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1185. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Argument » pp. 93-99

Dans ce livre, il passe en revue toutes les idées que les premiers hommes se firent sur la logique et la morale, sur l’économie domestique et politique, sur la physique, la cosmographie et l’astronomie, sur la chronologie et la géographie. […] Sujet de ce livre. == § I. […] Conclusion de ce livre.

1186. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre premier. Sujet de ce livre » pp. 101-107

Sujet de ce livre § I Nous avons dit dans les axiomes que toutes les histoires des Gentils ont eu des commencements fabuleux, que chez les Grecs qui nous ont transmis tout ce qui nous reste de l’antiquité païenne, les premiers sages furent les poètes théologiens, enfin que la nature veut qu’en toute chose les commencements soient grossiers : d’après ces données, nous pouvons présumer que tels furent aussi les commencements de la sagesse poétique. […] Nous verrons d’un bout à l’autre de ce livre que tout ce que les poètes avaient d’abord senti relativement à la sagesse vulgaire, les philosophes le comprirent ensuite relativement à une sagesse plus élevée (riposta) ; de sorte qu’on appellerait avec raison les premiers le sens, les seconds l’intelligence du genre humain. […] Nous essaierons dans ce livre de traiter le même sujet, autant que nous le permet la faiblesse de nos lumières et le peu d’étendue de nos connaissances.

1187. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Quelques documents inédits sur André Chénier »

André, pour l’analyse des sens, rivalisant avec le livre IV de Lucrèce, eût été le disciple exact de Locke, de Condillac et de Bonnet : ses notes, à cet égard, ne laissent aucun doute. […] » Je livre ces pensées hardies à la méditation et à la sentence de chacun, sans commentaire. […] Les Analecta de Brunck, qui avaient paru en 1776, et qui contiennent toute la fleur grecque en ce qu’elle a d’exquis, de simple, même de mignard ou de sauvage, devinrent la lecture la plus habituelle d’André ; c’était son livre de chevet et son bréviaire. […] La troisième élégie du livre IV de Tibulle, dans laquelle le poète suppose Sulpice éplorée, s’adressant à son amant Cérinthe et le rappelant de la chasse, tentait aussi André et il en devait mettre une imitation dans la bouche d’une femme. […] A son brusque début, on l’a pu prendre pour un fragment, et c’est ce qui l’aura fait négliger ; mais André aime ces entrées en matière imprévues, dramatiques ; c’est la jeune Locrienne qui achève de chanter : « Fuis, ne me livre point.

1188. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXIXe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin (2e partie) » pp. 321-384

que j’aurais bien mieux aimé être ici, avec un livre ou une plume ! […] Voilà tes souliers sous le lit, ta table toute garnie, le miroir suspendu au clou, les livres que tu lisais hier au soir avant de t’endormir, et moi qui t’embrassais, te touchais, te voyais. […] Il faut varier travail et distractions ; lasse du bas, je prends l’aiguille, puis la quenouille, puis un livre. […] Le bon livre d’examen qu’une tombe ! […] Qui sait les printemps que je retrouve ainsi dans des livres, sur une feuille de rose où je date le jour et l’an ?

1189. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Haag, Paul (1843-1911) »

Haag, Paul (1843-1911) [Bibliographie] Le Livre d’un inconnu, publié sans nom d’auteur (1879). […] Théodore de Banville Plus que tous les récents recueils de poèmes, il (Le Livre d’un inconnu) paraît répondre au véritable idéal actuel, car le poète s’y montre réaliste dans le beau sens du mot, et il est facile de voir que toutes ses descriptions sont vues, que tous les sentiments qu’il exprime ont été éprouvés et non supposés.

1190. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Massoni, S. Pierre »

Henri Degron Un gros livre respectable. […] Cymos, un des beaux poèmes dudit livre.

1191. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Cromwell » (1827) »

L’attaque ou la défense de son livre est pour lui moins que pour tout autre la chose importante. […] Comme tout le monde, l’auteur de ce livre s’en tenait là. […] Voilà donc l’homme, voilà l’époque qu’on a tenté d’esquisser dans ce livre. […] Voici que l’auteur de ce livre a bientôt épuisé ce qu’il avait à dire au lecteur. […] Le temps fera justice du livre, ou la lui rendra.

1192. (1895) La science et la religion. Réponse à quelques objections

en ce moment même, je les ai là, sous les yeux, tous ces livres, fameux naguère, où nous avons avidement cherché la réponse à nos doutes ; et, en somme, qu’ont-ils établi ? […] J’ai sous les yeux, en ce moment même, un livre intitulé : la Religion basée sur la morale. […] La notion même et, pour ainsi parler, le concept d’une Écriture ou d’un Livre ne se sépare pas de l’institution d’une autorité qui l’explique. […] » Et j’en tombe d’accord avec eux ; et je conviens qu’après les livres d’histoire naturelle générale, il n’en est pas que j’aie lus, que je lise encore plus volontiers, avec plus de fruit que les livres d’exégèse. […] Mallock, dans son livre : Is life worth living, p. 81, 82.

1193. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bocquet, Léon (1876-1954) »

Charles Fuster Il y a, dans ce livre (Les Sensations), une délicieuse pièce sur les Enfants des champs, les beaux petits si frais et si sains. […] le livre tout entier respire la même fraîcheur et la même santé.

1194. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « À mon frère, l’abbé Léon Barbey d’Aurevilly »

Tu agis sur les âmes de plus haut que nous, vulgaires écrivains… Voilà pourquoi je te dédie ce livre sur les philosophes et les philosophies de ce temps. […] Puisse ton jugement m’être favorable et donner à mon livre un peu de ton autorité.

