Pierre Leroux, l’auteur de L’Humanité, avec lequel il a plus d’une analogie, et s’en iront-ils, tous deux, à la fosse commune de l’oubli.
II Si nous avons uni sous un titre commun L’Affaiblissement de la Raison et les Études classiques dans la société chrétienne, par le révérend P.
Le scepticisme, l’inquiétude et la peur, qui firent pousser de si magnifiques cris d’aigle épouvanté à l’âme de Pascal, sont plus communs que la foi, l’amour et l’espérance, et les hommes sont faits ainsi qu’ils entendent mieux la voix qui les crie.
, il devient très souvent commun comme les athées de ce temps-ci, qui ont leur canaille et leurs partageux.
Il faut bien le dire : l’art pour l’art, ce déplorable et faux système (l’art ne devant jamais être que le glorieux serviteur de la vérité), trouve une application trop fréquente dans notre pays quand il s’agit de l’éloquence, Par une faiblesse commune aux plus mâles esprits, tous ou presque tous nous allons nous asseoir, avec l’espérance d’une grande sensation ou d’une puissante ivresse, devant l’homme qui ne représente souvent pour nous que l’erreur ou que le sophisme, et nous écoutons comme un bois mélodieux et sonore une créature vivante qui abuse artistement de la parole, au lieu de l’écouter comme un pur instrument de la Vérité qui devrait faire palpiter dans nos cœurs l’amour que nous avons pour elle.
a choisi l’Angleterre pour y chercher et y trouver des modèles de sophistes contemporains, et il en a pris deux, — les plus gros actuellement de ce pays, — Stuart Mill et Herbert Spencer, — lesquels n’ont pas même la qualité, si commune en Angleterre, de l’originalité, et qui sont venus demander le peu qu’ils ont d’idées à la France.
Contradiction plus commune qu’on ne croit entre la pensée d’un homme et la nature de son génie !
Il leur a lestement passé par-dessus la tête à tous, et il est allé droit à leur père commun, à Hegel.
Son système, s’il est possible d’entendre la voix ferme et distincte d’un système à travers cette tempête de mots lâchés par un homme véritablement attaqué d’une tympanite verbale, son système n’est qu’une espèce de métempsycose toujours en évolution… idée chétive, trouvaille de peu d’efforts, vulgarité niaise à force d’être commune.
L’auteur d’Armelle n’a rien de commun avec la nouvelle génération qui a surgi depuis quelques années.
Je n’ignore pas que ce que j’écris là est contraire à la donnée commune de la Critique, mais ce n’est point une raison pour moi de ne pas risquer mon opinion.
Rien de moins difficile que de faire pleurer ; Excepté les larmes que l’admiration fait couler, excepté celles de César devant la statue d’Alexandre, je méprise assez cette eau qui coule et je la laisse couler… Saint Maur, qui est d’un naturel trop franc et trop à pleine main pour jamais rien affecter, tempère, sous le dictame de son esprit, les tristesses qui sont le fonds commun de la misérable nature humaine.
Les romans qu’il recherche, en effet, sont aussi gros que lui et doivent être bourrés de ces événements matériels assez faciles à inventer, — qui sont dans la vie comme ils pourraient bien n’y pas être, — mais qui plaisent à cette curiosité badaude qui n’a rien de commun, du reste, avec l’ardente ou délicate curiosité de l’imagination et du cœur.
. — Or, après Miréio, voici un autre livre, différent d’inspiration, de composition, de langage, et cependant ayant beaucoup de consanguinités et de saveurs communes avec le poëme de M.
Il a de leur saveur mordante Il a comme eux le coup de dent, et cette belle horreur du vulgaire qui donne en passant si bien le paquet aux idées communes et au faux goût.
L’éloquence en est faible, et la philosophie commune.
De même qu’en Italie l’aspect aristocratique est commun à toutes les classes, en Angleterre cette beauté rustique et populaire se rencontre du haut en bas de l’échelle sociale. […] Taine soient matérialistes ; mais ce que je nie formellement, c’est que les idées d’où il les a tirées aient en elles-mêmes quelque chose de commun avec le matérialisme. […] Muette, aveugle, paralysée, elle veut venir à la lumière, naître à l’action, s’affirmer par la parole ; cette impatience est identique chez le Saxon et chez le Celte, chez le Slave et chez l’Indou, et, si elle est commune à toutes les races, elle nous ramène à une loi plus générale encore que celle de la race. […] Vous les distinguerez évidemment non par le fait psychologique qui est commun à tous, mais par la manifestation particulière de ce fait dans chacun d’eux. […] « La bonne miss S… (une amie commune des deux amants dont le nom est resté inconnu), avec les appréhensions du meilleur des cœurs, pensant que j’étais malade, insista pour que j’allasse la trouver.
Un jour, n’avez-vous pas dit de moi à un de nos amis communs : — C’est un bénédictin narquois. […] Il y est heureux, malgré « l’ennui commun à toute créature bien née ». […] Mais l’orgueil du commun des pécheurs s’accommode mal de tant de mansuétude. […] Il n’aimait pas les moines ; c’est une disposition commune à tous les vieux conteurs ; mais il savait dire. […] Vanière, par je ne sais quel fond poncif qui leur est commun.
La chanson contient une leçon morale, sans insister plus que de raison sur un accident en somme assez commun. […] Il était de cette famille des néo-catholiques littéraires dont Chateaubriand est le père commun, et qui a produit Barbey d’Aurévilly, Baudelaire, et, plus récemment, M. […] Le roman que je viens de lire, un Caractère, est certes une œuvre peu commune. […] N’est-ce pas une raison pour nous accorder et pour tourner notre commun mépris sur les malheureux qui vivent dans d’éternelles laideurs ? […] Chez MM. de Goncourt, on nous montre l’hyperesthésie de la sensibilité et aussi un trait commun à plusieurs de leurs contemporains et bien étrange chez des petits-fils de Jean-Jacques, nés en plein romantisme : l’horreur de la nature.
Le critique de la Revue des deux Mondes est, à tout prendre, un écrivain de talent il possède surtout ce genre de talent anguleux et sans charmes qui s’ajuste comme une porte dans une charnière, au ton général et à la règle commune de l’établissement scolastique de la rue Saint-Benoît. […] M. de Pontmartin admire les grands écrivains du grand siècle je m’agenouillerai à ses côtés, s’il veut bien me permettre de partager cet honneur avec lui ; mais notre prière en commun achevée, il est à craindre qu’un dissentiment profond ne nous sépare. […] et a porté à son compatriote deux ou trois bottes à l’italienne, — histoire de fraterniser en se rappelant la commune patrie ! […] J’y ai remarqué, pour mon compte, une figure on ne peut plus heureuse, celle de la légende de l’enfant qui voudrait puiser l’Océan dans un coquillage ; mais enfin, qu’ont de commun des mièvreries, que je ne veux pas juger, avec la critique musicale proprement dite, et qu’aura compris Verdi à toutes ces phrases chatoyantes ? […] Or, à chacun ses œuvres j’ai bien assez des miennes, et je ne veux avoir rien de commun avec le feuilletoniste du Constitutionnel.
Il nous a entretenus de Schiller, de leurs travaux communs, de ce que celui-ci voulait faire, de ce qu’il aurait fait, de ses intentions, de ses souvenirs : il est le plus intéressant et le plus aimable des hommes. […] Sachons bien qu’Ampère vécut d’une vie commune et fit ménage intellectuel de 1830 à 1847, pendant près de dix-sept ans, avec un homme qui est l’érudition et la curiosité mêmes, M. […] Ils avaient cela de commun tous deux d’être les fils de pères vénérés. […] Mohl d’une sorte de vie commune, et, dans cet arrangement qui dura jusqu’au mariage de M.
Daunou comme homme politique et public et comme philosophe, j’aime mieux pourtant ici, dans ses démonstrations en faveur de la Constitution civile du clergé, ne voir qu’un simple vœu honorable et de convenance, un mode d’interprétation utile qu’il propose jusqu’à la dernière extrémité, sans trop espérer de le faire accepter, et en se consolant lui-même très-aisément d’avoir à marcher au delà. « Philosophes, s’écrie-t-il en faisant sous le masque anonyme la leçon aux deux partis, philosophes, loin de vous des procédés injustes ou des mesures imprudentes qui détacheraient de la cause commune à tous les Français une classe de citoyens qui, après tout, a servi cette cause en y attachant sa destinée ! […] Ces vérités paraîtront communes, mais elles sont à l’ordre du jour, et, parmi les grands intérêts auxquels je crois qu’elles se rattachent, il en est un qui méritera l’attention des législateurs : c’est qu’il ne faut pas dénaturer le caractère national, il ne faut pas ensauvager les mœurs d’un peuple qui a été jusqu’ici doux, juste, humain, sensible, et qui, sous ce rapport, est sans doute fort bien comme il est. […] En le dessinant comme nous avons essayé de le faire, en passant et repassant le trait sur les lignes de cette figure modeste, mais expressive, en y indiquant soigneusement les creux et les dégageant à nu, nous n’avons certes pas prétendu diminuer l’idée qu’on en doit prendre ; nous croyons plutôt que c’est ainsi que le vieux maitre a chance de se mieux graver et plus avant dans la mémoire, et qu’au milieu de tant de physionomies transmises qu’un vague et commun éloge tendrait à confondre, la sienne, plus restreinte, demeurera aussi plus reconnaissable. […] Daunou avait été très-lié avec Fouché, non pas à l’Oratoire, mais depuis, à la Convention, où les rapprochaient les souvenirs de cette commune origine.
Washington, le sage et le clairvoyant, comprend bien que c’est là l’endroit sensible et faible de son cher élève ; il le rassure, en nous confirmant l’honorable source du mal : « Je m’empresse de dissiper toutes vos inquiétudes ; elles viennent d’une sensibilité peu commune pour tout ce qui touche votre réputation. » Pareil débat se renouvelle en diverses circonstances. […] Tous ceux qui raisonnent reconnaîtront les avantages que nous devons à la flotte française et au zèle de son commandant ; mais, dans un gouvernement libre et républicain, vous ne pouvez comprimer la voix de la multitude ; chacun parle comme il pense, ou pour mieux dire sans penser, et par conséquent juge les résultats sans remonter aux causes… C’est la nature de l’homme que de s’irriter de tout ce qui déjoue une espérance flatteuse et un projet favori, et c’est une folie trop commune que de condamner sans examen. » Comme complément et correctif de ce jugement de Washington sur les gouvernements républicains, il convient de rapprocher ce passage d’une lettre de lui à La Fayette, écrite plusieurs années après (25 juillet 1785) : il s’agit de la nécessité qui se faisait généralement sentir à cette époque, parmi les négociants du continent américain, d’accorder au Congrès le pouvoir de statuer sur le commerce de l’Union : « Ils sentent la nécessité d’un pouvoir régulateur, et l’absurdité du système qui donnerait à chacun des États le droit de faire des lois sur cette matière, indépendamment les uns des autres. Il en sera de même, après un certain temps, sur tous les objets d’un commun intérêt. […] En arrivant à Olmütz, on lui confisque quelques livres que les Prussiens lui avaient laissés, notamment le livre de l’Esprit et celui du Sens commun ; sur quoi La Fayette demande poliment si le Gouvernement les regarde comme de contrebande.
Il ajoute à ce ménage mademoiselle de Brie, et sa maison recèle cette existence en commun sous le même toit13. […] C’est que c’étaient des faits de la vie journalière, et que, dans le monde réel, pour les jeunes gens et pour les jeunes filles, les vocations forcées, les mariages par contrainte étaient des faits communs. […] Un cours de faculté, un cours d’éloquence et de poésie… n’est possible, il n’échappe à l’ennui de la trivialité vide, il n’a de substance et de prix que s’il est l’œuvre commune de l’auditoire et du maître… Mon auditoire d’Aix-en-Provence ma rendu pour toujours classique. […] Elles seules savent ce qu’il faudrait savoir pour résoudre le problème ; mais, depuis trois mille ans, ni prêtre des faux dieux, ni médecin, ni femme n’a laissé échapper un mot qui trahît le secret commun de la caste. […] Ç’a été Ève, notre mère commune, réduite à supporter si longtemps la vie sans avoir auprès d’elle aucune de ses pareilles de qui elle pût médire.
Avec La Fontaine vous préparez l’honnête homme d’Horace, raisonnable et sage dans la commune mesure. […] Il n’a rien de commun non plus avec Byron. […] Leurs traits se marquaient moins mais d’autant plus en eux ; dans ces ombres imposantes, je sentais le vrai fond, l’âme commune des masses qu’ils ont représentées. […] Plusieurs faisaient cuire de l’herbe, mais l’herbe non plus n’est pas commune dans la montagne aride et décharnée. […] Pourtant il ne s’était ni absorbé ni anéanti dans les courants de vie ; ici rien de commun avec le nirvana des bouddhistes.
Depuis vingt-cinq ans, on a exploré et importé les littératures de tous les pays ; on en a comme versé les richesses dans le domaine commun : eh bien ! […] Voici l’épigramme, qui se peut bien mettre dans la bouche d’une femme abandonnée, se plaignant d’un amant parjure : « Nuit sacrée, et toi Lampe, aucun autre que vous, mais vous seuls, nous vous prîmes tous les deux à témoin dans nos serments, et nous nous jurâmes, lui de me toujours chérir, et moi de ne le jamais quitter ; nous le jurâmes et vous reçûtes la commune promesse.
Un de nos maîtres38 l’a dit : « Ce qui était chez nous au moyen âge comme l’héritage commun de tout un peuple, est devenu (en passant surtout chez les Italiens, chez Boccace et ses continuateurs) la propriété de quelques noms restés célèbres. » Qu’importe ? […] L’amour de la poésie et de tout ce qui a la flamme, la haine du prosaïsme et de tout ce qui est commun, ont paru le meilleur des liens et donner au livre une suffisante unité.
Dans la vie commune, l’homme est l’être public, la femme est l’être domestique. […] XXV Tous les hommes d’État, tous les écrivains, tous les orateurs sortis de la proscription, de l’ombre ou du silence après la terreur, se pressaient dans ses salons comme sous l’égide de la liberté retrouvée dans les ruines ; elle contenait l’impatience des uns, elle modérait la réaction des autres, elle relevait le découragement, elle fortifiait la constance, elle réconciliait dans un patriotisme commun ceux que les factions avaient séparés pour le malheur de tous.
Savantes et serrées, d’une extrême beauté pittoresque et plastique, elles n’ont pas grand’chose de commun, à coup sûr, avec les chansons de Béranger. […] Paul Deschanel Son dernier discours est affiché, à l’heure qu’il est dans toutes les communes de France.
Je ne crois pas qu’on aille tant au théâtre pour le plaisir qu’on y éprouve que pour y puiser un sujet de conversation qui soit commun à toutes les maisons qu’on fréquente. […] Fagus L’actuel appétit pour le théâtre — pour un certain théâtre — est commun à toutes les décadences.
Mais l’analogie ne peut s’établir directement entre l’attitude et l’harmonie, car à la Ligne c’est le Rythme qui répond ; cependant certains caractères communs les rapprochent. […] Il est certain, de plus, que toute vibration est un Rythme et qu’il n’y a point Harmonie sans vibration ; mais il en est de même de tout ce qui est couleur, chaleur, etc. ; je l’ai dit déjà, je ne prétends pas continuer les Éléates, cependant on peut faire abstraction d’un caractère lorsqu’il est commun à toutes choses.
Il faut des sentiments généraux et profonds pour une forme que la plénitude du sens fait trouver si simple, que des pensées vagues ou communes font trouver si vide ; il faut des diamants pour de pareils chatons. […] Mais entre Britannicus et Tibère il n’y a de commun qu’un sujet romain.
Il y a deux théâtres de musique : le théâtre de Gluck et de Beethoven, celui de Wagner, le théâtre du drame intense, profond, impitoyable de la vie ; — et le théâtre de Mozart et de Rossini, le théâtre de Grétry, des musiciens français depuis Rameau, notre tradition française, certes, avec les ordinaires émotions de la vie commune. […] » Motif 19 (p. 5, 29, 31). — D’abord Walther à Eva demande la réponse qui décidera de sa vie, et plus tard Eva à Walther demande si elle le reverra ; et cet espoir qu’ils ont maintenant en commun, se retrouve dans le trio d’Eva, de Walther et de Magdeleine, page 31.
Ceux qui sont curieux de voir les hommes au naturel, et que les détails de la vie commune ne rebutent pas, peuvent lire cet appendice. […] Faites-moi part de toutes vos réflexions, puisque nous n’avons plus que cela de commun.
Elle ne voulait qu’un cœur ; elle savait se proportionner aux plus humbles conditions de la vie commune, pourvu que l’amour, cette poésie du cœur, ne manquât pas à sa destinée. […] Ce gouvernement de Périclès défendu par l’unanimité de la nation, conseillé par les talents de toutes les opinions réconciliées dans l’amour de la patrie commune, et présidé fortement par un des meilleurs citoyens, régulateur temporaire de la république, lui souriait.
Ils étaient tous les deux voilà ce qui leur est absolument commun ils étaient tous les deux dépensiers, désordonnés, irréguliers, incapables autant l’un que l’autre de tenir un ménage, de soutenir une bonne maison. D’autre part, avaient-ils de commun l’inconduite, comme Tallemant des Réaux, non seulement nous le donne à entendre, mais nous l’assure presque, et Mlle de La Fontaine comme on disait alors ; les bourgeoises n’ayant pas droit au titre de madame — et Mlle de La Fontaine, en un mot, se conduisit-elle mal ?
Ce sont les sensations que donne le milieu le plus commun à l’âme la plus commune.
C’est l’unité d’une « idée directrice » commune à un grand nombre d’éléments organisés. […] Il faudra supposer que dans certains cas elles se succèdent sans intention commune, et que dans d’autres cas, par une inexplicable chance, toutes les images simultanées et successives se groupent de manière à donner la solution de plus en plus approchée d’un seul et même problème.
Mais il avait, par-dessus le duc de Mayenne, une promptitude et vivacité miraculeuse et par-delà le commun.
Mais si Bossuet pourtant s’oublie dans une oraison funèbre jusqu’à faire de l’ancien secrétaire d’État Le Tellier, de cet homme d’esprit doucereux et fin, une majestueuse figure de chef de justice et un pendant de L’Hôpital, on n’est pas fâché d’entendre l’abbé de Saint-Pierre réduire la figure à ses justes proportions, et mettant, comme on dit vulgairement, les pieds dans le plat, nous dire crûment : Il (Le Tellier) n’eut durant sa vie que le même but qu’ont les hommes du commun dans la leur, et ce but fut d’enrichir sa famille et d’augmenter son pouvoir tous les jours par des charges, par des emplois, par des alliances, par des richesses, par des dignités et surtout par la faveur du roi.
C’est d’un cœur charmant, d’une âme élevée, qui pense que tous les bons et beaux esprits devraient se rejoindre à une certaine hauteur et qu’une amitié commune est un lien.
« Nous avions été tellement liés, dans un temps déjà bien ancien, que malgré la rupture à la suite de procédés qu’il est mieux d’ensevelir, nous nous remettions irrésistiblement à chaque rencontre, — et l’Académie les faisait fréquentes, — à causer presque comme auparavant, à discuter, à nous prendre à témoin sur des points communs.
La douleur parle seule en eux ; l’idée dominante a fait disparaître toutes les idées communes de la vie ; tous les organes sont dérangés, hors ceux de la souffrance ; et ce touchant délire de l’être malheureux semble l’affranchir de la réserve timide, qui défend de s’offrir sans contrainte à la pitié.
Ce goût n’a rien non plus de commun avec la franche satire, qui est laide, parce qu’elle est cruelle ; au contraire, il provoque la bonne humeur ; on voit vite que le railleur n’est point méchant, qu’il ne veut point blesser ; s’il pique, c’est comme une abeille sans venin : un instant après, il n’y pense plus ; au besoin il se prendra lui-même pour objet de plaisanterie ; tout son désir est d’entretenir en lui-même et en vous un pétillement d’idées agréables. — Telle est cette race, la plus attique des modernes, moins poétique que l’ancienne, mais aussi fine, d’un esprit exquis plutôt que grand, douée plutôt de goût que de génie, sensuelle, mais sans grossièreté ni fougue, point morale, mais sociable et douce, point réfléchie, mais capable d’atteindre les idées, toutes les idées, et les plus hautes, à travers le badinage et la gaieté.
L’érudition, pareillement, et toutes les sciences se constituent hors de la littérature, avec leur caractère technique, et cette impersonnalité qui n’a rien de commun avec l’objectivité artistique.
A vrai dire, l’état civil d’Armande est fort louche ; et les vraisemblances communes sont pour que Madeleine Béjart ait eu plus d’un amant.
Elle consent, par la suite, après diverses aventures, à accepter un autre époux, à la grande satisfaction de son frère Cinthio. » Cette situation que Flaminio Scala développe en trois actes, peut être considérée comme une des plus simples et des plus communes qu’offrent les pièces représentées par les Gelosi.
La gaffe commune de ces ascètes bourgeois, pleins d’ailleurs et bedonnants de bonnes intentions, consiste dans l’oubli d’une notion expérimentale : que notre plaisir ne peut susciter la joie d’autrui, — et dans la négligence d’une vérité plus foncière : que nos mouvements affectueux sont d’ordre sentimental, tandis qu’une équitable construction sociale serait d’ordre rationnel et scientifique.
En effet, les états d’âme instantanés qui se succèdent comme un défilé d’images cinématographiques ont tous, pour une individualité donnée, une teinte commune, une même coloration sentimentale.
Si, après avoir réglé les montres par le procédé optique, on voulait vérifier le réglage à l’aide de ces nouveaux signaux, on constaterait des divergences qui mettraient en évidence la translation commune des deux stations.
Il s’était créé un style à part qui devait lui aliéner le commun des lecteurs, une langue qui s’adressait à tous les sens, pleine d’onomatopées, d’artifices typographiques, où les adverbes, des majuscules imprévues, se mettaient à chevaucher follement la phrase, où des incidentes répétées revenaient avec l’obsession du leitmotiv ; une langue musicale et orchestrée.
La France, qui a marché la première dans la voie de l’esprit nationaliste, sera, selon la loi commune, la première à réagir contre le mouvement qu’elle a provoqué.
Quelques partisans des idées messianiques avaient déjà admis que le Messie apporterait une loi nouvelle, qui serait commune à toute la terre 629.
Sully Prudhomme se plaint d’un malheur commun hélas !
Qui croirait au premier abord que la cuisine et la littérature pussent avoir quelque chose de commun ?
(Car sur telle vérité scientifique, sociale, humaine dont ils alimentent leurs productions, ils peuvent s’accorder — ou différer : cela n’importe), la question est celle-ci : Ont-ils un souci d’art commun ?
Les manifestations qu’elle analyse : livres, partitions, tableaux, statues, monuments, ont en commun le caractère d’être « esthétiques », de tendre à être belles et à émouvoir.
pas une ne dérive de l’autre, et pourtant elles ont cela de commun que toutes elles apportent de l’infini.
En d’autres termes, il faut que les actions, quelles qu’elles soient, exercées sur le cerveau par les choses externes, s’y conservent d’une certaine manière pour réveiller dans l’âme les images sensibles sans lesquelles la pensée est impossible, d’où il suit que le cerveau n’est pas seulement l’organe central des sensations, le sensorium commune, il est l’organe de l’imagination et de la mémoire, auxiliaires indispensables de l’intelligence.
Cette école se divise à son tour en plusieurs branches, qui sont l’école doctrinaire, l’école libérale et l’école des économistes : ces trois écoles, liées par des principes communs, se distinguent par des nuances assez importantes.
Devons-nous ajouter que des aspirations communes ne sauraient aliéner les indépendances.
En eux seuls l’on sent cet idéal supérieur, ce besoin impérieux qui les unit malgré toutes les dissemblances de manière, malgré les rivalités individuelles et les pousse à une action commune et presque inconsciente pour constituer et imposer un Art grandiose et nouveau.
On aime à voir que les entrailles du destructeur des villes sont formées comme celles du commun des hommes, et que les affections simples en composent le fond.
C’est parce qu’on n’est pas assez éclairé qu’on s’écarte quelquefois de l’opinion commune dans ces choses, dont le mérite peut être connu par tous les hommes.
Les premiers, parce qu’ils sont communs à toute la lignée des ascendants, sont bien plus fortement enracinés dans l’organisme.
Un jour, il se laissa séduire — chose tout à fait en dehors de ses principes — par une proposition de chasse en commun… Les circonstances étaient graves.
A chaque instant Bossuet choisit ou rejette des mots qui n’ont rien de commun avec le dogme.
Le phénomène de la servante-maîtresse, si commun chez les vieux galants ; chez les dons Juans les plus superbes, les plus durs à la femme dans leur jeunesse, lorsque l’âge les a suffisamment attendris, peut se produire aussi chez les nations, et il semble que nous y touchions, à ce phénomène.
Pour lui qui connaît le pays, qui a plongé son bâton de voyageur dans ce guano de tous les vices, cette révolution dont on fait tant de bruit ne sera guères qu’un de ces changements de dynastie si communs en Chine.
Les écrivains au-dessus du métier, les écrivains de phrase apprise, ne sont pas déjà si communs au xixe siècle pour qu’on oublie de signaler un homme qui a un style à lui, brillant et solide.
Le scepticisme, l’inquiétude et la peur, qui firent pousser de si magnifiques cris d’aigle épouvanté à l’âme de Pascal, sont plus communs que la foi, l’amour et l’espérance, et les hommes sont faits ainsi qu’ils entendent mieux la voix qui les crie.
Lui, dont les yeux sont fins et sûrs, n’a-t-il pas senti que, s’il les avait fixés profondément sur ce qui n’est pas seulement une distinction nominale, faite par la haute sagesse gouvernementale de l’Église, il n’aurait pu s’empêcher de voir, se détachant du fond commun des idées et des phénomènes imputés au Mysticisme, pris dans son acception la plus générale et la plus confuse, un autre mysticisme, ayant ses caractères très déterminés ; l’éclatante réalité, enfin, qui contient la vérité intégrale que la Religion seule met sous les mains de nos esprits, mais dont la Philosophie les détourne ?
Mais, si ce n’est pas le même malheur et le même sentiment d’impuissance qui unissent si tendrement, pour le quart d’heure, les écrivains philosophiques de ce temps et M. l’abbé Mitraud, il faut donc qu’il y ait dans le livre de ce dernier un fonds de choses qui soit un terrain commun où ils se rencontrent et s’embrassent, une petite île des Faisans quelconque où le prêtre et le philosophe passent leur traité des Pyrénées.
Les créatures inférieures, ténébreuses, misérables, imbécilles, brutales et perverses, qui sont le fond commun de l’humanité et se mêlent au jeu de son action, et le troublent et le souillent ou l’empêchent, je les cherche en vain dans ce livre, où je ne vois que des étoiles… Livre plus orageux et plus passionné, il est vrai, mais aussi chimérique, aussi fabuleux que le livre de l’Astrée, et, comme on ne s’intéresse pas à l’impossible, tout aussi vide d’intérêt que lui !
Leur seul caractère commun est la marque qu’elles portent toutes de la profonde originalité de leur auteur. « La maison-type n’existe pas pour lui »40 a-t-on avec juste raison.
Jetés hors des routes communes, la postérité les distingue de loin, comme ces arbres solitaires qui s’élèvent avec vigueur dans un espace désert.
Avec ceux que nous avions déjà énumérés, il représente un ensemble de traits communs, signes non équivoques d’un siècle et d’une civilisation dans leurs plus subtils raffinements ; il donne une mesure de notre vie intellectuelle, mais surtout sensorielle et sentimentale à son degré suprême d’intensité. […] En dehors de la préoccupation anxieuse de fuir le banal, il n’y a pas, sous la masse de leurs écrits, cette base commune d’inspiration aussi générale et large qu’on voudra, mais cependant réelle, qui constitue l’homme et qui le distingue d’une machine, d’un appareil photographique. […] Ceux-là, il est vrai, avaient poussé l’horreur de la loi commune plus loin que tous les autres, jusqu’à avouer qu’ils souffraient de toute régularité dans la vie réelle. […] Entre l’école d’où sont sorties les Orientales ou Albertus et l’auteur de Salammbô, il semble n’avoir aperçu que les ressemblances extérieures ; d’autres traits communs, et d’une nature infiniment plus grave, sont cependant à noter. […] « C’est là ce que nous avons eu de meilleur », soupirent-ils d’un commun accord à la page qui termine le livre et qui en donne indirectement la triste conclusion.
Et ceci qui est contre l’opinion commune : Il ne travaillait pas vite, mais il n’était pas fâché qu’on le crût expéditif. […] Elles ont toutes ceci de commun, qu’elles sont romanesques à la façon des romans du temps. […] — Racine pense, tout au contraire, qu’il importe à notre plaisir que nous ayons le plus possible de pensées, de sentiments et de façons d’être en commun avec ces personnages que leur nom et leur légende placent si loin de nous. […] Racine emprunte aux Guêpes d’Aristophane quelques-uns des traits de sa bouffonnerie, quoique entre les juges d’Athènes et les juges de France, il n’y eût guère de commun que la vénalité quelquefois, et aussi le pli professionnel, la fureur de juger. […] C’est pour l’intérêt commun que tu me l’as donnée, ma mère, non pour toi seule… Et enfin : Je donne mon sang à la Grèce ; immolez-moi, allez renverser Troie.
