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1387. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « X. Ernest Renan »

Les idées sur lesquelles il s’appuie sont communes en Allemagne, où les idées cessent de dominer dès qu’elles sont populaires, et en France déjà elles se sont produites obscurément et sans succès. […] Quant au genre d’effet qu’il produit, c’est directement le contraire de celui qu’il avait en vue.

1388. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XIX » pp. 76-83

Je commence à croire qu’on a tort ; il est de ces natures qui n’auraient jamais poussé très-loin en élévation et en art sérieux ; en se dissipant comme follement sur la plus large surface, il a l’air de perdre des facultés qu’il ne fait après tout qu’employer et produire dans tous les sens, et il y gagne encore de faire croire à un mieux possible qu’il ne lui eût été donné dans aucun cas de réaliser20.

1389. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXVI » pp. 100-108

Pour couronner le tout, sa femme étant morte, il s’est fait prêtre ; il publie toutes sortes de traductions des Pères qu’il commande à des jeunes gens et auxquelles il met son nom ; le produit de cette espèce de librairie, servie par son journal, lui a été très-fructueux.

1390. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXIX » pp. 117-125

Il est de fait, en outre, que pour une certaine éducation morale, paternelle, un peu aristocratique, et qui continue doucement les traditions du foyer et de la famille, les pensionnats tenus par des Pères plus ou moins jésuites sont incomparablement plus sûrs que les colléges de l’Université : ceux-ci produisent des lycéens bien appris, éveillés, de bonnes manières, et qui deviennent très-aisément de gentils libertins.

1391. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « [Addenda] »

En général, les documents authentiques modifient et le plus souvent démentent sur certains points, les informations précédentes ; on n’y trouve jamais exactement ce qu’on croit y trouver, et ceux qui répondent trop bien à notre attente ont presque toujours de bonnes raisons pour cela. » Cette remarque peut s’appliquer directement à la plupart des lettres produites par M. d’Hunolstein et reproduites par M. 

1392. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. A. Thiers : Histoire de la Révolution française. Ve et VIe volumes. »

Initié à la raison des choses, le lecteur n’aurait qu’à se laisser aller de toute sa conviction au récit, et à reposer son intelligence dans le spectacle à la fois varié et continu qui se produirait sous ses yeux par un développement nécessaire, et qu’il ne pourrait s’empêcher de voir ni de comprendre.

1393. (1874) Premiers lundis. Tome I « Deux révolutions — I. De la France en 1789 et de la France en 1830 »

Elle ne produisit que peu de bien ; elle n’empêcha que peu de mal, en raison des préjugés, des passions, des souvenirs flagrants qui s’agitaient dans la société.

1394. (1874) Premiers lundis. Tome I « Vie, poésies et pensées de Joseph Delorme. Deuxième édition. »

La critique moqueuse de notre époque s’est égayée là-dessus ; cette critique pousse de toutes ses forces à l’individualisme, croyant produire ainsi l’originalité, et elle ne peut apercevoir la moindre apparence d’association et de bien sans tâcher malicieusement de les ronger, de les dissoudre.

1395. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section II. Des sentiments qui sont l’intermédiaire entre les passions, et les ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre III. De la tendresse filiale, paternelle et conjugale. »

Personne ne sait à l’avance, combien peut être longue l’histoire de chaque journée, si l’on observe la variété des impressions qu’elle produit, et dans ce qu’on appelle avec raison, le ménage, il se rencontre à chaque instant de certaines difficultés qui peuvent détruire pour jamais ce qu’il y avait d’exalté dans le sentiment ; c’est donc de tous les liens celui où il est le moins probable d’obtenir le bonheur romanesque du cœur, il faut pour maintenir la paix dans cette relation une sorte d’empire sur soi-même, de force, de sacrifice, qui rapproche beaucoup plus cette existence des plaisirs de la vertu, que des jouissances de la passion.

1396. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section III. Des ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre II. De la philosophie. »

Le bruit du vent, l’éclat des orages, le soir de l’été, les frimas de l’hiver ; ces mouvements, ces tableaux opposés produisent des impressions pareilles, et font naître dans l’âme cette douce mélancolie, vrai sentiment de l’homme, résultat de sa destinée, seule situation du cœur qui laisse à la méditation toute son action et toute sa force.

