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1271. (1897) Aspects pp. -215

On le prend pour un espion russe, on l’arrête ; et il a grand peine à établir sa qualité de Français en rupture de nationalité. […] En effet, l’élection par bulletins de vote, ailleurs méprisée, tend à s’établir chez nous. […] » Ils établirent des plans d’existence. […] Bernard Lazare a parfaitement établi dans plusieurs livres et dans une brochure récente33. — S’adressant à M.  […] s’écria Melchior, le roi Hérode n’a donc pas établi d’écoles laïques, gratuites et obligatoires dans ce pays ?

1272. (1898) Ceux qu’on lit : 1896 pp. 3-361

Ce qui peut être supposé, c’est que madame Victor Hugo, ne trouvant pas la situation assez nettement établie par son mari, écrivit à Sainte-Beuve de faire en sorte qu’elle le fût. […] En quelques pages de haute éloquence, il établit que le véritable coupable c’est lui-même, et que si une tête doit tomber c’est la sienne. […] Daudet a tenu à établir qu’il ne pouvait être qu’une dégénérescence de l’espèce, et qu’il ne prenait ses origines que dans des cerveaux malades ou déséquilibrés, relevant des cliniques ouvertes aux névropathes. […] Toute la différence que l’usage établit entre des femmes honnêtes et elles, c’est que celles-ci sont généralement appelées des “désespérées”, bien que leur désespoir se révèle à leurs consolateurs d’une façon toute spéciale. » Qui ne reconnaîtrait Rochefort dans tout ce qu’il écrit et qui pourrait trouver une différence entre la verve de sa jeunesse et celle d’aujourd’hui. […] Durant ces fêtes, des relations d’amitié s’établirent entre le grand-duc, la grande-duchesse et plusieurs membres de la famille de Bourbon.

1273. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

Lorsque ce grand roi vint établir sa cour à Ispahan, et qu’il conçut le dessein de rendre cette ville aussi magnifique qu’elle l’est devenue, il engageait non-seulement tous les grands seigneurs, mais encore tous les particuliers qu’il savait être gens riches, à construire quelque édifice public pour l’ornement et pour la commodité de la ville. […] Ensuite, on trouve les marchés de gros cuir, et ceux de cuir fin ; les fripiers de grosses hardes, les vendeurs de grosses toiles, les batteurs de coton, pour la doublure des habits ; les chaudronniers, les changeurs, lesquels sont sur de petits établis de trois à quatre pieds en carré, ayant de petits coffres de fer à côté d’eux, et un cuir au devant pour compter ; les médecins, qui ont leur étalage sur de petits échafauds semblables. […] Il crut qu’il y allait de son devoir d’empêcher ce désordre autant qu’il pourrait ; et qu’encore qu’il n’eût pas de droit de parler en cette assemblée, il lui était permis de violer ce droit, qui n’était que de pure cérémonie, pour remettre dans le bon chemin ceux qui violaient une loi que la nature semblait avoir établie et que la religion favorisait.

1274. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre septième »

Nul n’était plus capable de saisir les travers au passage que le prince qui, selon l’expression fort juste de la Harpe, avait établi une sorte de législation des bienséances. […] Il fallait, dans une œuvre de doctrine, établir au nom de quels principes ils avaient été combattus, faire distinguer au public le rimeur du poète, et lui apprendre ce qu’est le vrai poète, en lui en donnant à voir un de plus. […] Un seul fait importe à établir, et ce fait est à l’honneur des deux hommes, c’est que de tous les écrivains illustres qui firent cortège à Louis XIV, aucun ne fut en faveur plus constante auprès de ce prince que celui dont il eut le plus souvent à entendre la vérité.

1275. (1890) Les romanciers d’aujourd’hui pp. -357

Mais ici les distinctions s’établissent d’elles-mêmes, le fonds d’idées, de sentiments et de sensations, variant avec chacun. […] Les nouvellistes ou « novellistes » sont aujourd’hui légion, et je ne puis songer à les énumérer tous, car tous nos écrivains, ou presque, se sont établis nouvellistes. […] Malot, et comment il l’établit dans la succession de Balzac. […] J’ai réussi à établir un peu d’ordre dans un livre comme celui-ci, qui embrasse un cycle assez large ; la chose eût été impossible, si je m’en étais strictement tenu aux deux ou trois dernières années. […] Quarante ans après, il retrouve cette paysanne établie charbonnière à Paris, dans une maison obscure de la rue Visconti.

1276. (1899) Arabesques pp. 1-223

Voici pourquoi : au moment de commencer une nouvelle campagne, et afin que toute équivoque soit évitée à l’avenir, j’ai cru nécessaire de répondre à quelques-unes des critiques formulées contre mes publications antérieures et d’établir le critérium selon lequel j’ai jugé, je juge, je jugerai mes contemporains. […] Tous les cadres entre lesquels se débat notre société sont vermoulus ou établis de telle sorte qu’ils gênent et blessent ceux qui, par indépendance d’esprit ou par tempérament réfractaire à la compression, ne veulent ni ne peuvent s’y adapter. […] Mais, en tout cas, le critérium manque qui permettrait d’établir la supériorité d’une espèce nouvelle sur l’espèce qu’elle supplanta ou à côté de qui elle se développa. […] La supériorité de l’homme sur le singe n’est pas plus facile à établir. […] La hiérarchie, basée sur l’inégalité, qu’ils prétendraient établir, serait tout aussi néfaste, dans ses effets, que la soi-disant égalité dont usent les Bourgeois pour endormir leurs esclaves.

1277. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

Bref, Molière et ses amis les amateurs de théâtre s’établirent dans le jeu de Paume de la Croix-Blanche, au faubourg Saint-Germain. […] Les descendants de ce Poquelin s’établirent, les uns à Tournai, les autres à Cambrai, où ils ont joui longtemps des droits de la noblesse : les malheurs des temps leur firent une nécessité du commerce dans lequel quelques-uns d’entre eux vinrent faire oublier leurs privilèges à Paris ». […] Ce n’était pas assez d’être établi à Paris, il y était applaudi. […] Ce théâtre du Petit-Bourbon, où Molière s’était établi, ne devait pas durer longtemps. […] C’est Momus et Molière, et le dialogue suivant s’établit entre eux.

1278. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon » pp. 423-461

Lorsque la guerre de la Succession commença (1702), voyant de nouvelles promotions se faire, dans lesquelles figuraient de moins anciens que lui et y étant oublié, il songea à se retirer du service, consulta plusieurs amis, trois maréchaux et trois hommes de Cour, et sur leur avis unanime « qu’un duc et pair de sa naissance, établi d’ailleurs comme il était et ayant femme et enfants, n’allait point servir comme un haut-le-pied dans les armées et y voir tant de gens si différents de ce qu’il était, et, qui pis est, de ce qu’il y avait été, tous avec des emplois et des régiments », il donna, comme nous dirions, sa démission ; il écrivit au roi une lettre respectueuse et courte, dans laquelle, sans alléguer d’autre raison que celle de sa santé, il lui marquait le déplaisir qu’il avait de quitter son service. « Eh bien ! […] [NdA] Saint-Sirnon, dans le texte original, n’établit point de chapitres proprement dits ni aucune division ; il était d’une haleine infatigable ; on a bien été obligé, en imprimant, de faire des chapitres de longueur à peu près égale pour soulager l’attention du lecteur ; mais on a eu soin, dans la présente édition, de ne composer les sommaires qu’avec les termes mis en marge par Saint-Simon, et on a reproduit, autant qu’on l’a pu, ces mêmes termes de la marge, au haut des pages dans le titre courant.

1279. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIe entretien. Littérature politique. Machiavel » pp. 241-320

Le roi de France Louis XII fit cinq fautes en Italie : il y ruina les puissances faibles, il y accrut la puissance d’un prince puissant, il y introduisit un prince étranger très fort, il n’y vint pas résider, et il n’y établit pas la domination française. » Ces cinq fautes reprochées par Machiavel à Louis XII ne semblent-elles pas prophétiquement s’appliquer à la politique de la France d’hier relativement à l’Italie ? […] Les Normands, peuplades maritimes du Nord, conquérants d’une province française, de l’Angleterre et de la Sicile, se mêlent à ces débordements de barbares septentrionaux ou sarrasins, et s’établissent solidement dans la Campanie et dans Naples.

1280. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre III. La poésie romantique »

Tout ce qui est circonstance, réalité, forme visible de l’être s’efface : chaque Méditation n’est guère qu’un soupir, et Lamartine gagne cette gageure impossible d’établir par des mots entre son lecteur inconnu et lui ces intimes communications qui se forment dans la vie réelle par le silence entre deux âmes sœurs. […] Hugo l’avait établi : le Midi, c’était de l’Orient encore.

1281. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 novembre 1885. »

On peut en discuter d’une façon tout individuelle, selon le goût, établir les relations entre les tendances de l’artiste et celles du critique, apprécier, approuver, dénigrer, sans que rien de supérieur intervienne dans ce débat aux opinions particulières de celui qui le suscite. […] L’argument métaphysique par lequel on établit que toute éthique et que toute esthétique se basent sur la suppression des conceptions du Temps et de l’Espace, c’est-à-dire sur la Négation, peut être résumé ainsi : la conception de la pluralité est liée à celle de l’Espace et à celle du Temps, lesquelles sont intuitives.

1282. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre sixième. La volonté — Chapitre troisième. La volonté libre »

IV Réalisation progressive de l’idée de liberté — Ses moyens Dans l’idée de liberté psychologique et morale, telle que la conçoit la conscience de l’humanité, non telle que l’imaginent les auteurs de systèmes, quels sont les éléments réalisables selon les lois psychologiques et physiologiques établies par la science ? […] Par la conscience, un lien s’établit entre les deux termes, sans supprimer encore l’action nécessitante du premier sur le second.

1283. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre V. Des orateurs anciens et Modernes. » pp. 223-293

Ecriture, soit pour avoir outré quelquefois les caractères, à dessein d’établir entre différens Saints des comparaisons absolument étrangeres à la grandeur de ces héros & au mérite même du Panégyrique, soit enfin pour quelques antithèses favorites. […] L’usage est insensiblement établi que tout Académicien répéteroit ces éloges à sa réception : Ç’a été une espêce de loi d’ennuyer le public.

1284. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre V. Le souvenir du présent et la fausse reconnaissance »

Rien de semblable dans la confusion plus ou moins lente à s’établir, plus ou moins facile à dissiper, d’une expérience actuelle avec une expérience antérieure qui lui ressemble. […] Arnaud 40 un spectacle peut produire sur nous une première impression, instantanée et à peine consciente, à laquelle succède une distraction de quelques secondes, après quoi la perception normale s’établit.

1285. (1870) La science et la conscience « Chapitre III : L’histoire »

Comme dans ces dernières, il s’agit de tables de présence ou d’absence à dresser, de séries croissantes ou décroissantes à établir, de statistiques à former. […] Ces résultats d’observation et d’analyse ne portent nullement atteinte à l’ordre des vérités morales établies par le témoignage de la conscience.

1286. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — III. (Fin.) » pp. 246-261

Ne pourriez-vous pas, après avoir établi sourdement cette batterie, vous assembler sept ou huit élus, et faire une députation au roi pour lui demander M. 

1287. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Vicq d’Azyr. — II. (Fin.) » pp. 296-311

Semblable à ce météore terrible qui, formé de mille courants divers, menace du haut de la nue les sommets escarpés et semble être destiné par la nature à maintenir l’égalité physique sur le globe, la foudre révolutionnaire qui est en vos mains, et que dirige habilement votre génie, continuera de renverser les trônes, fera tomber les têtes superbes qui voudraient s’élever au-dessus du niveau que vous avez tracé ; elle établira l’égalité politique et (l’égalité) morale, qui sont les bases de notre liberté sainte… Voilà jusqu’où l’exaltation de la peur et l’espoir de se faire pardonner de Couthon, Saint-Just et consorts, pouvaient conduire le ci-devant médecin de la reine, un écrivain académique élégant.

1288. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal de Dangeau. tomes III, IV et V » pp. 316-332

Bignon avait fait établir pour la description des arts », celle qui est devenue l’Académie des inscriptions.

1289. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Fanny. Étude, par M. Ernest Feydeau » pp. 163-178

La comparaison entre Adolphe et Fanny ne saurait s’établir que sur la forme et pour le cadre, pour le nombre et le chiffre des acteurs : le fond de la situations d’ailleurs, est des plus dissemblables.

1290. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers (tome xviie ) » pp. 338-354

Jointe à cette prodigieuse intelligence qu’il possède et dont il a prétendu faire la qualité essentielle et même unique de l’historien, elle la redouble et l’aiguise sur quelques points ; elle est comme un sens de plus que toutes les intelligences n’ont pas et qui lui inspire des jugements d’une rare délicatesse (ainsi dans les différences qu’il établit, page 679, entre les différents moments de la résistance de Napoléon à la paix).

1291. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — I » pp. 146-160

Je maudis l’instant où je fus fait caporal ; et je voudrais avoir l’apathie de ceux qui finiront par s’établir bourgeoisement.

1292. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — III » pp. 174-189

Fouché aurait répondu « qu’il était temps que cette démocratie sans but et sans règle fît place à l’aristocratie républicaine, ou gouvernement des sages, le seul qui pût s’établir et se consolider. » — « Oui, sans doute, reprit Sieyès, et si cela était possible, vous en seriez ; mais que nous sommes encore loin du but ! 

1293. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Questions d’art et de morale, par M. Victor de Laprade » pp. 3-21

On avait à décerner ce prix pour la première fois ; plusieurs académiciens soutenaient avec beaucoup de vivacité que la disposition, dans les termes du décret, était inexécutable, qu’il n’y avait aucune comparaison possible à établir entre des œuvres littéraires par exemple, et des découvertes de science ou d’érudition.

1294. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mélanges religieux, historiques, politiques et littéraires. par M. Louis Veuillot. » pp. 44-63

Mais je vais plus loin et je ne suis pas au bout : — Cet homme, — un autre homme encore, — est arrivé à admettre, à comprendre, à croire non-seulement la Création, non-seulement l’idée d’une Puissance et d’une Intelligence pure, distincte du monde, non-seulement l’incarnation de cette Intelligence ici-bas dans un homme divin, dans l’Homme-Dieu ; mais il admet encore la tradition telle qu’elle s’est établie depuis le Calvaire jusqu’aux derniers des Apôtres, jusqu’aux Pères et aux pontifes qui ont succédé ; il tient, sans en rien lâcher, tout le gros de la chaîne ; il est catholique enfin, mais il l’est comme l’étaient beaucoup de nos pères, avec certaines réserves de bon sens et de nationalité, en distinguant la politique et le temporel du spirituel, en ne passant pas à tout propos les monts pour aller à Rome prendre un mot d’ordre qui n’en peut venir, selon lui, que sous de certaines conditions régulières, moyennant de certaines garanties ; et ce catholique, qui n’est pas du tout un janséniste, qui n’est pas même nécessairement un gallican, qui se contente de ne pas donner dans des nouveautés hasardées, dans des congrégations de formation toute récente, dans des résurrections d’ordres qui lui paraissent compromettantes ; — ce catholique-là, parce qu’il ne l’est pas exactement comme vous et à votre mode, vous l’insulterez encore !

1295. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Lettres de Madame de Sévigné »

Et, en vérité, avec nos grands écrivains du xviie  siècle, nous marchons depuis quelque temps de secousse en secousse, de surprise en surprise ; on ne nous laisse pas un instant sommeiller en paix sur l’oreiller de nos admirations établies.

1296. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Campagnes de la Révolution Française. Dans les Pyrénées-Orientales (1793-1795) »

Il commence par l’attaque du camp de la Perche, que les Espagnols avaient établi pour arriver à battre les remparts de Mont-Louis ; il les en chasse, et se jette le lendemain dans la Cerdagne espagnole.

1297. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Biot. Mélanges scientifiques et littéraires, (suite et fin.) »

Il ne cessa d’être contraire à demi-voix à l’influence d’Arago au sein de l’Académie, aux innovations qui tendaient à faire de plus en plus large la part du public, à la divulgation régulière et prompte des discussions et des travaux, telles que l’ont établie les Comptes rendus hebdomadaires des séances.

1298. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe et d’Eckermann (suite et fin.) »

Cette hauteur convenait à ma nature, et, longtemps avant d’avoir atteint ma soixantième année, je m’y étais fermement établi. » Acceptons cette généreuse déclaration pour la France, et, au lieu de faire chorus avec les détracteurs, honorons le sentiment élevé qui l’a dictée.

1299. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. » pp. 31-51

On entrevoit très-bien, par la facilité qu’ils eurent de faire soulever des villes et des provinces entières, que les Carthaginois proprement dits étaient des colons conquérants qui s’étaient établis principalement sur les côtes, mais qui ne s’étaient pas fondus avec les populations autochtones, qui les dominaient, les pressuraient au besoin, et qui n’étaient pas bien vus d’elles.

1300. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Octave Feuillet »

Il a une mission ; il s’est chargé de décrire un monument historique, un vieux cloître ruiné en Normandie, et, pour mieux faire, il s’est établi dans un moulin, passant le jour à courir le pays ou à dessiner.

1301. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Souvenirs d’un diplomate. La Pologne (1811-1813), par le baron Bignon. »

Le roi de Saxe n’avait voulu établir de vice-roi, ni en titre ni de fait ; il n’avait délégué le pouvoir à personne et s’en était réservé la plénitude, « précisément parce qu’il ne voulait l’exercer qu’avec mesure. » Il en résultait bien des lenteurs et des embarras.

1302. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Lettres d’Eugénie de Guérin, publiées par M. Trébutien. »

Or, Mme la comtesse Agénor de Gasparin, — c’est elle en toutes lettres, — femme d’un homme de cœur et d’un homme de bien, Genevoise de famille et de naissance, de la haute bourgeoisie ou de l’aristocratie de cette république (c’est tout un), passant certaines saisons à Paris, mais établie et vivant plus ordinairement en son château ou manoir au pied du Jura suisse, dans le canton de Vaud, dans le pays de Glaire d’Orbe, a publié, en ces dernières années surtout, une série d’esquisses, d’impressions morales ou pittoresques, de tableaux paysanesques ou alpestres avec intention et inspiration chrétienne très-marquée46, toute une œuvre qu’il est naturel de rapprocher des Lettres et Journaux d’Eugénie de Guérin.

1303. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, par M. J. Zeller. Et, à ce propos, du discours sur l’histoire universelle. (suite.) »

Il en est à David, à la royauté établie chez le peuple de Dieu, à Salomon qui bâtit le Temple et qui ne fait en cela que revêtir en quelque sorte de matériaux précieux l’idée de Moïse, qu’ajouter à l’arche première et au tabernacle du désert la magnificence et la grandeur.

1304. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les cinq derniers mois de la vie de Racine »

Mais un autre abbé, l’abbé Testu, directeur de l’Académie, trouva à redire après coup à ce procédé et convoqua extraordinairement les Quarante pour se plaindre qu’on eût manqué à l’ordre établi en pareil cas, à savoir que, dans les solennités académiques, on ne lirait aucun ouvrage s’il n’était de quelqu’un de la Compagnie.

1305. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. (Suite.) »

a de peine à passer sans secousse d’un règne moral à l’autre, et que ceux qui essayent d’établir des pentes insensibles, des transitions graduelles, sont les malvenus !

1306. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. (Suite et fin.) »

Négligent jusqu’à la fin et mal instruit des mouvements de l’ennemi, il remettait d’établir une communication facile de sa droite à son centre et de son centre à sa gauche, et quand on lui en parlait, il disait qu’il le ferait faire dans deux jours.

1307. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Sur la reprise de Bérénice au Théâtre-Français »

Ce qui est d’un art infini, c’est que ces petits ressorts qui font aller la pièce et en établissent l’économie concordent parfaitement et se confondent avec les plus secrets ressorts de l’âme dans de pareilles situations.

1308. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre IV. De l’amour. »

Une sorte de ridicule s’est attaché à ce qu’on appelle des sentiments romanesques, et ces pauvres esprits, qui mettent tant d’importance à tous les détails de leur amour propre, ou de leurs intérêts, se sont établis comme d’une raison supérieure à ceux dont le caractère a transporté dans un autre l’égoïsme, que la société considère assez dans l’homme qui s’occupe exclusivement de lui-même.

1309. (1894) Propos de littérature « Chapitre III » pp. 50-68

Henri de Régnier établit souvent la pose statique en dominatrice jalouse.

1310. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre III. Grands poètes : Verlaine et Mallarmé, Heredia et Leconte de Lisle » pp. 27-48

Un moraliste sagace établissait naguère que l’action d’une œuvre est d’autant plus forte qu’elle est moins répandue : le petit nombre à qui l’œuvre est familière est porté à exagérer sa signification, à la prôner d’un culte exclusif, farouche, de propriétaire.

1311. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre VII. L’antinomie pédagogique » pp. 135-157

L’éducation ne crée rien ; elle n’établit non plus rien de définitif.

1312. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Le symbolisme ésotérique » pp. 91-110

Sous le manteau des lettres s’établit entre eux l’une de ces amitiés solides qui ne se dénouent qu’avec la mort.

1313. (1890) L’avenir de la science « XII »

Que de travaux d’ailleurs qui, bien que n’ayant aucune valeur absolue, ont eu, de leur temps, et par suite des préjugés établis, une sérieuse importance !

1314. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre II. L’analyse interne d’une œuvre littéraire » pp. 32-46

Mais très souvent aussi l’une ou l’autre prédomine et cela suffit pour établir une distinction très nette entre deux ouvrages.

1315. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 15 janvier 1887. »

César Franck a un opéra en portefeuille, Hulda ; par malheur, je n’en connais que des fragments, d’ailleurs superbes, trop courts pour permettre d’établir une opinion raisonnée, assez longs pour qu’on puisse placer cet ouvrage, sans crainte de se tromper, fort au-dessus de presque tous ceux qui se jouent quotidiennement à Paris.

1316. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Madame Récamier. » pp. 121-137

Un autre chapitre offrirait ses relations moins simples, moins faciles d’abord, mais finalement si établies avec M. de Chateaubriand.

1317. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Poésies nouvelles de M. Alfred de Musset. (Bibliothèque Charpentier, 1850.) » pp. 294-310

Ce n’est point une comparaison que j’établis.

1318. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le cardinal de Retz. (Mémoires, édition Champollion.) » pp. 238-254

Ils ne se font croire que quand ils se font sentir, et il est très souvent de l’intérêt et même de l’honneur de ceux entre les mains de qui ils sont, de les faire moins sentir que croire. » Les autres inconvénients des guerres civiles qu’on a soi-même allumées, Retz nous les confesse sans réserve : un des premiers articles du Contrat de mariage entre le Parlement et la Ville de Paris avait été, nous l’avons vu, que les athées et libertins fussent réprimés et punis ; mais un des plus sûrs effets de la Fronde fut précisément de déchaîner ce libertinage, mortel à tout état de choses qui prétend s’établir et se consolider.

1319. (1876) Du patriotisme littéraire pp. 1-25

Je me propose aussi d’établir ou de confirmer dans les esprits de ceux qui m’écoutent un sentiment trop rare de nos jours et que je ne crains pas d’appeler le patriotisme littéraire.

1320. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre XI. Seconde partie. Conséquences de l’émancipation de la pensée dans la sphère de la littérature et des arts » pp. 326-349

Le nu tout seul, qui ne fut jamais dans les convenances de nos mœurs modernes, établit une grande différence pour la sphère d’inspiration ; et je remarquerai, à ce sujet, que les traditions classiques nous avaient égarés aussi dans la carrière des arts ; nous avions renié nos mœurs, et oublié notre climat, nous voulions à toute force nous transporter sur les bords de l’Ilissus et sous le ciel de la Grèce.

1321. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Les deux cathédrales »

L’Écriture Sainte, base de l’ancienne foi, ne fut plus qu’un document d’exégèse ; l’immense Bible vivante dont quelques caractères commençaient à être traduits, devint le seul Livre sacré dont l’authenticité fut établie.

1322. (1926) La poésie de Stéphane Mallarmé. Étude littéraire

C’est pour établir cette place, pour faire remonter jusqu’au début, comme la rime du vers, cette conclusion, que, dans un effort d’intelligence et d’équité, tout ce livre a été écrit1. […] Mallarmé fut rare de ces deux manières, entre lesquelles il nous aide à établir des correspondances. […] Entre la mort de Mallarmé et le rappel du refrain qui revient dans le Démon de l’Analogie, M. de Gourmont établit un rapport qu’il sait n’avoir aucun sens et qu’il croit peut-être par-là très mallarméen. […] Un tel ouvrage serait pour ainsi dire le résultat de la vision des poètes devant le à divers règnes que nous avons établis dans la nature pour mettre de l’ordre dans nos recherches, et il participerait des sciences autant que des arts. […] L’image mystique se donne l’air de pénétrer un mystère au moment même où elle ne fait qu’en établir un nouveau, — le troisième homme du Stagyrite.

1323. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff » pp. 237-315

Quand ils ont fini ou accompli à demi leurs migrations mystérieuses des confins de l’Orient aux confins de l’Europe ; quand ils ont conquis un vaste territoire inhabité ou presque désert, qu’ils s’y sont établis avec leurs hordes populeuses, leurs mœurs traditionnelles et leurs facultés de croissance gigantesques et presque indéfinies ; quand ils se sont fait place par le premier génie des nations, le génie sauvage de la guerre, accompagné du génie de l’unité ou de l’ordre, sous des chefs absolus ; quand ils commencent à jouir de l’agriculture, de l’aisance, du loisir, ils se civilisent, ils se policent, ils songent par instinct à se procurer les douceurs et les gloires de l’existence. […] Il commença par prendre un autre staroste, diminua les gages de ses gens, fit nettoyer un petit appartement dans lequel il s’établit, et clouer quelques planches au toit ouvert à la pluie. […] Boris et Pierre prirent un peu d’eau-de-vie, puis s’assirent sur le canapé, si flexible et si commode que, dès qu’il y eut pris place, Boris s’y trouva établi comme s’il faisait usage de ce meuble depuis longtemps. […] Entre elle et lui, il s’était établi des rapports affectueux ; seulement il la trouvait trop réservée et trop raisonnable.

1324. (1868) Curiosités esthétiques « II. Salon de 1846 » pp. 77-198

La vérité, pour être multiple, n’est pas double ; et comme vous avez dans votre politique élargi les droits et les bienfaits, vous avez établi dans les arts une plus grande et plus abondante communion. […] J’ignore si quelque analogiste a établi solidement une gamme complète des couleurs et des sentiments, mais je me rappelle un passage d’Hoffmann qui exprime parfaitement mon idée, et qui plaira à tous ceux qui aiment sincèrement la nature : « Ce n’est pas seulement en rêve, et dans le léger délire qui précède le sommeil, c’est encore éveillé, lorsque j’entends de la musique, que je trouve une analogie et une réunion intime entre les couleurs, les sons et les parfums. […] Célestin Nanteuil sait poser une touche, mais ne sait pas établir les proportions et l’harmonie d’un tableau. […] Du paysage Dans le paysage, comme dans le portrait et le tableau d’histoire, on peut établir des classifications basées sur les méthodes différentes : ainsi il y a des paysagistes coloristes, des paysagistes dessinateurs et des imaginatifs ; des naturalistes idéalisant à leur insu, et des sectaires du poncif, qui s’adonnent à un genre particulier et étrange, qui s’appelle le Paysage historique.

1325. (1913) Les livres du Temps. Première série pp. -406

Frédéric Masson, son histoire ou ce qui se rapportait à son histoire, ou ce qui avait avec elle une relation qu’il pût établir, était pour l’intéresser. […] Paul Bourget prétendait établir le diagnostic, faut-il avouer qu’elles ne nous effrayaient pas le moins du monde ? […] À une certaine hauteur, les réputations établies n’ont plus rien à craindre. […] Il y a pourtant du vrai dans les ingénieuses distinctions établies par M.  […] Il faudrait peut-être établir une distinction entre son incontestable valeur personnelle et les fâcheux abus qui s’autorisent de sa doctrine.

1326. (1902) La poésie nouvelle

Ils se trompèrent lorsqu’ils crurent pouvoir établir une nette et définitive démarcation entre ces deux domaines. […] et sous quel prétexte veut-on établir entre eux une distinction aussi importante que celle — en vérité considérable — des sexes ? […] Il projeta d’organiser dans ces régions l’importation de baudets étalons et d’établir dans l’Afrique orientale l’élevage des mulets de Syrie. […] Mais justement ils ne tentèrent que des restaurations, tandis que Kahn, — suivant la distinction qu’établit entre ces deux mots Bacon de Verulam, — instaure un art, tout neuf, tout frais et dans lequel on ne sent pas le réarrangement. […] Sans revenir à l’ancienne manière qui habillait le passé à la mode du présent, Henri de Régnier n’établit pourtant pas une séparation absolue entre le « songe des vieux jours » et le songe d’aujourd’hui.

1327. (1890) Dramaturges et romanciers

Cela étant posé, nous pouvons facilement établir la différence qui sépare dans le cas présent la réalité scientifique de la réalité poétique et vivante, et décider laquelle des deux l’artiste doit choisir. […] Quel singulier moyen de délivrer son cœur que d’établir à demeure dans sa vie la pensée d’un être adoré ! […] Émile Zola, et où il s’est établi un hangar très fortement chevronné et charpenté. […] Le romancier toutefois est trop sensé pour avoir établi aucun contraste absolu, et de parti pris, et là comme partout il a su s’arrêter à la juste nuance. […] Celle-là établit si peu de distance entre le spectacle et les spectateurs qu’on pourrait presque dire que les spectateurs sont sur la scène et les acteurs dans la salle.

1328. (1902) Symbolistes et décadents pp. 7-402

N’ai-je pas en une précédente chronique essayé d’établir : que faute de base scientifique pour ériger un système de critique scientifique, il fallait s’en remettre à la divination des écrivains de valeur, qui se prouvaient tels par les vers ou la prose, et sur ce garant accepter avec plaisir, avec recueillement un peu, les opinions qu’ils émettent et comme une sténographie de leur conversation. […] Toute réforme ne pourra s’établir que sur de complètes bases scientifiques, et c’est ce qui manque aux livres du comte Tolstoï, mais ils offrent du mal d’émouvants tableaux ; son instinct d’artiste éminent lui a bien indiqué le mal social et ses phases délicates, et c’est d’un très bel instinct de réformateur qu’émanent ses vues. […] Il n’y a aucune raison pour que cette vérité s’infirme en 1888, car notre époque n’apparaît nullement la période d’apogée du développement intellectuel. — Ceci dit pour établir la légitimité d’un effort vers une forme nouvelle de la poésie. […] Évidemment, d’avoir lu, on peut s’imaginer quelles idées ce seraient, sous ces trois titres, construites et expliquées, mais la certitude ne se pourrait établir que si des notes ou des fragments de ces livres sont un jour décelés à la curiosité. […] C’est peut-être faute de recul, et par difficulté d’établir sur des contemporains un de ces classements simples où excella l’ancienne critique.

1329. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [1] Rapport pp. -218

Mablin, qui établissait la distinction capitale entre l’accent et la quantité ; « et c’est à quoi, dit Sainte-Beuve, les partisans du système métrique n’avaient pas pris garde ». […] Et non seulement ce verbe et cet acte délivreront le monde et glorifieront, même par les excès et les défaites, la patrie ; mais, fait admirable, dont l’évidence, je l’espère, va être établie, ils auront la gloire de fonder, après la France moderne, la véritable, la totale poésie française. […] Deux grandeurs ayant, entre elles, la plus prodigieuse avalanche de justice, de beauté, d’horreur, de gloires et de désastres, qu’ait jamais charriée le torrent de l’histoire, se dressent face à face ; là-bas il y a la Révolution, ici il y a une révolution aussi ; l’une a proclamé les Droits de l’Homme, l’autre décrétera et établira les Droits du Poète. […] Donc, je pense l’avoir établi, ce n’est point à Alfred de Vigny que remonte l’honneur d’avoir, le premier, pris par la main la poésie de France, pour la mener à travers le siècle dont elle fut et dont elle est la plus haute gloire. […] Mais que le personnage de Charlotte Corday est niaisement, puérilement, petitement établi et développé !

1330. (1890) Nouvelles questions de critique

A l’origine de ces communications qui, s’établissent, dès le début du xviiie  siècle, d’un rivage de la Manche à l’autre, entre la littérature anglaise et la nôtre, n’est-ce pas en effet Voltaire que l’on trouve, avec ses Lettres anglaises, avec sa Zaïre ou son Micromégas ? […] Mais on le serait bien plus encore du nombre de rapports nouveaux qu’il a su découvrir ou établir entre ceux qui n’appartenaient pas moins à la langue du xviie qu’à celle du xixe  siècle. […] C’est que ce sont deux races d’hommes naturellement hostiles ou antagonistes, deux grandes familles d’esprits, dont chacune sent bien qu’elle ne pourrait établir son empire que sur les débris de l’autre ce ne sont pas seulement deux doctrines, deux systèmes, ou deux écoles ; et c’est que derrière ceux qui les personnifient dans l’histoire de la littérature ou de l’art, l’humanité tout entière se partage ou se divise entre elles. […] et, pour établir la filiation, qu’ils ne soient pas embarrassés de montrer dans son œuvre des scènes entières ou des drames mêmes, comme le Roi Lear, dont la violence et la crudité, sur aucun théâtre ni dans aucune littérature, n’ont peut-être été dépassées ?