Il est si peu personnel que l’éloge qu’Arsinoé fait de lui l’irrite, malgré son orgueil qui n’est pas petit ; mais c’est un orgueil très sain et qui a peu de chose de commun avec la vanité. […] D’instinct, mais avec raison ; car il manquerait de bon sens, du sens de la distinction entre le réel et le fantastique, du sens de la distinction entre la plaisanterie et le sérieux, du sens de la distinction entre deux arts qui n’ont rien de commun et comme un homme qui voudrait juger d’un tableau avec les oreilles. […] Il n’y a rien de plus commun. […] Ils n’ont rien de commun avec Polyeucte, ni avec Luther, ni avec Calvin, ni avec les jansénistes, ni avec Jésus. […] Leurs discours ne doivent avoir de formes communes que celles de la vérité. » Donc, encouragez le babil chez les jeunes filles.
Et la sœur Vincent qui, chaque matin, marmottait une façon de prière commune au milieu du dortoir où chacun ronflait magistralement. […] Depuis lors, il n’avait pas eu une joie ou une douleur qui ne leur fussent communes. […] On juge, d’après ces extraits, du style général de l’ouvrage ; si nous avons insisté sur ce livre qui n’est qu’une réimpression, c’est qu’il nous a paru sortir de la banalité et du commun de trop d’œuvres modernes. […] Ce troisième degré est difficile à atteindre dans un art que l’opinion commune s’est toujours plu à rabaisser au rang des simples amusements de l’esprit, parce qu’on y procède, en apparence, par fictions. […] Laisser paraître de la colère ou de la haine dans ses paroles ou sur son visage, cela est inutile, dangereux, imprudent, ridicule, commun.
comptez, dans cette seule petite commune, qui se compose à peu près d’un millier de personnes, restent neuf cent soixante pour lesquels cette date rappelle la ruine, l’assassinat de leurs parents et de leurs amis. […] Il est plus commun en France de décourager des artistes que d’en encourager d’autres ; on veut saper des arbres qui portent encore des fruits, avant que les jeunes aient seulement leurs bourgeons ; à ce jeu, si les vieux arbres ne persistent pas, on courra grand risque d’avoir de maigres desserts. […] Ludovic Halévy sait voir à sa manière, prendre, sans le chercher, le point de vue où nul n’a songé à se placer croyant qu’on n’y pouvait rien trouver, et que sa force d’observation est telle qu’on pourrait refaire l’histoire de ces sanglantes journées rien que d’après les croquis qu’il en a donnés La vie de Versailles pendant la Commune, les horribles défilés d’insurgés, les conseils de guerre, Satory, les avant-postes, le bombardement, l’incendie de Paris, on revoit tout dans ces pages écrites sur des calepins, des carnets de poche. […] Je ne saurais mieux rendre les dispositions des campagnes qu’en racontant ce que j’entendis à Prignac-Cazelles, la première commune de l’arrondissement où je m’arrêtai, sur le chemin de Saint-André-de-Cubzac à Bourg. […] Le lendemain, 1er juin (un dimanche), après avoir assisté, dans la cathédrale, à la grand-messe, célébrée par l’archevêque, et passé la revue des bataillons cantonaux de l’arrondissement qui faisaient retentir l’air de frénétiques acclamations, répétées par des masses de campagnards accourus de toutes les communes environnantes, le Prince quitta la station de Sens, littéralement assourdi par les cris de : « Vive l’Empereur !
D’abord il faut que les circonstances ne soient pas communes et vulgaires, telles qu’elles ne méritent point d’être remarquées : elles doivent, autant qu’il est possible, être neuves et originales, capables d’attacher l’esprit et d’exciter l’attention. […] Parlant d’un gamin sans pitié, il dit : « Il a coupé une fois la queue d’un chat avec un rasoir, et on la voyait dégoutter comme un bâton de cire à la bougie. » Il écrit, après la déroute de la Commune : « Je regarde le ciel du côté où je sens Paris. […] Toute cette description est dans un genre trop médiocre et il règne une abondance de choses petites, comme dans la plupart des lieux communs dont le Télémaque est plein 75 ». […] Sans doute, il y a des choses qui sont communes à tous les sujets ; mais elles ne doivent pas constituer le fond même d’une description. […] Les exemples de ces portraits vagues sont extrêmement communs.
Seuls quelques génies puissants et indomptables échappent un peu à cette loi commune. […] La divergence importune plus Valéry que le trait commun ne l’apprivoise. […] Rien de commun avec l’hypocrisie d’un escroc comme Tartuffe ou celle des exploiteurs politiques de la foi populaire, tant détestés de l’anticlérical Henri Beyle. […] Ils avaient trop de principes communs, non seulement en littérature, mais en politique. […] Il y a des traits communs à tous les hommes et qui constituent l’homme en général.
Cette solide et savoureuse substance rendrait à la pensée commune l’énergie et la santé qu’elle a si étourdiment compromise dans les débauches et les déportements. […] Bien qu’il siège à la chambre des communes, il ne paraît pas qu’il ait jamais joué aucun rôle politique ; nous pouvons seulement conclure des éloges de la critique écossaise qu’il doit être whig et réformiste. […] Ce n’est pas une donnée commune que la jalousie rétroactive. […] Ils avaient compris que la volupté a deux sens, l’un grossier, vulgaire, qui se révèle au plus grand nombre, c’est le plaisir égoïste ; l’autre idéal, poétique, supérieur à la vie commune, c’est la volupté dans l’amour. […] Derrière ces deux fables on retrouve une même et commune idée, qu’elles traduisent et développent chacune à leur manière ; cette idée, c’est l’adultère.
Je n’ai point séparé les deux genres de l’Épopée héroïque, et badin, ainsi que j’ai divisé la tragédie et la comédie en deux parties distinctes ; il m’a paru qu’en traitant ensemble les conditions de l’une et de l’autre Épopée, je rapprocherais plus utilement les lois qui leur sont communes, et distinguerais plus clairement celles qui leur sont spéciales ; et que, de plus, la diversité des espèces du genre ayant répandu sur le ton des discours une variété agréable aux auditeurs, ne plairait pas moins aux lecteurs. […] Ces distinctions n’ont rien de commun avec les sophismes qui n’eussent persuadé jamais à La Harpe qu’il faille mettre sur la même ligne la Henriade et Vert-Vert j. […] La plupart des fautes communes aux auteurs, et des erreurs de la critique dans les jugements qu’elle en porte, ne proviennent que de la confusion où flottent encore les éléments, et que tant d’écrits dogmatiques, où les meilleurs principes sont épars, n’ont jamais assez éclaircie. […] « Mais du moment qu’elle repasse de cette lumière fi Céleste qui l’éclairait sur le sort du monde, à la clarté faible et commune qui conduit les simples mortels, elle se sent tout à coup enveloppée de ténèbres. […] Les rapports du genre épique et du dramatique les font participer tous deux à la plupart des mêmes conditions : celle des caractères leur est commune : je crois superflu de vous retracer les définitions que j’en ai faites en traitant de la tragédie, et de renouveler les distinctions établies entre les quatre sortes de caractères principaux et secondaires, généraux et particuliers.
Pour les admirer, pour applaudir à leurs travaux, nous n’avons pas besoin de savoir quel jour, à quelle heure ils ont connu les souffrances communes de l’humanité. […] C’est que le poète français et le poète écossais se sont rencontrés dans une commune pensée, c’est qu’une même inspiration a dicté les paroles qui s’échappent de leurs bouches, sans que l’un des deux ait rien dérobé à l’autre. […] Qu’il me suffise d’affirmer que les Étoiles traduisent sous une forme harmonieuse une pensée commune à tous les cœurs qui ont aimé, et je ne crains pas d’être démenti. […] Mais la livrée endossée par Ruy Blas n’a rien de commun avec la livrée de Rousseau. […] Il n’est pas facile de comprendre comment l’homme qui veut donner à la reine cette mystérieuse preuve de sympathie ne trouve pas moyen de pénétrer dans le parc royal par la voie commune, par la porte.
Que de choses il faut avoir en commun avec le peuple pour le conduire ! […] Ces chances sont communes aux dramaturges et aux grands capitaines. […] Ils auraient voulu réconcilier Mirabeau, les Girondins, Danton, la Commune et Robespierre. […] Chaumette et les hommes de la Commune avaient contristé les bonnes gens sans profit pour la République. […] C’est la commune illusion.
Il ne reprit la vie commune avec elle que quelques mois avant sa mort. […] Sens commun et sens social, c’est ce qui remplit toute son œuvre et c’est pour cela qu’il a été aimé de Louis XIV et détesté de Rousseau. […] Ils ne trouvent pas les hommes beaux ; c’est le fond commun de tous deux ; ils aiment la vertu et sont très honnêtes gens ; c’est encore le fond commun de tous deux. […] Et penserait paraître un homme du commun, Si l’on voyait qu’il fût de l’avis de quelqu’un. […] Armande a voulu sortir du commun, ce que Molière ne pardonne jamais et ce que la vie rarement pardonne, à vrai dire.
Il le voyait déjà dans un âge convenable, et se flattait de le faire aisément entrer dans ses vues, en confondant leurs communes injures. […] Ils ne boivent que dans des vases de cuivre qu’ils frottent et nettoient tous les jours avec un soin extrême, et cet usage n’est pas observé par les uns et négligé par les autres, mais il est commun à tous indistinctement. […] Anciennement, tous les habitants contribuèrent en commun à la fondation des pilotis qui soutiennent les planchers ; mais ils ont pourvu depuis à leur entretien par une loi particulière, qui oblige tout homme, quand il épouse une femme, et il peut en épouser plusieurs, à fournir trois de ces pilotis, pris dans une montagne nommé l’Orbélus.
Cette faiblesse est commune aux plus grands écrivains, surtout dans un art où la mode, comme le dit Corneille, a tant d’empire. […] si j’avais encor sur lui le même empire, Il aimerait la paix, pour qui mon cœur soupire ; Notre commun malheur en serait adouci : Je le verrais, Hémon ; vous me verriez aussi18 ! […] Le trait de caractère commun à ces deux femmes, c’est la confiance en Dieu.
En second lieu, ce développement des idées et des sentiments humains communs à toute une société, mais personnifiés en un caractère individuel, peut être plus achevé dans le roman que dans l’histoire. […] C’est l’histoire de la rencontre et de la lutte de deux caractères qui n’ont pour traits communs que l’obstination et l’orgueil ; sous tous les autres rapports ils présentent les antagonismes des deux races les plus opposées, celle du montagnard à la tête étroite comme ses vallées, celle de la bohémienne errant par tout pays, ennemie naturelle des conventions sociales. […] Plus commune, soit, mais plus vraie ?
Le son est immatériel, au point de vue phénoméniste, car il est par lui-même dépourvu de spatialité ; il est peu matériel, au point de vue substantialiste ; car, d’abord, il est impalpable ; ensuite, c’est une sensation relativement isolée, tandis que toutes les autres sensations, visa, odeurs, saveurs, sont intimement liées à des tacta ; que la matière soit la résistance tactile ou le lien commun de plusieurs sensations généralement simultanées, le son est donc la sensation qui exige le moins impérieusement l’idée d’une substance matérielle. […] Mais, si cette transition d’un sens à un autre a été possible, c’est grâce à l’apparition intermittente dans la succession psychique de paroles intérieures particulièrement vives ; ce fait, vaguement aperçu par certains hommes, et désigné plus ou moins nettement dans leur langage, ne parut point étrange à leurs interlocuteurs ; ils reconnurent un phénomène qui leur était familier ; l’allusion étant comprise, elle s’acclimata dans la langue commune jusqu’à devenir une métaphore presque banale. […] Et chacun se dit à cette occasion que souvent il se laisse aller, lui aussi, à penser tout haut, mais sans imprudence, toutes portes closes, dans le silence et la solitude ; ceci n’est, plus un ridicule, mais un trait de la nature humaine, commun à tous ; le monologue se développe alors, selon le tempérament individuel, en phrases plus ou moins vives, plus ou moins pressées, plus ou moins périodiques.
C’est en somme le type le plus simple et le plus commun du roman. […] Il forme au-dessous des genres une sorte de milieu commun, vague, un mélange, une confusion, dont l’essence est précisément d’être ce mélange et cette confusion. […] Un caractère leur est commun… Rappelez-vous par contraste Guerre et Paix et Anna Karénine. » Sur trois exemples de composition, M. […] M. de Traz constate que les grands écrivains romands ont pour trait commun le sens de l’analyse. […] Tous trois paraissent construits sur un certain modèle commun.
Aujourd’hui, au Grenier, Rosny déclare qu’il n’estime que les livres qui contiennent des idées, oui des idées, et que la fabrication d’un livre lui est bien égale, maintenant qu’à l’heure présente, les derniers des derniers savent très bien faire remuer des gens communs. […] En effet, il est animé, vivant, loquace, et sous l’amaigrissement de la figure et le reflet basané du voyage, moins commun d’aspect qu’à l’ordinaire. […] Par la protection de Saint-Paul, il est nommé sous-préfet dans l’Ariège, et il me dévoile les mensonges du suffrage universel, me contant que dans une commune, où Saint-Paul avait eu l’unanimité, quelques mois après, le candidat de Gambetta avait la même unanimité. […] C’est du théâtre qui remue de la pensée autour de l’état moral de la société actuelle, et ce n’est pas commun au théâtre.
— Mais l’œuvre de Mallarmé n’a rien de commun avec les prosodies récentes. […] La vieille idée fédérale a regermé ; beaucoup de jeunes esprits ont rêvé d’une autonomie de la province et de la commune qui semblait avoir vécu avec les derniers Girondins. […] Mistral a fort bien expliqué qu’il n’avait rien de commun avec ce qu’on appelle aujourd’hui le vers libre français. […] Ce terme, fort vague, ne signifie en somme pas grand-chose, car tous les poètes de valeur, de toute éternité, furent des symbolistes puisque leur œuvre implique la vision et la compréhension spéciales à l’individu d’un fait, d’une émotion, d’une idée, communes à la race ou à l’espèce.
. — « J’avais, dit encore Adolphe, j’avais contracté, dans mes conversations avec la femme qui, la première, avait développé mes idées, une insurmontable aversion pour toutes les maximes communes et pour toutes les formules dogmatiques. » On va voir, en effet, que les maximes communes n’étaient guère d’usage entre eux, et ce sont justement ces conversations inépuisables, ces excès même d’analyse, que nous sommes presque en mesure de ressaisir au complet et de prendre sur le fait aujourd’hui. […] « J’ai balancé comment je voyagerais ; je voulais prendre un costume plus commun, mais mes lunettes ont été un obstacle. […] C’est de son père que Benjamin Constant parle dans Adolphe, quand il dit : « Je ne demandais qu’à me livrer à ces impressions primitives et fougueuses qui jettent l’âme hors de la sphère commune… Je trouvais dans mon père, non pas un censeur, mais un observateur froid et caustique… Je ne me souviens pas, pendant mes dix-huit premières années, d’avoir eu jamais un entretien d’une heure avec lui. […] Cette habitude qu’a Benjamin Constant d’emprunter à l’anglais et quelquefois à l’allemand pour relever ses phrases rappelle ce qu’il dit dans Adolphe : « Les idiomes étrangers rajeunissent les pensées et les débarrassent de ces tournures qui les font paraître tour à tour communes et affectées. » Il use abondamment de la recette.
Mais il aime les lieux communs : il pense, il sent, il s’indigne en commun. […] Cette prédominance des nerfs dans le tempérament est une disposition assez commune, et on sait à combien de déceptions elle expose ceux qui y sont sujets. […] Et je n’attache pas plus d’importance qu’il n’en faut au pays d’origine d’un écrivain : deux écrivains peuvent être nés dans le même pays ou dans la même ville, et être extrêmement différents, ou même n’avoir entre eux aucun point commun. […] Je vous ai montré l’autre fois que, au point de vue des idées et au point de vue de la sensibilité, on pouvait lui préférer d’autres écrivains ; mais Victor Hugo a justement les qualités qui font le poète épique, il a l’art de raconter, il a l’art de décrire ; il a cette espèce de sensibilité, en commun, et vous savez que le poète épique est non pas l’interprète de sa propre sensibilité, mais l’interprète de la sensibilité commune à toute une époque.
Il avait rencontré celle-ci pour la première fois un matin au Jardin des Plantes, où leur goût commun de la botanique les avait conduits. […] Nous venons de passer, Benjamin et moi, deux mois et demi assez doux entre Goëthe et Schiller, et un prince homme de beaucoup d’esprit, ce qui n’est pas commun maintenant. […] Il a eu un accès d’humeur, à l’époque de mon départ, d’après d’autres soupçons très-mal fondés ; mais ceci n’a rien de commun avec ses colères antérieures. […] Cette richesse de tours et cette habitude de les employer lui donnent encore le moyen d’en inventer à son usage avec une certaine assurance, car l’analogie est un champ vaste et fertile en proportion du positif de la langue : ainsi il peut rendre ce qu’il y a d’original et de nouveau dans ses idées par des formules encore très-rapprochées de l’usage commun, et il peut marquer presque avec précision la limite entre la hardiesse et l’extravagance. […] Placé au centre des communes recherches, éloigné de toute pensée de rivalité ou même d’émulation, et n’en apportant pas moins le plus vif intérêt au fond des choses, il était naturellement le confident de leurs projets, de leurs travaux, des jugements qu’ils portaient les uns sur les autres.
. — C’est qu’il ne veut peindre que les aboutissements ; il néglige tout ce qu’un sujet a de commun avec les autres, il attend, pour intervenir, jusqu’au dernier moment, celui de la divergence ; il faut, avant qu’il pose la première touche, que tout le passé d’abord ait été sous-entendu. […] Elle connaît ces complémentaires en leur co-naissant. — Mais comment le pourrait-elle, si elle n’était de même nature qu’eux, si tous les objets n’avaient une essence commune ? […] Les êtres matériels eux-mêmes travaillent à l’œuvre commune : ils sont dans un perpétuel effort. […] L’homme se fait « le signe commun » de « tous les objets dont il a connaissance84 », « l’image passante du moment où ils peuvent souffrir entre eux ce lien85 ». […] Rien ne fait avancer le livre que l’écoulement invisible sur tous les épisodes d’une certaine atmosphère ; elle les emmène ensemble, elle donne à leur grâce parsemée une commune intention.
Dans deux feuilletons de novembre 1808, sur l’Usage des Expressions communes en Poésie, le critique, partant d’un vers de Baudouin, où M. Lemercier avait mis chevaux au lieu de coursiers, essaye de déterminer les conditions selon lesquelles on peut introduire en vers les expressions communes.
Ce parti, qui concilie la prudence du père avec la tendresse pressée de la mère et l’amour impatient d’Herman, est accepté d’un consentement commun. […] La cour de Weimar, sous les auspices de ces deux amis, dont l’un prêtait sa gloire, l’autre sa puissance à une pensée commune, devint en peu d’années le foyer de l’art, du théâtre, de la renommée en Allemagne.
Canning étaient liés par les goûts littéraires communs que le premier ministre anglais avait conservés de son premier métier de journaliste. […] Le colonel Stanhope, désigné ici, était membre de la Chambre des communes.
La comtesse d’Albany, d’une taille épaisse, d’un visage sans expression, avait l’air commun. […] Aujourd’hui je m’éloigne d’elle de nouveau, et pour une année entière ; mais j’espère voir bientôt ici un autre de nos amis communs, M. de Bonstetten, qui doit avoir eu, il y a peu de mois, l’avantage de vous voir, et qui m’annonce par sa dernière lettre son retour prochain de Rome.
La seconde, moins âgée d’un an, paraissait aussi réfléchie et moins timide ; elle avait l’air d’une pensée éclose tout fraîchement, mais qui jouit de se sentir, et qui dit à ses sœurs : « Voyez, comme ceci est semblable à ce que j’avais imaginé. » C’est ma seconde fille, me dit sa mère, elle sait par cœur tout ce qui intéresse votre famille ; dans le volume des Confidences, que nous avons lu en commun depuis que ce volume est tombé dans nos mains, votre mère, vos aimables sœurs, votre… Elle baissa la voix, craignant de faire saigner ma douleur, trop rapprochée de la perte ; les filles inclinèrent leurs fronts vers le gazon et nous restâmes un moment en silence. […] Ou vous y mènera en moins de quelques minutes ; ce n’est pas la même commune, mais c’est la même paroisse, le même curé leur chante la messe.
Certes, ils auraient fait une déplorable découverte ceux qui auraient détrôné notre âme, condamné l’esprit à s’immoler lui-même, en employant ses facultés à démontrer que les lois communes à tout ce qui est physique lui conviennent ; mais, grâce à Dieu, et cette expression est ici bien placée, grâce à Dieu, dis-je, ce système est tout à fait faux dans son principe, et le parti qu’en ont tiré ceux qui soutenaient la cause de l’immortalité est une preuve de plus des erreurs qu’il renferme. […] Il ne pouvait sortir d’un tel effort qu’une constitution imitée et caduque, une royauté enchaînée, une chambre des pairs héréditaire, une chambre des communes ombrageuse, une anarchie à trois pouvoirs, placées en face les unes des autres, pour se condamner à la lutte ou à l’immobilité.
Tout est excès, excès de grandeur ou excès de finesse, boursouflure ou subtilité ; et l’idéal que les précieux essaient de réaliser dans leur vie et dans leur extérieur, celui que tout d’abord ils imposent à la littérature, c’est l’horreur du commun, du vulgaire, en tous sens et sans exception, le culte obstiné de la rareté qui surprend. […] Aussi Maynard fut-il naturellement conduit à détacher la strophe comme le vers, en sorte que ses odes s’égrènent comme des chapelets, et sont comme des collections de petites pièces sous un titre commun : naturellement aussi il devait se plaire et exceller aux rondeaux, aux sonnets, aux épigrammes, à tous ces genres qui sont le triomphe du martelage et du trait.
Chacun de ses ouvrages signale un perfectionnement très sensible dans l’instrument littéraire ; mais tous, pourtant, sont empreints d’un commun caractère : ils procèdent plutôt de la pensée solitaire et recueillie, écoutant au-dedans d’elle-même les voies confuses de la rêverie et de l’imagination, que d’un besoin logique de systématiser sous la forme épique et dramatique les développements d’une passion observée dans la vie sociale ou d’une anecdote compliquée d’incidents variés. […] Il est de la race, désormais éteinte sans doute, des génies universels, de ceux qui n’ont point de mesure, parce qu’ils voient tout plus grand que nature ; de ceux qui, se dégageant de haute lutte et par bonds des entraves communes, embrassent de jour en jour une plus large sphère par le débordement de leurs qualités natives et de leurs défauts non moins extraordinaires ; de ceux qui cessent parfois d’être aisément compréhensibles, parce que l’envolée de leur imagination les emporte jusqu’à l’inconnaissable, et qu’ils sont possédés par elle plus qu’ils ne la possèdent et ne la dirigent ; parce que leur âme contient une part de toutes les âmes ; parce que les choses, enfin, n’existent et ne valent que par le cerveau qui les conçoit et par les yeux qui les contemplent.
Ces petites libertés sont la revanche que je prends de ma fidélité à observer la règle commune. […] Il y a quelques années, un de nos anciens condisciples me dit qu’il avait cru reconnaître parmi les noms des fusillés de la Commune un nom qui ressemblait au sien.
» Massillon prêche contre la guerre, demande ce que les siècles futurs diront de ces monuments élevés pour éterniser la mémoire d’un carnage, rappelle qu’à l’origine tous les biens appartenaient en commun à tous les hommes et que la simple nature ne connaissait ni propriété privée ni partage. […] Les chemins de fer, les télégraphes, tant d’inventions éclatant coup sur coup, rendant commun et banal ce qui eût semblé fabuleux à nos pères, permettant à des navires d’aller sans voiles ni rames, à des enfants de mouvoir les fardeaux les plus énormes, à tout le monde d’accomplir en quelques heures des trajets qui demandaient jadis des semaines et des mois, à la pensée et à la voix de voyager avec la vitesse de l’éclair, tous ces miracles devaient exalter les imaginations et fournir aux poètes des thèmes nouveaux.
Il a uniquement traduit— avec un génie incomparable — une idée générale, l’amour ; une situation assez commune : un rendez-vous nocturne entre amants. […] Il ne suffit pas d’être rompu à la science et de se faire obéir ; il faut être artiste, et cette dispersion de la vie centrale, de l’expression générale dans toutes les parties ce l’édifice commun, ne se fait pas sans un sentiment profond de la vérité et de la passion, où l’âme éclate et rayonne. » En un mot, c’est le génie, et le génie dans ce qu’il a de plus spontané et de plus humain.
Le tort commun des idéalistes et des sensualistes, beaucoup plus voisins les uns des autres qu’ils ne le croient, est d’avoir méconnu le rôle de l’appétition, de la volonté et de l’activité motrice ; rétablir ce rôle, c’est marquer où réside la vraie force des idées et préparer la conciliation des doctrines à ce point de vue supérieur. […] Dans toute sensation, il y a nécessairement action subie et réaction exercée ; il s’y trouve donc toujours un élément moteur en même temps que sensitif ; que le phénomène se répète, de cette répétition se dégagera pour la conscience un élément sensitif, intellectuel et moteur commun à tous les cas : ce sera le sentiment de la différence.
La science s’offre à eux avec ses miracles toujours croissants et toujours nouveaux ; elle les invite, elle les tente même par ce qu’elle a d’inachevé, par ses efforts magnifiques, par ses vastes espoirs et ses promesses illimitées elle leur offre la perspective de la nature à conquérir en commun et sous une double forme : la loi qui fixe dans sa formule les rapports des choses, le vers qui en fait sentir l’harmonie et la beauté. […] La solution de cette antinomie semble être dans une sorte de panthéisme ; ce qu’on appelle la matière et l’esprit n’est peut-être que deux ordres de phénomènes irréductibles l’un à l’autre, en tant qu’ils relèvent de deux modes distincts de l’être universel, mais trouvant leur fondement dans cet être unique et commun.
Hugo, et pour nous c’est d’une simplicité terrible et d’une logique prévue que le poète soit traîné, par les idées dont il est l’esclave, au panthéisme, à la métempsychose, à la prostitution de Dieu à ses créatures, à toutes ces folies, enfin, qui sont les folies communes. […] Nous le prendrons dans la fosse commune de l’erreur où il a roulé et nous chercherons ce que le poète — le poète uniquement — est devenu dans sa chute, et s’il est présentement quelque chose de plus que le Quasimodo de son génie.
Il se porte si bien que, sans les flammes de la Commune qu’il voit toujours fumer un peu depuis qu’elles sont éteintes, il se croirait immortel. […] Il la donne bien comme supérieure, mais il ne suffit pas de le dire, il faut montrer qu’elle l’est, dans le roman ; et elle n’y fait que des choses communes.
Faire d’un grand seigneur un enfant volé qu’on a mutilé, et du bateleur mutilé un pair d’Angleterre, qui laisse là la pairie pour retourner à sa boite roulante de bateleur, telle est cette action, qui sautille, commune et capricante, par-dessus les dissertations et à travers toutes les impossibilités d’un conte de fée sans fée ; car on sait où l’on est dans la Belle au bois dormant de Perrault : on sait qu’on est dans le monde surnaturel de la féerie ; mais, dans l’Homme qui rit, on ne sait plus où l’on se trouve. […] une mauvaise action, à effet pervertissant, tout à la fois monstrueux et vulgaire, et qui emporta tous les niais de France dans un transport d’enthousiasme un peu refroidi depuis que les Misérables ont fait la Commune comme Hugo avait fait les Misérables, il y a cependant, il faut le reconnaître, dans le Quatre-vingt-treize d’aujourd’hui, tous les défauts et tous les vices de composition et de langage que nous avons reprochés aux Misérables, quand ils vinrent dépraver l’opinion et la littérature.
Comment apercevoir ce qu’elles ont de commun entre elles, si l’on ne commence par déterminer la relation générale du spirituel au comique ? […] Ainsi, certaines professions ont un vocabulaire technique : combien n’a-t-on pas obtenu d’effets risibles en transposant dans ce langage professionnel les idées de la vie commune !
Le général Lasalle étant célèbre par sa bravoure, par son dévouement à l’empereur, par ses services depuis quinze ans (il n’en a que trente-trois), et récemment encore ayant puissamment contribué, par son courage et l’habileté de ses manœuvres, au gain de la bataille de Médelin, étant remarquable par son ton militaire, par sa gaieté éminemment française qui ne se dément jamais au fort même des combats, enfin étant messin, mon compatriote, d’une famille que j’ai beaucoup connue, fils d’une mère que j’ai un peu aimée, cousin d’un de mes confrères au parlement de Metz, j’ai pris un extrême plaisir à le voir, à l’écouter, et je veux prolonger ce plaisir en écrivant ici, aussi exactement qu’il me sera possible, toute la conversation qui a eu lieu entre lui et moi, et a été commune, pendant tout le dîner, toutes les personnes qui s’y trouvaient réunies.
