Ces effets n’ont point été inconnus des anciens ; ils élevaient des cirques sans masses pleines, pour laisser un libre accès aux illusions de la perspective.
La tragédie est rapide dans sa marche, et va droit au but : donc la comédie doit être pleine de digressions et de hors-d’œuvre. […] Quel lien subtil peut-on saisir entre l’impression profonde qui lui fait trouver comique ou belle L’École des femmes, et les remarques pleines de sens et d’esprit qui sortent de sa bouche, sur la valeur dramatique des récits d’Horace et d’Agnès, sur le caractère propre de l’art et du génie de Molière, et sur la haute portée de ce qu’on appelle ses plaisanteries ? […] Je la comparerais plutôt à un orateur sacré, plein de grâce et de modestie, qui compte sa propre parole pour rien, et croit avoir fait par ses commentaires tout ce qu’il peut faire, s’il persuade à ses auditeurs de sonder d’un cœur et d’un esprit purs le texte de la Parole divine. […] Alors, plein de confiance en toi et n’ayant plus besoin de guide, regarde en ton âme, tu y découvriras la beauté. […] Par une subtilité pleine de candeur, qui était bien dans la nature de son génie, Corneille avait besoin de trouver dans les anciens des exemples et des règles pour faire autrement que les anciens, et il voulait leur rester soumis en leur désobéissant ; voici comment il justifie l’une de ses pièces d’être sans modèle dans l’antiquité : « L’amour de la nouveauté était l’humeur des Grecs dès le temps d’Eschyle, et, si je ne me trompe, c’était aussi celle des Romains, Nec minimum meruere decus, vestigia græca Ausi deserere.
On leur répondit rudement des fenêtres que l’heure était indue, qu’on n’ouvrait plus à de nouveaux hôtes, et que d’ailleurs le monastère était plein de visiteurs arrivés avant nous. […] En contemplant bien ce magnifique tableau, et en entrant, par tous les pores, dans la pensée du peintre, c’est la poésie du bonheur, c’est l’idéal de la paix des champs, c’est l’infini dans la calme jouissance de la nature, c’est l’idylle de l’humanité, dans son premier Éden, devant le Créateur : idylle transposée aujourd’hui sous le soleil, dans ce monde de travail et de sueur, mais pleine encore de toute la félicité que cette terre corrompue peut offrir à l’homme. […] XXII À gauche du timon, deux pfifferari, joueurs de cornemuse des Calabres, dansent lourdement aux sons de leur musette devant les buffles, comme pour célébrer la bienvenue du maître de la maison sur son champ ; leurs pas pesants et malhabiles touchent au grotesque sans dépasser le sourire ; l’ivresse de la récolte respire dans leurs pieds ; leurs coudes pressent l’outre musicale pleine d’air modulé ; l’ébriété est dans leurs épaules, dans leurs genoux. […] Les lettres de Robert à cette époque sont pleines d’inspirations mystiques vers cette autre vie où l’on sera réuni à ce qui est digne d’être aimé dans ce bas monde. […] Il est déjà vêtu de sa capote de laine de pêcheur ; d’une main il s’appuie sur le trident et le harpon, instruments de pêche ; de l’autre il montre, par un geste inquiet, le nuage qui plombe dans le lointain sur la mer ; il sonde l’horizon d’un regard plein de pressentiments.
Je ne l’ai pas connu personnellement, lui, mais j’ai connu très intimement ses parents ; son neveu, homme distingué, président du sénat à Turin ; ses commensaux de tous les soirs à Florence ; la comtesse d’Albany, son idole ; sa chambre, vide à peine ; sa bibliothèque, pleine encore de volumes grecs ouverts sur sa table. […] « Cependant, pour faire l’essai de ma nouvelle et pleine indépendance, le carnaval à peine fini, je voulus absolument m’en aller seul à Rome. » VII De Rome à Venise, sans plus de profit ni de plaisir, il ne sent rien et ne fait rien sentir. […] Ce fut l’épanchement d’un esprit trop plein et blessé dès l’enfance par les flèches de l’oppression détestée qui pèse sur le monde. […] Il m’en était resté dans les yeux et en même temps dans le cœur une première impression très agréable ; des yeux très noirs et pleins d’une douce flamme, joints (chose rare) à une peau très blanche et à des cheveux blonds, donnaient à sa beauté un éclat dont il était difficile de ne pas demeurer frappé, et auquel on échappait malaisément. […] Je suis plein de sentiments pour vous, « Votre très affectionné frère, « Henry, cardinal. » « Le lendemain, 16 décembre, un bref du pape Pie VI, adressé à la comtesse d’Albany, lui annonçait que les dispositions du cardinal étaient complètement approuvées, et qu’un asile sûr attendait la royale fugitive dans le couvent des Ursulines.
