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1604. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Benjamin Constant et madame de Charrière »

Une lettre de Benjamin Constant à Mme de Charrière, publiée par la Revue Suisse 186, a donné le récit de cette première rencontre, de ces premiers entretiens ; il ne s’y montre pas encore revenu de ses impressions antérieures : « 30 septembre 1794… Mon voyage de Coppet a assez bien réussi. […] Je crois que son activité est un besoin autant et plus qu’un mérite ; mais elle l’emploie à faire du bien… » Ce qu’il y a d’injuste, de restrictif dans ce premier récit se corrige généreusement, trois semaines après, dans la lettre suivante, qui nous rend son impression tout entière, et qui mérite d’être connue, parce qu’elle a en elle un accent d’élévation et de franchise auquel tout ce qui précède nous a peu accoutumés, parce qu’aussi elle représente avec magnificence et précision, en face d’une personne incrédule, ce que presque tous ceux qui ont approché Mme de Staël ont éprouvé.

1605. (1909) Nos femmes de lettres pp. -238

On connaît l’affabulation de ce récit : Emma Kosilis, unique dans l’œuvre de Renan, qui par les nuances du détail créant la progression de l’intérêt, nous montre le merveilleux conteur qu’eût pu devenir, s’il s’en était mêlé, le savant exégète des origines ; il nous marque aussi bien la psychologie amoureuse d’une Bretonne passionnée. […] D’avoir retrouvé dans ce bref récit : Esclave, si ramassé dans sa forme, toutes les vertus de notre génie français, ce fut pour nous la plus vive satisfaction.

1606. (1932) Le clavecin de Diderot

Ce que Crevel emprunte à Diderot dans cet essai, au-delà de la métaphore du clavecin, c’est avant tout la liberté de la forme : le jeune surréaliste nous joue dans ces pages une véritable rhapsodie dans laquelle peuvent s’enchaîner une réflexion sur une expression de Hegel et une méditation sur les corsets, une diatribe contre l’Eglise et un récit de rêve… Il n’hésite pas non plus à y insérer un long poème sur les « grosses molles républiques » et une audacieuse psychanalyse de la vie de Jésus. […] Thaïs est le titre d’un roman d’Anatole France publié en 1890, inspiré du récit de la vie de sainte Thaïs.

1607. (1891) Esquisses contemporaines

Qu’on se rappelle, pour comprendre ce que je veux dire, le récit de la tempête sur les côtes de Chine, ou la description de la vie de bord dans les grandes mers australes. […] L’horizon sur lequel se détache le récit est uniforme et triste comme les brumes de la mer et toujours un retentissement d’infini résonne au-dessus des situations pour les ramener à leur juste valeur. […] Écoutons, à ce propos, le récit mémorable que nous fait l’écrivain de la manière dont il est parvenu à l’assurance que l’homme, malgré tout, est aimé par un Dieu d’amour : « Dans ses pages les moins oubliées, Théodore Jouffroy retrace avec une éloquence un peu voulue la nuit où s’ébranlèrent les croyances de sa jeunesse.

1608. (1904) Le collier des jours. Souvenirs de ma vie

Selon toute apparence, ce bizarre projet prenait sa source dans les récits du père Rigolet, dont, malgré leur incohérence, j’avais retenu bien des choses. […] Ce qu’étaient ces histoires, je n’en ai aucune idée, je me souviens seulement que l’art des transitions, dans le récit, me manquait complètement… Je n’avais qu’une seule formule : Et puis… Et puis ! […] Ce n’était guère l’avis du brave confesseur, qui, au récit de mes méfaits, avait des pouffements contenus, qui jaillissaient, parfois, en gloussements si drôles, que je me mettais à rire aussi, et nous arrivions à de tels éclats, que la sœur Marie-Jésus, qui était sacristine, prenait sur elle d’ouvrir brusquement la porte du confessionnal et de m’en faire sortir, en murmurant, pâle de colère : — Cette petite-là est tellement pervertie, qu’elle est capable de causer la perdition, même d’un prêtre !

