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999. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — I. » pp. 201-219

Cette charge, qui était, je crois, dans les forêts et domaines, bien qu’achetée par Beaumarchais, ne put être conservée par lui ; il trouva comme obstacle insurmontable les prétentions liguées de la compagnie dans laquelle il voulait entrer, et qui ne l’en jugeait pas digne par ses antécédents d’horloger. […] Pendant ce temps-là le Parlement Maupeou croulait ; on jouait Le Barbier de Séville à Paris ; Beaumarchais, relevé de son jugement avec pompe, saisissait tous les à-propos, toutes les occasions de faire bruit et fortune, épousait les causes à la mode, devenait l’approvisionneur et le munitionnaire général des États-Unis insurgés, et entrait, le vent en poupe et toutes voiles dehors, dans cette vogue croissante qui ne s’arrêta plus qu’après Le Mariage de Figaro.

1000. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — III. Franklin à Passy. (Fin.) » pp. 167-185

Je n’entrerai dans aucune discussion de vos principes, quoique vous sembliez le désirer. […] Lorsque nous lançons sur l’Océan notre petite flottille dont les embarcations sont frétées pour différents ports, nous espérons pour chacune un heureux voyage ; mais les vents contraires, les bancs cachés, les tempêtes et les ennemis entrent pour une part dans la disposition des événements ; et, quoiqu’il en résulte un mélange de désappointement et du mécompte, toutefois, considérant le risque pour lequel nous ne pouvons avoir aucune assurance, nous devrions nous estimer heureux si quelques-unes retournent à bon port.

1001. (1788) Les entretiens du Jardin des Thuileries de Paris pp. 2-212

La librairie, devenue maintenant si intéressante, ne pouvoit manquer d’entrer pour quelque chose dans notre entretien. […] Nous étions au dessert quand nous vîmes entrer tout-à-coup deux amis du commandeur. […] On ne voit dans ces masses énormes, où il n’y a ni fenêtres pour voir, ni portes pour entrer, ni issues pour sortir, que l’ouvrage de la plus bizarre singularité. […] Nous entrâmes dans des détails qui nous rendirent sensibles les expériences qu’on fait tous les jours au plus grand avantage de l’agriculture. […] s’écria-t-il, vous commencez à me comprendre ; mais pour que vous m’entendiez mieux, je vais entrer dans des détails.

1002. (1925) Comment on devient écrivain

Si la vocation est indomptable, si l’inspiration est irrésistible, alors, encore une fois, n’hésitez pas, entrez dans la mêlée, acharnez-vous à vaincre l’indifférence du public et combattez sans illusion. […] Les écrivains anglais ont, sous ce rapport, une compréhension bien plus large des réalités qui peuvent entrer dans le roman. […] Quittez le spectacle de la rue, où tout est naturel, les rumeurs et les gestes, et entrez dans une église où l’on prêche. […] Celui qui a la vocation d’écrire ne demande qu’à entrer dans un journal pour assurer son indépendance et attendre l’avenir. […] Il me demande s’il me conviendrait d’entrer dans sa rédaction.

1003. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Rêves et réalités, par Mme M. B. (Blanchecotte), ouvrière et poète. » pp. 327-332

d’ici à demain peut-être, ce cours un peu vague peut se resserrer, se creuser avec profondeur, entrer dans quelque vallée verdoyante et sonore, réfléchir des bords plus hardis, des scènes plus animées, donner enfin le mouvement et la vie à un paysage que chacun voudra connaître et visiter.

1004. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Sur le Louis XVI de M. Amédée Renée » pp. 339-344

Un inconvénient des longs régimes tout à fait déplorables et scandaleux comme l’était celui de Louis XV, c’est de faire croire que le remède est trop facile et qu’il suffit de supprimer la cause du mal pour entrer et marcher dans le bien.

1005. (1874) Premiers lundis. Tome I « Dumouriez et la Révolution française, par M. Ledieu. »

Louis XVIII semblait entrer dans ces vues ; il fit venir Dumouriez à Mittau, le traita avec distinction, et le chargea d’une mission auprès de l’empereur de Russie, Paul.

1006. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre premier. De l’invention dans les sujets particuliers »

Le lieu commun sera entré dans votre expérience : il y aura pris la couleur et la vie.

1007. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 181-190

Nous n’entrerons pas dans la discussion du pour & du contre ; elle n’est point de notre ressort.