1331. (1905) Études et portraits. Sociologie et littérature. Tome 3.

Elle a reconnu de plus en plus son incapacité à démêler le pourquoi des choses, c’est dire qu’elle a établi, comme mesure de la vérité, non pas les exigences déductrices de notre entendement, mais l’existence constatée du fait.‌ […] » Tout son effort a consisté à établir que la Famille est le commencement et le terme de la Société. […] — Continuons d’employer ce mot excellent, qui pose le problème politique et social sous son vrai jour de science, et le maintient dans le simple domaine réaliste, le seul où une discussion objective puisse s’établir.‌ […] Demi-bourgeois, ils souffrent de la société telle qu’elle est établie. […] Il n’est même pas besoin d’avoir sur l’imbécillité béate ou sanguinaire de 89 et de 92 l’opinion aujourd’hui établie chez tous ceux qui ont étudié scientifiquement ces deux périodes, pour comprendre l’absurdité d’un pareil renversement des rôles.

1332. (1890) Derniers essais de littérature et d’esthétique

Walker, est d’établir l’harmonie entre le caractère et la décoration. […] Longfellow et autres plagiaires » est extrêmement terne et banal, et dans le laborieux parallèle qu’il établit entre M.  […] Il établit une colonie industrielle sur la côte de Kerry, et il a des objections profondément enracinées contre le commerce de contrebande avec la France, qui, au siècle dernier, était le seul moyen qu’eut le peuple irlandais pour payer ses fermages à des propriétaires absentéistes. […] « Un rapport trop intime avec les Irlandais a produit une déchéance à la fois dans le caractère et dans la religion partout où les Anglais se sont établis. […] Il est « établi » d’une façon charmante, et les étudiants de l’Université gagneront à le lire pendant les heures de leçon.

1333. (1825) Racine et Shaskpeare, n° II pp. -103

On eût attaqué ces raisons par des raisons contraires, une controverse se serait établie ; l’infaillibilité de l’Académie eût été mise en doute, et la considération dont elle jouit eût pu recevoir quelque atteinte parmi les gens qui ne s’occupent, que de Rentes et d’argent, et qui forment l’immense majorité dans les salons. […] Après avoir entrevu cette comédie de Lanfranc ou le Poète que pour établir mon raisonnement, je suis forcé de supposer aussi bonne que les Proverbes de M.  […] Si l’abbé d’Aubignac avait établi que les acteurs dans la comédie ne doivent marcher qu’à cloche-pied, la comédie des Fausses confidences de Marivaux, jouée par mademoiselle Mars, nous toucherait encore malgré cette idée bizarre15.

1334. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CLe entretien. Molière »

La Raisin s’était établie, après la foire, proche du vieux hôtel de Guénégaud ; et elle ne quitta point Paris qu’elle n’eût gagné vingt mille écus de bien. […] Ainsi, tout vient à l’appui de la vérité que nous voulons établir, que c’est dans l’histoire même de Molière qu’il faut chercher le type de ces deux rôles admirables. […] Arnolphe paraîtra d’autant plus ridicule alors, que son caractère aura été mieux établi ici.

1335. (1896) Essai sur le naturisme pp. 13-150

René Ghil essayait d’établir, alors sans succès, des règles draconiennes qu’il basait sur des théories scientifiques. […] Au préalable, son tempérament d’indépendance, que nous avons déjà signalé, se révoltait à l’idée d’un code écrit, sans sanction naturelle, uniquement établi par l’usage et le préjugé imbécile. […] Voilà un homme qui casse des roches, les scie par cubes — grinçants, coriaces — les superpose, les brûle de chaux, comme s’il avait une science complète de l’hydraulique, des fleurs, des polarisations des lois qui commandent le ciel et la terre. » * *   * Ces intentions d’harmonie, qui nous ont tant ébloui chez Saint-Georges de Bouhélier, alors qu’il établissait sa conception du monde, ce sont elles encore, et surtout, qui vont nous enchanter au cours de son œuvre véhémente.

1336. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1885 » pp. 3-97

Daudet comparait, ces jours-ci, l’intérêt qui se fait forcément entre un auteur et ses interprètes, à l’intimité qui s’établit entre passagers et matelots sur un vaisseau, pendant une tempête. […] Et quelques instants après, c’est Chelles, qui avec toutes sortes de circonlocutions timides, me demande, si je ne crois pas, que pour bien établir la grande position d’industriel de M.  […] On cause en landau des décors, et l’on monte les chercher, les établir, pendant une heure qui précède le dîner.

1337. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1891 » pp. 197-291

Des rapports s’établissent entre la comtesse et le vieux ménage. […] Je t’établirai comme femme. […] Il existe, à ce qu’il paraît, des documents anciens qui établissent le mystère, dont entouraient les marchandises d’art, les marchands des premiers temps.

1338. (1920) Action, n° 2, mars 1920

Shakespeare les établit dans le parc bienheureux où la lune chante avec le rossignol, où tout est amants, douceur, caresse et amour. […] Les évangéliaires établis par l’endurante application de plusieurs artisans circulaient de main en main et servaient à l’édification des ouailles assemblées autour du foyer. […] Apollinaire cite lui aussi le distique en 1911 : voir Guillaume Apollinaire, « Les impromptus de Jean Moréas » (La Vie anecdotique, 16 juin 1911), Œuvres en prose complètes, textes établis, présentés et annotés par Pierre Caizergue et Michel Décaudin, t. 

1339. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LA FAYETTE » pp. 249-287

Si Mme de La Fayette réforma le roman en France, le roman chevaleresque et sentimental, et lui imprima cette nuance particulière qui concilie jusqu’à un certain point l’idéal avec l’observation, on peut dire aussi qu’elle fonda la première un exemple tout à fait illustre de ces attachements durables, décents, légitimes et consacrés dans leur constance101, de tous les jours, de toutes les minutes pendant des années jusqu’à la mort ; qui tenaient aux mœurs de l’ancienne société, qui sont éteints à peu près avec elle, mais qui ne pouvaient naître qu’après cette société établie et perfectionnée, et elle ne le fut que vers ce temps-là. […] On va voir par la lettre suivante (inédite jusqu’ici)107, et qui est une des plus confidentielles qu’on puisse désirer, que vers le temps de la publication des Maximes et lors de la première entrée du comte de Saint-Paul dans le monde, il était bruit de cette liaison de Mme de La Fayette et de M. de La Rochefoucauld comme d’une chose assez récemment établie.

1340. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Charles Nodier »

Les historiens, les philosophes, les érudits, les linguistes, les spéciaux, tous tant qu’ils sont, encaissés dans leur rainure (en laquelle une fois entrés, notez-le bien, ils arrivent le plus souvent à l’autre bout par la force des choses, comme sur un chemin de fer les wagons), tous ces esprits justement établis sont d’abord assez de l’avis des parents, et professent eux-mêmes une sorte de dédain pour le littérateur, tel que je le laisse flotter, et pour ce peu de carrière régulièrement tracée, pour cette école buissonnière prolongée à travers toutes sortes de sujets et de livres ; jusqu’à ce qu’enfin ce littérateur errant, par la multitude de ces excursions, l’amas de ses notions accessoires, la flexibilité de sa plume, la richesse et la fertilité de ses miscellanées, se fasse un nom, une position, je ne dis pas plus utile, mais plus considérable que celle des trois quarts des spéciaux ; et alors il est une puissance à son tour, il a cours et crédit devant tous, il est reconnu. […] Ne lui demandez pas une discussion suivie et rigoureuse, armée de précautions, appuyée aux lignes établies de l’histoire, aux grands résultats acquis et aux jugements généraux de la littérature.

1341. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (1re partie) » pp. 81-159

Leurs banques sans capitaux et sans probité entassaient fictions sur banqueroutes ; l’honneur, ce gardien du crédit public et privé, disparaissait sous la corruption de la mauvaise foi ; un jubilé américain, plus accepté et plus immoral que le jubilé des Hébreux, cette libération sans remboursement, s’établissait de fait entre le créancier et le débiteur ; nul n’avait rien à reprocher à l’autre, puisque aucun ne payait que quand il était utile de payer. […] Il y a dans ces contrées éloignées une singulière législation établie par les colons, et qui consiste à brûler l’habitation du meurtrier, à l’attacher à un arbre et à le faire passer par les verges ; nous nous conformâmes à ce code, en vigueur aujourd’hui depuis les rives de l’Atlantique jusqu’aux chutes du Niagara.

1342. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIe entretien. L’Imitation de Jésus-Christ » pp. 97-176

La nature travaille toujours pour son propre intérêt, pour se contenter et pour s’établir ; mais la grâce ne travaille que pour l’intérêt de Dieu, et veille incessamment sur les mouvements du cœur, pour le préserver du péché. […] Celui qui a établi l’ordre au-dedans de soi, ne se tourmente guère de ce qu’il y a de bien ou de mal dans les autres.

1343. (1890) L’avenir de la science « III » pp. 129-135

Sans doute, ce n’est pas ainsi que l’envisagent les supernaturalistes modernes, lesquels, forcés par la science, qu’ils n’osent froisser assez hardiment, d’admettre un ordre stable de la nature, supposent seulement que l’action libre de Dieu peut parfois le changer et conçoivent ainsi le miracle comme une dérogation à des lois établies. […] Le bon sens a tous les droits quand il s’agit d’établir les bases de la morale et de la psycho-logie ; parce qu’il ne s’agit là que de constater ce qui est de la nature humaine, laquelle doit être cherchée dans son expression la plus générale, et par conséquent la plus vulgaire ; mais le bon sens n’est que lourd et maladroit, quand il veut résoudre seul les problèmes où il faut deviner plutôt que voir, saisir mille nuances presque imperceptibles, poursuivre des analogies secrètes et cachées.

1344. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVI. La littérature et l’éducation publique. Les académies, les cénacles. » pp. 407-442

Une lutte nécessaire s’établit entre deux forces, l’une intérieure qui tend à la maintenir dans ses opinions et ses habitudes, l’autre extérieure qui tend à la mettre en harmonie avec les changements opérés autour d’elle. […] Elle est déjà plus respectée en province ; mais c’est parmi les étrangers qu’elle a gardé le plus de prestige, et la chose est aisée à comprendre ; sur bien des points elle les tire d’un chaos d’incertitudes où ils risqueraient de se perdre ; pour eux elle continue à faire loi, à représenter officiellement l’usage établi.

1345. (1856) Cours familier de littérature. I « IIIe entretien. Philosophie et littérature de l’Inde primitive » pp. 161-239

Nous avons les mêmes passions que nos pères, parce que nous avons les mêmes organes, et que la même lutte établie en nous par la nature entre la raison, qui est l’instinct de l’âme, et les passions, qui sont l’instinct de la matière, rompt aussi souvent en nous qu’en eux l’équilibre sans cesse rompu par le mal, sans cesse rétabli par le bien, pour se rompre encore. […] Un dialogue sublime, semblable à ceux de Platon, s’établit entre eux pendant que les deux armées opposées se reposent un instant du meurtre.

1346. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Histoire littéraire de la France. Ouvrage commencé par les Bénédictins et continué par des membres de l’Institut. (Tome XII, 1853.) » pp. 273-290

Il n’y avait qu’un point sur lequel dom Rivet se faisait illusion : le tableau qu’il avait conçu, et qui a été en bonne partie exécuté, qui forme toute une suite si bien établie, existe, mais il ne vit pas.

1347. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sénac de Meilhan. — I. » pp. 91-108

La lace de la société, en se renouvelant, amènera des vertus, des ambitions, des forfaits de tout genre ; l’héroïsme brillera dans les camps ; on entendra, comme dans l’Antiquité, de grandes voix d’orateurs ; quand le premier débordement de la fange sera passé, des mœurs nouvelles surnageront et s’établiront peu à peu, avec des classes actives, non encore atteintes par l’oisiveté.

1348. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres inédites de P. de Ronsard, recueillies et publiées par M. Prosper Blanchemain, 1 vol. petit in-8°, Paris, Auguste Aubry, 1856. Étude sur Ronsard, considéré comme imitateur d’Homère et de Pindare, par M. Eugène Gandar, ancien membre de l’École française d’Athènes, 1 vol. in-8°, Metz, 1854. — II » pp. 76-92

Il y aurait sur un point, et pour montrer l’insuffisance de son procédé poétique dans cette seconde manière, une comparaison facile à établir.

1349. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. (Tome XII) » pp. 157-172

Thiers, c’est moins la conclusion qui m’importe que le chemin lui-même et les éléments dont il se compose : il a établi, grâce aux matériaux qu’il avait en main et au soin qu’il y a mis, la plus belle route et, si j’ose dire, le plus beau pavé de l’histoire qu’on ait jamais vu.

1350. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Eugénie de Guérin, Reliquiae, publié par Jules Barbey d’Aurevilly et G.-S. Trébutien, Caen, imprimerie de Hardel, 1855, 1 vol. in-18, imprimé à petit nombre ; ne se vend pas. » pp. 331-247

Maurice de Guérin descendait d’une ancienne famille noble, originaire de Venise, dit-on, mais établie depuis des siècles dans le midi de la France.

1351. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Divers écrits de M. H. Taine — II » pp. 268-284

., à situer (je l’ai dit) le personnage dans son époque et dans son milieu, à établir les rapports exacts de l’un à l’autre, à l’y enserrer comme dans un réseau, à rapprocher, à faire saillir coup sur coup, dans des phrases fermes et courtes qui tombent dru comme grêle, les traits et les signes visibles du talent personnel, de la faculté principale dominante qu’il poursuit et qu’il veut démontrer.

1352. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « L’abbé de Marolles ou le curieux — I » pp. 107-125

Marolles, qui lui fait à l’avance toutes les objections, et qui établit qu’en telle matière « le peuple ne voit pas même ce qu’il regarde », ne laisse pas d’y aller pour lui obéir, et il s’assure que tout est fabuleux, hors le coup de pistolet que quelqu’un avait lâché sans intention : « Toutefois, ajoute-t-il, on ne laissa pas d’en faire une image en taille-douce, que j’ai eue entre les miennes ».

1353. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance de Buffon, publiée par M. Nadault de Buffon » pp. 320-337

Un spirituel écrivain a essayé d’établir une mesure entre la sensibilité plus ou moins grande des auteurs à la critique et leur plus ou moins de croyance et de religion ; il est allé jusqu’à dire, et ici même65, que « le génie sans croyance n’est que le plus vulnérable des amours-propres ».

1354. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — I » pp. 417-434

Les barons de Bonstetten que l’histoire rencontre assez souvent à la fin du xiiie et au commencement du xive  siècle, étaient d’abord établis dans leur branche principale à Zurich ; c’est au xve  siècle seulement que l’un d’eux vint se fixer à Berne et fut agrégé à la bourgeoisie de cette ville.

1355. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance diplomatique du comte Joseph de Maistre, recueillie et publiée par M. Albert Blanc » pp. 67-83

Cet esprit perçant, élevé, reste trop absolument l’homme de la politique sacrée, d’un ordre de choses qui avait la prétention d’être établi une fois pour toutes et de ne plus avoir à se renouveler.

1356. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance de Voltaire avec la duchesse de Saxe-Golha et autres lettres de lui inédites, publiées par MM. Évariste, Bavoux et Alphonse François. Œuvres et correspondance inédites de J-J. Rousseau, publiées par M. G. Streckeisen-Moultou. — II » pp. 231-245

qui donc les a établis ?

1357. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Essais de politique et de littérature. Par M. Prevost-Paradol. »

Son symbole parlementaire, en effet, son Credo politique, et qu’il expose en toute occasion, serait que la France fût régie à peu près comme l’Angleterre ; et dans le détail cependant, sur le chapitre de la presse, par exemple, qui est un article bien essentiel de ce Credo, il a lui-même établi et reconnu la différence profonde d’esprit des deux peuples.

1358. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Biot. Essai sur l’Histoire générale des sciences pendant la Révolution française. »

Littérateur correct et instruit, il établit dans cet article un principe qu’il pousse un peu loin, et sur lequel il ne varia jamais : c’est que les grands écrivains et les grands poètes du passé, Homère tout le premier et ensuite Virgile, lequel, dit-il, « avait plus de goût encore qu’Homère, » n’ont jamais rien dit, n’ont jamais employé pour peindre les choses un seul mot qui ne fût pris dans la nature : « On ne rencontre pas dans les Géorgiques une seule expression impropre, une seule épithète oiseuse ou inexacte.

1359. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Louis XIV et le duc de Bourgogne, par M. Michelet »

Michelet est une puissance établie : j’y ai résisté assez longtemps, malgré ma vieille amitié pour l’homme, je capitule ; je la reconnais enfin, cette puissance, et je demande seulement de ne pas la discuter.

1360. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Mémoires de l’Impératrice Catherine II. Écrits par elle-même. »

Et quelques années auparavant, pendant un pèlerinage de l’Impératrice au couvent de Troïtza, non loin de Moscou, Catherine, qui s’était établie dans les environs, à Rajova, avec son monde, voyait arriver tous les jours le frère du favori d’alors, l’Hetman des Cosaques, le jeune comte Cyrille Razoumowsky, très-aimable, lequel demeurait assez loin dans sa terre par-delà Moscou, et qui faisait 40 ou 50 verstes tous les jours (10 ou 12 lieues) pour venir dîner et souper dans cette petite société, s’en retournant chaque nuit.

1361. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Halévy, secrétaire perpétuel. »

., font les frais, il n’y avait en France aucune de ces suites mémorables comme celle que Fontenelle avait donnée sur la vie et les mœurs des Savants, et qui établissent un genre littéraire nouveau.

1362. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « M. de Pontmartin. Les Jeudis de Madame Charbonneau » pp. 35-55

M. de Pontmartin établissait donc une confusion volontaire et compromettante, en mettant de la sorte et avec ce sans-façon M. 

1363. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Sainte-Hélène, par M. Thiers »

Thiers, en prétendant établir comment on se passe d’un style proprement dit, donne au même moment l’exemple d’un style vif, pressé, excellent.

1364. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Daphnis et Chloé. Traduction d’Amyot et de courier »

Il nous est aujourd’hui facile, aidés par de tels devanciers, par des maîtres qui nous ont élaboré la matière et qui nous épargnent les tâtonnements, de voir juste en un clin d’œil, de nous établir tout d’abord au vrai point de vue pour apprécier ces monuments d’une littérature et d’un art que nous concevons désormais en eux-mêmes et sous leur forme accomplie, sans leur demander autre chose que ce qu’ils sont.

1365. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La comtesse d’Albany par M. Saint-René Taillandier. »

Il y aurait là-dessus une petite discussion à établir ; ce n’est pas mon affaire d’y entrer.

1366. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Poésies, par Charles Monselet »

C’était Dorat qui avait eu cette idée de les réunir à table avec Colardeau et Dudoyer, un auteur dramatique oublié ; La Harpe en était à ses tout premiers débuts, et Fréron déjà établi et en renom : « Fréron, nous dit l’amphitryon Dorât, y fut aimable et bonhomme ; son antagoniste, au contraire, y fut tranchant, disputeur, criard et ennuyeux…, un mauvais convive.

1367. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [I] »

Sa famille, comme le nom l’indique, était d’origine italienne30, mais depuis longtemps établie dans le pays de Vaud.

1368. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « APPENDICE. — CASIMIR DELAVIGNE, page 192. » pp. 470-486

Qu’on se rappelle, dans le quatrième acte, le moment décisif entre Mortins et Édouard : faut-il jouer le tout pour le tout, et, sur l’espérance d’un avenir peut-être chimérique, sacrifier le présent, l’ordre établi, tant de fortunes et d’existences ?

1369. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « La comtesse Diane »

Quelqu’un qui piocherait la classification de ces erreurs telle que Bacon l’a établie, et qui s’efforcerait de trouver, pour chaque catégorie, quelques cas particuliers, arriverait sans trop de peine à un résultat dont il se saurait beaucoup de gré.

1370. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « J.-J. Weiss  »

Weiss nous déclare qu’il se sent « peu de penchant pour elles »  Il semblait entendu, établi par une infinité de professeurs et de critiques qu’Esther était une fort belle élégie, mais un drame assez faible : M. 

1371. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Les deux Tartuffe. » pp. 338-363

Onuphre n’est pas dévot, mais il veut être cru tel… Aussi ne se joue-t-il pas à la ligne directe, et il ne s’insinue jamais dans une famille où se trouvent tout à la fois une fille à pourvoir et un fils à établir ; il y a là des droits trop forts et trop inviolables : on ne les traverse pas sans faire de l’éclat, et il l’appréhende… Il en veut à la ligne collatérale : on l’attaque plus impunément ; il est la terreur des cousins et des cousines, du neveu et de la nièce, le flatteur et l’ami déclaré de tous les oncles qui ont fait fortune… Etc., etc… » Oh !

1372. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre IX. Inquiets et mystiques » pp. 111-135

Démontrer que le Kant a repris la tradition du mysticisme médiéval, auparavant établir que ce mysticisme ne fit que rajeunir celui de la vieille Alexandrie, et tout d’abord analyser les origines cosmopolites de l’alexandrinisme, serait reconstituer dans son enchaînement ininterrompu l’histoire d’un des quelques modes essentiels de la spéculation humaine.

1373. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre V. Premiers aphorismes de Jésus. — Ses idées d’un Dieu Père et d’une religion pure  Premiers disciples. »

S’élevant hardiment au-dessus des préjugés de sa nation, il établira l’universelle paternité de Dieu.

1374. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. James Mill — Chapitre I : Sensations et idées. »

L’association entre les sensations doit avoir lieu conformément à l’ordre établi entre les objets de la nature, c’est-à-dire selon un ordre synchronique ou selon un ordre successif.

1375. (1785) De la vie et des poëmes de Dante pp. 19-42

Toutes ces distinctions, que j’ai tâché d’établir avec quelque clarté, sont un peu confuses chez les anciens : ce sont bien des notions différentes, mais dont les limites ne sont pas bien marquées.

1376. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Mme de Graffigny, ou Voltaire à Cirey. » pp. 208-225

Les lettres qui en partaient et qui y arrivaient passaient toutes par les mains de Mme du Châtelet, qui avait établi dans sa chambre une sorte de petit cabinet noir, c’est-à-dire qui ne se faisait pas faute de décacheter ce qui lui semblait suspect.

1377. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Qu’est-ce qu’un classique ? » pp. 38-55

Il définit auteurs classiques ceux « qui sont devenus modèles dans une langue quelconque » ; et, dans tous les articles qui suivent, ces expressions de modèles, de règles établies pour la composition et le style, de règles strictes de l’art auxquelles on doit se conformer, reviennent continuellement.

1378. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — III. (Suite et fin.) » pp. 47-63

À dater de 1843, ce fut plus habituellement à Venise qu’il établit sa vie, sauf encore les absences qu’il aimait à faire à certaines saisons, et une retraite de plusieurs mois à Hambourg pendant les événements de 1848 ; mais c’est à Venise qu’il est revenu vivre dès 1849, et qu’il est mort.

1379. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame, duchesse d’Orléans. (D’après les Mémoires de Cosnac.) » pp. 305-321

Il est convenu aujourd’hui de le nier, et il semble établi de dire quelle est morte d’un choléra-morbus.

1380. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Les regrets. » pp. 397-413

« Nous sommes les représentants du droit, de la justice, de la vérité et de la légitimité sociale ; vous, au contraire, enfants de la Révolution, vous êtes des usurpateurs et des hommes du fait. » Cela nous faisait sourire, car nous raisonnions sur ce grand fait révolutionnaire, nous montrions qu’il avait été provoqué, justifié en partie, qu’il avait ses raisons d’être ; et les plus fortes têtes d’entre nous poussaient cette logique des événements jusqu’à établir par maximes une sorte de loi et de fatalité historique inévitable.

1381. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — II. (Suite.) » pp. 149-166

La science chez lui est inventive, et il la rend familière : « Un singulier bonheur d’induction, a dit sir Humphry Davy, guide toutes ses recherches, et par de très petits moyens il établit de très grandes vérités. » Il ne se retient point dans ses conjectures et dans ses hypothèses, toutes les fois qu’il s’en présente de naturelles à son imagination, et il s’en est permis de fort hardies pour l’explication de certains grands phénomènes de la nature, mais sans y attacher d’autre importance que celle qu’on peut accorder à des conjectures et à des théories spéculatives.

1382. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « L’abbé Barthélemy. — II. (Fin.) » pp. 206-223

Il arrive à Athènes ; il monte d’abord à la citadelle ; comme un vainqueur, il a choisi tout aussitôt son camp ; il établit son point de vue souverain : relisez cette page de l’Itinéraire.

1383. (1903) Zola pp. 3-31

Il avait dans l’idée de peindre des gens de haute classe, des bourgeois, des ouvriers, des artistes, des paysans, comme tout romancier plus ou moins réaliste, et il trouvait ingénieux et de nature à donner un air scientifique à ses ouvrages, du moins aux yeux des commis-voyageurs, d’établir entre ces différents personnages des liens imaginaires et tout arbitraires de parenté et d’alliances.

1384. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre III. Le Bovarysme des individus »

C’est lui qui fait ici de la psychologie appliquée : avec le cynisme d’un esprit lucide et sachant qu’il est autre, il se pare, aux yeux de la dupe qu’il a choisie, de qualités générales dont la représentation existe par avance, sous forme de notion, dans tous les esprits : générosité, vertu, bonté piété, religion et il compte, pour établir sur celle-ci son empire, que, prenant le change, elle l’identifiera avec ces concepts que son attitude évoque.

1385. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse psychologique »

Son nom restera attaché à la « loi de régression » (« loi de Ribot ») qu’il a cherché à établir.

1386. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « J. K. Huysmans » pp. 186-212

Huysmans établit le caractère de ses personnages.

1387. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Observations générales, sur, l’art dramatique. » pp. 39-63

Corneille, ancien Romain parmi les Français, a établi une école de grandeur d’âme ; et Molière a fondé celle de la vie civile.

1388. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 24, des actions allegoriques et des personnages allegoriques par rapport à la peinture » pp. 183-212

Les faits sur lesquels notre religion est établie, et les dogmes qu’elle enseigne, sont des sujets où il n’est point permis à l’imagination de s’égayer.

1389. (1860) Ceci n’est pas un livre « Une croisade universitaire » pp. 107-146

Mais cette donnée me paraît insuffisante pour établir l’immoralité de ce rédacteur.

1390. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre II. Marche progressive de l’esprit humain » pp. 41-66

Les uns lèguent au monde les arts de l’imagination, les autres lui donnent les sciences exactes, d’autres sont établis gardiens des traditions, dépositaires des doctrines primitives.

1391. (1864) Histoire anecdotique de l’ancien théâtre en France. Tome I pp. 3-343

Une partie forma une nouvelle société, qui fut s’établir au Marais et l’autre conserva son ancien emplacement : il y eut donc alors deux scènes françaises à Paris. […] En 1665, les comédiens de Monsieur devinrent comédiens du Roi, avec 7, 000 livres de pension, et ils s’établirent à la salle du Palais-Royal. […] En 1770, les comédiens ordinaires du roi s’établirent dans la salle des Tuileries où ils jouèrent jusqu’à l’année 1782, pendant que l’on construisait pour eux le théâtre de l’Odéon où ils restèrent de 1782 à 1799. […] C’est eux qui, des enfers, établissent les bornes ; C’est eux qui, des cocus, font paraître les cornes. […] Il parut, à propos de cette tragédie, une ode, dans laquelle chacun des personnages anciens était désigné sous le nom du personnage de l’époque ; mais le poëte établissait une différence entre la conduite de la femme d’Assuérus et celle de Louis XIV, et ce n’était pas en faveur de la favorite du dix-septième siècle.

1392. (1922) Le stupide XIXe siècle, exposé des insanités meurtrières qui se sont abattues sur la France depuis 130 ans, 1789-1919

Sans établir un rapport de parenté, qui serait forcément arbitraire, entre la lumière et l’intelligence, on peut dire que toutes deux vont de pair. […] Jules Lemaître l’a solidement établi dans ses conférences sur l’auteur du Contrat Social. […] A partir de là on pouvait s’établir psychologue, comme on s’établit pharmacien ; et nous avons connu, et il existe peut-être encore, à la Sorbonne même, des laboratoires de psychologie ! […] Nous avons souligné l’association amusante qui s’est établie entre la prétendue loi du transformisme et l’idée de progrès continu, dont se prévalent les révolutionnaires. […] Sans qu’il soit complètement justifié d’établir, dès maintenant, entre l’un et l’autre, un rapport de cause à effet, l’industrialisme apparaît aujourd’hui comme le prolégomène, comme l’antichambre de la guerre exhaustive.

1393. (1878) Nos gens de lettres : leur caractère et leurs œuvres pp. -316

Quant au point de vue, il s’est élargi : fermement établi sur cette cime de l’âge mûr, — dont la plupart de vos contemporains descendent l’autre versant, avec quelle faiblesse et quel air vieillot !  […] Chacun s’établit de son côté et se bâtit une maison, modeste sans doute, mais dans son goût particulier et qui n’était pas du moins une réduction servile des Allambrahs romantiques. […] Aussi, trouvons-nous illogique la division, établie par l’auteur, de son ouvrage en philosophes et écrivains religieux — et historiens politiques et littéraires. […] L’homme et la femme, une fois liés d’amour, ne peuvent rompre ce nœud sans troubler l’ordre moral divinement établi. […] Faut-il donc établir que l’émotion dramatique doit pouvoir se raisonner après coup, se déduire, résister enfin à l’examen de l’intelligence, sous peine de ne pas être, de ne pas exister artistiquement ?

1394. (1861) Questions d’art et de morale pp. 1-449

Ces principes, destinés surtout à saper les anciens pouvoirs, ne renfermaient pas en eux le germe d’une autorité nouvelle qui pût établir entre les individus un lien social autre que la forme matérielle. […] Entre l’ordre du beau et celui du bien, l’existence du libre arbitre établit, pourtant, de notables diversités : tout homme est obligé à pratiquer le bien ; très peu sont appelés à créer le beau. […] Dans ce besoin d’établir des classifications, des distinctions précisées entre les divers ordres de la pensée, entre les diverses formes du langage, on aurait tort de ne voir rien de plus qu’une habitude de la vieille scolastique. […] Les autres écrivains du temps, surtout à mesure qu’on s’éloigne du siècle précédent et que la souveraineté de Voltaire s’est mieux établie, ont tous une même façon d’écrire dans laquelle se remarque la même absence de véritable style. […] La philosophie comprend toutes les tendances de l’âme, toutes les opérations de l’intelligence, tous les besoins ; elle établit entre eux une hiérarchie légitime ; la philosophie est le soutien naturel de la poésie et des arts, elle connaît leur rôle dans l’âme et dans l’histoire ; elle se glorifie de faire partie des lettres.

1395. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Littré. »

Le pont désormais était jeté et établi. […] L’an passé, je l’ai vu à Saint-Quay, en Bretagne, établi avec sa femme et sa fille chez des religieuses ; soignant les pauvres en qualité de médecin et quêtant pour les plus en détresse : sa femme et sa fille, très catholiques, allaient à la messe ; lui, point ; mais il charmait les sœurs et les laissait très perplexes sur ce qu’il fallait penser de son âme.

1396. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Madame de Verdelin  »

Elle habitait d’abord, du temps où il était à l’Ermitage, le château même de Margency, dans la vallée, près d’Eaubonne et d’Andilly ; quand elle fut établie à Soisy et sa proche voisine, elle vint plusieurs fois à Mont-Louis sans le trouver, et comme il ne donnait signe de vie, elle ne laissa point de lui envoyer des pots de fleurs pour sa terrasse. […] La maison de Verdelin, originaire d’Écosse et établie au Comtat Venaissin dès le xiiie  siècle, distinguée par ses services militaires, et qui a donné plus de quinze chevaliers ou commandeurs à l’Ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem, s’était alliée déjà deux fois directement à la maison de Bremond d’Ars, — en 1630 et en 1669.

1397. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre deuxième. Les images — Chapitre premier. Nature et réducteurs de l’image » pp. 75-128

Le joueur d’échecs dont j’ai parlé m’écrit encore : « Je ne songe jamais à établir une différence entre l’échiquier qui est dans mon esprit et l’autre. Pour moi, c’est tout un ; ce serait par un autre effort de raisonnement, dont l’utilité ne se fait jamais sentir, que j’arriverais à établir une différence. » Ainsi, tant qu’il joue, l’échiquier mental est pris par lui pour l’échiquier extérieur. — En d’autres cas, ceux-ci maladifs ou presque maladifs, on voit aussi l’image acquérir l’extériorité complète et définitive.

1398. (1858) Cours familier de littérature. V « XXXe entretien. La musique de Mozart (2e partie) » pp. 361-440

Il fait représenter avec succès son opéra d’Idoménée à Munich ; il s’établit à Vienne comme musicien de l’archevêque de Salzbourg. […] Il écrit des opéras et des psaumes ; il s’éprend à la fois de la mère et des deux filles d’un peintre italien établi à Dresde ; ce triple amour, quoique contenu dans les bornes de l’honnêteté, amène une explication sévère entre la mère et le père, avec le séducteur innocent.