1609. (1898) Impressions de théâtre. Dixième série

Je ne répéterai pas non plus que cette tragédie élémentaire, lyrique surtout, à peine sortie encore de la liturgie des dionysiaques, et qui doit suffire à tout avec deux acteurs, est pourtant dramatique déjà ; et que l’attente angoissante de la mauvaise nouvelle et l’explosion de désespoir qui suit le récit du messager y sont graduées avec un art simple et puissant. […] Non nobis, Pallas Athéné, non nobis… « Ô maîtresse, dit le courrier à la reine Atossa, c’est un dieu vengeur qui a tout conduit. » Le merveilleux récit de la bataille (en est-il un plus beau ? et qu’est-ce, auprès, que le récit de Rodrigue ?) […] [Pierre Decourcelle — Idylle tragique] Oui, le roman et le théâtre sont deux représentations de la vie d’espèces fort différentes ; et il est donc impossible de tirer une bonne pièce d’un roman qui est bien un roman, c’est-à-dire tout formé de récit et d’analyse ; on ne saurait, dis-je, l’en « tirer », puisqu’elle n’y est pas. […] Ou, si vous voulez, il est regrettable que les signes de cet orgueil nous soient seulement « rapportés » ; qu’ils soient « en récit » et non pas « en action. » Et il est plus déplorable encore que le revirement spirituel de Jean se manifeste par des propos si outrés, si imprévus, et avec une brutalité si invraisemblable.

1610. (1910) Propos de théâtre. Cinquième série

« Quand elle quitte le récit pour le dialogue [non pas toujours : Gautier oublie déjà Claudie ; on est toujours, surtout comme critique dramatique, sous l’impression du moment], au lieu de se livrer à sa passion, à son ardeur, à son éloquence, à son lyrisme, elle cherche toutes sortes de qualités négatives contraires à sa nature et à son talent. […] Il n’est nul fait guerrier dont le cœur ne s’éprenne, Et tu tressailles d’aise au récit d’un combat, Et tu lis sans pâlir les horreurs de Turenne Dans le Palatinat. […] C’est ainsi que je résume, exactement, je crois, le passage très médité, très pesé, non sans mérite, non sans vérité aussi, mais évidemment peu sympathique, que tout le monde connaît, mais qu’il convient de rappeler aux mémoires et que l’on peut tenir pour la profession de foi de tous ceux qui, assez intelligents pour comprendre Racine en somme, ont pour lui une animadversion, soit innée, soit d’école : « Un grand art de combinaison, un calcul exact d’agencement, une construction lente et successive, plutôt que cette force de conception, simple et féconde, qui agit simultanément comme par voie de cristallisation autour de plusieurs centres dans les cerveaux naturellement dramatiques ; de la présence d’esprit dans les moindres détails ; une singulière adresse à ne dévider qu’un seul fil à la fois ; de l’habileté pour élaguer plutôt que de la puissance pour étreindre ; une science ingénieuse d’introduire et d’éconduire ses personnages ; parfois la situation capitale éludée, soit par un récit pompeux, soit par l’absence motivée du personnage le plus important ; et, de même, dans les caractères, rien de divergent ni d’excentrique ; les parties accessoires, les antécédents peu commodes supprimés ; et pourtant rien de trop nu ni de trop monotone ; mais deux ou trois nuances assorties sur un fond simple ; — puis, au milieu de tout cela, une passion qu’on n’a pas vu naître, dont le flot arrive déjà gonflé, mollement écumeux et qui vous entraîne comme le courant blanchi d’une belle eau : voilà le théâtre de Racine. » Cette page, extrêmement remarquable du reste, mais un peu énigmatique, parce qu’elle est comme un conglomérat d’allusions, Sainte-Beuve l’explique par les exemples qu’il y rapporte et que, pour ainsi dire, il y met en marge et en renvois. […] Et ce dénouement en récit ? […] [« la situation capitale éludée, soit par un récit pompeux… »].

1611. (1895) Impressions de théâtre. Huitième série

Je laisse le mirifique récit du mariage de don Japhet avec la belle Azatèque, fille du cacique Uriquis, et son inimitable apostrophe à ses laquais :                                Holà ! […] Oui, souvent, ce qui est mis sous nos yeux nous frappe plus que ce qui nous est raconté ; oui, l’action est d’ordinaire plus émouvante que le récit.

