Sa joie fut vive en trouvant sa prévoyance si bien justifiée ; il revint se placer sur le terrain élevé où il avait bivouaqué, et d’où il embrassait toute l’étendue de ce champ de bataille. […] D’autres en ont donné des fragments d’une grande précision et d’un style peut-être supérieur comme couleur, mais aucun ne les a placés à leur jour et à leur place dans ce vaste et magnifique ensemble qui donne à chacun de ces événements, militaires ou civils, sa place, sa proportion, sa valeur historique et sa signification dans la destinée du monde.
Il est bien remarquable que cette saison productive du peuple romain en littérature se trouve précisément placée au moment de son histoire où la liberté tombe, où la tyrannie s’élève ; on dirait que la décadence politique coïncide exactement avec l’éclosion du génie littéraire. […] La jeunesse studieuse d’Athènes, à la lecture de ces lettres de Cicéron, approbatives du meurtre du tyran, proclama Brutus et Cassius les héros du siècle, promena leurs bustes dans les rues, et les plaça à côté des statues des libérateurs d’Athènes, Harmodius et Aristogiton.
Car elle a placé dans les eaux ceux qui sont propres à nager ; dans les airs, ceux qui sont disposés à voler ; et, parmi les terrestres, elle a fait ramper les uns, marcher les autres ; elle a voulu que ceux-ci vécussent seuls, et ceux-là en troupeaux ; elle a rendu les uns féroces, les autres doux ; il y en a qui vivent cachés sous terre. […] En la fuyant, vous paraîtriez abandonner le poste où Dieu vous a placés.
« Tout homme qui a choisi un poste parce qu’il l’a cru le plus honnête, ou qui y a été placé par son chef, doit, selon moi, y demeurer ferme, et ne considérer autre chose que le devoir. Ce serait donc de ma part une étrange contradiction, ô Athéniens, si, après avoir gardé fidèlement, comme un bon soldat, tous les postes où j’ai été placé par vos généraux, à Potidée, à Amphipolis, à Délium, aujourd’hui que le dieu de l’oracle intérieur m’ordonne de passer mes jours dans la philosophie, la peur de la mort ou de quelque autre danger me faisait abandonner ce poste ; et ce serait bien alors qu’il faudrait me citer devant ce tribunal, comme un impie qui ne reconnaît point de Dieu, qui désobéit à l’oracle, qui se dit sage et qui ne l’est pas ; car craindre la mort, Athéniens, c’est croire connaître ce qu’on ne connaît pas.
Cette insinuation fut un coup de foudre pour une femme qui avait placé depuis son enfance le foyer de sa gloire, de son importance et de ses sentiments dans la capitale de la France. […] Le prince Louis m’écrivait en commençant son billet par ces mots : « Le nommé Louis de Prusse fait demander à Madame de Staël, etc. » Il sentait l’injure faite au sang royal dont il sortait, au souvenir des héros parmi lesquels il brûlait de se placer.
Comme il y a deux façons de définir la vérité, la façon intellectualiste et la façon pragmatiste, plaçons-nous successivement à ces deux points de vue pour examiner les prétentions de l’idée de vérité à exercer une hégémonie sociale. […] En tant qu’être social, l’individu humain est incapable de se placer au point de vue de la connaissance pure, au point de vue spectaculaire que nous avons défini plus haut.
Il surprend une surveillante, en flagrant délit avec un interne dans son cabinet, il demande son renvoi, rencontre une certaine opposition, menace de faire du bruit, obtient à la fin ce changement, mais il apprend que sa surveillante a été placée dans un autre hôpital, avec 100 francs d’appointements d’augmentation. […] Mercredi 27 octobre Fichel le collectionneur et l’enthousiaste du dix-huitième siècle, est venu aujourd’hui à Auteuil, tout simplement pour me jeter par la porte, cette phrase : « Vous savez L’Embarquement pour Cythère est placé dans le Salon carré… Ce que vous avez prédit, il y a vingt ans, est arrivé… j’ai fait la course pour vous l’annoncer !
Placé lui-même, pour les sentir et les exprimer, sur les limites de ces deux natures humaines et divines qui se touchent et se confondent en lui, l’homme n’a pas eu longtemps le même langage pour exprimer l’humain et le divin des choses. […] L’ordre des matières, qui est le fil dans le labyrinthe, n’en sera toutefois brisé qu’en apparence pour l’ouvrage tout entier ; car nous aurons soin de ne point entrecroiser, dans le même entretien, des sujets appartenant à des temps, à des nations, à des auteurs différents, ce qui jetterait la confusion dans l’ouvrage, mais de consacrer chaque entretien tout entier ou plusieurs entretiens à un seul et même sujet ; nous placerons en tête ou en marge de chacun des entretiens l’époque à laquelle il se rapporte, en sorte qu’à la fin du Cours chacun des lecteurs pourra, en faisant relier ensemble les livraisons, rétablir sans peine l’ordre chronologique, interverti un moment pour la liberté et pour l’agrément de la conversation littéraire.
Un mot historique de Racine dans une de ses lettres à madame de Maintenon caractérise mieux que mille pages l’excès véritablement impie et cependant consciencieux d’asservissement à la personne divinisée du prince dont on se glorifiait à cette époque : « Dieu m’a fait la grâce, Madame, de ne jamais rougir de l’Évangile ni du roi dans tout le cours de ma vie. » Ainsi Dieu et le prince étaient placés au même niveau d’adoration et d’adulation par ces sujets agenouillés devant les deux puissances. […] Les chœurs, que Racine, à l’imitation des Grecs, avait toujours en vue de remettre sur la scène, se trouvaient placés naturellement dans Esther ; et il était ravi d’avoir eu cette occasion de les faire connaître et d’en donner le goût.
On pria un homme très-connu de faire cette vie et ces courtes analyses destinées à être placées au devant de chaque pièce. […] La fortune qu’il fit par le succès de ses ouvrages le mit en état de n’avoir rien de plus à souhaiter : ce qu’il retirait du théâtre, avec ce qu’il avait placé, allait à trente mille livres de rente ; somme qui, en ce temps-là, faisait presque le double de la valeur réelle de pareille somme d’aujourd’hui.
Tout en admirant nos grands écrivains, il ne les imite donc pas le moins du monde : placé hors du cercle régulier et, pour ainsi dire, national, de leur influence, il ne trouve pas qu’il y ait révolte à ne pas les suivre, même dans les formes générales qu’ils ont établies et qui font loi en France ; il n’est pas né leur sujet.
La seconde statue, qu’il conviendrait peut-être de placer sur un écueil, nous le représenterait après la double carrière fournie, figure visiblement attristée, imposante toujours ; de haute stature ; la tête inclinée et fléchie, et comme à demi foudroyée ; semblant avertir par un geste les savants de ne point donner trop à l’aveugle sur le récif populaire : mais même alors, et de quelque côté qu’on regarde, gravez et faites lire encore sur le piédestal la date mémorable des services rendus.
À quoi bon ces paradis terrestres quand on n’a plus à y placer le bonheur ?
Il faut se placer dans le point de vue intime de la conscience, et, ayant alors présente cette unité qui juge de tous les phénomènes en restant invariable, on aperçoit le moi, on ne demande plus ce qu’il est.
— Sur Napoléon après son entrée à Moscou : Imaginez un homme au sommet d’une échelle de cent échelons, et tout le long de cette échelle des hommes placés à droite et à gauche avec des cognées et des massues, prêts à briser la machine : c’est l’image naturelle de la situation où se trouve Napoléon.
Il essaye, pour y répondre, d’hypothèses diverses : l’arrangement fortuit, la nécessité du mouvement de la matière, l’infinité de combinaisons possibles dont une a réussi… Il hésitait, il commençait à se troubler : placé entre des explications incomplètes et des objections sans réplique, il allait, s’il n’y prenait garde, trop accorder à la raison, au raisonnement ; il sentait poindre l’orgueil en même temps que s’accroître les obscurités, quand tout à coup… mais laissons-le parler lui-même sa plus belle langue : Quand tout à coup un rayon de lumière vint frapper son esprit et lui dévoiler ces sublimes vérités qu’il n’appartient pas à l’homme de connaître par lui-même et que la raison humaine sert à confirmer sans servir à les découvrir.
Pour lui, d’autres astres ont présidé à son berceau ; il a grandi sous d’autres influences : « Placé dans la vie civile, dit-il encore, d’autres idées, d’autres instincts m’ont fait chercher ailleurs que dans la prépotence par la guerre la grandeur et la force de mon pays.
Michelet n’a pas été injuste, et je lui en sais gré, envers ce jeune prince qui aurait eu bien de la peine à devenir un grand roi et qui, autant qu’on le peut conjecturer, n’aurait jamais réussi qu’à faire un saint roi par anachronisme, ironiquement placé à la tête du xviiie siècle déjà tout formé et avide d’éclater et de déborder.
Sa prudence et sa sagesse consistent donc plus à découvrir et à placer à propos la science et les talents qu’elle donne, qu’à les faire naître et à les multiplier.
Dans la vie d’un homme, il y a toujours des circonstances décisives qui l’enlèvent à la génération dont il procède, pour le placer au milieu de celle dont il fait partie.
Pour lui, il répondait, par un coup de collier valeureux, de réparer les mois perdus et de faire acte de présence à Londres en y paraissant, et non des derniers, avec une production digne de l’établissement unique en Europe, à la tête duquel la confiance de l’Empereur venait de le placer.
Dès l’enfance, elle s’annonce comme un prodige : encore dans les langes, et comme on avait placé son berceau, un soir d’été, près d’une fenêtre ouverte, elle pleure et crie jusqu’à avoir des convulsions : c’est qu’elle voyait une étoile au ciel et qu’elle la voulait.
Il se trouva bientôt placé d’une manière agréable à Cassel, dans le nouveau royaume de Westphalie, auprès de M.
« S’il est en effet singulier qu’un sénateur, resté écrivain, croie ne pouvoir mieux placer des articles littéraires que dans un journal d’opposition, cela n’est arrivé qu’à la suite de beaucoup d’autres faits également singuliers que M. le ministre d’État doit connaître mieux que personne.
Venu à Paris en 1796, placé dans la maison Mosselmann, puis agent de change pour son compte en société d’un de ses compatriotes, Rochat, il était en voie de faire son chemin dans les affaires, lorsque les premières campagnes de Bonaparte en Italie vinrent raviver toutes ses ardeurs et troubler son sommeil.
Placé entre l’épopée à la Lucain, qu’il ne voulait pas recommencer, et ces indications un peu confuses d’épopée chevaleresque, carlovingienne, vers laquelle, il penche par ses études et le tour de son talent, M.
Dans un fort bon discours sur l’Élégie, qu’il a ajouté en tête, Millevoye, qui se plaît à suivre l’histoire de cette veine de poésie en notre littérature, marque assez sa prédilection et la trace où il a essayé de se placer.
Ils plaçaient dans le ciel les délices de la vengeance.
Nombre d’actions et des plus nécessaires, toutes celles qui sont brusques, fortes et crues, sont contraires aux égards qu’un homme bien élevé doit aux autres, ou du moins aux égards qu’il se doit à lui-même Ils ne se les permettent pas ; ils ne songent pas à se les permettre, et, plus ils sont haut placés, plus ils sont bridés par leur rang.
Il en est ainsi du Polyophthalme, chez lequel chaque segment est muni de deux yeux rudimentaires qui reçoivent chacun du ganglion correspondant un filet nerveux, véritable nerf optique. » Chacun de ces segments est un animal, complet, et l’animal total est formé « de plusieurs animaux élémentaires placés à la suite les uns des autres ».
Mais, sans prétendre juger les œuvres d’aujourd’hui comme fixes et complètes, nous pouvons nous en figurer assez nettement le caractère et la direction : d’autant que, par une heureuse rencontre, nous sommes évidemment placés à un point de partage, ou, si l’on veut, à un tournant de la littérature.
Mais les bons et louables esprits sont ceux qui ont dans le passé un goût bien net, une préférence bien déclarée, et qui s’en iraient tout droit par exemple à Molière, même sans s’arrêter devant Bossuet ; ce sont ceux enfin qui osent avoir une passion, une admiration hautement placée, et qui la suivent.
Ayons la sincérité et le naturel de nos propres pensées, de nos sentiments, cela se peut toujours ; joignons-y, ce qui est plus difficile, l’élévation, la direction, s’il se peut, vers quelque but haut placé ; et tout en parlant notre langue, en subissant les conditions des âges où nous sommes jetés et où nous puisons notre force comme nos défauts, demandons-nous de temps en temps, le front levé vers les collines et les yeux attachés aux groupes des mortels révérés : Que diraient-ils de nous ?
L’auteur y prodigue encore, selon son usage, les images mythologiques, les allusions de tout genre : mais ici, dans le silence d’une belle nuit, elles sont plus naturellement placées et plus compatibles avec la réalité.
C’est, en général, une des vertus de ceux qui sont placés en présence de l’immensité : l’homme qui est soumis à l’action d’une force supérieure, accoutumé à reconnaître son impuissance, se soumet, facilement à l’empire de la nécessité.
Il me montrait l’endroit où ils étaient placés durant l’action : il me répétait ce que le roi lui avait dit ; il n’en avait pas oublié une parole. « Ici, me dit-il en parlant de l’une de ces batailles, je fus deux heures à croire que mon fils était mort : le roi eut la bonté de paraître sensible à ma douleur.
Ducis avait placé le buste du grand William dans sa chambre à coucher, non loin du portrait de son père et de sa mère : Je n’oublierai jamais, dit M.
Il est très-remarquable que Biran s’est trouvé placé en philosophie dans une situation tout à fait analogue à celle de Kant, et qu’il a fait et voulu faire une révolution toute semblable.
Tous les spectateurs viennent pour voir et entendre également, en quelque endroit qu’ils soient placés.
Pour moi, je vois Phèdre se lever à : « Tu vas ouïr », mais il vous est loisible de placer ce mouvement à l’un ou à l’autre des trois endroits que j’ai indiqués.
L’homme communique quelque chose de lui aux animaux qui sont ses serviteurs ou ses compagnons, à peu près comme la main imprime à la pierre placée dans une fronde le mouvement qui doit porter cette pierre à un but fixé par l’œil de l’homme.
Thiers, le foutriquet du maréchal Soult, a placé ses pattes de mouche historiques sous la garde du fier piédestal de Napoléon, au bas duquel il les a écrites… Quand Mme Sand sera oubliée, on lira encore M.
Rollinat font exactement la même chose, et cette chose doit soulever le cœur de ceux qui croient en avoir un bien placé auprès d’un estomac bien tranquille.
Plaçons-nous donc d’abord au point de vue idéaliste, et considérons par exemple la perception des objets qui occupent, à un moment donné, le champ visuel.
Je prie de remarquer que le rythme et le charme de ces vers à seules rimes masculines ne sont ni moins remarquables ni moins doux ; qu’au contraire, peut-être, le poète dit mieux ce qu’il veut dire, en n’ayant pas le souci d’introduire deux vers en cheville pour placer à l’endroit voulu la rime dont il a besoin.
La pensée s’y meut avec une aisance extrême ; les idées accessoires s’attirent les unes les autres, et sont si bien placées qu’elles semblent n’en faire qu’une seule.
L’erreur de cet éloge exagéré, que lui reproche Voltaire, est bien excusable, puisque lui-même, qui en commet une plus grande que n’excuse pas l’amour des productions du pays, et qui trahit les partialités de son goût en poésie épique, ne condamne les défectuosités nombreuses du poème d’Alonso d’Ercillad que pour le placer une fois en parallèle au désavantage de celui d’Homère, qu’il juge, en le travestissant, plus défectueux encore. […] Le style en est élégant, correct, attachant, et vrai : qui sait encore à quelle perfection fût parvenu ce poème, que nous ne plaçons qu’en un rang secondaire, si notre auteur, aussi fidèle à l’école d’Homère qu’à celle de Sophocle et d’Euripide, eût, en créant des fictions, et en détaillant les localités, mieux entrelacé les épisodes à l’action, et le merveilleux à l’histoire. […] Ma propre expérience m’apprit quel dut être l’effort du génie de Milton pour décrire tant de choses inconnues, et les placer en des lieux qui même ne sont point, lorsque j’essayai, dans l’Atlantiade, de personnifier les principes de la science newtonienne, et de tracer des objets et des espaces qui ne sont que soupçonnés, en inventant, d’après les modèles des anciens, une théogonie symbolique des lois positives de la nature, telle que nous nous l’expliquons ; la condition des mœurs m’avait arrêté d’abord, et je le fus ensuite par celle des localités. Premièrement où placer mon système divinisé ? […] Pouvait-il en placer l’expression plus à propos qu’à l’instant où, sorti des gouffres obscurs de son enfer, son génie s’élance vers l’empire de la lumière qu’il sent, qu’il salue, qu’il appelle, et qu’il ne voit plus ?
Certains, et ce sont les chrétiens, placent l’objet de l’espérance seulement là-haut. […] J’ai, de tout temps, connu cette anecdote ; mais je ne savais pas où il fallait la placer. […] Ces couronnes, il s’agit de les bien placer. […] Sous le Directoire, il obtint une placé de secrétaire général des hypothèques, ce qui est une chose assez plaisante pour un ancien militaire, un ancien diplomate et un ancien pseudo-Warwick. Il est clair que le Directoire ne voulait placer l’ancien orléaniste ni dans la diplomatie ni dans l’armée.
Je sais qu’on regarde cette puissance comme un attribut de la divinité… Si cela est, apprenez, monsieur, à me respecter dorénavant comme une divinité… Car, moi qui vous parle, moi qu’on ne peut pas même placer dans la classe des gens médiocres, eh bien ! […] Mais, de plus, Lamennais a essayé de susciter cet homme « qui se placerait au milieu de l’action divine », — ou de suppléer à son absence par l’organisation du catholicisme en parti. […] À quoi peut-être on pourrait répondre, un peu brutalement, que l’humanité s’éteindrait, à placer si haut son idéal ! […] Telle est en effet la question, tel est le point de vue, pour mieux dire, où s’est placé M. […] Si l’on se plaçait à ce point de vue pour écrire une histoire de France, elle ne serait pas sans doute la plus scientifique seulement, mais aussi la plus nationale.
C’est placer sa vanité d’une façon un peu singulière. […] Elle fut « placée sous l’invocation de Dieu » ! […] Ribot, mieux placé que ne l’avait été M. […] Cette loi, comme nous l’avons vu, s’est placée entre les deux doctrines exposées ci-dessus. Elle s’est placée entre le droit commun et le régime exceptionnel dur ; et elle est, à mon avis, quoique établissant un régime d’exception, plus près du droit commun que du régime exceptionnel rigoureux.
La tête lourde, la fièvre au corps et l’esprit délirant à demi, il a senti qu’on l’emportait, qu’on le plaçait dans une automobile ; le vent le fouettait ; et il apercevait les halles d’Ypres qui flambaient. […] Mais la sagesse de Polybe consiste à dominer la surprise et à ne point permettre qu’un petit fait, qui paraît grand parce qu’il vient de se placer tout juste devant nos yeux, offusque la vue de l’ensemble. […] Sa jeune fille de La Maison sur la rive, il l’a placée dans le même paysage que Gilles, dans une petite ville au bord d’un fleuve. […] Il y a de regarder « l’envers et l’endroit » des objets, et de ne pas savoir comment les placer, et de savoir qu’ils n’ont ni endroit, ni envers. […] Il arrive et se heurte à une foule surexcitée de partisans qui l’acclament, et d’ennemis qui le huent, le conspuent, l’insultent et hurlent assez pour qu’il ne puisse placer une syllabe.
À côté de l’étude psychologique se placent d’autres études, matérielles celles-là, prises sur le vif avec la fidélité d’un instrument de précision guidé par un grand artiste. […] Le Cavalier Miserey, Nathalie Madoré, ont placé leur auteur, M. […] Pierrepont recula comme s’il eût vu un spectre. — Puis, saisissant sur la table le pistolet qu’il venait d’y placer, et présentant la crosse de l’arme à Fabrice : — Tue-moi ! […] Mais, par le privilège de son génie, il exalta en même temps l’objet de son amour, et plaça Vittoria à côté de Béatrix et de Laure. […] Dans la pénombre où il est placé, l’œil le scrute et s’en repaît avec une avidité insatiable.
Cette vertu de sincérité, si complète qu’elle ait été en lui, ne suffit pas à expliquer le grandissement de sa gloire posthume, qui fait qu’aujourd’hui nous pouvons placer son image à quelques pas de celle de George Sand, qu’il n’aimait guère et qui ne l’aimait pas. […] Elle n’est connue que si elle a un témoin, et ce témoin lui donne une unité par le seul fait qu’il ne saurait la constater sans se placer à un point de vue, celui de son esprit. […] Ne pas composer, c’est se placer dans l’artificiel, puisque c’est fausser cette marche et peindre ce qui n’a pu être connu. […] Le paranoïaque, ainsi placé dans un univers auquel il ne peut pas accommoder son activité, devient, par définition, un persécuté persécuteur. […] Sainte-Beuve, lui, a toujours distingué, avec une netteté intransigeante, les trois points de vue qui concilient l’esthétique, la psychologie et l’histoire, et auxquels le critique doit se placer tour à tour.
Si ce sont des mots de salon, dits au coin de la cheminée, savamment placés, poussés, pointés, ils sont offensants. […] C’est particulièrement bien placé. […] Placée d’abord en Abraham elle en descend de grade en grade comme suivant les lois de la pesanteur. […] J’entends par là pour ainsi dire techniquement, (et ce fut, c’est une deuxième gageure coupant sur la première, montant sur la première, chevauchant, ce fut comme un deuxième miracle, comme un miracle charnel montant, renforçant sur le premier miracle), j’entends par là un poète placé, temporellement, charnellement situé aussi près de la source charnelle de la création que les plus grands poètes de l’antiquité païenne. […] Les comptes obscurs que nous établissons inconsciemment en venant au monde pour savoir où nous en sommes, pour voir en nous-mêmes à quel moment du monde nous venons au monde, à quel moment, à quelle date nous apparaissons, nous autres à notre tour, les calculs globaux, sommaires que nous faisons sans même nous en apercevoir quand nous arrivons à l’âge de raison pour savoir où nous en sommes, comment placés nous sommes, (c’est-à-dire en somme un peu qui nous sommes), sont invincibles.
Il a donc fallu longtemps avant que l’ouvrage hardi et profond — que la reine Marie-Antoinette plaçait dans sa bibliothèque, relié à ses armes, mais sans qu’on eût osé indiquer au dos du volume son titre scabreux — reprît le rang littéraire auquel il avait droit et devint une des plus élégantes et solides merveilles du roman français. […] Certains écrivains construisent leur monument au bord de ce qu’on pourrait appeler le grand chemin de la littérature ; d’autres le placent à l’écart, au détour de quelque sentier moins fréquenté. […] Et il me semblait la revoir, debout sur les marches de la porte marine, au seuil de cette demeure vénitienne dont elle était si humblement fière et dont elle s’occupait passionnément, sentant bien que le hasard avait placé entre ses mains une merveille fragile. […] Funck-Brentano a évoqué si curieusement cette curieuse figure si, né en d’autres temps et placé dans d’autres circonstances, Mandrin n’eût pas trouvé un meilleur emploi à ses qualités de bravoure, d’audace et d’ironie, et ne semble-t-il pas un peu que, comme ce cheval pommelé qu’il montait en ses « campagnes » pour dérouter les gâpians, son destin tragique et malencontreux ait été, si l’on ose dire, ferré à rebours ! […] Cette bonne tante était, de toutes les personnes présentes, celle que j’admirais le plus, d’abord pour sa façon de passer les ponts, ensuite pour les brillants travaux de tapisserie qu’elle exécutait, et enfin pour la dextérité avec laquelle, au moyen d’un peigne minuscule qui y était renfermé, elle refaisait les grosses papillotes en tire-bouchons qui ornaient chaque côté de son visage, dont un petit chignon gris et tassé, placé sur le sommet de la tête, complète dans mon souvenir, l’aspect sympathique et lointain.
Madame d’Houdetot m’a dit que vous aviez à Meudon une jolie chambre où vous n’allez point. » — « Mon cher abbé, écoutez-moi : nous avons tous une chimère que nous plaçons loin de nous ; si nous y mettons la main, elle se loge ailleurs. […] Avait-il imité cette tempête de Virgile pour la placer dans un autre ouvrage ?
Il faut que la commodité, le luxe, l’agrément coulent de source et viennent d’eux-mêmes se placer à portée des lèvres. […] Dans un salon, la femme dont un homme s’occupe le moins, c’est la sienne, et à charge de retour ; c’est pourquoi, en un temps où l’on ne vit que pour le monde et dans le monde, il n’y a pas place pour l’intimité conjugale. — D’ailleurs, quand les époux sont haut placés, l’usage et les bienséances les séparent.
Il ne faut que les lire pour s’en convaincre et applaudir à nos lettrés de les avoir placés au premier rang. […] » XXXIII Les lois civiles qu’il promulgue et qu’il explique pendant son ministère au roi se résument : En propriété assurée et héréditaire ; Interdiction de rapports entre les sexes hors du mariage ; Union légalisée, sanctifiée et parfaite entre les deux époux ; Respect réciproque entre les citoyens des différentes conditions ou fonctions publiques ; Enfin, respect de soi-même fondé sur ce principe également logique et admirable : « Si haut qu’un homme soit placé, il doit respecter les autres, il doit se respecter soi-même.
Mais il y avait aussi bien des heures pénibles : le berceau était placé la nuit auprès de mon lit ; son moindre mouvement me réveillait ; il fallait lui donner à boire, la coucher à côté de moi, et, si elle ne se taisait pas vite, se lever du lit et marcher pieds nus à travers la chambre en la berçant ; ce qui n’empêchait pas, sitôt le jour venu, d’être au lavoir, au marché, et ainsi de suite, comme je serai demain. […] Elle revient atterrée à la maison, rentre dans sa chambre et arrose machinalement un pot de fleurs placé pieusement par elle devant une image de la sainte Vierge dans une niche au-dessus de son lit.
En sortant de l’adolescence, Cicéron publia plusieurs poèmes qui le placèrent, disent les histoires, parmi les poètes renommés de son temps. […] Mais Fulvie, femme d’Antoine, ne se contenta pas de cette vengeance ; elle se fit apporter la tête de l’orateur, la reçut dans ses mains, la plaça sur ses genoux, la souffleta, lui arracha la langue des lèvres, la perça d’une longue épingle d’or qui retenait les cheveux des dames romaines, et prolongea, comme les Furies, dont elle était l’image, le supplice au-delà de la mort : honte éternelle de son sexe et du peuple romain !
VI « Cependant Nausicaé aux bras blancs s’occupe d’un autre soin ; après avoir placé sur le beau char les vêtements qu’elle a reployés, elle y attelle les mules au pied vigoureux, y monte, et adresse à Ulysse, en l’interpellant, ces engageantes paroles : « “Étranger, lève-toi maintenant pour aller à la ville, où je te dirigerai vers le palais de mon père, le sage héros. […] C’en est-il assez pour m’autoriser à placer ma légende populaire du réformateur de la Thrace sous la protection de votre chronique du chantre de Méonie ?
Il me semble admirable, ce Platon : mais je lui trouve une singulière idée, c’est de placer la santé avant la beauté dans la nomenclature des biens que Dieu nous fait. […] « Aujourd’hui on a placé un âtre nouveau à la cuisine.
Enfin, où placer dans l’univers le premier moteur ? […] La seule différence qu’il y ait entre eux et lui, c’est qu’il fait les premiers pas dans la carrière, sans pouvoir s’appuyer sur les mathématiques, qui sont encore dans l’enfance, tandis que Descartes et Newton, placés bien plus avant sur le chemin, ont à leur disposition des mathématiques toutes-puissantes, avec des observations presque innombrables de phénomènes, et des expériences de tout genre.
À quarante-cinq ans, n’étant pas marié et ne comptant pas se marier, il avait placé une bonne partie de sa fortune en viager, moitié sur le grand-livre, moitié sur la caisse Lafarge, qu’on fondait alors et dont il était un des plus forts actionnaires. […] Il avait quitté l’avoué et le notaire chez lesquels on l’avait placé : il n’y avait gagné que les connaissances techniques de législation pratique qui lui furent utiles plus tard dans ses ouvrages, et le profond dégoût de ces occupations mercenaires que sa belle imagination dédaignait ; il commençait à penser à la gloire, premier et dernier rêve des grands cœurs.