1399. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (2e partie) » pp. 5-80

Quant à son mari, le prince Napoléon, l’attrait empressé qu’il témoignait pour moi établit entre nous des rapports gênés par la politique, mais bizarres, qui ressemblaient à ces inclinations furtives qu’on s’avoue du regard et qu’on se dissimule des lèvres. […] Il dit que son soleil, à lui, baisse aussi, que sa famille est établie et prospère, que ses champs sont riches de gerbes, que ses cheveux blancs, qui s’échappent de son chapeau sur ses tempes amaigries et pâles, lui annoncent la fin des labours et des moissons ici-bas, et que l’automne de la terre lui prédit sa propre automne.

1400. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Troisième partie de Goethe. — Schiller » pp. 313-392

Vous vivrez entièrement à votre guise ; de nouveaux points de contact s’établiront ainsi entre nous. » — « J’irai », écrit à l’instant Schiller. […] Schiller s’établit à Weimar pour jouir plus habituellement de l’intimité de Goethe.

1401. (1860) Cours familier de littérature. X « LVe entretien. L’Arioste (1re partie) » pp. 5-80

Sur une des collines légèrement boisées d’oliviers, de mûriers et de myrtes, qui dominent non loin de Venise la mer Adriatique, et qu’on appelle les collines euganéennes, s’élève un vaste château de plaisance, ou plutôt une de ces villas de luxe, dans lesquelles les familles italiennes des villes voisines s’établissent au printemps et en automne pour la villegiatura, c’est-à-dire pour prendre du bon temps et du bon air dans un voluptueux loisir, après les lassitudes du carnaval. […] Elle partait le lendemain pour s’établir avec sa société de printemps dans sa villa des collines euganéennes ; elle me proposa, d’un ton qui ne permit pas même l’hésitation, de m’emmener avec elle, et de passer la saison des grandes chaleurs dans ses jardins tempérés par le vent de l’Adriatique.

1402. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIIe entretien. Cicéron » pp. 81-159

Lié avec Atticus, riche Romain, voluptueux d’esprit, qui n’estimait les choses que par le plaisir qu’elles donnent, Cicéron se proposait de recueillir son modique patrimoine en Grèce, et de s’établir à Athènes pour y passer obscurément sa vie dans l’étude du beau, dans la recherche du vrai, dans la jouissance de l’art. […] Le premier des Gracques essayait contre l’ordre établi des innovations dangereuses ; un illustre citoyen, le grand pontife P.

1403. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIe entretien. Balzac et ses œuvres (1re partie) » pp. 273-352

Il avait calculé, d’après les années qu’il faut à l’homme pour arriver à l’état parfait, que sa vie devait aller à cent ans et plus ; pour atteindre le plus, il prenait des soins extraordinaires et veillait sans cesse à établir ce qu’il appelait l’équilibre des forces vitales. […] Proclamez maintenant la perfection et la permanence d’un gouvernement qui ne sait ni s’établir ni durer !

1404. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre troisième »

Deux forces réunies dans des proportions inégales, le génie et la tradition, ont tiré l’esprit français de cette décadence précoce où l’acheminait doucement, du pas dont il marchait lui-même au dernier terme, Fontenelle, profitant de l’interrègne du génie pour établir le spécieux empire du bel esprit. […] Mais il faut voir dans quelle proportion il entend qu’on innove ; c’est la proportion recommandée par Vaugelas pour l’introduction des mots nouveaux dans la langue : peu, et dans l’esprit de ce qui est établi.

1405. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « IX »

Il résulte de ceci deux choses : d’abord, que dès la première scène, l’antagonisme insurmontable entre l’Or et l’Amour est établi, et ensuite, qu’Alberich — de simple voleur qu’il était — devient un personnage tragique. […] Au premier moment, dans la lutte qui s’établissait entre Wagner et la foule, les partisans de Wagner n’ont pas eu le temps de s’entre-regarder, il s’agissait de courir au plus pressé.

1406. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre premier. Causes physiologiques et psychologiques du plaisir et de la douleur »

Non seulement il y a un lien entre le plaisir et l’accroissement de la vitalité, mais ce lien ne pouvait pas ne pas s’établir par une nécessité de l’évolution. […] En même temps, un mécanisme fonctionnant d’une manière automatique tendait à s’établir.

1407. (1909) De la poésie scientifique

Tout à l’heure, l’intuition soudainement a établi une communion rapide entre notre Moi et la prime émotivité : de la Substance. […] Œuvre où continuement avec la pensée évolutionniste partout présente et vivante en elle, s’établissent, non plus des analogies, mais des rapports essentiels entre tous les actes de l’univers de ses origines à ses fins, et de ceux-ci aux actes humains.

1408. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre III. Le roman » pp. 135-201

Et ce sera sans doute le sujet de l’ouvrage qu’annoncent les Leblond : la Révélation de l’exotisme, où ils prétendent notamment établir que le romantisme fut beaucoup moins inspiré de l’Allemagne que provoqué par un désir d’expansion orientaliste. […] Cela tient d’abord à l’importance des sommes et surtout à ce que l’Académie consacre des réputations et ne les établit pas.

1409. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — III. (Suite et fin.) » pp. 454-472

Daru, dans un écrit ou document sous forme de tableaux, intitulé Notions statistiques sur la librairie, pour servir à la discussion des lois sur la presse (1827), croyait pouvoir établir, par le chiffre comparé des publications et par la nature des livres produits de 1811 à 1825, qu’il n’y avait nul péril imminent ou même lointain ni pour l’État ni pour la moralité et la raison publique.

1410. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Agrippa d’Aubigné. — I. » pp. 312-329

En même temps les chapitres qui précèdent ce dernier sont invariablement consacrés aux affaires du dehors, Orient, Midi, Occident, Septentrion, et il établit entre ces sortes de chapitres, d’un livre à l’autre, des corrélations et correspondances.

1411. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — II. (Fin.) » pp. 361-379

On avait parlé d’exclure de la nomination ceux qui tenaient des pensions du gouvernement ; il se crut obligé de déclarer à l’Assemblée qu’il tenait, des grâces et des pensions du gouvernement, la plus grande partie de sa fortune : Je ne crois pas que l’on pense à moi pour la députation, disait-il, mais je dois cet éclaircissement, qui m’en éloigne à jamais ; je crois même devoir prévenir mes collègues que dans le cas où, malgré cette motion et les motifs d’exclusion qu’elle établit, on me ferait l’honneur de me nommer, je me ferais un devoir de refuser.

1412. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Léopold Robert. Sa Vie, ses Œuvres et sa Correspondance, par M. F. Feuillet de Conches. — I. » pp. 409-426

En 1817, il fit un voyage en Italie avec sa famille et trouva à Rome, parmi les pensionnaires de l’Académie de France, un jeune homme de nos montagnes qui, sous le prince Berthier, avait obtenu un prix de gravure en médailles (C’était Brandt, devenu depuis célèbre et établi à Berlin).

1413. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — II » pp. 71-89

le maréchal de Brissac, qui l’estimait et l’aimait on ne saurait plus, mais qui craignait de le perdre comme l’un de ses capitaines et auxiliaires essentiels, s’il allait à Sienne, écrivit au roi pour établir dans son esprit (à côté de beaucoup d’éloges) cette fâcheuse réputation de quinteux qu’avait Montluc ; et en même temps il écrivait à celui-ci pour le dissuader d’accepter.

1414. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Préface pour les Maximes de La Rochefoucauld, (Édition elzévirienne de P. Jannet) 1853. » pp. 404-421

Il pose alors ses principes, il établit ses divisions ; il considère, il tranche, il doute même quelquefois, tant il se sent à l’aise et sûr de lui-même.

1415. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Santeul ou de la poésie latine sous Louis XIV, par M. Montalant-Bougleux, 1 vol. in-12. Paris, 1855. — II » pp. 39-56

Quel rapport y a-t-il entre ce qui se pratique et ce qui est établi par vos constitutions que j’ai entre les mains ?

1416. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Sénecé ou un poète agréable. » pp. 280-297

Sénecé a dit quelque part un mot précieux ; c’est dans une anecdote sur Racine ; donnons-la : Racine, dit-il, ayant fait une fortune considérable à la Cour pour un homme de lettres, prétendit usurper une espèce de tyrannie sur les autres gens de son caractère, et, regardant le bel esprit comme son patrimoine, s’établit autant qu’il put dans la possession de persuader à toute la France que l’on ne pouvait en avoir sans sa permission, qu’il n’accordait, à personne.

1417. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — I » pp. 298-315

Il pensa à l’établir grandement et le fît duc et pair (1602) : il avait eu l’idée d’abord de le marier à une princesse de Suède ; ce projet n’ayant pas eu de suite, Rohan épousa la fille de Sully et devint le gendre de l’homme qui gagnait chaque jour en importance dans l’État et en crédit auprès du maître.

1418. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — I » pp. 356-374

Le prince Henri était très supérieur au précédent par les qualités de l’esprit, par la grâce en société et par les talents à la guerre : peu s’en faut même, si l’on en juge par certaines histoires et par des panégyriques de rhéteurs, qu’on ne le mette au niveau presque du grand Frédéric, et qu’on n’établisse entre eux une espèce de parallèle par contraste, une rivalité.

1419. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — II » pp. 435-454

L’étranger, enchanté de cette proposition, y alla ; il trouva un grand cercle établi ; il s’assit, bien résolu de faire son profit dans une société aussi illustre.

1420. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Journal d’Olivier Lefèvre d’Ormesson, publié par M. Chéruel » pp. 35-52

À un point de vue plus général, tout historien profitera beaucoup de la connaissance de ce journal et du contrôle qu’il permet d’établir avec d’autres récits, surtout pour la première Fronde : la seconde n’y est pas.

1421. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Œuvres complètes d’Hyppolyte Rigault avec notice de M. Saint-Marc Girardin. »

Il était journaliste, mais, comme un professeur qui veut rester professeur peut l’être, en défendant les principes établis et consacrés, en respectant tout ce qui est ou ce qui paraît respectable ; les convenances n’étaient pas seulement pour lui des conventions, elles étaient des convictions.

1422. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Madame de Staël. Coppet et Weimar, par l’auteur des Souvenirs de Mme Récamier (suite et fin.) »

J’ai même entendu dire, à cette époque, que quelques démarches avaient été faites pour la rappeler. » Mais de ce que Mme de Staël n’est pas restée à Paris dans les Cent-Jours, s’ensuit-il, comme prétend l’établir dans une longue et assez âpre discussion l’auteur de Coppet et Weimar, que M. 

1423. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Ernest Renan »

Renan sa méthode, et, sans louer ni blâmer, sans exprimer de préférence, sans prétendre conclure (me souvenant que la marque d’un esprit fin est peut-être « de ne pas conclure »), j’établis ainsi la famille d’esprits dont il est et à laquelle il appartient, en regard de celle qu’il repousse, dont il se sépare, ou qu’il ne rejoint que pour lui apporter un complément et un correctif bien nécessaire.

1424. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Lettres inédites de Jean Racine et de Louis Racine, (précédées de Notices) » pp. 56-75

Quand la propriété et l’hérédité littéraires seront établies et constituées, il y aura, si tout marche à souhait, je vois cela d’ici, des races renées de grands et petits dauphins littéraires, des Racine fils à perpétuité ; mais c’est dans les terrains toujours vierges qu’il faudra chercher du neuf et que les sources imprévus se rouvriront.

1425. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Connaissait-on mieux la nature humaine au XVIIe siècle après la Fronde qu’au XVIIIe avant et après 89 ? »

Mais j’aimerais assez le dialogue dans les choses littéraires, si elles étaient encore établies comme autrefois, s’il y avait, entre les journaux qui ont de la place et du loisir pour la critique désintéressée, assez de rapports de bon voisinage et assez de silence dans la rue pour que l’on pût, à certains jours, causer commodément d’une fenêtre ou d’une porte à l’autre : ainsi entre l’ancien Journal de Paris du temps de Rœderer et le Publiciste de M. 

1426. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Mémoire de Foucault. Intendant sous Louis XIV »

Il est à observer que le roi n’avait pas envoyé des troupes en Béarn par rapport aux affaires de la religion, mais pour former le camp que Sa Majesté avait résolu d’établir sur la frontière d’Espagne.

1427. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire (suite) »

Il était parvenu à réaliser le vœu qu’il exprimait avec tant de modestie : « Je tâcherai d’établir ma réputation dans votre amitié. » Avec quel transport il lui envoyait, tant qu’il le put et qu’il sut où l’atteindre, des paroles d’admiration sympathique et de tendresse : « Vous, que mon cœur poursuit dans tous les pays du monde, vous qui me tenez lieu des anges gardiens et du démon de Socrate !

1428. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vie de Jésus, par M. Ernest Renan »

Je n’établis pas de parallèle, je remarque seulement la différence des procédés, des méthodes, et des physionomies d’esprits : on a eu Bayle, on a eu Voltaire ; on a M. 

1429. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid. »

., soit devenu nécessaire, et qu’il faille dresser toute cette immensité d’échafaudage pour quatre ou cinq chefs-d’œuvre, les seuls qu’on relise et qui vivront ; mais la science ne fait point de ces partages, dès qu’elle prend les choses en main ; elle établit sa méthode et ne souffre pas de choix ni d’exception.

1430. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Jean-Bon Saint-André, sa vie et ses écrits. par M. Michel Nicolas. »

Homme obscur, ignoré dans la république des lettres ; jeté, par cette force invisible qui maîtrise nos destinées, dans les agitations d’une vie errante et toujours malheureuse ; appelé, par un concours de circonstances extraordinaires, à des emplois redoutables, où le moment de la réflexion était sans cesse absorbé par la nécessité d’agir ; remplissant encore aujourd’hui des fonctions administratives, bien plus par l’amour de la justice et l’instinct du devoir que par la connaissance approfondie des principes sur lesquels nos grands maîtres ont établi l’art si difficile de l’administration publique ; demeuré, par une captivité longue et douloureuse, presque entièrement étranger aux nouveaux progrès que des savants recommandables ont fait faire à la science, mon premier devoir, Citoyens, est de faire ici l’aveu public de mon insuffisance, et de vous déclarer que tout ce que je puis offrir à cette Société respectable est l’hommage sincère, mais sans doute impuissant, de ma bonne volonté… » Et se voyant amené, par l’ordre des idées qu’il développait dans ce discours, à parler de la Révolution française, explosion et couronnement du xviiie  siècle, de « cette Révolution à jamais étonnante qui, déplaçant tout, renversant tout, après des essais pénibles, souvent infructueux, quelquefois opposés, avait fini par tout remettre à sa véritable place », il s’écriait, cette fois avec le plein sentiment de son sujet et avec une véritable éloquence : « La Révolution !

1431. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée, par M. le chevalier Alfred d’Arneth et à ce propos de la guerre de 1778 »

Elle a connaissance, à la fin, de cette note du 5 février qui avait établi dès l’origine la situation et la conduite de la France65.

1432. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Josèphe de Saxe, dauphine de France. (Suite) »

La dauphine obtint par exception de garder Mlle Sylvestre, fille du célèbre peintre français, établi à Dresde.

1433. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine, Recueillements poétiques (1839) »

Ce n’est pas même une comparaison que j’établis là, c’est une identité que j’exprime : l’art, pour l’artiste, fait partie de sa conscience et de sa morale.

1434. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Mathurin Regnier et André Chénier »

Or chez les Grecs, on le sait, la division des genres existait, bien qu’avec moins de rigueur qu’on ne l’a voulu établir depuis : La nature dicta vingt genres opposés, D’un fil léger entre eux, chez les Grecs, divisés.

1435. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Réception de M. le Cte Alfred de Vigny à l’Académie française. M. Étienne. »

Il est même allé jusqu’à penser qu’il y avait une lutte établie et comme perpétuelle entre les deux races ; que celle des penseurs ou poëtes, qui avait pour elle l’avenir, était opprimée dans le présent, et qu’il n’y avait de refuge assuré que dans le culte persévérant et le commerce solitaire de l’idéal.

1436. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre I. Composition de l’esprit révolutionnaire, premier élément, l’acquis scientifique. »

D’après ses expériences sur le refroidissement d’un boulet, il établit les périodes suivantes.

1437. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre premier. Les signes — Chapitre II. Des idées générales et de la substitution simple » pp. 33-54

. — Telle est la vertu de la substitution établie par les couples.

1438. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre VI, « Le Mariage de Figaro » »

Il y avait dans le Barbier quelques épigrammes : mais ici toute la comédie est une effrontée dérision  de l’ordre établi.

1439. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre quatrième »

Pour se convaincre soi-même, ou se persuader qu’on avait convaincu les autres, il suffisait de réunir deux de ces axiomes sous forme de prémisses, et d’en faire sortir, à titre de conclusion, le principe qu’on voulait établir.

1440. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre dixième »

Discret sur les choses établies, respectant les croyances d’autrui, se contentant de conseiller aux hommes un meilleur emploi de leur santé, de leur argent et de leur vie, sévère pour les riches, parce que tous les exemples bons ou mauvais viennent d’eux, exhortant l’Europe à la paix, non pas en politique, mais en sage, il recommande à tous un genre de vie formé sur le modèle du sien, dans l’ordre, la dignité et le travail.

1441. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre premier. La contradiction de l’homme » pp. 1-27

Établir le maximum d’harmonie et de solidarité entre les individus, entre les groupes, entre les peuples, c’est un idéal qui s’impose et que chacun, du reste, se représente à sa manière.

1442. (1911) La valeur de la science « Troisième partie : La valeur objective de la science — Chapitre XI. La Science et la Réalité. »

Sans doute bien des rapprochements qu’on croyait bien établis ont été abandonnés, mais le plus grand nombre subsiste et paraît devoir subsister.

1443. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « La génération symboliste » pp. 34-56

Je parle de ce genre de brasseries aujourd’hui à peu près disparues, véritables lieux de perdition, qu’on vit s’établir et pulluler, dans Paris, au lendemain de 1870, soi-disant à l’imitation des brasseries alsaciennes, mais desservies par d’étranges « Kellnerinnen » et où certains voyaient la main de l’Allemagne, préoccupée de noirs dessins et d’assurer sa domination future, en préparant la corruption et l’énervement de la jeunesse française.

1444. (1890) L’avenir de la science « V »

Voilà pourquoi toutes les sectes religieuses qui ont essayé, depuis un demi-siècle, de s’établir en Europe sont venues se briser contre cet esprit critique qui les a prises par leur côté ridicule et peu rationnel, si bien que les sectaires, à leur tour, ont pris le bon parti de rire d’eux-mêmes.

1445. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre III : Les Émotions »

« Le principe le plus général que nous puissions établir par rapport à la concomitance de l’esprit et du corps, est la loi de diffusion qui s’énonce ainsi : « Quand une impression est accompagnée de sentiment ou d’une conscience quelconque, les courants excités se répandent librement dans le cerveau et conduisent à une agitation générale des organes moteurs, et affectent les viscères. » L’action réflexe, au contraire, qui n’est point sentie, est restreinte dans son influence à un circuit nerveux fort étroit.

1446. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Lettres inédites de l’abbé de Chaulieu, précédées d’une notice par M. le marquis de Bérenger. (1850.) » pp. 453-472

Le préambule m’en rappelle un peu ceux des histoires de Salluste : comme ce Romain dissolu auquel il a pu penser pour plus d’une raison, La Fare commence par établir quelques principes de morale et de philosophie ; mais il les pose avec une netteté tout épicurienne, en débutant hardiment par un mot de Rabelais.

1447. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres inédites de la duchesse de Bourgogne, précédées d’une notice sur sa vie. (1850.) » pp. 85-102

Il y a je ne sais quelle force cachée, a dit Lucrèce (ce que d’autres avec Bossuet nommeront Providence), qui semble se plaire à briser les choses humaines, à faire manquer d’un coup l’appareil établi de la puissance, et à déjouer la pièce, juste au moment où elle promettait de mieux aller.

1448. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires et correspondance de Mallet du Pan, recueillis et mis en ordre par M. A. Sayous. (2 vol. in-8º, Amyot et Cherbuliez, 1851.) — II. » pp. 494-514

Ces messieurs peuvent être aujourd’hui fort tranquilles sur la qualité de la monarchie qui s’établira en France, car ils n’auront point de monarchie du tout.

1449. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le surintendant Fouquet. (Article Fouquet, dans l’Histoire de Colbert, par M. P. Clément.) 1846. » pp. 294-312

Pourtant, il ne sera jamais indifférent à l’honneur d’un pouvoir établi d’avoir ou de n’avoir pas le sentiment de ce qui peut se rencontrer encore du côté de la littérature, et dans les âmes vraiment littéraires, de ressorts vifs et généreux.

1450. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « La reine Marguerite. Ses mémoires et ses lettres. » pp. 182-200

Il est très peu de femmes qui, comme la princesse Palatine ou comme l’illustre Catherine de Russie, savent être à la fois galantes et sûres d’elles-mêmes, et qui établissent une cloison impénétrable entre l’alcôve et le cabinet d’affaires.

1451. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre II : Philosophie politique de Tocqueville »

Si mes impressions étaient aussi tristes que vous le pensez, vous auriez raison de croire qu’il y a une sorte de contradiction dans mes conclusions, qui tendent, en définitive, à l’organisation progressive de la démocratie, J’ai cherché, il est vrai, à établir quelles étaient les tendances naturelles que donnait à l’esprit et aux institutions de l’homme un état démocratique.

1452. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre III : La littérature du xviiie et du xixe  siècle »

Enfin il nous dit que « Montesquieu a paru plus près de vouloir le maintien des abus que le renversement de l’ordre établi ».

1453. (1912) Le vers libre pp. 5-41

Ceci dit pour établir la légitimité d’un effort vers une nouvelle forme de poésie.

1454. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre premier. Le problème des genres littéraires et la loi de leur évolution » pp. 1-33

— D’autre part, et a priori, il semble improbable que tant d’esprits pénétrants, depuis Aristote jusqu’à Brunetière, se soient trompés d’une manière aussi absolue, aussi irrémédiable, sur la valeur des genres littéraires… Il est certain que nos abstractions, nos groupements de faits, bien que nécessaires au raisonnement scientifique, ont quelque chose de brutal et de factice ; nous prétendons établir, en classifiant, des catégories aux cloisons étanches dans cet océan de la vie où tout se tient, où tout n’est que flux et reflux.

1455. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre IX : M. Jouffroy écrivain »

Jouffroy à vingt ans était encore chrétien ; il dépensa toute sa force à établir le système qu’on construit en sortant du christianisme, celui du Vicaire savoyard.

1456. (1925) Les écrivains. Première série (1884-1894)

Et cela est tellement établi que le journaliste est ainsi, qu’on ne peut plus étaler dans un journal une admiration qui ne soit immédiatement suspectée d’avoir été payée en argent comptant, ni une haine qu’on ne traite aussitôt de chantage. […] Il établissait ainsi la distance qu’il y a souvent entre un artiste et un immortel. […] Vous établirez que vous n’écrivez pas, mais que vous vivisectez. […] Alphonse Daudet, ce qui est fréquent, il est rare qu’un parallèle ne s’établisse pas aussitôt entre l’auteur de Sapho et M.  […] Moi aussi j’ai, par une erreur tellement énorme qu’elle va jusqu’au grossissement de la « bourde », contribué à solidement établir un point d’histoire littéraire assez curieux et à fixer définitivement la biographie d’un homme célèbre, qui ne saurait réclamer, puisqu’il est mort.

1457. (1903) Légendes du Moyen Âge pp. -291

C’est une délimitation singulière que celle qui a été établie ici. […] Dans la charte de fondation de l’hospice de Roncevaux, dont j’ai déjà parlé, l’évêque de Pampelune, en 1127, déclare qu’il l’établit « au sommet24 du mont qu’on appelle Ronsesvals, près de la chapelle de Charlemagne, le très glorieux roi des Francs ». […] Antoine de la Sale était âgé de trente-cinq ans, et depuis assez longtemps établi en Italie, quand il eut l’idée, au mois de mai 1420, d’aller visiter ce fameux mont et ce lac, dont il avait, « dès sa jeunesse, ouï parler en plusieurs manières ». […] À de nouvelles demandes il répondit qu’au temps de la Passion il était établi à Jérusalem, et que, tenant avec les autres Juifs le Seigneur Christ pour un hérétique et un séducteur du peuple, il avait fait son possible pour qu’il fût exterminé. […] L’auteur a écrit et sans doute d’abord parlé son livre à Reims en 1260, comme l’a parfaitement établi M. 

1458. (1894) La bataille littéraire. Septième série (1893) pp. -307

Leur unique désir a été d’être vrais et de donner plutôt au public des études sincèrement faites d’après nature, que des tableaux composés suivant les règles qui se sont établies. […] » À l’appui de la défense, elle cite une lettre écrite par Vallès à sa mère au moment où il se croyait sur le point d’être fusillé par les troupes de Versailles, et qui établit, au contraire des légendes, qu’il s’est efforcé d’empêcher les crimes odieux qui allaient être commis. […] Il n’aurait pas signé une ligne de la Déclaration des droits de l’homme, à cause de l’excessive et inique séparation qui y est établie entre l’homme et le gorille. […] La dynastie de Méhémet-Ali, dynastie turque, établie depuis près d’un siècle dans le pays, semble être devenue égyptienne et incapable de résister à l’ascendant des étrangers ; le peu de difficultés qu’ont rencontrées les Anglais est déjà là pour le prouver. […] Partout ils avaient ouvert des écoles primaires, des écoles secondaires pour répandre leur langue au détriment de la nôtre, établi des communautés religieuses qui exerçaient une incontestable influence sur l’opinion de là bourgeoisie et de l’aristocratie bureaucratique des villes.

1459. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Mémoires du général La Fayette (1838.) »

Nous prenons place parmi les nations de la terre, et nous avons un caractère à établir. […] Je doute peu qu’elle ne parvienne à se délivrer du joug étranger ; mais le résultat de mes observations ne m’autorise pas à espérer que ces provinces soient capables d’établir et de conserver un gouvernement libre… » Et il continue l’exposé vrai du tableau. […] Mais toutes ces idées ne sont que secondaires, parce que réellement « la masse nationale n’est ni royaliste, ni républicaine, ni rien de ce qui demande une réflexion politique ; elle est contre les jacobins, contre les conventionnels, contre ceux qui règnent depuis que la république a été établie ; elle veut être débarrassée de tout cela, fût-ce par la contre-révolution, mais préfère s’arrêter à quelque chose de constitutionnel ; elle sera si contente d’un état de choses supportable, qu’elle trouverait ensuite mauvais qu’on voulût la remuer pour quoi que ce fût. » Il écrivait encore à cette date : « Tout est bon, excepté la monarchie aristocratico-arbitraire et la république despotique. » Il est vrai qu’en 1830 son cœur devait être redevenu plus exigeant ; les années de lutte, sous la Restauration, lui avaient fait croire à une forte et stable reconstitution d’esprit public ; ce n’était plus comme en ce temps de 1799, où il disait : nos amis (les constitutionnels) qu’il est impossible de faire sortir de leur trou.

1460. (1927) André Gide pp. 8-126

André Gide établit une distinction entre l’esprit et l’âme1. « L’esprit, ce n’est rien… L’esprit change, il s’affaiblit, il passe : l’âme demeure… » Il reproche ceci à Emmanuèle : « Ton esprit dominait ton âme… Je t’en veux de n’avoir pas frémi devant l’immensité de Luther… Tu comprends trop les choses et tu ne les aimes pas assez… » Il se plaint : « Nos esprits se connaissent tout entiers. […] Mais on pouvait s’y tromper en lisant le catalogue de la vente, établi par Édouard Champion, en tête duquel André Gide déclare : « … J’ai pris le parti de me séparer de livres acquis en un temps où j’étais moins sage, que je ne conservais que par faste ; d’autres enfin qui me sont demeurés chers entre tous aussi longtemps qu’ils n’éveillaient en moi que des souvenirs d’amitié. » Pour les morts, Mallarmé, Moréas, Barrès, Heredia ou autres, comme ils n’avaient pu dans leur tombe se brouiller avec Gide, on entendait bien qu’ils succombaient à la réforme somptuaire. […] sont comparables au gros orteil de la statue de saint Pierre, qui doit aux baisers des dévots sa luisance. » Le goût de Gide pour la nuance et la demi-teinte est choqué par ces effets voyants ; cependant Corneille et Shakespeare ont eu raison de ne pas se les interdire ; ils conviennent au drame, ils sont beaux en soi, c’est à la vérité du sentiment tragique qu’ils doivent leur éclat ; et ils ne sont nullement usés : ce qui établit au moins deux différences entre eux et l’orteil de saint Pierre.

1461. (1904) Zangwill pp. 7-90

Quand nous ne connaissons pas le nom d’un auteur, nous commençons par nous méfier ; et par nous affoler ; nous nous inquiétons ; nous courons aux renseignements ; nous nous trouvons ignorants ; nous sommes inquiets ; nous demandons à droite et à gauche ; nous perdons notre temps ; nous courons aux dictionnaires, aux manuels, ou à ces hommes qui sont eux-mêmes des dictionnaires et des manuels, ambulants ; et nous ne retrouvons la paix de l’âme qu’après que nous avons établi de l’auteur, dans le plus grand détail, une bonne biographie cataloguée analytique sommaire. […] Ces bourgeois, sur le pas de leur porte, clignent de l’œil derrière vous ; ces apprentis derrière l’établi se montrent du doigt votre ridicule et vont gloser. […] « Quelle opposition entre notre littérature du douzième siècle et celle des nations voisines. » J’arrête ici pour aujourd’hui la citation ; la méthode est bien ce que nous avons dit ; elle est doublement ce que nous avons dit ; quand par malheur l’historien parvient enfin aux frontières de son sujet, à peine réchappé de l’indéfinité, de l’infinité du circuit antérieur, il se hâte, pour parer ce coup du sort, de se jeter dans une autre indéfinité, dans une autre infinité, celle du sujet même ; à peine réchappé d’avoir absorbé une première indéfinité, une première infinité, celle du circuit, celle du parcours, et de tous ces travaux d’approche, qui avaient pour principal objet de n’approcher point, il invente, il imagine, il trouve, il feint une indéfinité nouvelle, une infinité nouvelle, celle du sujet même ; il analyse, il découpe son sujet même en autant de tranches, en autant de parcelles que faire se pourra ; il y aura des coupes, des tranches longitudinales, des tranches latérales, des tranches verticales, des tranches horizontales, des tranches obliques ; il y en aurait davantage ; mais notre espace n’a malheureusement que trois dimensions ; et comme nos images de littérature sont calquées sur nos figures de géométrie, le nombre des combinaisons est assez restreint ; tout restreint qu’il soit, nous obtenons déjà d’assez beaux résultats ; nous étudierons séparément l’homme, l’artiste, le penseur, le rêveur, le géomètre, l’écrivain, le styliste, et j’en passe, dans la même personne, dans le même auteur ; cela fera autant de chapitres ; nous nous garderons surtout de nous occuper dans le même chapitre de l’art et de l’artiste ; cela ferait un chapitre de perdu ; et si d’aventure, de male aventure nous parvenons à parcourir toutes les indéfinités, toutes les infinités de détail de tous ces chapitres, de toutes ces sections, il nous reste une ressource suprême, un dernier moyen de nous rattraper ; ayant étudié séparément l’homme, l’écrivain, l’artiste, et ainsi de suite, nous étudierons les relations de l’homme et de l’écrivain, puis de l’artiste et de l’art, et du styliste, et ainsi de suite, d’abord deux par deux, puis trois par trois, et ainsi de suite ; étant données un certain nombre de sections, formant unités, les mêmes mathématiques nous apportent les formules, et nous savons combien de combinaisons de relation peuvent s’établir ; cela fera autant de chapitres nouveaux ; et quand nous aurons fini, si jamais nous finissons, le diable soit du bonhomme s’il peut seulement ramasser ses morceaux ; que de les rassembler, il ne faut point qu’il y songe ; l’auteur a fait un jeu de patience où nulle patience ne se retrouverait.

1462. (1909) Nos femmes de lettres pp. -238

Comparer n’est pas égaler, et ce n’est pas un motif, si nous établissons une analogie entre la facture d’un ouvrage moderne et celle de quelque devancier fameux, pour que nécessairement on en déduise une équivalence : affaire de nuances que chacun comprendra ! […] Ainsi s’affirme l’universel principe de solidarité des forces qui établit un rapport de mutuelle dépendance entre chaque mouvement individuel, si bien qu’il n’est pas un de ces mouvements qui n’ait son retentissement sur le voisin, par un jeu de tous points identique à celui des flots de la mer, où nous voyons chaque courbure de la vague qui s’avance vers le visage réagissant sur la courbure la plus proche et collaborant par là à l’immensité du flux. […] Si j’atteins à l’établir, j’aurai terminé mon effort de synthèse, en recomposant le monstre. […] L’instinct d’ordre nous enseigne à établir une hiérarchie dans nos appétits, comme la morale à exalter les uns et à rabaisser les autres au nom d’un principe directeur.