1195. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Verchin, Alexandre »

Charles Fuster C’est le livre d’un poète breton, qui aime son pays et qui en a gardé toutes les fortes et naïves croyances, la simplicité et la grandeur. […] Philippe Gille C’est un livre de poésies émues, clairement exprimées, que celui que M. 

1196. (1889) Ægri somnia : pensées et caractères

Il cherche dans sa bibliothèque, si longtemps négligée, le livre des gens en retraite, les Essais de Montaigne ; le livre manque. […] Est-ce dans vos livres que vous êtes cet éloquent ? […] Parlons d’abord de vos livres. […] Il craint, et je crains comme lui, qu’elles ne nuisent au débit du livre. […] Avait-il lu quelque chose de mes livres ?

1197. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Notes et pensées » pp. 441-535

J’avais payé ces bonnes grâces d’un esprit supérieur par un portrait littéraire et par des articles de la Revue des deux mondes, à l’occasion de ses livres. […] Il ne citait en note que lui-même, renvoyant sans façon le lecteur, d’un livre de M. Cousin à un autre livre de M.  […] Ce même grand esprit (j’en rougis pour lui) ne voulait pas que son libraire, — le libraire Didier, — imprimât un livre de M.  […] J’accorde en effet que ce livre classe M. de Lamartine encore au-dessus de l’auteur des Mystères de Paris.

1198. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Vellay, Charles (1876-1953) »

Charles Vellay, pour son livre de début, nous donne, dans Au lieu de vivre, un recueil de beaux poèmes, graves et gracieux, d’un sûr métier et d’une pensée mélancolique. […] La préface de son livre témoigne d’un noble désir et ses vers sont d’un poète.

1199. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre V. Harmonies de la religion chrétienne avec les scènes de la nature et les passions du cœur humain. — Chapitre premier. Division des Harmonies. »

Avant de passer à la description du culte, il nous reste à examiner quelques sujets que nous n’avons pu suffisamment développer dans les livres précédents. […] Tels sont les sujets que nous réunissons dans ce livre, sous le titre général d’harmonies, etc.

1200. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Hommes et dieux, études d’histoire et de littérature, par M. Paul De Saint-Victor. »

« On écrirait un livre rien que pour vous faire écrire une page. » C’est le remercîment qu’adressait Victor Hugo à M. de Saint-Victor après avoir lu son article sur les Travailleurs de la mer, un de ces beaux morceaux qui portent avec eux leur flamme. […] J’ai là devant moi quantité de numéros de la Presse, renfermant des articles de lui, dont je voulais me souvenir, et sur l’un de ces numéros j’ai écrit : « Voici de ces jolies choses, dites en courant, que je crains que Saint-Victor ne conserve pas et ne recueille pas dans les volumes d’articles revus qu’il prépare ; il s’agit de je ne sais quelle petite pièce à couplets : « Ces chansons du vieux temps, Mlle Déjazet les dit de sa petite voix grêle et fine de cigale anacréontique ivre de  rosée. — « Tu ne subis point la vieillesse », — dit à la cigale le poëte de Téos, — « frêle enfant de la terre, toi qui aimes les chansons. » Et dans un autre feuilleton encore : « Les rides, si jamais elles viennent, iront à sa petite figure spirituelle et impertinente comme les craquelures à la porcelaine. » Ces charmants hasards de plume valent pour moi de plus grands traits, et je ne veux pas que le feuilleton, sous prétexte qu’il devient livre et qu’il se fait plus grave, me les ôte et me les supprime. […] Hommes et Dieux, c’est le titre du premier livre qu’il publie, et ce titre est exact, non pas tant en effet parce qu’il y a placé, en commençant, la description de quelques grandes divinités antiques, la Vénus de Milo, Diane, Gérés et aussi Hélène, la déesse de beauté, mais parce que partout, dans les jugements de M. de Saint-Victor, dans les rangs qu’il assigne, dans les étages et comme les sphères d’admiration qu’il embrasse, respire et règne une véritable religion littéraire. […] Oui, M. de Saint-Victor, classique en cela, classique dans la plus large acception sans doute, classique toutefois, comme le pourrait être un fils retrouvé de Chateaubriand, a au plus haut degré et possède en toute sincérité la religion de l’art, la religion littéraire ; à la manière dont je les lui ai vu quelquefois défendre, dans la conversation comme dans ses écrits, j’ai compris qu’il a bien réellement des dieux, et il a eu droit, par une sorte d’invocation, de les inscrire dès le début au frontispice de son livre.

1201. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XVI. De l’éloquence et de la philosophie des Anglais » pp. 324-337

La plupart des livres anglais sont confus à force de prolixité. […] Les Français feraient un livre mieux que les Anglais, en leur prenant leurs idées ; ils les présenteraient avec plus d’ordre et de précision : comme ils suppriment beaucoup d’intermédiaires, leurs ouvrages exigent plus d’attention pour être compris ; mais la classification des idées y gagne, soit par la rapidité, soit par la rectitude de la route que l’on fait suivre à l’esprit En Angleterre, c’est presque toujours par le suffrage de la multitude que commence la gloire ; elle remonte ensuite vers les classes supérieures. […] On se livre en Angleterre aux systèmes abstraits ou aux recherches qui ont pour objet une utilité positive et pratique ; mais ce genre intermédiaire, qui réunit dans un même style la pensée et l’éloquence, l’instruction et l’intérêt, l’expression pittoresque et l’idée juste, les Anglais n’en possèdent presque point de modèles, et leurs livres n’ont qu’un but à la fois, l’utilité ou l’agrément.

