistre. (1851, 2 vol. in-8º.) » pp. 192-216

C’est là un point encore par où il différait de la France, car une des conditions du beau, tel que nous l’aimons en notre libre pays, a toujours été, avant tout, d’être accessible à toute âme honnête, généreuse et populaire.

1665. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame de Lambert et madame Necker. » pp. 217-239

Les idées qu’elle a exprimées sur le rôle et la condition des femmes sont faites par moments pour surprendre, tout en inspirant une grande estime pour l’auteur.

1666. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires de Marmontel. » pp. 515-538

Dès les premières pages, quand il nous peint sa famille modeste, unie et heureuse (il était fils, je crois, d’un tailleur), le bon prêtre qui lui apprend le latin, l’abbé Vaissière ; le premier camarade et ami de cœur qu’il se donne pour modèle, le sage Durant ; quand il nous fait connaître de près sa mère, charmante et distinguée d’esprit dans sa condition obscure, son père sensé et d’une tendresse plus sévère, ses tantes, ses sœurs, on croit respirer une odeur de bonnes mœurs et de bons sentiments qui lui resteront, et qu’il ne perdra jamais, même à travers les boudoirs où plus tard il s’oubliera.

1667. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Rivarol. » pp. 62-84

Il montre les gens d’esprit, les gens riches trouvant la noblesse insupportable, et si insupportable que la plupart finissaient par l’acheter : « Mais alors commençait pour eux un nouveau genre de supplice, ils étaient des anoblis, des gens nobles, mais ils n’étaient pas gentilshommes… Les rois de France guérissent leurs sujets de la roture à peu près comme des écrouelles, à condition qu’il en restera des traces. » Cette cause morale, la vanité, qui fut si puissante alors dans la haine irréconciliable et l’insurrection de la bourgeoisie excitée par les demi-philosophes, est démêlée et exposée par Rivarol avec une vraie supériorité.

1668. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le comte-pacha de Bonneval. » pp. 499-522

Ses sœurs sont mariées, et même richement, à des gens de condition ; elle les trouve très bien établies, mais elle ne les envie pas.

1669. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — II. (Suite.) » pp. 23-46

Deux considérations agissaient surtout sur l’esprit de Marmont : donner à ce gouvernement une force militaire et morale qui lui permît de compter près des Alliés, et obtenir pour Napoléon déchu des conditions meilleures.

1670. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — II. (Suite.) » pp. 220-241

J’ai donné ma pièce au public pour l’amuser et non pour l’instruire, non pour offrir à des bégueules mitigées le plaisir d’en aller penser du bien en petite loge, à condition d’en dire du mal en société.

1671. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1881 » pp. 132-169

Mais cela à la condition que je ne sortirai pas, que je n’aurai pas la pensée dérangée, par la préoccupation de la toilette et de l’habillement.

1672. (1899) Esthétique de la langue française « Le cliché  »

Littérairement, ces deux mémoires réunies sont la condition d’un talent original  ; isolée, la première est représentative de ces hommes qui ont vu, senti, pensé et qui ne peuvent cependant se traduire clairement ; la seconde répond à ce qu’on appelle vulgairement la « mémoire » en style pédagogique ; elle ne peut produire qu’un talent purement oratoire ou abstrait, nécessairement limité, superficiel et sans vie .

1673. (1888) La critique scientifique « La critique et l’histoire »

Aucun artiste ne peut ne pas se mettre dans son œuvre ; aucun n’a songé et n’aurait pu parvenir à falsifier cet aspect de sa nature intime qui gît au fond de toute œuvre ; tant qu’ils s’appliqueront à la tâche ardemment poursuivie d’exprimer quelque face nouvelle et poignante du beau, de frapper l’âme humaine en quelque place vierge d’émotion, ils seront empêchés, s’ils veulent atteindre le but, de dissimuler la grandeur, la beauté et l’aspect de leur propre âme, dont la communication même, impudique ou discrète, est la condition de la pénétration de leur œuvre dans l’âme d’autrui.

1674. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Henri Heine »

C’était là, chez le poète, une condition organique, comme une faiblesse et une délicatesse trop grande du cerveau pour qu’il persistât dans un état violent, comme une légèreté vibrante de l’équilibre intérieur qu’affolaient les secousses vives.

1675. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre I. Shakespeare — Son génie »

À la seule condition qu’un certain équilibre latent soit maintenu et qu’une certaine proportion mystérieuse soit conservée, la plus prodigieuse complication, soit dans le style, soit dans l’ensemble, peut être simplicité.

1676. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Notes et éclaircissements. [Œuvres complètes, tome XII] »

» Et premièrement, chrétiens, si vous regardez son extérieur, il avoue lui-même que sa mine n’est pas relevée221 : Præsentia corporis infirma ; et si vous considérez sa condition, il est méprisable, et réduit à gagner sa vie par l’exercice d’un art mécanique.

1677. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Loutherbourg » pp. 258-274

Vous faites des vers, vous le croyez parce que vous avez appris de Richelet à arranger des mots et des syllabes dans un certain ordre et selon certaines conditions données, parce que vous avez acquis la facilité de terminer ces mots et ces syllabes ordonnées par des consonnances.

1678. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 35, de la mécanique de la poësie qui ne regarde les mots que comme de simples sons. Avantages des poetes qui ont composé en latin sur ceux qui composent en françois » pp. 296-339

Quand les langues dérivées se forment, le hazard, la condition des organes de ceux qui les composent, laquelle est differente suivant l’air et la temperature de chaque contrée, la maniere dont se fait le mêlange de la langue qu’ils parloient auparavant avec celle qui entre dans la composition de la nouvelle langue, enfin le genie qui préside à sa naissance, sont cause qu’on altere la prononciation de la plûpart des mots imitatifs.

1679. (1860) Ceci n’est pas un livre « Hors barrières » pp. 241-298

Prud’homme, — ému des malheurs récents de l’Espagne, — leur avait acheté douze poignards, à la condition qu’eux, les débris de l’armée de don Carlos (!)

1680. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre X. Première partie. Théorie de la parole » pp. 268-299

Voilà pourquoi Jeanne d’Arc, qui ne réunit point, il est vrai, toutes les conditions de l’épopée, en a du moins qui auraient pu tenter un génie élevé.

1681. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’art et la sexualité »

Pour ces âmes d’exceptionnelle clarté, l’isolement farouche est la condition essentielle de toute grandeur individuelle, tandis que le monde croupit autour d’eux, au-dessous d’eux, dans l’ordre des promiscuités.

1682. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — La rentrée dans l’ordre »

L’un des plus grands bienfaits du protestantisme est d’avoir rétabli le mariage du prêtre, parce qu’il a reconnu par là que la condition première de la supériorité morale est de vivre normalement.

1683. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 11-15754

III. scen. j. v. 109. dit que c’est une conduite loüable pour un homme de condition qui est riche, de prendre soin lui-même de l’éducation de ses enfans ; que c’est élever un monument à sa maison & à lui-même. […] Ce qui prouve en passant, que le témoignage, quand il est revêtu de certaines conditions, est le plus souvent une marque de la vérité ; ainsi que l’analogie tirée de la ressemblance extérieure des objets, pour en conclurre leur ressemblance intérieure, en est le plus souvent une regle certaine.

1684. (1891) La bataille littéraire. Quatrième série (1887-1888) pp. 1-398

Pour devenir un journaliste important, il faut tout simplement plaire au public ; il n’y a pas d’autre condition ni d’autre moyen. […] Idéaliste et matérialiste, il est l’un et l’autre, et je crois qu’on ne peut exister intellectuellement qu’à cette condition. […] Sans descendre aux spéculations de la politique et du socialisme égalitaire, notre observateur remarque fort spirituellement que : Ce sont en général ceux-là même qui n’admettent pour la nature que l’ordre immodifiable, le mouvement déterminé, la loi fatale, l’impossibilité absolue dans laquelle elle est de se soustraire à ses différentes conditions, qui veulent que l’homme, pour eux un composé de nature, soit libre !!!