1612. (1911) Nos directions

Or, ce récit, au lieu de transporter d’extase les Moines, réveille en eux jalousie, haine, envie, et le Prieur en vain leur impose silence ; le moine Thomas, homme actif, cupide, rusé veut l’anéantissement complet de son rival. — Qu’il laisse Balthazar s’anéantir lui-même ! […] — toutes les subtilités d’une atmosphère, — souvenez-vous de ces quelques vers de la Chanson d’Eve, — tous les mouvements d’une âme, et je vous renvoie aux admirables poèmes dramatiques de Francis Vielé-Griffin, à Phocas le Jardinier, à Sainte Marguerite de Cortone, au récit du marchand païen qui a acheté la chrétienne Julie, Sainte Julie, qui l’aime, qui par amour se laisse convertir… mais citerai-je ? […] Dans sa préface (Romans et Récits.

1613. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre I. Principe des mœurs sous l’Ancien Régime. »

Merlin de Thionville, Vie et correspondance  Récit de sa visite à la chartreuse de Val-Saint-Pierre en Thiérache.

1614. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VII. Les poëtes. » pp. 172-231

J’ai beau lire les témoignages des contemporains et même ceux des modernes, me répéter qu’en son temps il fut le prince des poëtes, que son Épître d’Héloïse à Abeilard fut accueillie par un cri d’enthousiasme, qu’on n’imaginait point alors une plus belle expression de la passion vraie, qu’aujourd’hui encore on l’apprend par cœur comme le récit de Théramène, que Johnson, ce grand juge littéraire, l’a rangée parmi « les plus heureuses productions de l’esprit humain », que lord Byron lui-même l’a préférée à l’ode célèbre de Sapho.

1615. (1860) Cours familier de littérature. X « LIXe entretien. La littérature diplomatique. Le prince de Talleyrand. — État actuel de l’Europe » pp. 289-399

Nous avons entendu nous-même ce récit, à la fois pastoral et romain, du temps des proscriptions, de la bouche de cette belle matrone française, devenue, après la restauration, ambassadrice de France auprès d’une grande cour de famille.

1616. (1864) Cours familier de littérature. XVII « Ce entretien. Benvenuto Cellini (2e partie) » pp. 233-311

Voici le récit de la première audience accordée à Benvenuto par François Ier : « Le cardinal informa bientôt le roi de mon arrivée ; et ce prince voulut me voir sur-le-champ.

1617. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (2e partie) » pp. 315-400

. — Et puis un nombre infini de légendes, qui se mêlent toujours au récit et sont employées pour ainsi dire proverbialement.

1618. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 octobre 1885. »

Ceux qui veulent connaître ma vraie pensée sur le public parisien qui a pris part à la chute de mon Tannhæuser, au Grand-Opéra, n’ont qu’à lire le récit que j’ai fait, peu après, de cet épisode, et qui a été reproduit dans le septième volume de mes œuvres complètes.

1619. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIe Entretien. Le 16 juillet 1857, ou œuvres et caractère de Béranger » pp. 161-252

Les récits villageois de batailles, de conquêtes, d’exploits nationaux, faits à tous les foyers et à toutes les tables populaires par des guerriers, ses fils, ses voisins, ses compatriotes, dont les grades, les uniformes, les blessures, ajoutaient l’autorité de l’héroïsme à l’aigreur du mécontentement, fanatisèrent peu à peu de gloire posthume la France irréfléchie des campagnes et des villes.

1620. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre I. Des poëtes anciens. » pp. 2-93

(*) Tout ce qui est en prose est assez délicatement tourné ; c’est un tissu d’avantures, où l’on s’écarte le moins qu’il est possible, de la vraisemblance, & dont le récit peut plaire à ceux qui aiment des lectures aussi dangereuses que frivoles ; mais la versification en est presque toujours fort négligée.

1621. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Discours sur le système et la vie de Vico » pp. -

Un ami qui le trouvait un jour avec elles, ne put s’empêcher de répéter ce passage du Tasse : C’est Alcide qui, la quenouille en main, amuse de récits fabuleux les filles de Méonie.

