Il dut, pour soutenir sa famille composée de sa femme, de ses deux sœurs à sa charge et de sa fille naturelle, s’occuper d’avoir un emploi.
Il avait des connaissances et de l’aptitude au travail ; mais il manquait quelquefois de ce calme d’une tète froide qui ne se laisse point accabler sous le poids des affaires, et son âme n’était pas de la trempe qu’il aurait fallu pour soutenir toujours les mouvements nobles et justes de son cœur contre les volontés absolues de son maître.
M. de Senfft désirait in petto un rétablissement complet de la Pologne, mais sans le concours de la France, par un soulèvement spontané des anciennes provinces polonaises, à la faveur de la guerre que la Russie soutenait alors contre les Turcs, avec je ne sais quels efforts combinés de l’Autriche, de la Suède, d’une partie de l’Allemagne du centre, et avec l’assentiment de l’Angleterre, — tout un rêve : il dut contenir de telles pensées dans son for le plus intérieur, et les quelques Polonais auxquels il crut pouvoir s’en ouvrir en confidence, n’étaient pas en position d’y aider.
Il voudrait bien qu’on le crut propre à rendre service, mais il n’a ni la volonté ni le pouvoir de le faire ; c’est encore beaucoup pour lui que de se soutenir.
Il n’eut pas seulement, comme à Raucoux, à soutenir son avant-garde, il fut continuellement engagé de tout son corps d’armée et de sa personne dans les différentes attaques acharnées qu’il fallut faire pour emporter le village de Lawfeld, qui était l’objectif et le pivot de l’action.
Et puis, à côté de la noble et légitime ambition, la nécessité s’en mêle : il faut vivre, il faut se soutenir, et la muse seule n’y suffit pas.
Je sais ce que de dignes successeurs, et à la fois novateurs habiles et prudents, ont pratiqué de louable pour soutenir et prolonger l’héritage.
qu’il est beau ce sentiment qui, dans l’âge avancé, fait éprouver une passion peut-être plus profonde encore que dans la jeunesse ; une passion qui rassemble dans l’âme tout ce que le temps enlève aux sensations ; une passion qui fait de la vie un seul souvenir, et dérobant à sa fin tout ce qu’a d’horrible, l’isolement et l’abandon, vous assure de recevoir la mort, dans les mêmes bras qui soutinrent votre jeunesse, et vous entraînèrent aux liens brûlants de l’amour.
Le jeu-parti est un débat aussi, où le premier poète offre à son confrère deux opinions contradictoires à choisir, et soutient celle dont l’autre n’a pas voulu : la décision est laissée à un ou deux arbitres nommés dans l’envoi.
Dans la cinquième entrée, « onze docteurs reçoivent un docteur en ânerie, qui, pour mériter cet honneur, soutient des thèses dédiées à Scaramouche ».
Durkheim, dans une leçon d’ouverture intitulée : Pédagogie et sociologie, soutient que l’éducation, fonction sociale par ses fins comme par ses moyens, dépend moins de la psychologie individuelle que de la sociologie.
C’est, du moins, la thèse que soutient Villiers.
A bien regarder les choses, les esprits de bonne foi reconnaîtront vite que plusieurs de nos compositeurs « arrivés » ont été vaillamment soutenus, jusqu’au succès décisif, par l’unanimité des wagnériens, avec lesquels ils ne se défendaient point — alors — de marcher et de faire campagne.
Rien de plus simple, en apparence, que de remarquer que cette loi d’association est le phénomène vraiment fondamental, irréductible de notre vie mentale ; qu’elle est au fond de tous nos actes ; qu’elle ne souffre point d’exception ; que ni le rêve, ni la rêverie, ni l’extase mystique, ni le raisonnement le plus abstrait ne s’en peuvent passer ; que sa suppression serait celle de la pensée même ; cependant aucun ancien ne l’a compris, car on ne peut sérieusement soutenir que quelques lignes éparses dans Aristote et les stoïciens constituent une théorie et une vue claire du sujet169.
Mais est-il vrai de soutenir avec Herbart que la tendance tout intellectuelle de l’idée à la clarté précède l’appétition et soit la cause de l’appétition même ?
Et par une conséquence logique ce sont des âmes capables de ces variations, de ces emportements, de ces sautes, que M. de Goncourt s’applique à peindre, des âmes diverses, plastiques à toutes les sensations, désarticulées et nerveuses, sans constance et sans unité, sans rien qui les raidisse, les soutienne et les cimente, des âmes de demi-artistes, des âmes de premier mouvement, soudaines, ductiles et fougueuses.
Telles sont les querelles qu’on a soutenues au sujet de l’éloquence de la chaire.
Il faudrait encore bien rechercher si la sonorité de l’espagnol ne produit pas un cliquetis de mots parfois vide et vain, si la douceur italienne ne dégénère pas aisément en mollesse banale et ne fait point penser à ce « latin bâtard » dont parle Byron, si ces deux idiomes arrêtent et retiennent suffisamment l’idée, si dans ces deux langues la facilité toute spontanée de la musique ne se dérobe pas aux nuances psychologiques du sentiment, aux profondes analyses de la pensée, à la dialectique soutenue, à cette harmonieuse alliance de la philosophie morale et de l’art, qui recommandent la prose et la poésie française depuis leurs origines jusqu’aux chefs-d’œuvre contemporains.
La multitude des acteurs, dont le poëte tragique veut quelquefois soutenir sa sterilité, devient d’ailleurs très-embarassante pour lui quand le dénouëment s’approche, et quand il faut s’en défaire.
Nous n’ignorons pas que des littérateurs modernes qui se piquaient d’esprit philosophique, et qui en ont montré quelquefois, ont soutenu l’opinion contraire ; absurdité qu’on a, suivant l’usage, très injustement reprochée à l’esprit philosophique, qui était bien éloigné de la dicter.
Quant au livre lui-même, que ne devait-il pas être pour soutenir ce titre écrasant et terrible de Koran, qui éclate comme un météore dans l’Histoire, et avec lequel une colossale humour aurait seule pu lutter ?
Or, il advint qu’en dépit de sa force et des nombreuses séductions qu’il offrait, l’édifice catholique chancela sur sa base ; cette base dont la première pierre avait été posée par un Dieu, venu des régions célestes pour cela, ne fut plus en état de le soutenir.
Évidemment, lorsque la tragédie, sortant guerrière et parée des mains d’Eschyle, avait déployé son vol lyrique, l’avait soutenu si haut dans les chœurs majestueux de Sophocle et dans les hymnes gracieux d’Euripide, tous les arts à la fois s’empressaient autour d’elle pour la rehausser et l’embellir.
Heureux les Gens de Lettres qui ne connoissent que cette dispute confiante, noble & modérée, qui appartient au droit légitime, de répandre & de soutenir ses opinions ; qui n’a pour armes que le raisonnement & l’éloquence ; qui, loin de toute opiniâtreté, écoute pour répondre : qualité si rare, même parmi les hommes instruits. […] Les Comédiens représentent leur Histoire, que les coupables croient ignorée de l’Univers ; la surprise, l’épouvante saisissent le Roi & la Reine ; à chaque trait ils oublient l’intérêt qu’ils ont de dissimuler, ils ne peuvent soutenir l’image de leur forfait, ils troublent le spectacle par leurs cris, & sortent impétueusement pour se dérober à l’affreux tableau dont les impressions les écrâsent. […] Molière lui-même, tout soutenu qu’il étoit par son nom & par Louis XIV, n’a osé faire qu’une Comédie en ce genre ; c’est aussi son chef d’œuvre. […] Il lui faut du moins le courage le plus soutenu : car il doit savoir d’avance, que les hommes ne lui pardonneront point tout ce qui choque leurs prétentions, leur orgueil & méme leurs caprices. […] Quand on se consacre aux pénibles devoirs d’Écrivain, il faut avoir fondé d’avance la force de son âme ; il faut pouvoir être assuré de soutenir avec fermeté les assauts des évènemens.
Il va même, dans son zèle, jusqu’à soutenir sérieusement (du moins en apparence) que l’origine du sentiment artistique se trouve tenez-vous ! […] Il ne soutient pas une thèse d’histoire universelle. […] Nous comprenons que son évêque l’ait interdit, et nous goûtons médiocrement la guerre mesquine et grotesque qu’il soutient contre le P. […] Sous prétexte d’en combattre les abus, quelques penseurs finissent par soutenir qu’il est à peu près superflu de se renseigner sur une question pour la traiter. […] Mirbeau a successivement soutenues, ni contre M.
. — Le vrai paradoxe c’est une opinion fausse pour celui-là même qui la soutient, défendue avec vigueur et démontrée avec toutes les ressources d’une dialectique spécieuse ; en telle sorte que, pour le définir bien, le paradoxe c’est la parodie de la logique. […] Précisément l’art propre du conteur sans rien qui le soutienne et l’appuie, l’art du conteur en soi, le talent de bien conter n’importe quoi. […] C’est un style que Montaigne a parfaitement défini en croyant, définir le sien : « décousu et hardi, le même au papier qu’en la bouche. » Ce qui ne veut point dire que Rabelais n’atteigne pas le vrai grand style, la haute éloquence, le discours soutenu, large et fort et pathétique. […] Sa parole était vigoureuse, pressante, soutenue par une conviction profonde et l’impossibilité de supposer un instant que quiconque ne pensait pas exactement comme lui pût avoir raison. […] » Une chose surtout l’inquiète, et à très bon droit ; c’est qu’on peut faire le raisonnement suivant : Rome, partout où elle le peut, soutient sa doctrine en faisant mettre à mort ceux qui ne la partagent pas.
Pour un pareil homme, doué d’un tel courage et d’une telle passion, les luttes les plus intéressantes sont celles qu’il a à soutenir contre lui-même ; les horizons n’ont pas besoin d’être grands pour que les batailles soient importantes ; les révolutions et les événements les plus curieux se passent sous le ciel du crâne, dans le laboratoire étroit et mystérieux du cerveau. […] Un moderne professeur d’esthétique, qui a écrit des Recherches sur l’Italie, a voulu remettre en honneur le vieux principe de l’imitation de la nature, et soutenir que l’artiste plastique devait trouver dans la nature tous ses types. […] L’un des deux personnages qui soutient et modère sa douleur est éploré comme les figures les plus lamentables de l’Hamlet, avec laquelle œuvre celle-ci a du reste plus d’un rapport. — Des deux saintes femmes, la première rampe convulsivement à terre, encore revêtue des bijoux et des insignes du luxe ; l’autre, blonde et dorée, s’affaisse plus mollement sous le poids énorme de son désespoir. […] La véritable mémoire, considérée sous un point de vue philosophique, ne consiste, je pense, que dans une imagination très-vive, facile à émouvoir, et par conséquent susceptible d’évoquer à l’appui de chaque sensation les scènes du passé, en les douant, comme par enchantement, de la vie et du caractère propres à chacune d’elles ; du moins j’ai entendu soutenir cette thèse par l’un de mes anciens maîtres, qui avait une mémoire prodigieuse, quoiqu’il ne pût retenir une date, ni un nom propre. — Le maître avait raison, et il en est sans doute autrement des paroles et des discours qui ont pénétré profondément dans l’âme et dont on a pu saisir le sens intime et mystérieux, que de mots appris par cœur. — Hoffmann.
Le monde se croit assez hardi quand il soutient les réputations établies. […] Son âme se montra à découvert, soutenue par les souvenirs de la vie la plus noble et la plus pure. […] Des témoins avaient vu les assassins soutenir le corps vacillant sur un cheval, puis le jeter dans le fleuve. […] Nicole soutenait que les poètes sont des empoisonneurs publics, et il avait raison jusqu’à un certain point. […] Boissier montre, en passant, un mépris excessif, sans doute parce qu’ils soutenaient çà et là quelques absurdités trop sensibles.
Il me semble qu’il y a au fond beaucoup d’analogie, malgré les différences et les oppositions, entre l’espérance qui anime et soutient l’écrivain et celle des âmes religieuses. […] L’Idéal-Réel que la science poursuit aura de plus en plus la préférence des âmes studieuses, qui aiment à se sentir entourées et soutenues dans leurs sublimes efforts par l’active sympathie de tout le monde pensant et qui ont besoin d’une religion au moins humaine, à la place de celle qui reliait jadis les hommes à la Divinité. […] Il faudra bien toujours que le courant entraîne tout ; mais le flot balaie qui lui résiste et soutient qui lui cède40. […] Certaines gloires sont établies si solidement qu’elles se soutiennent seules, pour ainsi dire, et n’ont plus besoin de l’ouvrage qui les a une fois fondées. […] L’exagération directement opposée à celle de Macaulay a été soutenue par Carlyle avec l’emportement de conviction, le flot d’images bizarres ; mais aussi avec la noblesse d’âme, la hauteur et la profondeur de vues qui sont les éminents caractères de son style extravagant et suggestif.
Il soutenait, avec raison, que les Grecs n’avaient été nullement étrangers à la mélancolie, qu’ils avaient parfaitement compris « la douleur rêveuse dans les impressions solitaires. » Enfin il rappelait que les poésies les plus tristes avaient été composées par un arabe il y avait plus de trois mille ans. […] Il supportera donc la vie, mais il ne peut plus soutenir la vue de Valérie : la prudence, l’honneur lui ordonnent de la fuir. […] Chaque moment ne tombe pas tristement sur mon cœur ; souvent il y a des repos, des intervalles où une espèce d’attendrissement, une vague rêverie qui n’est pas sans charme vient me bercer. » Mais pour avoir son charme et sa volupté, la tristesse n’en brise pas moins le cœur, et Gustave rend enfin le dernier soupir, soutenu par la religion et par l’amitié. […] De ces deux illusions, la seconde était la plus noble puisqu’elle soutenait son courage et secondait son énergie. […] Eugénie de Guérin avait passé comme Maurice dans la maison paternelle une enfance solitaire ; comme Maurice, elle aspire à un idéal élevé, accuse la prétendue pauvreté de son esprit, le vide de sa vie intérieure, l’ennui qui l’atteint ; enfin n’est soutenue que par le sentiment religieux.
La politique seule allait essayer de le soutenir encore quelques années, jusqu’à ce qu’il n’eût plus pour lui que les abonnés du Constitutionnel ; quelques vieux académiciens ; et ce qu’il y avait, dans la bourgeoisie soi-disant « libérale », de plus étroit et de plus arriéré. […] Goethe, qui les lisait de près, avec une attention et une assiduité que soutenait la manière dont ils parlaient de lui, les trouvait « hardis au suprême degré ! […] Mais François Ponsard n’est pas homme à soutenir le rôle dont les circonstances l’ont investi presque malgré lui et, en réalité, tout en ayant beaucoup moins de prétentions que l’auteur de Lucrèce à la « littérature », c’est Eugène Scribe, et c’est Alexandre Dumas qui ramènent le théâtre à l’intelligence de ses vraies conditions. […] Un exemple non moins significatif est celui d’un jeune écrivain qui, après avoir débuté, vers 1845, sous les auspices du romantisme, se retire insensiblement de ses maîtres, discrètement, sans éclat ni fracas, en galant homme ; et, dans Le Village, 1852, dans Dalila, 1853, dans La Petite Comtesse, 1856, entreprend non plus seulement contre la courtisane, mais contre « la passion », une guerre qu’il soutiendra jusqu’à son dernier jour. […] — et qu’à vrai dire en changeant de moyens, — on pourrait presque soutenir qu’il n’a pas changé véritablement d’objet.
“Il falloit (dit Clément dans ses nouvelles littéraires) avoir une tête de fer & un cul de plomb pour soutenir le travail immense qu’a dû coûter un si vaste projet. […] Je connois plusieurs savans, assez aguerris aux lectures rebutantes, qui n’ont pu soutenir celle de son ouvrage, ni dévorer paisiblement ce fatras d’érudition & de citations où l’histoire de Christine se trouve absorbée. […] Cet ouvrage offre un récit suivi & détaillé ; il est bien fait & la diction est soignée, exacte, soutenue.
Quelque mépris qu’on ait pour l’ordre social présent et ses soutiens, on ne saurait accepter l’oubli où persiste de demeurer ce chercheur d’inconnu, que comme une injure personnelle à l’Intelligence. […] Que l’un de vous taille les feuilles de parchemin ; qu’un autre les polisse ; qu’un autre encore y trace au poinçon les lignes destinées à guider la plume de l’écrivain, etc. » Il faut concevoir l’activité soutenue que provoquait dans la paisible ambiance des cloîtres ce prodige de lenteur qu’était l’établissement d’un livre. […] Il soutient les essais de colonies naturistes libertaires et prend part, notamment, aux mouvements anticolonialistes.
Il a donc les charges du gouvernement dont il a les profits, et, sous la lourde main qui les courbe, mais qui les soutient, on ne voit pas que les sujets regimbent En Angleterre, la haute classe arrive au même effet par d’autres voies. […] Voyant son canton stérile et ses colons paresseux, il les enrégimente, hommes, femmes, enfants, et, par les plus mauvais temps, lui-même à leur tête, avec ses vingt-sept blessures, le col soutenu par une pièce d’argent, il les fait travailler en les payant, défricher des terres qu’il leur donne à bail pour cent ans, enclore d’énormes murs et planter d’oliviers une montagne de roches. « Nul n’eût pu, sous aucun prétexte, se dispenser de travailler qu’il ne fût malade, et en ce cas secouru, ou occupé à travailler sur son propre bien, article sur lequel mon père ne se laissait pas tromper, et nul ne l’eût osé. » Ce sont là les derniers troncs de la vieille souche, noueux, sauvages, mais capables de fournir des abris.
Au fond, et en somme, ce qui l’a frappé, c’est une idée, ou plutôt un sentiment de l’injustice ; de ce sentiment a découlé toute sa fable ; c’est ce sentiment qui a retranché le maladroit début du conteur indien ; c’est ce sentiment qui a choisi les personnages, approprié les discours, relié les détails, soutenu le ton, apporté les preuves, l’ordre, la colère et l’éloquence ; c’est ce sentiment qui a mis dans la fable l’unité avec l’art. […] Le barbare parle, et tout de suite le grand vers imposant soutient sa voix.
C’était le temps où César préludait à la conquête de la souveraineté romaine par la conquête des Gaules ; c’était le temps où Cicéron s’efforçait de soutenir par sa parole l’ancienne constitution républicaine que Pompée n’avait pu soutenir par son épée.
« Depuis la Révolution, époque à laquelle il attira les regards, le bonhomme bégayait d’une manière fatigante aussitôt qu’il avait à discourir longuement ou à soutenir une discussion. […] Un Parisien, un Parisien de la sphère la plus élevée, pouvait seul s’agencer ainsi sans paraître ridicule, et donner une harmonie de fatuité à toutes ces niaiseries, que soutenait d’ailleurs un air brave, l’air d’un jeune homme qui a de beaux pistolets, le coup sûr et Annette. » VII La vue inattendue de ce beau jeune homme, son cousin, contraste avec la vieille et vulgaire société de son père ; elle inspire à la jeune personne un sentiment qui n’est pas encore de l’amour, mais qui anime l’indifférence.
Cette position empêchait qu’on ne s’aperçût de son côté faible : il avait à peu près perdu l’usage des jambes, et il ne pouvait marcher que soutenu par deux bras robustes. […] « Une grande douceur de caractère, une très aimable gaieté dans le commerce habituel, une pureté de mœurs qui n’avait jamais été souillée en aucune manière, une sévérité de conduite sacerdotale jointe à une indulgence parfaite pour les autres, une sagesse constante dans le gouvernement des deux églises confiées à ses soins, une profondeur peu commune spécialement dans les études sacrées, aucune contrariété individuelle, aucune hauteur, jamais une querelle avec ses collègues, — il faut en excepter la seule qu’il soutint contre le Légat de sa province pour la défense des immunités de ses églises d’Imola, — enfin le renom d’excellent homme dont il jouissait partout, comptaient pour autant de titres et de qualités intrinsèques.
L’intelligence spectaculaire soutient avec la sociabilité un rapport différent de celui que soutient avec cette dernière l’intelligence critique.
Ce fut, en vérité, une chose inconnue, jusque là, aux musiciens : quelques hauts seigneurs bienveillants s’appliquant à soutenir Beethoven, comme il voulait être soutenu, sans exiger de lui, en revanche, une dépendance.
Mais la terre suffit à soutenir la base D’un triangle où l’algèbre a dépassé l’extase… Voici maintenant la vraie inspiration poétique et philosophique tout ensemble : Car de sa vie à tous léguer l’œuvre et l’exemple, C’est la revivre en eux plus profonde et plus ample, C’est durer dans l’espèce en tout temps, en tout lieu C’est finir d’exister dans l’air où l’heure sonne, Sous le fantôme étroit qui borne la personne, Mais pour commencer d’être à la façon d’un dieu ! […] Boutroux a lui-même soutenu.
Ces poètes, ces orateurs, ces hommes d’État, bien que remplacés sur les trois scènes par des hommes qui soutiennent le nom de leur patrie, semblent avoir épuisé pour un temps la prodigieuse fécondité de l’esprit humain dans le commencement de ce siècle. […] Ce chef-d’œuvre incomparable de la scène française et de toutes les scènes, que nous analyserons bientôt devant vous, peut soutenir le parallèle avec toutes les épopées et tous les drames, avec toutes les langues de l’Inde, de la Grèce et de Rome.
Huit ans déjà passés, une impie étrangère Du sceptre de David usurpe tous les droits, Se baigne impunément dans le sang de nos rois, Des enfants de son fils détestable homicide, Et même contre Dieu lève son bras perfide ; Et vous, l’un des soutiens de ce tremblant État, Vous, nourri dans les camps du saint roi Josaphat, Qui sous son fils Joram commandiez nos armées, Qui rassurâtes seul nos villes alarmées Lorsque d’Ochosias le trépas imprévu Dispersa tout son camp à l’aspect de Jéhu : « Je crains Dieu, dites-vous, sa vérité me touche ! […] Mais, si tu les soutiens, qui peut les ébranler ?
C’était le chant par lequel l’ardent initié marquait et soutenait son œuvre. […] « Je resterai à ma place dans l’église ; je mettrai devant moi les vases sacrés ; j’embrasserai les colonnes du sanctuaire qui soutiennent la table sainte.
Et Arago de son côté repassant sur ses souvenirs : Au moment où j’écris ces lignes, dit-il, vieux et infirme, avec des jambes qui peuvent à peine me soutenir, ma pensée se reporte involontairement sur cette époque de ma vie où, jeune et vigoureux, je résistais aux plus grandes fatigues et marchais jour et nuit dans les contrées montagneuses qui séparent les royaumes de Valence et de Catalogne du royaume d’Aragon, pour aller rétablir nos signaux géodésiques que les ouragans avaient renversés.
La créature est un roseau cassé : si on veut s’appuyer dessus, le roseau plie, ne peut vous soutenir et vous perce la main.
Plancius soutenait que le passage devait exister ; mais il prétendait aussi qu’au-delà d’un certain degré plus on approcherait du pôle, plus on retrouverait une température douce et tiède, en raison des six mois de soleil continu.
Navier, médecin et chimiste à Châlons-sur-Marne, prononcé le 16 mars 1781, parlant d’une polémique que soutint cet académicien et dont il aurait pu se dispenser, Vicq d’Azyr disait avec la conscience d’un homme qui a éprouvé le venin des libellistes : Ceux qui travaillent avec courage à l’édifice des sciences peuvent-ils donc ignorer qu’il y a une classe d’hommes uniquement occupés à détruire, qui mettent toute leur gloire à troubler celle des autres, toute leur jouissance à les affliger, toute leur adresse à les distraire, dont on est sûr de triompher en n’engageant point le combat, et avec lesquels toute autre victoire compromettrait celui qui ne craindrait pas de souiller ses mains en cueillant de semblables lauriers ?
En lisant attentivement la suite des lettres comme je viens de le faire, il y a place pour toutes les suppositions, pour celle qui attribue son désespoir final à une grande passion vainement combattue, comme pour celle qui y voit avant tout, et nonobstant les divers prétextes, une maladie d’artiste arrivé au terme, inquiet de sa propre renommée, jaloux de la soutenir, tourmenté du besoin de l’approbation d’autrui, et se croyant désormais impuissant à produire.
Dorat, en convenant qu’il avait dû corriger beaucoup dans le drame nouveau, qu’il avait francisé autant qu’il l’avait pu l’expression parfois extraordinaire, soutenait pourtant que, dans ce siècle où il n’y avait plus de genres, la pièce accommodée à la scène pourrait plaire et faire tourner les têtes : On les a vues tourner pour beaucoup moins, ajoutait-il.
Par exemple il dira : « Ô bienheureux celui… Qui se soutient les bras d’un bâton appuyés, Parmi les champs où jeune alloit à quatre pieds !
Taine a dépensé une grande finesse et subtilité d’analyse à soutenir un système trop particulier.
Il lui arrive de s’élever, mais il a de la peine à se soutenir ; il a le vol court, et ses poésies sentent l’effort et le travail ; on s’aperçoit que la recherche du beau, d’un certain éclat, en fait le grand ressort : de là viennent les bons mots où il lui arrive si souvent de s’échapper, aussi bien que toutes ces malignités hors d’œuvre, ces traits qui divertissent le lecteur, mais qui ne font pas honneur au poète.
Il n’y a que les gens qui pensent comme Garnier-Pagès qui aient pu vouloir et soutenir cette Coalition si compromettante pour la couronne… » Je ne sais si M.
Remarquez bien qu’on leur demande d’indiquer le poison ; car, en ces temps de soupçon et de haine, on n’hésite pas, on a besoin de croire à toutes les sinistres rumeurs ; elles font partie de l’exaltation publique et la soutiennent ; et c’est Robespierre, le plus soupçonneux des hommes par tempérament et par système, qui préside le Comité.
Quelques-uns soutiennent qu’elle représente Caligula, qui, étant fils de Germanicus, avait donné dans son enfance de hautes espérances pour le bonheur de l’Empire, mais qui, dans la suite, devint un monstre.
Le cœur ne me prédisait pas grand bonheur : l’ambition seule me soutenait.
Et en général, cette école de philosophes systématiques et distingués qui, dans leur classification un peu bizarre des grands hommes de l’histoire, ne voulaient voir en Napoléon dont ils méconnaissaient toute l’œuvre de création civile qu’un grand et puissant rétrogradateur, ne saurait soutenir désormais un pareil sentiment après tant de paroles de sagesse, de haute clairvoyance et presque de prophétie sociale, sorties de Sainte-Hélène, et qui révèlent un fond d’âme égal ou supérieur, s’il se peut, aux actes, et parfois meilleur.
Tant que l’auteur des Scènes et Proverbes s’est joué dans ses premiers cadres, il y était soutenu et appuyé de toutes parts ; il n’avait qu’à faire avec esprit le contraire de ses devanciers et à prendre le contre-pied en toute habileté ; c’était au mieux : il avait sous les yeux, à tout moment, ses points de repère.
Le prince arriva tard, à minuit, accompagné ou plutôt soutenu par un de ses compatriotes.
Jasmin n’avait guère faibli d’ailleurs, et il soutenait jusque dans son dernier volume, avec une sorte d’aisance et une verve de tempérament, cette dureté de condition qui condamne les artistes toujours en scène à se répéter, à repasser sur les mêmes tons, à tirer de leur chanterelle jusqu’à la dernière note, à jouer de leur voix jusqu’à la dernière corde.
Il n’en persista pas moins dans sa résolution d’écrire désormais dans un journal modéré et libre de tout joug, où des amitiés éprouvées lui tendaient la main, et où il savait que les convictions philosophiques, qu’il venait de défendre au Sénat, trouveraient autour de lui non seulement la tolérance avec un peu d’indifférence (comme cela aurait pu lui arriver dans d’autres feuilles amies et libérales), mais aussi une sympathie sûre et de fermes soutiens, des plumes instruites et sérieuses avec lesquelles il se sentait en parfaite communion d’idées.
Prevost-Paradol (dans le Journal des Débats du vendredi 4 décembre 1868) a soutenu la thèse que tout ce concert d’éloges, y compris le rappel des cendres de Sainte-Hélène, n’avait été pour rien ou presque rien dans le réveil napoléonien du second Empire.
Mais quand tous sont également frappés par le malheur, l’opinion publique ne soutient plus personne : il reste des jours, mais il n’y a plus de but pour la vie.
Des idées religieuses positives, soit chez les Mahométans, soit chez les Juifs, soutiennent et dirigent dans l’Orient les affections de l’âme.
Pour exciter un intérêt soutenu, il faut une suite de physionomies expressives.
Mais il faut donner une mention à Estienne Pasquier, parce qu’il eut un jour à plaider une grande cause : en 1565, il soutint la requête de l’Université de Paris, qui contestait aux Jésuites le droit d’enseigner222.
Arnauld reconnaît chez Descartes un dessein « de soutenir la cause de Dieu contre les libertins », et il écrit avec Nicole la Logique de Port-Royal.
Au fond, l’avocat général Omer de Fleury ne se trompait pas tant quand il dénonçait au Parlement les Encyclopédistes comme « une société formée pour soutenir le matérialisme, pour détruire la religion, pour inspirer l’indépendance, et nourrir la corruption des mœurs ».
Henrik Ibsen (né en 1828) : les Revenants ; Maison de Poupée ; le Canard sauvage ; Rosmersholm ; Hedda Gabler : voilà les cinq pièces supérieures ; la Dame de la mer, un Ennemi du peuple, très intéressantes encore ; Solness le constructeur ; les Prétendants à la couronne ; les Guerriers à Helgoland ; les Soutiens de la société ; l’Union des Jeunes. — Édition : Savine, 7 vol. in-18, 1889 et suiv. — A consulter : A.
Car enfin ose me soutenir que tes pirates saxons, avec ces affreux chants de guerre dont tu as infesté tonHistoire de la littérature anglaise, sont plus poètes que Regnard !
Soutenus par la majorité compacte dont parle Ibsen, ces messieurs du Pont des Arts auraient donc bien tort d’accueillir aujourd’hui un Flaubert ou un Baudelaire.
Baron se présenta pour défendre la prétention des comédiens français, et Arlequin vint pour soutenir celle des Italiens.
Le Gaulonite soutenait qu’il faut mourir plutôt que de donner à un autre qu’à Dieu le nom de « maître » ; Jésus laisse ce nom à qui veut le prendre, et réserve pour Dieu un titre plus doux.
On peut soutenir qu’elle n’est encore ni assez mûre ni assez bien coordonnée ; mais il est incontestable qu’elle aura beaucoup à nous révéler sur la constitution et surtout le développement de l’âme humaine.
Mais deux factions désolaient surtout ce beau pays : l’une des Gibelins, attachée aux empereurs, et l’autre des Guelfes1, qui soutenait les prétentions des papes.