L’abeille prépare donc la cire avec des fleurs comme je l’ai dit, mais une preuve qu’elle ne compose point le miel, et qu’elle recueille celui qui tombe, c’est que ceux qui ont des ruches les trouvent pleines de miel en un jour ou deux, et que d’ailleurs, quand on leur a ôté leur miel en automne, elles n’en font plus de nouveau quoiqu’il y ait encore des fleurs. […] La nature est pleine de ces dévouements qui seraient des sarcasmes du destin s’ils n’étaient des augures d’un autre monde. […] Par sa soumission volontaire, il s’associe de son plein gré à quelque chose de plus grand que lui ; il se sent rattaché à un ordre de choses qui le dépasse et qui le fortifie. […] Mais éclairer l’humanité sur les caractères de la vertu, lui montrer avec pleine lumière la fin obligatoire de toutes les actions humaines, et lui indiquer les voies qui mènent à cette fin, c’est un immense service ; et l’on n’a point à s’étonner de l’estime et de la gloire qui le récompensent. […] Puis, regardant avec un sourire plein de douceur ses disciples tout en larmes : “Mes amis, ajouta-t-il, soyez donc mes cautions auprès de Criton, mais d’une manière toute contraire à celle dont il a voulu me cautionner auprès des juges.
« Je quittai Cacault l’esprit plein de doutes et d’appréhensions, et le cœur agité en prévision de ce que le Pape résoudrait. […] Mais, en homme plein de pénétration et de sagacité, il avoua, après un long entretien et de mûres réflexions, que l’opinion et le projet de M. […] « Ce discours du comte de Cobenzel fut accompagné de beaucoup d’autres paroles sortant très réellement de la bouche d’un véritable homme de cour, toutes pleines de politesse et de grâce, ce en quoi il était fort expert. […] Leurs voitures avaient disparu au milieu de la confusion ; ils retournèrent à leurs logis, pleins des pensées qu’un semblable événement devait provoquer dans leurs âmes. […] « Tous nous y arrivâmes, qui par un chemin, qui par un autre, surpris, ignorants et pleins de crainte, en général, sans trop savoir que redouter.
Aux deux phases de la pensée humaine correspondent, en effet, deux sortes de littératures : — littératures primitives, jets naïfs de la spontanéité des peuples, fleurs rustiques mais naturelles, expressions immédiates du génie et des traditions nationales littératures réfléchies, bien plus individuelles, et pour lesquelles les questions d’authenticité et d’intégrité, impertinentes quand il s’agit des littératures primitives, ont leur pleine signification. […] Lors même que le toit serait percé à jour et que l’eau du ciel viendrait mouiller la face du croyant agenouillé, la science aimerait à étudier ces ruines, à décrire toutes les statuettes qui les ornent, à soulever les vitraux qui n’y laissent entrer qu’un demi-jour mystérieux, pour y introduire le plein soleil et étudier à loisir ces admirables pétrifications de la pensée humaine. […] On s’obstine à répéter sur ce sujet des lieux communs pleins d’inexactitude. […] Pleines de vie et de vérité pour les peuples qui les ont créées, elles ne sont pour nous qu’un objet d’analyse et de dissection. […] Malebranche donne un coup de pied à une chienne qui était pleine, Fontenelle en est touché : « Eh quoi !
» Mercredi 20 mai Au Moulin-Rouge des carafes frappées pleines de Champagne rosé ; des femmes assises au milieu de l’éventail bouffant de leurs jupes sur des chaises de paille ; des jeunes gens poussiéreux arrivant des Courses, de petits papiers où il y a écrit au crayon : Retenue sur les tables vides ; M. […] 22 juillet Nous allons pour un voyage d’affaires à Breuvannes, à nos fermes des Gouttes… Breuvannes, la maison d’été de notre enfance, devenue une fabrique de limes et de tire-bouchons, toute pleine de cris et de grincements de machines ; les lucarnes du grenier, d’où mon père canonnait les polissons du village à coups de pommes, sont bouchées ; le mirabellier, toujours plein de guêpes et qui a fourni à tant et de si bonnes tartes, est remplacé par un appentis vitré ; et la chambre à four où le maître de danse apprenait des entrechats à l’aîné de nous deux, nous ne savons plus ce qui s’y fait. […] Dès que la soupe lui a ouvert la bouche, le dernier roman de La Patrie en découle, sans arrêt, sans suite au prochain numéro, à pleins bords. […] On s’apprend les mariages et les morts, et l’on vous gronde doucement d’avoir oublié d’anciens amis… Et nous voilà dans la maison du docteur Fleury, causant avec Banville, quand tombe dans notre conversation le vieux dieu du drame, le vieux Frédérick Lemaître… Dans tout cela, par tous ces chemins, en toutes ces rencontres, dans ce que le hasard fait repasser devant nous de notre vie morte, dans ces revenez-y de notre jeunesse qui semble nous promettre une vie nouvelle, nous roulons, écoutant et regardant tout comme un présage, tantôt bon, tantôt mauvais, pleins de pensées qui se heurtent autour d’une idée fixe, prêtant aux choses un sentiment de notre fébrilité et croyant, dans un air d’orgue qui passe, entendre l’ouverture de notre pièce.