1397. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre premier. Les signes — Chapitre premier. Des signes en général et de la substitution » pp. 25-32

Dorénavant je remplace le premier chiffre par A, le second par B, le troisième par C, et j’écris la proportion suivante : Et je vois que dans tout cas semblable, pour savoir l’ouvrage total, il me suffira de multiplier le nombre des ouvriers réunis par le chiffre de l’ouvrage des premiers, puis de diviser le produit par le nombre de ces premiers.

1398. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre III. Buffon »

Il produit les espèces comme il les trouve dans la nature, dans la même confusion, dans le même isolement : comme il faut un ordre, il prend la première division venue, animaux sauvages, animaux domestiques, les gros d’abord, les petits ensuite.

1399. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « George Sand. »

Après le glorieux règne des écrivains généreux et croyants, optimistes, idéalistes, épris de rêve, il s’est produit un mouvement de littérature réaliste, très brutale et très morose.

1400. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Guy de Maupassant »

… Vous vous rappelez l’effet que produisirent, il y a dix ans, Boule-de-Suif, la Maison Tellier, Mademoiselle Fifi, et les autres petits récits dont ces chefs-d’œuvre étaient accompagnés.

1401. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mallarmé, Stéphane (1842-1898) »

Elles vivent, dès à présent, par la profonde impression qu’elles produisirent sur un grand nombre d’esprits contemporains.

1402. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Laurent Tailhade à l’hôpital » pp. 168-177

Il ne s’est produit aucun effort dans les arts ou dans les lettres qu’il n’ait accueilli avec sympathie.

1403. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « L’état de la société parisienne à l’époque du symbolisme » pp. 117-124

Tout s’y trouve de ce qu’il est indispensable de voir et de savoir pour prendre figure d’homme du monde et se produire, avec avantage, dans la meilleure société : l’adresse des bons faiseurs, des recettes inédites de parfums, dont l’une est empruntée à M. 

1404. (1890) L’avenir de la science « VII »

L’impression profondément triste que produit l’entrée dans une bibliothèque vient en grande partie de la pensée que les neuf dixièmes des livres qui sont là entassés ont porté à faux, et, soit par la faute de l’auteur, soit par celle des circonstances, n’ont eu et n’auront jamais aucune action directe sur la marche de l’humanité.

1405. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » pp. 372-383

Mais produit-elle une nouvelle plante ?

1406. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Milton, et Saumaise. » pp. 253-264

Il est bien singulier que les climats froids d’Angleterre aient produit une imagination aussi vive que les plus ardentes qui soient jamais sorties de l’Italie ou de la Grèce.

1407. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « A Monsieur Naigeon » pp. 9-14

La belle chose que j’aurais produite, si le talent de l’avocat eût répondu à la grandeur de la cause !

1408. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 3, que l’impulsion du génie détermine à être peintre ou poëte, ceux qui l’ont apporté en naissant » pp. 25-34

Le génie ne se borne pas à une simple sollicitation, pour obliger celui qui l’a reçû à se produire.

1409. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 24, objection contre la solidité des jugemens du public, et réponse à cette objection » pp. 354-365

Dès que les sciences dont j’ai parlé ont operé en vertu de leurs principes, dès qu’elles ont produit quelque chose qui doit être utile ou agréable aux hommes en general, nous connoissons alors sans autre lumiere que celle du sentiment, si le sçavant a réussi.

1410. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 30, objection tirée des bons ouvrages que le public a paru désapprouver, comme des mauvais qu’il a loüez, et réponse à cette objection » pp. 409-421

Ainsi les gens du métier peuvent mieux favoriser, ils peuvent mieux rabaisser tous ces poëmes, qui ne se produisent que par la voïe de l’impression.

1411. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « III »

Le style est un produit physiologique, ce qui signifie sans doute que chacun écrit avec son tempérament, vérité qui n’est pas précisément très neuve et dont on se serait moqué, si c’était moi qui l’eusse découverte.