Selon eux, c’est sous l’impulsion du plus impérieux des besoins, celui d’échapper au régime du loup mangeant l’agneau, que des hommes inégalement intelligents et forts ont consenti un certain jour à placer au-dessus d’eux soit un plus fort, soit une loi, qui les protégeât contre les périls de l’inégalité. […] Ses descriptions ne sont pas des tableaux où l’auteur a concentré sur lui toute la lumière, et s’est placé de façon que de tous les côtés du paysage on n’aperçût que sa personne.
La littérature et les arts Les Muses étaient sœurs dans la mythologie antique et les peintres se plaisaient à les représenter fraternellement unies ; ils plaçaient côte à côte et la main dans la main celle qui présidait à la science et celle dont relevait l’histoire, celle qu’invoquaient les poètes lyriques et celle qui était la divine patronne de la dansé. […] L’ex-rapin, qui à la première représentation d’Hernani, arborait et mariait hardiment un pourpoint de satin cerise et un pantalon vert d’eau, devint un habile et puissant coloriste, sachant placer au bon endroit l’épithète voyante, faire flamber sous un coup de lumière une colonne de marbre ou le dôme d’une mosquée, iriser ses écrits de toutes les nuances de l’arc-en-ciel.
Et peu de semaines après (décembre 1851), il termine sa Communication à mes amis en disant : « Je n’écris plus d’opéras ; ne voulant point inventer un nouveau mot, je nommerai mes œuvres des drames, car c’est le mot qui indique le plus clairement quel est le point de vue auquel il faut se placer pour juger ce que j’ai voulu faire ». […] Nous pouvons placer ces trois écrivains sous la rubrique ce « sympathiques » : ils aiment Wagner et son œuvre, et tâchent de la faire aimer, et, comme le public n’est pas à la hauteur, il faut bien faire un peu descendre Wagner : là, M.
Aussi plaçons-nous nécessairement nos représentations sur la ligne du temps, qui n’est que la direction linéaire de la perception. […] Parmi les éléments d’explication de cette idée, il faut placer le caractère de nécessité irrésistible que présente en fait l’apparition de nos états de conscience, surtout des états passifs.
La pension, vendue à une ancienne religieuse et devenue un pensionnat de demoiselles, il était placé avec son jeune frère, rue Popincourt, chez Planche. […] Un collier en filigrane d’or, la coupait deux ou trois fois, cette chair, — suspendu sur le sinus de sa gorge… Entre ses deux seins, elle avait placé un œillet rose, à filets pourpre, qui faisait ressortir la blancheur lactée de sa peau, et donnait à l’œillet, l’apparence d’une fleur artificielle.
Le voici, aussitôt, qui se met à parler de la parenté de ces images avec Giotto, avec les primitifs, à parler d’une perspective commune à ces deux arts — obtenus chez les Italiens, par des moyens plus timides, moins choquants — d’une perspective qui met en vue le centre de la composition, et permet de la peupler avec un monde, au lieu d’y placer deux ou trois têtes mangeant tout. […] Un de ses coreligionnaires me racontait, qu’il avait inventé d’emprunter à ses amis, de l’argent à 5 p. 100, qu’il plaçait à fonds perdu.
Vendredi 11 février On faisait la remarque, ces jours-ci, que les femmes complètement antireligieuses placent leur besoin de croire — et un besoin de croire qui ne souffre pas la contradiction — sur de l’autre surnaturel, comme les tables tournantes, les médiums, etc. […] Or, un jour qu’ils faisaient une grande course aux environs de Meudon, Bataille se laissait aller à lui dire, que son père était un alcoolique, qui s’était noyé dans une mare de purin, et lui demandait qu’il l’empêchât de boire, parce qu’il sentait qu’il mourrait dans de la m… Et pendant qu’il lui faisait ses confidences sur ses commencements de déraison, avec sur la tête un des trois chapeaux verts, l’oiseau du chapeau était si comiquement placé, et le faisait si macabrement drolatique, que Daudet partait d’un éclat de rire nerveux, qu’il ne pouvait arrêter.
Quelle mutilation dans cet endroit où le poëte Grec personifie les prières, où l’on reconnoît ces filles du maître du tonnerre à la tristesse de leur front, à leurs yeux remplis de larmes, à leur marche lente & incertaine, placées derrière l’injure, l’injure arrogante, qui court sur la terre d’un pied léger, levant sa tête audacieuse . […] Etant un jour chez madame la duchesse de Sully, où l’on vint à parler du systême d’un auteur Ecossois qui mettoit l’enfer dans le soleil, il lui fit ce compliment : Madame, si vous étiez damnée, j’irois me placer dans un des satellites du soleil, pour tourner autour de vous.
Mais si on leur avait appris que le mort avait son compte chez Rothschild, qu’il était le plus fort actionnaire de la Banque belge, qu’en homme prévoyant, il avait placé ses fonds hors de France, où l’on fait des révolutions et où l’on parle de brûler le Grand livre, et qu’il ne se départit de sa prudence et n’acheta de l’emprunt de cinq milliards pour la libération de sa patrie, que parce que le placement était à six pour cent ; si on leur avait fait entendre que le poète avait amassé cinq millions en vendant des phrases et des mots, qu’il avait été un habile commerçant de lettres, un maître dans l’art de débattre et de dresser un contrat à son avantage, qu’il s’était enrichi en ruinant ses éditeurs, ce qui ne s’était jamais vu ; si on avait ainsi énuméré les titres du mort, certes les honorables représentants de la Cité de Londres, ce cœur commercial des deux mondes, n’auraient pas marchandé leur adhésion à l’importante cérémonie ; ils auraient, au contraire, tenu à honorer le millionnaire qui sut allier la poésie au doit et avoir. […] La brigande Vendéenne était une Voltairienne décidée : À Madrid, elle plaça ses enfants au collège des nobles, mais « s’opposa énergiquement, malgré la résistance des prêtres directeurs, à ce qu’ils servissent la messe comme les autres élèves et défendit même qu’on fît confesser et communier ses enfants ».
Je lui racontais ici deux circonstances de ma vie, circonstances bien dégagées de toute sensualité et dans lesquelles cependant j’avais goûté plus de saveur du véritable amour que, ni lui, ni moi, nous ne pourrions en goûter jamais dans les possessions et dans les jouissances où il plaçait si faussement sa félicité de voluptueux. […] Pendant ces trois mois de la saison la plus rigoureuse, je ne manquai pas une seule soirée de sortir de ma chambre très éloignée de là, à la nuit tombante, et d’aller me placer en contemplation, le front sous les frimas, les pieds dans la neige, sur le quai de la rive droite, en face de la noire maison où battait mon cœur plus qu’il ne battait dans ma poitrine.
La première est placée dans le temps, la seconde dans l’étendue ; par celle-là les grâces de l’univers sont unes, infinies, toujours les mêmes ; par celle-ci elles sont multiples, finies et renouvelées : sans l’une il n’y eût point eu de grandeur dans la création ; sans l’autre il y eût eu monotonie. […] Enfin le rouge-gorge répète sa petite chanson sur la porte de la grange, où il a placé son gros nid de mousse.
En arrivant, en effet, à l’embouchure du Dniepr, la flottille de l’impératrice trouve la ville d’Otchakov, qui appartenait encore à la Turquie, et découvre une dizaine de vaisseaux turcs qui viennent se placer en travers du fleuve.
Cependant, vous le savez, cette majesté n’avait rien de farouche : un abord charmant, quand il voulait se laisser approcher ; un art d’assaisonner les grâces, qui touchait plus que les grâces mêmes ; une politesse, de discours qui trouvait toujours à placer ce qu’on aimait le plus à entendre.
Mme de Maintenon avait fait venir de Strasbourg (et tout exprès pour la narguer, supposait Madame), deux filles d’une naissance équivoque qui se donnaient pour comtesses palatines et qu’elle plaça comme suivantes auprès de ses nièces.
Daru, qui fait partie de ses écrits inédits, montre d’ailleurs qu’en politique il était des moins sujets aux illusions, qu’il plaçait la difficulté là où elle est en réalité, et qu’après tout il eût été médiocrement étonné de ce qui s’est vu depuis : Les peuples veulent être puissants, libres, tranquilles : ils demandent au philosophe de leur tracer un écrit qui leur garantisse tous ces droits.
Deux opinions se sont produites lorsqu’on imprima pour la première fois les sermons de Bossuet en 1772 : j’ai déjà indiqué celle de l’abbé Maury, qui plaçait ces sermons au-dessus de tout ce que la chaire française avait offert en ce genre ; l’autre opinion, qui était celle de La Harpe, et que j’ai vue partagée depuis encore par de bons esprits, était moins enthousiaste et se montrait plus sensible aux inégalités et aux désaccords de ton.
Feuillet de Conches font déjà connaître et dont la publication plus entière deviendra possible avec les années, formera un livre qui se placera tout naturellement à côté du recueil des lettres du Poussin, celui de tous les peintres de qui Léopold Robert relevait le plus, et dont il écrivait à un ami : J’ai été enchanté de me rapprocher autant avec vous pour ce que vous me dites du Poussin.
L’amiral d’Annebaut, soit qu’il ait changé d’avis de lui-même, soit que, placé en face du roi et du Dauphin, il voie à leur physionomie que le vent tourne décidément à la bataille, s’y laisse incliner également ; il ne dit mot, sourit comme les autres et ne contredit pas.
Pourtant, par son jugement plein et sa ferme démarche d’esprit, par son style sain, grave et scrupuleux, et qui eut même son éclat d’emprunt, il mérite estime et souvenir comme tout ancien précepteur qui a été utile en son temps ; l’histoire littéraire lui doit de le placer toujours à la suite de Montaigne, comme à la suite de Pascal on met Nicole, — comme autrefois on mettait à côté de La Rochefoucauld M.
On raconte que, lorsque ses hymnes eurent été adoptées dans les bréviaires et qu’elles se chantèrent dans les offices, il ne se tint pas de joie ; il courait les églises où on les chantait ; il grondait ceux près de qui il était placé lorsque leur ton n’était pas à son gré, et quand le chant lui paraissait convenir à la beauté des paroles, il sautait et grimaçait tellement qu’il lui fallait sortir, de peur d’esclandre.
Il se compare à Clément Marot, poète et valet de chambre également, et qui s’est mal trouvé en Cour des accusations et calomnies de ses ennemis ; mais Sénecé n’a pas d’ennemis, il n’a pas été calomnié ; à lui, il ne lui est arrivé qu’un accident bien simple : une mort de reine l’a dégagé d’une domesticité honorifique, d’une chaîne dorée ; il est retombé dans son ordre et dans sa classe : c’est assez pour son malheur, pour son incurable ennui, car le bonheur le plus souvent dépend pour nous de ce premier cadre idéal dans lequel l’imagination, dès la tendre jeunesse, s’est accoutumée à placer et à découper la perspective flatteuse de la vie.
Il ne faut point que mon nom partage cet éloge ; il faut que tout le monde sache qu’elle est digne de l’immortalité ; et c’est à vous de l’y placer.
C’est donc une figure désormais connue et placée dans tout son jour, c’est un coin d’histoire réglé et établi.
Olivier, après de courtes études au collège de Navarre, et que le peu d’aisance de la famille le força d’interrompre, fut placé comme clerc chez un procureur des comptes ; il y demeurait lorsque l’empereur Charles Quint fit son entrée solennelle à Paris, en 1539, entre les deux enfants de François Ier.
Que va faire le duc d’Orléans, placé ainsi entre l’insurrection de Paris, dont on le croit complice, et les périls de la Cour, où l’appellerait sa qualité de premier prince du sang ?
Par certaines pensées de lui sur l’ambition, il est évident que La Bruyère, témoin inaperçu et très présent à la Cour, placé dans les coulisses de ce théâtre d’intrigues et de compétition, s’était dit maintes fois, en voyant les élévations journalières de gens dont il mesurait le mérite : « Pourquoi pas moi ?
Elle se fait, croyez-le bien, les objections ; elle se rend bien compte que, pour lui donner raison, il faut commencer par tourner le dos à la nature et se placer « dans la partie la plus providentielle des desseins de Dieu. » Aussi tous ceux qui feront ce chemin sous sa conduite et en fils dociles passeront-ils légèrement sur ses défauts pour se récrier à tout moment sur la beauté des points de vue.
Dès les premiers pas que la jeune reine fit en Espagne, elle était donc tombée dans les filets d’une cabale, qui espérait se faire d’elle un point d’appui et de défense près du roi ; et, chose étrange et peu digne de la prudence de Louis XIV, on avait complètement négligé de placer auprès d’elle une personne prudente, une bonne tête pour la guider dans les commencements : « Entre nous, écrivait quelques mois après Mme de Villars à Mme de Coulanges, ce que je ne comprends pas, c’est qu’on ne lui ait pas cherché par mer et par terre, et au poids de l’or, quelque femme d’esprit et de mérite, et de prudence, pour servir à cette princesse de consolation et de conseil.
C’est bien là, se disait-on en lisant ces derniers recueils, c’est bien l’homme à la parole insolente, offensante ; il a besoin à tout prix de la placer.
Les délicats aiment à avoir de ces occasions de placer leur délicatesse.
Bossuet avait déjà fait usage de cette argutie théologique dans un de ses sermons de jeunesse (sermon pour le neuvième dimanche après la Pentecôte), et il y essayait d’une manière encore enveloppée la pensée qu’il devait reprendre plus tard et placer, comme on l’a vu, en si belle occasion, et en l’offrant sous un jour si spécieux.
Mais je ne mets pourtant pas le plus noble des sentiments sur ce trône un peu trop isolé où le placent les adorateurs exclusifs de la liberté.
Ce pays idéal, il l’eût placé chez les Sauvages plutôt que de s’en passer.
C’est injuste, car si nous avions eu de quoi, nous aurions fait comme les autres ; et celui que vous me jetez sans cesse à la tête (ilium tu tuum, ce fils modèle élevé aux champs), si vous étiez homme, vous le laisseriez faire maintenant, tandis que l’âge le permet, plutôt que d’attendre qu’il ait mené votre convoi, trop tard à son gré, pour s’en aller faire après coup toutes ces mêmes choses, dans un âge moins propice. » Je paraphrase un peu ; chez Térence, chaque nuance et intention est indiquée par de simples mots bien jetés, bien placés et qui laissent à la pensée toute sa grâce (ubi te expectatum ejecisset foras, alienore ætate post faceret tamen).
Simple rapporteur, j’essayerai de bien marquer le point de vue ou il s’est placé, et la position extrêmement hardie qu’il a prise vis-à-vis de l’orthodoxie, d’une part, et de l’incrédulité ou du scepticisme, de l’autre.
Depuis dimanche matin, j’ai fait trois actes de ma tragédie de Pallas : toute cette tragédie s’est placée subitement dans ma tête, sans travail, et comme d’elle-même.
Vinet53, une suite de leçons professées à l’Académie de Lausanne en 1844-1845 par cet homme si distingué qui, placé à Paris, eût pris son rang dans la haute critique éloquente tout aussitôt après MM.
Quand il parle, comme il le fait, contre la guerre et ses effets désastreux, ce n’est pas qu’il supprime le courage et l’intrépidité humaine, c’est qu’il sait où les placer ailleurs.
« J’ai admiré souvent, et j’avoue que je ne puis encore comprendre, quelque sérieuse réflexion que je fasse, pourquoi toute la Grèce étant placée sous un même ciel, et les Grecs nourris et élevés de la même manière, il se trouve néanmoins si peu de ressemblance dans leurs mœurs. » C’est cette différence d’homme à homme dans une même nation, et jusque dans une même famille, qui est le point précis de la difficulté.
Pour nous placer où nous sommes, que de préjugés n’a-t-il pas fallu dissiper !
Édouard Lefebvre de Béhaine ne saurait être mieux placé qu’à Berlin pour étudier et approfondir cette histoire de la coalition des forces morales sous lesquelles nous avons succombé en 1814 et ; 1815 : les millions de l’Angleterre, le froid même de la Russie, auraient été impuissants peut-être à nous détruire, s’ils n’avaient eu pour auxiliaires des caractères comme ceux de Stein, de Gneisenau, de Scharnhorst, toute une génération enfin de politiques, de militaires, de diplomates, légistes, poëtes, qui sortirent comme de terre sur tous les points de l’Allemagne après Austerlitz et Iéna, surtout après Moscou.
De fait, la princesse royale Josèphe était sa nièce ; la placer si près du trône de France où elle se verrait destinée à monter un jour, c’était, pour lui, rendre un service éclatant à sa maison ; c’était en même temps assurer, s’il en eût été besoin, la grandeur de son propre avenir.
C’est au sort à nous bien placer ; Il y fait plus que la sagesse ; Le hasard du succès doit en calmer l’ivresse : Il pourrait même apprendre au sage à s’en passer.
Ainsi placée et dite en souriant, la riposte qui a pu paraître une grosse impolitesse n’est plus guère qu’une malice18.
Un des plus clairs résultats des doctrines vagues qui se rattachent au mot de Saint-Simonisme a été négatif, comme cela arrive souvent : elles ont eu pour effet de neutraliser, de couper chez beaucoup de jeunes esprits la fièvre flagrante du libéralisme, et de les placer dans une habitude plus calme, plus pacifique, plus ouverte aux idées et aux combinaisons véritablement sociales.
Sincère, éloquente, sublime poésie, d’un tour singulier, où la vertu trouve moyen de s’accommoder avec l’oisiveté, où les Phyllis se placent à côté de l’Être suprême, et qui fait naître un sourire dans une larme ?
Lorsque Emmanuel a dû être placé dans une maison de santé, sa maladie présentait, nous l’avons dit plus haut, le caractère de la mélancolie avec prédominance d’hallucinations, c’est-à-dire l’une des formes de délire les plus constantes, invariables, cristallisées, a-t-on pu dire.
Mais Rabelais n’a pas été plus exclusif en fait de langue que systématique en philosophie : placé au croisement du moyen âge et de l’antiquité, il a usé des facilités de son temps : s’il se moquait après Geoffroy Tory des écoliers limousins qui déambulent les compites de l’urbe que l’on vocite Lutéce, il a usé copieusement, hardiment du latinisme dans les mots, dans la syntaxe, dans la structure des phrases : il a été savoureusement archaïque, utilisant la saine et grasse langue de Villon et de Coquillard : il a été enfin Tourangeau, Poitevin, Lyonnais au besoin et Picard, appelant tous patois et tous dialectes à servir sa pensée.
L’Orient, Turquie, Perse, Inde, Chine, deviendra de plus en plus à la mode ; et nombre d’écrivains y placeront leur action romanesque, on y trouve un double avantage : les mœurs orientales donnent toute liberté à l’imagination grivoise ; de plus, on est dispensé de peindre les mœurs avec exactitude.
Ne pas croire en Dieu, c’est nier le mystère de la vie et de l’univers et le mystère des instincts impérieux qui nous font placer le but de la vie en dehors de nous-mêmes et plus haut ; c’est nier le plaisir que nous fait cette chose insensée qui est la vertu ; c’est nier le frisson qui nous prend devant « le silence éternel des espaces infinis » ou le gonflement du cœur par les soirs d’automne, et la langueur des désirs indéterminés ; c’est déclarer que tout dans notre destinée et dans les choses est clair comme eau de roche et qu’il n’y a rien, mais rien du tout, à expliquer.
Il n’est pas étonnant que cette foi mystique du théologien, placé entre l’homme et Dieu, ou entre l’homme et le diable, et qui n’est pas toujours insensible à l’orgueil de son rôle d’intermédiaire, n’ait pas eu une influence féconde sur l’esprit français et sur la langue.
Lorsque Mallarmé, écrit Paul Valéry, m’ayant lu le plus uniment du monde son Coup de dés, comme simple préparation à une plus grande surprise, m’en fit enfin considérer le dispositif, il me sembla voir la figure d’une pensée, pour la première fois, placée dans notre espace… Ici, véritablement, l’étendue parlait, songeait, enfantait des formes temporelles.
Tout ce qui est secte doit être placé sur le même rang que ces chétives littératures qui ont besoin, pour vivre, de l’atmosphère de salon où elles sont écloses.
Le résultat de ce travail est un portrait intellectuel plus ou moins complet, selon la valeur des documents employés et l’application du critique, de l’écrivain placé dans son milieu : les rapports entre l’homme et l’œuvre se trouvent déterminés ceux entre l’homme, l’œuvre et l’époque, sont indiqués.
Tel était le prince auprès duquel il se trouva placé, presque au retour de cette expédition, en qualité de chambellan et de conseiller.
C’est à ce prix seulement qu’on se montrera tout à fait digne de les aimer en elles-mêmes et de les comprendre ; car c’est le seul moyen de les sauver désormais et d’en assurer à quelque degré la tradition, que d’y faire entrer plus ou moins chacun et de les placer sous la sauvegarde universelle.
Ces grandes vues, encore une fois, c’était de plaire sans doute au Dauphin qui devait régner, et de placer l’enjeu sur sa tête.
L’idée positive et la conclusion pratique de M. de Laborde est celle-ci : Que le palais Mazarin est en lui-même un monument historique très digne d’être conservé, que la Bibliothèque y est bien placée, mieux qu’elle ne le serait ailleurs, et qu’il faut l’y laisser, sauf à réparer, à améliorer l’édifice au-dedans, et à le restaurer, à l’orner au-dehors, pour qu’il n’attriste pas le brillant quartier qui le possède.
Ainsi plus tard, en écrivant, elle ne perdra aucune occasion de placer un précepte, une recette, soit de morale, soit de médecine.
Patru est un nom plus qu’un auteur ; on ne le lit plus, et je ne viens pas ici conseiller de le lire ; mais de loin, et par tradition, on l’estime ; on se rappelle qu’au barreau et à l’Académie, en son temps, il a été une autorité, un oracle ; que Boileau, qui voyait si peu de maîtres en matière de langue et de goût, s’inclinait tout d’abord devant lui, qu’il a placé son nom en plus d’un vers devenu proverbe, et que, par un acte noble et délicat de reconnaissance, il l’a secouru pauvre dans sa vieillesse.
Qu’on veuille bien m’entendre : une distinction, une louange juste et bien placée, de l’attention, ce sont de ces faveurs qui rattachent les âmes, même les plus libres.
» L’orateur proclame comme un asile les principes imprescriptibles du droit des gens : les lois pénales de l’émigration ne sont point applicables à l’émigré naufragé ; l’émigré dans les conditions de bannissement accepté où il s’est placé, n’est plus un Français, c’est toujours un homme : Des hommes naufragés ne sont donc proprement justiciables d’aucun tribunal particulier ; il ne s’agit pas de les juger, mais de les secourir.
Les conspirations de parti, les insurrections et les émeutes allaient provoquer des sévérités et des répressions dont Carrel, placé à l’avant-garde dans l’ordre de la presse, devait supporter le poids.
En littérature, la tradition sans doute est chose délicate, et qui ne se renoue pas si aisément ; mais, outre que l’héritage de ces hommes célèbres est depuis longtemps déjà aux mains d’hommes instruits et habiles qui en savent le prix et le poids, je dirai que la grande tradition ne se continue jamais par les disciples, mais par de nouveaux maîtres qui, en paraissant, reprennent l’ensemble des faits et des idées par d’autres aspects, et qui se placent d’eux-mêmes sur des hauteurs qui font la chaîne.
Cet Être souverain daigne s’abaisser un jour jusqu’à lui et lui dit : Je suis Celui par qui tout est ; sans moi, tu n’existerais point ; je te douai d’un corps sain et robuste, j’y plaçai l’âme la plus active : tu sais avec quelle profusion je versai la sensibilité dans ton cœur, et la gaieté sur ton caractère ; mais, pénétré que je te vois du bonheur de penser, de sentir, tu serais aussi trop heureux si quelques chagrins ne balançaient pas cet état fortuné : ainsi tu vas être accablé sous des calamités sans nombre ; déchiré par mille ennemis, privé de ta liberté, de tes biens ; accusé de rapines, de faux… Et lui, se prosternant devant l’Être des êtres, répond en acceptant toute sa destinée : Être des êtres, je te dois tout, le bonheur d’exister, de penser et de sentir.
Il représente à merveille dans son groupe, et avec plus de distinction que tout autre, cette bourgeoisie contente d’elle-même, et ne voulant qu’elle ni plus ni moins, ayant du sens, l’instinct des intérêts et des courants d’opinion immédiats, mais sans idées élevées, sans horizon, sans but social hautement placé.
De plus, des plantes placées très bas dans l’échelle de l’organisation sont généralement beaucoup plus répandues que des plantes d’organisation plus élevée ; et là encore il n’existe aucune relation nécessaire avec la grandeur des genres.
J’étais comme un voyageur placé sur le haut d’une montagne ; de loin il voit une tache grise et dit : « C’est Paris » ; le nom correspond à un fait ; mais le fait traduit le nom incomplètement.
En me demandant de placer ici quelques réflexions sur la critique pour compléter ce tableau de notre littérature, Votre Excellence n’a pas prétendu, sans doute, que j’essayasse de lui offrir une histoire détaillée de la critique en France depuis vingt-cinq ans. […] Plaçons-y Pierre Véron, le faiseur de croquis, et Albéric Second, dont les revues ont souvent tout l’intérêt du roman ; plaçons-y H. de Saint-Georges, cédant comme Scribe, son maître, à la fantaisie de faire un curieux livre entre deux livrets d’opéra ; puis donnons une large tablette à Ch. […] À la suite du livre de Ruth, traduit avec une gravité et une onction bibliques, M. de Belloy a placé la légende d’Orpha, la seconde bru de Noëmi, dont il a supposé les aventures, puisque le silence du texte permettait l’invention au conteur. […] Il a fait paraître dernièrement une traduction en vers des Bucoliques, et dans le même volume il a placé comme contraste une traduction également en vers d’un poëme sanscrit de Kalidâsa, le Nuage messager. […] Auprès de Mistral, il est juste de placer Aubanel, auteur de la Grenade entr’ouverte, dont les vers ont la fraîcheur vermeille des rubis que laisse voir en se séparant la blonde écorce de ce fruit, éminemment méridional.
Il faut placer M. […] C’est la chèvre de Norette, cette chèvre d’or, dont la clochette d’argent, couverte de signes mystérieux, doit révéler la placé d’un trésor caché. […] Au milieu de la dernière salle s’élevait une Vénus de marbre, placée là comme le symbole de la force invincible et douce par laquelle se multiplient toutes les races animées. […] Dans la ville de la Charité-sur-Loire florissait jadis un monastère placé sous le vocable de la Sainte-Croix. […] J’entendis qu’il agitait violemment une sonnette placée sur la table.
Si la postérité n’a que faire des faiblesses de quelques grands noms, elle a droit de revendiquer les documents qui la conduiront sur la trace de certaines carrières étonnantes, qui lui dévoileront les vrais éléments dont s’est formé à la longue tel caractère historique controversé. » Au nombre de ces pièces que la curiosité publique est en droit de réclamer, on peut placer sans inconvénient (et sauf quelques endroits sujets à suppression) la correspondance de Benjamin Constant avec Mme de Charrière. […] Le second s’ouvre à Brunswick, à cette petite cour où sa famille l’a fait placer en qualité de gentilhomme ordinaire ou plutôt fort extraordinaire, nous dit-il ; il y arrive en mars 1788, il y réside durant ces premières années de la Révolution ; il s’y ennuie, il s’y marie, il travaille à son divorce, qu’il finit par obtenir (mars 1793) ; il s’est livré dans l’intervalle à toutes sortes de distractions et à un imbroglio d’intrigues galantes pour se dédommager de son inaction politique, qui commence à lui peser en face de si grands événements. Placé au foyer de l’émigration et de la coalition, il est réputé quelque peu aristocrate par ses amis de France qui l’ont perdu de vue, et tant soit peu jacobin par ceux qui le jugent de plus près et croient le connaître mieux ; mais il nous apparaît déjà ce qu’il sera toujours au fond, un girondin de nature, inconséquent, généreux, avec de nobles essors trop vite brisés, avec un secret mépris des hommes et une expérience anticipée qui ne lui interdisent pourtant pas de chercher encore une belle cause pour ses talents et son éloquence. […] J’ai vu qu’aucun de ces vingt-quatre millions d’êtres, ni l’être qui a été placé à la tête des autres millions, ni ces autres millions non plus, ne se sont trouvés plus heureux pour avoir réussi dans ce dessein.