Il s’était engagé à prêcher à Meaux toutes les fois qu’il officierait pontificalement, « et jamais, dit Le Dieu, aucune affaire, quelque pressée qu’elle fût, ne l’empêcha de venir célébrer les grandes fêtes avec son peuple et lui annoncer la sainte parole. » Dans ces circonstances, « on voyait un père, et non pas un prélat, parler à ses enfants, et des enfants se rendre dociles et obéissants à la voix du père commun ».
Elle doit désirer que son œuvre du moins subsiste, que cette meilleure part d’elle-même où elle a mis le plus vif de sa pensée et toute sa flamme, entre dorénavant dans l’héritage commun, dans le résultat général du travail humain, dans la conscience de l’humanité : c’est par là qu’elle se rachète et qu’elle peut vivre.
« D’abord Marie de Magdala n’a rien de commun avec Marie de Béthanie, sœur de Marthe et de Lazare.
Les usages communs de la vie étaient ennoblis par des pratiques religieuses ; notre luxe commode, nos machines combinées par les sciences, nos relations sociales simplifiées par le commerce, ne peuvent se peindre en vers d’un genre élevé.
Le hasard amène quelques exceptions, s’il est quelques âmes entraînées, ou par leur talent, ou par leur caractère, elles s’écarteront, peut-être, de la règle commune, et quelques palmes de gloire peuvent un jour les couronner ; mais elles n’échapperont pas à l’inévitable malheur qui s’attachera toujours à leur destinée.
L’habitude, la nécessité, l’accommodation volontaire ou forcée font leur effet ; à la fin, seigneurs, vilains, serfs et bourgeois, adaptés à leur condition, reliés par un intérêt commun, font ensemble une société, un véritable corps.
Comme leur sexe les rend très malléables aux influences extérieures, elles représentent avec moins de mélange peut-être que les hommes, l’esprit des temps où elles ont vécu ; et, en outre, comme la vocation littéraire chez les femmes suppose, plus que chez nous, par son caractère d’exception, un don spontané et original ou une vie un peu en dehors de la règle commune, presque toutes nous offrent, en effet, dans leur caractère ou dans leur existence, des traits imprévus et piquants.
Cela n’est plus si commun à l’heure qu’il est !
Dans l’exemple que je viens de citer, elles sont presque toujours évidentes, mais j’aurais pu en trouver d’autres où elles auraient été beaucoup plus cachées ; souvent il faut pour les découvrir une perspicacité peu commune.
Jésus remarqua avec esprit que cette aventure lui était commune avec tous les grands hommes, et il se fit l’application du proverbe : « Nul n’est prophète en son pays. » Cet échec fut loin de le décourager.
» Par une illusion commune à tous les grands réformateurs, Jésus se figurait le but beaucoup plus proche qu’il n’était ; il ne tenait pas compte de la lenteur des mouvements de l’humanité ; il s’imaginait réaliser en un jour ce qui, dix-huit cents ans plus tard, ne devait pas encore être achevé.
« C’est une doctrine maintenant admise que la force nerveuse est engendrée par l’action de la nourriture fournie au corps, et que, par suite, elle est de la classe des forces qui ont une commune origine, et sont convertibles entre elles, — force, mécanique, chaleur, électricité, magnétisme, décomposition chimique. — La force qui anime l’organisme humain et entretient les courants du cerveau, a son origine dans la grande source première de force vivifiante, le soleil159. » Si nos moyens d’observation et de mesure étaient parfaits, nous pourrions voir comment se consomme la nourriture dans l’être humain, en attribuer une partie à la chaleur animale, une autre à l’action des viscères, une autre à l’activité du cerveau, et ainsi de suite.
On fait trop d’honneur à un but si commun et à des moyens si vulgaires, en leur attribuant cette prodigieuse élévation : c’est aussi méconnaître le pouvoir d’un excellent esprit, d’une âme parfaite, jointe aux charmes de la figure.
Madame de Thianges, sœur de madame de Montespan, et madame d’Heudicourt, amie commune de la favorite et de madame Scarron, s’en mêlèrent aussi ; elles écrivirent l’une et l’autre à madame Scarron.
Cette apothéose souterraine n’était pas un privilège, mais une loi commune ; elle transfigurait les bons et les méchants également. « L’air plein de dieux », dit quelque part Homère : la terre n’était pas moins pleine de divinités.
Cette attitude rigoureuse, ce front sur lequel est écrit : « Qu’y a-t-il de commun entre vous et moi ?
Enfin, pour que tout soit net et clair, pour que les quatre ou cinq grands principes sociaux que la révolution française a coulés en bronze restent intacts sur leurs piédestaux de granit, pour qu’on ne puisse attaquer sournoisement le droit commun des Français avec ces quarante mille vieilles armes ébréchées que la rouille et la désuétude dévorent dans l’arsenal de nos lois, la charte, dans un dernier article, abolit expressément tout ce qui, dans les lois antérieures, serait contraire à son texte et à son esprit.
Hardi donc à la promiscuité triviale, à la métaphore populaire, à la grande vie en commun avec ces exilés de la joie qu’on nomme les pauvres !
Cette ambition d’avoir des disciples, la plus forte peut-être de toutes celles du cœur humain, commune aux grands dévots, aux grands philosophes & aux grands scélérats, s’empara de nos deux mystiques.
Chapitre VI Les localisations cérébrales Certains savants, persuadés que le cerveau est l’organe de la pensée, mais frappés des démentis bizarres que l’expérience semble donner à cette théorie, ont été par là conduits à supposer que la plupart des erreurs commises venaient de ce que l’on voulait toujours considérer le cerveau en bloc, au lieu d’y voir un assemblage d’organes différents, associés pour un but commun.
Le langage sans doute est un intermédiaire ; la sympathie et l’amour sont des liens, une multitude de consciences peuvent vibrer à l’unisson, comme il arrive dans l’enthousiasme et dans l’énergie des passions populaires ; enfin il y a entre tous les hommes un lien intime et secret, une essence commune, et, comme on l’a dit, une solidarité qu’il ne faut pas oublier ; mais, si intime que soit ce lien, il ne va pas, il ne peut aller jusqu’à effacer la limite qui sépare radicalement les esprits, à savoir ce caractère essentiel d’être présent à soi-même, ce qui implique que l’on ne peut être en autrui comme l’on est en soi.
Les deux auteurs se rencontrent néanmoins dans une intention commune de réaction contre le romanesque guindé et emphatique des Scudéry, des Gomberville et des La Calprenède.
Mais elle a cela de commun avec son divin Maître, qu’elle a tant aimé et qui serait plus incompréhensible s’il était homme qu’il ne l’est certainement étant Dieu, — c’est que si, elle, l’extatique de Dulhmen, fut visitée de Dieu et éclairée d’en haut, elle est bien moins étonnante, bien moins phénoménale que si elle n’est qu’une vile maladie humaine, — une lèpre, — un pian, — un tétanos !
image commune qui n’est qu’un cliché, phrase qui ne dit rien parce qu’elle dit trop, — a lancé de sa patte de rhétoricien, bête comme la patte de l’ours, un pavé à cet homme si bonhomme qui n’avait pas une prétention si hautaine, et qui ne fut jamais que le Roi des fleurs (mais pas des fleurs de rhétorique comme celles de M.
Sans cette unique durée vécue, sans ce Temps réel commun à tous les Temps mathématiques, que signifierait de dire qu’ils sont contemporains, qu’ils tiennent dans le même intervalle ?
Les sensualistes seuls seraient-ils exclus du droit commun, et leur défendrait-on de prouver Dieu à leur manière ?
À l’égard des vivants, rien n’est plus commun en Italie que les éloges ; mais on les distribue en sonnets ; c’est pour la louange la monnaie courante du pays : chacun la vend, la donne, l’achète ou la reçoit.
Sur cette zone privilégiée, les originalités natives dans la grandeur commune, les formes diverses d’imagination et de goût se marquaient par un ou deux degrés de latitude, quelques vallées ou quelques chaînes de montagnes, quelques stades d’intervalle du continent aux îles ou d’une île à l’autre.
C’est un irréprochable ouvrier en hémistiches ; il sait précisément la dose de plaisanterie commune dont il faut envelopper et assaisonner une idée presque nouvelle pour la rendre présentable et polie. […] Don Carlos et Wallenstein peuvent hardiment revendiquer leur parenté avec le roi Jean et Richard III, en invoquant leur commune supériorité sur l’histoire. […] La reine est amoureuse d’un aventurier, rien de plus simple ; c’est un caprice assez commun chez les femmes de se proposer, dans l’amant qu’elles choisissent, une tâche difficile, de vouloir ennoblir par leur affection celui que le monde a flétri, d’élever jusqu’à elles, par une fierté persévérante, les caractères salis du mépris public. […] Il y avait de l’adresse à confondre dans une commune ironie tous les adversaires d’Hernani. […] Les remarques littéraires, en ce qui concerne le théâtre, ne manquent pas de justesse ; mais toute la partie historique et philosophique est vague, commune, insuffisante, et ne témoigne pas d’une réflexion assez mûre et assez lente.
Dans les matières organiques, il y a des éléments simples, communs, qui ne prennent une signification spéciale que par leur mode de groupement. […] Cette action n’a rien de spécial, comme nous l’avons dit plus haut ; elle est commune à beaucoup des liquides pathologiques. […] GEORGES HEUERMANN découvrit les deux conduits pancréatiques parallèles entre eux, qui aboutissent cependant à un orifice commun. […] Dans tous les cas, tous pouvez remarquer que les glandes salivaires et le pancréas sont enveloppés dans une description commune. […] Cette dernière le distingue de toutes les autres sécrétions de l’économie, avec lesquelles l’eau et les matières salines lui sont communes.
Il y a des périodes littéraires qui, sans jamais avoir une unité absolue et sans pouvoir jamais être contenues tout entières dans une formule, cependant, en leur marche générale, en leur ensemble, paraissent bien obéir à un certain esprit et se ramener à une pensée commune. […] Le pessimisme qui a été, en de longues périodes, la pensée commune de l’humanité, n’est plus qu’une exception. […] Pendant une quinzaine d’années de leur vie commune, de 1843 à 1860 environ, ils ont fouillé toutes les boutiques de curiosités de Paris et de la France et tous les marchands de curiosités de l’histoire. […] Le plus commun et le plus naturel est de bien indiquer que le vieillard, si vieillard il y a, n’est tel que pour la brutale et aveugle chronologie ; qu’en réalité, « après une jeunesse chaste » (vous connaissez ce propos), il a conservé toute sorte de juvénilités et même d’enfances […] Clotilde reste donc un peu invraisemblable, et la transformation de Clotilde ancien style en Clotilde nouveau style peu expliquée pour le commun des mortels.
Ils sont autres que les races latines, et, dans la Renaissance commune, ils renaissent autrement que les races latines. […] Massinger meurt inconnu, et on ne trouve sur lui dans le registre de la paroisse que cette triste mention : « Philippe Massinger, un étranger. » Peu de mois après la mort de Middleton, sa veuve est forcée de demander un secours à la Cité, parce qu’il n’a rien laissé. « L’imagination opprime31 en eux la raison, c’est la maladie commune des poëtes. » Ils veulent jouir, et se laissent aller ; leur tempérament, leur cœur les maîtrise ; dans leur vie comme dans leurs pièces, les impulsions sont irrésistibles ; le désir arrive tout d’un coup, comme un flot qui noie les raisonnements, la résistance, et qui souvent même ne laisse ni aux raisonnements, ni à la résistance le temps de se montrer32. […] « Parmi les laïques, il y avait peu de dévotion ; le jour du Seigneur était grandement profané et peu observé ; les prières communes n’étaient pas fréquentées ; plusieurs vivaient sans rendre aucun culte à Dieu. […] Parfois les danseurs entraient dans l’église avec tous leurs accoutrements, leurs écharpes, leurs déguisements, et des clochettes qui sonnaient à leurs jambes, et, aussitôt que la prière commune était dite, retournaient ensuite à leur divertissement. » (Baxter’s Narrative.
De là des tendances communes, des groupements, des étiquettes. […] Malgré cette sorte d’enflure brillante qui est commune à tant d’auteurs, Retté, je crois, n’eut sans doute jamais aspiré à prendre un rôle aussi éclatant, aussi sûr. […] Et ce récit est d’un attendrissement charmant, d’une grâce peu commune. […] Prenez un homme du commun, interrogez un passant quelconque, vous verrez qu’il est absolument persuadé de son infériorité.
On croirait donc que ces docteurs en digestion ont apporté, outre de notables changements dans la composition de leur menu scientifique, quelques modifications dans l’ordre adopté par le commun des mortels et celui des cuisiniers en particulier. […] Le miracle est fort commun. […] Comment voudrait-on que le commun des hommes en fût exempt ? […] Querelles d’état L’État fabricant et commerçant est un être de raison, mais de bien peu de raison, ou du moins doué d’une sorte de raison mystérieuse, dont l’essence échappe au commun.
Aussi admirons avec quelle rapidité nous nous enfonçons dans la voie du progrès (j’entends par progrès la domination progressive de la matière), et quelle diffusion merveilleuse se fait tous les jours de l’habileté commune, de celle qui peut s’acquérir par la patience. […] » — « Par imagination, je ne veux pas seulement exprimer l’idée commune impliquée dans ce mot dont on fait si grand abus, laquelle est simplement fantaisie, mais bien l’imagination créatrice, qui est une fonction beaucoup plus élevée, et qui, en tant que l’homme est fait à la ressemblance de Dieu, garde un rapport éloigné avec cette puissance sublime par laquelle le Créateur conçoit, crée et entretient son univers. » Je ne suis pas du tout honteux, mais au contraire très-heureux de m’être rencontré avec cette excellente Mme Crowe, de qui j’ai toujours admiré la faculté de croire, aussi développée en elle que chez d’autres la défiance. […] La première fois que j’aperçus son tableau, j’étais avec notre ami commun, M. […] La plupart du temps, il ne s’agit dès lors que de transporter la vie commune et vulgaire dans un cadre grec ou romain.
Quand les Girondins furent tombés sous le couteau, royalistes et modérés, d’une commune entente, saisirent le pouvoir et faillirent donner l’exemple d’une lutte intestine trop justifiée. […] Juan Valera a voulu montrer comment la foi du moine et le scepticisme du philosophe peuvent s’accorder en ces délicates circonstances, s’unir dans un commun jugement et dans un commun plan de conduite. […] Certes, il y avait chez les deux romanciers, l’anglais et le français, un amour commun pour les petits, un humour égal mêlé de larmes toujours les mêmes. […] Deux ans plus tard, le recueil, augmenté des Libres Paroles et des Fleurs de ronces, reparaissait sous le titre commun de Premières Rimes (1875). […] s’écriait un critique dont le réquisitoire se concluait par cet aveu que le romancier était d’un talent peu commun, no es novelista adocenado.
Et, sans doute, la double illusion que je viens d’indiquer est commune, même chez les critiques qui s’en défendent avec le plus d’assurance. […] Mais ce n’est pas le comte, c’est André qui part en voyage avec sa femme, laissant son père seul dans la maison qu’ils habitaient en commun. […] Mais l’excellente Mme Rivière, qui aime sa liberté et ses aises (c’est d’ailleurs le caractère commun de tous les personnages à la fois pervers et ingénus de cette petite pièce), est fort ennuyée d’avoir sa fille sur les bras. […] La force des choses et trente ans d’habitudes, d’affection et de vie en commun l’ont réinstallée. […] L’appareil d’explications qu’il réclame ne me paraît nécessaire que pour certains personnages exceptionnels et pour certaines situations hors du commun.
Entre le Mystère et la tragédie il n’y a véritablement rien de commun. […] La libre pensée et la haine de la religion y sont choses fort communes. […] » L’anecdote montre du moins que, dans ses libéralités de la rue, il allait assez volontiers jusqu’au louis ; et cela n’est pas si commun. […] Ce que Diderot a de commun avec les romantiques, c’est la haine de la tragédie, et de la tyrannie des règles et des genres consacrés ; mais il eût réprouvé le mélange du tragique et du grotesque, et les vers, et le lyrisme. […] Cabel : c’est un grand brun, avec une tête énergique et commune, l’air d’un routier ou d’un moine espagnol.
Et, dès l’instant où l’œuvre nouvelle, animée de sa vie propre, commençait à propager parmi les générations des hommes un rêve d’amour et d’harmonie, il la suivait dans son progrès et dans ses destinées, il la regardait vivre, se développer, s’enrichir au contact des idées, influer sur les mœurs et accroître d’une quantité malaisément calculable le trésor commun de l’humanité. […] Les incendies de la Commune ont dévoré cette maison de la rue de Lille que le poète Édouard Grenier habita, pendant trente ans, porte à porte avec Mérimée. […] L’auteur est de ceux qui admirent d’instinct, sans jalousie et sans injurieuse curiosité, tout ce qui dépasse le niveau commun, tout ce qui épouvante, scandalise ou exaspère les médiocres. […] Tandis que la Commune de Paris lui prodigue des dignités et des titres, il reprend sa vie d’autrefois, transféré de cellule en cellule, ballotté de procureurs en substituts et de gardiens-chefs en geôliers. […] Maintenant, après des haltes brèves sous les rosiers de Nice, il est maire de Bourg-la-Reine, et administre, avec des soins de pépiniériste prudent, sa commune fleurie67.
Toudouze vient de publier chez Victor Havard, idylle qui n’a rien de commun avec le milieu paisible de Daphnis et Chloé, mais qui se déroule dans le vent de la tempête, sur ces côtes terribles qui ont enrichi jadi sles naufrageurs. […] Un grand silence de communes préoccupations reprit. […] Toute la table éclate en rires d’ironique approbation ; victimes et bourreaux se réconcilient pour couvrir de communes huées celui qui a prêché la justice. […] Maurice Montégut, qui vient de paraître chez Dentu : Le Mur, une apologie de la Commune ni du gouvernement de Versailles, c’est un roman historique, dans lequel l’auteur s’est efforcé de rester impartial. […] Il est, cet Adam, père commun, « dont chaque épouse est la fille ou la bru ».
C’est pour éviter l’ennui généralement enfanté par la villégiature, que six ménages du grand monde de Paris ont loué un vaste chalet au bord de la mer, espérant trouver dans leur vie commune un élément de distraction. […] Il voulut avec une force singulière tout ce que le commun des hommes estime et désire. […] Il n’eut pas une pensée qui ne fût une action, et toutes ses actions furent grandes et communes. […] Mais c’est moins par les qualités et les services rendus que par les haines communes qu’on se lie. […] Quand le trône de Charles X s’est écroulé, sans qu’il pût en aucune façon le défendre, il a sans doute désiré passionnément échapper à l’exil commun et continuer à mener en France une existence heureuse entre toutes.
Comme, de plus, il continue de suggérer au sujet des représentations et des actions, ces idées et ces actes maintiennent le dormeur dans un état de veille partielle, et lui font rêver une série de rêves ayant leur centre commun et leur point de départ dans la représentation persistante de l’hypnotiseur. […] Précisément parce que ces autres idées sont sans rapport avec l’acte de tailler un canif, qui, relativement à elles, est indifférent et sans commune mesure, la perception du canif, avec les mouvements qu’elle suscite, n’est point contre-balancée par la méditation intérieure : il ne s’établit pas de comparaison entre les mouvements de la main et les réflexions profondes où je suis plongé. […] Au-dessus des images particulières, une sorte d’image générale se forme, but de toutes les autres, centre de leur commune orientation.
» Vendredi 27 décembre Dans ce volume, le dernier volume imprimé de mon vivant, je ne veux pas finir le Journal des Goncourt, sans faire l’historique de notre collaboration, sans en raconter les origines, en décrire les phases, indiquer dans ce travail commun, année par année, tantôt la prédominance de l’aîné sur le cadet, tantôt la prédominance du cadet sur l’aîné : Tout d’abord, deux tempéraments absolument divers : mon frère, une nature gaie, verveuse, expansive ; moi, une nature mélancolique, songeuse, concentrée — et fait curieux, deux cervelles recevant du contact du monde extérieur, des impressions identiques. Or le jour, où, après avoir fait tous deux de la peinture, nous passions à la littérature, mon frère, je l’avoue, était un styliste plus exercé, plus maître de sa phrase, enfin plus écrivain que moi, qui alors, n’avais guère l’avantage sur lui, que d’être un meilleur voyant autour de nous, et dans le commun des choses et des êtres, non encore mis en lumière, de ce qui pouvait devenir de la matière à de la littérature, à des romans, à des nouvelles, à des pièces de théâtre. […] Mais tout en se déchargeant sur moi de la composition de nos livres, mon frère était resté un passionné de style, et j’ai raconté dans une lettre à Zola, écrite au lendemain de sa mort, le soin amoureux qu’il mettait à l’élaboration de la forme, à la ciselure des phrases, au choix des mots, reprenant des morceaux écrits en commun, et qui nous avaient satisfaits tout d’abord, les retravaillant des heures, des demi-journées, avec une opiniâtreté presque colère, ici, changeant une épithète, là, faisant entrer dans une période, un rythme, plus loin, refaçonnant un tour de phrase, fatiguant, usant sa cervelle, à la poursuite de cette perfection, si difficile, parfois impossible à la langue française, dans l’ expression des sensations modernes… et après ce labeur restant de longs moments, brisé sur un canapé, silencieux, dans la fumée d’un cigare opiacé.
Cette adversité, qui attirait Béranger comme la bonne fortune attire le commun des hommes, le rapprocha plus assidûment et plus intimement de moi. […] Béranger les conduisait lui-même à son canapé de paille ; il écoutait patiemment le récit de leur détresse et les vœux de leur vieillesse : c’étaient deux lits dans le même hospice, pour ne pas mourir séparés après une longue vie de bonheur, de travail et de souffrance en commun. […] Construisons ce mausolée ære publico, sou par sou, avec le denier du pauvre et du riche, afin que ce sépulcre impartial, voté par les uns, adopté par les autres, soit l’autel de la concorde et devienne la propriété commune de tous ceux qui aiment la patrie jusque dans ses égarements, la liberté jusque dans ses éclipses, la probité jusque dans ses haillons !
S’il n’y a pas de motions en France comme en Angleterre, dans la crise des affaires publiques, il faut convenir que tout le public y forme une chambre des communes, où chacun opine d’après ses sentimens, ou d’après ses préjugés. […] Notre conversation eût été plus longue, mais je m’apperçus qu’on nous environnoit, & qu’insensiblement nous allions devenir les orateurs des communes. […] N’étoit-il pas plus simple d’intituler le dictionnaire de toutes les sciences, dictionnaire universel, mais il a fallut revêtir son frontispice du mot Encyclopédique, comme étant plus sonore, plus pompeux ; & c’est ainsi qu’on fait croire aux ignorans que la science est une magie impénétrable au commun des mortels. […] Cela ne tenoit point au caractere de Frédéric, qui ne fut jamais libéral, & qui malheureusement eut cela de commun avec bien des princes…. […] Abus, abus, répondîmes-nous d’un commun accord.
Ces trois traits si précis, communs à l’histoire et à l’épopée, ne peuvent venir à celle-ci que de l’impression directe des faits. […] Les gens de Montemonaco en racontent bien des choses ; « les uns s’en moquent, et autres y ajoutent foi, par l’ancien parler de la commune gent ». […] Ils ont cela de commun que des paroles dites par le héros du récit au Christ sont reprises par celui-ci et deviennent le texte même de sa sentence. […] Les deux versions ont en commun, dans les paroles de Jésus, le mot : « Tu m’attendras », et c’est sur cette attente que porte tout le récit. […] Cette circonstance semble bien indiquer que ces différentes versions ont une source commune, bien que d’autres considérations, où je ne puis entrer ici, fassent songer à une classification différente.
Très justement elle tient à citer cette phrase écrite par lui dans l’Insurgé relativement à l’exécution des otages par la Commune : « De quel droit, au nom de qui a-t-on tué ? La Commune tout entière est responsable de cet égorgement ! […] Ajoutons, pour étonner les habitués du roman moderne, que cette Simone, la fille de Mme Corentine, est très bien portante, franchement jolie, et que ni l’hystérie, ni l’hypnotisme, ni les « états d’âme angoissée », ni les vilaines nervosités qui relèvent de la Salpêtrière, et qui sont présentement le bagage obligé de toute héroïne de roman, n’ont rien de commun avec elle. […] Et pourtant ils étaient fort recherchés par les accusateurs publics qui se les disputaient comme nos impresarios font des ténors ; quelques-uns étaient prêtés, comme des comédiens qui vont jouer sur un autre théâtre que le leur, en des représentations extraordinaires : « l’exécuteur de l’Isère est parti pour Commune affranchie, afin d’y aider son frère que la rapidité des opérations fatigue extraordinairement ». […] Lenotre, on exhuma pendant la Commune les ossements des aïeux des Sanson qui reposaient dans un caveau de l’église de Saint-Laurent et qu’on fit passer pour les restes de femmes victimes de la férocité du curé de Saint-Laurent.
Ce mari, que nous ne retrouverons pas sur notre chemin, sans être précisément une réalité offensive dans les premières années, sans être d’ordinaire ni méchant ni brutal, s’était arrangé de manière à devenir insupportable et à rendre la vie commune bien difficile à une femme d’un caractère solitaire et assez sauvage, qu’on ne pouvait ni asservir ni réduire dans ses habitudes et ses goûts. […] Nous verrons qu’elles procèdent toutes d’un fonds commun d’émotions et de douleurs personnelles, sans être pourtant la confidence et le récit de sa vie. […] Butler, grâce à Dieu, n’a rien de commun avec les pères barbares qui remplissent les romans et les drames des éclats de leur colère. […] Personne, comme elle, avec des mots, de simples mots choisis et combinés entre eux, de ces mots qui servent à chacun de nous et qui expriment les sensations communes avec une désespérante froideur, personne n’a réussi à traduire, dans la réalité vivante d’un paysage, ces lumières et ces ombres, ces harmonies et ces contrastes, cette magie des sons, ces symphonies de la couleur, ces profondeurs et ces lointains des bois, cet infini mouvant de la mer, cet infini étoilé du ciel. […] Lorsque Alexandre Dumas se fait pour un jour publiciste, après la guerre et la Commune, empruntant à Junius son masque et sa plume, elle applaudit avec ravissement, elle proclame que c’est un pur chef-d’œuvre.
Joignez à ces procédés généraux l’emploi de la petite phrase courte et sans verbe, de l’adjectif démonstratif ce, cette, ces, qui indique les objets comme présents, et de l’adverbe très, qui accentue la couleur ou la forme des objets, vous aurez, je pense, l’ensemble des procédés d’exécution communs à M. […] Peut-être désirerait-on seulement que MM. de Goncourt nous éclairassent par quelques traits sur le compte de ces deux maîtres de la sagesse moderne, Reid et Dugald-Stewart, en qui une ignorance commune à bon nombre d’esprits n’avait voulu voir jusqu’à eux que d’honnêtes façons d’empiriques. […] … » Lome ou Lomic, pour lui garder son joli diminutif, est en effet très assidu aux pardons de sa commune. […] Dans Les Sœurs Vatard, un garçon et une fille qui ne s’aiment point, qui ne se désirent point, et qu’une commune horreur de la solitude a rapprochés un temps, jugent bientôt toute cohabitation impossible, et de lassitude concluent qu’il vaut encore mieux retourner chacun chez soi. […] Un peu bien divers de ton et de fond, ils ont je ne sais quelle commune et obscure tendance à l’apostolat, et cela leur peut faire une parenté.
À la manière dont Saint-Simon nous parle de son père, et même si l’on en rabat un peu, on voit en celui-ci un homme de qualité, fidèle, assez désintéressé, reconnaissant et, en tout, d’une étoffe morale peu commune à la Cour. […] Au défaut de bonnes fortunes dont son âge et sa figure l’excluoient, il y suppléoit par de l’argent, et l’intimité de son fils et de lui, de M. le prince de Conti et d’Albergotti, portoit presque toute sur des mœurs communes et des parties secrètes qu’ils faisoient ensemble avec des filles.
Cesse enfin de suivre ainsi pas à pas ta mère, toi déjà mûre pour être aimée d’un époux. » Ailleurs c’est une larme versée dans le sein de Virgile sur le sort d’un ami commun, Quinctilius. […] Je vis, je me sens roi aussitôt que j’ai perdu de vue ces choses que vous appréciez d’un commun accord comme la suprême félicité ; comme l’esclave dégoûté du pontife, je détourne la lèvre des libations : je préfère le pain sec à tous les gâteaux de miel de l’offrande.
» Et quelle éternité que ce nombre indéfini d’années ajouté à nos courtes années par ces philosophes de la chair et de la vie, occupés à se partager équitablement et à dévorer en commun cette ration exactement égale de nectar inépuisable ou d’ambroisie nourrissante ! […] C’est le bon sens qui dit : Si la nature ou si la force des choses, ce qui est le même mot, condamne tout le genre humain, riches et pauvres, puissants ou impuissants, exploitateurs ou exploités, travailleurs de la main ou travailleurs de l’esprit (car tout le monde travaille ou souffre selon ses facultés), si la force des choses, ce fait accompli, les condamne tous par leur nature bornée, par l’imperfection de leurs organes, par leurs conditions nécessairement diverses, par leurs misères à peu près égales, les condamne, dis-je, à un tâtonnement éternel, à des souffrances modérées chez les heureux, intolérables chez les mal partagés du sort, à vivre en commun sur le même globe, aspirant à une meilleure répartition de ce qu’on appelle mal et de ce qu’on appelle bien ; il faut, de toute nécessité, ou qu’ils s’entretuent ou qu’ils s’entraident.
