/ 2003
961. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (2e partie) » pp. 1-80

« Le 12 mai suivant, Alfieri était auprès d’elle, et à force de sollicitations, de servilités, de petites ruses courtisanesques (c’est lui-même qui parle ainsi), à force de saluer les Éminences jusqu’à terre, comme un candidat qui veut se pousser dans la prélature, à force de flatter et de se plier à tout, lui qui jusque-là n’avait jamais su baisser la tête, toléré enfin par les cardinaux, soutenu même par ces prestolets qui se mêlaient à tort et à travers des affaires de la comtesse, il finit par obtenir la grâce d’habiter la même ville que la gentilissima signora , celle qu’il appelle sans cesse la donna mia , l’amata donna. » Cependant, bien que l’amant vécût toute la matinée très retiré dans le palais Strozzi, auprès des Thermes de Dioclétien, faubourg isolé de Rome, il passait toutes ses soirées au palais de la Cancellaria, chez son amie. […] je suis dénuée de tout, et vous poussez au dépouillement de ce roi et de cette reine qui nous subventionnent largement pour vivre ! […] Nous avions pris la route de Calais, parce que la guerre n’ayant point encore éclaté entre la France et les Anglais, nous pensâmes qu’il serait plus facile de passer en Angleterre qu’en Flandre, où la guerre se poussait vivement.

962. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (2e partie) » pp. 81-159

Je ne manquai pas de faire remarquer d’un autre côté combien je devais appréhender une légation aussi scabreuse, dont le non-succès déplairait à beaucoup, et la réussite à un très petit nombre, — ce qui la rendait fort peu désirable et poussait même à la décliner, — et je terminai en déclarant que le choix de ma personne nuirait très sûrement à l’affaire par les motifs déduits plus haut. […] « Quoique ces paroles de Bonaparte fussent en contradiction avec elles-mêmes, puisque d’une part il nous permettait de nous réunir pour aviser à un moyen de conciliation, et que de l’autre, en même temps, il exigeait l’article tel quel, sans aucun changement, ce qui excluait une conciliation, toutefois on s’accorda unanimement à profiter de la faculté de se réunir et de voir si on ne ferait pas surgir quelque biais d’arrangement, dans l’espérance (si on y arrivait) de pousser Joseph, son frère, à l’y amener lui-même. […] Jamais il ne s’avouait vaincu, et il mit fin à l’entretien en affirmant que si nous ne voulions pas assister au mariage civil, on n’y ferait guère attention, quoique cela déplût beaucoup, mais qu’il fallait absolument nous rendre au mariage ecclésiastique, si nous ne cherchions pas à pousser les choses à la dernière ruine ; puis il me supplia d’en aviser mes collègues.

963. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIe entretien. Ossian fils de Fingal, (suite) »

À ses pieds Luath et Branno poussaient de tristes hurlements. […] Les vents rugissaient dans mes voiles, et les ondes de Clutha reçurent mon vaisseau poussé par la tempête. […] Que l’on conjecture que Macpherson et ses amis, entraînés quelquefois eux-mêmes par le succès de leur découverte, aient poussé l’imitation un peu plus loin que la vérité, et qu’ils aient ajouté aux œuvres des bardes écossais quelques fragments de leur propre main dans le même style, cela est naturel, vraisemblable, admissible ; cela n’enlève rien à l’authenticité de l’œuvre historique ; une bonne imitation n’a jamais décrédité un excellent original.

964. (1922) Enquête : Le XIXe siècle est-il un grand siècle ? (Les Marges)

exclusivement — une certaine anarchie a cet heureux effet d’arracher à l’homme des cris qu’il n’eût pas poussés dans un bon état. […] Il l’est parce que les auteurs de manuels ont un esprit routinier qui les pousse à préférer ce qui est vieux, habituel, convenu, consacré, et parce qu’ils pèsent longuement, lourdement sur l’opinion générale. […] Le xixe  siècle a été, à sa manière, comme tous les autres, un grand siècle et seules les exigences de la polémique poussent quelques écrivains à nier cette vérité assez patente.

965. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre troisième »

Déjà, avec son aide, il s’apprête à cueillir la rose, quand un cri, poussé par Dangier, fait accourir Honte et Peur. […] Il se représente lavé de la pluie, desséché du soleil, poussé çà et là par le vent, et il rit de toutes ces marques de sa destruction prochaine. […] Enfant du peuple, né dans la pauvreté, poussé au vice par le besoin, toujours dans quelque extrémité fâcheuse, il ne laisse voir dans sa vie que ce qui la rend intéressante pour tous.

966. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre septième »

Tantôt il s’arrête, troublé, ébloui, contraint de baisser la vue, et il demande « à remettre ses sens étonnés », Ailleurs il décide d’enthousiasme, il ordonne, il enjoint, et cet « instinct qui le pousse », plus convaincant que la logique de l’école, plus habile que toutes les adresses de la rhétorique, lui suggère des preuves inattendues et saisissantes. […] Nous n’entendons plus la voix qui variait ces tours uniformes ; nous ne voyons plus le geste qui poussait ces idées en avant, qui les rangeait comme des pièces, qui achevait les peintures ébauchées par la parole. […] Que penserait-on, en littérature, d’un critique qui s’évertuerait à nous prouver que nous avons le droit de faire du nouveau à tout prix, et qui pousserait à la production des livres, au nom des libertés de l’esprit humain ?

967. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1869 » pp. 253-317

* * * — Ce soir, le petit cousin donne, pour la pousse de ses moustaches, ce qu’on appelle une petite fête, chez Voisin. […] … » Et il s’anime : « Tenez, Rousseau… Eh bien, il avait déjà trouvé un procédé exagéré… Est venu après lui Bernardin de Saint-Pierre, qui l’a poussé plus loin… Chateaubriand, Dieu sait… Hugo !  […] Nous n’avons obéi à aucun petit et misérable sentiment dans ce portrait, ayant bien certainement plutôt à nous louer qu’à nous plaindre du critique ; nous avons été tout bonnement mordus par ce désir d’analyste, de pousser à fond la psychologie d’une individualité très complexe, ainsi qu’un naturaliste, amoureux de sa science, disséquerait et redisséquerait un animal, dont l’anatomie lui semblerait avoir été incomplètement ou mal définie par ses confrères.

968. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre onzième. La littérature des décadents et des déséquilibrés ; son caractère généralement insociable. Rôle moral et social de l’art. »

L’horrible soif qui me déchire Aurait besoin pour s’assouvir D’autant de vin qu’en peut tenir Son tombeau ; — ce n’est pas peu dire : Je l’ai jetée au fond d’un puits, Et j’ai même poussé sur elle Tous les pavés de la margelle. […] Rousseau pousse l’infatuation de son moi jusqu’à la folie : nous en avons vu plus haut un exemple. […] C’est précisément pour faire illusion sur la stérilité du fond que les décadents poussent au dernier degré le travail de la forme : ils croient suppléer au génie par le talent qui imite les procédés du génie.

969. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Conclusions »

Ce qui les pousse d’habitude à l’hypocondrie, c’est une singulière exagération de leur sensibilité. […] Hamlet et Werther sont des modèles de douloureuse indécision : toute l’école naturaliste brise le ressort de ses créatures : celui des modernes qui a poussé le plus loin la démonstration de cette hypocondrie particulière, Tourguénef, a également fait d’une façon magistrale l’étude des maladies de la volonté. […] Ses analyses de caractère sont mieux poussées que celles du romancier anglais chez lequel elles sont médiocres, ses peintures de milieux beaucoup plus exactes, ses descriptions, ses scènes plus renseignantes, sa composition mieux entendue.

970. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIe entretien. Boileau » pp. 241-326

C’est cette noblesse exagérée des sentiments qui lui a maintenu longtemps le génie chevaleresque poussé jusqu’à la folie et jusqu’à la caricature, dont son don Quichotte, son livre populaire, a été, sous la plume de Cervantès, l’amusante et déplorable dérision. […] Ces satires-là ne sont pas de la haine ; elles sont l’amour du beau et de l’honnête poussé jusqu’à la vengeance contre le laid et le crime. […] Si Boileau n’avait ni l’âme, ni le temps convenable pour égaler Juvénal, on voit par ses beaux vers sur ce poète qu’il avait la corde de l’indignation aussi sonore que celle du Romain : Juvénal, élevé dans les cris de l’école, Poussa jusqu’à l’excès sa mordante hyperbole.

971. (1884) Articles. Revue des deux mondes

Y marcher, voilà sa loi ; mais nulle nécessité ne l’y pousse : elle est toujours libre de s’arrêter ou de retourner en arrière. […] Mais l’analyse pourrait pousser plus loin. […] Dès lors on sera disposé à voir, avec Bunsen, dans le sentiment que l’homme a de Dieu la force primordiale et constante qui meut les nations, le souffle toujours vivant qui pousse l’humanité vers le vrai et le juste, l’instinct originel de notre race, instinct qui, se développant graduellement de l’inconscience à la conscience, donne naissance à toute langue, à toute constitution sociale et politique, à toute civilisation.

972. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVIII. J.-M. Audin. Œuvres complètes : Vies de Luther, de Calvin, de Léon X, d’Henri VIII, etc. » pp. 369-425

Mais, consciencieux et de cette conscience qui sait, s’indigne et repousse, Audin, partial de vérité, a poussé la passion du vrai jusqu’à n’employer exclusivement contre les protestants que les textes protestants ! […] Lorsque dernièrement un écrivain soi-disant catholique13, dans une histoire de la Littérature française sous le gouvernement de Juillet, pieux ossuaire de toutes les médiocrités que le temps a balayées déjà et qu’il pousse à la fosse commune de l’oubli, a, parmi cette tourbe de noms qui importunent le regard, consacré trois lignes de protecteur distrait au respectable nom d’Audin, — c’est-à-dire de l’homme qui, après MM. de Maistre et de Bonald, a le plus contribué à la diffusion des idées catholiques au xixe  siècle, comment s’étonner que les panthéistes, les libres penseurs, les journalistes, les vaudevillistes (plus nombreux qu’on ne croit), et les jongleurs de feuilleton, composant la littérature contemporaine, aient répugné à parler d’un écrivain qui n’est pas des leurs, et d’ailleurs irréfutable pour des gens de notions aussi peu certaines ? […] S’il avait continué et poussé dans cette voie, il eût pu, les visites aidant, entrer comme un autre à l’Académie française ; mais il aima mieux produire dix volumes de travaux immenses, où le talent égale l’abondance des notions.

973. (1914) Note conjointe sur M. Descartes et la philosophie cartésienne pp. 59-331

Le dialogue en serait peut-être plus poussé. […] Plus la terre est commune, et plus il veut être poussé de cette terre. […] Ce sont d’immenses poussées et contre poussées, d’effrayantes pesées et contre pesées. Ce sont d’immenses forces antagonistes qui pressent et qui poussent et qui pèsent. […] Pareillement dans ces immenses et constantes et mutuelles poussées qui se partagent le monde, dans ces universelles et infatigables pesées tout le monde à chaque instant pousse, tout le monde à chaque instant pèse.

974. (1922) Le stupide XIXe siècle, exposé des insanités meurtrières qui se sont abattues sur la France depuis 130 ans, 1789-1919

Bien qu’ils n’aient plus grand’chose à attendre de l’Etat, la revanche du réel sur l’irréel les pousse à subir secrètement, docilement, les suggestions et impulsions de cet État, et c’est ainsi que le summum jus tend à devenir la summa injuria. […] Ce sont eux qui ont poussé toutes les portes par lesquelles est entrée la Révolution. […] Dans la morne porcherie de Zola, il semblait qu’eût poussé une auge à part, contenant un animal aussi sommaire, mais, plus vif. […] Elle devient, par là même, difficile à extirper et elle pousse des prolongements dans les divers milieux sociaux. […] Elles sont sujettes à des courants d’humeurs, ou à des préférences intellectuelles d’ordre général, qui poussent à les rejeter ou à les admettre, en affirmant qu’on les a contrôlées.

