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509. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Madame de Verdelin  »

Vouée à ses soins d’épouse garde-malade, à ses devoirs de mère, et les remplissant exactement, elle avait placé ailleurs son plus tendre intérêt, le plus cher de son âme, et elle ne trouvait en retour que refroidissement, scrupules et restrictions de conscience chez ce M. de Margency, déjà plus qu’à demi converti. […] À mon retour ici, je l’ai trouvé plus sérieux ; les soins qu’il rend à sa mère m’ont mis dans le cas de le voir peu, et presque toujours avec du monde. […] J’oserai dire plus : votre motif fondé sur vos devoirs de mère est grand et pressant, mais il peut n’être que secondaire. […] Pesez donc les choses en bonne mère, mais en personne libre. […] Lorsque vous en aurez la force et le temps, un chiffon plié avec une suscription de votre main me rendra satisfaite, et le jour où vous joindrez : « Je me porte bien », votre voisine sera heureuse autant que le peut être une mère affligée… « Je ne me plains pas du renvoi de la lettre de change, parce que je suis sûre, puisque vous me le dites, que vous la regardez entre mes mains comme un dépôt… Ne vous privez pas des choses utiles et commodes.

510. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1864 » pp. 173-235

En un voyage avec notre mère à Neufchâteau, dans la salle d’auberge de Gondrecourt, devant moi qu’on tenait sur les genoux, un monsieur demanda une bouteille de champagne, une plume et de l’encre. […] C’est d’abord dans le lointain, le lointain, le souvenir de l’hôtel de la rue d’Artois, où lors de la guillotinade de son père, il y eut une visite de deux commissaires, pendant laquelle il resta, une demi-journée, emprisonné avec son frère et sa mère, entre les feuilles d’un grand paravent, posé dans l’antichambre. […] Il souffrait là, et c’était là sa double plainte à sa mère, quand, par hasard, elle venait le voir ; il souffrait de mourir de faim et de coucher à la cave : la rue étant en contre-bas. […] Et pour toutes visites, les visites de la vieille Reine, la nourrice de sa mère, venant tous les quinze jours et leur apportant à chacun, une brioche de deux sous, un décime de la République à partager entre eux deux, — et leur coupant les ongles. […] On dirait que le mensonge, dont leur mère a été obligée d’envelopper sa faute, leur est descendu dans l’âme.

511. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1874 » pp. 106-168

Il y a, dans ces premières pages, un portrait très saisissant de la vieille Lætitia, de la mère inconsolée du César disparu, cette figure d’aïeule antique, avec ses mains de cire, et le ronronnement incessant de son rouet dans le silence du grand palais. […] La mère, cette frêle femme, s’est donné pour tâche d’être forte pour elle et son mari, et, sans une larme, elle veille à tout, elle fait tout, elle touche à tout, avec un corps tout d’une pièce, et des gestes automatiques qui font peur. […] La maison est égayée par un enfant intelligent et beau, sur la figure duquel, se trouve, joliment mêlée, la ressemblance du père et de la mère. Il y a encore là, le charme de la mère, une femme lettrée, toute effacée dans une ombre de discrétion et de dévouement. […] Il avait une mère, une femme à nourrir.

512. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Léopold Robert. Sa Vie, ses Œuvres et sa Correspondance, par M. F. Feuillet de Conches. — I. » pp. 409-426

Mais la joie de Léopold Robert, en quittant sa famille pour la patrie du soleil et des arts, fut mêlée de quelque amertume : il aimait profondément sa mère, ses frères, ses sœurs. […] Plus je deviens vieux, plus je pense que c’est la meilleure chose pour un artiste qui aime véritablement son art. » — En octobre 1826, au moment d’une réunion avec sa mère, qu’il avait décidée à venir passer quelque temps à Rome, il écrivit au même ami M.  […] Ma mère pense quitter Rome au printemps prochain : l’isolement où nous nous trouverons, mon frère et moi, ne sera pas assez long, j’espère, pour nous faire faire des retours trop sérieux sur les moments heureux que nous passons actuellement.

513. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — I » pp. 356-374

Si maltraité et tyrannisé par son père, il avait pour sa mère, la reine Sophie, un attachement respectueux et tendre ; il aimait ses sœurs, et particulièrement celle qui devint margrave de Baireuth, et à qui il avait voué une amitié vive et passionnée. […] Dans la seconde guerre, en 1745, la correspondance de Frédéric nous le montre plein de bonne grâce et d’attention pour ses frères, ayant encore l’élan de cœur de la jeunesse ; il écrit à la reine sa mère, du champ de bataille de Friedberg (4 juin 1745) : « Madame, nous venons de remporter une très grande victoire sur l’ennemi. […] Je me trouve à présent la plus heureuse mère du monde, qu’ils me sont tous rendus, et il me semble qu’une pierre du cœur m’est ôtée. » À Potsdam, deux ans après, il se montre plein de sollicitude et d’angoisse pour le prince Henri qui a failli être victime d’un accident, de la chute d’un cadre qui lui est tombé sur la tête.

514. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Madame Bovary par M. Gustave Flaubert. » pp. 346-363

Fils d’un ancien aide-chirurgien-major assez mauvais sujet, il n’a rien de la crânerie ni des vices de son père ; les épargnes de sa mère l’ont mis à même de faire à Rouen de chétives études qui l’ont mené à se faire recevoir officier de santé. […] Cet enfant apportera dans sa vie un léger contrepoids, des retards au progrès du mal, des accès et comme des caprices de tendresse : pourtant ses entrailles de mère sont mal préparées ; le cœur est déjà trop envahi par les passions sèches et par les ambitions stériles pour s’ouvrir aux bonnes affections naturelles et qui demandent du sacrifice. […] J’ai connu, au fond d’une province du centre de la France, une femme jeune encore, supérieure d’intelligence, ardente de cœur, ennuyée : mariée sans être mère, n’ayant pas un enfant à élever, à aimer54, que fit-elle pour occuper le trop-plein de son esprit et de son âme ?

515. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « La reine Marie Legkzinska »

Fille d’un roi électif et détrôné, ayant connu de bonne heure les vicissitudes extrêmes de la fortune, moins princesse que noble et pauvre demoiselle, elle était avec son père et sa mère au château de Wissembourg, profitant de l’hospitalité française à la frontière et vivant avec les siens d’une pension assez mal payée, lorsqu’on vint lui annoncer qu’il ne tenait qu’à elle d’être reine de France. […] — Non, ma fille, reprit Stanislas : le Ciel nous est bien plus favorable, vous êtes reine de France. » La jeune fille, douce, modeste, soumise, assez peu aimée de sa mère, adorée de son père, voyait se réaliser le plus beau songe. […] Nous n’en pouvons parler, du reste, que d’après Lemontey qui avait lu la pièce et qui en reproduit indirectement les termes : « Ces mœurs naïves et pures, dit-il, ce mélange d’études graves et de gaieté innocente, ces devoirs pieux et domestiques, cette princesse qui, aussi simple que la fille d’Alcinoüs, ne connaît de fard que l’eau et la neige, et qui, entre sa mère et son aïeule, brode des ornements pour des autels ; tout retraçait dans la commanderie de Wissembourg l’ingénuité des temps héroïques. » L’idylle ici venait singulièrement en aide à la politique.

516. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Méditations sur l’essence de la religion chrétienne, par M. Guizot. »

sa vénérable mère dans cette mise antique et simple, avec cette physionomie forte et profonde, tendrement austère, qui me rappelait celle des mères de Port-Royal, et telle qu’à défaut d’un Philippe de Champagne, un peintre des plus délicats nous l’a rendue ; cette mère du temps des Cévennes, à laquelle il resta jusqu’à la fin le fils le plus déférent et le plus soumis, celle à laquelle, adolescent, il avait adressé une admirable lettre à l’époque de sa première communion dans la Suisse française20 ; je la crois voir encore en ce salon du ministre où elle ne faisait que passer, et où elle représentait la foi, la simplicité, les vertus subsistantes de la persécution et du désert : M. 

517. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre quatrième »

Ainsi, dans un sermon sur la Passion, il intéresse toutes les mères au redoutable mystère, en représentant les adieux de Marie à Jésus, prêt à faire « son dernier voyage en Jherusalem, le voyage en sa douloureuse mort. […] — En disant ainssi, ou par adventure en sillence ou en soub-gémissements, en soupirs et en plainctes langoureuses, pour ce que la douleur empeschoit de parler, vous, mère piteuse, comme je puis religieusement pencer, embrassiez vostre filz, le plus bel de tous aultres. […] Je suis vostre mère desollée, vostre petite ancelle, laquelle vous avez tant digné aimer et honorer de vostre seule grace, sans mes mérites.

518. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre premier. La contradiction de l’homme » pp. 1-27

Sans doute une ébauche de vie sociale se dessine, et l’individu se soumet à un intérêt collectif lorsque la famille se forme et durant le temps où les petits ont besoin des soins de leur mère. […] Une mère sacrifie son bien-être à ses enfants, un amoureux à son amie. […] Le dévouement d’une mère à son enfant, l’amour passionné d’un amant pour sa maîtresse peuvent leur faire sacrifier à « l’autre » qui est en eux, bien d’autres êtres, des individus, des groupes, des peuples.

519. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XIII »

Voilà pourquoi, par un télégramme hâtif et désolé comme le glas d’un tocsin, elle a appelé auprès d’elle sa mère, douairière frivole, un peu étonnée du ton tragique que met sa fille à ses confidences. […] Nous apprenons par elles que Sylvanie, fille d’une mère équivoque, a du sang de courtisane dans les veines, et qu’elle chasse âprement de race. […] Elle questionne le notaire, elle interroge sa mère ; la famille et la loi lui répondent par des fins de non-recevoir.

520. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Les Faux Démétrius. Épisode de l’histoire de Russie, par M. Mérimée » pp. 371-388

Élevé dans la ville d’Ouglitch, qui lui avait été donnée en apanage, près de sa mère et de ses oncles, ayant sa petite cour, ses pages ou menins pour le divertir, et probablement des espions pour l’observer, il fut, un jour, trouvé percé d’un couteau à la gorge dans l’enclos où il jouait, sans qu’on ait pu savoir d’où était venu l’accident et si l’enfant s’était tué par mégarde ou avait été frappé par un assassin. […] Dans le premier moment, sa mère furieuse accourut et se jeta sur la gouvernante qu’elle voulut tuer ; elle accusa les employés du tsar et les hommes de Boris qui avaient fonction de surveillance dans la maison. Les habitants de la ville ameutés massacrèrent au hasard tous ceux que leur désignait ce délire d’une mère.

521. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Alfred de Vigny »

Madame de Saint-Aignan, une Éloa qui va devenir mère et qui ne peut pas tomber, elle ! […] Voilà pourquoi il a écrit ce livre, où la pitié déborde dans tous les types ; voilà pourquoi il a raconté ces histoires vraies de vieux soldats, dont l’un devient une véritable mère pour la femme folle de l’homme qu’il fut forcé, par devoir, de faire fusiller, et dont l’autre meurt en bénissant le gamin d’émeute qui l’assassine. […] Le Racine romantique, ce Racine de la pitié, plus tendre que l’autre Racine, — car la pitié est plus tendre que l’amour puisqu’elle est ou sa sœur, ou sa fille, ou sa mère, — vit toujours cependant.

522. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XIV : De la méthode (Suite) »

Il y a cent exemples semblables ; il y en a cent mille, puisque, dans sa mère ou hors sa mère, chaque animal subit des métamorphoses. […] Le mammifère jeté dans l’air respire par des poumons que l’air vient baigner ; les branchies du poisson montent dans sa tête, vont toucher l’oxygène dans l’eau qui le contient, et se munissent d’ouïes pour rejeter cette eau inutile ; le poulet renfermé dans l’œuf respire, par les vaisseaux de l’allantoïde, l’air qui traverse la coquille poreuse ; le fœtus du mammifère reçoit l’air par la communication des vaisseaux de sa mère et des siens.

523. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre second » pp. 200-409

Entre plusieurs enfants, quel est celui qui sera le plus cher à sa mère ? […] Lorsqu’il s’occupait des chagrins de sa mère, il était bien plus à plaindre qu’elle. […] Les mères ne sont-elles pas assez vengées ? […] Toutes les belles choses que vous écrivîtes à Helvia, votre mère, n’étaient donc que des mensonges officieux ? […] N’avez-vous personne à conserver, et ne vous reste-il pas une mère, une épouse, des frères et des amis ?

524. (1929) Les livres du Temps. Deuxième série pp. 2-509

Cette identité ne se constate même pas entre fils d’un même père et d’une même mère. […] Au surplus, n’est-il pas vrai que la patrie doit être une mère et non une marâtre ? […] Je veux parler du brutal renvoi de la mère de son fils Adéodat. […] On ne saurait se débarrasser de sa mère plus discrètement. […] A sa mère, qui lui parle avec tendresse, il avoue : « Rien n’est plus fatiguant que de réaliser sa dissemblance.