1202. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Fontenelle, et le père Baltus. » pp. 2-16

Des vérités utiles sont présentées dans ce livre d’une manière très-agréable. […] Il rappelle quantité de contes puériles, de livres apocryphes, de subterfuges qu’on imaginoit dans les premiers siècles de l’église pour l’accréditer, & dont elle n’avoit pas besoin. […] Fontenelle n’est presque qu’un traducteur : il n’a donné son histoire que d’après le livre de Vandale, médecin anabaptiste de Haerlem. […] L’envie eut un prétexte pour le persécuter, pour le dépeindre comme un monstre, pour ajouter mille contes absurdes à quelques accusations bien fondées* On jugea l’auteur, & non son livre, qui est plus favorable que contraire à la religion par les armes qu’il arrache à la superstition.

1203. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Émile Augier, Louis Bouilhet, Reboul »

Émile Augier, Louis Bouilhet, Reboul 17 I Nous voudrions parler de quelques livres avec lesquels nous sommes en retard. […] Son livre doit être signalé d’autant plus aux jugements de la Critique, qu’il est d’un bon exemple qu’on sache, au moment où Augier vient d’être nommé à l’Académie, ce que la langue française doit à un pareil poète. Le livre en question, imprimé en 1856 (c’était hier !), porte, il est vrai, une préface en vers de 1852 ; mais nous n’acceptons pas plus pour ces Poésies complètes d’Augier que pour les Odes funambulesques dont nous parlions récemment, la fin de non-recevoir tirée de la longueur du temps qui s’est écoulé depuis qu’un livre a été produit, et que certaines personnes trop indulgentes invoquent au bénéfice de l’écrivain.

1204. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — I. » pp. 235-256

À dix-huit ans, au milieu des confusions philosophiques que les livres lui offraient, il lui arriva de dire : « Il y a un Dieu, j’ai une âme, il ne me faut rien de plus pour être sage. […] Il y prend position contre la philosophie du jour : « J’ai été moins l’ami de Dieu, dit-il, que l’ennemi de ses ennemis, et c’est ce mouvement d’indignation contre les ennemis de Dieu qui m’a fait faire mon premier ouvrage. » Mais ce livre qui allait à défendre la Providence et les premiers principes ne porta point et fut comme non avenu. Voltaire, à qui le maréchal de Richelieu en avait parlé avec éloges, écrivait à d’Alembert (22 octobre 1776) : Votre doyen51 m’avait vanté un livre intitulé Les Erreurs et la Vérité ; je l’ai fait venir, pour mon malheur. […] De tous les livres que Saint-Martin composa et publia en ces années du règne de Louis XVI, il n’en est qu’un seul, L’Homme de désir, imprimé en 1790, qui appelle l’attention des profanes et à la fois des sincères par des beautés vives jaillissant au sein des obscurités et par des espèces d’effusion ou d’hymnes affectifs annonçant un précurseur. […] Un jour, en 1780 ou 1781, la maréchale de Noailles arrivait au Luxembourg, où il dînait, pour conférer avec lui sur le livre Des erreurs et de la vérité qu’elle avait lu et qu’elle ne comprenait pas bien, non plus que nous ne le faisons nous-même : Elle arriva, dit Saint-Martin, le livre sous le bras et rempli de petits papiers pour marque.

1205. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — II » pp. 454-475

La feuille en renom au xviiie  siècle pour la rigidité de ses principes classiques, L’Année littéraire, avait parlé de son livre des Considérations sur les mœurs, et en assez bons termes ; Mme de Créqui n’en était pas très mécontente : Venons à la critique de L’Année littéraire, lui écrivait-elle ; elle est à quelques égards assez obligeante, et à d’autres détestable. Par exemple, dénier que Voltaire et Montesquieu aient donné le ton à leur siècle, c’est une absurdité ; cependant, au total, il me paraît qu’il (le journaliste) vous loue honnêtement, et dans le second extrait il dit qu’il ne connaît pas de meilleur livre depuis La Bruyère. […] Sous le couvert de Saint-Alban, c’est M. de Meilhan qui nous livre directement ici ses impressions personnelles ; Il y avait à Paris cinq ou six maisons où circulait tout ce qui composait la haute société, et l’opinion publique n’était que leur écho. […] Il s’en console pour lui-même, en se disant comme Valincourt après un incendie : « Je n’aurais guère profité de mes livres, si je n’avais appris d’eux à m’en passer. » Il ne la regrette que pour son jeune ami à qui il la destinait, et il lui donne en même temps les raisons pour lesquelles cette perte doit lui être moins sensible dans les circonstances : « Le cours des idées, dit-il, augmente ou diminue le prix des choses et dirige vers d’autres objets l’intérêt et la curiosité. Ma bibliothèque était composée en grande partie de livres sur la jurisprudence et sur l’histoire de France ; un de mes oncles qui était évêque m’avait, laissé une collection complète des procès-verbaux du Clergé, etc., etc. » ; et il montre que la Révolution qui s’accomplit a déjà mis beaucoup de ces livres à la réforme, et qu’elle va simplifier bien des sciences.