1008. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Dédicace, préface et poème liminaire de « La Légende des siècles » (1859) — Préface (1859) »

Qu’on ne conclue pas de cette dernière ligne ― disons-le en passant ― qu’il puisse entrer dans la pensée de l’auteur d’amoindrir la haute valeur de l’enseignement historique.

1009. (1767) Salon de 1767 « Peintures — [autres peintres] » pp. 317-320

Faites… et je ne suis point entré dans son attelier qu’il n’eût fait.

1010. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 4, objection contre la proposition précedente, et réponse à l’objection » pp. 35-43

On n’est pas en peine comment les enfans de génie, nez dans les villes, tombent entrent les mains des personnes capables de les instruire.

1011. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — I. Takisé, Le taureau de la vieille »

La favorite d’autrefois, qui avait un sincère amour pour son mari, prit la forme d’un caïman et entra dans l’eau, elle aussi, pour ne pas quitter le sartyi.

1012. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — XVIII. La bague aux souhaits »

vous entrerez quand même.

1013. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Première partie — Chapitre I. Définition des idées égalitaires »

Mais pour que nous pensions à traiter, conformément à cet impératif, les individus avec lesquels nous entrons en relations, ne faut-il pas que nous ayons, au préalable, porté certains jugements de fait sur leur nature même Le premier élément constitutif de l’égalitarisme, c’est l’affirmation que l’humanité a une valeur propre, et que par suite tous les hommes ont des droits.

1014. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Camille Jordan, et Madame de Staël »

« Il fut digne de les interroger, et voici ce qu’ils lui ont répondu : « Sans doute d’abord il est entré dans notre vote un sentiment profond de reconnaissance pour l’homme qui nous gouverne. […] Cet écrit sur le consulat à vie est nécessaire pour juger tout Camille… » J’ajouterai que ce même écrit est nécessaire aussi dans une histoire politique du consulat pour qu’il n’y ait pas lacune ; il y manquerait, si l’on ne l’y faisait entrer comme une ombre au tableau. […] Camille Jordan n’entrait pas toujours, comme elle l’aurait voulu, dans l’excès de ses inquiétudes et dans l’agitation de ses projets. […] « Ce mardi. » Il ne saurait entrer dans mon dessein d’achever la biographie de Camille Jordan. […] Ce qui ne veut pas dire, comme l’a cru un de ses biographes, qu’il entra au séminaire ; il était comme élève dans le pensionnat particulier qu’y tenaient les sulpiciens de Lyon.

1015. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

Il rêva qu’il entrait dans une mine d’or. […] Avant d’entrer, nous laissons à la porte nos systèmes avec nos paletots. […] J’entrais en imagination dans un musée d’antiquités égyptiennes, et je me sentais saisi d’étonnement à l’aspect de ces mystérieux colosses, tous assis dans la même attitude. […] J’y entrai. […] Quelque humaines que soient ses comédies, elles sont françaises, et les étrangers ne les comprendront pas comme il faut, s’ils n’entrent pas bien dans l’intelligence de l’esprit français.

1016. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VI. Les romanciers. » pp. 83-171

» La croyance en Dieu, la croyance du cœur, non pas la phrase du catéchisme, mais l’émotion intime, l’habitude de se représenter la justice toujours vivante et partout présente, voilà le sang nouveau que la Réforme a fait entrer dans les veines du vieux monde, et qui seul s’est trouvé capable de le rajeunir et de le ranimer. […] Les dames feront sagement de ne pas entrer ici. […] Les injures atroces, les mâchoires cassées, les coups de bâton assénés sur les gens abattus par terre, la hargneuse dureté des conversations, la grossière brutalité des plaisanteries, donnent l’idée d’une meute de bouledogues acharnés à se battre, et qui, lorsqu’ils entrent en gaieté, s’amusent encore à s’enlever des morceaux de chair. […] On voyait entrer un homme énorme, à carrure de taureau, grand à proportion, l’air sombre et rude, l’œil clignotant, la figure profondément cicatrisée par des scrofules, avec un habit brun et une chemise sale, mélancolique de naissance et maniaque par surcroît. […] Nous entrons dans cette grande bibliothèque des arts.