Et la preuve en est que celle qui est placée dans cet état d’indépendance absolue, contraire à sa nature, s’attache aussitôt à n’importe quel homme, par qui elle se laisse diriger et dominer, parce qu’elle a besoin d’un maître. […] Montreur d’objet rare, sorte de prince-époux qui accompagne un phénomène, on est toujours tenté de placer dans sa bouche le drôlatique et peu respectueux jeu de mots dont notre moquerie française — « tendait à ridiculiser l’attitude du prince Albert, au temps du Second Empire : — “Je suis les talons de la Reine !” […] Telle est la part concrète du héros, et que nous touchons du doigt, par où il nous devient un contemporain et un frère : Mme de Noailles l’a délibérément rejetée ; elle s’est placée en dehors de la réalité. […] De notre existence contemporaine, avec ses inquiétudes, ses tourments, ses angoisses, sa beauté aussi — car tout ce qui lutte a sa beauté propre — voici donc une jeune femme qui se refuse à rien connaître, parce que délibérément elle plaça son amour dans la contemplation d’un rêve.
Henri, dès qu’il l’aperçut, lui ordonna de mettre ses arquebusiers à pied afin qu’ils servissent d’éclaireurs et d’enfants perdus ; il le plaça, lui, avec sa compagnie de gens d’armes à son aile droite, et, l’emmenant un moment sur la ligne : « Tenez avec moi, dit-il, car je vous veux montrer toute la disposition des deux armées, afin de vous instruire à votre métier. » Rosny, même à la guerre, n’est qu’un élève de Henri IV.
Joubert ou d’un Doudan, d’un de ces « esprits délicats nés sublimes », nés du moins pour tout concevoir, et à qui la force seule et la patience d’exécution ont manqué, tandis que Chapelle n’est qu’un paresseux trop souvent ivre, un homme de beaucoup d’esprit naturel, mais sans élévation et sans idéal ; et c’est précisément cet idéal trop haut placé qui décourage les autres, les suprêmes délicats.
Cette poésie touchante, familière et pure, a aussi tenté, de nos jours, quelques hommes de talent en France, et je suis loin de ne pas les estimer à leur prix : toutefois la veine principale et la source vive ont été surtout en Angleterre, et j’aimerais à ce que nos auteurs en fussent mieux informés, non point pour aller l’imiter et la vouloir directement transporter chez nous, mais pour se mieux pénétrer des conditions nécessaires à ce genre d’inspirations et pour s’y placer, s’il se peut, à l’avenir.
Il nous le dit lui-même, à cet âge de cinquante ans passés, il paraissait un peu moins que son âge ; il avait gardé de ses airs vifs de jeune homme ; il avait moins grisonné encore qu’il n’était devenu chauve, mais une mèche (comme cela s’appelle), une mèche bien placée réparait le vide et faisait boucle à son oreille, l’après midi, quand il était coiffé, avec sa bourse et son ruban noir, il pouvait paraître tout à fait galant.
Autre grief : l’ignorance étant extrême dans le pays, Besenval eut la pensée d’établir une bibliothèque publique où il commença par placer quatre mille volumes.
Il est peu de pages plus belles que celles qu’il a consacrées à décrire ce qu’on voit du haut du Bergonz, montagne située derrière Luz, et qui est fort bien placée pour servir de belvédère sur l’ensemble des Pyrénées ; c’est le point central du livre et du tableau : Quelle vue !
Les peintures qu’il a retracées de ces jours d’automne et d’hiver, passés au bord de l’océan dans la maison de l’hospitalité, dans cette thébaïde des grèves comme l’appelait un peu ambitieusement La Morvonnais, sont de belles pages qui se placent d’elles-mêmes à côté des meilleures, en ce genre, que nous connaissons.
Le jour où elle placera sa chaire sur une borne, je croirai au salut du peuple. » Ce jour est bien éloigné, s’il doit jamais venir : la borne est bien souvent un écueil.
C’est ainsi qu’à propos de la gentillesse et des charmes de Fotis, il a placé un Éloge de la Chevelure, qui est un morceau à effet et qui pourrait se détacher.
je ne voudrais rien conseiller à la jeunesse que de convenable ; mais vraiment, lorsque après avoir lu et relu les Maximes de La Rochefoucauld, un éditeur d’un nom distingué comme M. de Barthélémy en vient à écrire dans un avertissement placé en tête du petit livre, exquis de tout point, que rien ne l’obligeait de réimprimer : « Nous signalons dans ce recueil une vingtaine de pensées inédites, dans lesquelles on retrouvera cependant quelquefois de lointaine parenté avec un certain nombre de celles de diverses éditions » ; que dire ?
A quoi bon descendre à plaisir des hauteurs où vous a placé l’amour pur de la jeune fille pour se révéler à elle le héros d’aventures vulgaires, ou le convalescent échappé de quelque grande passion, avec l’imagination éteinte et le cœur plein de cendres ?
Entre Spenser et Milton, il faut placer Shakespeare à la tête de sa puissante pléiade dramatique.
C’est ce qu’on s’était dit, et, n’admettant pas qu’elle pût avoir placé tous ses trésors de cœur sur l’ami respectable qu’elle avait agréé, on a cherché quel pouvait être pour elle l’objet d’une affection plus vive et plus tendre.
Lorsqu’il a eu à parler de Mme Roland, comme s’il s’agissait avant tout de la disculper et de la défendre, il a essayé de diminuer son rôle actif auprès de son mari et sa part virile d’influence : il s’est refusé également à admettre qu’il se fût logé dans ce cœur de femme aucun sentiment autre que le conjugal et le légitime, ni aucune passion romanesque : « Écoutez-les, disait-il hier encore, en s’adressant par la pensée aux différents historiens ses prédécesseurs et en les indiquant du geste tour à tour : ceux-là, soit admiration sincère pour le mérite de Mme Roland, soit désir de rabaisser celui des hommes qui l’entouraient, voient dans la femme du ministre la tête qui dirige et son mari et les législateurs qui le fréquentent, et répétant un mot célèbre : Mme Roland, disent-ils, est l’homme du parti de la Gironde ; — ceux-ci, habitués à se laisser aller à l’imagination du romancier ou du poète, transforment l’être qu’ils ont créé en nouvelle Armide, fascinant du charme de ses paroles ou de la douceur de son sourire ceux qu’elle réunit dans ses salons ou qu’elle convie à sa table ; — d’autres enfin, scrutateurs indiscrets de la vie privée, se placeront entre la jeune femme et son vieux mari, commenteront de cent façons un mot jeté au hasard par cette femme, chercheront à pénétrer jusqu’aux plus secrets sentiments de son âme, compteront les pulsations de son cœur agité, selon que telle ou telle image, tel ou tel souvenir l’impressionne, et montreront sous un voile transparent l’être vers lequel s’élancent sa pensée et ses soupirs ; car à leur roman il faut de l’amour. » Et il ajoute, plein de confiance dans le témoignage qu’il invoque : « Mme Roland a raconté elle-même avec une simplicité charmante ce qu’elle a pensé, ce qu’elle a senti, ce qu’elle a dit, ce qu’elle a fait. » Eh bien !
Elle s’assit, et aussitôt les douze courtisans se placèrent en demi-cercle à dix pas de là table : je me tins auprès d’eux, imitant leur respectueux silence.
Je reconnais bien là votre cœur, et je vous remercie de toutes mes forces ; mais, pardonnez-moi, je vous en conjure, si je continue à me refuser à votre conseil de quitter : songez donc que je ne m’appartiens pas ; mon devoir est de rester où la Providence m’a placée et d’opposer mon corps, s’il le faut, aux couteaux des assassins qui voudraient arriver jusqu’au roi.
Une corporation de chantres, une confrérie tout entière, instituée dans l’île ionienne de Chio, fit de bonne heure de ce nom du grand aveugle le nom patronymique et sacré de la famille des Homérides : toute grande création, et même toute production moyenne12, issue de son sein et propagée par ses membres avec une piété filiale, se renfermait pour elle et venait se placer sous ce nom générique et à demi divin d’Homère : toute autre personnalité avait disparu.
Les princes et princesses de la maison royale et les principaux seigneurs furent invités de s’y trouver ; on les plaça dans des balcons faits exprès sur la façade de l’hôtel de La Feuillade vis-à-vis de la statue.
Chatel, le 23 novembre 1673 (à l’âge de 28 ans), l’office de trésorier de France au bureau des finances de Caen, et en jouit à partir du 1er janvier 1674. » Ce fut très-peu après cette espèce d’engagement qu’il fut placé, à la recommandation de Bossuet, auprès de M. le Duc pour lui enseigner l’histoire ; il ne garda pas moins son office de finance douze années durant, et il ne s’en démit qu’en janvier 1687.
M. de Valfons a placé dans le cours de cette année 1746 une brouille du comte de Clermont avec le maréchal de Saxe, et il en donne un récit assez agréable.
Il voulut en elle relever aux regards l’exemple adorable de ces figures accomplies du xiiie siècle, grandes et humbles, et la placer dans une perspective heureuse entre saint François d’Assise et saint Louis.
remy trouve sous sa plume, et qu’à notre tour nous nous permettons de souligner : « C’est en notant de pareils traits, dit-il, et beaucoup d’autres du même genre, qu’une lecture nouvelle et attentive des Poésies d’André Chénier indiquera d’elle-même que nous avons été porté à combattre ce sentiment, qui a fait placer par certaines personnes les productions de ce poëte parmi les grands monuments de l’antiquité littéraire. » Quel style, et au moment où l’on se fait juge de la grâce elle-même !
Je n’entends parler ici que de ce qui, dans l’ordre de l’esprit, n’était pas hostile au principe de la Restauration, de ce qui ne se plaçait pas en dehors, l’attaquant avec audace ou la minant avec ruse, mais de ce qui se développait en elle tout en essayant de la modifier, de ce qui pouvait lui devenir un ornement et un appui, si elle-même la première n’avait pas, un matin, mis le feu aux poudres.
Nous sommes au point central de la connaissance, sorte de nœud placé entre la tige infiniment ramifiée et la racine infiniment ramifiée, enfermant dans son étroite enceinte l’origine des fibres qui, en haut, en bas, par leur multiplication et leur arrangement, constituent la plante entière. — Mais, justement parce que nos sensations sont les éléments dont se compose le reste, nous ne pouvons les décomposer comme le reste ; nous ne trouvons pas d’éléments à ces éléments.
CCLX On me fit monter précipitamment les marches qui conduisaient au rempart, et on me plaça seule avec le père Hilario et le bourreau contre le parapet du Cerchio, afin que les balles qui m’auraient frappée n’allassent pas tuer un innocent hors des murs, de l’autre côté du fleuve.
C’est que l’adjectif monstrueux a jeté un rayon de lumière sur le participe accroupis, et l’on saisit immédiatement la comparaison de ces canons aux monstres que les Égyptiens et les Assyriens plaçaient aux portes de leurs palais.
Alors, que le Sauveur arrive, vêtu d’une dalmatique ; devant lui se placeront Adam et Eve : Adam vêtu d’une tunique rouge, Eve d’un vêtement de femme blanc, et d’un voile de soie blanc ; tous deux seront debout devant la Figure (Dieu) ; Adam plus rapproché, le visage au repos ; Eve un peu plus bas.
… Et que dites-vous de ce petit morceau : « Hubert avait posé les deux ensubles sur la chanlatte et sur le tréteau, bien en face, de façon à placer de droit fil la soie cramoisie de la chape, qu’Hubertine venait de coudre aux coutisses.
Supposez la prophétie de Joad placée au milieu des strophes de quelque poète à style allégorique ; le contraste disparaîtra, et l’effet sera nul.
Sorti d’une île à demi sauvage, placé dans une école militaire et appliqué aux études mathématiques, ne retrouvant point dans le français la langue de sa nourrice, le jeune Bonaparte, en s’emparant de cet idiome pour rendre ses idées et ses sentiments, dut lui faire subir d’abord quelques violences et lui imprimer quelques faux plis.
Il faut que tous soient heureux… Je supprime la série de ces Il faut, qui seraient mieux placés dans un de ces petits sermons philosophiques où ceux qui cherchent à imposer aux autres une foi qu’ils ne sont pas bien sûrs d’avoir eux-mêmes, s’échauffent en parlant, affirment sur tous les tons, et se font prophètes afin de tâcher d’être croyants.
On est assez généralement convenu de placer la perfection de sa manière littéraire à l’époque des Martyrs et de l’Itinéraire (1809-1811), et la perfection de sa manière politique à l’époque de sa polémique contre M. de Villèle au Journal des débats (1824-1827) ; mais, tout en adhérant à cette vue juste, n’oublions point par combien de jugements confidentiels, de révisions et d’épurations successives durent passer Les Martyrs pour atteindre à cette pureté de forme que nous leur voyons.
Il l’invitait à ce voyage de Suisse, à ces scènes du Saint-Gothard, dans ce court et unique intervalle de liberté ; il lui disait : Si vous me mettez à part des autres hommes et me placez hors de la loi vulgaire, vous m’annoncerez votre visite comme une Fée : les tempêtes, les neiges, la solitude, l’inconnu des Alpes iront bien à vos mystères et à votre magie.
S’étant allé promener seul hors de la ville un jour de grande fête, pendant qu’on était à vêpres : Le son des cloches, dit-il, qui m’a toujours singulièrement affecté, le chant des oiseaux, la beauté du jour, la douceur du paysage, les maisons éparses et champêtres dans lesquelles je plaçais en idée notre commune demeure, tout cela me frappait tellement d’une impression vive, tendre, triste et touchante, que je me vis comme en extase transporté dans cet heureux temps et dans cet heureux séjour où mon cœur, possédant toute la félicité qui pouvait lui plaire, la goûtait dans des ravissements inexprimables, sans songer même à la volupté des sens.
Parmi les modernes, il faisait surtout cas de Locke, de Bayle, de ces philosophes à hauteur d’appui, qu’il était tenté de placer un peu trop près ou même au-dessus des grands inventeurs un peu imaginatifs, comme Leibniz ou Descartes, dont les erreurs l’offusquaient.
Mais bientôt, avec l’âge et le cours des événements, les sujets deviennent plus sérieux : à partir d’un certain moment, toute l’histoire et la politique de son temps y passent, et nous y assistons avec lui, c’est-à-dire par les yeux d’un témoin judicieux, éclairé, placé au meilleur point de vue, ni trop près ni trop loin de la Cour, qui ne se pique point de parler en homme d’État, mais qui apprécie et sent les choses de sa nation avec le cœur et l’intelligence de cette haute bourgeoisie, alors si intègre et si patriotique, et qui se pouvait dire le cœur même de la France.
Je sais tel autre savant qui a placé sa dévotion et son culte en tout autre lieu, en Bossuet, et qui nous prépare une Histoire complète, exacte, minutieuse, de la vie et des ouvrages du grand évêque.
J’aimerais à voir le buste en marbre de Perrault placé à l’ombre du grand marronnier.
Victor de Laprade, par son poème de Psyché (1841), par celui d’Éleusis (1843), par les odes et pièces qu’il a composées alors et depuis, s’est placé au premier rang dans l’ordre de la poésie platonique et philosophique.
De l’esprit dont on connaît Louis XIV, il devait trouver inouï qu’on donnât cette importance à une femme qu’il avait placée là pour le servir.
On retrouve là un ressouvenir bien placé de ces tête-à-tête de Marly, dans lesquels Louis XIV ne dédaignait pas d’associer Mme des Ursins à sa politique ; elle avait raison d’en être fière et de le rappeler à celle qui l’oubliait.
En rabattant de l’exaltation bien naturelle à un vieillard, plein d’imagination, qui se souvient de son plus beau moment de gloire, on sent en plus d’un passage l’accent de la conviction et d’une sincérité persuasive Beaumarchais, dans ses souvenirs, oubliait sans doute bien des détails qui eussent apporté de l’ombre au tableau, mais il avait raison en parlant de cet intérêt public, de cet aspect patriotique et général sous lequel avait toujours eu soin de placer et de voir même son intérêt particulier.
Placé entre la République et le Consulat, ou entre le Consulat et l’Empire, il est pour Praxitèle.
Elle répond à peine aux gens, qui lui font la politesse de venir s’asseoir, sur la petite chaise placée à ses pieds, relevant le nez à chaque entrant à qui elle jette : « Eh bien, sait-on quelque chose ?
En un tel système le nombre des syllabes accentuées n’est déterminé que par le pouvoir auditif d’une oreille : au-delà d’un certain nombre de syllabes, il n’y a plus de vers, parce que l’oreille ne sait plus les placer instantanément.
Après Metzu, vient Galilée qui perfectionne la trouvaille de Metzu, puis Kepler qui améliore le perfectionnement de Galilée, puis Descartes qui, tout en se fourvoyant un peu à prendre un verre concave pour oculaire au lieu d’un verre convexe, féconde l’amélioration de Kepler, puis le capucin Reita qui rectifie le renversement des objets, puis Huyghens qui fait ce grand pas de placer les deux verres convexes au foyer de l’objectif, et, en moins de cinquante ans, de 1610 à 1659, pendant le court intervalle qui sépare le Nuncius Sidereus de Galilée de l’Oculus Eliæ et Enoch du père Reita, voilà l’inventeur, Metzu, effacé.
Poirier, en collaboration avec Jules Sandeau, placèrent Augier au premier rang incontesté des auteurs contemporains.
Voici comment raisonnent la plupart des hommes opulents qui occupent les grands artistes : la somme que je vais mettre en dessins de Boucher, en tableaux de Vernet, de Casanove, de Loutherbourg, est placée au plus haut intérêt.
il ne reste plus qu’à placer le petit dieu ainsi revu, corrigé et augmenté, derrière la vitrine de la boutique.
Les Ouolof se les représentent comme des géants à membres grêles76 ayant un seul œil fendu dans le sens vertical et placé sur le front au-dessus d’un nez très allongé.
Je les signale à ceux que le folklore indigène intéresse et y renverrai dans les notes et éclaircissements placés à la fin de chacun de mes contes quand il y aura lieu à comparaison.
Il en est quelques autres encore qui sont dignes de marcher à leur suite, et à qui, pour se placer au premier rang, il ne manque que de se défier davantage des séductions de la flatterie, des suggestions de l’amour-propre et des illusions d’un triomphe de coterie.
Xavier Aubryet nous a placé dans une situation assez délicate vis-à-vis de ce livre.
Mérimée était cependant admirablement placé pour savoir et pour observer.
Excepté, en effet, cet article sur les entretiens politiques de Robert Southey, le lauréat et le tory, les autres articles du volume sont choisis avec discernement par l’excellent traducteur, qui a si lumineusement pensé en mettant dans un cadre spécial le critique, que les Miscellanées publiés à Londres avaient placé pêle-mêle avec l’écrivain politique et que la traduction d’Œuvres diverses de Macaulay, faite de compte à demi par Amédée Pichot et par Forgues, avait également confondus.
Dernièrement encore, un homme de génie dont les connaisseurs se sont fait longtemps entre eux la confidence, et dont le nom a mis trente ans à se placer dans toutes les bouches où le voici à présent, Joseph de Maistre, au commencement du siècle, trouva le moyen de faire un livre superbe intitulé : Du Pape, après cet autre livre superbe du cardinal Bellarmin intitulé : Du Souverain Pontife (De Summo Pontifice).
Les pauvres des champs, quels que soient leur bassesse, leurs passions, leurs vices mêmes, sont autrement poétiques que les atroces voyous de Paris, ces excréments de capitale et de civilisation, qui souillent l’aumône en la recevant… Et, d’ailleurs, ils sont placés plus loin de nous, dans une perspective qui est une poésie de plus.
Dans ce cadre peuvent se placer mille variantes de détails, mais toujours, ce qui domine tout, c’est la pensée de la mort.
Quand je dis qu’un ressort a la force de soulever un poids de dix livres, je veux dire seulement que le ressort étant placé sous le poids, il est nécessaire que le poids soit soulevé.
Il honora donc les lettres, et les lettres reconnaissantes ordonnèrent à l’Europe de célébrer ce prince, et de placer le vaincu à côté du vainqueur.
Une brindille de bois mort placée dans certaines grottes où l’air humide est chargé de certains sels, se couvre de brillants cristaux et devient une aigrette de diamants. […] Stendhal avait à placer une étude de l’amour de tête ; il l’a mal placée. […] — Comme dans toutes les commissions. — Le bavard m’empêchait de placer une idée. […] C’est toujours à cela qu’il revient, et c’est ainsi qu’il croit se placer entre les économistes et les socialistes de son temps, repoussant les uns et les autres, n’ayant besoin ni de l’État patron ou du communisme d’une part, ni de la concurrence d’autre part, et apportant une solution originale et qui suffit. […] Elle comprendra peut-être le vers où elle est placée et le précédent ; mais non pas tout le poème, non pas même toute la page où elle se trouve.
J’ai fini, je me suis placé dans « ce tas de critiques qui crachent de l’encre sur le génie » je suis un envieux, et « l’envie se démène, grince, bave, mord, souffre. […] Les deux personnages furent placés dans une boîte de quelques décimètres carrés, ouverte par-devant, et que l’artiste éclaira à sa guise. » Ceci ne rappelle-t-il pas les boîtes qu’on donne aux enfants, et où il y a des chasses, des bergeries ? […] Certes la nature, entre les choses bonnes et les choses mauvaises, a placé des choses qui ne sont ; ni franchement bonnes ni complètement mauvaises, et un éclectique ne manquerait pas de m’opposer ce sophisme, mais ce n’est qu’un sophisme. […] J’ai fini, je me suis placé dans « ce tas de critiques qui crachent de l’encre sur le génie » ; je suis un envieux, et « l’envie se démène, grince, bave, mord, souffre. […] On arrive à la placer si haut, qu’il semble que la nature n’ait rien de mieux à faire qu’à s’avouer vaincue et à demander des leçons aux artistes.
Il les aurait mis dans la bouche d’un Lucain, où ils eussent été mieux placés. […] On ne pourra lire la dernière œuvre de M. de Laprade sans la placer d’emblée au rang de ces œuvres privilégiées, qui sont pour une époque littéraire un honneur et une consolation. […] C’est à un point de vue tout littéraire que nous avons voulu nous placer, et à ce point de vue je doute qu’on puisse ne pas être de notre avis. […] À vrai dire, ce projet demeura pendant toute la vie de l’auteur de Faust, comme durant la courte vie d’André Chénier, placé devant ses yeux comme un idéal à réaliser. […] Est-il donc si facile, dans ce cas, de faire gaiement le sacrifice de cette communauté d’espérances sacrées et de se placer au point de vue désintéressé de quelque voltairien d’estaminet ?
Ainsi organisée, obéissant à un refus formel d’utilitarisme, la Littérature se plaçait en dehors de toutes les méthodes de la vie elle-même. […] Ce n’est ni à l’éditeur d’en faire les frais ni aux commis-voyageurs à placer les volumes. […] De s’adresser à tous, dans tous les cas, l’œuvre se fera plus générale que celle qui ne s’intéresse qu’à un cas particulier, à deux ou trois individus placés dans des circonstances si spéciales que la vie en offre rarement l’exemple.
Ainsi muni, il va s’asseoir l’après-midi au café de Will, qui est le grand rendez-vous littéraire ; les jeunes poëtes, les étudiants qui sortent de l’université, les amateurs de style se pressent autour de sa chaise, qui est soigneusement placée l’été près du balcon, l’hiver au coin de la cheminée, heureux d’un mot, d’une prise de tabac respectueusement puisée dans sa docte tabatière. […] Mais c’est par le style qu’ils pêchent le plus. « Dans Shakspeare, beaucoup de mots et encore plus de phrases sont à peine intelligibles, et de celles que nous entendons, quelques-unes sont contre la grammaire, d’autres grossières, et tout son style est tellement surchargé d’expressions figurées qu’il est aussi affecté qu’obscur699. » Ben Jonson lui-même a souvent de mauvaises constructions, des redondances, des barbarismes. « L’art de bien placer les mots pour la douceur de la prononciation a été inconnu jusqu’au moment où M. […] Il montre le bon député « servant à la fois le roi et le peuple, conservant à l’un sa prérogative, à l’autre son privilége », placé comme une digue entre les deux fleuves, cédant davantage au roi en temps de guerre et davantage au peuple en temps de paix, « empêchant l’un et l’autre de déborder et de tarir788. » Cette grave conversation indique un esprit politique nourri par le spectacle des affaires, ayant, en matière de débats publics et pratiques, la supériorité que les Français ont dans les dissertations spéculatives et les entretiens de société.
Je me suis demandé pourquoi Corneille avait placé sur le bord de sa comédie ces deux personnages qui n’y entrent jamais, qui sont tout à fait inutiles à l’action, à laquelle ils ne se mêlent ni pour la précipiter ni pour l’arrêter ? […] Du reste, bien que placée à mille lieues au-delà de la vérité et de la vraisemblance, les traits comiques, — d’un comique énorme, — abondent dans cette hyperbolique physionomie. […] C’est là qu’il eût fallu placer l’épigraphe : Id verum quod prius, illud vero adulterum quod posterius ! […] Aussi, M. d’Aurevilly, qui est Normand, a-t-il bien fait de placer en Normandie le théâtre d’Une vieille maîtresse et d’y placer encore celui de l’Ensorcelée. […] Et l’impression d’épouvante est doublée pour qui se transporte en esprit sur le théâtre où l’auteur a placé son action.
L’on peut se placer aux différents points de vue de l’esthétique, de la métaphysique ou de l’utilité sociale. […] Et chez les jésuites de Vannes, où Mirbeau a choisi de placer l’infortuné Sébastien Roch et de l’y installer martyr ! […] Il plaçait les objets précieux et fragiles les uns à côté des autres : ça ne faisait point un colis. […] Nous ne connaissons pas très bien le moyen âge : il était malaisé de placer en ce temps, et parmi tout ce mystère que les érudits n’ont pas dévoilé, une anecdote, des gens et le tracas de leur vie quotidienne. […] Gustave Geffroy n’a-t-il pas tort de placer dans l’histoire la menue anecdote de Cécile Pommier, de lui donner la dignité de l’histoire.
En effet elle n’est pas inventée, mais elle est obtenue par la fidèle distribution des parties : les touches ont été placées respectueusement l’une à côté de l’autre : et voici qu’à la dernière tressaille le visage du tableau, suscité à force de minutieuse déférence pour chaque détail ; la vie se retrouve, l’organisation est présente sans avoir été cherchée, les traits se rejoignent et animent de leurs affinités l’exactitude isolée des éléments. […] Mais nous nous placerons devant l’ensemble des créatures, comme un critique devant le produit d’un poète, goûtant pleinement la chose, examinant par quels moyens il a obtenu ses effets, comme un peintre clignant des yeux devant l’œuvre d’un peintre, comme un ingénieur devant le travail d’un castor59 ». […] Il n’est besoin que d’un peu d’abandon pour s’y sentir soudain placé : Ô grammairien dans mes vers ! […] Les idées qu’elle contient ne sont pas abstraites ni placées en dehors de l’esprit qui les a conçues ; elles ne prétendent pas former, distinctes de lui, une vérité universelle. […] Auprès de chaque paragraphe un autre vient se placer bord à bord et l’accompagne.
C’est à Dante poëte, à Dante, surtout citoyen et patriote qu’il s’adresse et qu’il demande assistance et recours dans cet abaissement du présent : « O père illustre du mètre toscan, si à vos sacrés rivages il parvient quelque nouvelle encore des choses de la terre et de cette patrie que tu as placée si haut, je sais bien que tu ne ressens point. de joie pour toi-même, car moins solides que la cire et que le sable sont les bronzes et les marbres au prix du renom que tu as laissé de toi ; et si tu as jamais pu, si tu pouvais un jour tomber de notre mémoire, que croisse notre malheur s’il peut croître encore, et que ta race inconnue de l’univers soit vouée à d’éternels gémissements ! […] Elle fait bien l’effet de ces vases d’airain artistement placés chez les anciens dans leurs amphithéâtres sonores, et qui renvoyaient à temps la voix aux cadences principales.