1685. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

Conditions auxquelles le Roi lève l’interdiction de la pièce. […] La Bruyère a dit : « La condition des comédiens était infâme chez les Romains et honorable chez les Grecs. […] Le secret était en effet une des conditions essentielles d’une réussite, qui autrement aurait été combattue et rendue impossible par des rivaux puissants et nombreux. […] C’est dans ces conditions que la lutte se présentait pour la nouvelle troupe. […] La somme était honnête, mais la condition déplut à mademoiselle de La Vallière.

1686. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre premier. — Une leçon sur la comédie. Essai d’un élève de William Schlegel » pp. 25-96

Rappelons-nous que les manuscrits de l’Aulularia sont mutilés, que le dénouement tout entier manque, et dans ces conditions désavantageuses comparons L’Avare de Molière à La Marmite de Plaute. […] Il consent néanmoins, à condition que Phédra n’apportera point de dot.

1687. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff » pp. 237-315

Son ménage était fait par une femme d’une quarantaine d’années, nommée Marthe, très dévouée et très probe, mais très maladroite, cassant la vaisselle, déchirant le linge, et ne pouvant réussir à préparer un mets dans une condition convenable. […] Vous qui êtes dans des conditions meilleures, vous devez prendre un parti. […] Là, il vendit la chienne pour un demi-rouble, à la condition seulement qu’on la tiendrait à l’attache pendant une semaine au moins.

1688. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « L’obligation morale »

Dans ces conditions, il n’était pas impossible à certains d’entre eux, particulièrement doués, de rouvrir ce qui avait été clos et de faire au moins pour eux-mêmes ce qu’il eût été impossible à la nature de faire pour l’humanité. […] Dans ces conditions, une injustice n’était ni plus ni moins choquante qu’une autre infraction à la règle. […] Nous y consentirions peut-être s’il était entendu qu’un philtre magique nous le fera oublier, et que nous n’en saurons jamais plus rien ; mais s’il fallait le savoir, y penser, nous dire que cet homme est soumis à des supplices atroces pour que nous puissions exister, que c’est là une condition fondamentale de l’existence en général, ah non !

1689. (1896) Le IIe livre des masques. Portraits symbolistes, gloses et documents sur les écrivains d’hier et d’aujourd’hui, les masques…

On peut, le comprendre aussi selon son vrai titre ; il est bien de pluie et de soleil (il y a des pages lumineuses, il y en a de troubles), mais à condition qu’on y joigne l’idée d’une foule en rut qui s’exalte dans la poussière ou hurle dans la boue. […] Il y a dans une intelligence jeune une originelle noblesse qui répugne à livrer à la vie sans condition les forces de son activité : arriver, oui, mais vers une victoire et à travers une bataille. […] William Burke s’éleva de la condition la plus basse à une renommée éternelle » ; elle est plutôt latente, répandue sur toutes les pages comme un ton discret et d’abord invisible. […] Il est appelé à sentir confusément la vie, à ne pas trop la comprendre   ; c’est la condition même de l’enfantement des œuvres.

1690. (1940) Quatre études pp. -154

Contre cette tendance, qui n’est pas particulière à tel ou tel pays, et qui semble fâcheusement résulter des conditions générales de la vie moderne, M.  […] Cette condition effroyable, cette duplicité de l’homme, qui semble s’accroître à mesure que la vie moderne exaspère davantage nos nerfs, brûle davantage notre sang, la raison ne peut pas l’expliquer ; et comme on détourne les enfants de leur douleur en leur montrant des jouets, elle divertit notre attention par des mirages, la politique, le progrès, le bonheur social, jouets d’enfants. […] Mais le pire de sa condition était peut-être ceci : il pensait que l’humanité se partageait en deux races, les Hellènes, dont il aurait voulu être, et les Nazaréens, dont il était. […] Ils n’ont guère connu l’appétit de la mort ; au contraire, ils ont contribué à défendre les valeurs sociales qui sont la condition de notre durée.

1691. (1891) Lettres de Marie Bashkirtseff

La ressemblance est frappante depuis la condition épouvantable du peuple, jusqu’à l’aveuglement stupide des grands. […] Ne regrettez pas de n’être pas à Biarritz, qui n’est pas plus amusant que Trouville ou Aix, mais à votre place, je profiterais de ce que les délicieuses Russes que vous savez vont en Espagne, et je ferais ce voyage dans ces conditions incomparables. […] De pareilles correspondances ne seront possibles qu’à deux conditions… La deuxième est une admiration sans bornes chez l’inconnue. […] Aucune de ces conditions n’existe.

1692. (1884) Propos d’un entrepreneur de démolitions pp. -294

L’enthousiasme, enfin, est une rage de vie supérieure et un divin mécontentement des conditions inflexibles de la vie normale. […] Ils veulent faire de l’art et de la beauté littéraire et cependant demeurer modernes par la pensée et par les mœurs, c’est-à-dire en dehors de toutes les conditions intellectuelles et psychologiques sans lesquelles nulle beauté dans l’invention n’est humainement, expérimentalement possible. […] C’est le plus parfait épanouissement de l’âme et l’absolue condition de toute magnificence et de toute splendeur. […] Mais c’est un vêtement trop humble pour sa condition. […] On peut être athée et même socialiste à côté de moi sans que je me fâche, à condition, toutefois, qu’on ne me tripote pas.

1693. (1894) La bataille littéraire. Cinquième série (1889-1890) pp. 1-349

Je veux néanmoins, citer sa préface qui dit mieux que je ne saurais faire, dans quelles conditions cette suite d’impressions se sont produites et ont été enregistrées. […] Voilà la comédie qui commence par un drame et finit par une entente cordiale sous conditions cependant. […] Bien que fort de son droit, se trouvant dans des conditions à être absous par un tribunal, ce mari s’est fait son propre juge et ne s’est pas acquitté. […] — Chacun de nous s’engage sur l’honneur à respecter ces conditions ? […] Dans quelles conditions fut conçu cet éternel chef-d’œuvre, M. 

1694. (1902) Propos littéraires. Première série

Troisième cas : la jeune fille admet que celui qui doit s’unir à elle ait un passé amoureux ; mais à la condition qu’il n’ait pas aimé. […] Quatrième cas : la jeune fille admet, comme la précédente, que celui qu’elle doit prendre pour époux ait eu une liaison d’amour ; mais à la condition, au contraire, qu’il ait aimé. […] Je dois à la vérité de reconnaître qu’une fois-là, elle m’aimait bien. » C’est dans ces conditions propices et agréables que s’aiment M.  […] L’esthétisme consiste généralement à ériger en qualité chaque impuissance à se conformer aux conditions élémentaires de l’art. […] Il est assez difficile de discuter dans ces conditions.

1695. (1891) La vie littéraire. Troisième série pp. -396

Ce que nous avons de mieux à faire, ce semble, c’est de reconnaître de bonne grâce cette affreuse condition et d’avouer que nous parlons de nous-mêmes chaque fois que nous n’avons pas la force de nous taire2. […] Il s’appuie, au contraire, sur ces conditions de la connaissance pour fonder sa critique objective. […] Enfin, pour comble de misère, les conditions de la vie matérielle sont devenues plus pénibles qu’autrefois. […] Un vieux scoliaste a dit, je ne sais où, cette grave parole : « On se lasse de tout, excepté de comprendre. » La vérité est que tout vaut mieux que de songer à soi-même et de considérer sa propre condition. […] Paul Bourget nous a montré le jeune élève d’un grand philosophe commettant un crime odieux, sous l’empire des doctrines déterministes ; et il nous a amenés à nous demander avec lui dans quelle mesure la condition du disciple engageait la responsabilité du maître.

