Il a travaillé à être littéral, sans être esclave des tours ; & il a tâché de prendre un style doux & simple. […] La traduction en vers par M. l’Abbé du Resnel, est une preuve de la ressource qu’un homme d’esprit & de goùt peut trouver dans l’élégante clarté & dans la douce énergie de notre langue ; mais son but semble avoir été plûtôt de se faire lire par les François qui exigent l’ordre & la clarté dans un ouvrage traduit, que de laisser à son auteur l’air étranger qui ne peut souvent lui être conservé qu’aux dépens de la justesse & de la saine élocution.
Celui-là porta la ruine chez les hommes ; celui-là ne m’a laissé le plaisir ni de me couronner de fleurs, ni de savourer la coupe profonde, ni de prolonger la douce harmonie des flûtes et les joies de la nuit. […] Mais toi qui fais si bien résonner sur la lyre les doux sons du printemps, commence pour nous des anapestes : « Ô vous, hommes, plongés dans les ténèbres de la vie, semblables à une génération de feuilles, êtres imbéciles, fange animée, foule insaisissable et pareille à une ombre, êtres éphémères sans plumes, misérables mortels, hommes qui ressemblez à des rêves, songez à nous, race immortelle, à nous, vivant toujours dans notre vie aérienne, exempte de vieillesse, contemplateurs des choses éternelles : et, de la sorte, ayant une fois appris de nous la vérité sur le monde céleste, connaissant à fond par moi l’essence des oiseaux, la filiation des dieux et des fleuves, de l’Érèbe et du Chaos, vous direz de ma part à Prodicus de désespérer du reste.
Dans un voyage qu’il fit à travers la Bourgogne et les provinces du Midi, il est touchant de le voir « rôder par les champs et dénicher les habitants dans leurs chaumières, regarder dans leur pot-au-feu, manger leur pain, se coucher sur leurs lits sous prétexte de se reposer, mais, dans le fait, pour s’assurer s’ils sont assez doux. » De retour en Amérique, après des adieux bien vifs à la France, pour laquelle il garda toujours une prédilection vraiment tendre, Jefferson suivit jusqu’au bout les vicissitudes et les progrès de ce grand et bon peuple, qu’il considérait comme l’initiateur du vieux monde.
Les alliés, qui l’en firent sortir en 1814, ont pu voir son écrou et les motifs de sa détention. » Georges Cadoudal, le plus grand caractère d’entre les conspirateurs royalistes, le plus héroïque des brigands, le Vendéen roturier qui ne souffrait pas de nobles dans son armée ; physionomie attrayante d’ailleurs, ouverte, très replet, les cheveux bouclés, le teint clair et frais, l’œil assuré, mais doux, aussi bien que la voix ; Georges avait, il paraît, été reçu avec hauteur et dureté par le premier consul, lorsqu’il se présenta à lui après la pacification.
Et ceci, tout énorme que je le trouve littérairement, ne me paraît qu’une peccadille auprès de cette autre accusation portée après deux siècles contre lui, le doux et tendre poëte, d’avoir été un intrigant.
Mais, si voulez bien, nous admettrons que ces nuages sont phosphorescents et qu’ils répandent une lueur douce et constante.
Jean Moréas et Paul Adam y publièrent le Thé chez Miranda où on lisait des truculences de ce genre : « C’est l’hiémale nuit et ses buées et leurs doux comas.
Cette lumière n’est pas celle d’une bougie, c’est le reflet briqueté d’un grand incendie ; rien de ce velouté noir, de ce doux, de ce faible harmonieux des lumières artificielles.
Le grand-père est si noble, a une si belle tête, si majestueuse, si douce pourtant et si fière.
Quand serez-vous remis du désordre que cet aimable, doux, honnête et timide prince De Saxe-Gotha a jeté dans votre commerce ?
Ils existent ; il y en a même plus qu’on ne croit ; c’est une disposition d’esprit ; c’est l’attrait du mystère ; c’est la curiosité du caché, c’est l’attraction de l’abîme, c’est un vertige doux ; c’est le prestige exercé sur nous par ce qui nous dépasse, échappe à nos prises, nous défie.
Jean Racine, le doux Jean Racine, avait été, de par le roi, chargé de corriger sa première tragédie, et il l’avait caressée.