Elle nous décrit en détail la petite aile qu’habitait Voltaire, les tableaux encadrés dans les lambris, les glaces ; des encoignures de laque admirables ; des porcelaines, des marabouts, une pendule soutenue par des marabouts d’une forme singulière, des choses infinies dans ce goût-là, chères, recherchées, et surtout d’une propreté à baiser le parquet ; une cassette ouverte où il y a une vaisselle d’argent ; tout ce que le superflu, chose si nécessaire, a pu inventer : et quel argent !
Boileau vengeait et soutenait avec colère les anciens contre Perrault qui préconisait les modernes, c’est-à-dire Corneille, Molière, Pascal, et les hommes éminents de son siècle, y compris Boileau l’un des premiers.
Pour que le jeune cœur de Madame Royale ne prît point à cette heure une haine irréconciliable et un mépris sans retour pour la race humaine, pour qu’elle conservât sa sérénité, sa candeur, sa foi, son espérance au bien, il fallut les divins exemples et les secours qu’elle trouva autour d’elle, surtout dans sa tante Élisabeth, cette personne céleste ; il fallut cette religion précise, pratique, dont nul esprit fort n’aura jamais le droit de sourire, puisqu’elle seule est de force à soutenir et à consoler de telles douleurs.
Une remarque qui ne saurait échapper à ceux qui ont lu ces Voyages, et qui en ressort sans aucune jactance, c’est à quel point le général Marmont, partout où il se présente, est accueilli avec considération, traité avec estime, et combien, par son esprit comme par ses manières, il soutient dignement à l’étranger la réputation de l’immortelle époque dont il est l’un des représentants.
Ce jour-là, La Fare raconte qu’il ramena de Saint-Cloud M. de Tréville, un des amis particuliers de Madame, un de ceux dont elle appréciait le plus l’esprit fin, un peu subtil et extrêmement orné : « Tréville, que je ramenai ce jour-là de Saint-Cloud, et que je retins à coucher avec moi, pour ne le pas laisser en proie à sa douleur, en quitta le monde et prit le parti de la dévotion, qu’il a toujours soutenu depuis. » Mme de La Fayette elle-même, depuis qu’elle eut perdu Madame, se retira de la Cour et vécut avec M. de La Rochefoucauld de cette vie plus particulière qu’elle ne quitta plus.
On en pourrait citer quelques-uns ; mais, en général, ces pièces de vers pèchent par le tissu et par le style qui ne se soutient pas.
Il se construisit, pour soutenir et étayer ses nouvelles tendances, une philosophie très sommaire, faite de croyance en la science considérée comme devant renouveler l’essence morale de l’humanité et devant mener le genre humain à la moralité et au bonheur.
Il lui faut bien se différencier de tous les autres par quelque admiration singulière afin de se donner un prétexte de se préférer ; mais s’il demeurait dans son isolement, son suffrage solitaire n’aurait pas le pouvoir de soutenir la croyance qui le nourrit.
Il flotte dans un éther immense, sans apercevoir ce qui le soutient.
Je consens donc que la foi et l’esperance soutiennent un mourant, et que la religion paroisse affligée aux pieds d’un évêque mort.
Bergholetti soutient que tu te moques, dans ta Question romaine, autant des opprimés que des oppresseurs.
Vous voyez une voûte hardie se soutenir d’elle-même ; si vous voulez savoir comment cette voûte a pu être construite, il faut que vous rétablissiez, par la pensée, l’échafaudage dont la charpente a disparu, et sans lequel la voûte n’existerait point à présent.
La thèse du parallélisme consistera à soutenir que nous pouvons, une fois en possession de l’état cérébral, supprimer par un coup de baguette magique tous les objets perçus sans rien changer à ce qui se passe dans la conscience, car c’est cet état cérébral causé par les objets, et non pas l’objet lui-même, qui détermine la perception consciente.
Puis tour à tour une suite de discussions excellentes, conduites avec une clarté parfaite et une raison soutenue, font voir que Roscelin fut le maître d’Abailard, qu’Abailard était très-ignorant en mathématiques, qu’il ne savait pas le grec, qu’il ne connaissait tout au plus de Platon que le Timée dans la version de Chalcidius, qu’il ne connaissait d’Aristote que l’Organum, et de l’Organum que les trois premières parties traduites par Boèce, et qu’ainsi la philosophie scolastique est sortie d’une phrase de Porphyre traduite par Boèce.
Ampère, et sans être soutenu comme eux par l’original.
Cette thèse peut, à la rigueur, se soutenir aussi bien que l’opinion contraire, et ce n’est point aux arguments des lévites de Molière que je trouve à reprendre. […] et je soutiens la vue De ce sacré soleil dont je suis descendue ! […] Tous ceux-là aimeront et comprendront Bajazet qui ont été obligés de mentir et de soutenir péniblement leur mensonge, par amour, fidélité et compassion, et pour épargner des douleurs à une autre créature. […] Telle qu’elle est, un grand souffle la traverse et la soutient. […] Dumas, développée et soutenue par un personnage qui n’est que le porte-voix de l’auteur.
Ces couplets sont des développements de vérités morales ou d’observations sur les mœurs : observations ou axiomes qui, à mon avis, ressortiraient suffisamment, sans toute cette rhétorique, du drame lui-même, des actions des personnages, des rapports qu’ils soutiennent entre eux. […] Henri Lavedan, avec la crânerie la plus soutenue, est allé jusqu’au bout de ses droits d’écrivain dramatique et d’homme libre : il ne les a pas dépassés un seul instant. […] Puis c’est l’envahissement de la sacristie par deux ou trois perruches mondaines : un assaut de niaiseries que le Père soutient avec une gravité un peu ironique. […] Quant à Mme de Grécourt, elle soutient fort bien son rôle de curieuse, émue à peine. […] Dira-t-elle que par délicatesse de conscience, parce qu’elle a l’âme trop fière pour soutenir un mensonge quotidien ?
… Il fronça le sourcil comme cela lui arrivait quand il était en proie à une colère qu’il lui fallait dompter ; ses yeux soutinrent les miens avec une invincible fierté. […] par exemple, lui dis-je en riant, vous n’allez pas me soutenir que dans votre personnage de Jésus-Christ, qui, comme vous le dites, « était très venteux », et passe sa vie à p…, il y ait une question d’art ! […] Une jument qui avait appartenu au capitaine Weber, occupait le boxe, soutenue par une large sangle sous le ventre, le bout des sabots touchant le sol, mais ne portait pas le poids du corps. […] Un journaliste s’élance du porche au-devant d’elle, presse ses mains, la soutient, l’encourage. […] Il n’était donc pas seul, il n’était donc pas abandonné de tous, comme il avait eu la faiblesse de le croire : des amis inconnus, d’honnêtes gens pensaient à lui et le soutenaient.
Ce sont deux formes de la même pensée, et c’est la vérité même que : tantôt cette pensée, sous forme de religion, crée la morale, la construit, la développe et la laisse, même après elle, dans l’humanité ; et tantôt cette pensée sous forme de morale, a besoin de la religion pour se soutenir, pour se prouver, pour se donner un air raisonnable et à son tour crée la religion. […] Bien plus, à quelque parti philosophique que l’on appartienne, on veut aboutir à la morale et on tient à montrer qu’on y aboutit ; quelque système philosophique que l’on invente ou que l’on soutienne, on trouve le moyen, en définitive, de l’incliner vers la morale et de prouver qu’il y arrive. Bien plus, on met toujours son honneur à prouver que le système que l’on soutient mène à la morale mieux qu’aucun autre, supporte, comporte et contient en son sein la morale plus qu’aucun autre. […] Défendrez-vous, soutiendrez-vous les passions ? […] La plèbe romaine discutait et disputait avec son aristocratie, sans aucun doute ; mais jusqu’à l’établissement de l’Empire, elle lui restait attachée, puisqu’elle ne la renversait pas, ce qui pour une plèbe est si facile qu’il consiste simplement à ne pas soutenir.
Asin soutient avec toute la rigueur d’un esprit méthodique dépasse l’intérêt ordinaire d’une œuvre de pure érudition. […] On commençait le grec en sixième, et en 1643 les écoliers de Clermont étaient de force à soutenir des thèses en grec. […] Mais Byron ne put en soutenir l’horreur. […] Merlant, soutenue en Sorbonne, Le Roman personnel de Rousseau à Fromentin, suffit à nous en marquer l’importance. […] La critique de Voltaire est fine et précise ; dans son élancement, elle se détache du sol, du peuple, de tout ce qui explique et soutient les œuvres ; elle s’érige en arêtes vives et en transparences glacées à travers lesquelles ce n’est pas l’âme anglaise que nous distinguons, mais le goût et l’esprit français.
C’est en ce sens que l’on dit, le stile sublime, le stile simple, le stile médiocre, le stile soutenu, le stile grave, le stile comique, le stile historique, le stile poétique, le stile de la conversation, etc. […] Les anciens avoient de magnifiques portiques publics où ils aloient se promener, c’étoient des galeries basses soutenues par des colones ou par des arcades, à peu près come la place royale de Paris, et come les cloitres de certaines grandes maisons religieuses. […] On peut quelquefois adoucir une métaphore, en la changeant en comparaison, ou bien en ajoutant quelque corectif : par exemple, en disant pour ainsi dire, si l’on peut parler ainsi, etc. « l’art doit être, pour ainsi dire, enté sur la nature ; la nature soutient l’art et lui sert de base ; et l’art embèlit et perfectione la nature. » Lorsqu’il y a plusieurs métaphores de suite, il n’est pas toujours nécessaire qu’elles soient tirées exactement du même sujet, come on vient de le voir dans l’exemple précédent : enté est pris de la culture des arbres ; soutient, base, sont pris de l’architecture ; mais il ne faut pas qu’on les prène de sujets oposés, ni que les termes métaphoriques dont l’un est dit de l’autre excitent des idées qui ne puissent point être liées, come si l’on disoit d’un orateur, c’est un torrent qui s’alume, au lieu de dire, c’est un torrent qui entraine. […] Cette allégorie est toujours soutenue par des images qui toutes ont raport à l’image principale par où la figure a comencé : ce qui est essenciel à l’allégorie. […] Vossius soutient qu’il n’y a que quatre tropes principaux, qui sont la métaphore, la métonymie, la synecdoque et l’ironie, les autres, à ce qu’il prétend, se raportent à ceux-là come les espèces aux genres ; mais toutes ces discutions sont assez inutiles dans la pratique, et il ne faut point s’amuser à des recherches qui souvent n’ont aucun objet certain.
Une cariatide, les traits contractés par l’effort, semblera soutenir de son épaule le poids d’un balcon. […] On a soutenu le pour et le contre par de bonnes raisons. […] Mais peut-on raisonnablement soutenir que lorsque l’imagination du peintre ou du sculpteur est émue, son talent fléchit ? […] On nous opposera des idées sincères, désintéressées, des principes d’art qui ont été soutenus par des critiques éminents et dont se sont inspirés des artistes de grande valeur. […] Cela ne se soutient pas.
C’est par là que Benserade se soutint jusqu’à l’âge de quatre-vingts ans. […] La tragédie de Pradon ne put se soutenir longtemps, malgré l’argent de la duchesse, malgré la haine et l’envie ameutées. […] Quand le sort, las de m’être contraire, Pour un modique emploi fit qu’on me trouva bon, Qui m’y soutint ? […] Ce qui d’ailleurs n’empêchera pas cette fâcheuse maréchale Pipelet de rappeler aux princesses, un peu plus loin, leurs origines et « les bienfaits de la Révolution » dans un couplet de théâtre très soutenu et très travaillé… Mais qu’importe ? […] A la colonnette enveloppée de velours rouge, qui soutient le plafond couleur Isabelle, pend un écriteau qui annonce de la choucroute et de la salade de museau de bœuf.
Autant vaudrait soutenir qu’il a créé le jour pour blesser nos regards, la nuit pour nous tourmenter de visions sinistres, les fleurs pour répandre des miasmes, les fruits pour se changer en poisons, les animaux pour nous dévorer, les prairies, les futaies, les vallons, les eaux jaillissantes, pour nous apprendre à le renier et à le maudire. […] Il a prétendu élever les âmes si haut, si loin de la terre, si loin de nos faiblesses et de nos misères, que, n’ayant pour se soutenir le lest d’aucune croyance sérieuse et forte, elles ne peuvent que tomber de ces hauteurs séraphiques, et se salir les ailes dans la boue. […] Eugène Sue, des imposteurs et des scélérats, mais des représentants d’une hiérarchie, d’une autorité qui a joué un grand rôle en ce monde et pour qui il convient d’avoir encore des égards ; des hommes à moitié dupes, à moitié complices, placés par nos révolutions dans une situation difficile, et ayant besoin d’une prodigieuse prudence pour soutenir leur personnage et cacher leur véritable pensée. […] il n’en était pas moins fort prématuré de soutenir que M. de Lamartine ne nous donnerait pas un cours de littérature, dans l’exacte acception du mot, sous prétexte que, dans son premier Entretien, il ne nous donnait que des souvenirs de sa jeunesse et des confidences personnelles. […] L’intrépidité des premiers chrétiens en face de leurs persécuteurs a pu être attribuée, par l’interprétation profane, à l’ardeur de la foi, à l’extase du martyre ; ce clergé même, qui opposa tant de fermeté aux législateurs, aux bourreaux et aux massacreurs, on peut supposer qu’il fut soutenu, au dernier moment, par une grâce divine, par ce caractère sacré du prêtre, qui, même dans les âmes ternies par quelques faiblesses passagères, conserve, à des profondeurs immenses, la vivacité primitive de son empreinte ; mais la noblesse en 89 !
Il les nourrit de sa passion et les soutint de son ardeur. […] Cela le soutient dans son travail, le réconforte devant l’œuvre faite. « On n’y peut toucher », dit-il, quarante ans après, en parlant de son Histoire du Moyen-Age. […] Comme il l’encourage et la soutient d’attentions délicates ! […] Seul le prodige de sa nature a triomphé des désavantages de son esprit ; une force unique soutient l’édifice de son œuvre, force vitale qu’il posséda plus que nul homme au monde, qui est sa vertu efficace, par laquelle il subjugue tout, la force verbale en lui souveraine, intarissable et éternelle. […] Les cariatides daces soutinrent le marbre des consoles.
Ennemi naturel, non seulement de toute contrainte, mais de toute règle ou de toute loi, ce que Regnier défend et soutient dans ses Satires, non pas dogmatiquement, mais avec cette nonchalance, — qui est « son plus grand artifice » et son charme, — c’est l’entière et absolue liberté de l’individu. […] Ce sont toutes ces influences qui ont préparé d’abord, soutenu, et consacré le succès du « grand » Corneille, si personne moins que lui n’a ressemblé au bonhomme de génie dont on retrouve le profil héroïque dans toutes nos histoires, et au contraire si nul n’a mieux su reconnaître et prendre le vent de l’opinion pour y incliner la souplesse de son talent. […] Il est surtout de cette société précieuse qui s’est elle-même reconnue et applaudie en lui, qui lui demeurera fidèle jusqu’à la fin, qui le soutiendra contre de jeunes et hardis rivaux ; et c’est pourquoi les précieuses peuvent bien avoir eu leurs défauts, ou leurs ridicules même, mais le théâtre de Corneille subsiste pour témoigner de la noblesse, de la grandeur, et de la générosité de leur idéal d’art. […] Mme Deshoulières en tient école, et, soutenus par elle, Avec impunité les Pradons font des vers ! […] Les dernières années de Fénelon. — Une fois tombées les espérances qui l’avaient soutenu pendant quinze ans, — il ne s’abandonne pas lui-même ; — et au contraire il en accepte l’anéantissement comme un décret de Dieu sur lui [Cf. sa Correspondance, années 1712, 1713, 1714]. — Son mot au duc de Chaulnes : « Ô mon cher duc, mourons de bonne foi » [mars 1712] ; — et on peut dire qu’à dater de moment, il ne fait plus que se préparer passionnément à la mort. — Il essaie bien de se distraire ; — et compose sa Lettre sur les occupations de l’Académie française, 1714 ; — peut-être aussi retouche-t-il ses Dialogues de l’éloquence ; — et son Traité de l’existence de Dieu. — Il continue encore de combattre les restes du jansénisme ; — et administre admirablement son diocèse. — Mais il est touché à mort ; — et d’année en année, presque de mois en mois, rien n’est un plus beau spectacle que son dépouillement successif de lui-même.
Il y ajouta les couleurs et les expressions, et ce fut, soutenu par cet appui solide à la réalité, qu’il put pousser ses personnages à l’extrême de leurs caractères et même jusqu’à une certaine exagération systématique, sans leur enlever, pour cela, cet aspect de vie et de vérité qui rend si naturels à la fois et si typiques une Merteuil et un Valmont. […] Que Gérard ait péri victime d’un guet-apens comme certain l’ont soutenu, cela semble peu probable. […] Comme Honoré de Balzac, Charles Baudelaire se débattit, durant presque toute sa vie, contre la misère, la pauvreté et la gêne, et c’est de cette lutte épuisante, soutenue pendant de longues années avec une énergie et un courage silencieux, que nous entretiennent minutieusement la plupart des lettres qui forment les 53 g pages de leur douloureux recueil. […] Elle mérite d’être méditée, car elle nous montre en Le Nôtre un beau naturel, soutenu par une forte tradition, ce qui est tout le secret de son génie. […] Poète et romancier, René Boylesve (1867-1926) a été régulièrement soutenu par Régnier, qui lui a consacré plusieurs articles.
Personne n’oserait le soutenir. […] Mais à mesure que sa vision se fait plus exacte, elle devient plus limitée et plus triste ; aucun ressort moral ne le soutient. […] Au commencement du siècle, l’éducation de l’aristocratie moscovite était confiée aux Jésuites, très soutenus par l’empereur Paul. […] Et rien pour le soutenir ! […] Un écrivain d’une dévotion ardente eût transfiguré cette martyre ; elle nous serait apparue dans un nimbe, abîmée dans la contemplation mystique, uniquement soutenue par les secours célestes.
Il faut soutenir sa mère ; il y pourvoit et donne des leçons de latin, de grec, jusqu’en 1831. […] Préparé par ses leçons et par son exemple, j’ai été soutenu dans mon long travail par son souvenir toujours présent.
Si l’on ajoute à ces noms celui de Domitius Afer, l’heureux et habile avocat des mauvaises causes, éloquent jusqu’à faire ombrage à Caligula (comme Lucain poète faisait ombrage à Néron), trop perdu de mœurs, trop aisément accusateur, démentant le vir probus dicendi peritus, mais qui garde auprès de la postérité le mérite d’avoir eu pour disciple Quintilien ; — Marcus Aper, célèbre à meilleur titre, l’honneur du barreau sous Vespasien, qui joue un grand rôle et le principal dans le Dialogue sur la corruption de l’éloquence, dont quelques personnes même l’ont cru auteur, tant il y plaidé bien la cause des modernes ; — le sophiste Favorinus, né à Arles, célèbre dès le règne de Trajan, en haut crédit et en faveur sous Adrien, et le maître d’Aulu-Gelle ; qui parlait disertement sur tous sujets, qui fit en plaisantant l’éloge de la fièvre quarte (il écrivait en grec), mais qui ne portait pas seulement de l’esprit, qui avait quelquefois de la raison dans les thèses paradoxales qu’il soutenait ; — Fronton, le maître de Marc-Aurèle, dont les lettres retrouvées par M. […] Edélestand Du Méril, qui a publié lui-même des ouvrages approfondis sur le moyen âge français et bas-latin, et qui a regardé de très-près à toutes ces questions d’origines, a exprimé des doutes, et soutenu que tenter d’appliquer à notre vieux français cette rigueur grammaticale, cette précision philologique, vouloir en traiter les textes manuscrits comme l’on a fait les livres venus de l’antiquité, c’était rapprocher des choses profondément dissemblables, c’était faire une création rétroactive, supposer aux monuments du vieux français une pureté systématique qui lui est le plus étrangère, et chercher, dans ce qui est de soi informe et variable à l’infini, un ordre et une règle qu’on peut y mettre à toute force, mais qui ne s’y trouvent point35.
Le monde avait les exigences d’un roi absolu et ne souffrait pas de partage. « Si les mœurs y perdaient, dit un contemporain, M. de Besenval, la société y gagnait infiniment ; débarrassée de la gêne et du froid qu’y jette toujours la présence des maris, la liberté y était extrême ; la coquetterie des hommes et des femmes en soutenait la vivacité et fournissait journellement des aventures piquantes. » Point de jalousie, même dans l’amour. « On se plaît, on se prend ; s’ennuie-t-on l’un avec l’autre, on se quitte avec aussi peu de peine qu’on s’est pris. […] Une fillette de six ans est serrée dans un corps de baleine ; son vaste panier soutient une robe couverte de guirlandes ; elle porte sur la tête un savant échafaudage de faux cheveux, de coussins et de nœuds, rattaché par des épingles, couronné par des plumes, et tellement haut que souvent « le menton est à mi-chemin des pieds » ; parfois on lui met du rouge.
« Peu à peu, dit-il, je commençai à perdre la distinction de la figure imaginaire et de la figure réelle, et quelquefois je soutenais aux modèles qu’ils avaient déjà posé la veille. […] Le soutenir que j’avais eu de lui se trouvait ainsi expliqué naturellement. — Mais il y avait en plus cette circonstance qu’il m’était apparu comme un cadavre.
Il avait connu Léopold pendant ses années de noviciat à Paris ; il croyait en lui, et il le soutenait à Neuchâtel et à Rome de ses encouragements, cette monnaie du cœur sans jalousie, et par conséquent sans dénigrement. […] Il remboursait ses protecteurs de Neuchâtel ; il soutenait son humble famille de la Chaux-de-Fonds ; il appelait à Rome, auprès de lui, son jeune frère Aurèle Robert, devenu son élève, son émule et son graveur.
Celui qui contient tout, soutient tout, ne contient-il et ne soutient-il pas toi, moi, lui-même ?
« Mille mains actives travaillent et se soutiennent dans un commun accord, et toutes les forces se déploient dans ce mouvement empressé. […] Mais voilà pourquoi aussi il se soutint toujours, pendant sa longue et heureuse vie, dans cette philosophie de calme et de lucidité qui caractérise son génie.
Platon soutient que le temps a commencé, et que, par conséquent, il peut finir. […] Mais si nos regards éblouis ne peuvent soutenir l’éclat de la substance divine, si l’on ne doit l’adorer sous aucune forme sensible, parce qu’il est tout esprit, nous pouvons du moins apprendre à connaître Dieu par quelques-uns de ses attributs.
Quant à Voltaire, s’il n’a pas gagné, il s’est soutenu par le bon sens et le goût qu’il a répandus dans la nation. […] Il y était soutenu et comme porté par la conscience du genre humain, par tout ce que ses illusions et ses fautes avaient laissé d’intact dans la sienne, par tout ce que son esprit reçut jamais de pures lumières.
Dans le premier âge, celui où il y a une religion vraie, qui est la forme de la société, l’État et la religion sont une même chose, et, bien loin que l’État salarie la religion, la religion se soutient par elle-même, et c’est plutôt l’État qui, à certains jours, fait appel à l’Église. […] Le principe représentatif a été bon à soutenir contre les vieux despotismes personnels où le souverain croyait commander de son droit propre, ce qui est bien plus absurde encore.
11 janvier Un interne soutenait que dans les hôpitaux, pour les malades misérables, le bain, la chemise blanche, les draps propres, le passage de la saleté à la propreté, amenait une amélioration médicalement constatée. […] Mme de Béhaine soutenait que les aventures extra-dramatiques des femmes du monde, peintes par Octave Feuillet, ne l’intéressaient pas, qu’elle lirait, avec bien plus d’intérêt, des études peignant d’après nature, les femmes des ménages européens, qu’elle avait côtoyés dans sa carrière diplomatique.
Pour tous, les parents, avec moins d’efforts, confiants que Dieu les soutient. […] Jésus mort repose sur l’herbe, le haut du corps soutenu par Joseph d’Arimathie ; la Vierge11, stupide de douleur, s’est pris le visage dans les mains et regarde son fils ; la tête du Mauvais Larron, du haut de la croix, semble un soleil noir.
Jeune et vaillant héros, dont la haute sagesse N’est point le fruit tardif d’une lente vieillesse, Mais qui, seul, sans ministre, à l’exemple des dieux, Soutiens tout par toi-même et vois tout par tes yeux, Grand roi, si jusqu’ici, par un trait de prudence, J’ai demeuré pour toi dans un humble silence, Ce n’est pas que mon cœur vainement suspendu Balance pour t’offrir un encens qui t’est dû ; Mais je sais peu louer… Je mesure mon vol à mon faible génie, Plus sage en mon respect que ces hardis mortels Qui d’un indigne encens profanent tes autels, Qui, dans ce champ d’honneur où le gain les amène, Osent chanter ton nom sans force et sans haleine, Et qui vont tous les jours d’une importune voix T’ennuyer du récit de tes propres exploits. […] Peut-on soutenir qu’un tel homme ne fut que le pédagogue des poètes ?
Au moment de commencer sa carrière de gloire, le héros est ravi en songe en un lieu élevé du ciel, où son aïeul l’Africain, lui découvrant les honneurs, les périls et les devoirs qui l’attendent, le prépare à cette destinée par le spectacle de l’économie divine qui soutient l’univers, police les sociétés et dispose souverainement des hommes. […] Comme lui je veux faire le pèlerinage des trois mondes… Mais, tandis que Virgile abandonne son disciple avant la fin de sa course, Dante, lui, m’accompagnera jusqu’aux dernières hauteurs du moyen âge, où il a marqué sa place, et celle qui est pour moi Béatrice m’a été laissée sur cette terre pour me soutenir d’un sourire et d’un regard, pour m’arracher à nos découragements, et pour me montrer sous sa plus touchante image la puissance de l’amour chrétien dont je vais raconter les œuvres... » XXX Bientôt après, chassé par la langueur croissante de la maladie de place en place pour retremper sa vie dans un rayon de soleil, Ozanam écrivait de Pise cette page en marbre, ces lignes du 23 avril 1853, véritable psaume d’agonie chanté sur les tombes du Campo santo.
Voici en quelle occasion : XVI C’était en 1840, au moment où la politique agitatrice et guerroyante du ministère français, qu’on appelait le ministère de la coalition, menaçait, sans vouloir frapper, tous les peuples de l’Europe, pour soutenir, sans aucun intérêt pour la France, un pacha d’Égypte, révolté contre son souverain, le plus étrange caprice de guerre universelle sur lequel on ait jamais soufflé pour incendier l’Europe. […] Les juvénilités de ta vie et de tes vers, les gracieuses mollesses de ta nature ne m’auraient pas écarté de toi, au contraire ; il y a des faiblesses qui sont un attrait de plus, parce qu’elles mêlent quelque chose de tendre, de compatissant et d’indulgent à l’amitié, et qu’elles semblent inviter notre main à soutenir ce qui chancelle et à relever ce qui tombe.
III « Le jour se retirait », chante le poète au commencement du second chant, « et l’air rembruni enlevait au sentiment de leur peine tous les êtres animés qui sont sur la terre, quand, seul éveillé, je me préparais à soutenir la double épreuve de la lassitude et de la compassion, épreuves que va retracer ma mémoire, qui ne défaillit jamais ! […] « L’aspect de mon visage le soutint quelque temps », dit-elle aux âmes attentives, « et, en laissant briller sur lui mes jeunes yeux, je le guidai dans le droit chemin. — Mais si tôt que je fus au seuil de mon second âge et que j’eus changé de vie en ces lieux, — celui-ci », ajoute-t-elle avec un geste de reproche, « se détacha de moi pour se donner à d’autres. » — (Allusion poignante aux nombreux amours profanes que Boccace et les autres historiens reprochent au Dante après la mort de Béatrice.)
Mais ces questions, que nous sommes amenés à nous poser par l’analyse même de la notion de multiplicité distincte, nous ne pourrons les élucider que par une étude directe des idées d’espace et de temps, dans les rapports qu’elles soutiennent entre elles. […] Sans cette distinction capitale, qui fait le principal objet de notre second chapitre, on pourrait soutenir, avec M.
Il lui fiait (à Gabrielle) les avis et rapports qu’on lui faisait de ses serviteurs, et, lui découvrant les blessures de son esprit, elle en apaisait incontinent la douleur, ne cessait que la cause n’en fût ôtée, l’offense adoucie et l’offensé content ; en sorte que la Cour confessait que cette grande faveur dangereuse à un sexe impérieux soutenait chacun et n’opprimait personne ; et plusieurs s’éjouissaient de la grandeur de sa fortune.
Aussi, un siècle juste après Massillon, un orateur que je n’irai point jusqu’à lui comparer pour le talent, mais qui a soutenu bien honorablement l’héritage de la parole sacrée, l’abbé Frayssinous, dans ses conférences ouvertes sous l’Empire et depuis, avait à discuter devant d’honnêtes gens, la plupart jeunes, non plus désireux de douter, mais plutôt désireux de croire, les points controversés de la doctrine et de la tradition historique, et il le faisait avec une mesure de science et de raison appropriée à cette situation nouvelle.
Bref, elle aimait fort ce jeune homme, qu’elle appelait son abbé de Saint-Albin, qui fut depuis archevêque de Cambrai, et lorsqu’il soutint sa thèse en Sorbonne (février 1718), elle y voulut assister en grande cérémonie, déclarant ainsi à la fois et honorant la naissance illégitime de cet enfant.
. — Il faut que les disputes des gens de lettres ressemblent à ces conversations animées, où, après des avis différents et soutenus de part et d’autre avec toute la vivacité qui en fait le charme, on se sépare en s’embrassant, et souvent plus amis que si l’on avait été froidement d’accord.
Il est allé, dans la question présente, jusqu’à soutenir que ce Louis XIV qui le gêne n’a été tout à fait lui-même et n’a, en quelque sorte, commencé à dominer et à régner qu’après l’influence épuisée de M. de Lionne et de Colbert, deux élèves de Richelieu et de Mazarin ; voilà le grand règne reculé de dix ou quinze ans, et la minorité du monarque singulièrement prolongée par un coup d’autorité auquel on ne s’attendait pas43.
Après s’être attaché d’abord à l’électeur de Brandebourg dont il commanda l’armée, il lia partie avec le prince d’Orange, l’accompagna dans son expédition d’Angleterre, l’y soutint de son épée, et ne périt que dans la victoire, après avoir tout fait pour lui assurer la couronne. « Ne trouvez-vous pas bien extraordinaire, disait Louis XIV au duc de Villeroi, que M. de Schomberg, qui est né Allemand, se soit fait naturaliser Hollandais, Anglais, Français et Portugais ?
Il ne songe pas plus à dérober Montaigne qu’il ne songe à dépouiller tous ces auteurs latins dont les mots et les sentences, en leur langue, nourrissent, soutiennent à chaque instant son discours, et qu’il fait entrer continuellement dans sa trame sans les citer.