1206. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire de la querelle des anciens et des modernes par M. Hippolyte Rigault — II » pp. 150-171

Que je plains les auteurs, et quel péril ne court pas aujourd’hui le meilleur livre ! […] Gacon, un chétif et déshonorant défenseur des anciens, s’était mis en effet du jeu : sous le titre d’Homère vengé, il publia en 1715 le livre le plus incohérent et le moins solide, mi-partie de vers et de prose, folâtre de ton, tout bariolé de fables et de rondeaux, le tout à l’honneur du père de la poésie et contre son moderne détracteur. […] S’il était besoin d’expliquer d’ailleurs cette indignation d’un homme d’esprit et philosophe envers un si misérable adversaire, et la forme sous laquelle elle se produisit, il faut se rappeler que le livre de Gacon avait paru avec l’approbation d’un censeur, l’abbé Couture, approbation donnée dans les termes ordinaires : « J’ai lu par ordre de Mgr le chancelier, etc. […] L’abbé de Pons est un des premiers écrivains qui s’annoncent comme pouvant être plus sérieux et de plus longue haleine que l’écrivain de gazette et de journal, n’allant pas tout à fait jusqu’au livre, mais très propre à cette littérature d’entre-deux et de recueil périodique. […] Rigault lorsque son livre, qui comble une lacune dans l’histoire de notre littérature et qui a sa place assurée à côté des meilleurs, aura atteint une seconde édition.

1207. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La femme au XVIIIe siècle, par MM. Edmond et Jules de Goncourt. » pp. 2-30

C’est une mine que ce livre-là. […] A la suite des Œuvres complètes de chacun de ces auteurs célèbres, il devrait y avoir un album, un recueil d’estampes représentant quelques-uns des types de ces femmes-là, à la fois celles que l’auteur a peintes dans ses livres et celles qui se sont après coup modelées sur lui, autant de prêtresses ou de dévotes vouées chacune à leur saint ou à leur dieu. […] Ils ont recours, pour suppléer aux livres qui font souvent défaut ou qui ne s’expriment qu’en termes trop vagues et trop abstraits, à ces auxiliaires que les littérateurs proprement dits, que les illustres Villemain et leurs disciples ont trop négligés, aux arts du dessin, aux tableaux ou estampes du temps ; eux, ils y sont maîtres-amateurs et connaisseurs. […] Toutes les femmes de la Cour savent vous persuader cela quand elles veulent, vrai ou non ; mais toutes ne savent pas, comme Mme de Luxembourg, vous rendre cette persuasion si douce, qu’on ne s’avise plus d’en vouloir douter… » C’est la seule page de cet admirable Xe livre que je veuille rappeler ici, et Rousseau lui-même, dans sa plus mauvaise humeur, ne pensa jamais à la rétracter. […] Mme de Genlis a raconté qu’un jour, un dimanche, à l’Ile-Adam, comme on attendait pour la messe le prince de Conti, on était dans le salon autour d’une table sur laquelle les dames avaient posé leurs livres d’heures ; la maréchale s’amusait à les feuilleter par manière d’acquit.

1208. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [I] »

Des amateurs de livres (pour commencer par eux) se sont mis à rechercher avidement les exemplaires de ces poètes, et, qui plus est, ils les ont lus, ils les ont appréciés pour le dedans. […] Le Catalogue des livres composant la Bibliothèque poétique de M.  […] Ce petit livre représente un moment de la langue. […] L’ouvrage est divisé en deux livres : le premier, plus général, sur la langue française et ses ressources, le second, plus particulier, et s’appliquant au poète et à la poésie. […] » Mais, au lieu de cela, il en faisait trophée et en décorait la première page de son livre.

1209. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ULRIC GUTTINGUER. — Arthur, roman ; 1836. — » pp. 397-422

Sage comme je m’imaginais l’être, je n’avais plus d’autre vœu qu’une société choisie et moins éparse, ma famille, la campagne sans l’isolement, quelques livres, surtout la poésie, celle qui répondait à mes besoins, à mes sentiments, et çà et là encore, non loin de moi, quelque liaison délicate et tendre, pour achever d’aimer. […] Et c’est ce qui suffit après tout, un roman ne devant jamais être un livre d’oraison, une règle de conduite, mais une inspiration passagère qui mérite indulgence et faveur si elle est relativement bonne à quelques-uns et les pousse même vaguement au bien. […] La circonstance mystérieuse, et cependant naturelle, qui fait qu’Arthur retrouve Julie et son enfant, introduit le léger intérêt romanesque qui, avec la conversion, compose la seule action de ce livre où pourtant l’attrait ne cesse pas. […] C’est avec ces pensées que j’arrive jusque dans ma retraite, et qu’environné des livres saints dont je me suis fait comme une barrière je m’écrie : « Jours de bénédiction, beau temps, air doux et pur qu’on n’espérait plus ; herbe verte et si belle sous ces rayons qui ne la brûlent plus et qu’elle reçoit avec amour ; solitude, silence, éloignement du bruit et des passions des hommes ; délices de l’homme contemplatif et apaisé ; qu’ai-je fait pour vous goûter avec cette plénitude et ces transports ? […] Tandis que la nuit embaumée Nous dérobe aux yeux des humains, Viens, regarde, ô ma Bien-aimée, Ces Cieux, livre de nos destins.

1210. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Octave Feuillet »

Cécile s’aperçoit bientôt que son mari ne l’aime pas et, dans une heure de folie, se livre au premier fat qui lui fait la cour. […] Mais ses illusions de moraliste candide ne m’en gâtent pas moins quelques-uns de ses plus beaux livres. […] On connaît le fier début du livre : le suicide du père de Louis de Camors, son testament, le programme de vie qu’il trace à son fils et que M.  […] Or l’impression que laisse le livre est toute différente. […] Est-ce la foi des premiers chrétiens ou des jansénistes qui respire dans ce livre parfumé ?