1412. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre III. Des éloges chez tous les premiers peuples. »

Ainsi une île qui n’est aujourd’hui qu’un amas de rochers brisés ou noircis par les volcans, et à travers lesquels on voit, de distance en distance, des cabanes et des troupeaux, quand tout le reste de l’Europe était barbare, a produit une foule de poètes.

1413. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre cinquième. Retour des mêmes révolutions lorsque les sociétés détruites se relèvent de leurs ruines — Chapitre II. Comment les nations parcourent de nouveau la carrière qu’elles ont fournie, conformément à la nature éternelle des fiefs. Que l’ancien droit politique des romains se renouvela dans le droit féodal. (Retour de l’âge héroïque.) » pp. 362-370

C’était dans l’origine des terres accordées par les seigneurs aux prières des pauvres qui vivaient du produit de la culture. — (Voy.

1414. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la liberté de l’enseignement »

Ne vous étonnez pas, messieurs, que la pétition et le rapport dont elle a été l’objet aient produit une sensation profonde. […] Depuis Hippocrate et Galien jusqu’à Broussais, la médecine, quand elle a été sous l’empire d’une idée philosophique, s’est constamment trompée… C’est seulement quand ils se sont livrés à l’observation pure et simple, ou à l’expérimentation, que ces grands hommes du passé ont produit leurs impérissables travaux. […] Claude Bernard, dont le nom a été invoqué dans cette discussion et qui s’est fait respecter des deux parts, dit un mot qui me paraît la règle la plus sage : « Quand je suis dans mon laboratoire, je commence par mettre à la porte le spiritualisme et le matérialisme ; je n’observe que des faits, je n’interroge que des expériences ; je ne cherche que les conditions scientifiques dans lesquelles se produit et se manifeste la vie. » Ce sont là des principes de conduite qui font renseignement scientifique irréprochable à tous les points de vue.

1415. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre II. Le public en France. »

Avec la Régence, « l’incrédulité se produit au grand jour ». « Je ne crois pas, dit encore la Palatine en 1722, qu’il y ait à Paris, tant parmi les ecclésiastiques que parmi les laïques, cent personnes qui aient la véritable foi ou qui croient même en Notre Seigneur. […] Toute terre ne doit-elle pas payer, et une terre peut-elle payer au-delà de son produit net ? […] En 1787, presque tout ce qu’il y avait de marquant dans la pairie se déclara dans le Parlement pour la résistance… J’ai vu mettre en avant dans les dîners qui nous réunissaient alors presque toutes les idées qui devaient bientôt se produire avec tant d’éclat536. » Déjà en 1774, M. de Vaublanc, allant à Metz, trouvait dans la diligence un ecclésiastique et un comte colonel de hussards qui ne cessaient de parler économie politique537

1416. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXVIe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (2e partie) » pp. 417-487

XXVI La justice produit naturellement l’instinct de l’égalité entre les hommes devant Dieu et devant la société morale ; c’est-à-dire que la conscience dit à l’homme : L’homme, ton semblable, a les mêmes droits moraux que toi devant le même père, qui est Dieu, et devant la même mère, qui est la société génératrice et conservatrice de l’humanité tout entière. […] Et, de plus, les partisans irréfléchis de cette utopie de l’égalité des biens n’ont-ils pas assez d’intelligence pour comprendre que leur égalité serait la destruction du plan divin sur la terre ; que Dieu a voulu l’activité humaine dans son plan ; que le désir d’acquérir est le seul moteur moral de cette activité ; que l’inégalité des biens est le but, le prix, le salaire de cette activité, et que la suppression de cette inégalité supprimant en même temps tout travail, l’égalité des socialistes produirait immédiatement la cessation de tout mouvement dans les hommes et dans les choses ? Où serait le mobile de l’activité, si la loi sociale était assez insensée pour dire à l’homme laborieux et économe, et à l’homme oisif et parasite de la terre : Travaillez ou reposez-vous, produisez ou consommez, votre sort sera le même, et vous serez égaux devant la misère, et je vous condamne à être également misérables pour vous empêcher d’être réciproquement envieux !

