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570. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 142-143

Toujours vertueux par systême, Coupable trop souvent, mais par fragilité, Du moins, lorsque d’Aaron j’entends la voix suprême, Fidele Israélite, & m’oubliant moi-même, De ma folle raison j’abaisse la fierté, Et laisse captiver devant un diadême Mon impuissante liberté.

571. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 188-189

La premiere, selon lui, est celle qui éleve l’homme au Dieu qui l’a créé, le rend docile à sa voix, ferme dans le malheur, modeste dans la prospérité, sensible pour ses pareils, sévere à lui-même.

572. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préface et poème liminaire des « Châtiments » (1853-1870) — Préface de 1853 »

Le flambeau rayonne ; si on l’éteint, si on l’engloutit dans les ténèbres, le flambeau devient une voix, et l’on ne fait pas la nuit sur la parole ; si l’on met un bâillon à la bouche qui parle, la parole se change en lumière, et l’on ne bâillonne pas la lumière.

573. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite et fin.) »

Il est toujours délicat de prétendre analyser cette voix publique que l’antique poète en son temps appelait la voix divine. […] Ô Catinat, quelle voix enrhumée De te chanter ose usurper l’emploi ?

574. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Aloïsius Bertrand »

Il nous récita, sans trop se faire prier, et d’une voix sautillante, quelques-unes de ses petites ballades en prose, dont le couplet ou le verset exact simulait assez bien la cadence d’un rhythme : on en a eu l’application, depuis, dans le livre traduit des Pèlerins polonais et dans les Paroles d’un Croyant. […] Le matin vous éveille, éveillant sa voix d’ange. […] Désert qui n’entends plus la voix de Jean-Baptiste !

575. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre IX, les mythes de Prométhée »

Les dieux en descendent à sa voix bruyante, ils s’asseoient sur des bancs d’herbe, autour du bûcher sacré, et prennent part au sacrifice dont il est à la fois la matière et l’âme. […] Ses yeux s’ouvrirent au jour comme des fleurs écloses, la voix chanta sur ses lèvres comme un oiseau matinal. […] Trompé par elle, il lui demande de mentir encore, de lui chanter d’une voix de berceuse, les promesses qu’elle ne tiendra pas.

576. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VII. Mme de Gasparin »

Ce n’est pas là une voix nouvelle, un timbre tout à fait inconnu. Seulement, c’est une voix qui s’est purifiée et qui monte dans un éther où jamais jusque-là on ne l’avait entendue. C’est la voix de cette autre femme qu’on appelle Michelet.

577. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Henri Heine »

Au lieu de rester ce qu’il était, un délicieux poète, d’une puissante suavité, un filleul des fées, une voix mystérieuse planant sur le monde comme la voix de la symphonie pastorale de Beethoven, il n’a plus été que l’écho d’inspirations grotesquement hideuses, un carbonaro germanique à tu et à toi avec les carbonari de tous les pays, un jacobin de littérature, par désespoir de n’être pas un jacobin politique, un vulgaire étudiant à béret rouge, en attendant que le béret fût un bonnet de même couleur ! […] Voici la voix grave, pleine et résolue d’un homme dont la conscience se lève : « Il reste toujours à l’honnête homme (dit Heine) le droit imprescriptible d’avouer ses erreurs, et c’est de ce droit que j’userai ici sans crainte ni jactance.

578. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance de Voltaire avec la duchesse de Saxe-Golha et autres lettres de lui inédites, publiées par MM. Évariste, Bavoux et Alphonse François. Œuvres et correspondance inédites de J-J. Rousseau, publiées par M. G. Streckeisen-Moultou. — I » pp. 219-230

Si la raison l’écrase et l’avilit, le sentiment intérieur le relève et l’honore… Quoiqu’il en soit, nous sentons au moins en nous-même une voix qui nous défend de nous mépriser ; la raison rampe, mais l’âme est élevée. » Sans discuter ici cette distinction si absolue entre la raison et l’âme, distinction qu’il ne maintiendra pas toujours à ce degré, il est clair que Rousseau, au lendemain de ses peines et de ses sacrifices dans la tendre passion qu’il ressentait, ne veut chercher de bonheur ou de consolation que dans la paix du cœur et dans la voix de sa conscience.

579. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Dübner »

Victor Le Clerc et précisément comme d’un candidat possible pour l’Académie des Inscriptions, le savant et pédant doyen lui répondit de sa voix la plus aigre : « Nous avons résolu à l’Académie de ne nommer personne pour de simples recensions de textes. » M.  […] J’estime et j’aime beaucoup de ces académiciens gréco-latins ; mais comment pas un, du vivant de Dübner, n’a-t-il élevé hautement la voix dans cette Académie pour la rappeler à la justice ?

580. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — Lamennais, Paroles d'un croyant »

« Ce bruit, formé de tant de bruits qu’on ne les pourrait compter, est la voix d’un nombre innombrable de pauvres petites créatures imperceptibles. […] « Vous êtes aussi cachés sous l’herbe, pourquoi n’en sort-il aucune voix ?

581. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo, Les Feuilles d'automne, (1831) »

À la verte confiance de la première jeunesse, à la croyance ardente, à la virginale prière d’une âme stoïque et chrétienne, à la mystique idolâtrie pour un seul être voilé, aux pleurs faciles, aux paroles fermes, retenues et nettement dessinées dans leur contour comme un profil d’énergique adolescent, ont succédé ici un sentiment amèrement vrai du néant des choses, un inexprimable adieu à la jeunesse qui s’enfuit, aux grâces enchantées que rien ne répare ; la paternité à la place de l’amour ; des grâces nouvelles, bruyantes, enfantines, qui courent devant les yeux, mais qui aussi font monter les soucis au front et pencher tristement l’âme paternelle ; des pleurs (si l’on peut encore pleurer), des pleurs dans la voix plutôt qu’au bord des paupières, et désormais le cri des entrailles au lieu des soupirs du cœur ; plus de prière pour soi ou à peine, car on n’oserait, et d’ailleurs on ne croit plus que confusément ; des vertiges, si l’on rêve ; des abîmes, si l’on s’abandonne ; l’horizon qui s’est rembruni à mesure qu’on a gravi ; une sorte d’affaissement, même dans la résignation, qui semble donner gain de cause à la fatalité ; déjà les paroles pressées, nombreuses, qu’on dirait tomber de la bouche du vieillard assis qui raconte, et dans les tons, dans les rhythmes pourtant, mille variétés, mille fleurs, mille adresses concises et viriles à travers lesquelles les doigts se jouent comme par habitude, sans que la gravité de la plainte fondamentale en soit altérée. […] Il est donc à errer dans ce monde, à interroger tous les vents, toutes les étoiles, à se pencher du haut des cimes, à redemander le mot de la création au mugissement des grands fleuves ou des forêts échevelées ; il croit la nature meilleure pour cela que l’homme, et il trouve au monstrueux Océan une harmonie qui lui semble comme une lyre au prix de la voix des générations vivantes.

582. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo, romans (1832) »

C’est une étude piquante et profitable à faire que de rapprocher l’une de l’autre ces deux productions, dont le fond essentiel et la forme, restés les mêmes, ont subi pourtant bien des intercalations et des refontes, à six ans de distance, dans un âge où chaque année, pour le poëte, est une révolution, et lui amène, comme pour l’oiseau, une mue dans la voix et dans les couleurs. […] Les développements considérables que reçut Bug-Jargal sous sa dernière forme ont amené quelques défauts de proportion qui jurent avec l’encadrement primitif du récit, lequel, on ne doit pas l’oublier, se débite de vive voix, en cercle, à un bivouac.

583. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Préface de la seconde édition » pp. 3-24

Lorsque Bossuet dit cette superbe phrase : Averti par mes cheveux blancs de consacrer au troupeau que je dois nourrir de la parole de vie les restes d’une voix qui tombe et d’une ardeur qui s’éteint , il s’est trouvé sûrement quelques malheureux critiques qui ont demandé ce que c’était que les restes d’une voix et d’une ardeur, ce que c’était que des cheveux qui avertissent.

584. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre IV. L’écrivain (suite) »

Il se jette dans les jambes, reçoit des coups de pied, heurte, flaire, lève la patte, curieux, hasardeux, bruyant, gourmand, fort en gueule, aussi varié dans ses accents, aussi prompt à donner de la voix qu’un avocat au parlement. […] Il entend des accents nuancés, une voix qui se hausse et se baisse ; il voit des bouts de paysages, des gestes, des figures comiques, touchantes, et tout cela comme dans un rêve.

585. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre deuxième »

Bouhours voulait concilier Voiture et Boileau, c’est-à-dire son goût et son intérêt ; Trublet, à son exemple, veut concilier le précieux de Fontenelle et le naturel de Voltaire, pour avoir deux voix à l’Académie. […] Je vous donne à deviner ce qui s’appelait, en ce temps-là, tour à tour, « une bibliothèque vivante où l’on apprend tout sans peine et sans étude ; une salle de musiciens où l’on entend les plus savants concerts ; un théâtre magnifique où tout ce qui frappe les yeux étonne l’esprit et glace la voix ; une école toute céleste où les esprits, de quelque étage qu’ils soient, peuvent, en y arrivant, s’élever à tous moments, et, par l’approche et la communication d’un corps lumineux, acquérir tous les jours des clartés nouvelles ; un parterre orné de fleurs de toutes les couleurs ; un corps qui marche à frais communs et à pas égaux vers l’immortalité ; le sanctuaire et la famille des Muses ; une si haute région d’esprit, que l’on en perd la pensée, comme, quand on est dans un air trop élevé, on perd la respiration. » C’est l’Académie française à qui s’adressaient ces louanges à la fois si énigmatiques et si outrées, dans des discours de réception où les nouveaux élus se donnaient toute cette peine pour ne pas se dire simplement reconnaissants.

586. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1854 » pp. 59-74

* * * — Aujourd’hui, Gavarni nous fait le portrait, de vive voix, de Chicard. […] Le jardinier Sebron, un ancien dragon aux formules de phrases les plus polies, vociférées avec une voix de tonnerre, déteste les fleurs et ne cesse de répéter, tous les ans, que la terre n’est point amiteuse cette année.

587. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface des « Burgraves » (1843) »

Puis, l’heure passait, et quelquefois minuit avait sonné à tous les clochers de la vallée qu’il était encore là, debout dans quelque brèche du donjon, songeant, regardant, examinant l’attitude de la ruine ; étudiant, témoin importun peut-être, ce que la nature fait dans la solitude et dans les ténèbres ; écoutant, au milieu du fourmillement des animaux nocturnes, tous ces bruits singuliers dont la légende a fait des voix ; contemplant, dans l’angle des salles et dans la profondeur des corridors, toutes ces formes vaguement dessinées par la lune et par la nuit, dont la légende a fait des spectres. […] Du reste, le public et la presse, cette voix du public, lui ont généreusement tenu compte, non du talent, mais de l’intention.

588. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre II. Mademoiselle Mars a été toute la comédie de son temps » pp. 93-102

— Et cependant voyez-la sourire encore, entendez-la parler, de cette voix divine qui sait le chemin de tous les cœurs ; voyez-la se parer avec cette science naturelle que tant de femmes ont rêvée ! […] quel son de voix enchanteur !

589. (1860) Ceci n’est pas un livre « Mosaïque » pp. 147-175

— C’est bien simple pourtant, répondit madame D… avec un sanglot dans la voix. […] Sturm se lève brusquement, saisit par le bras le consommateur stupéfait, et le rejette violemment sur sa chaise, en lui criant d’une voix effrayante.

590. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Joubert » pp. 185-199

Il y a dans cette notion d’ange quelque chose de beau, de jeune, de guerrier, de dominateur et de rapide qui n’allait point à l’idée de cet être né sénile et resté enfant, de cette âme qui se débattait dans un homme et qui avait la voix d’androgyne de la Sagesse, car la voix de la Sagesse n’a point de sexe, comme dit Joubert lui-même en parlant de Fénelon… Intellectuellement, Fénelon serait peut-être la figure à laquelle Joubert, après Platon, ressemblerait le plus.

591. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « III. Donoso Cortès »

Voix de la bouche, voix de la plume, qui se sont fiées à l’air, à cette petite bouffée de vent dans laquelle elles ont parlé : le vent ne les trahit pas et il les emporte !

592. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XVII. Saint-Bonnet »

Comme la Sensation est en l’homme le représentant et la voix de la nature, la Raison est dans sa conscience le représentant et la voix de Dieu.

593. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Raymond Brucker. Les Docteurs du jour devant la Famille » pp. 149-165

Il s’était réfugié dans la pensée divine… Quand la crise de la France du temps, livrée aux démoralisateurs qui ne la démoralisaient que pour la gouverner et qui maintenant la gouvernent, l’appela, par une voix respectée, au secours de l’enseignement chrétien en péril, il n’était plus qu’un contemplateur à l’écart, avec les bras croisés de la méditation solitaire. Mais, à cette voix, il s’interrompit de contempler et il se décroisa les bras pour frapper les rudes coups de ce livre, dont il se laissa même dicter la forme, trop romanesque à mon gré, mais qu’on lui imposa pour que le livre, sous cette forme, saisît mieux l’imagination et allât plus vite et plus avant dans la publicité et dans le succès.

594. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Madame Ackermann »

Je ne sais point par quelles spirales cette amie de Proudhon est descendue au fond du dernier cercle de l’enfer de la Philosophie, mais elle y est descendue, et c’est du fond de cet horrible trou que, comme la Sachette de Notre-Dame de Paris, elle élève une voix désespérée pour l’humanité et pour elle ; — car, après tout, si elle a la bravoure de l’athéisme, si elle fait de l’héroïsme contre le néant, elle n’est pas, pour cela, très heureuse d’être athée. […] Puisque, dans la stupeur des détresses suprêmes, Mes pâles compagnons restent silencieux, À ma voix d’enlever ces monceaux d’anathèmes            Qui s’amassent contre les cieux !

595. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Hector de Saint-Maur »

Elle porte l’odeur d’un autre dans le mystère de sa personne, et sur ses chastes bras, l’impression brûlante encore des bras qui déjà l’ont étreinte… Lamartine a seul, parmi nous, la virginité de la Muse· C’est la seule voix de notre siècle qui ne rappelle pas une autre voix.

596. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Raymond Brucker » pp. 27-41

  J’entends encor l’hymne infernal ; J’entends hurler ta voix impie ; Tu demandais l’original : Contente-toi de la copie ! […] Il eut le droit, tout laïque qu’il fût, de prêcher dans les églises et il devint l’O’Connell des ouvriers catholiques dans un pays plus heureux que l’Irlande ; un O’Connell sans les mille échos de la persécution et de la gloire, qui rapportaient à Daniel sa voix agrandie, mais un O’Connell par le genre de talent, par la manière, par cette éloquence familière et pathétique, sublime et triviale à dessein, comme l’est un drame de Shakespeare.

597. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre IV. »

Cérès, s’avançant, montre au roi, chef de la justice, à Triptolème, à Dioclès, qui maîtrise les coursiers, au puissant Eumolpe, à Célée, pasteur des peuples, les saints rites de ses autels : elle leur enseigne à tous les divins mystères, à Triptolème, à Polyxène, à Dioclès, ces mystères terribles qu’il n’est permis ni de pénétrer, ni de savoir, ni de redire ; car une grande crainte des dieux enchaîne ici la voix. […] Quoi qu’il en fut des formes simples de l’hymne primitif, le rhythme dut varier bientôt et se prêter à tous les mouvements que l’élan de l’imagination, l’émotion du chant, le concert des voix, le tressaillement de la foule qui leur répond, pouvaient imprimer au poëte.

598. (1868) Rapport sur le progrès des lettres pp. 1-184

Le nommer, s’il existe, semblerait une flatterie ; mieux vaut laisser à la voix publique le soin de le reconnaître et de le désigner. […] Elle a de vraies larmes dans la voix. […] Ils s’appelaient la jeune France, et une voix secrète leur disait qu’ils ne mentiraient pas à leur nom. […] Elle parlait ; sa voix un peu brusque, un peu voilée, avait la chaleur d’un feu couvert. […] » À cette voix, Noël chancelle et tombe.

599. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome I pp. 1-402

comment Laplace et Rousseau empruntent-ils la même voix ? […] À peine avait-il parlé, que tous les cœurs ont répondu à sa voix comme un écho fidèle. […] Je sais que la méthode contraire est aujourd’hui en grand honneur et prônée par des voix nombreuses. […] Les Voix intérieures, telles que M.  […] Cependant il est bon d’analyser les Voix intérieures, comme si M. 

600. (1826) Mélanges littéraires pp. 1-457

Ta voix résonne encore à mon oreille ravie, (Ô ! […] C’est l’alouette qui chante ; je reconnais sa voix aiguë. […] la voix de la nature, à l’homme seul injuste, le condamnerait à périr, lorsqu’elle lui commande, d’espérer ! […] Que n’ai-je la voix et l’ardeur du séraphin pour chanter ta gloire avec un amour religieux ! […] sois son appui ; C’est la voix du hameau qui t’implore pour lui.

601. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Boschot, Adolphe (1871-1955) »

Il a cet accent incisif qui fait que la voix qui parle bas semble descendre au plus profond de nous-mêmes et s’y graver.

602. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Magre, Maurice (1877-1941) »

Qu’importent les objections de détail qui ne prévalent pas contre le robuste chant d’une voix pure, jamais lasse et préférable à toutes les gloses, un peu malignes peut-être, mais qui me furent inspirées par une très vive estime pour l’œuvre passée et une très vive espérance que l’œuvre future lui sera supérieure encore !

603. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rouquès, Amédée (1873-1935) »

Il casse avec plaisir les ailes du vieil alexandrin, et il savoure je ne sais quelle volupté néronienne à voir sa victime panteler au ras du sol comme un oiseau blessé : Des voix confuses passent à travers la brume… ……………………………………………………… Ce pendant qu’au ciel tranquille un soleil pâlot Sommeillait, qui parfois laissait errer sa bouche À la cime fuyante et sonore du flot.

604. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 55-57

Lui-mesme viendroit dans ces bois, Jouir, au murmure de l’onde, D’une félicité profonde, Si les oracles de sa voix N’estoient pour le sa’ut du monde.

605. (1869) Philosophie de l’art en Grèce par H. Taine, leçons professées à l’école des beaux-arts

Ils vivent sur les sommets de l’Olympe « que les vents n’ébranlent point, qui ne sont jamais mouillés par la pluie, d’où la neige n’approche point, où s’ouvre l’éther sans nuages, où court agilement la blanche lumière. » Là, dans un palais éblouissant, assis sur des trônes d’or, ils boivent le nectar et mangent l’ambroisie, pendant que les muses « chantent avec leurs belles voix ». […] En Grèce, un théâtre contient de trente à cinquante mille spectateurs, et coûte vingt fois moins que chez nous ; c’est que la nature en fait les frais ; un flanc de colline où l’on taille des gradins circulaires, un autel au bas et au centre, un grand mur sculpté, comme celui d’Orange, pour répercuter la voix de l’acteur, le soleil pour lampe, et, pour décor lointain tantôt la mer luisante, tantôt des groupes de montagnes veloutées par la lumière. […] La cithare, qui n’avait que quatre cordes, en reçoit sept ; Terpandros fixe ses modes et donne les nomes de la musique ; Olympos, puis Thalétas achèvent d’approprier les rhythmes de la cithare, de la flûte et des voix aux nuances de la poésie qu’elles accompagnent. […] Il faut avoir entendu une langue musicale, la mélopée continue d’une belle voix italienne qui récite une stance du Tasse, pour savoir ce que la sensation de l’ouïe peut ajouter aux sentiments de l’âme, comment le son et le rhythme étendent leur ascendant sur toute notre machine et leur contagion dans tous nos nerfs. […] A Delphes, le dieu déclare qu’il se défendra lui-même ; la foudre tombe sur les barbares, des rochers se détachent et les écrasent, pendant que du temple de Pallas Pronœa sortent des voix et des cris de guerre, et que deux héros du pays, de taille surhumaine, Phylacos et Autonoos, achèvent de mettre en fuite les Perses épouvantés. — Avant la bataille de Salamine, les Athéniens font venir d’Égine, pour combattre avec eux, les statues des Eacides, Pendant la bataille, des voyageurs près d’Eleusis voient s’élever une grande poussière et entendent la voix du mystique lacchos qui vient au secours des Grecs.

606. (1894) Critique de combat

— Mais la plupart des voix les appellent en arrière. […] Mabilleau essayât de départager les voix. […] Des voix murmurent de plus en plus nombreuses : — Nous voudrions vouloir. […] Nous pouvons joindre à ce chœur la voix du docteur Letourneau. […] La voix qu’il avait déjà entendue lui dit : « Rassurez-vous, mon frère.

607. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIe entretien. L’homme de lettres »

Il crut en Dieu sans y mettre sa confiance, il aima la vertu sans y croire, et la vérité en prêtant sa voix au mensonge. […] Il avait adoré Paul et Virginie dans sa jeunesse, l’auteur lui paraissait comme un dieu de l’Inde inspiré par la nature, une voix des mers et des bois. […] Le son seul de sa voix et sa physionomie douce et ascétique ne pouvaient être exprimés que par le mot dantique ou romain: Vertu. […] Mais je n’ai guère trouvé que l’innocence attentive à ma voix. […] Il eût mieux valu sans doute ne pas les croire, ni se fier à la voix et aux espérances d’un monde trompeur.