Il y a à côté de moi le général Schmitz, un militaire mêlé à la littérature, à la diplomatie, à l’économie politique, un homme d’intelligence, la parole pleine de faits. […] Il me conte l’habitude qu’il a prise, de dessiner, de peindre en plein air, debout, et cela, pendant huit ou dix heures, disant qu’assis, il retient sa respiration, penché qu’il est sur son travail, tandis que tout droit dans la campagne, il respire à pleins poumons. […] Il lui demande s’il n’en a pas d’autre. « C’est bien dommage que vous ne soyez pas venu la semaine dernière, lui dit le revendeur, le grenier en était plein, mais un tanneur a tout pris pour recouvrir ses cuves. » Or, ce qui couvre les cuves d’une tannerie est perdu, brûlé. […] La mère était une femme folle de plaisirs, et la maison toute pleine de joie et de danses. […] Le cimetière est plein de bas admirateurs, de confrères anonymes, d’écrivassiers dans des feuilles de choux, convoyant le journaliste, — et non le poète, et non l’auteur de Mademoiselle de Maupin.
On rit beaucoup aux dépens de ce dernier, qui, plein de honte & de rage d’avoir été trompé, se vengea contre Muret, en lui reprochant, dans un distique*, ses mœurs & le bucher où des accusations horribles pensèrent le conduire à Toulouse. […] On ne conçoit pas comment un homme d’esprit, sans entendre un seul mot de grec, a pu former le projet de mettre l’Iliade en notre langue ; comment, dans l’idée de réduire ce poëme, d’en retrancher le gigantesque, le puérile & le superflu, il l’a rendu plus long & plus chargé d’inutilités ; comment, d’un corps plein d’embonpoint & de vie, il n’en a fait qu’un squelette aride & désagréable. […] L’adieu d’Hector & d’Andromaque, cette scène épique si touchante, si pleine de chaleur & de vie, est rendu ainsi : C’est trop, s’écrie Hector, c’est trop vous attendrir. […] Ceux qui aiment les tableaux pleins de feu & d’imagination, & qui ne sont que heurtés, se détermineront pour les grands traits de l’Iliade ; mais ceux qui n’estiment que les peintures finies & léchées, mettront au-dessus de tout les beaux endroits de l’Énéide. […] Il a fait à la fois, d’Énée, un prince religieux & un grand homme ; un héros qui craint les dieux, mais à qui les oracles n’en imposent pas ; un héros plein de franchise & de valeur, ne sauvant sa gloire, & ne s’arrachant à Didon, qu’après l’avoir rendue triomphante de ses ennemis, & fait preuve des sentimens les plus élévés.
Et l’esprit inquiet, qui dans l’antiquité Remonte vers la gloire et vers la liberté, Et l’esprit résigné qu’un jour plus pur inonde, Qui, dédaignant ces dieux qu’adore en vain le monde, Plus loin, plus haut encor, cherche un unique autel Pour le Dieu véritable, unique, universel, Le cœur plein tous les deux d’une tristesse amère, T’adorent dans ta poudre, et te disent : « Ma mère ! […] L’Italie est pleine d’hommes de la même trempe de cœur et d’esprit, auxquels il ne manque que la voix. […] Violer cette base, ce n’était pas seulement une iniquité, c’était la guerre, c’était le meurtre en masse, c’était le sang humain jeté au hasard et à pleine main sur la terre d’Europe ! […] Si j’en ai eu quelquefois, comme tout le monde, à la fleur de ma vie, l’âge, les événements, les réflexions, les humiliations de cœur et d’esprit dont ma vie est pleine, ont assez pris le soin de l’abattre. […] C’était un de ces révolutionnaires aristocrates, pleins de contradictions entre leur nature et leurs idées, comme il en existait tant à cette époque, qui adoraient les principes et qui détestaient les conséquences.
» « Comment j’y pénétrai », continue le poète, « je ne saurais le dire, tant j’étais plein de sommeil quand je perdis la vraie voie ! […] Les chants suivants sont pleins de définitions des sciences, des vertus, des orthodoxies de l’école. […] « Mais parce que mon papier est plein », dit le poète, « que j’avais destiné à ce second cantique, le frein de l’art m’interdit de le continuer plus longtemps. Je me sens pur et disposé à monter jusqu’aux étoiles. » Voilà le poème du Purgatoire, plein d’allégories glaciales, d’allusions obscures, d’inventions étranges, de rencontres touchantes, de vers surhumains. […] Saint Thomas d’Aquin, saint François d’Assise, saint Dominique y sont exaltés en vers, pleins d’allusions toutes claustrales.