1417. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIIe entretien. Revue littéraire de l’année 1861 en France. M. de Marcellus (1re partie) » pp. 333-411

Quelque grande salle au fond de l’édifice, au rez-de-chaussée, renferme hermétiquement une vaste bibliothèque poudreuse, pleine dans les rayons d’en haut de volumes de toutes langues, presque pétrifiés dans leurs stalles, sous leur reliure à fermoir, et, sur les tablettes inférieures, des brochures nouvelles et en désordre attestent la continuité du maître à se tenir en rapport avec ce que l’espèce humaine produit de nouveau et son attention à ce qui se passe sur la terre. […] Pour les éloigner de moi, j’ai dû y répondre par des brusqueries ; mais elles ont produit l’effet que j’en attendais, et je ne les ai point vus. […] « “L’expédition des Anglais au pôle nord, disait ce savant dans une de ses dernières lettres que j’ai lue, et mon voyage au centre de l’Afrique, doivent résoudre les deux plus grands problèmes géographiques qui nous restent sur le globe, avec la différence que, si je réussis, ma mission produira infiniment plus de résultats utiles à l’humanité que le voyage au pôle.”

1418. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (2e partie) » pp. 365-432

Rousseau ont contribué à produire les meurtres juridiques de 1793 ; les idées fausses de l’évêque produiraient la disette, la suppression du travail, l’extinction des salaires, la colère contre les riches et la mort des peuples. […] Il considérait ces magnifiques rencontres des atomes qui donnent des aspects à la matière, révèlent les forces en les constatant, créent les individualités dans l’unité, les proportions dans l’étendue, l’innombrable dans l’infini, et par la lumière produisent la beauté.

1419. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIe entretien. Vie du Tasse (2e partie) » pp. 65-128

La crainte de perdre le Tasse, et avec le Tasse l’honneur d’avoir produit le plus accompli des poèmes, était devenue une passion jalouse dans le cœur du duc de Ferrare. […] La même démence produit les mêmes symptômes dans ces grands hommes. […] On convint de dire aux autres que l’étranger était un cousin venu de Bergame à Naples pour quelques affaires, et qui avait voulu profiter du voisinage pour visiter pendant quelques semaines ses parents de Sorrente. » L’aspect des lieux où il avait respiré la première fleur de la vie, la tendresse de cette sœur dont le cœur concentrait pour lui toute la famille éteinte ou dispersée, celle de ses deux neveux à qui la mère avait inculqué l’affection et l’enthousiasme pour cet oncle si grand et si malheureux ; cette hospitalité si sûre et si chaude, reçue dans ces beaux lieux et pour ainsi dire dans l’âme même de cette sœur, avaient produit, comme par enchantement, sur le Tasse tout l’effet qu’il avait rêvé.

1420. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIe entretien. Biographie de Voltaire »

La France crut que son poëte avait enfin répondu pour elle à ce défi de produire un poëme épique dont on l’humiliait tous les jours. […] Son poëme de la Henriade, imprimé par souscription en Angleterre, lui produisit une somme considérable pour le temps. […] Rousseau, qui produisit les utopies, les déceptions et les radicalismes sanguinaires de 1793.

1421. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre III. Pascal »

Dans tous les pays qui restèrent en communion avec Rome, en France comme ailleurs, il se produisit un réveil puissant de la foi, mais un réveil aussi de l’ardeur morale du christianisme, et le catholicisme restauré ne lutta pas moins contre le libertinage naturaliste de la Renaissance que contre les doctrines hétérodoxes des sectes protestantes. […] Mais il subsista à travers tout le xviiie  siècle, surtout dans l’Université et dans le Parlement ; la bulle Unigenitus (1713) ranima pour un demi-siècle la querelle, où les deux adversaires s’avilissaient et avilissaient la religion devant les incrédules charmés et railleurs : de jour en jour croissaient la fureur, l’imbécillité des deux partis ; et de la même source qui avait produit les Provinciales et les Pensées, sortaient les miracles de Saint-Médard et le scandale des billets de confession. […] Son instruction littéraire paraît avoir été fort courte ; de ce côté Pascal est un « ignorant » de génie : c’est l’effet qu’il produira plus tard à tout le monde.