Avec la rapidité de l’éclair, l’étincelle électrique communiqua la triste nouvelle de la mort de Humboldt, leur ami commun, à toutes les nations civilisées, de pays en pays, d’un hémisphère à l’autre. […] C’est par ces secrets rapports que le problème si obscur et si controversé de la possibilité d’une origine commune pour différentes races humaines, rentre dans la sphère d’idées qu’embrasse la description physique du monde.
Originales ou imitées, les comédies dont nous parlons ont pour caractère commun l’énormité du comique. […] De sa vie intérieure comme de sa vie extérieure, de ses chagrins et de ses passions comme de ses courses et de ses luttes, il tira de l’expérience une large connaissance des travers, des faiblesses, des vices de la commune humanité.
Les oraisons funèbres sont des sermons, à tel point que le plan, les idées, parfois les expressions même sont communes au Sermon sur la Mort et à l’Oraison funèbre de la Duchesse d’Orléans. […] Après avoir secoué le joug de Rome, les protestants s’étaient efforcés d’arrêter un dogme commun, et de constituer des églises.
C’est là le fonds commun de tous les matériaux dont notre sensibilité, notre mémoire, notre imagination, notre intellect, se composent. […] Ou l’homme exprimera directement, mais très imparfaitement, par le langage abstrait, le résultat de sa vie intérieure ; Ou il ira puiser dans le monde extérieur, à la source commune des impressions, dans l’océan de vie où tous nous sommes plongés, des images capables de donner par elles-mêmes les sensations, les sentiments, et jusqu’aux jugements qu’il veut exprimer.
Peu avant la Révolution, trois d’entre eux gréèrent une barque en commun et se fixèrent à Lézardrieux. […] Peut-être finit-elle par comprendre la sagesse profonde de ce prêtre, qui sembla lui dire brusquement : « Femme, qu’y a-t-il de commun entre toi et moi ?
Van Dyck et Blauwaert, Mme Boidin-Puisais doivent à ce maître leur intelligence de l’œuvre, la belle netteté, si peu commune, de leur diction : mais le drame wagnérien n’est point appris facilement ; ces artistes avaient trop de choses à oublier encore pour s’y rendre parfaits. […] » Or, qu’on nous permette de le dire avec la certitude que notre opinion sera un jour commune à tous ceux qui aiment profondément le théâtre : les effets dramatiques produits par l’intime hymen du vers et de la mélodie sont tels dans l’œuvre de Richard Wagner, que, inférieur comme poète à Goethe, égalé, en tant que musicien, par Beethoven, il n’est, comme créateur dramatique, comparable qu’au divin Shakespeare.
XIX Ces trois amis s’entendaient admirablement dans une opposition commune au gouvernement du jour ; les deux plus âgés, cependant, détestaient bien davantage la démagogie sanguinaire de 1793, à laquelle leurs têtes venaient d’échapper. […] Je ne m’en dédis pas ; il y a dans les affaires humaines, en apparence les plus communes, un aspect intellectuel et oratoire vers lequel les esprits les plus positifs doivent toujours tendre à leur insu ou sciemment pour dignifier leur œuvre ; ce qui ne peut pas être littérairement bien dit ne mérite pas d’être fait.
Les idées de cet Ecrivain sont toujours fines ; mais ses expressions sont presque toujours communes. […] Saint Gelais, son contemporain, dit des choses fort communes en rimes riches.
De pensée commune, il n’y en a pas. […] En récompense, on donnait au pauvre hère quelques écus de six livres, une place à l’office et un lit dans les communs.
Il appartient, ainsi que la plupart des grammairiens philosophes de son temps, à cette école qui considérait avant tout une langue en elle-même et d’une manière absolue, comme étant et devant être l’expression logique et raisonnable d’une idée et d’un jugement ; il la dépouillait volontiers de ses autres qualités sensibles ; il ne l’envisageait pas assez comme une végétation lente, une production historique composée, résultant de mille accidents fortuits et du génie persistant d’une race, et qui a eu souvent, à travers les âges, plus d’une récolte et d’une riche saison ; il ne remontait point à la souche antique, et ne se représentait point les divers rameaux nés d’une racine plus ou moins commune.
Ce n’est pas tant d’avoir pillé, il est vrai, que Villehardouin les blâme (le pillage était le droit de la guerre), que de n’avoir pas obéi en apportant chacun son butin à la masse commune.
Faut-il maintenant s’étonner qu’à la mort de Buffon, l’Académie française, ou plutôt la société parisienne tout entière qui allait entendre les éloges de Vieq d’Azyr comme elle allait applaudir au Lycée les leçons de La Harpe, aient désigné d’une commune voix l’éloquent médecin pour succéder au roi des naturalistes et pour le célébrer ?
Mais de bons esprits comme le sien ne subissent la contagion commune qu’un moment, et, une fois guéris, ils sont désormais à toute épreuve84.
Corne, ancien avoué, qui s’est occupé de recherches historiques concernant la famille et la généalogie des Montluc, m’écrit de Condom que Blaise de Monluc (ainsi lui-même signait-il, et non pas Montluc), est né, selon toute vraisemblance, non à Condom, mais dans l’arrondissement de cette ville, à Sainte-Gemme, lieu situé dans la commune du Saint-Puy, canton de Valence.
Montluc ne se donne pas pour un historien, c’est un écrivain spécial de guerre ; il semble qu’il tienne à justifier ce mot de Henri IV lisant ses Commentaires, que c’est la Bible du soldat : « Je m’écris à moi-même, et veux instruire ceux qui viendront après moi : car n’être né que pour soi, c’est à dire en bon français être né une bête. » Il commence par établir une bonne police dans la ville ; il la divise en huit parties, dont chacune est sous la surveillance et les ordres d’un des huit magistrats nommés les « huit de la guerre » : dans chacune de ces sections, il fait faire un recensement exact des hommes jusqu’à soixante ans, des femmes jusqu’à cinquante, et des enfants depuis douze, afin qu’on voie quels sont ceux qui peuvent travailler aux choses de siège et à quoi ils sont propres ; dans le travail commun, les moindres ont leurs fonctions ; chaque art et métier, dans chaque quartier, nomme son capitaine, à qui tous ceux du même métier obéissent au premier ordre.
Les choses communes, pour qu’elles plaisent, il faut les relever par quelque endroit, par l’accent, la marche du vers, le tour, quelquefois un concours heureux de syllabes.
Autant pour tous ceux qui sont de l’espèce de Figaro, de Gil Blas et de Panurge, de ce Panurge « sujet de nature à une maladie qu’on appeloit en ce temps là faute d’argent, c’est douleur sans pareille (et toutefois, dit Rabelais, il avoit soixante et trois manières d’en trouver toujours à son besoin, dont la plus honorable et la plus commune étoit par façon de larcin furtivement fait) » ; — autant pour cette bande intrigante et peu scrupuleuse, la question d’argent est à la fois importante et légère, objet avoué de poursuite et de raillerie, un jeu et une occupation continuelle, et à toute heure sur le tapis, autant c’est un point sensible et douloureux pour ces natures pudiques et fières, timides et hautes, qui n’aiment ni à s’engager envers autrui ni à manquer à personne, qui ont souci de la dignité et de l’indépendance autant que les autres de l’intérêt.
Des inégalités d’ardeur et d’humeur, des rivalités, des nécessités stratégiques, doivent les séparer et rompre leur marche en commun.
Que ferais-je si j’apercevais que j’ai pris des inspirations vagues pour des idées précises, des notions vraies mais communes pour des pensées originales et neuves ?
Je définis le groupe, non pas l’assemblage fortuit et artificiel de gens d’esprit qui se concertent dans un but, mais l’association naturelle et comme spontanée de jeunes esprits et de jeunes talents, non pas précisément semblables et de la même famille, mais de la même volée et du même printemps, éclos sous le même astre, et qui se sentent nés, avec des variétés de goût et de vocation, pour une œuvre commune.
L’entretien s’animant à ce sujet, et continuant de parler de cette sorte de chanson et de son influence électrique sur les nations à certaines heures, Gœthe disait qu’il fallait pour cela qu’une nation n’eût qu’une tête et qu’un cœur et, à un moment donné, qu’une seule voix : « Mais, ajoutait-il, une poésie politique n’est aussi que l’œuvre d’une certaine situation momentanée qui passe et qui ôte à la poésie la valeur même qu’elle lui a donnée. » Il reconnaissait qu’il y avait seize ans, même dans cette Allemagne si divisée, mais unie alors dans un sentiment commun contre l’étranger, un poëte politique aurait pu exercer aussi son influence sur le pays tout entier, et il ajoutait : « Mais ce poëte était inutile : le mal universel et le sentiment général de honte avaient, comme un démon, saisi la nation ; le feu de l’inspiration qui aurait pu enflammer le poëte brûlait déjà partout de lui-même.
Sachons qu’il y a solidarité d’action, unissons-nous pour travailler en vue de l’œuvre commune, pour accroître la part de l’influence humaine sur cette terre, pour diminuer l’empire des éléments aveugles.
Beugnot n’eut guère à se louer après ce commun exil, et qui, de retour en France, sacrifia sans beaucoup de cérémonie l’homme utile et distingué dont il s’était servi d’abord.
Voilà la façon de penser du plus sincère ami que vous ayez et qui s’appelle Louis de Bourbon. » Nous aurions dès ce moment, si c’était le lieu, à faire quelques remarques sur le style particulier de ce prince du sang, style médiocre, délayé, imagé pourtant, mais d’images volontiers basses et communes, comme de quelqu’un qui use avec un parfait sans gêne des plaisanteries courantes dans le populaire et jusque sur le théâtre de la Foire.
Sa destinée incomplète et touchante, revenant se dessiner, comme sur un fond de tableau funèbre, dans le malheur commun des siens, rappellera l’intérêt qu’elle mérita d’inspirer tout d’abord, et nul ici ne s’avisera de reprocher l’indulgence.
Ce Normand avisé, qui laissa son ami La Fare s’abrutir en suivant à la lettre leurs communes maximes, et s’arrêta, dans l’usage de la paresse et du plaisir, au juste point où ni sa santé ni son intelligence ni ses intérêts n’étaient compromis, était une robuste nature ; il n’y a rien de mièvre ni d’épuisé dans ses vers.
Ainsi comprises, les études communes, poursuivies avec le même esprit dans tous les pays civilisés, forment au-dessus des nationalités restreintes, diverses et trop souvent hostiles, une grande patrie qu’aucune guerre ne souille, qu’aucun conquérant ne menace, et où les âmes trouvent le refuge et l’unité que la cité de Dieu leur a donnés en d’autres temps. » Et voici une autre page où cet amour de la vérité s’exprime comme ferait la foi jalouse d’un croyant, en laisse voir les scrupules, les délicatesses, les pieuses intransigeances : … Il y a au cœur de tout homme qui aime véritablement l’étude une secrète répugnance à donner à ses travaux une application immédiate : l’utilité de la science lui paraît surtout résider dans l’élévation et dans le détachement qu’elle impose à l’esprit qui s’y livre ; il a toujours comme une terreur secrète, en indiquant, au public les résultats pratiques qu’on peut tirer de ses recherches, de leur enlever quelque chose de ce que j’appellerai leur pureté.
Il est des absurdes émeutes d’octobre ; il est de la Commune, jusqu’au bout.
Mais sous ceux-ci demeurent les phénomènes imposés, correspondance idéologique plus ou moins commune aux divers intellects.
Uri, pourraient traduire un texte en latin savant et en latin populaire sans presque un mot commun dans les deux thèmes.
R. de Gourmont, qui a une forme générale et commune en a une particulière en chaque homme.
Enfin, ces mêmes sentiments sont-ils simples ou complexes, primitifs ou acquis, communs ou exceptionnels ?
Elle a confondu les circonstances des deux crises de 1671 et 1673, qui n’eurent rien de commun.
Les conjoints se promettent, à cet effet, d’être dorénavant « uns et communs en tous leurs désirs, actions, passions et intérêts généralement quelconques », le tout pour le plus grand bien de l’État et la conservation du roi et du royaume.
Il n’envisage que cette foule inutile de sermoneurs ennuyeux & monotones qui débitent, avec emphase & tant de confiance, des choses communes, puériles & ridicules.
Ce qui m’importe, c’est qu’il y a un lien commun entre toutes les branches de l’humanité, et un immense intervalle entre les derniers des hommes et les premiers des singes, intervalle qui ne s’explique pas suffisamment par la différence de leur organisation encéphalique.
C’est un fort bon vers, quoique l’idée en soit assez commune.
En même temps qu’ils suivent des modes passagères et variables, les titres sont toujours, avec les auteurs qui veulent sortir du commun, et dans les ouvrages qui s’écartent de l’art classique et de la raison pure, extraordinaires et singuliers.
Cette diablesse de femme, en effet, n’avait rien de commun avec le bas-bleu au miel humanitaire, bavant la paix, la fraternité, le bien de tous.
Ce n’est pas à dire toutefois que ces mœurs âpres et laborieuses, cet esprit appliqué à l’art de la guerre, cette ambition de la patrie commune et de chaque citoyen n’aient eu leur enthousiasme et, partant, leur poésie.
Cent cinquante ans auparavant, il avait été sur le point d’éclore ; Wicleff avait paru, les lollards s’étaient levés, la Bible avait été traduite ; la chambre des communes avait proposé la confiscation de tous les biens ecclésiastiques ; puis, sous le poids de l’Église, de la royauté et des lords réunis, la réforme naissante écrasée était rentrée sous terre, pour ne plus reparaître que de loin en loin par les supplices de ses martyrs. […] IV Deux branches distinctes reçoivent la séve commune, l’une en haut, l’autre en bas : l’une respectée, florissante, étalée dans l’air libre ; l’autre méprisée, à demi enfouie sous terre, foulée sous les pieds qui veulent l’écraser ; toutes deux vivantes, l’anglicane comme la puritaine, l’une malgré l’effort qu’on fait pour la détruire, l’autre malgré les soins qu’on prend pour la développer. […] Représentons-nous ces hommes simples et d’autant plus capables de croyances fortes, ces francs-tenanciers, ces gros marchands qui ont siégé au jury, voté aux élections, délibéré, discuté en commun sur les affaires privées et publiques, qui sont habitués à l’examen de la loi, à la confrontation des précédents, à toute la minutie de la procédure juridique et légale ; qui portent ces habitudes de légistes et de plaideurs dans l’interprétation de l’Écriture, et qui, une fois leur conviction faite, mettent à son service la passion froide, l’obstination intraitable, la roideur héroïque du caractère anglais. […] Un docteur, Leighton, est emprisonné quinze semaines dans une niche à chien, sans feu, sans toit, sans lit, aux fers ; ses cheveux et sa peau tombent, il est attaché au pilori parmi les frimas de novembre, puis fouetté, marqué au front, les oreilles coupées, le nez fendu, enfermé huit ans à la Flotte, et de là jeté dans la prison commune. […] La Chambre des communes demande à l’assemblée des théologiens « si les assemblées locales 399, provinciales et nationales sont de droit divin et instituées par la volonté et le commandement de J.
Un mot fait éclore un chapitre, et malgré toutes leurs folles brindilles éparpillées à droite et à gauche, ces digressions n’en tiennent pas moins à la tige commune par des filaments et des nervures invisibles. […] Le Poète et Pythagore furent donc Une exception, une vie en dehors de la vie commune. […] Cette aversion, du reste, est commune à presque tous les hommes nés avec le siècle ou un peu avant. […] Depuis la mort de leur mère, arrivée en 1848, ils ne s’étaient pas quittés d’une heure, et ils avaient tellement pris l’habitude de cette vie en commun, que c’était un événement de voir un Goncourt seul. […] Pour éviter le commun, ils seraient allés jusqu’à l’outrance, jusqu’au paroxysme, jusqu’à faire éclater l’expression comme une bulle trop soufflée.
Car, ces gens-là n’ayant rien de commun avec l’honneur, on n’a que de l’argent à leur donner. » Le bourreau placé entre les tratants et les histrions ! […] Depuis plus de vingt ans, le tribunal supérieur chargé de cette opération délicate n’avait jamais suspendu ses fonctions. — Mais, à chaque instant, des vues lumineuses et de haute politique générale sillonnent le sujet et élargissent les horizons : « Il est bon, dit le publiciste, en tout ceci purement judicieux, qu’une quantité considérable de nobles se jette dans toutes les carrières en concurrence avec le second ordre ; non-seulement la noblesse illustre les emplois qu’elle occupe, mais par sa présence elle unit tous les états, et par son influence elle empêche tous les corps dont elle fait partie de se cantonner… C’est ainsi qu’en Angleterre la portion de la noblesse qui entre dans la Chambre des communes tempère l’âcreté délétère du principe démocratique qui doit essentiellement y résider, et qui brûlerait infailliblement la Constitution sans cet amalgame précieux. » Et plus loin : « Observez en passant qu’un des grands avantages de la noblesse, c’est qu’il y ait dans l’État quelque chose de plus précieux que l’or187. » Il raille de ce bon rire, qui s’essaye d’abord comme en famille, ses compatriotes devenus les citoyens tricolores, et se moque des raisonnements sur les assignats : « Lorsque je lis des raisonnements de cette force, je suis tenté de pardonner à Juvénal d’avoir dit en parlant d’un sot de son temps : Ciceronem Allobroga dixit 188 ; et à Thomas Corneille d’avoir dit dans une comédie en parlant d’un autre sot : Il est pis qu’Allobroge. » Mais déjà il passe à tout moment la frontière et ne se retient pas sur le compte de la grande nation : « Quand on voit ces prétendus législateurs de la France prendre des institutions anglaises sur leur sol natal et les transporter brusquement chez eux, on ne peut s’empêcher de songer à ce général romain qui fit enlever un cadran solaire à Syracuse et vint le placer à Rome, sans s’inquiéter le moins du monde de la latitude. […] Il eût vu Bacon, qu’au premier mot de rencontre et d’accord, au moindre signe commun dans le même symbole, il lui aurait sauté au cou. […] Si nous venions à réfléchir bien sérieusement qu’une vie commune de vingt-cinq ans nous a été donnée pour être partagée entre nous, comme il plaît à la loi inconnue qui mène tout, et que, si vous atteignez vingt-six ans, c’est une preuve qu’un autre est mort à vingt-quatre, en vérité chacun se coucherait et daignerait à peine s’habiller.
Mais cependant la réflexion est aussi, pour quelques âmes qui sortent du commun, le développement de la vie individuelle. […] Nous sommes des gens du commun, nous autres, des gens qui mangent du pain noir ! […] Ils ont en commun la sincérité de l’esprit et du cœur, la haine du faux, la haine de l’affectation et du pédantisme intellectuel, la haine de l’hypocrisie religieuse. […] Et ainsi son œuvre est en quelque façon impersonnelle comme celle des trouvères et des aèdes, n’ayant presque de personnel que le degré d’intensité d’un sentiment commun. […] Georges Ancey, ce n’est point d’une jeune fille qu’il s’agit, mais d’une maîtresse commune.
Autrement il semble disproportionné et, par là, déplaisant ; à moins qu’il ne consente à se montrer semblable à nous : ce qui, à vrai-dire, n’est pas toujours impossible, car les grands hommes ont beaucoup de choses communes avec les autres hommes. […] Les cultes parlent aux sens ; c’est pourquoi ils assemblent les fidèles : nous sentons tous à peu près de même et la piété est faite du commun sentiment. […] Enfin, n’éprouvait-il pas cette amertume de l’esprit et du cœur, châtiment inévitable de l’audace intellectuelle, et ne goûtait-il pas jusqu’à la lie ce que Marguerite d’Angoulême a si bien nommé l’ennui commun à toute créature bien née. […] Le régime qui leur est commun détermine en eux certaines anomalies particulières par lesquelles ils se distinguent à la longue des hommes qui vivent librement. […] Le plus habile artiste ne peut comprendre, saisir, exprimer que ce qu’il a en commun avec ses modèles ; ou pour mieux dire il ne peint jamais que lui-même.
Ainsi toutes les opérations qui dépassent la sensation pure, non seulement celles qui sont communes à l’homme et aux animaux, mais encore celles qui sont propres à l’homme, ont pour condition suffisante et nécessaire une action des lobes cérébraux. […] « Tous ces mouvements sont si bien, adaptés, si naturels, que, si la plaie résultant de la décapitation était cachée, vous croiriez que l’animal n’a subi aucune mutilation, et le caractère commun de ces mouvements est d’avoir pour effet la défense contre les atteintes extérieures. » Pareillement, des grenouilles décapitées peuvent encore sauter, nager. […] Dessinez sur deux carrés de papier égaux les mouvements d’un même nombre de couples pendant le même temps, d’abord dans la valse, puis dans le menuet ; les deux tracés sont très réguliers et pourtant si compliqués que l’œil n’y discerne rien de commun ; ils lui apparaissent comme des arabesques irréductibles l’une à l’autre ; chacune d’elles semble un type à part.
On attaque une barricade, sur laquelle une cantinière de la Commune fait le coup de fusil, sans qu’on puisse la toucher. […] Elle excelle à peindre en toutes ses variétés, — ce type assez commun à Paris — des femmes, aux caresses de la parole, où l’on perçoit je ne sais quoi de malveillant dont on ne peut se fâcher, en un mot ces femmes vraiment artistes pour introduire un filet de vinaigre dans leurs amabilités, et qui fait ressembler leurs compliments, à la sauce italienne, appelée acre dolce. […] Allard, son beau-père, une grande maison blanche sans caractère, à laquelle sont accolés un tas de petits communs, de réserves, d’appentis de guingois, mis de niveau par deux ou trois marches d’escaliers montants ou descendants ; une maison combinée pour loger trois ou quatre ménages, avec des potées d’enfants.
Tous ne peuvent rien distraire Ni rien aliéner de l’avenir commun. . . . […] Il y a sur la terre peu de fonctions aussi importantes que celle-ci : être charmant… Avoir un sourire qui, on ne sait comment, diminue le poids de la chaîne énorme traînée en commun par tous les vivants, que voulez-vous que je vous dise, c’est divin. » Il a aussi des peintures admirables du dévouement féminin, du dévouement de chaque jour : « Etre aveugle et être aimé, c’est en effet, sur cette terre, où rien n’est complet, une des formes les plus étrangement exquises du bonheur. […] » Sera-ce une tactique d’opportuniste, au lendemain de la Commune de 1871, et au plus fort des représailles, que « de jeter le cri d’appel à la clémence et de flétrir la loi du talion ?
Croirait-on que, dans sa rapide réminiscence, il a fait de la belle similitude ces trois vers sans expression et d’une élégance commune : Ut solet a ventis alimenta adsumere, quæque Parva sub inducta latuit scintilla favilla, Crescere, et in veteres agitata resurgere vires : Sic jam lentus amor, etc., etc…103 ! […] Chalciope de son côté, saisie de crainte pour ses enfants qui sont devenus suspects au roi son père, fait en ceci cause commune avec les étrangers, et a déjà songé à implorer sa sœur.
Un peu plus tard et d’eux-mêmes, ils vont le choisir pour commandant de la garde nationale, pour maire de la commune, pour chef de l’insurrection, et, en 1792, les tireurs de la paroisse marcheront sous lui contre les bleus, comme aujourd’hui contre le loup. — Tels sont les derniers restes du bon esprit féodal, semblables aux sommets épars d’un continent submergé. […] Sept cents familles de Cateau-Cambrésis55 dressent une supplique pour garder les dignes abbés et religieux de l’abbaye de Saint-André, leurs pères communs et bienfaiteurs, qui les ont nourris pendant la grêle ».
Que pouvait-il y avoir de commun entre un jeune soldat qui venait d’étouffer la dernière étincelle de liberté représentative dans son pays, et qui méditait déjà la suppression du Tribunat, comme il avait accompli l’asservissement par l’épée du Corps législatif, et le tribun aristocratique et quelquefois démagogique de l’Angleterre, qui avait inoculé par tous ses discours les doctrines et même les anarchies de la Révolution française à son pays ? […] Mais cette idolâtrie, cette vanité sont des faiblesses communes à tout le genre humain, et de l’une et de l’autre on peut faire sortir de grandes vertus.
Le dernier soir de notre lecture en commun dans la gondole fut aussi le dernier soir de notre séjour à Venise. […] Nos ennemis communs, vous ne le savez que trop, ont pour tactique de déverser la calomnie sur les hommes de 1848.
III Ces philosophes de l’utopie, ces élucubrateurs de principes sociaux en contravention avec les traditions éternelles de la politique, de la nature ; ces hommes qui se glorifient d’être seuls et de penser à l’écart des siècles et des traditions sociales ; ces constructeurs de nuages, comme les appelle le poète véritablement divin (Homère), ont été communs dans tous les temps et dans tous les peuples, surtout dans les temps de décadence et dans les peuples en révolutions. […] Elle avait un air caressant et tendre, un regard très doux, un sourire angélique, des cheveux cendrés d’une beauté peu commune, et auxquels elle donnait un tour négligé qui la rendait très piquante.
Heureusement cela fut inutile : il ne m’adressa que la question la plus commune du monde. […] Elle emprunta le toit de madame de la Tour qu’elle ne connaissait que par des amis communs.
Il y a trop de musiciens là-bas ; la musique y est trop chose courante, commune, banale, de tout le monde ; elle a perdu la hautanité de l’exception. […] Hasards des événements effroyables ou communs, apparitions de semblances humaines, délices feintes du Venusberg, factices splendeurs de la Wartburg et des chasses et des longs défilés, qu’est tout cela, sinon le quelconque spectacle des apparences fantomatiques ?
Le mythe est le germe commun de la religion, de la poésie et du langage : si tout mot est au fond une image, toute phrase est au fond un mythe complet, c’est-à-dire l’histoire fictive des mots mis en action. […] A la vérité, ce ne sont pas tant les humbles qu’il a remarqués dans notre société que les ordinaires ; et dans leur vie, c’est le côté ordinaire, habituel, commun à tous qu’il a cherché à faire saillir.
jusqu’à ce que j’aie achevé la route suprême et commune, et que j’arrive à la demeure, terme des souffrances pour les vrais adorateurs ! […] Mais, en dépit de ces souvenirs que Synésius ne peut dépouiller, vous sentez désormais en lui l’inspiration chrétienne ; et le poëte a pu devenir évêque, surtout à cette époque d’une foi plus ardente et d’un formulaire moins rigoureux, où l’Église enveloppait dans sa communion des prosélytes parfois hétérodoxes sur quelques points, comme un vaste empire, aux premiers jours de ses victorieux agrandissements, reçoit et tolère dans son sein des cités et des territoires auxquels il laisse d’anciens usages et quelques libertés dissidentes de la règle d’obéissance commune.
Cette façon de traiter le Misanthrope est la plus commune, la plus naturelle, et la plus susceptible du genre comique. […] C’est ce naturel grossier qui fait le plaisant de la comédie ; et voilà pourquoi ce n’est jamais que dans la vie commune qu’on prend les personnages comiques.
» À un certain moment et après ce premier assaut, tous, d’un commun accord, s’entendent pour aller chercher à boire, car chacun a dans sa bouteille du bon vin d’Anjou, et ils reviennent au combat sans retard.
[NdA] Ce n’est pas sans dessein que j’indique la littérature grecque, car Töpffer était helléniste ; il a même donné une édition des Harangues de Démosthène, et il se souvient évidemment du grec dans cette phrase de ses Voyages en zigzag, par exemple : C’est là mieux qu’ailleurs (dans une excursion en commun du maître avec ses élèves) qu’il dépend de lui, s’il veut bien profiter amicalement des événements, des impressions, des spectacles et des vicissitudes, de fonder de saines notions dans les esprits, de fortifier dans les cœurs les sentiments aimables et bons, tout comme d’y combattre, d’y ruiner à l’improviste, et sur le rasoir de l’occasion, tel penchant disgracieux ou mauvais.
Quoi qu’il en soit, en nous décrivant le tour d’esprit des convives, Marivaux va nous définir en perfection le genre qu’il préfère : Ce ne fut point, dit Marianne, à force de leur trouver de l’esprit que j’appris à les distinguer : pourtant il est certain qu’ils en avaient plus que d’autres et que je leur entendais dire d’excellentes choses ; mais ils les disaient avec si peu d’effort, ils y cherchaient si peu de façon, c’était d’un ton de conversation si aisé et si uni, qu’il ne tenait qu’à moi de croire qu’ils disaient les choses les plus communes.
Des membres de la Société royale, qui étaient à la fois docteurs de la Faculté, protestèrent aussitôt de l’attachement qu’ils avaient pour cette faculté, leur mère commune, et déclarèrent que si un seul de ses droits, une seule de ses prérogatives était en jeu, ils n’hésiteraient pas et renonceraient sur-le-champ à la Société.
