On sait quel intarissable conteur fut Alexandre Dumas799 : quelle prodigieuse et un peu puérile invention s’est développée dans les 257 volumes de ses romans, mémoires, voyages, etc. […] Sans dédaigner les sujets exotiques, Dumas fut le premier à deviner l’attrait que pouvait avoir l’histoire de France pour le public, et le premier se mit à exploiter les vastes recueils de chroniques et de mémoires que Guizot, Buchon, Petitot venaient de publier. […] Les comédies historiques se multiplièrent dans la première moitié du siècle, favorisées par le mouvement romantique et par la publication de tant de Mémoires et de Chroniques qui renouvelaient l’histoire.
Il faut le dire, la mythologie païenne, dont les paysans slaves ont conservé la mémoire, est encore aujourd’hui beaucoup moins connue en Russie que la mythologie grecque, et les antiquaires, même les plus amoureux des fables nationales, se représentent plus distinctement Jupiter et Mercure que Tchernobog ou Péroun. […] Il étudia consciencieusement son sujet, compulsa maints mémoires, fouilla les archives de toutes les provinces où Pougatchev avait passé, et le résultat de son travail fut un récit aussi froid que le procès-verbal d’un greffier de cour d’assises. […] Au milieu de ses longs voyages, Onéguine a perdu la mémoire de toutes les demoiselles qui promettaient de son temps, et il s’adresse à un vieux général, son parent, aimé et considéré de tout le monde. — « Quoi !
Le prodigieux travail de sa jeunesse lui avait donné la facilité de la parole et de la plume, une conception nette et rapide à laquelle l’expression ne manquait jamais ; outre une mémoire incroyable qui lui permettait de reprendre une dictée longtemps interrompue à l’endroit même où il l’avait laissée, et une sobriété pour le sommeil, qui doublait la longueur de sa vie. […] Ce passage est extrait d’un remarquable Mémoire de M. […] Voir le recueil des Mémoires de l’Académie des sciences morales et politiques.
Ce papier est la seule mémoire de tant de morts. […] Tout le temps, il éclate en images inattendues, qui peignent tantôt poétiquement, tantôt brutalement, à votre pensée, les hommes et les choses par l’antithèse ou le rapprochement : des images multiples et variées, jaillissant d’une mémoire nourrie d’une immense lecture, et non enfermée en un temps et une branche de sciences, mais qui a grappillé au fond de tous les livres de moelle, de toutes les curiosités de l’histoire, de tous les traités de théogonie et de psychologie. […] Ce n’était pas à un roi à savoir cela ; mais Mme de Genlis lui avait arrangé et ordonné tout cela dans la mémoire. « Quant au mot caboche, je ne l’ai pas inventé, comme l’insinue M.
Cela donne patience au lecteur et lui rafraîchit, s’il en avait besoin, la mémoire, l’image toute-puissante du héros. […] Les Anciens, dans toutes les carrières, croyaient à la gloire, à la belle gloire ; ils voulaient laisser d’eux mémoire louable et noble sillon sur la terre.
Mais Le Brun, qui survécut treize années à son jeune ami, n’en a parlé depuis en aucun endroit ; il n’a pas daigné consacrer un seul vers à sa mémoire, tandis que chaque jour, à chaque heure, il aurait dû s’écrier avec larmes : « J’ai connu un poëte, et il est mort, et vous l’avez laissé tuer, et vous l’oubliez ! […] Que leur mémoire soit flétrie !
Mémoires de Mme Campan, I, 89 ; II, 215. […] Mémoires d’Augeard, secrétaire des commandements de la reine et ancien fermier général.
. — Par cet artifice, nous atteignons au même effet qu’une créature douée d’une mémoire et d’une imagination indéfiniment plus nettes et plus vastes que les nôtres. […] Grâce à des séries de remplacements superposés, nous pouvons nommer et partant penser certaines propriétés abstraites particulières aux groupes, propriétés que la limitation naturelle de notre imagination et de notre mémoire semblait nous empêcher pour toujours de penser, c’est-à-dire de nommer.