608. (1845) Simples lettres sur l’art dramatique pp. 3-132

À cette époque, c’est-à-dire en 1828, sept académiciens, dont trois ou quatre étaient députés, se réunissaient pour demander à Charles X de ne point laisser jouer Henri III, et Charles X répondait au porteur de la pétition préventive : « Dites à ces messieurs que ce qu’ils me demandent est impossible ; l’art est roi comme moi, et entre têtes couronnées on se doit des égards. » En 1836, sur la demande d’un seul député qui, il est vrai, disposait de huit voix à l’Académie et de quinze voix à la chambre, M.  […] Hugo. — Un fragment de voyage dans les Alpes ; Les Deux Voix ; La Guerre aux Démolisseurs. […] Victor Hugo avait publié, comme nous l’avons dit, dans la Revue des Deux Mondes, un fragment de son Voyage dans les Alpes, son ode des Deux Voix et la Guerre aux Démolisseurs. […] Buloz eut beau prier, supplier, offrir de féconder de son argent l’oignon du poète ; la fantaisie du poète n’était pas là : il fit les Voix intérieures. […] J’en demande bien humblement pardon à Desnoyers et à Perrée, je cédai comme d’habitude à l’éloquente voix de M. 

609. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Blanchecotte, Augustine-Malvina (1830-1897) »

Elle a de vraies larmes dans la voix.

610. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — F — Fabié, François (1846-1928) »

. — Les Voix rustiques (1894).

611. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — X — Xanrof, Léon (1867-1953) »

Jules Claretie Xanrof, lui, m’apparalt comme une sorte d’étudiant narquois chantant, d’une jolie voix ironique, les feintes gaîtés parisiennes, les Déjeuners de soleil de la passion et les amours d’une minute.

612. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 354-356

Il n’avoit pas encore vingt-six ans, qu’il avoit déjà rempli avec distinction plusieurs Chaires de la Capitale ; & à juger de ses lumieres & de son talent par son Eloge de Louis Dauphin, pere de Louis XVI, proposé par une Société de Gens de Lettres, qui lui a adjugé le prix d’une voix unanime, nous pouvons assurer qu’il égalera les plus grands Orateurs Evangéliques, s’il a soin d’employer avec plus de sobriété l’antithese, & de rendre son style plus nombreux.

613. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre premier. Vue générale des épopées chrétiennes. — Chapitre premier. Que la poétique du Christianisme se divise en trois branches : Poésie, Beaux-arts, Littérature ; que les six livres de cette seconde partie traitent spécialement de la Poésie. »

Une voix poétique s’élève des ruines qui couvrent la Grèce et l’Idumée, et crie de loin au voyageur : « Il n’est que deux belles sortes de noms et de souvenirs dans l’histoire, ceux des Israélites et des Pélasges. » Les douze livres que nous avons consacrés à ces recherches littéraires composent, comme nous l’avons dit, la seconde et la troisième partie de notre ouvrage, et séparent les six livres du dogme des six livres du culte.

614. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIVe entretien. Cicéron (3e partie) » pp. 257-336

Car il y a premièrement, depuis les poumons jusqu’au fond de la bouche, une artère par où se transmet la voix dont le principe est dans notre esprit. […] Elle fléchit, elle règle la voix, qui ne lui vient que confusément proférée. En la poussant, cette voix, contre les dents et contre d’autres parties de la bouche, elle articule, elle rend les sons distincts. […] Quel devin, s’il était privé de la vue comme Tirésias, pourrait discerner le blanc du noir, ou, s’il était sourd, distinguer les différences des voix et des sons ? […] Vous m’avez l’air, en louant votre frère, de vous donner votre voix.

615. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VIII. La littérature et la vie politique » pp. 191-229

Toute tentative d’élever la voix sur les affaires publiques était sévèrement interdite. […] Un d’entre eux obtint cependant un jour l’insigne faveur d’être écouté et le roi avoua qu’il n’avait jamais ouï parler si bien ; mais cela ne l’empêcha pas, quelques mois plus tard, de donner quinze jours aux ministres de la religion prétendue réformée pour quitter le royaume, de faire condamner aux galères ou à mort ceux qui s’obstinaient à rester, et de faire couvrir par le roulement des tambours la voix de ceux qui, du haut de l’échafaud, essayaient de haranguer la foule. […] Mais, en 1807, il écrivait au Mercure les lignes suivantes : « Lorsque dans le silence de l’abjection l’on n’entend plus retentir que la chaîne de l’esclave et la voix du délateur ; lorsque tout tremble devant le tyran et qu’il est aussi dangereux d’encourir sa faveur que de mériter sa disgrâce, l’historien paraît, chargé de la vengeance des peuples. […] Les littérateurs proprement dits, ceux qui dans leurs œuvres n’ont point de visée pratique, mais qui chantent pour chanter ou content pour conter, sont alors portés à maudire le bruit qui couvre leur voix. […] Eclats de voix, mots crus, apostrophes énergiques retentissent de toute part.

616. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Gustave Flaubert. Étude analytique » pp. 2-68

Ces deux sortes de périodes s’unissent enfin en paragraphes selon certaines lois rhythmiques ; car la prose de Flaubert est belle de la beauté et de la justesse des mots, de leur tenace liaison, du net éclat des images ; mais elle charme encore la voix et l’oreille par l’harmonie qui résulte du savant dosage des temps forts et des faibles. […] Sa voix maintenant prenait des inflexions plus molles, sa taille aussi ; quelque chose de subtil qui vous pénétrait se dégageait même des draperies de sa robe et de la cambrure de son pied. » Et cet art de raccourci qui surprend en chaque être le trait individuel et différentiel, atteint dans la Tentation de saint Antoine une perfection supérieure ; dans ce livre où chaque apparition est décrite en quelque phrases concises, il n’en est pas qui ne fixe dans le souvenir une effigie distincte, dont quelques-unes — la reine de Saba, Hélène-Ennoia, les femmes montanistes  sont inoubliables. […] Félicité, la simple bonne de Mme Aubain, porte au catéchisme où elle accompagne la fille de sa maîtresse, une sensibilité délicate et tactile, jusqu’à de pareilles élévations : « Elle avait peine à imaginer sa personne ; il n’était pas seulement oiseau mais encore un feu et d’autres fois un souffle, c’est peut-être sa lumière qui voltige la nuit, au bord des marécages, son haleine qui pousse les nuées, sa voix qui rend les cloches harmonieuses ; et elle demeurait dans une adoration, jouissant de la fraîcheur des murs et de la tranquillité de l’église. » En s’accoutumant à rendre le dialogue en style indirect, Flaubert se débarrasse encore, de la nécessité des modernistes, forcés de hacher leur phrase à la mesure de paroles lâchées. […] Son apparition dans le salon de la rue de Choiseul, avec son « air de bonté délicate » ; puis à la campagne où Frédéric échange avec elle les premiers mots intimes, plus tard la scène d’intérieur où il la trouva instruisant ses enfants : « ses petites mains semblaient faites pour répandre des umônes puis essuyer des pleurs, et sa voix un peu sourde naturellement avait des intonations caressantes et comme des légèretés de brise »   la visite qui lui est rendue dans une fabrique, et cette conversation où la beauté : s’élève au mystère et à l’auguste : « Le feu dans la cheminée ne brûlait plus, Mme Arnoux sans bouger restait les deux mains sur les bras de son fauteuil ; les pattes de son bonnet tombaient comme les bandelettes d’un sphinx ; son profil pur se découpait en pâleur au milieu de l’ombre. […] La Tentation de saint Antoine à son début, les voix qui susurrent aux oreilles de l’ascète des phrases insidieuses de crépuscule, les images qui passent sous ses yeux, continues et disconnexes, ont l’illogisme du rêve et l’appréhension de l’inconnu ; les visions se suivent et se lient imprévues ; des communions subites ont lieu : « Elle sanglotte, la tête appuyée contre une colonne, les cheveux pendants, le corps affaissé dans une longue simarre brune.

617. (1857) Cours familier de littérature. III « XIIIe entretien. Racine. — Athalie » pp. 5-80

