Au fond des profondeurs du ciel gris remuées Toute une ville étrange apparaît : des palais, Des campaniles d’or, hantés de clairs reflets, Et des grands escaliers croulant dans les nuées. Leur ombre grandissante envahit les galets Et Morgane, accoudée au milieu des nuages, Berce au-dessus des mers la ville des mirages. […] Le jour de joie est arrivé, cœurs, faites maison neuve, soyez bons, afin de mériter la vie heureuse qui va s’étendre sur les villes et les campagnes, jusqu’aux arbres loins comme des tentures. […] Ghil chante avec force la vie, la terre, les usines, les villes, les labours, la fécondité des ventres et des glèbes. […] C’est à lui, je crois, qu’on doit le mot fameux : « Il n’y a pas d’innocent », mot terrible et digne d’un prophète plus biblique, opinion grave qui nous mettait plus bas que la ville maudite d’où Loth ne devait sortir, il est vrai, que pour donner un exemple fâcheux aux familles futures.
Était-ce tout simplement le chat familier du théâtre qui n’avait pas assez mangé de souris ce jour-là, et qui en cherchait dans la tente d’Holopherne, ou plutôt au milieu des bouches affamées des Hébreux expulsés hors de la ville ?
« J’étais, me dit un jour un ami voyageur, D’un souvenir lointain ressaisissant la fleur, J’étais en Portugal, et la guerre, civile, Tout d’un coup s’embrasant, nous cerna dans la ville : C’est le lot trop fréquent de ces climats si beaux ; On y rachète Éden par les humains fléaux.
Raynouard, nous dit le biographe, touché de tant d’infortunes et des grâces naïves du petit Sicilien, lui témoigna le plus vif intérêt, se plaisant à le faire babiller dans son idiome natal, auquel l’accent de sa voix enfantine prêtait encore plus de charme. » Après un temps de repos, les voyageurs partirentpour le Bugue, petite ville du Périgord, où était né le père qui bientôt y mourut.
… Je laisse de côté les agréments prévus que nous réservent les six mois de la fête : la mêlée meurtrière des voitures et des piétons le long des boulevards — déjà impraticables aujourd’hui de cinq à sept heures ; pas un fiacre libre, plus une place dans les restaurants ni dans les brasseries ; l’enchérissement de toutes les choses nécessaires à la vie ; le Parisien accablé de maux, dépossédé de Paris, outlaw dans sa propre ville envahie par les barbares… Le dehors te fait peur : si tu voyais dedans !
Je ne suis pas assez sûr de la date exacte du Sonnet des voyelles pour avancer autrement qu’en hypothèse que Rimbaud a parfaitement pu écrire ce sonnet, non en province, mais à Paris ; que, s’il l’a écrit à Paris, un de ses premiers amis dans cette ville ayant été Charles Cros, très au fait de toutes ces questions, il a pu contrôler, avec la science, réelle et imaginative à la fois, de Charles Cros, certaines idées à lui, se clarifier certains rapprochements à lui personnels, noter un son et une couleur.
Vous savez que la ville de Bourg fait commerce de saboterie et de bijouterie.
Ce fut à Rouen, sa ville natale, qu’un secrétaire de Catherine de Médicis (nommé Chalons) l’engagea à apprendre l’espagnol et à étudier le théâtre écrit en cette langue.
La Fontaine était de Château-Thierry ; Racine de La Ferté-Milon, petite ville peu éloignée de Château-Thierry.
Chaussée, [Pierre-Claude Nivelle de la] de l’Académie Françoise, né à Paris en 1691, mort dans la même ville en 1754.
Or, la postérité est restée, à propos du Tableau de Paris, sous l’empire d’un mot cruel prononcé par un esprit séducteur : « C’est un livre — disait Rivarol — pensé dans la rue et écrit sur la borne », comme si la rue n’était pas un théâtre d’observation tout comme un autre, quand il s’agit des mœurs d’une grande ville, et même meilleur qu’un autre, quand il s’agit de ses monuments !