« J’en suis fâché, observait Ramond ; il a changé le paysage : il n’y a point de platanes dans ces glaces de l’Apennin. » On aurait peu à dire de ces élégies de Ramond, sinon que ce n’est pas vulgaire ni commun ; mais il y a du vague, des intentions cherchées plutôt que trouvées, de grandes inexpériences de style et d’harmonie.
Quoique la maison que le marquis de Dangeau avait établie fût originairement et particulièrement destinée à des élèves chevaliers, il avait permis qu’on y admît d’autres enfants dont les parents payaient la pension, ne fût-ce que pour exciter l’émulation commune.
Prenez les historiens les plus divers de ton et de caractère, « Thucydide, Xénophon, Polybe, Tive-Live, Salluste, César, Tacite, Commynes, Guichardin, Machiavel, Saint-Simon, Frédéric le Grand, Napoléon » ; ces hommes si diversement supérieurs et si grands historiens chacun dans son genre, ont tous en commun une qualité principale et la plus sûre de toutes, et cette qualité, c’est l’intelligence.
Ubicini, tome I, p. 65) ; mais cette Mme de Saint-Amand n’est autre que l’abbesse de Saint-Amand de Rouen, une Souvré, sœur de Mme de Sablé, et n’a rien de commun avec notre poète qui hantait peu ces délicate.
Littéralement, Buffon n’avait pas à grandir ni à déchoir ; le grand écrivain en lui est dès longtemps hors de cause et ne saurait dépendre de ce qu’il peut y avoir d’un peu commun dans ses lettres : moralement, sa correspondance nous le montre partout, et dans toute la teneur de sa vie, sensé et digne.
. ; je sais cette langue aussi bien qu’un autre, et je la vénère comme bonne dans l’usage commun et extérieur.
Celle-ci lui semble une passion un peu commune ; il la renverrait volontiers au peuple.
Les sciences, « unies par une philosophie commune, » y sont montrées « s’avançant de front, les pas que fait chacune d’elles servant à entraîner les autres. » Plus de danger sérieux désormais pour l’ensemble des connaissances humaines ainsi liées étroitement et toutes solidaires entre elles, plus de période rétrograde possible depuis la découverte de l’imprimerie : « Lorsqu’au milieu d’une nuit obscure, perdu dans un pays sauvage, un voyageur s’avance avec peine à travers mille dangers ; s’il se trouve enfin au sommet d’une haute montagne qui domine un vaste horizon, et que le soleil, en se levant, découvre à ses yeux une contrée fertile et un chemin facile pour le reste du voyage, transporté de joie, il reprend sa route, et bannit les vaines terreurs de la nuit.
., il prit une résolution qu’il a toujours gardée depuis, de ne prendre le soir que des fruits cuits ou crus, et les jours qu’on lui faisait manger de la viande en carême, il n’usait que des viandes les plus communes, ainsi qu’il me l’a témoigné lui-même. » Oh !
S’il avait voulu être aimé, la chose n’aurait pas été difficile pour moi ; j’étais naturellement encleinte (encline) et accoutumée à remplir mes devoirs ; mais pour cela il m’aurait fallu un mari qui eût le sens, commun , et celui-ci ne l’avait pas. » On voit poindre chez elle, peut-on s’en étonner ?
Une seule loi avait été cependant retranchée de la règle commune : Camaldules volontaires et temporaires, ils s’étaient réservé le droit illimité de la parole.
Les élèves de David se partageaient en divers groupes fort distincts : dans l’un, les vieux camarades restés un peu révolutionnaires ou jacobins, au langage du temps, et communs ; dans un autre, les nouveaux.venus et qui tenaient plus, ou moins à l’ancien régime par la naissance, par les opinions ou le ton, Forbin, Saint-Aignan, Granet ; plus loin et toujours ensemble, deux jeunes Lyonnais fort réservés et qu’on disait religieux, Révoil et Richard Fleury ; un beau jeune homme faisant secte à part, Maurice Quaï, un ami de Nodier, mort jeune, noble penseur, véritable type olympien ; et quelques autres encore dans l’intervalle.
Le commun des malins, en bien des matières, se contente, comme Sancho, d’admettre un tiers ou un quart de la grosse absurdité, — assez encore pour qu’elle subsiste.
L’idée que la religion nous donne de son objet, c’est-à-dire du premier être, est le principe d’où le reste va découler : le Dieu des Hébreux et des Chrétiens n’a rien de commun avec les autres idées imparfaites et insuffisantes, quand elles ne sont pas monstrueuses, que le reste du monde s’était faites de la divinité.
Si j’osais me comparer à ce grand homme, je dirais que j’ai un sentiment commun avec lui, c’est l’amour de la gloire ; mais il a poursuivi son objet en grand et il l’a obtenu, au lieu que, moi, j’ai cherché la gloire dans les buissons, et je ne suis parvenue qu’à me piquer le bout des doigts.
Il me semblait que je pleurais avec un ami dont la douleur était la même, et que nos sanglots éclataient sous le poids d’une commune destinée ; tant il est vrai que la nature même, ce poëme de l’Éternel, n’a qu’un chant de désolation pour l’âme qui s’est une fois éloignée de son divin Auteur !
Buchon qu’il m’a fait une querelle inutile, lorsqu’il a supposé que je pouvais lui conseiller, à lui ou à tout autre, de tenter pour les patois de son pays ce que Jasmin a fait pour les patois du Midi, c’est-à-dire de les fusionner dans une sorte de dialecte commun ou composite et de langue littéraire poétique.
Un chef de bataillon suisse, Keller, qui s’était fait remarquer pour très peu de chose à Ostende, lors de la tentative de débarquement des Anglais, ayant été appelé au poste de ministre de la guerre dans la nouvelle république helvétique, Jomini le vit à son passage à Paris, et, saisissant l’occasion au vol, il lui demanda de le faire son aide de camp ; ce fut même lui qui fournit la voiture et procura l’argent pour leur commun voyage.
Opinion commune sur la personne humaine et sur ses facultés. — Sens du mot faculté ou pouvoir. — Forces mécaniques. — Force de la volonté. — Ces mots ne désignent aucun être occulte. — Ils ne désignent qu’un caractère d’un événement, à savoir, la particularité qu’il a d’être suivi constamment par un autre. — Illusion métaphysique qui érige les forces en essences distinctes.
C’est l’histoire du petit Turco Kadour fourvoyé dans la Commune au sortir de l’hôpital, croyant continuer la guerre contre les Allemands et tué par les Versaillais sans y rien comprendre83 .
Mais c’est là tendance commune à tous les syndicats de marque : financiers ou journalistiques.
L’ennemi commun est l’individualiste, celui qui juge par lui-même et pour lui-même, c’est vous et moi.
Il n’avait pas encore de disciples, et le groupe qui se pressait autour de lui n’était ni une secte, ni une école ; mais on y sentait déjà un esprit commun, quelque chose de pénétrant et de doux.
Elles vivaient néanmoins en commun, mais sans autres pratiques extérieures que celles que doivent observer toutes les personnes de leur sexe qui renoncent au mariage, et qui veulent mener une vie modeste et chrétienne.
Ils nous lurent un arrêté de la Commune qui ordonnait de nous fouiller à discrétion, ce qu’ils firent exactement jusque sous les matelas.
On eût dit qu’elle s’appropriait les cœurs au lieu de les laisser en commun, et c’est ce qui a aisément donné sujet de croire qu’elle était bien aise de plaire à tout le monde et d’engager toutes sortes de personnes.
Elle irrita les disciples de Zola qui, peu qualifiés, quelques-uns du moins, pour faire les renchéris à cet égard, se fâchèrent tout rouge et beaucoup trop, dans un manifeste resté célèbre, publié à propos de la Terre : « Non seulement, disaient-ils, l’observation est superficielle, les trucs démodés, la narration commune et dépourvue de caractéristique ; mais la note ordurière est exacerbée encore, descendue à des saletés si basses que, par instant, on se croirait devant un recueil de scatologie.
Par une autre conséquence du même principe, le spectacle de la souffrance humaine, physique et morale, perçue d’ailleurs dans un milieu où l’homme pâtit plus qu’ailleurs, l’affligeait d’un choc plus violent que cela n’a lieu pour le commun de hommes ; car il ne pouvait réfléchir combien les malheureux sont détestables parfois, ni mesurer exactement le degré de leur infortune, qui prend une intensité entièrement différente, selon qu’on néglige ou qu’on compte le fait de l’accoutumance.
Mais je prétends que celui qui se jette dans l’allégorie s’impose la nécessité de trouver des idées si fortes, si neuves, si frappantes, si sublimes, que sans cette ressource, avec Pallas, Minerve, les grâces, l’amour, la discorde, les furies, tournés et retournés en cent façons diverses, on est froid, obscur, plat et commun.
Au lieu de nous parler la langue des passions qui est commune à tous les hommes, ils ont parlé un langage qu’ils avoient inventé eux-mêmes, et dont les expressions proportionnées à la vivacité de leur imagination, ne sont point à la portée du reste des hommes.
Les brasseries et l’École normale font cause commune, on se passe fraternellement des cartouches.
Ce n’est pas tout que des aperçus inattendus qui viennent tout à coup casser les glaces dans lesquelles chacun vient bêtement mirer son absence de pensée, comme, par exemple, cette théorie de la volonté spirituelle opposée par Babou à cette idée déjà commune, déjà décrépite, de l’influence fataliste des tempéraments.
Que les autres, ceux qui sont jeunes, attendent la leçon commune ; qu’ils vivent d’abord, qu’ils laissent de côté le roman comme une œuvre pour eux vide de sens, écrite dans une langue étrangère.
J’ai extrait de lui le triangle en général ; pour cela je n’ai considéré en lui que des propriétés communes à tous les triangles, et je n’ai fait sur lui que des constructions dont tout triangle pourrait s’accommoder.
VI, 497, C) de la vie contemplative, mais elle n’a rien de commun avec le mysticisme ou l’ascétisme. […] Peut-être ; mais il y a bien aussi quelques traits communs. […] Il aimait notre pays et notre langue, connaissait bien nos écrivains, sans en excepter les plus anciens, et avait beaucoup de goûts ou de principes communs avec les plus modernes. […] Spinoza est le rationaliste pur, qui aperçoit dans la raison un bien commun à tous les hommes, au moins virtuellement. […] Il serait fou d’accueillir comme une honnête philosophie, dans le patrimoine commun, telle doctrine qui ne vise qu’à fomenter l’orgueil allemand et à promouvoir la puissance allemande.
Il entre dans notre état d’âme pour le modifier ; nous ne percevons, de ces sentiments divers, que la résultante commune. […] Ce n’est pas seulement par la forme qu’ils se ressemblent, par la commune recherche de l’harmonie sonore, par l’aisance avec laquelle ils s’adaptent aux mêmes rythmes ; c’est bien par le fond et par leur essence intime. […] La vertu pathétique est une propriété commune à toute œuvre d’art ; une qualité que la poésie, elle aussi, doit posséder, sous peine d’être inférieure aux autres arts : ce n’est pas sa qualité essentielle et distinctive. […] Il faudra donc en revenir à la méthode commune, et commencer par le commencement. […] Mais c’est peut-être pour cette raison même que le poète ose confier au vers des pensées si intimes, des sentiments si personnels, qu’il hésiterait à exprimer dans la langue commune.
Comme c’est une partie commune et essentielle par l’usage à toutes les tragédies, il est important d’établir là-dessus quelques principes qui puissent regler le jugement qu’on en porte. […] Ajoutez aux périls d’Inés et de dom Pedre, l’intérêt de leurs enfans, ce gage commun de leur amour, plus encore leur présence même qu’Inés employe si efficacement pour émouvoir Alphonse. […] Aujourd’hui les monologues conservent la même mesure de vers que le reste de la tragedie ; et ce stile alors est supposé le langage commun : mais Corneille en a pris quelquefois occasion de faire des odes régulieres, comme dans Polieuxte et dans le Cid, où le personnage devient tout-à-coup un poëte de profession, non seulement par la contrainte particuliere qu’il s’impose, mais encore en s’abandonnant aux idées les plus poëtiques, et même en affectant des refrains de balade, où il falloit toûjours retomber ingénieusement. […] Le caprice y a eu bonne part ; et l’habitude a fait le reste : ce qui prouve qu’aucune de ces institutions ne produit par elle-même un plaisir nécessaire et commun à tous les hommes : or quelques nations doivent avoir été moins heureuses les unes que les autres dans le choix de leurs vers. […] Il est vrai, monsieur, mais pour des pensées si communes, qu’à peine les auroit-il jugées dignes d’être dites, si elles lui avoient moins coûté.
Vous ne savez que faire des Lords, de la pairie héréditaire ; vous n’avez point envie de conserver leur Chambre et de conserver ainsi la chamaillerie quelle entretient avec les Communes ; vous n’osez pas la supprimer ? […] Il méprisait l’opinion commune et la traitait comme l’ennemie de son génie et de sa raison. Dans l’incertitude, où il n’aimait point à se tenir, il prenait le contre-pied de l’opinion commune et aussitôt se croyait en possession de la vérité. […] Il note que l’opinion commune, relative aux animaux, est le plus souvent la fausseté même. […] Le roman de l’Apprentie commence à la guerre de 1870 et à la Commune ; le second tome de Cécile Pommier s’achève à la récente guerre.
Chose étrange dans cette œuvre commune ! […] Ainsi Pascal, ainsi Molière, dans cette œuvre commune de destruction dont ils ne pouvaient savoir toute la portée l’un ni l’autre, se sont sauvés justement, celui-ci et celui-là, par les mêmes raisons qui devaient les perdre tous les deux. […] Rousseau devait dire plus tard à l’archevêque de Paris : — « Qu’y a-t-il de commun entre vous et moi, Monseigneur ? […] les conduire avec un sang-froid imperturbable, jusqu’à la limite fatale où la vieille monarchie et la vieille société vont finir, pour faire place au peuple de 89, en un mot, faire le premier, et tout d’un coup, dans ce monde nouveau qui va s’ouvrir, sur les débris de l’ancien monde, la comédie de mœurs, la comédie déclamatoire, furibonde, pédante, mais enfin, malgré tout, une véritable comédie, voilà pourtant ce qui a été accompli avec une audace peu commune, avec une verve intarissable, avec une éloquence souvent triviale, mais moqueuse et puissante, par ce comédien manqué, par ce tribun manqué, par ce législateur sans pitié, par ce furibond déclamateur, qu’on appela Fabre d’Églantine, mauvais comédien comme Collot d’Herbois, et, pour tout dire en un seul mot rempli de toute exécration, le digne secrétaire de Danton ! […] » ajoutait le roi Louis XVIII ; à plus forte raison, pour représenter Alceste, ne prenez pas un bonhomme, sans façon, commun, vulgaire et trivial ; un homme en un mot aux antipodes du rôle d’Alceste, un pareil homme ne sait pas, et comment voulez-vous qu’il le sache dans ce pêle-mêle de toutes choses ?
on peut inventer, on peut créer, mais on ne peut pas copier… On a beau sentir en écrivant, il n’en résulte que mots communs : bois, montagnes, ciel, lune, etc., etc. […] Ces chevilles ressortantes n’excitent pas mon admiration, et la tête et les traits communs à toutes les statues grecques ! […] Ce n’est pas que l’on soit idéal, extra-fin et nobilissime… C’est-à-dire je ne sais au juste… je ne me fie pas à mon jugement ; lorsqu’on est idéal je crois que je prends de la fadaise pour de la distinction, et quand on me semble énergique et extraordinaire, je crains que ce ne soit de la rusticité, du commun, du bourgeois. […] Le cours d’esthétique seul a lieu en commun en Suède. […] Et pourquoi cette injustice envers la femme qui est prouvée mille fois plus courageuse, plus vaillante, ayant, outre la pauvreté malheureusement commune aux uns et aux autres, à lutter contre de terribles préjugés et des difficultés sans nombre, n’ayant même pas la liberté d’allures de l’homme ?
Qui ne sent tout d’abord, avant d’avoir ouvert le volume, que ce ne sont pas là deux hommes à rapprocher l’un de l’autre, qu’ils n’ont point de commune mesure, et que de cette comparaison, si habilement qu’elle soit poursuivie, il ne peut sortir aucun enseignement utile ? […] La renommée accuse juste, en contant ce que vous valez, et vous allez faire pic, repic, et capot tout ce qu’il y a de plus galant dans Paris », la note suivante jetée au bas de la page : « La métaphore serait aujourd’hui assez commune ; elle était distinguée au temps de Molière. » Rien de plus juste. […] Rien de plus commun que ces situations. […] ce sont celles d’un pantin exceptionnel, que nous savons, dès le début, fait pour être bafoué et moqué ; ses malheurs n’ont rien de commun avec ceux qui peuvent atteindre l’humanité moyenne… Et, plus loin, poursuivant son analyse et le développement de son idée, M. […] Un de ses amis, très amoureux d’une maîtresse, femme du monde et veuve, est obligé de faire un long voyage, et ; par un concours de circonstances où il est inutile d’entrer, il se trouve amené à la confier à un ami commun, qui avait été le confident de cette passion.
Ce sentiment, à l’éclosion duquel nous allons assister, est né presque en même temps que la conversation : il en est contemporain, bien qu’il en soit distinct ; elle y prépare, elle y dispose : il est le culte solitaire, le choix réfléchi, sérieux, exalté, d’une seule admiration entre toutes celles que les entretiens polis mettent en commun et agitent à plaisir. […] Il soulevait autour de lui, on ne sait trop pourquoi, les dévouements de femmes ; il s’y prêtait et se laissait faire, répondant par de jolis vers aux agaceries, peu soucieux d’ailleurs de maintenir le jeu égal et prenant ses consolations plus bas, dans le commun.
Mais allons, et puisque la route nous est commune et aussi l’aurore, bucolisons à l’envi ; peut-être nous ferons-nous plaisir l’un à l’autre. […] D’après la plainte amère qu’il exhale, on voit que Théocrite n’a pas échappé au destin commun des poëtes, à cette souffrance des natures idéales et délicates aux prises avec la race dure et sordide.
« Et vous, continue-t-il en prenant à témoin et en apostrophant leur protecteur commun, M. de Vetzlar, vous, monsieur le baron, qui venez de me donner des preuves récentes de votre fidèle et gracieux souvenir ; vous, qui avez tant aimé et tant apprécié cet homme vraiment céleste, et qui avez une si juste part dans sa gloire, dans cette gloire devenue plus grande et plus sacrée par l’envie qui l’a constatée et par notre siècle, qui la ratifie unanimement après sa mort, rendez-moi le témoignage que je revendique aujourd’hui de vous pour la postérité. […] Leporello, puis don Juan, vont au-devant d’eux avec courtoisie, et les engagent à prendre leur part au plaisir commun.
Il revint à Avignon à l’âge de vingt ans, avec son frère Gérard ; le pape Jean XXII y régnait au milieu d’une cour corrompue, où le scandale des mœurs était si commun, qu’il n’offensait plus personne. […] Il se lia d’une amitié étroite avec Jacques Colonna, de la grande famille romaine de ce nom ; cette amitié, fondée sur un goût commun et passionné pour les lettres antiques et pour la vertu, fut pour lui une consolation et une fortune.
Réunir en une société régulière une multitude d’êtres épars qui pullulent au hasard sur une terre sans possesseurs légitimes et reconnus ; Combiner assez équitablement tous les intérêts divergents ou contradictoires de cette multitude pour que chacun reconnaisse l’utilité de borner son intérêt propre par l’intérêt d’autrui ; Extraire de toutes ces volontés individuelles une volonté générale et commune qui gouverne cette anarchie ; Proclamer ou écrire cette volonté dominante en lois qui instituent des droits sociaux conformes aux droits naturels, c’est-à-dire aux instincts légitimes de l’homme sortant de la nature pour entrer dans la société ; Sanctifier ces lois par la plus grande masse de justice qu’il soit possible de leur faire exprimer, en sorte que la conscience, cet organe que le Créateur nous a donné pour oracle intérieur, soit forcée de ratifier même contre nos passions la justice de la loi ; Faire régner avec une autorité impartiale et inflexible cette loi sur nos iniquités individuelles, sur nos résistances, nos empiétements, nos répugnances ; lui créer un corps, des membres, une main dans un pouvoir exécuteur et visible chargé de faire aimer, respecter et craindre la loi ; Armer ce pouvoir exécuteur de toute la force nécessaire pour réprimer les atteintes individuelles ou collectives contre la loi, sans l’investir néanmoins de prérogatives assez absolues pour qu’il puisse lui-même se substituer à la loi et faire dégénérer cette volonté d’un seul contre tous en tyrannie ; Échelonner, si l’empire est grand, les corps ou les magistratures, religieuse, civile, judiciaire, administrative, de telle sorte que chaque province, chaque ville, chaque maison, chaque citoyen, trouve à sa portée la souveraineté de l’État prête à lui distribuer sa part d’ordre, de sécurité, de justice, de police, de service public, de vengeance même si un droit est violé dans sa personne ; Faire contribuer dans la proportion de son intérêt et de sa force chacun des membres de la nation aux services onéreux que la nation exige en obéissance, en impôt, en sang, si le salut de la communauté exige le sang de ses enfants ; Créer au sommet de cette hiérarchie d’autorités secondaires une autorité suprême, soit monarchique, c’est-à-dire personnifiée dans un chef héréditaire, soit aristocratique, c’est-à-dire personnifiée dans une caste gouvernementale, soit républicaine, c’est-à-dire personnifiée dans un magistrat temporaire élu et révocable par l’unanimité du peuple : voilà le chef-d’œuvre de cette création d’un gouvernement par l’homme. […] La racine est commune à tous, on ne saurait blesser un de ces rejetons, quelque petit qu’il soit, sans que la racine en soit offensée !
La patrie, qui est notre mère commune, te hait : elle te craint ; depuis longtemps elle a jugé les desseins parricides qui t’occupent tout entier. […] Sans doute personne n’eut plus que moi le droit de haïr Clodius ; mais c’était l’ennemi commun, et ma haine personnelle pouvait à peine égaler l’horreur qu’il inspirait à tous.
« “Donne-moi, pour m’en entourer, quelque haillon ou quelque enveloppe du linge si tu en as apporté en venant ici, et que les dieux t’accordent tout ce que peut souhaiter ton âme ; qu’ils te donnent un mari, une maison, et la concorde si précieuse ; car rien n’est plus désirable et meilleur qu’un ménage où l’époux et l’épouse mettent en commun leurs pensées pour le diriger. […] Là, tu estimes à son prix la vaine renommée que donnent les hommes à ceux qui, dans le langage terrestre, cadencent le mieux leur pensée, ou qui, se sentant plus forts que le vulgaire, parlent en images fortes comme eux, et s’expriment en images pénétrantes et neuves, au lieu de balbutier des pensées communes dans un jargon tout fait !
Où l’on ne mettait guère que des idées de sentiment, Rousseau apporta un tempérament sentimental : mais l’inclination commune l’encouragea à étaler toute sa nature. […] Son séjour à l’Ermitage est une idylle réaliste, et les Confessions abondent en petites scènes du même goût, un dîner chez un paysan, le passage d’un gué, une cueillette de cerises : ce sont les faits les plus insignifiants de l’ordre commun, dont le sentiment de Rousseau fait des tableaux exquis.
Marquer ces progrès et cette marche insensible de l’attrait qu’on ne s’avoue pas à la passion qu’on déclare ; mettre sans inconvenance une fille de condition en face d’un valet qui lui fait une déclaration d’amour ; nous faire consentir qu’elle écoute ce valet et qu’elle réponde de façon à ne pas le désespérer et à ne pas l’encourager ; la retenir dans le naturel et la vérité, entre la raison qui lui montre le péril, et le penchant secret qui le lui dérobe, fuyant et s’avançant à demi, retirant les paroles échappées, fermant son cœur presque en même temps qu’elle l’entr’ouvre, c’est un vrai tour de force de l’art, ou tout simplement une vérité de cœur humain vue avec simplicité, en un jour de veine heureuse, non par le Marivaux bel esprit, entêté du fin 54 et ne voyant dans Voltaire que « la perfection des idées communes », mais par le Marivaux homme de bien et doux, naturel à force de candeur, et peut-être à son insu. […] C’est cette comédie que retrouvaient en commun, dans leur admiration pour les modèles du dix-septième siècle, et dans un juste sentiment de leurs forces, Andrieux et Collin d’Harleville, deux amis qui se disaient la vérité.
Je suis convaincu, pour ma part, que la langue que parlèrent les premiers êtres pensants de la race sémitique différait très peu du type commun de toutes ces langues, tel qu’il se présente dans l’hébreu ou le syriaque. […] Des immenses travaux déjà accomplis par les indianistes modernes, quelques atomes à peine sont déjà devenus de droit commun.
Mais pour eux il n’a rien de commun avec la religion vulgaire : « Les résultats moraux du Christianisme, on les trouve chez moi expliqués par l’étude de la nature et basés sur elle, tandis que dans le Christianisme ils ne le sont que par de simples fables (Parerga, I, 143) », et autre part : « Pour faire entrer ce principe (délivrance de la vie), le Christianisme dut se servir de véhicules mystiques (Mysthichen vehikels) comme par exemple du calice qui devait sauver les hommes. » Wagner (1880, 273) : « Ce qui devait perdre l’Eglise chrétienne fut l’assimilation de cet être divin sur la croix avec le créateur juif du ciel et de la terre, et de joindre avec ce Dieu colère et vengeur, le sauveur des pauvres, qui s’est sacrifié par amour de tout ce qui existe. […] (III, 40) » Et autre part : « Unis, nous formerons le lien de la sainte Nécessité, et le baiser fraternel qui scellera ce lien sera l’Œuvre d’Art commune de l’Avenir : en elle nous serons un : « Divulgateurs et montreurs de la Nécessité, sachants de l’Inconscient, voulants de l’Involontaire, témoins de la Nature, — hommes heureux !
Ces écrivains ont ceci de commun qu’ils joignent à l’admiration pour le musicien Franck l’admiration pour Wagner. […] Il n’y eut, dans les efforts dont j’ai parlé, nulle poussée d’ensemble, nul élan commun.
» — Il persuada les vaillants, menaça les lâches des deux cents galères d’Athènes, prêtes à châtier sur les cités transfuges la désertion du salut commun. […] La bataille fut acceptée d’un commun élan.
13 octobre C’est maintenant la manie de Gavarni de visiter de grandes propriétés, qu’il rêve d’acheter avec la vente de son terrain d’Auteuil ; oui, des châteaux avec des communs, des écuries, des grands salons, des petits salons, enfin des habitations avec plus de fenêtres à la façade, que n’en pourraient ouvrir et fermer les deux vieilles femmes qui le servent. […] 24 octobre Le roman depuis Balzac n’a plus rien de commun avec ce que nos pères entendaient par roman.
Et encore dans cette description, l’épithète glauque, appliquée à l’eau, cette vieille épithète si employée, devenue si commune, le fait s’écrier : « Est-ce assez précieux ! […] Et il me dit son bonheur de se coucher maintenant, à deux heures du matin, revenant à ces années de vie commune avec sa danseuse de corde où il se couchait à cinq heures, forcé de s’installer avec elle, après la représentation, chez Riche jusqu’à une heure du matin, puis de déménager avec elle chez Hill, où ils demeuraient jusqu’à trois heures, puis de passer encore une heure dans un bar, en face, où se réunissaient tous les saltimbanques de Paris, l’homme qui marchait sur un doigt de la main, etc., etc., etc.
Cependant les auteurs de la querelle avoient envie de la faire cesser : ils étoient las de prêter si longtemps à rire au public : des amis communs s’employèrent pour cela. […] Ils la préféroient au latin qui étoit la langue commune, & qu’on avoit fort corrompu.
Le ciel, la mer, les montagnes, les fleuves, la race, la langue, les religions, les grandeurs et les revers de la destinée, le passé presque fabuleux, le présent triste, l’avenir toujours prêt à renaître, et toujours trompeur, la jeunesse éternelle de ce sang italien qui roule toutes sortes de royautés déchues dans ses veines, une noblesse de peuple-roi dans le dernier laboureur de ses plaines ou dans le dernier pasteur de ses montagnes, une rivalité de villes capitales, telles que Naples, Rome, Florence, Sienne, Pise, Bologne, Ferrare, Ravenne, Vérone, Gênes, Venise, Milan, Turin, ayant toutes et tour à tour concentré en elles l’activité, le génie, la poésie, les arts de la patrie commune, et pouvant toutes aspirer à la royauté intellectuelle d’une troisième Italie, voilà les explications de cette aristocratie indélébile de l’esprit humain au-delà des Alpes. […] Dante ne devait pas échapper à la loi commune.
Rien qui puisse crier d’une voix éternelle À ceux qui téteront la commune mamelle : Moi, votre frère aîné, je m’y suis suspendu ! […] Je l’ai regardé, il m’a regardé, et nous ne nous sommes rien dit, comme si nous étions deux étrangers parlant des langues diverses et n’ayant de commun que l’air qu’ils respirent.
» Et cette ardeur se perpétue durant trois cents pages, témoignage de qualités lyriques peu communes. […] Il n’a rien de commun avec le fatalisme de Pierre Loti, qui n’exprime que sa propre résignation, individuelle, devant la mort ?