1422. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre deuxième »

Il avait remarqué, dit Baillet, que l’air de Paris était imprégné pour lui d’une apparence de poison très subtil et très dangereux, qui le disposait insensiblement à la vanité, et qui ne lui faisait produire que des chimères. […] Les écrits du temps parlent des convictions extraordinaires qu’il produisit. […] L’exemple d’un tel écrivain est salutaire, parce qu’il nous met en défiance de tout ce qui ne vient pas en nous par la raison ; il est fécond parce qu’en nous défendant contre toutes les servitudes extérieures, et en nous ramenant sans cesse comme au centre de nous-mêmes, il nous apprend le secret de valoir et de produire.

1423. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre III. Le Petit Séminaire Saint-Nicolas du Chardonnet (1880) »

Le latin produisait sur ces natures fortes des effets étranges. […] C’est ainsi que Lamartine, formé tout entier par l’éducation cléricale, a bien plus d’intelligence qu’aucun universitaire, quand l’émancipation philosophique vient ensuite, cela produit des esprits très ouverts. […] Or, parmi ces volumes modernes, qui détonnaient souvent avec les vieilles routines des cahiers, j’en remarquai un qui produisait sur moi un effet singulier.

1424. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Edmond et Jules de Goncourt »

… Mais ils n’ont point produit ce dégoût salutaire. […] — ne produit pas l’épouvantement dans les cœurs, et c’était sur cet épouvantement qu’on était en droit de compter. […] XVI Ce dénouement de La Faustin serait la seule chose mâle et impressionnante du roman de M. de Goncourt, s’il avait été amené d’assez loin pour produire tout son effet et justifier la colère brutale et impitoyable d’un homme qui aimait avec une passion si profonde, il n’y a qu’une minute, et qui devient tout à coup si rapidement implacable.

1425. (1902) Symbolistes et décadents pp. 7-402

Le Symbolisme n’a qu’une vingtaine d’années, il lui faut du temps pour produire encore, et qu’on étudie chez lui les symptômes de vieillesse en même temps qu’on en pourra dénombrer et résumer les complexités et les influences. […] Il s’y trouve une courte étude sur Charles Baudelaire, et curieuse comme impression produite par le grand poète sur un des cerveaux les plus cultivés de la génération qui nous précéda. […] Puis, tant qu’on ne peut conclure, et produire une vérité nouvelle forte d’évidence et qu’on doive prêcher, ne vaut-il pas mieux ne pas faire trop parade du sérieux de sa science et l’exprimer en souriant ? […] C’est logiquement que le romantisme a produit Baudelaire, que de Baudelaire ont procédé les poètes tels que Verlaine et Rimbaud et que le symbolisme s’est produit. […] On verra plus tard ce que produira sa postérité.

1426. (1901) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Deuxième série

À quoi bon les produire au jour ? […] Un érudit italien, M. d’Ancona, ayant réédité le Voyage de Montaigne en Italie, a eu l’idée de rechercher l’impression produite par l’Italie sur les voyageurs étrangers, aux seizième, dix-septième et dix-huitième siècles. […] Il a soin de reconnaître que les époques nouvelles peuvent produire des génies égaux ou même supérieurs à ceux de l’âge classique ; il nie seulement qu’ils puissent devenir, comme eux, des écrivains exemplaires et consacrés. […] Arrière aussi le faux homme de talent qui a besoin des louanges pour accomplir son œuvre et pour produire son chef-d’œuvre ! […] Rousseau ait produite soit celle de Le Franc de Pompignan, sur sa mort.

1427. (1906) L’anticléricalisme pp. 2-381

Pour ce qui est de Tartuffe, la tendance anticléricale est encore plus forte et sans mélange, ou — encore une fois — l’effet produit en ce sens est encore plus certain. […] Seulement ce fut sous la Restauration que ce régime commença de produire les effets que j’ai annoncé plus haut qu’il devait sortir. […] Elle ne pouvait que rééditer toutes les argumentations qui s’étaient produites depuis quatre ans. […] La raison des résistances qui se sont produites a été le Timeo Danaos et dona ferentes, et l’on n’a suspecté le don qu’à cause des donateurs. […] Le fanatisme antireligieux produit les mêmes effets que le fanatisme religieux pourrait produire et certainement produirait.