Excepté son ironie avec Voltaire, et qui n’a nullement le caractère sagittaire et apollonien que lui donne Heine dans ses autres ouvrages, Lessing est doux.
Avec son style naturellement sans couleur, ce style blanc et doux que l’abstraction a blanchi encore, il n’a fait aucun mal aux yeux des hommes à conserves qui avaient à le juger, et ils ont tous apprécié infiniment cette flanelle… Certainement, pour manquer le prix, il fallait s’y prendre de toute autre manière.
Taillandier, s’agenouille encore devant elle… Critique doux, simple professeur de littérature en province, il n’a pas l’ambition du sacerdoce philosophique.
Parti de lord Byron avec la fougue que lord Byron communique à tous ceux qui l’aiment, il a fini par aboutir, dans son ralentissement d’ardeur, à Gray et à sa mélancolie ; mais, dans ce détiédissement d’un rayon qui n’est plus que doux et qui avait été brûlant, il n’a jamais dépouillé cet air que j’appelle l’air poétique anglais, et qu’il a encore dans les cendres de son Couvre-feu quand il caresse la tête de ses deux enfants et qu’il rabat jusqu’à eux et à leur souvenir cette hautaine idée de la gloire comme nous l’avons dans la jeunesse.
Si du moins mes vers étaient faits De la senteur qui te parfume, Comme un doux narghileh qui fume, Si tous tes arômes parfaits Se retrouvaient en mon volume !
Ici, en effet, ce ne sont pas que festons et qu’astragales, mais kokilas, vinas d’ivoire, doux kinnaras, Najas vermeils, azokas et autres ornementations qui charment en dépaysant.
Ces derniers temps, mauvais à la poésie, et si mauvais que, pour être poète, il faut la vocation du génie ou le courage du héros, ces derniers temps lui ont été propices, à lui, par une exception aussi rare que douce.
Mais on peut dire du moins qu’on a rarement touché d’une main plus délicate, plus femme et plus fée, à une situation plus commune, pour en tirer des effets tout à la fois plus amers et plus doux.
les dieux le savent, mais aucun homme ne le sait. » Tel est ce premier discours de Platon, où il a développé l’âme de Socrate ; il y règne une éloquence douce et noble, le courage de la vertu, le respect pour la divinité et pour soi-même.
songe le doux Gilles, quel joli métier, facile et lucratif ! […] Il fut charmant, lui, très doux et très clairvoyant à la fois, et il me donna les meilleurs conseils. […] Mais aimer est doux. […] C’est si doux ! […] par des moyens très doux et très propres, — parce qu’il tient avant tout à avoir de bonnes mœurs.
Sainte-Beuve déclare qu’il attend « des œuvres plus douces, plus saines, plus calmes ». […] Jean Aicard sont, au contraire, une fête du cœur qui ne se révèle qu’à ceux qui ont conservé le culte familial des choses douces et bonnes. […] Le doux poète des berceaux et des mères nous remet devant les yeux encore un berceau et encore une mère. […] Le doux mal qu’elle a expié fera à jamais l’objet de nos rêveries et de nos lectures. […] Nous verrons certainement des choses consolantes, des choses très douces et très bonnes.
Il a entendu, près de lui, une voix merveilleusement douce et qui venait d’une cornette de bonne sœur. […] Gertrude, une fille fraîche, douce et bonne. […] Une lueur douce tombait du ciel… » Au décès de Tranquilin Mazurel, ses camarades acceptent la corvée de veiller le corps, la première nuit. […] La moisson, si grande, serait la moisson des âmes et le moissonneur est un pasteur de village, un doux garçon muni de courage et de tendresse. […] La tragédie de Racine, comme une fleur violente et douce, surgit naturellement de ce sol tourmenté et arrosé d’orages.