Exemple du désœuvrement imposé à la noblesse, dîner de la reine Marie Leczinska à Fontainebleau. « J’arrive dans une salle superbe où je vois une douzaine de courtisans qui se promenaient, et une table d’au moins douze couverts, qui pourtant n’était préparée que pour une seule personne… La reine s’assit et aussitôt les douze courtisans se placèrent en demi-cercle à dix pas de la table ; je me tins auprès d’eux, imitant leur respectueux silence. […] La nef est une pièce d’orfèvrerie placée au centre de la table et contenant, entre des coussins de senteur, les serviettes à l’usage du roi L’essai est l’épreuve que les gentilshommes servants et les officiers de bouche font de chaque plat avant que le roi en mange.
Sa sœur lui devait de la reconnaissance, car il avait placé ses deux fils, ses neveux, l’un au service du duc de Mantoue, l’autre à la cour du duc de Parme. […] et le Tasse, quelque poétique qu’il soit, peut-il être placé par la dernière postérité au rang d’Homère, de Virgile, des grands épiques de l’Inde ou de la Perse ?
Ils dressent le mât ; ils le placent dans le creux qui lui sert de base ; ils l’assujettissent avec des cordages ; puis ils déplient les blanches voiles tendues par de fortes courroies. […] tant que je vivrai, jamais le fils d’Ulysse ne couchera ici sur le pont d’un navire… Quand le festin du soir est achevé, Nestor fait dresser pour Télémaque un lit moelleux placé sous le vestibule.
Qu’Hésiode ait été avant ou après Homere, je le placerai ici. […] On sçait qu’une vive & singuliére imagination a dicté la version du Pere Catrou,(*) toujours rampante & souvent burlesque, où le sens du texte est à chaque page exposé d’une façon familiére ou bizarre ; où l’original est même fort souvent altéré dans son texte placé vis-à-vis de la traduction.
Comme cette répétition végétative, dirai-je, pour employer les propres termes du professeur Owen, semble être un signe d’infériorité organique, l’observation précédente semble d’accord avec l’opinion généralement adoptée par les naturalistes, que les êtres placés très bas dans l’échelle naturelle sont plus variables que ceux qui sont plus élevés. […] Ces caractères sont le plus souvent externes, et sont rarement essentiels à la conservation de l’individu lui-même, sous les conditions de vie où il est placé, les dangers auxquels peuvent l’exposer ses relations sexuelles mis à part, bien entendu.
Plaçons-nous tout de suite en face de ce dernier phénomène : nous nous transporterons ainsi d’un seul bond à l’extrémité opposée de la série des faits psychologiques. […] Une bougie, placée à une certaine distance d’une feuille de papier, l’éclaire d’une certaine manière : vous doublez la distance, et vous constatez qu’il faut quatre bougies pour éveiller en vous la même sensation.
Mais tout conspire à encourager l’interprétation fausse : un amour-propre mal placé, un optimisme superficiel, une méconnaissance de la vraie nature du progrès, enfin et surtout une confusion très répandue entre la tendance innée, qui est transmissible en effet du parent à l’enfant, et l’habitude acquise qui s’est souvent greffée sur la tendance naturelle. […] Mais il y a loin de cet attachement à la cité, groupement encore placé sous l’invocation du dieu qui l’assistera dans les combats, au patriotisme qui est une vertu de paix autant que de guerre, qui peut se teinter de mysticité mais qui ne mêle à sa religion aucun calcul, qui couvre un grand pays et soulève une nation, qui aspire à lui ce qu’il y a de meilleur dans les âmes, enfin qui s’est composé lentement, pieusement, avec des souvenirs et des espérances, avec de la poésie et de l’amour, avec un peu de toutes les beautés morales qui sont sous le ciel, comme le miel avec les fleurs.
Benedetto Croce a protesté avec raison contre la façon mesquine dont on compare entre elles les nombreuses Sophonisbe ; la comparaison ne serait pas inutile, elle serait même très intéressante, si elle se plaçait au point de vue de l’esthétique et des tempéraments. […] Ce jugement paraîtra sévère ; j’ai dit ailleurs ce que le drame moderne a de bon et de grand à nos yeux ; je dirai plus loin quelle est sa conquête durable, comparé à la tragédie du xviie siècle ; et j’ajoute que, à Paris, mes soirées se passent presque toutes au théâtre, dans une joie toujours nouvelle ; mais ici je me suis placé au point de vue de la technique, des conventions ; il fallait protester contre certains préjugés ou certaines illusions, et protester surtout contre la louange à jet continu d’une critique dramatique bien dégénérée depuis la mort de Francisque Sarcey et la retraite de Jules Lemaître.
J’avertis, comme toujours, les jeunes gens qu’ils doivent lire les auteurs plutôt que les critiques, et ne voir dans les critiques que des guides, des indicateurs, pour ainsi parler, des différents points de vue où l’on peut se placer en lisant les textes. […] Or Le Sage était, par sa situation dans la vie, admirablement placé pour observer, sans effort et naturellement, les limites de cet art. […] Placé entre les deux par la destinée, il n’a pas réussi pleinement. […] Sa facilité est incroyable pour se placer successivement à plusieurs points de vue très divers. […] A se placer à ce point de vue les contradictions disparaissent.
. — Sully, qui, dans toute la première partie de sa carrière, s’appelle Rosny, né en 1559 au château de ce nom, était le second de quatre fils, mais de fait il fut considéré comme l’aîné par son père, qui de bonne heure plaça sur lui l’espoir de relever sa maison.
Lavallée a eu soin de placer aussi un portrait de l’illustre fondatrice, où revit cette grâce si réelle, si sobre, si indéfinissable, et qui, sujette à disparaître de loin, ne doit jamais s’oublier quand par moments la figure nous paraît un peu sèche ; il l’emprunte aux Dames de Saint-Cyr dont la plume, par sa vivacité et ses couleurs, est digne cette fois d’une Caylus ou d’une Sévigné : Elle avait (vers l’âge de cinquante ans), disent ces Dames, le son de voix le plus agréable, un ton affectueux, un front ouvert et riant, le geste naturel de la plus belle main, des yeux de feu, les mouvements d’une taille libre si affectueuse et si régulière qu’elle effaçait les plus belles de la Cour… Le premier coup d’œil était imposant et comme voilé de sévérité : le sourire et la voix ouvraient le nuage… Saint-Cyr, dans son idée complète, ne fut pas seulement un pensionnat, puis un couvent de filles nobles, une bonne œuvre en même temps qu’un délassement de Mme de Maintenon : ce fut quelque chose de plus hautement conçu, une fondation digne en tout de Louis XIV et de son siècle.
Or, de toutes les mésalliances, quelle plus grande et plus inexplicable à ses yeux que celle qui plaçait Mme de Maintenon à côté de Louis XIV ?
Lorsqu’à cette époque d’union, de confraternité sincère, dans ces intervalles de Marengo et du camp de Boulogne, Andrieux qui savait bien le latin, Picard qui ne le savait guère, mais qui aimait à en placer quelques mots96, Campenon, Roger, Alexandre Duval, tous ces académiciens présents ou futurs se réunissaient avec Daru le dimanche à déjeuner, lorsqu’on récitait quelque ode d’Horace, redevenue comme d’à-propos et de circonstance, l’ode Ad sodales ou quelque autre (le sentiment de tous s’y joignant), il ne manquait rien, presque rien, à la traduction de Daru pour faire passer l’esprit de l’original dans tous les cœurs.
Elle le plaça aux jésuites, puis à l’académie (école d’exercices pour la jeune noblesse) ; puis, après quelques campagnes, elle lui eut un régiment.
un homme de condition est-il bien placé de passer les plus belles années de sa vie à Verdun ?
Ce héros, messieurs, eut alors la bonté de me dire la pensée qu’il avait de vous rendre arbitres de la capacité, du mérite et des récompenses de tous ces illustres professeurs qu’il appelait, et de vous faire directeurs de ce riche et pompeux prytanée des belles-lettres, dans lequel, par un sentiment digne de l’immortalité, dont il était si amoureux, il voulait placer l’Académie française le plus honorablement du monde, et donner un honnête et doux repos à toutes les personnes de ce genre, qui l’auraient mérité par leurs travaux.
Un autre tableau, placé près du premier, nous la montrerait encore en plein règne, à l’Ile-Adam, à cheval sur le devant de la scène, en amazone, pendant une chasse au cerf, au milieu d’un grand nombre de gentilshommes et de dames à cheval également.
Saint-René Taillandier, excité par tant de souvenirs et placé aux sources de la meilleure information, nous devait cette figure de la comtesse d’Albany.
Enfin, les nombreux villages placés comme l’aire d’un d’un aigle entre des rochers ou sur le penchant rapide des monticules, et les habitations rapprochées qui semblent les couvrir, animent la perspective et lui donnent le coup d’œil le plus romantique… » Romantique, je saisis le mot au passage ; il donne bien la date et trahit aussi la légère intention littéraire qui venait se mêler à ces instructions d’une économie rurale positive.
S’il parut d’abord un peu gauche à la porter, à ce que dit Brantôme, il finira par s’y accoutumer, et il aura même jusqu’à un certain point une carrière militaire, bien qu’on ne sache trop où la placer.
La placer en un lieu reconnaissable, c’est la faire mentir à son esprit ; c’est traduire en histoire un livre anté-historique.
Ceux-ci, on doit le dire, placés entre le cardinal qui donnait les pensions et le public qui donne la considération, s’en tirèrent assez convenablement, assez dignement même.
Alfred Arneth ou d’Arneth, fils de l’ancien conservateur des Antiques, à Vienne, est placé lui-même, en qualité de conservateur en chef adjoint, à la tête des Archives impériales ; il est conseiller aulique et membre des États.
Avec plus de liant, sans nul doute, avec plus d’entregent et plus d’ouverture, placé comme il l’était entre les extrêmes, ayant des amis parmi les aristocrates les plus ardents comme parmi les plus modérés, il aurait pu être plus utile qu’il ne le fut.
que tout ce qui nous touche si vivement, pauvres habitants des vallées, paraît petit, vil et misérable à ceux qui sont placés à cette hauteur !
Elle y faisait verser d’abondantes larmes, et il arriva un jour qu’un mauvais plaisant qui avait entendu parler de ce succès larmoyant irrésistible et qui l’attribuait à l’engouement du parterre, vint solennellement se placer au balcon, étalant sur le rebord une couple de mouchoirs blancs pour étancher les flots de pleurs qui allaient couler.
Le mal, au reste, n’est pas bien grand pour ces sortes de génies, s’ils savent de bonne heure, abjurant l’apparence, se placer au point de vue du vrai, et il conviendrait de les féliciter, plutôt que de les plaindre, de cette obscurité prolongée où ils demeurent.
Il faut une main, un œil vigilant et haut placé.
Ce qui importe, c’est de placer au-dessus d’elle les jouissances de la vertu, et de donner à tous les sentiments de l’âme une grande valeur, pour relever d’autant plus le sentiment suprême, l’amour du bien et des hommes.
On rappelle les exploits de Mandrin en 1754756, sa troupe de cent cinquante hommes qui apporte des ballots de contrebande et ne rançonne que les commis, ses quatre expéditions qui durent sept mois à travers la Franche-Comté, le Lyonnais, le Bourbonnais, l’Auvergne et la Bourgogne, les vingt-sept villes où il entre sans résistance, délivre les détenus et vend ses marchandises ; il fallut, pour le vaincre, former un camp devant Valence et envoyer 2 000 hommes ; on ne le prit que par trahison, et encore aujourd’hui des familles du pays s’honorent de sa parenté, disant qu’il fut un libérateur Nul symptôme plus grave : quand le peuple préfère les ennemis de la loi aux défenseurs de la loi, la société se décompose et les vers s’y mettent Ajoutez à ceux-ci les vrais brigands, assassins et voleurs. « En 1782, la justice prévôtale de Montargis instruit le procès de Hulin et de plus de 200 de ses complices qui, depuis dix ans, par des entreprises combinées, désolaient une partie du royaume757. » — Mercier compte en France « une armée de plus de 10 000 brigands et vagabonds », contre lesquels la maréchaussée, composée de 3 756 hommes, est toujours en marche. « Tous les jours on se plaint, dit l’assemblée provinciale de la Haute-Guyenne, qu’il n’y ait aucune police dans la campagne. » Le seigneur absent n’y veille pas ; ses juges et officiers de justice se gardent bien d’instrumenter gratuitement contre un criminel insolvable, et « ses terres deviennent l’asile de tous les scélérats du canton758 » Ainsi chaque abus enfante un danger, la négligence mal placée comme la rigueur excessive, la féodalité relâchée comme la monarchie trop tendue.
Placé lui-même pour les sentir et pour les exprimer sur les limites de ces natures humaines et divines qui se touchent et se correspondent en lui, l’homme n’a pas eu longtemps le même langage pour exprimer l’humain et le divin des choses.
En face de Du Vair, le magistrat stoïque, il faut placer François de Sales251, le mystique pasteur.
Pour éclaircir un point donné, il faut avoir parcouru dans tous les sens la région intellectuelle où il est situé, il faut avoir pénétré tous les alentours et pouvoir se placer en connaissance de cause au milieu du sujet.
Faut-il les placer toutes sur le même plan, leur accorder à toutes la même attention, la même importance, la même place dans l’histoire ?
Placée entre le nord et le midi de l’Europe, la France est souvent le champ de bataille où se heurtent des forces issues des deux régions opposées ; au xvie siècle, recevant d’Italie la Renaissance et d’Allemagne la Réforme, elle est tiraillée, déchirée entre les deux tendances contraires qui bouleversent les intelligences et la société.
Le Mercure nous la montre plus au naturel, « parfaitement bien faite dans sa taille médiocre, avec un maintien noble et assuré, la tête et les épaules bien placées, les yeux pleins de feu, la bouche belle, le nez un peu aquilin, et beaucoup d’agrément dans l’air et les manières ; sans embonpoint, mais les joues assez pleines, avec des traits bien marqués pour exprimer la tristesse, la joie, la tendresse, la terreur et la pitié ».
Je ne sais pas où vous me placerez, mais faites, s’il est possible, que nous soyons tous les deux contents ; ne chicanez point ; accordez-moi beaucoup, vous verrez que je n’abuse point.
C’était une de ses maximes « que, dans la vie, on ne devait faire provision que de vivres et jamais de plaisirs ; qu’il fallait toujours les prendre au jour la journée ; et que les rides auraient été beaucoup mieux placées sous le talon que sur le visage ».
« M. de Buffon fait plus de cas de Milton que de Newton, a dit Mme Necker ; Milton, selon lui, avait l’esprit beaucoup plus étendu, et il est plus difficile de réunir des idées qui intéressent tous les hommes que d’en trouver une qui explique les phénomènes de la nature. » En interprétant et en réduisant comme il convient ce souvenir noté de Mme Necker, et sans croire qu’il pût y avoir au monde un mortel que Buffon plaçât au-dessus de Newton, dont il avait le portrait gravé pour unique ornement de son cabinet d’étude, j’en conclurai seulement qu’il y avait dans le génie de Buffon des combinaisons et des tableaux du genre de ceux de Milton et qui demandaient à sortir.
En procès avec son chapitre, menacé et insulté, le pistolet au poing, par cet odieux cordelier ligueur, maître Trahy, et par ses paroissiens, placé entre les crimes de Blois et les avanies d’Auxerre, il put faire la différence des grands hommes de Plutarque aux misères et au fanatisme de son temps.
Lorsqu’elle revient à la Cour en 1643, Mme de Motteville nous décrit les divers personnages en scène, les divers intérêts des cabales ; elle se montre à nous au milieu de ces grandes intrigues comme un simple spectateur placé dans un coin de la meilleure loge et parfaitement désintéressé : Ainsi je ne songeais pour lors qu’à me divertir de tout ce que je voyais, comme d’une belle comédie qui se jouait devant mes yeux, où je n’avais nul intérêt. — Les cabinets des rois, dit-elle encore, sont des théâtres où se jouent continuellement des pièces qui occupent tout le monde ; il y en a qui sont simplement comiques ; il y en a aussi de tragiques dont les plus grands événements sont toujours causés par des bagatelles.
Il y a pourtant d’assez belles scènes et très vraies d’observation et d’analyse quand ce jeune homme, à qui l’on a caché sa naissance, paraît pour la première fois dans la maison de sa bienfaitrice, et que celle-ci l’observe avec amour, jalousie et honte, tandis que le père, debout et respectueux, placé derrière, le regarde avec fierté.
La pensée religieuse qui s’y joint dans son esprit ajoute plutôt qu’elle n’ôte à ce que cette maxime royale a de politiquement remarquable ; et c’est en ces parties qu’on reconnaît chez lui le véritable homme de talent dans cet art difficile de régner : La sagesse, dit-il, veut qu’en certaines rencontres on donne beaucoup au hasard ; la raison elle-même conseille alors de suivre je ne sais quels mouvements ou instincts aveugles, au-dessus de la raison, et qui semblent venir du ciel, connus à tous les hommes, et plus dignes de considération en ceux qu’il a lui-même placés aux premiers rangs.
Quand un de ses collaborateurs lui lisait un article et que cela devenait ennuyeux, il fallait le voir agiter sa tabatière, y puiser du tabac à force, salir son jabot, tousser, avoir toutes ses infirmités à l’instant et tous ses nerfs (il avait une petite toux entre autres, qu’il plaçait très à propos) ; mais l’esprit revenait-il dans l’article, M.
Né sans ambition de fortune, il se trouva placé à un rang qui pouvait sembler médiocre entre les rangs élevés, mais qui n’en était que plus propre à son rôle d’observateur politique.
En tête de son second volume et comme à mi-chemin (la première édition de L’Esprit des lois se fit à Genève en deux volumes), il avait dessein d’abord de placer une Invocation aux Muses selon le mode antique : Vierges du mont Piérie, entendez-vous le nom que je vous donne ?
Son attitude dans le salon de sa femme était particulière ; bien que ce fût à son intention, et en grande partie pour lui plaire, pour servir et accroître sa renommée, qu’elle s’appliquât à rassembler cette élite brillante, il n’était là qu’un spectateur silencieux et froid : « Hormis quelques mots fins qu’il plaçait çà et là, personnage muet, il laissait à sa femme le soin de soutenir la conversation. » Marmontel, qui fait cette remarque, ajoute que ce silence et cette gravité de M.
La science embryonnaire ne voyait de merveilles que dans les choses placées bien haut hors de notre portée ; la science actuelle, tout au contraire, trouve le merveilleux à chaque pas, en toute chose.
A côté de Pauline, qui représente la moitié saine de la femme, est placée Louise qui en montre le côté délicatement maladif.
Pourquoi des sujets si éloignés dans le lieu et dans le temps, pourquoi des personnages si haut placés dans la hiérarchie sociale, des rois, des princes ?
Non pour offrir aux yeux une parade vaine ; Mais placés avec ordre on les trouve sans peine.
On peut déduire de là que, si une plante ou un animal est placé dans une nouvelle contrée parmi de nouveaux compétiteurs, lors même que le climat serait parfaitement identique, les conditions d’existence de l’espèce n’en sont pas moins généralement changées d’une manière essentielle.
A côté de ces récits fantastiques ou simplement merveilleux se placent ceux ayant pour base un événement romanesque ou même une anecdote sans portée.
C’est dans des paysages, en effet, empruntés tous à la nature alpestre du Jura, probablement longtemps habité, que l’auteur des Horizons prochains a placé la scène de ces romans de courte haleine, dont il commence par nous dessiner la vignette.
Les deux Introductions qu’il a placées à la tête de son volume de Saint-Simon portent la marque de son talent, à lui, — talent très vivant et très personnel.
C’est en pleine Italie, au cœur du carnaval méridional, au milieu du turbulent Corso, que Théodore Hoffmann a judicieusement placé le drame excentrique de la Princesse Brambilla.
L’important est de se placer pour un moment au point de vue de l’ensemble humain et de se départir de ces jugements particularistes, indispensables lorsque l’objet d’analyse n’est qu’un fragment isolé de son milieu, mais qui deviennent dangereux lorsque l’horizon d’étude s’élargit.
Cousin en philosophe, le plaçait au dix-neuvième siècle, et lui donnait pour disciple M.
« Ô mes amis116 », dit la reine troublée, « au lever du jour, par les songes funestes de sa nuit, cette Athènes, en quel lieu de la terre dit-on qu’elle soit placée ?
C’est ainsi encore que, dans le Menteur, il placera la scène aux Tuileries d’abord, et dans la Place-Royale ensuite. […] Ces données, — peu conformes à l’histoire, il faut bien le dire, — consistent en ceci : d’une part, l’auteur a placé à Séville23 le lieu de la scène de sa tragi-comédie et la Cour du roi Fernand, comme si déjà cette ville, qui était encore au pouvoir des Africains, eût appartenu à l’Espagne. […] Le Roi avec toute sa cour, survient avant que Don Sanche ait pu placer un mot pour la détromper. […] Il semble que la France, placée entre le Nord et le Midi, participant de l’un et de l’autre par ses races diverses, soit destinée à unir dans sa complexion les tempéraments les plus différents, les plus opposés, pour servir comme de milieu sympathique à tous les peuples dans la littérature et dans les autres arts. […] Il n’a pas tenu à vous que, du premier lieu, où beaucoup d’honnêtes gens me placent, je ne sois descendu au-dessous de Claveret.
* * * L’Ami des Lettres, poutre pour soutenir la Religion ; mais au lieu de la placer convenablement pour cet usage, on la lui met dans l’œil. […] Léon Gozlan, au début du petit volume qu’il a consacré à la mémoire de celui dont il fut longtemps l’ami, s’exprime en ces termes : « On a déjà écrit, on écrira encore beaucoup, on écrira toujours sur Balzac. » Je crois qu’après ceux qui ont connu intimement un homme, personne n’est mieux placé pour en parler que ceux qui ne l’ont pas connu du tout. […] Là où madame Surville ne dit qu’un mot, il n’oublie pas un détail ; il était peut-être mieux placé pour les connaître que la sœur de M. de Balzac, mais je crois qu’il y a une autre cause qui le fait appuyer ainsi sur les petites misères de son ami. […] « La vanité s’est placée là au seuil de ce prétendu monde nouveau ; je l’ai fait, a dit l’homme, donc il est plus beau que l’autre, que l’ancien. […] Les gens à imagination procèdent d’une tout autre manière : un fait les frappe, ils l’allongent, l’arrangent ; ils font leur plan, remplacent dans leur imagination les caractères par des jetons, des x, qu’ils font mouvoir à leur fantaisie, qu’ils placent dans des situations bizarres, des scènes impossibles, des dénouements baroques ; ce n’est qu’après qu’ils songent aux caractères, et il faut bien que ces pauvres caractères se plient à l’exigence des chapitres ; c’est comme les tailleurs qui vous font entrer par force dans des habits qui ne sont pas faits pour vous, ces vêtements sont toujours ou trop petits, ou trop grands, ou trop étroits, ou trop larges.
Il y a mieux : la vraie comédie, la comédie sociale, la comédie humaine, telle que notre siècle la pressentait et l’attendait, date seulement d’hier ; mais du premier coup ses créations se sont placées à côté des œuvres des maîtres, et la voilà, — tant elle est forte et vivace, — déjà parvenue à la virilité sans avoir passé par les vagissements de l’enfance et les hésitations de la première jeunesse. […] Dans la société antique, l’individu n’existait pas, ou il existait si peu, il était placé si bas, qu’il ne pouvait venir à l’esprit du poète de le donner en spectacle à ses contemporains, soit à titre de leçon, soit comme un exemple. […] c’est pardieu bien au-dessus de George Sand qu’il plaçait l’auteur des Histoires de Village, car il établissait la supériorité de ces peintures « simples et vraies », sur les créations idéales du poète de Lélia. […] I Parmi les jeunes écrivains de nos jours, dont l’imagination, l’esprit et le style s’éparpillent à tous les vents de la publicité mensuelle ou hebdomadaire, il faut placer au premier rang M.
Ici se placent diverses anecdotes, notamment celle de la fessée donnée par mademoiselle Lambercier. […] Il est ensuite placé chez un greffier pour y apprendre le métier de procureur. […] « J’ignore, dit Rousseau, ce que devint cette victime de ma calomnie ; mais il n’y a pas d’apparence qu’elle ait après cela trouvé facilement à se placer… Qui sait, à son âge, où le découragement de l’innocence avilie a pu la porter ? […] 2º Pour faire gagner du temps à l’enfant (qui a toute la vie à apprendre tout seul, ce qui pourrait être long), le précepteur doit le placer ingénieusement dans des circonstances telles, que la nécessité l’instruise ; et peut même préparer, aménager ces circonstances. […] Reste à chercher quelle règle je dois me prescrire pour remplir ma destination sur la terre selon l’intention de Celui qui m’y a placé.
Shakespeare, portant Cordelia dans sa pensée, a créé cette tragédie comme un Dieu qui, ayant une aurore à placer, ferait tout exprès un monde pour l’y mettre. […] Les critiques qui se sont montrés durs pour Shakespeare se sont tous placés au point de vue littéraire et uniquement au point de vue littéraire. […] Il rejoignit ces dames au château d’Arenenberg, sur le bord du lac de Constance, où la reine Hortense avait coutume de placer ses quartiers d’été. […] Mais il ne se fût peut-être pas défendu du besoin de placer une figure aimable ou une situation douce dans cette énergique et désolante peinture de la réalité. […] La précaution à prendre, c’était de placer un personnage représentant l’esprit moyen du dix-septième siècle à travers ces gens véhéments du Christianisme primitif, personnage qui, du reste, expliquât les véhéments et les excusât par le seul fait de les comprendre.
Enfin, ce qui donne un prix particulier à ce grand ouvrage, c’est, à mon sens, la bibliographie sommaire qui est placé au bas de chaque article. […] Euripide vint et plaça le destin de l’homme dans l’homme même. […] » Arrivés aux Champs-Elysées, où la revue d’honneur devait avoir lieu ; les souverains et le prince de Schwarzenberg se placèrent du côté droit de l’avenue, à la hauteur de l’Élysée. […] Après la capitulation de Paris, le 3 avril, à Fontainebleau, Napoléon se plaça au milieu de la cour et fit appeler les officiers et les sous-officiers de la division Friant. […] Un livre placé sous un tel vocable ne peut offenser aucune des Muses.
La critique consiste à se placer au centre des créateurs, à les juger d’après leurs intentions. […] Placés dans la bouche de Monelle, ils signifient que le malheur de l’homme tient à ceci qu’étant éphémère il recherche avidement la durée pour ses actes. […] Personne au monde n’était mieux placé que M. de Vogüé pour apprécier son grand ancêtre. […] Avec l’ivresse d’un néophyte qui sort de son premier cours d’anatomie, il veut mettre la main sur les cerveaux les plus altiers, les couper, les placer sous le microscope et tirer en grande hâte ses inductions et conclusions. […] Il a choisi également des intelligences moyennes et les a placées dans des conditions besogneuses, afin que la lutte fût plus nette et que l’on comprit mieux l’immense effort.
Edgar Quinet remarque combien la France est heureusement placée pour remplir ce rôle de médiatrice et d’interprète, et pour entrer dans un système de critique comparée, qui semble lui appartenir par la nature même des choses. « La variété de ses provinces ne correspond-elle pas à celle des littératures modernes, et, quelle que soit la diversité des instincts de l’Europe, n’a-t-elle pas autant d’organes pour en saisir le caractère ? […] Et, du reste, il avait soin, en exagérant la gravité de sa position, de placer ses fonds en rentes viagères, ce qui quadruplait du coup ses revenus. […] La nuit, quand l’inspiration lui venait, il se levait, faisait allumer des lustres, plaçait sur sa tête un énorme chapeau couvert de bougies, et, ainsi affublé, ce mamamouchi peignait ses grands cabas diluviens. — Michel-Ange quelquefois avait fait à peu près de même, mais avec une seule chandelle ; et pour le statuaire, l’effet est bien différent. — L’historien Mézeray ne travaillait qu’à la chandelle, même en plein jour et en plein été ; il ne manquait jamais de reconduire jusqu’à la rue, le flambeau à la main, les personnes qui lui rendaient visite. […] Pour te donner une idée de cette surdité incroyable, je te dirai qu’au théâtre je suis obligé de me placer tout près de l’orchestre pour entendre ce que dit le chanteur ; les sons bas ou moyens des instruments, des voix, je ne les entends, pas quand je suis un peu éloigné ; et, chose étrange, il y a des gens qui, dans la conversation, ne s’aperçoivent pas de mon infirmité. […] Bellori, dans le portrait qu’il nous trace de Raphaël, concilie les deux explications de la mort prématurée de ce grand artiste : « Il était, dit-il, d’une complexion très grêle et délicate, qui ne promettait pas une longue vie ; il avait le cou long et mal placé.