1017. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1863 » pp. 77-169

Et il entrait avec un grand air, et il saluait galamment, et de temps en temps éternellement souriant, lançait un assez joli trait d’esprit, que Mme Récamier relevait, faisait valoir. […] Plus tard, j’ai changé cela, j’ai fait entrer dans ma vie une douce philosophie et de la gaîté… » Là-dessus Flaubert, oui Flaubert, et Saint-Victor se mettent à soutenir la thèse qu’il n’y a rien à faire avec le moderne ; ce qui nous fait pousser des cris de paon et leur jeter : « La plastique est transposée, voilà tout !  […] Je suis entré par la ferme, au milieu de chiens qui me faisaient une peur… On m’a fait dîner. […] Une bonne ouvre, nous annonce, et nous entrons dans un petit cabinet. […] Jamais avec son petit parlage écrit, il n’a baptisé un homme, ou donné la signification définitive d’une œuvre en un mot ou en une phrase ; jamais enfin il n’a coulé dans du bronze, la médaille d’une gloire… Et vous, en dépit de son envie de vous être agréable, comment pourrait-il entrer dans votre peau ?

1018. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1865 » pp. 239-332

Deux Italiennes entrent, en soulevant la persienne de la porte donnant sur le jardin, et la princesse se met à peindre l’une d’elles, pendant deux heures, lui donnant à peine quelques minutes de repos. […] Nous sommes entrés dans sa chambre. […] Et comme on parle de l’amour et de tous les sentiments complexes qui peuvent y entrer, il raconte l’histoire de son ami Malleville, enlevant une religieuse en diligence, vivant trois jours avec elle, au bout desquels, en apprenant qu’il était protestant, elle éprouva une telle révolution intérieure, que sa digestion fut dérangée. […] Et comme ils vous semblent longs à entrer dans la peau de votre rôle ! […] La soirée est presque bonne et les acteurs peuvent un rien jouer, et c’est un vrai rayon que l’embellie qui passe sur la figure de Mme Lafontaine, toute joyeuse, d’entrer en scène sans être sifflée.

1019. (1888) Études sur le XIXe siècle

Entrez donc ! […] Swinburne, entraient en campagne avec moins de modération. […] Si demain j’entrais en lutte avec Garibaldi, il est probable que j’aurais pour moi la majorité des vieux diplomates, mais l’opinion publique européenne serait contre moi. […] Sans entrer dans la discussion de cette théorie, il est certain que la forme tranchante et absolue qu’elle revêt sous la plume de M.  […] Cette manière d’entrer en campagne en déployant une curiosité naïve, presque enfantine, est bien à lui.

1020. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome III pp. -

Il entra depuis parmi les violons du roi, devint surintendant de sa musique, & eut le privilège de l’opéra en 1672. […] Plusieurs amateurs entrèrent dans cette dispute, entr’autres le médecin Andry & Fontenelle. […] Les carmes entrèrent en fureur : ils réclamèrent, de tous les endroits de la Flandre, les vingt siècles d’ancienneté qu’on vouloit leur ravin. […] Pour les faire connoître, entrons dans quelques particularités. […] Il faut convenir que, s’ils n’avoient personne qu’ils pussent opposer à Pascal, aucun non plus de nos écrivains n’étoit capable d’entrer en lice avec lui.

1021. (1878) Leçons sur les phénomènes de la vie communs aux animaux et aux végétaux. Tome I (2e éd.)

Il a localisé les phénomènes de la vie dans les tissus ; mais il n’est pas entré dans la voie de leur véritable explication. […] Nous n’avons pas ici à entrer dans les détails particuliers que comporte la question. […] Les particules de matière qui entrent dans le tourbillon vital sont plus compliquées que celles qui en sortent. […] Mais c’est Bichat qui eut la gloire d’entrer magistralement dans cette voie si timidement ouverte. […] Les seuls corps qui entrent dans la constitution matérielle des êtres élevés, de l’homme par exemple, sont au nombre de quatorze.

1022. (1939) Réflexions sur la critique (2e éd.) pp. 7-263

Bertrand est un art tout intellectuel, si la construction de ces romans nous paraît si artificielle, apparente et naïve, ce nous est un signe que l’auteur est entré dans son art par la porte critique, la porte de corne. […] Mais c’était le moment de l’examen, et (5) les cultivateurs, les uns après les autres, entraient dans une manière d’hippodrome que formait une longue corde portée sur des bâtons. […] Souday, devant un terme qui rappelait le mot exécré de sources, est entré en fureur, a dénoncé la présence du « Pommier sur l’Acropole » avec autant d’ire que M.  […] Le mot club est entré dans la langue avec la Révolution, et je n’y ai pas plus d’objection qu’au mot bar. […] Notez que si je fusse entré dans le bar où grammatisaient mes confrères, et si j’eusse dit : « Ah, voilà nos clubmen ! 