1696. (1892) La vie littéraire. Quatrième série pp. -362

Pour elle, bien qu’elle y eût passé jadis assez doucement, mais sous conditions, le mariage était le mal et le pire mal, car sa candeur n’en soupçonnait pas d’autre. […] Mais le doute ne change pas les conditions de la vie. […] Théodore de Banville est peut-être de tous les poètes celui qui a le moins songé à la nature des choses et à la condition des êtres. […] C’est la condition de la plupart des États modernes ; elle ne nuit pas à leur prospérité et il n’y avait pas de raison pour que l’empire romain s’en trouvât plus mal qu’eux. […] Car, tout cicéronien qu’il est, il les aime et c’est peut-être eux qu’en secret il préfère, à condition toutefois qu’ils ne manquent pas trop de grammaire et de prosodie.

1697. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — II. (Suite.) » pp. 346-370

Je fus chargé de négocier les conditions politiques d’un arrangement : je transmettais de l’un à l’autre leurs vues respectives sur la Constitution qui serait établie, et sur la position que chacun y prendrait.

1698. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le marquis de Lassay, ou Un figurant du Grand Siècle. — II. (Fin.) » pp. 180-203

Quand je vois des gens d’esprit se lancer dans la vie active par saillies et se résigner d’ailleurs si bien pour l’ordinaire, et comme pis-aller, à la condition oisive, j’ai toujours un doute sur leur vocation réelle, et, quand ils s’en prennent ensuite aux astres de n’avoir point réussi, j’incline à croire qu’ils sont de moitié pour le moins dans leur étoile.

1699. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — III » pp. 455-479

Le plus remarquable fut celui d’Italie qu’il refit en 1802-1803, en compagnie de Mme Brun, dans des conditions et des circonstances bien différentes de celles de sa première visite trente ans auparavant.

1700. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « De la tradition en littérature et dans quel sens il la faut entendre. Leçon d’ouverture à l’École normale » pp. 356-382

Leur parlant déjà comme à un peuple-roi, leur prouvant que, du moment qu’ils l’ont été une fois, ils ne peuvent reculer et sont condamnés à l’être toujours ou à ne plus être du tout, à n’espérer plus même, s’ils tombent, la condition ordinaire des cités sujettes, il professe, à leur usage, les plus fermes maximes publiques et politiques : « Être haï, être odieux dans le présent, ç’a été le lot de tous ceux qui ont aspiré à l’empire sur les autres ; mais quiconque encourt cet odieux pour de grandes choses, il prend le bon parti et il n’a pas à s’en repentir. » Et certes, si l’on entendait toujours le Périclès de Thucydide, ce Démosthènes non seulement en parole, mais en action, on ne permettrait plus aux Romains de se vanter, comme ils l’ont fait, d’avoir ajouté de la solidité au génie charmant des Grecs.

1701. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid, (suite.) »

En effet, les Castillans, malgré leur répugnance à subir la prépondérance des Léonais, mais n’ayant pas le choix d’un autre souverain, se déclarèrent, puisqu’il le fallait, prêts à reconnaître Alphonse, à la condition toutefois que celui-ci jurerait n’avoir point participé au meurtre de Sanche : ce fut Rodrigue qui se chargea de lui faire prêter ce serment.

1702. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure  »

On peut dire que la lumière habituelle répandue dans l’atmosphère de chaque siècle n’est pas la même, et en chaque siècle elle varie ou variait selon les lieux et les conditions.

1703. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres inédites de F. de la Mennais (suite et fin.)  »

Sa nature n’était pas de celles qui se guérissent par des conditions extérieures ; elle était trop marquée au fond et en elle-même d’un signe de désespoir, et ce désespoir le ressaisissait souvent sans cause : la bile noire reprenait le dessus.

1704. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Ce qui suffisait strictement dans les conditions ordinaires les plus simples, une fois dépassé, ne se regagne pas, et dans cette vie de prolétaire au jour le jour, une fois grevé et obéré, on ne s’en tire plus.

1705. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE BALZAC (La Recherche de l’Absolu.) » pp. 327-357

Il y a eu évidemment, sous le coup de Juillet 1830, quelque chose, en fait d’étiquette, qui s’est brisé et a disparu dans la condition de la femme.

1706. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SUE (Jean Cavalier). » pp. 87-117

Dans la suite, Cavalier, retiré en Angleterre où il avait le grade d’officier général, écrivit, à ce qu’il paraît, ses Mémoires en anglais ; il y exposa l’ensemble de sa conduite, de ses desseins, les conditions qu’il stipula, assure-t-il, pour les siens, et qu’on n’observa point.

1707. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « PENSÉES FRAGMENTS ET LETTRES DE BLAISE PASCAL, Publiés pour la première fois conformément aux manuscrits, par M. Prosper Faugère. (1844). » pp. 193-224

Écoutez Pindare sur la richesse : à la manière dont il la célèbre, dont il la proclame l’astre glorieux et la vraie lumière des humains 67, on ne sait en vérité s’il n’en fait pas non-seulement l’accompagnement naturel et le cadre brillant des vertus, mais encore la condition et le moyen direct de la sagesse et de la félicité après la vie.

1708. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « L’abbé Prévost »

Chamfort rapporte que le chancelier Daguesseau n’avait précédemment donné à l’abbé Prévost la permission d’imprimer les premiers volumes de Cléveland que sous la condition expresse que Cléveland se ferait catholique au dernier volume.

1709. (1875) Premiers lundis. Tome III «  À propos, des. Bibliothèques populaires  »

« Je n’ai donc point cherché à désigner deux amis chargés de régler cette affaire avec messieurs vos témoins : si honorables que soient quatre personnes choisies à cette fin et dans ces conditions, je ne sens pas là de vrais arbitres.

1710. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis »

Cela lui donne occasion de développer les dogmes philosophiques de Platon ; et après avoir soigneusement examiné la valeur réelle de tous les biens d’un ordre inférieur, de tous les avantages purement matériels et temporels, il conclut que ce n’est ni dans la condition brillante et élevée de l’un, ni dans l’état humble et obscur de l’autre, qu’il faut chercher le véritable et solide bonheur ; mais qu’on ne saurait le trouver, en dernière analyse, que dans la connaissance et l’amour de la première cause, de l’Être suprême et infini.

1711. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLIXe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

« Au reste, puisque ce que vous me demandez est d’une telle nature, qu’il est bien plus facile de la sentir en silence au fond de l’âme que de l’exprimer par des paroles, je vous obéis, à cette condition que je ne vous promets pas ce que je ne puis tenir, et que j’ai de bons motifs pour ne pas vous refuser.

1712. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre IV. La fin de l’âge classique — Chapitre II. La Bruyère et Fénelon »

Rien en somme ne manque que ce qui s’est trouvé en dehors de son observation : la province, sur laquelle il n’a qu’une page, injuste et insuffisante ; le peuple des villes, qu’il ne soupçonne pas ; le paysan, dont il devine la dure condition, parce qu’il en a aperçu la silhouette courbée sur la terre, et dont il ne pénètre pas le caractère, parce qu’il n’a pas eu de contact, parce qu’il n’a pas vécu avec lui.

1713. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre IV. Le théâtre romantique »

Il y a même un genre qui réalise toutes les conditions requises par le romantisme : c’est le mélodrame, qui a pris un superbe essor depuis 1800.

1714. (1868) Alexandre Pouchkine pp. 1-34

Toutefois la première condition pour exploiter notre crédulité, c’est de croire.

1715. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre huitième »

Ce qu’on voudrait savoir, c’est par quelle condition des choses humaines les mêmes lois qui ont aidé une petite république à grandir, lui sont à charge quand elle est grande.