Sans doute c’est bien ce que nous faisons ; mais en même temps et du même coup nous nous plaçons très bien à leur point de vue, au point de vue de leurs intérêts, et nous leur disons : « Être forts ; pourquoi ? […] Il le trouve de lui-même, placé dans les conditions favorables à cette découverte, mis sur la voie. […] Remarquez, du reste, qu’à se placer au point de vue de la simple constitution de l’homme, l’homme étant sensibilité et intelligence, il y a bien des chances pour qu’il manque ce qui est son bien, et par conséquent le souverain bien, s’il ne développe qu’un côté de sa nature. […] Voilà qui est très bien ; voilà qui, à se placer au simple point de vue du plaisir, au simple point de vue de la faculté que l’homme a de jouir, est extrêmement raisonnable. […] Subir l’injustice vaut mieux que la commettre, à tous les points de vue où l’on puisse se placer.
Voici, d’après Daudet lui-même, la petite crise et les circonstances qui l’amenèrent : « La première idée de Fromont jeune me vint pendant une répétition générale de l’Arlésienne au théâtre du Vaudeville… En face de cette féerie passionnée qui me charmait, moi méridional, mais que je devinais un peu trop locale, trop simple d’action, je me disais que les Parisiens se lasseraient bientôt de m’entendre parler des cigales, des filles d’Arles, du mistral et de mon moulin ; qu’il était temps de les intéresser à une œuvre plus près d’eux, de leur vie de tous les jours, s’agitant dans leur atmosphère ; et comme j’habitais alors le Marais, j’eus l’idée toute naturelle de placer mon drame au milieu de l’activité ouvrière de ce quartier de commerce. […] Rien même de plus logique que, d’entreprendre une œuvre sous la pression d’un sentiment, et, une fois l’œuvre entreprise, de chercher à se placer dans les meilleures conditions possibles pour lui donner le caractère qui lui convient. […] Puis il s’est demandé dans quel pays et à quelle époque il placerait son action pour la faire mieux valoir, et il a longtemps hésité, promenant sa pièce de Venise en Espagne ; finalement il a choisi les Flandres au moment de la domination espagnole. […] J’ai considéré surtout la formation de cette idée de sélection par le jeu des forces de la nature, mais si on considère plutôt la théorie du transformisme telle que l’a conçue Darwin, on est conduit à placer en un autre point de la chaîne, le fait considéré comme le germe de l’invention, et à quelque point de vue qu’on se place, on aperçoit une longue série de faits convergents, d’inventions successives, venant s’organiser en un système de plus en plus vaste à mesure que l’idée et le sentiment dominant peuvent profiler des acquisitions de l’esprit. […] Voir l’esquisse de sa vie qu’il a placée en tête de ses Solutions sociales.
J’avois voulu entendre ma piece sans paroître, et j’étois placé de maniere que je ne pus discerner jusqu’à la fin du cinquiéme acte si les murmures de l’assemblée étoient favorables ou contraires : mais quand Tatius vient dire à sa fille que Romulus vit encore, il partit tout-à-coup un battement de mains général qui m’assura sans équivoque de la joïe du spectateur ; et ce ne fut pas tout. […] Il ne m’en coûte pas même l’unité de lieu, puisque par une suite de son caractere impérieux, Romulus appelle le grand prêtre, et fait placer l’autel dans son palais. […] Je ne recommanderois là-dessus qu’une attention ; c’est de ne placer ces grands tableaux que dans les derniers actes. […] Nos grands maîtres ne laissent pas quelquefois dans le besoin de blesser les convenances, pour placer le moins mal-à-propos qu’ils peuvent, des choses qu’ils jugent nécessaires pour en préparer d’autres. […] Sans cette utilité, je ne crois pas qu’il fût tombé dans l’esprit du poëte de placer là tout ce détail : car outre qu’il est peu propre à rompre un dessein aussi arrêté que celui d’Agamemnon, il s’accorde si mal avec le transport de Clitemnestre, que l’actrice même qui la représente est obligée de changer de ton, ce qui met, contre toute sorte de vraisemblance, un intervale de sens froid entre deux longs accès de désespoir.
Aussi les religieux modernes, qui s’en servent comme d’un appât, ont-ils placé le bonheur dans une vie future où il est invérifiable. […] Mais il a eu recours à une ruse hardie et singulière : il a placé le collier au fond de sa blague à tabac qu’il manipule avec désinvolture, et c’est de là qu’il extrait à son arrivée le joyau convoité. […] Il en faudrait quasi à chaque coin de rue ; mais cela serait une nouvelle source d’encombrement, d’autant plus que l’administration a soin de les placer presque toujours à contre sens, le long du côté où les voitures n’auraient pas le droit de se tenir, si elles étaient en marche ; de sorte que pour quitter son poste, il faut qu’un fiacre viole la loi élémentaire de la circulation et de même pour le regagner, au retour.
Par sa nature, il est une source de beautés du genre admiratif ; et les deux amis peuvent être placés dans des situations qui produisent des beautés non moins dramatiques que celles de la terreur et de la pitié. […] On n’entend pas ici ces délibérations tranquilles où se balancent de grands intérêts, de sang-froid, et avec toute la liberté de l’esprit et de la raison : mais on entend plus particulièrement ces chocs violents de passions qui se combattent réciproquement, ces cruelles irrésolutions du cœur placées entre deux partis également douloureux pour lui. […] Est-elle bien placée dans le personnage accablé de douleur ?
Qu’on ajoute à ces nombreuses inventions et innovations sa Gazette, seul organe de publicité d’alors, placée sous la protection et comme dans la main du chef de l’État, c’est plus qu’il ne faut pour prouver que Renaudot n’était pas un esprit à mépriser.
Celle qu’obtint d’abord le Louis XI de Duclos fut grande : « Le livre a été lu de tout le monde avec avidité, surtout des dames, dont il a mérité l’approbation » ; c’est ce qu’écrivait l’abbé Desfontaines, assez favorable d’ailleurs à l’ouvrage58 : ce critique nous fait remarquer que des dames illustres et aimables s’intéressaient même au débit matériel et en plaçaient des exemplaires.
M. de Choiseul plaça le jeune Saint-Martin dans le régiment de Foix.
Une telle passion exclut la vertu et cet amour du bien public, qu’on doit adorer après son simple bonheur et bien avant sa propre grandeur… Il faut remarquer, ajoute-t-il (et l’on n’a que le choix entre vingt passages), que mon frère aime mieux une place qui lui vient par une brigue, par un parti et par une intrigue, que par la voie simple et noble de sa capacité reconnue et placée.
Le seul maître qu’il connaisse de cette science politique est l’abbé de Saint-Pierre, qu’il admire sans réserve, sauf la forme, et dont, selon lui, le seul malheur a été de ne pas être agréablement éloquent : « Quelques termes bizarrement placés, quelques idées de minuties qui l’occupent sur le chemin du grand, lui donnent du ridicule, et le ridicule dégoûte trop du bon en notre jolie patrie. » Mais au fond il lui accorde que « ses projets sont tous bons.
Ce qui manque à l’abbé de Pons comme à La Motte, dans l’émancipation littéraire qu’ils tentent, c’est une connaissance, une comparaison directe et plus variée des littératures et des poésies, l’habitude de se placer à des points de vue historiques différents, la faculté de s’éloigner tant soit peu de leur quai et de leur Louvre, en un mot ce qui fait et achève l’éducation du goût.
Je parle au point de vue du public, et je ne doute pas que de ces trois volumes qui sont presque inédits on n’en pût tirer un qui plairait à tout le monde, et qui placerait à un bon rang dans notre littérature morale le nom de Mme de Tracy.
quels bras eût-il eus pour lever de terre cette couronne tombée et la placer sur sa tête ?
J’en suis toujours à choisir dans Villon et à ne m’arrêter complaisamment que sur quelques-unes des choses exquises qui se détachent aisément du cadre artificiel où il les a placées.
Benjamin Constant, quoi qu’il en dît, savait très bien où placer cet enthousiasme que, d’ailleurs, dès ce temps-là, il n’avait plus du tout et qu’il n’avait même jamais eu ; mais il possédait des lumières, de l’activité, des talents à produire, il avait des préférences libérales (je ne le conteste pas) ; il jugea que ce gouvernement du Directoire était bon à appuyer ; il s’y rallia publiquement ; il le défendit par des brochures, par des discours dans des cercles politiques, avant et après le 18 fructidor : preuve que Benjamin Constant, n’en déplaise à son commentateur, admettait très bien qu’il y a des moments et des cas où, à la rigueur, les principes absolus doivent fléchir devant la nécessité et le salut de l’État.
Rien n’est plus comique et plus singulier que cette visite : c’est pour qu’elle soit placée dans ses fastes.
Les deux ou trois plâtres antiques qu’on voyait dans sa chambre quand on y allait, il ne songea à les y placer que depuis qu’il en eut besoin pour les jeter à la tête des gens.
Horace, à son retour de France, moins de six semaines après, se trouva d’autre part chargé confidentiellement par Louis-Philippe de certaines paroles amicales et très-conciliantes qu’il n’attendait que l’occasion pour placer.
Toutes corrections faites, voici l’ordre suivi dans cette exacte dévotion : il y a d’abord les statues en bois des Nymphes, puis les réservoirs qui forment bain pour y boire ; enfin le poète parle des statuettes plus petites (et comme des poupées), des Nymphes placées dans l’eau. » (Note de M.
., placés sur des particuliers.
Cette jeune âme d’abord consternée de son malheur, et qui sur l’arbre où son nid paisible était placé avait senti tomber la foudre, ne trouvait plus de sûreté, ne voulait d’abri et d’asile en définitive que sous l’arbre de la Croix.
Un jour, après une distribution de prix du Concours général, dînant chez le ministre de l’Instruction publique, il se trouva placé à côté de M.
Maurice, à vingt ans, avait servi sous lui dans les campagnes de Hongrie contre les Turcs (1716-1717) ; il l’avait vu à l’œuvre à la journée de Peterwardein, à celle de Belgrade : placé à ses côtés, il s’était appliqué à étudier de près ce grand modèle, et il se flattait, disait-il, de l’avoir pénétré.
Le futur lord Wellington fit placer notre général à sa droite, et, en présence du commandant des guérillas et des officiers de notre escorte qui s’étaient mis à table, le traita avec la plus grande distinction. » C’est alors que Wellington adressa au général Franceschi les paroles d’éloge que j’ai citées plus haut ; mais il n’osa faire davantage ni accéder à la demande du général d’être considéré comme prisonnier des Anglais et envoyé en Angleterre.
» Mais je ne puis nommer tous ceux que je voudrais, et je ne fais qu’indiquer ici un développement qui sera mieux placé ailleurs, et dans le livre que je sollicite.
Comme il les destinait à l’École polytechnique, il les plaça dans la pension Cordier et Decote, rue Sainte-Marguerite ; ils y restèrent jusqu’en 1818 et suivirent de là les cours de philosophie, de physique et de mathématiques au collége Louis-le-Grand.
Je trouve, dans les poésies que je laissais échapper alors, une pièce qui me paraît exprimer à merveille cette situation de mon âme, et que, pour cela, je veux placer ici : STANCES.
Placé dès 1813 à la bibliothèque du Roi, dont il est, depuis 1832, l’un des conservateurs, il ne cessa de vivre à la source de l’érudition et de la connaissance littéraire la plus variée et la plus abondante.
Cependant, si les vices qui ont déshonoré la Grèce s’y retrouvent dans toute leur laideur, ils ne s’y montrent plus dans leur audace ; ils ne sont plus attribués qu’à des êtres difformes ou ridicules, placés par l’esprit, le cœur et le sang, au dernier degré de l’échelle sociale.
Ronsard, mort depuis longtemps, mais encore en possession d’une renommée immense, et représentant la poésie du siècle expiré ; Malherbe vivant, mais déjà vieux, ouvrant la poésie du nouveau siècle, et placé à côté de Ronsard par ceux qui ne regardaient pas de si près aux détails des querelles littéraires ; Théophile enfin, jeune, aventureux, ardent, et par l’éclat de ses débuts semblant promettre d’égaler ses devanciers dans un prochain avenir.
Je conviendrai sans peine qu’il est de plus belles morts que celle du prince de Ligne ; mais, à moins de se placer au point de vue de l’éternité (chose toujours rare), on devra convenir aussi qu’il est peu de morts plus aisées et plus douces.
Il l’a aimée uniquement ; mais il y a trouvé pour lui, il y a placé pour les autres un principe de noblesse morale, un engagement à se mettre au-dessus de tous les sentiments mesquins.
On voyait les manufactures d’étoffes, les fabriques de montres qu’il avait créées, et dont il employait sa popularité européenne à placer les produits.
Ici se placent deux de ces anecdotes que recherchaient Bouvard et Pécuchet méditant une Vie du duc dAngoulême.
Mais nous en avons assez dit pour faire voir la liaison perpétuelle et intime des phénomènes littéraires et des phénomènes juridiques, et puisque, dans cette brève étude, nous nous sommes placé au point de vue de l’historien soucieux de démêler les rapports d’une littérature avec le milieu social environnant, nous pouvons résumer ainsi les recherches qui s’imposent à lui dans le domaine que nous venons de parcourir.
On doit l’honorer et le prier, sans croire jamais qu’un Dieu placé si haut s’occupe du sort des individus, sinon de certains individus privilégiés qui sont des princes chargés par lui de présider aux destinées des nations.
Lorsqu’après quelque temps, j’eus feuilleté la musique placée tout devant moi, j’y trouvai mêlées quelques brochures « l’œuvre d’art de l’avenir » « la musique de l’avenir », par Richard Wagner.
Mais, du moins, l’auteur, en créant ce monstre, l’a-t-il placé dans un milieu fantastique, en harmonie avec sa noirceur.
C’est lui encore qui, dans une comparaison aussi juste que spirituelle, a dit : Je compare l’ignorant et le savant à deux hommes placés au milieu d’une campagne unie, dont l’un est assis contre terre et l’autre est debout.
Du point de vue où il s’est placé, il ne voit dans ces scènes, où des masses d’hommes se sont sacrifiées pour de grandes causes, que des « transformations capricieuses » de la vie.
Pourtant il n’y a pas à se le dissimuler, c’est afin sans doute de mieux se tenir au niveau de l’humaine nature que Gil Blas n’a pas le cœur très haut placé : il est bon à tout, médiocrement délicat selon les occurrences, valet avant d’être maître, et un peu de la race des Figaro.
Mais il en est arrivé comme l’avait prédit son ami Caraccioli, lequel disait que l’abbé resterait deux mois dans ce pays, qu’il n’y aurait à parler que pour lui, qu’il ne permettrait pas à un Anglais de placer une syllabe, et qu’à son retour il donnerait le caractère de la nation et pour tout le reste de sa vie, comme s’il n’avait connu et étudié que cela.
On se prend à s’écrier en se rejetant en arrière : Ô le style des honnêtes gens, de ceux qui ont tout respecté de ce qui est respectable, qui ont placé dans les sentiments mêmes de l’âme le principe et la mesure du goût !
Celui qui trouve à placer le mot de minois en présence de pareils spectacles est jugé par cela même.
Cette méthode, qui n’est pas du tout celle de l’écrivain, me paraît, au contraire, assez naturelle et très utile à l’orateur, qui, ayant à parler à des foules et à improviser à chaque instant, doit avoir des amas de toute sorte, et à qui l’on ne demande jamais compte de ces répétitions, quand elles sont bien placées et qu’elles sont relevées par des traits d’un vif et soudain à-propos.
Voilà le naturel étrangement placé, dira-t-on, et entre deux singuliers voisins.
Dans quelle situation placera-t-il son élève ?
Il devait être placé, par la protection de Voltaire, auprès de M.
. — Mme de Bonneval mérite d’être placée à côté de Mlle Aïssé, parmi les plus gracieuses exceptions de cette époque de désordre et de licence.
Si vous placez la réaction, sous une forme quelconque, dans le plaisir et la peine, vous pourrez ne pas la mettre à part sous le nom de volonté, mais ce ne sera plus alors qu’une question de mots.
* * * — Une expression caractéristique d’un brocanteur, sur les bras duquel était resté un objet, assez difficile à placer : « Oh !
La politique partage avec la morale l’usage des principes et des bases et pendant que les uns se placent « sous la sauvegarde de nos immortels principes », d’autres, sans vergogne, « sapent les bases de l’édifice social ».
. — Dans l’ouvrage dont nous venons de donner une esquisse, Guyau s’est placé à un point de vue dont on ne saurait méconnaître l’originalité et dont nous avons indiqué déjà ailleurs l’importance10.
Il y a longtemps que les philosophes grecs ont placé le beau dans l’harmonie, ou du moins ont considéré l’harmonie comme un des caractères les plus essentiels de la beauté ; cette harmonie, trop abstraitement et trop mathématiquement conçue par les anciens, se réduit, pour la psychologie moderne, à une solidarité organique, à une conspiration de cellules vivantes, à une sorte de conscience sociale et collective au sein même de l’individu.
S’emparant des innovations des romantiques allemands, il leur apprit une langue plus simple ou plus subtile que celle de la période classique ; il a profité de leurs tentatives d’introduire dans une littérature septentrionale, les poèmes à forme fixe de l’Orient et du Midi ; à leur suite, il mit en vers dans ses ballades les sombres incidents de l’histoire du moyen âge, et plaça souvent la scène de ses écrits dans les pays traditionnellement poétiques, en Italie, en Espagne, dans l’Inde.
Ils se placent dans une citadelle inviolable en arborant le drapeau de la belle indépendance.
Elles trouvent sous leur plume des tours et des expressions qui souvent en nous ne sont l’effet que d’un long travail et d’une pénible recherche ; elles sont heureuses dans le choix des termes, qu’elles placent si juste, que tout connus qu’ils sont, ils ont le charme de la nouveauté, semblent être faits seulement pour l’usage où elles les mettent ; il n’appartient qu’à elles de faire lire dans un seul mot tout un sentiment, et de rendre délicatement une pensée qui est délicate ; elles ont un enchaînement de discours inimitable, qui se suit naturellement, et qui n’est lié que par le sens.
Par un violent effort ils ont voulu se placer au centre même du réel, et par une sorte de sympathie intellectuelle, communier avec la nature.
Quand les Grecs et les Latins ont dit quelques mots d’un paysage, ce n’a jamais été que pour y placer des personnages et faire rapidement un fond de tableau ; mais ils n’ont jamais représenté nuement, comme nous, les fleuves, les montagnes et les forêts : c’est tout ce que nous prétendons dire ici.
Ce Dictionnaire, dit universel, n’indique point les nuances fines & délicates qui différencient un même mot placé différemment, ou plusieurs mots crus synonymes.
Tout est bien imaginé, bien ordonné, les figures bien placées, les objets bien distribués, les effets de lumière tout prêts à se produire ; mais point de peinture, point de magie ; il faut que l’artiste soit faible ou paresseux, et qu’il lui soit pénible de finir.
Il est clair par les raisons que nous avons exposées, qu’il est bien plus facile aux écrivains latins de faire des alliances agréables entre les sons, de placer tous les mots d’une phrase auprès d’autres mots qui se plaisent dans leur voisinage : en un mot de parvenir à ce que Quintilien appelle inoffensam verborum copulam, qu’il n’est possible aux écrivains françois de le faire.
Romain-Caze d’avoir placé le trône de la Vierge Marie sur une estrade d’un gris si pâle et si effacé : le gris ne sera jamais de mise dans ce lumineux pays du Paradis qui fera l’éternelle joie des coloristes morts en état de grâce !
Une citation des deux frères était placée en exergue : « La parole, le son, la couleur, la forme, la ligne sont des moyens d’expression.
Il peut rédiger l’épitaphe pour le tombeau du poète qu’il placera aussi sur son coteau modéré.
Il a les qualités d’expression en ronde-bosse, que les poètes de ce temps ont placées si haut, et de plus il a la correction qu’ils n’ont pas, — la correction irréprochable et sévère qui écrit des strophes comme celle-ci : Des rouges tenailles les pincent, Des râpes entament leur chair, Et leurs dents convulsives grincent Comme du fer contre du fer !
Comment ceux qui se placent d’eux-mêmes en dehors de toute humanité, prétendraient-ils la conduire ?
Le sujet ne pouvant être à côté de son roi par la puissance, voulut s’y placer par la gloire.
Voilà pourquoi, dès le début, malgré quelques aberrations que nous ne prétendons pas défendre, George Sand, en abordant le roman, s’est placée en pleine justice, en pleine vérité. […] Pour lui comme pour nous, Sainte-Beuve n’est pas assez haut placé parmi les chanteurs de ce siècle : pour lui comme pour nous, Joseph Delorme reste la principale et plus remarquable œuvre poétique du maître. […] Mais, du plus humble collège à la chaire la plus élevée de la Sorbonne, un instituteur quelconque ne saurait placer trop haut l’idéal qu’il propose à ses disciples. […] Il en rapporta la Grèce moderne qui parut en 1830 et lui valut de glorieux suffrages, entre autres ceux de Villemain, toujours bienveillant et juste envers lui, et de Victor Hugo, qui plaçait ce livre au-dessus de l’Itinéraire. […] Il avait renoncé à creuser les anciennes questions ; où il trouvait un abîme il plaçait une divinité qui en cachait les profondeurs sous la pourpre.
Ainsi, dans Molière, un homme placé entre deux femmes qui l’aiment et les trompant sous les yeux l’une de l’autre par de belles paroles. […] Sans quoi, la scène ne peut plus se détacher des circonstances qui l’accompagnent et se trouve, en quelque sorte, rivée à la situation où le poète l’a placée. […] Il est impossible, au contraire, d’imaginer qu’un séducteur placé entre deux femmes, puisse jamais, en aucun siècle et en aucun pays, parler autrement que ne fait don Juan, entre Charlotte et Mathurine. […] Mais où vouliez-vous qu’il le plaçât ? […] On lui plaçait des pétards sur la chaise où elle allait s’asseoir, et les gentilshommes, qui étaient une fleur de courtoisie, s’esclaffaient à la voir sauter en l’air.
Racine ne devait pas donner à ces mots vous pleurez, une expression plus forte ; et même il a placé devant des questions oiseuses et communes, telles que : Que vois-je ? […] C’est à peu près ce que Pierre Corneille disait à un vieillard qui me l’a raconté : Cela est tendre, touchant, bien écrit ; mais c’est toujours un Français qui parle. » Il est difficile de renfermer en moins de lignes plus d’erreurs, plus d’artifice et de mauvaise foi : Voltaire lui-même convient, dans une autre lettre, qu’un vers détaché peut paraître faible, tandis qu’il produit un très bon effet dans le morceau où il se trouve placé ; il dit à M. […] Ce ton n’a ni la dignité ni même la politesse qu’exige la scène : il semble que cette question froide et incivile ne soit placée là que pour amener la réponse très sèche d’Iphigénie : Rassurez-vous, seigneur, vos vœux seront contents ; Iphigénie encor n’y sera pas longtemps. […] Il voyait entrer tout le monde, faisait placer les dames, maintenait l’ordre partout. […] Ce qui a fait la fortune de la pièce, qui n’eut que treize représentations dans la nouveauté, c’est le caprice de quelques actrices à la mode, qui se sont piquées de briller dans la scène d’Harpagême avec sa pupille ; dans le nombre il faut placer une illustre tragédienne, mademoiselle Lecouvreur, qu’on n’aurait pas soupçonnée d’ambitionner la gloire d’une petite amoureuse de comédie.
Il s’est inquiété sans doute des conditions dans lesquelles une société d’hommes doit être placée ou se placer pour être à peu près bien ; mais il s’est demandé encore plus ce qu’est l’homme et comment il doit être pour vivre à peu près heureux dans quelque société que ce soit. […] Il doit surtout connaître cette terre où la destinée l’a placé, pour s’y accommoder le mieux possible.
J’ajoute que ce livre est pour plaire à ceux qui placent l’âge d’or dans l’avenir, aux partisans du progrès, à ceux qui ont foi dans l’amélioration de la destinée humaine sur la terre. […] Le premier dessein est d’un très grand intérêt ; car on sait assez que, placés entre l’Italie, la France et l’Empire, les pauvres ducs de Savoie étaient, comme M. d’Haussonville les appelle spirituellement, les « portiers des Alpes », et que, malgré l’infime petitesse de leur empire, le sort, bien souvent, des plus grandes guerres dépendait de leur hostilité ou de leur alliance. […] En régime socialiste les riches et les forts qu’on aurait parfaitement dépossédés, du moins partiellement, iraient dans les pays non socialisés, où ils auraient placé par avance, à les supposer prudents, leurs capitaux mobilisables, et ils y vivraient et feraient souche ; et ce serait comme la Révocation de l’Édit de Nantes ou comme l’Émigration, moins le retour ; et voilà tout. […] » cela veut dire : « À quel point de vue faut-il se placer pour lire les romans de Goncourt ? […] Il a dit : « Le souci des choses du dehors doit prédominer ; les choses du dehors doivent être placées au-dessus de toutes les autres. » Voilà la leçon.
Ces doctrines ont surgi partout en même temps sous des formes subtiles ou grossières avec une vitalité extraordinaire depuis l’époque de la Révolution française à peu près, et tous les systèmes socialistes se sont placés comme involontairement sur le terrain commun de ces doctrines… » Voilà les résidus de Christianisme qu’il importe de brûler et les ombres de Christianisme qu’il importe de faire disparaître. […] Mais il jouit de son désintéressement d’une façon intense ; mais il prend un intérêt infini à son désintéressement ; mais il n’a pas sacrifié son moi, il l’a mieux placé, et, en le plaçant mieux, il l’a augmenté, comme un capital ; il l’a prodigieusement augmenté. […] Parfois, peut-être, s’est-on placé au point de vue de l’éducation, ce point de vue qui sanctifie tant de mensonges, et a-t-on voulu avoir de tendres égards avec des êtres qui se développent et qui croissent, avec des disciples, qu’il faut souvent par la foi en la personne qui enseigne, par une erreur, défendre contre eux-mêmes. […] Ce serait là placer les poètes sur la tête, les poètes qui, surtout comme Shakespeare, sont amoureux de la passion en soi, et non, aucunement, de la disposition à la mort qu’elle engendre, cette disposition où le cœur ne tient pas plus à la vie qu’une goutte d’eau au verre. […] Je crois bien qu’en définitive elles ont plutôt été utiles ; mais ce n’est pas à ce point de vue que j’avais à me placer. » L’artiste crée du beau, le savant découvre du vrai, la politique crée du bien public.
La plupart des légendes chrétiennes, comme la Vision de Tundal, celle de saint Patrice, de saint Paul, du moine Albéric, plaçaient les Justes dans un lieu qui n’est pas le ciel théologique et où ils attendent le jour du Jugement dernier. […] Mais il a placé dans ses Limbes le sultan Saladin et les deux sages islamiques, Avicenne et Averroès « qui fit le grand commentaire » (d’Aristote). […] Sur la couverture des Châtiments il avait annoncé en préparation les Petites Épopées où se placeraient naturellement des poèmes composés déjà depuis quelques années : Aymerillot, le Mariage de Roland, Après la bataille. […] Malgré l’article de Sainte-Beuve, malgré l’enthousiasme de George Sand, il ne fallut guère moins d’un demi-siècle (Dominique est de 1862) pour qu’on le plaçât enfin parmi les chefs-d’œuvre du roman français. […] Et tous les moments solennels ou dramatiques de sa vie se placeront en automne.