Il y échoua en partageant l’erreur commune. […] Lorsque dernièrement un écrivain soi-disant catholique13, dans une histoire de la Littérature française sous le gouvernement de Juillet, pieux ossuaire de toutes les médiocrités que le temps a balayées déjà et qu’il pousse à la fosse commune de l’oubli, a, parmi cette tourbe de noms qui importunent le regard, consacré trois lignes de protecteur distrait au respectable nom d’Audin, — c’est-à-dire de l’homme qui, après MM. de Maistre et de Bonald, a le plus contribué à la diffusion des idées catholiques au xixe siècle, comment s’étonner que les panthéistes, les libres penseurs, les journalistes, les vaudevillistes (plus nombreux qu’on ne croit), et les jongleurs de feuilleton, composant la littérature contemporaine, aient répugné à parler d’un écrivain qui n’est pas des leurs, et d’ailleurs irréfutable pour des gens de notions aussi peu certaines ?
Au moment de nous mettre en marche vers l’avenir, peut-être n’est-il pas mauvais de rallier vers un but commun les volontés hésitantes, en définissant plus nettement l’objet de nos efforts. […] Elles comprennent des aptitudes acquises et communes à tout un groupe d’individus : une méthode particulière de penser, une façon spéciale de sentir et de s’exalter, de jouir, d’aimer, de goûter la vie ; et ce qui domine toutes ces ressemblances, c’est le souvenir émouvant des mêmes périls et des mêmes triomphes, des mêmes grandes choses accomplies ensemble.
Chaque développement chez Massillon, chaque strophe oratoire se compose d’une suite de pensées et de phrases, d’ordinaire assez courtes, se reproduisant d’elles-mêmes, naissant l’une de l’autre, s’appelant, se succédant, sans traits aigus, sans images trop saillantes ni communes, et marchant avec nombre et mélodie comme les parties d’un même tout.
Il le redit en cent façons frappantes de vérité : « On commence par les passions ; les doutes viennent ensuite. » Ces doutes, il n’essaye pas de le dissimuler, étaient déjà dans le beau monde le langage le plus commun de son temps.
Madame et le duc de Saint-Simon ont cela de commun que ce sont deux honnêtes gens à la Cour, honnêtes gens que l’indignation aisément transporte, souvent passionnés, prévenus, féroces alors et sans pitié pour l’adversaire.
Dans les idées du temps cela ne déshonorait en aucune façon, tant s’en faut ; et l’idéal de Froissart (car il en avait un) était précisément cette sorte de confrérie, de confraternité universelle, commune à tout ce qui était noble et vaillant, qui comptait dans ses rangs toute fleur de chevalerie, et qui savait couronner le vainqueur en respectant, en relevant honorablement le vaincu.
Qu’y a-t-il de commun entre lui et ce gouvernement ?
… » À cette première époque de Londres et avant la gloire, Chateaubriand avait encore en lui une simplicité et une sensibilité qui le montrent comme l’un de nous tous, comme un homme de la vie commune et naturelle, plus égaré seulement, plus rêveur, plus facile à effaroucher et à rejeter dans les bois.
. — On remarque aussi, jusque dans ses sermons de la grande époque, des expressions non pas surannées, mais d’une énergie propre et qui n’est pas de l’acception commune : « Notre siècle délicieux, qui ne peut souffrir la dureté de la croix » ; pour notre siècle ami des délices. — « C’est vouloir en quelque sorte déserter la Cour que de combattre l’ambition. » Déserter, c’est-à-dire dévaster, rendre déserte (solitudinem facere). — « Il y a cette différence entre la raison et les sens, que les sens font d’abord leur impression : leur opération est prompte, leur attaque brusque et surprenante. » Surprenante est pris ici au sens propre et physique, et non dans le sens plus réfléchi d’étonner et d’émerveiller.
Voltaire a hérité du manteau de Chaulieu ; il n’aurait rien eu de commun avec Maucroix.
Aux questions que lui adressait son correspondant sur l’objet commun de leurs études, sur ses chères Pyrénées, il répond modestement et avec bonhomie (octobre 1823) : « Pardonnez, de grâce, à la paresse d’un homme qui se repose de plus d’un demi-siècle de fatigue, lit encore, mais n’écrit guère, rêve souvent et ne pense plus. » Il revient plus d’une fois sur la perte cruelle de ses manuscrits et sur le regret de n’avoir pu compléter tous ses tableaux.
Villehardouin ne nous a transmis qu’une faible idée des discours qu’il prononçait devant les Vénitiens ou dans l’armée des croisés pour servir la cause commune et apaiser les différents.
Un Du Guet qui aurait été, par impossible, le confesseur ou le directeur des deux amants, un Talleyrand qui se serait vu, durant des années, leur ami intime, — l’un et l’autre, Talleyrand et Du Guet, mettant en commun leur expérience et les confidences reçues, seraient, j’imagine, fort en peine de prononcer.
Chacun alors prenait donc l’initiation où il le pouvait ; l’un entrait dans le sentiment de la haute poésie par Byron, l’autre par Shakespeare, un autre de préférence par Dante ; on saisissait un point, et l’on devinait le reste : tout cela se rejoignait dans une noble fièvre et une émulation commune.
Il écrivait en prose et en vers fort agréablement, et d’une manière si galante et si peu commune, qu’on pouvait presque dire qu’il l’avait inventée : du moins suis-je bien que je n’ai jamais rien vu qu’il ait pu imiter, et je pense même pouvoir dire que personne ne l’imitera jamais qu’imparfaitement ; car enfin, d’une bagatelle il en faisait une agréable lettre, et si les Phrygiens disent vrai lorsqu’ils assurent que tout ce que Midas touchait devenait or, il est encore plus vrai de dire que tout ce qui passait dans l’esprit de Callicrate devenait diamant, étant certain que du sujet le plus stérile, le plus bas et le moins galant, il en tirait quelque chose de brillant et d’agréable.
pour nous, et cependant qui peut être estimée pour son regard, et selon le monde, heureuse. » Et il explique en quoi et en quel sens (un peu païen et antique) cette mort fatale est heureuse pour le héros, une mort sans appréhension, sans douleur, commune à plusieurs grands personnages du passé, et qui laisse l’imagination rêver un avenir de gloire plus grand encore que ce qu’il avait obtenu.
C’était une administration en commun et par un collège, où chacun des États co-souverains envoyait un fondé de pouvoir.
C’est vers ce temps qu’il acquit une terre d’Ormesson (près de Saint-Denis), qui n’est pas la même que celle du même nom en Brie, plus connue, appartenant également à la famille, et il commença de se faire appeler M. d’Ormesson, le nom de Lefèvre étant trop commun.
Cette affection pour la personne de Lamennais, survivant aux contradictions des systèmes et aux déchirements des croyances, s’est rencontrée chez d’autres encore ; il avait le don d’attacher ; et c’est ainsi qu’on a vu à son lit de mort les représentants des diverses époques de sa vie, étonnés de se trouver là ensemble, et réunis dans une commune douleur, dont les motifs ne laissaient pas d’être différents.
Poticier, d’autres encore, sont les confrères ; ce sont tous noms assez vulgaires et communs ; nous sommes en pleine roture : est-ce que par hasard nous en rougirions ?
Que le Prince-Régent fasse cause commune avec la Russie, et il est perdu !
Le bon Vallot paraît tout épouvanté, au mois de mai 1655, de découvrir une incommodité du jeune roi qui lui paraît singulière, presque surnaturelle, et que la description qu’il en fait nous montre fort commune au contraire et des plus simples dans son genre.
Il y est dit, entre autres griefs, que Foucault se servait, pour la conversion du menu peuple, d’un homme de néant nommé Archambaud, que cet Archambaud menait des gens de sa sorte au cabaret et trouvait le moyen de les enivrer ; que le lendemain, lorsqu’ils étaient revenus à eux-mêmes, il leur allait dire, ou qu’ils avaient promis d’aller à la messe, et que s’ils prétendaient s’en dédire, il les ferait traiter comme des relaps ; ou qu’ils avaient mal parlé du gouvernement et des mystères catholiques, et que le seul moyen de se racheter d’une sévère punition était de se ranger à la religion romaine ; que l’affaire, ainsi amorcée et entamée sur des gens du commun, se poursuivit ensuite sur ceux d’une condition supérieure ; qu’en général l’artifice de l’intendant était de faire faire aux réformés, sous quelque prétexte, un premier acte extérieur qui pût être interprété pour une adhésion à la communion romaine, comme d’assister à un sermon, par curiosité ou par intimidation, et qu’ensuite, moyennant la peur d’être déclarés relaps et traités comme tels, il avait raison de son monde ; que, sans avoir eu besoin de demander des troupes, il s’était servi de celles qu’on faisait filer alors sur la frontière de l’Espagne et que commandait le marquis de Boufflers, et qu’il avait été commis par ces troupes, lui les dirigeant et les conduisant de ville en ville, de village en village, de véritables horreurs et cruautés.
Le talent lui-même y pousse : on veut sortir à tout prix du connu et du commun.
qu’on ne vienne plus tant parler de la Terreur rouge, ou plutôt qu’on en parle, mais en même temps que de la Terreur blanche, et dans un sentiment commun de réprobation et d’exécration.
mon cher ami, s’écriait-il, vous avez bien raison : sur ce grand fleuve de la vie, parmi tant de barques qui le descendent rapidement pour ne le remonter jamais, c’est encore un bonheur que d’avoir trouvé dans son batelet quelques bonnes âmes qui mêlent leurs provisions avec les vôtres et mettent leur cœur en commun avec vous.
Et toutefois il a exprimé, en plus d’un endroit de ses écrits, des vœux de méditation individuelle et de hauteur solitaire, si fervents, si profondément sentis, il a marqué un tel désir d’idéal et une telle prédilection élevée pour les sommets infréquentés de la foule, que l’on conçoit très-bien qu’il ait pu, par moments, regretter aussi de ne pas vivre en des temps où cette lutte sur un terrain commun et public, cette bataille à livrer en plaine, ne lui aurait point paru nécessaire.
Ils avaient cela de commun avec les Romains d’être ambitieux par orgueil autant que par intérêt ; ils voulaient non seulement acquérir, mais commander.
C’est ce qui faisait dire à Saint-Évremond encore, lorsqu’il voulait marquer le contraste étrange qu’il y avait de Corneille composant et s’exprimant avec sublimité au nom de ses personnages, à ce même Corneille conversant assez brusquement ou platement pour son compte dans la vie commune : « Il ose tout penser pour un Grec ou pour un Romain : un Français ou un Espagnol diminue sa confiance ; et quand il parle pour lui, elle se trouve tout à fait ruinée.
Dans les échecs des heureux, il y a toujours quelque chose qui console le commun du monde et qui ne déplaît pas.
Il comprit bientôt qu’on ne saurait être un vrai philosophe psychologue sans savoir d’une part la langue des mathématiques, cette logique la plus déliée, la plus pénétrante de toutes, et de l’autre l’histoire naturelle, cette base commune de la vie ; une double source de connaissances qui a manqué à tous les demi-savants, si distingués d’ailleurs, de l’école éclectique.
Il n’est pas en représentant ni en délégué ; il lui manque les insignes, le panache et l’écharpe ; il est en bourgeois, la tête couverte d’un chapeau ordinaire et commun, aux larges bords, les bras croisés, les cheveux longs, flottants, avec la queue derrière, dans l’attitude de l’observation sévère, ardente, pénétrante ; le profil est grave, attentif ; l’œil à moitié dans l’ombré lance un regard perçant : tout dans cette physionomie veut dire sévérité, vigilance, fermeté.
Comme jusqu’alors ses intentions avaient été droites, il désespéra de pouvoir jamais faire le bien, parce qu’on est toujours plus disposé à regarder comme impossible en soi ce qu’on n’a pas le courage de faire… C’est à ce point qu’était parvenu par degrés un homme qui, s’il fût né particulier, aurait été jugé, par son intelligence et son caractère, au-dessus du commun et ce qu’on appelle proprement un galant homme.
Il n’a point d’idée préconçue ; il ne se croit pas obligé de se cantonner dans un coin de la terre de Chanaan et de prendre pour belvédère la terrasse et la plate-forme étroite d’un petit peuple : il regarde droit en face et remonte d’abord au berceau manifeste de notre civilisation, à la source commune des races et des religions, à ce point central de l’Asie d’où elles découlent.
Marie-Thérèse, dans ses lettres à sa fille, a toujours soin de dissimuler le jeune parti autrichien ardent, et de présenter une Autriche à son image, ayant les mêmes intérêts que la France, les mêmes inclinations, les mêmes ennemis naturels, bien différente en cela de la Prusse et de la Russie, qu’elle confond volontiers dans une « réprobation commune » : « Qu’on ne se flatte pas sur cette dernière, dit-elle en parlant de la Russie et de l’impératrice Catherine ; elle suit les mêmes maximes que le roi (de Prusse), et le successeur (Paul Ier) est plus Prussien que ne l’était son soi-disant père (Pierre III), et que ne l’est sa mère qui en est un peu revenue, mais jamais assez pour rien espérer contre le roi de Prusse, pas même des démonstrations : très-généreuse en belles paroles qui ne disent rien, ou, selon la foi grecque : Græca fides.
C’est ainsi qu’à Dresde, en mai 1812, tous les souverains venus pour saluer humblement Napoléon, à son départ pour la campagne de Russie, eurent des conférences secrètes afin de s’entendre sur le parti à tirer de nos revers possibles en cette aventure lointaine ; et même, sans conférence et sans parole, il leur suffisait, pour s’entendre, de se regarder dans le blanc des yeux, tant ils étaient unanimes dans leur intime révolte et dans une haine commune !
Les doctrines religieuses, morales et politiques, les lois et les institutions qu’elles avaient consacrées, formaient comme un vaste édifice, demeure commune de la grande famille européenne.
L’éloquence orageuse de la Grèce, ni l’ingénieuse flatterie de la France ne sont faites pour les gouvernements aristocratiques : ce n’est ni le peuple, ni l’individu-roi qu’il faut captiver ; c’est un corps, c’est un petit nombre, mettant en commun ses intérêts séparés.
Mais il a agi sur quelques intelligences, quelques âmes d’élite, et par elles passe, par elles surtout passera dans le domaine commun de la pensée le meilleur de l’œuvre du maître.
Cela n’est pas si commun, du moins au degré où ce don était exigé ici.
» Rentre sous les communs niveaux, Lamentable Orphée en délire Qui veut toucher la grande lyre Et pour auditeurs dois élire, En place de tigres, des veaux.
La réforme religieuse et sociale viendra, puisque tous l’appellent ; mais elle ne viendra d’aucune secte ; elle viendra de la grande science commune, s’exerçant dans le libre milieu de l’esprit humain.
Pour s’absorber ainsi dans un grand corps, par lequel on vit, dont on fait sienne la gloire ou la prospérité, il faut avoir peu d’individualité, peu de vues propres, seulement un grand fond d’énergie non réfléchie prête à se mettre au service d’une grande idée commune.
Leurs intérêts et ceux de madame de Sévigné étaient liés, leurs goûts étaient communs.
Godard et moi : de quel point commun partirions-nous ?
Il faut aborder franchement l’œuvre nouvelle, pénible, compter dorénavant avec tous, tirer du bon sens de tous ce qu’il renferme de mieux, de plus applicable aux nobles sujets, vulgariser les belles choses, sembler même les rabaisser un peu, pour mieux élever jusqu’à elles le niveau commun.
Mais la concision n’exclut pas les liens communs de la parole ; et, faute de ces liens nécessaires la phrase de Pinel, sèche et maigre, a quelquefois un mouvement heurté qui la rend fatigante.
Les deux frères de Vendôme, le duc et le grand prieur, avaient longtemps vécu en commun, et Chaulieu était leur favori, leur conseil ; c’était une grave responsabilité au milieu d’un tel désordre.
Parlant de ceux qu’il avait interrogés, et même de deux pauvres filles esclaves qu’il avait fait mettre à la question, il reconnaît qu’il n’a pu apercevoir en eux tous d’autre crime qu’une mauvaise superstition et une folie : Ils assurent que toute leur faute ou leur erreur consiste en ceci, qu’ils s’assemblent à un jour marqué, avant le lever du soleil, et chantent tour à tour des vers à la louange du Christ, qu’ils regardent comme Dieu ; qu’ils s’engagent par serment non à quelque crime, mais à ne point commettre de vol ni d’adultère, à ne point manquer à leur promesse, à ne point nier un dépôt ; qu’après cela ils ont coutume de se séparer, et ensuite de se rassembler pour manger en commun des mets innocents… Pline et son oncle étaient des hommes humains, modérés, éclairés ; mais cette humanité des honnêtes gens d’alors était déjà devenue insuffisante pour la réformation du monde.
J’ai peine à le faire sans avertir M. de Chavigny, nos intérêts étant communs ; mais j’ose espérer que Sa Majesté daignera me garder le secret, comme je le garderai de mon côté religieusement. » Ces paroles étaient formelles ; mais Beringhen marqua qu’il désirait quelque gage plus précis et qui fît foi du succès de son message.
Et Mallet insiste en plus d’un endroit sur ce fanatisme d’égalité qui fait le fond de ce qu’il appelle la religion révolutionnaire. 2º Il n’est pas moins obligé de reconnaître, comme trait d’exception à cet égoïsme de la masse du public, le sentiment militaire dévoué : le soldat, l’officier a beau avoir son arrière-pensée, « des différences d’opinions et de motifs n’entraînent aucune différence dans la manière de combattre : un esprit, un sentiment communs animent tous les soldats.
Le Maistre, notre commun ami, m’avait autrefois fait avoir copie lorsque vous étiez les deux lumières du barreau !
» ce sont là les expressions les plus communes et les plus terre-à-terre ; le reste monte et s’élève à proportion, et se perd au plus haut de l’Empyrée.
en religion alors, en théologie, ce fut un peu de même ; il y eut une génération animée de zèle, qui essaya, non pas de renouveler ce qui, de soi, doit être immuable, mais de rajeunir les formes de l’enseignement et de la démonstration, de les approprier à l’état présent des esprits, de combattre certaines routines, certaines habitudes devenues rigides ou étroites, et de rendre le principe catholique respectable à ceux même qui le combattaient : « Pour agir sur le siècle, se dirent de bonne heure ces jeunes lévites, il faut l’avoir compris. » Des noms, j’en pourrais citer quelques-uns qui, avec des nuances et des différences que l’on sait dans le monde ecclésiastique, avaient alors cela de commun, de représenter la tête du jeune clergé intelligent et studieux : M.
Il était de ceux qui, à cette date, pouvaient se dire des plus éclairés dans le sens moderne ; il avait causé à Dantzig avec l’illustre astronome Hévélius et avait recueilli de sa bouche les notions les plus exactes de l’univers physique ; il avait acquis, chemin faisant, sur les différentes familles de langues et sur leur génération relative, des idées très justes aussi et qui n’étaient pas communes en ce temps.
Vous pouvez, pour votre compte, trouver aisé de vivre une vertueuse vie sans l’assistance donnée par la religion, vous qui avez une claire perception des avantages de la vertu et des désavantages du vice, et qui possédez une force de résolution suffisante pour vous rendre capable de résister aux tentations communes.
Il y en avait dans toutes les villes ; on eût pu, grâce à lui, réviser le Dictionnaire des communes de France en ajoutant, après le nom de la ville et de ses spécialités industrielles, le nom de son poète : Pithiviers, pâté d’alouettes : poète Jules Béor.
Le lion s’est laissé rogner les ongles, par son amour de l’Angleterre, dans cette suite d’articles de revue ou de journal, réunis sous un titre commun après avoir été écrits et dispersés à des dates différentes.
Il dit : « la cité » pour la ville, et il demande que l’autel des relevailles pour la femme accouchée soit à la commune.
Au cours des vicissitudes de l’invasion et de la Commune, quelques âmes chrétiennes appartenant au clergé ou y touchant de près, en présence d’une si épouvantable succession de troubles et de déroutes, sentant le sol de la patrie chavirer sous leurs pas, eurent l’inspiration dont sont saisis, en pareille circonstance, les fidèles de toutes les religions.
Les disciples récents n’y ont rien ajouté ; s’ils ont travaillé à l’œuvre commune, c’est par des retranchements et des omissions.
Après avoir classé les parties et les opérations de ce corps vivant, et considéré quelque temps leurs rapports et leurs suites, je dégage un fait général, c’est-à-dire commun à toutes les parties du corps vivant, et à tous les moments de la vie : la nutrition ou réparation des organes.
Quantité de communes réclamaient leur église, leur presbytère, leurs cloches, les signes extérieurs du culte. […] Le Directoire avait adressé au conseil des Cinq-Cents un message dans lequel il était rendu compte des crimes commis par des brigands connus sous le nom de chauffeurs ou de compagnons de Jésus, qui infestaient la commune de Lyon. […] De toutes les communes de la République, il n’en est aucune où la rage révolutionnaire ait exercé ses fureurs avec plus d’atrocité qu’à Lyon ; il n’y a pas une famille qui n’ait à y pleurer la perte d’un parent, d’un ami : la réaction dont on se plaint n’est-elle donc pas, jusqu’à un certain point, naturelle ?
Il écrit : « Son classicisme même n’est qu’une feinte suprême pour masquer la révolte de son âme où les démons assemblés se disputent. » Il ajoute : « Il n’y a qu’un mot pour définir un tel homme, mot réservé et dont l’usage est rare, car la conscience dans le mal, la volonté de perdition ne sont pas si communes : c’est celui de démoniaque. […] Cette vérité commune admet sans doute que chacun doit suivre sa vocation, et que les grands écrivains sont originaux. […] Liés par leur commune et précoce passion de la littérature, ils devinrent des amis.
Deux traits leur sont communs et leur sont propres. […] Elle voit des tentations dans ses faiblesses ; elle sait que « Lucifer est toujours prêt à pousser en avant son ouvrage et ses ouvriers1042 » ; elle est pénétrée de la grande idée chrétienne qui nivelle toutes les âmes devant la rédemption commune et le jugement final ; elle se dit que « son âme est égale en importance à l’âme d’une princesse, quoique sa qualité soit inférieure à celle du moindre esclave1043. » Blessée, frappée, abandonnée, trahie, il n’importe ; la conscience et la pensée d’une éternité heureuse ou malheureuse sont deux défenses que nul assaut ne peut emporter. […] Mais en même temps, pour civiliser cette barbarie et maîtriser cette violence, une faculté paraît, commune à tous, auteurs et public : la sérieuse réflexion attachée à observer les caractères.
Parler en public, c’est vulgariser les idées ; c’est tirer la vérité des hauteurs où elle habite avec quelques penseurs pour la faire descendre au milieu de la foule ; c’est la mettre au niveau des esprits communs qui, sans cette intervention, ne l’auraient jamais aperçue que de loin, et bien au-dessus d’eux. […] Tous ces dons sont communs aux orateurs ; on les retrouve avec des proportions et des degrés différents chez des hommes comme Cicéron et Tite-Live, comme Bourdaloue et Bossuet, comme Fox et Burke. […] Là, se montraient les charmes voluptueux de celle à qui l’héritier du trône avait en secret engagé sa foi ; là aussi était cette beauté, mère d’une race si belle, la sainte Cécile dont les traits délicats, illuminés par l’amour et la musique, ont été dérobés par l’art à la destruction commune ; là étaient les membres de cette brillante société qui citait, critiquait et échangeait des reparties sous les riches tentures en plumes de paon qui ornaient la maison de mistress Montague ; là enfin, ces dames dont les lèvres, plus persuasives que celles de Fox lui-même, avaient emporté l’élection de Westminster en dépit de la cour et de la trésorerie, brillaient autour de Georgiana, duchesse de Devonshire1380.
Trop de textes, s’écrient-ils d’un commun accord ! […] Pourquoi au moment où la propriété immobilière, par le fait de la législation sur les loyers se voit si grièvement sacrifiée à l’intérêt social, accorderait-on un privilège tout à fait exorbitant du droit commun à un genre de propriété aussi particulier, aussi indifférent à l’intérêt social, enfin aussi privilégié déjà que la propriété des lettres missives ? […] C’est probablement là le point de vue légal, et il serait urgent de nous concerter en vue d’une action commune contre la pratique qui consiste à se passer de l’autorisation de l’auteur.
Ils voulaient que leur livre commun fût à la poésie ce que le Salon annuel est à la peinture. […] Attirés les uns vers les autres par leur commun amour de l’art, unis dans le respect des maîtres et dans une égale foi en l’avenir, ils ne prétendaient en aucune façon s’engager à suivre une voie unique. […] Unis par un commun enthousiasme pour le même idéal, nous nous aimions, certes, de tout notre cœur, mais nous ne nous flattions guère. […] Naturellement, entre ce groupe de tribuns futurs et notre groupe, à nous, purement littéraire, il était difficile qu’il s’établit une entente très profonde, et d’un commun accord, instinctif, ils avaient choisi l’un et l’autre des lieux d’action différents. […] Les inventions d’un délicat esprit, les tendresses d’un cœur discret, sont-elles choses si communes qu’elles ne vaillent pas la peine d’être cherchées ?
Je vous rappelle qu’une représentation à Rome, au temps des Scipions, n’avait pas grand’chose de commun avec une représentation du Vaudeville ou des Variétés. […] Le duc Job n’a rien de commun avec le burgrave épique de Hugo, oh ! […] L’esprit de la plupart de ces mots, c’est un pessimisme de soupeur, et qui n’a rien de commun avec celui que M. […] Car elle vise, dans un cas particulier, une forme d’hypocrisie, une variété de « direction d’intention » très commune, très répandue, très populaire. […] Or, rien de plus commun que cette rupture d’équilibre : c’est presque la règle, et de là la continuelle inquiétude des hommes.
Le commun des hommes est-il capable de traverser la vie avec un simple viatique de vérités démontrées ? […] Ce noble esprit, dont le souvenir est inséparable de l’œuvre scientifique de ce siècle, a pris dans la tâche commune, la part la plus malaisée : il a voulu décrire la genèse des littératures, des œuvres d’art et des systèmes politiques. […] Un romantique, désabusé par Sainte-Beuve, découragé par la Révolution de 1848, effrayé par le suffrage universel, épouvanté par la Commune, dégoûté par M. […] Il connut, dans les bureaux de cette revue, Thalès Bernard, petit-fils d’un membre de la commune de 1793, employé au ministère de la guerre et secrétaire de l’helléniste Philippe Le Bas, lequel était maître de conférences à l’École normale. […] Et sa souffrance, étrangère aux motifs qui font palpiter le cœur du commun des hommes, ne pouvait pas être comprise par les multitudes.
Son Abrégé chronologique parut en trois volumes (1667) ; il s’était fait aider, pour la partie ecclésiastique, du docteur Launoy, esprit critique, et qui avait un coin d’originalité en commun avec lui.
… C’est une pièce sur un défaut assez commun, mais qui n’est pas le vôtre, celui de ne rien faire, de remettre toujours au lendemain, de perdre son temps en niaiseries.
Après avoir relevé la fadeur et le vague des tons, quelques beaux vers perdus dans une foule de vers communs, la vie champêtre vue de trop loin, regardée de trop haut, sans étude et sans connaissance assez précise, il se demande comment M. de Saint-Lambert, qui passe une partie de sa vie à la campagne, n’a pas mieux vu, n’a pas mieux saisi et rendu tant de scènes réelles, de circonstances familières et frappantes : Pourquoi M. de Saint-Lambert n’a-t-il pas trouvé tout cela avant moi ?
Tout le temps que Cowper fut entre ces deux femmes (car bientôt lady Austen devint leur proche voisine, et leur journée était en commun), il eut tout ce qu’il pouvait désirer pour son talent de poète, à savoir, l’impulsion et la critique. « Sans Mme Unwin, il est probable qu’il ne fût jamais devenu auteur, et sans lady Austen, il ne fût jamais devenu un auteur populaire », a dit très judicieusement Southey.
On a dit que, s’étant fait un point d’honneur de ne jamais parler des personnes d’une naissance commune, M. de Noyon avait affecté de ne rien dire de son prédécesseur Barbier d’Aucour.
Ce que je dois à ma religion, à ma patrie, à l’Académie française, à l’honneur que j’ai d’être un ancien officier de la Maison du roi, et surtout à la vérité, me force de vous écrire ainsi… Voltaire, absent de Paris depuis des années, et qui depuis sa première jeunesse n’y avait jamais, à l’en croire, demeuré deux ans de suite, avait contre ce monde parisien dont il était l’idole une prévention invétérée : « L’Europe me suffit, disait-il un peu impertinemment ; je ne me soucie guère du tripot de Paris, attendu que ce tripot est souvent conduit par l’envie, par la cabale, par le mauvais goût et par mille petits intérêts qui s’opposent toujours à l’intérêt commun. » Il croyait sincèrement à la décadence des lettres, et il le dit en vingt endroits avec une amère énergie : « La littérature n’est à présent (mars 1760) qu’une espèce de brigandage.
Mais vous êtes ardent, bilieux, plus agité, plus superbe, plus inégal que la mer, et souverainement avide de plaisirs, de science et d’honneurs ; moi, je suis faible, inquiet, farouche, sans goût pour les biens communs, opiniâtre, singulier, et tout ce qu’il vous plaira.