1622. (1923) Les dates et les œuvres. Symbolisme et poésie scientifique

C’est autour de l’« Eden » mallarméen que s’organisent les chapitres de ce qui semble d’abord une simple chronique de la vie littéraire des 1880 et 1890, mais s’avère bientôt le récit de la confrontation prestigieuse de son auteur aux tenants de l’idéalisme poétique. […] Je lisais tantôt un récit des exploits du sieur Carrier, représentant du peuple, et proconsul à Nantes. […] Francis Viélé-Griffin ne devait donner que l’année suivante sa Cueille d’avril, simple plaquette où tandis que des poèmes attestaient le souvenir de Hugo et un tempérament peut-être encore romantique, d’aucuns, reliés entre eux et préoccupés de construction unitive, étaient en puissance des amples Récits légendaires et dramatiques de demain En cette année 1885, avec son ami de Régnier., il commençait à donner ses premiers vers à « Lutèce » : laissant là la peinture qui l’avait premièrement séduit, à laquelle il reviendra pourtant de temps à autre pour son plaisir, ainsi qu’à de vieilles amours. […] Basse la voix qui contait, sa mimique détail à détail développait une suggestion intense : récit et geste, tout était simple, mais ce qu’ils exprimaient, c’était l’inconscient épouvantable de la Bêtise, de l’Ignorance, de la Duplicité, la haine native de la Beauté  et de quelle énormité contrastée, alors que Bonhomet, resserrant lentement ses mains tueuses sur le cou de l’oiseau idéal, s’attardait d’âme poétique !

1623. (1903) Propos de théâtre. Première série

Son récit a eu la couleur épique en même temps que le caractère de la personne qui le fait se révélait et s’accusait dans chaque vers. […] Les plus beaux discours et les plus beaux récits que je connaisse sont dans Corneille ; Remarquez-le, on était lyrique, aussi, quelquefois, non sans succès. […] Il comprenait qu’il avait fait entrer, à peu près pour la première fois, la poésie dans le théâtre, et sans la prodiguer jamais, sans la mettre jamais là où il n’était pas naturel qu’elle éclatât, toujours surveillé par son goût de la mesure, et par son sens dramatique si sûr, et par son instinct scénique infaillible, cependant — et le récit de Théramène en est un signe — c’était à faire encore plus large au théâtre la part de la poésie proprement dite et de l’imagination, que de plus en plus il inclinait. […] Il faut en chercher les modèles dans le récit du procès de Chicaneau (acte II), et dans les plaidoyers de l’intimé et de Petit-Jean à l’acte III.

1624. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre V. La Renaissance chrétienne. » pp. 282-410

Plusieurs poëtes, Drayton, Davies, Cowley, Giles Fletcher, Quarles, Crashaw, écrivent des récits sacrés, des vers pieux ou moraux, de nobles stances sur la mort et l’immortalité de l’âme, sur la fragilité des choses humaines et sur la suprême providence en qui seule l’homme trouve le soutien de sa faiblesse et la consolation de ses maux. […] Les mémoires, même ceux de Ludlow, de mistress Hutchinson, sont longs, ennuyeux, véritables factums dépourvus d’accent personnel, vides d’effusion et d’agrément ; tous, « ils semblent s’oublier et ne s’occupent que des destinées générales de leur cause410. » De bons ouvrages de piété, des sermons solides et convaincants, des livres sincères, édifiants, exacts, méthodiques, comme ceux de Baxter, de Barclay, de Calamy, de John Owen, des récits personnels comme celui de Baxter, comme le journal de Fox, comme la vie de Bunyan, une grande provision consciencieusement rangée de documents et de raisonnements, voilà tout ce qu’ils offrent ; le puritain détruit l’artiste, roidit l’homme, entrave l’écrivain, et ne laisse subsister de l’artiste, de l’homme, de l’écrivain, qu’une sorte d’être abstrait, serviteur d’une consigne.

1625. (1856) À travers la critique. Figaro pp. 4-2

L’homme de goût se laisse prendre au style du virtuose, l’homme du peuple, au ton de vérité ou au comique du récit tous les deux à l’émotion bien sentie du chanteur. […] Je crains que Méry n’ait été piqué d’émulation à cet aimable récit du chroniqueur.