Visage, regard, lèvres, fibres sourdes ou éclatantes de la voix, stature, démarche, orteils crispés sur la planche, gesticulation serrée au corps ou s’élevant avec la passion jusqu’au ciel, rougeurs, pâleurs, frissons, frémissements ou convulsions de l’âme communiqués de l’âme à l’épiderme et de l’épiderme de l’acteur à celle d’un auditoire transformé dans le personnage, cris qui déchirent la voûte du théâtre et l’oreille du spectateur pour y faire entrer la foudre de la colère, gémissements qui sortent des entrailles et qui se répercutent par la vérité de l’écho du cœur, sanglots qui font sangloter toute une foule, tout à l’heure impassible ou indifférente, gamme entière des passions parcourue en une heure et qui fait résonner, sous la touche forte ou douce, le clavier sympathique du cœur humain : voilà la puissance de ces hommes et de ces femmes, mais voici aussi leur génie ! […] Elle est pleine de meurtres et de catastrophes tragiques ; mais ces grands sujets de larmes ou de terreur, tels que Saül, par exemple, l’Oreste biblique, ne concordaient pas assez avec la naïveté du sexe de ses actrices : il y avait là des mystères de haute politique et des éclats de voix tragiques qui ne pouvaient pas avoir pour interprètes et pour organes des jeunes filles de seize ans. […] Mardochée paraît à leur voix, les chants cessent. […] Au seul son de sa voix la mer fuit, le ciel tremble ; Il voit comme un néant tout l’univers ensemble ; Et les faibles mortels, vains jouets du trépas, Sont tous devant ses yeux comme s’ils n’étaient pas. […] Nous allons vous faire assister à ce chef-d’œuvre comme on doit assister à un tel drame, non pas dans une froide lecture, mais dans une sublime et unique représentation sur la première scène du monde, à Paris, et par la voix du premier des tragédiens modernes, Talma !

618. (1925) Portraits et souvenirs

» N’y entendons-nous pas comme un écho de la voix qui chantait à la Belle Viole la chanson du Vanneur de blé ? […] Elles ont gardé je ne sais quoi de rapide et de lapidaire, de martelé et de brusque qui me rappelle bien le geste et la voix du poète. […] Il me tardait d’entendre résonner, dans l’air si pur de ce ciel incomparable, la voix longtemps muette de la Marangona. […] Des voix se croisèrent : « Comment, déjà vous ? […] La voix brève renforçait cet aspect d’autorité.

619. (1874) Histoire du romantisme pp. -399

Sa voix métallique, riche en inflexions, se prête aussi bien aux éclats les plus tonnants du courroux et de la fureur qu’à la tendresse la plus caressante des murmures amoureux. […] Il a des larmes dans la voix et des accents de douleur tellement profonds qu’on croirait qu’il saigne intérieurement ; s’il se couvre les yeux avec les mains, on croirait entendre la Mort dire : Que la nuit soit ! […] Ces quelques partisans, peu nombreux mais fanatiques, le soutinrent de la voix et de la plume, et raffermirent dans la conscience de lui-même. […] Il avait déjà fait une messe à quatre voix avec chœurs et orchestre, une ouverture de Waverley, et la Symphonie fantastique, espèce d’autobiographie musicale où l’artiste fait raconter aux voix et aux murmures de l’orchestre ses rêves, ses amours, ses tristesses, ses désespoirs, ses cauchemars et ses folles terreurs nerveuses. […] Sa voix stridente en scandait chaque syllabe avec une lenteur cruelle qui augmentait l’oppression des cœurs.

620. (1913) Poètes et critiques

À cet ascendant de la personne, au charme du regard ouvert, lumineux et direct, aux caresses de la voix chaude, enveloppante, se joignaient toute la force des convictions, toute la précision des jugements, toute l’élévation de la pensée. […] Les ombres qui glissent sont de petits hommes sur de longs patins de bois, des espèces de Trolls : jambes torses, large face, des yeux bridés d’Asiatiques, et, quand ils parlent, une étonnante douceur de voix. […] Il écrivait alors : « Je n’entends pas un cri d’oiseau, rien, rien que le bruit d’une source, un petit bruit continu, allègre, pur, touchant comme un filet de voix humaine. […] Elle répond avec sa voix de « vieillard très cassé » : C’est moins drôle que tu ne penses. […] Après les Évangiles et les Commandements sans cesse médités, c’est aux Psaumes du roi David, c’est aux Confessions du plus humain des Pères de l’Église, saint Augustin, c’est aux effusions des mystiques passionnés, saint Bonaventure et sainte Catherine de Sienne, c’est aux commentaires de la religion, célèbres ou obscurs, que reste encore ouverte l’oreille de Verlaine converti ; mais c’est la voix de son remords purifié, la voix de ses espoirs transfigurés, tournés vers l’infini, qu’il écoute presque en tremblant et dont il rend les cris d’épouvante ou d’amour avec une simplicité sublime.

/ 1953