1463. (1856) Le réalisme : discussions esthétiques pp. 3-105

Certes, je ne pense à établir aucune sorte de comparaison entre MM. de Balzac, Hugo et Sue ; cependant ces trois romanciers ont cette rare et belle faculté, par des moyens tout différents, de savoir fixer, comme à coups de marteau, une figure dans le cerveau de leurs lecteurs. […] Champfleury avait, lui aussi, reçu, sinon accepté le titre de réaliste ; mais ce mot n’établissait dans ma pensée aucune solidarité entre l’écrivain et le peintre, car vous n’ignorez pas qu’il y a réaliste et réaliste, comme il y a fagot et fagot. […] Si je suis convaincu de la vérité que j’ai cherché à établir, et qui n’est en définitive que la revendication de la liberté et de la personnalité en art, je ne le suis pas du tout de la suffisance ou de l’infaillibilité de mes démonstrations. […] Admettre que l’art doit rester libre et personnel, c’est-à-dire primesautier, c’est admettre aussi que l’artiste, comme je l’établissais en commençant, n’a à rechercher ses ressources et ses règles qu’en lui-même, et à procéder, en restant toujours de son époque, comme si rien n’avait été fait avant lui.

1464. (1890) Les princes de la jeune critique pp. -299

Le succès vous y attend. » Je voudrais qu’il fût assez historien-philosophe pour qu’en intervenant dans le présent au nom du passé il pût donner à ses paroles, non plus le faible poids d’une opinion personnelle, mais l’autorité d’une vérité scientifiquement établie sur les faits positifs et sur les lois naturelles de l’esprit humain. […] Si c’est une illusion, il me pardonnera, j’en suis sûr, aisément de l’avoir conçue ; car pourquoi parlerait-il en critique plaideur et jugeur, pourquoi se serait-il institué, comme autrefois Boileau et La Harpe, Le grand Perrin-Dandin de la littérature ; pourquoi se donnerait-il la peine de louer, de blâmer, d’attaquer ou d’établir certaines théories, s’il ne croyait à l’efficacité de la critique pour empêcher un peu de mal et pour faire par là même un peu de bien ? […] « Élever une comédie sur des situations, c’est prétendre bâtir sur des figures géométriques sans aucune réalité ; la fonder sur des mœurs, c’est l’établir sur un sol qui n’a point de consistance ; à celui-là seulement qui par-delà les mœurs atteint le caractère, c’est-à-dire un exemplaire de l’humanité, il appartient de compter sur le respect du temps. » — Inutile de rien ajouter à cette profession de foi esthétique. […] Il conclura par exemple avec une ironie souriante en parlant du temps où les comédiens seront cotés à leur juste valeur, ni trop haut ni trop bas : « Alors l’ordre idéal sera établi ; mais ceci ne se verra pas, sans doute, avant quelques années. » Ou bien il terminera ainsi l’examen d’une bluette, dont l’auteur, pour mieux fêter l’anniversaire du grand Corneille, a inséré parmi les siens des vers de Cinna : « J’ose prédire que ces vers au moins resteront. » Il abonde en tournures ingénieuses du même genre. […] Il arrive même que d’un article à l’autre un trait d’union s’établit ; l’auteur reprend et développe telle idée qui lui est chère ; on dirait un professeur qui revient sur une démonstration qu’il veut graver dans l’esprit de ses élèves.

1465. (1890) La vie littéraire. Deuxième série pp. -366

Quel rapport établir, par exemple, entre ce Saniel dont M.  […] Bourdeau établit aisément que la constatation des faits par l’historien est toujours une opération malaisée et de succès incertain. […] Il s’y établit à peu de frais, après avoir dépossédé une nichée de chacals. […] Il établit à Pispir, sur la rive droite du Nil, cinq mille moines. […] Mais quand il s’agit de l’établir, il ne laisse pas d’être embarrassé.

1466. (1896) Les idées en marche pp. 1-385

Ces deux sentiments, si utiles à la vie sociale et qui établissent la solidarité entre les hommes, ont trouvé, ici ou là, chez les meilleurs et les plus célèbres écrivains, leur expression enflammée et lyrique. […] Les pessimistes ont établi une scission entre la douleur et la pitié. […] Nous retrouvons encore ce singulier stigmate de l’analyse qui pousse à établir des lois sur le saccage de toutes les lois. […] Celui qui est content des choses établies n’a qu’à se taire et à jouir tranquillement de son bien-être. […] Les uns, continuant la tradition du Parnasse, obéissent à des règles fixes telles que les ont établies les maîtres.

1467. (1913) Les idées et les hommes. Première série pp. -368

Elle renonce à nos vastes conquêtes et fortifie la clôture du coin plus sage où elle s’établit. […] Il s’établit prêtre de ce néant qu’il ornait de beauté. […] Ils ont voulu établir que les foules sont créatrices. […] Bérard s’est proposé d’établir que les grandes œuvres d’art sont le double produit d’une tradition nationale et d’une influence étrangère. […] Tout est calculé pour établir une distance bien respectueuse entre le dandy et le reste du monde.

1468. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — II. (Suite.) » pp. 155-174

Rosny fut l’homme qui, le premier, mit ordre à ces licences et qui établit l’exactitude et la probité dans le service du roi.

1469. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gibbon. — I. » pp. 431-451

Témoin, dans les dernières années de sa vie, de la Révolution française, il se plaisait à adhérer en tout à la profession de foi de Burke : « J’admire son éloquence, disait-il, j’approuve sa politique, j’adore sa chevalerie, et j’en suis presque à excuser son respect pour les établissements religieux. » Et il ajoutait qu’il avait quelquefois pensé à écrire un dialogue des morts, dans lequel Lucien, Érasme et Voltaire se seraient fait leur confession, seraient convenus entre eux du danger qu’il y a à ébranler les vieilles croyances établies et à les railler en présence d’une aveugle multitude.

1470. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — II. (Suite.) » pp. 434-453

Être homme de lettres, — entendons-nous bien, l’être dans le vrai sens du mot, avec amour, dignité, avec bonheur de produire, avec respect des maîtres, accueil pour la jeunesse et liaison avec les égaux ; arriver aux honneurs de sa profession, c’est-à-dire à l’Institut ; avoir un nom, une réputation ainsi fixée et établie, c’était alors une grande chose : il y avait, et parmi les auteurs et dans le public, comme un sentiment de religion littéraire.

1471. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La Margrave de Bareith Sa correspondance avec Frédéric — I » pp. 395-413

Le contrôle qu’on peut maintenant établir entre la dernière partie des mémoires de la margrave et sa correspondance authentique avec Frédéric permet de juger plus équitablement de quelques-unes de ses assertions.

1472. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le baron de Besenval » pp. 492-510

Autre grief : l’ignorance étant extrême dans le pays, Besenval eut la pensée d’établir une bibliothèque publique où il commença par placer quatre mille volumes.

1473. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Divers écrits de M. H. Taine — I » pp. 249-267

Je sais que les points de vue changent et se déplacent ; qu’en avançant dans la marche, et d’étape en étape, de nouvelles perspectives s’ouvrent vers le passé et y jettent des lumières parfois imprévues ; que si, dans les œuvres déjà anciennes, de certains aspects s’obscurcissent et disparaissent, d’autres se détachent mieux et s’éclairent ; que des rapports plus généraux s’établissent, et que, dans la série des monuments de l’art, il y a un juste lointain qui non seulement n’est pas défavorable, mais qui sert à mieux donner les proportions et la mesure.

1474. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance inédite de Mme du Deffand, précédée d’une notice, par M. le marquis de Sainte-Aulaire. » pp. 218-237

Le traité de paix que Mme de Choiseul signe avec sa belle-sœur dans une première entrevue en présence de son mari, les conditions qu’elle pose, les limites qu’elle établit nettement et qu’elle trace autour d’elle, chez elle, en épouse dévouée autant qu’en maîtresse de maison accomplie, tout cela est d’une personne bien ferme, bien délicate, parfaitement douce et sans humeur, mais qui veut qu’on la compte, capable de plus d’un sacrifice, excepté de ceux qui atteindraient la dignité.

1475. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Œuvres de Maurice de Guérin, publiées par M. Trébutien — II » pp. 18-34

Un grand silence s’est établi, et j’entends comme les voix de mille souvenirs doux et touchants, qui s’élèvent dans le lointain du passé et viennent bruire à mon oreille.

1476. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Souvenirs de soixante années, par M. Étienne-Jean Delécluze, (suite et fin) »

Chaque jour, après son travail, il arrivait régulièrement chez Mme Récamier vers trois heures du soir, et, après lui avoir fait affectueusement ses politesses, allait s’établir devant la cheminée où il restait immobile comme un sphinx égyptien.

1477. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Les frères Le Nain, peintres sous Louis XIII, par M. Champfleury »

Les collections en grand, et faites par des curieux, gens de savoir et de goût, ne sont autre, chose que les éléments de la science même, les données positives qui permettent, là où il y avait lacune, de combler les vides, d’asseoir des conjectures, d’établir des suites et des lois.

1478. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet »

Thiers ; je ne vois pas qu’il y ait grande comparaison à établir entre eux, sinon en ce qu’ils ont tous deux traité des mêmes époques avec une âme et une intelligence bien françaises, un coeur national, et aussi avec clarté et netteté.

1479. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Mémoires de l’abbé Legendre, chanoine de Notre-Dame, secrétaire de M. de Harlay, archevêque de Paris. »

En théologie, Harlay n’avait pas eu un moindre succès pour sa thèse dite Tentative ; en homme qui prévoyait et pressentait où il aurait à frapper plus tard, il la fit porter sur le point le plus controversé d’alors, saint Augustin et Jansénius ; ayant établi les propositions catholiques orthodoxes, il soutint hardiment que le saint docteur que chacun lirait à soi était de son côté, et que Jansénius l’avait mal compris.

1480. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Œuvres complètes de Molière »

Enfin sa critique éclectique, au meilleur sens du mot, fait un choix dans tous les travaux antérieurs et y ajoute non-seulement par la liaison qu’il établit entre eux, mais par des considérations justes et des aperçus fins qui ne sont qu’à lui.

1481. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier (Suite et fin.) »

Une sorte de fraternité s’établit à l’instant entre les hôtes ; les beaux yeux d’Isabelle, l’ingénue de la troupe (et véritablement honnête en effet), n’y nuisent pas.

1482. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Histoire de Louvois par M. Camille Rousset. Victor-Amédée, duc de Savoie. (suite et fin.) »

Il y a dans les vallées vaudoises du Piémont de pauvres religionnaires établis depuis des siècles et de temps immémorial, qui y vivent en paix.

1483. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « M. Émile de Girardin. »

Quiconque a reçu la faculté de sentir et de penser ne peut nier cette mystérieuse assertion ; mais quiconque aussi voudra prouver l’existence de Dieu ne pourra l’expliquer qu’à l’aide d’arguments que je m’abstiens de qualifier, parce que toutes les croyances doivent être inviolables, et qu’elles sont toutes sacrées pour moi tant qu’elles ne me sont point imposées. » Les religions, on le voit, y sont respectées dans leur formes et honorées dans leur principe : « Je crois que toutes les religions sont bonnes, je crois que, hors le fanatisme, toutes les erreurs des cultes obtiendront grâce devant Dieu, car notre ignorance est aussi son ouvrage… J’adopte toutes les idées religieuses qui peuvent élever l’esprit, je rejette celles qui le rétrécissent ; et s’il fallait décider entre toutes les religions établies celle qui me paraîtrait la meilleure, je répondrais : — La plus tolérante. » À un endroit où le fils abandonné se suppose forçant enfin la destinée par sa vertu, parvenant à percer par ses œuvres, et méritant que sa mère revienne s’offrir à lui comme fit un jour la mère de D’Alembert au savant déjà illustre, il y a une apostrophe pieuse, un mouvement dans le goût de Jean-Jacques : « Dieu !

1484. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite et fin.) »

En 1606, la Cour étant revenue résider à Madrid, Cervantes, qui suivait en fidèle satellite ses divers mouvements et révolutions, quitta Valladolid et alla s’établir là où était le soleil, un pâle soleil qui ne le réchauffait guère et dont pourtant il ne se plaignait pas trop.

1485. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise, par M. Taine, (suite et fin.) »

Parlant d’Homère et de son rapport avec Virgile, Pope établit la vraie ligne et la vraie voie pour les talents classiques et qui restent dans l’ordre de la tradition : « Lisez, dit-il, et relisez Homère dans le texte, en le comparant sans cesse à lui-même, et pour votre commentaire prenez la muse de Mantoue.

1486. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « La reine Marie Leckzinska (suite et fin.) »

Elle avait pensé à établir des retraites pour les Savoyards et pour les ouvriers.

1487. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite et fin.) »

La Cour est établie presque comme autrefois.

1488. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Mlle Eugénie de Guérin et madame de Gasparin, (Suite et fin.) »

Je ne me flatte pas d’avoir tenu la balance parfaitement égale dans la comparaison que j’ai essayé d’établir ; mais si je n’ai pas été tout à fait aussi juste que je l’aurais voulu, je ferai réparation en donnant ici la lettre à la fois gracieuse et véridique que m’a écrite à cette occasion la personne distinguée, ainsi prise à partie par moi sans plus de façon et mise en antagonisme avec Eugénie de Guérin : « Monsieur, « Je reçois le Constitutionnel, et je viens vous remercier d’un cœur sincère.

1489. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Correspondance de Louis XV et du maréchal de Noailles, publiée par M. Camille Rousset, historiographe du ministère de la guerre »

Elles sont cependant les mieux établies, parce qu’elles ont toujours cheminé par la souplesse, l’assiduité, la complaisance, l’utilité aux plaisirs et la dévotion, suivant l’âge de nos rois.

1490. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Correspondance de Louis XV et du maréchal de Noailles, publiée par M. Camille Rousset, historiographe du ministère de la guerre (suite et fin) »

Il conte le plus agréablement du monde. » Ce sont là des jugements acquis à la littérature, des vérités littéraires bien établies sur Louis XIV.

1491. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée par le chevalier d’Arneth »

Il avait établi son influence sur elle dans l’âge où les impressions sont le plus durables, et il était aisé de voir qu’il n’avait cherché qu’à se faire aimer de son élève et s’était très-peu occupé du soin de l’instruire.

1492. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Idées et sensations : par MM. Edmond et Jules de Goncourt. »

Non-seulement ils aiment le xviiie  siècle par excellence, le nôtre, mais en général ils aiment tous les xviiies  siècles et les préfèrent décidément à ce que j’appellerai les xviies  siècles, c’est-à-dire aux âges d’un goût plus large et plus simple, d’une autorité plus légitime et plus établie.

1493. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « La comédie de J. de La Bruyère : par M. Édouard Fournier. »

Le terrain qui semblait solide se déplace ; les textes qu’on croyait surs se dérobent ; les biographies qu’on croyait le mieux établies craquent et s’écroulent un matin.

1494. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. »

Aussi le maréchal de Saxe avait-il soin, dans ses rapports à Versailles, d’établir une grande distinction entre lui et le prince de Conti, se montrant tout à fait sûr des sentiments du comte de Clermont à son égard, et se disant persuadé « qu’il ne trouverait jamais de sa part qu’attentions et politesses. » Le comte de Clermont fut chargé en septembre du siège de Namur.

1495. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « HISTOIRE de SAINTE ÉLISABETH DE HONGRIE par m. de montalembert  » pp. 423-443

J’ai marqué la sorte d’estime respectueuse que m’inspirait cette jeune existence si sérieuse et si dévouée à quelques idées générales ; mais je ne me suis jamais dissimulé un défaut, selon moi capital, qui a présidé à toute la formation intellectuelle de ce beau talent, et que les années survenantes et la renommée établie ont plutôt masqué aux yeux qu’effacé en réalité : M. de Montalembert, comme esprit, n’a pas d’originalité ; il est disciple ; il l’a été de M. de Maistre en religion, et de M. de La Monnais plus particulièrement, de Victor Hugo en architecture et en admiration du gothique ; et quand il était disciple en un sens, il allait tout droit devant lui, il ne regardait ni à droite ni à gauche, il renversait tout.

1496. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DISCOURS DE RÉCEPTION A L’ACADÉMIE FRANÇAISE, Prononcé le 27 février 1845, en venant prendre séance à la place de M. Casimir Delavigne. » pp. 169-192

Dès que le bruit du danger et, sitôt après de la mort de Casimir Delavigne se répandit, cette renommée établie, paisible, dont il jouissait sans contestation, se réveilla dans un grand cri : on se demanda s’il était possible que celui dont on se croyait si en possession, qu’on venait d’applaudir la veille et qui florissait dans la maturité des années, fût déjà ravi.

1497. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SÉVIGNÉ » pp. 2-21

Elle idolâtrait sa fille et s’était de bonne heure établie dans le monde sur ce pied-là.

1498. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre troisième. Les sensations — Chapitre premier. Les sensations totales de l’ouïe et leurs éléments » pp. 165-188

Cela établi, on est en mesure d’expliquer les sensations de bruit, et leurs diversités innombrables ; sans entrer dans le détail de chacune d’elles, l’acoustique montre leur mode général de formation.

1499. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre IV. Des figures : métaphores, métonymies, périphrases »

Pour le mélange des termes propres et des expressions métaphoriques, il est indispensable pour maintenir la rigueur du sens, la précision de la pensée et la justesse de la figure, et il faut seulement éviter d’établir entre des mots qui jurent une dépendance grammaticale qui surchargerait la figure d’une autre figure14.

1500. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre I. La tragédie de Jodelle à Corneille »

Il semble que ces pièces aient eu du mal à s’établir sur la scène de l’Hôtel de Bourgogne, et que le poète ait dû chercher autre chose pour satisfaire son public.

1501. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre III. La poésie : V. Hugo et le Parnasse »

Cette construction supprime le signe de comparaison, elle établit l’équivalence, l’identité des deux objets dont l’un va prendre la place de l’autre dans l’imagination et la phrase du poète.

1502. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Le père Monsabré »

La confession nous est si naturelle, continue le Père Monsabré, qu’avant de passer à l’état d’institution chrétienne « elle était partout connue, prêchée, pratiquée. » Et là-dessus il nous cite « un législateur chinois », Socrate, Sénèque, saint Jean-Baptiste et un missionnaire qui a trouvé la confession établie chez les sauvages  Fort bien ; mais alors comment l’orateur a-t-il pu nous dire, dans la première partie de son discours, que la confession, si elle avait été inventée par d’autres que Jésus-Christ, eût paru « une nouveauté énorme, une obligation oppressive, la plus répugnante des humiliations ? 

1503. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Alphonse Daudet, l’Immortel. »

Alphonse Daudet que, lorsqu’il est obligé de nous donner, pour établir son « milieu », certaines explications un peu longues, il n’hésite pas à employer l’artifice d’une correspondance ou d’un journal.

1504. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre IV. Ordre d’idées au sein duquel se développa Jésus. »

Juda, fils de Sariphée, Mathias, fils de Margaloth, deux docteurs de la loi fort célèbres, formèrent ainsi un parti d’agression hardie contre l’ordre établi, qui se continua après leur supplice 177.

1505. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre IV. Précieuses et pédantes »

Les trois douleurs intimes sont étudiées avec une apparence de conscience et les caractères ne sont pas maladroitement établis.

1506. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Campagnes d’Égypte et de Syrie, mémoires dictés par Napoléon. (2 vol. in-8º avec Atlas. — 1847.) » pp. 179-198

Il ne parle que des fautes militaires de ce saint roi : « Il passa huit mois à prier, lorsqu’il eût fallu les passer à marcher, combattre et s’établir dans le pays. » On ne peut s’empêcher de sourire.

1507. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Discours sur l’histoire de la révolution d’Angleterre, par M. Guizot (1850) » pp. 311-331

Ce que je remarque surtout, c’est qu’il m’est possible, en lisant Hume, de le contrôler, de le contredire quelquefois : il m’en procure le moyen par les détails mêmes qu’il donne, par la balance qu’il établit.

1508. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « M. de Féletz, et de la critique littéraire sous l’Empire. » pp. 371-391

Étienne, établi rédacteur en chef par ordre supérieur, conserva à leur poste les habiles rédacteurs littéraires, et leur adjoignit Hoffman.

1509. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Balzac. » pp. 443-463

Il y aurait, dans un travail moins incomplet, et si l’on était libre de se donner carrière, à bien établir et à graduer les rapports vrais entre le talent de M. de Balzac et celui de ses plus célèbres contemporains, Mme Sand, Eugène Sue, Alexandre Dumas.

1510. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Les Confessions de J.-J. Rousseau. (Bibliothèque Charpentier.) » pp. 78-97

Depuis Jean-Jacques, c’est dans la forme de langage établie et créée par lui que nos plus grands écrivains ont jeté leurs propres innovations et qu’ils ont tenté de renchérir.

1511. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Nouveaux documents sur Montaigne, recueillis et publiés par M. le docteur Payen. (1850.) » pp. 76-96

Enfin, pour ne rien omettre et pour rendre justice à chacun, dans une Visite au château de Montaigne en Périgord, dont la relation a paru en 1850, M. le docteur Bertrand de Saint-Germain a décrit les lieux et relevé les diverses inscriptions grecques ou latines qui se lisent encore dans la tour de Montaigne, dans cette pièce du troisième étage (le rez-de-chaussée comptant pour un) où le philosophe avait établi sa librairie et son cabinet d’études.

1512. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame de Maintenon. » pp. 369-388

Elle prit une grande maison solitaire du côté de Vaugirard, s’y établit à l’insu de tout son monde, y soignant les précieux enfants, présidant à leur première éducation, à leur nourriture, faisant la gouvernante, la ménagère, la garde-malade, tout enfin, et reparaissant le matin en visite, comme si de rien n’était, à la porte de ses amis du beau monde, car il fallait d’abord que personne ne se doutât de son éclipse.

1513. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La princesse des Ursins. Lettres de Mme de Maintenon et de la princesse des Ursins — I. » pp. 401-420

Durant les trois premières années, Mme des Ursins travaille à s’établir complètement dans l’esprit des deux personnes royales ; elle écarte les influences rivales, les déjoue par tous les moyens, excite mille clameurs, et, faute d’assez de ménagement et de prudence, mérite de recevoir son rappel par ordre de Louis XIV (1704).

1514. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le duc d’Antin ou le parfait courtisan. » pp. 479-498

Mansart, sans commettre de malversation, avait laissé s’introduire des désordres : d’Antin établit une comptabilité plus exacte : Personne, dit-il, n’était payé dans les Bâtiments, les ouvriers maltraités ; les trésoriers, les maîtres soutenant qu’ils étaient en avance de quatre ou cinq cent mille francs chacun.

1515. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — I. » pp. 84-104

Nous ne nous chargeons pas de répondre à toutes les excellentes plaisanteries lancées par lui contre un homme qu’il faudrait placer au rang des bienfaiteurs de l’humanité, n’eût-il établi qu’une vérité, celle qui nous sert d’épigraphe : « L’âge d’or, qu’une aveugle tradition a placé jusqu’ici dans le passé, est devant nous. » Carrel donna encore dans Le Producteur quelques autres articles de polémique, et il en fit aussi sur le commerce de la Grèce moderne, à le considérer sous un rapport de régénération politique et morale pour cette nation.

1516. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Bernardin de Saint-Pierre. — II. (Suite et fin.) » pp. 436-455

Il est allé s’établir, disait Chamfort (alors logé à l’hôtel de Vaudreuil), dans un quartier si perdu et si mal habité, que les personnes qui s’intéressent à lui craignent pour sa sûreté. — Je ne sais, répondait Bernardin, si M. de Chamfort connaît des personnes qui s’intéressent à moi.

1517. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Boileau. » pp. 494-513

Il s’y montre en son haut rang, au centre du groupe des illustres poètes du siècle, calme, équitable, certain, puissamment établi dans son genre qu’il a graduellement élargi, n’enviant celui de personne, distribuant sobrement la sentence, classant même ceux qui sont au-dessus de lui… « his dantem jura Catonem » ; le « maître du chœur », comme dit Montaigne ; un de ces hommes à qui est déférée l’autorité et dont chaque mot porte.

1518. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le président de Brosses. Sa vie, par M. Th. Foisset, 1842 ; ses Lettres sur l’Italie, publiées par M. Colomb, 1836. » pp. 85-104

C’est ainsi que dans un genre tout différent et dans une pensée toute parisienne, après avoir discuté avec impartialité des deux musiques italienne et française, il ajoutera : « Je souhaiterais seulement voir établir à Paris un Opéra italien, en laissant subsister le nôtre tel qu’il est. » C’est ainsi encore qu’en visitant le Forum, et en se rappelant que la première pierre milliaire était au milieu, et que c’était de là que partaient toutes les grandes routes dans l’Empire, il proposera quelque chose de pareil dans notre pays : En France, où nous avons fait sous ce règne-ci, disait-il, tant de beaux grands chemins, ne ferait-on pas bien de placer, de lieue en lieue, de pareilles petites colonnes numérotées, à commencer par la première, placée au centre de Paris sur le Pont-Neuf, au pied de la statue de Henri IV ?

1519. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — II. (Fin.) » pp. 246-265

Il ne saurait admettre que, dans un État, tout le monde indifféremment soit élevé pour être savant : « Ainsi qu’un corps qui aurait des yeux en toutes ses parties serait monstrueux, dit-il, de même un État le serait-il, si tous ses sujets étaient savants ; on y verrait aussi peu d’obéissance que l’orgueil et la présomption y seraient ordinaires. » Et encore : « Si les lettres étaient profanées à toutes sortes d’esprits, on verrait plus de gens capables de former des doutes que de les résoudre, et beaucoup seraient plus propres à s’opposer aux vérités qu’à les défendre. » Il cite à l’appui de son opinion le cardinal Du Perron, si ami de la belle littérature, lequel aurait voulu voir établir en France un moindre nombre de collèges, à condition qu’ils fussent meilleurs, munis de professeurs excellents, et qu’ils ne se remplissent que de dignes sujets, propres à conserver dans sa pureté le feu du temple.

1520. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Saint François de Sales. Son portrait littéraire au tome Ier de l’Histoire de la littérature française à l’étranger par M. Sayous. 1853. » pp. 266-286

Les grandes et classiques parties de la littérature française ayant été explorées mainte fois et étant depuis longtemps, en quelque sorte, au pouvoir des maîtres, il s’est ingénieusement établi et posté sur la frontière ; il a choisi de ce côté sa province.

1521. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Marguerite, reine de Navarre. Ses Nouvelles publiées par M. Le Roux de Lincy, 1853. » pp. 434-454

Un certain nombre de ces voyageurs, hommes ou femmes, après diverses aventures plutôt extraordinaires qu’agréables, se retrouvent réunis de nouveau à l’abbaye de Notre-Dame-de-Sarrance, et là, comme la rivière du Gave n’était pas guéable, on décide d’établir un pont : L’abbé, dit le conteur, fut bien aise qu’ils faisaient cette dépense, afin que le nombre des pèlerins et pèlerines augmentât, les fournit d’ouvriers, mais il n’y mit pas un denier, car son avarice ne le permettait.

1522. (1899) Esthétique de la langue française « Le vers libre  »

On établirait aussi que telles suites de vers libres ne sont que des alexandrins décomposés ; on donnerait comme exemples, sinon comme preuves : Car vois | les marbres d’or aux cannelures fines | Sont riches du soleil qui décline, | versant Avec sa joie la soif des vins | qu’elle mûrit ; |  fragment qui dans l’original forme cinq vers de 2, 10, 9, 10, 4 syllabes ; Oui c’est l’orfroi, | ce sont les pourpres constellées | Des rêves orgueilleux comme des nefs | s’inclinent | Ma gloire, à moi, | c’est d’embrasser tes deux genoux | Ramenant vers leur cou | leur tunique défaite, | Protégeant de leurs mains leurs regards aveuglés | Baissent la tête | autour de nous, | silencieux | Tu ris ! 

1523. (1897) Préface sur le vers libre (Premiers poèmes) pp. 3-38

. — Ceci dit pour établir la légitimité d’un effort vers une nouvelle forme de poésie.

1524. (1889) Émile Augier (dossier nécrologique du Gaulois) pp. 1-2

Scribe, en effet, connaissait les moindres plis du terrain où la bourgeoisie s’était victorieusement établie.

1525. (1892) L’anarchie littéraire pp. 5-32

Ernest Raynaud, brochant sur le tout, veut établir la supériorité du Midi sur le Nord, du Latin sur le Saxon.

1526. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « IX. Mémoires de Saint-Simon » pp. 213-237

Il ne rappelle point enfin, et peut-être ne le sait-il pas, que la santé de Louis XV enfant étant faible, Dubois avait établi un système de gouvernement qui réglait la politique étrangère pour le cas où le roi mourrait, et toute l’administration intérieure pour le cas contraire.

1527. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « J. de Maistre » pp. 81-108

Restent donc, au compte de ce tortionnaire innocent, quelques épigrammes bien appliquées, pour sa défense personnelle, à des hommes qui l’avaient, comme Condillac et Locke, férocement ennuyé, et ce rictus épouvantable établi sur la bouche de Voltaire, mais qui, ma foi, n’en a pas beaucoup changé le sourire, et qui ne l’a pas, pour que l’on s’en plaigne, si prodigieusement défiguré !

1528. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Jean Richepin »

Des docteurs en sincérité se sont établis carrément dans la conscience du poète Richepin pour mieux savoir que lui ce qui s’y passe, et ils ont déclaré que son impiété n’était qu’une comédie.

1529. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre iii »

L’ordre du jour, paru à l’Officiel du 9 juin suivant, résume en quelques mots cette vie :‌ De Torquat de la Coulerie (François-Marie-Joseph), capitaine au 48e d’infanterie : « Officier démissionnaire, établi à l’étranger, est accouru en France dès l’annonce des hostilités.

1530. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre IV. L’unification des sociétés »

Et ainsi la dérogation à la loi que nous tentions d’établir ne serait peut-être qu’apparente.

1531. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre II : M. Royer-Collard »

L’analyse, le raisonnement, l’expérience, là-dessus tout est d’accord : qu’on me pardonne d’indiquer et d’effleurer ce qu’il faudrait démontrer et établir : — La perception extérieure est précédée d’une sensation ; mais toute sensation, maladive ou saine, spontanée ou forcée, née au dedans ou causée par le dehors11, suscite le simulacre d’un objet extérieur qui paraît réel.

1532. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre X : M. Jouffroy psychologue »

Il souffrait les reproches des gens pressés qui le blâmaient « de ne point sortir des questions de méthode, et de ne jamais arriver à la science elle-même68. » Il s’en embarrassait peu, croyant qu’après deux mille ans de disputes, cette lenteur est le seul moyen d’établir quelque vérité fixe.

1533. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVI. Des oraisons funèbres et des éloges dans les premiers temps de la littérature française, depuis François Ier jusqu’à la fin du règne de Henri IV. »

Les éloges funèbres que nous avons vu établir chez tous les peuples, ne furent connus en France que sur la fin du quatorzième siècle.

1534. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXIII. »

Si le chasseur de là-bas nous a dit vrai, au loin, dans le désert marécageux et sauvage, le tigre a établi sa solitude ; et averti, à son récent dommage, d’éviter la foudre des fusils anglais, de ses rares, mais cruelles attaques, il ne revient plus ensanglanter le hameau.

1535. (1895) Le mal d’écrire et le roman contemporain

Ils ont pris pour une vocation ce qui n’était pour eux aussi que la seule carrière possible et, faute d’avoir assez de fortune pour demeurer dilettanti ; ils se sont improvisés écrivains comme on s’établit épicier. […] La trirème érafla l’idole établie à l’angle du mêle… » Et cette pensée de Flaubert : « On entendait le broutement d’une vache qu’on ne voyait pas », n’est-ce pas la pensée même de Chateaubriand : « J’entendais le murmure d’une rivière qu’on ne voyait pas ?  […] Il est surprenant qu’un homme doué d’un si grand tact littéraire, qui goûtait l’observation chez Le Sage, Cervantes, Molière et l’abbé Prévost, n’ait pas compris que Balzac et Flaubert continuaient et allaient définitivement établir cette école d’observation classique. […] Ce qui charme les contemporains risque parfois de périr et la renommée s’établit souvent par des raisons inaperçues du vivant d’un auteur. […] C’est donc établir une distinction vaine que de vouloir classer les auteurs en écrivains d’effort et en écrivains d’inspiration20.

1536. (1853) Portraits littéraires. Tome I (3e éd.) pp. 1-363

Je n’invoquerai pas même en sa faveur la distinction établie depuis longtemps entre l’inconstance et l’infidélité. […] Cependant le doute, poétiquement compris, est un beau sujet d’élégie ; mais pour traiter un pareil sujet, il faudrait prendre au sérieux les angoisses du doute, et surtout il faudrait distinguer clairement les doutes du cœur et les doutes de l’esprit, car l’incertitude des vérités poursuivies par la science n’est pas une douleur, mais un noviciat ; tandis que la ruine des croyances que la science ne peut établir sur de solides fondements, mais dont le cœur a besoin, est un tourment digne de pitié. […] Après avoir balayé comme une poussière inutile et sans valeur la tragédie et la comédie antiques, il lui restait à établir l’identité du drame et de la réalité. […] La famille Marceau, établie dans la même maison, au même étage, compose un tableau charmant. […] Quant aux relations qu’il devait établir entre Philippe-Auguste, Agnès et Ingeburge, c’est une question que l’histoire n’a pas résolue.