1211. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « L’abbé Galiani. » pp. 421-442

Galiani, vers ce temps, se livrait aux études les plus sérieuses : il publiait à vingt et un ans un livre sur la monnaie ; il rendait à un savant illustre, alors très vieux et presque aveugle, à l’abbé Intieri, le service de décrire en son nom, dans un petit traité substantiel et tout positif, un procédé nouveau pour la conservation des grains. […] Il avait l’esprit trop fin, trop sensé, pour ne pas être choqué des théories absolues de d’Holbach : « Au fond, nous ne connaissons pas assez la nature, pensait-il, pour en former un système. » Il reprochait à ces prétendus systèmes de la nature de ruiner toutes les illusions naturelles et chères à l’homme ; et, comme le livre de d’Holbach parut vers le temps où l’abbé Terray décrétait la banqueroute, il disait : « Ce M.  […] En fait de politique, il avait coutume de dire : « Les sots font le texte, et les hommes d’esprit font les commentaires. » Les livres comme ceux de l’abbé Raynal (Histoire des deux Indes) lui faisaient pitié au fond : « Ce n’est pas mon livre, disait-il ; en politique je n’admets que le machiavélisme pur, sans mélange, cru, vert, dans toute sa force, dans toute son âpreté. » Ce machiavélisme dont il était imbu et qu’il affichait beaucoup trop, il l’a pratiqué jusqu’à un certain point. […] Les amis de Galiani, et l’abbé lui-même avaient coutume de dire de son livre sur les blés : « C’est moins un livre sur le commerce des blés qu’un ouvrage sur la science du gouvernement : il faut savoir y lire le blanc et l’entre-deux des lignes. » Le gouvernement chargea l’abbé Morellet de répondre à Galiani, et cet autre abbé, aussi grand de taille que l’autre était petit, aussi didactique et pesant de plume que l’autre était léger, fit cette réponse de manière à n’être pas lu. […] Turgot, dont les principes étaient fort intéressés dans la question, s’est expliqué sur le livre de Galiani, et, sans en méconnaître l’agrément, il a écrit quelques mots qui marquent bien l’opposition des vues, des inspirations et des doctrines : Je n’aime pas non plus, dit-il après quelques critiques sur sa méthode sautillante et faite pour dérouter, je n’aime pas à le voir toujours si prudent, si ennemi de l’enthousiasme, si fort d’accord avec tous les Ne quid nimis et avec tous ces gens qui jouissent du présent, et qui sont fort aises qu’on laisse aller le monde comme il va, parce qu’il va fort bien pour eux, gens qui, ayant leur lit bien fait, ne veulent pas qu’on le remue.

1212. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Lettres et opuscules inédits du comte Joseph de Maistre. (1851, 2 vol. in-8º.) » pp. 192-216

Pendant tout le temps que le jeune Joseph passa à Turin pour suivre le cours de droit à l’Université, il ne se permit jamais la lecture d’un livre sans avoir écrit à son père ou à sa mère à Chambéry pour en obtenir l’autorisation. […] Il lisait tout, et les livres étaient sa « pâture chérie ». […] L’impression que fit ce livre au moment où il parut, fut vive ; mais sa grande explosion n’eut lieu que vingt ans plus tard, lorsque les événements en eurent vérifié les points les plus mémorables. […] Ce livre existe en partie dans les Considérations, et aussi dans mainte autre page de ses lettres et de ses écrits. […] Il avait tenu entre ses mains, à Milan, le livre des Considérations sur la France, et il avait pu y reconnaître en quelques minutes un esprit de race supérieure, et tel qu’il les aimait.

1213. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Notes et éclaircissements. [Œuvres complètes, tome XII] »

Ce livre conduit à l’athéisme, que je déteste. […]  » Je ne réprouve pas moins ce livre comme citoyen : l’auteur paraît trop ennemi des puissances. […]  » Ma coutume est d’écrire sur la marge de mes livres ce que je pense d’eux : vous verrez, quand vous daignerez venir à Ferney, les marges du Christianisme dévoilé chargées de remarques, qui prouvent que l’auteur s’est trompé sur les faits les plus essentiels. » (Correspondance gén. […] La morale est trop blessée dans le livre d’Helvétius, et le trône est trop peu respecté dans le livre qui lui est dédié. […] On a imaginé que la nature agit toujours par le chemin le plus court, qu’elle emploie le moins de force et la plus grande économie possible : mais que répondraient les partisans de cette opinion, à ceux qui leur feraient voir que nos bras exercent une force de près de cinquante livres pour lever un poids d’une seule livre ; que le cœur en exerce une immense pour exprimer une goutte de sang ; qu’une carpe fait des milliers d’œufs pour produire une ou deux carpes ; qu’un chêne donne un nombre innombrable de glands, qui souvent ne font pas naître un seul chêne ?

1214. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Boès, Karl (1864-1940) »

Karl Boès sont remarquables d’abord par la quantité de noms propres qu’ils recèlent, et de noms communs promus à de hautes dignités par la toute-puissance de la majuscule… Je n’ose déclarer d’ailleurs que tout cela suffise à constituer un livre, et encore moins de beaux vers. […] Henri Mazel Il a intitulé son livre de vers les Opales… Il affectionne les coupes rares, les strophes régulières, tercets et cinquaines de préférence ; le vers semble pour lui un coursier à chanfrein haut et à galop sonore que le poète dompte et dirige.

1215. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre troisième. Découverte du véritable Homère — [Introduction] » p. 251

[Introduction] Avoir démontré, comme nous l’avons fait dans le livre précèdent, que la sagesse poétique fut la sagesse vulgaire des peuples grecs, d’abord poètes théologiens, et ensuite héroïques, c’est avoir prouvé d’une manière implicite la même vérité relativement à la sagesse d’Homère. Mais Platon prétend au contraire qu’Homère posséda la sagesse réfléchie (riposta) des âges civilisés  ; et il a été suivi dans cette opinion par tous les philosophes, spécialement par Plutarque, qui a consacré à ce sujet un livre tout entier.