525. (1834) Des destinées de la poésie pp. 4-75

Plus souvent je rentrais à la campagne pour passer la mélancolique automne dans la maison solitaire de mon père et de ma mère, dans la paix, dans le silence, dans la sainteté domestique des douces impressions du foyer ; le jour, courant les forêts, le soir, lisant ce que je trouvais sur les vieux rayons de ces bibliothèques de famille. […] Voilà pourquoi cette langue, quand elle est bien parlée, foudroie l’homme comme la foudre, et l’anéantit de conviction intérieure et d’évidence irréfléchie, ou l’enchante comme un philtre et le berce immobile et charmé comme un enfant dans son berceau aux refrains sympathiques de la voix d’une mère ! […] L’une avait un genou en terre et tenait sur l’autre genoux un des enfants qui tendait ses bras du côté où pleurait sa mère ; l’autre avait ses deux jambes repliées sous elle et ses deux mains jointes comme la Madelaine de Canova sur son tablier de toile bleue ; la troisième était debout un peu penchée sur ses deux compagnes, et, se balançant à droite et à gauche, berçait contre son sein à peine dessiné le plus petit des enfants qu’elle essayait en vain d’endormir. […] Quand jeune et déjà mère autour de mon foyer J’assemblais tous les biens que le ciel nous prodigue, Qu’à ma porte un figuier laissait tomber sa figue Aux mains de mes garçons qui le faisaient ployer, Une voix s’élevait de mon sein tendre et vague, Ce n’était pas le chant du coq ou de l’oiseau, Ni des souffles d’enfants dormant dans leur berceau, Ni la voix des pêcheurs qui chantaient sur la vague ; C’était vous ! […] Une douleur que vos vers ont pu endormir un moment, un enthousiasme que vous avez allumé le premier dans un cœur jeune et pur, une prière confuse de l’âme à laquelle vous avez donné une parole et un accent, un soupir qui a répondu à un de vos soupirs, une larme d’émotion qui est tombée à votre voix de la paupière d’une jeune femme, un nom chéri, symbole de vos affections les plus intimes, et que vous avez consacré dans une langue moins fragile que la langue vulgaire, une mémoire de mère, de femme, d’amie, d’enfant, que vous avez embaumée pour les siècles dans une strophe de sentiment et de poésie !

526. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

Ce que répond Éliante, c’est ce que pensent toutes les mères de famille ; il est vrai que la plupart du temps elles ne l’avouent point à leur fille ; cette discrétion prouve qu’il leur reste encore un peu de pudeur. […] Tout change si Dorine est une mère. […] Elle n’a point nourri les enfants ; mais, comme me le disait un de vos camarades du comité, dans une langue d’une familiarité pittoresque, « elles les a mouchés et torchés » ; elle a remplacé près d’eux la mère absente. […] Il y a beaucoup de Vénus dans l’antiquité ; celle que Molière a mise en scène, c’est la mère des ris et des amours, un peu bien maligne peut-être, violente, emportée et rageuse, car elle est femme, mais tendre au fond, compatissante et toujours aimable. […] Cupidon supplie sa mère en faveur de celle qu’il aime.

527. (1883) Le roman naturaliste

Aux demi-révélations d’un vieux beau, qui courtisait la jeune femme, Madame mère a bientôt soupçonné l’intrigue. […] L’adjectif démonstratif, justifiant ici tout à fait son nom, distingue expressément de tous les autres traits du même genre, le trait, ou plutôt le contour, que le peintre veut mettre en lumière ; ainsi : « Cette attitude de mère passionnée », c’est-à-dire l’altitude par excellence, et non pas une attitude quelconque de mère passionnée. […] Jules Claretie ce que pourront bien entendre aux Amours d’un interne les honnêtes bourgeoises, les bonnes mères de famille de Brignoles et de Draguignan ? […] C’est madame Bovary, la mère, négociant le mariage de son fils : « Madame Dubuc ne manquait pas de partis à choisir. […] N’aigrissez pas le lait d’une mère ! 

528. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Diderot »

Il osa désobéir à ce bon père qu’il vénérait, et seul, sans appui, brouillé avec sa famille (quoique sa mère le secourût sous main et par intervalles), logé dans un taudis, dînant toujours à six sous, le voilà qui tente de se fonder une existence d’indépendance et d’étude ; la géométrie et le grec le passionnent, et il rêve la gloire du théâtre. […] La jeune fille qu’il aima était une demoiselle déchue, une ouvrière pauvre, vivant honnêtement avec sa mère du travail de ses mains. Diderot la connut comme voisine, la désira éperdument, se fit agréer d’elle, et l’épousa malgré les remontrances économiques de la mère ; seulement il contracta ce mariage en secret, pour éviter l’opposition de sa propre famille, que trompaient sur son compte de faux rapports. […] Après une de ses premières couches, il expédia la mère et sans doute aussi le nourrisson à Langres, près de sa famille, pour forcer la réconciliation.