1537. (1927) Quelques progrès dans l’étude du cœur humain (Freud et Proust)

Partir dans l’étude du cœur humain sans être informé de son existence et de son activité, et sans s’équiper contre ses subterfuges, c’est vouloir établir la nature des fonds marins sans sonde et en se laissant guider au seul visage des eaux. […] Je reprends donc : Freud, par une longue analyse, fortement appuyée de remarques expérimentales, qui remplit toute la petite brochure intitulée : Trois dissertations sur la théorie sexuelle, établit que l’instinct sexuel n’a d’emblée ni l’objet ni le but que nous lui connaissons. […] Voici comment on pourrait présenter les réflexions qu’inspire cette partie de la théorie freudienne : 1º Il est d’une importance considérable, au point de vue de la psychologie de la création, d’avoir établi les sources, si l’on peut dire, charnelles, de toute création spirituelle. […] Et une sorte de critérium esthétique pourrait être établi, qui permettrait de distinguer les œuvres nées d’un penchant, de celles qu’a fabriquées un vouloir, — la qualité esthétique restant réservée. […] Que l’angoisse diminue, qu’une certitude sur les faits et gestes de l’être aimé s’établisse dans l’esprit, et l’amour s’en ira : Sa douleur aurait fini par s’apaiser et peut-être son amour par s’éteindre 60.

1538. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre II. Dryden. »

» Désarçonné, Apollonius se convertit à l’instant même, injurie le prince, qui, trouvant sainte Catherine fort belle, se sent amoureux tout d’un coup et fait des calembours : « Absent, je puis ordonner son martyre ; —  mais un regard de plus, et le martyr sera moi710. » Dans cet embarras, il envoie un grand officier pour déclarer son amour à sainte Catherine ; le grand officier cite et loue les dieux d’Épicure : à l’instant, la sainte établit la doctrine des causes finales, qui renverse celles des atomes. […] Les personnages de son Essai sur le Drame se croient encore sur les bancs de l’école, citent doctoralement Paterculus, et en latin encore, combattent la définition de l’adversaire et remarquent qu’elle est faite a genere et fine, au lieu d’être établie selon la bonne règle, d’après le genre et l’espèce757. « On m’accuse, dit-il doctoralement dans une préface, d’avoir choisi des personnes débauchées pour protagonistes ou personnages principaux de mon drame, et de les avoir rendues heureuses dans la conclusion de ma pièce, ce qui est contre la loi de la comédie, qui est de récompenser la vertu et de punir le vice758. […] Il vient, il vient, Bacchus toujours beau, toujours jeune ; Bacchus a le premier établi les joies du vin ; les dons de Bacchus sont un trésor ; le vin est le plaisir du soldat ; riche est le trésor, doux est le plaisir ; doux est le plaisir après la peine795. » — Et sous les sons vibrants, le roi se trouble ; ses joues s’enflamment, ses combats lui reviennent en mémoire ; il défie les hommes et les dieux.

1539. (1854) Causeries littéraires pp. 1-353

Les Polonais établis à Moscou à la suite de Marine ou faisant partie de la garde du tzar portaient ombrage aux boyards et au peuple. […] Voulez-vous un exemple de cette familiarité cordiale qui s’établit entre la muse de M.  […] Peut-être ses préférences l’ont-elles rendu un peu injuste ; peut-être eût-il été d’une meilleure critique littéraire de ne pas établir une séparation aussi marquée entre cette première période et celle où s’épanouirent, dans toute leur maturité et toute leur perfection, Molière, La Fontaine, madame de Sévigné, Racine, Bossuet, Bourdaloue, Fénelon, et un peu plus tard La Bruyère. […] Notons, en passant, dans cet article, une belle page que devraient méditer tous les historiens de la Révolution, et où l’auteur établit victorieusement que tout ce que la France militaire accomplit de glorieux et de grand en 92 et 93, se fit en dehors de la Convention, malgré elle, en dépit de son ombrageux contrôle, et par le seul effort du pays réagissant à la fois contre l’ennemi du dehors et contre l’exécrable assemblée qui l’ensanglantait et le déshonorait. […] Edmond Texier est un esprit ferme et juste, sobre et fin, possédant à un haut degré le sentiment du vrai, voyant bien ce qu’il regarde, décrivant bien ce qu’il voit, et parfaitement préparé à tracer d’une plume élégante le commentaire animé, intelligent, pittoresque, des merveilles du crayon moderne, des charmants dessins chargés d’illustrer sa prose ou plutôt d’établir avec elle un échange de traits heureux, de vives silhouettes, d’amusantes figures, de types, de saillies, d’épigrammes, d’épisodes grotesques ou tristes, tour à tour racontés par le dessinateur et dessinés par l’écrivain.

1540. (1885) L’Art romantique

Quoi qu’il en soit, la légende est indestructiblement établie ; elle a fourni à Milton l’une de ses plus épiques descriptions ; elle s’étale dans tous les musées, célébrée par les plus illustres pinceaux. […] Il s’établit alors un duel entre la volonté de tout voir, de ne rien oublier, et la faculté de la mémoire qui a pris l’habitude d’absorber vivement la couleur générale et la silhouette, l’arabesque du contour. […] Aigri par tant de mécomptes, déçu par tant de rêves, il dut, à un certain moment, par suite d’une erreur excusable dans un esprit sensible et nerveux à l’excès, établir une complicité idéale entre la mauvaise musique et les mauvais gouvernements. […] Fétis, qui veut absolument établir pour l’éternité la prédominance de la musique dans le drame lyrique, l’opinion d’esprits tels que Gluck, Diderot, Voltaire et Goethe n’est pas à dédaigner. […] Au point de vue moral, la poésie établit une telle démarcation entre les esprits du premier ordre et ceux du second, que le public le plus bourgeois n’échappe pas à cette influence despotique.

1541. (1930) Le roman français pp. 1-197

Et ainsi il est bien évident que le régime féodal a contribué puissamment à établir entre les deux sexes une égalité, du moins en ce qui concerne l’amour, qui auparavant n’existait pas. […] Il est encore fort probable que cette idée nouvelle de la vénération due à la femme, dame et maîtresse, a fortement aidé à consolider, sinon à établir le culte de la Vierge Marie : Vierge, mais « dame » aussi ; ce n’est guère qu’à partir de cette époque que vous la verrez appeler domina. […] Ainsi, le « genre roman » s’établit, se fixa, à peu près tel enfin que nous le connaissons aujourd’hui. […] »… Et ceci encore, toujours dans Salammbô, au moment de la mort des mercenaires condamnés à s’immoler les uns les autres : « La communauté de leur existence avait établi entre ces hommes des affections profondes. […] Qu’elle élimine les sentiments ardents et forts, abomine toutes les idées « parce qu’elles menacent de troubler les conventions admises, et l’ordre établi », c’est possible, mais non pas toujours le cas : que fait-on alors de la patiente épopée, un peu grise parfois, mais si sérieuse, consciencieuse, des Thibault de M. 

1542. (1911) Nos directions

Monsieur Bonnet et la Noblesse de la terre de Maurice De Faramond23 Maurice de Faramond a courageusement entrepris d’établir sa dramaturgie sur la réalité contemporaine. […] Qu’il nous montre enfin des héros, — j’entends des hommes semblables à nous, mais plus grands, dans la vertu ou dans le vice ; plus simples dans les gestes, mais plus complexes dans l’esprit : solidement établis sur la terre, mais dominant de plus haut l’horizon, et parlant une langue aussi modeste parfois, mais plus belle : des personnages de tragédie en un mot. […] Il est beau, il est désirable : sur quelques académies de musée, M. d’Annunzio établira sa psychologie du martyr. […] Et faute de pouvoir réglementer le jeu alterné des syllabes brèves et longues, — pour conférer, du moins, au vers une apparence de nécessité et de tenue, on fut insensiblement amené à cette coutume barbare et qui pèse encore sur nous, d’une métrique numérique, établie non pas sur la qualité, mais sur la quantité des syllabes, et n’exigeant apparemment de nos poètes qu’une science : savoir compter sur ses doigts. […] Etablie selon la raison, vivifiée par l’instinct, quels admirables poèmes nous doit permettre notre forme !

1543. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. THIERS. » pp. 62-124

Cette espiéglerie, venant couronner le vrai talent, eût achevé d’établir à Aix la réputation du jeune avocat, si M. […] Jamais officier d’artillerie n’a établi une batterie de brèche ni pointé avec plus de précision qu’il ne dressa alors cette batterie du National ; jamais effet ne fut plus, prévu, mieux calculé, plus justifié aussi (c’est trop évident aujourd’hui) par l’incurable et immuable ineptie des hommes funestes qui s’identifiaient à ce moment avec la Restauration finissante, de ces hommes qui, selon une expression énergique (de M.

1544. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « LEOPARDI. » pp. 363-422

Il semble que, lorsqu’on se met en rapport par la croyance, par la confiance, par la prière (et encore mieux selon les rites sacrés, qui sont comme des canaux établis), avec la grande âme du monde, on trouve appui, accord, apaisement. […] Après un court séjour à Rome (1831-1832) et un retour passager à Florence, Leopardi était allé s’établir à Naples sur la fin de 1833, déterminé par un ami dont le nom restera désormais inséparable du sien.

1545. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE CHARRIÈRE » pp. 411-457

Ma mère, qui a tant de goût pour les anciens bâtiments, aimerait bien mieux l’église de Windsor avec les bannières des chevaliers et leurs armures complètes : j’ai fait une grande révérence à l’armure du Prince-Noir. » Son caractère de naturel, comme son piquant d’observation, nous demeure donc bien établi. […] On devrait l’établir Inspectrice générale des écoles de la République française. » — L’Adèle de Sénange y est fort louée.

1546. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Gabriel Naudé »

Gabriel Naudé Il me semble difficile, lorsqu’on est arrivé en quelque endroit nouveau, en quelque coin du monde, pour s’y établir et y vivre quelque temps, de ne pas s’enquérir tout d’abord de l’histoire du lieu (et, si obscur, si isolé qu’il soit, c’est bien rare qu’il n’en ait point)  : quels hommes y ont passé, s’y sont assis à leur tour ; quels l’ont fondé, donjon ou clocher, maison d’étude ou de prière ; quels y ont gravé leur nom sur le mur, ou seulement y ont laissé un vague écho dans les bois. […] Ainsi, à propos de l’Alcoran, dont les paroles, dit Mascurat (page 345), sont très-belles et bonnes, quoique la doctrine en soit fort mauvaise, Saint-Ange se récrie, et Mascurat répond entre autres choses : « … Joint aussi qu’il est hors le pouvoir d’un homme, tant habile qu’il soit, de connoître quelle est la religion des Turcs, soit pour la foi ou les cérémonies, par la seule lecture de l’Alcoran  ; tout de même, sans comparaison toutefois, qu’un homme qui n’auroit lu que le Nouveau Testament, ne pourroit jamais connoître le détail de la religion catholique, vu qu’elle consiste en diverses règles, cérémonies, établissements, institutions, traditions et autres choses semblables que les papes et les conciles ont établies de temps en temps, et pièces après autres, conformément à la doctrine contenue implicité ou explicité dans ledit livre. » On a le venin.

1547. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre III. — Du drame comique. Méditation d’un philosophe hégélien ou Voyage pittoresque à travers l’Esthétique de Hegel » pp. 111-177

Le divin fondateur du christianisme n’avait prétendu abolir ni l’État ni la famille, et ses apôtres ont nettement prêché le mariage et la soumission à l’ordre établi. […] « Pour se procurer l’ordinaire soutien de la vie, personne, parmi les hommes n’avait d’autre peine à prendre que celle d’étendre la main, et de cueillir sa nourriture aux branches des robustes chênes, qui les conviaient libéralement au festin de leurs fruits doux et mûrs ; les claires fontaines et les fleuves rapides leur offraient en magnifique abondance des eaux limpides et délicieuses ; dans les fentes des rochers et dans le creux des arbres, les diligentes abeilles établissaient leurs républiques, offrant, sans nul intérêt, à la main du premier venu, la riche moisson de leur doux labeur225.

1548. (1858) Cours familier de littérature. V « XXIXe entretien. La musique de Mozart » pp. 281-360

Tout est musique dans les bruits du ciel, de la terre, de la mer, parce que c’est Dieu même qui, par ses lois occultes, a établi les rythmes, les accords, les consonances, les distances, les mesures, les harmonies de tous les sons rendus par ses éléments. […] s’écrie le père dans sa vingt-neuvième lettre à ses amis de Salzbourg ; in te, Domine, speravi ; non confundar in æternum . » L’enfant est guéri par les soins d’un chanoine de Salzbourg établi à Olmütz, et qui prête l’hospitalité la plus affectueuse aux pèlerins de sa ville natale.

1549. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIIe entretien. Vie du Tasse (3e partie) » pp. 129-224

Le marquis d’Este, oncle de Léonora, avait épousé une princesse de la maison de Savoie ; il s’était établi à Turin, où il commandait la cavalerie de l’armée. […] « Par les os de mon père, qui vous servit avec tant de fidélité, établissez-moi invariablement ici ; moi, je vous promets, de mon côté, que, bien que mon infirmité puisse me rendre coupable de quelque mobilité de résolution, cependant, ni pour aucune fantaisie d’imagination, ni pour la mort même, je ne me laisserai entraîner à une action qui ne serait pas bonne et honorable !

1550. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CIVe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (2e partie) » pp. 97-191

Voltaire a pleine raison quand il établit que c’est l’esprit philosophique qui conduit tous les arts, guidés par lui secrètement et à leur insu. […] La découvrir a coûté bien des peines, l’établir n’en coûte pas moins.

1551. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1890 » pp. 115-193

Et Heredia qui est là, parlant des poètes de la dernière heure, établit que leurs poésies ne sont que des modulations, sans un sens bien déterminé, et qu’eux-mêmes baptisent du mot de monstres, leurs vers à l’état d’ébauche et de premier jet, et où les trous sont bouchés avant la reprise et le parfait achèvement du travail, par des mots sans signification. […] Dimanche 21 décembre Duret contait aujourd’hui au Grenier, qu’il avait assisté au Japon à une représentation des Fidèles Ronins, où les quarante-cinq ronins, tout couverts de sang, traversaient la salle dans toute sa longueur, sur un petit praticable établi au-dessus des Japonais assis à terre, et que le passage à travers la salle de ces guerriers ensanglantés, était d’un effet terrible.

1552. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre VI » pp. 394-434

Comment sont-elles faites, je vous prie, d’où viennent-elles, et par quels efforts surnaturels pourrez-vous établir leur généalogie, avec le grand siècle, avec l’élégante société, avec la comédie que représentait mademoiselle Mars ? […] Voilà comment, de chute en chute, depuis la retraite de mademoiselle Mars, et quand elle ne fut plus la reine de ce théâtre abandonné, pour donner le ton du beau langage et l’air du beau maintien, cette femme élégante, et quand une révolution nouvelle eut envahi ce monde à grand peine rétabli sur sa base fragile, il arriva que nous vîmes un beau jour, dans une cave étroite, naguère consacrée aux plus vils funambules, s’établir en gloussant… ô monstruosité du haillon vide et de la parole creuse, une incroyable réunion intitulée — eh !

1553. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre I. Des poëtes anciens. » pp. 2-93

Il a moins considéré ce Poëte comme le maître ou le précurseur de Virgile, que comme un Philosophe profond & sublime, qui déduit avec beaucoup d’art des principes qu’il a établis, l’explication des phénomènes de la nature. […] La réputation de ce Poëme est établie depuis long-tems.

1554. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Granier de Cassagnac » pp. 277-345

Il a compris une de ces situations, rares dans l’histoire des peuples, qui établit une race et renouvelle une société ; il l’a comprise en la prenant d’avant en arrière, au lieu de la prendre d’arrière en avant, mais il l’a fouillée, il l’a pénétrée, il l’a décrite, et l’homme qui l’aurait devinée, qui l’aurait annoncée à longue date, n’aurait peut-être pas si bien fait. […] Établi sur une négation, — la haine des Bourbons de la branche aînée, — ce gouvernement d’antipathie, qui créa pour tout le monde une position fausse, laquelle a duré dix-huit ans, fut l’expression de la plus universelle absence de confiance qui ait jamais existé.

1555. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « De l’état de la France sous Louis XV (1757-1758). » pp. 23-43

Il revient en plus d’un endroit sur les dangers auxquels peut donner lieu l’irritation populaire : Le salut de l’État demande que vous soyez ici pour gouverner notre amie, pour la sauver de la rage de Paris, pour rétablir nos affaires sur un ton et un pied que je n’ai pu réussir à faire établir par les ombrages que d’un côté ma franchise, et la malice de l’autre, ont trouvé le moyen d’élever. (16 septembre.)

1556. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — I. » pp. 134-154

Mais avant d’user des Mémoires de Sully, il importe de bien établir ce qu’ils sont et de se rendre un compte exact de cette composition d’une forme assez étrange.

1557. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — I. » pp. 413-433

Mais ce que j’ai à cœur de bien montrer déjà et d’établir dès cette première jeunesse de M. 

1558. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Le président Hénault. Ses Mémoires écrits par lui-même, recueillis et mis en ordre par son arrière-neveu M. le baron de Vigan. » pp. 215-235

On avait établi une chambre royale pendant cet exil ; mais cette chambre royale, peu soutenue par le gouvernement même, manqua son effet, et la considération, et par conséquent la prétention du Parlement, s’augmenta du discrédit même de la chambre qu’on avait voulu lui substituer.

1559. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Une petite guerre sur la tombe de Voitture, (pour faire suite à l’article précédent) » pp. 210-230

Sensuel et prudent, il avait dû commencer par établir sa fortune et son bien-être ; il s’était attaché pour cela à des prélats qui l’avaient pourvu de bénéfice, et en dernier lieu à l’évêque du Mans, M. de Lavardin, qui l’en avait comblé : depuis des années, il vivait grassement dans les obscures délices et la meilleure chère du Maine, en ecclésiastique épicurien.

1560. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — II » pp. 316-336

Telles sont les nobles et ouvertes pensées qu’il agite et qu’il poursuit sous sa pourpre, tandis que Rohan, dans son Albigeois et ses Cévennes, et qui n’ose même s’aventurer à corps perdu comme feront un jour les grands Vendéens, s’épuise, en courant de ville en ville, à vouloir établir et organiser en France une contre-France.

1561. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — I » pp. 432-453

Il établit comme un point indubitable que la marquise ne pouvait connaître directement les Necker ni daigner les visiter.

1562. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Maine de Biran. Sa vie et ses pensées, publiées par M. Ernest Naville. » pp. 304-323

Si Maine de Biran avait été plus ferme et d’une trempe d’esprit plus résistante, il semble qu’étant arrivé à la conviction du point d’appui intérieur, de l’âme et de la force vive, de la cause efficace qui domine tout l’être (ce qui est sa seule originalité de penseur, si c’en est une), il se serait établi dans une sorte de stoïcisme élevé, tranquille ; il aurait cru à la liberté humaine, au devoir, au choix éclairé qu’on en fait, et à la satisfaction sentie qui en est la récompense.

1563. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Madame Swetchine. Sa vie et ses œuvres, publiées par M. de Falloux. »

Il faut une sorte d’analogie, il faut être différemment semblables pour s’entendre tout à fait, pénétrer dans tous les replis, et acquérir cette parfaite connaissance d’un autre qui découvre entièrement son âme à nos yeux… Il me semble toujours que les âmes se cherchent dans le chaos de ce monde, comme les éléments de même nature qui tendent à se réunir ; elles se touchent, elles sentent qu’elles se sont rencontrées : la confiance s’établit entre elles sans qu’elles puissent souvent assigner une cause valable ; la raison, la réflexion viennent ensuite apposer le sceau de leur approbation à ce traité, et croient avoir tout fait, comme ces ministres subalternes qui s’attribuent les transactions faites entre les maîtres, rien que parce qu’il leur a été permis de placer leur nom au bas.

1564. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. De Pontmartin. Causeries littéraires, causeries du samedi, les semaines littéraires, etc. »

Enfin, après une vague et partiale peinture de l’état des Lettres sous les divers régimes qui se sont succédé depuis cinquante ans, et encore sous le coup de la Révolution de Février, qui le préoccupe extraordinairement, et qui n’a été, après tout, qu’une révolution plus ou moins comme une autre, il en vient à établir son principe et à proclamer son spécifique littéraire, — le mot peut paraître assez naïvement choisi : « Il fallait, s’écrie-t-il, il fallait (au lendemain de cette Révolution) proclamer le spiritualisme chrétien dans l’art, comme le seul spécifique assez puissant pour le guérir (pour guérir l’art, entendons-nous bien), comme la seule piscine assez profonde pour le laver de ses souillures. » Remarquez-vous comme ces esprits chastes, sitôt qu’ils se mêlent de critique, sont continuellement préoccupés et remplis d’immondices et de souillures ?

1565. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers. »

Établissons autant que possible quelques points précis dans cette existence active et variée ; puis nous aurons les épisodes.

1566. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers (suite.) »

« Ayant imaginé, Monsieur, qu’après avoir demeuré quelque temps où vous êtes, vous seriez peut-être bien aise de voir l’Angleterre et même de vous y établir, j’ai écrit à des gens propres à vous en rendre le séjour agréable, et particulièrement à M. 

1567. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Mémoires de l’abbé Legendre, chanoine de Notre-Dame secrétaire de M. de Harlay, archevêque de Paris. (suite et fin). »

Il établit, dès le début, la meilleure police ecclésiastique dans la capitale, visitant les séminaires, les paroisses, tantôt l’une, tantôt l’autre, à l’improviste, s’inquiétant que les prêtres étrangers ou les religieux en passage à Paris n’y vécussent que convenablement à leur caractère ; sévère et sans quartier pour les moines errants.

1568. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La comtesse d’Albany par M. Saint-René Taillandier (suite et fin.) »

Ils revinrent en Italie et s’établirent à Florence pour ne la plus quitter, sauf de rares excursions.

1569. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Dominique par M. Eugène Fromentin (suite et fin.) »

D’un autre côté, Augustin, l’ancien précepteur, jeune lui-même, établi à Paris où il lutte contre les difficultés d’un début, est un auteur pur, un publiciste acharné, un ambitieux d’idées et de principes.

1570. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette »

Un billet rapide, une lettre aimable, un généreux sentiment exprimé peuvent donner idée d’une nature, mais ne sauraient établir toute une ligne de conduite ni certifier toute une vie.

1571. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite.). Guerre des Barbets. — Horreurs. — Iniquités. — Impuissance. »

Sur la fin de ce séjour et pendant l’exercice de cette garnison si bien établie et consolidée, Louis XIV jugea à propos de le détacher pour lui confier le commandement de la petite armée qu’il envoya en 1686 au duc de Savoie : elle devait l’aider à chasser des vallées des Alpes les religionnaires désignés sous le nom de Vaudois et qui vivaient là cantonnés depuis des siècles ; on les appelait aussi Barbets les jours de mépris et d’insulte, à cause de l’ancien nom de leurs pasteurs (barbas).

1572. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres inédites de F. de La Mennais »

En obéissant au démon intérieur, il s’efforce donc d’entraîner son frère, de le déraciner de sa Bretagne ; il cherche les raisons les plus émouvantes ; il lui demande si, antérieurement à tout autre engagement, il n’est pas lié envers lui, son enfant d’adoption, son frère à la fois selon le sang et selon l’esprit : « Quand tu es allé t’établir à Saint-Brieuc, n’espérions-nous pas nous y réunir ?

1573. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

) Louis-Philippe une fois bien établi sur son trône, la cocarde tricolore fut arrachée du chapeau rond et jetée au feu, et les jeunes échantillons de républicains furent renvoyés à Paris.

1574. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

De grands-oncles de ce nom de Desbordes, riches libraires établis en Hollande et restés protestants, proposèrent, à ce qu’il paraît, à leurs parents de Douai de les faire entrer dans leur succession, si les enfants étaient rendus à la religion protestante, qui était celle des aïeux avant la révocation de l’édit de Nantes.

1575. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « M. de Sénancour — M. de Sénancour, en 1832 »

Il s’y exaltait aux délices de la vie sauvage, et entretenait cette mère indulgente du projet d’aller s’établir seul dans une île ignorée. 

1576. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « QUELQUES VÉRITÉS SUR LA SITUATION EN LITTÉRATURE. » pp. 415-441

Et voilà que, dès 1837, le calme presque universel s’établissait ; et, pour réduire la question aux limites de notre sujet, voilà que littérairement, ce calme social d’apparence propice n’enfantait rien et ne faisait que mettre à nu le peu de courant ; que de guerre lasse, et à force de tourner sur soi-même, on se reportait d’un zèle oiseux vers le passé, non pas seulement le haut et grand passé, mais celui de toute espèce et de toute qualité, et l’on déjeunait des restes épicés de Crébillon fils comme pour mieux goûter le Racine ; voilà que les générations survenantes, d’ordinaire enthousiastes de quelque nouvelle et grande chimère et en quête d’un héroïque fantôme, entraient bonnement dans la file à l’endroit le plus proche sans s’informer ; que sans tradition ni suite, avec la facilité de l’indifférence, elles se prenaient à je ne sais quelles vieilles cocardes reblanchies, et, en morale comme dans l’art, aux premiers lambeaux de rubans ou de doctrines, aux us et coutumes de carnaval ou de carême.

1577. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « GRESSET (Essai biographique sur sa Vie et ses Ouvrages, par M. de Cayrol.) » pp. 79-103

y a-t-il lieu surtout de réformer à quelques égards le jugement établi sur son talent ?

1578. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — II. » pp. 195-213

Et pourquoi enfin, quand plus tard une situation nouvelle s’établit décidément, quand le mariage, non pas de passion, mais de raison, vient clore vos rêves, pourquoi la dernière lettre de la Correspondance que nous lisons est-elle justement celle de faire part ?

1579. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Boileau »

« Je me souviens, écrit Boileau à M. de Maucroix, que M. de La Fontaine m’a dit plus d’une fois que les deux vers de mes ouvrages qu’il estimait davantage, c’étaient ceux où je loue le roi d’avoir établi la manufacture des points de France à la place des points de Venise.

1580. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Aloïsius Bertrand »

Sa famille s’établit à Dijon ; il y fit ses études, y eut pour condisciple notre ami le gracieux et sensible poëte Antoine de Latour ; mais Bertrand, fidèle au gîte, suça le sel même du terroir et se naturalisa tout à fait Bourguignon.

1581. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Victor Duruy » pp. 67-94

D’un autre côté, une morale rationaliste, non assise sur des dogmes, non défendue par des terreurs et des espérances précises d’outre-tombe, fondée sur le sentiment de l’utilité commune, sur l’instinct social, sur l’égoïsme de l’espèce qui est altruisme chez l’individu et s’y épure et s’y élargit en charité, enfin sur ce que j’appellerai la tradition de la vertu simplement humaine à travers les âges, une telle morale ne peut que très lentement établir son règne dans les multitudes : il lui faut du temps, beaucoup de temps, pour revêtir aux yeux de tous les hommes un caractère impératif.

1582. (1894) Propos de littérature « Chapitre II » pp. 23-49

Vielé-Griffin, le changement de méthode est alors très visible ; mais pour M. de Régnier la différence est plus difficile à établir car on tend à confondre allégorie et symbole.

1583. (1890) La fin d’un art. Conclusions esthétiques sur le théâtre pp. 7-26

  La formule de la condition du théâtre analytiquement établie, vérifions sa justesse par le contrôle de l’histoire, avant de la requérir pour nous expliquer le présent et nous pronostiquer l’avenir.

1584. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XX. La fin du théâtre » pp. 241-268

La formule de la condition du théâtre analytiquement établie, vérifions sa justesse par le contrôle de l’histoire, avant de la requérir pour nous expliquer le présent et nous pronostiquer l’avenir.

1585. (1890) L’avenir de la science « XIII »

On pourra négliger le nom de son auteur ; elle-même pourra tomber dans l’oubli ; mais les résultats qu’elle a contribué à établir demeurent.

1586. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. Tome IXe. » pp. 138-158

Que de questions jugées et vidées qui auraient fourni matière à controverse, s’il n’en avait établi dès l’abord la solution décisive !

1587. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de lord Chesterfield à son fils. Édition revue par M. Amédée Renée. (1842.) » pp. 226-246

Déjà vieux et tout à fait retiré du monde, il écrivait à une dame française : Vos bons auteurs sont ma principale ressource ; Voltaire surtout me charme, à son impiété près, dont il ne peut s’empêcher de larder tout ce qu’il écrit, et qu’il ferait mieux de supprimer sagement, puisqu’au bout du compte on ne doit pas troubler l’ordre établi.

1588. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame Geoffrin. » pp. 309-329

Mme Geoffrin n’a rien écrit que quatre ou cinq lettres qu’on a publiées ; on cite d’elle quantité de mots justes et piquants ; mais ce ne serait pas assez pour la faire vivre : ce qui la caractérise en propre et lui mérite le souvenir de la postérité, c’est d’avoir eu le salon le plus complet, le mieux organisé et, si je puis dire, le mieux administré de son temps, le salon le mieux établi qu’il y ait eu en France depuis la fondation des salons, c’est-à-dire depuis l’hôtel Rambouillet.

1589. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur Bazin. » pp. 464-485

Il aime à ne penser en rien comme le vulgaire, et son travers serait peut-être, quand il rencontre une opinion communément établie, de se jeter dans la contradiction.

1590. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Fontenelle, par M. Flourens. (1 vol. in-18. — 1847.) » pp. 314-335

Il vint à Paris jeune, et il y fit, depuis l’âge de dix-huit ans, plusieurs voyages ; mais il ne s’y établit tout à fait que vers 1687, à l’âge de trente ans.

1591. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Mémoires du cardinal de Retz. (Collection Michaud et Poujoulat, édition Champollion.) 1837 » pp. 40-61

Il y a pourtant à faire encore en plus d’un endroit pour établir un bon texte ; on en a désormais tous les éléments.

1592. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le Brun-Pindare. » pp. 145-167

Accusée elle-même, elle se défend, et mon dessein n’est pas de pénétrer dans les particularités de cette triste et vilaine affaire, ni d’y établir les torts de part et d’autre : il me suffira d’en tirer quelques conséquences incontestables.

1593. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame de Motteville. » pp. 168-188

Et d’ailleurs, si Mme de Motteville, se tenant à son rôle de femme, ne disant que ce qu’elle a appris par elle-même ou de bonne source, n’essaye pas de pénétrer les secrets du cabinet (dont elle devine pourtant très bien quelques-uns), elle nous peint au naturel l’esprit général des situations et le caractère moral des personnages : c’est ce côté durable que le temps a dégagé en elle, et qui la place désormais à un rang si distingué et si bien établi.

1594. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Monsieur Michaud, de l’Académie française. » pp. 20-40

Son père, obligé de s’expatrier à la suite d’un malheur causé par une imprudence généreuse, s’était établi près de Bourg-en-Bresse ; c’est là que Joseph Michaud, l’aîné des enfants, fit ses études : « Il fut, selon le témoignage de son frère, un excellent rhétoricien : son style avait l’abondance, la solennité semi-poétique, si recommandées par les professeurs aux élèves ; il composait des vers français avec facilité. » Son père mort, et sa mère n’ayant que peu de bien avec beaucoup de famille, il entra dans une maison de librairie à Lyon.

1595. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Montesquieu. — I. » pp. 41-62

Montesquieu (car c’est lui ici qui parle, ainsi qu’il parlera en son nom jusqu’à la fin de sa vie), tâche d’y établir en quoi cette idée de justice ne dépend point des conventions humaines : « Et quand elle en dépendrait, ajoute-t-il, ce serait une vérité terrible qu’il faudrait se dérober à soi-même. » Montesquieu va plus loin : il tâche même de rendre cette idée et ce culte de justice indépendants de toute existence supérieure à l’homme ; il va jusqu’à dire, par la bouche d’Usbek : Quand il n’y aurait pas de Dieu, nous devrions toujours aimer la justice, c’est-à-dire faire nos efforts pour ressembler à cet Être dont nous avons une si belle idée, et qui, s’il existait, serait nécessairement juste.

1596. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — I. » pp. 224-245

On a les instructions qu’il donne à Schomberg et qui sont un résumé historique aussi fort qu’habile de la situation de la France, une justification des mesures de son gouvernement, et un premier tracé de la politique nouvelle ; elles débutent en ces mots : La première chose que M. le comte de Schomberg doit avoir devant les yeux est que la fin de son voyage d’Allemagne est de dissiper les factions qu’on y pourrait faire au préjudice de la France, d’y porter le nom du roi le plus avant que faire se pourra, et d’y établir puissamment son autorité, etc.

1597. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Grimm. — II. (Fin.) » pp. 308-328

Ces quatre ou cinq pages de Grimm (1er janvier 1765) établissent les vrais rapports et les différences fondamentales entre la tragédie des anciens et la nôtre.

1598. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « M. Necker. — I. » pp. 329-349

Cet homme distingué était né à Genève, le 30 septembre 1732, d’un père professeur de droit public qui, né à Custrin en Prusse, était venu s’établir dans la ville de Calvin, et qui tirait lui-même son origine d’une famille irlandaise.

1599. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand (1846-1853). — I. » pp. 455-475

Les garçons entrèrent au service, la fille fut honorablement établie.

1600. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre quatrième. L’expression de la vie individuelle et sociale dans l’art. »

Ce qui fait qu’il est si difficile d’établir des règles fixes dans la critique d’art, c’est que l’objet suprême de l’art n’est pas fixe : la vie sociale est sans cesse en évolution ; nous ne savons jamais au juste ce que sera demain l’humanité.