1716. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre douzième »

Avec Dieu disparaissait le sentiment des œuvres de la nature, lesquelles ne parlent à notre âme qu’à la condition d’y trouver la croyance à l’ouvrier.

1717. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « L’expression de l’amour chez les poètes symbolistes » pp. 57-90

Il jette de la boue sur le commencement, sur la condition première de notre vie. » À merveille, et je comprendrais cela dans la bouche d’un énergumène décidé, coûte que coûte, à « vivre sa vie » et à suivre en dépit du gendarme et des lois, ses inclinations orageuses, mais que signifie cette protestation chez Nietzsche qui nous ramène à l’ascétisme et prescrit l’abstinence avec rigueur ?

1718. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIII. La littérature et la morale » pp. 314-335

Obéissez donc à vos penchants ; suivez la nature, vous serez à la fois vertueux et heureux, autant qu’on peut l’être dans la misérable condition humaine : tel est le précepte ou plutôt le conseil auquel aboutit Fontenelle.

1719. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — Y. — article » pp. 529-575

C’est surtout dans l’inégalité des conditions, dans la disproportion des fortunes, dans l’inexacte distribution des honneurs & des récompenses, que cette Religion fait connoître la douceur de son empire & la sagesse de ses loix, qui temperent & réparent, autant qu’il est possible, les adversités humaines.

1720. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre Premier »

» — Comme Hamlet dans le cimetière, il se demande ce que la terre a fait des os d’Alexandre : — « Alexandre de Macédoine et son muletier ont été réduits, après la mort, à la même condition… Puanteur que tout cela et pourriture au fond du sac ! 

1721. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame de Pompadour. Mémoires de Mme Du Hausset, sa femme de chambre. (Collection Didot.) » pp. 486-511

Le duc de Richelieu, au contraire, était opposé à celle-ci : il avait un autre candidat en vue, une grande dame ; car il semblait que, pour devenir maîtresse du roi, la condition première fût d’être dame de qualité, et l’avènement de Mme Le Normant d’Étiolles, de Mme Poisson, comme maîtresse en titre du roi, fit toute une révolution dans les mœurs de la Cour.

1722. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Malesherbes. » pp. 512-538

Diderot pour être le principal éditeur. » Ce choix de Diderot est piquant de la part du pieu et timoré d’Aguesseau, le même qui n’accordait à l’abbé Prévost la permission d’imprimer les premiers volumes de Cleveland que sous la condition que Cleveland se ferait catholique au dernier volume.

1723. (1913) La Fontaine « III. Éducation de son esprit. Sa philosophie  Sa morale. »

La médiocrité de condition, d’état, de fortune, etc., c’est le bonheur.

1724. (1767) Sur l’harmonie des langues, et en particulier sur celle qu’on croit sentir dans les langues mortes

De se borner, dans ses critiques, à relever les erreurs de dates, de noms propres, d’une lettre mise pour une autre, d’une virgule de trop ou de moins, et autres méprises de cette espèce, à condition cependant qu’il y sera fort exact, ce qui ne lui arrive pas toujours ; mais de ne pas toucher aux raisonnements bons ou mauvais, et de s’abstenir de raisonner lui-même le plus qu’il lui sera possible.

1725. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre x »

Tout ce qui n’était en eux qu’acquisition factice et masque disparaît, et l’on fait ainsi la connaissance des âmes dans des conditions qui sans doute ne se retrouveront jamais.‌

1726. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre III. »

Jéhovah, le maître de la guerre ; c’est lui, le roi de gloire. » Une des conditions du sublime, la brièveté, anime ce chant.

1727. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

Molière, au lieu de marquer le scepticisme de son héros par des événements qui se fussent ensuite tournés contre lui, l’a exposé dans une suite de conversations, semées de traits admirables, mais qui manquent à la première condition de l’art dramatique. […] Il eût fallu les justifier au moins, en donnant à Harpagon un état dans le monde, un rang à soutenir, en mettant son avarice aux prises avec sa condition sociale. […] Régnier croit et affirme que, si Elmire a demandé cette entrevue à Tartuffe, c’est qu’elle le sait amoureux d’elle, qu’elle compte l’engager dans une démarche compromettante, à la suite de laquelle il lui sera permis de dicter ses conditions. […] Voici mes conditions… » L’interprétation de la scène sera naturellement différente si Elmire a tendu un piège, où elle pousse lentement Tartuffe, où il finit par s’enferrer. […] Une idée n’y existe qu’à la condition d’être revêtue d’une forme dramatique.

1728. (1922) Gustave Flaubert

Et comme il est difficile de réaliser ces deux conditions, logiquement contraires, une grande amitié est encore plus rare qu’un grand amour. […] Elle est le résultat des réflexions d’un artiste sur la nature et les conditions de son art. […] On se surprend à dire : Rome à la fin interviendra, et ce sera intéressant, parce que nous connaissons assez d’histoire pour savoir que la clef des destinées du monde est à Rome, et que, si Rome intervenait, le roman rentrerait dans les conditions du roman historique tel que nous le comprenons, tel qu’il faut qu’il soit pour nous prendre85. » Flaubert ne s’est nullement soucié de passionner son lecteur. […] La vérité n’étant pas pour moi la première condition de l’art, je ne puis me résigner à écrire de telles platitudes, bien qu’on les aime actuellement98 ».

1729. (1826) Mélanges littéraires pp. 1-457

Si un instinct sublime n’attachait pas l’homme à sa patrie, sa condition la plus naturelle sur la terre serait celle de voyageur. […] « Ce sont là, dit-il, les petites chicanes de petits esprits : un poète néglige la distinction accidentelle du pays et de la condition, comme un peintre, satisfait de la figure, s’occupe peu de la draperie. » Il est inutile de relever le mauvais ton et la fausseté de cette critique. […] Tous ces critiques qui s’appuient sans cesse sur la nature, et qui regardent comme des préjugés de l’art la distinction accidentelle du pays et de la condition, sont comme ces politiques qui replongent les états dans la barbarie, en voulant anéantir les distinctions sociales, Je ne citerai point les opinions de MM.  […] Les jeunes gens, au sortir des études, se dispersaient dans le monde, suivant leurs différentes conditions : mais on y rencontrait un ami de collège, avec la joie que l’on éprouve au retour d’un voyageur chéri et longtemps attendu. […] C’est une contrainte sans doute fâcheuse, mais absolument nécessaire à ceux de notre condition, de ne parler de rien à la légère.

1730. (1907) Propos de théâtre. Quatrième série

Musset a donc lu des poètes anglais dans les meilleures conditions du monde pour en bien profiter. […] Ma pièce m’appartient ; je laisserai passer quelque temps pour la faire ressusciter ailleurs dans de bonnes conditions [elle fut remontée, en effet, plus tard, me dit M.  […] La chute du rideau se fait dans de fort bonnes conditions. […] Je pardonne ; mais à une condition : c’est que nous irons enterrer notre honte dans quelque coin obscur, oubliant, oubliés… ». […] Mauvaises conditions pour être heureuse.

1731. (1802) Études sur Molière pp. -355

Dans une seconde nouvelle du même auteur, Le Héros, marchand fort riche, a fait la folie d’épouser une demoiselle de qualité ; trompé journellement par sa femme, méprisé par la famille entière, qu’il comble de bienfaits, il a encore la douleur de s’entendre continuellement reprocher la bassesse de sa condition. […] L’un et l’autre sont furieux contre Geta, quand celui-ci les apaise en leur apprenant que le parasite se chargera de l’épouse d’Antiphon, à condition qu’on lui donnera une somme qu’il demande, d’abord exorbitante, mais qu’il diminue peu à peu.