1626. (1861) Questions d’art et de morale pp. 1-449

Elle transporte le sentiment et le récit de l’éternité dans le temps, des attributs de la divinité aux exploits des héros ; elle remplace la forme primitive de l’hymne, l’exclamation, l’énumération, la litanie, par la narration. […] L’ode représentait la louange des dieux, la supplication, la prière ; l’épopée, c’était l’enseignement, le récit didactique des actions des dieux et des préceptes sociaux compris aussi dans le culte, et préliminaire de l’initiation ; enfin, le drame figurait humainement les péripéties de l’expiation, du sacrifice, base de tout culte. […] C’est un récit épique du siège de Lyon. […] Le Voyant, appelé à traduire, dans la langue impuissante et successive des hommes, cette impression de l’éternité, conserve, dans son magnifique récit, toute la rapidité, toute la grandeur de son inspiration. […] Et que fut Ésope d’après tous les récits de l’Orient et de la Grèce ?

1627. (1853) Histoire de la littérature française sous la Restauration. Tome I

M. de Maistre va jusqu’à supposer les objections contre la restauration pour les réfuter ; tout est prévu, tout est touché dans ce livre : la manière dont une contre-révolution pourra s’opérer, les prétendus dangers d’une contre-révolution, les biens nationaux, les vengeances, les avantages de l’ancienne constitution française ; enfin, il termine par des fragments d’une Histoire de la révolution de David Hume, dans lesquels il cherche un récit prophétique de la fin qu’il assigne à la révolution française. […] En 1809, il arriva aux vérités surnaturelles de la religion révélée, qu’il présenta comme le complément et comme la sanction de la première ; c’est à cette occasion qu’il prononça cette phrase célèbre : « La religion est aujourd’hui obligée de faire son apologie devant ses propres enfants, comme autrefois devant les Gentils et les Juifs. » Presque aussitôt après, il fit, sur l’indifférence en matière de religion, une conférence qui attira un concours prodigieux et produisit une impression profonde : « Je ne vous dis pas, s’était-il écrié en commençant, Croyez avant d’examiner, mais examinez pour croire. » Le 19 mars 1809, il établit à l’aide des travaux de Cuvier, alors nouveaux, l’exactitude des récits mosaïques sur la création et sur le déluge.

1628. (1908) Esquisses et souvenirs pp. 7-341

Nous avons tous connu de ces causeurs qui font sans cesse et solennellement le récit de leur chef-d’œuvre à venir. […]   … Nous possédons deux vieux récits italiens sur les aventures de Roméo et Juliette. Ces récits sont touchants et gracieux ; Shakespeare y puisa l’ensemble de la pièce et plus d’un détail.

1629. (1908) Promenades philosophiques. Deuxième série

Les évangiles sont des récits légendaires, rédigés pour l’édification des fidèles. […] Le récit que M.  […] Cent cinquante photographies, d’une parfaite netteté, aident singulièrement à comprendre des récits qui, sans cela, auraient un peu l’air de se passer dans la lune.

1630. (1858) Du roman et du théâtre contemporains et de leur influence sur les mœurs (2e éd.)

Et comment ne pas être, au bout de ce triste récit, tenté de dire, comme le fils du brave et malheureux Pierre Huet : « C’est vrai : vice, crime, infamie, voilà les seules choses qui ne trompent jamais160… » Nous ne finirions pas si nous voulions rappeler toutes les figures de ce genre tombées de la plume du même écrivain. […] S’il y a dans le récit une grande dame et une ouvrière, on peut être sûr que la première est pour le moins adultère, et que la seconde est un modèle de toutes les vertus. […] Qu’on se figure une longue suite de récits étranges, où l’art n’est pas moins sacrifié que la vérité, et le sens commun que la morale ; et où se trouvent rassemblés, entassés tout ce que l’histoire et la fable, la tradition et la crédulité peuvent fournir de scènes atroces, de tableaux révoltants, d’iniquités odieuses, de monstruosités ; et de cet effroyable amas de crimes et d’horreurs accumulés à plaisir, de ce martyrologe fantastique où le peuple est l’éternelle victime, et les grands, les riches, les éternels bourreaux, une seule et même conclusion sortant à chaque page, c’est-à-dire la haine de tout ce qui est gouvernement, pouvoir, religion ; la malédiction contre tout ce qui s’appelle rois ou prêtres, contre tout ce qui possède l’autorité ou la richesse.

