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491. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SÉVIGNÉ » pp. 2-21

Ce ne fut qu’après Richelieu, après la Fronde, sous la reine-mère et Mazarin, que tout d’un coup, du milieu des fêtes de Saint-Mandé et de Vaux, des salons de l’hôtel de Rambouille1 ou des antichambres du jeune roi, sortirent, comme par miracle, trois esprits excellents, trois génies diversement doués, mais tous les trois d’un goût naïf et pur, d’une parfaite simplicité, d’une abondance heureuse, nourris des grâces et des délicatesses indigènes, et destinés à ouvrir un âge brillant de gloire où nul ne les a surpassés. […] Jeune encore et belle sans prétentions, elle s’était mise dans le monde sur le pied d’aimer sa fille, et ne voulait d’autre bonheur que celui de la produire et de la voir briller5. […] Sans doute (et, au défaut des nombreux mémoires du temps, les anecdotes racontées par Mme de Sévigné elle-même en feraient foi), sans doute d’horribles désordres, des orgies grossières se transmettent encore parmi cette jeune noblesse à laquelle Louis XIV impose pour prix de sa faveur la dignité, la politesse et l’élégance ; sans doute, sous cette superficie brillante et cette dorure de carrousel, il y a bien assez de vices pour déborder de nouveau en une autre régence, surtout quand le bigotisme d’une fin de règne les aura fait fermenter. […] On a un charmant portrait de Mme de Sévigné jeune par l’abbé Arnauld ; il faut qu’elle ait eu bien de l’éclat et de la couleur pour en communiquer un moment au style de ce digne abbé, qui ne paraît pas avoir eu, comme écrivain, tout le talent de la famille : « Ce fut en ce voyage, dit-il en ses Mémoires (à l’année 1657), que M. de Sévigné me fit faire connoissance avec l’illustre marquise de Sévigné, sa nièce… Il me semble que je la vois encore telle qu’elle me parut la première fois que j’eus l’honneur de la voir, arrivant dans le fond de son carrosse tout ouvert, au milieu de M. son fils et de mademoiselle sa fille : tous trois tels que les poëtes représentent Latone au milieu du jeune Apollon et de la jeune Diane, tant il éclatoit d’agrément dans la mère et dans les enfants ! 

492. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « CHRISTEL » pp. 515-533

Cette jeune personne qui avait atteint dix-huit ans faisait l’unique soin de sa mère. […] Les douleurs de sa patrie française tenaient une grande place dans la jeune âme, et couvraient pour elle le vague des autres sentiments. […] Il est beau, jeune, ému, fidèle évidemment, et peut-être malheureux : que faut-il de plus ? […] Malgré sa faiblesse croissante, depuis quelques jours elle semblait mieux ; je ne sais quel mouvement de physionomie et de regard, plus de couleur à ses joues, avaient l’air de vouloir annoncer l’influence heureuse de la jeune saison. […] « — C’est trop vrai, dit alors une jeune et belle femme, et déjà éprouvée, qui avait écouté jusque-là en silence toute cette histoire ; ô hommes, combien vous faut-il donc ainsi de ces existences cueillies en passant pour vous tresser un souvenir ! 

493. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre V »

C’est encore, selon nous, un portrait manqué que celui du jeune comte d’Outreville, un petit neveu que le marquis a fait venir d’Avignon, pour le marier de sa main. […] Mais le jeune cuistre n’a pas même la réalité du vice qu’il affecte ; il paraît hypocrite, il n’est qu’imbécile. […] L’héritage du marquis sera la dot du jeune couple, mariage de convenance s’il en fut jamais. […] Cependant, Fernande, qui veut, à tout prix, quitter sa belle-mère, consent à épouser le comte d’Outreville ; mais la baronne a jeté son dévolu sur le hobereau ; il lui faut un mari titré et borné : le jeune comte réunit ces deux conditions. […] Elle est riche, belle, jeune encore, chef de parti, papesse in partibus ; le petit comte n’a pour lui que sa niaiserie et ses armoiries.

494. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Histoire du chancelier d’Aguesseau, par M. Boullée. (1848.) » pp. 407-427

Dès son enfance, le jeune d’Aguesseau apprit toute chose, il continua d’apprendre toute sa vie, et l’on serait assez embarrassé de dire quelle science, quelle langue et quelle littérature il ne savait pas. […] En même temps, la netteté et la justesse des méthodes introduisait avec facilité et disposait avec ordre tout ce savoir dans ce jeune, dans ce bel et à la fois solide esprit. […] « Après la prière des voyageurs, par laquelle ma mère, raconte d’Aguesseau, commençait toujours la marche, nous expliquions les auteurs grecs et latins, qui étaient l’objet actuel de notre étude… » Grec, latin, et plus tard hébreu, anglais, italien, espagnol, portugais, mathématiques, physique, et surtout belles-lettres (sans parler de la jurisprudence qui était son domaine propre), le jeune d’Aguesseau apprenait tout, et, doué de la plus vaste mémoire, il retenait tout : « … L’admirable avocat général d’Aguesseauqui sait toutes mes chansons, et qui les retient comme s’il n’avait autre chose à faire », écrivait de lui à Mme de Sévigné M. de Coulanges. […] Jeune, il eut une passion, il n’en eut qu’une, les belles-lettres. […] S’il écrit au même M. de Valincour au sujet du jeune Racine qui est à Fresnes, on voit quelle idée solennelle d’Aguesseau se forme volontiers d’un poète : Que dites-vous du jeune poète que nous avons ici depuis plus de quinze jours, et qui n’a jamais voulu lui prêter sa muse (à Mme la chancelière) pour vous répondre ?

495. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Boileau. » pp. 494-513

Dès sa jeunesse il était ainsi : il y a dans la muse la plus jeune de Boileau quelque chose de quinteux, de difficultueux et de chagrin. Elle n’a jamais eu le premier timbre ému de la jeunesse ; elle a de bonne heure les cheveux gris, le sourcil gris ; en mûrissant, cela lui sied, et, à ce second âge, elle paraîtra plus jeune que d’abord, car tout en elle s’accordera. […] Il reprend la loi de Malherbe et la remet en vigueur ; il l’étend et l’approprie à son siècle ; il l’apprend à son jeune ami Racine, qui s’en passerait quelquefois sans cela ; il la rappelle et l’inculque à La Fontaine déjà mûr63 ; il obtient même que Molière, en ses plus accomplis ouvrages en vers, y pense désormais à deux fois. […] Avant de prendre lui-même cette perruque un peu solennelle, Boileau jeune en avait arraché plus d’une à autrui. […] Je m’aperçois, en terminant, que je n’ai point parlé d’une Satire inédite, attribuée à Boileau, récemment trouvée dans les manuscrits de Conrart à l’Arsenal avec le nom de Despréaux au bas, et publiée par un jeune et studieux investigateur, M. 