La lumière était tout à la fois chaude et transparente, et pour donner une vie nouvelle à cette nature si gracieuse dans sa simplicité, le soleil se couchait derrière les écueils fantastiques de ces îles Courzolaires où George Sand a placé la scène de son petit roman de l’Uscoque. […] Je dirai aussi quelques mots de lord Byron, cherchant à marquer du point de vue où je suis placé la part de chacun de ces trois grands poètes dans l’influence commune, et malheureusement très funeste, qu’ils ont exercée sur la littérature contemporaine. » L’ouvrage qu’il roulait dans son esprit et dont il avait déjà fixé le plan avait été conçu à cette occasion et dans cet ordre d’idées.
Les Français placent celles-ci infiniment au-dessus des premières50. […] parce que le poète a eu bien soin de ne nous intéresser à aucun des personnages de sa comédie, et que dans le monde purement idéal où ils sont placés, nous savons qu’ils ne manqueront jamais d’expédients pour se tirer d’affaire.
À peine eut-il accepté la charge d’une fonction subalterne, et se fut-il placé, à l’égard de ses protecteurs, dans une position dépendante qu’il ne tarda pas à pénétrer les motifs d’une bienveillance trop attentive pour être désintéressée. […] « Pétrarque, ce grand maître dans la science du cœur et dans le mystère de l’amour, a dit au commencement de son Traité sur la Vie solitaire : « Je crois qu’une belle âme n’a de repos ici-bas à espérer qu’en Dieu, qui est notre fin dernière ; qu’en elle-même et en son travail intérieur ; et qu’en une âme amie, qui soit sa sœur par la ressemblance. » C’est aussi la pensée et le résumé du petit livre que voici : « Lorsque, par un effet des circonstances dures où elle est placée, ou par le développement d’un germe fatal déposé en elle, une âme jeune, ardente, tournée à la rêverie et à la tendresse, subit une de ces profondes maladies morales qui décident de sa destinée ; si elle y survit et en triomphe ; si, la crise passée, la liberté humaine reprend le dessus et recueille ses forces éparses, alors le premier sentiment est celui d’un bien-être intime, délicieux, vivifiant, comme après une angoisse ou une défaillance.
Il faut serrer les choses de plus près ; il faut placer chaque trait de caractère du jeune prince en regard de chaque particularité de son éducation. […] Si, au contraire, dans le temps de Molière et de Bossuet, quelqu’un n’est pas tout à fait content de notre langue ou s’avise de regretter ce qui lui manque, c’est un écrivain excellent, il est vrai, mais qui ne l’est pas jusqu’à ce degré suprême, c’est La Bruyère169; c’est aussi Fénelon, que je consens à placer bien haut, pourvu que ce soit au-dessous de Molière et de Bossuet.
A propos de ce second exemple, Spencer est plus heureux : il remarque que le mot grande, placé au début, éveille les associations d’idées vagues et émouvantes attachées à tout ce qui est grand et majestueux : « L’imagination est donc préparée à revêtir d’attributs nobles ce qui suivra. » A la bonne heure ; mais ce qu’il en faut conclure, c’est que la place du mot dépend de l’effet qu’on veut produire et de l’idée sur laquelle on veut insister. […] Or, le style est précisément l’art d’intéresser, l’art de placer la pensée, comme on ferait d’un tableau, sous le jour qui l’éclairé le mieux, c’est l’art enfin de la rendre frappante, de la faire saillir en relief, et passer, pour tout dire, de l’auteur à autrui dans sa plénitude.
De même le premier orateur qui employa la prosopopée 27 fut, en quelque mesure, sincère ; il représenta à sa manière le phénomène qu’Homère avait décrit en poète, et le même instinct esthétique lui suggéra de placer à tort dans la bouche du conseiller imaginaire la démonstration du précepte après son énoncé. […] Elle est également un phénomène de transition en un autre sens, si nous nous plaçons au point de vue de la succession des phénomènes : succédant à la parole intérieure calme, elle précède et prépare souvent une explosion plus ou moins vive de la parole extérieure ; ou bien elle succède à la parole extérieure, et ce n’est que peu à peu que l’âme revient à l’état calme de la parole intérieure.
La reconnaissance attentive, disions-nous, est un véritable circuit, où l’objet extérieur nous livre des parties de plus en plus profondes de lui-même à mesure que notre mémoire, symétriquement placée, adopte une plus haute tension pour projeter vers lui ses souvenirs. […] Ne sentons-nous pas plutôt que nous nous plaçons dans une certaine disposition, variable avec l’interlocuteur, variable avec la langue qu’il parle, avec le genre d’idées qu’il exprime et surtout avec le mouvement général de sa phrase, comme si nous commencions par régler le ton de notre travail intellectuel ?
En le nommant à l’évêché de Condom, en lui confiant l’éducation du dauphin, Louis XIV le plaça sur le seul théâtre où son génie pût recevoir sa perfection. […] Voulant faire voir le vrai et le faux sur chaque point où le pur amour et le quiétisme pouvaient se toucher, il avait placé, en regard de chaque proposition fausse et condamnable, la proposition qu’il estimait vraie et autorisée par les parfaits. […] Le représentant du catholicisme, c’est-à-dire de l’universel, devait repousser une doctrine à l’usage d’esprits de choix, d’âmes placées dans un certain état, laquelle corrompait l’excellence même du christianisme, qui est d’être la religion de tout le monde, des esprits de toute nature et de tout état.
A notre avis, cela se rencontre dans quelques cas très rares d’extase que nous analyserons plus tard ; mais c’est un instant fugitif, parce que la conscience, placée en dehors des conditions rigoureusement nécessaires de son existence, disparaît. […] Le seul fait d’être placé dans une certaine attitude, un certain milieu, entraîne le reste ; l’attention se produit et se maintient moins par des causes actuelles que par des causes antérieures accumulées ; les mobiles habituels ont pris la force des mobiles naturels. […] La conscience est placée en dehors de ses conditions nécessaires d’existence, et les éléments nerveux qui sont les supports et les agents de cette prodigieuse activité ne peuvent y suffire longtemps.
Jamais la raison n’aura été placée plus haut. […] Anticipant sur l’avenir, il désignera la série entière, on le placera au bout, que dis-je ? […] L’humanité est invitée à se placer à un niveau déterminé, — plus haut qu’une société animale, où l’obligation ne serait que la force de l’instinct, mais moins haut qu’une assemblée de dieux, où tout serait élan créateur.
Ramener le commentaire et la critique des grands lyriques du XIXe siècle français à un délicieux ensemble de considérations aussi fines qu’élevées sur les choses divines et les plus hautes choses humaines, thème continuel de leur muse, est-ce traiter de « poésie pure », se placer, comme il convient, à un point de vue de « poésie pure » ? […] Naïfs et raffinés de sensibilité à la fois, ces musiciens, avec leur parti de ne plus ouvrir leur cœur qu’aux chants de la terre russe, s’étaient placés dans la condition artistique des primitifs, tandis que, autour d’eux, l’art musical européen avait atteint depuis longtemps le plus haut degré de perfection technique, la plus éblouissante richesse et sûreté de moyens. […] Souvent le maître symphoniste s’affirme dans les opéras et combien de fois ce qu’on y peut trouver à redire pour la froideur de l’expression est-il compensé par ce qu’il y faut admirer pour l’élégance souveraine de la forme et l’équilibre d’une composition d’où rien de vif ne s’élance, mais où tout est admirablement placé ! […] III — La leçon de Wagner (A propos de Tristan et Yseult) J’ai voulu réentendre Tristan, que l’Opéra-Comique a placé dans son répertoire.
Préface Si l’on croit nécessaire de connaître la méthode générale qui a guidé l’auteur dans cette seconde série de Masques, on se reportera aux pages placées en tête du premier tome. […] Barrès, de meilleure race et de cerveau supérieur, n’a joué sur cette carte, le Pouvoir, que la moitié de sa fortune ; l’autre moitié, jusqu’ici plus fructueuse, fut placée par lui, et dès la première heure, dans la littérature. […] C’est peut-être là qu’il faut placer le fameux sperne te sperni, car il arrive que les entreprises les plus méprisées deviennent une source de gloire et une source de bonheur. […] Dans ses orbites creux, d’épouvantes remplis, J’ai fait coller deux très beaux lapis-lazulis ; J’ai mis artistement sur l’os blanc de sa nuque, Poli comme un ivoire, une vieille perruque ; J’ai, dans ce faux chignon, répandu ses parfums Préférés (souvenir de mes amours défunts) ; J’ai placé, pour cacher son rictus trop morose, A ses troublantes dents ma cigarette rose, Puis j’ai posé le tout (à la place d’un saint) Dans une niche, sur les velours d’un coussin.
Il était pauvre, et ne parvenait pas toujours à placer sa copie ; l’argent qu’il avait eu jadis, il l’avait gaspillé si vite qu’il lui semblait n’en avoir jamais eu. […] Lamartine ne se gênera pas pour si peu, qui, lorsqu’il décrira dans Jocelyn des paysages de haute montagne, y placera les souvenirs qu’il avait gardés des douces collines toscanes : de sorte que les connaisseurs en flore et en faune alpestres en resteront étonnés et choqués. […] Si nous pénétrons dans son intérieur, nous y trouverons des métaux, des minéraux, des pierres, des bitumes, des sables, des terres, des eaux, et des matières de toute espèce, placées comme au hasard et sans aucune règle apparente. […] Leibniz, le fondateur de l’optimisme, aussi grand poète que profond philosophe, raconte quelque part qu’il y avait dans un temple de Memphis une haute pyramide de globes placés les uns sur les autres ; qu’un prêtre, interrogé par un voyageur sur cette pyramide et ces globes, répondit que c’étaient tous les mondes possibles, et que le plus parfait était au sommet ; que le voyageur, curieux de voir le plus parfait des mondes, monta au haut de la pyramide, et que la première chose qui frappa ses yeux attaches sur le globe du sommet, ce fut Tarquin qui violait Lucrèce… »— Pensées sur l’interprétation de la nature, Œuvres, II, 85 ; à propos de Pope : « J’ai vu de savants systèmes, j’ai vu de gros livres écrits sur l’origine du mal ; et je n’ai vu que des rêveries.
Mais surtout, dans un temps où l’on jouissait profondément de « la douceur de vivre », on lui était reconnaissant du respect ému, quasi religieux, qu’il professait pour « l’institution sociale » ; des raisons profondes qu’il semblait qu’il eût trouvées pour en placer les titres au-dessus même des lois ; on lui était reconnaissant des perpectives de perfectionnement croissant qu’il ouvrait à ses contemporains ; — et nous, encore aujourd’hui, si cette religion ne suffit pas à nos yeux pour faire l’unité de l’Esprit des lois, elle en fait du moins la noblesse. […] C’est l’idée maîtresse de son livre, et c’est donc à ce point de vue qu’il nous faut nous placer si nous voulons « découvrir le dessein » de tout l’ouvrage. […] Car aussi longtemps qu’il a suivi les traces de Diderot et de Sedaine, dans son Eugénie, dont il a placé la scène en Angleterre, 1767, et dans ses Deux Amis, 1770, il n’a fait que de médiocre besogne. […] Les Élégies de Chénier, — et qu’elles sont bien de leur temps, pour la phraséologie dont l’idée s’y enveloppe ; — pour la manière dont elles sont placées sous l’invocation des Lycoris, des Camille et des Fanny ; — pour le caractère impersonnel que le poète s’est efforcé d’y observer ; — pour la sensualité qu’elles respirent ; — et enfin pour une espèce d’amoureuse férocité, — qui trahit le voisinage des Liaisons dangereuses.
Ici il ne s’agit que de votre moral et point du tout de vos projets terrestres… Je vous trouve audacieux de porter les regards à la hauteur où je me suis placée, mais le proverbe ne dit-il pas que le soldat qui n’aspire pas à devenir maréchal de France n’est qu’un mauvais soldat. […] Il serait peut-être possible de placer le jardin (quand même il n’aurait qu’une superficie de 50 mètres) de telle façon que j’y puisse faire des études sans être vue de la rue. […] Cher monsieur, Vous devez avoir des démarches ennuyeuses à faire pour votre concert, permettez-moi de vous avancer cette misérable somme sur les billets que je placerai ; seulement, je vous prie de ne pas considérer cette niaiserie comme un service. […] Allusion au dessin placé en tête de la lettre précédente.
Toute jeune, elle conspira avec le poète Alcée contre le tyran Pittacus, et elle fut obligée de fuir sa patrie ; les marbres d’Oxford placent dans l’année 596 son exil de Mytilène. […] L’école de Ronsard plaçait Maurice Scève à côté de Jean le Maire de Belges, c’est-à-dire parmi les précurseurs dignes d’être honorés, et Joachim du Bellay ne manquait pas de lui adresser le sonnet flatteur que voici : Gentil esprit, ornement de la France, Qui d’Apollon sainctement inspiré, T’es le premier du peuple retiré Loin du chemin tracé par l’ignorance, Scève divin, dont l’heureuse naissance N’a moins encor son Rosne décoré Que du Thouscan le fleuve est honoré Du tronc qui prend à son bord accroissance : Reçoy le vœu qu’un dévot Angevin, Enamouré de ton esprit divin, Laissant la France1, à ta grandeur dédie : Ainsi toujours le Rosne impétueux, Ainsi la Saône au sein non fluctueux Sonne toujours et Scève et sa Délie. […] Ces savants élèves de Cujas, ces vertueux sénateurs, Achille de Harlay et Barnabé Brisson à leur tête, se mirent en frais de gentillesse, et placèrent à l’envi le puceron bienheureux au-dessus de la colombe de Bathylle et du moineau de Lesbie. […] Œdipe veut placer ses propres filles, et son déplaisir est grand, lorsque Thésée lui avoue sa passion pour Dircé. […] Une note, placée en tête de la première publication du Vengeur, nous avertit, comme motif d’excuse, ou cas singulier, que le poète a composé cette ode, de soixante-dix vers environ, en très peu de jours et presque d’un seul jet.
Balzac a fait plus encore, il a pris, placé parmi les grands initiés à la science de l’homme et de la vie. […] L’excellente biographique, placée par Eugène Crépet au seuil de l’édition des Œuvres posthumes, nous renseigne abondamment sur cette période. […] Je contemple la grande table ronde ou reposent les Hommes illustres de Perrault, et le tabouret recouvert d’une toile de Jouy à chinoiseries, les deux beaux canapés, les fauteuils, la grande jardinière dorée, la petite console d’angle qui supporte des monnaies du pape, les deux hauts vases bleus garnis de roseaux, la potiche chinoise de la cheminée, où l’on plaçait dès fleurs de magnolias. […] Il y eut, à Passy, des périodes particulièrement troublées, surtout celle qui se placé entre la séparation de La Pouplinière d’avec sa femme et son remariage avec Mme de Mondran ; mais le financier ne savait pas que payer de sa bourse, il savait aussi payer de sa personne et mettre bon ordre à ce que Mme Geoffrin appelait sa « ménagerie ». […] Elle s’est assise dans son fauteuil, elle a tiré de l’étui ses besicles d’écaillé, ouvert le tiroir de son secrétaire où les rouleaux de louis n’abondent pas, mouché la chandelle et placé devant elle le cahier dont le ruban vert a alors sa vive couleur.
En résumé, idéalisation du sentiment qui fait le sujet, en laissant à l’art du conteur le soin de placer ce sujet dans des conditions et dans un cadre de réalité assez sensible pour le faire ressortir. » George Sand n’a pas été infaillible dans l’application de cette théorie. […] Parmi tous les grands sentiments qu’elle symbolise, il faut placer incontestablement l’amour pur. […] En peu de mots, je pense résumer le mien : Ne pas se placer derrière la vitre opaque par laquelle on ne voit rien que le reflet de son propre nez. » Cette insignifiance d’aspect n’était que pour le premier regard. […] J’ai bien gagné un million avec mon travail (en 1869) ; je n’ai pas mis un sou de côté ; j’ai tout donné, sauf vingt mille francs, que j’ai placés pour ne pas coûter trop de tisane à mes enfants si je tombe malade ; et encore ne suis-je pas bien sûre de garder ce capital ; car il se trouvera des gens qui en auront besoin, et si je me porte assez bien pour le renouveler, il faudra bien lâcher mes économies. […] À côté de ces conseils, nous voudrions en placer d’autres, empruntés à des lettres inédites au comte d’A…, dont la belle-fille est devenue plus tard un de nos meilleurs romanciers.
De ce luxe de détails, de ces pages substantielles résulte parfois le malaise qu’on éprouve à voir un tableau trop rempli et qui, surchargé d’objets placés les uns sur les autres, manque forcément d’air et de perspective. […] Je ne veux pas déflorer l’intérêt du roman et je m’arrête à regret, ne pouvant citer une belle page contenant le récit de la mort d’un soldat qui, à travers son agonie, voit flotter de la fenêtre de sa chambre, le drapeau placé sur un monument public et qu’il prend pour celui de son régiment entrant dans la mêlée d’une bataille. […] Les vivants vont vite, et c’est avec une incroyable rapidité qu’un nouveau bataillon vient se placer devant celui des jeunes de la veille, devenus vétérans en un jour. […] Je restais rêveur, contemplant ces mots, lorsqu’un quart de la bibliothèque s’ouvrit subitement devant moi, comme une porte de féerie, livrant passage à un homme de moyenne taille aux cheveux blancs, aux petits yeux vifs enfoncés sous de larges sourcils, surmontés d’une paire de lunettes, placées sur le front pour laisser reposer les yeux.
Il y apportait cette candeur dont parle le poète antique : Albt, nostrorum sermonum candide judex… Il refusait de se placer au rang qu’il considérait comme le plus désirable : celui des créateurs d’âmes. […] Aujourd’hui, et jusqu’à un moment impossible à prévoir, les salons se trouvent placés en dehors de toute grande et large influence de direction sur la politique et sur les affaires. […] Souvent mon père et ma mère me prenaient, le matin, dans leur lit, et me plaçaient entre eux. […] Cette idée de la souffrance du fragile être féminin, du danger continu où le placent et son infirmité naturelle et sa faiblesse sociale, devait se formuler plus tard dans ses livres avec une exaltation touchante, mais morbide, qui sent l’hôpital, la maison de santé et la clinique. […] Lors des grands dîners, le maître d’hôtel plaçait devant M. de Talleyrand un plat que ce dernier se réservait de servir à ses convives de ses propres mains.
Mais voilà, quand les batailles du roi sont bel et bien ordonnées (trois grosses batailles et deux moindres, mais d’élite, placées en tête), voilà qu’arrive au galop, piquant des deux et venant de Poitiers, le bon cardinal de Périgord, qui va se démener tout le jour à vouloir faire la trêve entre les deux armées : rôle honorable, mais vain, et qui le fait un peu ressembler à l’archevêque Turpin dans les romans des douze pairs26.
Élevée à Maubuisson, placée ensuite à l’Abbaye-aux-Bois où elle s’ennuyait, Mlle de Châteaubriant, dès ses premiers pas dans le monde de Chantilly, y sentit se développer des instincts de dissipation, de bel esprit et de coquetterie qui désolèrent Lassay avant même qu’il en fût victime : On est trop heureux, lui disait-il, de trouver une seule personne sur qui l’on puisse compter, et vous l’avez trouvée ; vous devez du moins en faire cas par la rareté ; il me semble pourtant que vos lettres commencent à être bien courtes, et qu’elles ressemblent à celles que vous m’écrivez quand vous êtes désaccoutumée de moi ; vous avez un défaut effroyable, c’est que, dès qu’on vous perd de vue, vous oubliez comme une épingle un pauvre homme qui tout le jour n’est occupé que de vous.
Aux séances de son Académie, il se plaçait près de la porte, afin de pouvoir sortir le premier et s’esquiver.
Je ne vois pas que ce sens, qui est assez fin, soit mal placé dans la bouche d’un vieillard un peu troubadour et maître, à sa manière, dans la gaie science.
En supposant même que rien de tout cela n’arrive, que les ennemis se retirent, que la tranquillité intérieure se rétablisse et que le pouvoir se raffermisse, entre les faibles mains où on l’a replacé, que pouvons-nous raisonnablement attendre d’une administration effarée, incertaine, enivrée de tous les principes qui tourmentent la société depuis vingt-cinq ans ; d’un chef bon, mais aveuglé au point de méconnaître également, et les hommes et les choses, et de placer sa personne sous la protection du poignard des assassins, et l’État sous la sauvegarde des institutions auxquelles la France a été redevable, pour tout bienfait, du règne de la terreur et de celui de Napoléon ?
Au milieu de sa fatale maladie, elle était encore agitée du désir de placer mon cher Valmore à Paris. — Mon bon Félix, je t’en prie, dis une prière pour cette femme presque divine.
» Oudinot, Macdonald, Ney, placés à la tête d’armées secondaires, justifièrent trop bien le pronostic dès cette reprise d’armes et furent successivement battus.
Il comprend son rôle de chantre populaire ; il s’y tient jusqu’au bout ; il a certes le droit d’y placer son orgueil, puisqu’il ne s’en fit jamais un marchepied vers le but des ambitions mesquines.
Son père avait été placé à Ouchi pendant quelques mois dans les péages.
Mais tout cela, plus loin, se rachète par des traits d’esprit vifs, des souvenirs bien placés, quelque prise à partie intéressante, beaucoup d’acquis bien mis en œuvre.
Il y a des chapitres où l’astérisque, signe placé par l’éditeur en tête des pensées inédites, reparaît à chaque instant.
Lorsqu’il entreprit de les imiter, il se plaça tout d’abord au premier rang par sa critique savante, nourrie, modérée, pénétrante, par ses analyses exactes, ingénieuses, et même par les petites notes qui, bien faites, ont du prix, et dont la tradition et la manière seraient perdues depuis longtemps, si on n’en retrouvait des traces encore à la fin du Journal actuel des Savants 132 ; petites notes où chaque mot est pesé dans la balance de l’ancienne et scrupuleuse critique, comme dans celle d’un honnête joaillier d’Amsterdam.
Placée en face des choses, elle reçoit l’impression plus ou moins exacte, complète et profonde ; ensuite, quittant les choses, elle décompose son impression, et classe, distribue, exprime plus ou moins habilement les idées qu’elle en tire Dans la seconde de ces opérations, le classique est supérieur.
-H… étant hypnotisé, on plaça devant lui un verre d’eau pure qu’on l’amena à prendre pour du brandy.
Et maintenant elle était placée au-dessus, non à côté de l’homme, elle était adorée, servie, obéie : pour elle, pour la mériter ou pour lui plaire, les chevaliers entreprenaient leurs plus téméraires aventures.
Il comprit qu’il fallait asseoir sa vie sur des fondements plus solides que des succès de conversation : il travailla à se placer aux côtés des grands hommes qu’il admirait alors docilement avec le monde : Lamotte, J.
L’art doit se placer au-dessus de pareilles classifications provisoires ; littérairement cela va de soi, j’entends conserver la faculté d’admirer, avec tout le bon et le mauvais que cela comporte, un Duhamel ou un Dorgelès malgré leurs amis ; de même — malgré leurs thuriféraires — un Charles Péguy ou un Paul Claudel.
Cette fantasmagorie ne vaut guère mieux que les tigres de carton que les Chinois plaçaient sur leurs forteresses pour empêcher nos gens de donner l’assaut.
Toutefois Luther, quoique placé le plus près des abus de la doctrine des bonnes œuvres, ne leur avait pas ôté toute part dans la justification.
L’idée de placer la France du dix-septième siècle à la tête de l’Europe intellectuelle, de faire accepter de tout le monde l’appellation du Siècle de Louis XIV, de présenter à l’esprit humain, comme sa plus parfaite image, l’esprit français personnifié dans nos écrivains, nos savants et nos artistes, cette idée-là ne vint à Voltaire ni d’un besoin public, ni d’une invitation de la mode.
Qui n’a senti, à certains moments de calme, que les doutes qu’on élève sur la moralité humaine ne sont que façons de s’agacer soi-même, de chercher au-delà de la raison ce qui est en deçà et de se placer dans une fausse hypo-thèse, pour le plaisir de se torturer ?
Le bonhomme se retourne, s’imaginant qu’ils parlent à quelqu’un placé derrière lui, Quand il est bien convaincu que ses fils s’adressent à lui, il faut voir comme il se fâche ; et il faut entendre de quel ton son frère lui explique cette mode du grand monde. « C’est, dit-il, que le terme de mon père est trop ignoble, trop grossier ; il n’y a que les petites gens qui s’en servent ; mais chez les personnes aussi distinguées que Messieurs vos fils, on supprime dans le discours toutes ces qualités triviales que donne la nature, et, au lieu de dire rustiquement mon père comme le menu peuple, on dit Monsieur ; cela a plus de dignité89. » L’ironie est visible, et, dans les pièces de Marivaux, les parents tutoient déjà leurs enfants, ce qui est un acheminement à se laisser tutoyer par eux.
Est-ce dans le pouvoir de se nuire à soi-même & de se donner la mort, qu’on doit placer la liberté de l’Homme ?
Mais quel moyen employer dans les circonstances violentes où l’on s’est placé ?
j’en ai déjà un de placé.
Vendredi 14 novembre On m’apporte aujourd’hui mon lit, le fameux lit de campagne de la princesse de Lamballe, provenant du château de Rambouillet, et quand ma chambre complètement finie, m’apparaît dans sa coquette élégance, la première pensée qui me vient, c’est où les croque-morts placeront la bière, quand ils viendront me chercher sur ce lit.
C’est que les deux développements de la pensée et du langage sont d’abord assez indépendants251; peu à peu, ils se coordonnent, et les idées se placent sous les mots, connubio junguntur stabili.
Mais autant il serait à souhaiter qu’on n’écrivît jamais des ouvrages de goût que dans sa propre langue, autant il serait utile que les ouvrages de science, comme de géométrie, de physique, de médecine, d’érudition même, ne fussent écrits qu’en langue latine, c’est-à-dire dans une langue qu’il n’est pas nécessaire en ces cas-là de parler élégamment, mais qui est familière à presque tous ceux qui s’appliquent à ces sciences, en quelque pays qu’ils soient placés.
Thierry se sentait placé au service de quelque chose de grand qu’il anticipait : Il y avait chez lui de l’esprit monastique.
Il peut donc arriver qu’un même homme se retrouve, dans des associations très différentes, politiques ou religieuses, mondaines ou économiques, placé au même rang.
« Docteur en négative », ne l’est pas qui veut ; car en cette affaire, pour être véritablement docteur, il ne suffit pas de nier : il faut bien placer sa négation. […] Il a vu de plus que les mots étaient bien mal placés, et qu’on n’avive pas d’abord ce qu’ensuite on doit faire venir. […] Je sais quelqu’un qui ne lui déplut pas, parce que, placé à côté de lui, à dîner, il ne lui parla qu’hydrothérapie. […] Il est très amusant, parce que c’est un point de vue auquel nous n’avons guère songé à nous placer et qui, par conséquent, nous promet du nouveau. […] Elle a placé Le Docteur Pascal au-dessous de tous les romans d’Émile Zola, et je crois que ce sera là le jugement aussi de la postérité.
L’ironie pourra sembler mal placée et quelque peu impertinente. […] Mais il parle avec quelque attendrissement de la vierge noire qui est placée dans une niche, sur la cheminée de la maison. […] Littré avait placé sa table près de son lit, et il se félicitait de ce petit arrangement qui lui évitait toute perte de temps quand il se couchait. […] Monselet plaçait çà et là une nouvelle, une chronique ou une pièce de vers. […] Béraud a placé la Descente de croix sur une colline des environs de Paris, peut-être sur un coteau de Rueil ou de Meudon.