Souvenez-vous comme Joinville conte, en six lignes, la fin de son pauvre prêtre malade qui voulut achever de célébrer sa messe, et « oncques puis ne chanta et mourut. » Ouvrez un mystère, celui de Théophile, celui de la reine de Hongrie : quand on veut la brûler avec son enfant, elle dit deux petits vers sur « cette douce rosée qui est un si pur innocent » ; rien de plus. […] Ils ne sont point frappés par la magnificence de la nature, ils n’en voient guère que les jolis aspects ; ils peignent la beauté d’une femme d’un seul trait qui n’est qu’aimable en disant « qu’elle est plus gracieuse que la rose en mai. » Ils ne ressentent pas ce trouble terrible, ce ravissement, ce soudain accablement de cœur que montrent les poésies voisines ; ils disent discrètement « qu’elle se mit à sourire, ce qui moult lui avenait. » Ils ajoutent, quand ils sont en humeur descriptive : « qu’elle eut douce haleine et savourée », et le corps aussi blanc « comme est la neige sur la branche quand il a fraîchement neigé. » Ils s’en tiennent là ; la beauté leur plaît, mais ne les transporte pas. […] — Je crois qu’il m’est venu du ciel. — Mon amour a quitté toutes les autres femmes — et s’est posé sur Alison. » — « Avec ton amour, dit un autre, ma douce bien-aimée, tu ferais mon bonheur, — un doux baiser de ta bouche serait ma guérison119. » N’est-ce point là la vive et chaude imagination du Midi ? […] Quand le roi de Hongrie veut consoler sa fille affligée, il lui propose de la mener à la chasse dans un chariot couvert de velours rouge, « avec des draperies d’or fin au-dessus de sa tête, avec des étoffes de damas blanc et azur, diaprées de lis nouveaux. — Les pommeaux seront en or, les chaînes en émail. — Elle aura d’agiles genêts d’Espagne, caparaçonnés de velours éclatant qui descendra jusqu’à terre. — Il y aura de l’hypocras, du vin doux, des vins de Grèce, du muscat, du vin clair, du vin du coucher, des pâtés de venaison, et les meilleurs oiseaux à manger qu’on puisse prendre. » Quand elle aura chassé avec le lévrier et le faucon, et qu’elle sera de retour au logis, « elle aura fêtes, danses, chansons, des enfants, grands et petits, qui chanteront comme font les rossignols ; puis à son concert du soir, des voix graves et des voix de fausset, soixante chasubles de damas brillant, pleines de perles, avec des chœurs, et le son des orgues. — Puis elle ira s’asseoir à souper, dans un bosquet vert, sous des tapisseries brodées de saphirs.
Ce sont les sentiments d’un homme qui est à la gueule d’un canon chargé, attendant qu’il parte : l’émotion est grande, héroïque même, mais elle n’est pas douce, et certainement, même en ce moment de grande émotion, il était malheureux ; rien de plus propre à empoisonner le bonheur que l’esprit militant. « Pourquoi, écrit-il, ai-je été toute ma vie plus ou moins ennuyé ? […] Devant ses pieds de fer, — le Meurtre s’est blotti pour compter les œuvres de mort. — Car ce matin trois puissantes nations se rencontrent — pour verser devant son autel le sang qu’elle trouve le plus doux. […] Oppressé et fiévreux, il sort à travers le camp endormi, et va errer sur le rivage. « Il est minuit ; sur les montagnes brunes, — la froide lune ronde luit descendue ; — la mer bleue roule, le ciel bleu — s’étend comme un océan suspendu dans les hauteurs, — parsemé d’îles de lumière. — Les vagues sur les deux rivages reposaient, — calmes, transparentes, aussi azurées que l’air. — À peine si leur écume ébranlait les cailloux du bord, — et leur murmure était aussi doux que celui d’un ruisseau. » « — Les vents étaient endormis sur les vagues, — les étendards laissaient retomber leurs plis le long de leurs hampes, — et ce profond silence n’était point interrompu, — sauf quand la sentinelle criait son signal, — sauf quand un cheval poussait son hennissement vibrant et aigu, — sauf quand le vaste bourdonnement de cette multitude sauvage — allait bruissant comme font les feuilles, d’une côté à l’autre côte1283. » Comme le cœur se sent malade en face de pareils spectacles ! […] Il écrivait son Beppo en improvisateur, avec un laisser-aller