Il s’était fait remettre des mémoires pour mieux décrire les beautés du château. […] Le lendemain il ouvrait ses mémoires, lisait six lignes de détails techniques, s’endormait ; sa journée était faite.
. — Mémoires inédits (1870). — Poésies inédites (1873). — Correspondance, publiée par Madame Valentine de Lamartine (1876-1877). […] [Mémoires, t.
On sent mieux, et, par conséquent, on dit mieux ce que l’on produit que ce que l’on emprunte des autres par le secours de la mémoire… Le geste et l’inflexion de voix se marient toujours avec le propos au théâtre, tandis que, dans la comédie apprise, le mot que répète l’acteur est rarement celui qu’il trouverait s’il était livré à lui-même. » L’effet produit par la commedia dell’arte était donc plus grand que celui produit par la comédie soutenue, et cela précisément à cause de la spontanéité de l’expression. […] Un des traits les plus plaisants de ce rôle qui nous reviennent à la mémoire est celui de ce capitan à qui l’on reprochait d’avoir laissé enlever sa maîtresse par les corsaires barbaresques, et qui répondait : « Debout sur la proue de mon vaisseau, j’étais dans une telle fureur que le souffle impétueux qui sortait de ma bouche frappant les voiles du navire ennemi lui imprima une impulsion si rapide qu’il fut impossible de l’atteindre7. » C’était là le ton ordinaire de ce personnage qui fut si longtemps applaudi sur tous les théâtres de l’Europe, et dont nous ne comprendrions bien le succès que si le règne des traîneurs de sabre recommençait parmi nous.
Dans la mémoire de tous leurs élèves, ces deux physionomies se sont gravées en traits ineffaçables ; pour tous ceux qui ont eu le bonheur de suivre leurs leçons, ce souvenir est encore tout récent ; il nous est aisé de l’évoquer. […] L’aura-t-on compris même quand, par un effort de mémoire, on sera devenu capable de répéter cette démonstration en reproduisant toutes ces opérations élémentaires dans l’ordre même où les avait rangées l’inventeur ?
Le mort, que ce tombeau recouvre, l’habite, en effet, non point à l’état abstrait de mémoire et de souvenir, mais en présence réelle, selon la croyance primitive. […] Sa mémoire, que le sommeil souterrain engourdit peut-être, est réveillée en sursaut par ses plaies rouvertes, par les instruments de son supplice remués à grand bruit.
Cela rappelle une réflexion de madame la duchesse du Maine, qui se trouve dans les Mémoires de madame de Staal. Un certain baron, Walef, rimailleur subalterne, s’étoit mêlé de faire réussir, en Espagne, une négociation, & avoit présenté, au cardinal Albéroni, un Mémoire plein de visions & d’extravagances, dans lequel cette princesse étoit compromise.
Seulement j’y cherche, je l’avoue, la phrénologie ; elle n’y est guère que pour mémoire, et cette défense sensée et honnête ressemble plutôt à une retraite honorable qu’à une apologie victorieuse. […] La mémoire subsiste souvent seule dans la ruine de toutes les facultés ; le raisonnement continue souvent à s’appliquer à des idées fausses avec une singulière subtilité.
Il est quelquefois cassant ; il est quelquefois un peu trop admiratif et ami de tout le monde ; il est quelquefois, à votre goût, trop tourné du côté du passé ou au contraire trop attiré vers les nouveautés, et homme qui découvre tous les matins un nouveau chef-d’œuvre, ce qui lui fait oublier celui qu’il a découvert hier ; il est quelquefois l’homme qui n’a que de la mémoire et qui cite presque sans choix, et vous le trouvez monotone ; il est quelquefois l’homme qui, en parlant des autres, songe surtout à lui et qui, dans l’esprit des auteurs, ne trouve presque qu’une occasion de faire admirer celui qu’il a ; mais quels que soient ses défauts vous l’aimez toujours un peu : le lecteur aime celui qui lit et qui lui parle de lectures, et en vient même, par besoin de confidences intellectuelles à faire et à recevoir, à ne pouvoir plus se passer de lui Eh bien ! […] Il vous indique telle particularité qui vous est échappée ; vous rentrez chez vous ; vous ne songez guère qu’à relire le volume, tout au moins à le repasser en revue dans votre mémoire ; d’une façon ou d’une autre, vous le relisez, vous le revoyez sous un nouvel angle.