… J’étais plein d’espoir. […] Sa fille Pauline se met à aimer un de ses valseurs, un nommé Sévère, un garçon plein de mérite, mais qui n’a pas le sou. […] Antoine, et deux « amateurs » pleins de naturel ? […] Vous n’aimez pas Adolphe. » Et tant d’autres, car la pièce en est pleine ! […] Un cœur d’or bat sous sa médaille militaire, et sa grosse moustache est pleine de grognements dévoués.
Leur seul mérite incontestable, c’est d’avoir fait pénétrer, dans le langage du centre et du nord de notre pays, tant d’expressions et de tours de dire ; le français est plein de latinismes provençaux ; la langue vaincue fut le butin de la langue victorieuse. […] A-t-il vécu seul, l’âme pleine d’ombre, et morose, plus morose encore par l’écho de son rire que lui renvoyait le monde ? […] En même temps qu’un cœur tendre, il fut un esprit plein de mystiques rêveries et sans cesse tourmenté des éternels problèmes de l’existence et du trépas. […] Notre mépris, lorsque, à l’extase de palper à pleines paumes la chevelure d’or du sublime, vous préférez la singerie d’y surprendre un pou, est vaincu par notre apitoiement. […] Luzel ; il est vrai qu’il ne dédaigne pas Jasmin, troubadour agenais, ni — si justement d’ailleurs — Mistral, troubadour provençal, ni ΨϓΧΗ de Jules Favre, et qu’il est plein de tendresse pour Boulay-Paty, rimeur insignifiant.
N’est-il pas évident que l’une, pleine de batailles et de fureur, est l’œuvre de la jeunesse du poète, ou, si vous voulez, de son âge viril ? […] Leur existence féconde et pleine, en tous ses degrés de maturité, a les fruits de chaque saison. […] Grande activité des vaisseaux sanguins, amour du mouvement et de l’exercice, physionomie pleine de vivacité et d’animation. […] On a le cœur plein d’allégresse, de reconnaissance et d’amour ! […] Tout cela est bizarre et terrible, plein de mystère et de superstition.
C’est un ciel nouveau parmi les sept cieux ; il peut mépriser l’éclat de la pleine lune, car il voit sur sa sphère lever l’astre de Mansour. […] Ainsi, voilà le comte Raymond, qui, jusque dans sa cour, pleine de chevaliers et de poëtes, voit croître contre lui la formidable puissance de l’Église romaine. […] L’historien ne remarque pas même que ce doge, plein d’ardeur pour les grandes entreprises, avait alors quatre-vingt-neuf ans. […] Toutefois l’ouvrage est conduit avec art et simplicité, plein de curieux détails, intéressant par la naïveté et quelquefois par le pathétique. […] Pour l’ignorance, le culte des saints était devenu tout un paganisme, plein d’histoires fabuleuses.
Fontenelle disait que, s’il avait la main pleine de vérités, il se garderait de l’ouvrir. […] Ce ne sont donc pas deux choses, véritablement : non, ce n’en est qu’une, et nous les trouvons là toutes les deux à la fois ; et nous buvons à pleine coupe le divin, l’enivrant mélange du réel et de l’idéal ! […] On disait, en parlant du théâtre d’Eschyle, qu’il était « plein de Mars » ; en d’autres termes, qu’il respirait l’héroïsme guerrier. […] Vers charmant, plein de tendresse et de grâce. […] Au commencement de la pièce, Nicomède forme une ligue avec Laodice : pleins de sympathie l’un pour l’autre, ils veulent se protéger mutuellement contre les dangers de cette Cour pleine d’embûches.
L’historien, plein de colère, nous montre sous un aspect tout à fait dantesque sa ville natale en proie aux factions, à la licence des mœurs. […] Ils se sentent pleins d’un grand désir de confesser leur douleur. […] Dante reçoit d’Homère et de ses illustres compagnons, dans les limbes, un accueil plein d’honneur. […] La tradition garde le souvenir des grâces pleines de noblesse d’Andrea Novella, qui suppléait son père dans la chaire de droit canon. […] Vous avez toujours l’interprétation aimable des défauts de vos amis, Viviane pleine de grâce !