charmant, avec une belle humeur ondoyante, fantasque, et y opposait l’insouciance et le bonheur de l’Italie aux préoccupations et à la laideur de l’Angleterre. « J’aime à voir le soleil se coucher, sûr qu’il se lèvera demain, — non pas débile et clignotant dans le brouillard, — comme l’œil mort d’un ivrogne qui geint, — mais avec tout le ciel pour lui seul, sans que le jour soit forcé d’emprunter — sa lumière à ces lampions d’un sou qui se mettent à trembloter — quand Londres l’enfumée fait bouilloter son chaudron trouble1304. » — « J’aime leur langue, ce doux latin bâtard — qui se fond comme des baisers sur une bouche de femme, — qui glisse comme si on devait l’écrire sur du satin — avec des syllabes qui respirent la douceur du Midi, — avec des voyelles caressantes qui coulent et se fondent si bien ensemble, — que pas un seul accent n’y semble rude, — comme nos âpres gutturales du Nord, aigres et grognantes, — que nous sommes obligés de cracher avec des sifflements et des hoquets1305. » — « J’aime aussi les femmes (pardonnez ma folie), — depuis la riche joue de la paysanne d’un rouge bronzé — et ses grands yeux noirs avec leur volée d’éclairs — qui vous disent mille choses en une fois, — jusqu’au front de la noble dame, plus mélancolique, — mais calme, avec un regard limpide et puissant, — son cœur sur les lèvres, son âme dans les yeux, — douce comme son climat, rayonnante comme son ciel1306. » Avec d’autres mœurs, il y avait là une autre morale ; il y en a une pour chaque siècle, chaque race et chaque ciel ; j’entends par là que le modèle idéal varie avec les circonstances qui le façonnent.
Dimanche 11 février De la gaieté douce, du comique léger, de la parole joliment malicieuse, et de l’entrain communicatif, qui fait tout le monde causant autour de lui, ce sont les qualités de la conversation de Rodenbach. […] Lundi 2 avril Exposition des pastellistes. — Helleu : des pastels où l’on sent un œil de peintre, amoureux de douces étoffes, de tendres nuances passées, de soieries harmonieusement déteintes. — Duez : des fleurs au beau et large dessin, dans leur mollesse et leur rocaille fripée. — Lhermitte : de vieilles rues normandes, au puissant écrasis de pastel, balafrées en leur ombre bleuâtre, de coups de soleil dorés. […] — Oui, disais-je, ce soir chez Mme…, ces nouvelles lumières du gaz, du pétrole, de l’électricité, ces lumières crûment blanches et sèchement découpantes, quelles cruelles lumières auprès de la douce et laiteuse lueur des bougies. Et comme le xviiie siècle a bien compris l’éclairage de nuit, mettant en douce valeur la peau de la femme, en la baignant d’une lueur assoupie et diffuse de veilleuse, dans l’enfermement de tapisseries crème, où la lumière est bue par la laine des claires tentures. […] Hervieu, peint à l’aquarelle par Jacques Blanche (1890), sur un exemplaire de : Peints par eux-mêmes, un portrait donnant la douce expression mélancolieuse de ses yeux.
L’amour riant, les doux songes poétiques, les arts, la fine et agile pensée sont pour les heureuses plages de la Méditerranée. […] L’ivresse violente et les paris dangereux, c’est de ce côté qu’ils donnent prise ; ils sont enclins à rechercher, non les plaisirs doux, mais l’excitation forte. […] Alors la vache Andhumbla, née aussi de la neige fondante, mit à nu, en léchant le givre des rochers, un homme, Bur, dont les petits-fils tuèrent Ymer. « De sa chair ils firent la terre, de son sang le sol et les fleuves, de ses os les montagnes, de sa tête le ciel, et de son cerveau enfin les nuées. » Ainsi commença la guerre entre les monstres de l’hiver et les dieux lumineux, fécondants, Odin, le fondateur, Balder, le doux et le bienfaisant, Thor, le tonnerre d’été qui épure l’air et par les pluies nourrit la terre. […] Vient alors un passereau qui traverse la salle à tire-d’aile ; il est entré par une porte, il sort par une autre ; ce petit moment, pendant lequel il est dedans, lui est doux ; il ne sent point la pluie ni le mauvais temps de l’hiver ; mais cet instant est court, l’oiseau s’enfuit en un clin d’œil, et de l’hiver il repasse dans l’hiver.