1216. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Braun, Thomas (1876-1961) »

Braun, Thomas (1876-1961) [Bibliographie] Le Livre des bénédictions (1900). […] Parmi les dix-sept poèmes dont se compose ce petit livre, il en est plusieurs qui me paraissent dénoter en M. 

1217. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Pigeon, Amédée (1851-1905) »

Jules Tellier Le livre, à la fois très pur et très maladif (Les Deux Amours) où M.  […] Il est vraiment le livre de la quinzième année.

1218. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLe entretien. Littérature villageoise. Apparition d’un poème épique en Provence » pp. 233-312

Un pays est devenu un livre ; ouvrons le livre, et suivez-moi. […] Ce livre était le tribut de souvenir que le poète découvert par Adolphe Dumas m’avait promis l’été dernier. […] Je le jetai sur mon lit, j’allumai ma lampe, et, comme je n’arrive plus jamais à quelques heures de sommeil que par la fatigue des yeux sur un livre, je rouvris le livre et je lus. […] Je pourrais retourner le vers célèbre de Dante dans l’épisode de Françoise de Rimini, et dire, comme Francesca : « À ce passage nous fermâmes le livre et nous ne lûmes pas plus avant !  […] voilà de ces livres qui bénissent et qui édifient l’humble foyer où ils entrent !

1219. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Agrippa d’Aubigné. — I. » pp. 312-329

L’auteur n’y perd jamais de vue un plan de composition et même une symétrie extérieure qu’il s’est imposée : c’est ainsi qu’il termine tous ses livres (et il y en a cinq dans chaque tome) par un traité de paix, ou, quand la paix fait faute, par quelque édit ou trêve qui y ressemble : il tient à couronner régulièrement chaque fin de livre par ce chapiteau. En même temps les chapitres qui précèdent ce dernier sont invariablement consacrés aux affaires du dehors, Orient, Midi, Occident, Septentrion, et il établit entre ces sortes de chapitres, d’un livre à l’autre, des corrélations et correspondances. […] Aussi, au milieu d’une certaine impartialité pour les personnes et malgré la réserve apparente, l’esprit général du livre est tout entier celui de la cause qu’il a embrassée ; le calvinisme français nobiliaire et militaire, celui de ces gentilshommes sans repos, tout cousus en leurs cuirasses de fer, et qui retiennent jusqu’à la fin de l’ancienne austérité, a trouvé en lui son historien. […] L’unité du livre de d’Aubigné, l’esprit et l’âme de sa composition, si on la cherche, est là, dans cette impression générale qui se marque en avançant. […] Il semble même accorder volontiers à ceux de ses lecteurs qui ne se plaisent point à un endroit du livre de courir à un autre, et de jouer du pouce comme il dit ; tout cela est vrai, et cependant si l’on chemine avec lui et si l’on s’attache à sa suite, on est dédommagé, on a mieux que des faits originaux et singuliers, on rencontre de belles, d’admirables scènes.

1220. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Santeul ou de la poésie latine sous Louis XIV, par M. Montalant-Bougleux, 1 vol. in-12. Paris, 1855. — I » pp. 20-38

On le malmène, il est vrai ; on le veut chasser des bréviaires où ses hymnes avaient obtenu une place depuis cent cinquante ans ; je crois même qu’il est déjà chassé de presque tous ces livres diocésains ; mais n’importe, de façon ou d’autre, cela fait du bruit, quelque bruit autour de son nom.  […] La littérature latine moderne pâlissait nécessairement en présence des chefs-d’œuvre de poésie française qui venaient d’éclore et qui illustraient le règne ; cette littérature et cette poésie latine, déjà de toutes parts en retraite, trouva néanmoins son dernier refuge et son emploi dans les livres d’Église. […] Félix Clément est quelquefois exclusif, et il abonde dans son propre sens : mais si l’on peut contester quelques-unes de ses assertions, il faut rendre hommage à l’idée essentielle de son livre, et le louer de la manière exacte dont il l’a mise en œuvre. […] Son livre, sans qu’il y soit question nommément de Santeul, est écrasant pour ce dernier par la comparaison involontaire qu’on est amené à établir entre l’enthousiasme un peu factice du gai chanoine de Saint-Victor et la haute source d’inspiration habituelle de ces grands docteurs et promoteurs de la foi, les saint Bernard, les saint Bonaventure, les saint Thomas d’Aquin, le pieux roi Robert, et bien d’autres de ces âges anciens. […] Le livre de M. 

1221. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Sénecé ou un poète agréable. » pp. 280-297