Puis, afin qu’il n’y eût plus à y revenir, et de peur apparemment que l’écrivain ne survécût à l’homme déshonoré, la conspiration du silence s’organisa peu à peu autour de sa mémoire. […] Cette conformité de tendance, dont on a eu soin de relever dans les notes toutes les preuves, justifie la liaison de Furetière avec Boileau et Racine, liaison attestée d’ailleurs par leur correspondance, par les mémoires de Racine le fils et par les anecdotes de Ménage ; elle assigne une date au livre et lui donne l’importance d’un document historique.
Non seulement le reproche du vice a été repoussé loin de sa mémoire, mais une érudition candide, à l’aide de quelques mots épars dans l’antiquité, a tout épuré dans la passion qu’elle n’a pu méconnaître, et s’est fait de la belle Lesbienne une irréprochable image. […] L’espérance de cette gloire, l’orgueil, non plus de la beauté, mais du génie, éclate dans quelques vers d’une pièce perdue71 : « Morte, tu seras gisante », dit la Muse lesbienne à quelque femme ennemie ou rivale ; « il ne restera de toi nulle mémoire dans l’avenir ; car tu ne touches pas aux roses de la montagne des Piérides ; mais tu iras, obscure, visiter les demeures d’Adès, t’envolant sur le sol des aveugles morts. » Une autre fois, devant des femmes qui, riches et belles, semblaient enivrées de leur destinée, elle parut plus fière encore, en disant « que les Muses lui donnaient, à elle, le vrai bonheur et le seul digne d’envie ; car, même dans la mort, elle ne serait jamais oubliée ».
Il faut aussi louer l’homme qui, en buvant, ne décèle rien que d’honnête, dont la mémoire et la pensée s’entretiennent de vertu, et ne pas redire, d’ailleurs, les combats des Titans ou des Géants, ni l’histoire des Centaures, fictions des vieux temps, et toutes ces rixes où il n’y a rien d’utile, mais avoir toujours présente la providence des dieux. » Ce langage n’est-il pas d’un sage et religieux réformateur, plutôt que d’un panthéiste ou d’un sceptique ? […] Aujourd’hui même, en Égypte, le Nil, engraissant de sa chaleur humide la matière qu’il rend charnue, produit des êtres animés. » Empédocle, malgré quelques traditions fabuleuses attachées à sa mémoire, donne une date certaine à ses écrits.
Ainsi, à propos des romanciers qui font du de Sade, il est difficile que je n’aie pas songé à Balzac, même à Frédéric Soulié (Mémoires du Diable,) et surtout aux Mystères de Paris (chapitre de Cécily.)
. — En mémoire d’un enfant (1899). — Les Gueux d’Afrique (1900).
On peut d’abord en juger par l’invocation de la Henriade, dont la tournure est la même que celle de Clovis : Muse, qui ceins ton front d’une immortelle gloire, Qui, plaçant les grands noms au Temple de Mémoire, Des outrages du temps affranchis les Guerriers, Couronne mon Héros de tes plus beaux lauriers.
Palissot dans ses Mémoires littéraires.
Comme on s’écarte d’un point de vue pour le contempler, le moi s’écarte de soi-même, et, s’avançant sur la ligne du temps, il ne saisit dans le passé qu’une image dont la conscience a conservé le reflet, une image qu’une mémoire plus ou moins fidèle présente à sa vue, plus ou moins déformée, privée de vie toujours.
On trouve dans les mémoires de Racine le pere, publiés par son fils un grand nombre de Lettres, qui donnent de ce poëte une idée beaucoup plus avantageuse.