1631. (1864) Corneille, Shakespeare et Goethe : étude sur l’influence anglo-germanique en France au XIXe siècle pp. -311

Le roman de Delphine imitait la Nouvelle Héloïse jusque dans cette forme épistolaire qui se prête à merveille aux expansions lyriques, mais qui ralentit l’action et l’intérêt du récit, et finit par impatienter le lecteur, même dans l’œuvre admirable de Jean Jacques. Il est vrai que Mme de Staël a su jeter plus de variété que son modèle dans le cours du récit, mais son talent beaucoup moins poétique que spirituel, se prêtait assez peu à la forme qu’elle avait adoptée, et ne suffisait ; pas pour en remplir le cadre avec autant de richesse. […] Walter Scott enseigna aux écrivains français ce qu’on appela la couleur locale, c’est-à-dire l’art de se transporter entièrement à l’époque du récit, d’en retracer les mœurs, les costumes, et le langage. […] Il ne suffit que d’avoir le mot du dénouement pour s’abstenir de lire le récit tout plein de réticences qui y conduit.

1632. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Eugène Gandar »

C’est pour eux autant que pour moi que j’étudie ; car je suis pénétré d’une vive reconnaissance envers ceux qui m’ont permis de compléter ainsi mes premières études, et je n’oublierai jamais qu’en acceptant cette mission, j’ai contracté envers l’État une de ces dettes que l’on n’acquitte qu’avec les efforts de toute une vie. » Il avait fait, en septembre-octobre 1848, un petit voyage en Arcadie et en Élide, dont il envoya un récit détaillé à son frère.

1633. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. de Rémusat (passé et présent, mélanges) »

Demandez-lui compte de son travail, à peine saura-t-il vous en faire le récit.

1634. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (1re partie) » pp. 313-408

Abandonne la plainte à la vierge abusée, Qui, sur ses longs fuseaux se pâmant à loisir, Dans de vagues élans se complaît, amusée        Au récit de son déplaisir.

1635. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre huitième »

Si le récit peut en être à la gloire de Racine, on me pardonnera de citer une anecdote personnelle.

1636. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1875 » pp. 172-248

Il cause d’une manière bonhomme, charmante, s’amusant de ce qu’il raconte, et coupant quelquefois son récit d’un rire sonore, qui se répète deux fois dans sa bouche.

1637. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre dixième. Le style, comme moyen d’expression et instrument de sympathie. »

Il y a aussi une certaine manière d’écrire qu’on peut appeler le style abandonné ; elle laisse les idées et les images se succéder au hasard des événements ou des associations habituelles : c’est le style du récit ; c’est la vraie prose, celle de M. 

1638. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XI : Distribution géographique »

Le récit des Géorgiques a sur celui de l’Évangile l’avantage d’une authenticité incontestée.

1639. (1904) Essai sur le symbolisme pp. -

« Le poète ne sera plus lui-même la matière unique de ses chants ; il ne nous fatiguera plus du récit de ses bonnes fortunes ou du souvenir de ses débauches ; il ne sera plus Byron, ni Musset, ni Don Juan.

1640. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre III. La Déformation de l’Idéal classique (1720-1801) » pp. 278-387