La réputation de Charron se soutint pendant toute la première moitié du xviie siècle.
Jung a soutenue devant la Faculté des lettres de Paris.
Un peu de gageure s’y glisse encore ; il y a un système qu’il soutient agréablement et sur lequel on lui fait la guerre autour de lui.
Et de plus, quelque chose de l’âme de ceux qu’il expose, et dont il nous exprime les œuvres et la vie, semble le soutenir jusque dans ce travail assez ingrat d’annotateur.
Il aime tout de la Hollande, même ce qu’elle a d’un peu triste, même ses difficultés et cette longue guerre qu’elle achève de soutenir contre la puissante Espagne pour son établissement et son indépendance.
. — Oui, ennuyeux tant que vous voudrez ; ils parlaient de ce qu’ils ne savaient pas bien, ils entreprenaient un jeune homme qui y était peu propre, ils allaient comme sont allés si souvent nos théoriciens prêcheurs, tout droit devant eux et à tort et à travers ; mais l’idée pourtant, l’idée française d’une histoire suisse à faire, — du besoin qu’on avait d’une histoire suisse, — restait attachée à l’imagination et enfoncée dans l’esprit de Bonstetten ; il emportait sans y songer l’aiguillon ; et lorsque trois ans après, il rencontre Jean de Muller au seuil de sa magnanime entreprise, mais encore incertain sur la forme, sur l’étendue, sur la plénitude du dessein, Bonstetten se souvient à l’instant et se sert de l’aiguillon qu’il a reçu, et, devenu prêcheur à son tour, il pousse, excite et soutient son ami dans la grande carrière.
Désaugiers chante on ne peut mieux, joue très bien dans ses chansons, et toutes paraissent bonnes dans sa bouche ; je n’ai point cet avantage, et, dans une maison étrangère où je ne serais pas bien soutenu, j’aurais tout à craindre d’une pareille rencontre.
Telle est la thèse qu’elle soutient avec toutes les subtilités de son cœur et de son esprit, et qu’elle orne des figures et des mille emblèmes d’une imagination tournée en dedans.
Veuillot, mais je pourrais soutenir sans paradoxe qu’au fond il devait l’aimer ; et voici mes raisons.
Parmi ceux qui la soutiennent avec le plus d’honneur, je trouve des noms connus, des noms amis auxquels je ne puis échapper avant d’en venir à mon sujet principal, et que je me ferais scrupule de passer entièrement sous silence, puisqu’ils ont publié de nouveaux recueils, pas plus tard qu’hier.
Dans ce duel inégal qu’elle soutint et qui, même avec de légers torts, fait son éternel honneur, elle ne résiste pas à César comme un Caton ni comme la femme de Brutus, elle résiste comme une femme française et de la haute société ; on voit l’émotion, le sein palpitant ; on entend la plainte.
Il soutient que la prison est un conte.
Foucault pourtant se permet encore, çà et là, de bien étranges choses ; il soutient la réputation terrible qu’il s’est faite, et, si quelquefois il critique en paroles, il n’est jamais homme à adoucir dans l’exécution les ordres qu’il reçoit.
Mais ici M. de Belloy prend la parole et supplée à l’original dans un couplet soutenu et de la meilleure veine.
Ce qu’il loue le plus, ce qu’il soutient et défend de tout son cœur, les tentatives dramatiques d’amis illustres, n’obtiennent que des succès douteux et très-combattus : il lui faut dissimuler tant qu’il peut ces résistances obstinées de la masse bourgeoise à ce qu’il admire et à ce qu’il aime.
Il a bien mérité de la société d’alors par son cri d’alarme et par l’énergie civique dont il l’a soutenu.
Paul et Virginie porte certainement des traces de son époque ; mais, si Paul et Virginie n’avait pas été fait, on pourrait soutenir par toutes sortes de raisonnements spécieux et plausibles qu’il était impossible à un livre de cette qualité virginale de naître dans la corruption du xviiie siècle : Bernardin de Saint-Pierre seul l’a pu faire.
Mais il y a, entre les deux époques, cette différence essentielle que, dans l’ancien régime, chaque patron allait au combat soutenu par ses ouvriers ou ses domestiques, tandis que maintenant il les rencontre armés devant lui.
C’est alors que Frédéric avertissant à temps le duc des Deux-Ponts, héritier présomptif après l’Électeur palatin, et qui lui-même était près de céder, saisit le beau rôle, l’occasion propice qui s’offrait à lui, de prendre en main la cause des princes lésés, de soutenir les stipulations formelles, les articles du traité de Westphalie, qui réglaient ou confirmaient cette succession de Bavière, et de faire respecter les immunités, les libertés et les droits du Corps germanique.
Son mérite original est d’avoir toujours eu présent dans le cours de son étude et d’avoir toujours montré un Napoléon fidèle à lui-même, constant, et dont le caractère se soutient du commencement jusqu’à la fin.
Si l’on relit ses mélanges extraits du Conservateur et du Mémorial catholique, ses beaux pamphlets, de la Religion considérée dans ses rapports avec l’Ordre politique et civil (1826), des Progrès de la Révolution(1829), ses deux Lettres à l’Archevêque de Paris (mars et avril 1829), on l’y voit ne jamais séparer dans son anathème les doctrines libérales ou démocratiques d’avec les doctrines hérétiques et impies, subordonner le prince au Pape, l’épiscopat à Rome, soutenir en tout et partout l’intervention et la prédominance légitime du pur catholicisme.
Il le sentait bien, et ne se livrait à elles que par instants, pour revenir ensuite avec plus d’ardeur à l’étude, à la poésie, à l’amitié. « Choqué, dit-il quelque part dans une prose énergique trop peu connue44, choqué de voir les lettres si prosternées et le genre humain ne pas songer à relever sa tête, je me livrai souvent aux distractions et aux égarements d’une jeunesse forte et fougueuse : mais, toujours dominé par l’amour de la poésie, des lettres et de l’étude, souvent chagrin et découragé par la fortune ou par moi-même, toujours soutenu par mes amis, je sentis que mes vers et ma prose, goûtés ou non, seraient mis au rang du petit nombre d’ouvrages qu’aucune bassesse n’a flétris.
Mais sur les autres sujets un peu mixtes et par les autres œuvres qui atteignent les bons esprits dont je parle, dans ces matières qui sont communes à tous ceux qui pensent, et où ces hommes de sens et de goût sont les excellents juges, prouvons-leur aussi que, tout poëtes que nous sommes, nous voyons juste et nous pensons vrai : c’est la meilleure manière, ce me semble, de faire honneur auprès d’eux à la poésie, et de lui concilier des respects ; c’est une manière indirecte et plus sûre que de rester poëtes jusqu’au bout des dents, et de venir à toute extrémité soutenir que nos vers sont fort bons .
Pour se soutenir, il lui fallait sa chopine d’eau-de-vie par jour ; c’était sa ration, son manger et son boire, la seule nourriture qu’il digérât » (p. 430).
Pour que ses peintures soient comprises, il faut qu’il soutienne la particularité physique par la généralité morale.
Voilà le ton ; et il n’est que trop soutenu.
De temps en temps, quelques paroles soutiennent contre le désespoir celui qui n’est que le néant par rapport à celui qui est l’être.
Ce sont des terrasses soutenues par des murs, des escaliers pour monter et descendre noblement, plus de pierres que de gazon et de fleurs, un jardin où le maçon a eu plus à faire que l’horticulteur.
Mais quoique les éléments psychiques, les idées, les désirs, les émotions et l’immense foule obscure d’états inconscients ou presque inconscients qui les soutient soient mieux harmonisés dans l’individu que les hommes dans la société, cependant les conflits sont continuels parmi eux.
Évidemment, on ne peut accepter ni la doctrine qui soutient l’immutabilité absolue de la morale, à laquelle les faits donnent le plus éclatant démenti, ni la doctrine de sa mobilité absolue qui n’est pas moins contredite par l’expérience.
Un de ces biographes, qui mettent Racine aux prises avec l’hôtel de Rambouillet, nous assure que madame de Sévigné était de la coterie qui soutenait Pradon et dépréciait Racine, de sorte que ce pourrait bien être d’elle que Boileau eût voulu parler dans sa satire.
Les régalades continuent sur toute la route au retour : l’ambassadeur et l’abbé ne se lassent pas de tenir tête aux grands seigneurs du pays et de s’enivrer à la polonaise, pour soutenir l’honneur du roi leur maître.
Il ne manque à ces pages, pour avoir tout leur prix, que d’être encadrées dans un texte d’histoire ferme, exact, soutenu.
C’est à lui que pensait Louis XIV quand il écrivait dans son État de la France en 1661 : Les finances, qui donnent le mouvement et l’action à tout ce grand corps de la monarchie, étaient entièrement épuisées, et à tel point qu’à peine y voyait-on de ressource ; plusieurs des dépenses les plus nécessaires et les plus privilégiées de ma maison et de ma propre personne étaient ou retardées contre toute bienséance, ou soutenues par le seul crédit, dont les suites étaient à charge.
En un mot, dans cette rude guerre qu’il soutint durant près de six années, les soldats de Carrel sont vigoureux, fermes, adroits, infatigables, ils ne sont pas brillants ; ils n’ont pas de casque au soleil.
Mais il y a tel instant où, du fond de cette vanité, de cet égoïsme, de cette petitesse, de ces misères, de cette boue dont nous sommes faits, sort tout à coup un je ne sais quoi, un cri du cœur, un mouvement instinctif et irréfléchi, quelquefois même une résolution, qui ne se rapporte pas à nous, mais à un autre, mais à une idée, à notre père et à notre mère, à notre ami, à la patrie, à Dieu, à l’humanité malheureuse, et cela seul trahit en nous quelque chose de désintéressé, un reste ou un commencement de grandeur, qui, bien cultivé, peut se répandre dans l’âme et dans la vie tout entière, soutenir ou réparer nos défaillances, et protester du moins contre les vices qui nous entraînent et contre les fautes qui nous échappent.
Selon cette théorie d’un faux bon sens ennemi du grand goût, il suffirait de transporter purement et simplement toute action émouvante et attendrissante de la vie bourgeoise sur le théâtre pour avoir atteint le plus haut point de l’art : Si quelqu’un est assez barbare, assez classique (il est piquant de voir ces deux mots accolés par Beaumarchais et pris comme synonymes), pour oser soutenir la négative, il faut lui demander si ce qu’il entend par le mot drame ou pièce de théâtre n’est pas le tableau fidèle des actions des hommes.
Le caractère est bien soutenu, l’intrigue bel et bien nouée, les scènes pleines et sans langueur, l’action attachante et jusqu’à la fin en suspens, le style surtout dru, ample, aisé, délicieux.
Quand il est soutenu par des documents, comme cela est arrivé dans l’histoire de don Pèdre, il s’élève à des exposés d’ensemble qui ont un grand mérite, et ce sont certainement de beaux chapitres que ceux où il a retracé l’état général de l’Espagne vers le milieu du xive siècle.
D’ailleurs nous ne proscrivons pas la rime ; nous la libérons, nous la réduisons parfois et volontiers à l’assonance ; nous évitons le coup de cymbale à la fin du vers, trop prévu, mais nous soutenons notre rime telle quelle par des assonances, nous plaçons des rimes complètes, à l’intérieur d’un vers correspondant à d’autres rimes intérieures, partout où la rythmique nous convie à les placer, la rythmique fidèle au sens et non la symétrie, ou, si vous voulez, une symétrie plus compliquée que l’ordinaire.
Quelques naturalistes soutiennent que les animaux ne présentent jamais de variétés ; en conséquence, ils considèrent les plus légères différences comme ayant une valeur spécifique ; et lors même qu’une forme identique se rencontre en deux contrées éloignées, ils vont jusqu’à supposer que deux espèces distinctes sont cachées sous le même vêtement.
Comment voulez-vous que Corneille puisse trouver bon Racine, qui goûte les sujets que Corneille a toujours évités et les manières de traiter les sujets que Corneille très visiblement n’aime point, et qui se donne tout entier à la peinture de l’amour, sentiment que Corneille a toujours considéré comme trop chargé de faiblesse pour pouvoir soutenir une tragédie ?
Si nous parcourions toute la série d’idées que peut faite naître le sujet qui nous occupe, nous verrions que le duel, reste de nos anciennes mœurs, s’est conservé intact dans nos mœurs nouvelles, mais qu’il commence à sortir de la sphère des opinions ; que l’institution du jury, réclamée par nos opinions, et regardée avec raison comme le fondement de toutes nos garanties sociales et de nos libertés actuelles, n’est point entrée dans nos mœurs, puisque nous obéissons avec tant de répugnance à la loi qui nous impose le devoir de juger nos pairs, puisque les jugements rendus dans le sanctuaire de la justice, sous la responsabilité de la conscience des jurés, sont attaqués ouvertement, et discutés comme nous discutons tout ; nous verrions enfin que si nous n’étions pas soutenus par l’esprit de parti, nous nous acquitterions de nos fonctions d’électeurs avec une négligence que l’on prévoit déjà pour l’avenir.
C’est un miroir, mais un miroir qui a des opinions, et on les voit parfois discrètement réfléchies dans les rayonnements de sa glace ; car la fonction est terriblement délicate de ce chroniqueur, qui ne peut pas vouloir qu’on ferme la porte au nez de sa chronique, et qui soutient, depuis je ne sais combien de temps, cette gageure de tact et de tenue d’être un chroniqueur accepté, un chroniqueur à la journée et à la soirée, marchant sur plus pointu que la pointe des clochers : à travers les prétentions de tous les genres et tous les genres de vanité !
Le romancier qui soutient trop une thèse (voilà le défaut, malgré la grâce et les ressources de son talent), pose en fait que tous les gouvernements sont, (l’essence, les ennemis de la pensée, de l’art, de la poésie, ce qui n’est pas nécessairement, et il le prouve (on prouve tout ce qu’on veut quand on a de l’esprit et de l’invention dans l’esprit) par trois romans historiques qu’il a comme incrustés dans un premier roman, qui est la base même de sa thèse, discutée entre Stello, le poète spleenétique, et le docteur Noir, son médecin.
Planant sur la cité, la dominant, et cependant comme porté par elle, le sanctuaire des héros brillerait comme un phare pour soutenir aux heures troubles et grises les volontés faiblissantes.
Pour les gens qui vivent en eux-mêmes, le scepticisme est insupportable ; n’ayant rien d’extérieur où ils puissent se prendre, uniquement soutenus, occupés et animés par leurs croyances, ils sont contraints de croire ou de mourir.
Il a subi la pauvreté et le mépris dès l’âge où l’esprit s’ouvre, à l’âge où le cœur est fier955, à peine soutenu par les maigres aumônes de sa famille, sombre et sans espérance, sentant sa force et les dangers de sa force956. […] Nulle grandeur fausse ou vraie ne se soutient devant lui ; les choses sondées et maniées perdent à l’instant leur prestige et leur valeur. […] La machine à aimant qui soutient l’île volante, le transport et l’inventaire de Gulliver à Lilliput, son arrivée et sa nourriture chez les chevaux font illusion ; nul esprit n’a mieux connu les lois ordinaires de la nature et de la vie humaine ; nul esprit ne s’est si strictement renfermé dans cette connaissance ; il n’y en a point de plus exact ni de plus limité.
Depuis les deux révolutions, le protestantisme, allié à la liberté, a paru la religion de la liberté, et le catholicisme, allié au despotisme, a paru la religion du despotisme ; les deux doctrines ont pris, toutes les deux, le nom de la cause qu’elles avaient soutenue. […] Il a ce ton énergique, soutenu et vibrant, qui fait fléchir les oppositions et conquiert les croyances. […] Ces antithèses d’idées soutenues par des antithèses de mots, ces phrases symétriques, ces expressions répétées à dessein pour attirer l’attention, cet épuisement de la preuve mettent sous nos yeux le talent d’avocat et d’orateur que nous rencontrions tout à l’heure dans l’art de plaider toutes les causes, de posséder un nombre infini de moyens, de les posséder tous et toujours à chaque incident du procès.
science de l’Humanité, ne devrais-tu pas le soutenir et l’illuminer ? […] Ceux qui soutiennent que, dans l’état actuel de la société, la science de Gall ne renverse pas fondamentalement la justice distributive ou pénale, devraient bien nous montrer que l’homme est libre aujourd’hui de s’abandonner à sa liberté naturelle, ou, en d’autres termes, que ces prédispositions fatales, qu’ils reconnaissent, peuvent être, dans tous les cas, satisfaites sans crime au sein de la société actuelle. […] Peut-on raisonnablement soutenir que la division et l’anarchie dans la connaissance humaine soient l’état normal de la société ?
Car, ne l’oublions pas, la sincérité est d’autant plus réelle qu’elle est plus inconsciente ; on pourrait même soutenir qu’il n’y a de vraie sincérité que celle qui est parfaitement inconsciente de sa valeur, et je note, comme tout à fait digne qu’on s’y arrête pour la méditer, à notre époque de repliement et d’examen perpétuel, cette observation de Carlyle : « Toujours la caractéristique d’une bonne réalisation est une certaine spontanéité. […] On se rappelle les confidences de Mme de Commanville, la nièce de Gustave Flaubert, lequel contribua à sa première éducation : on ne peut soutenir que cette fille adoptive d’un illustre écrivain possédât le moindre don d’expression verbale. […] Soutiendra-t-on qu’un tel art soit artificiel, artificiel étant synonyme d’insincère, c’est-à-dire conçu à froid, et ne répondant pas aux mouvements spontanés de l’être. […] Faut-il les nommer, ces vertus cardinales, authentiques soutiens de la société ?
— Une des peines de l’esprit, c’est l’inaction, c’est la lutte qu’il faut soutenir contre les intelligences médiocres. […] Le Festin de Pierre, comédie en prose Le Tartuffe n’avait pas encore vu le jour, la protection du roi lui-même avait été vaincue par les clameurs des dévots, des vrais dévots aussi bien que des faux dévots, comme dit La Bruyère ; tout le xviie siècle était en suspens, dans l’attente du chef-d’œuvre qui allait venir, bref, on ne savait rien de Tartuffe, sinon dans les salons de mademoiselle de Lenclos, ce grand philosophe, à l’esprit si net, au cœur si tendre, lorsque tout d’un coup, dans les folles journées du carnaval de 1665, Molière fit représenter une comédie intitulée : Don Juan. — Au premier abord, on devait s’attendre à quelqu’une de ces farces admirables par lesquelles le grand poète comique faisait soutenir ses chefs-d’œuvre, Le Malade imaginaire, par exemple, ou bien Le Bourgeois gentilhomme. […] Un naturel un peu plus fort que le sien aurait déjà fait plus d’un pas, mais il ne faut pas l’engager à plus qu’elle ne saurait soutenir… » Certes, nous voilà bien loin de la hâte et de la précipitation de M. […] Ce Don Juan est une œuvre à mille faces ; on le peut admirer à outrance, on le peut critiquer sans pitié, et même on ne voit pas à quel point l’on pourrait soutenir, sans quelque danger, que cette très sérieuse comédie, établie sur un fond si noir, et dans laquelle se montrent à nu les plus honteuses passions du cœur de l’homme : le vice sans frein, l’ironie sans respect, le doute sans examen, l’athéisme sans motif ; un drame où le héros, qui insulte Dieu, ne sait pas même rendre à son père des respects apparents, soit en effet une comédie irréprochable.
Ce n’est pas avec la philosophie qu’on soutient les ministères. […] Il anime les abstractions ; il trouve, pour amuser et soutenir l’attention, plusieurs des ressources qu’avait M. […] Ce jour-là encore Bastien Lepage était venu, soutenu par son frère, au chevet de la malade. […] Il est intéressant de rechercher comment les livres de cet homme illustre se soutiennent devant elle. […] Mais qui oserait soutenir que le Napoléon de Lanfrey est aussi vrai que celui de M.
C’est soutenir une gageure que de vouloir exposer, sous forme de fable, une thèse d’histoire littéraire et de psychologie appliquée. […] Du collège de Sorbonne où Richelieu soutint sa thèse de doctorat, M. […] Après quelques efforts stériles de l’École française, mal soutenue par son gouvernement, la tâche a été reprise par l’Allemagne, avec un éclatant succès. […] Six colonnes doriques soutiennent l’architrave, qui est blanche comme celle du Parthénon, mais où l’on a suspendu des boucliers d’or. […] Debout, il regarde le petit enfant potelé et joufflu qu’il soutient sur son bras gauche et qui lui tend les mains.
Il y soutient du mieux qu’il peut le personnage d’un satirique ennuyé de se voir obligé à louer, et par là trouve le moyen de s’en tirer passablement. […] Spiritualisez tant qu’il vous plaira : de bonne foi, peut-on soutenir qu’un homme à jeun et un homme qui a bien dîné soient le même homme ? […] Telle est la doctrine qu’Aristote enseigna à Théophraste, et qui, à travers mille vicissitudes, prit possession des écoles du Moyen Age, fut acceptée par la théologie, formulée par saint Thomas, et élevée, peu s’en faut, à la hauteur d’un dogme reconnu par l’Église et soutenu, au besoin, par le bras de l’État29. » Ainsi, chose singulière ! […] Outre que ses forces s’étaient beaucoup amoindries, et qu’il est extraordinaire qu’elles aient pu le soutenir pendant sa courte vie, étant très affaibli, un jour qu’il se trouvait à la Farnésine, il reçut l’ordre de se rendre sur-le-champ à la cour ; il arriva en un moment au Vatican, épuisé et tout en transpiration : il s’arrêta dans une grande salle, et, pendant qu’il parlait longuement de la fabrique de Saint-Pierre, la sueur se refroidit sur son corps, et il fut pris d’un mal subit. […] Voici d’immenses souterrains, à plafonds bas, soutenus par de gros piliers courts ; voici un géant à huit bras, le pied gauche posé sur un éléphant couché : c’est Vira-Bhadra, une des avatars ou incarnations de Vischnou.
Je crois qu’on pourrait plaider pour Sophocle et soutenir que cette correction n’est pas très heureuse. […] Il fallait l’encourager discrètement au début, puis la soutenir et enfin la remercier cordialement du bel effort d’art qu’elle avait donné ; et non pas, par une ovation violente à M. […] Le parallélisme se soutient. […] Vaillat se soutient. […] Nous oublions le vaillant vaincu qui vient de soutenir la plus noble des causes, parce qu’il ne s’enferme pas dans le silence grave et douloureux convenant à la défaite inique.
Il a prévu les impuissances de nos parlementaires : « Aujourd’hui, telle qu’elle est établie, la Chambre des députés arrivera, vous le verrez, à gouverner, ce qui constituera l’anarchie légale… » Il a prévu les scandales de notre journalisme : « Tel est l’avenir de notre beau pays, où tout sera périodiquement remis en question, où l’on discutera sans cesse au lieu d’agir, où la presse, devenue souveraine, sera l’instrument des plus basses ambitions… » Il a prévu les ignominies du suffrage universel et la frénésie des luttes de classes : « Si, à Dieu ne plaise, la bourgeoisie abattait sous la bannière de l’opposition, les supériorités sociales contre lesquelles sa vanité regimbe, ce triomphe serait immédiatement suivi d’un combat soutenu par cette bourgeoisie contre le peuple qui verrait en elle une sorte de noblesse, mesquine, il est vrai, mais dont les fortunes et les privilèges lui seraient d’autant plus odieux qu’il les sentirait de plus près… Si cette perturbation arrive, elle aura pour moyen le droit de suffrage étendu sans mesure aux masses… » Il a prévu la prépondérance de l’Angleterre au vingtième siècle et il en a dit la cause : « L’Angleterre doit son existence à la loi quasi féodale qui attribue les terres et l’habitation de la famille aux aînés. » Aussi « cette nation est-elle aujourd’hui dans une voie de progrès effrayants. » Il insiste, et l’Impérialisme britannique est dénoncé par avance : « La marine des Anglais, au nez de l’Europe, s’empare de portions entières du globe, pour y satisfaire les exigences de leur commerce, et y jeter les malheureux et les mécontents… Chez eux, tout est prompt dans ce qui concerne l’action du gouvernement, tandis que chez nous tout est lent ; et ils sont lents et nous sommes impatients ! […] De là ses adorables sacrements qui aident au triomphe de la grâce et soutiennent le pécheur… » — « Je ne veux pas juger l’Eglise catholique, dit Benassis (Médecin de campagne), je suis très orthodoxe, je crois à ses œuvres et à ses lois… » Il serait aisé de signaler d’autres pages du même ordre dans beaucoup d’autres épisodes de la Comédie humaine : — ainsi la conversion du docteur Minoret dans Ursule Mirouet, l’entrée au couvent d’Albert Savarus et de la duchesse de Langeais, la confession de Mme de Mortsauf dans le Lys de la vallée, le magnifique dialogue d’Agathe Bridau mourante et de l’abbé Loraux dans le Ménage de garçon. […] Elle consiste à montrer ce que l’activité la plus réaliste, la plus soumise aux exigences du fait, la plus subordonnée à des fins pratiques, prend de vigueur, combien elle devient productrice et salutaire, lorsque la foi religieuse est à son origine pour la conduire, pour la soutenir, pour la réchauffer, — en la réglant. […] Ils risquent trop de devenir des révoltés s’ils ne sont pas soutenus par un principe de dévouement exceptionnel.
À l’occasion de ce second voyage, le roi songea à le créer duc et pair ; mais Rosny refusa alors cet honneur, « comme n’ayant pas assez de biens pour soutenir une si haute dignité en sa maison ».
À ces causes, considérant que les sciences et les arts n’illustrent pas moins un grand État que font les armes, et que la nation française excelle autant en esprit comme en courage et en valeur ; d’ailleurs désirant favoriser le suppliant et lui donner le moyen de soutenir les grandes dépenses qu’il est obligé de faire incessamment dans l’exécution d’un si louable dessein, tant pour paiement de plusieurs personnes qu’il est obligé d’y employer que pour l’entretien des correspondances avec toutes les personnes de savoir et de mérite en divers et lointains pays ; nous lui avons permis de recueillir et amasser de foules parts et endroits qu’il advisera bon être les nouvelles lumières, connaissances et inventions qui paraîtront dans la physique, les mathématiques, l’astronomie, la médecine, anatomie et chirurgie, pharmacie et chimie ; dans la peinture, l’architecture, la navigation, l’agriculture, la texture, la teinture, la fabrique de toutes choses nécessaires à la vie et à l’usage des hommes, et généralement dans toutes les sciences et dans tous les arts, tant libéraux que mécaniques ; comme aussi de rechercher, indiquer et donner toutes les nouvelles pièces, monuments, titres, actes, sceaux, médailles qu’il pourra découvrir servant à l’illustration de l’histoire, à l’avancement des sciences et à la connaissance de la vérité ; toutes lesquelles choses, sous le titre susdit, nous lui permettons d’imprimer, faire imprimer, vendre et débiter soit toutes les semaines, soit de quinze en quinze jours, soit tous les mois ou tous les ans, et de ce qui aura été imprimé par parcelles d’en faire des recueils, si bon lui semble, et les donner au public ; comme aussi lui permettons de recueillir de la même sorte les titres de tous les livres et écrits qui s’imprimeront dans toutes les parties de l’Europe, sans que, néanmoins, il ait la liberté de faire aucun jugement ni réflexion sur ce qui sera de la morale, de la religion ou de la politique, et qui concernera en quelque sorte que ce puisse être les intérêts de notre État ou des autres princes chrétiens.
Joinville qui, pour lors, était assez gravement malade, s’y fit porter et soutenir par les bras.
Or, Bernier, homme de sens, qui a beaucoup vu, et qui, en vertu même d’un sage scepticisme, est devenu plus ouvert à des doctrines supérieures, croit devoir avertir son ami et camarade, qui, en passant par le cabaret, est resté plus qu’il ne croit dans l’école ; le voyant prêt à vouloir s’enfoncer dans une philosophie abstruse et prétendre à expliquer physiquement la nature des choses et celle même de l’âme, il lui rappelle que c’est là une présomption et une vanité d’esprit fort ; mais si cette explication directe est impossible, et si connaître en cette manière son propre principe n’est pas accordé à l’homme dans cet état mortel, néanmoins, ajoute-t-il en terminant, nous devons prendre une plus haute idée de nous-mêmes et ne faire pas notre âme de si basse étoffe que ces grands philosophes, trop corporels en ce point ; nous devons croire pour certain que nous sommes infiniment plus nobles et plus parfaits qu’ils ne veulent, et soutenir hardiment que, si bien nous ne pouvons pas savoir au vrai ce que nous sommes, du moins savons-nous très bien et très assurément ce que nous ne sommes pas ; que nous ne sommes pas ainsi entièrement de la boue et de la fange, comme ils prétendent. — Adieu.
Son poème des Mois, qui parut, magnifiquement imprimé, en 1779, sous l’invocation de Turgot et avec la protection de l’école économiste, a quelques bons vers et qui décèlent un instinct de fraîcheur et de nouveauté : L’onde étincelle et fuit d’une course plus vive, La pelouse déjà rit au pied des coteaux… Il manque par malheur d’invention, et n’a pas assez d’art, pas assez de fermeté dans le talent pour se soutenir ; il n’a que de bons commencements, et ses vers retombent vite dans le convenu.
Cette santé même dont il se plaignait toujours, cette complexion voltairienne, de tout temps « assez, robuste pour résister au travail d’esprit le plus actif, et assez délicate pour soutenir difficilement tout autre excès », lui était un fonds précieux dont il usait à merveille, et qu’il gouvernait sous air de libéralité avec une prudente économie.
Je sais qu’il n’en est guère question à présent, selon le bas ministre (Fleury) qui le gouverne, et que ce sont les mal tôliers qui en sont les colonnes ; mais vous avez une patrie misérable, une province vexée par les esclaves subalternes, que l’on érige en souverains pour le malheur des peuples ; des amis que vous pouvez servir ; des compatriotes à qui vos talents exercés pourraient être utiles ; une famille dont vous devez ou soigner les affaires, ou soutenir le nom ; vous-même, à qui vous devez un plan fixe de bonheur et d’agrément ; que d’objets divers et opposés !
Je vois les uns, sous prétexte d’antiquité, soutenir des erreurs grossières ; les autres, en voulant fuir des erreurs qu’ils croient nouvelles, inventer eux-mêmes des nouveautés ; et, pour retrancher des abus, je les vois condamner et supprimer de leur autorité privée l’usage de beaucoup d’institutions des plus saintes, je le pense du moins.
Il soutenait que le vers de Racine avait été créé exprès par lui à l’usage et à l’instar de la Cour dédaigneuse de Louis XIV, et il allait jusqu’à dire en 1818 que la cause de Racine était la même que celle des Carrosses du Roi.
Il ne faut point séparer de ces chansons les airs qui les accompagnent et qui les soutiennent, qui les ont inspirées souvent ; M.