1023. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. de Fontanes »

Sa mère, catholique, avait, en se mariant, exigé que ses fils ou filles entrassent dans la communion dominante. […] Ducis, qui le connaissait, l’aborda, et, avec sa franchise cordiale, réussissant à l’apprivoiser, le décida à entrer chez un restaurateur. […] J’entrerai sans effroi Dans ce cercueil trompeur qui s’enfuit loin de moi. […] Encore un coup, et ils l’y feront entrer tout entier […] M. de Fontanes, en vue des générations survenantes, tendait à faire entrer dans l’Université l’esprit moral, religieux, conservateur, et la plupart de ses choix furent en ce sens.

1024. (1895) Impressions de théâtre. Huitième série

Tous deux entrent avec précaution dans le jardin. […] J’entrai dans le vestibule du Paradis ; j’y rencontrai mes bons amis d’autrefois. […] Je songeai : « Me voilà bien compromise. » Mais le Père Eternel entra et, en me voyant, il laissa échapper : « Virginie !  […] Alors il est entré dans un groupe. […] A la suite de Monsieur Alphonse, Alphonse tout court est entré, et Polyte, et la Terreur de Grenelle, et le beau Charles.

1025. (1896) La vie et les livres. Troisième série pp. 1-336

Il fût entré, par une pente douce, dans la familiarité du génie ancien. […] C’est un des rares hommes de ce temps-ci qui entrent quelquefois au Louvre pour y faire une cure. […] Entrons. […] Hanotaux est entré au ministère des affaires étrangères. […] Ayant repris son courage à deux mains, il osa entrer dans le sanctuaire, et il fut (c’est lui-même qui le dit) « comme Esther devant Assuérus ».

1026. (1892) Portraits d’écrivains. Première série pp. -328

Dumas a fait entrer dans la littérature dramatique un élément nouveau. […] Augier est entré en eux, s’est transformé en eux. […] Le mysticisme est entré en elle avec les parfums de l’encens. […] Aussi rêve-t-il de faire entrer la science dans la littérature. […] Les brumes de la cité maussade entraient, dans l’âme de l’enfant.

1027. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXIV » pp. 247-253

Ils veulent absolument voir dans la pièce grecque une autorité et un précédent direct pour les drames d’aujourd’hui, et non-seulement quant à la franchise et la crudité des actions, mais quant au style, mélange, assurent-ils, de naïveté et de recherche ; tellement qu’ils ont pu entrer tout droit chez le poëte d’Antigone en sortant de chez le poëte de Falstaff (ces messieurs ont en effet traduit et arrangé pour la scène quelque chose de Shakspeare).

1028. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Introduction. Origines de la littérature française — 3. Causes générales de diversité littéraire. »

Puis pendant des siècles, une à une, les provinces qui entreront dans l’unité nationale recevront la langue de France, et mêleront à son esprit leur génie original : ce sera la rude et rêveuse Bretagne, réinfusant dans notre littérature la mélancolie celtique, ce sera l’inflexible et raisonneuse Auvergne, Lyon, la cité mystique et passionnée sous la superficielle agitation des intérêts positifs ; ce sera tout ce Midi, si varié et si riche, ici plus romain, là marqué encore du passage des Arabes ou des Maures, là conservant, sous toutes les alluvions dont l’histoire l’a successivement recouvert, sa couche primitive de population ibérique, la Provence chaude et vibrante, toute grâce ou toute flamme, la Gascogne pétillante de vivacité, légère et fine, et, moins séducteur entre ces deux terres aimables, le Languedoc violent et fort, le pays de France pourtant où peut-être les sons et les formes sont le mieux sentis en leur spéciale beauté.

1029. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Jean Lahor (Henri Cazalis). »

     Plonge sans peur dans le gouffre béant, Ainsi que l’épervier plongeant dans la tempête : Car tout ce rêve une heure a passé dans ta tête : Tu fus la goutte d’eau qui reflète les cieux, Et l’univers entier est entré dans tes yeux ; Et bénis donc Allah, qui t’a pendant cette heure Laissé comme un oiseau traverser sa demeure.