1601. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse esthétique »

Henry pense même pouvoir établir que toutes nos connaissances scientifiques, le résultat systématisé de notre sensibilité, dépend de même de notre constitution organique, ce qui serait assurément une découverte de premier ordre.

1602. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Émile Zola » pp. 70-104

Puis la dominante psychologique, habituellement analogue à la dominante physiologique, établie, il les résume en une phrase appositive qu’il accole sans cesse au nom de l’individu ainsi présenté.

1603. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre II : La littérature du xviie  siècle »

Nisard établit entre Descartes et Boileau me fait pressentir ce que la poétique de celui-ci peut avoir de sec et d’étroit, car comment cet esprit de méthode, si excellent dans les sciences, serait-il en même temps bon pour la poésie, sans que celle-ci en fût un peu diminuée et refroidie ?

1604. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre III : Concurrence vitale »

I est même douteux que toutes le variétés de nos plantes cultivées ou de nos animaux domestiques aient si exactement les mêmes formes, les mêmes habitudes et la même constitution, que les proportions premières d’une masse mélangée puissent se maintenir pendant une demi-douzaine de générations, si rien n’empêche la lutte de s’établir entre elles, comme entre les races sauvages, et si les graines et les petits ne sont annuellement assortis.

1605. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Doyen » pp. 178-191

Qu’il apprenne de l’un à dessiner, de l’autre à colorier, de celui-ci à ordonner sa scène, à établir ses plans, à lier ses incidents, la magie de la lumière et des ombres, l’effet de l’harmonie, la convenance, l’expression ; à la bonne heure.

1606. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Rivarol » pp. 245-272

Rivarol, à l’heure qu’il est venu, n’était ni le de Maistre, ni le Bonald qui allaient venir ; mais, précurseur de ces grands esprits, il devait balayer devant eux la place où ils allaient établir leurs doctrines chrétiennes.

1607. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Henri Heine »

Il tenait aux circonstances et aux passions d’un temps qui s’en allait en guerre, comme Marlborough, contre toutes les grandes et respectables choses établies, et qui ne connaissait pas la céleste rêverie que, depuis, nous avons appris à connaître… La gloire de Voltaire, c’est le bruit de toutes les ruines qu’il a faites.

1608. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « X. Ernest Renan »

Renan, « à établir un lien de parenté entre des langues entièrement diverses ».

1609. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre v »

Il expire aux bras de l’aumônier catholique, le Père Jamin, jésuite, de qui le témoignage établit cette scène.‌

1610. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XI : M. Jouffroy moraliste »

Il avait un besoin passionné de connaître la destinée de l’homme ; il établit comme axiome que tout être a une destinée, et de là dérive le reste.

1611. (1891) La vie littéraire. Troisième série pp. -396

C’est une vérité que l’observation peut établir, et si frappante que tout le monde en est touché. […] Car ce consentement, qui suffit pour former et conserver les sociétés, ne suffit plus s’il s’agit d’établir la supériorité d’un poète sur un autre. […] Le judicieux Tillemont non seulement rapporte ces faits dans son histoire, mais encore en établit exactement la chronologie. […] Il obligea ses compagnons à le débarquer, courut dans la plaine, s’établit sur le sable et se mit à dessiner. […] Aucun fait historique, aucun n’est mieux établi que celui-là.

1612. (1903) Propos de théâtre. Première série

Mais celles-ci n’étaient pas commodes à trouver, et il ne fallait rien moins qu’une profonde connaissance, et dans tout le détail, de la société attique pour les découvrir et pour les établir avec une solidité irréfutable. […] À un de ces noms la gloire, toujours capricieuse, peut tout d’un coup se rattacher, et elle peut persister, s’établir, se fonder à nouveau pour jamais. […] Lanson avait établi déjà ce rapprochement essentiel dans son volume, intitulé Hommes et livres, et je m’étais empressé de le signaler. […] Nous avions établi, n’est-ce pas ? […] Sur d’éclatants succès ma puissance établie A fait jusqu’aux deux mers respecter Athalie.

1613. (1890) Causeries littéraires (1872-1888)

Il a dit alors : j’établirai ici ma tente pour un jour et je me complairai à parcourir d’un œil attendri tous les replis de cette route. […] N’est-il pas heureux de montrer beaucoup d’esprit et de talent à établir une thèse quelque peu artificielle ? […] Le courant qui s’établit et circule dans la salle ne l’atteint pas bien profondément sans doute, mais enfin il en est effleuré. […] Il ne s’est pas mis en frais pour le public, toujours de bonne composition avec les auteurs qui ont établi sur lui leur empire. […] La fille du vieux Sam a enlevé un jeune Français après s’être assurée que sa fortune était solidement établie.

1614. (1896) Les Jeunes, études et portraits

Entre les pensées libertines et les autres il s’établit une sorte d’équilibre instable ou de mouvement circulaire. […] Ce sont, comme on peut s’y attendre, des « paysages », mais rendus avec un art très personnel, établis d’après un parti pris fortement accusé. […] C’est une triste contrée où les médecins sont rois, ayant établi leur domination par la terreur. […] Ces romans nous fournissent l’occasion d’examiner une question qui à l’heure actuelle est très débattue : celle du « libre échange intellectuel » qui tend à s’établir entre les différentes nations de l’Europe. […] Jules Lemaître établit la théorie du pardon ; car le moyen d’être sévères à des fautes qui demain peut-être seront les nôtres ?

1615. (1915) Les idées et les hommes. Deuxième série pp. -341

La raison, des principes établis, déduit les conséquences : elle ne fournit pas les principes. […] Son dogmatisme, il l’avait établi dans un domaine assez restreint. […] N’allons-nous pas nous établir enfin sur un terrain solide ? […] Et c’est ainsi que les savants et pieux philologues, après avoir très bien travaillé, s’établissent poètes grecs ou latins et font une œuvre de dévastation. […] C’est, ici, tout le contraire, si, comme j’essayais de l’établir, l’authentique réalité du roman sert de garantie à la preuve.

1616. (1896) Les époques du théâtre français (1636-1850) (2e éd.)

Comme les Dieux au ciel, sur la terre les Rois Établissent aussi des souveraines lois : À la grandeur des Dieux leur grandeur se figure Comme au vouloir des Dieux leur vouloir se mesure. […] Mais, d’un autre côté, puisque j’essaye, puisque je vous ai promis d’essayer d’établir un visible enchaînement entre elles toutes, puisque vous avez admis que là même serait, ou pourrait être le véritable intérêt de notre commune tentative, il doit m’être permis, de loin en loin, de vous le rappeler, et vous trouverez sans doute naturel que, de temps en temps, je tâche à vous faire toucher du doigt ce que cet enchaînement a de plus sensible, de plus extérieur et presque de plus matériel. […] Et si j’insiste, Messieurs, c’est que nous voyons poindre ici l’une encore de ces lois du théâtre, — que nous sommes convenus de supposer, en attendant que l’expérience et la critique les aient solidement établies. […] Tragique ou comique, il faut bien que le poète établisse un lien de solidarité passagère entre les spectateurs auxquels il s’adresse par centaines ; qu’il crée dans la salle où se joue sa pièce une atmosphère commune ; qu’il rapproche, qu’il unisse, qu’il confonde son auditoire, — quelque nombreux, divers, et hétérogène qu’il soit, — en un seul corps et en un même esprit.

1617. (1905) Propos littéraires. Troisième série

C’est ce qu’a été un poète à partir de 1660 et même avant 1660 ; c’est ce qu’a été souvent Corneille, et c’est à dater de cette époque qu’il faut considérer le classicisme français comme établi. […] Sa gloire est établie, son œuvre très peu connue ; c’est donc à la connaissance de son œuvre qu’il faut contribuer, non à sa gloire. […] C’est aussi ce que je crois que j’ai établi ailleurs. […] Mais une fois qu’il a été bien établi et posé en principe qu’il était l’homme dont une femme ne saurait s’éprendre, ç’a été bien pis, — « pis que tout cela ? […] Eh bien, ce sont les dessous aussi de ces petits romans si aimables, qui sont négligés ; qui ne sont pas solidement établis.

1618. (1906) Propos de théâtre. Troisième série

Sans doute ; mais une vérité négative est une vérité aussi et qu’il importe d’établir, quand on l’a découverte, tout autant qu’une autre. […] Je ne saurais trop engager notre chère grande artiste à couronner sa glorieuse carrière en reprenant les grands rôles classiques qui ont établi, il y a trente ans, sa réputation. […] Vaillat établit entre lui et Tartuffe un parallèle continu qu’il ne faudrait pas trop pousser, que lui-même pousse un peu trop, mais qui est juste. […] Il faut bien cinq ans pour faire la réputation d’un homme dans une ville et l’établir dans un certain caractère, comme on disait dans ce temps-là. […] Oui, il aurait fallu établir une hiérarchie des sentiments de Constantin : la patrie avant tout ; la piété filiale tout de suite après.

1619. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome II

Augustin Cochin, ce sagace historien du bouleversement de la fin de notre dix-huitième siècle, a montré la redoutable influence de ces « sociétés de pensée » que les destructeurs de la vieille France avaient établies d’une extrémité à l’autre du pays. […] M.Mignon, dans la seconde partie de son livre consacrée à l’éducation religieuse, insiste particulièrement sur l’utilité que les directeurs de conscience retireraient d’une connaissance technique de cette géographie spirituelle, si l’on peut dire, que les psychiatres ont établie. […] Elle était venue s’établir au Mans, conduite par son chef qui exerçait, lors de la naissance du Père Léonce, la profession d’avocat. […] Jusqu’à quel point Guillaume II influençait-il ce parti, jusqu’à quel point était-il influencé par lui, c’est un départ impossible à établir. […] M.Meurgey a pu établir que ces bois ont été gravés pour un manuscrit dédié au roi Louis XIV, en 1669, par Pierre de la Planche, sous le titre Description des provinces et des villes de France, manuscrit dont on suit les destinées jusqu’en 1879.

1620. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le cardinal de Bernis. (Fin.) » pp. 44-66

. — La liaison établie, l’habitude de société que le cardinal eut jusqu’à la fin avec la princesse de Santa Croce, et dont quelques voyageurs ont fait la remarque, n’avait rien qui choquât dans les mœurs romaines.

1621. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — II. Duclos historien » pp. 224-245

Louis XI, établi par son père dans le gouvernement du Dauphiné, y remédie aux abus et s’y essaye à sa future administration de roi.

1622. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Marivaux. — I. » pp. 342-363

Remarquez que c’est encore à l’occasion de La Motte que Marivaux établit cette théorie négative des grands hommes.

1623. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sénac de Meilhan. — II. (Fin.) » pp. 109-130

Il y avait tout à côté des réparations cependant et des hommages : « Celui, disait-il, qui a été aimé d’une femme sensible, douce, spirituelle et douée de sens actifs, a goûté ce que la vie peut offrir de plus délicieux. » Il avait dit encore (car M. de Meilhan n’oublie jamais ce qui est des sens) : « Un quart d’heure d’un commerce intime entre deux personnes d’un sexe différent, et qui ont, je ne dis pas de l’amour, mais du goût l’une pour l’autre, établit une confiance, un abandon, un tendre intérêt que la plus vive amitié ne fait pas éprouver après dix ans de durée. » Tout cela aurait dû lui faire trouver grâce, d’autant plus qu’il flattait les hommes moins encore que les femmes : « La femme, remarquait-il, est bien moins personnelle que l’homme, elle parle moins d’elle que de son amant : l’homme parle plus de lui que de son amour, et plus de son amour que de sa maîtresse. » — (Dans l’édition de 1789, l’auteur, en corrigeant, a supprimé çà et là quelques jolis traits.)

1624. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — I. » pp. 235-256

Cette hostilité à l’Église établie et déjà persécutée, cet orgueilleux sentiment rival qu’on ne s’attendrait guère à trouver chez un homme de paix et d’humilité, se désarmera un peu vers la fin de sa carrière.

1625. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire de la querelle des anciens et des modernes par M. Hippolyte Rigault — II » pp. 150-171

Ce qui n’est pas clair, n’est pas français ; ce qui n’est pas clair est encore anglais, italien, (allemand,) grec ou latin. » L’abbé de Pons n’admet point que les langues soient autre chose que des systèmes de signes arbitraires établis pour le commerce mutuel des pensées.

1626. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire du règne de Henri IV, par M. Poirson » pp. 210-230

Si la France s’était assise et établie sous Henri IV et sur les bases de la société d’alors, si elle y avait acquis son ciment qui l’eût fixée sous la forme qu’elle semblait affectionner de 1600 à 1610, l’élément prédominant, je l’ai dit, eût été le gentilhomme rural, disséminé dans le pays, le cultivant, mais aussi le possédant ; prenant volontiers la charrue après l’épée, mais ayant aussi seul le droit de porter l’épée, ayant le droit de justice sur le paysan, etc.

1627. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « François Villon, sa vie et ses œuvres, par M. Antoine Campaux » pp. 279-302

Campaux établit très bien tout cela ; et comme heureux lui-même de cette délivrance : Il était donc échappé une seconde fois à la mort, nous dit-il d’un accent touché, mais dans quel état !

1628. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Benjamin Constant. Son cours de politique constitutionnelle, ou collection de ses divers écrits et brochures avec une introduction et des notes, par M. Laboulaye »

Ce calcul journalier, qui fait d’une feuille un revenu, qui suppute les souscriptions, qui établit une rétribution pécuniaire, si positive et si détaillée, entre le lecteur dont on flatte l’opinion, et l’écrivain qui la flatte, ne laisse ni le temps ni l’indépendance que demande la composition d’ouvrages utiles.

1629. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Histoire de la Restauration par M. Louis de Viel-Castel. Tomes IV et V. (suite et fin) »

Sans parler de son rôle important d’orateur, il rendait service à la bonne cause, à celle de la modération et du vrai libéralisme, par le rapprochement et le concert qu’il s’empressa d’établir entre des hommes qui méritaient de s’entendre et qui, sans lui, se seraient tenus plus longtemps à distance les uns des autres.

1630. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

Est il possible de compter sur une régence qui peut s’établir en France au moment ou rien ne sera encore préparé ?

1631. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Anthologie grecque traduite pour la première fois en français et de la question des Anciens et des Modernes »

Établissez après cela des lois générales, et venez trancher sur des questions qu’il eût suffi d’une découverte imprévue et inespérée pour résoudre en sens contraire !

1632. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Entretiens sur l’architecture par M. Viollet-Le-Duc (suite et fin.) »

pourquoi pense-t-il de la plupart des architectes modernes les mieux établis et les plus favorisés que ce sont gens qui, pleins des formes du passé, — d’un passé lointain, — et obéissant à une idée préconçue, procèdent dans leur œuvre du dehors au dedans, font d’abord une boîte pour les yeux, un couvercle de grande apparence selon les règles dites du beau, et qui ne songent qu’ensuite et secondairement à ce qui sera à l’intérieur, à ce qui doit s’y loger, y agir, s’y mouvoir et s’en accommoder ?

1633. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Jean-Bon Saint-André, sa vie et ses écrits. par M. Michel Nicolas. (suite et fin.) »

La vérité est difficile à bien établir et à fixer en tout, et particulièrement en histoire.

1634. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Madame Roland, ses lettres à Buzot. Ses Mémoires. »

Elle trouvait que l’on faisait la balance trop inégale entre les deux, et que le contraste s’établissait trop aisément par le sacrifice de la moins brillante des deux figures.

1635. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Josèphe de Saxe, dauphine de France. »

Effectivement il en coûte moins aux gens bornés de bien exécuter un système établi que d’en inventer ou d’en rechercher un autre.

1636. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite et fin.) »

Dès qu’il vit un régime régulier établi en France et dès le temps même du Directoire, il ne craignit pas d’engager tous ceux qui avaient espoir et moyen de se rapatrier, surtout les jeunes gens, à faire les démarches nécessaires ; à plus forte raison le leur conseillait-il dès les premiers jours du Consulat.

1637. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. » p. 232

Il est bon et obligeant, mais, comme tous les hommes d’un grand talent littéraire, impossible à cultiver : il appartient à trop de monde, à tous les mondes. » Avec le seul Musset, il n’y avait jamais eu d’occasion, de rencontre, et partant de sympathie établie, pas le moindre petit fil tendu à travers l’air, et elle le supposait de loin plus avantageux certainement, plus plein de lui-même qu’il ne l’était, lui, l’indifférent passionné, éperdument livré au torrent de la vie ; elle avait à son sujet de la prévention, faute de l’avoir connu à une heure propice.

1638. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [II] »

Je mettrai ici cette dernière demande qui résumait les précédentes, et qui établit les services de Jomini dans sa première carrière d’officier suisse avec toute la précision désirable : « État de services de Henri Jomini, chef de bataillon, né à Payerne, en Suisse, le 6 mars 1779. — Lieutenant dans les troupes helvétiques en 1798. — Capitaine, le 17 juin 1799 — Chef de bataillon, le 26 avril 1800.

1639. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SCRIBE (Le Verre d’eau.) » pp. 118-145

La coutume s’établit.

1640. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Pierre Corneille »

Il ne vint s’établir dans la capitale qu’en 1662, et jusque-là il ne retira guère les avantages que procure aux académiciens l’assiduité aux séances.

1641. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Le comte de Ségur »

La littérature du xviiie  siècle avait été presque en entier consacrée à établir dans l’opinion les droits des peuples, à retrouver et à promulguer les titres du genre humain.

1642. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Madame de Krüdner et ce qu’en aurait dit Saint-Évremond. Vie de madame de Krüdner, par M. Charles Eynard »

Eynard établit très-bien, d’ailleurs, que Mlle de Wietinghoff, mariée à dix-huit ans au baron de Krüdner, qui avait juste vingt ans plus qu’elle, qui était veuf ou plutôt qui avait divorcé deux fois, s’efforça sérieusement de l’aimer et de trouver en lui le héros de roman qu’elle s’était de bonne heure créé dans ses rêves.

1643. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIIIe entretien. Fénelon, (suite) »

La conformité de tendresse et d’exaltation de ces deux âmes également religieuses, ne tarda pas à établir entre Fénelon et madame Guyon un commerce spirituel où il n’y eut de séduction que la piété et de séduit que l’enthousiasme.

1644. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre III. L’Histoire »

Il nous conte comment il remplit ses établis et ses celliers ; il dépense magnifiquement l’argent du roi.

1645. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre I. Roman de Renart et Fabliaux »

Il faut d’abord en établir la situation chronologique, autant du moins qu’on le peut faire dans un exposé si sommaire, et dans ce moyen âge qui, ne laissant jamais reposer aucune œuvre dans la forme imposée par le poète, les reprend toutes et les remanie incessamment pendant trois siècles ou quatre.

1646. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre I. Renaissance et Réforme avant 1535 — Chapitre II. Clément Marot »

Brunetière, pour établir la valeur d’un poète, il suffit presque de l’interroger sur trois points : comment a-t-il parlé de la nature ?

1647. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Anatole France »

Certains esprits ont assez de force et d’assurance pour établir ces longues suites de jugements, pour les appuyer sur des principes immuables.

1648. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les poètes décadents » pp. 63-99

Les Décadents, imitant leur exemple, ne s’embarrassaient guère de scrupules et tombèrent à bras raccourcis sur les réputations les mieux établies.

1649. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Goethe et de Bettina, traduites de l’allemand par Sébastien Albin. (2 vol. in-8º — 1843.) » pp. 330-352

Bettina Brentano, fille d’un père italien établi et marié à Francfort, appartenait à une famille très originale et dont tous les membres avaient un cachet de singularité et de fantaisie.

1650. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Lettres et opuscules inédits du comte Joseph de Maistre. (1851, 2 vol. in-8º.) » pp. 192-216

Mais s’il fallait prononcer entre les deux erreurs, entre l’opinion de ceux qui le considèrent comme dès lors établi légitimement à l’état de dynastie, et ceux qui ne veulent voir en lui qu’un aventurier coupable, M. de Maistre trouverait que la plus fausse des deux opinions est encore la dernière : Un usurpateur qu’on arrête aujourd’hui pour le pendre demain, ne peut être comparé à un homme extraordinaire qui possède les trois quarts de l’Europe, qui s’est fait reconnaître par tous les souverains, qui a mêlé son sang à celui de trois ou quatre maisons souveraines, et qui a pris plus de capitales en quinze ans que les plus grands capitaines n’ont pris de villes en leur vie.

1651. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « L’abbé Maury. Essai sur l’éloquence de la chaire. (Collection Lefèvre.) » pp. 263-286

Il lui avait suffi, dans ce genre, de quelques premiers succès pour établir sa réputation, et il se tourna ailleurs.

1652. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires de Marmontel. » pp. 515-538

Marmontel, ainsi comblé ou près de l’être, voulut s’établir définitivement dans le bonheur en se mariant.

1653. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. Anecdotes. » pp. 123-144

Ils ont établi que l’honnêteté de l’âme consistait à louer tout ce qui n’était pas louable, à applaudir de toutes ses forces lorsqu’on s’ennuyait.

1654. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le comte-pacha de Bonneval. » pp. 499-522

Ses sœurs sont mariées, et même richement, à des gens de condition ; elle les trouve très bien établies, mais elle ne les envie pas.

1655. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — II. (Suite.) Janvier 1830-mars 1831. » pp. 105-127

Carrel commence par bien établir la situation.

1656. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — II. (Suite.) » pp. 220-241

Bref, il parvint le premier à bien établir ce que c’est que la propriété en matière d’œuvre dramatique, à la faire reconnaître et respecter.

1657. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Rollin. » pp. 261-282

Pendant qu’il écrivait le premier tome de son Histoire ancienne, il était consulté par un grand seigneur belge, le duc d’Aremberg, sur le choix d’un précepteur : Jean-Baptiste Rousseau, alors établi à Bruxelles, servit d’intermédiaire dans cette négociation à laquelle Rollin apporta tout son zèle ; et cet excellent homme, poussant à bout son idée, écrivait à Rousseau : Il y a, dans le premier tome de mon Histoire, un endroit où j’ai été fort occupé de lui (le duc d’Aremberg) et de vous : c’est celui où je parle de Scipion Émilien, et je ne crois pas vous faire tort ni à l’un ni à l’autre en donnant à M. le duc le personnage et le caractère d’un aussi grand homme que Scipion, et à vous celui de Polybe qui ne contribua pas peu par ses conseils à inspirer à cet illustre Romain ces sentiments de générosité, etc.

1658. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Mémoires de Daniel de Cosnac, archevêque d’Aix. (2 vol. in 8º. — 1852.) » pp. 283-304

Pour compléter tous les avantages de sa charge, l’abbé de Cosnac, une fois en pied, s’était si bien arrangé, que si, dans ses courtes absences, quelqu’un parlait un peu privément au prince, les domestiques, je me trompe, les valets, l’en venaient avertir aussitôt : « Je m’étais si bien établi dans sa chambre, que tout ce qu’il y avait de valets me rendait compte de ce qui s’y passait. » Tout cela n’est pas beau, tout cela n’est pas grand, et pourtant ces récits font essentiellement partie de ce qu’on appelle le Grand Siècle.

1659. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Bernardin de Saint-Pierre. — I. » pp. 414-435

Dites-moi, je vous prie, pourquoi vous voulez, dans une chose établie, intervertir l’ordre reçu, pourquoi vous ne regardez pas une note de gratification arrêtée par le roi dans la forme ministérielle comme un titre suffisant, pourquoi vous voulez surcharger le ministre de Paris de lettres de notifications pour des objets minimes, enfin pourquoi vous vous choquez de ce qui oblige les autres ?

1660. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Voltaire et le président de Brosses, ou Une intrigue académique au XVIIIe siècle. » pp. 105-126

Il s’établit d’abord à Lausanne, puis aux Délices aux portes de Genève.

1661. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Histoire » pp. 179-240

L’authenticité était donc établie et parfaite : c’étaient vingt-deux lettres inédites de Sophie à M. et à Mme Bélanger, sauvées et retrouvées.

1662. (1759) Réflexions sur l’élocution oratoire, et sur le style en général

Réflexions sur l’élocution oratoire, et sur le style en général Ces réflexions sont destinées à développer les principes qu’on a établis sur l’éloquence dans le discours précédent ; les éloges de justice et de devoir, auxquels on a été obligé dans ce discours, et les bornes qui lui étaient d’abord prescrites, n’ont pas permis d’y traiter avec l’étendue convenable cette matière importante.

1663. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre X. Première partie. Théorie de la parole » pp. 268-299

Le génie de l’épopée, qui tend toujours à individualiser et à faire des créations allégoriques, établit une sorte de chronologie qui seule est la vraie lorsqu’elle existe ; c’est là, sans doute, ce que les anciens appelèrent le cycle épique.

1664. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « X. M. Nettement » pp. 239-265

Nettement, écrivain catholique, d’appartenir à une doctrine constituée, car les doctrines constituées sont comme de grands bureaux de bienfaisance, établis au profit des indigents intellectuels.

1665. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Philarète Chasles » pp. 147-177

Philarète Chasles, qui ne comprend plus la critique que comme un quaker, est tellement victime de son attendrissement humanitaire qu’il ne sait plus positivement où il en est quand il s’agit de juger les divers mérites intellectuels des hommes et d’établir, entre ces mérites, la hiérarchie incontestable et nécessaire.

1666. (1868) Curiosités esthétiques « VII. Quelques caricaturistes français » pp. 389-419

Au milieu de ses instruments émancipateurs, de son matériel d’imprimerie, un ouvrier typographe, coiffé sur l’oreille du sacramentel bonnet de papier, les manches de chemise retroussées, carrément campé, établi solidement sur ses grands pieds, ferme les deux poings et fronce les sourcils.

1667. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — La rentrée dans l’ordre »

Il s’agit plus que jamais en effet d’établir nettement pour quels motifs il y a incompatibilité absolue entre la vie sacerdotale et la vie réelle, à quel titre la prétendue supériorité du prêtre sur l’homme n’est qu’une totale infériorité, pourquoi, en un mot, le prêtre n’a plus de raison d’être.

1668. (1788) Les entretiens du Jardin des Thuileries de Paris pp. 2-212

L’Angleterre ne fut point oubliée, & il y eut de longues dissertations sur son nouveau commerce établi entre elle & la France. […] Au lieu d’établir des classes pour l’histoire de sa nation, pour la géographie, on emploie la jeunesse à tourner & retourner du latin & du français, c’est-à-dire, à travailler sur des mots, d’autant plus que les thêmes & les versions qu’on donne aux écoliers, n’ont souvent pas le sens commun. […] Pourquoi ne nous a-t-on pas parlé de la correspondance qui s’établit entre ces deux souverains, & qui fut très-amicale ? […] Tout cela vient des lectures à la mode qui échauffent les têtes, & qui moyennant quelques grandes phrases & quelques sophismes, renversent toutes les notions, & établissent de nouveaux systêmes qui tentent à soulever les esprits…. […] Ce qu’il y a de sûr, c’est que dans ce siecle le commerce a pris une telle faveur, que des manufactures en tout genre se sont établies dans toute l’Europe avec beaucoup de succès.

1669. (1886) Le roman russe pp. -351

Lassé « d’administrer sur le papier des provinces distantes de mille verstes et où il n’a jamais mis le pied », Tentetnikof revient s’établir dans sa terre, tout brûlant de grands projets, d’amour pour ses paysans, de zèle pour l’agronomie et les réformes. […] Depuis quarante ans, elle fait le fond de l’esprit national ; chaque boutade est passée en proverbe, chaque personnage est grandement établi dans la société idéale que tout pays se compose avec sa littérature classique. […] La Lettre philosophique avait plu par une pointe d’opposition au gouvernement et à l’Église établie ; les Lettres à mes amis exaltaient ce gouvernement et cette Église, elles déniaient toute vertu régénératrice aux panacées à la mode en Occident, au moment même où les cerveaux russes se grisaient de ces dernières. […] Tolstoï, qui a agi comme Gogol, proteste alors qu’on lui applique cette épithète ; pourtant il nous propose une théologie nouvelle ; son prédécesseur s’en tenait docilement au dogme établi. […] Déraciné de sa patrie par une amitié toute-puissante, il quittait la Russie, où il ne devait plus revenir qu’à de rares intervalles, pour s’établir d’abord à Bade, puis à Paris, au milieu de nous.

1670. (1887) Essais sur l’école romantique

Jusque-là, qu’il s’estime heureux des disputes qui se livrent en son nom, et de ce qu’il lui en coûte pour s’établir dans la renommée. […] On prenait une licence de poète, comme une licence d’avocat ; puis on s’établissait, on tenait maison. […] Il est tout simple, par exemple, qu’une école qui s’établit ne renie aucun de ses amis. […] Il était modeste, il était proportionné à mes forces, puisque je m’y suis assez distinctement établi pour qu’on ait bien voulu y voir un rôle habilement choisi et bien rempli. […] Je vais trouver un à un les hommes qui ont, dans la nation, le plus grand crédit littéraire, si bien qu’un livre ne s’y établit que lorsqu’il est marqué de leur apostille ; je dis à l’un : « Avez-vous lu le nouveau roman ?

1671. (1888) Impressions de théâtre. Première série

Il ne faudrait pourtant pas croire qu’elle soit la seule pièce, de Boileau à Diderot, qui viole aussi directement les règles établies par l’auteur de l’Art poétique. […] L’inconnu rencontré par Francine est justement le clerc de notaire que Lucien a fait venir pour établir l’état respectif de leurs deux fortunes (car ils vont se séparer). […] La Fresnais représente, en ce siècle naissant, un principe excellent, l’anoblissement par la victoire… Vous l’aimez… Épousez-le. » Julie, revenue au respect des formes établies, objecte ses anciens vœux. […] Ils se sont contenus jusque-là par décorum et par respect de l’ordre établi ; du moment où ils ne risquent plus de scandaliser leurs frères ni d’ébranler les institutions, ils s’en donnent ! […] Les Mystères établissent le dogme de la responsabilité personnelle.

1672. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mademoiselle Aïssé »

J’insiste là-dessus : la phrase qui, lue isolément, semblait constater une situation établie, accomplie, et sur laquelle on s’est jusqu’ici fondé, comme sur une pièce de conviction, pour rendre l’esclave à son maître, n’indique qu’un ordre pour l’avenir, un commandement à la turque ; or, encore une fois, rien n’indique que l’aga ait été obéi. […] Les lettres qu’on a de lui, écrites à Mme du Deffand (1733-1754), nous le montrent établi dans la vie domestique, à la fois fidèle et consolé.

1673. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. de Rémusat (passé et présent, mélanges) »

Quoique celle-ci ne fût nulle part établie, chaque État cependant la recélait par rapport aux États voisins. […] La prohibition ne servait, en effet, que l’ordre établi, dont on commençait à se soucier très-peu ; la liberté plaisait à la bonne compagnie, la première puissance de cette époque.

1674. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre I. Le Roman. Dickens. »

Ils sont produits en Angleterre par une école qui a sa philosophie, ses grands hommes, sa gloire, et qui ne s’est jamais établie chez nous. […] La dignité roide, l’empire sur soi, le besoin de commander, la dureté dans le commandement, la morale stricte sans ménagement ni pitié, le goût des chiffres et du raisonnement sec, l’aversion pour les faits qui ne sont pas palpables et pour les idées qui ne sont pas utiles, l’ignorance du monde invisible, le mépris des faiblesses et des tendresses du cœur, telles sont les dispositions que le courant des faits et l’ascendant des institutions tendent à établir dans les âmes.

1675. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers » pp. 81-176

Enfin il s’établit aux Tuileries avec ses deux collègues, comme pour faire pressentir la monarchie jusque par les murailles. […] « Si on admire ces ministres qui, dans les monarchies absolues, savent enchaîner longtemps la faiblesse du prince, l’instabilité de la cour, et régner au nom de leur maître sur un pays asservi, quelle admiration ne doit-on pas éprouver pour un homme dont la puissance, établie sur une nation libre, a duré vingt années !

1676. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIIIe entretien. Cicéron (2e partie) » pp. 161-256

Certes, s’il appartenait à quelqu’un au monde d’estimer qu’il n’y a de bien que dans la vertu, c’était à vous. » XXIX Cicéron démontre ensuite, avec une évidence véritablement révélatrice, que l’honnête, ou le souverain bien, est un instinct de notre nature intellectuelle aussi irréfutable que le bien-être physique est un instinct de nos sens matériels ; de là, dit-il, ces législations, aussi divines qu’humaines, qui établissent les rapports des hommes entre eux sur les bases d’une équité sociale, qui est la conscience publique du genre humain. […] « Notre ami Pomponius, lui dis-je alors, veut s’égayer, et il est peut-être dans son droit, car il s’est établi de telle sorte à Athènes que déjà on peut le prendre pour un Athénien, et que je ne serais pas surpris qu’un jour il ne portât le surnom d’Atticus.

1677. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1875 » pp. 172-248

Je faisais ces réflexions chez Auguste Sichel, devant un potage aux nids d’hirondelles, et en remarquant le pied d’égalité établi entre le maître de la maison et les opulents clients que le ménage avait à sa table. […] Une autre voix. — Oh, la séductrice famille que cette famille Sarah Bernhardt… Vous n’avez pas connu la charmante petite Régina, morte à dix-neuf ans… Une autre voix. — Oui, on estime à quatre-vingts millions de rente, la fortune que les jésuites possèdent en France, et cela est établi par une enquête secrète, faite tout dernièrement… C’était assez difficile, ils n’ont que des actions au porteur… le gouvernement a fait des recherches, pour arriver à savoir quelles étaient les personnes qui touchaient ces titres.