— M. de La Rochefoucauld publie ses Mémoires ; — grandes terreurs de gens que M. de La Rochefoucauld ne connaît même pas. […] Ôtez d’ici les Mémoires de Constant le valet de chambre et les Mémoires de Barnum ! […] Il y a beaucoup de ce charme des souvenirs vrais et des émotions honnêtes dans les mémoires posthumes de M. […] Ces Bandinelli, je les regrette, ils m’auraient servi à enfler ces mémoires. […] À ce vaste charnier de la mort s’arrêtent les mémoires de M.
Il semble que son amour ait besoin de la distance, d’une idéalisation par l’espace qui ne diffère pas en nature d’une idéalisation par la mémoire. […] Il rapporte une vision d’Orient un peu trouble encore, qui a besoin de se décanter en Normandie, et qu’il retrouvera dans sa mémoire quand il fera succéder Salammbô à Madame Bovary. […] Et être artiste ou romancier consiste à posséder la lampe de mineur qui permet à : l’homme d’aller par-delà sa conscience claire chercher les trésors obscurs de sa mémoire et de ses possibilités. […] Je ne vois pas nettement mon objectif… Actuellement, je suis perdu dans Pline…, j’ai encore diverses recherches à faire dans Athénée et Xénophon, de plus cinq ou six mémoires dans l’Académie des Inscriptions. […] Flaubert, en y ressuscitant des jours écoulés, jette un filet sur sa vie antérieure, nous donne une ombre, une idée des mémoires qu’il n’a pas écrits, et de la couleur sous laquelle lui revenait le passé.
Les jolis mémoires de lord Herbert ont failli ne pas venir jusqu’à nous, et c’eût été vraiment dommage. […] Ces mémoires sont traduits aujourd’hui en français pour la première fois et édités avec un soin et une recherche qui ont dû réjouir les mânes de lord Herbert. […] Au lieu de nous raconter comment il a été élevé, il s’est plu à nous tracer l’idéal d’éducation qui convient selon lui à un jeune gentilhomme, dans le second chapitre de ses mémoires. […] Il doit comprendre immédiatement, car sa mémoire n’a pas le temps de lui présenter les exemples qui pourraient utilement contredire son impression trop hâtive. […] Serait-ce cependant parce qu’il leur faut peu de place qu’ils se logent si bien dans la mémoire ?
Qu’il me soit permis de remarquer à cette occasion comment la combinaison du sens métaphorique des mots avec leur sens figuré peut aider l’esprit et la mémoire dans l’étude des langues. […] Un lecteur, doué d’une mémoire heureuse, pourrait apprendre de suite ces racines, et par ce moyen avancerait beaucoup, et en peu de temps, dans la connaissance de la langue ; car, avec un peu d’usage et de syntaxe, il reconnaîtrait bientôt aisément les dérivés. […] Dans les dictionnaires de langue vivante étrangère, on observera, pour ce qui regarde la syntaxe et l’emploi des mots, ce qui a été prescrit plus haut sur cet article pour les dictionnaires de langue vivante maternelle ; il sera bon de joindre à la signification française des mots leur signification latine, pour graver par plus de moyens cette signification dans la mémoire. […] Voulez-vous donc apprendre promptement une langue, et avez-vous de la mémoire ? […] Ces éloges étant historiques, sont proprement des mémoires pour servir à l’histoire des lettres : la vérité doit donc en faire le caractère principal.
Je craindrais de tomber dans le vice de feu Girardin, de sophistique mémoire, qui reprochait un jour à Théophile Gautier de faire payer son imagination beaucoup plus cher que les services d’un sous-préfet. […] Ils viennent danser autour de ses cendres ; ils ont même retenu quelque chose de son langage : tant leur est douce la mémoire de ce Romain qui s’accusait d’être le barbare, parce qu’il n’était pas entendu du Sarmate ! […] Peut-être les artistes qui cultivent ce genre se défient-ils beaucoup trop de leur mémoire et adoptent-ils une méthode de copie immédiate qui s’accommode parfaitement à la paresse de leur esprit. […] Si vous avez eu quelquefois le loisir de faire connaissance avec ces beautés météorologiques, vous pouvez vérifier par mémoire l’exactitude des observations de M. […] Ici, plus qu’en toute autre matière, le beau s’imprime dans la mémoire d’une manière indélébile.