Après avoir poliment éconduit, couronnées de roses, les Elvires et les Charlottes, pour n’enregistrer, parmi les convulsions de leurs âmes viriles, que les plus représentatives de la génération actuelle, pour mieux chanter l’infini des souffrances terrestres que chacun porte en soi45, — ils se sont efforcés de nous donner une poésie pleine, une poésie pure, une poésie complète sur le modèle de Pindare et des tragiques grecs46, une poésie noble, « haute comme un ciboire47 », une poésie d’idées où s’atteste le souci contemporain d’approfondir jusqu’à la passion les rapports de l’homme avec la nature et de l’homme avec l’homme. […] Le trop plein de ses sentiments il le laisse se répandre sans l’endiguer ; les accords incessants échappés de son moi superficiel au contact des choses, il ne les écoute pas. […] Ils ont pris possession du réel et chacune de leurs pensées est un acte simple· Doué d’un pouvoir extra-logique leur esprit perçoit, on dirait, l’essence même des êtres et des choses, ou tout au moins leur pleine réalisation dans la conscience. […] Au contraire, le métaphysicien et l’artiste dépassent la région des idées abstraites et puisent dans le plein épanouissement de la raison et dans la vie réelle de l’esprit leur pouvoir intuitif et créateur. […] C’est une vie morale qui s’élabore, qui prend pleine conscience d’elle-même et se fixe dans des conceptions déterminées.
Stoltz, est d’une grâce maligne, pleine de vérité.
On a cherché quels gages avaient donnés, de plus que lui, contre la branche aînée des Bourbons, les modérés qui accusaient lui et ses amis d’un rapprochement monstrueux avec les carlistes, et l’on a trouvé que la plupart de ces intrépides calomniateurs étaient bien soumis, bien plein de zèle, et sur tout bien rentés comme à présent tandis qu’il disputait sa tête aux bourreaux royalistes.
Ils ont de quoi les séduire, car ils sont pleins d’elles.
Son imagination l’enflamme, l’emporte en un monde féerique, plein de songes, de musique, et jette sur le papier les premières scènes de Conte d’avril.
Il a fait un Ouvrage plein de force, de lumieres & de vérités sur l’expulsion des Protestans au siecle dernier, & sur les motifs qui y ont pu déterminer Louis XIV & son Conseil.
Le gothique, étant tout composé de vides, se décore ensuite plus aisément d’herbes et de fleurs, que les pleins des ordres grecs.
Oui, j’en ai plein le dos du théâtre, et de la fièvre des répétitions et des représentations, et j’aspire à mercredi, où je serai tout entier, au retournement de mon jardin, et à la fabrication de cet amusant livre de pêche à la ligne, dans les brochurettes de la bibliothèque de l’Opéra, qui s’appellera : La Guimard. […] » L’homme de la police avait fait son métier en pleines affres de la mort. […] Montmartre, ce cimetière si fleuri, si plein de la pensée non oublieuse des survivants, prend un peu l’aspect d’un cimetière abandonné. […] Il me dit que cet homme silencieux, devient en face de la nature, un parleur, un parleur plein d’intérêt, et un connaisseur d’un tas de choses, qu’il s’est appris tout seul, et qui vont des théogonies aux procédés de tous les métiers. […] O’Connor, lieutenant-colonel de dragons : un militaire dont la conversation est pleine de faits.
C’est une abondance d’idées, une richesse d’images, de l’horreur, de l’horreur… mais de l’horreur amusante, et un style brisé, plein de vie, au milieu d’une ironie féroce, d’une ironie à la Swift. […] Or, il se trouvait, que la contrée était pleine de bécasses, et qu’on lui vendait, en le volant beaucoup, 50 centimes. […] » Vraiment cet Henri de Régnier a la conversation, toute pleine de jolies images, de fines remarques, de délicates ironies. […] Marin me disait, que la qualité du Vin de Champagne, était due à la nature de la montagne de Reims : un terrain à la couche de terre très mince, et au-dessous de laquelle se trouve de la craie, mais un terrain tout plein de pyrites sulfureuses. […] Le premier, à l’élégance d’un corps du Primatice, montre la femme les bras croisés au-dessus de la tête, et hanchant, appuyée à un cippe, où tourne une ronde d’Amours ; le second, c’est le plein d’un corps vu de dos, bien en chair, capitonné de fossettes, et qu’on pourrait prendre pour une étude de Rubens.