1678. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre sixième. Le roman psychologique et sociologique. »

L’observateur donne les faits tels qu’il les a vus, pose le point de départ, établit le terrain solide sur lequel vont marcher les personnages, se développer les phénomènes avec leurs lois. […] Toutefois, ce qui établit une différence considérable entre lui et par exemple Alexandre Dumas, le grand conteur d’aventures, c’est que le coup de théâtre n’est pas par lui-même et à lui seul son but : c’est seulement pour Hugo, le moyen d’amener une situation morale, un cas de conscience.

1679. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre III. Variétés vives de la parole intérieure »

Quand elle s’est habituée à cette société surnaturelle, Jeanne la provoque par des prières et l’entretient par des questions ; des dialogues suivis s’établissent entre elle et ses divins protecteurs. […] Mais, dans l’Apologie de Platon (p. 26 et 27), Socrate établit avec une parfaite netteté les rapports logiques qui existent pour son esprit et, selon lui, pour tout esprit bien fait, entre […]— Dans sa Rhétorique II, 23, 8), Aristote, faisant une allusion évidente à cette argumentation de l’Apologie, en formule le début à sa manière avec beaucoup de précision : « […] ne peut être qu’un dieu ou l’œuvre d’un dieu… » 183.

1680. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1870 » pp. 3-176

Ces affiches, ce sont les statuts des cours martiales, établies à Vincennes et à Saint-Denis. […] Tony Révillon rassis, le citoyen Quentin a pris la parole, et a démontré, avec des mots pathétiques, que tous nos malheurs, depuis Sedan, ne seraient pas arrivés, si l’on avait nommé une Commune, et la providentialité d’une Commune bien prouvée et bien établie, tout le monde est sorti signer dans l’antichambre, au contrôle des contredanses, une pétition pour la nomination immédiate d’une Commune. […] À ce qu’il paraît, ainsi que me l’indiquaient les jambes sortant par les fenêtres de l’Hôtel de Ville, le gouvernement est renversé, la Commune établie, et la liste du monsieur de la place va être confirmée par le suffrage universel. […] Comme cela nous reformions nos cadres, nous établissions une pépinière d’officiers… Mais l’on garde l’avancement pour l’armée de Sedan, oui ce n’est pas une plaisanterie, pour l’armée de Sedan ! 

1681. (1904) Le collier des jours. Souvenirs de ma vie

Les plus fréquentes me dirigeaient vers une petite charcuterie, établie dans une baraque de bois, près des fortifications. […] J’entendis de nouveau la cloche ; et bientôt un grand silence s’établit. […] J’avais établi, entre elle et moi, toute une télégraphie de clins d’yeux et de grimaces, que j’employais quand il était défendu de parler, et qui la remplissait de terreur. […] Cette combinaison, fruit de profondes réflexions, embarrassait beaucoup l’autorité ; sous peine de renverser l’ordre établi par elle et de rapporter ses propres décrets, elle était bien forcée d’accepter les rançons qu’elle avait fixées, et de subir mes infractions. […] Dès qu’il paraissait, chétif et maigre, dans sa redingote noire, son violon à la main, le silence s’établissait, chacun courait à sa place, saisissant d’une main la barre de bois.

1682. (1887) George Sand

Il est bon qu’il la cherche lui-même et qu’il l’établisse à sa manière durant la période de sa vie où, à la place de son innocente erreur, nos explications, hors de portée pour lui, le jetteraient dans des erreurs plus grandes encore, et peut-être à jamais funestes à la droiture de son jugement et, par suite, à la moralité de son âme. » Elle était née rêveuse ; tout enfant, elle se perdait dans des extases sans fin qui l’isolaient du monde entier. […] Cela n’empêche pas que mes instincts ne m’aient fait, à mon insu, la théorie que je vais établir, que j’ai généralement suivie sans m’en rendre compte, et qui, à l’heure où j’écris, est encore en discussion. […] Des lectures récentes qui avaient vivement saisi son esprit mobile l’attiraient à cette entreprise singulière et complexe, en lui faisant pressentir tout ce que le xviiie  siècle offre d’intérêt sous le rapport de l’art, de la philosophie et du merveilleux, trois éléments produits par ce siècle d’une façon très hétérogène en apparence, et dont le lien était cependant curieux à établir sans trop de fantaisie. […] Il n’y aurait même pas de paradoxe à établir que Mme Sand observe très finement, et que Balzac, de son côté, imagine avec une sorte d’intrépidité. […] Quel est le sentiment qui dominait quand elle alla s’établir avec ses enfants à Majorque, traînant avec elle le pauvre Chopin, déjà très malade ?

1683. (1889) La bataille littéraire. Première série (1875-1878) pp. -312

  Pour bien suivre et étudier les phases de la Bataille littéraire, il est absolument nécessaire d’établir une sorte de classement général, de composer des groupes et d’englober dans des camps différents les œuvres qui forment pour ainsi dire les bataillons des armées en présence. […] Celui-là est un des nôtres, un homme établi, marié, riche, considérable et considéré, père de famille. […] Voilà la malheureuse parquée jusqu’à la fin de sa vie au milieu d’autres criminelles ; que le ciel ne la lui fasse pas trop longue, car mieux vaudrait pour elle avoir passé le mauvais quart d’heure de la place de la Roquette, Dans cet effroyable milieu, sous cette terrible loi du silence, les esprits les mieux établis se troublent ; la pensée, sans issue, sans moyen d’expansion, enfermée dans le crâne, y martèle incessamment la cervelle et l’amollit peu à peu ; de là le genre de folie de la fille Élisa, dont M. de Goncourt donne de si terribles détails que je renonce à les transcrire. […] Sa maladie suivait la marche de toutes les fluxions de poitrine, c’est-à-dire que la toux s’était bientôt établie, le fatiguant beaucoup par les secousses qu’elle imprimait à son pauvre petit corps. […] La marquise, bien que ne se rendant pas compte de ce qui se passe dans le cœur de Philippe, trouve qu’il met bien des lenteurs à établir pour l’avenir des relations nécessaires entre la famille de sa fiancée et la sienne ; la question des toilettes de mariage de la jeune provinciale va lui servir de prétexte ; elle agit de telle façon que c’est Jeanne elle-même qui demande à Mme de Talyas de faire certaines emplettes à Paris ; elle lui expédie des modèles de ses robes ; Mme de Talyas examine curieusement l’envoi de la jeune fille : Elle passa ensuite à l’ouverture de la caisse qu’elle avait fait déposer dans son cabinet de toilette.

1684. (1892) Un Hollandais à Paris en 1891 pp. -305

Il oublie de prouver qu’il est plus naturel de parler que de chanter, ce qui ne pourrait s’établir par l’exemple des oiseaux et des poètes lyriques. […] Le poète se tait lorsque l’avocat Hypéride, qui défendra Phryné devant le tribunal où elle comparaîtra accusée de blasphème, lui rend visite afin d’établir les arguments de son plaidoyer. […] Sa renommée littéraire est établie sur la publication d’un petit volume qui a paru chez Lemerre, et de ce volume même ce ne sont que les vingt premières pages qui ont attiré l’attention. […] À l’aide de ces documents et d’autres données que j’ai recueillies aux Archives Nationales, je vais pouvoir me faire une idée exacte de la façon de vivre des classes dangereuses, au moment où s’établissait définitivement en France un pouvoir central, à l’heure précise où venait de naître l’état politique et social des temps modernes. […] Comme ceci est impossible, il s’établit un ordre social qui régit les relations entre ces mondes divers ; tant que cette harmonie dure, chacun prend l’autre pour ce qu’il désire être ; tout le monde est dupe de la convention et personne ne l’est.

1685. (1924) Critiques et romanciers

En réalité, les œuvres qui ont le mieux traversé les siècles avant de s’établir dans l’éternité sont merveilleusement particulières : l’Énéide est un poème de circonstance ; la Divine Comédie a besoin d’un perpétuel commentaire. […] Il prétendait établir que tout le mal venait de ce discrédit où il considérait que l’intelligence était tombée. […] Dès lors, il s’établit prosateur ; et c’est à ce titre qu’il a mérité, sauf quelques reproches, la louange et l’admiration. […] Elle va s’établir à Cambridge. […] Elle a de la chance, après la mort de sa mère, quand elle s’établit au dernier étage d’une maison qui n’est pas mal, d’y rencontrer les meilleures gens de la terre : un vieil écrivain, M. 

1686. (1912) Pages de critique et de doctrine. Vol I, « I. Notes de rhétorique contemporaine », « II. Notes de critique psychologique »

Il appartenait à une vieille et très bonne famille du Cotentin, établie de temps immémorial à Saint-Sauveur-le-Vicomte et à Valognes. […] C’est pénétré de leur esprit, qu’après plusieurs alternatives de séjour entre Saint-Sauveur et Paris, il se sépara définitivement de sa famille et vint s’établir à Paris, aux environs de 1836. […] Et pourtant, à considérer comme il a contribué par ses discours à renverser un régime qu’il estimait et qu’il aimait, pour en établir un qu’il n’a pu ni aimer ni gouverner, — à voir combien il a dépensé de génie à des luttes incertaines, dont il n’a jamais mesuré la portée, on reconnaît qu’il se cache un paradoxe, aussi dangereux que séduisant, dans cette théorie de l’action à tout prix. […] Cette haute ou moyenne bourgeoisie française, qu’Alphonse Daudet « croque » à loisir avec tant de finesse dans la touche, tant de justesse aussi, se croit si bien établie ! […] Il avait parcouru, à travers toutes sortes d’aventures, les villes côtières du nord de l’Afrique, visité Jérusalem, et rapporté de ses voyages un grand talent d’écuyer, un costume levantin, et le goût des intrigues galantes, si bien qu’il dut quitter la vertueuse ville allemande où il s’était établi, à la suite d’une liaison « avec une dame de haut parage ».

1687. (1902) Propos littéraires. Première série

On peut même croire que le nombre de ces êtres spéciaux ira en augmentant à mesure que les sociétés s’établiront plus solidement et se réglementeront plus minutieusement. […] Le trait de génie du Christianisme a été, tout en créant l’Individualisme, de sauter par-dessus la justice pour s’établir du premier bond en pleine charité, comme en son vrai domaine, et au degré seul digne de lui. […] … À quoi bon discuter ces opinions extrêmes, établies sur une ignorance à peu près complète des œuvres de Henri Heine ? […] C’est la Science qui intronisera la Justice et établira et maintiendra le règne de la Justice parmi les hommes. […] Sur cette philosophie s’établit toute une esthétique.

1688. (1892) La vie littéraire. Quatrième série pp. -362

Le monde se croit assez hardi quand il soutient les réputations établies. […] L’édition de 1889 établit qu’il lui appartient en propre ? […] Car c’est là que furent établies, au temps du roi Louis XI, les presses du premier imprimeur parisien. […] N’est-ce pas, au contraire, une conception bien spiritualiste que celle qui veut établir l’unité dans une intelligence humaine ? […] Dans sa chère Lutèce, où il avait établi ses quartiers, il menait cette vie de méditations et d’austérités qui, selon ses maîtres néoplatoniciens, est la vie excellente.

1689. (1885) Le romantisme des classiques (4e éd.)

Nos classiques ont donc commencé par être des révolutionnaires littéraires, qui ont heurté les règles établies et soulevé des luttes ardentes. — Corneille en sera pour nous un premier exemple. […] Ceux que l’on nomme aujourd’hui classiques, avons-nous dit, et qui sont désormais en possession d’une gloire incontestée, ont commencé par être des révolutionnaires littéraires, qui dérangeaient les habitudes d’esprit de leurs contemporains, qui soulevaient leurs railleries et leurs injures, en heurtant les règles établies, les préjugés, les vieux systèmes, tout l’ancien régime poétique. […] Corneille n’était plus alors ni le comte de Gormas, ni Rodrigue, mais un homme dont la gloire consistait à faire de beaux vers, et non à se battre ; capable de braver le mécontentement d’un ministre pour soutenir les vers qui le faisaient admirer de tous, et non de s’exposer à un coup d’épée pour établir une réputation de courage qui ne faisait rien à personne. […] Le dialogue me fit voir comment causaient les honnêtes gens ; la grâce et l’esprit de Dorante m’apprirent qu’il fallait toujours choisir un héros de bon ton ; le sang-froid avec lequel il débite ses faussetés me montra comment il fallait établir un caractère ; la scène où il oublie lui-même le nom supposé qu’il a imaginé m’éclaira sur la bonne plaisanterie ; et celle où il est obligé de se battre par suite de ses mensonges, me prouva que toutes les comédies ont besoin d’un but moral. […] Et quel titre en ce rang a pu vous établir ?

1690. (1882) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Deuxième série pp. 1-334

Il importe toutefois à ce que nous voulons dire d’établir nettement trois points, que voici. […] Noailles la faveur d’en être débarrassée, — Mme Guyon, en 1706, obtint la permission de s’établir enfin à Blois. […] Il ne s’établit pas d’abord, comme Bossuet et Bourdaloue, d’un coup de maître, au cœur de son sujet. […] Il est certain qu’il dit, en propres termes, « que, pour éviter les discussions et les troubles, le commun consentement des peuples établit que les plus sages, les plus intègres, les plus miséricordieux seraient les plus opulents ». […] Aujourd’hui, la liberté n’est plus en cause « Dieu vous préserve de la liberté de la presse, établie par édit !

1691. (1836) Portraits littéraires. Tome II pp. 1-523

Au troisième acte, nous retrouvons Alfred établi chez madame de Gaston, commandant en maître, recevant ses amis dans l’hôtel de sa maîtresse, dressant des listes d’invitation pour le bal de la soirée, et attendant avec impatience un brevet de ministre plénipotentiaire près de la cour d’Allemagne. […] Les savants m’accuseront d’ignorance, et demanderont à quoi sert de résumer en quelques lignes tous les événements dont l’Italie fut le théâtre pendant les dix dernières années du quinzième siècle ; les poètes traiteront cavalièrement de fatuité les divisions dramatiques que je tenterai d’établir dans l’histoire. […] Si, dans l’accomplissement du rôle que nous avons choisi, nous paraissons nous écarter des méthodes ordinaires ; si nous introduisons dans la critique plusieurs ordres d’idées habituellement développés dans un cercle individuel ; si nous éprouvons constamment la poésie par l’histoire et la philosophie, c’est que nous croyons sincèrement à l’utilité de cette double épreuve ; c’est que nous refusons à l’imagination, si brillante qu’elle puisse être, le droit de se jouer des autres facultés humaines, et de traiter en esclaves les réalités amassées par la mémoire, ou les vérités établies sans retour par le raisonnement. […] N’y a-t-il aucun moyen d’établir la compétence de la critique ? […] Robespierre et Dupuytren, l’échafaud et le bistouri, ne sont que des trivialités ridicules ; et puis il n’est plus permis à cette heure d’établir une distinction entre la médecine et la chirurgie.

1692. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le marquis de Lassay, ou Un figurant du Grand Siècle. — II. (Fin.) » pp. 180-203

Cependant, tout ce qu’on sait de la position de son fils auprès de la duchesse douairière de Bourbon et de son empire établi, semblerait indiquer que c’est plutôt celui-ci qui, tout à côté du palais princier, a dû avoir l’idée de construire l’élégant et somptueux hôtel.

1693. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure »

Il y eut, peu après ce moment, un nouvel assaut, et sinon un échec, quelque atteinte du moins portée en réalité à la réputation de Fontenelle, à cette existence considérable qui nous paraît de loin si tranquille et si établie.

1694. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres de Virgile »

Daphnis, qu’ils ont établi juge de leur querelle, avise Mélibée et l’engage à s’asseoir à côté de lui.

1695. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Vie de Rancé »

Une partie de l’Ordre de Citeaux s’était réformée, et prétendait assez naturellement échapper à la juridiction du général qui n’admettait pas cette réforme ; mais il y avait là aussi une question de  régularité et de discipline ; Rome était saisie de l’affaire et paraissait, selon son usage, plus favorable à la chose établie qu’à l’innovation, même quand cette innovation pouvait n’être dite qu’un retour.

1696. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE BALZAC (La Recherche de l’Absolu.) » pp. 327-357

Une des raisons qui expliquent encore la vogue rapide de M. de Balzac par toute la France, c’est son habileté dans le choix successif des lieux où il établit la scène de ses récits.

1697. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. VINET. » pp. 1-32

Dans cette patrie de Viret, l’un des plus onctueux et des plus charitables d’entre les réformateurs, il convenait que le réveil de l’esprit religieux, qui poussait peut-être quelques croyants ardents à la secte et au puritanisme, ne devînt pas une occasion, un éveil aussi de persécution, de la part de l’Église établie, menacée dans sa tiédeur.

1698. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SUE (Jean Cavalier). » pp. 87-117

J’ai (et sans superstition, je crois), j’ai une si grande idée de l’époque de Louis XIV, je la trouve si magnifiquement et si décidément historique, que je me figure que rien n’est plus difficile et peut-être plus impossible que d’y établir, d’y accomplir à souhait un roman.

1699. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « PENSÉES FRAGMENTS ET LETTRES DE BLAISE PASCAL, Publiés pour la première fois conformément aux manuscrits, par M. Prosper Faugère. (1844). » pp. 193-224

Pascal ne croyait nullement à la possibilité ni à l’utilité d’établir au préalable le vestibule philosophique en dehors de la religion.

1700. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Racine — I »

Depuis quelque temps, et le premier feu de l’âge, la première ferveur de l’esprit et des sens étant dissipée, le souvenir de son enfance, de ses maîtres, de sa tante religieuse à Port-Royal, avait ressaisi le cœur de Racine ; et la comparaison involontaire qui s’établissait en lui entre sa paisible satisfaction d’autrefois et sa gloire présente, si amère et si troublée, ne pouvait que le ramener au regret d’une vie régulière.

1701. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « L’abbé Prévost »

Prémunis par là contre bien des agitations insensées, sachons nous tenir à un calme grave, à une habitude réfléchie et naturelle, qui nous fasse tout goûter selon la mesure, nous permette une justice clairvoyante, dégagée des préoccupations superbes, et, en sauvant nos productions sincères des changeantes saillies du jour et des jargons bigarrés qui passent, nous établisse dans la situation intime la meilleure pour y épancher le plus de ces vérités réelles, de ces beautés simples, de ces sentiments humains bien ménagés, dont, sous des formes plus ou moins neuves et durables, les âges futurs verront se confirmer à chaque épreuve l’éternelle jeunesse.

1702. (1892) Boileau « Chapitre IV. La critique de Boileau (Suite). Les théories de l’« Art poétique » » pp. 89-120

Boileau s’embarrasse parfois entre l’actualité et l’antiquité, et définissant mal leur rapport, établit des règles ou arbitraires ou fausses, qui même nous semblent contradictoires à l’esprit de sa doctrine, et restreignent ou infirment l’excellent principe de l’imitation de la nature.

1703. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre II. Les romans bretons »

Un autre la continua, et fit la chanson de Jérusalem, d’après la tradition orale qui s’était établie dans l’armée même des croisés Le succès de ces émouvantes histoires en fit le noyau d’un cycle qui se développa selon les procédés qu’on a indiqués plus haut : le récit de la croisade se prolongea à travers toute sorte d’inventions romanesques, du plus vulgaire et souvent du plus grossier caractère, tandis que le héros central de la geste, le grand Godefroy de Bouillon, était doté d’une généalogie fabuleuse où s’insérait la merveilleuse légende du chevalier au Cygne50.

1704. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre I. Les mondains : La Rochefoucauld, Retz, Madame de Sévigné »

Une enfance sans parents, un mariage sans tendresse, un mari qui la trompe, la ruine, et se fait tuer pour une autre, la laissant veuve en pleine jeunesse, en pleine beauté, avec deux enfants à élever ; ces enfants à peine élevés, les craintes pour le fils qui va à l’armée, le désespoir surtout de perdre la fille qui suit son mari à l’autre bout du royaume, et dès lors de longues séparations qui remplissent tous ses jours d’inquiétude, de brèves réunions où sa tendresse, irritée et froissée à tout instant, envie les tourments de l’absence ; la fortune qui s’en va, l’argent difficile à trouver, le dépouillement, lent et douloureux, pour payer les fredaines du fils, l’établir, le marier, mais surtout pour jeter incessamment dans le gouffre ouvert par l’orgueil des Grignan ; une petite-fille à élever, tant de veilles, de soins, d’appréhensions, pour voir la pauvre Marie Blanche, ses petites entrailles, disparaître à cinq ans dans un triste couvent ; la vieillesse, enfin, triste avec les rhumatismes et la gêne : telle est la vie de Mme de Sévigné359.

1705. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre IV. Le théâtre romantique »

Pendant une quinzaine d’années (1829-1843) le romantisme est maître de la scène : trois hommes l’y ont établi et l’y soutiennent : Dumas, Vigny, Hugo.

1706. (1921) Enquête sur la critique (Les Marges)

Mais contrairement aux opinions établies, un bon critique n’est pas nécessairement celui qui nous encense ou, tout au moins, parle de nous.

1707. (1868) Alexandre Pouchkine pp. 1-34

Bien que leurs imitateurs leur aient quelque peu nui, la postérité, qui a commencé pour eux, a confirmé le jugement de leurs contemporains ; leur renommée est maintenant solidement établie, et nul critique ne s’aviserait d’effacer leurs noms de la liste des grands poètes.

1708. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « L’expression de l’amour chez les poètes symbolistes » pp. 57-90

Nulle ne fut plus pénétrée de l’inutilité de l’effort et de son impuissance à changer quoi que ce soit à l’ordre établi du destin.

1709. (1890) L’avenir de la science « XXII » pp. 441-461

Dieu me garde d’insulter jamais ceux qui, dénués de sens critique et dominés par des besoins religieux très puissants, s’attachent à un des grands systèmes de croyance établis.

1710. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre X. La littérature et la vie de famille » pp. 251-271

Mais il est bon de se rappeler que dans ce long effort, qui tend à établir une équivalence parfaite, c’est-à-dire une égalité de droits n’excluant pas une diversité de fonctions entre les deux moitiés de l’humanité, il y a eu des moments d’arrêt, de progrès rapide et aussi d’effervescence désordonnée.

1711. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Malesherbes. » pp. 512-538

Je me rappelle encore que, deux ans plus tard, cette même petite fille se trouvant à Lausanne et jouant avec les petits-enfants de M. de Malesherbes, le grand-père fut établi président de questions grammaticales dont une des principales était de savoir si le mot ténèbres était masculin ou féminin.

1712. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préface des « Derniers Jours d’un condamné » (1832) »

Les Derniers Jours d’un condamné, texte établi par Gustave Simon, in Œuvres complètes de Victor Hugo.

1713. (1864) William Shakespeare « Conclusion — Livre III. L’histoire réelle — Chacun remis à sa place »

Si vous êtes curieux au point de lui demander comment s’appelait le marchand anglais qui le premier en 1612 est entré en Chine par le Nord, et l’ouvrier verrier qui le premier en 1663 a établi en France une manufacture de cristal, et le bourgeois qui a fait prévaloir aux états-généraux de Tours sous Charles VIII le fécond principe de la magistrature élective, adroitement raturé depuis, et le pilote qui en 1405 a découvert les îles Canaries, et le luthier byzantin qui, au huitième siècle, a inventé l’orgue et donné à la musique sa plus grande voix, et le maçon campanien qui a inventé l’horloge en plaçant à Rome sur le temple de Quirinus le premier cadran solaire, et le pontonnier romain qui a inventé le pavage des villes par la construction de la voie Appienne l’an 312 avant l’ère chrétienne, et le charpentier égyptien qui a imaginé la queue d’aronde trouvée sous l’obélisque de Louqsor et l’une des clefs de l’architecture, et le gardeur de chèvres chaldéen qui a fondé l’astronomie par l’observation des signes du zodiaque, point de départ d’Anaximène, et le calfat corinthien qui, neuf ans avant la première olympiade, a calculé la puissance du triple levier et imaginé la trirème, et créé un remorqueur antérieur de deux mille six cents ans au bateau à vapeur, et le laboureur macédonien qui a découvert la première mine d’or dans le mont Pangée, l’histoire ne sait que vous dire.

1714. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre II. Des poëtes étrangers. » pp. 94-141

Lorsque dans le dix-septiéme Chant, Marin fait voyager Vénus dans l’Asie, il l’a fait pleurer à l’aspect de ces pays dont un jour les Turcs s’empareront pour établir le croissant sur les ruines de la Croix.

1715. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre IX. Eugénie de Guérin »

« On la trouve établie en France au commencement du xixe  siècle, ou un Guérin, ou plutôt un Guarini (ce nom ainsi écrit jusqu’en 1553) était comte d’Auvergne.

1716. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre x »

Quatre jours avant sa mort, cet enfant religieux, ému de pressentiments, voulut établir son avoir d’âme et récapituler ses expériences principales :‌ D’abord, l’expérience des hommes.

1717. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — La solidarité des élites »

Je l’emprunte au poète et sociologue anglais Edward Carpenter : «… Quant au gouvernement et à la loi établis par les hommes, ils disparaîtront ; car ce ne sont que les parodies, les substituts provisoires du gouvernement et de l’ordre intérieur.

1718. (1899) Le roman populaire pp. 77-112

On pourrait facilement établir qu’Alexandre Dumas père, George Sand, Erckmann-Chatrian, Jules Verne, ont eu le secret de se faire entendre des masses, et comment, par le côté technique ou artistique, ils méritent d’être étudiés ; comment, d’autre part, la valeur morale est, chez eux, inférieure à la valeur littéraire, ou insuffisante, ou tout à fait absente.

1719. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre premier. »

Qu’eût-il dit cependant, si, au lieu de la citation tronquée que donne Montesquieu, il eût considéré les fermes paroles du texte original, qu’on doit traduire exactement ainsi : « Roi de toutes les choses mortelles et immortelles, la loi, établit d’une main toute-puissante la contrainte suprême de la justice18 ? 

1720. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XI. »

Nous avons un Prométhée délivré 121, de la main du poëte anglais Shelley, composition bizarrement mélangée, symbolique et violente, mystique et matérialiste, effusion de colère contre l’ordre établi dans le monde, et sombre prophétie d’une liberté sans mesure et sans frein.

1721. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

C’était la première fois qu’une ville, en Allemagne, voyait un théâtre populaire et régulier s’établir en ses murs. […] Ou plutôt le ridicule n’existe pas chez eux ; j’entends le ridicule français, celui qui consiste à ne pas se conformer à l’usage établi. […] Elle est pleinement, absolument établie, quand Tartuffe entre au troisième acte. […] Mais personne n’y prenait garde, la convention avait été ainsi établie et signée. […] Voilà bien des raisonnements pour établir un point qui probablement vous avait paru, du premier abord, indiscutable.

1722. (1895) La vie et les livres. Deuxième série pp. -364

Soyez assuré qu’en lui-même et pour les rares initiés de son enseignement ésotérique Renan établit mille distinctions, perçoit des nuances très délicates qui échappent à nos sens grossiers. […] Si nous réussissons à établir comment les faits de la vie morale sont liés aux faits de la vie physique, et comment ils sont, à leur tour, fonctions les uns des autres, nous pouvons espérer que la découverte de deux ou trois vérités essentielles sera le résultat et la récompense de notre effort. […] La nouvelle idée se répand « à la façon d’un dogme bienfaisant ou pernicieux suivant les cervelles où il s’établit, capable d’armer des hommes et de les lancer en sauvages vers les destructions pures, s’ils ne le comprennent pas tout entier, capable de les organiser à nouveau s’ils savent saisir son véritable sens ». […] À ce compte, il faudrait établir une censure exactement proportionnée au nombre et à la variété des formes diverses que peut prendre la sottise humaine, c’est-à-dire difficile à mesurer et impossible à définir. […] C’est là où il établit son école ; il menoit une vie douce et agréable avec ses disciples qu’il enseignoit en se promenant et en travaillant… Il étoit doux et affable à tout le monde… Il croyoit qu’il n’y a rien de plus noble que de s’appliquer à la philosophie.

1723. (1897) La vie et les livres. Quatrième série pp. 3-401

Il ne voulait pas que la littérature se réduisît à l’acceptation béate de l’ordre établi. […] Ces dix-sept lignes sont plus difficiles à « établir », et, en tout cas, plus rares que les « échevèlements », les « moiteurs », les « errances », les « troublances », et tout le tremblement des naturalistes et le gribouillage intermittent des psychologues. […] Un Français, établi à Londres depuis vingt-cinq ans, et fort initié aux us et coutumes de la Grande-Bretagne, me disait : « Les femmes de France sont bien plus adulées que les Anglaises. […] Même à présent, il suffirait de reprendre sa liberté d’action, de cesser de jouer le rôle d’un marchepied, pour que le fantôme de la toute-puissance allemande s’évanouît… Nous désirons que des rapports amicaux s’établissent avec les autres nations, et surtout avec la France qui, quoi qu’on dise, occupe de plus en plus en Europe une situation digne de sa puissance.

1724. (1894) Les maîtres de l’histoire : Renan, Taine, Michelet pp. -312

Mais, quand il s’agit de décrire le milieu social et intellectuel où s’est développé le christianisme, ou d’étudier les œuvres des hommes du moyen âge, ou d’établir des textes, il a été le plus scrupuleux comme le plus pénétrant des critiques. […] La question se réduit donc à savoir si l’on peut établir des rapports précis non mesurables entre les groupes moraux, c’est-à-dire entre la religion, la philosophie, l’État social, etc., d’un siècle ou d’une nation. […] Nulle part il n’a employé d’une manière plus constante le procédé d’accumulation des petits faits pour établir une idée générale ; nulle part il n’a exposé la série des événements de l’histoire comme plus strictement déterminée par l’action de deux ou trois causes très simples agissant toujours dans le même sens. […] C’est pourquoi ils établissent partout des écoles communales. […] On a établi par expérience qu’un Napolitain peut apprendre à lire et à écrire en trois mois, même lorsqu’il est adulte.

1725. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxiiie entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff »

Je me serais fait un scrupule de vous inviter à y passer la nuit dans la maison de mon bourgmestre, où je m’établis d’habitude, mais je sais que vous n’êtes pas difficile, et d’ailleurs à Rébova vous auriez également couché dans une grange sur du foin. […] Dans la chambre froide 12 qui se trouvait à droite de celle où nous étions entrés, deux autres paysannes étaient occupées à disposer le local en toute hâte ; elles en tiraient une foule de vieilleries, des cruches vides, des touloupes 13 dont la peau était durcie à force d’usage, des pots à beurre, un berceau rempli de chiffons de toute couleur, et contenant un enfant à la mamelle : elles balayaient avec les paquets de branches dont on se sert au bain14 les ordures qui couvraient le plancher… Arcadi Pavlitch les chassa et alla s’établir sur le banc près des images 15.

1726. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxvie entretien. L’ami Fritz »

Christel propose à Kobus de construire un réservoir pour doubler la pêche du poisson ; Kobus accepte et s’établit pour quinze jours dans la ferme pour surveiller et presser l’œuvre du réservoir. […] On comprit aussitôt que ce serait quelque chose d’étrange ; la valse des Esprits de l’air, le soir, quand on ne voit plus au loin sur la plaine qu’une ligne d’or, que les feuilles se taisent, que les insectes descendent, et que le chantre de la nuit prélude par trois notes : la première grave, la seconde tendre, et la troisième si pleine d’enthousiasme qu’au loin le silence s’établit pour entendre.

1727. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

Il avait entre ses mains le véritable et légitime héritier de Mingrélie ; car, lorsque Vomeki-Dadian fut établi prince en ce pays-là, la femme d’Alexandre, fils de Levan, ayant peur que l’ambitieuse Chilaké, mère de Vomeki, ne fît mourir le fils d’Alexandre, elle s’enfuit et l’emporta avec elle. […] Le soir, étant allé chez le roi pour voir plusieurs qui me devaient de l’argent, le premier maître d’hôtel du roi, le capitaine de la porte et le receveur des présents, qui étaient du nombre, me prièrent de voir l’envoyé de la Compagnie française, et de lui dire « qu’on s’étonnait à la cour qu’il ne voulût pas payer la régale des présents qu’il avait faits au roi: qu’on l’informait mal en cela des coutumes de Perse, puisque tous les ambassadeurs, et généralement tous ceux qui font des présents au roi, de quelque part qu’ils vinssent, payaient cette régale, qui était un droit établi, et le principal émolument de leurs charges, et des autres officiers qui y avaient part ; que c’était vainement qu’il se faisait une affaire de ne le payer pas, parce que sûrement il faudrait qu’il le payât. » Ces seigneurs me dirent la chose beaucoup plus fièrement que je ne la rapporte.