Il fit certaine pièce nommée Athalie, dont le sujet est tiré des livres saints, pour récompense de laquelle il fut gratifié d’une charge de gentilhomme ordinaire de la chambre du roi. […] Or Sénecé en a fait beaucoup de faibles, de médiocres et d’inutiles, c’est le cas de tous les auteurs d’épigrammes ; mais il en a fait aussi de bonnes, et en voici une qui me paraît excellente ; elle est imitée ou plutôt inspirée de Martial et de ses vœux de bonheur, mais avec un rajeunissement original et piquant ; elle est adressée à Bellocq, valet de chambre de Louis XIV, ancien camarade et ami intime de Sénecé : Pour être heureux, je, voudrais peu de chose Esprit bien sain, tempérament de fer, D’argent comptant bonne et loyale dose, Glace en été, bon feu pendant l’hiver ; Amis choisis, et livres tout de même ; Un peu de jeu, sans pourtant m’y piquer ; Point de procès, dispense de carême. […] Il disait la même chose des mémoires de Gourville, sous prétexte que « le style de ce livre était trivial et n’avait rien du tout de cette politesse que Gourville s’était acquise par un grand usage du monde. » S’il s’était borné à dire que le premier éditeur (1724) avait pu les retoucher à tort çà et là, il aurait dit juste ; mais il allait bien plus loin, et il les déclarait hardiment un livre apocryphe. […] Je ne profite pourtant pas souvent de cette commodité, et je suis souvent des huit jours entiers sans sortir de chez moi que pour aller à l’église, dont j’ai à choisir de trois ou quatre, m’occupant fort agréablement et sans ennui de mes jardins et de mes livres, sans oublier les muses, avec lesquelles j’ai toujours quelque petit entretien ; car quand une fois on est frappé de cette agréable folie, on peut s’assurer d’en tenir pour le reste de ses jours, et de mourir, pour ainsi dire, en rimant. […] Travail, art, nature, foyer intérieur, sentiment, éclat et flamme, c’est de tous ces éléments combinés et pressés, que se compose à des degrés différents et variés à l’infini ce charme que la muse seule possède, dont elle seule livre le secret au petit nombre, et qui fait que l’agrément du premier jour est aussi l’agrément qui ne périt pas.

1222. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Œuvres complètes d’Hyppolyte Rigault avec notice de M. Saint-Marc Girardin. »

Il aimait fort (et de cela je ne le loue pas) à battre longuement les gens qui sont tout battus d’avance à plaider des procès qui sont tout gagnés d’emblée ; ainsi pour les livres de M.  […] Pour moi qui ne l’avais jamais été autrement que par la lecture, très attentive, qu’il avait faite de mes livres, j’ai bien senti ce besoin, cette démangeaison trop naturelle qu’il avait de se dédommager sur quelqu’un. […] Le livre de la Querelle des Anciens et des Modernes m’a occupé autrefois, et je n’y reviendrai pas ici : il fut l’occasion, pour Rigault, d’un de ses grands succès. Ce livre, en effet, s’offrit d’abord sous forme de thèse pour le doctorat : la soutenance de Rigault est restée célèbre dans les fastes de la Sorbonne, de la Faculté des Lettres. […] La fiction du vieux Janséniste, pour en venir à nos petits livres de dévotion et de piété fine, est bien compliquée.

1223. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Méditations sur l’essence de la religion chrétienne, par M. Guizot. »

Les savants cherchent, observent, conçoivent, conjecturent, induisent ; le chrétien tranche, et, en vertu du livre révélé, il répond que Dieu un jour a créé la terre, et puis l’homme. […] La religion professée dans ce livre par M.  […] Sa pensée va plus loin, mais il ne s’y livre point avec trop de promptitude, il ne s’y obstine pas : il sait que rien n’est sûr, qu’indépendamment de la rareté de ces débris qui peuvent sembler les témoins d’un des états du monde disparus, sa pensée à lui-même est un instrument bien imparfait, qu’il lui suffirait d’un sens de plus ou de moins, ou du moindre degré changé dans la perspicacité de l’un des cinq sens, pour que tout lui parût sous un jour tout autre. […] Des livres, des sphères, sont entassés pêle-mêle, non loin d’un télescope braqué sur un espace de ciel assez vaste qui brille d’un froid d’hiver au-dessus des cheminées et des toits. […] Je le livre aux. croyants plus heureux que lui dans tout son incomplet et sa nudité.

1224. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Pierre Loti »

Beaucoup de livres, anciens ou récents, supposent un tout autre effort de pensée, d’invention et d’exécution. […] Vous avez connu les troubles de la sensualité la plus curieuse et la plus savante — et les émotions de la sympathie la plus pure et de la plus chaste pitié… Ainsi vous goûtez dans ces livres le charme limpide des poèmes ingénus et le charme pervers des extrêmes recherches de l’esthétique contemporaine  ce qui est au commencement des littératures et ce qui est à la fin. […] » (Livre II, chap.  […] C’est, dans Pêcheur d’Islande, la pêche et les mers polaires ; dans Mon frère Yves, la vie de bord, les mers d’Orient et des tropiques et « la grande monotonie » de l’Océan ; dans les deux livres, la Bretagne, sa figure et son âme. […] Je crains de n’avoir pas su rendre l’impression que ces livres font sur moi, et je crains aussi qu’on me reproche de n’avoir cherché à rendre que cette impression.

1225. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Jean Richepin »

Richepin, il y a fort à parier qu’on dirait tout d’abord, en lisant ses livres : — Hum ! […] Je suis sûr que l’auteur de ces livres truculents et magnifiquement cyniques ou blasphématoires est quelque bourgeois bien régulier, bien placide, bon père et bon époux, et Arya comme vous et moi  Eh bien ! […] La pièce qui résume le livre est intitulée le Goinfre. […] Ce livre absurde est supérieurement amusant, sauf vers la fin. […] Il me semble que c’est, avec la Chanson des Gueux, le meilleur livre de M. 

1226. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre dixième »

Il les gourmande ou les loue ; singulière contradiction dans un livre qui explique l’âme des bêtes par un système d’ébranlements organiques de la mécanique animale ! […] Dans ce livre prodigieux, il pouvait contenter son cœur, marcher seul, à la lumière du regard intérieur, et, désormais affranchi du secours des autres, découvrir sans voyageurs, observer sans naturalistes, des pays que Dieu seul a vus. […] L’idée du livre subsiste également ; et quelle idée plus belle, dans cet ordre de spéculations, a suscité plus de découvertes ? […] On trouve du moins avec soulagement, dans cet admirable livre, écrite à plus d’une page, sinon la foi en Dieu, du moins l’idée de Dieu. […] Buffon semble nier les bonheurs du premier jet, suspecter la verve, exclure la peinture à fresque, aussi charmante dans les pages d’un livre que sur les murs d’une coupole.