1732. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre III. La nouvelle langue. » pp. 165-234

Chaucer décrit une troupe de pèlerins, gens de toute condition qui vont à Cantorbéry, un chevalier, un homme de loi, un clerc d’Oxford, un médecin, un meunier, une abbesse, un moine, qui conviennent de dire chacun une histoire. « Car il n’eût été ni gai ni réconfortant de chevaucher, muets comme des pierres184. » Ils content donc ; sur ce fil léger et flexible, tous les joyaux, faux ou vrais, de l’imagination féodale viennent poser bout à bout leurs bigarrures et faire un collier : tour à tour de nobles récits chevaleresques, le miracle d’un enfant égorgé par des juifs, les épreuves de la patiente Griselidis, Canace et les merveilleuses inventions de la fantaisie orientale, des fabliaux graveleux sur le mariage et sur les, moines, des contes allégoriques ou moraux, la fable du Coq et de la Poule, l’énumération des grands infortunés : Lucifer, Adam, Samson, Nabuchodonosor, Zénobie, Crésus, Ugolin, Pierre d’Espagne. […] Non-seulement Chaucer, comme Boccace, relie ses contes212 en une seule histoire, mais encore, ce qui manque chez Boccace, il débute par le portrait de tous ses conteurs, chevalier, huissier, sergent de loi, moine, bailli, hôtelier, environ trente figures distinctes, de tout sexe, de toute condition, de tout âge, chacune peinte avec son tempérament, sa physionomie, son costume, ses façons de parler, ses petites actions marquantes, ses habitudes et son passé, chacune maintenue dans son caractère par ses discours et par ses actions ultérieures, si bien qu’on trouverait ici, avant tout autre peuple, le germe du roman de mœurs tel que nous le faisons aujourd’hui.

1733. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIe entretien. Sur le caractère et les œuvres de Béranger » pp. 253-364

» XXXIII Puis c’étaient de jeunes ouvriers en grand nombre qui se trompaient de vocation en prenant leur travail manuel en dégoût et qui s’admiraient eux-mêmes dans des vers incultes qu’ils prenaient pour des promesses de génie, parce qu’ils ignoraient les conditions rares et providentielles du vrai génie. […] Dans le quatrième, on le verra dans sa chambre d’artisan au repos, recevant la visite des puissants du monde qui viennent le tenter par des honneurs et des richesses, et refusant tout de tout le monde pour rester salarié de Dieu seul et pour demeurer plus semblable à ce peuple qui ne le comprendrait plus si bien s’il était plus haut que sa condition.

1734. (1890) Derniers essais de littérature et d’esthétique

Colvin fait une critique fort analogue à celle-là, en parlant d’« une faute de logique qui est en même temps… un défaut poétique », il valait peut-être la peine de signaler à ces deux récents critiques de l’œuvre de Keats, que Keats a voulu exprimer l’idée du contraste entre la durée de la beauté et la condition changeante et la déchéance de la vie humaine, idée qui reçoit son expression la plus complète dans l’Ode à une urne grecque. […] Ses conditions sont beaucoup plus délicates. […] Sladen a fait preuve d’une grande énergie dans la compilation de cet épais volume, qui ne contient pas beaucoup de choses d’une réelle valeur, mais qui offre un certain intérêt historique, surtout aux personnes qui auront souci d’étudier les conditions de la vie intellectuelle dans les colonies d’un grand Empire. […] Certes, c’est un avantage pour un jeune artiste enfermé dans son atelier, que de pouvoir isoler « un petit coin de vie », comme disent les Français, d’avec les alentours qui le gâtent et d’être en mesure de l’étudier dans certaines conditions de lumière et d’ombre. […] En un mot, la peinture, d’après le modèle, peut être la condition de l’art, mais ne saurait en être le but.

1735. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

» « Il n’était pas seulement un habile poète, mais encore un grand philosophe. » « Il a joué les Jeunes, les Vieux, les Sains, les Malades, les Cocus, les Jaloux, les Marquis, les Villageois, les Hypocrites, les Imposteurs, les Campagnards, les Précieuses, les Fâcheux, les Avocats, les Ignorants, les Procureurs, les Misanthropes, les Médecins, les Apothicaires, les Chirurgiens, les Avares, les Bourgeois qui affectent d’être de qualité, les Philosophes, les Auteurs, les Provinciaux, les faux Braves, les grands Diseurs de rien, les Gens qui n’aiment qu’à contredire, les Coquettes, les Joueurs, les Donneurs d’avis, les Usuriers, les Sergents, les Archers et tous les Impertinents enfin de tous sens, de tout âge et de toute condition. […] Nostre bien-aimé Dominique de Mormandin, escuyer, sire de la Grille, nous ayant humblement fait remonstre qu’il a trouvé une nouvelle invention de marionnettes qui ne sont pas seulement d’une grandeur extraordinaire mais mesure représentant des commediens avec des décorations et des machines imitant parfaitement la danse et faisant la voix humaine, lesquelles serviront non-seulement de divertissement au public mais serviront d’instruction pour la jeunesse ; Lui accordons privilége de donner ses représentations pendant le cours de vingt années à dater du présent dans nostre bonne ville et faux bourgs de Paris et par toutes autours telles bourgs et lieux de notre royaume qu’il jugera à propos ; deffendant expressement à toute personne de quelque qualité ou condition que ce soit d’apporter audit exposant aucun trouble ou empêchement dans la jouissance du présent privilége, à condition par lui de ne rien faire contre l’honnêteté publique, deffendant à toutes personnes, de quelque qualité ou condition que ce soit, même à celle de nostre maison d’y entrer sans payer, ni d’y faire aucun désordre à peine de punition exemplaire.

1736. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Benjamin Constant et madame de Charrière »

S’il y trouve son compte, il continuera à ses frais, à condition qu’il m’enverra cinq exemplaires de chacune à Brunswick. […] Sa condition à Brunswick ne fait que le rejeter plus avant dans le mépris des grands et des cours, mais elle n’est guère propre à lui rendre cette estime sérieuse et ce respect de l’humanité qui est pourtant le fond de toute politique généreuse et libérale. […] Il ne se remet en route pour l’Allemagne qu’en avril 1794, et arrive encore une fois à sa destination ; mais cette condition de domesticité princière lui est devenue trop insupportable, il jette sa clef de chambellan, et le voilà décidément libre et de retour à Lausanne dans l’été de cette même année.

1737. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre IV. Shakspeare. » pp. 164-280

Il a été trempé jusqu’au fond dans son siècle, j’entends qu’il a connu par expérience les mœurs de la campagne, de la cour et de la ville, et visite les hauts, les bas, le milieu de la condition humaine ; rien de plus ; du reste sa vie est ordinaire, et les irrégularités, les traverses, les passions, les succès qu’on y rencontre, sont à peu près ceux qu’on trouve partout ailleurs175. […] il est bien vrai que j’ai erré à l’aventure et que j’ai fait de moi un bouffon, exposé aux yeux du public, ensanglantant mon âme et vendant à vil prix mes plus chers trésors180. » « Disgracié de la fortune181, dit-il encore ; disgracié aux regards des hommes, je pleure dans la solitude l’abjection de mon sort ; je jette les yeux sur moi, maudissant mon destin, me souhaitant semblable à quelqu’un de plus riche en espérances ; en beauté, en amis, dégoûté de mes meilleurs biens, me méprisant presque moi-même182. » On retrouvera plus tard les traces de ces longs dégoûts dans ses personnages mélancoliques, lorsqu’il parlera « des coups de fouet et des dédains du siècle, de l’injure de l’oppresseur, des outrages de l’orgueilleux, de l’insolence des gens en place, des humiliations que le mérite patient souffre de la main des indignes et qu’il souffre quand il pourrait se donner à lui-même quittance et décharge avec un poinçon de fer de six pouces183. » Mais le pire de cette condition rabaissée, c’est qu’elle entame l’âme. […] Si seulement j’étais mort une heure avant cette fortune, —  j’aurais vécu une vie heureuse ; dorénavant — il n’y a plus rien de sérieux dans la condition mortelle. —  Tout n’est que bagatelle : honneur et renom, le reste est mort. —  Le vin de la vie est tiré.