Et comment, en effet, dans la hiérarchie des genres, placerait-on la tragédie, par exemple, au-dessus du mélodrame, Polyeucte au-dessus de la Tour de Nesle, ou dans le roman, le Père Goriot au-dessus des Exploits de Rocambole, sans en donner des raisons ? […] Mais quiconque dira qu’on peut, si l’on le veut, préférer la comédie de Regnard à celle de Molière, le Distrait, l’École des femmes et les Folies amoureuses à Tartufe, ce sera bien pis encore, car ce sera comme s’il disait qu’il n’y a pas de raison de placer un être vivant au-dessous ou au-dessus d’un autre dans l’échelle animale ; et, avec le fondement de la critique objective, il renversera du même coup celui de l’histoire naturelle. […] De là provient, à la suite du renouvellement du spinosisme et du panthéisme en nos jours, ce profond abaissement de la morale ; de là ce plat réalisme qui a conduit à en faire un manuel de la vie régulière dans l’État et dans la famille, et à placer dans un philistinisme parfait, méthodique, tout occupé de ses jouissances et de son bien-être, la fin dernière de l’existence humaine. » Le quatrième livre du Monde comme volonté et comme représentation est plein de semblables passages, dont la signification n’est pas douteuse, et que nous recommandons aux lecteurs, comme aussi les Appendices qui le complètent ou qui l’éclaircissent… Mais il semble malheureusement que, pour parler chez nous de Schopenhauer, on ait en général commencé par négliger de le lire ; à moins encore que l’on n’en ait lu précisément que ce que l’on pouvait se passer d’en lire, pour n’en point lire ce qui contient l’expression de sa véritable pensée : la Théorie de la négation du vouloir vivre, par exemple ; ou l’Ordre de la Grâce ; ou son Épiphilosophie. […] Pour nous apprendre à placer l’objet et le sens de la vie en dehors et au-delà d’elle, il s’est contenté de l’étudier elle-même de plus près, plus attentivement, avec une curiosité plus sagace qu’aucun philosophe, je pense, ne l’avait fait avant lui. […] C’est le sens profond des anciens mythes qui plaçaient l’éloquence à l’origine des civilisations ou des sociétés mêmes.
Ainsi tels vers de description placés au prologue se retrouvent soit en strophes soit isolés dans le dialogue subséquent lorsque j’ai jugé à propos de renforcer l’impression première ou de remettre en évidence un des motifs principaux. […] Certains sous-catholiques impulsifs, enragés de la banqueroute de ce Bon Dieu sur lequel ils avaient placé leurs espérances, se sont retournés vers le Diable — un certain Diable. […] On pourra d’ailleurs les rectifier, quant à leurs appréciations, en consultant la notice placée par Reclus et Cafiero en tête de Dieu et l’État, celle qui précède l’édition des Œuvres complètes (i vol. chez Stock) et les Souvenirs de Débagori Mokriévitch. […] Loin de la rechercher dans toutes les manifestations de l’esprit humain, loin de supporter qu’on l’exprime sous la forme Justice, Vérité ou conflit des êtres, ils la placent dans une attitude immuable ou elle s’ankylose. […] Analystes méticuleux, déductifs peu aptes aux inductions, ils composent leurs livres de minces fragments d’émotions placés les uns à côté des autres.
C’est ici que les historiens de la littérature française placent l’action de Descartes et de son Discours de la méthode ; lequel est en effet de 1637. […] En effet, ce n’est guère qu’entre 1645 et 1660 que nos auteurs dramatiques, Thomas Corneille, Scarron, Quinault, — pour ne rappeler que ceux dont le nom n’a pas péri tout entier, — se jettent à corps perdu dans l’imitation du théâtre espagnol, et qu’ils en viennent jusqu’à ne pouvoir plus seulement écrire une pièce de leur cru sans en placer la scène à Lisbonne ou à Salamanque. […] I, Paris, 1872], que « le privilège de la France de Louis XIV consiste à s’être trouvée placée dans des circonstances où son mouvement propre était dans le sens du mouvement général de l’Europe… de manière à la rendre l’interprète ou le véhicule des idées communes », on aurait jeté sans doute une vive lumière sur un temps de l’histoire de notre littérature, et particulièrement on en aurait assez bien expliqué la rapidité de propagation. […] Chaque mot aura désormais sa place marquée dans le discours, et il faudra qu’il l’occupe : défense de placer désormais le sujet après le verbe, ou l’attribut avant le sujet ! […] Cousin, Jacqueline Pascal, notamment les deux lettres de la sœur Sainte-Euphémie [Jacqueline] à Mlle Périer, p. 240 et suiv.]. — S’il faut placer à cette époque l’Entretien avec M. de Saci ; — l’invention du haquet ; — celle de la brouette ; — l’idée des omnibus — Conversion définitive et entrée à Port-Royal, 1655. — Le miracle de la sainte Épine, mars 1656 [Cf.
Un peloton de fusiliers marins, placé dans l’intérieur des terres, au Pas de la Masque, leur assurait la libre pratique de toutes les hauteurs qui dominent Toulon. […] Vivement, il s’est emparé de la couronne, qui était placée sur l’autel, et que le pape, conduit par un maître des cérémonies, se préparait à prendre d’une main résignée. […] Je suis comme Gustave Wasa : j’ai attaqué Christiern, mais on a placé ma mère sur le rempart. […] Le 1er corps d’armée fut placé sous les ordres du général Drouet, comte d’Erlon, combattant d’Iéna et de Friedland. […] L’originalité du livre que j’ai sous les yeux consiste en ceci : l’aventure en question est étudiée, avec une extraordinaire clairvoyance, d’un point de vue où Loti ne pouvait pas se placer.
Il écrivait de Gœttingue à un ami, en 1825 : « Une étude plus approfondie de Goethe m’a conduit à le placer bien plus bas que je n’avais fait jusque-là. […] En 1796, l’enfant, dont l’éducation intellectuelle s’était faite un peu au hasard, fut placé dans une Grammar School de Bath où ses progrès en grec et en latin lui valurent les persécutions jalouses de ses camarades. […] C’est ici que se placeraient les épisodes racontés dans les Confessions, ses négociations avec les usuriers, son étrange roman avec Ann d’Oxford Street. […] Griswold était, on le voit, un excellent homme, qui plaçait seulement le respect de la vérité avant le respect de l’amitié, et avant celui de la mort. […] À treize ans il entra comme apprenti chez un imprimeur, après s’être sauvé d’une étude d’avoué où on l’avait placé.
Voici le sujet du roman : Lorsque Zacharias Kobus, juge de paix à Hanebourg, mourut, en 1832, son fils Fritz Kobus, se voyant à la tête d’une belle maison sur la place des Acacias, d’une bonne ferme dans la vallée de Meisenthâl, et de pas mal d’écus placés sur solides hypothèques, essuya ses larmes et se dit, avec l’Ecclésiaste : « Vanité des vanités, tout est vanité ! […] Puis, quand vous saisissez derrière votre chaise, dans la cuvette, une autre bouteille et que vous la placez entre vos genoux pour en tirer le bouchon sans secousse, comme ils rient en pensant : « Qu’est-ce qui va venir à cette heure ?
On s’étonne de la folie qui le conduit aux extrémités de l’Europe pour y fonder une république ; mais on l’admire lorsqu’il refuse de se prêter à des projets ambitieux qui pouvaient le placer près du trône, et lorsqu’à la suite de ses refus on le voit rentrer en France, n’emportant de ses courses aventureuses que des regrets et des souvenirs. […] Vainement, au milieu du tumulte, il cherchait à placer un mot: on refusait de l’entendre, et l’idéologue Cabanis (c’est le seul que nous nommerons), emporté par la colère, s’écria: « Je jure qu’il n’y a pas de Dieu !
Il y alla, et se fit soldat, pensant ne pouvoir mieux se placer pour faire paraître l’excellence de ses talents naturels. […] Derrière le caravansérai, et tout autour, sont des écuries, et dans quelques-uns il y a un côté des écuries accommodé en arcades, de quatre pieds de hauteur, avec des cheminées d’espace en espace, pour placer commodément les palefreniers et les autres valets, et pour faire la cuisine.
Placez une loupe sous les yeux du sujet, il verra la photographie grossir ; le prisme la lui fera voir double. […] Et il se trouve que sa nourrice avait placé cinq beaux œufs dans un panier pour les lui envoyer.
Aussi le véritable titre à placer en tête de ces quelques pages devrait-il être : « Divagations sur le Roman français. » Je crois honnête d’en avertir le lecteur. […] Je crois bien avoir été le premier à écrire, vers 1890, qu’il se plaçait, littérairement, au confluent de Balzac et de Hugo. […] France s’était placé assez au-dessus des hommes pour les bien voir. […] Peut-être encore que, ainsi qu’on le lui avait enseigné au lycée, c’est chez les inutiles et les grands de la terre, qui ont le temps, qui ne sont point retenus et absorbés par des besognes professionnelles, et se placent au-dessus des lois communes, que le jeu des passions peut régner tout pur. […] Tous les étrangers s’attribuent le droit de regarder dans les possessions coloniales des autres, même quand il s’agit de régions qui ne sont pas placées « sous mandat ».
Ce monarque voulant donner à cet établissement tout l’éclat dont il étoit susceptible, engagea les sçavans les plus distingués de l’Europe à venir dans sa capitale ; il les plaça dans ce collège. […] La maison devoit avoir de grandes salles pour les leçons publiques ; des logemens commodes pour les professeurs ; une cour de dix-huit toises de long & de douze de large, ornée d’une fontaine ; un vaisseau de toute la longueur du bâtiment, pour y placer la bibliothèque royale. […] Les consulteurs, qui font toujours des moines, étoient placés sur des sièges plus bas. […] On lit, dans une Vie d’Arnauld, imprimée à Cologne, qu’ils ont, dans toutes les parties du monde & dans tous les états, des émissaires qui, sans porter leur habit, ne sont pas moins liés par des vœux, & qu’ils sont placés, comme autant de signaux, pour avoir connoissance & donner avis de tout, travaillant par ce moyen à l’utilité du corps. […] Il citoit les pièces originales, l’endroit où l’on les avoit placées, & défioit les jésuites d’en contester l’authenticité.
On ajoute cette victime à tant d’autres, mises sur le compte de ces pères, parmi lesquelles on remarque le saint évêque d’Angelopolis, Dom Jean de Palafox, l’ennemi de la société, sans l’être de Rome, & qu’on se flatte de voir incessamment placé dans les fastes de l’église. […] Il parut à Naudé, ainsi qu’à son adjoint, que le nom de Gersen, placé à la tête de quelques-uns de ces manuscrits, étoit d’une écriture plus récente que les manuscrits mêmes. […] Il craignit que tous ceux que tant de papes ont fait tirer des ruines des catacombes, pour les placer dans différentes églises, ne fussent pas dignes de culte. […] Elles reçurent ce dépôt avec tous les transports de la plus vive reconnoissance : elles le placèrent dans l’endroit le plus convenable de leur église : mais il leur manquoit des vers qui éternisassent le don précieux de celui qu’elles comparoient hautement à Moïse. […] Pour l’honneur de sa mémoire, plaçons ici l’hommage qui lui fut rendu, dans une inscription, par le fils du ministre Walpole, à son retour d’Italie en Angleterre.
Mais je ne pense point qu’elle soit là où ils la placent, et que, pour avoir écrit Madame Gervaisais ni La Femme au xviiie siècle, la postérité voie en eux les philosophes et les historiens qu’ils prétendent. […] Nos pères, qui étaient des classificateurs émérites, la plaçaient au-dessus du roman. […] À côté du roman de voyage (et se confondant souvent avec lui) nous placerons le roman scientifique, dont M. […] L’absolu providentiel une fois dégagé, l’homme observé dans ses passions sera placé alors par son analyste en face des lois immuables, aux prises avec elles et sous leurs étreintes.
J’avais épuisé mon questionnaire et nous causions de choses à côté, des gens en place, des esprits réfractaires à toute nouveauté, quand, par hasard, le portrait du général Boulanger, placé sur la cheminée, à côté de la photographie du maître de céans, d’après un tableau de Jacques Blanche, frappa mon regard. […] C’est faire comme un mercenaire qui ramasserait des cailloux d’un côté de la route pour les placer de l’autre côté, c’est le travail des Danaïdes ! […] Mais si le poète part du symbole pour arriver à l’œuvre, il est semblable au charpentier qui équarrit une poutre placée au-dessus de sa tête, et il a à vaincre toute la force de gravitation de son poème. […] La floraison du poète se mesure donc à son génie d’essentiellement comprendre ou d’amender (par un prêt d’intentions foraines) celle de Dieu. » Ce divinisme paraphrase l’apophtegme de Gœthe : « La vraie poésie s’élève au-dessus du monde sans le perdre de vue. » Désormais, le poète aura le droit de chanter, à son heure du cygne, qu’un univers s’éteint avec la lampe de ses os, et ses disciples devront la coucher dévotieusement dans la tombe et, de même qu’on plaçait jadis une bête de marbre aux pieds d’un mort illustre, placer un globe symbolique aux pieds de l’endormi divin.
Descartes la plaçait au premier rang, mais pour lui le sentiment en était une forme et une portion intégrante. […] Tels deux anges qui, voyant tout par la position élevée où ils sont placés près de l’Être suprême, mais étrangers à la haine comme à l’amour, sentiments qui viennent également de la faiblesse, auraient raisonné entre eux sur quelqu’une des actions sublimes de leur Dieu. » Voilà un intellectualisme à satisfaire Valéry ! […] Bref, pour Tolstoï, il est absurde de soutenir que le cerveau guide le corps, et il serait aussi raisonnable de placer la direction dans les viscères ou dans les pieds. […] Or, Billy écrit : « Le critique contemporain a sur la postérité un avantage : il est placé dans la société des artistes dont il a mission d’apprécier l’effort ; il jugera donc cet effort de plus près, il en distinguera mieux, non la réussite pure, mais le mérite. […] Émile Bouvier plaçait le triomphe du symbolisme de 1857 à 1900 ; que dans le corps du même chapitre il proroge ce triomphe jusqu’en 1910 ; et qu’il faudrait une nouvelle prorogation d’une douzaine d’années pour deux des œuvres symbolistes les plus triomphantes, la Jeune Parque et Charmes (première édition complète, 1922).
J’ai maintenant à placer un manuscrit fort lourd sur la Grande prédication chrétienne en France. […] C’est l’application au domaine littéraire de la règle morale que Montaigne a formulée lorsque, voulant placer aussi haut que possible la récompense du juste, il la définit en ces termes : « le contentement qu’une conscience bien réglée reçoit en soi de bien faire70. » Arrière donc le faux homme de bien qui n’est honnête que pour qu’on le sache et pour qu’on l’en estime ! […] Aussi ceux qui croient prouver le néant de la renommée, en disant que ceux qui y parviennent après leur mort n’en savent rien, peuvent être rapprochés de celui qui fait l’entendu et, pour détourner un homme de jeter des regards d’envie sur un amas d’écailles d’huîtres placées dans la cour du voisin, cherche à lui en démontrer gravement l’entière inutilité71. […] L’unité de lieu s’implanta en France par une circonstance purement matérielle, quand le succès du Cid ayant attiré au théâtre du Marais un concours inusité de spectateurs, les comédiens furent obligés de placer sur la scène même un public de choix, qui cacha aux hôtes du parterre les décorations latérales et ne laissa plus voir d’autres décors que celui de la toile du fond. […] Voici une strophe que j’ai placée dans ma mémoire.
Même les classiques y plaçaient volontiers des mots effacés, estimant que la poésie est dans le vers tout entier et dans le rythme aussi bien que dans la rime, et craignant sans doute que la rime ne tirât tout le vers à elle, ne le dévorât, et aussi que son opulence ne sentit trop le tour de force. […] VI On peut placer ici les poèmes qui ont été inspirés à M. […] Puis, outre l’éducation reçue, on subit malgré soi, plus ou moins, l’esprit de quatre-vingts générations qui toutes ont eu ce pli de se tourmenter d’une autre vie et de placer leur idéal en dehors de la vie terrestre. […] Certes on peut placer plus mal ses complaisances et je comprends mieux, à l’endroit d’un si puissant et si impeccable écrivain, cette espèce de culte de latrie que la malveillance un peu pincée du spirituel Paul Albert ou même de M. […] Toujours on sent sous sa critique un fonds solide et étendu de connaissances multiples et précises, placées dans un bon ordre.
Une telle enfance menait naturellement M. de Fontanes à placer son idéal chrétien dans la religion de Fénelon. […] Cette fois, l’auteur, pénétré de la majesté de son sujet, n’a nulle part fléchi ; il est égal par maint détail, et par l’ensemble il est supérieur aux Discours en vers de Voltaire ; il atteint en français, et comme original à son tour, la perfection de Pope en ces matières, concision, énergie : Vers ces globes lointains qu’observa Cassini, Mortel, prends ton essor ; monte par la pensée, Et cherche où du grand Tout la borne fut placée. […] Je suis porté à placer alors la première inspiration de la Grèce sauvée ; je conjecture que l’Anacharsis de l’abbé Barthélémy, dont l’impression sur lui fut si vive, et qu’il célébra dans une épître, lui en donna idée par contre-coup.
Mais au-dessus des bourgeois, qu’on a beaucoup trop vilipendés7, il faut placer une classe plus intelligente, qui a tous les vices de l’ancienne aristocratie sans en avoir les qualités. […] Champfleury ait placé sous l’invocation de son nom le panégyrique de M. […] C’est ainsi que l’écrivain réaliste nomme deux ou trois femmes, placées par charité dans un coin de cette énorme toile, qui tournent le dos au public pour ne faire peur à personne, et qui semblent avoir été payées maigrement pour avoir l’air de s’essuyer les yeux avec quelque lambeau de mouchoir.
Je ne suis pas bien sûr que Mme de Staël partage ce sentiment… Les femmes, plus passionnées que nous dans tous les partis qu’elles embrassent, sont, d’autre part, beaucoup moins susceptibles de cet esprit national ; l’obéissance les révolte moins, et comme ce n’est pas leur vertu, mais la nôtre, qui paraît compromise par des défaites suivies d’une absolue dépendance, elles s’en sentent moins que nous humiliées. » Mme de Staël (et c’est une réparation qu’on lui doit) était beaucoup plus du sentiment de Sismondi, à cette date, que lui-même n’avait d’abord osé le penser ; mais Mme d’Albany n’en était pas du tout, et, dans les lettres qu’il lui adresse, Sismondi s’efforçait en vain de la ramener, de la convertir à sa manière d’envisager les choses du point de vue tout nouveau où il se plaçait : « Je suis étonné, lui écrivait-il (11 décembre 1814), de vous voir vous arrêter toujours sur le passé, tandis que c’est le présent seul qui importe.
On aime à retrouver ce ressort chez des hommes également haut placés, chez M. de La Mennais comme chez M. de Chateaubriand.
Le grand Florentin Farinata degli Uberti, ce type du magnanime orgueilleux, que Dante a placé dans son Enfer, n’a rien qui surpasse en idéal de grandeur les descendants et chefs successifs de cette lignée des Arrighetti qu’il put bien avoir en son temps comme rivale dans les factions civiles de Florence.
Elle se porte du premier pas à l’avant-garde, elle le sait et le dit : « En nous faisant naître à l’époque de la liberté naissante, le sort nous a placés comme les enfants perdus de l’armée qui doit combattre pour elle et triompher ; c’est à nous de bien faire notre tâche et de préparer ainsi le bonheur des générations suivantes. » Tant qu’elle demeure dans cette vue philosophique générale de la situation, son attitude magnanime répond au vrai ; le temps n’a fait que consacrer ses paroles.
Ce petit événement décida son père à l’amener à Paris, où il le plaça au collège d’Harcourt.
Fabre, après une analyse complète de ses mérites, conclut à le placer dans le si petit nombre des parfaits modèles de l’art d’écrire, s’il montrait toujours autant de goût qu’il prodigue d’esprit et de talent 152.
Ayant été placé entre les mains de M.
Le droit de l’homme est bien plus haut placé ; ce n’est pas seulement le droit à l’égalité et à sa part de vie ici-bas, c’est le droit à la vertu et à sa part d’immortalité dans l’immortalité de la race, qui n’est mortelle qu’ici-bas.
Victor Hugo, au contraire, n’a eu besoin que de son âme, d’ouvrir les yeux autour de lui, au milieu de nous, de décrire une maison déserte et un jardinet inculte dans un de nos faubourgs les plus reculés, et d’y placer deux êtres qui se sont entrevus, deux innocents, deux sauvages de la grande ville, Cosette et Marius ; et, avec ces simples personnages, il a fait, en racontant leurs entrevues et leurs entretiens, le plus ravissant tableau d’amour qu’il ait jamais écrit.
si l’imprudent public composait le répertoire, il y placerait Tibère, Fénelon, Charles IX, Clovis, Charles VI, Julien dans les Gaules ; il voudrait puiser dans l’histoire nationale de grandes leçons de morale et de politique.
Il conserve à la tragédie les caractères qui la définissaient chez Corneille : l’action enfermée dans les trois unités, l’intérêt placé dans l’expression des caractères, l’allure du drame fortement noué, et débarrassé de toutes les manifestations inutiles.
Au portrait qu’il y trace de Physis52, qui, en sa première portée, enfanta Beaulté et Harmonie, il oppose Antiphysis qui engendra les matagotz, les cagotz et papelars, les demoniacles Calvins, imposteurs de Genève ; double, injure pour Calvin, par l’accusation d’imposture et par la compagnie où il le plaçait.
C’est cette image que Montaigne nous a fait voir ; c’est cet homme des Essais, vu sous tant de faces, démêlé sous tant de déguisements, dépouillé de tant de costumes ; c’est cet homme examiné de si près, si épié, placé sous tant d’aspects et éclairé par tant de lumières, qu’on croirait qu’il n’y a plus rien à en écrire après le xvie siècle.
On pourrait reconnaître, dans la Relation à Ménandre, de grands traits de mélancolie, que Pascal semble avoir recueillis et placés en meilleur lieu ; dans la fameuse lettre sur Rome, et dans beaucoup de pensées de religion, la hardiesse et la pompe solide de Bossuet ; dans Aristippe et le Prince, des portraits que La Bruyère n’a fait que retourner.
Tandis que Balzac et Voiture se disputaient laborieusement à qui écrirait le mieux une lettre sans objet, un médecin philosophe, esprit piquant, satirique, peu ami des puissances, sauf le roi, penseur plus que libre, qui ne voyait dans les réjouissances du jubilé que « force crottes et catarrhes, et de la pratique pour les médecins176 » ; un type de l’esprit d’opposition dans notre pays qui sait beaucoup mieux ce qu’il ne veut pas que ce qu’il veut, Guy Patin donnait, sans s‘en douter, le premier modèle de lettres simples, naturelles, écrites, non plus à des indifférents pour leur faire les honneurs de son esprit, mais à des amis pour le plaisir de s’épancher, par un auteur qui n’a souci ni du style ni des ornements, et qui ne met dans ses lettres comme il le dit lui-même, « ni Phébus ni Balzac177. » Dans le même temps que La Rochefoucauld se plaçait par trop de soins donnés à ses Mémoires, Mme de Motteville écrivait, d’une plume facile, élégante et ferme en plus d’un endroit, la chronique de la cour d’Anne d’Autriche.
§ 5 Plaçons-nous maintenant au point de vue de l’individu tel que nous l’avons vu.
« J’ai placé, dit-il, le prince des poètes à côté de Platon, le prince des philosophes, et je suis obligé de me contenter de les regarder, puisque Sergius est absent et que Barlaam, mon ancien maître, m’a été enlevé par la mort.
J’étais fait pour une société fondée sur le respect, où l’on est salué, classé, placé d’après son costume, où l’on n’a point à se protéger soi-même.
Comme tous les jeunes gens de lettres du temps de l’Empire, il fut à un certain moment placé dans les droits réunis, sous la direction de M.
Placez devant un esprit l’image d’une sensation toujours la même, ce sera pour lui tout le monde extérieur ; il s’y absorbera comme le mystique enlevé à soi se perd dans l’objet de son extase.
Ce frein, trop fort pour la société déjà policée qui se laisse persuader d’en faire usage, va paralyser son énergie au lieu de la régler et va la placer dans une situation d’infériorité, vis-à-vis des autres groupes.
L’une a placé cette fortune en terres, elle a aujourd’hui 400 000 francs ; l’autre en rentes sur l’État : avec les réductions et les banqueroutes, son capital est réduit à 560 francs. » Sous les arbres du café de la Comédie, nous sommes rejoints par Théophile Lavallée, aux traits truandesques, aux lèvres rouges et informes des masques de Venise dans les tableaux de Longhi.
Les Français voyagent pour se distraire d’un chagrin d’amour, d’une perte au jeu, ou pour placer des rouenneries, mais là, un Français dans une calèche, un Français qui ne soit ni un acteur, ni un ambassadeur, un Français ayant à ses côtés une femme comme une mère ou une sœur, et pas une fille, une actrice, une couturière, non on n’en a jamais vu !
Le soleil entre, à pleins rayons, par la fenêtre ouverte et joue sur sa bière, et dans les fleurs du gros bouquet placé à sa tête.
Dès 1822, dans la préface aux Odes et Ballades, il explique pourquoi l’ode française est restée monotone et impuissante : c’est qu’elle a été jusqu’alors faite de procédés, de « machines poétiques », comme on disait alors, de figures de rhétorique, l’exclamation depuis et l’apostrophe jusqu’à la prosopopée ; au lieu de tout cela, il faut « asseoir la composition sur une idée fondamentale » tirée du cœur du sujet, « placer le mouvement de l’ode dans les idées, plutôt que dans les mots ».
En montrant et surtout en faisant sentir que la religion apporte une consolation dans les chagrins, une force dans le combat des passions que la philosophie ne donne qu’à très-peu d’âmes, on se placerait, je crois, sur un terrain inexpugnable, sur le terrain de l’expérience intérieure, où chacun est seul juge de ce qu’il éprouve.
Ces dangers même et ces excommunications fréquentes se tournent en louange pour ceux qui mettent la poésie avant toutes choses, et qui placent l’art suprême, au suprême honneur !
… Nous l’avons dit déjà, mais tant de prostitution d’admiration y fait revenir, hors le rang social qui lui donne sa valeur de surface, hors ce piédestal, aujourd’hui brisé, réduit en poudre, de la grande société à laquelle elle appartenait, Mme de Chevreuse n’a rien qui puisse la faire placer au-dessus des femmes de notre temps et de tous les temps, qui se distinguent par le double désordre de l’intelligence et des mœurs.
Il n’a plus eu à placer debout de grandes figures ratatinées en petites vignettes, comme le poète Benserade, avant lui, avait pensé à mettre toute l’histoire romaine en sonnets.
Quoiqu’il ait voulu, — nous dit-il, à la fin de son ouvrage, sentant bien où en est la faiblesse, — quoiqu’il ait voulu opposer « la dame cultivée (sic) de La Femme à la simple femme de L’Amour », et que par là il se soit placé dans des conditions de nuances inappréciables au gros des imaginations qui, d’ordinaire, les méprisent, il n’a pas su pourtant introduire entre ses deux livres les véritables différences qui font d’un même sujet deux œuvres distinctes, au moins par l’aperçu, par le détail, ou même par une manière inattendue de présenter la même pensée exprimée déjà.
Dans le roman de Feuillet, il n’y a pas la moindre invention, la moindre combinaison, le moindre détail original, le moindre rendu supérieur, la moindre volonté révélée par un effort quelconque de donner de l’accent à cette vulgarité d’un mariage dans le monde, — dans ce monde à la hauteur sociale duquel Octave Feuillet s’est placé.
Méléagre, s’il était arrivé à nous isolé, aurait été placé, sinon parmi les Dieux, du moins dans le groupe des demi-dieux de la poésie grecque. […] C’est une des plus curieuses rencontres de l’histoire que celle d’un tel spectateur placé en face d’un tel tragédien. […] Type de l’artiste envieux, que Dante aurait placé dans son Purgatoire, parmi ces âmes qui rampent, dans des postures de cariatides, courbées sous d’énormes pierres. — Mais sa charge, à lui, aurait été un bas-relief de Buonarotti, pour qu’il fût écrasé deux fois, sous le poids du marbre et sous la beauté du chef-d’œuvre. — La lutte fut terrible entre Baccio et Benvenuto. […] Elle était placée entre deux Anges d’une incroyable beauté. » L’orfèvre, persistant dans l’halluciné, frappe le soleil à l’effigie des médailles. […] Près de cette chambre déjà mortuaire, il a fait placer son cercueil. — Il y a un tableau de Zurbaran qui représente saint Bonaventure mort, revenant la nuit dans sa cellule, finir un livre commencé.