1428. (1910) Victor-Marie, comte Hugo pp. 4-265

c’étoit lui-même ; et jamais notre Rome N’a produit plus grand cœur ni vu plus honnête homme. […] Une fois atteint, une fois réussi, une fois obtenu, on ne sait comment ; qui ne s’était jamais produit, qui ne recommencera jamais. […] Aujourd’hui nous commandons, nous dominons, (puisque nous produisons), la réalité même. […] Et dès lors il se produit par là même une sorte de balancement quadruple, ou quintuple, fatigant à suivre. […] Elle se produirait, vous le savez mieux que personne, au cœur d’une bataille malaisée.

1429. (1896) Les Jeunes, études et portraits

Cela produit un effet de comique intense et continu. […] Alors un phénomène se produit en lui qui, au surplus, ne doit pas lui causer une surprise immodérée. […] Le retour à une fausse dévotion se produit dans le même temps où on médit de l’amour et on en désespère. […] Je pense au contraire que le premier devoir d’un producteur est de produire. […] Il faudra voir ce que produira ce système nouveau.

1430. (1856) Articles du Figaro (1855-1856) pp. 2-6

L’école romantique a produit des rêveurs et des paysagistes, de vigoureux coloristes et d’admirables ciseleurs : elle n’a pas eu un philosophe et un penseur. […] Le poète aujourd’hui doit moins viser à produire du bruit qu’à susciter des idées. […] Weill oublie donc que l’homme de lettres est de création toute moderne ; qu’il est à peu près exclusivement le produit de l’éducation universitaire, et qu’il n’est pas jusqu’à son nom qui ne date de notre époque ? […] — je me souviens assez, je me souviens trop de l’impression désagréable produite sur moi tout dernièrement par la lecture de la Vie de Schiller. […] Il s’en exhale çà et là comme un parfum de cruauté, une sorte de saveur haineuse et d’implacabilité préconçue, qui produisent sur l’imagination du lecteur l’effet du miroitement d’une hache.

1431. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre II. Le Roman (suite). Thackeray. »

Un degré ajouté à l’ironie sérieuse produit la caricature sérieuse. […] L’innocence des champs, les respects héréditaires, les traditions de famille, la pratique de l’agriculture, l’exercice des magistratures locales, ont dû produire là des hommes probes, sensés, pleins de bonté et d’honnêteté, protecteurs de leur comté et serviteurs de leur pays. […] Devant ce tableau frappant de vérité et de génie, on a besoin de se rappeler que cette inégalité blessante est la cause d’une liberté salutaire, que l’iniquité sociale produit la prospérité politique, qu’une classe de grands héréditaires est une classe d’hommes d’État héréditaires, qu’en un siècle et demi l’Angleterre a eu cent cinquante ans de bon gouvernement, qu’en un siècle et demi la France a eu cent vingt ans de mauvais gouvernement, que tout se paye et qu’on peut payer cher des chefs capables, une politique suivie, des élections libres, et la surveillance du gouvernement par la nation. […] Thackeray insiste à dessein sur le contraste : le lourd officier a compté en partant tous ses effets, calculant la somme qu’ils pourront produire à sa femme ; il endosse pour être tué économiquement son habit le plus vieux et le plus râpé. « Il y eut sur ses lèvres quelque chose de pareil à une prière pour celle qu’il quittait. […] On a vu que les mêmes facultés produisent chez lui le beau et le laid, la force et la faiblesse, le succès et la défaite ; que la réflexion morale, après l’avoir muni de toutes les puissances satiriques, le rabaisse dans l’art ; qu’après avoir répandu sur ses romans contemporains une teinte de vulgarité et de fausseté, elle relève son roman historique jusqu’au niveau des plus belles œuvres ; que la même constitution d’esprit lui enseigne le style sarcastique et violent avec le style tempéré et simple, l’acharnement et l’âpreté de la haine avec les effusions et les délicatesses de l’amour.