Ô image qui ne s’effacera jamais de ma mémoire ! […] Il s’étend, pour commencer, et un peu longuement, sur la justification de Pichegru, le plus sérieusement compromis et dont la mémoire est restée entachée aux yeux de l’histoire. […] Les lettres retrouvées de Mme de Staël, dans lesquelles il nous est rendu si vivant et avec charme, seront désormais un heureux rajeunissement pour sa mémoire, une dernière et perpétuelle couronne sur son tombeau. […] De la Génération des connaissances humaines, mémoire qui a partagé le prix de l’Académie des sciences de Berlin, 1802. […] On lit dans les Mémoires du comte de Senfft, ancien ministre de Saxe à Paris vers l’an 1809, à l’occasion d’une parente compromise qu’il s’agissait de sauver des rigueurs extrêmes auxquelles elle était exposée : « M.
… Et les petites maisons de Geoffroy ne vous reviennent-elles pas à la mémoire ? […] De tous les vers qu’il a rimés, du reste, les quatre suivants sont les seuls qui ont surnagé dans la mémoire des hommes : La nature n’a fait ni serviteurs ni maîtres. […] Il est, dans l’histoire littéraire, des écrivains d’une étrange dissonance, qui masquent leur caractère par leur génie, et ceux-là, pour être compris, doivent laisser derrière eux une correspondance ou des mémoires qui renseignent sur ce qu’ils furent en dehors de leurs écrits, et qui nous donnent la réalité de leur vie après l’idéalité de leur pensée. Ainsi, par exemple, sans les Mémoires et les Lettres de lord Byron, qui aurait su que le sombre poète du Giaour cachait un dandy jaloux de Brummell et de ses gilets, et le terrible jacobin de la Vision du jugement et des vers atroces contre Castlereagh, le plus hautain des aristocrates ? […] ceci me toucherait et recommanderait sa mémoire.
Ponnine et Babourine, Les nôtres m’ont envoyé… telles sont ces cinq historiettes, bien dignes de l’auteur des Mémoires d’un chasseur. […] La mère avait défendu que l’on touchât à aucun des objets qui avaient appartenu à son fils ; elle les avait tous devant les yeux, comme elle avait dans la mémoire toutes les minutes de sa vie. […] Seulement, et cela soit dit sans offenser la mémoire de Georges Cuvier, il ne façonnait pas lui-même l’os qui devait servir de point de départ à ses études et à ses déductions. […] D’ailleurs, intelligent, laborieux, musicien, doué d’aptitudes diverses et d’une mémoire complaisante, il portait dans sa tête un bagage considérable de notions variées, les unes utiles, les autres sans valeur. […] Mémoires. — 1875.
Ce dernier pèlerinage de Chateaubriand, ce sera après tout et pour tout résultat une belle page nouvelle des Mémoires.
Le caractère de ces Mémoires est maintenant fixé pour nous ; il nous est bien prouvé qu’ils ne sont et ne peuvent être qu’une mystification : prenons-les donc pour ce qu’ils valent, et tirons-en ce qu’ils contiennent : il y a de la vérité partout ; quand un peu d’art l’a cachée, un peu d’art la dégage.
Il y en a d’une largeur et d’une sonorité magnifiques, qui emplissent l’oreille délicieusement et qui vibrent longtemps dans la mémoire.
. — Mémoires d’un éléphant blanc (1893). — Le Vieux de la Montagne (1893)
[Mémoires, II (.