« Je l’ai laissée jeûner à plusieurs reprises jusqu’à trois jours entiers, puis j’ai porté de la nourriture sous ses narines, j’ai enfoui son bec dans le grain, j’ai mis du grain dans le bout de son bec, j’ai plongé son bec dans l’eau, je l’ai placée sur un tas de blé. […] Par suite, pour établir la communication entre un appareil si composé et les appareils analogues placés au-dessous et au-dessus de lui, il faut, non pas une ligne unique de nerfs et de cellules, comme dans le type réduit, mais des milliers et des myriades de cellules et de nerfs.
. — Ici l’intermédiaire explicatif est un caractère inclus dans tous les éléments du nombre, sauf le premier, et commun à toutes les unités représentées par un chiffre placé à la gauche du premier ; ce caractère ainsi répété oblige tout nombre à se laisser diviser par 9 avec un reste égal à la somme de ses chiffres, et, par suite, le rend divisible par 9, à la seule condition que la somme de ses chiffres soit divisible par 9. […] Elle n’est qu’un effet comme tant d’autres, et, comme tous les autres, elle a pour raison la présence combinée d’un groupe de conditions fixes et d’un groupe de conditions changeantes. — Pour former la planète, il y avait une condition fixe, la gravitation des molécules gazeuses emportées autour du noyau central, et une condition changeante, le refroidissement progressif, par suite la condensation graduelle de ces mêmes molécules. — Pour former l’espèce, il y avait une condition fixe, la transmission d’un type général plus ancien, et des conditions changeantes, les circonstances nouvelles qui, choisissant les ancêtres ultérieurs, ajoutaient au type les caractères de l’espèce. — Pour former telle époque historique, il y avait une condition fixe, le maintien du caractère national, et une condition changeante, l’état nouveau dans lequel, au sortir de l’époque précédente, la nation se trouvait placée. — Il suit de là que, dans les questions d’origine, il y a un intermédiaire explicatif et démonstratif comme dans les autres ; que la réunion des éléments a sa raison d’être, comme les caractères du composé ont leur raison d’être ; qu’elle est un produit comme eux, et que toute la différence entre les deux produits consiste en ce que, le premier étant historique et le second n’étant pas historique, le premier enferme un facteur de plus que le second, à savoir l’influence du moment historique, c’est-à-dire des circonstances préalables et de l’état antécédent.
Aperçu descriptif * Les renvois d’un chapitre à un autre ou d’un paragraphe à un autre, soit dans le texte, soit dans les notes de cet ouvrage, ont été placés entre [ ]. […] Maspero nous signale, avec ce fait linguistique, l’existence d’un document égyptien inédit qui traduit aux yeux cette métaphore du langage : l’action de réfléchir est représentée par un homme qui fait la conversation avec son âme placée en face de lui. — Dans la langue polynésienne, penser est parler dans l’estomac (Max Müller, Nouv. leçons sur la science du langage, 2e leçon, p. 92).
C’est le trait propre de cet âge, qu’ils ne saisissent plus les choses par parcelles, isolément, ou par des classifications scolastiques et mécaniques, mais d’ensemble, par des vues générales et complètes, avec cet embrassement passionné d’un esprit sympathique qui, placé devant un vaste objet, le pénètre dans toutes ses parties, le tâte dans toutes ses attaches, se l’approprie, se l’assimile, s’en imprime l’image vivante et puissante, si vivante et si puissante qu’il est obligé de la traduire au dehors par une œuvre d’art ou une action. […] — De chaque côté ils étaient placés tout du long. — Mais tout le sol était jonché de crânes — et d’ossements d’hommes morts épars tout à l’entour, — dont les vies, à ce qu’il semblait, avaient été là répandues, — et dont les vils squelettes étaient restés sans sépulture. … Puis le démon le mena en avant et le conduisit bientôt — à une autre chambre, dont la porte, tout d’un coup, — s’ouvrit devant lui comme si elle eût su obéir d’elle-même ; — là avaient été placées cent cheminées — et cent fournaises toutes brillantes et brûlantes ; — près de chaque fournaise se tenaient maints démons, — créatures déformées, hideuses à regarder, — et chaque démon appliquait sa peine industrieuse — à fondre le métal d’or prêt à être éprouvé. […] Benvenuto Cellini, Principes sur l’art du dessin. « Tu dessineras alors l’os qui est placé entre les deux hanches.
Des scolies concises, placées au bas des pages, servent promptement à l’intelligence de tout vers un peu obscur. […] Une cassette d’argent, placée en face de l’autel recevait les aumônes que les prêtres distribuaient aux pauvres. […] Aux environs de Bruzzano où se dresse l’Aspromonte, il aperçoit un rocher aigu, placé comme une sentinelle à l’entrée du village . […] — Elle me paraît assez mal placée là, puisqu’elle interrompt la figure régulière de la place, — songe De Brosses.
Si Berryer m’eût démontré que la France de la Révolution, éclairée d’en haut, en viendrait à résipiscence, jusqu’à placer ses libertés nouvelles sous l’égide de sa vieille royauté, j’étais prêt à lui en donner acte et, tout au moins, à examiner. […] Le prince le fit placer dans une bibliothèque. […] Parmi les noms dont s’honorent, dans cet ordre de travaux, la France et l’Angleterre du xixe siècle, à côté des noms anglais, en tête des noms français, elle placera celui de M. […] Il avait fait placer dans une des fenêtres de son laboratoire, un tube dont l’orifice, s’ouvrant sur l’air libre et rempli de coton, recueillait, par un procédé d’aspiration, les poussières que le vent chassait contre la vitre.
Mais vous-même plutôt voulez-vous renoncer Au trône de l’Asie où je veux vous placer ? […] — Racine pense, tout au contraire, qu’il importe à notre plaisir que nous ayons le plus possible de pensées, de sentiments et de façons d’être en commun avec ces personnages que leur nom et leur légende placent si loin de nous. […] La « pauvre Babonnette », celle qui emporte les serviettes du buvetier du Palais, c’était la femme du lieutenant criminel Tardieu, celle que Boileau placera dans sa dixième satire. […] Boursault (dans l’introduction du petit roman d’Arthémise et Poliante) rapporte les sentiments des malins auprès desquels il se trouvait placé : Agrippine leur a paru fière sans sujet, Burrhus, vertueux sans dessein, Britannicus amoureux sans jugement, Narcisse lâche sans prétexte, Junie constante sans fermeté, et Néron cruel sans malice. […] Mais enfin, dès le début, il marque, par quelques détails habilement placés, la civilisation où il nous transporte.
Par l’ordre de sa date, par le rang éminent où il s’est placé d’abord, par la vive influence qu’il a longuement exercée, par le progrès et l’accroissement où il n’a pas cessé de se tenir, en même temps qu’il reste pour nous du très-petit nombre des maîtres illustres, il est de ceux dont l’autorité continue de vivre, et qu’on est certain, en avançant, de toujours et de plus en plus retrouver.
(Dans la Notice sur Louise Labé placée par M.
L’évêque de Verdun, dont il est question dans cette lettre, était M. de Villeneuve, compatriote également de Désaugiers, et qui avait conseillé à son père, au sortir des études, de le placer dans l’Église, si bien que le jeune homme passa six semaines au séminaire de Saint-Lazare.
C’est là, et non, comme on l’a fait, à la porte de l’hôtel de Nantes, que devrait être placée la pierre funéraire consacrée à sa mémoire.
Mais, je le répète, mettez un autre nom à la place du mien : Washington dans la détresse, relégué à Mont-Vernon, par exemple, ou Jefferson, second président des États-Unis, forcé par la misère domestique à mettre en loterie le toit et le champ de ses pères, et mourant sans avoir pu placer ses lots parmi ses concitoyens ; et alors qu’on lise le petit poème lyrique intitulé les Vendanges : Saint-Point, octobre 185...
L’amateur du beau est un de ces phénomènes que La Bruyère aurait placé dans sa galerie des caractères et des curiosités morales s’il l’avait rencontré sur sa route.
IX Je n’ai pas renoncé à l’espérance pour le genre humain ; mais, comme un avare plusieurs fois volé, je l’ai placée, comme mon trésor, dans un autre monde où les hommes ne seront plus des hommes, mais des êtres de lumière et de justice, sans inconstance, sans ignorance, sans passions, sans faiblesses, sans infirmités, sans misères, sans mort, c’est-à-dire le contraire de ce qu’ils sont ici-bas : le monde des utopistes, le paradis des belles imaginations, la société d’Hugo et de ses pareils !
« Une de mes amies demandait une fois des prières pour son chien malade ; je me moquai d’elle et trouvai sa dévotion mal placée.
Le cardinal Fesch nous avait placés à part d’un côté, en demi-cercle, tous les autres cardinaux étant de l’autre.
Plaçons ici une observation plus personnelle.
Deux manivelles à roues, placées extérieurement sous les arcades, servaient à faire descendre ou remonter tour à tour ces forts grillages de fer, qu’aucun marteau de forgeron n’aurait pu briser du dedans, et qu’une main d’enfant pouvait faire manœuvrer du dehors.
Mais il me paraît presque impossible qu’un homme placé au-dessus des autres hommes, un conducteur de peuples, n’ait jamais de vues supérieures à son intérêt personnel, du moins dans les choses où cet intérêt se confond avec l’intérêt général.
Nul doute que des germes de talents ou de génies réels n’aient été étouffés du seul fait que le hasard les avait placés loin du soleil, — et que, d’autre part, voici cinq cents ans et moins, il y avait entre les bords de Loire ou de Seine et ceux de la Garonne ou du Rhône encore plus de distance que depuis la crise des transports.
Tranquilles du côté matériel, distraits, par un travail manuel intéressant, de leur travail intellectuel, placés dans un site où les promenades et les sports les solliciteraient, nos jeunes écrivains, réunis ensemble, mais chacun parfaitement libre, bien entendu, pourraient aller passer là deux ou trois mois par an ou plus, et je crois que ce serait un des meilleurs moyens de leur venir réellement en aide.
Malgré la précoce beauté de ces grands traits de philosophie chrétienne, qui sont la part de la Réforme dans Ronsard, et quoiqu’il y ait en beaucoup d’endroits de son recueil de l’imagination, du feu, de la fécondité, quelque invention de style, ce poète équivoque placé entre les petites perfections de la poésie familière de Marot et la haute poésie de Malherbe, ne sera jamais un auteur qu’on fréquente ; mais, comme représentant d’une époque, il y aura toujours justice à l’apprécier et profit à l’étudier.
Il y a d’ailleurs de frappantes analogies entre les deux époques de grandes choses qui finissent, la religion et la société politique dans l’empire romain, le catholicisme du moyen âge, et la féodalité dans la France du xvie siècle ; de grands bouleversements, des révolutions, le règne de la force, qui détache les esprits méditatifs d’une société où personne n’a protection, et les ramène sur eux-mêmes ; le même doute aux deux époques par des causes différentes ; dans Rome en décadence, parce que les vieilles croyances y sont éteintes et laissent l’homme en proie à lui-même ; dans la France du seizième siècle, parce qu’on est placé entre d’anciennes formes qui disparaissent et un avenir qu’on ignore.
On s’entendit pour qu’elle fût placée à l’hospice ; c’est là que tu l’as vue.
Rappelons qu’à Bayreuth, la fosse d’orchestre est placée sous la scène et que les musiciens sont totalement cachés aux yeux du public.
En qui désormais placera-t-il sa confiance ?
Mon but est de placer ici sous les yeux du lecteur dilettante la Réminiscence telle qu’elle était à l’époque où Wagner commença de mettre en œuvre son Leitmotif dans le Vaisseau Fantôme et Tannhaeuser.
Lewes n’entend se placer qu’au point de vue physiologique.
Elle est pauvre, car elle a placé sa dot, à fonds perdus, sur la tête de son père ; elle s’est dépouillée pour l’envelopper de bien-être ; elle s’est faite misérable dans l’avenir pour assurer l’aisance de ses derniers jours.
Supprimez, par hypothèse, le côté mental pour ne considérer que le côté physique, et placez-vous ainsi, comme le veut Ribot, « en dehors de toute conscience », il ne restera alors que le mouvement et ses lois.
Vendredi 23 novembre Des statues placées à la hauteur du père Dumas, on voit la semelle des bottes et l’intérieur des narines, et le reste en raccourci.
Deschanel s’est placé au point de vue de l’usage et de la correction académique.
Et l’on voit, en examinant la marche de l’esprit humain, combien il est impossible de se défaire de la conscience d’une chose effective — an actuality — placée sous les apparences, et comment, de cette impossibilité, résulte notre indestructible croyance en l’existence de cette chose9. » Quelques critiques se sont étonnés de la « faiblesse de ces raisons », et pour ne rien dire de ceux qui n’ont vu qu’une « monstruosité » dans l’Inconnaissable du positivisme spencérien, on a prétendu le réduire à n’être que le nom dont nous nous servirions pour nous déguiser à nous-mêmes la profondeur de notre ignorance10.
Cadmus se trouve placé entre Pallas et Junon, dont l’une lui ordonne et l’autre lui défend de secourir la princesse.
Puisque la définition dont nous venons de donner la règle est placée au commencement de la science, elle ne saurait avoir pour objet d’exprimer l’essence de la réalité ; elle doit seulement nous mettre en état d’y parvenir ultérieurement.
L’animal aussitôt, à cette double atteinte, A levé le derrière, et moi je suis glissé Aussitôt sur le col où je me suis blessé ; Mais le cheval mutin, après cette ruade, A relevé sa tête et fait une saccade Qui du col sur la croupe à l’instant m’a placé, Du maudit mousqueton toujours embarrassé : N’y souffrant rien, il a gambadé de plus belle Et m’a fait un pivot du pommeau de la selle.
Au retour, « ils gardent cet argent dans leurs coffrés, et, tant qu’il dure, font belle dépense. » Ils ne le convertissent point en terres, ils ne le placent point à l’intérêt ; « ils tiennent au-dessous d’eux d’en tirer profit » ; ils puisent à même ; « quand ils n’en ont plus, ils sollicitent un nouveau poste. » Nulle idée d’économie. […] « Aux jours de cérémonies, chaque dame peut placer deux cavaliers à côté d’elle, et ils mettent leur chapeau devant leurs Majestés, bien qu’ils ne soient pas grands d’Espagne. […] C’est pourquoi, de la même façon qu’on met une œuvre d’art au point et en perspective, afin de donner ton et relief à tous les traits essentiels, nous avons placé l’édifice type de l’architecture grecque au centre d’un tableau de la civilisation générale et au grand jour d’une psychologie du temps et de la race. » — Peut-être un si grand admirateur du génie grec eût-il dû se rappeler les débuts des dialogues de ses maîtres, Platon et Xénophon, l’art antique qui consiste à commencer par de petits faits sensibles, à prendre les lecteurs tels qu’ils sont, avec leurs habitudes paresseuses d’esprit, les conduire, par degrés et sans qu’ils s’en doutent, vers les vues d’ensemble et les déductions exactes. […] D’autres firent de même, placèrent l’argent, et Gleyre acquit ainsi, sans le vouloir, sans y penser, la petite fortune qui lui assura l’indépendance et la sécurité pour ses vieux jours. […] Placées en un tel endroit, chez un patron si renommé de tous les arts, sur le passage qui conduisait à la galerie préparée pour M.
Notre conduite est « le résultat des sentiments de la société qui nous environne » (voilà, sauf erreur, ô Lisette, une phrase un peu bien lourde) ; et jeune encore, aimable et riche, nous travaillons moins à jouir de la vie qu’à nous étourdir sur notre propre existence. » Les autres personnages sont : « Cidalise, la prude » ; la « minaudière Ismène » ; un « baron philosophe, qui dit tout ce qu’il pense et se permet de tout penser », qui aime la campagne et qui doit lire Rousseau ; un poète ridicule qui vient lire une tragédie et n’en peut placer que le premier vers ; un petit abbé qui chante la romance en s’accompagnant sur la guitare ; un médecin pour dames, pirouettant et papillotant, galant avec ses belles clientes, qui ne leur administre que des remèdes élégants et légers, appropriés à leur délicatesse, qui les purge avec du « miel aérien » et leur fait prendre des calmants dans de la crème à la pistache ; enfin, le marquis-colonel, l’homme à la mode, celui qui brode et qui fait de la tapisserie, et que Lisette arrange comme il suit : « Tout charmant, tout extraordinaire que le marquis voudrait bien nous paraître, Lucile sait apprécier son mérite et s’aperçoit aussi bien que moi, tous les jours, que l’histoire de ses valets, le prix de ses chevaux, le dessin de sa voiture, quelques saillies, de la mauvaise foi, de l’impertinence et des dettes, voilà de cet homme merveilleux quels sont, en quatre mots, la conversation, les vertus et les vices. » Le petit acte de Poinsinet eut du succès en son temps (surtout parce que c’était une pièce « à clef » ), mais le mérite en fut assez vivement contesté. […] viens soutenir mon courage ; viens remplir mon cœur de ces élans généreux, de ces sublimes sentiments que tu as tant de fois placés dans ma bouche… » (Placer des élans dans une bouche ? […] La conduite de Malandran paraît d’autant plus abominable que la faute de Fanette, dans le milieu où le poète l’a placée, semble plus involontaire, plus conseillée par le paysage et par le grand soleil, plus rapprochée des antiques et innocentes oaristys. […] Placez ces trois malades dans la situation de Séverine : il y a autant de chances pour qu’elles pardonnent à Pyrrhus, à Bazajet et à Hippolyte que pour qu’elles les tuent. […] Pour cela, il a simplement placé ses deux personnages principaux dans une situation socialement immorale en leur conservant les sentiments et les préjugés qu’on a dans les situations régulières.
Si bas que vous soyez, il y a toujours quelqu’un, il y a toujours beaucoup de gens, même plus haut placés que vous n’êtes, qui ont quelque chose à tirer de vous. […] C’est une halte, qui, sans doute, est utile, où la littérature fait le compte de ses richesses et ne met son soin et son art qu’à les placer dans un plus bel ordre, ou simplement dans un ordre nouveau. […] Et c’est ainsi que les auteurs originaux se placent tout naturellement dans ce que nous appelons l’enseignement secondaire, à commencer par Homère, et les auteurs alexandrins tout naturellement aussi dans l’enseignement supérieur. […] Et de même, pour le siècle dernier, où se placer pour prendre hauteur ? […] Margueritte et doit se placer de pair avec La Force des choses ; mais c’est une œuvre très agréable, souvent très pénétrante, et, encore une fois, le sujet n’était pas commode.
On y remarquera surtout ce qu’il y dit de Tristan et Yseult : « Entre tous les grands poèmes de l’humanité, — et je n’hésite pas à le placer à côté d’eux, — Tristan est le poème de l’amour… Ce que chante le poème celtique, c’est l’amour délivré de tout lien, de toute contrainte, de tout devoir autre que lui-même, l’amour fatal, passionné, illégitime, vainqueur de tout, des obstacles, des dangers, et de l’honneur même… Cette inspiration n’a cessé de se faire sentir, et l’amour tel qu’il est compris dans les romans de la Table-Ronde est resté depuis lors le sujet favori et presque unique de notre littérature d’imagination. » Si l’on doit surtout prendre plaisir, en critique, à faire honneur aux autres de ce qu’ils nous apprennent, nous nous tenons pour particulièrement obligés à M. […] On peut bien concevoir, à la rigueur, qu’un fait, jusqu’alors demeuré dans l’ombre et remis en lumière par un chercheur heureux, vienne brusquement faire le jour sur un point discuté de la politique de Louis XIV ou de Guillaume III : on ne peut pas concevoir que la découverte inattendue d’un chef-d’œuvre ignoré vienne brusquement faire déchoir la comédie de Molière ou le drame de Shakespeare de la hauteur de gloire où l’admiration des siècles a placé Tartufe et Othello. […] Depuis l’Histoire naturelle, il ne nous est plus permis ni possible de nous placer au centre de l’univers, et cette apparente déchéance est peut-être l’un des progrès les plus considérables qu’il y ait dans l’histoire de l’esprit humain. […] Et, puisque c’était toujours ce que l’on demandait : une forme de drame ou de comédie qui ne fût pas plus aristocratique encore que la tragédie classique, mais au contraire plus semblable à la vie ; dont les héros, placés dans les mêmes conditions que nous, ne fussent pas agités de passions incommensurables, pour ainsi dire, avec les nôtres ; du moment que le romantisme ne nous la donnait pas, la tentative était à reprendre au point où l’avaient laissée les Diderot et les Sedaine. […] C’est à ce point de vue que je me suis placé pour me faire à moi-même une idée des différences qui séparent l’idéalisme d’avec le naturalisme, puisque aussi bien, dans son gros livre, M.
Quelle que soit leur obscurité ou leur imperfection, ils doivent être placés dans une claire lumière, en face de ceux dont ils neutralisent la grosse malice ou la séduisante perversité. […] C’étaient des marabouts errants, animés d’un fanatisme sombre, sujets à des extases, des « espèces d’enragés, qu’on répugne, au premier abord, à placer parmi les précurseurs de Jésus ». […] Ils veulent nous faire croire, et ils sont sans doute sincères, qu’ils aperçoivent, eux aussi, selon le point de vue où ils se placent, les aspects multiples et insaisissables des choses. […] Ce commerçant stupide qui digère sa soupe, en achevant de lire une chronique de quelque imbécile, le fin lettré qui savoure, à petites gorgées, des vers bien tournés, le joli garçon qui flirte avec une jolie femme, le grammairien qui se complaît trop dans une correction de texte, n’ont cherché, en somme, que leur plaisir ; à ce titre, et malgré les degrés divers où ils placent leur idéal, ils sont à peu près égaux au regard de la justice infinie. […] La cathédrale, « chef-d’œuvre de légèreté, fol essai pour réaliser en granit un idéal impossible », a été placée, par ses fondateurs, sous l’invocation de saint Tugdual.
La supériorité de leur raison leur montre les suffrages des hommes sensibles, nés & à naître, & ils placent la récompense de leurs travaux dans l’amélioration des projets pour le bien public. […] Comme le Poète est content, quand il peut placer à propos ces mots ronflans ! […] Il n’est heureux & frappant que lorsqu’il se trouve placé au milieu de quelques grands évènemens, ou bien d’une calamité publique.
« Ampère, disait-il, a placé son esprit si haut, qu’il a bien loin au-dessous de lui tous les préjugés nationaux, toutes les appréhensions, toutes les idées bornées de beaucoup de ses compatriotes ; par l’esprit, c’est bien plutôt un citoyen du monde qu’un citoyen de Paris. […] Un jour que Chateaubriand entrait chez Mme de F…, fille de la marquise d’Aguesseau, et qui, née en Angleterre, avait le culte de Byron, il vit sur une console un buste nouvellement placé, et il demanda en souriant qui c’était ; sur la réponse que c’était lord Byron, il fit un geste en arrière, et son noble visage ne put réprimer une de ces grimaces soudaines auxquelles il était trop sujet.
La seconde est puissante en astronomie, dans les parties supérieures de la physique, en physiologie, en histoire, dans les dernières démarches de toute science, partout où les phénomènes sont fort compliqués, comme la vie animale et sociale, ou placés hors de nos prises, comme le mouvement des corps célestes et les révolutions de l’enveloppe terrestre. […] Dans ce grand vide inconnu que vous placez au-delà de notre petit monde, les gens à tête chaude ou à conscience triste peuvent loger tous leurs rêves, et les hommes à jugement froid, désespérant d’y rien atteindre, n’ont plus qu’à se rabattre dans la recherche des recettes pratiques qui peuvent améliorer notre condition.
Ce que l’homme n’avait pas et ne concevait pas possible sur la terre, l’égalité, la justice, le bonheur, il le plaçait dans le ciel, et en jouissait par anticipation. […] Quand il y avait une religion et une société, la propriété existait avec la sanction de cette religion et de cette société ; et ainsi placée à son rang, à l’ombre de cette religion et de cette société, elle était légitime.
La seconde est puissante en astronomie, dans les parties supérieures de la physique, en physiologie, en histoire, dans les dernières démarches de toute science, partout où les phénomènes sont fort compliqués, comme la vie animale et sociale, ou placés hors de nos prises, comme le mouvement des corps célestes et les révolutions de l’enveloppe terrestre. […] Dans ce grand vide inconnu que vous placez au-delà de notre petit monde, les gens à tête chaude ou à conscience triste peuvent loger tous leurs rêves, et les hommes à jugement froid, désespérant d’y rien atteindre, n’ont plus qu’à se rabattre dans la recherche des recettes pratiques qui peuvent améliorer notre condition.
Monsieur, Voulez-vous permettre à un jeune Français de vous exprimer tout le plaisir que lui a causé Outamaro, mieux placé que tout autre pour le comprendre puisque je suis au milieu des Japonais… J’avais quinze ans quand j’ai lu Sœur Philomène et j’ai voulu être interne, et je suis médecin… La Maison d’un Artiste m’a fait venir au Japon. […] Il avait peint une affiche d’un marchand d’estampes, et le marchand en avait été si satisfait et si glorieux qu’il l’avait fait richement encadrer et placer devant sa boutique, lorsqu’un jour passe devant la boutique un camarade d’atelier, d’une réception plus ancienne que lui, et qui trouve l’affiche mauvaise, et la déchire pour sauver l’honneur de l’atelier Shunshô. […] Et soudain l’album saute à des gymnastes faisant du trapèze autour d’un bambou, à des acrobates jonglant avec un sabre, portant sur le front, au bout d’un long bâton, un vase plein d’eau en équilibre, ôtant debout leur chapeau avec un pied, buvant à la renverse une tasse de thé placée à terre derrière eux. […] Le tanzakou, placé au milieu, porte : « Le plaisir de la vie est d’admirer les vues des quatre saisons, avec la lune, la neige, les fleurs, la montagne verte, le bois à feuilles rouges, dont une partie tapisse la terre. […] Le papier en large, placé en tête du kakémono, est une lettre d’Hokousaï qui recommande un élève au docteur Sanghino, lettre signée : Le paysan Hatiyémon, habitant en face de la pharmacie Jôsaï.
Il me restait encore un de ces livres, je ne pouvais le mieux placer que dans vos mains ; j’aurais voulu y joindre Éloa, mais elle n’existe plus, même chez moi.
Au milieu de sa fatale maladie, elle était encore agitée du désir de placer mon cher Valmore à Paris. — Mon bon Félix, je t’en prie, dis une prière pour cette femme presque divine.
André Chénier avait traduit par provision ces deux vers, pour les placer ensuite quelque part : L’alcyon sur les mers, près des toits l’hirondelle, Le cygne au bord du lac, sous le bois Philomèle.
Il ne faisait là dès l’abord que se placer sous l’invocation de son véritable patron.
Au milieu de son Esprit des lois, Montesquieu avait placé une invocation aux Muses.
Il fait un joli portrait de la chèvre, vive, capricieuse et vagabonde : « Elle aime à s’écarter dans les solitudes, à grimper sur les lieux escarpés, à se placer et même à dormir sur la pointe des rochers et sur le bord des précipices.
Je l’ignore ; et je crois que personne mieux que moi n’était placé pour ne rien ignorer, s’il y avait eu quelque chose de mystérieux à savoir.
Il ressemble à une fontaine munie de plusieurs tuyaux près desquels on n’a besoin que de placer des vases sous les flots qui s’écoulent frais et inépuisables.
On m’avait contraint de me placer à genoux, près de ce lugubre appareil.
L’Église ne peut consommer, placer, régir tout ce qu’elle a formé.
Ce n’est plus un secret pour aucune femme qu’il n’y a pas d’amour ou disons pas d’amant possible, pas d’amante, que l’on puisse placer dans une carrière en formation, dans une vie en marche.
Ici l’on sent l’effet malencontreux du mot « interminables » placé entre « plages » et « voyages », en revanche j’aime à faire observer l’heureuse disposition, aux derniers vers, des mots âges, arbres, pâles ; celui-ci, dernier écho du son prépondérant de toute la strophe, s’unit par une allitération à la rime, qu’une homophonie annonce elle-même et vient soutenir à la césure.
Elle la confesse ; c’en est fait : la voilà désormais placée entre deux devoirs incompatibles : aucun ne cédera ; c’est elle qui sera brisée.