1030. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Delavigne, Casimir (1793-1843) »

Delavigne n’a pas l’audace qu’il faut pour enfourcher l’indocile Hippogriffe ; mais, s’il court moins de risques, il ne voit pas non plus se déployer sous lui, comme une carte immense, la figure du monde et l’infini des horizons ; il ne peut pas, au détour d’un nuage, entrer en conversation avec un ange qui monte, ni passer sa main dans les cheveux d’or des étoiles ; le moindre mur, la plus petite colline bleue suffisent à masquer sa perspective… M. 

1031. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXVI. Jésus au tombeau. »

Comme ces grottes étaient creusées dans le flanc de rochers inclinés, on y entrait de plain-pied ; la porte était fermée par une pierre très difficile à manier.

1032. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « Hartley »

Il ne s’agit pas ici d’entrer dans les détails, ni de montrer comment les états complexes de l’esprit peuvent se former par la juxtaposition et la fusion finale des états simples.

1033. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XVI, les Érynnies. »

Rien n’endurcit comme le métier de criminaliste et de tortionnaire ; la cruauté du châtiment finit par entrer dans l’âme de l’exécuteur.

1034. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre V. Harmonies de la religion chrétienne avec les scènes de la nature et les passions du cœur humain. — Chapitre VI. Harmonies morales. — Dévotions populaires. »

Nous quittons les harmonies physiques des monuments religieux et des scènes de la nature pour entrer dans les harmonies morales du christianisme.

1035. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXIII. Des panégyriques en vers, composés par Claudien et par Sidoine Apollinaire. Panégyrique de Théodoric, roi des Goths. »

Il se maria, entra dans le clergé du vivant de sa femme, se rendit célèbre dans les lettres, fut évêque de Pavie en 510, entreprit deux voyages en Orient pour réunir les deux Églises, et n’y réussit point.

1036. (1905) Propos de théâtre. Deuxième série

On avait même dessein d’y faire entrer des femmes. […] Sur cette douce réponse, j’entrai chez lui. […] Il s’est rendu chez la duchesse à minuit, est sorti de chez elle au petit jour, et lui a dit : “Vos gens m’ont vu entrer et me voient sortir. […] Mais pour entrer matériellement et suivre les cours, il fallait avoir dix-sept ans. […] Enfin en 1813 il entra décidément, matériellement et personnellement, à l’École normale supérieure.

1037. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE STAEL » pp. 81-164

II Mme de Staël, lors de la publication du livre de la Littérature, entrait dans une disposition d’âme, dans une inspiration ouvertement et noblement ambitieuse, qu’elle conserva plus ou moins entière jusqu’en 1811 environ, époque où un grand et sérieux changement se fit en elle. […] » La gloire en effet entra dès lors en partage ouvert dans son cœur avec le sentiment. […] … ses opinions politiques étaient bien des principes ; mais les noms propres, c’est-à-dire les personnes, les amis, les inconnus, tout ce qui vivait et souffrait, entrait en compte dans sa pensée généreuse, et elle ne savait pas ce que c’est qu’un principe abstrait de justice devant qui se tairait la sympathie humaine. […] Suard rédigeait alors, le Publiciste, bien qu’il eût pu, d’après ses habitudes littéraires, chicaner légitimement Delphine sur plusieurs points de langage et de goût, n’entra pas dans la querelle, et se montra purement favorable dans un article fort bien senti de M. […] Un jour qu’elle le vit entrer dans un salon, elle sortit par l’autre porte.

1038. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIVe entretien. Alfred de Vigny (1re partie) » pp. 225-319

Ce fut la même année et le même mois où j’entrai, aux mêmes conditions et au même titre, dans les gardes du corps. […] Il accompagna, à cheval, le roi et les princes jusqu’à Béthune ; fut licencié avec nous, le 31 décembre de la même année, après le retour du roi, qui fit le sacrifice de ces corps privilégiés à sa réconciliation avec l’armée de Bonaparte ; il entra, comme sous-lieutenant d’abord, dans la légion de Seine-et-Oise, et un an après avec le même grade dans la garde royale, au 5e régiment d’infanterie : devenu capitaine après treize ans de service, sa faible constitution le fit mettre au traitement de réforme. […] Pourquoi êtes-vous entrés chez lui, mes enfants ? […] En effet lord Talbot et ses amis entrent quelques moments après chez M. et Mme Bell, ils ont à demi-voix un entretien railleur avec Chatterton ; s’étonnant de le trouver logé si pauvrement, ils devinent qu’il aime la femme innocente du bourgeois. […] ne laissez entrer en vous aucun chagrin étranger à votre paisible famille.