Gavarni veut-il nous montrer la fin et l’issue d’un combat de boxeurs, c’est d’abord le vaincu, celui qui est resté sur le carreau : on l’emporte pâle, étendu, la tête renversée, sans connaissance et comme prêt à rendre le dernier soupir ; vous tournez la page et vous voyez le vainqueur : celui-ci, on ne l’emporte pas ; il est debout, on le porte ; deux camarades ont besoin de toute leur force pour le soutenir ; éborgné, fracassé, démoli, croulant, il lui faudra bien des jours pour se refaire, s’il y parvient jamais.
Le gros des forces du prince Eugène était alors trop rapproché des lignes de communication, et celles-ci eussent été soutenues aussitôt par toute la droite de son armée.
Il s’en servait pour peser de tout son poids sur l’esprit de la Régente dont il voulait faire purement et simplement la créature de la France : à ce prix, il lui promettait de la protéger, de la soutenir envers et contre tous, à l’expiration de la Régence, dans le maintien et la prolongation du pouvoir.
La cause que soutient et personnifie Marie-Antoinette, la pure cause royale est trop légitime et trop sacrée à ses yeux pour qu’elle ait de ces scrupules sur les moyens : si elle hésite, c’est qu’elle n’est occupée que des meilleures chances de succès.
Ce cheik Othman, ami et promoteur de la civilisation, l’un de ces hommes qui, à travers toutes les distances de races et de croyances, permettent de penser que les hommes sont frères ou qu’ils le deviendront, disait à ses disciples à sa sortie des Tuileries : « Chacune des religions révélées peut élever la prétention d’être la meilleure : ainsi nous, musulmans, nous pouvons soutenir que le Coran est le complément de l’Évangile et de la Bible ; mais nous ne pouvons contester que Dieu ait réservé pour les chrétiens toutes les qualités physiques et morales avec lesquelles on fait les grands peuples et les grands gouvernements. » M.
À voir, cependant, chez elle l’emploi de ce patois si libre, si naïf, si coloré, je me suis rappelé une remarque du comte Jaubert, qui se trouve des mieux justifiées : « On peut soutenir sans paradoxe, dit-il dans la savante Introduction au Glossaire du centre de la France, que les patois déploient généralement un luxe de tropes à étonner Dumarsais lui-même, une originalité, une sorte de génie propre, capable non seulement d’intéresser, mais même d’offrir certaines ressources au grand art d’écrire. » Il y faut seulement, pour ce dernier point, du choix et de la sobriété.
N’est-ce dans certains cas, comme on l’a soutenu récemment pour Laïus et pour Œdipe, qu’une légende astronomique, un mythe solaire, venu de la même source que les plus antiques Védas ?
Vers le même temps, le maréchal de Broglie juge à propos d’abandonner et de découvrir le fantôme d’Empereur que soutenait la France, de se retirer de la Bavière et de ramener son armée sur le Rhin.
Il soutenait qu’il ne me faudrait que vingt mille hommes : il m’a donné vingt mémoires pour le prouver.
Une tradition populaire du pays en a fourni le sujet au poëte ; mais il a su y élever une composition soutenue, graduée, délicate et touchante, qui le classe, à bon droit, parmi les plus vrais talents en vers de notre temps.
On a souvent discuté sur les mérites de Mme de Grignan, et sa mère lui a fait quelque tort à nos yeux en la louant trop ; c’est un rôle embarrassant à soutenir devant les indifférents, que d’être tant aimée.
On conçoit dès lors combien il était difficile à Boileau de tout repousser dans la thèse que soutenait Perrault ; à quelles chicanes, à quelles subtilités, ou à quelles contradictions brutales et sans preuves il était réduit, pour justifier les anciens et condamner Perrault sans réserve et sans nuances.
Les drames de Diderot, ce déclamatoire et insupportable Fils naturel, ce Père de famille 485 qui porte sa paternité comme un sacerdoce, ne sont soutenus que par le nom de leur auteur.
Une idée philosophique et sociale soutient chaque poème : ici affirmation de Dieu ou de la justice, la dévotion au peuple, haine du roi et du prêtre.
Car ils lui empruntaient sa fragile apologétique sans le grand souffle qui la soutenait (en l’air), ses bizarreries de style sans sa prestigieuse imagination, toute sa manière enfin sans s’apercevoir qu’ils n’avaient ni ses dons originaux ni surtout son public.
Le mensonge et le convenu la soutenaient ; le triomphe du vrai la tue.
Surtout ne trouverait-on pas là une des causes principales de l’obscurité que l’on a reprochée successivement à tant d’écrivains, et des luttes terribles qu’il leur a fallu soutenir avant qu’on en vînt à rendre justice à leurs plus belles productions ?
Quel rhéteur naïf soutiendrait encore après t’avoir lu que l’ironie veut faire entendre uniquement le contraire de ce qu’elle dit ?
Dans cinquante ans on soutiendra peut-être (selon la méthode des doctrinaires) que c’était une nécessité.
Cet ami le soutint, l’encouragea : « C’est un beau plan, lui disait-il, et ton pied te conduira au bonheur.
» La réponse à une telle question pourrait être piquante à débattre ; on pourrait soutenir le pour et le contre ; on pourrait jouer agréablement là-dessus, et, si l’on devenait tout à fait éloquent et sérieux, on pourrait rendre cette réponse peu plaisante pour celui qui la provoque, et même terrible.
Mais qui peut soutenir son esprit et son cœur au-dessus de sa condition ?
Le goût sera la dernière chose qui viendra en France ; mais, quand il viendra, il sera déjà tard, et le bon sens, si propre à le fortifier et à le soutenir, se trouvera déjà affaibli.
Une autre considération plus humble et plus humaine le soutient dans ces maux, c’est cette consolation qui naît du malheur commun, du malheur partagé par tous, et de la vue du courage d’autrui.
Plein de facilité, faisant des vers plus volontiers que de la prose, il aimait de plus à discuter, à demander la raison des choses, à trouver des arguments neufs pour soutenir son opinion.
Saint-Simon, qui nous l’a peinte à ravir dans sa première forme, nous la montre encore dans le plein de sa beauté et dans la grandeur de sa représentation, qu’elle sut soutenir à travers toutes les fortunes : C’était une femme plutôt grande que petite, brune avec des yeux bleus qui disaient sans cesse tout ce qui lui plaisait, avec une taille parfaite, une belle gorge, et un visage qui, sans beauté, était charmant ; l’air extrêmement noble, quelque chose de majestueux en tout son maintien, et des grâces si naturelles et si continuelles en tout, jusque dans les choses les plus petites et les plus indifférentes, que je n’ai jamais vu personne en approcher, soit dans le corps, soit dans l’esprit, dont elle avait infiniment et de toutes les sortes ; flatteuse, caressante, insinuante, mesurée, voulant plaire pour plaire, et avec des charmes dont il n’était pas possible de se défendre quand elle voulait gagner et séduire ; avec cela un air qui, avec de la grandeur, attirait au lieu d’effaroucher ; une conversation délicieuse, intarissable, et d’ailleurs fort amusante par tout ce qu’elle avait vu et connu de pays et de personnes ; une voix et un parler extrêmement agréables, avec un air de douceur ; elle avait aussi beaucoup lu, et elle était personne à beaucoup de réflexion.
Mme des Ursins ne laisse pas tomber ce mot : « On dit pourtant, remarque-t-elle, que c’est plutôt le peuple qui en a été irrité, que la plupart des seigneurs. » On conçoit par une telle disposition de cœur combien, dans de si périlleuses conjonctures, Mme des Ursins dut être utile alors à Madrid pour y soutenir et y fortifier les résolutions royales ; car ce fut là l’honneur de cette maison de Bourbon à son avènement en Espagne, ce fut son vrai sacre, pour ainsi dire, de ne jamais désespérer au plus fort de la crise, de sentir la main de Louis XIV prête à se retirer et presque à se retourner contre elle, sans se laisser abattre : « Le roi est tout occupé du soin de se défendre seul, au cas que le roi, son grand-père, lui retire les secours dont il l’a assisté », écrivait Mme des Ursins.
Une bonne conversation se compose de tant d’éléments divers que, pour la soutenir, il faut autant d’instruction que d’usage, de bonté que de malice, de raison que de folie, et de sentiment que de gaieté.
La pensée de sa famille et de sa fille chérie le soutenait.
I Dans l’antiquité, Pythagore, Platon et Aristote avaient soutenu que les plaisirs de l’ouïe s’expliquent par des harmonies de sons, conséquemment par des rapports numériques dans la simplicité desquels l’âme se complaît, comme en des perfections confusément aperçues ; on a étendu cette explication esthétique à tous les plaisirs, à toutes les peines, et on a voulu les ramener à la perception de rapports harmoniques ou désharmoniques.
26 février Flaubert disait aujourd’hui assez pittoresquement : « Non, c’est l’indignation seule qui me soutient… L’indignation pour moi, c’est la broche qu’ont dans le cul les poupées, la broche qui les fait tenir debout.
D’ailleurs nous ne proscrivons pas la rime ; nous la libérons, nous la réduisons parfois et volontiers à l’assonance ; nous évitons le coup de cymbale à la fin du vers, trop prévu, mais nous soutenons notre rime telle quelle par des assonances, nous plaçons des rimes complètes, à l’intérieur d’un vers correspondant à d’autres rimes intérieures, partout où la rythmique nous convie à les placer, la rythmique fidèle au sens et non la symétrie, ou, si vous voulez, une symétrie plus compliquée que l’ordinaire.
Quant à Augier, convaincu de sa puissance théâtrale, il se mit tout seul à l’œuvre, soutenu et encouragé par son condisciple du collège Henri IV, S.
On voit par exemple dans le palais que les barberins ont fait bâtir dans la ville de Palestrine, à vingt-cinq milles de Rome, un grand morceau de mosaïque qui peut avoir douze pieds de long sur dix pieds de hauteur, et qui sert de pavé à une espece de grande niche, dont la voute soutient les deux rampes separées, par lesquelles on monte au premier palier du principal escalier de ce bâtiment.
Telle est, en effet, la thèse qu’ont soutenue, plus ou moins explicitement, toute une lignée de penseurs dont la doctrine, par-delà Ritschl, remonte jusqu’au moralisme kantien.
Ils se soutiennent indistinctement les uns les autres, mais indépendamment de toute conviction individuelle, et par ce seul instinct d’union et de défense réciproque qui naît du sentiment de la faiblesse numérique.
» dit-il, avec un charmant rapport de vérité, et il ajoute excellemment, pour conclure une thèse soutenue avec une raison étincelante : « L’immense supériorité du monde moderne sur le monde antique, c’est, tout en gardant la beauté physique, de l’avoir reconciliée avec la beauté morale », et rien n’est plus vrai.
Je ne l’y trouve pas changé du tout, ni agrandi, ni engraissé, ni plus fort en esprit, ni plus fort en âme qu’il n’était, comme l’affirme et le soutient une Critique un peu trop forte en gueule, elle !
C’est la thèse qu’ont posée et soutenue partout les Pères, les théologiens et les écrivains catholiques qui ont eu à parler de l’Église depuis son établissement, — c’est la notion même de l’Église, se renversant, dans la tête humaine, si elle ne s’appuie à cette idée nécessaire d’infaillibilité.
Sans cela, croyez bien que, malgré sa vocation de gratte-papier, Renan ne passerait pas tout son temps à gratter et à sous-peser des mots ; mais la haine du miracle le soutient dans le travail d’insecte auquel il a condamné sa patience.
On a beau être un artiste redoutable, au point de vue le plus arrêté, à la volonté la plus soutenue ; et s’être juré d’être athée comme Shelley, forcené comme Leopardi, impersonnel comme Shakespeare, indifférent à tout excepté à la beauté comme Gœthe, on va quelque temps ainsi, misérable et superbe, comédien à l’aise dans le masque réussi de ces traits grimés ; mais il arrive que tout à coup, au bas d’une de ses poésies le plus amèrement calmes ou le plus cruellement sauvages, on se retrouve chrétien dans une demi-teinte inattendue, dans un dernier mot qui détonne, — mais qui détonne pour nous délicieusement dans le cœur : Ah !
il nous soutient autant qu’il nous accable.
Dumont soutient cette thèse dans son livre : Dépopulation et civilisation.
Il dut conduire un siècle dont il n’était pas, soutenir une décadence imminente, remédier à des maux qu’il savait incurables, se dévouer à une société qu’il méprisait et qu’il condamnait. […] Le monde s’écroule, comme pour éprouver l’homme capable do le soutenir. […] Le droit est de son côté dans la guerre admirablement obstinée qu’il soutint contre ces rebelles ; la sympathie hésite à s’y ranger. […] Vouée à l’Autriche, la nouvelle reine soutenait âprement les droits de l’archiduc Charles à la succession de l’Espagne. […] Une fiction si extraordinaire ne peut se soutenir qu’en s’entourant des mystères du cérémonial.
La littérature catalane, après Ausias March, est tombée en décadence, ne pouvant se soutenir à ce point culminant. […] Tout petit, ce fifre remplissait l’espace comme, un branle de cigales bien fait pour cette atmosphère limpide, cristalline, où tout vibre, tandis que le tambourin, de sa voix profonde, soutenait le chant et ses fioritures. […] « — Ça se soutient, la pièce ? […] Or, ni L’habileté de ce polémiste, ni l’art admirable de cette plume qui fait vivre les morts, ne peuvent prêter une seconde de vraisemblance à la mauvaise, à la détestable cause soutenue dans son Coligny. […] Voici donc Coligny, cet ambitieux Coligny, convaincu d’avoir trahi la France et la Royauté : la France, en acceptant l’or anglais pour soutenir la cause protestante ; la Royauté, en menant contre les armées royales les bandes huguenotes.
Après le Génie du christianisme, que pouvait-il bien écrire qui en soutînt la réputation ? […] Il y soutient un rôle. […] Et déjà il n’est plus qu’un homme qui soutient et entretient sa gloire. […] (Le prétexte de sa disgrâce fut, dit-il, de n’avoir pas soutenu une loi sur la réduction des rentes proposée par le gouvernement.) […] Cette façon d’écrire, qui est comme une gageure, se soutient jusqu’au bout, ou même, en avançant, paraît plus surprenante.
Le romantisme, le parnassisme, le naturalisme, le symbolisme en avaient été les fermes soutiens. […] On nous dira peut-être : « Vous soutenez une théorie invraisemblable ou pour le moins vaine, puisque la société existe, s’est constituée dès le premier jour de l’humanité et a toujours vécu. […] On peut entrer dans leur vie privée et nous la voyons si bien corroborer cette raison qu’il nous est permis de soutenir qu’elle influençait également leur œuvre.
Ils entrent les premiers dans quelque province inexplorée de la nature humaine, qui devient leur domaine, et désormais, comme un apanage, soutient leur nom. […] Ainsi se forme son œuvre, écho de l’universelle nature, gigantesque chœur où les dieux, les hommes, le passé, le présent, tous les moments de l’histoire, toutes les conditions de la vie, tous les ordres de l’être viennent s’accorder sans se confondre, et où le génie flexible du musicien, qui tour à tour s’est métamorphosé en chacun d’eux pour les interpréter et les comprendre, ne témoigne de sa pensée propre qu’en faisant entrevoir, par-delà cette immense harmonie, le groupe de lois idéales d’où elle dérive et la raison intérieure qui la soutient. […] Quoi d’étonnant si la vertu ou la raison humaine, comme la forme vivante ou comme la matière organique, parfois défaille ou se décompose, puisque comme elles, et comme tout être supérieur et complexe, elle a pour soutiens et pour maîtresses des forces inférieures et simples qui, suivant les circonstances, tantôt la maintiennent par leur harmonie, tantôt la défont par leur désaccord ?
» Daudet soutenait que les locutions des gens sont, la plupart du temps, en rapport avec la nature de leurs facultés. […] Et quand il est établi, que la qualité de ces peintures, est d’être surtout une reconstitution, il y a ceux qui prétendent, que l’histoire du Christ doit être traitée légendairement, sans s’aider aucunement de la vérité des localités et des races, et nous qui soutenons que l’histoire du Christ est une histoire, comme celle de Jules César, et que la reconstitution de Tissot, est faite en correspondance avec le mouvement historique contemporain. […] À Daudet qui lui soutenait, un jour, qu’il y avait de bonnes choses dans la vie, il lui jetait avec un sourire méphistophélique : « Oui, l’amitié… Goncourt n’est-ce pas ?
la grande pièce nue, les veilleuses allumées^ tous ces fantômes à genoux, l’ombre des rideaux projetée, la mère vit cela d’un coup d’œil, puis là-haut, tout au fond un lit, deux hommes penchés, et Cécile Rivals, debout, aussi pâle que celui dont elle soutenait la tête sur sa main appuyée. […] Tout près de la tourelle, une porte basse, étroite, sorte de cave à moitié bouchée par le tronc d’un énorme figuier fléchissant sous le poids des années, branlant, craquant au vent et de tous côtés soutenu par des étais presque aussi vieux que lui. […] Nul ne savait mieux que lui soutenir une thèse fausse en observant les lois de la logique. […] — Des femmes comme elle, on peut tout craindre et tout espérer. — Après une minute de surprise confuse, elle s’approcha de Jeanne à la hâte et la soutint avec des soins attentifs, pendant qu’elle se relevait péniblement. […] Faible, il supportait les fatigues inouïes ; timide, il soutenait les courages ; mais il sentait à chaque pas qu’il marchait vers une mort prochaine.
Le comte Almaviva se préparait à soutenir Figaro, Figaro rit au nez du comte. […] Trissotin et soutenir convenablement l’admiration de ces dames savantes ? […] Que Lucinde ait jamais été la parente de Célimène, cette ravissante coquette, la seule femme sans état dans le monde que Molière se soit permise, on ne saurait le soutenir. […] Soutenez ensuite que la comédie est l’école des mœurs ! […] Et toute cette comédie est soutenue par beaucoup de verve, d’entrain et de malice.
Comment le créateur de Sapho découvrit ce pâtre ; comment il le présenta au public et traduisit son œuvre ; comment il soutint sa détresse et assura sa vie en lui trouvant une place, Baptistin Bonnet l’a raconté lui-même dans un volume débordant d’enthousiasme. […] Elle a lutté pendant des années, non pas pour devancer l’heure d’une attaque aventureuse, mais pour préparer la véritable Revanche, celle qui devait être soutenue par de sérieuses alliances. […] Jean Aicard, on le sait, fut encouragé et soutenu par la fidèle amitié de Sully-Prudhomme, qui fut son parrain, comme Mme Adam avait été sa marraine. […] Coppée venait de soutenir à l’Académie la candidature d’Emile Zola ; il prononça même à cette occasion un discours qui fit sensation sous la Coupole. « La discussion, dit un compte rendu officiel, est constamment restée sur un terrain élevé. […] Bien que la manie de la contradiction l’ait parfois poussé jusqu’à nier l’évidence, il ne faudrait pourtant pas croire qu’il ait toujours été dupe des thèses qu’il soutenait.
., etc.. ne se soutiennent pas davantage. […] — Moréas, dis-je, entend assumer, pour le progrès des Lettres françaises, une lutte analogue à celle soutenue en 1830 par Victor Hugo. […] Quant à une méthode, ces poètes n’en ont point — et je soutiens qu’on n’ira plus sans méthode ! […] — Je soutiens que cette évolution ne cesse jamais ! […] Sans aller aussi loin que Banville qui soutenait que tout le vers était dans la rime, je crois, raisonnablement, n’est-ce pas ?
Thiers à ses amis plus exagérés ; soutenons que la monarchie représentative est le plus beau système possible (et M. […] Thiers conseillait, au contraire, le rejet pur et simple du budget ; « ne pas affaiblir le gouvernement, le changer de mains. » La théorie que soutint constamment le National était celle-ci : « Il n’y a plus de révolution possible en France, la révolution est passée ; il n’y a plus qu’un accident.
Les deux premières canzones avaient en tête une dédicace à Monti : « Je vous dédie, seigneur cavalier, ces canzones parce que ceux qui aujourd’hui plaignent ou exhortent notre patrie ne peuvent que se consoler en pensant que vous, avec un petit nombre d’autres (dont les noms se déclarent assez d’eux-mêmes quand on les passerait sous silence), vous soutenez la gloire dernière de l’Italie, je veux parler de celle qui lui vient des études et particulièrement des lettres et des beaux-arts ; tellement qu’on ne pourra dire encore que l’Italie soit morte. […] J’avais espéré que ces chères études soutiendraient un jour ma vieillesse, et je croyais, après la perte de tous les autres plaisirs, de tous les autres biens de l’enfance et de la jeunesse, en avoir acquis un du moins qu’aucune force, qu’aucun malheur ne me pourrait enlever ; mais j’avais vingt ans à peine quand, par suite de cette maladie de nerfs et de viscères qui me prive de l’usage de la vie et ne me donne même pas l’espérance de la mort, ce cher et unique bien de l’étude fut réduit pour moi à moins de moitié ; depuis lors, et deux ans avant l’âge de trente ans, il m’a été enlevé tout entier, et sans doute pour toujours.
Les paniers des dames rangées en cercle ou étagées sur les banquettes « forment un riche espalier couvert de perles, d’or, d’argent, de pierreries, de paillons, de fleurs, de fruits avec leurs fleurs, groseilles, cerises, fraises artificielles » ; c’est un gigantesque bouquet vivant dont l’œil a peine à soutenir l’éclat Point d’habits noirs comme aujourd’hui pour faire disparate. […] Pour soutenir ce fardeau et travailler d’ailleurs, il a fallu le tempérament de Louis XIV, la vigueur de son corps, la résistance extraordinaire de ses nerfs, la puissance de son estomac, la régularité de ses habitudes ; après lui, sous la même charge, ses successeurs se lassent ou défaillent.
Ainsi traîne et finit presque toujours lugubrement et misérablement le dernier acte de la comédie humaine ; au bout de tant d’années, après tant d’efforts soutenus, parmi tant de gloire et de génie, on aperçoit un pauvre corps affaibli qui radote et agonise entre une servante et un curé. […] Nous ne rencontrons point sur notre route d’images extraordinaires, soudaines, éclatantes, capables de nous éblouir et de nous arrêter ; nous voyageons éclairés par des métaphores modérées et soutenues ; Jonson a tous les procédés de l’art latin ; même quand il veut, surtout en sujets latins, il a les derniers, les plus savants, la concision brillante de Sénèque et Lucain, les antithèses équarries, équilibrées, limées, les artifices les plus heureux et les plus étudiés de l’architecture oratoire119.
La pensée de l’art noblement conçu le soutient et donne à ses travaux une dignité que n’avaient pas ses premiers essais, simples épanchements de son âme et de sa vie habituelle. — Il comprend tout, aspire à tout, et n’est maître de rien ni de lui-même. […] Mais comme au lac profond et sur son limon noir Le ciel se réfléchit, vaste et charmant à voir, Et, déroulant d’en haut la splendeur de ses voiles, Pour décorer l’abîme y sème les étoiles, Tel dans ce fond obscur de notre humble destin Se révèle l’espoir de l’éternel matin ; Et quand sous l’œil de Dieu l’on s’est mis de bonne heure, Quand on s’est fait une âme où la vertu demeure ; Quand, morts entre nos bras, les parents révérés Tout bas nous ont bénis avec des mots sacrés ; Quand nos enfants, nourris d’une douceur austère, Continueront le bien après nous sur la terre ; Quand un chaste devoir a réglé tous nos pas, Alors on peut encore être heureux ici-bas ; Aux instants de tristesse on peut, d’un œil plus ferme, Envisager la vie et ses biens et leur terme, Et ce grave penser, qui ramène au Seigneur, Soutient l’âme et console au milieu du bonheur.
Quand il ne put plus nager, la main de Dieu le soutint et enfin il aborda vivant sur le sable de l’autre bord. […] L’intérêt y est soutenu, vif, croissant ; la dernière scène, celle du massacre mutuel des deux armées dans la salle d’Etzel est comparable aux scènes les plus funèbres d’Homère dans le palais de Pénélope ; la vengeance d’une seule femme, Kriemhilt, égale la pudeur vengeresse de l’épouse d’Ulysse.
Cette œuvre sera la musique, mais soutenue par le poème dramatique qui dira le « Pourquoi ? […] Nous connaissons jusqu’à quatre personnes qui ont éprouvé de sérieuses indigestions pour être allées entendre les Maîtres Chanteurs : le dîner avalé à la hâte parce qu’on ne veut pas manquer l’ouverture qui commence à sept heures précises, l’attention soutenue donnée à une musique compliquée et énervante, tout cela avait arrêté net chez elles les fonctions digestives.
Il se revêt d’une tunique blanche, prend le sceptre lourd comme un marteau, qui sied à sa royauté métallique, et s’avance vers la déesse, appuyé sur deux belles filles d’or qu’il a fabriquées. « Semblables à des vierges vivantes », elles marchent à ses côtés en cadence, et soutiennent sa marche inégale. […] L’âme du Titan soutient sans fléchir cet assaut suprême ; elle ne livre pas son secret, elle ne plie pas sa fierté.
Quittez votre coursier, les chemins sont étroits ; Allons, et soutenez ma marche appesantie. […] Et quand le rivage mobile a changé en effet, est-ce donc un devoir stupide de soutenir que vous voyez toujours le même arbre ou la même masure devant vous ?
Juvenal soutint la satire jusques sous l’empire d’Adrien, mais ses poësies peuvent être regardées comme le dernier soupir des muses romaines. […] Après tout ce que je viens d’exposer, il est clair que les arts et les lettres arrivent au plus haut point de leur splendeur par un progrès subit, qu’on ne sçauroit attribuer aux causes morales, et il paroît encore que les arts et les lettres retombent quand ces causes font les derniers efforts pour les soutenir.
Je soutiens donc contrairement à M. […] Les Soutiens de la société (1877) ; quatre actes, dans le même salon-véranda du consul Bernick (unité stricte).
Les vanités nationales ont été soutenues par la vanité des savants qui mettent leur gloire à reculer l’origine de leurs sciences favorites. […] Vico, 1736, in-4º. — Quatorze lettres sur le troisième principe de la science nouvelle, relatif à l’origine du langage ; ouvrage dans lequel on montre par des preuves tirées tant de la philosophie que de l’histoire sacrée et profane, que toutes les conséquences de ce principe sont fausses et erronées, 1749. — Dans la préface de son premier ouvrage, il reconnaît que Vico a mérité l’immortalité ; dans le second, fait après la mort de Vico, il l’appelle plagiaire, etc. — Il croit prouver d’abord que le système de Vico n’est pas nouveau, et dans cette partie, malgré la diffusion et le pédantisme, l’ouvrage est assez curieux, en ce qu’il rapproche de Vico les auteurs qui ont pu le mettre sur la voie. — Il soutient ensuite que ce système est erroné, et particulièrement contraire à la religion chrétienne.
L’ouvrage se soutint jusqu’à la fin dans l’estime et dans la faveur du public ; mais le premier volume eut un succès de vogue et de mode.
» Le comte de Maistre, dans une des charmantes lettres à sa fille, Mlle Constance de Maistre, a badiné agréablement sur cette question, et il y a mêlé des vues pleines de force et de vérité : « L’erreur de certaines femmes est d’imaginer que pour être distinguées, elles doivent l’être à la manière des hommes… On ne connaît presque pas de femmes savantes qui n’aient été malheureuses ou ridicules par la science. » Au siècle dernier, un jésuite des plus éclairés et des plus spirituels, le père Buffier, qui était de la société de Mme de Lambert, dans une dissertation légèrement paradoxale, s’est plu à soutenir et à prouver que « les femmes sont capables des sciences » ; et après s’être joué dans les diverses branches de la question, après avoir montré qu’il y a eu des femmes politiques comme Zénobie ou la reine Élisabeth, des femmes philosophes comme l’Aspasie de Périclès et tant d’autres, des femmes géomètres et astronomes comme Hypatie ou telle marquise moderne, des femmes docteurs comme la fameuse Cornara de l’école de Padoue, et après s’être un peu moqué de celles qui chez nous, à son exemple, « auraient toutes les envies imaginables d’être docteurs de Sorbonne », — le père Buffier, s’étant ainsi donné carrière et en ayant fini du piquant, arrive à une conclusion mixte et qui n’est plus que raisonnable : À l’égard des autres, dit-il, qui ont des devoirs à remplir, si elles ont du temps de reste, il leur sera toujours beaucoup plus utile de l’employer à se mettre dans l’esprit quelques connaissances honnêtes, pourvu qu’elles n’en tirent point de sotte vanité, que de l’occuper au jeu et à d’autres amusements aussi frivoles et aussi dangereux, tels que ceux qui partagent la vie de la plupart des femmes du monde.
Richelieu soutint résolûment qu’il fallait exiger des Anglais et des Hollandais le nombre de vaisseaux auxiliaires auxquels ils s’étaient obligés par les nouveaux traités, vingt de Hollande, sept ou huit d’Angleterre ; il prétendait de plus faire stipuler, pour être sûr que ces vaisseaux opéreraient efficacement et n’iraient pas à l’inverse du but, qu’on aurait droit d’y mettre à bord des capitaines français, avec des équipages français, soit en totalité, soit en grande partie.
Cela fait du bien et soutient son homme dans la vieillesse.
On y trouve l’explication en grande partie et la clef de la destinée de Marolles ; car l’autorité de Chapelain, avant l’avènement de Racine et de Boileau, faisait loi, et Marolles avait eu la maladresse d’offenser mortellement ce lourd régent du goût public, sans être en mesure de soutenir la lutte.
Vous êtes trop confirmé dans votre opinion, trop engagé, trop soutenu dans votre colère, pour m’écouter.
Dans cette vie de bon goût, dans cet agréable arrangement du déclin, Mme de Boufflers, aidée des grâces de sa belle-fille et doucement passée à l’état de douairière, soutenait fort bien son ancien renom, et l’on comprenait à merveille, en la voyant et en l’écoutant, qu’elle avait pu être non-seulement l’Idole, mais la Minerve du Temple.
Ici pourtant il semblait qu’un plus grand zèle, et plus soutenu, était nécessaire, et qu’en devenant le premier magistrat de sa cité, il prenait, comme nous dirions aujourd’hui, une responsabilité plus grande qu’il ne l’avait jamais fait jusqu’alors.
Le vieux don Diègue est, au contraire, pour qu’on accorde le duel, comme on l’a fait tant de fois en pareille rencontre, et pour que Rodrigue soit traité sans aucun égard personnel, sans rien qui sente l’exception : « Sire, ôtez ces faveurs qui terniraient sa gloire… Le comte eut de l’audace, il l’en a su punir : Il l’a fait en brave homme et le doit soutenir. » Ce don Diègue parle, à chaque coup, la plus simple et la plus belle langue de Corneille.
Du reste, comme je vous l’ai dit, faites usage de l’amour-propre des autres pour soutenir la conversation, et soyez bien sûr que c’est un trésor qu’il est impossible d’épuiser.