C’étaient de pauvres gens qui gagnaient leur vie à chanter par les villes les poèmes homériques, dont ils étaient auteurs, en ce sens qu’ils faisaient partie des peuples qui y avaient consigné leur histoire. — 3.
Romilly, dans son Journal particulier, invoque, à cette occasion, le témoignage de Sismondi lui-même, qui lui avait certifié que, dans la seule ville de Pescia qu’il connaissait bien, le chiffre des assassinats, avant l’intervention de la France, et depuis qu’on était délivré du joug français, avait été et était redevenu, terme moyen, de un par semaine, tandis qu’il ne s’en était commis presque aucun tant que la ville avait été sous l’autorité française. […] Du reste, je n’avais eu qu’à paraître ; maître absolu de la ville, j’y pouvais faire pendre cent personnes si c’eût été mon bon plaisir. » Durant cet entretien, suivi tout en marchant, Napoléon s’était échauffé.
Il fallait rendre la poésie populaire, appeler le plus grand nombre aux pures délices et aux sévères enseignements de l’art ; trouver, pour un pays encore partagé en classes, une langue qui ne fût ni au-dessous de la délicatesse des classes élevées, ni au-dessus de l’intelligence de la foule, une langue commune à la cour, à la ville et au peuple. […] Il avait, dit un biographe, Horace dans son cabinet, sous le chevet de son lit, sur sa toilette, dans sa mémoire, à la ville et aux champs ; et il l’appelait son bréviaire. […] Malherbe naquit dans cette ville, vers l’année 1555.
Aux murs, un ou deux de ces petits cadres qu’on gagne aux macarons et représentant l’Été ou le Printemps, et presque dans toutes les chambres, accroché à une petite glace d’étain, un zouave qui ressemble à un joujou d’enfant, et qui est fabriqué spécialement pour les maisons de prostitution du quartier et des villes de garnison. […] Pauvre misérable fou qui, dans les moments lucides de sa folie, fait, la nuit, d’interminables promenades, pour surprendre l’étrangeté pittoresque des ténèbres dans les grandes villes. […] … » Et longtemps, longtemps, il berce et amuse les côtés aventureux de votre âme par l’invraisemblance d’incidents qui vous mèneront à connaître des « étrangères puissamment riches et merveilleusement belles, dans une ville où il y aura des ruines ».
Pélagie, dont la curiosité est éveillée, avise le sergent de ville, se promenant sous sa fenêtre, et lui demande ce que c’est que ça. Et le sergent de ville de lui apprendre, que mon voisin est un ancien saltimbanque d’origine irlandaise, auquel un oncle a laissé quelque chose comme un héritage de cent mille livres de rente, qu’il est en train de manger… et qu’il a fait revenir son ancienne voiture de saltimbanque pour y remonter, quand il sera arrivé à son dernier billet de mille. […] En vue de Bar-le-Duc, ma pensée va à ce temps, où je suis venu dans cette ville, tout jeunet, tout plein de cette tendre flamme amoureuse, qui suit, à deux ou trois ans de là, la flamme amoureuse de la première communion.
J’aime le jeu, l’amour, les livres, la musique, La ville et la campagne, enfin tout. […] Dans le même livre (les Amours de Psyché), il s’est dépeint lui-même de la façon suivante ; et l’on y trouvera, avec moins de beauté de forme, exactement les mêmes traits : « Acante ne manqua pas, selon sa coutume, de proposer une promenade en quelque lieu hors de la ville, qui fût éloigné, et où peu de gens entrassent. […] Quand pourront les neuf Sœurs, loin des cours et des villes M’occuper tout entier, et m’apprendra des cieux, Les divers mouvements inconnus à nos yeux, Les dons et les vertus de ces clartés errantes Par qui sont nos destins et nos mœurs différentes ?