Et, après la promenade au bois… et la résurrection de la petite morte, l’entrée dans le village où çà sentirait le laitage, une étable pleine d’un rhythme lent d’haleines et de grands dos ; un intérieur à la Téniers : Les lunettes de la grand’mère Et son nez long Dans son missel... […] Mes Petites amoureuses, Les Poètes de sept ans, frères franchement douloureux des Chercheuses de poux : Et la mère fermant le livre du devoir S’en allait satisfaite et très fière sans voir, Dans les yeux bleus et sous le front plein d’éminences L’âme de son enfant livrée aux répugnances. […] Ce sont les fleurs les plus étranges Et des fruits d’un goût sans pareil, Des orangers remplis d’oranges Dans des champs tout pleins de soleil. […] En regard du vingtième siècle évoqué, de ses splendeurs et de ses vertus, le Poète traîne au plein jour de son étincelante ironie et de son indignation lumineuse les hontes actuelles où l’odieux se mêle au grotesque, et le lamentable à l’impayable. « … Au vingtième siècle, on sera froid pour les merveilleuses couleuvrines de treize pieds de long, en fonte frettée, pouvant tirer, au choix des personnes, le boulet creux et le boulet plein. […] Je ne reprendrai pas ici l’histoire du mouvement littéraire de cette période, romantisme, parnasse contemporain, renouveau lui-même du romantisme, un romantisme en avant où gronda le formidable vers de Leconte de Lisle, où chatoya et tinta celui de Théodore de Banville, où celui de Baudelaire gémit et luisit, flamme funèbre et chant frissonnant ; trinité révérée et vénérée d’où, sans conteste, procédèrent les premières œuvres d’une génération déjà mûre, très mûre, pensent et disent presque d’aucuns impatients, génération dont je suis, dont est Stéphane Mallarmé, dont sont d’autres encore, pleins, ceux-là, d’un talent resté dans son aspect d’antan moyennant les nécessaires modifications (en mieux sans doute aucun) qu’apporte le temps plus ou moins écoulé...
L’insurrection peut se communiquer facilement aux janissaires, et l’histoire ottomane est déjà pleine des révolutions tragiques dont ils furent les instruments. […] La vie de M. de Fontanes est pleine de ces traits, et cela rachète amplement quelques faiblesses publiques d’un langage, lequel encore, si l’on veut bien se reporter au temps, eut toujours ses réserves et sa décence. […] Au retour dans sa famille, quand il racontait la soirée de tout à l’heure, sa conversation si nette, si pleine de verve, s’animait encore d’un plus vif éclat141. […] M. de Saint-Marcellin, jeune officier, plein de qualités aimables et brillantes, mais qui ne portait pas dans ses opinions politiques cette modération de M. de Fontanes, et de qui M. de Chateaubriand a dit que son indignation avait l’éclat de son courage, fut tué dans un duel, à peine âgé de vingt-huit ans. […] Je ne doute pas qu’on ne la trouvât très-monotone à Paris : je la trouve, moi, pleine de charme.
Vous avez prononcé aussi le mot de vanité qui est inévitable en un tel sujet ; mais tant de gens ont leur vanité en dedans que la sienne, toute en dehors, était en quelque sorte commode pour autrui : cela accepté, on avait affaire à un esprit orné, plein d’anecdotes et de mots pris aux bons endroits, facile et coulant.
On peut aller sans peur vers Max Elskamp et accepter la corbeille de fruits qu’il nous offre dorée « par un printemps très doux », et boire au puits qu’il a creusé et d’où jaillissent « des eaux heureuses », des eaux fraîches et pleines d’amour.
La ville de Toulouse, pleine d’admiration pour ses talens, & d’estime pour ses vertus, lui fit une pension pendant les vingt dernieres années de sa vie, &, lorsqu’il fut mort, plaça son buste dans le Capitole, à côté de celui du Poëte Maynard, son Compatriote.
Plein de discernement & de zele pour la gloire des Lettres, il peint avec des couleurs énergiques les ravages du faux bel-esprit & la dégradation dans laquelle il nous a précipités.
L’Iliade est pleine, l’Odyssée est grosse de scènes toutes prêtes à se détacher du récit pour revivre de leur vie propre.
Nous n’étions pas revenus de notre surprise, elle augmenta encore lorsque nous vîmes entrer le président, dont l’aspect et les manières étaient tout à fait opposés à l’idée que nous nous étions faite de lui : au lieu d’un grave et austère philosophe dont la présence aurait pu intimider des enfants comme nous étions, la personne qui s’adressait à nous était un Français gai, poli, plein de vivacité, qui, après mille agréables compliments et mille remerciements pour l’honneur que nous lui faisions, désira savoir si nous ne voudrions pas déjeuner ; et comme nous nous excusions (car nous avions déjà mangé en route) : « Venez donc, nous dit-il, promenons-nous ; il fait une belle journée, et je désire vous montrer comme j’ai tâché de pratiquer ici le goût de votre pays et d’arranger mon habitation à l’anglaise. » Nous le suivîmes, et, du côté de la ferme, nous arrivâmes bientôt à la lisière d’un beau bois coupé en allées, clos de palissades, et dont l’entrée était fermée d’une barrière mobile d’environ trois pieds de haut, attachée avec un cadenas : « Venez, dit-il après avoir cherché dans sa poche ; ce n’est pas la peine d’attendre la clef ; vous pouvez, j’en suis sûr, sauter aussi bien que moi, et ce n’est pas cette barrière qui me gêne. » Ainsi disant, il courut à la barrière et sauta par-dessus le plus lestement du monde.