. — Mais, autant que de Dufresny, Montesquieu s’est inspiré des Caractères de La Bruyère et du Diable boiteux de Le Sage ; — du Télémaque de Fénelon [Cf. l’épisode des Troglodytes] ; — des récits de voyages de Tavernier et de Chardin ; — et même des Mille et Une Nuits. — Fâcheux développement de l’intrigue de harem dans les Lettres persanes ; — et que Montesquieu ne renoncera jamais à ce genre de tableaux [Cf. son Temple de Gnide ; Arsace et Isménie, etc.]. — La satire des mœurs contemporaines dans les Lettres persanes [Cf. notamment lettres 48, 57, 72, 143, etc.] ; — et qu’elle va bien plus profondément que la satire de Le Sage ou de La Bruyère [Cf. 24, 29, 44, 68, etc.]. — La dernière partie du livre. — De la singulière importance que l’auteur y donne, longtemps avant Malthus, à la question de la population [Cf. 113 à 123]. — Ses perpétuelles comparaisons de l’Europe à l’Asie. — Grand succès des Lettres persanes ; — Montesquieu se démet de sa charge de président, 1726 ; — il entre à l’Académie française, 1728 ; — et entreprend une série de voyages, — qui lui font connaître à peu près toute l’Europe civilisée, 1728-1731 [Cf.  […] 3º Les Œuvres. — Les Œuvres de Bernardin de Saint-Pierre se composent : 1º de ses Romans qui sont : Paul et Virginie, 1787 ; — l’Arcadie, livre I, 1788 ; — la Chaumière Indienne, 1790, suivie du Café de Surate ; — Empsaël ; la Prière d’Abraham, et les fragments de l’Amazone [posthumes, ainsi que les fragments de l’Arcadie, livres II et III] ; 2º De ses Études de la nature, 1784, reprises, développées, complétées et exagérées dans les Harmonies de la nature, qui n’ont paru qu’en 1815 ; 3º De ses œuvres politiques et d’un certain nombre d’Opuscules, dont les principaux sont : Les Vœux d’un solitaire, 1790 ; — et son Essai sur Jean-Jacques Rousseau [1820] ; 4º De son Voyage à l’Île de France, 1773, et d’un certain nombre de notes ou récits de voyage [Hollande, Prusse, Pologne, Russie].

1641. (1769) Les deux âges du goût et du génie français sous Louis XIV et sous Louis XV pp. -532

On versa des larmes sur le récit de la mort & des vertus d’une autre Henriette qui fut les délices d’un Roi Bien-aimé, d’une Cour spirituelle, & d’un Peuple immense(a).

1642. (1864) Physiologie des écrivains et des artistes ou Essai de critique naturelle

L’homme est plante jusqu’à un certain âge de la vie, et l’âme a ses racines dans le sol, dans l’air et dans le ciel qui ont formé les sens. » Ensuite, esquissant le portrait de la séduisante marquise, il rappelle cette « fleur printanière de teint qu’elle avait apportée de ses montagnes natales, et qu’au récit de ses contemporains, on ne vit jamais se flétrir, même sous les années et sous les larmes. » Bien entendu, nous ne voulons pas dire que le mot Bourguignonne explique tout dans cette nature très riche et très complexe, où il y aurait à démêler encore bien d’autres éléments, bien d’autres influences. […] Et le récit suivant n’est-il pas bien arabe, et pourrait-il être d’un autre pays ? […] Sheridan : on fit un règlement d’après lequel personne désormais ne pouvait être admis dans les coulisses. » Ce récit est bien d’une Anglaise ; une Française ne l’écrirait jamais ainsi.

1643. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1866 » pp. 3-95

Nous Européens et Français, nous ne sommes pas si riches d’invention, notre art n’a qu’un monstre, et c’est toujours ce monstre du récit de Théramène, qui, dans les tableaux de M. 

1644. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1895 » pp. 297-383

Là-dessus un récit drolatique de la visite de Zola et de Daudet, au ministère, Zola voulant porter le chapeau de Daudet pour qu’il pût s’appuyer sur sa canne et sur son bras, et prononçant son speach, les deux chapeaux à la main.

1645. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Cromwell » (1827) »

Au lieu de scènes, nous avons des récits ; au lieu de tableaux, des descriptions.