J’imaginais un vieux moine disant, de longues années après, un soir, à l’heure où toute la ville est rose, et où monte dans l’esprit la pensée du jour fini et celle du passé lointain : « J’étais de ce conseil ; j’y entendis parler don Christophe et, pour la joie de ma vie, je fus de ceux qui l’encouragèrent à partir sur les caravelles. » Hélas ! […] L’usine tombe en ruine ou se transforme ; les procédés du travail industriel se renouvellent incessamment ; les professions perdent leur physionomie ; l’aspect d’une ville, après vingt ans, est à peine reconnaissable, tandis que les champs, les bois, les fleuves, le ciel, tout ce que la vie paysanne remplit et pénètre est fait d’une beauté qui demeure et qui survit à une multitude de générations. […] » Non, elle habitait une ville un peu grande de province, au bord d’un fleuve aussi, pour que l’horizon fût plus large et d’une lumière plus variable.
Toute ville assiégée doit se rendre si l’ennemi n’est pas impatient ; cet axiome de guerre ne trouve pas encore de démenti cette fois ; la ville est prise et on devine de quelle façon l’ennemi va s’y conduire. […] Blancs et roses, ils s’angélisent, parmi les villes à beffroi des Flandres âgées. […] Outre un grand nombre d’impressions d’art prises à la vue d’un tableau, d’un coin de ville, d’église, l’Italie d’hier contient de précieux détails sur la vie italienne d’alors qui ne ressemble plus guère à celle d’aujourd’hui. Il s’en faut que les jugements des deux frères ressemblent à ceux des guides ou aux relations de voyageurs qui tombent en arrêt d’admiration devant les chefs-d’œuvre acceptés et convenus ; c’est ainsi que je trouve cette courte description de Florence : « Ville toute anglaise, où les palais sont presque du triste noir de la ville de Londres, et où tout semble sourire aux Anglais, et en première ligne le Moniteur Toscan, qui ne s’occupe que des choses de la Grande-Bretagne. […] Mais son Roi est à confesse, il lui faut descendre dans une misérable « fonda », d’où elle écrit à Don Carlos, attendant une audience : « C’était compter sans les inconvénients d’une ville où il y a plus d’hommes que de femmes.
Les deux villes qu’il a le plus aimées et qui ont eu sur lui le plus d’action sont Venise et Tolède. […] La ville impériale et royale avait d’autres habitants que des moines et des moniales adonnés aux macérations. […] Dans la Ville nous assistons à une révolution politique. […] Dans dernières pages de la Ville (seconde version), M. […] Louis XII, dès qu’il a pris la ville et dépossédé la dynastie des Sforza.
Une fois, pendant que le shôgoun faisait sa promenade dans la ville de Yédo, Hokousaï fut invité par le prince à peindre devant lui. […] Ici il faut énumérer les séries de Tókaïdô, la route principale reliant Yédo à Kiôto, et qui traverse les villes servant de stations. […] C’est une très grande planche, du format de nos plans de ville : un paysage imaginaire contenant cent ponts dans une seule vue, un paysage d’un pittoresque indescriptible. […] Vue du Fouji à travers la ville des fleurs (Yoshiwara) du côté de Sénjû. […] Un bateau à la forme de gondole, sur une rivière baignant une ville bâtie sur un rocher.
Nous repartîmes le lendemain ; nous arrivâmes dans une ville, où nous allâmes au théâtre et où je passai, il me semble, plusieurs jours.
Et de même qu’un comité de littérateurs s’occupe d’élever à Bruges un monument au poète de qui le nom est pour jamais lié à celui de cette ville, il faut souhaiter que soient rassemblés tous ces éléments complémentaires de l’œuvre de Georges Rodenbach.
MOLIERE, [Jean-Baptiste Pocquelin de] né à Paris en 1620, mort dans la même ville en 1673.
Cet ouvrage contient la liste des Académies établies à Paris & dans les différentes villes du Royaume, & celle des auteurs vivans & des écrivains morts depuis 1751.
Colbert, Evêque de cette ville, étoit un homme du premier mérite.
Beaucoup d’entre eux étoient encore nez ou élevez dans les maisons que leur maître avoit dans les villes, et ce maître ne leur avoit pas plaint une éducation qui tournoit toujours à son profit, soit qu’il voulut vendre ou garder ces esclaves.