Pour revenir au roman dont on publie ici une nouvelle édition, tel qu’il est, avec son action saccadée et haletante, avec ses personnages tout d’une pièce, avec ses gaucheries sauvages, avec son allure hautaine et maladroite, avec ses candides accès de rêverie, avec ses couleurs de toute sorte juxtaposées sans précaution pour l’œil, avec son style cru, choquant et âpre, sans nuances et sans habiletés, avec les mille excès de tout genre qu’il commet presque à son insu chemin faisant, ce livre représente assez bien l’époque de la vie à laquelle il a été écrit, et l’état particulier de l’âme, de l’imagination et du cœur dans l’adolescence, quand on est amoureux de son premier amour, quand on convertit en obstacles grandioses et poétiques les empêchements bourgeois de la vie, quand on a la tête pleine de fantaisies héroïques qui vous grandissent à vos propres yeux, quand on est déjà un homme par deux ou trois côtés et encore un enfant par vingt autres, quand on a lu Ducray-Duminil à onze ans, Auguste Lafontaine à treize, Shakespeare à seize, échelle étrange et rapide qui vous a fait passer brusquement, dans vos affections littéraires, du niais au sentimental, et du sentimental au sublime.
L’anti-Machiavel de ce Monarque est plein d’esprit & de génie.
Mais ce but est si caché qu’il est presque impossible de le découvrir ; & l’on n’a guéres lu Rabelais que pour les obscénités dont il est plein.
En route, la pluie l’obligea à s’abriter dans une vieille case pleine de crânes humains.
On reproche encore à cet Homère parnassien d’avoir dit de l’espion Dolon : « Il s’arrête, plein de crainte, épouvanté, tremblant, pâle et ses dents claquaient. » « Il lui faut, dit-on moqueusement, cinq épithètes !
Barbier a trouvé pour l’abaissement de Venise, des paroles pleines de tristesse et d’éloquence. […] Le public s’est montré plein d’indulgence pour l’auteur d’Atar-Gull et de la Salamandre, et n’a cherché dans les romans de M. […] Quelques phrases pleines et concises suffisaient amplement. […] Quand elle succédait à la lutte, elle exigeait du poète une résignation pleine d’angoisses. […] Dès qu’elle a reçu ce nouveau baptême, elle se montre pleine de prévenance et d’obséquiosité.
Vandérem, des « urbains », des gens de Paris pour qui la longue et lente vie de province, si pleine à la fois et si vide, pleine et vide comme les seaux complémentaires d’un puits, n’existe guère. […] Si Fromentin avait compté sur cette activité littéraire pour produire sa peinture à la pleine lumière, son calcul avait été juste. […] En peinture Fromentin a pris avec élégance et correction, sans d’ailleurs les imiter, la suite de maîtres plus grands que lui, des Decamps et des Marilhat qui connaissaient alors le plein succès. […] Expert dans les deux arts, il appliquera son intelligence à les bien distinguer, à tirer de tous deux, sur leur terrain propre, leur plein rendement. […] D’ailleurs, ces quatorze mille pages lui paraissent pleines de redites, parce qu’il est habitué à ce qu’il dit, et que « la vie intérieure tourne en cercle ».
Cette littérature, sortie des entrailles mêmes du siècle, sera d’abord comme lui, il est vrai, pleine de troubles et d’orages. […] Il coule à pleins bords dans les plus belles pages de la poésie moderne. […] Les yeux de tous les assistants se dirigeaient sur elle, pleins d’angoisses et de pitié. […] Mais, ou je me trompe fort, ou on le surprend tout entier dans cette phrase pleine de douleur et pleine d’abîmes, pour laquelle je donnerais le reste de son livre : « Les âmes innocentes ne se font aucune idée des noirceurs et des faussetés dont l’homme est capable. […] Toujours est-il qu’un enthousiasme plein de gravité s’empare de lui dès qu’il traite cette matière.
Ce livre est plein de contradictions ; les idées les plus opposées s’y mêlent, s’y heurtent, s’y combattent à travers les nuages brillants d’un lyrisme désordonné. […] À quoi tendait le Saint-Simonisme, par exemple, en proclamant la réhabilitation de la chair et la suppression du vieil antagonisme de l’esprit et de la matière, sinon à effacer le devoir, à abolir la loi, à rendre à la nature humaine la pleine liberté ou plutôt la pleine licence de ses appétits et de ses passions ? […] un cœur généreux, plein d’indignation pour le vice, de colère pour le crime. […] Il avait mis à la mode les bâtards, victimes du préjugé, pleins de ressentiments et de malédictions. […] Ces questions, pleines de tempêtes, ne sont point de notre sujet, et pour bien des raisons nous nous garderons d’y toucher.