1728. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre I. La Restauration. »

. —  Comment elle s’établit en Angleterre. —  Les modes, les amusements, les conversations, les façons et les talents de salon. […] Ils avaient établi la mode de l’instinct et de l’égoïsme : il écrivait la philosophie de l’égoïsme et de l’instinct. […] Pour remplir les salons, il faut un certain état politique, et cet état, qui est la suprématie du roi jointe à la régularité de la police, s’établissait à la même époque des deux côtés du détroit. […] VI Quatre écrivains principaux établissent cette comédie ; Wycherley, Congrève, Vanbrugh, Farquhar628, le premier grossier et dans la première irruption du vice, les autres plus rassis, ayant le goût de l’urbanité plutôt que du libertinage, tous du reste hommes du monde et se piquant de savoir vivre, de passer leur temps à la cour ou dans les belles compagnies, d’avoir les goûts et la carrière des gentilshommes. « Je ne suis pas un écrivain, disait Congreve à Voltaire, je suis un gentleman. » En effet, dit Pope, « il vécut plus comme un homme de qualité que comme un homme de lettres, fut célèbre pour ses bonnes fortunes, et passa ses dernières années dans la maison de la duchesse de Marlborough. » J’ai dit que Wycherley, sous Charles II, était un des courtisans les plus à la mode.

1729. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1871 » pp. 180-366

À la barrière de l’Étoile, une foule énorme regarde trois batteries versaillaises établies au-dessus du pont de Neuilly, et tirant contre la barricade du pont et le rempart. […] Burty et moi, nous l’accompagnons à l’ambulance, établie dans le jardin du concert Musard. […] Et comme si le signataire de cette affiche trouvait cette somme assez minime pour les appétits de la populace, il établit qu’il y a un groupe de 7 500 000 ménages, ne possédant que dix milliards, tandis qu’il y a un autre groupe de 450 000 ménages de financiers et de gros industriels possédant quatre cents milliards, acquis bien certainement par de la canaillerie. […] 14 novembre Au dîner de Brébant, Robin établit que la pesanteur du cerveau est un symptôme de la valeur de l’intelligence, que la moyenne d’un cerveau bien constitué se trouve entre 1 350 et 1 400 grammes, que le cerveau de 1 100 grammes est presque toujours un cerveau d’idiot.

1730. (1885) Les étapes d’un naturaliste : impressions et critiques pp. -302

Établie, depuis longtemps déjà, à Bordeaux, elle y avait de nombreuses connaissances ; depuis son divorce avec M. de Fontenay, elle vivait avec son père et n’avait cessé de fréquenter les meilleurs salons de Bordeaux ; aussi eût-on désormais l’assurance de pouvoir fléchir l’un des tyrans. […] « Le félibrige, disaient-ils, est établi pour conserver à jamais à la Provence sa langue, son originalité, son honneur national et le beau rang de son génie. […] En terminant ce rapide tableau, Menendez Pelayo établit qu’il ne faut point désespérer de la poésie. […] Voici les positions établies : pour nous qui traçons ces lignes, il ne s’agit point de décider entre les deux camps dont le premier a pour lui le passé et le second l’avenir, — ce qui ne veut point dire la vérité. […] Dès lors, — et on comprend que dans ce tableau à grands traits il me soit nécessaire d’omettre d’intéressantes et curieuses personnalités, — dès lors, le théâtre s’établit en maître dans les mœurs à Aix, à Béziers, à Toulouse.

1731. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Première série

Berthelot, magnifiquement tracé le programme formidable et établi en regard le bilan modeste de la science. […] Seulement qu’il soit établi, encore une fois, que ses « principes » ne sont aussi que des préférences personnelles. […] D’autre part, sauf quelques cas douteux, on sent très bien et il est établi entre mandarins vraiment lettrés que tels écrivains, quels que soient d’ailleurs leurs défauts et leurs manies, « existent », comme on dit, et valent la peine d’être regardés de près. […] En trois ou quatre ans il est devenu célèbre et il y a longtemps qu’on n’avait vu une réputation littéraire aussi soudainement établie.

1732. (1900) La vie et les livres. Cinquième série pp. 1-352

Au lieu de parler avec une abondance souvent amère de sa situation, comme il y a deux ans, il a pris maintenant l’attitude du silence ; — ou plutôt le silence s’est établi de lui-même dans cette belle intelligence, comme il se fait dans toutes les solitudes et parmi les débris des temples abandonnés. […] Mais ce n’est pas lui qui établira cette sotte distinction du civil et du militaire, dont la tradition subsiste encore dans quelques bureaux de recrutement et dans quelques parlottes de politiciens. […] La règle de beauté, qui fut le principal secret de sa maîtrise en l’art d’écrire, lui a permis, malgré le scepticisme profond dont il était atteint, d’établir une distinction entre les actions humaines. […] Le pèlerin du Désert a mis un burnous pour monter au Sinaï, et là-haut il n’a pas été offusqué par la table d’hôte, établie pour les clients de l’agence Cook, à l’endroit même d’où Moïse rapporta les tables de la Loi.

1733. (1895) Nos maîtres : études et portraits littéraires pp. -360

La mystérieuse réalité se développe sous une double apparence : c’est, dans le monde premier de la logique, l’antinomie de l’Être et du Non-Être : dans le monde ultérieur de notre science, l’Esprit et la Nature : et puis, des rapports ingénieusement établis entre les divers degrés de ces deux apparences en évolution. […] Cette musique des phrases, dans les œuvres de M. de Villiers, est, par un inconscient privilège, si profondément appropriée aux convenances des sujets, que l’on pourrait établir le vocabulaire précis de ses sonorités, en regard des émotions particulières qu’elles traduisent. […] Berthelot, écrite en 1863, jusqu’au Prêtre de Némi, nous retrouvons la même doctrine, établie souvent par des mots pareils. […] D’abord elle établit, certainement, l’inégalité des personnes humaines. […] C’est du moins la conclusion qu’a établie M. 

1734. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Appendice. »

Je suis peut-être celui qui y ai le plus contribué ; mais je dois vous dire que Lamartine, Victor Hugo, de Vigny, sans me désapprouver et tout en me regardant faire avec indulgence, ne sont jamais beaucoup entrés dans toutes les considérations de’rapports, de filiations et de ressemblances, que je m’efforcais d’établir autour d’eux.

1735. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite et fin.) »

Quant à nous, mon cher Delaroche, je ne vous offre pas notre secours… Depuis longtemps je déplore qu’un autre ordre de choses n’ait pu s’établir entre nous, et je vous jure que je n’éprouve aucun sentiment de jalousie pour ceux qui, plus heureux que nous, seront à même de vous donner des marques de dévouement ; tout en enviant leur sort, dites-leur que nous les bénissons, que nous les bénirons, s’ils aiment nos enfants comme les leurs… » Nous, public, qui ne nous trouvons introduit que par accident et par faveur dans ces discussions si particulières et qui, sous une forme ou sous une autre, se rencontrent dans presque toutes les familles, notre rôle n’est pas, on le pense bien, d’avoir le moindre avis sur le fond ; faisons la part de ce qu’il peut y avoir d’exagération naturelle dans l’expression d’Horace, dans cette émulation et cette rivalité de tendresse, et disons-nous que, si nous entendions Delaroche, il aurait sans doute, pour répondre, son éloquence à lui, et il en avait beaucoup.

1736. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre deuxième. Les images — Chapitre II. Lois de la renaissance et de l’effacement des images » pp. 129-161

Pareillement, dans la lutte pour vivre51 qui, à chaque moment, s’établit entre toutes nos images, celle qui, à son origine, a été douée d’une énergie plus grande, garde à chaque conflit, par la loi même de répétition qui la fonde, la capacité de refouler ses rivales ; c’est pourquoi elle ressuscite incessamment, puis fréquemment, jusqu’à ce que les lois de l’évanouissement progressif et l’attaque continue des impressions nouvelles lui ôtent sa prépondérance, et que les concurrentes, trouvant le champ libre, puissent se développer à leur tour.

1737. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXIXe entretien. Œuvres diverses de M. de Marcellus (2e partie) » pp. 5-63

XXIII Après cette lecture des fragments d’Apollonius de Rhodes, qui ont charmé tout le petit auditoire grec par les peintures les plus délicates d’un amour naissant, de la pitié entre deux amants, la controverse s’établit entre les auditeurs sur la prééminence d’Homère ou d’Apollonius.

1738. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (4e partie) » pp. 81-143

« — Je m’appelle Cosette. » XXIX Autre interruption qui nous ramène aux Thénardier, maintenant établis à Paris sous le faux nom de Jondrette, et dont les nombreux enfants, échangés, prêtés, rendus, ne savent plus guère à qui ils appartiennent.

1739. (1824) Observations sur la tragédie romantique pp. 5-40

Ce mot, dans son origine, ne tient qu’à l’usage qui s’était établi en Grèce, d’obliger les concurrents au prix de la tragédie, de présenter à la fois, chacun trois ouvrages.

1740. (1892) Boileau « Chapitre V. La critique de Boileau (Suite). Les théories de l’« Art poétique » (Fin) » pp. 121-155

Richesse expressive de la rime, repos à l’hémistiche, proscription de l’hiatus et de l’enjambement : si ces préceptes sont parfois contestables, si on a pu en fléchir ou en rompre quelques-uns avec avantage, il ne faut pas oublier qu’ils n’appartiennent pas à Boileau, et qu’il n’a fait que donner par là la formule du vers classique, tel que Malherbe l’avait établi, et que les grands poètes du siècle nous le présentent.

1741. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre premier »

Deux ordres de vérités constituent cet idéal : les vérités simples ou philosophiques qui constatent ce qui se fait, et les vérités morales, ou du devoir, qui établissent ce qu’il faut faire.

1742. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre deuxième »

Cette abbaye, flanquée aux quatre angles de quatre grosses tours bâtie en forme de forteresse avec chambres surbaissées, comme dans les donjons, qu’il fait habiter par des gens de goût et de savoir, qu’il orne d’une bibliothèque, de galeries de peintures, où il établit des lices à l’antique, un hippodrome, un théâtre, des jeux de paume et de grosse balle, c’est une naïve image du temps où vivait Rabelais.

1743. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre septième. »

Il convenait à celui par qui l’ordre et l’unité s’établissaient dans l’État, de les prescrire dans les ouvrages de l’esprit.

1744. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre premier »

Il écrivit à Richelieu, au risque de ne pas plaire : « S’il m’était défendu de faire profession de la vérité, je ne serais pas pour cela rebelle, ni ne m’opposerais à l’ordre établi.

1745. (1890) L’avenir de la science « VIII » p. 200

Mais il faudrait au moins qu’un commerce intime s’établit entre ces fonctions diverses, que les travaux de l’érudit ne demeurassent plus ensevelis dans la masse des collections savantes, où ils sont comme s’ils n’étaient pas, et que le philosophe, d’un autre côté, ne s’obstinât plus à chercher au-dedans de lui-même les vérités vitales dont les sciences du dehors sont si riches pour celui qui les explore avec intelligence et critique.

1746. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 janvier 1886. »

L’impressario Angelo Neumann organise des représentations Wagnériennes, pour lesquelles sont établis des trains spéciaux en Bohême.

1747. (1863) Le réalisme épique dans le roman pp. 840-860

Je trouve peu intéressant de savoir si Moloch était servi par des prêtres en manteau rouge, s’il était célébré en d’horribles concerts où « grinçaient, sifflaient, tonnaient les scheminith à huit cordes, les kinnor, qui en avaient dix, et les nebal, qui en avaient douze » ; mais je sais, toujours d’après les preuves établies par nos maîtres, que le dieu d’airain, à de certains jours, se nourrissait de la chair des enfants, que les plus puissantes familles étaient obligées de lui apporter leur tribut, que le feu de ses entrailles rugissait sur la place publique, et que le monstre, agitant ses longs bras, précipitait lui-même dans le gouffre ses innocentes victimes.

1748. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Chamfort. » pp. 539-566

Qu’est-ce qu’un homme de lettres selon vous, et, en vérité, selon le fait établi dans le monde ?

1749. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1856 » pp. 121-159

Oui, dans ces images, on dirait ressuscitée un peu de l’âme de la vieille cité : c’est comme une magique réminiscence d’anciens quartiers sombrant parfois dans le rêve trouble de la cervelle du voyant perspectif, du poète-artiste, ayant assises à son établi la Démence et la Misère.

1750. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre deuxième. Le génie, comme puissance de sociabilité et création d’un nouveau milieu social »

Pour éprouver un sentiment à propos d’une lecture, il faut déjà le posséder ; or, la possession de ce sentiment n’est point une chose isolée et fortuite : il existe une loi de dépendance des facultés morales, aussi précise que la loi de dépendance des parties anatomiques ; la constatation d’un sentiment chez une personne, un groupe de personnes, une nation, à un certain moment, est donc une donnée importante pour établir la psychologie de ces hommes ou de cette nation à ce moment.

1751. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre septième. L’introduction des idées philosophiques et sociales dans la poésie. »

Il dit : Je t’établis pour être la lumière des nations ; ainsi parle l’Eternel à celui qu’on méprise. » On peut dire de la haute pensée philosophique et morale ce que Victor Hugo a dit de la nature même : elle mêle Toujours un peu d’ivresse au lait de sa mamelle.

1752. (1913) La Fontaine « II. Son caractère. »

Il n’y a rien qui gâte l’homme comme ces deux choses, la première parce qu’on en a toujours un souvenir un peu irrité ; la seconde, parce que quand on ne retrouve plus la même vogue, le même succès, le même enivrement de la gloire naissante, on s’imagine — ou on peut s’imaginer — pour cela, que l’on a des ennemis, que l’on a des envieux, et la manie de la persécution finit par s’installer en vous  Mais il est bien certain que, ces différences étant établies, il y a dans La Fontaine un Rousseau qui ne pouvait pas aller jusqu’au bout des conséquences désastreuses que le caractère de Rousseau comportait.

1753. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « II. M. Capefigue » pp. 9-45

pour s’établir sur la conscience le calmant de raisons pareilles !

1754. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XIX. M. Cousin » pp. 427-462

Par quelle magie donc, par quel ensorcellement une telle illusion — une telle confusion entre le vrai et le faux, entre le beau et le laid, a-t-elle pu s’établir dans une tête bien faite, dans un esprit judicieux que le temps aurait dû refroidir et la réflexion préserver ?

1755. (1897) Un peintre écrivain : Fromentin pp. 1-37

Comment une pareille confusion a-t-elle pu s’établir dans l’esprit d’une romancière qui avait quelque expérience, croit-on, des passions humaines ?

1756. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre II. L’âme et le corps »

Mais ce serait quelque chose, ce serait beaucoup que de pouvoir établir, sur le terrain de l’expérience, la possibilité et même la probabilité de la survivance pour un temps x : on laisserait en dehors du domaine de la philosophie la question de savoir si ce temps est ou n’est pas illimité.

1757. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XIII. »

Malgré les traditions mythologiques curieusement recueillies par le poëte d’Alexandrie, ce Jupiter, si supérieur à tout, que les destinées n’ont pas établi, qui frappe d’impuissance les rois et dissipe leurs vains conseils, semble se rapprocher des idées plus pures de la Divinité que déjà la lumière entrevue des livres hébraïques répandait dans l’Orient.

1758. (1857) Causeries du samedi. Deuxième série des Causeries littéraires pp. 1-402

Langeais, établi dans un fauteuil au coin de la cheminée, comme un homme en train de digérer son dîner et les jolis péchés de sa pénitente. […] Relligio nous montre le poëte se promenant avec un sieur Hermann, une manière de Théramène que, malgré sa haine pour les confidents de tragédie, il appelle à son aide chaque fois qu’il a besoin d’un interlocuteur ; or voici le dialogue qui s’établit : L’ombre venait, le soir tombait, calme et terrible : Hermann me dit : Quelle est ta foi ? […] Gaberel, il faut avoir lu l’original de cette lettre envoyée aux syndics de Genève, pour croire qu’un homme puisse être capable de se couvrir lui-même d’aussi violentes injures. » — « Vos bontés et celles du magnifique Conseil m’ayant déterminé à m’établir ici sous votre protection, je désire assurer mon repos en ayant recours à votre prudence et à la justice du Conseil. […] Ainsi le moment où il eût été le plus nécessaire de procéder lentement et par gradations insensibles, de ne pas placer l’idéal des intelligences trop loin de l’ordre établi, était justement celui où on les séparait par un abîme si large, qu’au lieu de le franchir on ne pouvait que tomber au fond. […] Il faut assouvir cette fureur populaire ; il faut amuser le peuple ; d’ailleurs, ces hommes troublent le repos et la régularité officielle des sociétés établies : les empereurs les persécutent, mais sans haine, sans animosité de culte ou de secte, uniquement pour complaire à la multitude, leur brutale alliée, et parce que la consommation des cirques, des spectacles et des bourreaux, s’accommode fort de ces nouvelles recrues.

1759. (1864) Le roman contemporain

On n’était pas réduit à perdre ses nuits en patrouilles et à s’établir, pendant la journée, en permanence au corps de garde de son quartier, comme on le fut en 1848, bien heureux quand on trouvait le temps de déjeuner avec une omelette insuffisante et de dîner avec un morceau de pain et un cervelas plus ou moins parfumé ! […] Quelques lettrés se demandaient si la guerre de Crimée n’aurait pas, pour le régime nouvellement établi, l’effet qu’eut sur les destinées d’Athènes la guerre de Sicile entreprise par les conseils du jeune Alcibiade quatre cents ans avant l’ère chrétienne. […] On pourrait établir ici une proportion et dire que la Mariette de M. 

1760. (1923) Les dates et les œuvres. Symbolisme et poésie scientifique

Nous devons remarquer qu’établie sur de mêmes données de science que les principes générateurs de l’Œuvre5 dont le plan s’indiquait en même temps, mon expression technique est donc partie intégrante de cette œuvre. […] Je rappellerai, extrait d’une de ces mêmes lettres publiées en 1907, le passage où Baudelaire, incidemment, exprime que l’Imagination, supérieure à la Science exécrée, d’établir entre les éléments du Tout des « concordances mystiques » — crée une harmonie universelle. […] L’Imagination, exercice du Moi, ne peut établir que des concordances relatives : ce Moi qui alors, composera analogiquement un univers à l’image seulement de sa sensibilité imaginative. […] De plus, et tout au principe il me semble, il a été hanté (ne connaissant point, par exemple, les représentations religieuses très supérieures des temples du Thibet) par le cérémonial émouvant du culte catholique, tel qu’il se pratiquait sous les lueurs des verrières de nos cathédrales, quand l’âme de la Foule communiait à l’âme de l’Officiant au Moyen Age  et que, par les répons aux paroles du prêtre à l’autel, s’établissait entre eux un dialogue prenant et mystique… Il est à ce propos deux ou trois pages pleines de grandeur suggestive, malgré la prose compliquée, dans le volume des Divagations 93.

1761. (1939) Réflexions sur la critique (2e éd.) pp. 7-263

Le style de Flaubert a établi sa valeur par sa fécondité. […] L’assiette de la littérature est établie, presque autant que sur des auteurs, sur de bons et probes et patients lecteurs. […] Oui, puisque cela établit plus de tolérance et de bienveillance entre les hommes. […] Et, à l’aide d’un carnet de voyage postérieur, il établit que la Prière contient des souvenirs, des images de nature polaire qu’on retrouve sur le carnet de voyage de Renan en Norvège. […] Tandis qu’Ali-Bab a établi la Bible de la gastronomie sédentaire, MM. 

1762. (1868) Rapport sur le progrès des lettres pp. 1-184

Ces trois sortes de critique diffèrent par le style, comme par la méthode ; sans vouloir établir entre elles sous ce rapport des distinctions trop marquées, on peut attribuer à la première la précision, la clarté, une forme pure et élevée ; à la seconde une finesse spirituelle, ou l’abondance et la richesse de l’imagination ; à la troisième une justesse extraordinaire dans le trait, une sagacité d’expression qui peint d’un mot, une habileté de main qui s’applique à tout et épuise un caractère en quelques coups de pinceaux. […] Par là s’établit en fait d’art, d’industrie et de science, un inoffensif et glorieux communisme. […] Pour établir ce que l’on croit une vérité, vérité de pure théorie souvent ou du moins toujours contestable, faut-il s’exposer à ébranler d’autres vérités qui sont le fondement même de l’ordre public et de la vie sociale ? […] Pour le rapporteur chargé d’établir le bilan du roman moderne au point de vue littéraire et surtout au point de vue moral, cette division fournit la formule même du verdict. […] Plus hardi dans la disposition de son plan que n’avait osé l’être l’école romantique, l’auteur de Charlotte Corday prend la scène libre et s’y établit sans tenir compte d’autre chose que de son goût, qui ne le trompe pas, et de son sujet, avec lequel il est entré en pleine intelligence.

1763. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre I. La Renaissance païenne. » pp. 239-403

Une autre espèce de fous écervelés apportent à ces chiens d’enfer (je veux dire le prince du désordre et ses complices) du pain, de la bonne ale, du vieux fromage, du fromage nouveau, des gâteaux, des tartes, de la crème, de la viande, tantôt une chose, tantôt une autre. » « Au jour de mai, dit-il ailleurs, chaque paroisse, ville ou village, s’assemble, hommes, femmes, enfants ; ils s’en vont dans les bois… et passent toute la nuit en divertissements, et le matin rapportent des branches de bouleaux et d’autres arbres, mais surtout leur plus précieux joyau, l’arbre de mai, qu’ils ramènent en grande vénération avec vingt ou quarante paires de bœufs, chaque bœuf ayant un beau bouquet de fleurs attaché à la pointe de ses cornes… Ils plantent ce mai, ou plutôt cette puante idole, jonchent de fleurs le gazon d’alentour, établissent à l’entour des salles de verdure, des berceaux, sautent et dansent, banquettent et festoient, comme les païens pour la dédicace de leurs idoles… De dix filles qui vont au bois cette nuit, il y en a neuf qui reviennent grosses. » « … Au son de la cloche, le mardi gras, dit un autre, les gens deviennent fous par milliers et oublient toute décence et tout bon sens… C’est au diable et à Satan que, dans ces exécrables passe-temps, ils font hommage et sacrifice. » En effet259, c’est à la nature, à l’antique Pan, à Freya, à Hertha, ses sœurs, aux vieilles divinités teutoniques conservées à travers le moyen âge. […] » À la fin il rassemble ses raisons, et l’accent vibrant et martial de sa période poétique est comme une fanfare de victoire. « Puisque, dit-il, les excellences de la poésie peuvent être si justement et si aisément établies ; puisque les basses et rampantes objections peuvent être si vite écrasées ; puisqu’elle n’est pas un art de mensonge, mais de vraie doctrine ; puisqu’au lieu d’efféminer, elle aiguillonne le courage ; puisqu’au lieu d’abuser l’esprit de l’homme, elle fortifie l’esprit de l’homme, plantons des lauriers pour enguirlander la tête des poëtes, plutôt que de permettre à l’impure haleine de ces diffamateurs de souffler sur les claires fontaines de la poésie292. » Par cette véhémence et ce sérieux, vous pouvez imaginer d’avance quels sont ses vers. […] Tant qu’elle bornait son effort à contenter la curiosité oisive, à fournir des perspectives, à établir une sorte d’opéra dans les cervelles spéculatives, elle pouvait s’élancer au bout d’un instant dans les abstractions et les distinctions métaphysiques ; c’était assez pour elle d’effleurer l’expérience ; elle en sortait aussitôt ; elle arrivait tout de suite aux grands mots, aux quiddités, au principe d’individuation, aux causes finales. Les demi-preuves lui suffisaient ; au fond, elle ne s’occupait pas d’établir une vérité, mais d’arracher une conviction, et son instrument, le syllogisme, n’était bon que pour les réfutations, non pour les découvertes ; il prenait les lois générales pour point de départ au lieu de les prendre pour point d’arrivée ; au lieu d’aller les trouver, il les supposait trouvées ; il servait dans les écoles, non dans la nature, et faisait des disputeurs, non des inventeurs.

1764. (1913) Le mouvement littéraire belge d’expression française depuis 1880 pp. 6-333

Entre la villa romaine et la ville actuelle de Belgique, il ne faut pas établir des oppositions irréductibles. […] Le plan des deux tomes sur les Lettres belges a beau être médiocrement établi, la valeur de l’ouvrage reste grande ; qui veut étudier les écrivains belges, doit l’avoir lu. […] Gautier, La Véritable histoire de « Elle et Lui », Sainte-Beuve inconnu, autant d’ouvrages indispensables à ceux qui désirent élucider l’histoire littéraire de la première moitié du xixe  siècle, sur des textes précis et méticuleusement établis. […] D’ailleurs, un courant permanent s’est établi entre la Belgique et la France dont les deux pays profitent.

1765. (1908) Jean Racine pp. 1-325

Puis, une lettre de septembre 1660 nous le montre établi à l’hôtel de Luynes, quai des Grands-Augustins, chez son oncle à la mode de Bretagne, Nicolas Vitart, intendant du duc de Luynes. […] Tout ce que j’ai voulu établir, c’est qu’il ne se jeta pas soudainement dans la vie la plus opposée aux leçons de Port-Royal. […] Michaut l’a établi à son tour dans son livre sur Bérénice. […] Ce devoir est un peu plus fort, il en faut convenir, que celui qui peut arracher des bras d’une grisette un étudiant que sa famille veut marier et établir, plus fort même que le devoir au nom duquel le père Duval sépare Armand de Marguerite. […] Et la vengeance de la vieille Roxane est assez modeste : elle établit sa rivale dans un palais à Péra, et elle permet à Bajazet d’aller chaque semaine passer une journée avec sa maîtresse ; mais, si les amants ne savent pas se contenter de cette concession, elle les fera périr.

1766. (1890) La bataille littéraire. Deuxième série (1879-1882) (3e éd.) pp. 1-303

Il se plaignit surtout des Bourbons, et comme il négligea de me dire qui étaient les Bourbons, je m’imaginai, je ne sais trop pourquoi, que les Bourbons étaient des marchands de chevaux établis à Waterloo. […] Au fait, qu’est-ce donc que ce public qui s’établit juge de nos actions ? […] Il n’a plus devant lui ni décors, ni costumes, ni actrice séduisante, ni comédien habile ; il n’a plus que l’âme même du poète en face de la sienne ; et si la communication ne s’établit pas tout de suite, il jette le livre.

1767. (1894) La bataille littéraire. Cinquième série (1889-1890) pp. 1-349

C’est en vain qu’André a recours à tous les moyens imaginés par les amoureux pour se détacher de leur idole ; cent fois il établit par des faits, par des raisonnements d’une logique impeccable, que Mme de Burne est absolument indigne d’un encens aussi pur, qu’il en est partout de plus complètes, d’aussi élégantes ; il lui suffit de retrouver une lettre, une fleur, pour que l’échafaudage solidement construit s’écroule misérablement. […] Le voyage de Paphnuce, son arrivée à Alexandrie, ses supplications à Thaïs, la description d’un banquet de Philosophes, leurs discours, les épreuves qu’il a à subir pour amener Thaïs au couvent où elle doit mourir, les supplices volontaires que sa foi lui inflige, ses résistances héroïques contre le démon, sont autant de pages éloquentes et colorées qui établiraient la réputation d’écrivain de M.  […] Je crois que les quelques anecdotes que je viens de citer établiront facilement le contraire. […] Le courant de sympathies qui s’est établi entre le peuple français et le peuple russe est un fait indiscutable. […] Mais j’ai pris un grand parti : j’ai forcé, littéralement parlant, à faire transporter dans le vaste palais que nous occupons les malades qui étaient le plus mal établis et, malgré toutes les résistances que j’ai éprouvées, j’y suis parvenu.

1768. (1895) Les mercredis d’un critique, 1894 pp. 3-382

Effacez les hiérarchies, établissez dans les sociétés humaines l’égalité absolue, et à l’instant même ces sociétés commencent à s’acheminer vers la mort. […] Il est aussi de charmants épisodes, tels que celui de la douce et pieuse amitié qui s’est établie entre un jeune médecin et sœur Hyacinthe ; le récit des premiers jours où ils se sont connus tous deux est exquis : c’est une délicate idylle qui vient briller un instant au milieu des pages sombres du roman. […] Les Anglais, mieux avisés, nous avaient devancés dans cette recherche et avaient établi partout des comptoirs pour nous vendre fort cher ce qu’un peu plus d’activité et de clairvoyance nous eût donné pour rien. […] À l’appui de ce que j’avance, je devrais citer une des pages où il développe très nettement certaines idées abstraites, où il établit son esthétique, mais je trouve un chapitre où il se réduit au rôle de conteur et double l’intérêt de sa prose de celui du récit. […] ………………………………………………………………………………………… « L’enquête ouverte établit en moins d’une heure que les coupables étaient les plus populaires et les plus énergiques chefs de bande de Don Carlos.

1769. (1902) La formation du style par l’assimilation des auteurs

Si, d’un côté, par un sentiment de crainte, je n’ose vous entretenir de mes actions, je paraîtrai n’avoir pu détruire les reproches d’Eschine, ni établir mes droits à la récompense qu’il voudrait me ravir. […] Lisez ce coucher de lune sur la mer : Établie par Dieu gouvernante de l’abîme, la lune a ses nuages, ses vapeurs, ses rayons, ses ombres portées comme le soleil ; mais, comme lui, elle ne se retire pas solitaire : un cortège d’étoiles l’accompagne. […] Au chevet de l’église, où le vent et la pluie entraient par les rosaces sans vitraux, des établis de menuisiers servaient de bureau au président, quand la séance se tenait dans l’église… Les métaphores des discours étaient prises du matériel des meurtres, empruntées des objets les plus sales de tous les genres de voirie et de fumier, ou tirées des lieux consacrés aux prostitutions des hommes et des femmes. […] Le catholicisme avait établi… une seule pensée sous une seule autorité, la soumission de l’esprit à la loi, du pouvoir politique au pouvoir religieux, pour repousser tant d’invasions transformer tant de peuples, assouplir tant de rudesse, maîtriser tant de passions, surmonter tant de désordres…      (Mignet, Luther.

1770. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite et fin.) »

Sainte-Beuve a établi la discussion dans ses articles sur Talleyrand.

1771. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine, Jocelyn (1836) »

Aussi, quand, à une seconde édition prochaine, le poëte aura corrigé une douzaine (je n’ai pas compté) d’incorrections, de concessions trop largement faites à la rime et à la mesure, au détriment de la règle ou de l’analogie, il aura fourni une chance de plus à ce succès croissant, pacifique, établi, tout de cœur et non de lutte, que nous voulons à Jocelyn. 

1772. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. VILLEMAIN. » pp. 358-396

Villemain, dans le domaine infini de sa connaissance littéraire, mena à sa suite et à côté de lui cette rapide jeunesse, ouvrant pour elle dans la belle forêt trois ou quatre longues perspectives, là même où les routes royales des grands siècles manquaient ; mais ces perspectives, si heureusement ouvertes par lui et qui suffisent à marquer son glorieux passage, se refermeraient derrière, si de nouveaux venus ne travaillaient à les tenir libres, à les limiter et à les paver pour ainsi dire : c’est l’heure maintenant de ne plus traverser la forêt, comme Élisabeth à Windsor, comme François Ier en chasse brillante dans celle de Fontainebleau, mais de s’y établir en ingénieurs, hélas !

1773. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DÉSAUGIERS. » pp. 39-77

Son père, qui était venu s’établir à Paris, le mit pour faire ses études au collége Mazarin, et l’écolier, en terminant, y eut pour professeur de rhétorique Geoffroy, nature peu délicate assurément, mais plus nourri de l’antiquité et des Grecs qu’on ne l’était généralement alors, même au sein de l’Université.

1774. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIVe entretien. Littérature politique. Machiavel (3e partie) » pp. 415-477

Mais la Toscane, ce merveilleux phénomène de la richesse, cette royauté de l’intelligence, cette monarchie du travail à l’époque où l’industrie européenne n’était pas née, devait décroître et tomber d’elle-même aussitôt que l’industrie de la laine, de la soie, de la banque, cesserait d’être le monopole, le brevet d’invention de Florence, et que les mêmes industries, mères du même commerce et sources des mêmes richesses, s’établiraient à Lyon, à Venise, à Londres, à Birmingham, à Calcutta, et que le travail européen et asiatique ne laisserait au peuple des Médicis, de Dante, de Michel-Ange, que cette primauté du génie des arts qui fait la gloire, mais qui ne fait pas la puissance militaire et politique des nations.

1775. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXIXe entretien. Tacite (2e partie) » pp. 105-184

Les négociations s’établissent entre les deux camps ; on se demande pour qui et pourquoi on va verser tant de sang romain par des mains romaines.

1776. (1863) Cours familier de littérature. XV « XCe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin (3e partie) » pp. 385-448

C’est sur des faits bien établis que j’avais eu recours au saint thaumaturge, et je croyais tant au miracle !

1777. (1839) Considérations sur Werther et en général sur la poésie de notre époque pp. 430-451

Une dualité douloureuse s’établit dans un homme ainsi placé entre deux aspirations différentes.

1778. (1920) Enquête : Pourquoi aucun des grands poètes de langue française n’est-il du Midi ? (Les Marges)

Qu’entendez-vous, tout d’abord, par un grand poète, et où établissez-vous la démarcation entre un grand poète et un moindre ?

1779. (1914) Enquête : Les prix littéraires (Les Marges)

Qu’on lui donne une intelligente bibliothèque, établie d’accord avec lui ; la facilité d’un voyage d’études ; une mensualité pendant un an ou deux.

1780. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre sixième. »

Et qu’y a-t-il d’étonnant qu’un juge si facile, toujours prêt à se récuser pour n’avoir pas à condamner, soit du goût de plus de gens qu’un juge qui condamne au nom, d’une règle établie ?

/ 1986