Cependant trouvères, qui composent, et jongleurs, qui vont chantant par les villes, les uns et les autres sont peuple. […] La cathédrale de Limoges est mise précisément sous l’invocation de saint Étienne ; une rue de la ville porte encore, je crois, le nom de faubourg des Arènes. […] Il n’y est pas dit, comme aux registres de Nantes, que « le sieur Dufresne supplie très humblement », mais bien : « Le sieur Dufresne est venu dans cette ville nous rendre ses devoirs et nous dire qu’ils étaient en cette ville par l’ordre de monseigneur le gouverneur. » Les comédiens ne demandent pas, ils avertissent ; et de fait ils sont dans la ville, comme nous disons encore aujourd’hui, « par ordre ». […] Peut-être a-t-elle donné quelques représentations dans les villes voisines, parmi lesquelles on cite Vienne. […] Est-ce bien Molière qui donne dans cette même ville, le 27 février 1658, une représentation au profit des pauvres ?
C’est une ville que les touristes visitent peu et qui vaut la peine d’un arrêt. […] Sur les hauteurs sont perchés de vieilles tours écroulées, des villages qui ont l’air de forteresses, comme Poncianello, célèbre par ses belles filles, ou de vraies villes, comme Cerreto. […] Elle est, d’autre part, sanctifiée pour avoir vu naître saint Benoît, le fondateur du Mont-Cassin, l’auteur de la règle des moines d’Occident, dont la statue s’élève sur la place publique et qui aurait dû préserver sa ville natale d’un si mauvais renom. […] Il ne laissa neantmoins de parler à plusieurs hommes et femmes de ceste ville de Beauvais, lesquels adjoustèrent aucunement foy à ce qu’il leur faisoit entendre. […] Très jolie variante dans la version suisse : « Quand il sortit par la porte de la ville, il rencontra Notre Dame : — « Adieu, Vierge pure !
On barricada les villes, les villages, les routes, sans qu’il ait jamais été possible de savoir quel prétexte déterminait ce subit sursaut d’effroi universel. […] Le bourgeois, c’est, primitivement, le citoyen d’une ville affranchie, c’est l’homme libre par opposition au serf. […] Il nous est indiqué par le spectacle même de cet aviateur qui survole la ville. […] Reconnaissons simplement que l’équilibré n’est pas bien réglé entre cette ville admirable, mais tout près d’être monstrueuse par la pléthore de son activité, et les autres villes de notre patrie. […] Au lieu d’ambitionner Paris et les situations plus lucratives, ils demeureront dans la ville où un avenir opulent et bienfaisant se trouvera réservé à leur foyer.
Ma mère était de Boulogne même et s’appelait Augustine Coilliot, d’une vieille famille bourgeoise de la basse ville, bien connue. […] « Né dans l’honnête bourgeoisie, mais dans la plus modeste des conditions, Charles-Augustin fit ses études dans sa ville natale et y acheva même toutes ses classes, y compris la rhétorique, dans la pension laïque de M. […] La ville de Paris décerna un prix cette année-là. […] Biturix…..etc. » Inæquali carmina capta pede ; — à l’imitation de l’antique, l’écolier indiquait en quels vers (hexamètre et pentamètre) il avait écrit sa composition. — Il y eut encore, paraît-il, à Charlemagne, un nouveau prix de semestre, offert l’année d’après par la ville de Paris, et cette fois à l’occasion du baptême de M. le duc de Bordeaux, M.
» Au lendemain, vêtu d’une sequenie blanche, charge sur son dos les deux précieuses coignées, se transporte à Chinon, ville insigne, ville noble, ville antique, voire première du monde, selon le jugement et assertion des plus doctes Massorets. […] Cet homme, ainsi bâti, fut député des villes Que lave le Danube.