1646. (1856) Cours familier de littérature. II « Xe entretien » pp. 217-327

XXXIV C’est dans le cours de ces dernières années de la restauration et de ces premières années du règne illettré de 1830 que je fus ébloui ou attiré tour à tour par cette foule de noms éclatants où s’égarent les souvenirs, tant l’esprit, le talent, le génie, y font foule : Casimir Delavigne ; Augustin Thierry ; Michelet, le Shakespeare du récit, qui introduit la comédie dans l’histoire ; Rémusat ; Mignet ; Alexandre Soumet ; Aimé-Martin, qui aurait mérité la gloire par sa passion des lettres ; Henri Martin, qui change les chroniques en histoire ; les deux Deschamps ; Ozanam, qui traduisait la métaphysique du Dante ; Boulay-Paty, qui traduisait l’amour et le platonisme de Pétrarque ; Musset, le Corrège du coloris sur les dessins trop voluptueux de l’Albane ; Alphonse Karr, le Sterne du bon sens et du bon cœur ; Méry et Barthélemy, deux improvisateurs en bronze qui ont fait faire à la langue des miracles de prosodie ; Laprade, qui donne à la poésie religieuse et philosophique la sérénité splendide des marbres de Phidias ; Autran, qui chante la mer comme un Phocéen et la campagne comme Hésiode ; Lacretelle l’historien, qui devint poète avec les années sous les arbres de son jardin voisin du mien, comme le bois de l’instrument à corde qui devient plus sonore et plus harmonieux en vieillissant ; Ségur, le poète épique de la campagne de Russie ; Dargaud, le second Ronsard de Marie Stuart ; Barbier, dont l’ïambe vengeur, en 1830, dépasse en virilité l’ïambe d’André Chénier à l’échafaud ; Saint-Marc Girardin, un de ces esprits délicats qui se trempent au feu des révolutions et qui passent de plain-pied d’une chaire à une tribune, transportant l’homme de lettres dans l’homme politique et l’homme politique dans l’homme de lettres en les grandissant tous les deux ; une foule d’autres, dont je n’ai pas le droit de parler parce que je ne les ai connus que par leurs noms, ou que j’ai trop aimés pour que j’en parle sans partialité !

1647. (1895) La science et la religion. Réponse à quelques objections

L’Église aussi bien ne le demande à personne ; et pourquoi le demanderait-elle, si ce n’est pas elle, mais si ce sont comme on l’a vu, les Haeckel et les Renan, qui dans le récit biblique de la création, par exemple, ont reconnu le plus pur esprit de la doctrine évolutive ?

1648. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Troisième partie. Dictionnaire » pp. 243-306

— Récits de Nazareth, Vos.

1649. (1888) Épidémie naturaliste ; suivi de : Émile Zola et la science : discours prononcé au profit d’une société pour l’enseignement en 1880 pp. 4-93

Des libertins exaltant la candeur et la virginité, des coquins se plaisant au récit d’actes honnêtes.

1650. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Vernet » pp. 130-167

C’est pour moi et mes amis que je lis, que je réfléchis, que j’écris, que je médite, que j’entends, que je regarde, que je sens ; dans leur absence, ma dévotion rapporte tout à eux, je songe sans cesse à leur bonheur ; une belle ligne me frappe-t-elle, ils la sauront ; ai-je rencontré un beau trait, je me promets de leur en faire part ; ai-je sous les yeux quelque spectacle enchanteur, sans m’en appercevoir j’en médite le récit pour eux.

1651. (1899) Arabesques pp. 1-223

Le récit de ses déboires n’est point fait pour conquérir des prosélytes à l’Église… Nous autres mécréants, esprits vulgaires, dénués d’idéal surnaturel, le cas de M.  […] On le vit, à la fin, gagner sa vie comme un condottiere dans le camp des Anglais : empereur à cent écus par jour4. » Lisons aussi le récit de la bataille de Ravenne.

1652. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

Émile Campardon, archiviste aux Archives nationales, le récit des désordres arrivés à la Comédie du Palais-Royal, le 13 janvier 1673, pendant une représentation de Psyché. […] Mais le récit que voici n’en est pas infirmé pour cela.

1653. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 7172-17709

Beauzée Articles de l’Encyclopédie Compilation établie à partir de l’édition numérisée de l’ARTFL Beauzée, articles de l’Encyclopédie FORMATION Formation (Grammaire) FORMATION, s.f. terme de Grammaire, c’est la maniere de faire prendre à un mot toutes les formes dont il est susceptible, pour lui faire exprimer toutes les idées accessoires que l’on peut joindre à l’idée fondamentale qu’il renferme dans sa signification.

1654. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre quatrième. Les conditions physiques des événements moraux — Chapitre premier. Les fonctions des centres nerveux » pp. 239-315

Un Napolitain mime involontairement tous ses récits et tous ses projets : s’il annonce qu’il va monter à cheval, il lève la jambe ; s’il raconte qu’il a mangé d’un plat de macaroni, il ouvre les narines afin de mieux flairer et avance la langue entre les lèvres ; s’il pense à une ligne sinueuse ou droite, il la décrit de l’œil et du doigt.

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