Il lui soutenait que l’italien n’était pas une langue ; elle le réfutait, elle épuisait les raisons : il ne se rendait pas.
Il y a partout du bien à faire, et ici plus que nulle part… » Et enfin il lâche le grand argument, plus vrai que lui-même ne le croyait, et que toute la suite de sa vie n’a que trop vérifié : « J’ajoute un motif d’un grand poids : j’ai besoin de quelqu’un qui me dirige, qui me soutienne, qui me relève ; de quelqu’un qui me connaisse et à qui je puisse dire absolument tout.
Cela est assez vrai et le sera de plus en plus, j’espère ; pourtant, jusqu’ici, il y aurait lieu de soutenir, sans trop d’injustice, que cette fièvre de publicité, cette divulgation étourdissante, a eu surtout pour effet de fatiguer le talent, en l’exposant à l’aveugle curée des admirateurs, en le sollicitant à créer hors de saison, et qu’elle a multiplié, en les hâtant, l’essaim des médiocrités éphémères, tandis qu’on n’y a pas gagné toujours de découvrir et d’admirer sous leur aspect favorable certains génies méconnus.
Ainsi, d’élans en élans, d’émotion en impiété, tout nous mène à la volupté enivrante de la nuit, au meurtre de l’époux, à la volupté encore, sur cette mer de Venise, où reparaissent voguant, pleins d’oubli, le meurtrier aimé et la belle adultère : Peut-être que le seuil du vieux palais Luigi Du pur sang de son maître était encor rougi ; Que tous les serviteurs, sur les draps funéraires, N’avaient pas achevé leurs dernières prières ; Peut-être qu’à l’entour des sinistres apprêts, Les prieurs, s’agitant comme de noirs cyprès, Et mêlant leurs soupirs aux cantiques des vierges, N’avaient pas sur la tombe encore éteint les cierges, Peut-être de la veille avait-on retrouvé Le cadavre perdu, le front sous un pavé ; Son chien pleurait sans doute et le cherchait encore : Mais, quand Dalti parla, Portia prit sa mandore, Mêlant sa douce voix, que la brise écartait, Au murmure moqueur du flot qui l’emportait… Les deux autres drames de ce volume, Don Paez et la Camargo, renfermaient des beautés du même ordre, mais moins soutenues, moins enchaînées, et dans un style trop bigarré d’enjambements, de trivialités et d’archaïsmes.
J’ai grand besoin de philosophie pour soutenir les assauts qui se préparent : j’en ai fait provision ; je suis comme Ulysse accroché au figuier : j’attends que le reflux me rende mon vaisseau. » M.
Son oncle, l’évêque de Sarlat, fut obligé, pour soutenir son neveu à Paris, de lui résigner le petit prieuré de Carénac, dépendant de son évêché.
Duruy, l’empereur Napoléon III ait soutenu contre lui la théorie des « hommes providentiels », exposée dans la préface de la Vie de César.
Si l’érudition n’était que cela, si l’érudit était l’Hermagoras de La Bruyère qui sait le nom des architectes de la tour de Babel et n’a pas vu Versailles, tout le ridicule dont on la charge serait de bon aloi, la vanité seule pourrait soutenir dans de telles recherches, les esprits médiocres pourraient seuls y consacrer leur vie.
Déjà, du sein de la vie individuelle, il est permis de s’associer à cet avenir, de travailler à le préparer, de devenir ainsi, par la pensée et par le cœur, membre de la société éternelle, et de trouver en cette association profonde, malgré les anarchies contemporaines et les découragements, la foi qui soutient, l’ardeur qui vivifie, et l’intime satisfaction de se confondre sciemment avec cette grande existence, satisfaction qui est le terme de la béatitude humaine. » Votre dévouement absolu à la science vous donnait le droit, Monsieur, de succéder à un tel homme et de rappeler ici cette grande et sainte mémoire.
Il leur parla du christianisme, de Tacite, de cet historien, l’effroi des tyrans, dont il prononçait le nom sans peur, disait-il en souriant ; soutint que Tacite avait chargé un peu le sombre tableau de son temps, et qu’il n’était pas un peintre assez simple pour être tout à fait vrai.
Je doute qu’il en eût été ainsi de Mlle Le Couvreur, mais sa voix s’insinuait avec justesse, avec finesse : elle soutenait même les vers faibles et donnait toute leur valeur aux plus beaux.
Ce parti a toujours lâchement abandonné ses chefs, tandis que le parti aristocratique ou populaire a toujours vaillamment soutenu les siens.
» Il était là dans une attitude difficile à soutenir, et la chute, à la fin, pour lui fut d’autant plus rude.
Il explique plus qu’il ne peint, mais une pénétration ingénieuse éclaire tous ses récits : et dans l’art si difficile de l’histoire, l’étendue et la précision des recherches, l’intelligence exacte des grandes choses, et le talent d’écrire soutenu dans un long ouvrage, sont des qualités rares, dignes d’un succès durable.
Bonald est le chef des partisans de la Création contre ceux qui soutiennent une origine humaine purement naturelle.
Or, ces alliances au cœur de la France, il n’y a, selon lui, qu’un moyen, qu’une chance de les provoquer, c’est de déclarer bien haut et avec franchise que la cause qu’on soutient énergiquement par les armes n’est pas celle des rois, mais celle de tous les peuples, et de la France la première avant tous les autres.
Le scandale qui eut lieu à Saint-Roch lors du refus de sépulture de la danseuse, Mlle Chameroy, lui fournit l’occasion de remarques politiques relativement à la religion : « Elle aura longtemps encore, dit-il, plus besoin d’être soutenue que contenue. » Il établit très bien la différence qu’il y a entre ces deux supports de l’Ancien Régime, la noblesse qui est véritablement finie, et l’établissement religieux qui doit se transformer et subsister.
Ne m’en étant pas beaucoup senti, je me fis un plaisir d’être toujours auprès de M. le prince de Marcillac, quand il y allait la nuit avec beaucoup d’autres pour soutenir les travailleurs ».
Michaud, et qu’il soutint fort dignement.
Son attitude dans le salon de sa femme était particulière ; bien que ce fût à son intention, et en grande partie pour lui plaire, pour servir et accroître sa renommée, qu’elle s’appliquât à rassembler cette élite brillante, il n’était là qu’un spectateur silencieux et froid : « Hormis quelques mots fins qu’il plaçait çà et là, personnage muet, il laissait à sa femme le soin de soutenir la conversation. » Marmontel, qui fait cette remarque, ajoute que ce silence et cette gravité de M.
Cette première inspiration fut suffisante à l’artiste pour le soutenir de loin ensuite dans l’exécution de son œuvre ; le reste lui vint de son génie littéraire et de son pinceau, de ce don divin de l’imagination qui avait été refusé à ses devanciers.
Toutefois ma fermeté triomphera, car une grande et consolante espérance me soutient, l’espérance inébranlable que tout ce qui fut créé pour aimer rentrera un jour dans la source inépuisable et éternelle de tout amour.
Désormais nous serons soutenus par l’idée que le fidèle accomplissement de notre tâche ajoutera un nouveau maillon à la grande chaîne du savoir humain… (1er janvier 1883.) » — L’hiver passé : — « Adieu, San-Mayen (c’est le nom de l’île où l’expédition scientifique a hiverné)… Après nous il viendra d’autres hommes pourvus d’instruments meilleurs, comme nous sommes venus prendre la place des sept Hollandais qui, il y a deux cent cinquante ans, ont payé de leur vie leur tentative d’hivernage.
Il n’a soutenu nulle part ce que l’École ultramontaine pose en fait : que les conditions du passé sont nécessaires.
La première opinion ne peut plus être sérieusement soutenue aujourd’hui, tandis que la seconde s’est affirmée.
Ses premiers écrits furent des vers aux Hongrois pour les encourager dans leur lutte (1848), une série de sonnets au roi Oscar de Suède pour l’engager à soutenir les intérêts des frères danois, et un drame sur Catilina, où ce conspirateur est présenté comme un utopiste, un rêveur, un humanitaire. […] Elle s’est mariée par raison et contre son cœur, afin de soutenir sa mère et d’élever ses deux petits frères. […] C’est par elle que la société où Anna a sa petite place se soutient et dure, tant bien que mal. […] Cela peut se soutenir, mais cela n’est pas accablant d’évidence. — Il le prend de bien haut avec nous autres, ce fils des pampas. […] Mais les personnages que nous façonnent ces jeunes gens ont tant de suite et tant de sécurité dans leur monstrueuse innocence qu’ils ont l’air de le faire exprès, de soutenir une gageure.
Nous sommes avec vous, nous vous soutiendrons ! […] D’idée scientifique, Abel Pelletier qui donna à « l’Indépendante » et à « l’Art et la Vie » une série d’Etudes pénétrantes était l’auteur de deux plaquettes : Le Poème de la chairetL’amour triomphe, où dans le vers à idées et images très condensées s’inscrivait dès lors la caractéristique des poèmes-un qu’il donnerait plus tard : thème de quelque supérieure crise d’âme développé en sorte de suite psychologique, continuement soutenue de lyrisme. […] René Ghil, d’où découle le principe de philosophie qui soutient de sa charpente toute l’Œuvre, s’échafaude avec la splendeur et le charme délicat d’une théogonie Indoue. […] … C’est curieux : il n’en a pas l’air… Or, en la scène dialoguée que « n’inventait « que très peu le Rédacteur de la « Revue Indépendante », les terribles « Siamois », ainsi qu’il arrivait souvent, terminaient sur des propos sans aménité pour les idées que représentait le « Jeune homme blond », soutenu par le « Jeune homme glabre » : — Jolis garçons vous êtes, oui-da ! […] Comme nous l’avons vu, l’action des Couturat (Gaston Moreilhon. et Georges Bonnamour) a été prépondérante dans la lutte que dut en même temps contre les éléments réactionnaires et Symbolistes soutenir la Poésie scientifique.
Et au moment où, vers la trente-cinquième année, ce cerveau ainsi approvisionné s’apprêtait enfin à créer à son tour, le corps qui le soutenait a commencé de se détraquer. […] Et n’a-t-il pas enfin soutenu à mainte reprise que la littérature et l’art de l’Allemagne étaient une littérature et un art d’imitateurs maladroits ? […] Et si même on soutient que le trait dominant de notre littérature depuis vingt-cinq ans est la recherche de la nouveauté, sur ce point-là encore Walt Whitman nous a tous devancés. […] Il nous remet devant les yeux tous les documents de la polémique qu’il eut jadis à soutenir contre M. […] De 1877 datent les Soutiens de la Société, la meilleure des pièces de M.
STÉNON fit la découverte, en avril 1660, sur la brebis, du conduit de la parotide, et l’annonça dans sa thèse inaugurale soutenue à Leyde en 1661 devant Van Hoorne. […] Dans ces derniers temps Bider et Schmidt, et quelques autres, ont continué à soutenir que la glande sous-maxillaire et la sublinguale étaient confondues chez les carnivores. […] Parmi ceux qui l’ont admis, les uns ont considéré ce sel comme un des éléments normaux du fluide salivaire, les autres au contraire ont soutenu que sa présence était le résultat d’une altération de la salive. […] Sous le rapport physiologique, le même rapprochement a constamment été soutenu, et J. […] Du reste, comme tout le monde le sait, Regnier de Graaf avait pour objet de soutenir la théorie chimiatrique de son maître Sylvius de le Boë, dans laquelle on admettait que le suc pancréatique acide faisait effervescence dans l’intestin avec la bile alcaline.
Les uns, avec J. de Maistre, ont soutenu qu’il n’y avait en cela aucune règle à suivre, que celui qui faisait des découvertes possédait quelque chose d’instinctif, un quid proprium, et que le hasard se chargeait du reste. […] Pour cela, pendant que je soutiens avec l’index de la main gauche, en forme de crochet, le paquet des nerfs et des vaisseaux hépatiques, je passe au-dessous une forte ligature, à l’aide d’une aiguille de Cooper tenue de la main droite, après quoi un aide serre énergiquement cette ligature. […] Cette opinion ne peut plus être soutenue aujourd’hui, depuis que nous avons établi que la matière sucrée se renouvelle constamment dans l’organisme aux dépens des éléments du sang et indépendamment de la nature de l’alimentation. […] Bouchardat, pour soutenir encore que la matière sucrée vient du dehors, invoque la présence de l’inosite dans la chair, pour expliquer la présence du sucre dans le foie des carnivores ; mais cette explication ne saurait être prouvée, car, si l’inosite a la formule chimique du sucre, la substance n’a pas les caractères du sucre du foie. […] C’est une théorie que nous avons à combattre ; elle n’est point l’œuvre des personnes qui la soutiennent en ce moment : ce n’est donc point à celles-ci que nous nous adressons.
Il finit par avoir raison, je le sais bien, et c’est pour cela que le monde, sans progresser positivement, du moins se soutient ; mais il est rare infiniment. […] » mais : « Eh bien, j’ai toujours soutenu qu’il était gorille ! […] La haute curiosité avec une grande intelligence c’est le génie ; la curiosité moins soutenue d’intelligence va des Mémoires au reportage et du roman anecdotique aux propos de concierge, et les Goncourt ont flotté aux différents degrés, surtout aux plus élevés, de cette région-là. […] C’est peut-être une erreur littéraire que de poursuivre un but en écrivant des romans, mais c’est un danger personnel que de n’en poursuivre aucun ; car c’est le but poursuivi qui nous soutient et nous conserve allègre. […] Il se construisit, pour soutenir et étayer ses nouvelles tendances, une philosophie très sommaire, faite de croyance en la science considérée comme devant renouveler l’essence morale de l’humanité et devant mener le genre humain à la moralité et au bonheur.
Parlez-moi d’une chose qui n’aurait pas trop de l’aide de tout le monde pour se soutenir, parce qu’elle est faible, fût-elle appuyée par une armée ; parce que, sous la pourpre royale, elle est pauvre ; parce que le trône où elle s’assied est le plus chancelant des escabeaux ; parlez-moi de l’autorité, par qui tout subsiste et qui seule, en modérant la liberté, la rend possible. […] Au lieu de chicaner les Français sur ce qu’ils aiment peu, ou n’aiment pas du tout, il faut les éclairer sur ce qu’ils préfèrent, les contenter où ils voient juste, leur résister où ils se trompent, et, par une attention sincère et soutenue à tous les mouvements de l’esprit d’égalité, empêcher qu’il ne dégénère en un sauvage esprit de nivellement. […] Et faisant une supposition où me portait mon peu de goût pour les avocats politiques : « Je suis sûr, avais-je ajouté, qu’en sortant des Tuileries, où Rouher avait accepté d’être l’organe de la nouvelle politique, à peine au bas du grand escalier, déjà sa fertilité d’avocat lui avait suggéré les arguments de métier propres à persuader au Corps législatif qu’en votant la loi, il ne se donnait pas un démenti. » J’ignorais ce que j’ai su plus tard dans le plus grand détail, son premier refus à l’Empereur, sa répugnance insurmontable à soutenir la loi sur la presse dans la même enceinte où il avait opposé à un amendement libéral le never, never ! […] Il tenait à me faire toucher du doigt tous les traits qui en marquaient l’unité, sa première conception des devoirs de l’homme public, tout ce qu’il avait fait, écrit et dit, quelquefois souffert, pour soutenir jusqu’au bout cette unité. […] Je conviens que l’ennui n’en est pas médiocre, même pour ceux qui sont soutenus par des espérances fondées.
Elle eût été l’écho de discussions soutenues au cours de cette année littéraire, mais le risque parut trop grand d’exposer une doctrine, quand la crainte était si forte de n’avoir pu produire à son service que des exemples chancelants. […] Elle animait tous ses actes et le soutint jusqu’à son dernier jour. […] Ici la mélancolie qui nous touche n’a rien de douloureux ; notre esprit n’est pas suspendu au-dessus du vide, et une impression de sécurité soutient notre rêverie. […] Lorsqu’une idée soutient solidement ce chapelet d’images, le poème est admirable. […] Même dans les minces plaquettes où il s’adonnait aux amusements verbaux, un sûr instinct soutenait cet arrière-petit-neveu de Malherbe, un sens infaillible des possibilités et des impossibilités de la langue française.
Regnard (relisons-le) n’est ni soutenu, ni serré à ce point. […] Le frère aîné de Michel Jouffret était prisonnier de guerre, et, privée de son aide, soutenue par le seul labeur d’une sœur pleine de vaillance, la famille était près de connaître le dénûment. […] N’est-ce pas se faire une plus juste idée de la valeur des choses que de reconnaître jusqu’à quel point nos occupations les plus ordinaires, notre labeur de chaque jour, soutenu sans défection, sous l’apparente monotonie des efforts et des résultats, « nous mettent aux prises », en silence et à notre insu, avec les « suprêmes énergies de la nature » ? […] Trois semaines plus tard, à Paris, rue de Chateaubriand, devant un public presque uniquement féminin et recruté surtout, m’affirme-t-on, dans l’aristocratie, Beaunier soutenait une thèse, une jolie thèse : L’influence de la Grèce antique sur nous. […] L’écrivain russe, impérieusement, frappe du poing la table et riposte d’une rude voix : « Et si je le dis, ce n’est pas pour qu’on me dise le contraire. » C’est le même homme, d’ailleurs, qui, sortant avec le jeune Parisien dont les pas hésitent un peu sur ce sol de neige durcie, lui « prend le bras » affectueusement, et le « soutient », quand son pied « glisse ».
Pour soutenir son hospitalité princière et ses magnificences féodales, il était devenu l’associé de ses éditeurs ; châtelain en public et négociant en secret, il leur avait engagé sa signature, sans surveiller l’usage qu’ils en faisaient. […] Ce qu’il expose, ce sont les grands intérêts de l’âme, « c’est la vérité, la grandeur, la beauté, l’espérance, l’amour, — la crainte mélancolique subjuguée par la foi, — ce sont les consolations bénies aux jours d’angoisse, — c’est la force de la volonté et la puissance de l’intelligence, — ce sont les joies répandues sur la large communauté des êtres, — c’est l’esprit individuel qui maintient sa retraite inviolée, — sans y recevoir d’autres maîtres que la conscience, — et la loi suprême de cette intelligence qui gouverne tout1222. » Cette personne inviolée, seule portion de l’homme qui soit sainte, est sainte à tous les étages ; c’est pour cela que Wordsworth choisit pour personnages un colporteur, un curé, des villageois ; à ses yeux, la condition, l’éducation, les habits, toute l’enveloppe mondaine de l’homme est sans intérêt ; ce qui fait notre prix, c’est l’intégrité de notre conscience ; la science même n’est profonde que lorsqu’elle pénètre jusqu’à la vie morale ; car nulle part cette vie ne manque. « À toutes les formes d’être est assigné un principe actif ; — quoique reculé hors de la portée des sens et de l’observation, — il subsiste en toutes choses, dans les étoiles du ciel azuré, dans les petits cailloux qui pavent les ruisseaux, — dans les eaux mouvantes, dans l’air invisible. — Toute chose a des propriétés qui se répandent au-delà d’elle-même — et communiquent le bien, bien pur ou mêlé de mal. — L’esprit ne connaît point de lieu isolé, — de gouffre béant, de solitude. — De chaînon en chaînon il circule, et il est l’âme de tous les mondes1223. » Rejetez donc avec dédain cette science sèche « qui divise et divise toujours les objets par des séparations incessantes, ne les saisit que morts et sans âme et détruit toute grandeur1224. » « Mieux vaut un paysan superstitieux qu’un savant froid. » Au-delà des vanités de la science et de l’orgueil du monde, il y a l’âme par qui tous sont égaux, et la large vie chrétienne et intime ouvre d’abord ses portes à tous ceux qui veulent l’aborder. « Le soleil est fixé, et magnificence infinie du ciel — est fixée à la portée de tout œil humain. — L’Océan sans sommeil murmure pour toute oreille. — La campagne, au printemps, verse une fraîche volupté dans tous les cœurs. — Les devoirs premiers brillent là-haut comme les astres. — Les tendresses qui calment, caressent et bénissent — sont éparses sous les pieds des hommes comme des fleurs1225. » Pareillement à la fin de toute agitation et de toute recherche apparaît la grande vérité qui est l’abrégé des autres. « La vie, la véritable vie, est l’énergie de l’amour — divin ou humain — exercée dans la peine, — dans la tribulation, — et destinée, si elle a subi son épreuve et reçu sa consécration, — à passer, à travers les ombres et le silence du repos, à la joie éternelle1226. » Les vers soutiennent ces graves pensées de leur harmonie grave ; on dirait d’un motet qui accompagne une méditation ou une prière. […] À cet aspect, le cœur remonte involontairement vers les sentiments de l’antique légende, et le poëte aperçoit dans la floraison inépuisable des choses l’âme pacifique de la grande mère par qui tout végète et se soutient.
Et puis, comme toutes les âmes généreuses, c’est la foi dans l’avenir qui le soutient ; il croit à la venue des futures races, il rêve de prochaines ères, pacifiques et bienheureuses. […] Adolphe Retté, que j’ai tout au contraire soutenu et défendu cet écrivain ; que M. […] Des garanties professionnelles, amenées par des concours et des soutiens sérieux, devraient être exigées du chroniqueur et du reporter comme elles le sont de l’avocat, du médecin, du professeur.
La Mère va s’évanouir, elle se soutient à peine ! […] Il est difficile de tirer un meilleur parti d’un sujet aussi simple ; tout y est poétique, la nature et l’homme ; tout y est vrai et pittoresque, jusqu’à la ficelle ou à la bretelle unique qui soutient çà et là le pantalon rouge. […] Des nombreux élèves qu’il a formés, soutenus ou retenus loin des entraînements de l’époque, M.
Littérairement il aime à soutenir thèse ; il tient de La Motte, de Fontenelle, je l’ai dit ; avec bien moins de fini dans l’expression, il a plus d’activité qu’eux, plus d’abondance et de vigueur.
En lisant cet admirable chapitre de Montaigne sur l’amitié, je le trouve incomplet sur un point : il semble exclure les femmes de ce sentiment excellent ; il ne les estime point d’assez forte complexion d’esprit pour suffire à cette communication et consultation perpétuelle sur tout sujet : « Ni leur âme, dit-il, ne semble assez ferme pour soutenir l’étreinte d’un nœud si pressé et si durable. » Et il revient au commun consentement des anciennes écoles par lequelf, en fait d’amitié parfaite, ce sexe était rejeté.
Quant aux idées philosophiques ou politiques renfermées dans des écrits antérieurs, une fois la tranchée ouverte et l’ennemi introduit dans la place, on y recourut, mais comme on s’adresse à un avocat pour fournir des motifs à l’appui d’une cause, d’un acte qu’on veut colorer : C’est quand la Révolution a été entamée, dit M. de Meilhan, qu’on a cherché dans Mably, dans Rousseau, des armes pour soutenir le système vers lequel entraînait l’effervescence de quelques esprits hardis.
Mais ce qui m’a soutenu, c’est la persuasion que notre Révolution ayant un grand but et un grand mobile, on doit s’estimer heureux toutes les fois qu’on se trouve pour quelque chose dans ce grand mouvement, surtout quand c’est de cette manière-là, où il ne s’agit ni de juger les humains, ni de les tuer.
[NdA] Pour bien comprendre cet endroit, il faut se rappeler une remarque qui revient souvent chez d’Argenson, à savoir que le courage spirituel est très distinct du courage corporel, et que Voltaire, qui a dans l’âme beaucoup de hardiesse et même de témérité, devient peureux et poltron dès qu’il s’agit du moindre danger pour son corps : il jette le gant et ne soutient pas la gageure.
J’avais dîné chez elle avec plusieurs personnes dévouées au parti de Necker, et ardentes à soutenir le doublement du Tiers et l’opinion par tête ; au moment où cette question était agitée avec le plus de chaleur, la maréchale ouvrit sa boîte pour prendre du tabac, et le lourd avocat Target s’avança et prit familièrement une prise de tabac dans la boîte ouverte de la maréchale.
Si par hasard vous la trouvez soutenue de quelque génie, ne la rebutez pas pour les défauts dont elle peut être accompagnée.
Quand l’orage arrive, la poussière est de la fange. » Il a dans le style de ces soubresauts d’imagination et qui ne se soutiennent pas ; cela me fait l’effet des poissons volants et qui, n’étant point faits pour voler, retombent bientôt.
La lutte la plus mémorable qu’engagea M. de Serre au sein de cette Chambre de 1815, où il eut à en soutenir de si vives, une lutte pour laquelle, à l’avance, il s’était concerté de près avec M.
Elle soutient très bien la comparaison : « Et en tous ces actes, disait l’éloquent Mercure, quels traits trouvez-vous que de Folie ?
On les assomme, tant qu’ils peuvent se soutenir ; une fois tombés, c’est fini d’eux.
Une fois, dans une voiture publique, il était en face d’un individu qui, ne le connaissant pas, se mit à causer avec lui ; M. de Gingins répondait et soutenait la conversation ; mais insensiblement le jour baisse et tombe, l’individu questionne toujours et s’étonne que M. de Gingins ne lui réponde plus : c’est que le mouvement indicateur avait fait subitement défaut.
Les courtisanes elles-mêmes ne se privaient pas de ces offrandes, et l’une d’elles, Calliclée, en se retirant, faisait comme Laïs, mais d’un air plus satisfait, et consacrait à Vénus ses instruments de toilette, devenus inutiles : « Cet Amour d’argent, une frange pour la cheville du pied, ce tour lesbien de cheveux foncés, une bandelette transparente pour soutenir le sein, ce miroir de bronze, ce large peigne de buis qui coule comme à pleine eau dans l’onde de la chevelure5, — voilà ce qu’ayant gagné ce qu’elle voulait, ô libérale Vénus, Calliclée vient déposer dans ton sanctuaire. » A côté de cela, une petite fille pieuse et fervente, — elle ou ses parents, — s’adressait à la déesse Rhéa pour obtenir d’arriver au seuil de l’hyménée dans toute sa fleur et sa fraîcheur : « Ô toi qui règnes sur le mont Dindyme et sur les crêtes de la Phrygie brûlante, Mère auguste des dieux, que par toi la petite Aristodice, la fille de Siléné, arrive fraîche et belle jusqu’à l’hyménée, jusqu’à la couche nuptiale, terme de sa vie de jeune fille ; elle le mérite pour avoir bien souvent, et dans le vestibule de ton temple et devant l’autel, agité çà et là (dans une sainte fureur) sa chevelure virginale !
On peut dire que, plus que personne, il a porté le poids de cet établissement libre et l’a soutenu de tout son effort.
Lord Wellington, retrouvant peu de temps après Franceschi prisonnier, lui rendait justice en ces propres termes : « Monsieur le général, dans cette retraite, j’ai été plus content de vous que de mon général de cavalerie ; vous n’aviez que 600 chevaux, lui en avait 1,500, il avait du canon, et je le soutenais avec une division d’infanterie ; mais vos manœuvres ont été si habiles, vos mouvements si prompts, vos charges exécutées avec tant d’assurance, que moi-même je vous ai toujours soupçonné d’avoir de l’infanterie derrière vous et de me tendre un piège, ce qui m’a fait constamment agir avec mes masses. » Ici tout s’arrête.
La Défense et Illustration est dédiée au cardinal Du Bellay, et la dédicace commence en ces termes pompeux : « Vu le personnage que tu joues au spectacle de toute l’Europe, voire de tout le monde, en ce grand théâtre romain, vu tant d’affaires et tels que seul quasi tu soutiens ; ô l’honneur du sacré Collège !
À Rousseau, par une filiation plus ou moins soutenue, mais étroite et certaine à l’origine, se rattachent Bernardin de Saint-Pierre, madame de Staël et M. de Chateaubriand.
C’est le cas de dire avec Prascovie elle-même, lorsqu’après son succès inespéré, étant un jour conduite au palais de l’Ermitage, et y voyant un grand tableau de Silène soutenu par des bacchantes, elle s’écrie avec son droit sens étonné : « Tout cela n’est donc pas vrai ?
Labinsky, depuis ses premiers essais, n’a pas persévéré par de sérieux efforts, et n’a pas cherché à soutenir, à élargir ses horizons et ses couleurs.
En quelques rares endroits, si je l’osais remarquer, son raisonnement, en faveur de l’authenticité historique qu’il soutient, m’a paru plus spécieux que fondé, comme quand il dit par exemple : « Les premiers siècles de Rome vous sont suspects à cause de la louve de Romulus, des boucliers de Numa, du rasoir de l’augure, de l’apparition de Castor et Pollux… ; effacez donc alors de l’histoire romaine toute l’histoire de César, à cause de l’astre qui parut à sa mort, dont Auguste avait fait placer l’image au-dessus de la statue de son père adoptif, dans le temple de Vénus191. » Une fable qu’on aura accueillie dans une époque tout avérée et historique ne saurait en aucune façon la mettre au niveau des siècles sans histoire et où l’on ne fait point un pas sans rencontrer une merveille.
Pierre avait six enfants ; et comme alors les pièces de théâtre rapportaient plus aux comédiens qu’aux auteurs, et que d’ailleurs il n’était pas sur les lieux pour surveiller ses intérêts, il gagnait à peine de quoi soutenir sa nombreuse famille.
Ordonnons à celui de nos gens qui sait lire De bien exécuter ce que l’on vient d’écrire ; De soutenir partout prose, vers et couplets, Nonobstant les clameurs, nonobstant les sifflets : Tel est notre plaisir et telle est notre envie.
Comment donc soutenir l’action morale ?
Entre les deux luttes qu’il soutint, au temps de son triomphe incontesté, en 1683, Boileau a concédé du mérite à Chapelain, de l’esprit à Quinault, du génie à Saint-Amant, à Brébeuf, à Scudéry : est-ce assez ?
Mais il y a plus, et, s’il est vrai qu’il procède quelque peu de George Sand et d’Alfred de Musset, on soutiendrait tout aussi justement que, sauf les modifications inévitables imposées par la différence des temps, une partie de son œuvre continue les romans d’amour et d’aventures du XVIIe siècle et, par-delà, les anciens romans grecs, et que M.
Là, au contraire, où La Bruyère a besoin de piquer ou de soutenir notre attention, il n’est caresses ni avances qu’il ne lui fasse.
Oui, nous voulons bien en convenir avec les admirateurs de la Henriade, le poème, pour parler comme Frédéric II, est conduit « avec toute la sagesse imaginable » ; les épisodes y sont dans leur lieu ; le songe de Henri IV, au septième chant, « est plus vraisemblable qu’une descente aux enfers imitée d’Homère et de Virgile » ; la Politique, l’Amour, la Vraie Religion, les Vertus et les Vices « sont des allégories nouvelles » ; nous accordons à Marmontel que les personnages sont amenés avec art, soutenus avec sagesse, qu’ils ne se démentent pas plus que ceux du Clovis de Desmarets ; que la Henriade n’a pas l’enflure de la Pharsale ; que toutes les règles y sont observées, et, sur ce point, nous donnerons volontiers acte à Voltaire d’avoir respecté l’épopée plus qu’aucune autre autorité au monde.