1227. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Mme de Genlis. (Collection Didier.) » pp. 19-37

Elle pratique dans le village la médecine du peuple, le livre de Tissot à la main, et elle a dans l’autre main une lancette pour saigner tout paysan qui se présente : comme elle leur donnait trente sous après chaque saignée, il s’en présentait beaucoup. […] M. de Sauvigny (littérateur d’alors spirituel et pas trop médiocre) me guidait dans mes lectures : je faisais des extraits ; j’avais trouvé dans les offices un grand in-folio destiné à écrire les comptes de la cuisine ; je m’en étais emparée, et j’écrivis dans ce livre un journal très détaillé de mes occupations et de mes réflexions, avec l’intention de le donner à ma mère quand il serait rempli. […] Le manuscrit s’est perdu ; mais ce qu’elle ne perdit jamais, c’est l’habitude de traduire en livre, en roman, en leçon, tout ce qui s’offrait à elle. […] La Harpe, au reste, paya cher cette courte faveur ; il se brouilla avec Mme de Genlis, qui le mit, sous le nom de Damoville, dans un conte satirique où elle s’attaquait à tous les littérateurs philosophes du temps, et où elle se vengeait de l’Académie qui n’avait pas couronné l’un de ses ouvrages : c’était assez son habitude de traduire ainsi les gens dans ses livres quand elle se brouillait avec eux. […] La manière dont elle conçut et dirigea, dès le premier jour, l’éducation des enfants d’Orléans, est extrêmement remarquable, et dénote chez l’institutrice un sens de la réalité plus pratique que ses livres seuls ne sembleraient l’indiquer.

1228. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre III. Zoïle aussi éternel qu’Homère »

Livre III. […] Trouvez-moi, je vous en défie, dans quelque poëte et dans quelque livre qu’il vous plaira, une belle chose qui ne soit pas une image ou une antithèse !  […] L’auteur du livre Querelles littéraires, l’abbé Irail, chanoine de Monistrol, demande à La Beaumelle : Pourquoi injuriez-vous tant monsieur de Voltaire ? […] … » (Nous supprimons quelques lignes.)… Vous faites un livre, défense d’en parler. […] Aux livres colosses il faut des lecteurs athlètes.

1229. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre V. Le génie et la folie »

Moreau (de Tours), dans un livre intéressant, la Psychologie morbide, et qu’il a résumée et concentrée dans cette formule originale : « Le génie est une névrose », c’est-à-dire une maladie nerveuse. […] Le marchand pense à ses affaires, le jeune homme à ses amours, le philosophe à ses livres. […] Moreau (de Tours) insiste le plus et auquel il consacre la moitié de son livre, c’est le fait de l’hérédité. […] Dans la table biographique qui termine son livre, il y a 179 cas cités. […] Au reste, il ne doit pas désirer qu’on loue son livre.

1230. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Clerfeyt, René Mary »

Henri Degron J’ai lu, relu, ce charmant petit livre aux vers frais et qui fleurent bon — si discrètement — la marjolaine du printemps et la feuille morte de l’automne. […] Je n’en citerai point, il faut goûter ce livre.

1231. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » p. 325

L'Histoire de ses Voyages est peu intéressante pour le commun des Lecteurs, parce qu'il parcourut peu de pays, & que la découverte des Livres rares, soit imprimés, soit manuscrits, fut son principal objet. […] On lui doit un Recueil précieux de Livres Chinois, & la premiere Traduction des principaux Ouvrages de Confucius, qu'il fit faire sous ses yeux, par un homme de cette Nation, qu'il attira à Paris dans cette vûe.

1232. (1903) Légendes du Moyen Âge pp. -291

On voit qu’en passant de bouche en bouche, ou de livre en livre, dans le monde arabe, le conte indien s’était sensiblement altéré. […] Nisard, Histoire des livres populaires, 2e éd., I, 477. […] Je n’ai pas eu le livre sous les yeux ; je dois à M.  […] Israël Lévi : le livre est indiqué par M.  […] Le livre juif intercale ici un passage dont je parle plus loin, p. 244, n. 3.

1233. (1904) Propos littéraires. Deuxième série

Cela n’empêche pas son livre d’être fort intéressant. […] Vous croyez même qu’il eût écrit moins de livres ? […] Mourieux, et lui eut demandé un livre : “Et quel livre veux-tu ? […] un livre sur Victor Hugo ! […] Avais-je tort de dire qu’il y a là un livre de critique à la fois et un poème ?

1234. (1880) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Première série pp. 1-336

» Et le livre des Pensées devait être précisément le témoignage de cette reconnaissance. […] Le livre de M.  […] L’Essai sur les mœurs n’a pas cessé d’être un livre bon à consulter, en même temps qu’agréable à lire. […] C’est un livre de bonne foi, s’il en fut. […] On ne refera pas son livre sur Chateaubriand et son temps, mais on en adoucira l’amertume.

1235. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XIX. Réflexions morales sur la maladie du journal » pp. 232-240

XVI Quand on ne faisait point rédiger les journaux par des littérateurs bien connus, un financier parlait de la bourse ; un économiste, des tarifs ; un boulevardier, des petites femmes ; et un écrivain, des livres. […] Car on écrit encore touchant les livres, et rien n’est plus aisé à un poète de génie que d’être louange dignement : un premier-Paris lui coûte mille écus, et un écho trois cents livres.

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