496. (1824) Discours sur le romantisme pp. 3-28

La secte est nouvelle et compte encore peu d’adeptes déclarés ; mais ils sont jeunes et ardents ; mais la ferveur et l’activité leur tiennent lieu de la force et du nombre, et le concert bruyant de leurs voix pourrait faire croire, de loin, à l’union de leurs sentiments. […] Nos jeunes écrivains, les plus favorables à ces idées nouvelles, n’ont pas encore osé les préconiser hautement, ni surtout les mettre en pratique. […] répondent nos jeunes Héraclites. […] Nos jeunes poètes romantiques seraient-ils donc souffrants et malheureux ? […] Voilà les travers, les écarts où, parmi nous, d’époque en époque, de jeunes écrivains ont été entraînés par un désir mal réglé de produire de l’effet, et aussi, redisons-le pour leur justification, par un généreux amour de la célébrité, joint au désespoir modeste d’égaler leurs prédécesseurs, en les imitant.

497. (1892) L’anarchie littéraire pp. 5-32

Voici comment je me suis expliqué là-dessus dans L’Événement du 13 avril 1891 : « En fondant un journal que je mettais à la disposition des Jeunes, je ne voulais pas remorquer exclusivement une littérature. […] Il va faire paraître prochainement, dit-on, Le Premier Livre pastoral qui sera, dans sa pensée, une œuvre formulaire proposée à l’admiration et à l’imitation des jeunes romanistes présents et à venir. […] À l’exception de quelques Décadents, il a réuni tout ce qui porte un nom dans la jeune littérature, mais précisément en raison des éléments hétérogènes qui le composaient on a pu dire sans trop d’exagération que c’était un métingue. […] Elles sont à peu près exclusivement composées de jeunes, c’est-à-dire d’hommes qui remplaceront demain les puissances intellectuelles d’aujourd’hui. […] Les Jeunes, en général, semblent au contraire viser la grande simplicité antique, celle de La Fontaine, de Racine et du « Faits divers » contemporain.

498. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre iii »

Un jeune soldat, Roland Engerand, écrit à ses parents : « Hier soir, l’aumônier de la division est venu manger avec nous dans une cave. […] (Cf., dans la « Revue des Jeunes », le récit de l’abbé Thellier de Poncheville sur la préparation des affaires de Champagne en septembre 1915.)‌ […] Le jeune Roland Engerand me raconte :‌ « Nous nous étions arrêtés un jour dans le village de Mareuil avant de relever le 20e corps dans les tranchées de Neuville-Saint-Vaast. […] J’y éprouvais une sensation de gêne, car de très gros obus éclataient assez près, quand devant une tombe toute fraîche, j’aperçus un prêtre, sale, en bonnet de police, avec un écusson 79 sur ce bonnet, à la figure jeune et énergique, étonnamment énergique, qui priait à genoux, en pleurant. […] Des histoires de blessés surtout : il insistait sur le mépris devant la mort des jeunes de vingt ans.

499. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXIII. »

Et ce jeune satirique, suicide en délire, mourant à l’hôpital, Gilbert, ne fallait-il pas la consolation de la foi, dans l’agonie de l’extrême malheur, pour lui inspirer la pure et navrante mélodie de ses derniers vers ? […] Quand la France se soulevait de sa base antique pour repousser les armées étrangères, quand le cri d’alarme avait retenti du Nord au Midi, sous les flammèches qui sortaient de toutes les bouches, le feu prit au cerveau d’un jeune conscrit ; et, dans une nuit, il fit ce chant de la Marseillaise, dont les paroles, la musique et l’action sur les champs de bataille peuvent nous dire ce qu’était la poésie grecque. […] En 1823, un jeune ministre anglican, brillant élève de Cambridge et déjà célèbre par quelques poésies grecques, latines, anglaises, était envoyé à Calcutta, pour diriger, à titre d’évêque, les établissements religieux du Bengale. […] Sa jeune femme, le petit enfant qu’elle amenait d’Europe, le luxe officiel dont sa charité même ne pouvait le délivrer, tout cela ne choque pas plus dans les Mémoires de sa vie que ne nous blessent dans l’histoire ecclésiastique les équipages de chasse et les études mondaines de l’évêque de Ptolémaïs, au quatrième siècle et sous le ciel de la Cyrénaïque. […] Sa jeune femme, initiée aux mêmes études, rapporta en Angleterre ses ouvrages, qu’elle a publiés en y joignant sa vie.

500. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Ruyters, André (1876-1952) »

Ce sont de jolies piécettes intimistes, d’une grande fraîcheur de sentiment, quoique d’une mélancolie assez précoce qui en augmente peut-être le charme ; tout jeune encore ; M.  […] [L’Art jeune (1896).]

501. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Viollis, Jean (1877-1932) »

Un charme de fraîcheur y passe comme une eau d’avril, une âme jeune et délicate y dit sa joie devant les moindres choses de la vie. […] [L’Art jeune (1895).]

502. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 560-561

Ses diverses Magasins sont des sources fécondes d’où la Religion, l’Histoire, la Morale, les premiers élémens des Sciences, coulent comme d’eux-mêmes, & s’insinuent sans effort dans l’esprit & dans le cœur des jeunes personnes les moins attentives & les plus dissipées. […] Outre le Magasin des Enfans, ceux des Adolescentes, des Pauvres, Madame le Prince de Beaumont a donné encore d’autres Ouvrages, comme les Lettres de Madame du Montier, les Principes de l’Histoiré Sainte, une Instruction pour les jeunes Dames qui entrent dans le monde & se marient, les Mémoires de Madame la Baronne de Batteville, &c.

503. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. FAURIEL. —  première partie  » pp. 126-268

Les qualités du cœur se déclarèrent de bonne heure chez le jeune Fauriel à l’égal de celles de l’esprit. […] Le jeune Fauriel achevait ses études à Tournon au moment où la révolution de 89 éclatait. […] Jeune et bon citoyen, puissiez-vous être heureux dans toute la carrière que vous avez à parcourir ! […] Elles ont pour guide dans cette tournée un jeune étranger, Norfrank, à qui leur père les a confiées. […] Manzoni, jeune, tenait à honneur de se dire non-seulement son plus tendre ami, mais son disciple.

504. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXXIII » pp. 133-140

Que ce jeune prince se tienne tranquille et vive avec dignité dans un coin : son rôle est tout tracé. […] De très-bonne heure il s’est posé comme un conseiller railleur, familier, de sang froid, vif et même hardi d’expression et de franc parler, et frondant les goûts et les ferveurs alors en vogue dans les jeunes générations. […] Il aurait trop réussi, si l’on venait à considérer ces jeunes égoïstes de vingt ans qui, sans aucune ferveur, sans même aucun des défauts de leur âge, ne songent qu’à se pousser dans le monde et à y faire leur chemin.

505. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Note »

Lorsque M. de Chateaubriand revint de Rome à l’avènement du ministère Polignac, j’allais le voir quelquefois les matins : j’essayais de lui faire agréer les idées et comprendre le sens novateur de la jeune école romantique à laquelle il n’était guère favorable ; il avait fort connu Victor Hugo, mais il ne le voyait pas alors ; je faisais de mon mieux ma fonction de critique-truchement et négociateur. […] Ainsi un feuilletoniste, qui s’efforce de m’être agréable, dira par exemple : « Jeune, quand vous alliez à l’Abbaye-au-Bois, vous écoutiez ; maintenant, c’est votre tour de parler, on vous écoute… » Il semblerait en vérité que, dans ce charmant salon où présidaient la politesse et le goût, M. de Chateaubriand eût charge de rendre des oracles et que le rôle des autres fût de l’écouter bouche béante. […] Figurons-nous un monde charmant, une société d’élite, un vieillard illustre et glorieux qui se sentait heureux d’être compris et goûté par des hommes plus jeunes et qui n’étaient pas tout à fait ses disciples.

506. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Maeterlinck, Maurice (1862-1949) »

S’il est vieux on jeune, riche ou pauvre, je ne le sais. Je sais seulement qu’aucun homme n’est plus inconnu que lui, et je sais aussi qu’il a fait un chef-d’œuvre, non pas un chef-d’œuvre étiqueté chef-d’œuvre à l’avance, comme en publient tous les jours nos jeunes maîtres, chantés sur tous les tons de la glapissante lyre — ou plutôt de la glapissante flûte contemporaine ; mais un admirable et pur et éternel chef-d’œuvre, un chef-d’œuvre qui suffit à immortaliser un nom et à faire bénir ce nom par tous les affamés du beau et du grand ; un chef-d’œuvre comme les artistes honnêtes et tourmentés, parfois, aux heures d’enthousiasme, ont rêvé d’en écrire un et comme ils n’en ont écrit aucun jusqu’ici. […] À ce point de vue, ni Maleine, ni les sœurs, dans l’Intruse, ni la jeune aveugle, ne nous suscitèrent aussi rare vision de beauté que le sommeil clos des sept sœurs, le surnaturel réveil et le cortège tragique d’Ursule morte.

507. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre II. « Faire de la littérature » » pp. 19-26

En notre temps notoirement pratique, où, si peu de chose se créent, du moins aucune ne se perd, le jeune homme qui sait tourner avec une égale aisance, et au gré du jury, une « lettre de Varius à Virgile pour lui faire compliment des Géorgiques », ou un « billet de Maucroix à La Fontaine pour le féliciter de ses Fables », le jeune bachelier songe à ne pas laisser inexploité l’heureux produit d’un naturel de choix et d’une éducation de luxe. […] Déjà, peut-être, il glisse à d’hospitalières revues de jeunes quelque nouvelle brutale, quelque poème en prose ; il songe à un petit acte « pour Lugné », et à un bouquin contre la critique. […] Cette genèse banale du jeune écrivain, je ne la conclurai pas par les exhortations d’usage, par le prenez-garde traditionnel et indiscret : je ne pourrais que répéter, avec moins de grâce, les pages exquises sur l’Homme de lettres publiées par Édouard Thierry dans un numéro perdu d’une pauvre revue, La Mosaïque.

508. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Ronsard, et Saint-Gelais. » pp. 120-129

Henri II fut curieux de lire ses poësies : mais, auparavant, il voulut sçavoir du vieux Saint-Gelais ce qu’il pensoit du jeune poëte. […] Etant jeune, il fut recherché des femmes : mais leurs faveurs eurent pour lui de cruelles suites. […] Mellin, appréhendant de ne pouvoir, au bout de sa carrière, se soutenir avec honneur, abandonna la poësie Françoise à son jeune rival, & se remit aux vers Latins ; ce qui fit dire que le soleil levant l’ayant effacé ou fait fuir d’un horison, il s’en étoit allé sous l’autre .

509. (1925) Proses datées

Un jeune artiste, Daragnès, y a ajouté de charmantes et pittoresques illustrations. […] Lacouture, qui emmenait avec lui sa femme et son jeune fils, et frété par M.  […] Le jeune Lacouture, épuisé de maladie, se mourait. […] D’auprès de lui, un jeune garçon bouffi se lève et nous précède. […] Avant d’opter pour la robe, le jeune Curley avait pensé à être d’épée comme ses frères.

510. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1885 » pp. 3-97

le jeune Léon Daudet m’apprend qu’au collège Louis-le-Grand, l’histoire de la Révolution, s’apprend dans notre Histoire de la société française pendant la Révolution et le Directoire. […] Répétition retardée par l’enterrement d’Élise Petit, cette toute jeune ingénue, blonde, morte des suites d’une couche. […] » C’est Léonide Leblanc, qui interpelle ainsi le jeune Lambert, et le mépris qui sort de la bouche de la femme, qui a été aimée par des princes, pour le jeune premier du quartier Latin, ne se peut noter. […] Et puis des changements : l’amour de la jeune belle-sœur allant à Roumestan par une affinité de race, et comme fin, l’épouse après avoir pardonné, mourant de sa blessure. […] et cependant si j’étais encore jeune, encore en quête d’amours, je ne voudrais d’elle que sa coquetterie, il me semblerait que si elle se donnait à moi, je boirais sur ses lèvres un peu de mort.

511. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Arnaud, Simone (1850-1901) »

Jean-Jacques Weiss Rocroi, Fribourg, le duc d’Enghien, Gassion, Bassompierre, l’hôtel de Rambouillet, Voiture ; voilà bien des noms et de bien illustres qu’a réunis, dans un seul petit acte, une jeune femme, hier inconnue et qui signe Simone Arnaud. […] Mais la sensation générale qui ressort de la pièce est jeune et héroïque.

512. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Souchon, Paul (1854-1923) »

C’est un long cri ensoleillé et fleuri, un cri adorant éperdu vers la joie ; l’émanation harmonieuse et durable du jour, béni par le poète, où l’Épouse Comme une jeune aurore entra dans la maison. […] Charles Maurras Il y a dans cette joie, dont l’expression semble exagérer la vivacité, il y a, si je ne me trompe, un arrière-fond d’élégie ; et, de plus, au ton familier du discours, en dépit de la solennité de l’alexandrin, se dessine, dans une forme vague encore, comme une aspiration au système d’une poésie plus intime, l’idée d’un retour à Parny… Mais voilà qui va me rendre odieux à la jeune lyre des Élévations poétiques.

513. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. A. Thiers : Histoire de la révolution française — I. La Convention après le 9 thermidor. »

Thiers, il n’était pas besoin de tels sacrifices pour satisfaire les mânes du jeune Féraud : il suffisait des honneurs touchants rendus à sa mémoire. » La Convention décréta pour loi une séance funèbre. La salle fut décorée en noir ; tous les représentants s’y rendirent en grand costume et en deuil ; une musique douce et lugubre ouvrit La séance ; Louvet prononça ensuite l’éloge du jeune représentant, si dévoué, si courageux, sitôt enlevé à son pays ; un monument fut voté pour immortaliser son héroïsme. […] Homme était un homme simple et austère ; Goujon était jeune, beau et doué de qualités heureuses ; Bourbotte, aussi jeune que Goujon, joignait à un rare courage l’éducation la plus soignée ; Soubrany était un ancien noble sincèrement dévoué à la cause de la Révolution.

514. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XV. Les jeunes maîtres du roman : Paul Hervieu, Alfred Capus, Jules Renard » pp. 181-195

Les jeunes maîtres du roman : Paul Hervieu, Alfred Capus, Jules Renard I M.  […] Et Hervieu est l’un des meilleurs parmi les plus jeunes. […] Ces aventures sont celles d’un jeune ménage d’employés. […] On nous conte ses petits malheurs, et une tristesse en sort d’autant plus vive que Poil de Carotte est plus philosophe, d’une résignation précoce qui désole : « Tout le monde ne peut pas être orphelin. » Le mal n’est pas d’avoir les oreilles tirées ; c’est, tout jeune, de n’apprendre pas l’art d’espérer qui est tout l’art de vivre.

515. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Ch.-L. Livet »

C’est un esprit qui a la prudence de sa timidité, une jeune chauve-souris d’entre-deux, qui n’est ni souris ni oiseau dans ses jugements littéraires, et qui n’a trouvé rien de mieux, pour éviter l’inconvénient des partis extrêmes et des points de vue absolus, que de se blottir dans la toile d’araignée de cette distinction : il y a précieuses et précieuses, comme il y a fagots et fagots ! […] Il mourra rêvant Rambouillet, lui qui, s’il en eût pu voir seulement la porte, serait peut-être entré dans le fameux salon bleu comme ce jeune romantique, fort connu à Paris, qui entra un jour, nageant d’admiration, dans le salon de Hugo ! […] Ainsi encore l’abbé d’Aubignac, le bravache Scudéry, et Bois-Robert, ce Triboulet du roi Richelieu, ce vieux matou parmi ses jeunes chats ! […] Peut-être parce qu’il est plus loin, son bleu paraît plus doux… Fille adoptive de Michel Montaigne, qui avait fourré ses jeunes mains dans le manchon du vieux sceptique, elle les en avait retirées pénétrées de son influence, et cette influence lui était restée.

516. (1880) Goethe et Diderot « Introduction »

Vous rappelez-vous cette peinture faite par un de ses admirateurs, ou peut-être par lui-même, le plus grand de tous ceux qu’il eut jamais, où il est représenté patinant sur je ne sais quelle rivière : « jeune et beau comme un Dieu dans la pelisse rouge de sa mère » ? […] Enfermé, jeune, à la Bastille, exilé plus tard, ou craignant de l’être (ce qui est la même chose, puisqu’il s’exila lui-même), Voltaire fut intellectuellement un guerroyant qui eut quelquefois des défaites. […] , qui égara l’esprit français — si clair même quand il est profond — dans la brume épaisse de ces systèmes où l’on voit tout ce qu’on veut y voir, comme dans la musique et les nuages… De son côté, le Romantisme, en train d’accomplir, vers ce temps, la révolution dont nous sommes sortis, accepta, dans l’ébriété de sa jeune vie, — car il était la vie alors ! […] Sainte-Beuve vieillissant le devint, — car, jeune, il écrivait Joseph Delorme, et il était vivant (malsain, sentant le carabin et l’hôpital, mais vivant !).

517. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « Mme Desbordes-Valmore. Poésies inédites. »

Cette femme dont ils résument probablement la vie les avait divisés en plusieurs parties, sous ces noms expressifs amour, Famille, Foi, Enfants et Jeunes Filles, et Poésies diverses. […] , La Feuille volée, Les Éclairs, Les Roses de Saadi, La Jeune Fille et le Ramier, qui finit par cette strophe interjective et profonde : Laissez pleuvoir, ô cœurs solitaires et doux ! […] Ce sont encore La Voix d’un ami qui est l’ardeur de l’amour introduite dans le sentiment le plus calme, L’Esclave et l’Oiseau, Le Secret perdu, La Jeune comédienne. […] La vieille fileuse, à son rouet penchée, Ouvrait ma jeune âme avec sa vieille voix.

518. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXIV. Des panégyriques depuis la fin du règne de Louis XIV jusqu’en 1748 ; d’un éloge funèbre des officiers morts dans la guerre de 1741. »

Il s’ouvrit une grande scène en Europe ; les dépouilles de la maison d’Autriche à partager, la France et l’Espagne unies contre l’Angleterre, la Hollande, la Sardaigne et l’Empire, une guerre importante, un jeune roi qui se montra à la tête de ses armées, les présages de l’espérance, les vœux des courtisans, enfin l’éclat des conquêtes et des victoires, et le caractère général de la nation, à qui il est bien plus aisé de ne pas sortir du repos que de s’arrêter dans son mouvement, tout donna aux esprits une sorte d’activité qu’ils n’avaient point eue peut-être depuis Louis XIV. […] Nous avons une école où la jeune noblesse, destinée à la guerre, est élevée. […] Mais, si en rappelant le souvenir de ces batailles, monuments de deuil et de grandeur, si en retraçant les actions et la mort de tant de guerriers, on voyait une larme s’échapper de l’œil du souverain ; si l’orateur, s’interrompant tout à coup, la faisait remarquera la jeune noblesse qui l’écoute, croit-on qu’un jour, dans les combats, elle n’eût pas sans cesse présent le spectacle qui l’eût frappée dans son enfance ? […] C’est là qu’on trouve le mot d’un jeune Brienne qui, ayant le bras fracassé au combat d’Exilles, monte encore à l’escalade en disant : Il m’en reste encore un autre pour mon roi et ma patrie  ; celui de M. de Luttaux qui, blessé de deux coups, affaibli et perdant son sang, s’écria : Il ne s’agit pas de conserver sa vie, il faut en rendre les restes utiles  ; celui du marquis de Beauveau, qui, percé d’un coup mortel, et entouré de soldats qui se disputaient l’honneur de le porter, leur disait d’une voix expirante : Mes amis, allez où vous êtes nécessaires ; allez combattre, et laissez-moi mourir.

519. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Théâtre » pp. 83-168

Delaunay, obéissant à des scrupules et à des modesties exagérées d’artiste, rendait le rôle de Paul de Bréville, pour lequel il ne se croyait plus suffisamment jeune. […] Nous étions là près de trois cents jeunes gens… Et, en effet, on a raison de dire que nous étions une cabale… Une cabale, c’est un complot ; et nous complotions la chose la plus extraordinaire, Monsieur, celle, étant les plus jeunes de l’assemblée, d’être les seuls payants ! […] Si Henriette Maréchal n’étale pas absolument sur les planches des morceaux de notre vie, elle y apporte, tout le temps, les attitudes morales des deux frères, quand le jeune tombait amoureux. […] Un soir, un de nos jeunes amis, Scholl, devenu depuis le brillant journaliste de ce temps, se moquait aimablement du sérieux de nos travaux, de nos prétendues visées académiques, quand je l’interrompis en lui disant : — Eh bien ! […] Je ne suis donc pas un réaliste au théâtre, et, sur ce point, je suis en complet désaccord avec mon ami Zola et ses jeunes fidèles.

520. (1856) Cours familier de littérature. I « Ier entretien » pp. 5-78

L’homme rejette sa veste ; la jeune femme ne garde que sa chemise de toile épaisse et forte comme le cuir ; ils prennent la pioche dans leurs mains hâlées, et on entend résonner partout sur les collines, jusqu’au milieu du jour, les coups de la pioche de fer luisant, sur les cailloux qui l’ébrèchent. […] Ils s’endorment après sur la terre qui fume de chaleur, la tête appuyée sur leurs bras recourbés, et ils repuisent leur vigueur dans les rayons brûlants de ce soleil qui sèche leur jeune sueur. […] Mon père y apportait cette franchise brève et sobre de pensées et d’impressions qui caractérisaient son âme et son esprit ; M. de Vaudran, des connaissances nettes et intarissables ; le jeune vicaire, la modestie et cependant l’ardeur de son âge. […] J’y descendais presque tous les soirs, tantôt à pied, tantôt à cheval, pour passer une ou deux heures avec le jeune vicaire lettré dont j’ai parlé plus haut en racontant l’entretien des trois voisins. […] » Cette scène fit une impression magique sur ma jeune imagination.

521. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Mémoires et journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guettée. — II » pp. 263-279

L’abbé Fleury, qui était de treize ans plus jeune que le grand prélat, avait été l’un de ses disciples au début de la carrière ecclésiastique. Dans les années où l’abbé Bossuet, lié avec les prêtres de la mission, avec saint Vincent de Paul et avec son successeur, faisait à Saint-Lazare les entretiens ou conférences pour l’ordination des jeunes prêtres, soit à Pâques, soit à la Pentecôte, les ordinands choisissaient de préférence le temps où il devait faire ces instructions pour se préparer aux ordres, et Fleury fut de ce nombre ; lorsqu’il quitta la profession d’avocat pour embrasser la prêtrise, il voulut être un des fruits de cette excellente parole de Bossuet. Toute sa vie, on peut dire qu’il le suivit de près et le côtoya : également attaché à l’éducation de jeunes princes, plus tard reçu sous ses auspices à l’Académie française, il le retrouvait à Versailles, il le visitait fréquemment à Meaux et à Germigny. […] En un mot, jeunes et en entrant dans la vie, on prend surtout les grands écrivains, orateurs ou poètes régnants, avec enthousiasme, par leurs qualités : vieux, on prend surtout les survenants et successeurs par leurs défauts. […] Tant de gens, avant de mourir, traduisent Horace en vers, uniquement parce qu’ils l’ont traduit jeunes, que cela nous fait comprendre que Bossuet ait voulu rendre ce dernier hommage aux psaumes.

522. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe et d’Eckermann (suite et fin.) »

Parlant donc des œuvres de la jeune école française qui lui arrivaient en masse, il y faisait la part des excès et celle des progrès. […] Un jeune talent qui veut exercer de l’influence et être connu cherche à renchérir sur ses prédécesseurs… Dans cette chasse à l’effet extérieur, toute étude profonde, tout développement intime et régulier de l’homme est oublié. […] On a, au sujet des opinions exprimées par Gœthe sur les jeunes poëtes français de 1830, insinué contre lui une singulière accusation : comme le jugement qu’il porte sur Victor Hugo n’est pas complètement d’accord avec celui que professent les éditeurs des Entretiens et beaucoup d’autres avec eux, on l’a tout simplement soupçonné d’envie. Mais qu’on veuille y réfléchir : je le demande, Gœthe étant ce qu’il était par sa nature, par ses tendances, par la région élevée où habitait sa pensée, pouvait-il avoir une autre opinion sur le jeune et brillant poëte, dont il reconnaît d’ailleurs en maint endroit le grand talent d’imagination et la puissance ? […] Le bon Eckermann, qui avait peur que la conversation ne changeât de cours, essaya de la ramener en disant : « Je crois cependant que c’est surtout quand Napoléon était jeune, et tant que sa force grandissait, qu’il a joui de cette perpétuelle illumination intérieure : alors une protection divine semblait veiller sur lui ; à son coté restait fidèlement la fortune ; mais plus tard… —  Que voulez-vous ?

523. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Lettres d’Eugénie de Guérin, publiées par M. Trébutien. »

Mlle de Guérin écrit une bonne partie de ses lettres, et des meilleures, des plus agréables, à sa jeune amie Louise de Bayne dont elle avait vu éclore la rieuse enfance, celle même à qui son frère Maurice semble avoir songé dans de premiers vers qui recèlent un sentiment tendre. […] Eugénie, plus âgée que Louise, l’aime beaucoup, l’aime comme une jeune sœur, la croit par moments un peu inégale en amitié, ne cesse pourtant de la chérir, et doucement, la voyant si légère avec sa couronne de seize ans, la sermonne un peu jusqu’à ce que Louise, à son tour, finisse par devenir elle-même sérieuse, posée, recueillie, et se laisse entrevoir à nous dans un coin du salon lisant par goût du saint Jérôme. Dans une des premières lettres qui remontent à l’année 1832, on est au 2 janvier ; les lettres de Louise ne sont pas venues ; les dernières se sont perdues ou ont été retardées par la faute du messager ; mais Eugénie pense à sa jeune amie et lui écrit dès le second jour de l’année nouvelle : « Comme je me serais étrennée hier matin, ma très-chère, si j’avais pu en me levant sauter à votre cou, vous souhaiter la bonne année, vous dire que je vous aime au commencement et à la fin de tous les ans, de tous les jours, et que je fais pour vous des vœux, des vœux sans fin ! […] Puis la pensée fondamentale reprend son cours, une douce et insinuante prêcherie à l’adresse de ce jeune cœur, qu’elle craint de voir trop volage et trop en oubli de la fin suprême : « N’allez-vous pas trouver bien drôle que je monte souvent en chaire, ma chère amie ? […] Pas moyen d’y tenir quand, après les vœux, la jeune professe s’allonge sous ce drap mortuaire aux chants des morts, des enterrements ; mais comme la religion est aimable !

524. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « GLANES, PÖESIES PAR MADEMOISELLE LOUISE BERTIN. » pp. 307-327

On pensa à introduire une part du jeune romantisme aux Débats. […] Cela formait le côté romantique des Roches, si j’ose l’appeler ainsi ; mais en face, mais à travers, les classiques, et des plus jeunes, des plus alertes, ne manquaient pas. […] Nisard, qui, bien jeune alors, appartenait peut-être plutôt au premier groupe, ou qui du moins, détaché du second comme en éclaireur, promenait de l’un à l’autre ses doutes consciencieux ? […] Ainsi dans la pièce au jeune Charles Hugo, pour lui conseiller de rester enfant bien longtemps et de ne pas s’émanciper aux chants trop précoces, l’auteur, livrant son propre secret, nous dit : Oh ! […] Alfred de Musset, que s’il jetait souvent à la face du siècle d’étincelantes satires comme la dernière sur la Paresse, que s’il livrait plus souvent aux amis de l’idéal et du rêve des méditations comme sa Nuit de Mai, il serait peut-être en grande chance de faire infidélité à son groupe, et de passer, lui aussi, le plus jeune des glorieux, à l’auréole pleine et distincte154.

525. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre X. La commedia dell’arte en France pendant la jeunesse de Molière » pp. 160-190

À l’époque où les Italiens offraient au public ces attrayants spectacles, une jeune troupe d’enfants de famille, la plupart Parisiens de naissance, s’étant associés pour jouer la comédie sous le titre de l’Illustre Théâtre, donnèrent, d’abord au Jeu de paume des Métayers, proche la tour de Nesle, puis au Jeu de paume de la Croix-Noire, sur le quai des Ormes, au port Saint-Paul, des représentations beaucoup moins fastueuses. […] La jeune troupe, obligée de lutter contre la mise en scène splendide du Petit-Bourbon, et contre les grandes pièces de l’hôtel de Bourgogne, Rodogune de Pierre Corneille, Jodelet ou le Maître-Valet de Scarron, La Sœur de Rotrou, ne faisait pas fortune. […] Scaramouche reçut toujours le plus favorable accueil du jeune roi et de son ministre. […] Baptiste fit exécuter, le 16 janvier 1657, un ballet auquel le jeune roi prit part, ballet italien-français intitulé Amor malato, l’Amour malade. […] Et, au dénouement de la Fronde, la veille du jour (21 octobre 1652) où le jeune roi va rentrer dans sa capitale, la duchesse d’Orléans, si l’on en croit Retz, a recours aux mêmes souvenirs du théâtre italien pour caractériser la ridicule attitude du duc d’Orléans.

526. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 15 janvier 1887. »

Gramontbs Siegfried Clamant victoire en la liesse de l’été Le héros puéril fier de son jeune glaive Foule dans les gazons le dragon mort et lève Vers les arbres amis son bras ensanglanté. […] A ce point de vue il donna aux jeunes musiciens un grand exemple de personnalité. […] Nos jeunes compositeurs, encore qu’ils s’en défendent comme de beaux diables, ont pris à Berlioz un constant amour des effets pittoresques ; ils eu mettent à tout propos dans leur musique, là même où le glorieux auteur de la Damnation dì Faust se serait gardé d’en introduire. […] Nous donnerons aussi une place importante au mouvement artistique contemporain, aux efforts des jeunes artistes qui cherchent leur formule dans la voie ouverte par le Maître. […] Jean Ajalbert (1863-1947) fait partie de la jeune génération de poètes wagnériens.

527. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gui Patin. — II. (Fin.) » pp. 110-133

Si le jeune roi est malade, il faut voir comme Gui Patin s’intéresse aux moindres circonstances de sa santé : il aime le roi de toute la haine qu’il porte au Mazarin et à ses entours, et de quelque chose de plus encore, d’un vieux sentiment français héréditaire. Dans la campagne de 1658, le jeune roi tombe dangereusement malade à Calais ; il guérit, mais pour avoir pris du vin émétique, dit-on. […] M. de Lamoignon, fort jeune alors, était tellement du parti de Pompée, qu’il témoigna de la joie à Gui Patin de l’en voir également. […] En 1664, au moment où la jeune et brillante littérature va prendre son essor et où l’époque se dessine déjà, s’appuyant sur quelques cas isolés de désordre et de brigandage, il s’écrie : « Nous sommes arrivés à la lie de tous les siècles !  […] En littérature française, jeune il avait causé avec M. de Malherbe, et il le citait quelquefois ; mais il en avait gardé mémoire bien moins pour ses odes ou sa réforme de la langue que pour ses gaillardises.

528. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — II. (Suite.) » pp. 346-370

Un article très piquant sur les travers et les ridicules des jeunes incroyables (11 juillet 1795), est peut-être, ou mérite certainement d’être de lui. […] Il put s’y développer avec plus d’étendue, et y offrir une place à ses amis, à l’abbé Morellet qu’il voulait bien appeler son maître et qui lui répondait : « Discipule supra magistrum » ; surtout au jeune Adrien de Lezay qu’on a vu périr préfet de Strasbourg en 1814, et qui s’exerçait alors avec vivacité et talent sur toutes les questions à l’ordre du jour. […] Il l’adresse, sous forme de lettre, à son jeune ami Adrien de Lezay que Chénier avait mêlé d’un bout à l’autre dans la même satire. […] C’est dans cette discussion que le Conseil d’État se sentit partagé entre le respect dû à ce savant octogénaire, à ce sage esprit en qui ne s’est affaiblie aucune faculté et d’où ne s’est échappée aucune portion de savoir, et l’admiration due à ce jeune législateur qui, malgré sa jeunesse, affronte les points les plus ardus de la législation. […] Il faudrait voir, en bien d’autres détails, comme il était réellement épris et enthousiaste de la gloire, de la vertu du premier consul à cette époque, comme il luttait de toutes ses forces et avec passion contre l’influence de Fouché en laquelle il dénonçait un danger, et, qui pis est, une souillure pour la réputation immaculée du jeune chef d’empire.

529. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — L'abbé de Lamennais en 1832 »

Il y a, nous l’avons éprouvé, dans beaucoup d’esprits jeunes et ouverts, une facilité périlleuse à adopter, à professer prématurément des doctrines qu’on conçoit, qu’on aime, mais dont certaines parties laissent encore du trouble. […] M. de La Mennais, abandonné à mesure qu’il avançait, dut conquérir en apôtre, un à un, et dans les rangs jeunes et obscurs, ses véritables disciples. […] Après quoi le jeune Félicité ou Féli, comme on disait par abréviation, livré à lui-même et altéré de savoir, lut,  travailla sans relâche, et se forma seul. […] Déjà, plus jeune, il s’était amusé souvent, par pur instinct de controverse, à présenter des objections qu’il tirait de Rousseau ou même du Dictionnaire philosophique, et il voulait quelquefois qu’on lui répondît par écrit. […] « Entraînés pêle-mêle, jeunes, vieux, tous  disparaissaient, tels que le vaisseau que chasse la tempête ; on compterait plutôt les sables de la mer que le nombre de ceux qui se hâtaient de passer.

530. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « M. MIGNET. » pp. 225-256

Élevé d’abord au collége de sa ville natale, il y terminait sa quatrième, lorsque passèrent des inspecteurs ; le résultat de leur examen fut de faire nommer le jeune élève demi-boursier au lycée d’Avignon, où il alla achever ses études. […] Le jeune avocat d’Aix apprit tard le sujet de ce concours ; il ne put s’y mettre que peu avant le terme expiré, et ce fut de janvier à mars 1821, en trois mois à peine, qu’il écrivit l’excellent travail par où il marqua son entrée dans la carrière. […] Dès 1821, on offrait au jeune écrivain de faire une Histoire de la Révolution française ; on lui proposait aussi de donner un cours à l’Athénée de Paris, et il y professa une année sur la Réformation et le xvie  siècle, une autre année sur la Révolution et la Restauration d’Angleterre. […] Cette opinion chez eux, non pas de pur instinct et de passion comme chez plusieurs, mais très-raisonnée, très-suivie76 et beaucoup plus arrêtée que chez leurs jeunes amis libéraux du monde, donna du premier jour à leur attaque toute sa portée et imprima à l’ensemble de leur direction intellectuelle une singulière précision. […] Le jeune historien de vingt-six ans y parlait de la journée de la Saint-Barthélemy et des causes qui l’avaient préparée.

531. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre X. La littérature et la vie de famille » pp. 251-271

Chez toutes sans exception persistent une liberté d’opinions et une franchise de style qui distinguèrent ce qu’on appela, dans l’entourage du jeune roi Louis XIV, l’ancienne cour ; il n’est pas jusqu’à la délicate aventure de la Princesse de Clèves où l’on ne retrouve quelque chose de Cornélien. […] De même que l’amour dans les temps modernes s’est transformé avec une souplesse infinie et est devenu quelque chose de plus complexe, de plus troublé et partant de plus dramatique que dans l’antiquité, de même ces sentiments toujours jeunes, comme ce qui est éternel, ont varié, suivant les époques, d’expression et même d’intensité. […] La leçon fut courte ; mais elle avait été rude et elle profita au jeune garçon. […] Molière commence ainsi la campagne que ses successeurs mèneront contre la discipline de fer léguée par les couvents du moyen âge aux siècles suivants et qui pesait, qui pèse encore si lourdement sur tant de jeunes filles88. […] Dans la famille, tout le monde, à certaines dates, par exemple à Noël et au Nouvel an, reconnaît son pouvoir et fête sa jeune Majesté.