Mais Commynes est pour l’impôt librement consenti, pour le droit des communes, et non pour ce droit divin, pour ces prérogatives absolues que revendiquait Jacques, et dont la chimère obstinément poursuivie perdit sa race.
il viendra, quelques années après, un sage appelé Montaigne qui remettra tout à sa place et à son rang dans l’estime, et qui ayant à développer cette idée, qu’un père sur l’âge, « atterré d’années et de maux, privé par sa faiblesse et faute de santé de la commune société des hommes, se fait tort et aux siens de couver inutilement un grand tas de richesses, et que c’est raison qu’il leur en laisse l’usage puisque la nature l’en prive », ajoutera pour illustrer sa pensée : « La plus belle des actions de l’empereur Charles cinquième fut celle-là, à l’imitation d’aucuns Anciens de son calibre, d’avoir su reconnoître que la raison nous commande assez de nous dépouiller, quand nos robes nous chargent et empêchent, et de nous coucher quand les jambes nous faillent : il résigna ses moyens, grandeur et puissance à son fils, lorsqu’il sentit défaillir en soi la fermeté et la force pour conduire les affaires avec la gloire qu’il y avoit acquise : Solve senescentem… » Mais entrons un peu plus avant dans les raisons qui persuadèrent à une de ces âmes d’ambitieux, si aisément immodérées, d’en agir si sensément et prudemment.
C’est dans une de ces lettres de Thomas que je lis à propos de la mort d’un de leurs amis communs, Saurin : « Il ne sera pas aisément remplacé avec tout ce qu’il avait.
Mais que ce premier groupe confus, où se dessinaient tant de promesses, et s’avançant sous une inspiration commune, sous un même souffle, avant les divisions et les rivalités introduites bientôt par la critique, avait pourtant un charme, une nouveauté, un air d’union et de force, quelque chose dont l’impression ne s’est plus retrouvée depuis à ce degré, même quand chacun s’est ensuite développé dans sa voie !
Cette première chimère s’évanouissant, et comme pis aller, il crut devoir se mettre en mesure pour le cas très vraisemblable où il serait nommé chancelier, et il prit pour guide dans l’étude des lois civiles un homme des plus habiles en cette branche, Jean Legendre, qui n’a rien de commun avec le nôtre, avec l’abbé de ce nom.
Parmi les sujets que vient de reproduire excellemment la photographie, je ne puis m’empêcher de signaler encore, pour le dessin comme pour le sentiment, cette scène de l’homme du peuple, de l’ouvrier faisant choix d’une épouse, lui posant la main sur l’épaule, et dans un langage grossier, que la légende a rendu au naturel, lui déclarant une affection grave pourtant et des plus sérieuses : l’attitude et le visage de cette femme debout, les yeux baissés, acceptant avec simplicité une vie commune qui lui sera rude, ont un véritable caractère de chasteté.
» Il le redit, non moins excellemment, dans un article sur Ary Scheffer, en faisant remarquer que cet esprit si distingué et si élevé n’a pas assez compris que la pensée pittoresque n’avait rien de commun avec la pensée poétique : « Un effet d’ombre ou de clair, une ligne d’un tour rare, une attitude nouvelle, un type frappant par sa beauté ou sa bizarrerie, un contraste heureux de couleur, voilà des pensées comme en trouvent dans le spectacle des choses les peintres de tempérament, les peintres nés. » Aussi, tout en rendant justice aux sentiments et aux intentions épurées de ce « poète de la peinture » comme il l’appelle, il ne l’a loué en toute sincérité et franchise que pour certains portraits où le sens moral n’a fait qu’aiguiser l’observation et donner plus de vie à la vérité.
Ce n’est pas lui qui raillerait son ami et son élève de dégénérer en père de famille ; il l’y encourage au contraire, il prend intérêt à sa jeune femme et à leur commun bonheur.
Rien n’est plus commun, au reste, que ce genre d’illusion chez les auteurs comme chez les pères.
Livrée à elle-même, elle est à l’allégresse ; elle a besoin de s’avertir, de se donner de temps en temps un coup de coude, pour se reprendre aux douleurs communes et aux angoisses.
Grote par le cas le moins compliqué et qui souffre le moins d’objections), l’Odyssée est manifestement un poëme qui se tient, qui a dû se tenir toujours et se lier dès le principe par une suite d’aventures concourant à un but commun qui est le retour d’Ulysse, sa reconnaissance par les siens et sa victoire sur les prétendants.
Est-ce donc chose si commune et dont il faille faire si bon marché ?
Hommage solennel et attendrissant, quand il est pur des intérêts de parti ou des prestiges de la puissance, quand il s’adresse au simple particulier, et qui atteste sincèrement alors que l’homme de talent qu’on pleure eut en effet avec la foule, avec la majorité des autres hommes, des qualités communes affectueuses, de bons et généreux sentiments, des sympathies patriotiques et humaines !
A force d’or et de diamants, prodigués par la famille et les amis du dehors à l’un des geôliers, il était parvenu à s’évader et vivait dans une cachette sûre ; mais quelqu’un raconta devant lui que son avocat venait d’être arrêté comme soupçonné de lui donner asile : M. de Flahaut, pour justifier l’innocent, quitta sa retraite dès six heures du matin, et se rendit à la Commune où il se dénonça lui-même ; il fut peu de jours après guillotiné.
Mais l’âme ardente, la faculté d’indignation généreuse et de dévouement, l’énergie de sentir, voilà surtout ce qu’elles avaient de commun, et ce par quoi l’auteur d’Édouard était sœur au fond, sœur germaine de l’auteur de Delphine.
Il lui apprend le patriotisme par le récit des exploits de ses héros, qui quittent leur royaume paternel, qui s’arrachent des bras de leurs mères et de leurs épouses pour aller sacrifier leur sang dans des expéditions nationales, comme la guerre de Troie, pour illustrer leur commune patrie ; il lui apprend les calamités de ces guerres dans les assauts et les incendies de Troie ; il lui apprend l’amitié dans Achille et Patrocle, la sagesse dans Mentor, la fidélité conjugale dans Andromaque ; la piété pour la vieillesse dans le vieux Priam, à qui Achille rend en pleurant le corps de son fils Hector ; l’horreur pour l’outrage des morts dans ce cadavre d’Hector traîné sept fois autour des murs de sa patrie ; la piété dans Astyanax, son fils, emmené en esclavage dans le sein de sa mère par les Grecs ; la vengeance des dieux dans la mort précoce d’Achille ; les suites de l’infidélité dans Hélène ; le mépris pour la trahison du foyer domestique dans Ménélas ; la sainteté des lois, l’utilité des métiers, l’invention et la beauté des arts ; partout, enfin, l’interprétation des images de la nature, contenant toutes un sens moral, révélé dans chacun de ses phénomènes sur la terre, sur la mer, dans le ciel ; sorte d’alphabet entre Dieu et l’homme, si complet, et si bien épelé dans les vers d’Homère, que le monde moral, le monde matériel, réfléchis l’un dans l’autre comme le firmament dans l’eau, semblent n’être plus qu’une seule pensée et ne parler qu’une seule et même langue à l’intelligence de l’aveugle divin !
Mais ces données serviront à mettre en lumière des sentiments de l’âme humaine, des effets de mécanique et de chimie morales, qu’on aurait beaucoup plus de peine à observer dans les conditions fortuites et communes de la vie.
Tous ces mondes, quoique très divers entre eux, avaient cependant des rites communs, un ensemble de préjugés et de conventions, une tenue extérieure, une hypocrisie bienfaisante, une commode exagération de politesse… Tout cela a été fort entamé depuis trente ans.
La cause du commun supplice de Claude et de Christine pouvait ainsi revêtir une forme concrète.
Pour la vie matérielle, il suffirait de se rappeler « la loi de fraternité que, seule, pourra réaliser la mise en commun » des indifférentes richesses d’en bas.
Et puis, s’il faut le dire, je ne vois pas ce que gagne la dignité commune à ce dénigrement perpétuel d’une profession honorée par de si grands talents, de si purs caractères.
« Je voudrais, dit-il encore, se définissant lui-même à merveille, je voudrais faire passer le sens exquis dans le sens commun, ou rendre commun le sens exquis. » Le bon sens tout seul l’ennuief ; l’ingénieux sans bon sens lui paraît à bon droit méprisable : il veut unir l’un et l’autre, et ce n’est pas une petite entreprise : « Oh !
La révolution de février 1848 porta le père Lacordaire à l’Assemblée nationale ; il put croire un moment qu’au milieu d’une grande œuvre commune de reconstruction il y aurait lieu quelquefois à une parole religieuse extra-parlementaire.
À travers les interruptions et les intervalles, il y a ceci de commun entre le début de 1826 et la reprise de 1850, qu’il publiait alors cette Histoire comme une leçon donnée au temps présent, et que c’est encore à titre de leçon donnée à notre temps qu’il y revient aujourd’hui.
À côté de la grande édition in-4º, il s’en publie une en plus petit format, à l’usage du commun des lecteurs ; cette petite édition, qui se vend, est plus facile à trouver.
Mais ce qui est remarquable et ce qui constitue en quelque sorte la partie judicieuse de ces compositions badines, c’est cette pensée qui lui était commune avec les meilleurs et les plus vaillants esprits de cette seconde génération du xvie siècle, qu’il fallait, étant né Français, écrire en français.
Henri Chevreau et Laurent-Pichat, qui ont publié en commun un recueil de vers, Les Voyageuses (1844), butin rapporté d’un voyage fait ensemble par les deux amis en Grèce et en Orient.
Cependant, oubliant nos intérêts communs, elle s’est livrée tout entière à une inimitié que j’ignorais, et n’a songé qu’à contredire ceux qui ont été chargés de nos affaires.
Il était impossible qu’une conversation dont elle était tombât dans le nul ou dans le commun ; toujours elle la relevait par une saillie, une gaieté, un trait d’ironie ou de satire, ou même un mot d’une douce philosophie.
Sans ambition, sans passion violente, entremêlant une libre étude, souvent opiniâtre, à des distractions de société, à des lectures en commun, à de petits concerts, négligé et oublié de son évêque, il vivait ordinairement à Aubagne au sein de sa famille et faisait de temps en temps à Marseille ou à Aix des voyages qui entretenaient ses relations avec les savants du pays.
Remarquez que dans cette lettre adressée à Marguerite en 1525, et dans une autre lettre qui suivit d’assez près, Érasme la remerciait et la félicitait pour les services qu’elle ne cessait de rendre à la cause commune de la littérature et de la tolérance.
Et, de l’anecdote concernant Mme du Barry, il passe à l’histoire de ses papiers de famille, qu’on lui a volés, pendant la Commune, et qu’on vient de lui offrir à vendre.
Il est improbable que le commun des poètes s’approprie les secrets de cet art aussi facilement que les procédés parnassiens ; mais, quels que soient l’avenir et la destinée de cette poétique, il reste que par Moréas, Gustave Kahn, Vielé-Griffin, Verhaeren, Henri de Régnier (car les recherches et les résultats furent parallèles) un vers plus libre est possible en France et, avec ce vers, des laisses d’aspect nouveau, et avec ces laisses, des poèmes assez différents, en ce qu’ils ont d’acceptable et de très bon, pour justifier des espoirs qui n’avaient paru d’abord que d’obscurs désirs.
Qu’ont-ils de commun ?
Son historique de la question est d’ailleurs exact, et il a vu la différence entre le vers libéré, verlainien, et le vers libre fort nettement, s’il s’est un peu borné en sa nomenclature des poètes participant au premier de ses mouvements, assez parents tous deux pour que le groupe symboliste avec ses aînés admirés et tels prosateurs fût suffisamment uni quelque temps par une similitude momentanée de vues ; les idées d’affranchissement et de complexité plus grande prêtant le terrain commun.
Jamais, ou bien rarement, il s’est aventuré sur la terre commune, celle où l’être humain, dépouillé des oripeaux de la convention sociale, nu et désarmé, lutte, souffre et meurt.
Qu’est-ce l’histoire du Corrége et la vente des tableaux de Mr De Julienne ont de commun avec l’exposition publique et le sallon ?
La peinture et la sculpture, il est vrai, sont deux soeurs, mais elles ne sont pas dans une union si parfaite, que toutes leurs destinées leur soient communes.
c’est le sort commun.
Seulement, il s’attribue en propre ce qui est du domaine commun de l’esprit, et s’imagine avoir découvert ce qu’il n’a fait ; qu’exagérer ou corrompre.
Les autres, malgré l’apparente divergence de leurs idées, ont un principe commun : le Dogme ; ils ne représentent que le passé, sous quelque forme que ce soit.
Son ontologie, à, lui, n’a rien de commun avec leurs ontologies, à eux.
C’est une organisation d’artiste réfléchie qui sait plonger également dans la rêverie et la réalité à je ne sais combien de brasses, et nous en rapporter parfois des choses effrayantes ou charmantes, inconnues à la lumière des livres communs… Seulement, il n’a besoin de se mettre derrière personne : ni derrière Quincey, ni même derrière Poe.
Ainsi, dès Marie, dès son premier souvenir et son premier poème, le Breton s’interrompt dans Brizeux, et l’homme moderne, l’homme des langages les plus communs de ces temps, apparaît.
Si vous dites que le pouvoir de se résoudre est le moi, vous prononcez qu’une simple qualité commune à plusieurs faits est l’âme.
Il fit voir à tout le monde que nous avons connaissance de nos sensations, de nos idées, de nos plaisirs, de nos peines, de nos désirs, de nos résolutions ; que cette connaissance est perpétuelle ; qu’elle est commune à tous les hommes ; que ni les yeux, ni les oreilles, ni les mains, ni aucun sens n’y a part ; que néanmoins elle est indubitable, et que lorsque nous mangeons une pêche, nous ne sommes pas plus assurés de la présence de la pêche que de la présence de notre plaisir.
Dans la liberté d’écrire qui était dès longtemps le droit commun des Anglais, et parmi les hommes d’étude et de talent dont elle faisait la force, on rêvait volontiers quelque chose au-delà de cette liberté bien acquise et peu gênée.
Avec Guivard, à frais communs, il ouvrit un cours ; les élèves affluèrent. […] Tout cela, dans les années qui ont suivi la guerre et la Commune. […] Giraudoux consent à employer le commun langage. […] Il ferait donc cause commune avec les illettrés, par un scrupule de sottise, et avec la barbarie montante. […] Objets ou idées et leurs mots sont de vieux compagnons, pleins de communs souvenirs ; ne les traitez pas comme s’ils venaient de se rencontrer.
Je mets donc en fait, d’une façon peut-être un peu présomptueuse, mais il me semble, tout de même, justifiée, que les hésitations et peut-être les piétinements de l’étude que nous entreprenons en commun sont inévitables et ne devront pas m’être imputés à crime. […] Je ne sais comment le définir cet esprit, tant il est d’essence particulière, tant on le trouve rarement même dans la vie commune, même chez les gens qui n’écrivent pas. […] Rapprochement par association d’impressions reçues à des moments divers du temps, analyse de leurs éléments communs, bond subit de la pensée qui franchit l’obstacle dressé par la censure du sujet et trouve ce qu’il y a derrière, ce qui se cache dans sa pensée, ce qui produit tous ces symptômes si mal en place, si peu congruents avec la situation affichée et reconnue. […] Il y a chez nos deux auteurs, de toute évidence, l’idée commune que l’amour existe tout entier à l’avance chez le sujet et que l’attribution qui en est faite à telle ou telle personne n’est provoquée que par le hasard. […] Et encore, si nous prenons maintenant les deux partenaires de l’amour ensemble, n’est-il pas vrai que les moments d’accord profond entre eux, d’enthousiasme commun, de reconnaissance intime de l’un par l’autre, de véritable mutuelle possession, s’il y en eut jamais de tels, n’ont été dus, dans tous les cas, qu’à une phrase que l’un des deux avait délibéré de dire et où il ne s’était pas mis du tout d’abord, qu’à un accident de la conversation, qu’à une erreur, qu’à une parole insincère ?
C’est ne pas la mépriser trop pourtant, cette commune humanité dont on rit, dont on est, et dans laquelle on se replonge chaque fois avec lui par une hilarité bienfaisante. […] La création de l’œuvre de Molière embrasse tout, depuis la simple farce jusqu’à la comédie, qui atteint chez lui des proportions tragiques ; presque toujours il a fustigé les folies, les vices, les passions qui forment le lot commun de l’espèce humaine ; mais souvent aussi il est descendu en lui-même, et il a mis à nu sa propre souffrance, ouvertement et sans égards pour lui-même. […] J’aime la vie tranquille et la mienne est agitée par une infinité de détails communs et turbulents, sur lesquels je n’avais pas compté dans les commencements, et auxquels il faut absolument que je me donne tout entier malgré moi. […] Par exemple, Isabelle se plaint que son mari ne croit pas à la vertu des femmes : Pour leur commun malheur il s’est mis dans la tête Qu’à moins que de l’épreuve, il n’en est point d’honnête. […] À propos de Lulli, le factum s’exprime ainsi : « Cet homme n’est pétri que d’ordure et de boue… Le hasard le jeta dans le commun de Mademoiselle parmi les galopins ; il sut adroitement se tirer de la marmite avec son archet… Les gazettes étrangères, au sujet d’un méchant feu d’artifice qu’il s’avisa de faire vis-à-vis sa maison en l’année 1674, publièrent partout que, s’il n’avait pas réussi dans ce feu-là, on réussirait mieux en celui qu’il avait mérité en Grève. » Et à propos de la femme de Molière : « La Verdier, la Brigogne, cette prostituée, chanteuse de l’Opéra, la Molière, cette comédienne de tous les théâtres, étaient des créatures publiques de toutes les manières… » À la suite de ces citations, je rencontre encore dans Le Quérard (p. 641) une note sous forme de lettre, qu’il est peut-être bon de citer ici : Molière copiste.
Il n’en a pas moins subi la loi commune. […] Il avait signifié dans Mardoche à l’« école rimeuse » qu’il ne voulait rien avoir de commun avec elle : Les Muses visitaient sa demeure cachée, Et, quoiqu’il fît rimer idée avec fâchée, On le lisait…. […] Toutes ces chastes héroïnes ont deux traits en commun. […] Les caractères sont vraiment pris dans un monde bien étrange : cet oncle sermoneur et bourru qui finit par se griser ; ce jeune homme fat et grossier plutôt qu’aimable et spirituel ; cette petite fille franche petite coquine, vraie modiste de la rue Vivienne, qu’on nous donne pour une Clarisse, qui vraiment n’est pas faite pour ramener un libertin autrement que par un caprice dont il se repentira le quart d’heure d’après ; cette baronne insolente et commune, qu’on nous présente tout d’un coup à la fin comme une mère de charité ; — tout cela est sans tenue, sans consistance, sans suite. […] Quand l’amoureux n’est pas Musset en chair et en os, il est rare qu’il n’ait pas du moins avec lui quelque trait, quelque aventure en commun.
De commun accord ils prièrent le noble chef, l’homme très-beau, de partager le trésor entre eux. […] J’y laisserai ma vie, ou vous serez ma femme. » « Quand la reine entendit ces paroles, elle ordonna de préparer les jeux suivant la commune. […] Nous devons tous cacher le fait et dire d’un commun accord : L’époux de Kriemhilt, étant allé chasser seul, des brigands l’ont tué, tandis qu’il chevauchait à travers les sapins. » « Hagene de Troneje répondit : « Je le ramènerai moi-même au palais.
Il lui aurait dit que Maxime Ducamp avait écrit une « Histoire de la pornographie sous la Commune », histoire dans laquelle il affirme que le général Eudes avait fait fusiller Beaubourg, parce qu’il l’avait trouvé le cocufiant. […] D…, qui a beaucoup approché Thiers, pendant la Commune, nous entretient du petit homme, dont il cite deux ou trois traits d’impolitesse et de manque d’éducation. […] le grand inventeur d’idéalité que l’homme, et ce qu’il a fabriqué dans cette vision, d’étrange, de surnaturel, avec la matière même d’étoffes communes et d’une lumière canaille !
Gabriel Charmes est un de ceux qui ont le mieux compris l’usage qu’il faut faire de la puissance du livre, un de ceux qui ont le mieux senti que le résultat le plus clair de la littérature c’est de faire entrer, de gré ou de force, dans le domaine commun, dans les esprits les plus rebelles et les âmes les plus rétives, les idées, les sentiments, la science de l’élite. […] « Dans vingt ans d’ici, disait-il à la jeunesse française, dans la préface du Disciple, vous aurez en main la fortune de cette vieille patrie, notre mère commune. […] Le troupeau devient une tribu, avant de prendre la figure d’une nation ; et, à certains jours, un culte commun, né d’une commune terreur, réunit tous les hommes de la horde. […] Mais il est certain que le défaut commun à tous ceux qui écrivent des romans historiques, c’est une tendance à mettre dans leur narration tout ce qu’ils savent. […] Il faut secouer le spleen de ce conscrit, spleen sans malice, puisque, si ses mains sont un peu gauches au début, si son esprit est un peu distrait, cela vient de ce qu’il est bon sujet, bon fils, considéré par les conseillers municipaux de sa commune.
Certes, et l’on ne saurait trop le redire, il a fait preuve d’une vigueur et d’une opiniâtreté d’observation peu communes, d’une faculté de déduction très sûre, d’une incroyable volonté d’intelligence. […] Pour la plus grande facilité des rapports, une ligne à la craie y figure la cloison… Et voilà la littérature en commun organisée ! on rêve, on pense, on combine, on compose en commun ! […] Qui sait si la foule n’applaudit pas les drames de Victor Hugo seulement pour ce qu’ils ont de commun avec ceux de M. d’Ennery ?
Ainsi je vous parlerai de tout ce qui nous aura frappés, mais non pas de tout ce qui aurait mérité de nous frapper ou de nous occuper dans la vie en commun, car cette vie, lorsqu’elle se passe aux champs, est pleine de lacunes et d’imprévus. […] Ce délai n’offrirait pas de dangers pour la santé publique ; les fonctionnaires particuliers, payés par les communes, veilleraient aux premiers symptômes de la putréfaction, seul indice certain de la mort, les médecins l’avouent et plusieurs le déclarent. […] Aussi n’hésita-t-il pas à s’en emparer ; car, aussitôt émise, toute forme devient une propriété commune que tout poète a droit d’adapter à ses idées ; et ceci est encore la source d’une grave erreur, dans laquelle est tombée trop souvent la critique de ces derniers temps. […] Le Génie. — Si, comme tu le dis, ton essence est semblable à la nôtre, nous avons répondu en te disant que ce que les mortels appellent la mort n’a rien de commun avec nous. […] Il a dit lui-même un grand mot d’artiste et de plébéien, le jour où il a répondu à quelqu’un qui lui disait qu’il n’avait rien de commun avec les Balzac d’Entragues : « Eh bien, tant pis pour eux !
Balfour peut imposer le « régime de droit commun par ses réglements sur les prisons », il ne saurait empêcher « la hauteur de pensée », non plus que limiter, gêner en quoi que ce soit la liberté d’une âme d’homme. […] Bayliss ait à nous offrir, c’est que la Chambre des Communes devrait faire choix, chaque année, d’un événement de l’histoire nationale et contemporaine et le faire connaître aux artistes qui désigneraient l’un d’entre eux pour en faire un tableau. […] C’est cette étrange mêlée d’hommes qu’a réunis un moment une passion commune. […] Morris est, d’un bout à l’autre, une pure œuvre d’art, et la distance même qui sépare son style du commun langage et des intérêts terre à terre de notre temps, donne à tout le récit une étrange beauté, un charme qui n’a rien de familier. […] Cette vue séduisit tellement un certain artiste du monde des étudiants, qu’il se hâta d’écrire un article sur quelques analogies restées inaperçues entre le développement des idées et les mouvements du crabe marin commun.
Il fait bondir la chèvre et mugir la génisse ; Et les oiseaux des bois, sous son rayon propice, Célèbrent à l’envi leur bonheur le plus vif Par mille tours joyeux : mais toi, seul et pensif, Tu vois tout à l’écart, sans te joindre à la bande, Sans ta part d’allégresse en leur commune offrande ; Tu chantes seulement : ainsi fuit le meilleur, Le plus beau de l’année et de ta vie en fleur. […] Les lecteurs de Pétrarque ne sauraient désirer un meilleur guide dans les mille sentiers du charmant labyrinthe ; il s’y moque finement, à la rencontre, du commun des lettrés italiens qui ne remontaient ni si haut ni si avant.
Il y a trois divisions de la bouche158 : la première pour le roi et ses enfants en bas âge ; la seconde, nommée petit commun, pour la table du grand maître, pour celle du grand chambellan et pour celle des princes et princesses qui logent chez le roi ; la troisième, nommée grand commun pour la seconde table du grand maître, pour celle des maîtres d’hôtel, pour celle des aumôniers, pour celle des gentilshommes servants et pour celle des valets de chambre : en tout 383 officiers de bouche, 103 garçons et 2 177 771 livres de dépense ; outre cela 389 173 livres pour la bouche de Madame Élisabeth, et 1 093 547 livres pour celles de Mesdames, total 3 660 491 livres pour la table.
C’est cet esprit, qui, commun à ce moment à l’Angleterre et à la France, imprime son image dans la diversité infinie des œuvres littéraires, en sorte que dans son ascendant partout visible on ne peut s’empêcher de reconnaître la présence d’une de ces forces intérieures qui ploient et règlent le cours du génie humain. […] Vous croiriez être devant une famille naturelle de plantes ; si la grandeur, la couleur, les accessoires, les noms diffèrent, au fond le type ne varie pas ; les étamines sont en nombre pareil, insérées de même, autour de pistils semblables, au-dessus de feuilles ordonnées sur le même plan ; qui connaît l’une connaît les autres ; il y a un organe et une structure commune qui entraîne la communauté du reste.
Lorsqu’il s’est éveillé ce matin à neuf heures, il ne savait où il était, ni comment il était parvenu sur son lit ; il n’avait pas fait un mouvement de toute la nuit. » Ces lettres sont pleines de ces minuties de père, de mère, de nourrice, qui se mêlent comme dans la vie commune aux miracles de l’enfance du génie. […] « Nous vous félicitons, écrivent-ils à Salzbourg, pour votre commun jour de fête (la mère et la fille s’appelaient Nanerl), en vous souhaitant une bonne santé et avant tout la grâce de Dieu : c’est l’unique nécessaire, le reste vient par surcroît.
L’intervention est licite et obligatoire toutes les fois qu’un pays franchit ses limites, ses droits personnels, ses conventions, ses traités, sa géographie, et porte atteinte, les armes à la main, au droit public, propriété commune de l’Europe, et que l’Europe garantit à la civilisation générale. […] Les cours et les peuples frémirent, se turent, tremblèrent pour eux-mêmes, et se préparèrent à la ligue solidaire contre l’ennemi commun.
Une véritable mascarade épique, où les guerriers des deux races et des deux cultes se confondent dans une galanterie commune, où les femmes elles-mêmes, les femmes cloîtrées et invisibles de l’Orient, Clorinde, Armide, Herminie, travesties tantôt en bergères de pastorales, tantôt en amazones de théâtres, tantôt en sorcières de sabbat, soupirent des amours de bergerie, livrent des combats d’Hercule, opèrent des enchantements et des sortiléges, transforment des héros en bêtes, en poissons, en monstres bizarres, sortent tout à coup de leur tente ou de leur armure de fer, vêtues en nymphes d’opéra ou en princesses de cour, pour parler le langage affecté et langoureux d’héroïnes de roman ou de muses d’académie. […] C’est moins chez eux, ainsi que parmi nous, quelques pensées éclatantes, au milieu de beaucoup de choses communes, qu’une belle troupe de pensées qui se conviennent, et qui ont toutes comme un air de parenté : c’est le groupe des enfants de Niobé, nus, simples, pudiques, rougissants, se tenant par la main avec un doux sourire, et portant pour seul ornement dans leurs cheveux une couronne de fleurs.
. — Ainsi tous les esprits dévoués à la science, à l’art, seront reçus comme hôtes à la table que garnissent richement les œuvres de Goethe, et dans leurs créations se reconnaîtra l’influence de cette source commune de lumière et de vie à laquelle ils auront puisé ! […] La moralité de ses œuvres lui importe peu ; au contraire, même une certaine originalité paradoxale, qui scandalise un peu les idées routinières en philosophie, en politique, en religion, ne lui déplaît pas ; c’est le sel du génie, c’est le sceau de sa supériorité sur le commun des hommes ; il se moque des larmes et du sang qu’il a fait couler par la contagion de son roman de Werther.
Bergson a proposé, lui aussi, une théorie du temps qui a des traits communs avec celle de Guyau. […] De ce que le temps est un mode de notre expérience, il en résulte qu’il est l’expérience même dans un de ses exercices constants, et il en résulte aussi, notre expérience se trouvant confirmée par la série de ses relations avec les choses, que le temps est une propriété commune de, notre conscience et des choses.