1432. (1906) Propos de théâtre. Troisième série

Et alors cette passion, qui devient comme étrangère au sujet, ne peut produire que de médiocres effets. […] « Alceste veut faire reconnaître à Oronte qu’Oronte produit de mauvais vers. […] Voyez un peu quel effet pouvaient et devaient produire, de 1791 à 1794, des vers comme ceux-ci : Tarquin n’a pu nous vaincre : il cherche à nous tromper. […] Il n’aurait jamais, peut-être, donné naissance au théâtre romantique, si, aux alentours de 1815, il ne s’était produit en lui un changement d’abord insensible, puis croissant et très considérable. […] Jamais homme n’a ressemblé à ce point au produit incestueux du singe et de l’hyène.

1433. (1913) Le mouvement littéraire belge d’expression française depuis 1880 pp. 6-333

Des ateliers y produisaient sans cesse ustensiles ou bijoux. […] Pirenne nous montrera comment cela s’est produit. […] Plus tard, c’est semble-t-il, le contraire qui s’est produit. […] Pareille chose s’est produite au temps des Romains de l’Empire. […] Après une longue période de prospérité, la Belgique ne produira-t-elle point des écrivains qui sauront devenir universels sans le secours de la culture latine ?

1434. (1899) La parade littéraire (articles de La Plume, 1898-1899) pp. 300-117

. — Mais elle ne se produit, hélas ! […] L’aventure est toujours pareille, elle a eu lieu à chaque mouvement d’art et d’idée, et nous l’avons vue se produire hier à propos de M.  […] Lisez la suite de ces poèmes, et convenez avec moi qu’ils possèdent un cachet exotique, qu’ils sont bien un produit de l’esprit hellène, comme il est de nos jours, depuis qu’il s’est transformé par suite du commerce des peuples asiatiques. […] Clément Rochel produiront, chez les uns comme chez les autres, une émotion profonde. […] Et voici que, un jour joyeux de kermesse, tandis que jeunes gens et jeunes filles se réjouissent et dansent, dans l’innocence, selon des rythmes augustes et puérils, un remous extraordinaire se produit dans la foule.

1435. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gui Patin. — I. » pp. 88-109

Une fois produit, il travailla vigoureusement à se faire sa place, à concilier l’étude du cabinet avec la pratique : il était littérateur à la façon du xvie  siècle, parlant latin autant et plus volontiers que français ; c’est pour le latin qu’il garde ses élégances : quand il écrit dans sa langue maternelle, son style bigarré exprime à merveille le mélange de goût qui régnait dans les professions savantes durant la première moitié du xviie  siècle. […] Il y a dans toute cette querelle, et dans le fatras d’écritures qu’elle produisit, des choses fort curieuses et pour l’histoire de la médecine et pour l’histoire des journaux en France.

1436. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sénac de Meilhan. — II. (Fin.) » pp. 109-130

S’il a, comme je l’ai dit, le sentiment de la fatigue et de l’épuisement des sociétés, de ce caractère blasé qui est le produit de l’extrême civilisation, il retrouve aussi en idée, et par saillies, cet autre sentiment de la jeunesse et de la vigueur première du monde, et il le reconnaît aux anciens dans tous les ordres de travaux et de découvertes : il sait que pour tout ce qui est de l’observation et de l’expérience, et dans les sciences qui en dépendent, les modernes l’emportent de beaucoup : Il me suffit, ajoute-t-il, d’avoir remarqué que les anciens ont été plus promptement éclairés que les modernes, qu’ils ont volé dans la carrière où les autres se sont traînés. […] L’affection part du cœur, et la haine, de l’amour-propre irrité ou de l’intérêt blessé. » Cette haine née d’un amour-propre raffiné et d’une ambition déçue s’est encore produite depuis dans un petit écrit, d’ailleurs spirituel, et qui a pour titre : Supplice de Necker.

1437. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — III » pp. 132-153

» Mais ce qu’il préférait à tout, c’étaient les livres de politique, de considérations sur le bien public et sur les matières sociales, « les choses d’un sens suivi et de génie », c’est-à-dire où l’auteur produisait avec vigueur ses propres pensées. […] Il est vrai que le jugement pur, sans mélange d’imagination et d’esprit, comme chez les bons Hollandais et chez les Allemands et les Suisses, produit des effets plus corrects et plus sages.

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