1738. (1932) Le clavecin de Diderot

Mais si un tel grain d’orge rencontre les conditions qui lui sont normales, s’il tombe sur un terrain favorable, il subit sous l’action de la chaleur et de l’humidité une métamorphose spécifique : il germe, le grain disparaît comme tel, il est nié ; il est remplacé par la plante née de lui, qui est la négation du grain. […] Engels a écrit : La décomposition de la nature en ses parties intégrantes, la séparation des différents phénomènes et objets naturels en des catégories distinctes, l’étude intime des corps organiques dans la variété de leurs formes anatomiques, telles étaient les conditions essentielles des progrès gigantesques qui, dans les quatre derniers siècles, nous ont portés si avant dans la connaissance de la nature. […] Au cas même où les remèdes auraient, momentanément, paru efficaces, rien de plus précaire que cette guérison, tant que les conditions de la vie, les rapports sociaux continueront d’être ceux qui firent la maladie du malade, le crime du criminel.

1739. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite et fin.) »

En ce qui est de lui, revenant à juger ses dernières productions, il excède bien plutôt en sévérité qu’en indulgence : « Grâce à l’aspect boueux et plombé du Salon, mon tableau (le Siège de Rome) qui remplit lui-même pas mal de ces conditions, est sans doute celui qui attire le plus les regards ; en le considérant, il n’éborgne pas, et on le quitte sans émotion fâcheuse.

1740. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Mémoires »

Essayerai-je de montrer le parti qu’on peut tirer de la condition la plus misérable ?

1741. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DES MÉMOIRES DE MIRABEAU ET DE L’ÉTUDE DE M. VICTOR HUGO a ce sujet. » pp. 273-306

Parmi les documents récents qui se rapportent à cette vie publique, il convient de rappeler les Souvenirs sur Mirabeau par Étienne Dumont (de Genève), livre de bonne foi et de sens, écrit par un homme bien informé, sans prétention ambitieuse, quoi qu’on en ait dit ; livre qui n’atteint en rien le génie propre à Mirabeau et ne cherche point à lui dérober ni à lui soutirer son tonnerre, mais qui a replacé l’homme et le génie dans quelques-unes des conditions réelles moins grandioses.

1742. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Diderot »

Qu’il fût admirablement organisé pour la géométrie et les arts, je ne le nie pas ; mais certes, les choses étant ce qu’elles étaient alors, une grande révolution, comme il l’a lui-même remarqué89, s’accomplissant dans les sciences, qui descendaient de la haute géométrie et de la contemplation métaphysique pour s’étendre à la morale ; aux belles-lettres, à l’histoire de la nature, à la physique expérimentale et à l’industrie ; de plus, les arts au xviiie  siècle étant faussement détournés de leur but supérieur et rabaissés à servir de porte-voix philosophique ou d’arme pour le combat ; au milieu de telles conditions générales, il était difficile à Diderot de faire un plus utile, un plus digne et mémorable emploi de sa faculté puissante qu’en la vouant à l’Encyclopédie.

1743. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « François Ier, poëte. Poésies et correspondance recueillies et publiées par M. Aimé Champollion-Figeac, 1 vol. in-4°, Paris, 1847. »

La discrétion, le choix, c’est là le secret de l’agrément en littérature, et l’esprit qui préside aux informations historiques obéit à des conditions différentes.

1744. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (4e partie) » pp. 81-143

Une horrible apparition de la chaîne des galériens, sur la route des Gobelins, le ramène au souvenir de sa condition et épouvante Cosette.

1745. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

Ce citoyen s’élève tellement au-dessus de la médiocrité d’une condition privée, qu’il parvint à régler par ses conseils les affaires de la république de Florence, plus considérable alors par sa situation, par le génie de ses habitants et par la promptitude de ses ressources que par l’étendue de son territoire.

1746. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVe entretien. Chateaubriand, (suite) »

Fabriquer et vendre de la poudre dans tous les carrefours d’une capitale, est-ce une condition de la sécurité publique ?

1747. (1889) Les premières armes du symbolisme pp. 5-50

Une fleur n’y saurait figurer qu’à la condition d’avoir un nom neuf, singulier et sonore, le cyclamen, le corylopsis.

1748. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre deuxième »

Pantagruel et Panurge ne représentent pas seulement le caractère général de l’homme, mais celui qu’il reçoit des deux conditions sociales les plus universelles, la grandeur et la petitesse, la richesse et la pauvreté.

1749. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre cinquième »

Par lui les esprits furent désormais fixés sur l’objet de la poésie et sur les conditions de l’art d’écrire en vers.

1750. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre quinzième. »

Seules, la clarté et la propriété sont deux conditions dont nul n’est exempt.

1751. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Chamfort. » pp. 539-566

Il ne s’élevait pas au-dessus des conditions de son cercle et de son temps, et c’est en quoi, avec tout son esprit, comme l’a très bien remarqué Roederer, il n’était pas véritablement éclairé.

1752. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1870 » pp. 321-367

* * * — Gavarni, l’homme qui avait le moins de netteté dans l’écriture d’une idée, a donné les formules les plus concrètes, mais à la condition d’être enfermées dans la matrice d’une légende.

1753. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre septième. L’introduction des idées philosophiques et sociales dans la poésie. »

Dans la Lettre à Lamartine, on se souvient du portrait que Musset fait de l’homme et de sa condition.

1754. (1913) La Fontaine « II. Son caractère. »

Seulement dans la société, et surtout quand vous êtes ce que vous êtes, on jouit du plaisir de plaire à tout le monde ; et dans la solitude, on jouit du plaisir de vivre avec soi-même, et cela est une affaire d’âge et de condition.

1755. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Μ. Ε. Renan » pp. 109-147

Le philosophe ne sait pas affirmer quoi que ce soit, et pour être un grand écrivain, la première condition c’est d’avoir la puissance de l’affirmation à son service.

1756. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Michelet » pp. 167-205

Quoiqu’il ait voulu, — nous dit-il, à la fin de son ouvrage, sentant bien où en est la faiblesse, — quoiqu’il ait voulu opposer « la dame cultivée (sic) de La Femme à la simple femme de L’Amour », et que par là il se soit placé dans des conditions de nuances inappréciables au gros des imaginations qui, d’ordinaire, les méprisent, il n’a pas su pourtant introduire entre ses deux livres les véritables différences qui font d’un même sujet deux œuvres distinctes, au moins par l’aperçu, par le détail, ou même par une manière inattendue de présenter la même pensée exprimée déjà.

1757. (1897) Un peintre écrivain : Fromentin pp. 1-37

Double condition que bien peu d’hommes ont réalisée, alliance féconde, d’où est sortie l’originalité de ce livre.

1758. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre II. L’âme et le corps »

Depuis Broca, qui avait montré comment l’oubli des mouvements d’articulation de la parole pouvait résulter d’une lésion de la troisième circonvolution frontale gauche, une théorie de plus en plus compliquée de l’aphasie et de ses conditions cérébrales s’est édifiée laborieusement.

1759. (1773) Discours sur l’origine, les progrès et le genre des romans pp. -

Paméla, Clarice, Grandisson, &c. sont des cours de morale pratique à l’usage de tous les états : on y voit figurer des acteurs de toute condition, c’est-à-dire que nul rang n’y est dédaigné ; motif d’intérêt d’autant plus sûr qu’il rapproche du plus grand nombre des Lecteurs les personnages qui doivent les intéresser.