529. (1774) Correspondance générale

Cependant une épouse sensible, une mère tendre qui les entend, en verse des larmes de joie. […] Croyez-vous qu’elle n’ait pas lassé la bienveillance de sa mère et que cette mère ne l’ait pas secrètement avantagée ? […] Il n’y a jamais eu de domestique dans la maison des père et mère. […] Est-ce pour la mère ? […] Ce qu’il y a de certain, c’est que nous avons tous été malades, le père, la mère et l’enfant.

530. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — Y — Yann Nibor = Nibor, Yann (1857-1947) »

Yves Hodel Nibor, c’est toute la mer avec ses rires de vagues et ses sanglots de brises, ses galets roulés avec les cadavres et les petits bateaux qui partent, à l’aube, décroissant lentement aux yeux agrandis des mères et des fiancés… Nibor, c’est l’Armorique des « gars » et des « payses ».

531. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Sotties. » p. 38

Pierre Gringore se déguisait sous le titre de Mère sotte.

532. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre IV. Unité et mouvement »

Et puisses-tu, après de longues heures de désespoir, mourir, n’étant plus mère, ni épouse, ni reine d’Angleterre ! […] L’auteur nous fait accompagner des marins bretons dans leurs lointaines expéditions : l’un pêche la morue en Islande, l’autre sert l’État en Indochine, tandis que les mères et les fiancées comptent tristement les jours, travaillant et écoutant les bruits de la mer.

533. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre II. Mme Le Normand »

C’est le vrai du vrai, c’est la première fraîcheur de la source, c’est l’enfant ébouriffé avant le coup de peigne de sa mère ! […] Inaliénable à son siècle et à sa mère qui firent d’elle, de cet être d’émotion et de vérité, un philosophe et un bas-bleu ; car, il faut bien l’avouer, et c’est mon désespoir, elle avait l’horrible teinte bleue littéraire qui est la gangrène, mortelle au sexe, chez les femmes.

534. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XIII. Mme Swetchine »

Ce qui la sauva de tout cela, ce fut la piété, la piété, mère surnaturelle de cette simplicité, d’ordinaire si peu naturelle dans les femmes d’amour-propre et d’esprit, quand elles sont cuites à l’infernale chaleur de serre chaude de ces horribles éducations ! […] Faite pour être mère, elle ne l’avait point été.

535. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Antoine Campaux » pp. 301-314

Villon a toujours gardé en lui l’amour de sa mère, cet amour qui nous embaume si mélancoliquement la vie quand notre mère n’est plus, la foi ardente du Moyen Âge au Dieu crucifié, le sentiment de l’honneur de la France, et la fidélité dans l’amour, — même dans l’amour coupable et trahi — l’immortelle fidélité des âmes fortes !

536. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Madame de Maintenon » pp. 27-40

Il n’y avait là, si on veut, qu’une poignée de jeunes filles, pauvres et nobles, à qui le roi payait le sang des pères morts pour lui, mais ces jeunes filles élevées par le roi, dirigées par madame de Maintenon, surveillées par Bossuet et par Fénelon, ces jeunes filles qui, dans leurs divertissements littéraires, avaient Racine pour répétiteur, devenaient un jour des mères par la chair ou l’esprit, — car celles qui ne se mariaient pas étaient dames de Saint-Cyr à leur tour : des mères spirituelles, — et, toutes, elles faisaient descendre dans la société, dans le sang social, par leurs enfants ou par leurs élèves, ce qu’elles avaient puisé au sein d’une éducation sensée et religieuse, où le grandiose touchait à la simplicité.

537. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Vauvenargues » pp. 185-198

C’est la moralité du gentilhomme, de l’homme de qualité, élevé probablement par une mère chrétienne, qui a gardé en lui la première impression des leçons de sa mère, ce qui l’a empêché, dans un siècle de philosophie et malgré les entortillantes flatteries de Voltaire, d’être nettement un philosophe.

538. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame Du Deffand »

Le mérite, mais l’inconvénient aussi de la marquise Du Deffand, c’est d’être une femme du monde comme le fut Madame de Sévigné, et bien plus encore que Madame de Sévigné ; car Madame de Sévigné est mère, — et même elle affecte d’être mère, — et Madame Du Deffand, qui n’affecta jamais rien, ne l’est point.

539. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XV. Vauvenargues »

C’est la moralité du gentilhomme, de l’homme de qualité, élevé probablement par une mère chrétienne, qui a gardé en lui la première impression des leçons de sa mère, ce qui l’a empêché, dans un siècle de philosophie et malgré les entortillantes flatteries de Voltaire, d’être nettement un philosophe.

540. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Léon Aubineau. La Vie du bienheureux mendiant et pèlerin Benoît-Joseph Labre » pp. 361-375

Il n’avait pas marché sur le corps de sa mère, comme le fit le beau Saint d’Érin, l’héroïque Colomban, pour aller à la solitude. […] Il se déroba pour Dieu à sa mère.

541. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Henri Cantel »

A de certaines saveurs de son volume, on pourrait croire que l’auteur est chrétien d’éducation première et peut-être d’âme par sa mère ; mais littérairement, non ! […] Cependant le remords, le dégoût ou l’ennui d’une forme fausse qui n’a point été tirée d’où les poètes puissants tirent la leur, c’est-à-dire des entrailles, s’emparent, vers le milieu de son volume, de ce moderne, dont les langes furent sans doute parfumés de ce christianisme de nos mères qui tomba sur tous nos berceaux ; et voilà que, lassé et des éternels marbres de Paros et de toutes les rondeurs païennes qui sont les globes de ses horizons, il s’écrie… à la fin : ……… pauvre muse égarée ; Nous souffrirons encore et ne nous plaindrons pas.

542. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Edgar Poe » pp. 339-351

VI Car il est Américain, quoi qu’il fasse, cet homme qui détestait l’Amérique, et que l’Amérique, mère de ses vices et de sa misère, a poussé au suicide contre elle. […] Eh bien, cette dernière affection d’une mère, qui ne lui manqua jamais et qui lui survécut, ne l’arrêta point dans la consommation de ce long suicide par l’alcool qu’il accomplit sur sa personne.

543. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre xi‌ »

Ces saints de la France appartiennent à toutes les croyances, et la vieille église du village, mère des générations, cœur des cœurs, les accueille tous avec une égale tendresse, car, dit-elle aux incroyants, vous êtes mes fils endormis. […] A l’issue d’une guerre où tous les enfants de la France furent plus beaux que dans aucun siècle, la patrie doit un hommage aux femmes et aux mères des héros, l’enthousiasme glorieux de nos combattants est fait pour une grande part du courage et de l’abnégation des Françaises, et celles-ci, quand la funeste nouvelle tombe dans leurs foyers, sont dignes de recueillir (pour la défense de leur famille et de la patrie) le bulletin de vote du soldat dont l’âme était pareille à la leur.‌

544. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXI. Des oraisons funèbres de Bourdaloue, de La Rue et de Massillon. »

Le texte de l’orateur semblait être une prédiction de l’événement, et il exprimait le triste spectacle qu’on avait sous les yeux, du père, de la mère et de l’enfant, frappés et ensevelis tous trois ensemble74. […] On a de lui les éloges d’un prince de Conti, du dauphin, fils de Louis XIV, de Louis XIV lui-même, et de Madame, mère du régent.

545. (1887) George Sand

Quand elle se fut fait une vague idée de ce que c’est que la mort, elle resta des heures entières assise sur un tabouret aux pieds de sa mère, ne disant mot, les bras pendants, les yeux fixes, la bouche entr’ouverte : « Je l’ai souvent vue ainsi, disait sa mère pour rassurer la famille inquiète ; c’est sa nature ; ce n’est pas bêtise. […] À la suite de déchirements de cœur qui se renouvelaient sans cesse et de quelques révélations maladroitement cruelles qui lui furent faites sur le passé de sa mère, Aurore avait résolu de renoncer à tout ce qui devait mettre dans l’avenir un plus grand intervalle entre sa mère et elle, qui vivaient généralement séparées ; elle voulut renoncer à la fortune de sa grand’mère, à l’instruction, aux belles manières, à tout ce qu’on appelle le monde. […] La jeune pensionnaire, qui arrivait là le cœur brisé des dernières luttes entre sa mère et sa grand’mère, les deux êtres qu’elle chérissait le plus, se reposa délicieusement dans cet abri. […] Sa mère, prévenue par quelqu’un, connaissait depuis longtemps la clause qui la séparait de sa fille ; elle savait aussi l’adhésion donnée à cette clause. […] La mère ne me plaît guère quand elle veut épouser son gondolier, et la fille m’effraye quand elle se jette à la tête du chanteur.

546. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Dédicaces »

  Je prie mon père, ma mère, et tous ceux qui, n’étant plus, m’ont entouré de leur profond amour, d’accepter comme un dû la dédicace première de mon premier travail.

547. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Hallé » p. 199

  Abraham reçoit les anges qui annoncent à Sara qu’elle sera mère, malgré sa vieillesse.

548. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Lamartine »

Dans une de ses poésies écrites loin de Milly, Lamartine avait parlé par erreur d’un lierre qui tapissait le mur de la maison ; il n’en existait point : par une inspiration délicate, sa mère planta le lierre absent et fit du mensonge une vérité. La foule, aidée par le temps, agit comme cette mère : elle achève l’œuvre du poète, elle fait des vérités de ses erreurs. […] Il va à Paris, s’amuse, joue, fait des dettes que sa mère a bien de la peine à payer. […] Une fois, il se rajeunit de trois ans, parce qu’il lui semble beau d’avoir été allaité par sa mère dans les prisons de la Terreur. […] Mais Isnel  qu’en réalité on a laissé s’évader et qui est allé déposer l’enfant dans un asile qu’il croit sûr  revient, par la corde à noeuds, pour sauver la mère.

549. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre V » pp. 48-49

le voici : L’hôtel de Rambouillet nous offre d’abord le spectacle d’une société qui, sous les auspices d’une femme jeune, belle, spirituelle, de naissance illustre, épouse et mère d’une vertu exemplaire, se distingue par la pureté, la décence, la délicatesse de ses mœurs, et se sépare de la cour et des gens du monde de la capitale, tous plus ou moins entraînés dans des habitudes de dissolution et effrontée.

550. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gibbon. — I. » pp. 431-451

Il était lui-même d’une complexion délicate qui fit longtemps craindre pour ses jours ; il fut soigné, moins par sa mère un peu indifférente, ce semble, que par une tante maternelle pleine d’affection et de mérite. […] Après dix-huit mois, la mort de sa mère le fit rappeler ; il ne profita guère davantage à l’école de Westminster, d’où il faisait de fréquentes absences pour les bains de Bath et la maison de santé. […] J’ai déjà remarqué cela pour Volney : ceux à qui a manqué cette sollicitude d’une mère, ce premier duvet et cette fleur d’une affection tendre, ce charme confus et pénétrant des impressions naissantes, sont plus aisément que d’autres dénués du sentiment de la religion.

551. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — I. » pp. 204-223

Né à Dinan en Bretagne, le 12 février 1704, d’une honnête famille de commerçants, le dernier venu des enfants, il fut l’objet des soins de sa mère veuve, personne de mérite, de raison, qui ne mourut qu’à plus de cent ans, et quelques années seulement avant son fils. Il tint de cette mère estimable et de vieille roche plusieurs des qualités qu’il mit en œuvre : Elle réunissait, dit-il, des qualités qui vont rarement ensemble ; avec un caractère singulièrement vif, une imagination brillante et gaie, elle avait un jugement prompt, juste et ferme : voilà déjà une femme assez rare, mais ce qui est peut-être sans exemple, elle a eu, à cent ans passés, la tête qu’elle avait à quarante. […] Sa mère s’y oppose ; elle veut que chacun reste sinon dans son état, du moins dans son ordre.

552. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La Margrave de Bareith Sa correspondance avec Frédéric — I » pp. 395-413

À côté des ministres pervers et corrompusai, dont elle eut à souffrir, elle peint également ses parents, qu'elle se pique de vénérer, le roi son père, la reine sa mère, quelques-unes de ses sœurs, le roi son frère qu’elle aime tendrement, et dont, à certains endroits elle parle avec beaucoup d’aigreur, parce que la dernière partie des mémoires fut écrite dans un temps où elle était brouillée avec lui. […] La discorde qui se mit entre ses parents au sujet de son mariage et de celui de son frère, l’égoïsme et le petit génie de la reine leur mère, les violences et les crédulités fabuleuses du roi leur père, en amenant d’horribles scènes domestiques, forcèrent la princesse Wilhelmine à faire de bonne heure les plus tristes et les plus solides réflexions, et la mûrirent avant l’âge. […] Elle veut parler de Jacques, roi d’Écosse, fils de Marie Stuart, et qui dut cette crainte, dit-on, à la circonstance de l’assassinat de Riccio, tué sous les yeux de sa mère enceinte.

553. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Maurice et Eugénie de Guérin. Frère et sœur »

Rien de plus monotone que sa vie ; elle a perdu sa mère depuis bien des années ; elle habite avec son père au château du Cayla ; elle a une autre sœur plus jeune qu’elle, Marie ou Mimi ; elle a un frère Éran ou Érembert, aimable et assez dissipé ; mais le frère chéri, le frère unique, celui de qui elle dirait volontiers ce que cette reine de Hongrie, la digne sœur de Charles-Quint, disait du grand Empereur, son frère : « Il est mon tout en ce monde après Dieu », c’est Maurice, le génie tendre et sans défense, qu’elle considère comme aventuré à travers tous les écueils de la vie et du monde. […] À la voir aimer ses enfants, on sent qu’il manque cette nature aimante d’être mère ; on croit entendre le murmure du cœur, le gémissement des entrailles ! […] Que doit sentir une mère pour ces gracieuses créatures !

554. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « HISTOIRE de SAINTE ÉLISABETH DE HONGRIE par m. de montalembert  » pp. 423-443

Un poëte a dit : La Charité fervente est une mère pure (Raphaël quelque part sous ses traits la figure) ; Son œil regarde au loin, et les enfants venus Contre elle de tous points se serrent froids et nus. […] Mais l’âme, à la fin du chapitre, est du moins abondamment rafraîchie et satisfaite par ce baiser d’union que la reine Blanche, la mère de saint Louis, donne à sainte Élisabeth sur le front du jeune fils de celle-ci, qui lui était présenté. […] C’est ainsi encore qu’à la page 256 une faute de ce genre se reproduit : « Cette mère dénaturée, au lieu d’être touchée de tant de générosité, ne songea qu’à spéculer sur sa prolongation… » Le soin que je mets à signaler en détail ces points inexacts montre combien ils sont peu nombreux ; mais il importe qu’il n’y en ait pas trace dans un si beau et si pur talent d’écrivain.

555. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La princesse des Ursins. Lettres de Mme de Maintenon et de la princesse des Ursins — I. » pp. 401-420

Et en même temps Mlle Anne-Marie de La Trémoille, par sa mère, était presque bourgeoise, une bourgeoise de Paris ; sa mère, Aubry de son nom, appartenait à une ancienne famille de robe et de finances. […] Peu de jours après l’arrivée du maréchal de Berwick, pour mieux remercier Mme de Maintenon d’un tel secours, elle lui parle de Saint-Cyr, sachant que rien ne lui saurait être plus sensible et « connaissant la faiblesse des mères » : La reine a fort goûté toutes vos Règles de Saint-Cyr ; nos dames les veulent avoir, et je fais travailler à les traduire en espagnol pour leur donner cette satisfaction.

556. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Paul-Louis Courier. — I. » pp. 322-340

Nommé lieutenant d’artillerie en juin 1793, il alla en garnison à Thionville ; il écrivait de là à sa mère (10 septembre 1793) pour lui demander des livres, Bélidor sur le génie et l’artillerie, et surtout deux tomes de Démosthène et il ajoutait : Mes livres font ma joie, et presque ma seule société. […] Dans cette même lettre à sa mère, il y a, sur la fin, un mot de sensibilité ; il regrette la vie tranquille et douce qu’il menait sous le toit domestique : Babil de femmes, folies de jeunesse, s’écrie-t-il, qu’êtes-vous en comparaison ? […] Il partit à l’instant sans congé, et sans prévenir personne, pour aller embrasser sa mère à La Véronique près Luynes, en Touraine.

557. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1880 » pp. 100-128

Aujourd’hui de Béhaine ne peut dîner chez Mme Masson, parce qu’il garde sa mère, qui est bien, bien malade. […] La moitié de la verdure persistante est de la couleur d’un artichaut à la barigoule, l’autre moitié de la couleur du papier brouillard, avec lequel nos mères faisaient leurs papillotes. […] Il s’échoue dans un fauteuil, en se plaignant geignardement, et un peu à la manière d’un enfant, de maux de reins, de gravelle, de palpitations de cœur, puis il parle de la mort de sa mère, du trou que cela fait dans leur intérieur, et il en parle avec un attendrissement concentré.

558. (1899) Esthétique de la langue française « Le vers libre  »

Peu à peu l’absurdité des rimes pour l’œil a été perçue  ; des oreilles ont en vain cherché à différencier tels sons masculins, mer, de tels sons féminins, mère : on a connu que les e muets n’étaient plus (hormis en un petit nombre de circonstances) que la vibration d’une consonne. […] Elle se sentit mère une seconde fois. […] Sa mère l’aime, et rit ; elle le trouve beau.

559. (1900) La province dans le roman pp. 113-140

Il n’y a guère de jeune mère qui n’entre en huitième avec son fils aîné, qui ne sache « rosa, la rose », qui ne s’intéresse à l’alphabet grec pour faire réciter les leçons du collégien, qui ne s’applique surtout à corriger et même à rédiger les « rédactions » de mademoiselle Henriette, ou de mademoiselle Geneviève, ou de mademoiselle Marthe qui suit des cours de littérature, de sciences, d’histoire, d’économie, — non domestique, mais politique, — et qui doit être la première, puisqu’elle lutte contre mademoiselle Marie, c’est-à-dire contre la mère de mademoiselle Marie, laquelle a toujours passé pour moins intelligente que la mère de mademoiselle Marthe, ou de mademoiselle Geneviève, ou de mademoiselle Henriette.

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