C’est Brucker, le prédicateur, avec ses impétuosités de converti, ses beaux mépris du monde, ses brusqueries tendres, sa bonhomie sublime ou plaisante, sa poignante sensibilité, sa mordante gaîté qui caressait encore lorsqu’elle mordait, son faste d’humilité, car parfois, Diogène chrétien, il affectait l’orgueil de l’humilité contre l’orgueil philosophique, et son inattendu dans le paradoxe qui terrassait l’idée connue et commune et vous rasait si près de terre un sot ! […] Qu’y a-t-il de commun entre le ciel et l’histoire ?
Brunetière lui-même, le chantre attitré de Bossuet, est contraint à cet aveu : « … De n’avoir point senti ce qu’il y avait de force ou de vertu morale dans le protestantisme, d’avoir sacrifié, si je puis ainsi dire, au rêve d’une unité toute extérieure, purement apparente et décorative, la plus substantielle des réalités, voilà ce que l’on ne saurait trop reprocher à Louis XIV…88 » Alors que les protestants, poursuivis l’épée dans les reins, s’enfuient par toutes les frontières, pour échapper au sort commun, Louis XIV écrit en Hollande et en Angleterre « qu’il n’y à point de persécution, que les protestants émigrent par caprice d’une imagination blessée 89. » La Maintenon spécule sur les terrains que les persécutés étaient contraints, pour s’enfuir plus vite, de vendre à vil prix. […] Ces hommes et ces femmes, traqués comme des fauves, mais inébranlables en leur croyance, se réunissaient dans les lieux les plus sauvages, les plus déserts, pour prier en commun et se retremper dans leur foi.
Ainsi, parlant d’un de leurs amis communs qui, dans une circonstance critique, avait écrit à Duverney une lettre toute revêtue d’un semblant de philosophie, et de nature à faire illusion, il dira : Cet esprit philosophique, qui est répandu sur la surface du monde, fait qu’on ne peut plus distinguer, au premier abord, les fous des sages, ni les honnêtes gens des coquins.
Mme de Sévigné, qui raconte ceci, paraît en conclure avec le commun de la Cour que la nouvelle Madame est « tout étonnée de sa grandeur », et qu’elle parle en personne qui n’est pas accoutumée à un si grand entourage.
S’il fallait définir l’académicien modèle dans le meilleur sens du mot, l’homme qui aime à cultiver les lettres en commun, avec une émulation profitable, avec conseil et critique mutuelle, sans susceptibilité, sans envie, dans un sens d’ornement et de perfectionnement social, il suffirait de nommer M.
Notre sexe lui doit beaucoup : elle a protesté contre l’erreur commune qui nous condamne à l’ignorance.
Cowper d’ailleurs, qui a encore de commun avec lui de s’être développé si tard, a parlé de Rousseau plus d’une fois, et en connaissance de cause ; il l’avait lu, au moins dans ses premiers grands ouvrages, et, dès le temps où il était établi à Huntingdon auprès des Unwin, il écrivait à son ami Joseph Hill ; « Vous vous souvenez de la peinture que fait Rousseau d’une matinée anglaise ; telles sont celles que je passe ici avec ces braves gens. » Je ne sais de quelle matinée anglaise il s’agit, à moins que ce ne soit dans L’Émile le joli rêve de « la maison blanche avec des contrevents verts », et de la vie qu’on y mène ; Cowper et Hill, en le lisant d’abord ensemble, l’avaient peut-être qualifié ainsi26.
Le président Hénault n’était pas de force à remplir de tels cadres ; il se plaisait pourtant à les concevoir, à les proposer aux autres, et on doit lui en savoir gré : Il se plaît à démêler dans toutes sortes de genres, a dit Mme Du Deffand, les beautés et les finesses qui échappent au commun du monde ; la chaleur avec laquelle il les fait valoir fait quelquefois penser qu’il les préfère à ce qui est universellement trouvé beau ; mais ce ne sont point des préférences qu’il accorde, ce sont des découvertes qu’il fait, qui flattent la délicatesse de son goût et qui exercent la finesse de son esprit.
Dans la critique qu’il faisait de ces lettres qui lui plaisaient moins, il remarquait certaines manières de dire nouvelles, tout à côté d’autres locutions trop usées et trop communes, quelque chose qui n’était pas assez poli ni assez soigné, et qui, pour tout dire, n’était pas assez à la Balzac : « Et aliquid non satis politum et accuratum, et, ut ita dicam, non satis Balzacianum.
Mais, comme elle vivait et qu’elle devait exister encore quinze ans après avoir écrit cela, elle se sentait le désir d’en faire part à quelque misanthrope comme elle et qui fît exception à la réprobation commune.
Sur le chapitre des mathématiques, et sur cette géométrie de complaisance dont le goût prit subitement à Voltaire, le nouveau recueil nous fournit quelques lettres qui sont de celles que le commun des lecteurs se contente de parcourir et d’effleurer du regard : un habile homme m’avertit d’y prendre garde, et il me fait lire, en me le commentant, ce passage : Puisque me voilà en train, dit Voltaire en écrivant à un M.
On se lisait les uns aux autres les ouvrages qu’on avait composés ; on se critiquait, on s’encourageait. « Les conférences étaient suivies tantôt d’une promenade, tantôt d’une collation en commun. » Pendant trois ou quatre ans, on continua de la sorte avec une entière obscurité et liberté : « Quand ils parlent encore aujourd’hui de ce temps-là et de ce premier âge de l’Académie, nous dit Pellisson, ils en parlent comme d’un âge d’or, durant lequel avec toute l’innocence et toute la liberté des premiers siècles, sans bruit et sans pompe, et sans autres lois que celles de l’amitié, ils goûtaient ensemble tout ce que la société des esprits et la vie raisonnable ont de plus doux et de plus charmant. » Il y avait secret promis et gardé : Qui sapit in tacito gaudeat ille sinu.
Il doit faire des observations à son jeune pupille, lui représenter les inconvénients d’une belle-mère qui est sortie des voies sociales communes, et qui s’est fait un nom admiré des uns, insulté des autres : ……….Onerat celeberrima natam Mater……………….
C’est ainsi qu’une nuit, en Italie, il rêva qu’il était à Genève, en tiers avec sa sœur et une autre dame genevoise ; celle-ci se mit à lui parler avec franchise de ses qualités et défauts, et, entre autres vérités un peu dures, elle lui dit : « J’ai encore un reproche impardonnable à vous faire : c’est d’avoir abandonné votre patrie, et d’avoir voulu renoncer au caractère de citoyen genevois. » — Je me défendis d’abord, nous dit Sismondi, qui a pris soin de relater par écrit ce songe, en représentant que la société n’était formée que pour l’utilité commune des citoyens ; que, dès qu’elle cessait d’avoir cette utilité pour but et qu’elle faisait succéder l’oppression et la tyrannie au règne de la justice, le lien social était brisé, et chaque homme avait droit de se choisir une nouvelle patrie.
Malgré les points communs et de ressemblance, on ne saurait se le dissimuler en effet, il y a divorce sur un point grave, et je l’exposerai sans prétendre m’ériger en juge.
Une imagination forte et sobre nous transporte à l’action et nous fait tout voir de nos yeux, tout ce qui importe et rien que ce qui importe : « Cette obscure clarté qui tombe des étoiles, Enfin, avec le flux, nous fit voir trente voiles ; L’onde s’enflait dessous, et d’un commun effort Les Maures et la mer entrèrent dans le port.
» À la suite de ces paroles, l’assemblée se trouva divisée, et répondit qu’elle ne pourrait s’engager sur un objet aussi grave sans avoir consulté tout le peuple. » Le peuple consulté se divisa à son tour : quelques communes consentaient à l’émigration, d’autres étaient pour la résistance jusqu’à la mort.
À propos d’une visite qu’elle fait à leur ami commun, M. de Jouy, condamné à un mois de prison pour un article biographique sur les frères Faucher, je note cet agréable passage (3 mai 1823) : « Encore tout heureuse de votre lettre, j’ai été la montrer à notre ami prisonnier ; il se porte à merveille et reçoit plus de visites qu’un ministre en crédit.
Il préparait lentement les matériaux de l’ouvrage qu’il faisait en commun avec son frère, la Tradition de l’Église sur l’institution des Évêques ; il en amassait les textes et les mettait en ordre ou les compilait.
C’est la loi commune, et la femme célèbre y est doublement sujette.
Avec son air rogue, sa voix rouillée, sa mèche en l’air, ses coups de boutoir usés et ses épigrammes communes, il avait le don de dérider dès les premiers mots la grave assemblée.
Je l’estime au-dessus du commun des hommes, et surtout de ceux de son âge ; mais ce n’est plus une idole de perfection, ce n’est plus le premier de l’espèce, enfin ce n’est plus mon amant : c’est tout dire. » Ces quelques passages des lettres, mis en regard de certaines pages des Mémoires, sont une leçon piquante sur le faux jour des perspectives du cœur.
Alors les arts, au lieu de vivre et de cohabiter au sein de la même sphère et d’être ramenés sans cesse au centre commun de leurs rayons, se tenaient isolés chacun à son extrémité et n’agissaient qu’à la surface.
Citons un peu, au hasard, pour le plaisir : Pareille à toutes les femmes romanesques, Hélène s’occupait de la délicatesse des voluptés communes à elle et à son ami comme d’un souci de sentiment.
Au contraire, nous nous intéressons à celui qui émet les inédites : il enrichit le bien commun.
Au contraire, nous nous intéressons à celui qui émet les inédites : il enrichit le bien commun.
L’unité géographique de l’Europe a beau être brisée en une quantité d’États, n’y a-t-il point des éléments communs à ces États comme aux membres d’un même corps ?
Ne souffre pas que, suppliante, je sois arrachée du pied de ces statues divines, entraînée comme une cavale, saisie par mes bandelettes bigarrées, tirée par mes voiles. » — Une image bucolique semble évoquer leur mère commune dans sa métamorphose douloureuse : — « Regarde-moi, je suis là, suppliante, exilée, errante, comme la vache poursuivie par le loup sur un haut rocher.
C’est alors que dans un village de la vallée de la Meuse, aux confins de la Lorraine, vallée qui venait elle-même d’être envahie par des bandes et d’avoir sa part de douleurs communes, une jeune fille, née d’honnêtes laboureurs, simple, pieuse, régulière, crut entendre une voix.
Ce qu’il avait surtout en horreur et à quoi il était le plus antipathique, c’était la platitude, la servilité, la bassesse, l’asservissement d’un chacun à ses plus étroits intérêts, la cabale personnelle et sans un but élevé, l’oubli, la ruine de tous et de l’État en vue de soi ; en un mot, ce qui faisait le grand fonds de corruption des cours, et ce qui peut-être n’a pas cessé d’être encore la plus grande plaie des hommes réunis en commun, voire même des assemblées dites constitutionnelles, nationales ou populaires.
Je parie que cela vous paraît commun ?
Mais ce genre de crime semble devenir plus commun, au lieu de diminuer ; et il s’accroîtra sans doute, si l’on se borne toujours à s’en plaindre sans y remédier.
Et ce que Dieu a fait pour le premier homme, l’homme à son tour le fera pour ceux qui naîtront de lui : il leur enseignera la parole, et par elle la vérité, ce fonds commun et ce patrimoine de la famille, et de la société qui n’est que la réunion des familles.
Après avoir dit que le premier président Molé était « tout d’une pièce », ce qui est une expression bonne, mais ordinaire, il ajoutera : « Le président de Mesmes, qui était pour le moins aussi bien intentionné pour la Cour que lui, mais qui avait plus de vue et plus de jointure, lui répondit à l’oreille… » Voilà comme on crée légitimement une expression neuve, comme on la tire d’une expression commune.
Dans ce péril commun, Conduisez-nous, bel Ange de lumière : Vous conduirez deux aveugles pour un.
Quand on a beaucoup lu Montesquieu et qu’on est Français, une tentation vous prend : « Il semble, a dit de lui un critique sagace17, enseigner l’art de faire des empires ; on croit rapprendre en l’écoutant ; et, toutes les fois qu’on le lit, on est tenté d’en construire un. » Montesquieu ne dit pas assez à ceux qui le lisent : « Pour considérer l’histoire avec cette réflexion et avec cette suite, et pour en raisonner si à l’aise et de si haut, vous n’êtes pas, je ne suis pas moi-même un homme d’État. » Le premier mot et le dernier de L’Esprit des lois devrait être : « La politique ne s’apprend point par les livres. » Que nous tous, esprits qui formons le commun du monde, nous tombions dans ces erreurs et dans ces oublis d’où nous ne sommes tirés que rudement ensuite par l’expérience, rien de plus naturel et de plus simple : mais que le législateur et le génie qui s’est levé comme notre guide y soit jusqu’à un certain point tombé lui-même, ou qu’il n’ait point paru se douter qu’on y pût tomber, là est le côté faible et une sorte d’imprudence.
Il ne contribua pas seulement à fonder par souscription la première bibliothèque commune, la première société académique (qui deviendra l’université de Philadelphie), le premier hôpital ; il leur apprenait à se chauffer au logis par des poêles économiques, à paver leurs rues, à les balayer chaque matin, à les éclairer de nuit par des réverbères de forme commode.
Richelieu raconte qu’il était en visite chez un recteur de Sorbonne au moment où on vint lui apprendre la mort du maréchal : il revint au Louvre, après en avoir conféré un moment avec ses collègues : « Continuant mon chemin, dit-il, je rencontrai divers visages qui, m’ayant fait caresses deux heures auparavant, ne me reconnaissaient plus ; plusieurs aussi qui ne me firent point connaître de changer pour le changement de la fortune. » Il fut le seul de ce ministère que Luynes parut ménager d’abord et vouloir excepter de la disgrâce et de la vengeance commune.
Quand la réputation des auteurs est établie, il est aisé d’en parler convenablement, on n’a qu’à se régler sur l’opinion commune ; mais à leurs débuts, au moment où ils s’essayent et où ils s’ignorent en partie eux-mêmes, et à mesure qu’ils se développent, les juger avec tact, avec précision, ne pas s’exagérer leur portée, prédire leur essor ou deviner leurs limites, leur faire les objections sensées à travers la vogue, c’est là le propre du critique né pour l’être.
Ce trait distinctif lui est commun avec les hommes distingués qu’on a compris sous le nom de doctrinaires, et qui ont essayé, en leur temps, de donner une nouvelle façon, un nouveau pli à l’esprit français.
Aussi Cazalès n’obtenait-il guère en société qu’une faveur de souvenir… Les portraits qu’Arnault a donnés des personnages de sa connaissance, et qu’il s’est amusé à tracer dans les années de sa vieillesse, sont animés de ces traits heureux et vraiment spirituels, qui sortent tout à fait du commun.
Au point où la question sociale est arrivée, tout doit être action commune.
Néanmoins, étant données les grandes ressemblances des contes de ces deux dernières colonies7 avec ceux des trois autres pays composant le Gouvernement Général, on peut dire qu’il existe une littérature ouest-africaine, homogène dans ses grandes lignes et provenant d’une mentalité générale commune.
Il n’est pas moins certain qu’il y a eu divers bâtards de princes, de seigneurs et de particuliers qui se sont élevés, par leur mérite, au-dessus du sort de leur origine, et qui ont été revêtus de biens et d’emplois et quelques-uns même d’éclatants ; mais, si on les examine, on les trouvera inhabiles à tous autres biens qu’à ceux de la fortune, et que parmi tout le lustre acquis par leur mérite et la protection de leurs parents, les lois n’ont pas fléchi en leur faveur… De là ces noms si communs dans les plus considérables illégitimes, le bâtard de Bourbon, le bâtard d’Orléans, le bâtard de Rubempré, et tant d’autres de princes, de seigneurs et de particuliers, appelés ainsi de leur temps, sans qu’ils eussent d’autres dénominations, par laquelle ils sont transmis jusqu’à nous dans les histoires. » Tel est, pour le mâle et pratique esprit de Saint-Simon, le point de départ du Mémoire sur les légitimés.
Les idées sur lesquelles il s’appuie sont communes en Allemagne, où les idées cessent de dominer dès qu’elles sont populaires, et en France déjà elles se sont produites obscurément et sans succès.
Leurs domaines imaginaires furent submergés par un flot d’émotion qui leur monta du cœur ; ils se livrèrent, dans le vaste océan, à la commune passion, Où sont les cénacles de la Revue Indépendante, de la Revue Blanche ?
Nous appellerons v la vitesse de la Terre, c la vitesse de la lumière, l la longueur commune des deux lignes OA et OB.
Maintenant, que l’attention à la vie vienne à faiblir un instant — je ne parle pas ici de l’attention volontaire, qui est momentanée et individuelle, mais d’une attention constante, commune à tous, imposée par la nature et qu’on pourrait appeler « l’attention de l’espèce » — alors l’esprit, dont le regard était maintenu de force en avant, se détend et par là même se retourne en arrière ; il y retrouve toute son histoire.
À première vue, ce qui paraît convenable, sinon absolument nécessaire, à la culture et à la conservation d’un tel sentiment, c’est une vie en grande partie commune, quelque ressemblance ou voisinage d’occupations et, sinon un compagnonnage d’armes, quelque chose qui en soit du moins l’équivalent. […] Hermant a su la « situer » d’une façon très judicieuse ; et je vous assure que cette exacte appropriation de la « fable » et du « milieu » n’est point si commune au théâtre. […] Peut-être vont-ils se réconcilier dans leur douleur commune et dans le repentir de leurs péchés. […] Et, parce que ceux qui les ont écrites, ayant d’ailleurs des cerveaux hors du commun, les ont beaucoup aimées, ces deux pièces ne sont point indifférentes ; et, si vous savez vous y prêter, elles vous réservent çà et là, chacune à sa manière, des impressions assez rares. […] Il y a, chez celui que les contemporains s’obstinaient à appeler « l’abbé Geoffroy » une austérité de principes qui, se traduisant fort peu dans sa vie, se manifeste à tout bout de champ dans sa critique, à qui elle prête une singulière verdeur et des pénétrations peu communes.
Enfin Tartuffe, de 1680 à 1820, suit le sort commun. […] Il a bien compris Corneille, ses grandes qualités, le péril aussi de sa tournure d’esprit et par où il risquait de passer l’intelligence commune des spectateurs et de n’être plus suivi. […] Les rois ont peine à concevoir les malheurs de la vie commune comme un exemple effrayant pour eux. […] Il faut pour cela une mémoire peu commune ; mais la sienne était extraordinaire et infaillible. […] Les bourses des couvents, celles des séminaires Rendent l’esprit commun et les talents vulgaires.
Par lui, on trouve des conceptions d’ensemble (begriffe) ; on réunit sous une idée maîtresse toutes les parties éparses d’un sujet ; on aperçoit sous les divisions d’un groupe le lien commun qui les unit ; on concilie les oppositions ; on ramène les contrastes apparents à une unité profonde. […] Il a dérivé d’un sentiment commun les événements que les Allemands déduisaient d’une définition commune.
Ces divers ouvrages, que je suis bien loin de mettre tous sur la même ligne, et dont le dernier, par exemple, est digne d’une très médiocre estime, ont cela de commun qu’ils s’appuient à chaque instant sur des pièces émanées de Bernis, et que leur texte en mainte page en est presque tout formé.
Il aurait pu y mettre en épigraphe cette pensée de lui : « J’ai vu, au sujet des vérités si importantes pour l’homme, qu’il n’y avait rien de si commun que les envies, et rien de si rare que le désir. » Quand on songe que ce dernier ouvrage, L’Homme de désir, paraissait en regard des Ruines de Volney, on sent que le siècle, à ce moment extrême, était en travail, et qu’en même temps qu’il donnait son dernier mot comme négateur et destructeur, il lui échappait une étincelle de vie qui, toute vague qu’elle était, disait que l’idée religieuse ne pouvait mourir.
Il lui fait l’effet d’être plus jeune qu’il ne l’était, et M. de Meilhan passa longtemps dans le monde pour être plus jeune que son âge : elle le plaint et elle compatit à le voir ainsi désabusé comme un vieillard, et il semble qu’en mettant son propre désenchantement en commun avec le sien, elle ait quelque désir de le consoler : « Vous êtes destiné, monsieur, lui disait-elle au début, à passer une vie douloureuse : vous voyez le jeu des machines, et alors plus de bonheur.
C’était un beau jeune homme, d’un esprit au-dessus du commun.
» Il avait raison en un sens, il choisissait bien ses exemples ; mais il avait tort en ce qu’il confondait tous les âges et qu’il ne se figurait pas qu’il avait pu y avoir une belle jeunesse première, une saison d’efflorescence vigoureuse dans la mieux douée des races, se servant de la plus variée et de la plus euphonique des langues, et que sous des conditions uniques il en était sorti toute une poésie et un art primitif, plus voisin de la nature, et qui ne s’est vu qu’une fois : Homère, disait-il avec une sorte de naïveté contente de soi et de son temps et très commune alors, Homère aurait peut-être atteint à la perfection, s’il fût né dans le siècle d’Auguste ou dans le nôtre ; mais né dans des temps où l’art ne s’était point encore montré, n’étant guidé par aucunes règles, éclairé par aucun exemple, on lui doit tenir grand compte de son poème, tout monstrueux qu’il est.
Les armes d’honneur n’étaient pas encore en usage, et les citations dans les bulletins étaient extrêmement rares ; aucun officier n’aurait osé y prétendre à l’exclusion de ses camarades ; tout était en commun dans ces familles militaires ; la gloire acquise par un de leurs membres devenait la propriété de tous, et contribuait à l’honneur et à la réputation du corps.
Campaux, surtout en un siècle où le sentiment de patrie était encore si peu commun ; il y avait un Français dans ce vagabond qui n’avait ni feu ni lieu. » Admirons moins : il faut bien que Villon, puisqu’il nous occupe, ait eu quelque chose en lui et qu’il soit quelquefois sorti de sa vie de taverne et de crapule ; sans quoi nous l’y laisserions tout entier.
Par suite d’une aussi longue maladie, mais plus encore de celle dont il a été atteint en dernier lieu, et dont, selon l’opinion commune, il a été délivré miraculeusement, il est demeuré extrêmement faible et languissant, outre que, de sa nature, il n’a pas beaucoup de santé ni de vigueur… Lorsqu’il est passé de l’enfance à la puberté, on ne l’a vu prendre plaisir ni à l’étude, ni aux armes, ni à l’équitation, ni à d’autres choses vertueuses, honnêtes et plaisantes, mais seulement à faire mal à autrui.
Il l’attaque, il le presse, il cède, il se défend… » Elvire fait comme toutes les bonnes suivantes : elle conseille le parti le plus commun et le plus facile ; et se voyant repoussée : « Après tout, que pensez-vous donc faire ?
Mais, ce qui était pis, Vauban, l’autorité même, Vauban semblait croire que Catinat aurait pu agir autrement et tenir le poste de La Pérouse ; il le disait à qui voulait l’entendre : « Je t’assure, écrivait Catinat à son frère, qu’il n’y a ombre de raison à ce dire, et qu’il aurait de la confusion de l’avoir avancé s’il était sur les lieux et qu’on lui dît de disposer ce poste pour être soutenu contre une armée qui a du canon… Je suis assurément rempli d’un grand fonds d’estime et d’affection pour M. de Vauban ; mais je voudrais bien voir jusqu’où iraient ses lumières et la tranquillité de son esprit, s’il était chargé en chef des affaires de ce pays-ci : je crois qu’il y serait pour le moins aussi fécond en inquiétudes qu’il l’était à Namur, où il était demeuré après la prise. » Catinat d’ailleurs n’en veut point à Vauban, et il trouve, pour l’excuser de ce léger tort à son égard, une belle explication amicale : « M. de Vauban est de mes amis ; sa franchise naturelle l’a surpris et l’a fait parler d’une chose qu’il a pensée et qu’il ne sait point, et avec peu de ménagement pour un homme qu’il aime ou qui est en droit de le croire. » Bien qu’endurci par l’expérience à tous les propos, Catinat était donc en ce moment fort fécond en soucis et des plus travaillés d’esprit ; toutes ses lettres adressées du camp de Fénestrelles à son frère nous ouvrent le fond de son âme : « Personne n’est à l’abri du discours, c’est un mal commun à tous ceux qui sont honorés du commandement : il faudrait que je fusse bien abîmé dans un esprit de présomption pour que je pusse imaginer que cela fût autrement à mon égard.
… Espérons… » Sur quoi Mme Valmore, se mettant à son unisson, s’efforçait de relever son courage, d’évertuer sa vieillesse, de l’attendrir par l’aveu des misères communes, de l’égayer par des images simples, qui rappellent les beaux jours et les joies de l’enfance : « (9 novembre 1854)… La dame qui m’aide souvent à trouver l’argent d’emprunt pour passer mon mois, à la condition de le rendre à la fin de ce mois même, n’a pu venir encore à mon secours, à travers la pluie et toutes les difficultés de sa propre vie.
Les auteurs du Lépreux corrigé ont méconnu l’une des plus précieuses qualités du récit original, qui est dans l’absence de toute réflexion commune ou prétentieuse.
L’élément, l’intérêt démocratique, celui des communes, ou de ce qui devait un jour s’appeler de ce nom, dominait en général ; la monarchie et l’Église avaient un peu le dessous.
Ces sortes d’images n’ont rien de commun avec lui.
Il portait dans les relations de la vie quelque chose de gauche et de provincial ; son discours de réception à l’Académie, par exemple, est un chef-d’œuvre de mauvais goût, de plate louange et d’emphase commune.
La prudence exige de n’y compter qu’autant que les intérêts communs s’y trouvent, et l’expérience de tous les siècles apprend que ces liaisons de parenté sont souvent plus embarrassantes qu’utiles quand les intérêts sont naturellement opposés. » — Un des soins de M. de Ségur dans ses notes est de rejoindre, autant que possible, la morale et la politique, et de ne plus les vouloir séparer.
Au lieu de faire de courtes pièces sans titre, au lieu de proposer chacun à part comme valant par soi ces petits cuadros (comme disait Chénier), où dans des proportions très réduites étaient ramassés des types et des aspects de la vie commune, il s’ingénie à en faire les pièces d’un tout, les épisodes d’un récit, les scènes d’une comédie, les arguments d’un discours : lui qui n’eut de sa vie ni le sens de l’action, ni le don du dialogue, ni le souffle oratoire.
Mais à travers cette folie d’invention on rencontre sans cesse une ferme réalité : des amours « exécutés » tels qu’ils le peuvent être dans le train le plus commun du monde, et plus rapidement même, de positives conclusions qui suivent, et parfois précèdent les vaporeuses adorations, une franchise d’accent, presque une brusquerie délibérée d’humeur chez ces chimériques héros, qui leur donne un peu de consistance et l’air de la vie.
Ce goût lui était commun avec sa génération, génération de patriotes, témoins curieux et volontiers acteurs du drame politique : les Lettres de Chapelain, le Ministre d’État de Silhon, jusqu’aux dissertations de l’indifférent Balzac, mais surtout les Mémoires de Retz nous l’ont comprendre de quel état d’esprit est venue et à quel état d’esprit s’adressait la tragédie cornélienne ; elle est politique, non historique.
On a pu l’appeler la perfection des idées communes.
De même dans nos pensées, lorsqu’elles contiennent une opposition qui est contre le bon sens, lorsque cette opposition est commune & aisée à trouver, elles ne plaisent point & sont un défaut, parce qu’elles ne causent point de surprise ; & si au contraire elles sont trop recherchées, elles ne plaisent pas non plus.
Il y a beaucoup de traits communs dans la vie de Marot et celle de Villon.
Quand Verlaine eut achevé les présentations, nous fûmes ravis d’apercevoir que nous abondions en idées communes.
France aime redire qu’elle est toute personnelle et référente à chacun, et laquelle est des cabotins et des reîtres, de cette morale qui est l’intelligence facultative du mal et la science du présentable ; il ne s’agit pas d’elle, qui pourrait être également la somme des préjugés communs aux neuf dixièmes des hommes, et dont, d’ailleurs, un bon nombre se prélassent, comme déifiés dans les augustes écrins juridiques.
Les siècles crédules du Moyen Âge attribuent à des facultés secrètes, à un commerce avec le démon, toute science éminente ou toute habileté qui s’élève au-dessus du niveau commun.
C’est toute la commune de Saint-François, à la Guadeloupe, qui vous demande de couronner Francilie.
Il ne convenait pas que l’homme eût rien de commun avec ce vil animal.
Les deux ont, en effet, quelque chose de commun : ils accablent et enivrent tous deux.
Au premier acte, nous sommes dans l’atelier du peintre Spiegel et du musicien Frantz Wagner, deux amis qui ont mis leur vie et leur avenir en commun.
Tout apprendre, tout savoir, depuis les propriétés des simples et la confection des confitures, jusqu’à l’anatomie du cœur humain, être de bonne heure sur le pied d’une perfection et d’une merveille, tirer de tout ce qui passe dans la société matière à roman, à portrait, à dissertation morale, à compliment et à leçon, unir un fonds de pédantisme à une extrême finesse d’observation et à un parfait usage du monde, ce sont des traits qui leur sont assez communs à toutes les deux ; les différences pourtant ne sont pas moins essentielles à noter.
Mlle Suzanne Curchod était née vers 1740, dans le pays de Vaud, à Crassier, commune frontière de la France et de la Suisse.