L’histoire de la pitié commence, ainsi qu’on sait, au dix-huitième siècle et bat son plein avec Schopenhauer et Tolstoï. […] Est-ce pas une conclusion pleine de douceur ? […] Il avait cette puissante mémoire aidée d’une bonne méthode qui donne de bonne heure une pleine et forte érudition. […] Il était délicieux pour les débutants, plein de bons conseils, d’encouragements, et on peut dire de prévenances. […] Ribot d’avoir mis ce rôle en sa vraie et pleine lumière.
., etc… ; Ramenez-moi, disais-je, au fortuné rivage, etc… ; que Victor Hugo ait proféré, à une heure brûlante, cet hymne attendri : Puisque j’ai mis ma lèvre à ta coupe encore pleine, etc… ; qu’Alfred de Musset lui-même, à travers son léger récit d’Emmeline, ait modulé à demi-voix : Si je vous le disais pourtant que je vous aime, etc., etc. ; ces notes vraies, tendres, profondes, nées du cœur et toutes chantantes, nous paraissent, aujourd’hui encore, autrement enviables que bien des mérites lentement acquis.
Et Bûchette et Jeanie, qui regarde en dedans, et Ilsée, Ilsée qui est l’apparition la plus essentielle que je sache ; et Marjolaine qui, la nuit, jette des grains de sable contre les sept cruches multicolores et pleines de rêves, et Cice, la petite sœur de Cendrillon, Cice et son chat qui attendent le prince ; et Lily, puis Monelle qui revient… Je ne puis tout citer de ces pages, les plus parfaites qui soient dans nos littératures, les plus simples et les plus religieusement profondes qu’il m’ait été donné de lire, et qui, par je ne sais quel sortilège admirable, semblent flotter sans cesse entre, deux éternités indécises… Je ne puis tout citer ; mais, cependant, la Fuite de Monelle, cette Fuite de Monelle qui est un chef-d’œuvre d’une incomparable douceur, et sa patience et son royaume et sa résurrection, lorsque ce livre se renferme sur d’autres paroles de l’enfant, qui entourent d’âme toute l’œuvre, comme les vieilles villes étaient entourées d’eau… [Mercure de France (août 1894).]
Elle semble l’illustration vivante de tous ces poèmes, obsolètes et polychromes, en train d’éclore de toutes parts, pleins de lys, d’alérions, de clairs de lune, de sphinx et de centaures, et elle captivera les chevaucheurs de nuées et de chimères par la grâce imprévue et troublante de ses travestis, évoquant la vision de l’Androgyne, du Surêtre asexué, de l’Ange impollu, ce qui lui vaudra l’hommage d’un poète exquis et précieux, l’arbitre des élégances, le nouveau Pétrone, l’un des adeptes de l’esthétique nouvelle, chez qui Huysmans a pris l’idée de son Des Esseintes : le comte Robert de Montesquiou : REVIVISCENCE2 Les Héroïnes disparaissent en cohortes Comme si les chassait un étrange aquilon : Sombre Lorenzaccio, pâle Hamlet, blanc Aiglon, Un jeune homme renaît des jeunes femmes mortes.
Grâce aux sentiments qu’elles m’ont inspirés, j’ai traversé de tristes jours sans maudire personne, plein de confiance dans la rectitude naturelle de l’esprit humain et dans sa tendance nécessaire à un état plus éclairé, plus moral et par là plus heureux.
Pourquoi cet Auteur, qui a joui d’une si grande réputation pendant sa vie ; que Vaugelas consultoit comme l’oracle de la Langue Françoise ; à qui Despréaux & Racine s’empressoient de lire leurs Ouvrages, comme à un juge plein de lumieres & de goût ; pour qui l’Académie avoit une déférence qui tenoit du respect ; qu’on regardoit au Barreau, comme un des Orateurs les plus éloquens ; pourquoi est-il aujourd’hui totalement oublié ?
Le Tasse, dans sa réponse pleine de sens, de modestie et d’admiration pour l’Arioste, son modèle et son maître, décline cette gloire. […] À peine le Tasse fut-il rentré dans la pleine possession de son intelligence, qu’il commença à se fatiguer de ce repos, cherché si loin et à travers tant d’aventures. […] Je me retournai et je vis un bouquetin des Alpes poursuivi par deux lévriers pleins d’ardeur ; comme il était fatigué, ils l’atteignirent bientôt, il expira presque à mes pieds. […] Les murs du salon étaient tapissés en cuir doré ; le reste de l’ameublement annonçait une grande recherche ; au milieu était une table couverte de vases de porcelaine blancs comme la neige, pleins des fruits les plus variés et les plus beaux.