1760. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Molière »

Ainsi ces génies rares, de grande et facile beauté, de beauté native et génuine, triomphent, d’un air d’aisance, des conditions les plus contraires ; ils se déploient, ils s’établissent invinciblement. […] Éteignez, atténuez, déguisez le fait sous toutes les réserves imaginables ; malgré l’éclat du talent et de la faveur, il restait dans la condition de Molière quelque chose dont il souffrait.

1761. (1772) Discours sur le progrès des lettres en France pp. 2-190

C’est au sein de l’ignorance, que naquirent les désordres qui désolèrent toutes les conditions. […] Les conditions confondues ensemble se corrompirent mutuellement.

1762. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1888 » pp. 231-328

» Enfin la lecture s’acheva, et Porel me demanda un petit changement au tableau de la Boule-Noire, voyant un bal de ce genre, non pris de face, mais de côté et par un coin de la salle, me demanda encore, — c’était plus grave, — la suppression du septième tableau, disant : « Je vous jouerai, et je vous jouerai avec ce tableau, si vous l’exigez », mais, pour moi, il compromet la pièce… car, il faut vous attendre, que pour cette pièce, dans les conditions où vous l’avez faite, vous allez avoir tous vos ennemis prêts à vous agripper… eh bien, il faut leur donner le moins possible de prise sur vous. » L’observation de Porel sur le bal de la Boule-Noire est parfaitement juste, et rend le tableau plus distingué. […] Dans ces conditions n’aurait-il pas mieux valu coucher avec toutes les femmes désirables, que j’aurais rencontrées, boire toutes les bouteilles de vin, que j’aurais pu boire, et paresser imbécilement et délicieusement, en fumant les plus capiteux cigares.

1763. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre huitième. L’introduction des idées philosophiques et sociales dans la poésie (suite). Victor Hugo »

Selon Hugo, la personnalité est la condition même d’une infinité réelle. « Si l’infini n’avait pas de moi, le moi serait sa borne. » C’est-à-dire que la conscience humaine, se concevant sans être conçue par l’être infini, le limiterait ; de plus, la volonté humaine pourrait, en niant l’idéal, lui enlever quelque chose de sa réalité au moins pour elle, le chasser d’elle-même. « Il ne serait donc pas infini ; en d’autres termes, il ne serait pas. […] Notre incertitude spéculative, pour Hugo comme pour Kant, est la condition même de notre liberté morale : Où serait le mérite à retrouver sa route.

1764. (1913) Poètes et critiques

C’était un fils naturel : condition cruelle, s’il en fut, à une époque où, parmi tant de préjugés, se manifestaient violemment l’éloignement  instinctif et le mépris irréfléchi pour ce qu’on appelait avec rudesse le bâtard, même lorsque l’enfant était légitimé. […] Lorsque le compagnon, devenu l’époux, fut parti, — c’était un très modeste professeur, instruit et pauvre, — la femme, pour continuer à nourrir son enfant, était entrée en condition : elle fut, pendant huit années, la domestique dévouée d’une bourgeoise de Provins. […] Affirmer aujourd’hui qu’un livre composé dans ces conditions n’offre au lecteur aucune occasion de résister à certaines tendances, ce serait étonner, je crois, M.  […] Il n’a pas même vu toutes les conditions qui sont à réunir pour mériter ce titre.

1765. (1829) Tableau de la littérature du moyen âge pp. 1-332

C’est le sceau de la victoire ; c’est la condition de la vie paisible au milieu de la défaite. […] Il en parut trois de conditions fort diverses, un pape, un brigand et un roi : Grégoire VII, Robert Guiscard, et Guillaume le Conquérant. […] Dans les mœurs du temps, la condition de troubadour, souvent adoptée par les grands, était singulièrement honorée ; celle des jongleurs, au contraire, semblait un peu dédaignée. […] Toutes les conditions sociales, nous l’avons vu, fournissaient des troubadours. […] Le légat se présente comme médiateur dans le camp des barons, et vient annoncer de leur part la réconciliation et la paix, sous la seule condition que les troupes qu’ils avaient rassemblées serviraient à détruire les Albigeois.

1766. (1901) L’imagination de l’artiste pp. 1-286

D’autres vocations sont déterminées par le hasard des circonstances, par les conditions de la vie de famille, par une lecture, par quelque influence extérieure. […] Comment, dans ces conditions, n’auraient-ils pas la mémoire des images ? […] Mais, même dans ces conditions, il n’aura quelque précision que si l’on a une excellente mémoire. […] Dans tous les cas il faut que ce rapport existe et soit perçu pour que le symbole produise un effet esthétique ; car à cette condition seule nous sentirons entre ses deux significations une harmonie. […] Cette aptitude rentre, si l’on veut, dans celle que nous venons d’étudier ; comme on imagine un corps on peut imaginer un visage ; les mêmes conditions semblent requises pour conserver dans l’invention plastique la justesse, le naturel, la vérité.

1767. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite et fin.) »

Quant à ce qui me regarde, il était de ma situation et de mon devoir de, suivre le torrent ; mais je répète qu’entre lui et moi, directement ou indirectement, aussi bien pour ce qui regarde les Nassau que pour les autres princes nombreux que je fis entrer dans la Confédération du Rhin, il ne s’est jamais agi en aucune façon de marché, de conditions ou d’offres.

1768. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine, Jocelyn (1836) »

Après une jeunesse pleine de misère, étant entré lui-même dans cette humble condition de recteur de village ou de bourg, il en a retracé les alentours, les accidents de ridicule, de sujétion ou de souffrance, avec une vigueur sagace et mordante.

1769. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Jouffroy »

Il cherchait à tirer des antécédents historiques, des conditions géographiques et de l’esprit religieux des peuples, la loi de leur mouvement et de leur destinée.

1770. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre II. Principale cause de la misère : l’impôt. »

« Un jour, j’ouvris sa porte, qui n’avait qu’un loquet ; la chambre n’offrait que la muraille et un étau ; cet homme, en sortant de dessous sa cheminée, à moitié malade, me dit : « Je croyais que c’était garnison pour la capitation ». » — Ainsi, quelle que soit la condition du taillable, si dégarni et si dénué qu’il puisse être, la main crochue du fisc est sur son dos.

1771. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIIe entretien. Poésie lyrique » pp. 161-223

Dans la soirée il dit, en secouant la tête, comme un homme qui se ravise, qu’au fond le petit Didier, quoique un peu trop bon garçon, avait toute son estime comme excellent ouvrier ; qu’il faisait au besoin l’ouvrage de tout le monde ; qu’il était trop grand pour rester à jamais toucheur ; que la Jumelle ne pouvait épouser un enfant qui piquait encore les bœufs au labour comme une fille, mais que, si sa condition se relevait un peu au château avec ses gages, et que, si par exemple on le faisait garçon de charrue en titre avec cent vingt francs par an, deux paires de sabots, une paire de souliers et six chemises de toile de chanvre, on pourrait penser à sa proposition, l’autoriser à courtiser la Jumelle, et que, toute belle et toute recherchée qu’elle était, sa fille pourrait rencontrer pis que le fils de la veuve.

1772. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIIIe entretien » pp. 223-287

XV À l’aide de toutes ces suppositions, et avec ces conditions de grandeur, de vertu, d’ostracisme et d’infortune réunies, on aura un motif de poésie conforme à ce poème.

1773. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (2e partie) » pp. 305-367

Quant aux vrais principes d’une république unanime appelant toutes les classes et tous les citoyens sans exception à apporter, par le suffrage universel, leur part juste de souveraineté naturelle dans une première assemblée, pour que cette première assemblée dictatoriale régularisât à loisir les degrés divers de ce suffrage universel, pour que la souveraineté brutale du nombre, équilibrée par la souveraineté morale de la lumière et de la raison, donnât la majorité au droit général qui fait de l’intelligence une condition de tout droit humain ; je ne les répudie pas davantage.