Le duc de Saint-Simon, dans une de ses notes sur les mémoires de Dangeau, sous la date du 10 mai 1690, reproche à madame de Montausier d’avoir accepté la place de dame d’honneur de la reine, dont la duchesse de Navailles avait été dépouillée pour avoir, dit Saint-Simon, fait murer une porte secrète par où le roi se rendait de nuit dans la chambre des filles de la reine.
Ses Mémoires sont moins connus que ses Maximes morales, qui lui ont mérité, à juste titre, la réputation d'Ecrivain élégant & de profond Moraliste.
Il lui fit faire un Service, fonda en sa mémoire un Anniversaire, tout Protestant qu'il étoit alors, & lui consacra cette Epitaphe.
D’Aucour, en plaidant, manqua de mémoire.
Difficile car retrouver les dates de publications à tirage restreint, ces publications elles-mêmes, parmi l’amas de papier imprimé par la génération des « petites revues et des plaquettes », n’est point une tâche aisée ; les auteurs n’ayant pas gardé le plus souvent la mémoire des dates, des formats, ou nous ayant à ce sujet fourni des renseignements erronés qu’il nous a fallu rectifier à grand’peine.
Tandis que Socrate honorait la mémoire des justes, le paganisme offrait à la vénération des peuples des brigands dont la force corporelle était la seule vertu, et qui s’étaient souillés de tous les crimes.
Ainsi par le simple secours de l’intelligence, et sans avoir besoin de celui de la mémoire, qui devient inutile lorsque les faits manquent pour frapper nos sens, nous avons rempli la lacune que présentait l’histoire universelle dans ses origines, tant pour l’ancienne Égypte que pour l’Orient plus ancien encore.
On avoit lu leurs mémoires, on avoit examiné leurs calculs, & il falloit absolument prendre parti sur cet objet. […] Dans ce moment on nous remit un mémoire, & il y en eut plus de cent distribués ; du temps de Boileau, ce furent des satyres en vers, qui couroient les rues, maintenant ce sont des satyres en mémoires, qui sont à la mode. […] Encore si la réputation ne tenoit point à ces mémoires ; mais ce n’est que trop souvent d’après leur exposé qu’en juge les personnes. […] J’enverrai mon imagination & ma mémoire dans les pays lointains, deux facultés qui peuvent cheminer sans dépense, sans fatigue & sans bruit. […] Il n’y avoit point de rhume, point d’excuse, point de défaut de mémoire qu’on pût alléguer : chacun chantoit, & ne pouvoit s’en défendre.
Le cardinal de Retz sut de même conserver dans ses Mémoires le style du héros de la Fronde. […] Les mémoires et les récits pourraient le faire croire. […] Il ne sera pas confondu avec ceux qui ne rappellent aucun souvenir dans la mémoire des hommes. […] Je crains de ne pas suffire au noble devoir qui me prescrit de rendre à sa mémoire un solennel hommage. […] Les opinions les plus diverses se réunissaient sur ce qui touchait la mémoire de Louis XVI.
Il y a de lui trois paroles fameuses, d’un très beau sens, et qui, continuellement citées, entretiennent sa mémoire dans un éternel renouveau. […] Des images gracieuses, fortes ou tragiques, se lèvent de ses poèmes et restent dans nos mémoires longtemps après que nous ne le lisons plus. […] On est d’accord aujourd’hui pour croire au récit de son fils Louis, à ce Mémoire sur la misère du peuple, confié par Racine à Mme de Maintenon. […] Gentilhomme éclairé, à tendances libérales, il eût écrit, dans ses vieux jours, des Mémoires où l’on remarquerait de la finesse et de l’élévation. […] On risque ou de paraître accaparer sa mémoire, ou d’en sembler trop détachée, d’avoir l’air trop consolé, ou trop bruyamment inconsolable ; de porter trop fièrement les reliques, et tantôt de s’en attribuer les miracles, tantôt de croire qu’elles en font toujours, alors qu’elles n’en font plus… À tout mettre au mieux, cela nous est si égal, au bout d’un certain temps, que vous soyez veuve de quelqu’un qui est dans le Larousse !