1039. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIe entretien. L’homme de lettres »

C’est alors que j’entrai en scène et que, sans être républicain, je proclamai la république comme le remède héroïque à l’anarchie. […] Pourquoi sommes-nous entré dans cette fatale carrière, et ne devions-nous pas prévoir tout ce qu’il pouvait nous en coûter pour achever de la parcourir ? […] Cependant M. de Saint-Pierre était entré dans la bibliothèque. […] les malheurs du premier âge préparent l’homme à entrer dans la vie ; et Paul n’en avait jamais éprouvé. […] L’extrémité de cette longue pointe de terre que vous apercevez à trois lieues d’ici, à demi couverte des flots de la mer, que le Saint-Géran ne put doubler, la veille de l’ouragan, pour entrer dans le port, s’appelle le Cap malheureux ; et voici devant nous, au bout de ce vallon, la Baie du Tombeau, où Virginie fut trouvée ensevelie dans le sable: comme si la mer eût voulu rapporter son corps à sa famille, et rendre les derniers devoirs à sa pudeur sur les mêmes rivages qu’elle avait honorés de son innocence.

1040. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIIe entretien. Poésie lyrique. David (2e partie) » pp. 157-220

« Mes cris entrèrent dans ses oreilles. […] Le soir les larmes entrent dans sa demeure ; le matin, la joie ! […] Personne n’entrait, personne ne sortait ; le mendiant même n’était pas assis contre les bornes, la sentinelle ne se montrait pas sur le seuil ; nous ne vîmes rien, nous n’entendîmes rien : le même vide, le même silence à l’entrée d’une ville de trente mille âmes, pendant les douze heures du jour, que si nous eussions passé devant les portes mortes de Pompéi ou d’Herculanum !

1041. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre I. Les chansons de geste »

La Lorraine eut Garin et Bègue ; la Bourgogne eut Girart de Roussillon, et sans doute Roland fut d’abord le héros local des marches de Bretagne avant d’entrer comme neveu de Charlemagne dans la tradition nationale. […] Le nain Obéron, l’Auberon de nos chansons de geste, l’Alberic des Nibelungen, est entré certainement chez nous avec les compagnons de Clovis. […] Ce n’est pas un traître d’occasion, par emportement, ou orgueil blessé, comme Ganelon : la ruse est son caractère naturel ; avec lui nous atteignons le temps où le mensonge et l’intrigue, c’est-à-dire l’intelligence, entrent en lutte contre la franche brutalité et la force physique, puis vont prendre insensiblement le dessus sur elles, et du même coup sur l’honneur et sur la loyauté.

1042. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « M. Deschanel et le romantisme de Racine »

Racine fait prendre le voile à quatre de ses filles. « Au temps de Louis XIV et de Bossuet, les parents n’égorgeaient plus leurs filles sur un autel ; ils les mettaient au couvent… Racine lui-même ne s’en faisait pas faute… Le père, allant pleurer à chaque prise de voile, se croyait quitte envers sa sensibilité32. » Cela est fort spirituel ; mais d’abord deux des filles de Racine entrèrent au couvent et non pas quatre, et encore l’une des deux en sortit. […] Et faut-il un bien plus grand effort pour entrer dans le sujet d’Athalie que dans celui d’Iphigénie en Aulide ? […] Quelle défiance de soi, et quelle terreur, quelle expérience des femmes et quelle rancœur, et, par suite, quels amours et quels orages ne supposent pas d’abord son dessein d’entrer à la Trappe, puis son mariage, à trente-huit ans, avec une bonne femme qui n’avait pas lu ses vers, et sa piété fervente, son amour de Dieu, égal à son ancienne passion pour ses maîtresses70.