En face de ceux qui disent qu’on doit produire des objets de luxe à l’usage des privilégiés, on trouve ceux qui soutiennent qu’il ne faut produire que des utilités communes à tous.
Sans doute, cela peut se soutenir, et on conclurait alors que la loi en question, qui peut nous servir de règle d’action à nous qui habitons la Terre, n’a cependant aucune valeur générale au point de vue de la connaissance, et ne doit son intérêt qu’au hasard qui nous a placés sur ce globe.
Marcade, le supplément littéraire du Figaro soutient encore un parallèle victorieux avec le Bulletin des Halles.
Beaumarchais, le futur père du formaliste Bridoyson, commence sa renommée par le combat épique qu’il soutient contre des juges vendus qui le « blâment » et qui sont blâmés à leur tour par l’élite du Paris d’alors.
La poésie seule peut soutenir, avec ses ailes, de telles monodies intercalées au milieu d’une pièce.
À mesure que l’ordre se rétablira, le poste que nous occupons deviendra de plus en plus l’objet d’une noble ambition ; les Chambres, dans un temps plus tranquille, verront les changements d’administration comme quelque chose qui compromet moins l’ordre public ; les hommes s’usent vite d’ailleurs, messieurs, aux luttes que nous soutenons.
Son père se défiait d’elle et de sa raison : « Cette chevalerie serait bien ridicule, disait-il le jour où elle partit, si le bon sens de Mmes de Fiesque et de Frontenac ne la soutenait. » C’étaient les deux dames qui accompagnaient Mademoiselle, et qu’on appela, moitié courtoisie et moitié raillerie, ses maréchales de camp.
Un jour, devant le buste ou le médaillon de La Fayette par David, quelqu’un faisait cette remarque, que ce front fuyait beaucoup : « Oui, répondit l’artiste, et encore j’ai soutenu le plus que j’ai pu. »
Pour le teint, elle ne l’a pas de la dernière blancheur ; il a toutefois un si bel éclat qu’on peut dire qu’elle l’a beau ; mais ce que Sapho a de souverainement agréable, c’est qu’elle a les yeux si beaux, si vifs, si amoureux et si pleins d’esprit, qu’on ne peut ni en soutenir l’éclat ni en détacher ses regards… Ce qui fait leur plus grand éclat, c’est que jamais il n’y a eu une opposition plus grande que celle du blanc et du noir de ses yeux.
Forte de son exemple, des vertus et de la religion de toute sa vie, elle vient plaider pour l’indissolubilité du mariage ; elle ne conçoit pas qu’on livre ainsi une institution fondamentale à la merci des caprices humains et des attraits : Car le premier attrait de la jeunesse n’est, dit-elle, qu’un premier lien qui soutient deux plantes nouvellement rapprochées jusqu’à ce qu’ayant pris racine l’une à côté de l’autre, elles ne vivent plus que de la même substance. — Dans l’âge mûr, pense-t-elle délicatement, la femme qui doit plaire le plus est celle qui nous a consacré sa jeunesse.
Quoi qu’il en soit, vus à distance, ces traits de présence d’esprit et de courage qui étaient soutenus d’une telle opiniâtreté de conduite au sein de l’Assemblée et d’une telle parade de résistance, l’éclat de certains discours où le bon sens et l’esprit de parti se combinaient dans une contexture spécieuse, l’ordre, l’ampleur, la marche imposante d’une parole exercée et toujours prête, tout cela avait conquis à l’abbé Maury, à la fin de l’Assemblée constituante, une réputation immense en Europe, et il ne manquait pas de souverains qui le considéraient à la fois comme un homme d’État et comme un homme de bien.
Ainsi, lorsqu’en janvier 1760, sortant de la Bastille, où il avait été détenu onze jours pour avoir récité en société une satire contre le duc d’Aumont, il va trouver le ministre, le duc de Choiseul, et qu’il essaie de l’émouvoir, d’obtenir qu’on lui laisse le privilège du Mercure avec lequel il soutient sa famille, ses tantes, ses sœurs, le discours qu’il se suppose en cette occasion et qu’il refait de mémoire est faux et presque ridicule : Sachez, monsieur le duc, qu’à l’âge de seize ans, ayant perdu mon père, et me voyant environné d’orphelins comme moi et d’une pauvre et nombreuse famille, je leur promis à tous de leur servir de père.
En matière de publicité et de théâtre, il est maître passé, il a perfectionné l’art de l’affiche, de la réclame, de la préface, l’art des lectures de société qui forcent la main au pouvoir et l’obligent d’accorder tôt ou tard la représentation publique ; l’art de préparer ces représentations par des répétitions déjà publiques à demi et où déjà la claque est permise ; l’art de soutenir et de stimuler l’attention, même au milieu d’un succès immense, moyennant de petits obstacles imprévus ou par des actes de bruyante bienfaisance qui rompent à temps la monotonie et font accident.
Les Histoires de Rollin ont été dans le temps un service et un bienfait du même genre ; à mesure qu’il les composait, l’auteur découvrait en lui et déployait aux yeux de tous un véritable talent d’ampleur, de développement et de récit, qui s’est soutenu jusqu’à la fin, et qui a charmé le public durant bien des années.
. — N’ayant eu pour le soutenir ni l’affection, ni les conseils de sa mère ; mal surveillé, mal dirigé par un père trop faible qui, toujours en admiration devant son fils, lui passait tous ses caprices, excusait toutes ses fantaisies, à dix-huit ans B… était sceptique et frondeur, ne croyant ni à Dieu ni à diable. — Il était homme à ne reculer devant rien, à n’être arrêté par aucun scrupule. — Aveuglé par son amour paternel, C… ne suivit pas les progrès incessants du mal, cette gangrène morale qui s’empare du cerveau d’abord pour descendre ensuite au cœur. — Il faut que jeunesse se passe. » Voilà le genre.
Du moins l’on sera forcé de conclure (si on n’est pas convaincu) que, Voltaire ayant soutenu éternellement le pour et le contre, et varié sans cesse dans ses sentiments, son opinion en morale, en philosophie, et en religion, doit être comptée pour peu de chose.
Le Suisse se taisait avec discrétion, mais mon ami qui pouvait opposer un uniforme à celui de Careo et une citation brillante à celle d’Apollinaire, usa de l’une et de l’autre pour soutenir avec honneur sa thèse antibelliciste.
Si l’on vient à l’attaquer ou à l’insulter sans raison, elle ne peut se défendre, car son père n’est jamais là pour la soutenir. » Ce peu de mots, pour lesquels j’emploie la traduction de M. de Maistre, explique toute la sagesse des anciens.
Une fois lâchés à leur tour contre le clergé, la noblesse et les parlements, qui soutenaient leurs privilèges respectifs, les gens de lettres, à qui on remit le fléau qui doit broyer tous les gouvernements dans un pays du tempérament de la France, je veux dire la liberté de la presse, ne s’arrêtèrent que quand la révolution fut consommée.
Michelet, qui [en est une, refuse jusqu’à des cils et des sourcils à Napoléon, et soutient qu’on l’a embelli sur les pièces de cent sous.
Une pensée encore la soutient : elle espère Qu’avant elle bientôt s’en ira son vieux père.
Amédée Pommier a été un grand poète dans tout ce qu’il a compris de l’idée chrétienne, mais, quand cette idée qui l’a élevé au-dessus de lui-même, qui l’a emporté et qui l’a soutenu, l’a laissé à terre, il y est resté.
On m’objectera que ceux-là ne furent pas seulement des intellectuels et des métaphysiciens ; mais c’est justement parce qu’ils furent à la fois, et dans une harmonie supérieure, des penseurs et des artistes, qu’ils sont une preuve vivante de ce que je soutiens, à savoir que la génialité plonge ses racines dans la sensualité, loin d’en être l’ennemie.
Il nous arrive, selon la remarque de Max Simon, de soutenir en rêve toute une conversation et de nous apercevoir soudain que personne ne parle, que personne n’a parlé.
Mais qui oserait soutenir que les institutions familiales ou communales révèlent la présence de l’idée de l’égalité telle que nous l’avons définie ?
Le progrès des communications accroît en effet, en même temps que le nombre des individus avec lesquels nous entrons en relations, le nombre des relations que nous soutenons avec chacun d’eux.
L’auteur du Roman de la momie soutenait les deux théories, celle de l’inspiration et celle du labeur13. […] j’ai peine à corriger et à supporter le poids d’un long travail : l’enthousiasme soutient, le poète qui écrit y prend goût, l’écrivain oublie la fatigue, et son cœur s’échauffe à mesure que son poème grandit. […] Tout peut se soutenir ; on peut tout justifier, la théorie des milieux, l’évolution des genres, les dragonnades, le despotisme, l’inquisition. […] Il signalait avec indignation les expressions clichées de Jocelyn, la faible prose de Graziella, et il soutenait que Théophile Gautier avait cent fois plus de talent. […] Vous êtes riche ; laissez-nous travailler à le devenir92. » Me Henri-Robert n’a pas grande confiance dans la facilité oratoire que de fortes études n’ont point précédée et que le travail ne soutient pas. « Elle pourra, dit-il, donner des premiers succès éclatants, gros de promesses en apparence.
On a beaucoup discuté déjà sur la thèse soutenue et développée dans Francillon. […] On peut aller plus loin et soutenir qu’une loi quelconque de la physique ou de l’astronomie ne saurait être exprimée en beaux vers. […] Qui soutiendra qu’en refaisant par la pensée quelques-unes de ces étapes, l’auteur des Poèmes antiques soit sorti de la vie pour entrer dans la ! […] Aussi la spontanéité irraisonnée qui animait, qui soutenait les premiers poètes devient-elle chez nous une exception de plus en plus rare. […] Ils ont eu à soutenir une lutte contre des volontés.
Le chansonnier s’engage à résoudre ce problème avec trois mille francs de rente… Il fait fi des plaisirs capiteux, des passions malsaines ; ce qu’il aime le mieux, c’est le vin ordinaire, qui ne monte pas à la tête et soutient les forces : Nos goûts changeants et notre humeur légère Sous d’autres cieux nous ont souvent conduits. […] Pleurez dans ce repli dans la nuit invitante, Vous que la pudeur fière a voués au cil sec, Vous que nul bras ami ne soutient et ne tente Pour l’aveu des secrets… — pleurez ! […] On vit de sa substance ; et, quand on ne copie pas ses livres tout tranquillement, on s’inspire de ses procédés, on reste fidèle à sa façon de grouper les épisodes, de poser les personnages, de varier et de soutenir l’intérêt. […] Christian XVI est soutenu par une indomptable foi ; il croit à sa mission divine, il a continué l’œuvre de ses aïeux et soutenu d’une main ferme la couronne qu’ils lui ont léguée. […] Il s’agit de soutenir les feux d’une batterie et d’entraver les progrès de l’ennemi.
Je connais peu de plaisirs aussi doux, aussi soutenus, aussi attachants que celui d’avoir les mains occupées d’un travail quelconque, pendant qu’une voix amie (sonore ou voilée, peu importe !) […] — Julie, dit-il, je vous accorde qu’il est colossal ; mais ne me soutenez pas qu’il soit raisonnable. […] je soutiens mon dire : il n’a pas de synthèse. […] Une vive fantaisie le traverse et le soutient : c’est l’amour inextinguible du vieux Satan pour la belle Ève. […] Elle aura de terribles luttes à soutenir contre la force matérielle ; mais que sont les machines contre le génie de l’homme ?
En s’attachant sans réserve et sans mesure à l’Antiquité classique, latine et surtout grecque, ils le prirent trop haut ; ils ne purent soutenir jusqu’au bout leur gageure, ils se cassèrent la voix en voulant chanter sur un ton trop haut. […] Mais ne nous faisons non plus aucune illusion ; disons-nous, avec un regret et une humilité que toute la fierté de Malherbe ne consolera pas, où en était venue cependant la poésie française après plus de quatre cents ans de floraison et de culture ; combien, faute d’une tradition soutenue et d’une mémoire fidèle, elle s’était diminuée à plaisir et appauvrie ; combien elle était retombée à une véritable enfance et avait mérité d’être remise à l’école, aux simples éléments.
Mais, malgré le soin de l’élégance, de la propriété, de la rime, jamais le poète ne rentre complètement dans son sang-froid ; l’émotion première persiste ; l’air sans cesse fredonné, le refrain sans cesse redit, suffisent pour la soutenir, et la chanson, eût-elle coûté tout un jour de travail, semble toujours faite d’un seul jet. […] Le succès fut grand, prodigieux ; durant deux hivers l’intérêt se soutint, et la conversation vécut presque uniquement là-dessus ; mais, cette fois, ce n’était pas un intérêt passager dû à la nouveauté du genre, à la vivacité de quelques tableaux ; le sérieux du fond, l’amusant du détail, l’ampleur et la variété du développement, le caractère passionné et dramatique qui pénétrait jusque dans les portions les plus élevées du sujet, tout attestait une œuvre durable.
Mais si, dans la suite, nous renouons ces entretiens, nous nous occuperons de ces divergences entre les philosophes qui soutiennent des doctrines si opposées sur les biens ou sur les maux réels : voilà les sujets qui méritent de nous occuper plutôt que les vanités et les erreurs de la vie, etc. […] Et si ce grand Torquatus avait pu nous entendre, lequel de nous deux, je vous le demande, eût-il écouté plus volontiers, ou de moi, qui affirme qu’il n’a rien fait en songeant à lui, mais par amour de la république, ou de vous, qui soutenez qu’il n’a rien fait que pour lui seul ?
Puissent-ils, comme ces chants antiques qui soutenaient le guerrier dans le combat, vous retracer l’image adorée du foyer, des enfants et de l’épouse ! […] Cependant, convenons-en, l’usage exclusif et prolongé d’une certaine espèce de poésie n’est pas sans quelque péril pour l’âme ; à force de refoulement intérieur et de nourriture subtile, la blessure à moitié fermée pourrait se rouvrir : il faut par instants à l’homme le mouvement et l’air du dehors ; il lui faut autour de lui des objets où se poser ; et quel convalescent surtout n’a besoin d’un bras d’ami qui le soutienne dans sa promenade et le conduise sur la terrasse au soleil ?
Alexandre imite cet enthousiasme sublime de l’amour heureux dans ces paroles à Cléofile, moins connue que Chimène : Par des faits tout nouveaux je m’en vais vous apprendre Tout ce que peut l’amour dans le cœur d’Alexandre : Maintenant que mon bras, engagé sous vos lois, Doit soutenir mon nom et le vôtre à la fois, J’irai rendre fameux, par l’éclat de la guerre, Des peuples inconnus au reste de la terre, Et vous faire dresser des autels en des lieux Où leurs sauvages mains en refusent aux dieux13. […] Je vous l’ai confessé ; je dois le soutenir… Et le tombeau, seigneur, est moins triste pour moi Que le lit d’un époux qui m’a fait cet outrage, Qui s’est acquis sur moi ce cruel avantage, Et qui, me préparant un éternel ennui, M’a fait rougir d’un feu qui n’était pas pour lui31.
Au reste, nul homme n’était moins propre à diriger et à soutenir les esprits dans une voie simple que celui qui s’est peint ainsi : « Je ne puis m’expliquer mon fonds. […] S’il l’enlève dès les premières paroles, il ne le soutient pas.
Un récent critique a soutenu, à propos de Rousseau, qu’il fallait attribuer la plus grande part de son influence sur notre génération à ce qu’il y a de malsain, de déséquilibré dans son génie, c’est-à-dire à sa folie même. […] En premier lieu, un entraînement a déjà été nécessaire pour faire accepter l’animation trop complète de la nature ; or, rien que pour soutenir cet entraînement, l’effort lyrique du poète devra aller grandissant, et il se heurtera bientôt à cette idée qu’il y a une contradiction véritable entre la réalité et la fiction poétique.
Mais aussi personne n’a soutenu que nous fussions libres, dans des conditions données, d’entendre telle note ou d’apercevoir telle couleur qu’il nous plaira. […] Il semble naturel que ce déterminisme en quelque sorte approximatif, ce déterminisme de la qualité, cherche à s’étayer du même mécanisme qui soutient les phénomènes de la nature : celui-ci prêterait à celui-là son caractère géométrique, et l’opération profiterait tout ensemble au déterminisme psychologique, qui en sortirait plus rigoureux, et au mécanisme physique, qui deviendrait universel.
On pourrait donc soutenir, et on l’a soutenu15, que le poète a souvent devancé, en ce qui concerne le problème métaphysique, le philosophe de profession. […] Jamais, pensons-nous, nous ne pourrons gravir le pic d’une âme, plonger dans les précipices de la conscience, soutenir l’éclat des firmaments éternels que bleutent les neiges immaculées de l’être. « Mais si, mais si », nous répond le poète, et nous le surprenons en train de souffler sur notre vie morose son souffle inspiré.
Mille amitiés. » Durant toute cette relation amicale, comme dans la plupart de celles même qui lui étaient le plus chères, on peut le remarquer, Fauriel, occupé au travail, enchaîné par les habitudes, et plus fidèle qu’actif aux souvenirs, Fauriel écrivait peu et laissait bientôt tomber, sans le vouloir, une des extrémités de la chaîne que l’autre correspondant, à son tour, finissait par ne plus soutenir que faiblement. […] Je désire le rendre le moins imparfait possible ; il faut qu’il ait assez de mérite pour se soutenir durant cette époque de dégoût pour les sujets dont je traite, de manière à se retrouver lorsque ce dégoût sera passé. » Ce dégoût du public pour les sujets religieux n’était pas si absolu que Constant le supposait, et le succès du Génie du Christianisme lui aurait pu fournir une mesure meilleure de l’état théologique des esprits. […] — Je ne prétends point, toutefois, à la faveur de ces explications, que je crois justes, aller jusqu’à soutenir qu’il n’abuse point de sa méthode, qu’il ne l’aggrave point dans sa marche par la déduction trop continue, trop complaisante, de ses indécisions et de ses conjectures, et qu’il n’y joint pas, plus habituellement qu’on ne voudrait, des retards superflus d’expression, et ce qu’on appellerait du gros bagage de style. […] Fauriel, malgré les fréquentes discussions qu’il soutint à ce sujet avec ses amis, ne se laissa jamais entamer à leurs théories plus ou moins spécieuses ; il était et demeura foncièrement antigermanique, en ce sens qu’il n’admit jamais que ces violentes et brutales invasions fussent bonnes à quelque chose, même pour l’avenir éloigné d’une renaissance.
Il soutint que la vérité était toujours bonne à dire, prit ensuite à témoin successivement tous les invités de la justesse de sa remarque et leur demanda si aucun d’eux serait plus disposé que lui à se soumettre à l’expérience, pesta contre la mesquinerie et la susceptibilité du monde d’aujourd’hui. […] La colère qu’il avait eue contre ses sœurs le soutenait encore samedi, et je suis parti pour Paris avec l’espoir qu’il vivrait longtemps. […] Lockroy qui nous dit, pour toute consolation, en finissant : « Unissons-nous donc tous pour la soutenir, cette guerre, dont on nous menace depuis si longtemps et dont on veut nous épouvanter. […] » Et l’homme, soutenu sur l’un de ses bras, l’autre appuyé sur son genou relevé, tend la main vers le doigt de Dieu en signe d’assentiment. […] Il y a quelques années, M. de Rothschild soutenait avec vivacité, au consistoire israélite, la doctrine de l’immortalité de l’âme ; un savant israélite de la plus vieille école, qui me le racontait, ajoutait cette réflexion « Comprend-on cela ?
l’homme à qui je confierai mes pensées les plus secrètes, qui me soutiendra dans les pas glissants de la vie, qui me fortifiera par la sagesse de ses conseils et la continuité de son exemple ; qui sera le dépositaire de ma fortune, de ma liberté, de ma vie, de mon honneur ; sur les mœurs duquel les hommes seront autorisés à juger des miennes ; je dis plus, l’homme que je pourrai interroger sans crainte, dont je ne redouterai point la confidence ; dont, pour me servir de l’expression de génie du chancelier Bacon, j’oserai éclairer le fond de la caverne, sans sentir vaciller le flambeau dans ma main ; cet homme se refait en un jour, en un mois, en un an ! […] Elle n’est pas isolée ; elle tournera ses regards sur mes frères et sur ses petits-fils : elle donnera ses soins à ceux-ci, et ces soins auront de la douceur pour elle ; elle jettera ses bras autour d’une sœur qu’elle aime, qui la chérit, et dont l’exemple la soutiendra… » Sénèque termine son écrit par l’éloge de cette sœur. […] Le philosophe se soutiendra par la grandeur des choses. […] Qu’ils songent que ce n’est ni par l’or, ni même par la multitude des bras, qu’un État se soutient, mais par les mœurs. […] Il serait facile de s’enorgueillir à celui que la nation et le souverain ont jugé digne par ses talents et ses vertus d’administrer une province qui a soutenu le choc et amené la ruine de deux grands États, le prix du sang carthaginois et du sang romain, une province qui a vu les forces réunies de quatre grands généraux, relevé la fortune de Pompée, fatigué celle de César, mis en fuite Lépide, et changé la destinée de tous les partis ; une province qui assista à un grand spectacle, celui du passage rapide de l’élévation à l’abaissement, et de la variété des efforts de la fortune contre l’édifice de la grandeur, c’est l’instructif et effrayant tableau que je tiendrai sans cesse sous vos yeux.
Je dis de problèmes, car, pas plus dans le Retour que dans les comédies similaires, vous n’avez soutenu de thèse. […] Ni le calcul, ni la vanité ne se soutiennent, pendant dix-huit ans, à ce ton de lyrisme intime et de désir. […] Le voici qui entre dans le palais, soutenu par son valet de chambre, vêtu à la mode du Directoire, les cheveux poudrés, la lèvre inférieure dédaigneusement pendante, avec ce regard à la fois impénétrable et perçant qui lui donnait tout ensemble la physionomie d’un sphinx et d’un devin. […] Songeant à cela, comment ne pas regretter que M. d’Haussonville ne nous ait pas raconté par le menu les épisodes de la lutte que son chef soutint contre lord Palmerston, — duel d’impertinence où le vieillard eut le dessus, s’il faut en croire les légendes des chancelleries ? […] Une allégresse le soutient pourtant.
La Vie de Bohême a seule soutenu le Théâtre-Français, très éprouvé dans le courant de cette campagne. […] Elle fut une fiction, peut-être utile, mais son caractère de fiction est maintenant trop manifeste pour qu’il n’y ait pas grand péril à la maintenir et soutenir avec ce caractère. […] Jules Legras, qui me paraît connaître très bien la littérature allemande, eut, plus qu’il n’a fait, situé son héros au milieu de la littérature allemande de son temps, et nous eût mieux montré quels rapports et de ressemblances et de différences Henri Heine soutient avec les poète ? […] Cela le soutient. […] L’individu n’y est encadré, enrégimenté et soutenu par l’enrégimentation, que dans l’État.
De nos jours s’est formée une école, l’école éclectique, qui soutient que la meilleure méthode serait de concilier les différents systèmes. […] On a quelquefois soutenu qu’elles n’étaient que des généralisations et des abstractions, formées en prenant les figures données par l’expérience et abstrayant la seule étendue. […] Mais on a souvent soutenu que cette idée ne nous venait pourtant pas du spectacle de notre moi, et était une construction de l’esprit, une illusion, par conséquent. […] Cette théorie supposerait chez l’enfant des instincts bien complexes ; elle est l’œuvre des Écossais qui abusaient d’ailleurs un peu de l’instinct, et en France elle a été soutenue par Garnier. […] Un philosophe de ce siècle, M. de Bonald a soutenu qu’il était dû à une révélation divine.
La musique y tenait sa place comme dans l’ancien drame sacré ; les chœurs étaient chantés et mimés, et la voix des acteurs, qui déclamaient les vers sur un récitatif très voisin du chant, était soutenue par le son de la flûte. […] Poussin, Lesueur et Pugeta soutiennent dignement, dans les arts, la comparaison avec Racine et Corneille. […] Soutenir aujourd’hui que le Parthénon est plus beau que la cathédrale de Reims, de Strasbourg ou de Cologne, c’est une audace révolutionnaire qui demanderait une plume vraiment héroïque ; nous ne l’oserons jamais. […] On l’a soutenu de nos jours et l’on a cherché les beaux temps de l’art dans les âges de simplicité et de crédulité absolues. […] Au dix-huitième siècle, nous ne rencontrons que quatre écrivains qui puissent prétendre à la gloire du style ; peuvent-ils soutenir la comparaison, sous ce rapport, avec les auteurs du siècle de Louis XIV ?
En ce faisant, je n’étais pas même fidèle à ce rôle devant les hommes qu’il faut au moins soutenir avec conséquence et bonne grâce, quand une fois on l’a pris en mains, et je ne m’étonne pas que des personnes sérieuses et qui veulent bien être attentives à mon égard, aient démêlé à cet endroit le faible et le faux. […] Après tout cela, il faut bien convenir que la parole, même celle du poète, est une analyse de la pensée ; qu’elle doit méthodiquement décomposer le sentiment qui se forme dans l’âme de l’écrivain, et qui va, soutenu par elle, se reformer dans l’âme du lecteur. […] Peut-être n’est-il pas malaisé, du moins à un homme d’esprit, de soutenir cette thèse : « Corneille est de Port-Royal par Polyeucte 103 », et quelques autres thèses semblables ; peut-être est-il vrai de dire que « pour peu qu’on séjourne dans un sujet, on y est bientôt comme dans une ville pleine d’amis, et l’on ne peut presque plus faire un pas dans la grande rue sans être à l’instant accosté et sollicité d’entrer à droite et à gauche. » Et nous ajoutons volontiers avec l’auteur : « Si l’on n’y doit pas céder toujours, il sied de s’y prêter quelquefois104.)) […] Quinet a jeté une chance de plus pour la prose poétique dans le défi qu’elle soutient depuis un temps contre la langue des vers. […] Une conception si fantastique, portant sa contradiction en elle, ne saurait être soutenue qu’au moyen d’une modification qui la dénature.
Derrière ces trois cents hommes, dits la bataille des maréchaux, se trouvera, pour les soutenir, sous le commandement du duc d’Athènes, connétable de France, le corps d’Allemands, à cheval aussi.
On a retenu, grâce à Mme de Caylus, un mot très spirituel et piquant de la marquise de Lassay à son mari, un jour qu’il soutenait devant tous la vertu sans tache, l’impeccabilité de Mme de Maintenon, et qu’il s’en montrait plus opiniâtrement convaincu qu’il n’était convenable à un homme du monde.
Dans un autre discours bien mémorable que lui prête Thucydide, et que sans doute il ne lui prête pas sans de bons motifs, Périclès traite déjà les Athéniens comme plus tard on traitera les Romains ; il s’efforce de les soutenir et de les fortifier contre la double épreuve de la guerre et de la terrible peste ; il prétend inspirer à ces citoyens d’une grande ville, et nourris dans des mœurs et des sentiments dignes d’elle, la force de tenir tête aux plus grands malheurs.
Lui, il était devenu incapable de soutenir même une discussion, une contradiction directe, et à l’Institut, un jour qu’il y lisait un mémoire, il fut désarçonné… par qui ?
Au milieu de ma douleur, il y a une idée qui me soutient : il est peut-être heureux d’avoir cessé de vivre dans les circonstances où nous vivons.
Giraud, rassemblant les raisons à l’appui, soutient son opinion en des fermes dont certes l’adversaire n’avait pas à se plaindre : « Il est probable, dit-il, qu’en 1647 Saint-Évremond a écrit ces paroles : Il est certain que l’amitié est un commerce, le trafic en doit être honnête ; mais enfin c’est un trafic.
Quand on imprima son premier recueil, le public chantant n’y apprit rien qu’il ne sût à l’avance : c’eût été de même pour les suivants ; quelques copies distribuées de la main à la main auraient suffi ; la tradition vivante, l’harmonieuse clameur l’aurait soutenu et sauvé de toutes parts, comme on le rapporte des anciens poëtes.
Wann-Chlore, il est vrai, se distingue des précédents ouvrages par un ton plus soutenu et des mœurs plus relevées, pour ne pas dire moins basses ; mais qu’est-ce encore ?
Il n’y a pas d’originalité réelle, selon nous, dans son système ; mais il y a le contre-pied des positions prises par d’autres, contre-pied soutenu avec fermeté, suite et habileté.
On pourrait, sans trop de plaisanterie, soutenir que, pour que cette édition si conforme fût devenue possible et nécessaire, il fallait simplement une chose, c’est que Napoléon fût venu et qu’on eût dit de lui qu’il était le plus grand écrivain du siècle.
Si nous osions nous égayer tant soit peu à quelqu’un de ces badinages chez lui si fréquents, nous pourrions soutenir que la faculté critique de Bayle a été merveilleusement servie par son manque de désir amoureux et de passion galante130.
Sainte-Beuve a eu à soutenir une correspondance qui sera désormais comme une annexe de son discours du 25 juin. » Le samedi 30 juin, M. le baron de Heeckeren, sénateur, lui adressait une lettre qui en contenait une autre de M.
Le docte Huet (1630-1721), qui en était resté au goût du seizième siècle, décrit ce changement très bien et à son point de vue. « Quand je suis entré dans le monde des lettres, elles étaient encore florissantes ; de grands personnages en soutenaient la gloire.
Installée dans des cerveaux étroits et qui ne peuvent contenir deux idées ensemble, elle va devenir une monomanie froide ou furieuse, acharnée à l’anéantissement du passé qu’elle maudit et à l’établissement du millénium qu’elle poursuit ; tout cela au nom d’un contrat imaginaire, à la fois anarchique et despotique, qui déchaîne l’insurrection et justifie la dictature ; tout cela pour aboutir à un ordre social contradictoire qui ressemble tantôt à une bacchanale d’énergumènes et tantôt à un couvent spartiate ; tout cela pour substituer à l’homme vivant, durable et formé lentement par l’histoire, un automate improvisé qui s’écroulera de lui-même, sitôt que la force extérieure et mécanique par laquelle il était dressé ne le soutiendra plus.
Ce n’est pas un pur hasard, si la protection qui soutient, l’inspiration qui anime les deux plus intéressants narrateurs des légendes celtiques ramènent toujours notre regard vers la princesse à qui Bernard de Ventadour donna la musique amoureuse de ses vers.
Il faut ajouter, à l’honneur du poète, que sa continuelle allégorie n’est jamais tout à fait sèche, languissante, ennuyeuse, que dans les endroits où nulle réalité ne peut le soutenir et le guider, comme lorsqu’il décrit les souffrances conventionnelles de l’amour courtois.