532. (1913) La Fontaine « IV. Les contes »

Psyché est une jeune princesse (c’est tout à fait comme un conte de fées), Psyché est une jeune princesse, belle comme le jour. […] Il fait si bien que l’on n’est plus le même, Témoin Hercule et témoin Polyphème, Mangeurs de gens… L’un, sur un roc assis, Chantait au vent ses amoureux soucis, Et, pour charmer sa nymphe joliette, Taillait sa barbe, et se mirait dans l’eau ; L’autre changea sa massue en fuseau Pour le plaisir d’une jeune fillette. […] La fable est ceci : Un jeune seigneur tout à fait charmant est amoureux d’une très belle femme, mais qui est, elle, la sagesse même, qui lui résiste. […] Ce petit enfant veut manger le faucon de ce jeune seigneur, c’est cela qu’il veut, qu’il désire avec fureur, et il mourra s’il ne mange pas ce faucon. […] Elle devient, comme il arrive quelquefois, elle devient à son tour sujette de l’amour, esclave de l’amour, et elle s’éprend d’un jeune cavalier qui, de son côté, comme vous pouvez vous y attendre, la dédaigne.

533. (1882) Hommes et dieux. Études d’histoire et de littérature

Le visage ambigu des sphinx est moins mystérieux que cette jeune tête en apparence si naïve. […] De quelle avenue de siècles tu viens à nous, ô jeune souveraine ! […] Par une compensation délicate, la Grèce lui avait confié le patronage des jeunes créatures. […] Le « roi femme » s’entoura d’une escouade de jeunes icoglans. […] Mais la jeune reine prit à la lettre la métaphore du vieux courtisan.

534. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff (suite) » pp. 317-378

Nous ne pûmes en tuer que trois jeunes. […] On y mit pour la garde deux jeunes gars qui n’étaient pas trop éveillés. […] Il était solidement bâti, et ses cheveux blonds frisaient naturellement comme ceux d’un jeune garçon. […] — Oui, répondit le jeune Kalitine ; — il est parti d’ici pour Odessa. […] Un nuage de tristesse passa sur ces jeunes visages.

535. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gérardy, Paul (1870-1933) »

J’ai dit toute l’admiration que je sentais pour ce jeune poète dont la pensée française se teinte si légèrement de germanisme. […] Paul Gérardy est un des jeunes poètes belges le plus excellemment simple et chantant.

536. (1887) Essais sur l’école romantique

Nos jeunes poètes se font honneur d’être revenus au naïf. […] Chez nos jeunes poètes, le naïf ne s’étend pas à tout le style. […] À présent, j’en remercie mon jeune poète. […] Jules Janin est jeune ; il n’a pas encore trente ans. […] Peut-on lui demander de mettre le feu dans ces jeunes têtes courbées sur des romans et des contes ?

537. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIe entretien. Balzac et ses œuvres (1re partie) » pp. 273-352

Comment ce jeune homme et cette jeune femme s’étaient-ils rencontrés et s’étaient-ils unis pour cette œuvre ? […] Notre sœur cadette mourut jeune, après cinq années de mariage. […] Mémoires de deux jeunes mariées, Ursule Mirouët, une Ténébreuse Affaire. […] Une jeune et aimable étrangère, une de ces femmes dont l’imagination est une puissance, conçut pour lui une ardente passion. […] Elle est jeune, elle est libre, elle a une fortune indépendante qui ne se calcule que par millions de revenu.

538. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIIe entretien. Littérature italienne. Dante. » pp. 329-408

Tous les peuples jeunes et nous-mêmes nous sommes des parvenus auprès de l’Italie, et nous respectons sa grandeur jusque dans sa décadence. […] C’était un jeune gentilhomme de la noble maison de Landolfo d’Aquino. […] De jeunes Français s’évertuent maintenant à poursuivre ce sens caché qui a lassé les Toscans eux-mêmes. […] Ce chef-d’œuvre de vigueur et d’adresse dans le jeune écrivain est tout à la fois un chef-d’œuvre d’intelligence de son modèle. […] À neuf ans, à un âge dont l’innocence ne laisse rien soupçonner d’impur, il rencontra dans une fête de famille Béatrice, jeune enfant, pleine de noblesse et de grâce.

539. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

Car, outre qu’il inspire à Agnès une tendresse profonde pour un jeune muguet, il attise chez Arnolphe le feu d’une passion violente pour ce jeune tendron. […] Le jeune fils, dont Tartuffe traverse les desseins et convoite la fortune, est profondément irrité contre lui ; il s’emporte en des colères de jeune coq, et ne parle que de lui couper les deux oreilles. […] Aussi, Molière l’a-t-il mariée, jeune encore, à un veuf déjà père de deux grands enfants. […] Scapin vient de donner à ses deux jeunes maîtres l’argent qu’il a flibusté pour eux à leurs pères. […] Il faut tout d’abord mettre à part Mme Crosnier, qui n’est pas précisément de la jeune troupe, mais elle a fait l’office de capitaine ; elle a, en tortillant sa barbiche, mené les jeunes recrues au feu.

540. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 200-202

Quand la jeune Philis, au visage riant, Sortant de son Palais plus clair que l’Orient, Fit voir une lumiere & plus vive & plus belle. […] Quintus-Catulus, jeune Romain des derniers temps de la République, ayant rencontré sa Maîtresse au lever du Soleil, lui fit aussi-tôt un Quatrain, qui l’élevoit au dessus de l’Astre qui commençoit à paroître.

541. (1891) La bataille littéraire. Quatrième série (1887-1888) pp. 1-398

Il faudra laisser vieillir les jeunes arrivés au pouvoir. […] Et puis il faudrait bien s’entendre sur cette appellation de jeunes ; s’il s’agit, par le mot : jeunesse, de la force intellectuelle, de la plénitude de ses facultés, un homme peut être jeune à quarante ans et très vieux à vingt. […] De ce jour commence le rêve de la jeune fille ; elle aime un jeune artiste qu’elle ne sait pas être le fils de l’évêque. […] Nous serions très jeunes, très purs et très nobles, toujours, toujours ! […] Il se retourna indigné, mais la voix du jeune officier commanda furieusement : « Portez… armes !

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