1043. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Figurines (Deuxième Série) » pp. 103-153

Lisez, par exemple, dans Leur beau physique, le soliloque de ce mourant qui se fait apporter sur son lit toutes ses cravates, et les palpe, et les caresse, et s’enivre d’elles mélancoliquement avant d’entrer dans l’éternelle nuit. […] C’est à cause de cela qu’ils nous entrent si avant dans l’imagination et qu’ils nous restent dans la mémoire. — Les personnages des romans « psychologiques » redeviennent pour nous, la lecture finie, des ombres vaines. […] Il a su entrer si aisément dans cette âme limpide et, d’autre part, il a si harmonieusement enveloppé le drame surnaturel du décor naturel qui lui convenait, que le miracle paraît presque tout simple et charme plus qu’il n’étonne.

1044. (1890) L’avenir de la science « XXIII »

Entrez, et dites-moi si aucune gloire vaut la gloire de celui qui siège là-bas. […] Quoique le système juif soit entré dans toutes nos habitudes intellectuelles, il ne doit pas nous faire oublier ce qu’il y avait dans les autres systèmes de profond et de poétique. […] On se la figure comme un corps de religion, que nous faisons entrer de force dans nos conceptions.

1045. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XVII, l’Orestie. — les Euménides. »

Vêtues comme elles sont, on ne devrait ni approcher les statues des dieux, ni entrer sous les toits des hommes. » — La Pythie s’enfuit, le temple s’ouvre, Apollon paraît. […] Puis le symbole avait pris corps et un sens moral y était entré. […] « Entrez dans votre demeure, grandes et vénérables Filles de la Nuit, Déesses stériles !

1046. (1830) Cours de philosophie positive : première et deuxième leçons « Première leçon »

(1) Après avoir ainsi établi, autant que je puis le faire sans entrer dans une discussion spéciale qui serait déplacée en ce moment, la loi générale du développement de l’esprit humain, tel que je le conçois, il nous sera maintenant aisé de déterminer avec précision la nature propre de la philosophie positive : ce qui est l’objet essentiel de ce discours. […] Quoi qu’il en soit, il est évident qu’il n’est point encore entré dans le domaine de la philosophie positive. […] Ce n’est point ici le lieu d’entrer dans la discussion spéciale de ce sophisme fondamental.

1047. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IX. Première partie. De la parole et de la société » pp. 194-242

L’homme n’étant point un individu isolé et solitaire, et devant toujours vivre au sein de la société, il en résulte que sa puissance et ses développements possibles sont dans la société ; il en résulte encore que la société est souvent un supplément à l’imperfection de ses organes ; il en résulte enfin que la plupart des instincts mêmes de l’homme, si une telle expression est permise, sont placés hors de lui, se trouvent dans la société, ce qui nous ramène encore une fois à cette doctrine de la solidarité, doctrine qui serait ici susceptible de sortir de l’ordre des vérités spéculatives pour entrer dans l’ordre des vérités d’expérience, pour prendre rang parmi les faits historiques. […] et même pour apprécier les obstacles qu’il y aurait à surmonter il faut entrer dans l’hypothèse des partisans de l’invention des langues, hypothèse qui nous présente l’homme, à son origine, pauvre, chétif, misérable. […] Au reste, sans entrer dans un tel ordre de recherches qui ne laisserait pas assez de prise à la discussion, je puis m’arrêter quelques instants sur les traces incontestables d’usages antiques.

1048. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — II. (Suite.) » pp. 155-174

Lors l’on commença à piller ; vous et huit ou dix des vôtres ne fîtes qu’entrer et sortir dans six ou sept maisons où chacun gagna quelque chose, et y eûtes par hasard quelque deux ou trois mille écus qui vous furent baillés pour votre part. » — De même au sac de Louviers (1591), où toute la ville fut pillée, des gens du pays qui étaient parmi les vainqueurs, et qui savaient tous les êtres de l’endroit, indiquaient les magasins de toiles et de cuirs qui faisaient le fort du butin : Rosny en eut quelque mille écus pour sa part. […] Il faut une adresse et des précautions infinies pour le faire entrer au Conseil des finances (1596) et pour l’y installer en pied : il n’y devient maître qu’un an ou deux après.

1049. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Bourdaloue. — II. (Fin.) » pp. 281-300

C’était avec tous ces aiguillons, aujourd’hui émoussés pour nous, et, si l’on n’y prend garde, tout à fait inaperçus, que Bourdaloue armait son éloquence et faisait entrer sa morale. […] Je n’ai pas à entrer dans l’exposé du dogme et de la morale de Bourdaloue : qu’il me suffise de dire que son mérite et sa vertu comme son grand art est de professer un juste milieu en théologie.

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