C’est toi qui as enfanté les villes pour faire vivre en société les hommes auparavant dispersés ! […] Tellement que, si nous sommes logés, si nous sommes vêtus et à couvert, si nous avons des villes, des murs, des habitations, des temples, c’est aux mains que nous le devons. […] Vois-tu cette ville qui, forcée par mes armes de se soumettre au peuple romain, renouvelle nos anciennes guerres et ne peut souffrir le repos ? […] Voyez avec quel juste et noble sentiment de lui-même il recommande à son fils de lire ses livres de philosophie, et spécialement celui-ci : « Voici un an, mon cher fils, que vous suivez les leçons de Cratippe, et que vous êtes à Athènes ; les enseignements de la sagesse, les ressources philosophiques, ne doivent pas vous manquer au milieu d’une telle ville et avec un si grand maître ; et, quand je pense à la science de l’un et aux exemples de l’autre, je vous trouve à bonne école.
À sa longue chevelure, à son col découvert, à l’indépendance de ses manières, à la mâle élégance qui le caractérisait, vous n’eussiez pas manqué de dire : Cet homme n’a pas vécu longtemps dans la vieille Europe ; notre civilisation, mère de la politesse affectée qui s’est répandue des cours dans les villes et des villes dans les villages, substituant de vains symboles à des sentiments réels, ne l’a pas marqué de son empreinte vulgaire. […] À l’aspect de ces côtes blanchissantes, en face de cette ville opulente dont le patronage pouvait me payer de tant de peines, dont l’indifférence pouvait aussi me laisser languir dans l’indigence et l’oubli, je ne pus m’empêcher de ressentir une terreur et une anxiété profondes. […] Des villages, des hameaux et des villes ont envahi ces domaines (en 1825).
Prélat belliqueux, il a un régiment qu’on nomme le régiment de Corinthe, parce qu’il est évêque in partibus de cette ville infidèle. […] C’est un fait propre à la France moderne que cet effacement presque complet des provinces, que cette concentration des forces vives de la nation dans une seule ville. […] On peut se demander si la corruption inhérente aux grandes villes n’a pas marqué certains écrivains d’une tache ineffaçable. […] Du reste, comme il y a eu de nombreuses étapes dans la marche de la France vers l’unité et qu’un commencement de mouvement en l’autre sens paraît se dessiner, il est toujours important de noter en chaque époque quelles extinctions ou quelles résurrections de la vie locale se sont produites ; quelles villes, quelles provinces, quelles régions ont adopté ou combattu les modes et les mots d’ordre venant de la capitale.
Considérations sur l’art wagnérien — 1 — I Par toute la terre s’il est une ville qui ne soit d’aucun lieu ; une ville ? […] Kundry : Je suis le Parsifal féminin ; le désir et l’erreur… Ich sah ihn… je l’ai vu, lui, l’amant, et j’ai ri… « Moi Hérodias, Gundryggia, Kundry, L’Innommée, l’Eve, Femme de tous les temps, j’ai fait ceci : par les antiques villes très joyeuses et tranquilles des âges omni-historiques, fille errante et nubile d’amour, j’allais les attentes de l’Amant ; et vint l’instant des destinées : c’était en d’incertaines occurrences, à l’exemple de soirs d’automne, et dans la ville ; des plus éloignés lointains sortait-il ?
On peut lire dans les Mémoires de Goethe le récit du séjour qu’il fit dans cette ville savante, et assister au mouvement littéraire tout germanique qui s’y agitait dans un cercle choisi d’étudiants. […] Dans quelques-unes, on doit reconnaître le ton sauvage qu’inspire la vue des Alpes et de l’Apennin ; longtemps réfugié au sein de leurs glaces éternelles, je ne sais si je suis de mise au milieu d’une grande ville, et c’est avec quelque méfiance que je viens y porter un ton et des mœurs étrangères.
Le monde que nous fait voir Tallemant, c’est la ville proprement dite, la ville à l’époque de Mazarin, avant ou après la Fronde et sous la minorité de Louis XIV, ce qui répond assez dans notre idée à ces premières satires de Boileau des Embarras de Paris et du Repas ridicule, le Paris où remuait en tous sens une bourgeoisie riche, hardie et libre, dont les types sont dans Molière, dont Gui Patin est le médecin comme attitré, et dont sera un jour Regnard.