Il convient de faire une place au roi354, qui dans ses Mémoires et dans ses Lettres, se montre à son avantage, avec son sens droit et ferme, son application soutenue aux affaires, sa science délicate du commandement : une intelligence solide et moyenne, sans hauteur philosophique, sans puissance poétique, beaucoup de sérieux, de dignité, de simplicité, une exquise mesure de ton et une exacte justesse de langage, voilà les qualités par lesquelles Louis XIV a pesé sur la littérature, et salutairement pesé.
Après une longue lutte contre les moines et contre un évêque qui les soutient par peur, il est lui-même porté à l’épiscopat par la révolution de 1848.
Il égale les plus sublimes dans ses grandes pensées sur Dieu, dont l’expression a été soutenue, mais non surpassée, par Bossuet.
Les mêmes hommes de génie qui ont relevé l’esprit français d’un commencement de décadence, le soutiennent à la hauteur où ils l’ont porté d’abord, ou le portent plus haut.
Il écrit l’histoire de la société moderne comme un magistrat au criminel fait un réquisitoire ; une seule chose soutient l’un et l’autre contre le dégoût de leur sujet, c’est le désir de gagner leur procès.
M. de Chateaubriand a, je crois, soutenu quelque part que l’intrusion des hommes de lettres dans la politique active signale l’affaiblissement de l’esprit politique chez une nation.
C’est assez le reconnaître que de dire qu’il a soutenu cette pièce déraisonnable, dont toutes les proportions sont faussées, et dont l’équilibre chancelle à chaque pas.
Tout dans la physionomie, dans l’attitude, exprime la grâce, le goût suprême, l’affabilité et l’aménité plutôt que la douceur, un air de reine qu’il a fallu prendre, mais qui se trouve naturel et qui se soutiendra sans trop d’effort.
Que ces sept hommes-là soient à Dieu et au roi, je réponds du reste… Quant à ces hommes capables, mais dont l’esprit est faussé par la Révolution, à ces hommes qui ne peuvent comprendre que le trône de saint Louis a besoin d’être soutenu par l’autel et environné des vieilles mœurs comme des vieilles traditions de la monarchie, qu’ils aillent cultiver leur champ.
Voyant Bussy essayer ainsi de reparaître à la Cour, vieilli, usé, hors de mode, et venir remettre en question, devant une génération nouvelle de courtisans, jusqu’à sa réputation d’homme d’esprit : Quand on a, disait-il, renoncé à sa fortune par sa faute, et quand on a bien voulu faire tout ce que M. de Bussy a fait de propos délibéré, on doit passer le reste de ses jours dans la retraite, et soutenir avec quelque sorte de dignité un rôle fâcheux dont on s’est chargé mal à propos.
Il n’avait que vingt-sept ans, et, pendant deux années encore, jusqu’en 1792, nous le voyons prendre part au mouvement dans une certaine mesure, donner en quelques occasions des conseils par la presse, ne pas être persuadé à l’avance de leur inefficacité : en un mot, il est plus citoyen que philosophe, et il se définit lui-même à ce moment « un homme pour qui il ne sera point de bonheur, s’il ne voit point la France libre et sage ; qui soupire après l’instant où tous les hommes connaîtront toute l’étendue de leurs droits et de leurs devoirs ; qui gémit de voir la vérité soutenue comme une faction, les droits les plus légitimes défendus par des moyens injustes et violents, et qui voudrait enfin qu’on eût raison d’une manière raisonnable ».
Elle n’était pas impossible à ses yeux, moyennant des institutions draconiennes, soutenues pendant longtemps de la guillotine en permanence : il se réservait tout un lointain de clémence et d’âge d’or dans le fond.
Or si l’on peut soutenir que de telles études n’ont actuellement pour quelques cerveaux d’autre intérêt qu’elles-mêmes et la curiosité pure qu’elles suscitent, on ne saurait oublier non plus que les applications auxquelles elles aboutissent dans le domaine de la médecine ou dans celui de l’industrie contribuent encore pour une forte part à leur progrès, en intéressant la foule, par l’espoir d’un profit, à des travaux dont elle eût détourné son attention.
Il a dit le nécessaire, à mon sens, pour condamner cette hypothèse et soutenu victorieusement la thèse que la littérature indigène est presque absolument originale.
En somme, c’est la morale de l’intérêt bien entendu, du véritable intérêt bien entendu, qu’a soutenue La Fontaine, et non pas une autre et presque jamais une autre.
Ce que je disait tout à l’heure n’est donc pas du tout mon avis, mais je le comprends très bien parce que cela est une vérité aussi, parce que cela a lieu très souvent ; je comprends très bien que l’on soutienne comme une moitié de la vérité que les sentiments se dissolvent et se dessèchent à les analyser.
L’imagination qui soutenait ces grands maîtres, dévoyés dans leur gymnastique académique, l’imagination, cette reine des facultés, a disparu.
C’est pour se rassurer qu’on cherche l’approbation, et c’est pour soutenir la vitalité peut-être insuffisante de son œuvre qu’on voudrait l’entourer de la chaude admiration des hommes, comme on met dans du coton l’enfant né avant terme.
Et en approfondissant cette commune hypothèse à son tour, on trouve qu’elle consiste à attribuer à l’espace homogène un rôle désintéressé, soit qu’il rende à la réalité matérielle le service de la soutenir, soit qu’il ait la fonction, toute spéculative encore, de fournir aux sensations le moyen de se coordonner entre elles.
C’est tout ensemble la marque et la borne de sa grandeur ici-bas, que, dans la foi, dans la passion, dans le génie, elle ne puisse entrevoir et soutenir le sublime que par intervalle.
Si les subventions étaient plus fortes, ils mangeraient davantage, voilà tout, pour faire prospérer un théâtre, il ne faut pas des millions, il faut de grandes œuvres ; des millions ne peuvent soutenir des œuvres médiocres, tandis que de grandes œuvres apportent précisément des millions avec elles. […] Ainsi, on soutient cette thèse que seuls les meubles ou les objets qui servent comme accessoires devraient être réels ; il faudrait peindre les autres dans le décor. […] Ce qui est consolant pour la dignité des lettres, c’est qu’une œuvre ainsi soutenue par le talent d’un artiste, n’a jamais qu’une vogue temporaire, et qu’elle disparaît fatalement avec son interprète. […] J’ai entendu soutenir brillamment cette opinion, que l’auteur devait avoir un théâtre à lui et jouer lui-même ses pièces, s’il voulait donner sa pensée tout entière, dans sa verdeur et sa vérité. […] Un drame historique, bâti sur ce plan, ne soutient pas la discussion.
La voici venir mourante, et soutenue par son mari. […] Puis, ce qui rassure sa pudeur tandis qu’elle soutient son triste rôle, c’est qu’elle sait que, un quart d’heure après, Cygneroi apprendra que c’était en effet une comédie. […] Je soutenais que c’est une abomination… Je disais cela, n’est-ce pas ? […] Nous n’y avons pas seulement trouvé les qualités connues de M. de Porto-Riche, la netteté, la hardiesse, l’acuité d’observation et d’expression, mais encore l’énergie soutenue, la suite, la teneur. […] Il ne peut soutenir cette idée qu’il la fait souffrir exprès, uniquement parce qu’elle l’aimait trop ; il comprend que l’amour, à un certain degré, se crée son droit ; que ceux qui nous aiment absolument ont, en un sens, toujours raison contre nous ; qu’il n’est jamais permis de frapper ce qui nous adore… Ajoutez un peu de jalousie à l’endroit de Pascal, et vous serez au courant des sentiments secrets de Fériaud.
N’ai-je pas entendu, l’autre jour, un des plus grands philosophes de ce temps soutenir pareillement que le mariage était une forme transitoire et qu’on trouvera sans doute autre chose dans cinq ou six mille ans, au plus tard ? […] On ne pouvait soutenir « l’éclat de ses yeux bleus, clairs et durs comme l’acier. » (P. 345.) […] Son activité est prodigieuse : deux fois il fond à Alexandrie comme l’aigle, pour soutenir les fidèles persécutés et pour combattre l’hérésie arienne. […] Mais je soutiens que, même pour la forme du vers, André Chénier est un pur classique du xviiie siècle. […] Je me garde bien de hasarder des paradoxes : il faut, pour les soutenir, un esprit que je n’ai pas.
Même quand il combattait pour autrui, il avait encore l’air de soutenir sa propre cause, son clan, son domaine. […] L’idée qu’il influe sur l’opinion le soutient. […] Par une seule image soutenue et concentrée, ou par des pyramides d’images contradictoires, ils donnent même élan à notre imagination. […] Taine est de ceux qui croient que l’observation soutenue, le récit sans plus ne suffit pas à l’étude des actes humains. […] c’est ce que nous avions toujours dit, toujours soutenu.
De même qu’il n’y a point d’opinion extravagante ou absurde que n’ait soutenue quelque philosophe, de même, il n’y en a pas de scandaleuse, ou d’attentoire au génie, qui ne se puisse autoriser du nom de quelque critique. […] Le gouvernement de la Restauration, dont il avait la petite vanité de se croire l’un des soutiens, lui fit attendre aussi neuf ans ses galons de capitaine ; et j’en conçois son dépit. […] La première est de savoir si le vers de douze pieds, l’alexandrin français et l’hexamètre grec, ne serait pas peut-être, comme l’a soutenu M. […] Mais où est le général qui soutiendra pour cela qu’il n’y ait pas d’art de la guerre ? […] Non pas, évidemment, que l’on y doive soutenir ce qu’on appelle des thèses, quoique d’ailleurs il y ait des thèses proprement et éminemment dramatiques.
Et surtout, à Pans, l’opinion à défendre, le parti à soutenir, le relâchement, puis la disparition de la police des écrits, font crépiter de tous côtés une mitraille de feuilles ardentes, souvent pamphlets périodiques, à un ou deux rédacteurs, qui paraissent irrégulièrement. […] Les discours de Mirabeau, de Barnave, de Cazalès, de Maury, de Robespierre constituant, sont généralement des discours d’idées et d’affaires, où le pathos n’est qu’une écume, et qui sont soutenus par l’acquis, la logique de l’expérience et de la culture. […] Napoléon Thiers a dit — et Sainte-Beuve l’approuve — que Napoléon fut le premier écrivain de son temps, et l’on a soutenu ce paradoxe que sa vraie vocation était celle d’un homme de lettres. […] Même ce combat éternel de l’enfer contre le ciel, cet Hiéroclès qui a des traits de Fouché, tout cela parlait singulièrement à ce public noble, qui avait laissé tant de parents aux échafauds, pour lequel écrivait Chateaubriand, et qui soutint comme il le put les Martyrs contre la critique. […] Il reste soutenu par le mouvement d’une conversation.
Tiens pour assuré que les idées sont fausses par un point, si subtiles te semblent-elles, soutenues par les plus beaux noms, parées de la magie des plus beaux talents. […] Impossible de soutenir une cause avec plus de logique, avec des arguments plus serrés, en ayant davantage l’air d’avoir raison. […] On trouverait, dans les lycées subalternes, de nombreux professeurs de rhétorique qui soutiennent la même thèse, sans d’ailleurs songer à la justifier, parce que leurs professeurs à eux la leur avaient inculquée exactement pour la même raison, ou parce qu’il est de bon goût de crier à la décadence, ou encore parce que la routine a des droits sacrés, éternels, contre lesquels des cerveaux brûlés s’avisent seuls de protester. […] « Comment cette âme troublée n’a-t-elle pas été réconfortée et soutenue par les admirables exemples d’héroïsme, de dévouement et de résignation au milieu desquels nous vivons ? […] D’autre part, les idées qu’il soutient et que nous venons d’exposer paraissent en grande faveur auprès de la jeunesse des écoles, sur laquelle il exerce une action incontestable, et dont il est peut-être, avec M.
Nous voici maintenant sur la Claymore, corvette d’apparence légère, équipée et armée pour soutenir les plus rudes chocs. […] N’est-il pas un des soutiens naturels du régime nouveau ? […] Et même, en se prolongeant, le récit arrive à infirmer un peu la thèse soutenue, celle de la supériorité du Nord sur le Midi. […] C’est elle, à l’instant décisif, qui l’anime et le soutient. […] Il sera soutenu, en outre, par le talent d’artistes incomparables.
C’est pourquoi il serait inexcusable de ne pas soutenir par l’expression une pensée qui d’elle-même est forte, honnête, courageuse et qui mérite de faire son chemin parmi les hommes. […] C’est cet étonnant Barbey d’Aurevilly, grand confesseur de la foi, grand contempteur des trop tièdes représentants de l’Église, juge sans pitié, batailleur sans merci, héraut d’un catholicisme intransigeant et qui, pour soutenir l’orthodoxie du dogme et pour étayer la morale chrétienne, écrit les Diaboliques et le Prêtre marié, au risque d’alarmer les pudeurs laïques. […] Donc, afin de venir au secours de notre faiblesse, il a fallu lui inventer des appuis et des soutiens. […] Mais pour ceux qui se préoccupent des intérêts généraux de l’humanité, il leur est plus difficile de soutenir jusqu’au bout la gageure. […] Pour leur faire leur procès et pour dresser contre la Faculté ce formidable réquisitoire, il a trouvé en lui des ressources toutes neuves : une verve qui se soutient à travers quatre cents pages compactes, un art de décrire avec relief, un don de la raillerie à l’emporte-pièce, un sentiment tout ensemble du grotesque et de l’horrible.
« Un homme qui sait la cour est maître de son geste, de ses yeux, de son visage, il est profond, impénétrable ; il dissimule les mauvais offices, sourit à ses ennemis, contraint son humeur, déguise ses passions, dément son coeur, parle et agit contre ses sentiments. »48 Sans ce talent, comment se soutiendrait-il ? […] Sous cette obligation, et sous cette régularité, l’esprit s’émousse et s’use, ou, si la vanité le soutient, il devient une mécanique de bavardage qui, à tout propos, hors de propos, part et ne s’arrête plus.
Les événements n’apparaissent pas nus dans ces cerveaux passionnés, sous la sèche étiquette d’un mot exact ; chacun d’eux y entre avec son cortége de sons, de formes et de couleurs ; c’est presque une vision qu’il y suscite, une vision complète, avec toutes les émotions qui l’accompagnent, avec la joie, la fureur, l’exaltation qui la soutiennent. […] Quand les habitudes sédentaires eurent livré leur âme à de longs loisirs, et diminué la fureur qui soutenait leur religion meurtrière, ils inclinèrent d’eux-mêmes vers une foi nouvelle.
On entend la voix vibrante, soutenue, haute et claire, avec laquelle elle assourdissait ses maris. […] L’accent mâle et ferme se soutient d’abord ; puis une note grêle et douce vient indiquer que cette croissance n’est pas achevée et que cette force a des défaillances.
Et la lutte qu’eut à soutenir le Naturalisme présente cette particularité, par quoi elle se distingue des précédentes querelles littéraires, que son retentissement immédiat fut considérable, et que, dans cette circonstance, à l’émotion des lettrés se mêla le grondement populaire. […] Nous vous dirons très nettement ce que nous pensons, sans égards pour un talent qui s’est abaissé à une pareille besogne, sans indulgence même pour une erreur qui, excusable au début peut-être, est devenue criminelle par l’acharnement mis à la soutenir, sans pitié pour l’homme qui ne veut pas confesser avoir fait fausse route et qui ose se déclarer tout prêt, si on ne l’acquitte, à marcher de l’avant, dût-il déchaîner sur le pays les pires catastrophes.
J’en prends à témoin le plus énergique lutteur de ce temps-ci, la plus vigoureuse nature d’artiste que je sache, l’homme qui a soutenu pendant trente ans l’assaut incessant de la critique sans recul, sans arrêt, et qui assiste encore à son propre triomphe, plus fort qu’aux heures orageuses de sa jeunesse littéraire, maniant avec une certitude puissante l’instrument magnifique qu’il s’est forgé. […] Son énervement le contraint de s’en remettre au vers qui le suit du soin de le soutenir, et tous fondent l’un dans l’autre, à pleine strophe.
Un ami, qui n’est pas un imbécile, voulait me soutenir, ce soir, que c’étaient les Jésuites qui avaient fait faire des obscénités aux Chinois. […] Viollet-le-Duc parlait de gestes d’enfant qui dénoncent le père, le nomment presque, et il soutenait qu’un cocu philosophe, qui étudierait la question, pourrait, sans se tromper, reconnaître dans le cercle de ses amis et de ses connaissances, le père de son enfant.
C’est : d’une montagne dont le sommet paraît toucher et soutenir le ciel, et d’une pyramide seulement de quelques lieues de base et dont la cime finirait dans les nues, laquelle vous frapperait le plus ? […] Ce sont ces idées accessoires nécessairement liées à la nuit et aux ténèbres qui empêchent de porter la terreur dans le cœur d’une jeune fille qui s’achemine vers le bosquet obscur où elle est attendue ; son cœur palpite, elle s’arrête, la frayeur se joint au trouble de sa passion, elle succombe, ses genoux se dérobent sous elle ; elle est trop heureuse de rencontrer les bras de son amant, pour la recevoir et la soutenir, et ses premiers mots sont : est-ce vous ?
Dante et Pétrarque, en effet, se sont élevés à une hauteur où les sentiments particuliers se confondent en un sentiment unique qui les englobe tous : la foi, l’amour et le patriotisme sont pour eux, s’il m’est permis de parler par image, trois formes différentes de la même pensée ; et cela est si vrai, que d’ingénieux commentateurs ont pu soutenir, sinon prouver, que Laure et Béatrice n’ont jamais eu d’existence réelle et n’ont été pour les deux poètes que les symboles de leurs opinions. […] Mais, par là même qu’il a réalisé l’idéal intime et profond de la nation à laquelle il appartient, Wagner ne sera jamais réellement populaire que pour cette nation-là, et l’on voit déjà se produire cette étrange contradiction, qu’en Allemagne son art est démocratique et soutenu par la foule, tandis qu’à l’étranger il est réservé à l’aristocratie intellectuelle. […] II Si l’on cherche à pénétrer la substance de l’œuvre immense de Victor Hugo, si l’on examine les charpentes qui soutiennent ce prodigieux amas de phrases et de mots, les idées, on sera tout d’abord étonné de leur faiblesse et de leur pauvreté. […] d’où vient que, sans être soutenus par la pensée, ils arrivent à une intensité d’expression sans précédent dans l’histoire des lettres, prêtant une force grandiose à des déclamations vulgaires, et un sens en apparence élevé aux notions les plus banales ? […] Quelquefois la moindre des choses, un sourire, une légende, un mystère, suffira à la soutenir et à l’exciter encore.
Les littérateurs et les versificateurs ont gâté les artistes et le métier des artistes, parleur persistance à soutenir le genre noble, à chanter le genre noble, et à s’écrier qu’il fallait poétiser, idéaliser, mots que les artistes ont traduit par : « donner de la tournure » ; c’est-à-dire ne jamais souffrir la nature, et ramener tout à un type archaïque, précieusement conservé dans les musées, et porté à sa perfection par Annibal Carrache. […] La poésie est l’arithmétique de l’imagination, à ce que prétend un mien ami, un autre dit que c’est trop lui accorder, et soutient que ce que les poètes prennent pour un don du ciel et ont en joie, est une infirmité, une sécrétion maladive d’hémistiches qui se forment dans un cerveau décomposé et suintent plus ou moins péniblement. […] En littérature, dans les arts plastiques, en science, en toutes choses il y a de grands combats à soutenir au nom de la vérité, car c’est le seul levier à employer pour soulever l’émotion dans les esprits. […] Courbet, réalisme laid et bête. — Il soutient qu’il y a deux côtés dans la nature, un côté réel pour les imbéciles, un côté poétique pour les malins.
Songez que jusqu’ici on a conçu le conscient comme une chambre close, où les objets, en nombre défini, étaient comme inscrits sur un inventaire et ne soutenaient de rapports qu’entre eux, et que, pour tel incident de notre vie psychique, si on voulait l’expliquer, on ne pouvait aller chercher qu’un fait dont nous nous fussions précédemment aperçus. […] C’est que le violon était monté à des notes hautes où il restait comme pour une attente, une attente qui se prolongeait sans qu’il cessât de les tenir, dans l’exaltation où il était d’apercevoir déjà l’objet de son attente qui s’approchait, et avec un effort désespéré pour tâcher de durer jusqu’à son arrivée, de l’accueillir avant d’expirer, de lui maintenir encore un moment de toutes ses dernières forces le chemin ouvert pour qu’il pût passer, comme on soutient une porte qui sans cela retomberait. […] Il y a un caractère et il y a une volonté, dont la force est variable suivant les êtres, mais qui existe toujours plus ou moins, et qui vient se ranger aux ordres de ce caractère, qui le soutient, qui l’affirme, qui l’aide à s’imposer pratiquement. […] C’est que le violon était monté à des notes hautes où il restait comme pour une attente, une attente qui se prolongeait sans qu’il cessât de les tenir, dans l’exaltation où il était d’apercevoir déjà l’objet de son attente qui s’approchait, et avec un effort désespéré pour tâcher de durer jusqu’à son arrivée, de l’accueillir avant d’expirer, de lui maintenir encore un moment de toutes ses dernières forces le chemin ouvert pour qu’il pût passer, comme on soutient une porte qui sans cela retomberait.
« À l’époque de la lutte intellectuelle que la littérature allemande a été forcée de soutenir contre l’influence écrasante de l’école française, Racine, Corneille et toute la littérature de cette période ont été condamnés sans jugement, et Molière n’a pas été exclu de ce verdict. […] J’aime beaucoup les commentateurs s’acharnant à soutenir que Molière s’inspira, pour cette grande figure d’Alceste, des rudes vertus de M. de Montausier ! […] « Moi, dit Mme Sand dans la préface de son drame intitulé Molière, je crois que Molière eût méprisé et oublié une femme dissolue ; je crois qu’il a pu estimer la sienne, qu’il n’a souffert que de son ingratitude, de sa coquetterie, de ses travers, de sa sécheresse, et que c’en était bien assez pour le tuer. » Certes, mais comment soutenir que Molière ne souffrit que de cette humeur ? […] C’est ainsi qu’on le vit s’asseoir, en plein théâtre, parmi les marquis, à une représentation du Portrait du peintre, où Boursault raillait L’École des femmes, et soutenait avec plus ou moins d’esprit que cette comédie était une tragédie, et la preuve c’est que « le petit chat y était mort ».
Mais je ne veux m’arrêter qu’aux critiques les plus significatives et les plus intéressantes, à celles qui visent le rôle d’Arnolphe, et, d’autre part, l’esprit même de la pièce et le fond de la thèse qui y est soutenue, c’est-à-dire ce par quoi la comédie de Molière me paraissait tout à l’heure originale et encore neuve. […] A propos de cette scène fameuse que nous aimons tant aujourd’hui, Lidamon, un des interlocuteurs du Panégyrique de l’École des Femmes (titre ironique, auteur inconnu) soutient avec un pédantisme ineffable, croyant par-là confondre Molière, que sa prétendue comédie est une pièce tragique, « le héros y montrant presque toujours un amour qui passe jusqu’à la fureur et le porte à demander à Agnès si elle veut qu’il se tue, ce qui n’est propre que dans la tragédie, à laquelle on réserve les plaintes, les pleurs et les gémissements. […] Mais, s’il est vrai que la pitié n’implique point nécessairement la bonté, je ne pense pas que la proposition inverse se puisse soutenir… Tout compte fait, et malgré ce qu’on y peut reprendre, il est difficile de ne pas croire qu’il s’est produit chez nous, depuis deux siècles, un certain attendrissement des cœurs et un certain approfondissement de la sensibilité. […] Reinach, sans aucun espoir de le convaincre : — Votre proposition générale peut fort bien se soutenir ; et l’application que vous en faites à Manet me paraît juste, mais non point celle que vous en faites à Diderot. […] — « Mais Diderot a eu l’idée de faire servir le théâtre à l’amélioration des masses, de discuter sur les planches des points de morale, d’y soutenir des thèses, comme fera plus tard Dumas fils. » — Hélas !
C’est aller trop loin, sans doute ; mais son indignation échevelée contre les ignorances du public et les écrivasseries d’aujourd’hui l’ont gardé pur de compromissions et ont soutenu son effort esthétique. […] C’est une causerie vive, soutenue, alerte, où le charme de la sincérité remplace le souci du nombre. […] Du rencontre encore aujourd’hui des admirateurs fanatiques de Chateaubriand qui soutiennent que l’histoire d’Amélie est une pure invention d’artiste. […] Ce caractère tourmenté qu’il a donné à l’amour dans ses livres, Chateaubriand l’a gardé lui-même dans sa vie avec une persévérance trop soutenue pour être une pose. […] Les caractères en sont soutenus comme des caractères de Molière ou de Shakespeare.
Il présente ainsi l’abbé d’Aubignac : « Notre homme niait l’existence d’Homère et soutenait que l’Iliade et l’Odyssée n’étaient que deux recueils, deux corps de chants séparés, tragédies, chansons diverses de mendiants, de bateleurs de carrefours, à la manière des chansons du Pont-Neuf… » Ces derniers mots sont en français dans le texte latin de Wolf… « Et le reste à l’avenant ! […] Rien par-delà la mesure, que les ouvrages mêmes de Sophocle, de ce génie naturellement régie, soutenu constamment par un enthousiasme qui ne l’emporte jamais ? […] Il résume l’opinion d’autrui ; et il ajoute : « Il me semble impossible que quiconque professe les règles élémentaires du raisonnement puisse admettre de pareilles assertions. » Ou encore : « C’est une simple absurdité. » Il s’abandonne, d’une façon naïve et attrayante, à la satisfaction de soutenir une opinion d’avant-garde ; et il flétrit la « science patentée ». […] Le Jeune écrit : « L’anarchie soutient les productions les plus exécrables de ses auteurs ; soutenons les œuvres des nôtres, quand elles sont bonnes, ce qui est ici le cas. » Cette fois, il ne s’agit pas de M. […] Or, si l’œuvre dont il s’agit est bonne, il faut le dire et la « soutenir » parce qu’elle est bonne.
Ce Figaro a une vieille réputation de malignité et d’esprit que, quelque talent qu’il ait, un seul rédacteur ne pourra jamais soutenir seul. […] Vous avez vu dans les journaux le compte-rendu d’un procès que l’illustre femme a soutenu, dans le Berry, contre M. […] Romieu, traversant Paris en pleine nuit, après un souper copieux, soutenait d’un bras un de ses amis2, qui lui rendait le même service.
. — Et moi je vous soutiens que ce n’est qu’une trompette de propagande. — Moi je suis pour l’idée. — Et moi pour le style. — Moi pour les passions. — Et moi pour les draperies. — Moi pour la couleur. — Et moi pour le dessin. […] Aussi ce mouvement d’un art factice, à contre-poil de la tradition et sans intelligence possible de l’avenir, ne pouvait se soutenir : affaire de luxe et de curiosité, … aussi ce carnaval passé, l’art se retrouva-t-il en plein vide, sans principe, sans objet et sans but. […] Le procédé réaliste, soutenu par l’idée du juste, c’est-à-dire le sentiment d’une grande fidélité envers la nature, accompagné d’une morale réelle, telle est la trame esthétique sur laquelle repose l’œuvre de M.
Quand les vapeurs de la vallée s’élèvent devant moi, qu’au-dessus de ma tête le soleil lance d’aplomb ses feux sur l’impénétrable voûte de l’obscure forêt, et que seulement quelques rayons épars se glissent au fond du sanctuaire ; que couché sur la terre dans les hautes herbes, près d’un ruisseau, je découvre dans l’épaisseur du gazon mille petites plantes inconnues ; que mon cœur sent de plus près l’existence de ce petit monde qui fourmille parmi les herbes, de cette multitude innombrable de vermisseaux et d’insectes de toutes les formes, que je sens la présence du Tout-Puissant qui nous a créés à son image, et le souffle du Tout-Aimant qui nous porte et nous soutient flottants sur une mer d’éternelles délices ; mon ami, quand le monde infini commence ainsi à poindre devant mes yeux et que je réfléchis le ciel dans mon cœur comme l’image d’une bien-aimée, alors je soupire et m’écrie en moi-même : « Ah !
La Fare regrettait la Cour de la première Madame et soutenait que, depuis cette mort, en fait de politesse, tout allait de mal en pis.
Du Vair) ; et chez ce vieil auteur qu’on ne lisait plus, il notait comme trop rudes les mots d’Empirance, de Vénusté que Ménage soutint depuis et que Chateaubriand a restauré ; il regrettait de voir Orer pour Haranguer, Los pour Louange, etc.
Cette dernière latitude est heureuse et permettra à l’Académie, au lieu de soutenir et de favoriser un genre faible et qui semble usé, de provoquer d’utiles travaux d’un intérêt actuel et bien vivant.
Dans un des sonnets suivants, il appliquera à Rome tout entière en décadence ce que Lucain avait dit du seul grand Pompée sur son déclin : Qualis frugifero quercus sublimis in agro… Qui a vu quelquefois un grand chêne asséché… Le sonnet de Du Bellay ne soutient pas trop mal la comparaison avec le latin.
Comme mouvement bien sincère de piété non moins que de poésie, je signalerai un très-bel et très-vif élan de prière à Dieu, père de Christ (page 181) ; le jet de l’oraison s’y soutient d’un bout à l’autre ; c’est un curieux exemple de verve puritaine à cette époque.
Il la soutenait tout chancelant.
Après des études précieuses dans la maison du prince, son père, il vint à Rome et offrit de soutenir une joute littéraire sur vingt-deux langues et sur neuf cents questions philosophiques. « C’était, dit son rival Politien, un homme ou plutôt un être extraordinaire, à qui la nature avait prodigué tous les avantages du corps et de l’esprit.
Elle figure un pouvoir qui tombe, contre qui toutes les circonstances fortuites tournent fatalement, et qui n’a plus vraiment la force de se soutenir : il donne quelques secousses, violentes et inutiles, qui l’épuisent, et il est incapable d’une résistance ferme.
Balzac nous paraît dominateur par ces accumulations de faits soutenus par des pyramides d’idées qui donnent à chacun de ses romans une force égale aux drames de Shakespeare.
Je ne serai soutenu qu’à moitié par M.
Il ne tut rien de ce qui pouvait être utile à dire à cette époque et rester vrai après la querelle ; il laissa aux hommes passionnés ces affirmations hardies qui allaient être soutenues et repoussées par le fer et le feu.
Mais Tacite regrette le plus grand gouvernement qui ait existé ; Saint-Simon, en déplorant que les nobles ne fussent plus les associés et les soutiens nécessaires de la royauté, et avec elle les maîtres du gouvernement, Saint-Simon regrettait l’anarchie.
Avec Mozart, avec Beethoven, avec tous les maîtres de ce siècle, la basse conserve ses fonctions utilitaires ; placée à la base de l’édifice harmonique, elle le soutient.