1774. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXIXe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin (2e partie) » pp. 321-384

C’était le sublime de sa condition, ce me semble, que cette religion du secret que l’éducation ne lui avait pas apprise.

1775. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (3e partie) » pp. 161-219

Bel exemple pour les ministres d’une institution dont le présent se détache et qui ne peut vivre que d’honnêtes et habiles ajournements de la fatalité ; heureuse condition des pouvoirs résignés qui ne peuvent vivre que de leur innocence !

1776. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIVe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (3e partie) » pp. 365-427

Mille autres besoins de mes sens et de mon âme se partagent mon existence ; puis je meurs, c’est-à-dire que cette existence cesse ici-bas, que mon âme, mon souffle, mon principe d’être, s’évanouit dans la douleur, la douleur mortelle, preuve que l’immortalité est mon premier besoin, et que je vais chercher ma vie nouvelle et supérieure, avec des conditions parfaites ou meilleures, avec ceux ou celles que je quitte en pleurant et regrette dans ce monde.

1777. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXVIIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 5-64

Nos familles sont alliées depuis longues années, à ce que dit notre aïeule, et c’est elle qui a ménagé ce mariage depuis longtemps, parce qu’elle était la marraine de la fiancée, parce que la fille sera riche pour notre condition, et que les deux mariés s’aiment, dit-elle, depuis le jour où la fille du bargello, petite alors, était venue pour la première fois chez sa marraine assister, avec nous autres, à la vendange des vignes et fouler, en chantant, les grappes dans les granges avec ses beaux pieds, tout rougis de l’écume du vin.

1778. (1892) Boileau « Chapitre I. L’homme » pp. 5-43

Au reste, il est généreux : il donne de l’argent à Linière qui court le chansonner au cabaret voisin ; il offre d’abandonner sa pension pour faire rétablir celle du vieux Corneille ; il achète à Patru sa bibliothèque, à condition qu’il continue de la garder chez lui sa vie durant.

1779. (1920) Enquête : Pourquoi aucun des grands poètes de langue française n’est-il du Midi ? (Les Marges)

D’autre part, toute œuvre durable comporte une difficulté vaincue ; cette victoire souvent lente, exige la volonté de travail, la discipline, l’obstination dans l’effort, vertus qui ne sont pas, dit-on, caractéristiques des races du Midi et que, d’ailleurs, les conditions de vie trop facile, dissolvent.

1780. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Conclusion »

Cette idée, c’est que l’isolement est la condition du génie, et que la poésie doit se voiler aux regards vulgaires.

1781. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre I. Le broyeur de lin  (1876) »

À défaut du mariage, on eût dû la faire religieuse : la règle et les austérités l’eussent calmée, mais il est probable que le père n’était pas assez riche pour payer la dot et sa condition ne permettait pas de la faire sœur converse.

1782. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 avril 1886. »

Malheureusement les conditions locales ne se prêtaient pas à une exacte interprétation du chef-d’œuvre wagnérien, car les voix de soprano, qui sont des chérubins, auraient dû descendre d’une très-haute coupole, et venir aussi comme de côté, voilées par la hauteur — ce qu’on ne pouvait obtenir dans ce salon.

1783. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1883 » pp. 236-282

À ces conditions, aucun des amateurs du moment présent, ne dépenserait 50 francs pour un objet d’art, fût-il le plus parfait des objets d’art.

1784. (1707) Discours sur la poésie pp. 13-60

L’émulation peut donc subsister avec la modestie, et je demande seulement qu’on nous la permette à cette condition.

1785. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Notes et éclaircissements. [Œuvres complètes, tome XIII] »

» “Je ne vous ai point aussi donné sujet de me dire que, à la vérité, j’ai soutenu avec courage les maux de ma condition présente, mais aussi que j’ai diminué le bien de votre père pour me tirer de ces incommodités, qui est un malheur que je sais arriver souvent aux pupilles ; car je vous ai conservé tout ce qu’il vous a laissé, quoique je n’aie rien épargné de tout ce qui vous a été nécessaire pour votre éducation.

1786. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Villemain » pp. 1-41

C’est là la seconde prétention du livre de Villemain, et je la croirais plus aisée à justifier que celle de la supériorité absolue de Pindare ; mais cette thèse imposante, à la condition qu’elle fût tirée du lieu commun, Villemain ne la discute point.

1787. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Appendices de, la deuxième édition »

Elle se comprend, sans qu’il y ait rien à ajouter à ce que nous avons dit en traitant du mouvement uniforme : l’accélération ne saurait créer ici des conditions nouvelles, puisque ce sont nécessairement les formules de Lorentz qu’on applique encore (en général à des éléments infinitésimaux) quand on parle de Temps multiples et ralentis.

1788. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre III. De la logique poétique » pp. 125-167

Le nom de mortel fut d’abord réservé aux hommes, seuls êtres dont la condition mortelle dût se faire remarquer.

1789. (1856) Articles du Figaro (1855-1856) pp. 2-6

Alexandre Dumas fils, cassant brusquement le fil de toutes les traditions, a renouvelé le théâtre et changé les conditions de la scène. […] Que m’importe que l’auteur d’Hamlet, qui ignorait les traditions ou qui les dédaignait, — deux manières pour le génie de leur être supérieur, — ait modifié les conditions extérieures de la scène ? […] Noliser un vaisseau n’est point une condition indispensable pour se préparer dignement à visiter le Saint-Sépulcre : en tout cas, elle cesse de jour en jour d’être à la portée des gens de lettres. — Pour mon compte, si je vais jamais en Palestine, je prévois qu’il faudra me résigner au mode de locomotion adopté par cette respectable dame dont tous les journaux annonçaient naguère le départ

1790. (1856) À travers la critique. Figaro pp. 4-2

Le moyen, dans de pareilles conditions, de rendre un journal attrayant ? […] Un jour ou l’autre, lorsque échoira le terme de ce rôle exceptionnel, qui n’est ni dans la réalité humaine ni dans les conditions normales du théâtre il faudra bien que Rouvière s’éveille de son rêve de gloire. […] Il n’y a pas eu, il ne pouvait pas y avoir de revanche à l’échec de Tartuffe, puisque la partie s’était engagée sur un autre terrain et avec d’autres conditions, et si ce n’est que l’actrice nous a fait entendre de bien meilleure prose, Araminte n’a pas donné sensiblement au-delà de ce qu’avait promis la comtesse de la Ligne droite.

1791. (1927) André Gide pp. 8-126

Et c’est déplorable, parce que la hausse artificielle qui en résulte rend beaucoup de vieux et de beaux ouvrages inaccessibles à des lettrés de condition modeste, mais qui, eux, les liraient. […] S’il me considère comme un politicien qui loue ou condamne les œuvres littéraires selon les opinions de l’auteur, il se trompe très lourdement, et cela prouve qu’il ne me lit pas, ce que je lui permettrais au surplus, à condition qu’il ne parlât pas de moi.

1792. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLe entretien. L’homme de lettres »

Elle lui parla, en peu de mots, de sa condition passée et de ses besoins présents. […] Déjà leurs mères parlaient de leur mariage, sur leurs berceaux ; et cette perspective de félicité conjugale, dont elles charmaient leurs propres peines, finissait bien souvent par les faire pleurer: l’une se rappelant que ses maux étaient venus d’avoir négligé l’hymen, et l’autre, d’en avoir subi les lois ; l’une, de s’être élevée au-dessus de sa condition, et l’autre, d’en être descendue: mais elles se consolaient, en pensant qu’un jour leurs enfants, plus heureux, jouiraient à la fois, loin des cruels préjugés de l’Europe, des plaisirs de l’amour et du bonheur de l’égalité.

/ 1968