» Tout ce qu’on trouve de faits singuliers dans cette vie de Philelphe par Favre est inimaginable : à chaque cité nouvelle que visite ce condottiere des lettres, ce héros de l’érudition errante, Favre nous donne l’histoire politique de la ville et l’état détaillé des études. […] » Pour Guillaume Favre le bonheur n’était point si court qu’un brûlant été, ni si passager qu’un jour d’orage ; il sut le fixer autant qu’on le peut ici-bas, et il se serait plu sans nul doute à répéter et à s’appliquer à lui-même, s’il l’avait connue, cette page riante et modérée que je lisais dernièrement dans le journal familier d’un homme de son âge, et qui y est inscrite sous ce titre assez naïf, Le Paradis sur terre 42 : En faisant ce matin, de bonne heure, une promenade agréable et par le temps le plus délicieux, respirant l’air le plus pur et admirant la tranquille et paisible gaieté du paysage, je me disais : Un homme de Moyen Âge, jouissant d’une bonne santé et d’une fortune un peu au-dessus de ses besoins stricts, et par là dans une situation sociale indépendante, pouvant se donner le séjour de la campagne en été, celui d’une grande ville en hiver, ayant quelque goût pour la littérature et les beaux-arts, usant de tous ces avantages qui peuvent cependant se trouver réunis assez facilement, et les appréciant avec un peu de philosophie, ne pourrait-il pas dire qu’il serait ingrat de penser avec le sage Salomon : Vanité des vanités, tout n’est que vanité ?
Il était né à Padoue, grande ville municipale, et qui avait chez elle un abrégé et une image des institutions politiques de la mère cité. […] On ne sait précisément à quelle époque il vint à Rome ; il est probable qu’il y vint après la victoire d’Actium, âgé d’environ trente ans ; il commença son histoire dans ces belles années d’Auguste, et quand le temple de Janus était fermé pour la troisième fois depuis la fondation de la ville.
Respecte cette gloire ancienne et cette vieillesse elle-même qui, vénérable quand elle se rencontre dans les hommes, est tout à fait religieuse et sacrée dans les villes. […] La race grecque est encore, malgré tous ses mélanges et ses altérations, une race d’élite, aisément reconnaissable : « On a beau considérer à Athènes, ou dans une autre ville grecque, toutes les physionomies qui passent et repassent devant les yeux, il n’y en a pas une qui soit vulgaire, niaise, assottie, plate, éteinte, bonasse, moutonnière, badaude, végétative.
Il avait vu à Londres Saint-Évremond ; à Paris, il était des familiers du Temple, des habitués du café Laurens ; il s’essayait au théâtre par de froides comédies ; il paraphrasait les psaumes que le maréchal de Noailles lui commandait pour la cour, et composait pour la ville d’obscènes épigrammes, qu’il appelait les Gloria Patri de ses psaumes. […] Tantôt, flottant entre un passé gigantesque et un éblouissant avenir, égarée comme une harpe sous la main de Dieu, l’âme du prophète exhalera les gémissements d’une époque qui finit, d’une loi qui s’éteint, et saluera avec amour la venue triomphale d’une loi meilleure et le char vivant d’Emmanuel ; tantôt, à des époques moins hautes, mais belles encore et plus purement humaines, quand les rois sont héros ou fils de héros, quand les demi-dieux ne sont morts que d’hier, quand la force et la vertu ne sont toujours qu’une même chose, et que le plus adroit à la lutte, le plus rapide à la course, est aussi le plus pieux, le plus sage et le plus vaillant, le chantre lyrique, véritable prêtre comme le statuaire, décernera au milieu d’une solennelle harmonie les louanges des vainqueurs ; il dira les noms des coursiers et s’ils sont de race généreuse ; il parlera des aïeux et des fondateurs de villes, et réclamera les couronnes, les coupes ciselées et les trépieds d’or.
Gentilhomme, je ne sais pas bien s’il l’est en effet ; mais il faut croire à présent qu’il en a du moins les airs, puisque Dorine, son ennemie, dans le couplet où elle raille Marianne, admet elle-même qu’il tiendrait bon rang dans sa province : Vous irez par le coche en sa petite ville, etc. […] Et cette noblesse, Dorine elle-même ne paraît pas la mettre en doute, lorsqu’elle dit à Marianne : Vous irez par le coche en sa petite ville… D’abord chez le beau monde on vous fera venir.