Déroulède, qui a sacrifié son temps, ses relations, sa fortune, à la cause qu’il soutient, n’a jamais songé à partir en guerre contre les drames du maître.
Sur son bouclier, un Hoplite escalade une tour et crie aussi ces paroles d’airain : « Ares lui-même ne me renverserait pas de ces murs » — La porte Oncée soutiendra l’assaut d’Hippomédon, un colosse qui fait tournoyer comme une roue l’aire immense de son bouclier.
Le travail actif au contraire, et qui se traduit en œuvres, nous distrait de cette comparaison perpétuelle qu’on est tenté de faire de soi à de moins dignes, plus favorisés souvent, et il remplit mieux les fins de la vie, qui sont d’être ou de se croire utile, et de ne pas se retrancher dans une abnégation pénible à soutenir et malaisément sincère.
Au moyen de la même idée, on nous a tout d’abord sevrés des mobiles qui ont le pouvoir de nous exalter et qui, suscitant toute notre force nous permettraient de soutenir la concurrence avec les autres nations en même temps que de développer des formes de civilisation personnelles.
« Pour moi, disait saint Jérôme, je tiens l’adultère en plus grande estime que ces prétendus moralistes, et je soutiens que, rien qu’à le voir, on apprend à le commettre : Discitur adulterium dum videtur !
La pompe inséparable des alexandrins nécessite dans l’expression une certaine noblesse soutenue.
Autrement, on pourrait démontrer que la maladie se confond avec la santé, puisqu’elle dérive nécessairement de l’organisme qui en est atteint ; ce n’est qu’avec l’organisme moyen qu’elle ne soutient pas la même relation.
C’est, je crois, à cause de son goût, à cause de sa passion pour les petits et les opprimés, qu’il a tant aimé les animaux, je le crois ; j’en suis sûr puisqu’il le dit, car enfin c’est lui qui, en plein dix-septième siècle, a fait deux plaidoyers pour les animaux ; l’un que je réserve pour plus tard, car c’est de la philosophie, et j’aurai à parler de la philosophie de La Fontaine, c’est le Discours à Mme de La Sablière, le plaidoyer pour l’esprit des bêtes, un plaidoyer sur cette idée que les bêtes sont intelligentes. (« On ose soutenir que les bêtes n’ont pas d’esprit… »).
Elles ne soutiendront pas une minute l’édifice fragile de cette fantaisie amoureuse et historique que M.
Ni les événements sur lesquels je comptais pour élever son talent à la même puissance qu’eux, ces événements d’un moment unique dans l’Histoire : l’incendie de Rome sous Néron, l’état du inonde d’alors, et ce siège de Jérusalem, aussi exceptionnel par l’énergie que la nation qui le soutint, n’ont exalté dans M.
Pour les esprits de bonne foi, il est incontestable que la théorie du matérialisme pur ne peut plus être soutenue.
Plus une conséquence de telle ou telle esthétique est terrible et faite pour effrayer, plus ils sont fiers d’avoir été jusqu’à cette conséquence ; du moment où elle était nécessaire, le principe une fois admis, ils se font gloire de ne pas reculer devant elle ; ils soutiendront, ils estimeront même de bonne foi, que ce qui révolte le plus doit être ce qu’il y a de plus admirable.
Les hymnes rehaussent même les dieux. » Ce ton de panégyriste enthousiaste, rappelant d’abord la grandeur des Ptolémées, leur faste royal, leur palais, près duquel repose Alexandre, divinité terrible aux Perses ornés de la mitre, se soutient par l’idolâtrie des louanges prodiguées au monarque et à Bérénice, son épouse et sa sœur.
On sait avec certitude que Dante y vint lui aussi, comme un peu après Pétrarque et Boccace ; qu’il y soutint contre d’habiles et nombreux adversaires un quod libet, réputé prodigieux, ce qui valut à l’amant de Béatrice, avec le renom de poëte, le renom de théologien à jamais consacré par la fresque de Raphaël où il prend place parmi les Docteurs, et fit inscrire sur son tombeau ce vers curieux : Teologus Dantes nullius dogmatis expers. […] Le sentiment qui soutenait Dante, qui l’animait dans ses travaux, c’était, avec le grand désir d’excellence en toutes choses et d’immortalité, le désir passionné de rentrer dans sa patrie ; de se rendre illustre à ce point que Florence, l’ingrate Florence, ne pût souffrir de rester plus longtemps privée d’un citoyen dont elle recevrait tant de gloire. […] La cour de Rome en voulait à Dante, non seulement pour avoir jeté en enfer des cardinaux, des papes et jusqu’à un pontife canonisé, mais encore, chose plus grave, pour avoir soutenu, dans son traité de la Monarchie, que le pouvoir de l’empereur égale celui des souverains pontifes, et que l’autorité de la tradition est moindre que celle des saintes Écritures (propositions condamnées plus tard par le concile de Trente). […] Dante, qui a senti, d’étoile en étoile, se fortifier sa puissance de vision, peut maintenant soutenir l’éclat du sourire de Béatrice. […] Il invoque la Reine du ciel, afin que, par son intercession, Dante puisse soutenir l’éclat formidable de la face de Dieu et que sa raison ne soit pas submergée dans la lumière infinie.
» et enfin, comme apothéose, l’épouse montant au ciel, soutenue par l’Espérance et la Résignation, aux ailes déployées… Personne ne s’étonna, ni ne s’indigna. […] Soutenu par la force seule de son génie, par l’âpre ténacité de son courage, il a marché droit devant lui, et il a fait sa trouée magnifiquement. […] Celui-ci qui se pose en révolutionnaire paisible, en novateur centre-gauche, en homme partisan des nouvelles formules d’art, pourvu qu’elles restent à l’état d’hypothèse, a soutenu que les mots d’argot ne lui déplaisaient pas, ne le choquaient pas, quand il en fallait. […] Et mieux vaudrait vendre des saumures, surtout si des écrivains français, impolitiques ou mal intentionnés, se mettent à soutenir cet insoutenable paradoxe qu’il existe sur le globe terrestre une Belgique, dans cette Belgique des Belges, et parmi ces Belges, des poètes, et des poètes de talent… Où donc avais-je la tête quand me vint cette lubie ? […] Très fier, très digne, ne se plaignant jamais, soutenu par des espoirs sans cesse reculés, il s’était réfugié à Charenton, dans un pauvre quatrième étage, ne voyant presque personne.
. : ceci par lui-même, mais ayant en outre l’honneur d’avoir contribué comme collaborateur à Monte-Cristo, aux Mousquetaires, aux meilleures victoires d’Alexandre Dumas ; Paul Meurice, religieux ami du poëte absent, et qui mérite une mention presque pareille ; Paul Lacroix, assez fort pour soutenir deux réputations ; Jules Lacroix son frère, qui se fit aussi double renommée ; Hippolyte Lucas, ingénieux et savant ; Alexandre de Lavergne, un des inventeurs du roman-feuilleton ; Emmanuel Gonzalès, l’excellent chercheur de chroniques, qui parle aussi quand il le veut la spirituelle langue des boudoirs parisiens ; Adrien Robert, émule d’Hoffmann ; Élie Berthet, trésor inépuisable d’intérêt, bonne et loyale plume ; Charles Rabou, trouveur habile et fécond ; Étienne et Louis Énault, allant d’un pas égal dans la voie du succès ; Frédéric Thomas, transfuge du roman, regrettant peut-être, sous sa toge si brillamment portée, les promenades de sa jeunesse au pays des fictions, et Léo Lespès qui, devenu Timothée Trimm, a noyé sa notoriété de romancier dans l’immense réussite de sa chronique quotidienne ? […] Cette gamme, qui s’accordait avec la tumultueuse effervescence des esprits, était difficile à soutenir en temps plus paisible. […] Dans un temps de fécondité débordante, c’est bien peu, nous le savons, qu’un volume de sonnets ; mais nous préférons à des bibliothèques de gros volumes d’un intérêt mélodramatique cette fine étagère finement sculptée qui soutient des statuettes d’argent ou d’or d’un goût exquis et d’une élégance parfaite dans leur dimension restreinte, des buires d’agate ou d’onyx, des cassolettes d’émail contenant des parfums concentrés, de précieux vases myrrhins opalisés de tous les reflets de l’iris, et parfois un de ces charmants petits vases lacrymatoires d’argile antique contenant une larme durcie en perle pour qu’elle ne s’évapore pas. […] Entre Caligula, où le drame ne soutint pas le succès que la comédie avait remporté au prologue, et Ruy-Blas, où le poëte, à côté des rugissements du lion, avait laissé une si large part au fou rire, elle entrait dans un de ces moments d’examen et de réflexion où se modifient par le fait même de leur triomphe les opinions hardies. […] Elle avait commencé par L’École des Journalistes, qui n’aurait probablement pas soutenu l’épreuve de la représentation.
Mort, on commença de bâtir, sur cette colonne qui avait soutenu le monde, la légende qui devait aboutir au Faust de Gœthe. […] « Nous soutenons donc, dit le Jésuite (IVe Lettre), comme un principe indubitable « qu’une action ne peut être imputée à péché, si Dieu ne nous donne, avant que de la commettre, la connaissance du mal, qui y est, et une inspiration qui nous excite à l’éviter ». […] C’était l’enfant d’adoption d’une secte assez puissante pour résister au pape et soutenue par tout le protestantisme étranger. […] Ce Génie, en effet, sera comme leur père, leur tuteur, leur guide, leur accoucheur, leur Socrate, et il les soutiendra de sa force et de son amour dans les labeurs de l’enfantement, qu’ils redoutent — mais qu’ils ne connaîtront jamais. […] A cette période, la langue est assez obscure pour que l’on puisse donner, sans être suspect, le sens le plus convenable à toute expression équivoque ; elle est assez claire pour n’être pas rebutante ; et la pensée est assez morale et assez religieuse pour que l’on puisse soutenir sans démence que son seul but est d’exalter la religion et la morale.
Soutenir un paradoxe m’a toujours paru l’exercice le plus méprisable, et je n’aurais pas été plus loin, si la question s’était posée dans mon esprit avec cette apparente simplicité. Mais je me suis toujours appliqué à dissocier l’idée d’intelligence en ses deux éléments fondamentaux : la faculté intellectuelle proprement dite d’une part, et de l’autre part son soutenu, la notion. […] La poésie lyrique n’est encore que cela, très souvent, surtout quand elle se revêt de musique, quand elle soutient la danse ; rondes enfantines, danses paysannes. […] On sait que Bernard Palissy soutint au sujet des fossiles les mêmes idées que Léonard : en avait-il eu connaissance ? […] Léon Blum, je ne le dissimule pas, soutient ses idées avec une certaine logique.
Les Ottomans l’aidèrent à soutenir le choc de deux coalitions : ils se portèrent sur les derrières de l’Autriche, ravagèrent ses provinces et, même vaincus, tourmentèrent nos ennemis, divisèrent leur énergie efficace. […] Après la mort de cette princesse et du Bien-Aimé, Vergennes en 1783 méditait une intervention de la France et de l’Angleterre pour soutenir la Turquie contre Catherine II. […] Et les flexibles cous soutiennent l’ovale délicat des visages. […] Au fût de chaque olivier grimpe une vigne : les feuilles de l’olivier sont grises et argentées ; la souple vigne, plus foncée, marie son feuillage à celui de l’arbuste qui la soutient, — qui la soutient, qui la porte et qui ne l’étouffe pas, et qui la laisse joliment s’épanouir à son gré.
Une de mes propres tantes la soutenait dans ses infortunes. […] XXIV En 1672, il donna les Femmes savantes, honnies à la ville, soutenues également par le roi.
Vendredi 11 décembre Le général Schmitz soutenait qu’il était impossible de raisonner de la guerre, et que même ceux qui y avaient été, ne pouvaient pas raconter avec certitude ce qui s’y était passé. À ce propos, il citait, le soir de Magenta, sa rencontre avec le général Regnault de Saint-Jean-d’Angely qui avait soutenu l’effort de la bataille, tout le jour, et croyant le succès de la journée compromis, et ne pouvant admettre que Mac-Mahon fût entré à Magenta.
Il n’avait que quatorze ans, quand son père est ruiné dans le commerce, et le jeune homme de quatorze ans se trouve avoir une famille à soutenir. […] » Jeudi 27 décembre Discussion à table avec Daudet, où je soutiens qu’un homme qui n’a pas été doué par Dieu du sens pictural, pourra peut-être, à force d’intelligence, goûter quelques gros côtés perceptibles de la peinture, mais n’en goûtera jamais la beauté intime, la bonté absconse au public, n’aura jamais la joie d’une coloration, et je lui parlais à ce propos de l’eau-forte, de ses noirs, de certains noirs de Seymour-Haden qui mettent l’œil dans un état d’ivresse chez l’homme, au sens pictural.
Sans doute chacune de ses phases est rigoureusement déterminée en fait au point de vue de la causalité, mais au point de vue de la systématisation, ce développement garde quelque chose d’indéterminé, je veux dire que des systèmes très différents peuvent, selon les circonstances qui se présenteront, venir englober et soutenir le nouveau germe et constituer son épanouissement. […] Un esprit très systématisé en son genre, et dont les idées maîtresses, les tendances dominantes ne ressemblent pas à celles de son milieu, dont les aptitudes sont rares, dont la préparation fut très spéciale, donne aussi l’impression d’une originalité complète, soutenue et qui se renouvelle, surtout s’il s’attaque à des recherches dont les résultats intéressent beaucoup de gens. […] On pourrait peut-être soutenir que le plus mince changement dans un détail suffit pour la transformer quelque peu, mais en laissant de côté les cas qui prêteraient à la discussion, il en reste assez d’autres. […] Il peut se faire, il est déjà arrivé qu’un auteur commence des recherches pour soutenir une opinion à laquelle il tient et que, au bout de quelque temps, l’œuvre déjà commencée, il s’aperçoive que sa croyance est fausse.
Encore faut-il qu’elle porte sur d’assez vastes ensembles pour que nous y puissions saisir les justes relations que soutiennent entre elles les œuvres particulières. […] Si, l’homme du livre, et surtout des vieux livres, vous le jugez au point de vue du livre, vous n’êtes pas à la page, vous ressemblez au mathématicien qui demandait d’Athalie ce que cela prouvait, Ce que dit Lemaître est vrai, jusqu’à un certain point (il ne faut pas exagérer et lui-même exagère en journaliste « pour frapper fort »), d’un journal pris en particulier, parce qu’on écrit dans un journal pour soutenir une opinion de parti. […] Il appuie ses pensées de celles de tous les grands hommes de l’antiquité ; il les juge, il les combat, il converse avec eux, avec son lecteur, avec lui-même ; toujours original dans la manière dont il présente les objets, toujours plein d’imagination, toujours peintre, et, ce que j’aime, toujours sachant douter. » Félicitant M. de Tressan d’avoir soutenu la cause de Montaigne il ajoute : « C’est votre père que vous défendez, c’est vous-même. » Disons aujourd’hui de Voltaire, nous, critiques : « C’est notre père qu’il défend, c’est nous-mêmes. » En ces quelques lignes il a défini excellemment non seulement Montaigne, mais une partie nécessaire de la bonne critique. […] Aujourd’hui personne ne soutiendrait une telle théorie.
Des amis complaisants l’aidèrent, des épaves le soutinrent, et, de main en main, de tonneau en tonneau, il arriva jusqu’à terre, n’ayant sauvé de son mince bagage que le portrait de sa femme, qu’il avait attaché sur sa tête. […] Si la plume n’est pas une arme pour détruire les mensonges et soutenir les justes causes, autant vaut la casser et en jeter les débris au vent. […] Quant à Casal, cet arbitre des élégances, que les jeunes gens venaient consulter avant de se commander un smoking ; cet homme extraordinaire, qui réfléchissait avec tant de conscience sur la largeur du ruban de moire qui soutenait son monocle ; ce clubman sans pareil, qui excellait à chapitrer un chef et à organiser une cave ; ce tireur qui a fait, chez Gastine-Renette, des mouches si remarquables ; ce cavalier, qui est parvenu à mater Téméraire (par Roméo et Fichue-Rosse) ; ce don Juan, « qui apporte aux affaires de l’amour tout le positivisme réfléchi des grands hommes d’État », on vient d’apprendre qu’il est parti très loin sur le yacht de lord Herbert Bohun, et sans doute, chaque soir, à la clarté des étoiles, il boit des rasades de whisky en compagnie de son hôte, biberon insigne, qui se vante de ne consommer d’eau que pour son tub. […] Je transcris, bien qu’il m’en coûte, les constatations de cet impitoyable médecin : Vanité sans bornes… pensée confuse et incohérente… forte émotivité… caquetage incessant, ou plutôt logorrhée… inaptitude au travail sérieux et soutenu… ignorance profonde, aboutissant au mépris de la science positive et à l’apologie d’un vague mysticisme… quelques citations mal comprises, rognures et balayures, happées aux étalages des bouquinistes, et dont ils se servent pour flétrir de très haut Taine, Renan, Darwin, Stuart Mill, ainsi que pour réhabiliter un moyen âge de convention… tendance très marquée à nommer automatiquement les ornements sacerdotaux et le mobilier d’église, tels qu’ostensoirs, ciboires, chasubles, etc. […] Il se peut, en effet, que cette analyse infinitésimale de soi-même, cette gageure soutenue contre les affections les plus légitimes soient des exercices un peu stériles.
Voici : On désigne ainsi un assemblage de pièces de métal, destiné à soutenir et à contenir des parties moins solides, ou lâches d’un objet déterminé. […] pour soutenir la famille, pour contenir la société, pour fournir à tout ce beau monde la rigoureuse tenue que vous lui voyez, il y a une armature en métal qui est laite de son argent. […] Paul Hervieu, après avoir multiplié les touches violentes pour nous faire connaître son monstre, dessine d’un crayon vif et dur les invalides et les éclopés qui viennent mendier, chez les « princes de la finance », le morceau de pain qui soutiendra leur misérable vie et donnera un dernier sursaut d’apparente vigueur à leurs prétentions politiques, religieuses, sociales. […] Vos encouragements m’ont soutenu dans le cours de mes recherches ; vos conseils en ont rendu le résultat moins défectueux.
Les vraies beautés ne sont pas ainsi, les vrais talents encore moins : ils se renouvellent, s’augmentent longtemps, se soutiennent et varient avec les âges.
Il soutient plaisamment, et non sans quelque ombre de vraisemblance, que les plus folâtres sont les mieux venus auprès des dames : « Le sage sera laissé sur les livres, ou avec quelques anciennes matrones, à deviser de la dissolution des habits, des maladies qui courent, ou à démesler quelque longue généalogie.
Le héros d’un festin est égal au héros qui, dans la guerre, dirige les mêlées terribles, là où si peu demeurent inébranlables et soutiennent de pied ferme le choc de Mars impétueux.
elle ne sait pas tout, mais elle voit qu’une peine affreuse me consume ; elle m’a gardé trois heures pour me consoler ; elle me disait de prier pour ceux qui me faisaient souffrir, d’offrir mes souffrances en expiation pour eux, s’ils en avaient besoin. » Et ailleurs : « … Je suis une lyre que l’orage brise, mais qui, en se brisant, retentit de l’harmonie que vous êtes destinée à écouter… Je suis destiné à vous éclairer en me consumant… Je voudrais croire, et j’essaie de prier… » Par malheur pour Benjamin Constant, ces élans qui se ranimaient près de Mme de Krüdner, et qui étaient au comble pendant la durée du Pater qu’il récitait avec elle, ne se soutinrent pas, et il retomba bientôt au morcellement, à l’ironie, au dégoût des choses, d’où ne le tiraient plus que par assauts ses nobles passions de citoyen213.
Je travaillais, comme je fais aujourd’hui, d’un labeur mercenaire pour soutenir sur l’eau ceux qui périssaient de ma perte.
XXXVI Telle était la vie de ce solitaire, se nourrissant à l’ombre du toit de Saint-Lupicin de sa propre substance admirative, et trouvant d’ineffables délices d’esprit dans cette contemplation savante de tout ce que l’homme a fait de grand ou de beau sur ce globe, afin de se donner à lui-même et de pouvoir donner un jour aux autres un sursum corda scientifique, capable d’élever l’âme de son siècle et de la soutenir, au-dessus du plain-pied de la vie vulgaire, à la hauteur des plus sublimes manifestations du beau dans la morale, dans la politique et dans l’art.
qui me soutiendra dans mes défaillances spirituelles ?
Qu’on les pensionne comme autrefois, ne fût-ce que pour faire rager les bourgeois qui soutiennent, par envie, que les artistes sont des inutiles et des malfaiteurs.
La jeunesse s’en va, la vieillesse arrive ; nous les retrouvons toujours fidèles ; ils ont été nos guides, ils deviennent nos soutiens, et leur immortalité nous console de la mort et nous aide à mourir.
Ce fut certes une belle entreprise, que de se séparer si fièrement du badinage de Marot, et de porter tout à coup la poésie à une hauteur où, s’il ne lui fut pas donné de la soutenir, il eut du moins l’honneur de la lancer.
Taine a fait son plan, jeté ses propositions ; il faut maintenant qu’il soutienne sa thèse.
Son rêve était fini ; l’espèce de chimère qu’elle avait nourrie quelque temps et qui l’avait soutenue étant tombée à plat, elle n’existait plus.
Pourtant il est rude et multiple, le combat qu’ils ont à livrer, combat contre la misère, contre la faim, comme celui que soutinrent Bernard Palissy et tant d’autres, sacrés grands hommes après leur mort ; combat contre l’intolérance, contre une foi ombrageuse et brutale, comme ce fut le cas pour Galilée ; combat perpétuel enfin contre la nature, qui dérobe ses secrets, qui ne se les laisse arracher que par la force et qui se venge semble-t-il, des violences qu’on lui fait, témoin ces physiciens foudroyés par l’électricité qu’ils voulaient surprendre et dompter, ces chimistes mutilés, déchirés par la mitraille de quelque explosion et tombés dans leur laboratoire comme des soldats sur le champ de bataille, ces audacieux partis en plein ciel sur la foi d’un frêle aérostat etrejetés sans vie sur le sol ou dans les flots de l’Océan, à moins qu’ils n’aient disparu pour jamais dans l’espace sans y laisser plus de traces que des étoiles filantes.
Car chez nous aussi, lorsque notre grand critique Seroff développa ces idées wagnériennes, il eut à soutenir une averse de moqueries et d’injures.
Il faut donc à tout cela donner la plus grande attention ; il faut saluer avec joie et soutenir énergiquement tout ce qu’on fait à cet égard en France.
Le père et le fils vont accepter le marché ; mais l’ingénieur leur fait honte de transiger avec des coquins ; il soutient qu’en regardant en face la calomnie, avec des yeux résolus, on lui fait toujours baisser ses yeux faux et ravaler ses mensonges.
Une verve inextinguible, une observation pénétrante, des mœurs calquées à vif et toutes pareilles, dans leur vérité flagrante, à des empreintes de photographie morale colorées par l’art ; pas un hors-d’œuvre, pas une longueur, pas une scène qui languisse ou qui interrompe le mouvement d’intérêt, qui va s’accroissant et se renforçant jusqu’au dernier acte, dans un crescendo soutenu !
C’est pourquoi, dans le champ de la vue, après avoir été positives, elles deviennent négatives. 2° Les sensations récurrentes, comme la vision soudaine d’un objet examiné au microscope il y a une heure, sont des vibrations qui se reproduisent sans stimulus extérieur et sans que l’organe du sens soit affecté. 3° Les hallucinations sont des sensations véritables, quoique maladives, et ne sont pas seulement, comme on le répète sans cesse, des images intenses ; tout au moins est-il très probable, ainsi que Ward le soutient, qu’elles enveloppent quelque sensation pathologique qui sert de centre à tout le reste.
Et là nos timbres, ou en leur pure valeur ou les uns sur les autres agissant à donner toutes nuances de tonalités, pourront : ou soutenir monotonement lente ou rapide, une phrase, en se répétant en même son à mêmes hauteur et intensité.
Je la soutiens contre l’oreiller qu’elle a derrière le dos.
Il y a, dans cette Légende, des passages d’une grande magnificence, mais il n’y a pas une pièce (je dis : une seule,) d’une beauté soutenue jusqu’à la fin, et il y en a quelques-unes (La Ville disparue) où l’on ne compte pas plus de six beaux vers.
Cela s’épandait, se soutenait, au milieu du vibrement général, n’ayant plus de parfums distincts (il appelle cela des parfums !)
Sainte-Beuve, nous a donné récemment le spectacle de cette dernière grâce un peu tombante des pouvoirs, blasés ou séduits qui mettent une main protectrice sur quelque jeune épaule qui ne les soutient pas et qu’ils décorent.
(Car il y revient très souvent, et cela peut montrer également la préoccupation de soutenir l’imposture ou le trouble d’une âme peu à peu envahie par le remords.) […] — Si l’histoire des cinq enfants abandonnés était une « simulation », il faut avouer que Jean-Jacques l’aurait soutenue avec une stupéfiante et miraculeuse vraisemblance. […] Ce pessimisme, quoique mitigé, avait paru odieux à Rousseau : et alors (chose vraiment admirable), Rousseau, pauvre, infirme et malade, avait écrit à l’auteur une longue lettre qui contient déjà plusieurs des principaux éléments de la Profession de foi du Vicaire Savoyard, — et où il démontrait que « de tous les maux de l’humanité, il n’y en avait pas un dont la nature ne fût disculpée, et qui n’eût sa source dans l’abus que l’homme a fait de ses facultés plus que dans la nature elle-même ». — Il soutenait même expressément que la destruction de Lisbonne et de ses habitants, c’était encore la faute des hommes, puisque c’était la faute de la civilisation. […] Puis, rentrée à la maison : A l’instant, pénétrée d’un vif sentiment du danger dont j’étais délivrée et de l’état d’honneur et de sûreté où je me sentais rétablie, je me prosternai contre terre, j’élevai vers le ciel mes mains suppliantes, j’invoquai l’Être qui soutient ou détruit, quand il lui plaît, par nos propres forces, la liberté qu’il nous donne. […] (Et il peut le soutenir et même le croire, le livre étant plein de contradictions.)
Nous rejetons les thèses soutenues par les philosophes, acceptées par les savants, sur la relativité de la connaissance et l’impossibilité d’atteindre l’absolu. […] Sans doute, dans le cadre rigide des institutions, soutenue par cette rigidité même, la société évolue. […] Vous n’allez pas soutenir que l’avenir influe sur le présent, que le présent introduit quelque chose dans le passé, que l’action remonte le cours du temps et vient imprimer sa marque en arrière ? […] Cette conception de la vérité est naturelle à notre esprit et naturelle aussi à la philosophie, parce qu’il est naturel de se représenter la réalité comme un tout parfaitement cohérent et systématisé, que soutient une armature logique. […] Ravaisson soutint vers cette époque (1838) est une première application de la méthode.
Dans une thèse soutenue aux écoles de Médecine le 13 Janvier 1757 (an ut coeteris animantibus, ita & homini, sua vox peculiaris ?
Et de quelle « force », en effet, pleine, soutenue, infatigable, prodigieuse, sont soulevés et lancés des poèmes tels que l’ode Contre la peine de mort, l’Éternité de la nature, la Marseillaise de la paix, le Toast du banquet celtique ; les Laboureurs dans Jocelyn, le Choeur des Cèdres dans la Chute d’un ange, et la Vigne et la Maison ! […] Ils voyaient ondoyer en bas, à grandes ombres, La bruissante mer de leurs feuillages sombres… Autres merveilles, et plus soutenues : la prodigieuse description de la terre avant le déluge ; le chœur des cèdres, les mœurs des tribus nomades, le culte des ancêtres et les discours des vivants aux morts ; les amours de Daïdha et de Cédar ; leur fuite dans la forêt vierge ; le défilé des peuples devant les géants, fresque lamentable, fourmillante et démesurée, mais piquée de détails violemment réalistes ; fresque symbolique et qui fait songer à l’éternelle et vaine procession de l’humanité douloureuse sous les yeux d’un Dieu méchant : Ils passaient, ils passaient, squelettes de la faim… ; tout le rôle de Lackmi, qui est la figure la plus vivante du poème, sa passion humble et furieuse, ses discours ardents, sa ruse, sa mort amoureuse ; la suprême malédiction jetée par Cédar au monde et à Dieu ; Et surtout, surtout, le Fragment du Livre primitif ! […] Chanter comme on respire, cela est exquis ; mais soutenir cet exercice comme il le fit, cela est fort.
. — Le public pense qu’elle a tort ; mademoiselle Fix soutient, elle, qu’elle a raison, et elle répond au public par trente-deux arguments d’une irrésistible blancheur. — Mais il arrive qu’au moment où ses dents vont gagner sa cause, sa bouche vient de la perdre. […] Pour ne citer que deux pièces, celle intitulée, À Aimée, et la Maison démolie, renferment des strophes qu’on n’oublie plus. — La dernière, qui m’a rappelé la Tristesse d’Olympio, a soutenu très vaillamment dans mon esprit ce redoutable voisinage. — Peut-être même la forme est-elle ici plus achevée et plus savante que dans telle autre pièce du recueil. […] Le quatrième jour, l’auteur était décidé à retirer sa pièce, quand madame Toscan offrit de s’évanouir sur la scène, lorsque l’orage gronderait le plus fort la proposition fut acceptée avec enthousiasme, et l’on fit même une répétition extraordinaire pour que la généreuse victime s’exerçât à s’affaisser avec grâce entre les bras du jeune Larray, qui eut bien quelque peine à soutenir le fardeau.
Opinion d’Hector Berlioz sur Mme Lauters « De son grand air elle n’a pas la moindre idée ; elle y sème les non-sens et les contresens ; elle ajoute, elle retranche, elle renverse, elle bouleverse ; elle respire où il faut soutenir le son, elle hache la phrase, etc., etc. […] Fiorentino peut ne pas exister, mais le Constitutionnel existe, et je soutiens que, fût-ce dans un intérêt d’amitié ou par excès de zèle, il ne saurait être permis de répandre de fausses nouvelles, pas plus pour obscurcir une question d’art que dans le but de satisfaire des passions politiques. […] Dans ses livres, l’exception humaine revêt un esprit et un corps sous la magie du style ; mais l’homme ne vit pas ; il n’est pas cadavre non plus il est mensonge, système, thèse arbitrairement soutenue dans l’intérêt de certaines idées philosophiques, qui changent avec les conversions multipliées de l’écrivain.
Quoi qu’on en ait, on lit les cinq cents pages bien tassées de ces Faux monnayeurs sinon toujours avec plaisir, du moins avec un intérêt soutenu et même une espèce d’avidité. […] On ne soutiendra plus que les bons élèves ne réussissent jamais dans la vie, ni que tous les écrivains célèbres ont été des cancres.