L’eau en est fort légère et fort douce partout, et cependant on ne se donne pas la peine à Ispahan d’en aller quérir, quoique tout le monde, généralement parlant, ne boive que de l’eau pure, parce que chacun boit l’eau de son puits, qui est également douce et légère ; assurément, on n’en saurait boire nulle part de plus excellente. […] Leur conclusion fut que, comme ils voyaient que le prince aîné ne pouvait pas vouloir du bien aux grands, que c’était à eux une imprudence de lui en faire, particulièrement un bien de cette nature, qui le mettait en pouvoir de leur faire tout le mal qu’il lui plairait ; et dans cette conjoncture, le parti le plus assuré était de faire tomber leur élection sur le puîné, Hamzeh-Mirza ; que ce jeune prince promettait beaucoup et donnait pour l’avenir de grandes espérances pour la grandeur de l’empire des Perses, et pour le présent il leur donnait sujet à tous de s’attendre à un doux repos, puisque, étant incapable des affaires, il leur en laisserait le maniement un fort long temps, qui ne pouvait être moindre que de douze ou quinze ans. […] Il n’était point ému par la haine, puisqu’il chérissait tendrement son aimable nourrisson ; moins encore par la crainte, puisqu’il ne pouvait attendre qu’une douce complaisance à son égard de celui qui avait été élevé entre ses bras.
Avant dîner, dans la chambre d’Eugène Giraud, pendant qu’on se chausse, qu’on se lave les mains, qu’on passe l’habit de circonstance, qu’on fume une cigarette, Charles Giraud raconte qu’à Taïti, les femmes ont l’habitude de s’oindre le corps d’une certaine préparation jaune qui leur enlève l’apparence solide d’un corps humain, et donne à leur corps, à leur chair, la transparence d’une bougie transparente, en fait des statues étrangement douces à l’œil, presque diaphanes. […] Ces tons doux et lisses, sous la fuite du ruisseau, cette lumière noyée, cette transparence de choses aquatiques, sous ce vernis trémulant, — ce vernis qu’il comparait à un vernis copal, — ce fut pour lui son miroir d’idéal et l’inspiration de sa vocation. […] Et là-dedans, des lumières sur des feuilles de bananier, qui semblent des lumières électriques, et partout ce doux vert « cendre verte » de la plante des tropiques, détaché, découpé, digité sur la pourpre d’un drap rouge, chiffonné à grands plis contre les murs. […] Du lit, deux mains se tendent chaudes et douces.
Les jours où je me sentais agitée au point de ne pouvoir plus reconnaître la ligne de démarcation imaginaire tracée autour de ma prison, je l’établissais par des signes visibles ; j’arrachais aux murailles décrépites les longs rameaux de lierre et de clématite dont elles étaient rongées, et je les couchais sur le sol aux endroits que je m’étais interdit de franchir : alors, rassurée sur la crainte de manquer à mon serment, je me sentais enfermée dans mon enceinte avec autant de rigueur que je l’aurais été dans une bastille. » J’indiquerai encore dans le début toute cette promenade poétique du jeune Sténio sur la montagne, la description si animée de l’eau et de ses aspects changeants, et, au sein de la nature vivement peinte, les secrets surpris au cœur : « Couché sur l’herbe fraîche et luisante qui croît aux marges des courants, le poëte oubliait, à contempler la lune et à écouter l’eau, les heures qu’il aurait pu passer avec Lélia : car à cet âge tout est bonheur dans l’amour, même l’absence. » On pourrait, chemin faisant, noter dans Léliaune foule de ces douces et fines révélations, dont l’effet disparaît trop dans l’orage de l’ensemble.
J’ai ouï dire à quelques vieillards qu’à leur sens, l’époque où il aurait été le plus doux et le plus amusant de vivre, eût été à partir de 1715 environ, dans toute la longueur du siècle, et en ayant bien soin de mourir à la veille de 89.
Il y a à côté d’Ordonio, de l’amant égoïste, une douce et tendre figure d’amant discret et sacrifié.
Éludiez Pascal, et la vie intense des acteurs de la comédie théologique qu’il dénonce à l’opinion des mondains : observez le père jésuite de la Quatrième Provinciale, doux et accueillant, ami des gens curieux, expert en logique, à cheval sur les textes et les autorités, n’ouvrant qu’avec révérence la Somme des péchés du père Bauny, « et de la cinquième édition encore, pour vous montrer que c’est un bon livre », et les écrits du P.