Le peintre Gauguin, surnommé « le peau rouge », Vrai sauvage égaré dans la ville de pierre, incapable de s’adapter à notre civilisation, aspirait à retourner vivre dans les îles du Pacifique et papouanisait avec la négresse qu’il avait ramenée de Tahiti. […] Avez-vous remarqué que l’azur du ciel parle mieux à l’âme dans les villes et que les fleurs y sont plus émouvantes ?
Peut-il exister en dehors des divers systèmes politiques, aux confins des doctrines qui se combattent et se font la guerre, un terrain plus ou moins neutre, une sorte de lisière, où l’on est bien venu à errer un moment, à rêver, à se souvenir de ces choses vieilles comme le monde et éternellement jeunes comme lui, du printemps, du soleil, de l’amour, de la jeunesse ; à se promener même (si la jeunesse est passée) un livre à la main, et à vivre avec un auteur d’un autre âge, sauf à en raffoler tout un jour et à demander ensuite, en rentrant dans la ville, à chaque passant qu’on rencontre : L’avez-vous lu ? […] Il se compare, faisant son livre, à un homme de santé et de loisir qui, déjà à son aise, s’en va au printemps acheter loin de la ville, sur quelque colline favorable, un enclos modeste où il se promène aux heures choisies : Pensez-vous, dit-il, que cet homme se soit informé, à l’avance, du revenu de son jardin ?
Elle était, on le sait, dans cette ville au moment où l’on apprit le débarquement de Napoléon en Provence (mars 1815). […] L’opinion de la ville lui était toute favorable et dévouée ; c’étaient les troupes et la garnison qui semblaient incertaines, du moment que l’aigle et le grand capitaine reparaissaient.
Dans En Ménage, le début, où, par une nuit nuageuse, André et Cyprien, parcourent lentement une rue endormie, l’aspect particulier du pavé, le marchand de vin fermant sa boutique à l’approche silencieuse de deux sergents de ville, tandis qu’un fiacre cahote et butte sur le pavé, est assurément le récit détaillé de la série d’impressions que procure une rentrée tardive. […] La plaine gorgée de sang moutonna comme une mer de pourpre ; deux cent mille cadavres barrèrent la route, brisèrent l’élan de cette avalanche qui, divisée, tomba éclatant en coups de foudre sur l’Italie, où les villes exterminées flambèrent comme des meules ».
Grâce à eux, le fameux numéro a couru déjà toute la ville ; et, pendant trois jours, leur salon a présenté l’aspect d’un vrai cabinet de lecture. […] Nul concours de sergents de ville ne se pressait sur nos pas. — J’ose même espérer que, si mes jambes me permettent un jour de faire le tour de France de l’écrivain, c’est-à-dire le tour de la presse parisienne, on ne me fermera pas au nez la porte des gazettes en criant à la garde !
Les villes s’honoraient d’un athlète célèbre aussi bien qu’elles se disputaient la naissance d’un poète illustre. […] Représentez-vous le vieillard de Chio, pauvre, aveugle, délaissé, errant, parmi les solitudes, ou mendiant son pain parmi les peuples des villes : est-ce là ce roi de l’épopée, promettant au monde et Virgile, et le Tasse, et Milton ?
C’est nous qu’elle appelle, pour nous humilier et nous aplatir, les sergents de ville du feuilleton ! Les sergents de ville du feuilleton !
Ils ignorent Verhaeren et ses Villes Tentaculaires, ses adorables Petites Légendes et son récent recueil, les Forces Tumultueuses, tout plein d’un bruit de villes, d’un choc de métaux et d’activité industrielle, mais où l’on trouve aussi des vers comme ceux-ci : Dès le matin, par mes grandes routes coutumières Qui traversent champs et vergers, Je suis parti clair et léger Le corps enveloppé de vent et de lumière.