975. (1888) Impressions de théâtre. Première série

C’est le même sentiment de curiosité orgueilleuse et malfaisante qui le pousse à tenter le vieux mendiant. […] Andromaque n’a point de coquetterie avec Pyrrhus, soit ; mais elle a du moins le sentiment de ce qu’elle est pour lui et, sinon le désir de lui plaire, du moins celui de ne pas le désespérer tout à fait, de ne pas le pousser à bout. […] Mais il y avait aussi là des fillettes de douze à quinze ans, des fillettes précoces et curieuses comme il en pousse entre les pavés de Paris ; et qui dira l’effet qu’ont pu produire sur elles ces scènes ardentes d’amour exalté ? […] « Ne poussons pas de pointes, marquis, fait-il dire à Dorante ; le jeu est dangereux pour tous ! […] Elle ira donc où tout le monde la pousse.

976. (1890) Impressions de théâtre. Quatrième série

Et, par exemple, ne peut-on pas dire que c’est encore la Nature et l’Instinct qui, dans la Souris, poussent l’innocente Marthe dans les bras de Max de Simiers, lequel a tout justement l’âge d’Arnophe ? […] Le comte pousse la gaieté insouciante jusqu’à se dénoncer lui-même pour rien, pour le plaisir. […] C’est un homme qui pousse extrêmement loin le respect du sacrement de mariage. […] — Quant à son mari, ça lui fera plaisir… » Et, donc, Hercule, à la fois ahuri et rassuré, pousse vivement sa cour auprès de Mme Dauberthier. […] mais elle est exquise, très élégamment incohérente, sans queue ni tête, va comme je te pousse, d’une verve aventureuse, d’une grâce toute spontanée, avec des enfantillages et des mots trouvés, quelque chose de gentil, de fou, de désordonné, de crâne et d’imprévu.

977. (1837) Lettres sur les écrivains français pp. -167

Aujourd’hui la manie des écrivains de tout genre les pousse au journalisme, et M.  […] Après une entrevue pendant laquelle le jeune artiste avait reconnu le peu de succès de sa passion : « Je laisserai pousser ma barbe à dater de ce jour, et jusqu’à ce que vous cessiez d’être cruelle !  […] Intérieurement les amis avaient, chacun de son côté, poussé le verrou à une communication qui rendait précédemment toutes les chambres solidaires. […] Muret n’avait qu’un verrou à pousser pour ouvrir la porte et voir ce que contenait l’armoire improvisée. […] Alphonse Royer, poussent l’exagération de la mode jusqu’à parcourir tout l’Orient.

978. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Appendice. »

Ce chapitre est une espèce de précaution oratoire pour atténuer celui de la tente qui n’a choqué personne et qui, sans le serpent, eût fait pousser des cris. […] La curiosité, l’amour qui m’a poussé vers des religions et des peuples disparus, a quelque chose de moral en soi et de sympathique, il me semble.

979. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Sismondi. Fragments de son journal et correspondance. »

Votre esprit est trop philosophique pour que vous ne compreniez pas les deux manières de juger et de sentir, dont l’une tient à la vivacité des impressions présentes, et l’autre à la vivacité des impressions passées ; et dussions-nous pousser, chacun, notre manière propre à l’extrême, vous avez trop de bonté aussi bien que d’étendue dans l’esprit pour ne pas tolérer des opinions qui ne sont pas les vôtres. » La correspondance moins vive, mais toujours affectueuse, se continua jusqu’à la mort de Mme d’Albany. […] Lui-même, il poussait la charité dans l’habitude de la vie jusqu’à donner la préférence, pour le labour de son champ, au journalier le plus lent et le plus vieux ; pour les réparations de sa maison, à l’ouvrier le moins en vogue.

980. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DES MÉMOIRES DE MIRABEAU ET DE L’ÉTUDE DE M. VICTOR HUGO a ce sujet. » pp. 273-306

Au xviiie  siècle, la royauté, la noblesse, la religion, pâlissent, et l’esprit humain, dans la personne de ses chefs, pousse sa conquëte et aspire à régner. […] Lorsqu’on pousse trop loin l’idée de la prédestination des grands hommes, il arrive qu’on est amené, sans y prendre garde, à être sévère et injuste pour une foule d’hommes secondaires, mais estimables, qui dans leur temps et au nom de leur bon sens ou de leur vertu, et aussi de leurs passions, ont osé contredire sur quelque point et retarder un moment les triomphateurs. « A quarante ans, dit le poëte, il se déclare autour de Mirabeau, en France, une de ces formidables anarchies d’idées où se fondent les sociétés qui ont fait leur temps.

981. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre III »

. — Pareillement Lacroix, le futur conventionnel590, poussé, à la sortie du théâtre, par un gentilhomme qui donne le bras à une jolie femme, se plaint tout haut. — « Qui êtes-vous ?  […] Cela suffit ; le duc a beau « pousser les attentions jusqu’à la recherche », Beugnot, si pliant, n’a nulle envie de revenir  On leur garde rancune, non seulement des saluts trop courts qu’ils font, mais encore des révérences trop grandes qu’on leur fait.

982. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIVe entretien. Mélanges »

Je fus prodigieusement étonné en lisant quelques-uns de ses numéros de le trouver au contraire aussi ferme que raisonnable dans ses principes, tout à fait dans mes idées, et persuadant de toute son éloquence au peuple agité que pousser la révolution à la guerre à l’extérieur et à la terreur au dedans, c’était la perdre par une réaction prompte et inévitable, et que les hommes d’ordre étaient les vrais révolutionnaires. […] Mais les corps collectifs sont toujours poussés à prendre dans leurs antécédents les règles de leur avenir, M. de Lamennais fut nommé membre de la commission de Constitution: il se mit à l’ouvrage et chercha par la logique brutale du nombre à fonder sa société comme une troupe de sauvages sortis des bois ; il fonda les communes, puis il réunit toutes ces communes, et de leur réunion il fonda l’État, en sorte que l’État social matérialiste et se comptant par chiffre, et non par capacité ni par droits héréditaires et acquis, était l’expression seule du nombre et de l’impôt, abstraction faite de tout le reste, c’est-à-dire de la société tout entière.

983. (1911) Enquête sur la question du latin (Les Marges)

Poussons plus avant encore, si vous le voulez. […] Mais je demeure convaincu de ceci : que les études latines et françaises ne sauraient être trop poussées dans les lycées et collèges.

984. (1889) Les premières armes du symbolisme pp. 5-50

Théodore de Banville fait pousser impitoyablement, tel le dieu de Claros, de monstrueuses oreilles d’âne sur la tête de maint Midas. […] (L’auteur des Exilées pousse un soupir lamentable et l’intermède finit.)

985. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre cinquième »

Il y a une sorte de création dans cette sagesse même qui tint en bride Desportes et Bertaut, et qui les fit résister à la tentation d’imiter Dubartas, quoique celui-ci ne se fût pas mal trouvé pendant un temps d’avoir poussé jusqu’à l’extravagance l’imitation de Ronsard. […] S’il faut en croire Racan, il lui arriva, dans une rencontre, de pousser Sully si vivement l’espace de deux ou trois lieues, que celui-ci en garda toujours du dépit et que ce fut la cause de la situation médiocre de Malherbe à la cour de Henri IV.

986. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 janvier 1886. »

Il doutait de tout, lui dont le trait essentiel fut la foi, lui qui jamais ne dévia, qui ne se laissa détourner de sa voie toute d’affirmation et de divin espoir, ni par la critique, ni par la misère, — ni par le succès ; et il nous dit à propos de Lohengrîn : « Moi aussi, je me sentis invinciblement poussé à demander, d’où viens-tu, et pourquoi ? […] Presque toujours, dans ses commentaires, Wagner nomme le chevalier de Saint Graal le centre du poëme ; c’est lui qui est poussé par un désir invincible, par le désir inexprimable d’être aimé, à quitter la région éthérée de pureté absolue, dans laquelle il vit, pour venir se mêler aux hommes, et pour trouver un cœur de femme qui se donne à lui, tout entier et sans question (IV, 353-366).