Et là-dessus comme il me parle d’un délicieux dessin qu’il vient d’acquérir, dessin représentant un vieillard au milieu d’objets d’art, prenant une prise de tabac au coin de sa cheminée, et dont il ignore le nom, je lui dis : « Ça doit être ça », et je lui tends le premier volume des Mémoires du baron de Besenval, où il y a en tête une vignette de son portrait dans son cabinet, d’après Danloux. […] Lundi 2 juin Gavarret, le mari de la sœur de Saint-Victor, un sourd qui n’entend pas ce que vous lui dites, mais un anecdotier à la mémoire toute fraîche et abondamment remplie, qu’il faut laisser parler, sans l’interrompre. […] » Vendredi 1er août J’ai, de temps en temps, une fatigue à continuer ce journal, mais les jours lâches, où cette fatigue se produit, je me dis : « Il faut avoir l’énergie de ceux qui écrivent mourants dans les glaces ou sous les tropiques, car cette histoire de la vie littéraire de la fin du xixe siècle, sera vraiment curieuse pour les autres siècles. » Lundi 4 août En pensant aux choses magiques trouvées par ce siècle comme le phonographe, etc., etc., je me demande si les autres siècles ne trouveront pas encore des choses plus surnaturelles, et si à propos des livres perdus de l’antiquité, on ne trouvera pas le moyen, par une cuisine scientifique dans une boîte crânienne d’une momie d’Égypte ou d’un autre mort antique, de faire revivre la mémoire des livres lus par le possesseur de cette boîte crânienne. […] Oui, je le répète, je n’en ai nulle honte, car depuis que le monde existe, les mémoires un peu intéressants n’ont été faits que par des indiscrets, et tout mon crime est d’être encore vivant, au bout de vingt ans qu’ils ont été écrits — ce dont humainement je ne puis avoir de remords. […] Maintenant qu’il est mort, mon pauvre grand Flaubert, on est en train de lui accorder du génie, autant que sa mémoire peut en vouloir… Mais sait-on, à l’heure présente, que de son vivant la critique mettait une certaine résistance à lui accorder même du talent.
Charles IX, Gustave-Adolphe, Christine passent ainsi devant l’imagination avec des expressions de visage qui la saisissent, avec des traits de physionomie morale si expressifs et si parlants que la mémoire en demeure hantée. […] Ils sont dans toutes les mémoires. […] Chassez la mémoire Et chassez l’âme, et jusqu’aux ténèbres Magnétisez mes pauvres vertèbres ! […] C’est ce passage qu’en tête de sa pièce, l’Art poétique, Verlaine a recopié — ou plutôt cité de mémoire : il parle, en effet, de Shakespeare « lu et relu dans le texte à coups de dictionnaire et enfin su par cœur, pour ainsi dire ». […] Un grand savoir et la plus heureuse mémoire ont permis à M.
Quel ouvrage de M. de Balzac a été plus rempli de mouvements et d’incidents que les Mémoires du Diable ? […] Pour la première fois un professeur entre dans le domaine de la critique littéraire, et même dans le domaine de la littérature, avec un livre composé de leçons rédigées pour être professées, publiées pour conserver la mémoire de ce qui a été professé. […] Écrire, publier, ce sont des formes de l’action, et, bien que l’action suppose la mémoire, il n’y aurait pas d’action possible si toute la mémoire de notre passé se conservait en nous ; il n’y aurait pas de livre possible si on y voulait impliquer toute la mémoire réelle qui cristallise autour d’une œuvre passée. […] (Notons d’ailleurs que Chateaubriand, qui a su imiter largement et intelligemment dans ses Mémoires et la Vie de Rancé la prose de Hugo et de Michelet, ne parle des romantiques que sur le ton irrité d’un vieux rival mauvais joueur.) […] Nisard lui-même est éclos à l’ombre de M. de Chateaubriand, a éprouvé devant le manuscrit des Mémoires d’Outre-Tombe les fraîches admirations que révèle sa correspondance.