De l’aspect accidentel des choses, il étend sa vue à tout ce qui, dans le temps et dans l’espace, réjouit d’amour ou poigne d’angoisse l’âme tragique et douce de l’humanité.
Bons décadents qui, ce jour de janvier, Suiviez, unis à la Fleur du Symbole, Notre cher Maître à son logis dernier, Au cimetière, au fond des Batignolles ; Doux névrosés qu’à Rome, V.
Elle n’empêchait pas le crédit de madame Scarron à la cour même, et l’inclination du roi vers les mœurs douces, honnêtes, et polies de la société dont elle était un ornement.
Il doit les ramener à tous les grands principes d’ordre, de morale et d’honneur ; et, pour que sa puissance leur soit douce, il faut que toutes les fibres du cœur humain vibrent sous ses doigts comme les cordes d’une lyre.
A la face d’un Dieu, dans ce temps de prière Où je devrois à lui me livrer toute entière, De si douces erreurs embrâsent tous mes sens ; Dieu même est oublié, l’homme a tout mon encens Loin que ma passion soit par moi détestée Vers de nouveaux desirs mon ame est emportée.
Ces deux emplois sont beaux : mais je voudrais parmi Quelque doux et discret ami.
Au gué, qui fait le pendant, le ciel est joli, et les figures très-finies ; mais il s’en manque un peu qu’au maréchal elles aient cet esprit-là. à la botte rajustée la couleur est douce, mais n’est-elle pas un peu grise ?
Aucun procédé, aucun effort de volonté, aucune de ces comédies intérieures que l’homme se joue et qu’il appelle de l’art, n’a pu donner à l’auteur, de ces souvenirs d’Asie l’accent brisé et doux de bonheur impossible qu’on entend, mais qui ne gémit pas, sous ses phrases écrites, dirait-on, par une signora Pococurante, dans le calme et l’indifférence, ni lui faire composer à loisir ce parfum subtil qui s’en échappe et vous enveloppe bientôt tout entier… Mme de Belgiojoso a-t-elle jamais été une femme littéraire ?
En rééditant leurs histoires avec un impayable sérieux, en les accompagnant d’une introduction animée, d’un enthousiasme presque tendre, en devenant mélancolique lorsque son livre finit et qu’il est obligé de renoncer à cette douce familiarité avec des hommes l’orgueil, à juste titre, de la littérature, Livet, qui a quêté partout des annotations pour la plus grande gloire de l’Académie, a cru évidemment que cette assemblée discoureuse, fondée pour discourir et ouvrir ou fermer la porte aux mots nouveaux qui se risqueraient dans la langue, enfin que cet hôtel de Rambouillet sans femmes avait le privilège de créer véritablement des grands hommes, parce qu’il pouvait, pour le récompenser de son zèle, le faire un jour académicien, lui, Livet !
Il y a là, à beaucoup de places, des tendresses de cœur et des simplicités d’expression qui font venir tout naturellement à l’esprit le doux nom de Souza.
Saisset, mais le doux, le rationnel, le tolérant, que les prêtres des temps futurs souffrent auprès d’eux, en attendant leur propre ordination définitive.
Simon dans la préface de sa Religion naturelle, avec ce ton plus doux qui n’appartient qu’à lui, et qui fait de la voix de son confrère, M.
Chastel connaît bien et qu’il cite avec un luxe que nous aimons, a détrempé sa pensée dans un baume fortifiant et doux.
Émile Augier est un type de talent moins combatif et plus doux.
La littérature du xviie siècle, la littérature de l’unité et de l’ordre, et même de l’ordre un peu dur, a commencé par l’indépendant génie de Corneille, impérieux et altier dans son indépendance, et la littérature du xixe siècle, la littérature de l’indépendance et de la variété et même du dérèglement dans sa variété, a commencé par le doux génie de Racine, si suave dans sa correction, et c’est M.
Aussi en gardait-il entre les sourcils une balafre, — pareille à la nuée que la foudre déchire, — et les salicornes et les traînasses, de son sang ruisselant s’étaient teintes jadis. » IV Encore une fois, — ne nous lassons pas d’y revenir, — le caractère de cette poésie, divinement douce ou divinement sauvage, est le caractère le plus rare, le plus tombé en désuétude, dans les productions de ce temps.
Comme à travers l’azur des cieux Passe un doux rayon de lumière.