987. (1863) Le réalisme épique dans le roman pp. 840-860

— Et remontant à l’origine du système que revendique l’auteur, suivant l’altération des principes de Goethe chez ses maladroits disciples, je m’expliquais l’enchaînement de méprises qui a poussé M.  […] Flaubert poussa donc son réalisme à outrance, tout en le transposant de plusieurs tons, et c’est ainsi que Salammbô a succédé à Madame Bovary.

988. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur de Latouche. » pp. 474-502

Ceux qui ont trouvé en leur vie quelques-uns de ces accents, eussent-ils ensuite poussé bien des cris de colère et de rancune, il doit leur être beaucoup pardonné. […] Il a poussé ce sentiment plus loin qu’il n’est permis, même à l’artiste, dans quelques élégies lascives qui font partie de ce qu’il appelle son Portefeuille volé (1845).

989. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1877 » pp. 308-348

Or, hier en rentrant chez moi, j’aperçois une chose immense, à l’apparence d’une diligence, qu’une attelée d’ouvriers pousse sous la porte-cochère. […] * * * — Bien bizarre chez moi, cette attirance d’un milieu d’art, et qui me pousse à venir m’asseoir, à passer des heures, dans une boutique de bibelots ou de tableaux.

990. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre III. Le théâtre est l’Église du diable » pp. 113-135

Il a ri de tout son cœur, et il a poussé le rire jusqu’à la bouffonnerie ; à présent il rentre dans toute sa dignité. […] Régnier trouvèrent le Ministère attentif, et la ville de Paris poussa à l’œuvre commune.

991. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre IV. Comparaison des variétés vives et de la forme calme de la parole intérieure. — place de la parole intérieure dans la classification des faits psychiques. »

La succession de faits homogènes que nous appelons la parole intérieure est donc une série continue d’habitudes positives réalisées, et la parole intérieure, dans son ensemble, est une habitude positive complexe, qui dès l’enfance a pris possession de la vie psychique, et qui, toujours entretenue et fortifiée par l’attention, a poussé en nous des racines si profondes que son incessante réalisation est devenue comme une nécessité de notre existence. […] Un arbre vigoureux est sorti d’une petite graine ; si l’arbre a grandi, c’est que la graine avait été semée dans le sol fertile qui convenait à sa nature ; c’est aussi que la première pousse s’était trouvée baignée d’une atmosphère vivifiante ; pour expliquer aujourd’hui la grandeur et la santé de l’arbre, la graine ne suffit pas ; il faut, de plus, le terrain et l’atmosphère.

992. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — George Sand, Valentine (1832) »

Il semblait que le succès de son aîné l’eût fait pousser et se produire à la hâte, comme un enfant précoce qui devance l’âge d’être homme, séduit et perdu qu’il est par l’exemple de son grand frère.

993. (1874) Premiers lundis. Tome II « Alexis de Tocqueville. De la démocratie en Amérique. »

La Pensylvanie avait d’abord essayé d’établir une Assemblée unique, et Franklin, obéissant à la logique rigoureuse, avait poussé à cette mesure.

994. (1823) Racine et Shakspeare « Chapitre II. Le Rire » pp. 28-42

L’Absurde, poussé à l’extrême, fait souvent rire, et donne une gaîté vive et délicieuse.

995. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre IV. Unité et mouvement »

Mais jamais ces émotions dissonantes ne seront dominantes et poussées jusqu’à faire obstacle à l’émotion supérieure, qui est propre au genre.

996. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre I. Les origines du dix-huitième siècle — Chapitre II. Précurseurs et initiateurs du xviiie  siècle »

La crédulité de la foule encourage la fourberie de quelques-uns ; l’intérêt des prêtres les pousse à profiter de l’ignorance populaire.

997. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre II. La tragédie »

Crébillon Elle était bien malade, dès le jour où elle perdit Racine : par un effort de génie qui ne sera pas renouvelé, il avait su pousser son observation bien au-dessous de la surface polie des mœurs actuelles jusqu’aux explosions immorales, douloureuses, brutales, des passions naturelles.

998. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Édouard Rod »

… Sans réflexion, sans calcul, poussé par sa nature et par l’esprit du temps, il s’est livré à ses séductions, dont il n’a pas vu le danger : c’est si facile, si doux, si distingué, de jouer avec les idées, de s’en caresser l’intelligence, d’en extraire l’essence, et, comme un riche répand sur ses mouchoirs un parfum dont le prix nourrirait des familles, d’en saupoudrer élégamment sa vie… Cependant, ces plaisirs s’émoussent comme toutes les ivresses : le Pharisien se fatigue à la fin des arcs-en-ciel qu’allument sur toutes choses les prismes de son esprit.

999. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Coppée, François (1842-1908) »

Bernard Lazare Si les élégiaques déshonoraient les petits oiseaux, comme a dit un ingénieux critique, il (François Coppée) sut déshonorer mieux que cela, et sur le tombeau de la sensiblerie, il sut faire pousser les plus fameux tubercules.

1000. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre III. Éducation de Jésus. »

Les évangiles apocryphes sont pleins de pareilles histoires poussées au grotesque.

1001. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXII. Machinations des ennemis de Jésus. »

Désespéré, poussé à bout, il ne s’appartenait plus.

1002. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre neuvième. »

L’autre le pousse, etc….

1003. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « La Société française pendant la Révolution »

Illusion d’esprits comme il en pousse encore, et qui ne doutent de rien, dans un siècle qui doute de tout.

1004. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Ch. de Barthélémy » pp. 359-372

… Il faut être au courant de la vie que lui firent les philosophes, qui pouvaient tout dans le temps où la France était au pillage de leurs idées et de leurs ambitions, pour savoir à quel point sublime Fréron poussa l’invulnérabilité.

1005. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La révocation de l’Édit de Nantes »

Ce livre, qui est intitulé : Histoire des réfugiés protestants de France depuis la révocation de l’Édit de Nantes jusqu’à nos jours 18, n’est pas, comme l’ouvrage de Moret, l’histoire du déclin d’un grand règne dans sa majesté et dans ses orages : c’est tout simplement l’histoire d’une faute, — pour parler comme la plupart des appréciations de notre époque, — et, entre toutes les fautes de Louis XIV, de celle contre laquelle la philosophie a poussé le plus furieux cri de haro dont elle pût honorer une mémoire.

1006. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Abailard et Héloïse »

S’ils vivaient, il pousserait l’admiration peut-être jusqu’à faire leurs commissions.

1007. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Collé »

Il faut voir comme il l’y pousse, comme il le recommande, mais surtout comme il le conseille !

1008. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XI. Gorini »

Nous n’en sommes pas là encore, L’abbé Gorini n’est pas un de ces savants, à patience d’insecte, qui pousse imperturbablement devant lui son petit trou dans sa poutre.

1009. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XIX. Abailard »

S’ils vivaient, il pousserait l’admiration peut-être jusqu’à faire leurs commissions.

1010. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Gustave D’Alaux »

C’est un de ces nègres vulgaires, comme tant d’autres chefs d’un instant de la barbarie noire, et qui n’a dû son élévation qu’à de chétives circonstances de taille avec sa petitesse, et, depuis, aux passions qui, comme celles des masses, ont une manière de faire des chefs de certains hommes qu’elles poussent devant elles en attendant qu’elles leur passent par-dessus.

1011. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. J. Autran. Laboureurs et Soldats, — Milianah. »

: pourquoi la poésie, au déclin des civilisations poussées à l’excès, n’irait-elle pas chercher un rajeunissement aux sources premières ?

/ 2003